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politiques

La danse dépolitise-t-elle la lutte sociale ?

29 Avril 2023, 14:56pm

Publié par hugo

 La danse dépolitise-t-elle la lutte sociale ?
Elisa Covo
 10 avril 2023 à 12h37
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MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Peut-on démanteler le système en trois pas de danse ? Une chose est sûre, qu’il s’agisse de tango ou de hip hop, la danse est vectrice de cohésion sociale. Loin d’être un simple exutoire, ou d’être réservée aux happy fews qui ont la chance d’avoir le sens du rythme, elle constitue un outil de résistance politique essentiel, à la portée du plus grand nombre. Éclairage.
C’était en Mars 2023. Cinq jeunes femmes iraniennes se filmaient en train de danser sur la chanson « Calm Down », dans un quartier de Téhéran. Leur vidéo, telle un cri d’espoir et de résistance face à la violente répression qui s’abat sur les femmes du pays, devenait virale, jusqu’à leur valoir une arrestation. À peu près au même moment, en France, une professeure d’espagnol de Saint-Jean de Luz était assassinée par son élève. Lors de ses obsèques, son mari lui livrait un dernier hommage dansé, suscitant l’émoi bien au-delà des frontières hexagonales. Ces mêmes frontières au sein desquelles s’organisent, depuis janvier, de grandes mobilisations contre la réforme des retraites. À chaque cortège parisien, Mathilde Caillard, 25 ans, militante d’Alternatiba Paris et techno-gréviste auto-proclamée, rassemble les foules par la danse, scandant au passage des slogans tels que « Taxez les riches ! ».


Vous voyez peut-être où je veux en venir : ces derniers mois, l’actu dansante s’est faite de plus en plus visible, à tel point que le moindre pas chassé pourrait presque être érigé en puissant outil contestataire. Un phénomène, qui pourtant, n’est pas tout à fait nouveau…


La danse et les luttes sociales, une longue tradition
Il n’a pas fallu attendre mars 2023 pour constater l’imbrication de la danse et des luttes sociales. S’il est difficile de dater le début de cette tradition, celle-ci remonte au moins à la cour du roi, comme l’explique Bianca Maurmayr, maîtresse de conférences en danse et co-coordinatrice avec Marie Glon, d’un dossier « Danses en lutte » pour la revue Coordinations.

À l’époque du roi soleil, la danse jouait déjà un rôle fondamental dans la représentation politique, selon l’experte. Depuis, les exemples pleuvent : les chorégraphies lors des manifestations «Un violador en tu camino » au Chili en 2020, reprises dans le monde entier, les flash mobs contre la loi travail de 2018 en France, la Booty Therapy de Maimouna Coulibaly qui a inspiré plusieurs manifestantes à twerker lors de la marche Nous Toutes du 8 mars 2019 pour se réapproprier l’espace, la chorégraphie des travailleuses d’un Ibis Hôtel dénonçant leurs conditions de travail… Comment expliquer que la danse soit devenue un outil si privilégié de résistance ?


« La joie militante est fédératrice »
Pour Mathilde Caillard, derrière le compte @mcdansepourleclimat, plusieurs choses se jouent :

C’est un vaisseau idéal pour exprimer cette joie militante fédératrice. La danse est un moment où l’on se redonne de la force, où l’on fait corps ensemble. Ça permet de porter le message autrement, d’une manière créative, innovante, de renouveler les modes d’action et de sensibiliser de nouveaux publics aux causes que l’on défend. On sort de trois ans de pandémie, avec des restrictions sur nos mouvements, et on se retrouve face à un système qui nous opprime, qui veut nous diviser, nous voir statique. La danse devient un acte de résistance, car elle permet de prendre la rue, d’investir l’espace. Et elle incarne le monde que l’on veut voir advenir, rempli de joie et d’espoir.

Mathilde Caillard
Cette joie est pourtant souvent critiquée. Mathilde Caillard en a fait les frais : on lui a beaucoup reproché de ne pas saisir la gravité de la cause et de proposer un mode de manifestation qui ne serait pas à la hauteur des enjeux sociaux.

Selon Bianca Maurmayr, cette critique reflète un débat plus large que l’on peut résumer à cette question : la danse dépolitise-t-elle l’action ? En creux, se lit une certaine vision de la lutte, qui se devrait d’être rigide, ferme, voire agressive, selon la chercheuse.


En finir avec une vision viriliste de la lutte
Dans les cercles militants, c’est aussi quelque chose que ressent Mathilde : « La lutte, a souvent été accaparée par des groupes d’hommes qui déroulent un argumentaire viriliste sur la nécessité de montrer les dents, d’user de la force… Ils occultent quelque chose d’essentiel : dans des manifestations comme celles-ci, il faut tenir dans la longueur. Cela passe notamment par le fait de créer du lien social et la solidarité ».

Une tâche qui incombe majoritairement aux femmes, explique la techno-gréviste : « Dans les espaces militants, ce sont souvent les femmes qui ont intégré cette charge. Pour penser au bien-être du groupe, elles font à manger pour que le piquet de grève tienne, elles prennent soin des autres, créent des espaces de sociabilité, par la danse donc, ou le chant comme l’ont fait les sardinières de Douarnenez par exemple. C’est un rôle essentiel, pourtant dévalorisé dans la lutte. »

« Mon corps dérange »
Autre stéréotype, que l’on calque trop souvent sur la danse, selon Bianca Maurmayr : l’idée que la danse serait forcément un moment de défoulement. « On pense que c’est quelque chose de complètement inconscient qui passe par un état d’insouciance et de bien-être. C’est faux, la danse peut aussi impliquer d’avoir un répertoire d’actions conscientisées et réfléchies qui portent un savoir incarné, et qui créent de la cohésion sociale, comme le font les slogans que l’on scande ». Certaines manifestations reprennent d’ailleurs des mouvements comme on reprendrait des chants. C’est le cas notamment du mouvement Black Lives Matter et du poing levé, symbole de résistance. Mais, encore faut-il savoir où placer la frontière entre danse et geste.


Quoi qu’il en soit, un exemple de cette danse conscientisé est celui de la chorégraphe et danseuse Nadia Vadori-Gauthier, qui, depuis les attentats de Charlie Hebdo, se filme assidûment et publie une minute de danse par jour. Son corps est à la fois un outil de résistance, en dialogue avec l’actualité, et un « sismographe », selon ses termes, qui prend le pouls des lieux où la chorégraphe se meut : « Je résiste par le lien, par le fait d’avoir un corps réel dans des espaces de vie, de refuser l’exclusion… La danse est très politique, et ce n’est pas une position esthétique de spectacle, c’est une position de témoin : je me connecte à mon environnement, aux affects, et je danse en fonction de ce qui se passe autour de moi, si je suis au milieu d’une manifestation, dans un lieu d’histoire, seule dans une rue… »

Mathilde Caillard, elle, danse pour « la lutte et pour mes copines, mais certainement pas pour le regard des hommes ». La jeune femme a dû, suite à ses vidéos, essuyer bon nombre de commentaires sexistes lui reprochant tantôt d’être ridicule, tantôt de se donner en spectacle. Le tout en l’infantilisant et l’hyper-sexualisant au passage : « Mon corps devient un outil de revendication politique qui se soustrait au regard masculin, et ça, ça dérange », martèle la jeune femme. Preuve que la danse est un outil de résistance non seulement efficace, mais intersectionnel : en un saut de biche, on peut protester contre une réforme injuste et déboulonner une vision machiste du corps des femmes. On s’y met ?

