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Natacha Polony: «Il y a eu un recul des libertés individuelles et publiques depuis un an qui est majeur» ,POLITIQUE , sante , covid

26 Février 2021, 20:24pm

Publié par hugo

 Jean Castex et Olivier Véran visitent un centre de santé Natacha Polony: «Il y a eu un recul des libertés individuelles et publiques depuis un an qui est majeur» - vidéo© AFP 2021 CHRISTOPHE ARCHAMBAULT POOL / AFP
FRANCE
15:39 25.02.2021(mis à jour 16:50 25.02.2021)URL courte
Par Thomas Arrighi
4215410
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Dunkerque va confiner sa population le week-end. Une mise sous cloche localisée, annoncée le 24 février par Olivier Véran et qui pourrait être étendue à 10 autres départements. De nouvelles mesures restrictives qui interrogent l’état de notre démocratie. Natacha Polony exprime au micro de Sputnik sa méfiance vis-à-vis du gouvernement des experts.

«Il y a eu un recul des libertés individuelles et publiques depuis un an qui est majeur», déplore Natacha Polony. Mercredi 24 février, le ministre de la Santé plaçait Dunkerque et son agglomération sous confinement. Pas de «dictature sanitaire en marche», nuance l’essayiste au micro de Sputnik. Mais l’inquiétude de voir les experts s’emparer de la gestion des affaires publiques.


Pour celle qui vient de publier Sommes-nous encore en démocratie? (Éd. de l’Observatoire) ce confinement localisé traduit une vision «déjà plus nuancée et mesurée». «Au moins, le gouvernement français a compris qu’un confinement total, lui, était attentatoire, véritablement, aux libertés», juge la directrice de la rédaction de Marianne.

La journaliste et essayiste milite de son côté pour un modèle démocratique, où la gestion des affaires publiques ne soit plus confisquée par une «épistocratie», un gouvernement des sachants et des experts. Pour Natacha Polony, les gouvernements ont «mis un an à comprendre que, en démocratie, ce ne sont pas les experts […]» qui décident. Avant d’ajouter: «Les experts, ceux qui savent, doivent venir éclairer les citoyens, mais la décision appartient aux citoyens.»


https://fr.sputniknews.com/france/202102251045272688-natacha-polony-il-y-a-eu-un-recul-des-libertes-individuelles-et-publiques-depuis-un-an-qui-est/

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"Stop Manspreading" : écarter les jambes pour lutter contre la monopolisation de l'espace par les hommes , femmes, feminisme, sexisme,

26 Février 2021, 20:21pm

Publié par hugo

 "Stop Manspreading" : écarter les jambes pour lutter contre la monopolisation de l'espace par les hommes
<a href="https://www.instagram.com/riotpantproject/" rel="nofollow">©Compte Instagram "Riot Pant Project"</a>
©Compte Instagram "Riot Pant Project"
<a href="https://www.instagram.com/riotpantproject/" rel="nofollow">©Compte Instagram "Riot Pant Project"</a><a href="https://www.instagram.com/riotpantproject/" rel="nofollow">©Compte Instagram "Riot Pant Project"</a>
26 FÉV 2021
 Mise à jour 26.02.2021 à 13:35 par 
TerriennesLiliane Charrier
 
avec AFP
Le manspreading, "l'étalement masculin", c'est cette posture qu'adoptent certains hommes, jambes écartées, en prenant toute la place aux dépens des autres, notamment dans les transports en commun. Deux jeunes Berlinoises contre-attaquent avec les mêmes armes et un rien de provocation : jambes écartées, elles révèlent, sur l'entrejambe de leur pantalon, un slogan appelant les sans-gênes à se remettre en question.
Dans un métro berlinois bondé, un homme s'étale sur deux places, les genoux largement écartés. Face à lui, brusquement, deux femmes ouvrent les cuisses, dévoilant sur leur pantalon des slogans indignés : "Stop manspreading !", "Toxic masculinity" ou encore "Give us space" :


Humour et provocation
Etudiantes et militantes féministes, Elena Buscaino et Mina Bonakdar veulent sensibiliser les usagers des transports publics au manspreading, "l'étalement masculin", cette façon, pour un homme, de s'assoir en prenant ses aises, sans égards pour ses voisins, souvent des voisines. Plus largement, les performances de ces deux artistes berlinoises, mêlant humour et provocation, questionnent les enjeux de domination et le partage de l'espace urbain entre les sexes.


Pantalonnade féministe
"Il est parfaitement possible de s'assoir confortablement dans les transports sans prendre deux places en écartant les jambes", explique Mina Bonakdar, 25 ans, étudiante en mode à l'Université des arts de Berlin (UdK). Avec son amie Elena Buscaino, étudiante en design graphique dans la même université, elle a créé le collectif "Riot Pant Project". Elles cherchent et achètent des pantalons, d’occasion uniquement,
qu’elles font ensuite sérigraphier dans un atelier d’imprimerie à Berlin pour les transformer en support de revendications et encourager les femmes et personnes LGBTQ à se réapproprier l'espace public. 

"Nous ne voulons pas seulement questionner l'espace physique dans la société, mais aussi l'espace social entre les personnes : qui parle, qui est écouté, qui est référencé, qui est remarqué, qui devient invisible dans la société ? Et je pense que nous sommes très attachées à ce troisième slogan "Give us space", qui montre que le "manspreading" n'est autre qu'une forme de la masculinité toxique," explique Elena Buscaino. Rio Pant Project travaille aussi sur les pantalons que les personnées intéressées envoient, qui sont imprimés avec l’un des trois slogans - "Stop manspreading !", "Toxic masculinity", "Give us space" - puis renvoyés à leurs expéditeurs.


<a href="https://twitter.com/LetmechillS/status/1223479763102134272/photo/1">Twitter @LetmechillS</a>
Twitter @LetmechillS
Arme vestimentaire
Cette arme vestimentaire ne révèle son message politique caché qu'en imitant l'attitude de son vis-à-vis : cuisses ouvertes, exhibant le slogan en lettres capitales sur l'entrejambe. "Ce n'est que par l'imitation que l'interlocuteur comprend l'effet que produit son comportement", estime Elena Buscaino. 

Cependant, reconnaît Mina Bonakdar, "Les hommes auxquels nous nous adressons réagissent par le défi et restent assis dans leur position, jambes écartées. Nous avons aussi vu quelqu'un se lever et s’asseoir ailleurs. Mais dans tous les cas, la personne s'est sentie visée, elle a pris conscience de sa posture," poursuit la militante, qui espère surtout donner matière à réfléchir. Pour elle, le simple fait de porter ce pantalon permet aux femmes de "se sentir plus fortes et gagner en confiance".

Un problème vieux comme les transports en public

Si il peut paraître anecdotique à certains, le problème du manspreading existe depuis l'apparition des transports collectifs, ou presque. "Asseyez-vous avec vos membres près du corps et ne décrivez pas un angle de 45 degrés avec vos jambes, ce qui reviendrait à occuper la place de deux personnes", prévenait dès 1836 le Times of London dans un article consacré à la bienséance dans l'autobus, explique dans History of the Bakerloo Line Clive D.W. Feather, spécialiste du métro londonien.

Le terme s'est popularisé en 2013, lorsque des utilisatrices du métro new-yorkais ont publié, sur les réseaux sociaux, des photos de voyageurs prenant leurs aises et de leurs voisines recroquevillées. Selon une étude de 2016 de l'Hunter College de New York, 26% des usagers masculins du métro de la ville abusent de cette pratique contre moins de 5% des femmes. La métropole américaine a été l'une des premières au monde à tenter de freiner ce comportement. En 2014, son gestionnaire des transports (MTA) avait collé des autocollants dans les wagons avec pour message : "mec, arrête de t'étaler s'il te plaît".


Répartition de l'espace entre les sexes
Depuis, la Corée du Sud, le Japon ou Istanbul ont mené des campagnes similaires. A Madrid depuis 2017, les usagers du bus s'exposent même à une amende s'ils sont pris en flagrant délit "d'étalement masculin".


Sur Internet, le sujet est rapidement inflammable, certains hommes justifiant leur posture par leur spécificité anatomique. Un argument qu'aucune étude scientifique n'a pu jusqu'à présent confirmer. C'est plutôt "une question de répartition des sexes" au sein de la société, affirme Bettina Hannover, psychologue et professeure à l'Université libre de Berlin. "Les hommes (...) montrent leur domination par leur position assise, analyse-t-elle. Les femmes sont censées prendre moins de place et surtout se comporter de manière décente".

Elena Buscaino le confirme : "Si vous regardez autour de vous dans une rame de métro, vous remarquerez que les personnes socialisées en tant que femmes croisent les jambes, s’effacent, donnent de l'espace et agissent de manière plutôt réservée. Nous avons également observé que les personnes socialisées en tant qu’hommes se sentent en droit de prendre de l'espace, de faire preuve de domination physique, et nous voulons donner aux personnes marginalisées de cette société les moyens de se réapproprier cet espace."

