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Pascale Van Damme, "très fière" d’être la première femme présidente de l’Union Belge, dévoile ses priorités

29 Juin 2023, 00:18am

Publié par hugo

Pascale Van Damme, "très fière" d’être la première femme présidente de l’Union Belge, dévoile ses priorités

Pascale Van Damme, "très fière" d’être la première femme présidente de l’Union Belge, dévoile ses priorités
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31 mai 2023 à 12:47

Temps de lecture1 min
Par Jâd El Nakadi avec Manuel Jous
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Pascale Van Damme, qui a remplacé Paul Van den Bulck à la tête de l’Union belge de football, devenant la première femme président de l’UB, s’est présentée à la presse ce mercredi à Tubize. Cette haute dirigeante d'un groupe informatique a notamment parlé de son état d’esprit, de son style et a dévoilé ses priorités.

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"Je suis très fière et très motivée. Je travaille avec une équipe aussi motivée que moi, avec beaucoup de passion. Je suis fière d’être la première femme présidente de la fédération belge. J’espère que je pourrai inspirer de nombreuses femmes à l’avenir", a-t-elle expliqué au micro de Manuel Jous.

Quelles sont les priorités de la nouvelle présidente de l’Union Belge de football ? "La priorité est l’équipe des Diables Rouges et l’Euro 2024 en Allemagne. L’objectif est de faire de bons résultats avec la nouvelle génération. On veut aussi faire de bons résultats avec les Red Flames à l’Euro 2025, en Suisse. On travaille également très dur avec les Pays-Bas et l’Allemagne afin de pouvoir accueillir la Coupe du Monde féminine en Belgique, en 2027. Enfin, on va travailler sur le plan digital et lutter contre les discriminations".

De par son expérience (Pascale Van Damme est une personnalité qui compte dans le monde de la tech), la nouvelle présidente sait que pour avancer, "il faut travailler en équipe" : "J’aime travailler en équipe. Une personne seule est moins forte qu’une équipe, comme au football. Il faut travailler ensemble".

À la présidence, Van Damme occupera un rôle non exécutif : "Je connais mon rôle. Je m’entends très bien avec Manu Leroy et le comité de direction. Je vais prendre mes responsabilités mais pas dans les opérations".

À noter qu’un audit interne, mené par Sven Jaecques et Benjamin Vasseur pour faire le point sur la gestion future, est en cours. Rien d’anormal pour Van Damme : "Un audit est un processus normal. Toutes les sociétés lancent un audit pour regarder si elles sont encore alignées avec leur stratégie, pour voir ce qu’il faut changer ou améliorer".


https://www.rtbf.be/article/pascale-van-damme-tres-fiere-detre-la-premiere-femme-presidente-de-lunion-belge-devoile-ses-priorites-11205764

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La revue de la presse : il faut briser le tabou sur les conséquences de la ménopause au travail

19 Juin 2023, 03:04am

Publié par hugo

La revue de la presse : il faut briser le tabou sur les conséquences de la ménopause au travail

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31 mai 2023 à 08:44

Temps de lecture3 min
Par Estelle Falzone
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La presse du jour se penche sur l’emploi. L’emploi des femmes ménopausées, d’abord. Les nombreux symptômes auxquels elles doivent faire face les empêchent parfois de gravir les échelons au travail. Pour Securex, il est temps de briser ce tabou sur la santé des femmes.

L’emploi pour les personnes qui n’en ont plus depuis longtemps, ensuite. En Flandre, les demandeurs d’emploi depuis 5, 10, voire 25 ans, posent problème à l’office de l’emploi, qui peine à leur trouver du travail. Comment régler ce problème ? Un débat éminemment politique, au cœur duquel se trouvent des personnes en situation de grande précarité.

Le tabou de la ménopause au travail

Plus de la moitié des femmes qui luttent contre les symptômes de la ménopause auraient moins d’opportunités au travail. C’est le résultat d’une étude de Securex sortie dans De Morgen. A partir de 50 ans environ, le corps des femmes est soumis à de lourds changements : insomnies, bouffées de chaleur, difficultés de concentration, maux de tête, douleurs articulaires.

Pour 50% des femmes interrogées, cela les gêne au travail. Elles ont besoin de plus de temps pour récupérer et si elles ne le prennent pas, elles sont plus sujettes aux problèmes de santé mentale. Cette transition dans la vie de toutes les femmes reste pourtant taboue. Ne pas en parler, cela ne fait qu’empirer le sentiment de mal-être, avertit une psychologue de Securex. D’autant que beaucoup d’entre elles ignorent qu’elles sont en ménopause, et prennent des somnifères ou des antidépresseurs, provoquant davantage de jours d’absence.

Résultat : il arrive encore souvent que ce tabou signe le début de la fin d’une carrière, alors que, comme l’explique un professeur de l’UGent, des traitements hormonaux existent pour gérer les symptômes. Selon Securex, les femmes ménopausées qui parviennent à traiter leurs symptômes réussissent même mieux que n’importe quel autre groupe de travailleurs, y compris les jeunes hommes. Elles sont moins distraites, plus expérimentées, davantage appréciées, et souvent vues comme facteur de cohésion au sein des entreprises. Une étude à lire aussi dans Le Soir. 


© Getty Images
Le cercle vicieux du chômage de longue durée

Près d’un demandeur d’emploi sur six est au chômage depuis plus de 5 ans en Flandre. Ce sont des chiffres du VDAB, l’office flamand de l’emploi, à lire dans la Gazet Van Antwerpen. Pour plus ou moins 10.000 d’entre eux, la recherche d’emploi dure même depuis plus de dix ans.

Le VDAB peine à trouver du boulot pour ces chômeurs de longue durée. Ils ont besoin davantage de formation et de soutien, et cela prend du temps, ce qui ne fait que renforcer ce cercle vicieux. Pour eux, le décalage avec le marché du travail est trop important.

La majorité d’entre eux, remarque la Gazet, touche des allocations de chômage. D’après les libéraux flamands de l’Open vld, pour les motiver, il faudrait limiter ces allocations dans le temps et imposer des travaux d’intérêt général aux demandeurs d’emploi de longue durée (après deux ans), pour les reconnecter au marché du travail.

Ce système de travaux d’intérêt général n’en est cependant qu’à ses balbutiements, juge l’office flamand de l’emploi, qui, en attendant, tente tant bien que mal de renforcer son soutien à ces demandeurs d’emploi de longue durée.

L’inflation sur l’alimentation : un cauchemar pour les consommateurs

De plus en plus de consommateurs belges ont des difficultés à payer leurs courses. L’inflation sur les produits alimentaires reste en effet très élevée, 15,51% selon Statbel. Les consommateurs belges cherchent donc des astuces pour faire diminuer le ticket de caisse.