Crédit photo de la une : Ahmad Odeh


https://www.madmoizelle.com/la-danse-depolitise-t-elle-la-lutte-sociale-1516927

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Jeune, lesbienne, féministe : Elly Schlein est la nouvelle leader de l'opposition italienne

6 Mars 2023, 05:13am

Publié par hugo

 Jeune, lesbienne, féministe : Elly Schlein est la nouvelle leader de l'opposition italienne
Publié le Mercredi 01 Mars 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Jeune, lesbienne, féministe : Elly Schlein est la nouvelle leader de l'opposition italienne
Jeune, lesbienne, childfree et féministe : Elly Schlein, la nouvelle leader de l'opposition italienne, décoiffe. Un profil des plus inspirants que cette femme de gauche.
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Elly Schlein, 37 ans, a été élue secrétaire du Parti démocrate italien le 26 février suite aux primaires ouvertes du Parti, l'emportant à 53,8 % des suffrages contre 46,2 % pour son opposant Stefano Bonaccini.

Une victoire pour cette fille d'universitaires aux multiples convictions intimes : femme de gauche, figure d'opposition féministe, femme politique lesbienne. De quoi tenir tête à Giorgia Meloni, présidente du Conseil des ministres d'Italie aux positions (très) loin d'être progressistes ?


La question se pose sérieusement aujourd'hui pour celle qui, élevée par une mère italienne (professeure de droit public) et un père américain (professeur de sciences politiques et d'histoire), petite fille d'émigrés, a plutôt tendance à combattre les haines trop ordinaires d'aujourd'hui et la xénophobie. Née le 4 mai 1985 à Lugano, dans le sud de la Suisse, Elly Schlein défend une vision égalitaire et ouverte à tous de la politique.

Un profil inspirant que celui de cette diplômée de droit et eurodéputée.

"C'est une révolution !"


Comme l'énonce Courrier International, la nouvelle secrétaire du Parti démocrate italien est considérée par les journaux de gauche italiens, tel La Repubblica, comme "une véritable épine dans le pied pour le gouvernement Meloni". Et pour cause, la femme politique s'est notamment opposée à l'extrême-droite italienne en 2020 à travers son parti Coraggiosa. Elly Schlein défend les droits des femmes et le principe du salaire minimum pour les travailleurs, le secteur de la santé publique et le combat contre l'homophobie.

Les convictions de cette femme de gauche ne datent vraiment pas d'hier. En 2008, elle était carrément partie aux Etats-Unis afin d'apporter sa contribution à la campagne électorale du démocrate Barack Obama. Elle participera même à sa campagne de réélection quatre ans plus tard. De la suite dans les idées donc. Les principales préoccupations de cette représentante ? La précarité, l'écologie, la question migratoire, l'égalité des sexes.

Mais c'est aussi son coming out lesbien qui a frappé l'opinion publique en Italie. En 2022, elle affirmait ainsi fièrement l'espace d'un meeting à Rome : "Je suis une femme. J'aime une autre femme et je suis heureuse". Tout en précisant : "Je ne suis pas mère, mais je ne suis pas moins femme pour autant. Nous ne sommes pas des utérus vivants, mais des personnes avec des droits".

Ce faisant, Elly Schlein défend autant la visibilité lesbienne en politique que le mouvement "child free", militant pour une meilleure acceptation des femmes qui refusent d'être mères - et un refus des injonctions de genre imposées aux femmes. Une prise de position véritablement féministe, sur un sujet de société souvent trop éludé par les politiques. Tout comme sa défense des personnes queer d'ailleurs.

Tant et si bien que le magazine Elle voit carrément en elle "un nouvel espoir à gauche pour les femmes et la communauté LGBTQ+". Il faut dire qu'une jeune femme comme Elly Schlein, qui n'hésite pas à parler de bisexualité dans les médias nationaux en dépit d'un air du temps réac, ce n'est pas si courant.

"J'espère que l'élection d'une jeune femme à la tête du Parti Démocrate pourra aider la gauche à regarder en avant et non en arrière", s'est sobrement exprimée la leadeuse Giorgia Meloni. La principale concernée quant à elle s'est enthousiasmée sans détour : "C'est une petite grande révolution !".

SOCIÉTÉ NEWS ESSENTIELLES ITALIE LGBTQI FEMMES ENGAGÉES FEMINISME MATERNITÉ POLITIQUE
A li


https://www.terrafemina.com/article/elly-schlein-la-nouvelle-leader-de-l-opposition-italienne-est-jeune-lesbienne-child-free-et-feministe_a368687/1

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Pourquoi les féministes d’aujourd’hui doivent redécouvrir l’oeuvre radicale de Monique Wittig

12 Janvier 2023, 03:58am

Publié par hugo

 Monique_Wittig_ph._Colette_Geoffrey
FÉMINISME
Pourquoi les féministes d’aujourd’hui doivent redécouvrir l’oeuvre radicale de Monique Wittig
Maëlle Le Corre 08 jan 2023  2
MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  FÉMINISME
Activiste et penseuse lesbienne majeure du XXe siècle, Monique Wittig sera célébrée en 2023, à l’occasion du 20ème anniversaire de sa mort. Car son oeuvre est plus vivante que jamais et ses théories revendiquées par les féministes d’aujourd’hui.
« Y’a beaucoup de filles qui te citent, Wittig par ci, Wittig par là, mais la tête de Wittig, c’est moins évident ! »

Dans une de ses rencontres rêvées avec ses héroïnes lesbiennes et queers, l’humoriste Tahnee L’Autre se retrouve face à la théoricienne et militante Monique Wittig et lui témoigne toute son admiration. Un moment fan girl savoureux qui témoigne aussi du regain d’intérêt des jeunes féministes pour cette penseuse, érigée au rang d’icône.


Née en 1935, Monique Wittig a marqué le mouvement féministe en France, mais aussi au-delà de nos frontières. Elle est décédée le 3 janvier 2003, et l’année 2023 s’amorce comme une année de célébration de la pensée wittigienne, de sa vitalité, de ses échos actuels et de la nécessité de lui donner la visibilité qu’elle mérite.

Son nom est longtemps resté dans l’ombre de l’histoire féministe. Pourtant, depuis quelques années, son œuvre et ses réflexions ont pris une place importante auprès des féministes qui (re)découvrent ses écrits. Un regain d’intérêt bienvenu pour la doctorante en littérature et co-autrice de Écrire a l’encre violette: Littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours Aurore Turbiau :

« C’est à la fois parce qu’on est en pleine effervescence politique – féministe, lesbienne, queer, en particulier ! –, parce qu’on a besoin de revenir à des textes radicaux qui portent des envies de révolution, parce qu’on a envie aussi de lire des textes beaux, qui bouleversent un peu, qui restent en mémoire et qui nourrissent longtemps. »

L’histoire de Monique Wittig
Pour comprendre l’impact de Monique Wittig et de son œuvre, il faut déjà revenir à l’effervescence du début du mouvement féministe en France. Le 26 août 1970, elle est parmi la poignée de féministes au pied de l’Arc de Triomphe, venues avec plusieurs banderoles où l’on peut lire « Il y a plus inconnu que le Soldat, c’est sa femme », ainsi que « Un homme sur deux est une femme ». Elles sont venues rendre hommage avec une gerbe de fleurs à la femme du Soldat inconnu, mais vont être empêchées par la police, sous l’œil de plusieurs journalistes. C’est l’événement fondateur du Mouvement de Libération des Femmes, organisation qui va se mobiliser pour le droit des femmes à disposer de leur corps, notamment en luttant pour le droit à l’IVG et à la contraception.


Avec d’autres lesbiennes, Monique Wittig milite au sein du MLF, mais va aussi se heurter à ses limites. « En France, les féministes ne voulaient pas qu’on crée des groupes lesbiens, j’étais toujours la tête de Turc », se souvient-elle dans une interview pour Libération.

Face à l’impossibilité de questionner le modèle hétérosexuel et de politiser le lesbianisme, Monique Wittig rejoint le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) créé en 1971, mais là encore elle ne se retrouve pas dans les discours militants portés majoritairement par des hommes gays. Elle fonde alors un mouvement plus radical, les Gouines Rouges, avec entre autres Christine Delphy, ou encore Marie-Jo Bonnet.