Pour Mina Bonakdar, il ne s’agit pas juste d’imiter le "manspreading" et d'en rester là. Ce qu'elle combat, c'est aussi la connotation qu'il y a, pour une femme, à écarter les jambes : "Enfant, j’ai très souvent entendu, quand je portais une jupe : "Tu ne peux pas écarter les jambes" et je ne comprenais pas, je me disais "pourquoi ? Je veux pouvoir m'asseoir comme je veux. Je veux pouvoir m’asseoir les jambes écartées sans être attaquée  parce qu’une autre personne me sexualise."

Quant à la compagnie des transports berlinois, BVG, elle assure que les plaintes sont trop peu nombreuses pour justifier une campagne séparée, "pour le moment".

A lire aussi dans Terriennes :


https://information.tv5monde.com/terriennes/stop-manspreading-ecarter-les-jambes-pour-lutter-contre-la-monopolisation-de-l-espace-par

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Caster Semenya : le procès de l'hyperandrogénie dans le sport , femmes, feminisme, sante ,

26 Février 2021, 20:15pm

Publié par hugo

 Caster Semenya : le procès de l'hyperandrogénie dans le sport
30 juin 2019, Caster Semenya participe à la course féminine de 800 mètres lors du Prefontaine Classic, un meeting d'athlétisme de la Diamond League, à Stanford, en Californie, aux Etats-Unis.
30 juin 2019, Caster Semenya participe à la course féminine de 800 mètres lors du Prefontaine Classic, un meeting d'athlétisme de la Diamond League, à Stanford, en Californie, aux Etats-Unis.
©AP Photo/Jeff Chiu
30 juin 2019, Caster Semenya participe à la course féminine de 800 mètres lors du Prefontaine Classic, un meeting d'athlétisme de la Diamond League, à Stanford, en Californie, aux Etats-Unis.La championne Caster Semenya, déboutée par le tribunal arbitral du sport de Lausanne, qui a donné raison à la Fédération internationale d'athlétisme (Photo prise à Doha, Qatar, en mai 2018).
30 JUIL 2019
 Mise à jour 25.02.2021 à 12:55 par 
Isabelle MourgereLiliane Charrier
Caster Semenya est une athlète qui produit naturellement beaucoup de testostérone. Trop, aux yeux de la Fédération internationale d'athlétisme, qui impose un traitement médical aux sportives hyperandrogènes pour abaisser leur taux d'hormones masculines. La championne sud-africaine a demandé au tribunal arbitral du sport, qui siège à Lausanne, de statuer. Requête rejetée au nom d'une "discrimination nécessaire". Caster Semenya saisit la Cour européenne des droits de l'Homme. ​

Il s'agit sans doute de la course la plus difficile de sa carrière, mais Caster Semenya ne déclare pas forfait. La sportive de 29 ans, qui présente un excès naturel d'hormones sexuelles mâles, mène depuis plus de dix ans un bras de fer avec la Fédération internationale d'athlétisme, World Athletics (IAAF jusqu'en octobre 2019). Empêchée de participer à certaines courses parce qu'elle refuse un traitement pour faire baisser son taux de testostérone, l'athlète sud-africaine, saisit la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH). "Le combat permanent de Semenya pour la dignité, l'égalité et les droits fondamentaux des femmes dans le sport a franchi une étape cruciale avec le dépôt d'une requête" auprès de la CEDH, déclarent ses avocats dans un communiqué.


Le 30 juillet 2019, à l'issue d'une polémique à rebondissements, Caster Semenya apprenait qu'elle ne pourrait pas défendre son titre mondial sur 800 mètres en septembre de la même année aux Championnats du monde d'athlétisme à Doha, au Qatar. Un an plus tard, la Cour suprême suisse confirmait, au nom de "l'équité sportive", la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne, validant la réglementation de World Athletics, qui l'astreint à un traitement destiné à faire baisser sa testostérone. Expertise à l'appui, la fédération a défini en avril 2018 un seuil maximal de testostérone (5 nmol/L de sang) pour concourir avec les femmes sur des distances allant du 400 mètres au mile (1609 m), et englobant donc le 800 mètres où la Sud-Africaine excelle. Or l'athlète refuse cette mesure qu'elle estime discriminatoire pour les athlètes féminines au métabolisme masculin. 

En février 2019, à l'occasion de l'ouverture du procès au Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne, la rédaction de TV5MONDE faisait l'état des lieux d'une polémique qui va bien au-delà des enjeux sportifs :

Le 3 juin 2019, le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne avait pourtant décider de suspendre, pour Caster Semenya seulement, et de façon "super-provisoire" le règlement de World Athletics. Mais le 30 juillet 2019 "un seul juge a renversé la décision de la Cour suprême suisse de suspendre provisoirement le règlement de la Fédération​ en attendant la décision sur l'appel contre la décision du TAS," annonçaient les avocats de l'athlète. Caster Semenya, se disait alors très déçue de ne pas pouvoir défendre un titre durement gagné, "mais cela ne va pas me freiner dans mon combat pour le respect des droits de toutes les athlètes concernées", ajoutait-elle.

Tout ce que nous voulons, c'est être autorisées une fois pour toutes à courir librement, comme les femmes fortes et courageuses que nous sommes et avons toujours été.

Caster Semenya

Le 19 février 2021, elle décide donc de porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), à Strasbourg. Ses avocats estiment que la justice suisse a "manqué à ses obligations de la protéger contre la violation de ses droits en vertu de la Convention européenne des droits de l'Homme". Caster Semenya, elle, justifie sa décision : "Tout ce que nous voulons, c'est être autorisées une fois pour toutes à courir librement, comme les femmes fortes et courageuses que nous sommes et avons toujours été".

Discrimination "nécessaire" ?
La double championne olympique et triple championne du monde du 800 m et la Fédération sud-africaine ont tenté de faire invalider le règlement de l'IAAF (devenue World Athletics en juin 2019), mais le mercredi 1er mai 2019, le Tribunal arbitral du sport leur donnait tort. Matthieu Reeb, secrétaire général du tribunal, déclarait : "Le comité a estimé que les règles de DSD (différences de développement sexuel, ndlr) étaient discriminatoires, mais la majorité des membres du comité ont estimé que, sur la base des preuves présentées par les parties à la procédure, une telle discrimination était un moyen nécessaire, raisonnable et proportionné pour obtenir des résultats satisfaisants. L'objectif de l'IAAF consistant à préserver l'intégrité de l'athlétisme féminin dans certaines épreuves de piste de compétitions internationales allant de 400 m à 1 mile. "

En accueillant "avec reconnaissance" la décision "prompte et détaillée" du Tribunal arbitral du sport, World Athletics se félicitait que le tribunal reconnaisse le caractère "nécessaire, raisonnable et proportionné" de ce règlement. 

"La décision du TAS ne m'arrêtera pas, assurait alors la double championne olympique sud-africaine. Depuis une décennie l'IAAF tente de me faire ralentir, mais cela m'a rendue plus forte encore", soulignait-elle, se réjouissant toutefois que les trois juges (du TAS) aient reconnu que les règles de l'IAAF sont "discriminatoires envers certaines femmes". Caster Semenya promettait : "une fois de plus je vais surmonter cela et continuer d'inspirer des jeunes femmes et athlètes en Afrique du Sud et dans le monde entier".


"Parfois, il vaut mieux réagir sans réagir", écrivait sur son compte twitter l'athlète en réaction à ce jugement.

De nombreux internautes lui faisait part de leur soutien : "Caster Semenya est une femme de sexe cis(genre). Par conséquent, quel que soit son avantage, cela n’est ni injuste ni artificiel. Vous ne pouvez pas disqualifier un grand joueur de basketball parce qu'il est plus grand qu'une personne moyenne ou disqualifier un joueur d'échecs parce qu'il a un QI plus élevé", tweetait un internaute. Les médias sud-africains aussi se ralliaient à sa cause :

Le gouvernement sud-africain accueillait avec déception la décision du Tribunal arbitral du sport, "qui supprime l'action de Semenya en tant que personne, en tant qu'athlète, en tant que personne qui s'entraîne dur", selon la ministre des Femmes Bathabile Dlamini. En mars 2019, l'ONU avait aussi officiellement fait part de son soutien à Caster Semenya, condamnant le nouveau règlement de la Fédération internationale d'athlétisme. 

Une décision d'une ampleur sans précédent pour le sport et l'athlétisme, et ouvertement sexiste !

Anaïs Bohuon, historienne du sport, ancienne athlète

Anaïs Bohuon, historienne du sport et autrice de Catégorie 'dames' : Le test de féminité dans les compétitions sportives (éditions Glyphe), se dit révoltée par cette décision d'"une ampleur historique qui marque un tournant dans le sport et l'athlétisme, mais aussi dans l'histoire des discriminations, parce que le tribunal autorise explicitement aux yeux et à la vue de tout le monde que la fédération mette en place une mesure ouvertement sexiste" ► Lire l'intégralité de notre entretien en bas de l'article.