Par exemple, ils sont de plus en plus à faire du "downtrading", comme l’explique le journal Le Soir. Par downtrading, on entend faire ses courses dans un magasin de hard-discount (Aldi, Lidl…), passer d’un article de marque propre à son équivalent en marque de distributeurs (les fameux produits "blancs"), voire acheter des aliments de moins bonne qualité.

Quitte à se rendre aussi plus loin pour faire leurs courses ! Le journal l’Avenir a fait le test et s’est demandé si la localisation d’un magasin changeait quelque chose au prix du caddie. L’Avenir a donc sillonné toute la Wallonie à la recherche des prix les plus bas. Résultat : un même panier coûte certes moins cher à Arlon, près de la frontière, que dans le centre de la région. La différence est cependant minime : moins de deux euros environ.
 https://www.rtbf.be/article/la-revue-de-la-presse-il-faut-briser-le-tabou-sur-les-consequences-de-la-menopause-au-travail-11205618

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 Antompindi Cocagne, appelez-la Chef Anto

19 Juin 2023, 02:57am

Publié par hugo

 Antompindi Cocagne, appelez-la Chef Anto

© Amalsi Médiacom

30 mai 2023 à 07:54

Temps de lecture3 min
Par Berthe Tanwo Njole*, une chronique pour Les Grenades
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Antompindi Cocagne est franco-gabonaise, cheffe à domicile, directrice artistique, animatrice sur Canal + Afrique, entrepreneure, autrice et fondatrice d’un festival de cuisine.

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La première chose qui interpelle est son prénom Antompindi, qui signifie littéralement "Femme des champs". "Anto veut dire femme et aussi féminin dans ma langue. C’est le chef au féminin. C’est pour ça que le mot chef est resté au masculin !"

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Une passion héritée de sa grand-mère
A cette période, elle vit encore au Gabon avec sa famille. C’est à 15 ans à peine qu’elle concocte ses premiers mets : de simples madeleines qu’elle vend d’abord dans son école, puis dans le quartier. Ses talents culinaires séduisent et très vite, elle est sollicitée dans des cérémonies de mariage et d’anniversaire. Elle parvient à se constituer un capital et déjà, elle note dans son petit carnet rouge ses entrées et sorties financières !

Cette passion lui vient de sa grand-mère, qui a vécu jusqu’à 101 ans (!), qui lui a transmis le virus de la cuisine. Dans ses souvenirs, la cuisine est un lieu où elle ne s’ennuie jamais, où les potins sont rois, l’ambiance est au beau fixe et la transmission règne en maître. Elle en fera d’ailleurs son fer de lance.

Ayant obtenu la nationalité française, elle décide de partir se former en France. Elle débarque en 2002 à Grenoble et enchaîne les diplômes à l’école hôtelière Lesdiguieres : un BTS en art de la table/art culinaire puis une licence en Direction des unités de restauration. A Paris, la jeune femme obtient un Bachelor restaurateur option traiteur/organisateur de réception à l’école Ferrandi !

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Défendre une cuisine panafricaine
Bardée de diplômes, elle se lance dans le métier en travaillant auprès de grands chefs, notamment le chef Eric Pras. Après un bref retour au Gabon pour tenter d’ouvrir son restaurant, qui se solde par un échec, elle revient à Paris et se met à son propre compte et défend une cuisine panafricaine.

Je veux le beurre, l’argent du beurre, épouser le fermier et tenir la boutique ! Je veux tout !

Elle mise tout sur le produit, et non le pays, qu’elle retravaille de façon moderne avec des saveurs peu voire méconnues. Cette envie de faire connaître les cuisines d’Afrique subsaharienne est venue d’un constat qui lui semble interpellant : malgré la présence des communautés africaines en Île de France, il n’y a que très peu d’intérêt pour ces cuisines, contrairement à celles d’Asie ou du Mahgreb, qui ont pignon sur rue !


Festival et publications
Toujours dans cette mouvance de faire connaître au plus grand nombre les cuisines africaines, elle décide de créer, avec son associé, Kosi Modeste, un festival leur étant entièrement destiné : We Eat Africa qui voit le jour en 2018. Parce que la transmission lui tient à cœur, elle est l’auteure de l’ouvrage Goût d’Afrique (aux éditions Mango), en collaboration avec l’illustratrice Aline Princet.


© Tous droits réservés
Également directrice artistique du magazine Afro Cooking, premier magazine des cuisines noires, elle met sa créativité au service des produits issus de toute l’Afrique subsaharienne et les fait petit à petit entrer dans la gastronomie française !

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"Mes projets à l’avenir c’est d’écrire un deuxième livre parce que je me rends compte de la puissance de l’écriture, le fait de laisser une trace… Ce que moi j’aimerais et ce serait vraiment l’aboutissement, c’est un centre de formation sur le continent où on privilégie d’abord la culture locale."

*Berthe Tanwo Njole est une artiste pluridisciplinaire. Elle réalise également des capsules vidéo sur des personnalités, méconnu·es, oublié·es voire effacé·es de l’histoire pour les faire (re) découvrir au plus grand nombre. Elle partage pour Les Grenades des portraits de femmes qui l’inspirent.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/antompindi-cocagne-appelez-la-chef-anto-11204082

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HERstory, quand les femmes écrivent l’histoire

19 Juin 2023, 02:57am

Publié par hugo

 HERstory, quand les femmes écrivent l’histoire

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29 mai 2023 à 07:34

Temps de lecture5 min
Par Sarra El Massaoudi pour Les Grenades
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L’ouvrage collectif "HERstory. Féminisme, minorité et visualité" met en lumière le récit de dix femmes qui se réapproprient l’Histoire en partageant la leur.

HERstory : l’histoire avec "her" ou "elle" en anglais, et en majuscules. Parce que ce livre, c’est leur façon de réécrire l’histoire. Une réécriture du point de vue des dominées, dans ce cas-ci des femmes, racisées, de confession musulmane.

Ces femmes, ce sont Salwa Boujour, Maja-Ajmia Yde Zellama, Manal Yousfi, Souhaïla Amri et Fatima-Zohra Ait El Maâti. Cinq femmes racisées de confession musulmane donc, qui sont en réalité bien plus que cela : journaliste, conférencières, réalisatrice, DJ, créatrices et coordinatrices de projets, artistes, programmatrice et curatrice.

Cinq femmes aux identités plurielles et aux trajectoires variées qui ont toutes été confrontées, à des endroits et des degrés divers, à des violences sexistes, racistes, classistes. Et qui, dans ce contexte de violences, mobilisent les réseaux sociaux pour se réapproprier leur image, redéfinir leur identité, faire communauté et s’engager.

C’est là tout l’objet de l’ouvrage, publié aux éditions de La lettre volée : leur permettre de se raconter et de prendre du recul sur la façon dont elles ont construit, utilisé et visibilisé leur image tout au long de leur parcours.