« Elle est l’une des premières à politiser l’hétérosexualité », explique la documentariste radio Clémence Allezard qui a travaillé sur Monique Wittig et son héritage.

« Avec elle, ce n’est plus “l’homosexualité ce douloureux problème” [référence à l’émission de Ménie Grégoire en 1971, ndlr] c’est l’hétérosexualité ce douloureux problème, ce qui est sacrément réjouissant pour les lesbiennes, déjà. Le problème, c’est que ça coince au niveau du mouvement féministe qui est hétéro, pour qui le sujet “femme” est par défaut « femme hétérosexuelle” — et probablement blanche, valide… — et pour qui cette théorie qui fait du lesbianisme une position révolutionnaire est inaudible. »

Monique Wittig finira par partir aux États-Unis, où elle enseignera dans plusieurs universités.

Un hommage à Monique Wittig qui fait communauté
Pourquoi un tel engouement autour de Monique Wittig vingt ans après sa mort ? « Elle nous fait faire communauté », résume Clémence Allezard, qui souligne que ce mardi 3 janvier 2023, plusieurs générations étaient rassemblées autour de sa tombe au cimetière du Père Lachaise pour honorer sa mémoire à travers une lecture » : « Elle est un élément d’identité, se revendiquer de Monique Wittig, c’est dire quelque chose sur soi, quelle féministe on est, quelle lesbienne on est. »

Les @Ami_esWittig ont organisé une lecture sur la tombe de Monique Wittig pour commémorer la date de sa mort et c'était beau et c'était bien pic.twitter.com/Yiwx10tEpc

— emma (@lampionmagique) January 3, 2023
Un constat que partage Aurore Turbiau pour qui cette hype Wittig est la preuve qu’elle touche et fédère plus que jamais : « C’est la marque d’un besoin d’icônes de référence, sur lesquelles s’appuyer, qu’on peut célébrer ensemble, et dont le travail peut nourrir longtemps, parce qu’il est riche et complexe. »

L’intérêt actuel pour les travaux de Monique Wittig est aussi à considérer à la lumière de l’émergence de #MeToo et des mobilisations féministes de ces dernières années, note Clémence Allezard : « Elle nomme l’hétérosexualité comme au cœur du problème, au cœur de l’oppression des femmes. » Des décennies avant les féministes d’aujourd’hui, la théoricienne aborde par exemple la question de la charge mentale, en parlant d’« appropriation privée » des femmes par les hommes pour qualifier le travail domestique effectué par les femmes dans le cadre du couple hétérosexuel, cadre auquel les lesbiennes échappent.

« Les lesbiennes ne sont pas des femmes »
C’est sûrement là la phrase la plus célèbre de Monique Wittig : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes » est tirée d’une conférence que l’on retrouve dans La Pensée straight, livre d’abord publié en anglais en 1992, puis seulement dix ans plus tard en français. Elle trouve encore un écho aujourd’hui en synthétisant le fait qu’en se soustrayant à l’hétérosexualité, les lesbiennes atteignent un statut à part, qu’en n’étant pas disponibles pour les hommes, qu’en s’extrayant du modèle hétérosexuel, elles peuvent échapper à la catégorie sociale des femmes.

Car Monique Wittig vient justement questionner l’hétérosexualité non pas comme une norme naturelle ou comme une orientation sexuelle mais comme un système politique de catégorisation et de domination des hommes sur les femmes. En cela, sa pensée révolutionnaire parle à certaines féministes qui aujourd’hui questionnent leurs choix conjugaux, sentimentaux, sexuels et refusent de renoncer à leurs convictions. « Elle incarne une forme de radicalité en venant théoriser ces colères », poursuit Clémence Allezard.

« Cette apparente radicalité de Wittig, si elle n’est pas comprise par toutes les féministes, il y a une possibilité et une volonté d’en discuter, de critiquer frontalement l’hétérosexualité, voire d’interroger la construction de ses désirs. »

Il ne faudrait pas oublier le rôle déterminant de certaines féministes dans ce retour en grâce de Monique Wittig : « Sa compagne, Sande Zeig, sa nièce, Dominique Samson, des amies très proches comme Louise Turcotte ou Suzette Robichon [ci-dessous arborant le t-shirt Monike Wittig créé par Roxanne Maillet] », rappelle Aurore Turbiau.

Voir cette publication sur Instagram
En 2023, l’association Les Ami.es de Monique Wittig propose donc tout un programme d’ateliers, de discussions et de rencontres autour des œuvres de l’autrice et théoricienne.

Lire Wittig en 2023
Comment lire Monique Wittig aujourd’hui ? Si de prime abord, les œuvres théoriques et philosophiques peuvent être difficiles à aborder sans un solide bagage intellectuel et militant, ces œuvres littéraires peuvent aussi constituer un premier pas. « Sa pensée politique, c’est aussi dans la littérature qu’elle l’a transmise », rappelle Clémence Allezard. La question du dépassement des catégories de genre est par exemple au cœur de L’Opoponax, son premier roman récompensé du prix Médicis en 1964, récit en « on », troublant, enfantin et complexe, qui questionne et fascine par sa forme révolutionnaire.

« Suzette Robichon recommande Le voyage sans fin [récemment réédité chez Gallimard, ndlr], qui est assez court, plus simple, avec des dialogues et beaucoup d’humour. » Le texte, détournement de Don Quichotte, a d’ailleurs été présenté sur scène avec Nadège Beausson-Diagne et Adèle Haenel en juin 2022. Texte expérimental, Le Corps Lesbien connaît lui aussi une réédition aux éditions de Minuit en cette rentrée littéraire de 2023.

Le-corps-lesbien
En 2023, les écrits de Monique Wittig continuent de bousculer « Il y a des formes très éclatées, des personnages pas très clairs, ça peut être ardu, mais même si on ne capte pas toutes les références ce n’est pas grave, on peut lire Wittig en se laissant porter par le flow, la langue », assure Clémence Allezard.

« On ne lit pas l’œuvre de Wittig comme un manuel pour être une bonne féministe, une bonne lesbienne ou une bonne écrivaine », estime de son côté Aurore Turbiau.

« On ne la lit pas pour y trouver un genre d’encyclopédie de tout ce qu’il faudrait penser, de tous les sujets qu’il faudrait pouvoir aborder, de tous les termes qu’on pourrait utiliser. Les personnes qui ont lu La Pensée straight le savent : si ça marche, c’est aussi parce que c’est instable, insuffisant, crispant parfois, maladroit ou pas toujours parfaitement cohérent ; c’est aussi parce que le poétique complète le politique, parfois on ne comprend pas tout, mais peut-être parce que le sens reste ouvert simplement. Wittig était une personne très humble, je ne crois pas qu’on doive lire ses textes comme des traités autoritaires, son œuvre a des failles et elle ne s’en défend pas. »

Pour aller plus loin sur Monique Wittig
Dans l’épisode Sexy Wittig du podcast Camille (Binge Audio), Camille Regache reçoit la documentariste radio Clémence Allezard.

Pourquoi lire Monique Wittig, celle qui affirmait que “les lesbiennes ne sont pas des femmes” ? à réécouter sur France Culture avec Natacha Chetcuti-Osorovitz.

Monique Wittig n’était pas une femme, d’Ilana Eloit dans La Déferlante

À lire aussi : Moquées ou invisibles, les lesbiennes butchs restent à la merci des clichés

Crédit photo : Succession littéraire de Monique Wittig, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons

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https://www.madmoizelle.com/pourquoi-les-feministes-daujourdhui-doivent-redecouvrir-loeuvre-radicale-de-monique-wittig-1480217

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Au sommet du pouvoir chinois, où sont les femmes ?