Un règlement pour l'équité, une bataille pour la dignité
La bataille judiciaire et médiatique avait commencé dès le premier jour des audiences, le 18 février 2019. "Aujourd'hui est un jour très très important" pour l'équité des compétitions, lançait le patron de l'athlétisme Sebastian Coe, flanqué de deux avocats, avant même son entrée au tribunal. "La valeur fondamentale de l'IAAF est la promotion des jeunes filles et des femmes en athlétisme et c'est ce que nous venons défendre ici. Les règlements que nous introduisons sont là pour protéger le caractère sacré d'une concurrence loyale et ouverte."


Ce qui est en jeu ici n'est rien moins que le droit de chacun à faire du sport. Le corps des femmes, leur bien-être, leur capacité à gagner leur vie, leur vie privée.

Ministre sud-africaine des Sports, Tokozile Xasa

L'instance dirigeante de l'athlétisme dégainait d'emblée un communiqué qui, assurait-elle, lui garantissait le soutien de certains experts du TAS. "Une violation flagrante relative à la confidentialité (des débats, NDLR) orchestrée dans le but d'influencer l'opinion publique", selon les avocats de Caster Semenya. Parmi ces experts appelés par l'IAAF pour soutenir la thèse d'une médication obligatoire des femmes hyperandrogènes, David Handelsman, professeur d'endocrinologie reproductive à l'Université de Sydney, et Angelica Hirschberg, professeure de gynécologie obstétrique à Stockholm.

En réponse à ces accusations, le TAS autorisait Caster Semenya à diffuser à son tour les noms des experts qui allaient témoigner en sa faveur. Ses avocats ont donc révélé une liste de dix noms prestigieux, à commencer par Eric Vilain, généticien spécialiste des variations génétiques, expert auprès du Comité International Olympique, ou Alun Williams, spécialisé dans les différences génétiques et leur impact sur les performances.

Une femme, assurément
"Elle demande à être respectée et traitée comme n'importe quel(le) autre athlète", soulignaient les avocats de Caster Semenya. "Son don génétique devrait être célébré, pas faire l'objet de discrimination." Ils plaidaient aussi la tolérance envers les athlètes présentant "des variations génétiques", ironisant sur le "règlement de l'IAAF (qui) ne permet à personne de courir".


Soutiens sud-africains
De son côté, Caster Semenya, triple championne du monde (2009, 2011, 2017) et double championne olympique du 800 m (2012, 2016), assure être "incontestablement une femme". Elle dénonce des règles, destinées selon elle, à la "ralentir", soutenue par la Fédération sud-africaine, mais aussi par tout le gouvernement et la classe politique sud-africaine. "Ce qui est en jeu ici n'est rien moins que le droit de chacun à faire du sport. Le corps des femmes, leur bien-être, leur capacité à gagner leur vie, leur vie privée, leur sentiment d'appartenir au monde est remis en question, expliquait la ministre sud-africaine des Sports Tokozile Xasa en 2019. C'est une violation grossière des normes internationales en matière de droits humains."

A Lausanne, pour soutenir sa compatriote, la ministre accusait de front la Fédération internationale d'athlétisme de porter atteinte aux corps des femmes : "Nous parlons d'atteintes aux corps des femmes, lorsque les femmes doivent s'expliquer sur leur apparence physique... Nous voulons nous assurer que tu ne te sens pas seule", ajoutait la ministre. Puis elle transmettait un message de soutien à Semenya de la part du président Cyril Ramaphosa : "Souviens-toi que tu es grande. Souviens-toi que tu es le symbole qui nous rappelle constamment que rien ne peut battre le pouvoir durable de l'esprit humain". 

Tokozile Xasa, ministre des Sports d'Afrique du Sud
Tokozile Xasa, ministre des Sports d'Afrique du Sud
© Radio-Canada
Manemolla David Makhura, Premier ministre de la province du Gauteng, saluait sa résilience et la manière dont Caster Semenyan faisait face à l'adversité. Il appellait à mettre fin à l'humiliation pour faire place à l'excellence :


Précédents
 
"Ce n'est pas un cas sans précédent, nous avons eu Dutee Chand (sprinteuse indienne, privée de compétition en 2015 en raison d'un taux de testostérone trop élevé, NDLR), qui s'est terminé en 2018 suite à la décision de la Fédération internationale d'athlétisme de changer son règlement", explique Matthieu Reeb. Les médaillées de bronze et d'argent sur 800 m aux JO de Rio en 2016, Francine Niyonsaba (Burundi) et Margaret Wambui (Kenya), ont également été confrontées à des questions sur leur taux de testostérone. 

 
Anaïs Bohuon
Anaïs Bohuon
©Glyphe
Anaïs Bohuon, historienne du sport et autrice de Catégorie 'dames' : Le test de féminité dans les compétitions sportives aux éditions Glyphe.

Propos recueillis le 1er mai 2019

Terriennes : que pensez-vous de cette décision ?
Ma première réaction a été d'être révoltée, choquée et triste. C'est une décision d'une ampleur historique qui va marquer l'histoire du sport et de l'athlétisme et celle des discriminations. Clairement, le tribunal autorise que la fédération internationale d'athlétisme mette en place une règlementation, une mesure ouvertement sexiste ! Cela veut dire qu'aujourd'hui, au 21ème siècle, une femme, dans le sport, n'a pas le droit d'exceller ni d'être trop performante. 

En quoi le cas de Caster Semenya est-il emblématique ?
Caster Semenya est une athlète hyperandrogène, elle produit plus de testostérone sur la base d'une moyenne qui a été déjà arbitrairement arrêtée. Pourquoi on lui demanderait de réguler cet avantage physique dans la mesure où elle n'a pas triché et que c'est un avantage au même titre qu'une grande taille pour le saut en hauteur ou au basket. Il n'est même pas prouvé scientifiquement que ce taux de testostérone élevé lui permette d'accroitre ses performances sur certaines disciplines. Il faudrait réguler les autres avantages physiques potentiels. J'ai envie d'être volontairement provocatrice et d'inviter toutes les athlètes quelle que soit leur discipline, celles qui arrivent 4ème au bas du podium à saisir le tribunal arbitral, en disant "ce n'est pas juste, ma concurrente a sûrement des avantages physiques significatifs puisque je finis toujours 4ème!" C'est une décision qui n'a ni queue ni tête et qui ouvre le champ des possibles à n'importe quelle plainte. C'est un règlement sexiste qu'entérine le tribunal du sport, car du coup, ça ne s'adresse qu'aux femmes ! Le sexisme peut très vite dévier vers le racisme. Les athlètes dits "caucasiens" pourraient tout aussi bien demander réparation face aux soi-disant avantages de leurs concurrents afro-américains ou jamaïcains par exemple au titre que ce sont eux qui décrochent toutes les médailles !

En quoi consiste ce traitement médicamenteux que veut imposer la FIA ?
Pour moi il s'agit d'une violation du droit humain, car on demande à ces athlètes qui sont nées femmes de prendre des médicaments pour modifier leur taux de testostérone, c'est totalement fou. Les experts médicaux ont toujours dit que la prise médicamenteuse surtout sur des athlètes qui ont un corps totalement sain, pas du tout malade, pouvait engendrer de très forts dérèglements hormonaux, des vertiges, des nausées, un déficit en cortisone. C'est très grave !

Qu'est-ce-que cela dit sur l'hyperandrogénie dans le sport ?
C'est une mesure sexiste et même intersexophobe. A l'heure où des personnes intersexe portent plainte pour mutilations, discriminations, pour les vies brisées de ces individus qui sortent des critères normatifs qu'on impose, qui sortent de cette norme binaire, c'est un retour en arrière. Et je n'ai pas peur de le dire, on veut mutiler ces athlètes aux yeux et au vu de tout le monde.

Que va-t-il se passer pour Caster Semenya maintenant ?
Elle peut saisir le tribunal fédéral suisse, pour dénoncer cette loi discriminante qui ne doit pas, qui ne peut passer selon moi. En tant qu'historienne du sport, j'ai l'impression qu'à nouveau le sport se situe au dessus des lois. Imaginons que votre fille soit hyperandrogène par exemple ou bien qu'elle ait un QI incroyable, et que l'université lui demande de prendre un traitement pour 
réguler ses incroyables résultats. Et bien, ça ne passerait pas. Vous porteriez plainte pour discrimination auprès de n'importe quel tribunal, vous gagneriez. Je pense que la problématique de Caster Semenya dépasse le cadre du sport, on est dans une atteinte,  une violation de la dignité humaine. D'ailleurs, l'ONU a alerté la fédération et le tribunal en disant attention à ce que vous faites, c'est grave. J'espère que Caster aura la force de se battre encore, comme elle le fait depuis les jeux de Berlin, il y a 10 ans. Et surtout qu'elle portera l'affaire auprès d'une instance juridique qui ne relève pas du monde du sport. Pour arrêter ce que le sport est en train de faire, car il envoie un signal catastrophique mondialement.  
 