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Ecrire un livre
A l’origine du projet, la sociologue Maryam Kolly leur demande de réaliser cet exercice d’écriture autour d’une sélection d’images fortes de leur compte Instagram. "Quand elle m’a parlé de son idée, je ne me rendais pas du tout compte de ce que ça représentait d’écrire un livre, se souvient Maja-Ajmia Yde Zellama, réalisatrice et co-fondatrice de Bledarte, une association qui crée un espace physique et digital pour les jeunes issu·es de l’immigration à travers l’art et la culture. En écrivant, je me suis rendu compte que se raconter, c’est pas seulement parler de soi, ça implique aussi les personnes de mon entourage."

Dans cet entourage, les parents, grands-parents et les grandes sœurs occupent une place importante dans le récit des autrices. “Vous devez savoir qu’avant nous, en Belgique, des femmes ont préparé le terrain de la lutte. Elles ont ouvert des portes, créé des ponts, toujours sur la brèche", écrit par exemple Salwa Boujour, journaliste et co-fondatrice de l’Association pour la Diversité et l’Inclusion dans les Médias (ADIM), un organisme qui s’engage pour un monde médiatique belge plus inclusif.

Elle rend aussi femmage aux figures Amazigh qui l’inspirent, des guerrières historiques à ses grands-mères, ses tantes, sa mère. "La reconnaissance, c’est quelque chose qui est vraiment important pour moi. Je ne pouvais pas écrire ce chapitre sans remercier les personnes qui m’ont donné les outils et qui ont réalisé beaucoup de sacrifices pour que je puisse m’auto-inclure finalement, me trouver une place, l’arracher parce que c’est clair qu’on ne nous la donne pas", explique-t-elle aujourd’hui.

Héritages féministes
Ancrées dans ces héritages familiaux, religieux, culturels et féministes, les cinq autrices questionnent et challengent le monde qui les entoure. Plusieurs thématiques sont abordées de manière transversale dans presque tous les récits. C’est le cas de la question de la représentation, de l’islamophobie genrée et du mouvement Hijabis fight back.

Salwa Boujour consacre une partie de son chapitre à la réappropriation de son corps, en proie à de multiples injonctions et oppressions. "J’avais envie de rappeler à toutes les personnes qui souffrent de ces agressions contre leur corps et ce qu’il représente dans l’espace public que ce n’est pas elles le problème. C’est quelque chose de social, de politique, de sociologique."


Des agressions qui ne se produisent pas uniquement dans l’espace public mais aussi sur les réseaux sociaux. Car si le monde digital constitue pour les autrices un outil important pour s’affirmer, se définir et créer des communautés bienveillantes, il est aussi le théâtre de nombreuses violences, particulièrement dirigées vers les femmes minorisées.

Violences
Devant cette réalité, les autrices optent pour des stratégies variées. Souhaïla Amri, coordinatrice de projets socioculturels et comédienne, explique ainsi être une grande consommatrice de contenus sur les réseaux sociaux mais ne pas en diffuser. "Bien qu’ayant conscience de la force des réseaux qui peuvent être des plateformes merveilleuses pour la créativité et la mobilisation, j’ai également en tête les dangers qui y sont associés et qui me freinent dans la création du contenu propre à ces plateformes."

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De son côté, Salwa Boujour n’utilise pas Twitter et restreint l’accès à son compte Instagram. "Ça me porte évidemment préjudice parce que ça me prive d’un espace où les politiques et les journalistes prennent beaucoup la parole. Et filtrer qui peut me suivre ou commenter mes posts Instagram nuit à la croissance de mon compte donc on est toujours perdantes en fait."

Quant à Maja-Ajmia Yde Zellama, elle rappelle que les violences ne viennent pas toujours de là où on les attend : "Pour moi, c’est venu de l’entourage proche et de personnes blanches qui étaient mes amies depuis des années et qui du jour au lendemain n’ont plus assumé parce que je disais trop fort ce que je pensais sur des questions de blanchité, de genre, etc."

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Tisser des liens
Face à ces violences sur les réseaux sociaux mais aussi institutionnelles, politiques et interpersonnelles, les autrices relèvent l’importance de la prise en compte de la santé mentale. Salwa Boujour invite les lectrices à cultiver l’amour de soi et la joie pour les autres. "Quand on arrive à se témoigner de l’amour et à se donner de la valeur, qu’on ne la place plus dans la main des dominants, on arrive à se sentir bien et à cultiver des sentiments positifs pour les autres."

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Le récit de ces cinq autrices est par ailleurs étoffé par les réflexions de cinq femmes minorisées issues de générations précédentes : Samira Hmouda, Malika Hamidi, Benedikte Zitouni, Nadia Fadil et Maryam Kolly. Elles apportent, chacune à leur manière, un autre regard sur les réalités et l’engagement social de leurs "petites sœurs".

Vous devez savoir qu’avant nous, en Belgique, des femmes ont préparé le terrain de la lutte. Elles ont ouvert des portes, créé des ponts, toujours sur la brèche

Tisser des liens. C’est aussi cela que réalise HERstory. En rassemblant les récits de cinq femmes engagées de la même génération, l’ouvrage transforme des vécus personnels en réalités collectives. En y associant le point de vue de cinq autres femmes engagées de générations précédentes, il offre à ces réalités collectives une perspective historique.

Enfin, en adressant ces récits à des jeunes filles de l’an 2050, il permet de se tourner vers les générations à venir et de penser le futur. "Ce livre, je le destine aussi à toutes les petites filles qui peuvent se reconnaître en nous, conclut Maja-Ajmia Yde Zellama. Pour moi, la question de la représentation, elle est essentielle. C’est quelque chose qui m’a énormément manqué dans la construction et la fortification de mon identité et si je peux combler ce trou pour des jeunes filles, c’est un rêve !"

Aux lectrices désormais de déterminer s’il est devenu réalité.

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https://www.rtbf.be/article/herstory-quand-les-femmes-ecrivent-lhistoire-11204077

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Les 20 km de BruZelle : une course contre la précarité menstruelle dans le sport (et au-delà)

19 Juin 2023, 02:55am

Publié par hugo

 Les 20 km de BruZelle : une course contre la précarité menstruelle dans le sport (et au-delà)

© Chloé Olivier

29 mai 2023 à 09:09

Temps de lecture5 min
Par Chloé Olivier pour Les Grenades
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PRECARITE MENSTRUELLE
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Ce 28 mai, sur les coups de 10 heures, ce ne sont pas moins de 40.000 sportif·ves qui ont pris le départ de la mythique course des 20 kilomètres de Bruxelles, 43e édition. Agglutiné·es çà et là parmi la foule, une quarantaine de personnes arboraient fièrement une vareuse blanche, floquée aux couleurs de l’ASBL BruZelle. Inscrite dans leur dos, une maxime en rouge et noir : "C’est la course contre la précarité menstruelle."