28 Octobre 2022, 01:27am

Publié par hugo

 Au sommet du pouvoir chinois, où sont les femmes ?
Le président chinois Xi Jinping entouré des nouveaux membres du Comité permanent du Bureau politique à Beijing, le23 octobre 2022. 
Le président chinois Xi Jinping entouré des nouveaux membres du Comité permanent du Bureau politique à Beijing, le23 octobre 2022. 
©AP Photo/Ng Han Guan
Le président chinois Xi Jinping entouré des nouveaux membres du Comité permanent du Bureau politique à Beijing, le23 octobre 2022. Chinoises dans une rue commerçante de Beijing, lors de la Fête nationale, le 2 octobre 2022.<br />
 
26 OCT 2022
 Mise à jour 26.10.2022 à 08:17 par 
TerriennesLiliane Charrier
 
avec AFP
Elles représentent la moitié de la population, mais brillent par leur absence dans les hautes sphères du pouvoir. La Chine n'a jamais eu de présidente, de Première ministre ni même de femme ministre des Affaires étrangères. A l'issue de son récent remaniement, l'instance de décision du PC ne compte plus aucune femme. Du jamais vu en un quart de siècle.
Largement représentées dans la population active, les Chinoises restent les grandes absentes des plus hauts niveaux du Parti communiste et du gouvernement. Elles sont les grandes absentes du remaniement annoncé le 23 octobre 2022 par le Parti communiste, et leur situation dans les hautes sphère semble même s'aggraver, puisque le tout-puissant Comité permanent du Bureau politique – l'instance de décision du PCC – ne compte plus que des hommes. 


Recul des femmes au Comité central
Au Comité central, le "parlement du parti", le pourcentage de femmes a reculé : il passe de 5,4% à 4,9%, avec seulement 11 femmes sur 205 membres. Quant au Comité permanent, rien ne change. Le groupe de sept personnes qui détient les rênes du pouvoir est toujours uniquement composé d'hommes.

"Les femmes continuent d'être fortement sous-représentées au sommet de la politique chinoise", se désole la lettre d'information spécialisée Neican China. "Pour mémoire, les femmes représentent 48,8% de la population chinoise et 29,4% des membres du parti communiste", souligne-t-elle.


Sun Chunlan, la "dame de fer" : une exception
Seule femme présente jusque-là au Bureau politique, qui compte 25 membres, Sun Chunlan vient de prendre sa retraite à l'âge de 72 ans. Vice-Première ministre en charge des politiques sanitaires, Sun Chunlan était régulièrement envoyée inspecter les villes confrontées à des rebonds épidémiques. Ancienne cheffe du parti dans la province côtière du Fujian, dans l'est du pays, et de la ville de Tianjin, près de Pékin, elle était surnommée la "dame de fer" en raison des mesures strictes qu'elle ordonnait sur son passage.

Mais Sun Chunlan restait une exception dans la politique chinoise, dominée par les réseaux de camaraderie masculine et un sexisme bien ancré qui a souvent coupé court à des carrières prometteuses, notent plusieurs analystes.

Clôture de l'Assemblée populaire nationale de Chine à Pékin, le 20 mars 2018 : de gauche à droite, les vice-premiers ministres Sun Chunlan, Hu Chunhua et Liu He.
Clôture de l'Assemblée populaire nationale de Chine à Pékin, le 20 mars 2018 : de gauche à droite, les vice-premiers ministres Sun Chunlan, Hu Chunhua et Liu He.
©AP Photo/Mark Schiefelbein
Depuis 1948, le Bureau politique du PCC n'a admis en son sein que huit femmes, dont seules trois ont atteint le poste de vice-Première ministre. Médias et observateurs espéraient que Sun Chunlan soit remplacé par une autre femme. Soit Shen Yueyue, dirigeante de la Fédération des femmes chinoises, ou Shen Yiqin, cheffe du parti dans la province du Guizhou (sud). 


Mais aucune femme n'a été promue.

"La moitié du ciel"... mais pas du bureau politique
Il semble bien loin le slogan proclamé dans les années 1950 par le fondateur du régime Mao Tsé-toung, qui dirigea la Chine de 1949 à 1976 : "Les femmes portent la moitié du ciel".

"Je ne vois pas comment les femmes sont censées 'porter la moitié du ciel' en Chine si elles ne sont pas autorisées à faire partie du Bureau politique", s'interrogeait sur Twitter Jacob Gunter, analyste à l'Institut Mercator d'études chinoises (Merics).

Pour Minglu Chen, professeure à l'université de Sydney, "l'engagement du Parti communiste chinois envers les droits des femmes est plus un engagement pour améliorer leurs droits économiques. L'idée du parti est que les femmes rejoignent le monde du travail", avance-t-elle. Mais dans une société encore très conservatrice, cette étape est déjà difficile à franchir : "Beaucoup de femmes disent avoir du mal à combiner les rôles de bonne mère, épouse et employée", note l'universitaire.

Ouvrières défilant en Chine, le 25 janvier 1967. Certaines portent un brassard de gardes rouges. 
Ouvrières défilant en Chine, le 25 janvier 1967. Certaines portent un brassard de gardes rouges. 
©Photo AP
Le cercle vicieux de la discrimination 
Pour progresser dans sa carrière, notamment en politique, il faut aussi souvent passer par des moments de socialisation, notamment lors de repas arrosés où l'atmosphère est essentiellement masculine. A commencer par l'entourage de Xi Jinping. "La plupart des anciens collègues masculins de Xi, dans les provinces du Zhejiang et du Fujian, font désormais partie du Bureau politique", observe Victor Shih, professeur de sciences politiques à l'université de Californie de San Diego.

Si les quotas avaient été strictement appliqués, on commencerait à en voir les fruits... La situation actuelle est aussi le résultat de la domination d'un seul parti.

Minglu Chen, professeure à l'université de Sydney

"Pourtant, aucune de ses ex-collègues femmes n'a réussi à entrer au Bureau politique, ni même à obtenir des postes de direction au niveau provincial, déplore l'universitaire. La discrimination aux niveaux les plus bas, empêche d'obtenir ensuite des postes plus élevés", souligne Victor Shih.

Des quotas, mais pas de contrôle
La Chine a, certes, mis en place, en 2001, un système de quotas exigeant la présence d'au moins une femme à tous les niveaux du gouvernement et du parti, hormis au Bureau politique. Mais faute de mécanisme de contrôle, il n'est pas vraiment respecté. "Si un meilleur système de quotas avait été mis en place et strictement appliqué, alors on commencerait à en voir les fruits", estime Minglu Chen. La situation actuelle "est aussi le résultat de la domination d'un seul parti", estime-t-elle.
 
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TerriennesLiliane Charrier
 
avec AFP
 Mise à jour 26.10.2022 à 08:17
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Michla Gielman, résistante oubliée, sous la plume de sa fille, Sylvie Braibant

9 Septembre 2022, 02:10am

Publié par hugo

Michla Gielman, résistante oubliée, sous la plume de sa fille, Sylvie Braibant
Photo de Guy et Michla Braibant, jeune couple, les parents de Sylvie Braibant.<br />
Détail de la couverture de <em>Les Dissemblables</em> (Bord de l'eau, juillet 2022)
Photo de Guy et Michla Braibant, jeune couple, les parents de Sylvie Braibant.
Détail de la couverture de Les Dissemblables (Bord de l'eau, juillet 2022)
03 SEP 2022
 Mise à jour 03.09.2022 à 13:37 par 
TerriennesFasséry Kamissoko
Qui connaît Michla Gielman, résistante oubliée, femme forte et résiliente dans l'ombre de son haut fonctionnaire de mari, Guy Braibant ? Les Dissemblables – ce sont les parents de l'autrice – est un livre de (re)découverte d'une femme dans le regard de sa fille​. À l'origine du site Terriennes, la journaliste et écrivaine Sylvie Braibant signe un roman biographique drôle et sensible, tragique et politique, un récit intime ancré dans la grande histoire.
"J'ai l'impression d'être passée à côté de ma mère". Cet aveu teinté de regret, voire d'un soupçon de culpabilité, les proches de Sylvie Braibant se souviennent l'avoir entendu. Petite phrase annonciatrice du projet littéraire de l'écrivaine et journaliste, dans lequel elle s'est lancée avec autant d'énergie que d'émotion, aussitôt libérée de ses liens professionnels.