©TV5monde
A lire aussi dans Terriennes


https://information.tv5monde.com/terriennes/caster-semenya-le-proces-de-l-hyperandrogenie-dans-le-sport-286122

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Précarité menstruelle en France : des protections gratuites pour les étudiantes ,femmes, feminisme ,sante ,

26 Février 2021, 20:11pm

Publié par hugo

enstrues, règles, périodes, ménorrhée, le sang des femmes dans tous ses états
Précarité menstruelle en France : des protections gratuites pour les étudiantes
protection périodiques, serviettes, tampons, dans un supermarché avec prix
©Terriennes
24 FÉV 2021
 Mise à jour 24.02.2021 à 15:20 par 
TerriennesLiliane Charrier
L'Ecosse et la Nouvelle-Zélande l'avaient déjà fait, et c'est en France, désormais, que des protections périodiques seront mises à la disposition de toutes les étudiantes. La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal promet une gratuité totale pour la rentrée 2021. Une mesure gouvernementale que les associations féministes et estudiantines réclamaient depuis des années.
C'est l'une des réponses du gouvernement à la précarité croissante des étudiant.es en temps de pandémie : dès la rentrée 2021, les jeunes femmes en études supérieures auront accès à des protections périodiques gratuites. Dans les semaines qui viennent, des distributeurs de serviettes et de tampons seront peu à peu installés dans les résidences universitaires des Centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires (Crous), les services de santé universitaires, les lieux de passage des étudiantes... La ministre française de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, l'a annoncé le 23 février lors d'une rencontre avec des étudiant.es, à Poitiers. "On vise 1 500 distributeurs et une gratuité complète à la rentrée", annonce-t-elle :

Une étudiante sur trois en précarité menstruelle
A l'heure où beaucoup de jeunes sont confrontés à la précarité due à la crise sanitaire de la Covid-19, une étudiante sur trois aurait besoin d'aide pour acheter des protections périodiques, selon une étude réalisée début février par l'Association fédérative des étudiants de Poitiers, l'Association nationale des étudiants sages-femmes et la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) sur 6500 réponses recueillies.

La même étude conclut qu'une jeune fille en étude supérieure sur dix fabrique elle-même ses protections à l'aide de bouts de coton et de tissus par manque de moyens financiers, et que six étudiantes sur dix ont déjà manqué des cours ou le travail pendant leurs règles, de crainte d'une "fuite"et/ou à cause de crampes trop douloureuses. 


Alors pour Blandine, étudiante sage-femme à Poitiers, la gratuité des protections périodiques est loin d'être anecdotique : "Beaucoup doivent choisir entre manger ou s'acheter des protections périodiques, ce n'est pas normal. Dans le quotidien d'une étudiante, c'est important," réagit-elle au micro de nos confrères de France Inter. La gratuité des serviettes et tampons dans l'enseignement supérieur a été décidée en concertation avec différents acteurs - parlementaires, organisations étudiantes ou associations, comme Règles Elémentaires - précise la ministre Frédérique Vidal.
Le coût de cette mesure est évalué à 15 millions d'euros par an.

Budget : 100 euros par an
Les organisations étudiantes et féministes reconnaissent que la gratuité des protections périodiques pour les jeunes femmes qui poursuivent leurs études est un réel progrès et révèle une vraie volonté de lever le tabou des règles. L'Unef avait chiffré à 100 euros par an le coût des protections périodiques. "Il y a une volonté de ne plus cacher les distributeurs dans les toilettes, de les rendre visibles et accessibles à toutes et à tous, y compris les personnes non binaires et les hommes transgenres," se félicite Anna Prado de Oliveira, vice-présidente de la Fage, au micro de France Inter.

©ClaireSkinner via Twitter @AlbaneGaillot
©ClaireSkinner via Twitter @AlbaneGaillot
En 2015, après des mois de protestation de la part de collectifs féministes, le gouvernement français avait décidé d’abaisser le taux de la TVA sur le prix des protections périodiques de 20% à 5,5%, ces protections étant considérées comme des produits de première nécessité. Jusqu'à présent, les autres initiatives qui existaient en France restaient sur le terrain local ou solidaire.


En 2018, la Mutuelle des Etudiants décidait de rembourser à hauteur de 20 à 25 euros l’achat de protections périodiques. Depuis, certaines universités, comme celle de Lille, d'Evry, ou encore la Sorbonne, à Paris, distribuent gratuitement serviettes et tampons. Début février 2021, la région Ile-de-France annonçait que les facultés et les résidences étudiantes de la région seraient bientôt équipées en distributeurs gratuits de protections périodiques bio - les protections promises pour la rentrée, elles aussi, seront "respectueuses de l'environnement", selon le ministère.

En novembre 2020, les députés écossais faisaient oeuvre de pionniers dans le monde en votant à l'unanimité l'accès gratuit aux protections périodiques pour toutes les femmes afin de lutter contre la précarité menstruelle. C'est la députée Monica Lennon qui était à l'origine de ce texte de loi, voté quelque mois plus tard sous un gouvernement dirigée par une femme, la Première ministre Nicola Sturgeon.

 
A lire aussi dans Terriennes :


https://information.tv5monde.com/terriennes/precarite-menstruelle-en-france-des-protections-gratuites-pour-les-etudiantes-397660

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Jouer au basket pour lutter contre le tabou des règles au Togo , femmes, feminisme, sante

25 Février 2021, 04:26am

Publié par hugo

 Jouer au basket pour lutter contre le tabou des règles au Togo
Au Togo, le projet "MiléDou" a pour but d'aider les adolescent-e-s à apprendre à se construire ensemble en mixité et à aborder des sujets encore tabous en jouant au basket.
Au Togo, le projet "MiléDou" a pour but d'aider les adolescent-e-s à apprendre à se construire ensemble en mixité et à aborder des sujets encore tabous en jouant au basket.
©LYSD-Togo
Au Togo, le projet "MiléDou" a pour but d'aider les adolescent-e-s à apprendre à se construire ensemble en mixité et à aborder des sujets encore tabous en jouant au basket.Grâce au projet Milédou, près de 500 filles se sont mises au basket au Togo, un vrai facteur d'émancipation, mais la période des règles les exclue bien trop encore.
19 FÉV 2021
 Mise à jour 19.02.2021 à 11:43 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Au Togo, trop souvent encore, les adolescentes se retrouvent confinées chez elles pendant leurs menstruations, en raison de vieilles croyances, mais aussi simplement par manque de toilettes ou de moyens pour acheter des protections hygiéniques. Briser le tabou des règles, lutter contre la précarité menstruelle et permettre aux filles d'être bien dans leur corps, grâce au basket, voilà la mission du projet associatif "Milédou". 
"Milédou" signifie "On est ensemble" en dialecte togolais. Tout est dans le nom de ce projet lancé par l’association LYSD-Togo. Depuis 2013, il permet à des centaines de filles et garçons âgés de 8 à 20 ans d’apprendre à grandir ensemble grâce au basket. S'il existe une ligue 100% féminine, depuis 2019, des matchs mixtes sont aussi organisés, avec trois entraînements par semaine. 

LYSD-Togo organise des matchs de basket mixtes depuis trois ans. Les plus motivé.e.s s'entraînent trois fois par semaine. 
LYSD-Togo organise des matchs de basket mixtes depuis trois ans. Les plus motivé.e.s s'entraînent trois fois par semaine. 
©LYSD-Togo
En amont de la Journée internationale des Droits des femmes, l'association organise chaque année une rencontre sportive qui, cette année, sera centrée sur le thème des menstruations, un sujet encore tabou dans un pays où les vieilles croyances perdurent, comme le montre une étude sur l'hygiène menstruelle menée en 2017 par BØRNEfonden (voir encadré). Les mots "sales" ou "déchets" reviennent encore trop souvent... 

Cet événement se tiendra à Aneho, un village du sud-est du Togo, situé à 50 km de Lomé. On y attend près de 200 personnes, dont 80 jeunes joueuses de basket venues d'autres villages. Au programme : un tournoi de basket, bien sûr, mais aussi des activités culturelles et des temps d’échanges et de discussions autour des menstruations et de la précarité menstruelle. "C'était osé de choisir cette thématique, bien sûr ! Mais notre projet est connu et bien accepté par beaucoup de villages. Il y a une relation de confiance. C'est un jour de fête, donc ça passe mieux, mais ça reste un challenge ! Pour amener le sujet en douceur, on va organiser de petits groupes de discussion, avec des petits papiers où chacun.e pourra témoigner de manière anonyme", nous confie Jeanne Boussard, coordinatrice de projet à LYSD-Togo. 

La précarité menstruelle, on la voit au quotidien. Quand les filles ont leurs règles, elles ne viennent pas sur le terrain.

Jeanne Boussard, coordinatrice LYSD-Togo
L'association aimerait profiter de ce rendez-vous pour distribuer des protections hygiéniques durables, adaptées à l’environnement et au contexte économique et sanitaire du Togo. "La précarité menstruelle, on la voit au quotidien. Quand les filles ont leurs règles, elles ne viennent pas sur le terrain, sachant que c'est très important pour elles déjà de venir - c'est déjà un peu une échappatoire et là, elles en sont privées. Alors oui, bien sûr, les règles, c'est un réel handicap", explique Jeanne Boussard.  