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Un choix de slogan loin d’être anodin puisqu’en ce dimanche, curieux hasard du calendrier, se tenait également la journée mondiale de la santé et de l’hygiène menstruelles. BruZelle a donc décidé de prendre part à l’événement, profitant de cette double occasion pour aborder la question de la précarité menstruelle dans le monde sportif, mais également de manière plus générale.

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Le 28 mai, une journée pour briser le tabou
La précarité menstruelle est une réalité en Belgique ; environ 350.000 à 400.000 femmes vivent sous le seuil de pauvreté dans notre pays. Derrière ce chiffre se dessine une réalité : l’incapacité, logistique ou financière, d’acquérir des protections hygiéniques.

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La mise en place de la journée mondiale de la santé et de l’hygiène menstruelle remonte à l’année 2014. Ce jour est destiné à interpeller le public et les politiques autour de la question, encore trop tabou, de l’accès aux produits menstruels et, plus largement, des règles. L’idée derrière cette journée annuelle de visibilisation est de pouvoir améliorer de façon pérenne le quotidien des personnes menstruées.

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Sécurité menstruelle et sport, un combo gagnant ?
"Nous réfléchissions à participer aux 20 kilomètres depuis quelque temps, puisqu’il nous a toujours semblé important de faire partie des évènements de notre ville", explique Veronica Martinez, fondatrice et directrice de l’ASBL. "Mais l’agenda ne s’était jamais bien mis. Cette année, quand on a vu cette journée mondiale qui tombait, on a vraiment voulu marquer le coup."

BruZelle, déjà très impliquée dans la sensibilisation à la santé menstruelle en milieu scolaire, notamment via son projet Règles de 3, a vu en ces 20 kilomètres le moment propice pour lancer officiellement son projet de sensibilisation autour des menstruations et du sport.

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Car l’univers sportif, indique Veronica Martinez, se veut un microcosme au sein duquel on peut retrouver des tendances s’appliquant à d’autres strates de la société. Ainsi, la précarité menstruelle est un fait quand on parle de sport.

Bien qu’il n’existe aujourd’hui aucune donnée au niveau belge afin de recenser ce phénomène, Veronica Martinez et ses collègues ont pu observer une tendance au fil de leurs échanges avec de nombreux·ses sportif·ves, de niveau professionnel comme amateur : un réel tabou existe dans le monde sportif.

Les menstruations, la charge mentale qui y est assimilée ou encore l’accès souvent compliqué à des sanitaires décents : voilà autant d’éléments impactant les performances sportives et qui, selon BruZelle, méritent d’être pris en compte et réenvisagés pour garantir une pratique sportive en toute quiétude pour les personnes menstruées.

"Les femmes ne devraient pas s’arrêter de faire du sport quand elles ont leurs règles. Les menstruations ne doivent jamais empêcher de prendre soin de soi ou de prendre plaisir à faire du sport", insiste Veronica Martinez, qui prône une vision positive des règles. C’est dans cette même optique que l’association a d’ailleurs mis en place différents projets pilotes, notamment avec les centres ADEPS de la région bruxelloise ou encore avec l’Union Saint-Gilloise.

Résultats : dans ces différentes structures, des distributeurs de produits menstruels gratuits ont pu être installés, la sécurité des sanitaires revue et certain·es coachs ont pu être sensibilisé·es. Pour les clubs professionnels, des moments d’échange ont même pu être organisés afin de repenser la tenue des sportif·ves et de veiller à la rendre plus confortable et sécurisante.

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Ensemble pour changer les règles
Afin de participer aux 20 kilomètres, BruZelle avait lancé, au courant du mois de mars, un appel sur ses différents réseaux sociaux, dans le but de rassembler un maximum de participant·es pour porter ses couleurs et son message. Objectif atteint, puisque ce sont au total quarante-deux athlètes qui ont gonflé les rangs de l’association sur la ligne de départ.

Les femmes ne devraient pas s’arrêter de faire du sport quand elles ont leurs règles

Delphine Wauty, bénévole en charge de l’organisation de l’événement pour BruZelle, se réjouit du panel très diversifié de personnes s’étant portées volontaires pour représenter l’association : "Toutes les tranches d’âge sont représentées dans notre équipe. Le plus jeune a 16 ans, la doyenne a 74 ans. Hommes comme femmes, tout le monde est concerné par la précarité menstruelle."

Un constat partagé par l’ensemble des participant·es, venu·es des quatre coins de la Belgique pour l’occasion. Interrogé·es sur leur motivation à porter les couleurs et le message de BruZelle, Mathilde Lemaire, fondatrice et administratrice de l’ASBL R-USE FABRIK, et son amie Émilie Bosquée ont évoqué l’importance de la mission de BruZelle, mais également la méconnaissance de la précarité menstruelle par le grand public.

Pour Marie et Kelly, deux collègues venues grossir les rangs de l’équipe, c’est la dimension humaine de l’ASBL et de ses missions qui ont joué un rôle de moteur. Sophie Pé, chargée de formations au CPAS de Molenbeek, l’accent était à mettre sur le travail formidable réalisé par l’ASBL, qui permet non seulement de briser le silence autour d’un sujet encore trop méconnu, et grâce à qui environ 350 paquets de protections menstruelles peuvent être distribués chaque mois dans les différentes antennes du CPAS Molenbeekois. Théau, enfin, le plus jeune participant, voyait en cette course le moyen d’atteindre un objectif sportif personnel et de représenter une belle cause.

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Une première édition couronnée de succès
En courant ou en marchant, les BruZellois·ses auront toutes et tous réussi à passer la ligne d’arrivée, malgré un soleil brûlant. Une fois la course terminée, la troupe se donnait rendez-vous à quelques rues du Cinquantenaire, au "Vestiaire Solidaire", un local rendu accessible à diverses associations participant à la course.

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Après quelques applaudissements et rafraîchissements bien mérités, ainsi qu’une série de photos souvenirs, médailles autour du cou, les discussions allaient déjà bon train sur l’édition prochaine, à laquelle tous·tes aspiraient déjà à participer. "C’était une grande première", confie Veronica Martinez. "L’an prochain, nous préparerons tout ça encore plus en amont, pour faire encore mieux." Le rendez-vous est pris !

Le départ des 20 kilomètres de Bruxelles – JT

Le départ des 20 kilomètres de Bruxelles
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Cet article a été écrit lors d’un stage au sein de la rédaction des Grenades.

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"La chair est triste hélas" d’Ovidie : grève du sexe et solidarité féminine

13 Juin 2023, 16:51pm

Publié par hugo

 "La chair est triste hélas" d’Ovidie : grève du sexe et solidarité féminine

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28 mai 2023 à 08:11

Temps de lecture4 min
Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades
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Dans son livre La chair est triste hélas, Ovidie raconte les raisons, les réactions et les conséquences de sa décision d’arrêter d’avoir des relations sexuelles avec les hommes. Intime, cash, explosif, ce texte atteint son but : nous ébranler.