Devenue spécialiste des droits et de l'histoire des femmes, Sylvie Braibant aime à se souvenir que son père était féministe, plus que sa mère, et à raconter comment les remous de mai 68 avait amené ce juriste, haut fonctionnaire, à le manifester en faisant la vaisselle chaque soir après le dîner. De ce temps libéré, Michla, sa femme, en avait profité pour réfléchir, étudier, travailler. Dans Les Dissemblables, Sylvie Braibant raconte comment elle a vu de ses yeux, dans la sphère familiale, la plus intime qui soit, une femme s'émanciper, pour peu qu'on lui en laisse le loisir. De là lui vient peut-être son engagement, profond et parfois intransigeant, pour l'égalité entre les femmes et les hommes.

Les Dissemblables revêt bien d'autres dimensions, toutes liées à l'histoire familiale de l'autrice. Partie en Pologne sur les traces de la famille de sa mère, elle mène, avec une implication pudique, de vraies enquêtes historiques sur l'exil et la déportation des juifs d'Europe centrale. Elle retrace aussi le périple d'Espagne en Egypte d'une autre famille juive, celle de son père. Deux lignées dissemblables qui n'auraient jamais dû se croiser, si ce n'avait été la Seconde guerre mondiale, la résistance, le communisme.

Sylvie Braibant.
Sylvie Braibant.
© DR
Entretien avec Sylvie Braibant
Par Fassery Kamissoko

Pourquoi écrivez-vous ? 

Sylvie Braibant : J’écris parce que c’est mon moyen d’expression. Je ne sais pas très bien faire autrement. Si je savais peindre, chanter ou sculpter, je me serais attelée à ces différentes activités, mais je ne sais qu'écrire. C'est la seule façon pour moi d'exprimer facilement et sans retenue les choses. Quand je parle, les mots ne viennent pas toujours. 

Vous publiez un ouvrage foisonnant sur la vie et le parcours de Michla Gielman, une grande résistante et militante communiste effacée des annales de l’histoire, y compris par son mari. Comment ce texte est-il né ?  

C'est une histoire que je portais en moi et que j'avais envie d'écrire depuis très longtemps, mais étant rédactrice en chef à TV5Monde, c'était très compliqué. Je n'avais pas toujours le temps et ne pouvais pas faire plusieurs choses à la fois.

Il m’a fallu plusieurs facteurs déclenchants pour m’y mettre. Le premier a eu lieu un jour dans le métro. Je regardais par curiosité une note biographique sur mon père, dans le dictionnaire du mouvement ouvrier, lorsque j'ai découvert mes nom et prénom, puis ceux de mon frère et de la deuxième épouse de mon père. Michla Gielman, ma mère, n'était même pas mentionnée. C’était simplement écrit que nous étions issus d’un premier mariage, comme si elle n’avait jamais existé. 

Il y a des catégories entières de personnes qui sont simplement balayées de l’histoire.

Sylvie Braibant

Le deuxième facteur déclenchant est arrivé au festival du cinéma russe à Honfleur. Je me souviens avoir été approchée par un psychiatre qui, ayant lu mon nom dans la liste du jury, se demandait si j'étais la fille de Michla Gielman avec laquelle il avait travaillé et qu'il aimait beaucoup. Nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre et avons pleuré. C’était la première fois qu'une personne que je ne connaissais pas me parlait de ma mère. D'habitude, je suis interpellée par des gens qui ont connu mon père parce qu’il y a une flopée de personnalités politiques qui l’ont eu comme professeur et qui ont travaillé à partir des livres de droit qu’il a écrits. 

Ce livre est-il une réhabilitation ? 

Ce n’est ni une réhabilitation, ni une réparation. Elle n’en avait pas besoin, sinon elle l’aurait fait elle-même. Je voulais juste la remettre dans une histoire dont elle avait été effacée. Michelle Perrot, l'historienne de l'histoire des femmes, a expliqué que les femmes n'existaient pas dans l'histoire non seulement parce qu'on ne voulait pas parler d'elles, mais parce que même dans les archives, elles n’existaient pas. C’est pareil pour les personnes pauvres, pour les classes populaires, comme on dit, elles laissent peu d’archives et on ne les recueille pas. 

Il y a des catégories entières de personnes qui sont simplement balayées de l’histoire. C’est pourquoi l’histoire est un récit selon les hommes des couches sociales favorisées. Ce n’est même pas forcément par malveillance, c’est simplement parce que pour les autres, il n’y a rien. C'est pourquoi la question des archives est essentielle.

Ma mère ne se mettait jamais en avant. Elle parlait très peu d’elle et pourtant...

Sylvie Braibant

Ma mère ne se mettait jamais en avant. Elle parlait très peu d’elle et pourtant, elle avait été résistante. Elle était ce qu’on appelait agent de liaison dans un mouvement de jeunes Juifs sionistes (le Mouvement de la jeunesse Sioniste, MJS) qui était une des petites organisations de la résistance juive en Europe. Dans le cadre de cet engagement, elle transportait des documents administratifs, notamment des faux papiers. Elle a aussi accompagné des personnes, surtout des enfants pour les mettre à l’abri. Elle ne parlait jamais de ça non plus. Il ne peut donc pas y avoir de traces parce qu’elle-même les a en partie effacées.

Le livre n'est pas une tentative de réhabilitation, c’est juste une réapparition. Montrer qu’il y avait certes au sein de ce couple un homme très connu pour de justes raisons, même s’il a fait des faux pas, mais aussi une femme courageuse méconnue. 

Pour raconter cette histoire, vous avez mené une longue une enquête historique. Comment s'est-elle déroulée ? 

Je dois dire que j’ai eu de la chance d’être aidée et accompagnée par des personnes d’une générosité et d’une gentillesse incroyables pour mes recherches, notamment en Pologne. C’était l'étape la plus dure pour moi. J’avais un peu peur d’y aller seule. Jean-Yves Potel, éminent spécialiste de l'histoire de la Pologne et auteur d’articles importants pour la revue En attendant Nadeau s'était occupé de l'organisation du voyage, en me mettant entre les mains de trois de ses anciennes étudiantes.

Des archives m'ont permis de me rendre compte qu’il fallait prendre au premier degré certains propos de ma mère.

Sylvie Braibant

Elles m’ont accompagnée et guidée avec bienveillance. Sans elles, je n’aurais pas pu faire cette enquête exceptionnelle. J’ai découvert des choses liées à mon histoire familiale qui m’ont stupéfiée. La famille de ma mère était issue d’une célèbre lignée de rabbins ultra-orthodoxes alors que j’ai grandi en dehors de toute religion. J’ai aussi trouvé des archives qui m'ont permis de me rendre compte qu’il fallait prendre au premier degré certains propos de ma mère, qui ne racontait qu’exceptionnellement des choses. J’ai eu un mélange de bonheur et d’étonnement en découvrant certains documents, notamment dans les dossiers de naturalisation. C'est vraiment formidable de découvrir ce genre d’informations quand on est historien. J’aime bien ce genre d’enquête, ça me ramène un peu à mon travail de journaliste. 

Cette enquête historique permet également de découvrir un pan méconnu de l'histoire des juifs en Europe, celles du suicide d'hommes et de femmes pour se soustraire à la déportation... 

C’est une histoire que j’ai découverte aussi, que je ne connaissais pas. Je sais aujourd’hui qu’il y a deux historiens qui travaillent sur le sujet. Puisqu'il y avait sans cesse des déportations avec la complicité et la participation très active de l’État français, il y avait eu un mot d’ordre du côté de ceux qui étaient les plus conscients de ce qui se passait et de ce qui pouvait advenir, en particulier du côté du Bund, l’Union générale des travailleurs juifs, à laquelle se rattachaient mon grand-père et ses frères. Beaucoup ont préféré mourir par eux-mêmes plutôt que d’être exterminés par les nazis. 

