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VIDEOS. Simone Veil, une vie de combats
Ronan Tésorière | 25 nov. 2014, 17h31 | MAJ : 26 nov. 2014, 10h20
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Simone Veil, et son regard déterminé à l'heure de rentrer pour la première fois à l'Elysée en 1974. STAFF / AFP
40 ans plus tard, la scène n'a pas perdu de sa puissance. Seule au pupitre de l'Assemblée nationale, Simone Veil va partager une «conviction de femme» et marquer les esprits à jamais. Ce 26 novembre 1974, la ministre défend avec courage et détermination la légalisation de l'avortement, face à une assemblée d'hommes hostiles à ce qui deviendra - sa - loi.
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Charismatique et populaire, Simone Veil s'est engagée tout au long de sa vie dans les combats emblématiques de son époque, de l'Europe à la condition des femmes. Attachée aux valeurs morales et républicaines, cette féministe inflexible a été la première femme secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature, la première à être ministre d'Etat ainsi que présidente du premier Parlement européen.
Avec son chignon noué et son éternel tailleur Chanel, elle apparaît rassurante et maternelle de prime abord. Mais son regard vert acéré est parfois traversé d'éclairs. Ils en disent long sur son caractère, exigeant, passionné, autoritaire, sur son esprit prompt à la rébellion et parfois à la colère.
Simone Jacob naît le 13 juillet 1927 à Nice, au sein d'une famille juive et laïque. Son père, homme rigoureux et architecte de profession, pousse ses quatre enfants à lire les classiques : Montaigne, Racine ou Pascal. L'adolescente est déportée en 1944 au camp de concentration d'Auschwitz, avec sa famille. Elle en revient avec ses deux soeurs, mais sans parents ni frère. «Je crois être une optimiste, mais, depuis 1945, je suis dénuée d'illusions», dit cette ennemie de la langue de bois qui n'oubliera jamais de reprocher à certains «amis» politiques leurs «dérives extrêmes droitières».
Une entrée en politique fracassante
Elle rencontre en 1946 à Sciences-Po Antoine Veil, futur directeur général de la compagnie aérienne UTA. Le couple a trois fils, dont le célèbre avocat Jean Veil. Un des enfants est disparu en 2002. Antoine est mort en avril 2013. Magistrate, Simone Veil rejoint en 1956 l'administration pénitentiaire puis s'occupe des problèmes d'adoption. Sa maison est déjà un salon politique, où se côtoient gaullistes et centristes.
Elle entre en politique en 1974 comme ministre de la Santé dans le gouvernement Chirac. Son combat pour faire adopter la loi - contre une partie de la droite - sur l'interruption volontaire de grossesse, fait d'elle pour longtemps la personnalité politique la plus populaire de France.
VIDEO. Le discours de Simone Veil sur la loi autorisant l'IVG.
Les attaques qu'elle subit sont violentes. «On avait inscrit sur la porte de mon domicile: "Veil = Hitler"», se rappellera celle qui est aujourd'hui présidente d'honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Il restera, dans la mémoire collective, l'image d'une femme touchée, fin 1974, en pleine Assemblée nationale mais ne cédant pas. Elle décide quelques semaines plus tard de révéler publiquement sa déportation lors de l'inauguration d'un hôpital en région parisienne. Avec une truelle, elle glisse un peu de ciment entre deux pierres. «J'ai fait ça en déportation, ça a été mon métier» dit-elle pour répondre à un préfet qui lui disait qu'elle maniait bien la truelle. Pour la France c'est un choc. La véritable Simone Veil livre une intimité qu'elle n'avait même pas révélé à sa propre famille.
VIDEO. Simone Veil :«J'ai fait ça en déportation, ça a été mon métier» ( à 1h06.)
VIDEO. Simone Veil évoque pour la première fois à la télévision sa déportation.
En juin 1979, Simone Veil est élue présidente du Parlement de Strasbourg, jusqu'en 1982. De 1984 à 1989, elle est à la tête du groupe libéral, démocratique et réformateur. «Le fait d'avoir fait l'Europe m'a réconciliée avec le XXe siècle», assurait cette pionnière. Dans le gouvernement Balladur de 1993, elle devient ministre d'Etat, chargée des Affaires sociales, Santé et Ville. Partisane (sans trop d'enthousiasme) de Raymond Barre à la présidentielle de 1988, elle soutient Edouard Balladur dans la course à l'Elysée en 1995.
Une femme libre à l'Académie
En 1997, elle préside le Haut conseil à l'intégration et en 1998 siège au Conseil constitutionnel, jusqu'en 2007. Elle a incarné, comme ministre, la fibre sociale et a parfois pris des positions proches de la gauche sur des sujets sociétaux. Son soutien - parfois critique - à Nicolas Sarkozy en 2007, au détriment de François Bayrou, illustre sa singularité dans le paysage politique qui explique en partie sa popularité.
Avec un tel parcours, pourquoi n'a-t-elle jamais brigué l'Elysée ? «Je ne me suis jamais sentie la capacité d'exercer un tel pouvoir. Je suis trop indépendante pour cela», a-t-elle expliqué de sa voix claire, au débit rapide, inflexible.
VIDEO. Réception de Simone Veil à l'Académie Française.
Personnalité féminine préférée des Français, selon un sondage de 2014, elle a été élue en 2008 à l'Académie française, devenant alors la sixième femme à rejoindre les Immortels. Mon père, «disparu dans les pays baltes, révérait la langue française», a-t-elle souligné dans son discours de réception. Une intronisation qui fait de Simone Veil à jamais une Immortelle.
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