 

Point de départ
Dès les premiers mots, Ovidie nous avertit que ce que nous tenons entre nos mains n’est ni un essai, ni un manifeste. A mi-chemin entre un texte écrit en écriture automatique et un exutoire, ce texte remue sur un sujet plus que tabou, ce que la sexualité avec les hommes provoque chez les femmes.

Que Ovidie prenne la parole pour nous livrer ce récit intime n’est pas anodin. Ancienne actrice et réalisatrice de films X (carrière qui n’a duré que quelques années), elle est surtout connue et reconnue pour ses autres projets qui tournent autour du corps des femmes et de leur sexualité. Partant de cet atypique parcours professionnel, il est intéressant de comprendre ce qui l’a menée à refuser toute relation charnelle avec des hommes.

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Le point de départ d’une telle décision est difficile à établir pour l’autrice mais Ovidie déclare que tout a commencé par une lassitude. Elle l’explique entre autres par ces mots : "Cette servitude volontaire à laquelle se soumettent les femmes hétérosexuelles, pour si peu de plaisir en retour, sans doute par peur d’être abandonnées, une fois fripées comme ces vieilles filles qu’on regarde avec pitié. Tout cela m’a soudain semblé insupportable."

Au fur et à mesure de ces rapports avec des hommes, elle a découvert un certain mécanisme, dans lequel elle était embourbée. Ce mécanisme qui est de devoir plaire à tout prix, d’être la femme la plus désirable au monde, d’être celle qui évincera toutes les autres et surtout de prouver à l’homme qu’il est celui qui assure à tout point de vue, a poussé Ovidie à un point de non-retour.

A 36 ans, elle arrête de faire l’amour avec les hommes. Elle n’a pourtant pas fait vœu d’abstinence et elle s’est réservé le droit de coucher avec des femmes. Car pour l’autrice, le sexe avec un homme n’est jamais égalitaire. La femme donne et l’homme reçoit. Cette grève du sexe a commencé il y a quatre ans et s’il y a eu des "coups de canifs dans le contrat tacite", ces exceptions n’ont fait que confirmer les raisons de cet arrêt.


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Les répercussions de ce choix
Avec le partage de cette expérience, Ovidie rencontre d’autres femmes, qui elles aussi, ont renoncé aux rapports sexuels avec des hommes, certaines totalement, quand d’autres ne veulent plus de sexe pénétratif. Comprendre que d’autres vivent le même cheminement, c’est se rendre compte du problème et voir ensemble comment le contourner ou le résoudre avec nos moyens du bord.

Cette grève a engendré un tournant dans ses relations. Quand le (en) jeu de séduction n’existe plus, un tout autre rapport s’installe et c’est ce que découvre Ovidie. Son expérience l’amènera dans des contrées jusqu’alors inexplorées.

Et s’il y a bien une chose à laquelle elle ne veut plus se frotter, quand il s’agit de rapports amoureux c’est à la rivalité. Les femmes se comparent entre elles pour plaire au mâle dominant. Pour Ovidie, redécouvrir la solidarité entre femmes est devenu primordial.

Plus elle avance dans cette expérience, plus Ovidie comprend le rapport qu’elle a entretenu avec son corps, son image altérée de sa féminité, toujours dans l’attente de l’approbation du regard des hommes.

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De la continuité avec un podcast
Dans cette expérience, elle est rejointe par un de ses amis, Tancrède Ramonet. Ovidie et lui décident alors de chroniquer ce projet fou en y documentant leur propre ressenti mais aussi en y incluant des interviews de personnes qui ont décidé, elles aussi, de ne plus avoir de rapports sexuels.

Ce podcast en 4 épisodes, intitulé sobrement "Vivre sans sexualité" aborde l’abstinence dans toutes ses composantes.

Dans cette continuité, l’autrice fait d’ailleurs également référence au livre d’Emmanuelle Richard, Les corps abstinents, qui est aussi un recueil de témoignages d’abstinences assumées.

La portée d’un tel récit
On peut imaginer différentes réactions à la lecture de ce livre : des femmes se diront peut-être "moi aussi", tandis que d’autres diront "elle exagère", ou encore certaines penseront "je vais tenter et voir ce que ça donne".

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Ce qui est sûr, c’est que quel que soit notre rapport à la sexualité, nous nous serons questionnées sur nos propres relations et aurons analysé celles-ci à l’aube de données nouvelles.

La chair est triste hélas, Ovidie, Editions Julliard, Collections Fauteuse de trouble, 160 pages, mars 2023, 18€.

*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

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L’inceste, un fléau majeur

13 Juin 2023, 16:19pm

Publié par hugo

 L’inceste, un fléau majeur

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24 mai 2023 à 15:10

Temps de lecture3 min
Par Miriam Ben Jattou*, une carte blanche pour Les Grenades
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Attention : cet article traite d’un sujet difficile et sensible qui peut éveiller des souvenirs douloureux et traumatiques. Ne restez pas seul·e avec cela, si cela vous arrive. Il existe des numéros d’écoute comme le 107 qui peuvent vous aider, dans l’urgence. N’hésitez également jamais à consulter des associations spécialisées qui peuvent vous soutenir et vous aiguiller. Votre santé mentale est précieuse.

L’inceste est entré dans le Code pénal belge en juin 2022 comme infraction à part entière. Avant cela, dans le droit belge, il n’existait qu’en tant qu’interdit du mariage et de filiation, au niveau civil.

Mais qu’entend-on par inceste, exactement ? Et pourquoi l’intégrer dans le Code pénal ?

Plusieurs définitions co-existent. Pour le présent article, nous proposerons la définition suivante, inspirée du Cahier de recommandation pour une politisation de l’inceste de l’Université des femmes : l’inceste est une violence sexuelle réalisée par des parents ou des membres de la famille (même par alliance) de la victime.

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Une lutte féministe de longue date
Depuis plus de cinquante ans, les féministes militent pour que l’inceste soit reconnu comme un crime à part entière.

En effet, dès les années 1970, elles avaient compris que cet acte, loin d’être rare et exceptionnel, était malheureusement bien trop fréquent et entraînait des conséquences graves pour ses victimes.

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Un fléau d’une ampleur méconnue
D’après les chiffres de l’OMS, les violences sexuelles concernent 20 à 24% des filles et 5 à 11% des garçons de moins de 18 ans dans les pays occidentaux. L’écrasante majorité de celles-ci ont malheureusement lieu dans le cadre familial.

Concrètement, cela signifie qu’il y a entre 2 et 4 enfants incestés dans chaque classe de chaque école de notre plat pays.

Il s’agit donc d’un fléau majeur, d’une ampleur souvent insoupçonnée.

Or, l’inceste entraîne des conséquences graves sur la santé des victimes. Une étude menée par l’association Mémoire traumatique et victimologie démontre que cela peut diminuer de vingt ans l’espérance de vie des victimes.