C'est grâce à mon amie journaliste turque que ma mère a raconté l’histoire de son oncle, sa tante et leurs enfants. Sans cela, je n'aurais rien su. Elle n'en aurait jamais parlé. Ça m’a complètement bouleversée. Beaucoup plus bouleversée que quand j’ai appris la déportation et l’assassinat de mon grand-père à Auschwitz, ce qui est assez curieux. Il y avait des femmes et des enfants, mais la plupart de ceux qui se sont suicidés étaient surtout des hommes. J’ai eu du mal à le dire à mes filles, mais il le fallait parce que je ne voulais qu’elles l’apprennent en lisant le livre. 

Les personnages de votre livre ne cessent de se déplacer entre plusieurs espaces. Est-ce également un ouvrage sur l'errance ? 

C’est quelque chose que j’ai dans la tête. Je me dis toujours qu’il vaut mieux garder peu de choses parce que si à un moment, il faut partir, il vaudrait mieux partir sans rien. Dans ma tête, tout ce qui est arrivé aux juifs d'Europe peut encore arriver. Quand il y a une histoire comme ça derrière soi, on sait qu'il y aura des traversées dans tous les sens du terme. 

Justement, ces traversées sont aussi linguistiques. Le livre est d’ailleurs parsemé de mots et d'apophtegmes en différentes langues. Quel est votre rapport aux langues ? 

Les traversées que les uns et les autres ont dû entreprendre n'étaient pas uniquement géographiques, elles étaient aussi linguistiques. Le judéo-espagnol, qu’on appelait aussi latino, et le yiddish sont aujourd'hui considérées comme des langues mortes, sauf chez les juifs ultra-orthodoxes pour le yiddish. Pour moi, c’est terrible. Quand on veut éliminer quelqu’un, on ne l’élimine pas seulement physiquement, ou en le chassant, on l’élimine aussi en tuant sa langue. Ce n'est d'ailleurs pas propre aux Juifs, mais à toutes les populations dont les langues ont disparu. C’est pourquoi je voulais qu’il y ait des mots, des traces pour que ces langues continuent de vivre dans mon livre.

La cinéaste Nurith Aviv mène un travail formidable sur ces langue juives. Elle a consacré un film au yiddish et un autre au judéo-arabe pour laisser une trace de ces langues. Car si on les perd, on perd toute une histoire. 


J'aurais aimé parler le yiddish, mais ma mère n’a pas voulu nous le transmettre parce que c’était pour elle une langue liée à une situation de terreur… C’est aussi de ma faute si je ne le parle pas. Dans mon entourage, il y a des personnes qui ont décidé de l'apprendre. J’ai une amie d’origine arménienne qui s’est remise à l’apprentissage de l'arménien. Moi, je ne l’ai pas fait. C'est quelque chose que je regrette très profondément. 

J’ai appris "mes propres langues". Je pense même avoir fait un choix à un moment donné. Ma grand-mère paternelle, qui venait d’Égypte, parlait le judéo-espagnol, et elle voulait absolument que j’apprenne l’espagnol. Mais comme elle n’était pas très sympathique, je n'ai pas voulu l'apprendre, par opposition. J’ai choisi le russe car ma grand-mère maternelle, que j’adorais, avait aussi dû connaître le russe, en dehors du yiddish et du polonais. Elle avait grandi dans la partie russe de la Pologne. Et mon grand-père venait probablement d’Ukraine. À l’époque, je disais avec une espèce de vanité liée à la jeunesse que j’avais appris le russe pour lire Dostoïevski dans sa langue d'écriture. Rires. Ma grand-mère parlait principalement le yiddish, un peu de polonais, quelques mots de russe, alors qu'elle avait vécu cinquante ans en France. Elle n'a jamais su parler le français ou alors mêlé à ces langues. C’était un mélange que je trouvais beau. 

Outre le refus de la linéarité, vous avez décidé de mêler les genres littéraires (biographie, essai, roman…) et de parsemer le livre de discours, échanges épistolaires … Pourquoi ce choix ? Avez-vous un rituel d’écriture ?  

Ce n’est pas la première fois que je procède à un tel choix. Pour mon premier livre, consacré à Elisabeth Dimitrieff, la communarde et révolutionnaire russe, j'avais eu une démarche similaire. C’est ma façon de faire. Je crois que le collage est la forme d’écriture où je me sens le mieux, en juxtaposant le récit, vrai ou fiction, des documents administratifs, historiques, des lettres et des discours qui peuvent aussi être littéraires…

Je n'aime pas écrire de façon linéaire non plus. C'est quelque chose qui m’ennuierait profondément. Je pense que ce serait pareil pour les lecteurs et lectrices qui ont aussi besoin d’aération, de virgule, de pauses dans une telle biographie double, qui traverse tout un siècle.  

J’écris sur différents supports : je peux écrire sur un bout de papier, dans le train, le bus, ou dans l'application Notes de mon téléphone même si la plupart du temps, c’est sur ordinateur. Quand je bloque, il faut que je m’arrête, que je prenne du papier et un crayon pour m'installer dans un café, c’est la seule façon de débloquer. Le livre n'a d'ailleurs cessé d'évoluer. Si on relisait la première et la dernière version, on verrait les changements. La dernière est moins longue que la première. 

Outre cet ouvrage, vous avez effectivement consacré une riche biographie à Elisabeth Dmitrieff, une révolutionnaire russe. Pourquoi ?  

Elisabeth Dmitrieff vue par Sylvie Braibant (Belfond, réédition numérique 2020)
Elisabeth Dmitrieff vue par Sylvie Braibant (Belfond, réédition numérique 2020)
Le livre sera bientôt disponible à nouveau parce que "Les Amies et Amis de la Commune de 1871" ont décidé de le rééditer. Jusqu'à aujourd'hui, on ne pouvait le trouver qu'en édition électronique, ou alors d’occasion, mais à des prix très élevés.

J'ai écrit ce livre au moment où j’ai quitté TF1. La chaîne venait d'être privatisée et j'avais décidé, comme d’autres, de partir. Sachant que j'avais du temps libre, un ami cinéaste israélo-argentin m'a sollicité pour co-écrire un scénario avec lui sur la Commune de Paris. Il fallait trouver des personnages de l’époque qui avaient laissé des traces, des archives.

C'est par pur hasard que j'ai découvert Elisabeth Dmitrieff et je me suis un peu enflammée pour elle tant son parcours était incroyable. En France, on connaît davantage Louise Michel ou Victorine B. qui ont laissé toutes deux des mémoires. Je ne trouvais pas cela juste. Les apports de Louise Michel ont surtout eu lieu après la Commune, en Nouvelle-Calédonie, où elle a été déportée. Même si elle a été combattante pendant la Commune, elle n’a pas joué un rôle exceptionnel d’idéologue, comme l’écrivaine André Léo ou d’organisatrice comme Elisabeth Dmitrieff. Comme je parlais russe, je me suis dit qu’il y avait un travail important à faire. Il y avait eu une biographie sur elle, mais écrite à partir de son parcours en France. Moi, je voulais savoir ce qu’elle était devenue en repartant en Russie et je n’ai pas été déçue du voyage. 

Quels sont les auteurs et autrices qui vous ont permis de vous construire ? 

La liste est longue. Il y a Dostoïevski, Aragon et Gide qui ont eu un rôle important. Les Faux-monnayeurs a été un livre très initiatique pour moi. Ensuite, j'ai découvert Jacques Prévert, Boris Vian et Proust, que je ne voulais pas du tout lire avant de me prendre de passion pour lui. Et puis encore Thomas Mann, que Michla aimait tant aussi.