L'idée serait donc d'amener les jeunes filles à essayer de nouveaux styles de protection, réutilisables, celles-là, et donc plus économiques et plus hygiéniques. Les cups et les culottes menstruelles, par exemple, sont encore peu, voire pas du tout, accessibles dans ce pays. Pour cela, Jeanne Boussard cherche des partenariats avec des fournisseurs de ce type de protection ; un appel aux dons est d'ailleurs lancé via le site de l'association. "Les serviettes telles qu'on les connaît en Europe sont assez peu utilisées, et les tampons sont très peu connus. Les serviettes les plus courantes sont fabriquées en Chine, le paquet coûte 500 Francs CFA, soit 75 centimes d'euros, alors qu'un revenu moyen mensuel est de 50 euros par mois. Et puis quid de la qualité de ces protections ? Cela pose problème. Sinon, dans certains villages les plus reculés, les fillettes utilisent des pagnes, des bouts de tissu", précise la coordinatrice de l'association. 

A (re)lire dans Terriennes :

► Tchad : fabriquer ses serviettes hygiéniques pour pouvoir aller à l'école
► Les protections hygiéniques font leur révolution : plus écolos, plus modernes
Précarité menstruelle, un manque de moyens et des idées reçues
Au Togo, la précarité menstruelle est tout aussi tabou que généralisée. Le manque de protections, et de toilettes accessibles et propres pour se changer, handicape considérablement les filles. D'autant que garder trop longtemps une protection sur soi, ou improviser avec des solutions d’urgence, engendre un risque important pour la santé (irritations ou infections plus graves). "Dans les écoles, il n'y a parfois tout simplement pas de toilettes, ce qui fait qu'elles ne se changent pas. Voilà pourquoi les filles restent à la maison pendant leurs règles", précise Jeanne Boussard. Par ailleurs, les douleurs que les menstruations peuvent faire subir au corps des femmes sont trop souvent mises de côté ou peu considérées. 

Selon l'étude, 28% des jeunes filles interrogées estiment que les règles sont "des saletés".
Selon l'étude, 28% des jeunes filles interrogées estiment que les règles sont "des saletés".
©LYSD
"Les règles c'est sale", encore ? 

Selon une enquête menée en juin 2017 au Togo, environ 5 filles sur 10 (53%) estiment que les règles sont un phénomène naturel et physiologique et 28% déclarent que les règles sont des "saletés" de la femme, des "déchets" de l’organisme ou dégagent une odeur gênante.

L’étude a montré que 44,3 % des répondantes ont avoué ne pas avoir reçu d'informations sur les menstruations avant la survenue de leur premières règles.

Les filles interrogées, et qui ont déjà eu leurs premières règles, déclarent avoir des interdits au moment des menstruations et que ces interdits proviennent en majorité des parents (62,5%). Il leur est généralement interdit, au moment des menstruations, de faire la cuisine (52,4%), d’avoir des rapports sexuels (28%), d’aller chercher de l’eau ou du bois (21%), de faire la prière (13%) ou encore de manger en famille (8%).

La non-utilisation de serviettes hygiéniques s’explique par plusieurs facteurs, notamment le manque de moyen pour les acquérir, le peu d'informations dont disposent ces jeunes filles et les préjugés ou des idées fausses qui hantent leurs esprits, conclut le rapport.

(Source ► ETUDE SUR LA GESTION DE L’HYGIENE MENSTRUELLE (GHM) AU TOGO, BØRNEfonden)

A (re)lire dans Terriennes :

►"Ceci est mon sang", un livre d'Elise Thiébaut pulvérise le tabou des règles
►#RespectezNosRègles : le sang menstruel s'affiche sur Instagram
La période des régles impacte les jeunes filles au minimum cinq jours par mois, pendant lesquels elles ne sont pas libres de leurs mouvements. Elles perdent confiance en elles, ce qui amène les plus jeunes à manquer l'école et les plus âgées à ne pas aller travailler. Cette vision négative des menstruations qui persiste, ajoutée au manque de moyens matériels, entrave les possibilités de pratiquer le sport pour les femmes.
 
Les femmes ont droit à leur dignité. Cette dignité passe par une libération de la parole et une sensibilisation, tant auprès des hommes que des femmes. 

LYST-Togo
Les tabous liés aux règles génèrent aussi des situations de stigmatisation : les filles sont rejetées, isolées, elles sont même parfois mises à l'écart pendant leurs menstrues. "Les femmes ont droit à leur dignité. Cette dignité passe par une libération de la parole et une sensibilisation, tant auprès des hommes que des femmes. En faisant attention à l’hygiène de chacune, nous augmentons le potentiel de toutes les femmes", défend l'association.

"Le fait de jouer ensemble, de partager le terrain, ça aide à la prise de conscience, même si encore aujourd'hui des filles n'osent pas jouer et prendre leur place en présence des garçons. Cela prend du temps, mais les éducateurs ont un rôle essentiel pour lutter contre les discriminations, parler d'égalité et favoriser la place des femmes dans le sport", ajoute Jeanne Boussard. 

"Nous sommes certains que le message que nous voulons faire passer aura des retombées sur les familles, communautés et villages à proximité", expliquent les organisateurs.trices. Le but est de permettre à chacune des filles du projet à jouer au basket plus librement et simplement, se sentir plus à l’aise avec son corps et ainsi s’épanouir de manière générale, grandir et optimiser toutes ses chances pour évoluer à la hauteur de son potentiel "sans avoir honte d’être une femme".  
A lire aussi dans Terriennes : 


https://information.tv5monde.com/terriennes/jouer-au-basket-pour-lutter-contre-le-tabou-des-regles-au-togo-396476

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Au Koweït, les femmes font aussi leur MeToo , femmes,

25 Février 2021, 03:16am

Publié par hugo

 Au Koweït, les femmes font aussi leur MeToo
Ce dessin est devenu l'emblème de la vague MeToo au Koweit, avec la légende "Ne la harcelez pas", les femmes dénoncent sur les réseaux sociaux et dans les médias le harcèlement sexuel. Une première dans ce pays. 
Ce dessin est devenu l'emblème de la vague MeToo au Koweit, avec la légende "Ne la harcelez pas", les femmes dénoncent sur les réseaux sociaux et dans les médias le harcèlement sexuel. Une première dans ce pays. 
©capture d ecran/instagram
18 FÉV 2021
 Mise à jour 19.02.2021 à 11:45 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
Elles ne se tairont plus. Au Koweït, les femmes brisent le silence et battent en brèche la culture de la honte pour dénoncer le harcèlement sexuel. A l'origine de ce MeToo koweïtien, une célèbre blogueuse de mode et ex-mannequin, Ascia Al Faraj. Sa vidéo sur Instagram a été le déclencheur d'un mouvement d'ampleur nationale. 
Ses quelque 2,5 millions d'abonné.e.s sur Instagram avaient jusqu'ici l'habitude de la suivre au fil de ses photos de mannequin, dans des tenues à la pointe de la mode occidentale. C'est sous un tout autre angle qu'ils et elles viennent de la découvrir. Ascia Al Faraj est en colère et c'est ce qu'elle décide de dire face à la caméra de son portable alors qu'elle est en voiture, en ce début février 2021.

N'avez-vous pas honte ? Nous avons un problème de harcèlement dans ce pays, et j'en ai marre !

Ascia Al Faraj 
"Chaque fois que je sors, il y a quelqu'un qui me harcèle ou qui harcèle une autre femme dans la rue", s'exclame-t-elle, visiblement émue, après qu'un véhicule a accéléré pour "l'effrayer" alors qu'elle se dirigeait vers sa voiture."N'avez-vous pas honte ? Nous avons un problème de harcèlement dans ce pays, et j'en ai marre !"


#Lan_Asket #Jenemetairaispas
La vidéo de d'Ascia Al Faraj déclenche alors une incroyable et inattendue vague d'émotion dans ce riche pays pétrolier du Golfe, jusqu'alors peu touché par la déferlante #MeToo partie il y a quatre ans des Etats-Unis. Depuis la diffusion sur les réseaux sociaux de ces quelques minutes de la blogueuse, visiblement enregistrées spontanément dans l'émotion, une immense envie de parler gagne par dizaines d'autres femmes. A leur tour de raconter comment elles aussi ont été traquées, harcelées ou agressées.

Le silence n'est plus une option. Nous devons nous exprimer, nous unir et nous défendre les unes les autres parce que ce qui se passe est inacceptable.

Shayma Shamo, médecin koweïtienne
C'est Shayma Shamo, une femme médecin de 27 ans qui a étudié à l'étranger et est revenue au Koweït l'année dernière, qui a lancé sur Instagram la plateforme "Lan Asket" ("Je ne me tairai pas", en français) après avoir vu la vidéo d'Ascia Al Faraj. "Dès que j'ai ouvert le compte, les messages ont commencé à affluer, venant de femmes et jeunes filles qui ont subi harcèlement verbal, physique et sexuel", raconte-t-elle. "Le silence n'est plus une option. Nous devons nous exprimer, nous unir et nous défendre les unes les autres parce que ce qui se passe est inacceptable", insiste-t-elle.