Ce fléau constitue donc un enjeu majeur de santé publique en Belgique.

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Des outils de lutte à destination des enfants
Pour lutter contre l’inceste, il existe peu d’outils.

Il nous semble qu’il manquait un élément parmi les outils disponibles : un livre qui lutte contre les violences sans jamais parler de violence.

C’est ce que nous avons voulu faire à travers notre ouvrage, Le Secret, en cours de financement participatif sur Ulule.

Cette thématique nous est apparue primordiale car l’une des armes les plus utilisées par les agresseurs pour contraindre leurs victimes au silence est le secret : "C’est notre secret, il ne faut rien dire".

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A travers cette petite histoire qui met en scène deux enfants, le lecteur ou la lectrice apprend à différencier les vrais secrets (ceux qui font du bien) des faux secrets (ceux qui font du mal).

L’univers tout doux illustré par Gayelle baigne les enfants dans le jardin secret des protagonistes et ouvre la porte à parler des faux secrets à un ou une adulte de confiance.


Par son texte et ses illustrations, cet ouvrage est un outil essentiel de prévention contre toute forme de violence, y compris l’inceste.

Car plus tôt un enfant parle, plus vite les adultes qui l’entourent peuvent mettre en place des mesures de protection adéquates. Et même s’il reste encore énormément de travail sur ces mesures, chaque avancée permet de protéger davantage d’enfants.


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L’invitée : Miriam Ben Jattou, directrice de « Femmes de droit »

L'invitée: Miriam Ben Jattou, présidente « Femmes de droit »
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*Miriam Ben Jattou est directrice de l’asbl Femmes de Droit.

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À la veille des vacances d’été, comment prévenir les mutilations génitales féminines ?

13 Juin 2023, 16:17pm

Publié par hugo

 À la veille des vacances d’été, comment prévenir les mutilations génitales féminines ?

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24 mai 2023 à 14:14

Temps de lecture4 min
Par Chloé Olivier pour Les Grenades
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L’été approche à grand pas et, avec lui, la saison des départs en vacances, notamment à l’étranger. En prévision de cette période, le Groupe pour l’Abolition des Mutilations Génitales féminines (GAMS) lance une campagne nationale de prévention de l’excision. L’occasion pour l’ASBL de présenter de nouveaux outils pour mieux prendre en charge et accompagner les femmes victimes de mutilations génitales.

Ce mardi 23 mai marque donc officiellement le lancement par le GAMS de sa campagne de prévention des mutilations génitales féminines (MGF). Selon l’UNICEF, à travers le monde, ce sont au moins 200 millions de femmes qui ont eu à subir des mutilations génitales.

Ces dernières peuvent s’exprimer sous différentes formes, qu’il s’agisse d’une clitoridectomie (soit l’ablation partielle ou totale du clitoris et/ou de son capuchon), d’une excision (l’ablation partielle ou totale, non seulement du clitoris, des petites lèvres, mais parfois aussi des grandes lèvres) ou encore d’une infibulation (la suture des petites et grandes lèvres de la vulve, visant à recouvrir presque totalement l’orifice vaginal – souvent couplée à l’ablation clitoridienne ou à l’excision).

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Si la période estivale est synonyme de voyages dans leurs pays d’origine pour de nombreuses familles belges, elle représente également une situation à risque pour de nombreuses filles et femmes. Au 31 décembre 2020, on estimait le nombre de personnes menacées par l’excision à 12.000. Au même moment, ce ne sont pas moins de 23.000 femmes belges qui étaient déjà victimes de cette pratique.

Les mutilations génitales féminines sont une forme de violence basée sur le genre, comme l’a souligné la Secrétaire d’État à l’Égalité des Genres, à l’Égalité des Chances et à la Diversité, Marie-Colline Leroy, qui a répondu présente pour l’ouverture officielle de cette campagne.

Cette dernière s’inscrit en effet dans le cadre de l’appel à projets "Tant qu’il le faudra", mis en place par l’ex-secrétaire d’État Sarah Schlitz. En février dernier, le GAMS et l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH) avaient par ailleurs lancé une première phase de sensibilisation, destinée à visibiliser les deux centres d’accompagnements des MGF situés sur le sol belge, à Gand et à Bruxelles.

Outre ces soutiens fédéraux, la Fédération Wallonie-Bruxelles, via la ministre Bénédicte Linard, intervient également pour soutenir le travail du GAMS, notamment via des appels à projet de l’ONE chaque année.

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De nouveaux outils pour améliorer la prise en charge
Depuis le 18 juin 2018, le personnel médical se voit dans l’obligation de signaler tout type de mutilation génitale constaté, le chemin à parcourir pour mettre un terme aux MGF reste cependant immense. Afin d’accélérer le processus, le GAMS a développé de nouveaux outils de détection et de prévention, notamment un "détectomètre" ou des webinaires destinés aux professionnel·les de santé.

Selon Fabienne Richard, sage-femme, chercheuse et directrice du GAMS, une meilleure formation du personnel médical permettrait une détection plus rapide des MGF : "Les violences faites aux femmes touchent une femme sur trois. Nous pensons qu’elles méritent d’être intégrées dans le curriculum de base."

En plus de ses différentes actions, le GAMS dispose également de plusieurs antennes d’accueil, aux quatre coins du pays. Mawda Abbas, responsable pour la Flandre des "Community Voices" (les équipes de bénévoles de l’ASBL), souligne également l’importance d’aller à la rencontre des femmes qui ne sont pas encore sensibilisées. Pour ce faire, le groupe d’action collabore, entre autres, avec différents centres d’accueil et avec la Croix Rouge.

Ça ne peut plus se reproduire avec les générations qui suivent

En 2020, les multiples actions du GAMS ont permis, selon Fabienne Richard, de venir en aide à pas moins de 800 femmes, dont 600 adultes et 200 enfants. Il reste cependant compliqué d’établir un véritable recensement du nombre de femmes touchées ou menacées par les MGF en Belgique. "Cela s’explique par le caractère illégal de ces pratiques. Pourtant, elles restent une réalité", précise la chercheuse.

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L’éducation comme facteur essentiel dans la lutte contre les MGF
Au cours de cette campagne, le GAMS désire également mettre en avant l’importance de l’éducation dans ce combat contre les mutilations génitales infligées aux femmes. Pour Halimata Fofana, autrice et réalisatrice franco-sénégalaise, également marraine de cette campagne de prévention et victime d’une excision à l’âge de cinq ans, l’école a été un moteur de "nourrissage" et de remise en question, qui lui a permis de briser le tabou et de prendre conscience de ce qu’elle et son corps ont traversé.