Michla, ma mère, disait de ses livres qu’ils étaient ses amis.

​Sylvie Braibant

Chez les autrices, il y a Carson McCullers, Doris Lessing et Virginia Woolf. Ce sont des femmes que j'aime énormément parce qu'elles ont un style et une écriture extraordinaires. De plus, ce qu’elles écrivent fait directement écho chez moi. La Traversée des apparences est l’un des livres les plus incroyables que j’ai jamais lu, tout comme Une Chambre à soi. J'ai mis du temps à lire Virginia Woolf, mais dès le jour où j’ai commencé, je n’ai pas pu m’arrêter, j’ai tout lu d’un coup. C’est comme quand on fait des rencontres. Avec certaines personnes, on met du temps avant de développer des liens, tandis qu'avec d'autres le courant passe facilement et on ne peut plus se passer d'eux.

Michla, ma mère, disait de ses livres qu’ils étaient ses amis. C’est pareil pour moi. J'ai deux rangées de livres qui sont mes amis et que j’emporterais si je devais partir en urgence en cas de conflits ou de situations difficiles. Je sais que je ne pourrais sans doute pas les prendre, mais je les garde précieusement comme si je le pouvais. 

Parmi celles qui m'ont permis de m'engager politiquement pour la cause des femmes, il y a Gisèle Halimi, c'est la première qui m'a donné envie de me battre. Ensuite, il y a Simone Veil, les Américaines Angela Davis, Kate Millett, la Sud-africaine Nadine Gordimer. Ce sont des aînées et figures auxquelles je peux me référer. 

Comment qualifierez-vous votre travail littéraire ? 

Ce n’est pas à moi de le qualifier, mais s’il le faut, je dirais que c’est une nécessité. J'écris parce qu'il y a une nécessité. C'est quelque chose d'impérieux qui naît d'un hasard et d'une nécessité pour reprendre le titre de l'essai de Jacques Monod, mais aussi d’un choix. 

D’autres projets littéraires en cours ?  

J'aimerais écrire un livre sur les révolutionnaires russes du XIXème siècle et du début du XXème, des hommes et des femmes qui ont aussi construit leurs projets sur des théories et des pratiques de l’amour. On disait autrefois que le privé est politique, raison de plus pour aborder cette thématique qui m’intéresse beaucoup. 

Lire est un besoin aussi important que boire, manger ou aimer.

Sylvie Braibant

Un dernier mot sur la littérature ?  

C’est quelque chose dont je ne pourrais jamais me passer. Je ne pourrais pas m’imaginer dans un lieu sans avoir de livres à lire. Dès que je pars quelque part, il faut que j'emmène un livre. Ça m'angoisse de ne pas en avoir dans mes bagages. C'est un besoin aussi important que de boire, de manger ou d'aimer.  

La littérature doit-elle tout dire ? 

On doit pouvoir tout dire et tout écrire. Mais est-ce que cela fait de la littérature ? Ce n’est pas parce que l’on dit tout ou que l'on écrit tout qu’on fait de la littérature. Parfois, le silence et les ellipses sont mieux qu’une affirmation. 

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui ont envie de se lancer en littérature ?  

D’y aller. De se lancer sans se mettre de barrières. On ne perd rien à essayer. Soit ça marche, soit ça ne marche pas. On peut s'interroger sur le style et sur ce qu'on a envie de raconter, mais il ne faut surtout pas se mettre des barrières qui empêchent d’écrire, de se lancer. 

Lire aussi dans Terriennes : 


https://information.tv5monde.com/terriennes/ma-mere-parlait-peu-d-elle-et-pourtant-entretien-avec-sylvie-braibant-469824

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Chronique elle était une fois l’actue: Vive la Féminisme et vive les femmes !

28 Août 2022, 09:44am

Publié par hugo

 
Matrimoine
26 AOÛT 2022
Chroniques
Chronique elle était une fois l’actue: Vive la Féminisme et vive les femmes !

Mes chères conMatriotes, Depuis des années un même sentiment voues étreint, voues oppresse, voues hante. Un sentiment étrange et pénétrant, de déposession. Etrange bien que rien ne voues soit plus familière. Pénétrant. C’est malheureusemente le mot.  Dépossession… En effet, les mascouillinistes pensent que voues êtes leur possession. Et en tant que femmes, voues n’avez malheureusemente pas le privilège d’en rester à sentiment. Voues marchez dans les rues de vos villes et vous n’y connaissez que trop les dangers patriarcaux…

Typhaine D 50-50 Magazine


https://www.50-50magazine.fr/2022/08/26/chronique-elle-etait-une-fois-lactue-vive-la-feminisme-et-vive-les-femmes-2/

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Comment expliquer la baisse historique du nombre de femmes députées ?

22 Juin 2022, 22:47pm

Publié par hugo

 Comment expliquer la baisse historique du nombre de femmes députées ?
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Les députées de la Nupes Aurelie Trouvé, Rachel Keke, Raquel Garrido et Danielle Simonnet devant l'Assemblée Nationale le 21 juin 20227 PHOTOSLANCER LE DIAPORAMA
Les députées de la Nupes Aurelie Trouvé, Rachel Keke, Raquel Garrido et Danielle Simonnet devant l'Assemblée Nationale le 21 juin 2022
Clément Arbrun 
Par Clément Arbrun
Publié le Mercredi 22 Juin 2022
Les chiffres sont éloquents : 215 femmes ont été élues au second tour des élections législatives contre 362 hommes, soit 37% du total des député·es siégeant à l'Assemblée nationale. Cela représente une baisse de 2 % en cinq ans. Mais comment l'expliquer ? La podcasteuse politique Léa Chamboncel s'est penchée sur cette épineuse question.
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C'est une régression qui fait beaucoup réagir. Suite au second tour des élections législatives le 19 juin dernier, 215 femmes ont été élues contre 362 hommes. Cela nous donne 37% du total de député·es siégeant à l'Assemblée nationale. Un recul évident : en 2017, on en dénombrait 39 %. Disparité malheureusement prévisible, alors que sur les 6 293 candidat·es du premier tour des élections législatives, les hommes représentaient déjà... 55,8 %. Un recul historique puisque c'est la première fois depuis 1988 que le nombre de femmes députées est en baisse.

Mais comment l'expliquer au juste ? Et qu'est-ce que cela raconte sur le fonctionnement électoral d'un système toujours aussi patriarcal, malgré la recrudescence des mobilisations antisexistes ? Alerte quant à ces enjeux de représentation, l'éditorialiste et podcasteuse Léa Chamboncel, autrice de la passionnante enquête Plus de femmes en politique !, a accepté de faire le point concernant cette situation critique.

Terrafemina : Cette régression du nombre de députées est-elle vraiment si surprenante ?
Léa Chamboncel : Non, car cette baisse correspond tout à fait au recul de la parité au sein du groupe majoritaire, Ensemble. En 2017, le candidat Emmanuel Macron avait lancé son appel pour que dans la moitié des circonscriptions gagnables ne soient présentées que des femmes candidates. Les femmes représentaient finalement 50,7 % des 524 candidats soutenus par En Marche !.

LREM s'est est beaucoup gargarisée, sauf qu'en 2017, ils n'avaient pas forcément le recul stratégique pour savoir, au juste, quelle circonscription était gagnable ou pas, puisque c'était alors un mouvement qui était encore en création, sans historique politique.

Toujours est-il que cinq ans plus tard, quand on observe les chiffres des femmes élues à l'Assemblée nationale au sein du groupe de la majorité, on constate seulement 40 % de femmes. C'est-à-dire, un recul de dix points. Et c'est énorme. C'est le plus gros recul observé parmi les partis représentés. Cependant, je ne pense pas qu'En Marche s'attendait à une claque pareille aux élections législatives.