Quelques hommes aussi tiennent à témoigner sur les réseaux, comme celui-ci. Il raconte comment il s'est fait interpeller en plein jour par un homme dans la rue alors qu'il marchait avec sa femme. "Imaginez ce que ces gars font avec une femme sans aucune protection !", s'insurge-t-il. 


Les médias koweïtiens n'ont pas pu échapper au phénomène. Des émissions de radio et de télévision ont accueilli des militantes, des avocates et des universitaires pour discuter de la question du harcèlement. Cette vidéo "a déclenché un mouvement d’une ampleur nationale", explique Al-Jazeera. 

L'ambassade américaine au Koweït a souhaité apporter son soutien à cette campagne en publiant un message sur son compte Twitter. "Nous pouvons tous faire plus pour prévenir le harcèlement des femmes, que ce soit aux Etats-Unis ou au Koweït. #Lan_asket", a-t-elle tweeté. L'ambassade a également partagé l'emblème de la campagne : un dessin représentant trois femmes, l'une dévoilée, une autre avec un hijab, et une dernière le visage couvert, au-dessus du slogan "Ne la harcelez pas".


Vaincre la culture de la honte
Sans surprise, face au large soutien des médias et des réseaux, des voix conservatrices se sont élevées pour conspuer ce mouvement, appelant notamment les femmes à s'habiller de façon pudique pour éviter le harcèlement.

Pour Rothna Begum, chercheuse à Human Rights Watch, les femmes qui osent se mettre sur le devant de la scène font face à une police peu réactive. Et encore faut-il avoir le courage de parler, car la honte de lier sa famille à ce genre d'affaires réduit souvent les femmes au silence. "Ces témoignages publiés sont incroyablement importants pour donner aux Koweïtiens une idée de ce à quoi ressemble réellement le harcèlement et du terrible mal qu'il cause", estime-t-elle.

Le mot arabe "eib" ("honte" en français), est un terme avec lequel les jeunes filles grandissent au Moyen-Orient. Aller au poste de police est "eib" et parler de harcèlement est "eib"", s'exaspère Shayma Shamo. "Dès qu'une femme commence à parler de harcèlement, les questions des membres de la famille commencent : Que portais-tu ? Avec qui étais-tu ? Quelle heure était-il ?", résume-t-elle.

Les filles ne parlent pas par peur d'être stigmatisées. Mais nous n'arrêterons pas tant que nous n'aurons pas vaincu ce cancer de la société.

Lulu Al-Aslawi
Parmi les nombreuses femmes à témoigner, Lulu Al-Aslawi, une autre figure médiatique glamour a elle-aussi brisé l'omerta en révélant avoir été la cible d'intimidations sur Internet en raison de ses photos de mode. "Les filles ne parlent pas par peur d'être stigmatisées, dit-elle. Mais nous n'arrêterons pas tant que nous n'aurons pas vaincu ce cancer de la société".

"Aujourd'hui, les femmes koweïtiennes repoussent les limites du conservatisme d'un pays qui fait certes figure d'exception dans le Golfe, par le dynamisme de sa société civile", lit-on sur le site d'Al Jazeera. Car si le Koweït est bien doté d'une loi contre le harcèlement, la question des violences sexistes reste taboue, "aucune loi ne condamne les violences domestiques ou le viol conjugal", rappelle le site d'informations Middle East Eye.

Des violences encore plus taboues lorsqu'elles touchent les femmes immigrées. Selon les ONG, ces femmes constituent une grande partie de la population du riche Etat du Golfe, et sont parmi les plus vulnérables, beaucoup occupant des métiers subalternes. 
Selon un rapport de Human Rights Watch, "ces femmes sont particulièrement vulnérables aux abus en raison du manque de protection induit par le système d’exploitation moyen-oriental de la kafala".  Beaucoup dénoncent ce système de parrainage qui fait de l’employeur le tuteur de l’employé, l'accusant de perpétuer une forme d’esclavage envers les travailleurs immigrés.

Dans une autre vidéo, Ascia Al Faraj raconte avoir reçu des "histoires intenses" d'immigrées indiennes, pakistanaises et philippines travaillant au Koweït. "Les expatriées ici sont incroyablement vulnérables et harcelées à un niveau que les femmes koweïtiennes ne pourront jamais imaginer", dénonce-t-elle.

A lire aussi dans Terriennes :
https://information.tv5monde.com/terriennes/au-koweit-les-femmes-font-aussi-leur-metoo-396596

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Au Koweït, les femmes font aussi leur MeToo , femmes,

25 Février 2021, 03:16am

Publié par hugo

 Au Koweït, les femmes font aussi leur MeToo
Ce dessin est devenu l'emblème de la vague MeToo au Koweit, avec la légende "Ne la harcelez pas", les femmes dénoncent sur les réseaux sociaux et dans les médias le harcèlement sexuel. Une première dans ce pays. 
Ce dessin est devenu l'emblème de la vague MeToo au Koweit, avec la légende "Ne la harcelez pas", les femmes dénoncent sur les réseaux sociaux et dans les médias le harcèlement sexuel. Une première dans ce pays. 
©capture d ecran/instagram
18 FÉV 2021
 Mise à jour 19.02.2021 à 11:45 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
Elles ne se tairont plus. Au Koweït, les femmes brisent le silence et battent en brèche la culture de la honte pour dénoncer le harcèlement sexuel. A l'origine de ce MeToo koweïtien, une célèbre blogueuse de mode et ex-mannequin, Ascia Al Faraj. Sa vidéo sur Instagram a été le déclencheur d'un mouvement d'ampleur nationale. 
Ses quelque 2,5 millions d'abonné.e.s sur Instagram avaient jusqu'ici l'habitude de la suivre au fil de ses photos de mannequin, dans des tenues à la pointe de la mode occidentale. C'est sous un tout autre angle qu'ils et elles viennent de la découvrir. Ascia Al Faraj est en colère et c'est ce qu'elle décide de dire face à la caméra de son portable alors qu'elle est en voiture, en ce début février 2021.

N'avez-vous pas honte ? Nous avons un problème de harcèlement dans ce pays, et j'en ai marre !

Ascia Al Faraj 
"Chaque fois que je sors, il y a quelqu'un qui me harcèle ou qui harcèle une autre femme dans la rue", s'exclame-t-elle, visiblement émue, après qu'un véhicule a accéléré pour "l'effrayer" alors qu'elle se dirigeait vers sa voiture."N'avez-vous pas honte ? Nous avons un problème de harcèlement dans ce pays, et j'en ai marre !"


#Lan_Asket #Jenemetairaispas
La vidéo de d'Ascia Al Faraj déclenche alors une incroyable et inattendue vague d'émotion dans ce riche pays pétrolier du Golfe, jusqu'alors peu touché par la déferlante #MeToo partie il y a quatre ans des Etats-Unis. Depuis la diffusion sur les réseaux sociaux de ces quelques minutes de la blogueuse, visiblement enregistrées spontanément dans l'émotion, une immense envie de parler gagne par dizaines d'autres femmes. A leur tour de raconter comment elles aussi ont été traquées, harcelées ou agressées.

Le silence n'est plus une option. Nous devons nous exprimer, nous unir et nous défendre les unes les autres parce que ce qui se passe est inacceptable.

Shayma Shamo, médecin koweïtienne
C'est Shayma Shamo, une femme médecin de 27 ans qui a étudié à l'étranger et est revenue au Koweït l'année dernière, qui a lancé sur Instagram la plateforme "Lan Asket" ("Je ne me tairai pas", en français) après avoir vu la vidéo d'Ascia Al Faraj. "Dès que j'ai ouvert le compte, les messages ont commencé à affluer, venant de femmes et jeunes filles qui ont subi harcèlement verbal, physique et sexuel", raconte-t-elle. "Le silence n'est plus une option. Nous devons nous exprimer, nous unir et nous défendre les unes les autres parce que ce qui se passe est inacceptable", insiste-t-elle.

Quelques hommes aussi tiennent à témoigner sur les réseaux, comme celui-ci. Il raconte comment il s'est fait interpeller en plein jour par un homme dans la rue alors qu'il marchait avec sa femme. "Imaginez ce que ces gars font avec une femme sans aucune protection !", s'insurge-t-il. 


Les médias koweïtiens n'ont pas pu échapper au phénomène. Des émissions de radio et de télévision ont accueilli des militantes, des avocates et des universitaires pour discuter de la question du harcèlement. Cette vidéo "a déclenché un mouvement d’une ampleur nationale", explique Al-Jazeera. 