L’éducation a permis à Halimata Fofana de verbaliser son vécu : "Le combat a commencé par parler, par mettre des mots. Par oser dire." Des mots qu’elle a concrétisés dans un documentaire, À nos corps excisés, et couchés sur papier dans deux récits à dimension autobiographiques, Mariama, l’écorchée vive et, tout récemment, À l’ombre de la cité Rimbaud.

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C’est ce dernier roman qu’Halimata Fofana et le GAMS utilisent aujourd’hui comme outil de sensibilisation dans des classes de secondaires, de la quatrième à la sixième année. Le livre, accompagné d’un clip vidéo, permet d’ouvrir la parole avec les plus jeunes, femmes et hommes, et de casser un schéma qui se répète bien souvent de génération en génération. "Je dis souvent que, sur le corps, j’ai la trace de l’ignorance. Je vais mourir avec cette trace. C’est un trauma et je dois dealer avec ça", confie Halimata Fofana. "Et ça ne peut plus se reproduire avec les générations qui suivent."


Une première semaine riche en évènements
Du 23 au 26 mai, le GAMS organise une série d’évènements gratuits et ouverts au grand public à Bruxelles, Gand et Liège. Le programme complet de ces échanges est à retrouver sur le site Internet de l’ASBL ou sur ses différents réseaux sociaux.

L’invitée : Halimata Fofana

L'invitée : Halimata Fofana
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Cet article a été écrit lors d’un stage au sein de la rédaction des Grenades.

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Règles douloureuses au travail : un tabou persistant qui pousse certaines femmes à mentir

13 Juin 2023, 16:13pm

Publié par hugo

Règles douloureuses au travail : un tabou persistant qui pousse certaines femmes à mentir
Règles douloureuses au travail : un tabou persistant qui pousse certaines femmes à mentir.
© Milos Dimic

23 mai 2023 à 11:30

Temps de lecture3 min
Par RTBF avec ETX
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Sujet à débat, l’intégration du congé menstruel dans le code du travail pourrait permettre aux femmes de s’absenter en cas de règles douloureuses sans perte de salaire. Sans un tel dispositif, les nombreux tabous qui entourent la santé menstruelle au travail contraignent les femmes à inventer de nombreuses excuses pour préserver leur santé physique et mentale, comme le révèle une étude menée au Royaume-Uni.

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L’Espagne a fait office de pionnier en Europe en adoptant en février dernier une loi visant à instaurer un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Une mesure inédite sur le Vieux Continent qui pousse d’autres pays à entamer une réflexion autour de la santé menstruelle au travail. A l’approche de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle (28 mai), la marque suédoise Intimina présente les résultats d’un sondage* mené au Royaume-Uni, qui témoigne des nombreux clichés qui entourent les règles douloureuses et de la peur des femmes d’être stigmatisées dans le cadre de leur emploi.

Un problème de santé comme les autres ?
Menée par Censuswide auprès de plus de 1000 femmes britanniques, l’étude nous apprend dans un premier temps que près des deux tiers des répondantes (63%) se disent en faveur d’un congé menstruel rémunéré au Royaume-Uni et près de la moitié d’entre elles (49%) confient même avoir déjà éprouvé le besoin de recourir à un tel dispositif.

Reste à savoir si en l’absence d’une loi accordant ce congé, les employeurs sont réellement prêts à faire des efforts en faveur des femmes souffrant de règles douloureuses. Et la réponse risque de faire grincer des dents puisque seulement une sondée sur dix affirme que son employeur serait prêt à offrir quelques jours de congés en cas de "symptômes graves" pendant cette période du mois.

Thorsten Kiefer de Wash United, organisation qui encourage la mise en place du congé menstruel, ne décolère pas :

"Aucune femme ne devrait être stigmatisée ou exclue parce qu’elle a ses règles".

"Celles qui souffrent de douleurs menstruelles devraient bénéficier de congés payés, comme pour n’importe quel autre problème de santé. Comme énormément de femmes souffrent de symptômes extrêmement graves pendant leurs règles, il est incroyable de voir que l’Espagne est le seul pays du monde occidental à avoir mis en place cette politique", ajoute-t-elle.

Quand le stress s'ajoute à la douleur...
Autre constat et non des moindres, près d’une femme sur deux (49%) fait part d’un "manque de compassion" de la part dudit supérieur lorsque le sujet des douleurs menstruelles est mis sur la table dans le cadre du travail. Un constat qui n’est pas sans conséquences sur la santé mentale des principales intéressées à tel point qu’une répondante sur quatre affirme avoir déjà ressenti le besoin de justifier ce type d’absence avec des excuses de toutes sortes et parfois même parmi les plus insolites. "J’ai attrapé un virus mystérieux" et "J’ai une intoxication alimentaire parce que j’ai mangé des crevettes avariées" comptent parmi les prétextes les plus prisés pour justifier une absence liée à des règles douloureuses, avec 28% et 20% des suffrages respectivement.

Cela ne concerne bien évidemment que les femmes qui s’absentent en raison de douleurs menstruelles, la plupart continuant de travailler malgré leurs symptômes. Le sondage montre d’ailleurs que pour 20% des femmes britanniques, cela a une influence néfaste sur leur bien-être et leur santé mentale.

"Les règles nous affectent toutes de manière différente. Chez certaines femmes, elles peuvent s’accompagner de graves symptômes physiques et psychiques. Le fait de ne pas avoir droit à un congé lorsqu’on souffre de douleurs menstruelles ou de devoir mentir à son employeur peut être source de stress et d’anxiété, ce qui peut entraîner d’autres problèmes de santé", explique le Dr Susanna Unsworth, gynécologue.

 

*Ce sondage a été réalisé par Censuswide en mars 2023 auprès de 1017 femmes au Royaume-Uni.


https://www.rtbf.be/article/regles-douloureuses-au-travail-un-tabou-persistant-qui-pousse-certaines-femmes-a-mentir-11201648

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Il y a 100 ans naissait la Sabena, une compagnie machiste et patriarcale : les hôtesses de l’air étaient virées à 40 ans

13 Juin 2023, 10:10am

Publié par hugo

 Il y a 100 ans naissait la Sabena, une compagnie machiste et patriarcale : les hôtesses de l’air étaient virées à 40 ans
Hôtesse de l’air
© Photo Curatelle Sabena

02 mars 2020 à 13:07 - mise à jour 23 mai 2023 à 08:52

Temps de lecture4 min
Par Daphné Van Ossel
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Ce mardi 23 mai 2023, la Sabena aurait eu 100 ans. La condition des femmes au sein de la compagnie était peu enviable. Les hôtesses étaient virées à 40 ans. C’était leur date de péremption, au-delà elles étaient trop ridées, elles ne faisaient plus rêver. Il a fallu attendre 1970 pour qu’elles puissent voler jusqu’à 45 ans, et encore : à condition de passer un hallucinant test esthétique.

Note : cet article a été publié initialement en mars 2020. Il a été réactualisé et republié à l’occasion de l’anniversaire de la création de la Sabena.