L'ambassade américaine au Koweït a souhaité apporter son soutien à cette campagne en publiant un message sur son compte Twitter. "Nous pouvons tous faire plus pour prévenir le harcèlement des femmes, que ce soit aux Etats-Unis ou au Koweït. #Lan_asket", a-t-elle tweeté. L'ambassade a également partagé l'emblème de la campagne : un dessin représentant trois femmes, l'une dévoilée, une autre avec un hijab, et une dernière le visage couvert, au-dessus du slogan "Ne la harcelez pas".


Vaincre la culture de la honte
Sans surprise, face au large soutien des médias et des réseaux, des voix conservatrices se sont élevées pour conspuer ce mouvement, appelant notamment les femmes à s'habiller de façon pudique pour éviter le harcèlement.

Pour Rothna Begum, chercheuse à Human Rights Watch, les femmes qui osent se mettre sur le devant de la scène font face à une police peu réactive. Et encore faut-il avoir le courage de parler, car la honte de lier sa famille à ce genre d'affaires réduit souvent les femmes au silence. "Ces témoignages publiés sont incroyablement importants pour donner aux Koweïtiens une idée de ce à quoi ressemble réellement le harcèlement et du terrible mal qu'il cause", estime-t-elle.

Le mot arabe "eib" ("honte" en français), est un terme avec lequel les jeunes filles grandissent au Moyen-Orient. Aller au poste de police est "eib" et parler de harcèlement est "eib"", s'exaspère Shayma Shamo. "Dès qu'une femme commence à parler de harcèlement, les questions des membres de la famille commencent : Que portais-tu ? Avec qui étais-tu ? Quelle heure était-il ?", résume-t-elle.

Les filles ne parlent pas par peur d'être stigmatisées. Mais nous n'arrêterons pas tant que nous n'aurons pas vaincu ce cancer de la société.

Lulu Al-Aslawi
Parmi les nombreuses femmes à témoigner, Lulu Al-Aslawi, une autre figure médiatique glamour a elle-aussi brisé l'omerta en révélant avoir été la cible d'intimidations sur Internet en raison de ses photos de mode. "Les filles ne parlent pas par peur d'être stigmatisées, dit-elle. Mais nous n'arrêterons pas tant que nous n'aurons pas vaincu ce cancer de la société".

"Aujourd'hui, les femmes koweïtiennes repoussent les limites du conservatisme d'un pays qui fait certes figure d'exception dans le Golfe, par le dynamisme de sa société civile", lit-on sur le site d'Al Jazeera. Car si le Koweït est bien doté d'une loi contre le harcèlement, la question des violences sexistes reste taboue, "aucune loi ne condamne les violences domestiques ou le viol conjugal", rappelle le site d'informations Middle East Eye.

Des violences encore plus taboues lorsqu'elles touchent les femmes immigrées. Selon les ONG, ces femmes constituent une grande partie de la population du riche Etat du Golfe, et sont parmi les plus vulnérables, beaucoup occupant des métiers subalternes. 
Selon un rapport de Human Rights Watch, "ces femmes sont particulièrement vulnérables aux abus en raison du manque de protection induit par le système d’exploitation moyen-oriental de la kafala".  Beaucoup dénoncent ce système de parrainage qui fait de l’employeur le tuteur de l’employé, l'accusant de perpétuer une forme d’esclavage envers les travailleurs immigrés.

Dans une autre vidéo, Ascia Al Faraj raconte avoir reçu des "histoires intenses" d'immigrées indiennes, pakistanaises et philippines travaillant au Koweït. "Les expatriées ici sont incroyablement vulnérables et harcelées à un niveau que les femmes koweïtiennes ne pourront jamais imaginer", dénonce-t-elle.

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https://information.tv5monde.com/terriennes/au-koweit-les-femmes-font-aussi-leur-metoo-396596

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Yaël Dehaese : “L’informatique est un langage alors pourquoi ne pas l’enseigner aux filles dès le CP” ,femmes, feminisme, informatique

25 Février 2021, 03:11am

Publié par hugo

 24 FÉVRIER 2021
France \ Société
Yaël Dehaese : “L’informatique est un langage alors pourquoi ne pas l’enseigner aux filles dès le CP”

Quand elle se rend compte que la parité est loin d’être atteinte dans le secteur de la Tech, Yaël Dehaese décide de prendre le problème à la base, afin de faire une place aux femmes dans la transition numérique. Elle fonde alors la start-up IT4Girls en 2018, récemment devenue Divers-IT. Cette start-up propose des ateliers aux filles de 7 à 8 ans pour apprendre la programmation informatique de façon ludique. Désormais, la start-up élargit son champ d’action pour toucher des enfants des réseaux d’éducation prioritaire, ainsi que des enfants en situation de handicap. 

Quel est votre parcours ? Comment vous êtes-vous formée au code ?

Je n’ai pas un parcours classique par rapport à l’informatique. Au départ, j’ai fait une formation en gestion et économie appliquée à l’université. Mais il se trouve qu’au début des années 1990, quand j’ai commencé mes études, il y avait une ou deux heures par semaine d’initiation à l’informatique dans les sections économiques. Donc j’ai appris à coder avec les langages C et Turbo Pascal (1). A l’époque, je n’avais pas d’affinités particulières avec cette matière. J’ai poursuivi mes études et je n’ai pas réécrit une ligne de code jusqu’à ce que je mette en place mon projet en 2018. 

J’ai travaillé longtemps dans des banques d’investissements et la finance de marché. Je suis arrivée dans le secteur de l’informatique en 2016. C’est seulement quand j’ai vu l’ampleur que prenait l’informatique que je me suis dit “il y a peut-être des choses à faire” et que je me suis replongée dans la programmation informatique.

Quels sont les origines et objectifs du projet ?

Étant dans l’informatique depuis quelques années, je me suis aperçue qu’on manquait de femmes. La parité n’était pas là. Il y avait énormément d’hommes : à chaque fois, il y avait entre un quart et un tiers de femmes pour trois quarts à deux tiers d’hommes. On était jamais à 50-50 dans l’informatique, un secteur qui pour moi est l’avenir. Je me suis dit : “il est hors de question que l’avenir se construise sans les femmes”.

En analysant le problème, j’ai discuté avec mes collègues : elles/ils m’ont dit qu’elles/ils voulaient recruter des femmes mais qu’il y avait peu, voire pas, de femmes diplômées voulant travailler dans ce domaine. Qu’est-ce qu’on peut faire pour inverser la tendance ? Pour moi, il faut prendre le problème à la base : l’informatique est un langage de programmation alors pourquoi ne pas l’enseigner dès le CP, dès que l’enfant sait lire et écrire, de la même façon qu’aujourd’hui on enseigne les langues vivantes dès le CP. 

A l’époque, mon entreprise proposait aux collaboratrices/collaborateurs de lancer des start-ups internes. Donc en février 2018, j’ai participé à un programme d’entreprenariat interne et j’ai été sélectionnée. Pendant six mois, j’ai été accompagnée dans un incubateur de start-ups pour mettre en place les bases de ma start-up. Dans l’entreprise où j’étais, j’ai commencé à mettre en place des ateliers de coding le mercredi après-midi pour les filles des collaboratrices/collaborateurs à partir de 7 ans. Cela a très bien fonctionné.

Pourquoi est-ce important de commencer la programmation dès que les enfants savent lire ?

Il faut enseigner l’informatique aux enfants dès qu’elles/ils savent lire et écrire pour que, plus tard, quand les stéréotypes se mettent en place, les enfants ne pensent pas “cela ne m’intéresse pas”, “la technologie, je ne connais pas”, “c’est des maths et je suis pas bonne en maths”. En étant dedans dès le départ, il n’y a pas de discontinuité.

Il y a des études qui montrent qu’il y a un âge où tout est possible : les enfants de 8-10 ans sont d’accord pour embrasser tous les métiers. Et puis, il y a un âge, vers 12-13 ans, où les filles ferment la porte aux métiers technologiques. Idéalement, il faut passer ce cap à partir duquel on commence à faire une sélection au détriment des matières technologiques.

Lors de vos ateliers, comment amenez-vous les enfants à s’intéresser à la programmation ?

L’informatique, c’est beaucoup de créativité. Quand l’informatique est enseignée de façon ludique, il y a beaucoup de paramètres qu’on peut changer, faire évoluer. Avec Scratch, un logiciel développé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), on peut créer des jeux-vidéos en assemblant des blocs de couleurs. Par exemple, nous avons créé un jeu d’attrape autour du tri des déchets : un robot doit attraper les déchets métalliques et laisser dans la nature les déchets biodégradables. Avec les enfants, on crée un algorithme qui dit “si objet touché par le robot, alors gagne un point. Si objet perdu, alors perd un point”. Après, on garde l’algorithme de base “si, alors, sinon”, mais on leur propose de changer de personnage, de décor, de musique, etc. L’enfant devient alors game designer.

Pourquoi est-ce important de promouvoir la mixité dans l’informatique ?