En 1968, Nicole, hôtesse de l’air vante son métier devant les caméras de la RTBF : "Une hôtesse elle est un peu bonne d’enfants, elle est un peu geisha, c’est une publicité vivante aussi, une publicité sur pied !". Elle ajoute ensuite : "En fait, c’est ça que nous sommes : la représentation féminine de la société !".


"Quelles sont les aventures possibles entre une hôtesse et les passagers?"
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Nicole a dû signer le même type de contrat que Monique Genonceaux, une de ses collègues de l’époque, qui, aujourd’hui, vient de fêter ses 90 ans. Pour leur permettre de représenter la quintessence de la femme, la Sabena incluait dans ses contrats de travail, des conditions très spécifiques pour les femmes.

Monique Genonceaux, 30 ans de carrière au compteur, s’en souvient très clairement :"Nous devions être célibataires, veuves ou divorcées, sans enfant. C’était symbolique, l’hôtesse devait être quelqu’un d’accessible, de célibataire. Tous les hommes pouvaient tenter leur chance. On n’exagérait pas trop mais on sentait qu’il fallait être sexy malgré tout."

Hôtesses de l’air de la Sabena, 1969
Hôtesses de l’air de la Sabena, 1969 © Curatelle Sabena
Ils se sont dit que ce n’était pas possible d’avoir des hôtesses avec des rides.

Les hôtesses doivent faire rêver, voire fantasmer. En 1956, la Sabena leur impose une nouvelle clause pour s’en assurer. "Ils se sont aperçus que les hôtesses restaient dans leur métier, explique Monique Genonceaux, et, les voyant vieillir, ils se sont dit que ce n’était pas possible d’avoir des hôtesses avec des rides, des cheveux blancs. Ils ont donc porté la limite d’âge à 40 ans. Et les syndicats ont accepté. Au-delà, on était simplement virées. J’ai connu une hôtesse renvoyée deux ans avant moi, elle s’est retrouvée au chômage." Cela touche évidemment uniquement les hôtesses, les stewards ne périment pas aussi vite.

Le combat des hôtesses fait avancer la cause des femmes en Europe
Eliane Vogel Polsky
A cela s’ajoutent aussi des inégalités de salaire et de pension. Les hôtesses finiront par réagir. Un long combat judiciaire va s’engager. Ce sera " l’affaire Defrenne ", du nom de cette hôtesse, Gabrielle Defrenne, qui en 1968 atteint l’âge fatidique de 40 ans. Elle sera défendue par l’avocate féministe Eliane Vogel Polsky, qui va s’appuyer sur l’article 119 du Traité de Rome, signé en 57 entre les 6 pays fondateurs de l’Europe. Il garantit l’égalité de rémunération entre hommes et femmes, mais il reste très théorique.

"Eliane Vogel Polsky, c’est une avocate qui voit dans ce nouveau droit européen une occasion de dire le droit, explique l’historienne Vanessa D’Hooghe. Elle voit que le traité de Rome a été voté par la Belgique mais qu’il n’est toujours pas appliqué. Elle a la conviction qu’il faut faire passer des affaires qui vont faire jurisprudence pour le rendre effectif."

►►►A lire aussi : La femme mariée, une mineure sous l’autorité de son époux

Eliane Vogel Polsky va y parvenir. En 1976, la Cour de justice européenne finira par reconnaître que cet article doit être appliqué dans tous les pays membres, indépendamment des législations nationales.

Mais ce n’est pas tout, précise Vanessa D’Hooghe : "L’article 119 au départ est un article très large, pas du tout précis et l’affaire Defrenne va obliger le législateur à dire ce qu’il entend par "rémunération". Petit à petit, des directives européennes vont inclure dans les rémunérations les conditions de travail, l’accès à l’emploi, la promotion… Ils vont étendre le champ couvert par cette obligation d’égalité entre hommes et femmes sur le marché du travail ". L’impact de l’affaire Defrenne est donc considérable, en Belgique comme en Europe, même si on sait que ce combat n’est toujours pas gagné.

La commission esthétique, "une humiliation"
Les hôtesses continuent d’ailleurs de se battre aussi à leur niveau, sur le tarmac. En 1970, elles obtiennent de pouvoir voler jusqu’à 45 ans, mais la Sabena impose une condition : passer devant une commission esthétique !

Monique Genonceaux, dans les années 50.
Monique Genonceaux, dans les années 50. © Monique Genonceaux
Monique Genonceaux a dû passer devant cette commission : "C’était une humiliation. Vous arrivez dans un grand bureau. Il y avait le directeur de division, le chef de service, un troisième homme et une cheffe hôtesse, une femme qui était là un peu en otage, au fond. Il y avait bien 7-8 mètres à parcourir entre la porte et le bureau. J’entre, et on me dit de me déshabiller, d’enlever mon manteau. J’ai enlevé mon manteau, c’était très gênant, ce geste. Je me suis sentie déshabillée ". "Il y a eu une hôtesse qui s’est fait éjecter, poursuit-elle. Elle a compris que c’était pour cause de dégradation physique."

Assemblée générale fondatrice de la BCFH, en 1971. Monique Genonceaux est au centre, en noir.
Assemblée générale fondatrice de la BCFH, en 1971. Monique Genonceaux est au centre, en noir. © AVG-Carhif
Les hôtesses finiront par créer leur propre syndicat, pour défendre leurs droits. En 1971, Monique Genonceaux, notamment, fonde la BCFH (Belgian Corporation of Flight Hostesses). La Sabena prendra plusieurs années avant de la reconnaître officiellement. Il y aura des frictions avec les collègues masculins, mais les hôtesses finiront par obtenir une pension à 55 ans, comme les stewards, avec les mêmes conditions de pension. Pour cela, il aura fallu attendre 1979.

►►►Retrouvez tous les épisodes de la série "Hier encore, le combat des femmes" :

Saviez-vous que jusque dans les années 70, les femmes devaient avoir l’accord de leur mari pour ouvrir un compte bancaire ? Que les hôtesses de la Sabena devaient passer un test esthétique pour travailler après 40 ans ? Que la distribution de moyens contraceptifs était interdite ? La série nous fait prendre conscience que, oui, c’était comme ça, hier encore !

Les hôtesses de la Sabena périmées à 40 ans
La femme mariée, une mineure sous l’autorité de son époux
Quand la pilule se passait sous le manteau
Le "procès du viol" pour faire changer la honte de camp
Des acquis si récents
Une série de Daphné Van Ossel, avec Jérémy Bocquet (réalisation sonore), Cynthia Ventura (illustrations) et la Sonuma (archives), disponible également en podcast sur Auvio, Apple podcast, et Pocket Cast.

https://www.rtbf.be/article/il-y-a-100-ans-naissait-la-sabena-une-compagnie-machiste-et-patriarcale-les-hotesses-de-lair-etaient-virees-a-40-ans-10418893

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