Il y a énormément de métiers qui vont se créer autour des objets connectés, de la robotique, de la programmation informatique, de l’intelligence artificielle, de la blockchain, du cloud, etc. Cela va être notre quotidien à l’avenir. J’aimerais qu’au moment de développer ces technologies, on ait de la diversité autour de la table, avec des personnes d’horizons différents aux parcours et spécificités différentes. Nous avons besoin de diversité pour construire ce qui va se mettre en place demain. Donc ce que je promeus avant-tout, parce qu’on sait qu’elle est facteur de performance, c’est la diversité.

Quelle a été l’évolution du projet depuis 2018 et quels sont vos projets pour 2021 ?

Après la période d’incubation, j’ai proposé ces ateliers à d’autres entreprises. Une trentaine d’entreprises nous ont répondu positivement. Nous demandons à ces entreprises de subventionner les ateliers pour que ce soit gratuit pour les participant·es. Dans les ateliers, nous faisons en sorte qu’il y ait autant de filles que de garçons. Nous faisons également un mixte entre enfants des salarié·es des entreprises partenaires et enfants des réseaux d’éducation prioritaire. Nous sommes par exemple en partenariat avec l’Institut Télémaque.

En ce qui concerne nos projets pour 2021, nous sommes en train d’évoluer : de IT4Girls, nous devenons Divers-IT. Jusqu’à maintenant, nous étions centré·es sur la parité. En 2021, nous allons nous ouvrir et travailler sur la diversité. Nous allons continuer de travailler avec des enfants de réseaux d’éducation prioritaire, mais aussi avec des enfants en situation de handicap et des enfants qui ont des troubles de l’attention parce que nous avons vu que nos ateliers fonctionnent très bien avec elles/eux. Nous allons continuer les ateliers de coding, mais pas seulement : nous allons travailler sur la cybersécurité, le cyberharcèlement qui touche les enfants de plus en plus jeunes, ainsi que la data et la pollution numérique.

Propos recueillis par Maud Charpentier, 50-50 Magazine

Divers-IT (anciennement IT4Girls)

Un langage de programmation est langage destiné à formuler des algorithmes et à produire des programmes informatiques. Le langage C est un des premiers langages de programmation et reste l’un des plus utilisés aujourd’hui.


Lire plus : Les femmes dans les sciences, d’hier à aujourd’hui : lutter contre les stéréotypes et l’invisibilisation
https://www.50-50magazine.fr/2021/02/24/yael-dehaese-il-est-hors-de-question-que-lavenir-se-construise-sans-les-femmes/

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Catherine Vidal : “La médecine est le fruit d’une histoire dans laquelle un certain nombre de préjugés liés au genre féminin et masculin peuvent encore exister” , femmes, feminisme,genre

25 Février 2021, 03:09am

Publié par hugo

France \ Société
Catherine Vidal : “La médecine est le fruit d’une histoire dans laquelle un certain nombre de préjugés liés au genre féminin et masculin peuvent encore exister”

Catherine Vidal est neurobiologiste, directrice de recherche honoraire à l’Institut Pasteur, membre du Comité d’Ethique de l’Inserm et co-fondatrice du groupe “Genre et Recherches en Santé”. Son intérêt porte sur les enjeux éthiques des neurosciences, le déterminisme en biologie, le cerveau et le sexe, les inégalités de santé entre les femmes et les hommes. Elle est l’autrice du rapport 2020 du Haut Conseil à l’Egalité : Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique.

Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 Magazine

Vidéo Rafaël Flepp 50-50 Magazine

Rapport : Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique.

Livres de Catherine Vidal

Femmes et santé : encore une affaire d’hommes ? ” avec Muriel Salle, Col. Egale à Egal Ed. Belin 2017

Nos cerveaux, tous pareils, tous différents ! Col. Egale à Egal, Ed. Belin 2015

Cerveau, sexe et pouvoir, avec D. Benoit-Browaeys, nouvelle édition Poche, Belin, 2015


https://www.50-50magazine.fr/2021/02/23/catherine-vidal-la-medecine-est-le-fruit-dune-histoire-dans-laquelle-un-certain-nombre-de-prejuges-lies-au-genre-feminin-et-masculin-peuvent-encore-exister/

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Les protections périodiques seront gratuites pour les étudiantes à la rentrée 2021 , femmes, feminisme, sante ,

24 Février 2021, 16:38pm

Publié par hugo

 Les protections périodiques seront gratuites pour les étudiantes à la rentrée 2021


Pour lutter contre la précarité menstruelle, les protections hygiéniques seront gratuites à la prochaine rentrée universitaire, a annoncé la ministre de l’Enseignement supérieur.
Par L'Obs

Publié le 23 février 2021 à 13h54 Mis à jour le 24 février 2021 à 11h50
Temps de lecture 2 min
Dans un site de production de protections périodiques, en Allemagne. (Sebastian Kahnert/dpa Picture-Alliance/AFP)Dans un site de production de protections périodiques, en Allemagne. (Sebastian Kahnert/dpa Picture-Alliance/AFP)

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Emmanuel Macron avait promis une annonce forte début 2021 pour lutter contre la précarité menstruelle. La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a annoncé ce mardi 23 février que les protections périodiques seraient gratuites à la rentrée prochaine pour les étudiantes et les étudiants transgenres.

Dans les prochaines semaines, les résidences universitaires des Crous et les services de santé universitaires seront équipés en distributeurs de protections hygiéniques, a annoncé Frédérique Vidal lors d’une rencontre à Poitiers avec des étudiants.

« On vise 1 500 distributeurs et une gratuité complète à la rentrée », a-t-elle ajouté. Ces protections seront « respectueuses de l’environnement », précise le ministère.


La précarité menstruelle concernerait une personne sur trois dans les études supérieures, selon un récent rapport de la Fédération des Associations générales étudiantes (Fage). 33 % des personnes interrogées ont besoin d’une aide financière pour acheter ces protections, et une personne sondée sur dix serait obligée de fabriquer ses propres protections périodiques. Sur Twitter, l’association a crié « Victoire ».


Les territoires dépourvus de Crous en question
« Les étudiantes et étudiants vont être soulagés d’un poids financier qui concerne une chose normale : on ne choisit pas d’avoir ses règles », rappelle auprès de « l’Obs » le vice-président de la Fage en charge de la lutte contre les discriminations, Anna Prado De Oliveira.

Il assure que la Fage suivra de près la mise en place de cette mesure : « On aura l’occasion d’en parler dans les plans de cadrage de ces mesures », explique-t-il, affirmant qu’une zone d’ombre avait déjà été identifiée. « Il y a des territoires où il n’y a pas de Crous, pas de système de santé universitaire, souligne-t-il. Il faudra trouver un accompagnement différent pour mettre en place le même système d’aide pour les étudiants et étudiantes. »

Cette annonce intervient alors que la ministre est apparue fragilisée ces derniers jours, après la polémique suscitée par ses sorties sur « l’islamo-gauchisme ». Semblant pressée de tourner la page, elle martèle depuis que sa « priorité, c’est la question des étudiants ».

Précarité menstruelle : en prison, des femmes fabriquent des cups avec des bouteilles en plastique
La gratuité des protections périodiques dans l’enseignement supérieur a été décidée après un travail de concertation entre la ministre et différents acteurs (parlementaires, organisations étudiantes représentatives, ou encore l’association Règles élémentaires), a précisé Frédérique Vidal.

Une mesure parmi d’autres
Jusqu’à présent en France, des initiatives existaient mais restaient souvent locales. Début février, la région Ile-de-France avait par exemple annoncé que les facs et les résidences étudiantes de la région seraient bientôt équipées en distributeurs gratuits de protections périodiques bio.

Cette mesure s’ajoute à d’autres, prises en faveur des jeunes, durement touchés par la crise sanitaire. En janvier, Emmanuel Macron avait ainsi annoncé la création d’un « chèque psy » pour les étudiants et la mise en place de deux repas par jour à 1 euro dans les restos U.

Des avancées « insuffisantes » aux yeux d’organisations comme l’Unef, qui réclame un plan d’urgence de 1,5 milliard d’euros, en commençant par une hausse immédiate des bourses et des APL et la mise en place d’un filet de sécurité sociale pour l’ensemble des étudiants.

Anna Prado De Oliveira, de la Fage, rappelle, lui, l’urgence d’un plan pour les examens à venir, sur lesquels planent de nombreuses incertitudes. « Une étude que nous avons réalisée l’année dernière avec Ipsos montrait que le confinement avait provoqué chez 84 % des étudiants un décrochage de leurs études. Pour éviter un fiasco total, il va vraiment falloir axer les travaux sur des examens de qualité pour la fin d’année », prévient-il.


https://www.nouvelobs.com/education/20210223.OBS40559/frederique-vidal-annonce-la-gratuite-des-protections-periodiques-pour-les-etudiantes.html#xtor=AD-192-[20210223_periodiques]

Les protections périodiques seront gratuites pour les étudiantes à la rentrée 2021 (nouvelobs.com)

 

https://www.nouvelobs.com/education/20210223.OBS40559/frederique-vidal-annonce-la-gratuite-des-protections-periodiques-pour-les-etudiantes.html#xtor=AD-192-[20210223_periodiques]

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