TV5 Monde voit en cette baisse "une illustration de l'effritement de l'effet #Metoo de 2017, année où l'on se réjouissait face au déferlement d'une grande marée féminine".
L.C. : On observe un changement. Ce qui m'avait beaucoup marquée durant la course à la présidentielle, c'était que la parité n'était absolument pas un thème de campagne, contrairement à 2017 (avec la grande promesse présidentielle), 2012 (Hollande promettait un gouvernement paritaire, ce qu'il a fait) et même l'année 2007 avec Sarkozy (qui avait fait la même promesse, mais qu'il n'a pas concrétisé). Ce n'était pas le cas en 2022, même dans les programmes : la question de la parité n'a pas été mise en avant.

Les députés du Rassemblement national (RN) à l'Assemblée Nationale le 22 juin 2022
Les députés du Rassemblement national (RN) à l'Assemblée Nationale le 22 juin 2022
Comme si l'on se reposait trop sur nos acquis, comme si 38 % de députées à l'Assemblée nationale, cela suffisait déjà. Dès cet instant, on pouvait craindre quelque chose : le backlash [théorisé au début des années 90 par la journaliste américaine Susan Faludi, le backlash, ou "retour de bâton", désigne la riposte réactionnaire qui dans l'Histoire succède systématiquement à toute avancée féministe, ndlr].

Mais d'une certaine manière, c'est positif. S'il y a ce retour de bâton, c'est parce que la présence des femmes dans l'espace public et politique est enfin perçue comme une menace pour ceux qui sont en place, ont le pouvoir et craignent de voir leurs privilèges remis en question. Et ça, c'est important pour initier un vrai changement de société.

De la même façon, certes, on observe un recul alarmant du nombre de députées au sein de l'Assemblée nationale, mais aussi l'entrée au sein de l'hémicycle des militantes. Je pense à Sandrine Rousseau, élue députée dans la 9e circonscription de Paris, et à Rachel Keke, élue dans la 7e circonscription du Val-de-Marne [première femme de chambre élue à l'Assemblée nationale, elle fut l'une des porte-parole du mouvement de grève des femmes de chambre de l'Ibis-Batignolles entre 2019 et 2021, initié contre le groupe Accor, ndlr]

Tout ça pèse dans la balance, car ces voix sont autant de formes de résistance. D'autant plus important qu'en face, on trouve 89 députés du RN, et donc, une menace pour les droits des femmes notamment.

Comment expliquer ce recul alors qu'il existe une loi depuis 2000 pour garantir la parité ? N'est-elle pas assez contraignante ?
L.C. : On se demanderait même si la loi a vraiment été conçue pour être contraignante. Je ne sais pas quels mécanismes on pourrait mettre en place pour assurer son respect. Il faudrait quelque chose de plus dissuasif : faire en sorte que la liste d'un parti ne soit pas enregistrée en préfecture si jamais la parité n'est pas respectée par exemple. C'est ce que l'on observe déjà concernant la parité des listes pour les élections municipales.

A côté de cela, reste encore l'enjeu de savoir si la circonscription investie est gagnable ou pas. Mais ça, on ne peut pas le formuler de manière objective, hors analyse stratégique et calcul politique en interne. On ne peut donc mettre cela entre les mains d'un organisme comme la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, s'assurer que les partis investissent (aussi) des femmes sur des circonscriptions gagnables. C'est impossible à anticiper.

Mathilde Panot, Rachel Kéké, Clémentine Autain et Danièle Obono à la convention d'investiture des membres de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) le 7 mai 2022
Mathilde Panot, Rachel Kéké, Clémentine Autain et Danièle Obono à la convention d'investiture des membres de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) le 7 mai 2022
En définitive, il faudrait des lois, mais aussi la volonté politique pour les appliquer au sein des partis, ce qui implique de sortir d'un certain confort. Un groupe comme Les Républicains ne semble pas y accorder beaucoup d'importance par exemple, puisque parmi les députés LR élus, 70 % sont des hommes. On se rend compte, également grâce à des exemples étrangers, que quand il n'y a pas de volonté politique, rien ne bouge.

La répartition des circonscriptions se ferait-elle de façon sexiste ?
L.C. : Il y a des circonscriptions qui ont été indéniablement gelées pour des poids lourds, des chevilles ouvrières de la coalition : Horizons, Agir, le Modem. De même du côté de la gauche, il y a énormément de jeunes femmes racisées, comme au sein du collectif On s'en mêle, qui étaient dans les banlieues, les quartiers populaires, et ont finalement été écartées au profit de vieux mecs blancs qui sont là depuis des décennies.

En fait, les partis ont trouvé un moyen légal de contourner la loi sur la parité : investir des femmes sur des circonscriptions qui ne sont pas gagnables. Par exemple, en investissant la Secrétaire d'Etat chargée de la Mer Justine Bénin en Guadeloupe, étant donné les circonstances - le score incroyable de Mélenchon au premier tour de la présidentielle, et le score de Le Pen au second tour - on peut évidemment s'attendre à ce que la candidate ne fasse pas un score miraculeux.

C'était peut-être moins vrai pour la ministre de la Transition écologique Amélie de Montchalin, qui était candidate dans la 6e circonscription de l'Essonne, ou la ministre de la Santé Brigitte Bourgignon, battue dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais, deux situations où les choses étaient moins anticipables.

Aujourd'hui, cette régression de 2 % du nombre de députées peut-elle éveiller davantage de consciences ?
L.C. : Oui, on observe aujourd'hui de plus grandes attentes à ce sujet, ne serait-ce qu'au sein des mouvements politiques - c'est pour cela qu'Emmanuel Macron a nommé Elisabeth Borne Première ministre à la veille des élections législatives, en réponse à l'élan de contestation au sein de son propre parti concernant ces enjeux. Quand bien même Elisabeth Borne est certes une femme, mais pas féministe pour un sou - ses politiques néolibérales impactent les plus faibles et son approche des politiques publiques n'est pas du tout genrée.

On observe toujours, dans notre société, des décalages sociologiques entre nos représentants et représentantes d'un côté, et la population de l'autre. Et un vrai retard. Ca devrait être normal d'avoir une représentante comme Rachel Keke à l'Assemblée Nationale par exemple, elle devrait être là depuis des décennies. C'est pour cela que créer des ponts entre les militantes et les pouvoirs publics est toujours aussi nécessaire.


https://www.terrafemina.com/article/legislatives-2022-comment-expliquer-la-baisse-historique-du-nombre-de-femmes-deputees_a364702/1

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Danielle Simonnet : « notre droit de la famille est issu d’une culture très patriarcale »

6 Juin 2022, 19:49pm

Publié par hugo

 France \ Politique
Danielle Simonnet : « notre droit de la famille est issu d’une culture très patriarcale »

50-50 Magazine a rencontré quatre candidates de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES) se présentant aux législatives 2022 sur Paris. Céline Malaisé du PCF, Danielle Simonet de LFI, Eva Sas d’EELV, et Olivia Polski du PS. Aujourd’hui rencontre avec Danielle Simonnet, conseillère de Paris, candidate dans la 15ème circonscription de Paris.

Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 Magazine

Vidéo Rafaël Flepp 50-50 Magazine


https://www.50-50magazine.fr/2022/06/03/danielle-simonnet-notre-droit-de-la-famille-est-issu-dune-culture-tres-patriarcale/

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Les députés espagnols votent l'inscription du "consentement sexuel explicite" dans le Code pénal

31 Mai 2022, 03:00am

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Les députés espagnols votent l'inscription du "consentement sexuel explicite" dans le Code pénal
Par Manon Henrotte Publié le 30/05/2022 à 10:24
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En Espagne, le Congrès des députés a approuvé à la majorité absolue, jeudi 26 mai 2022, l'introduction de la notion de "consentement sexuel explicite" à la loi contre le viol, ainsi durcie. Ce projet de loi, promesse du gouvernement espagnol, doit maintenant être adoptée par le Sénat.
"Solo si es si". De cette formule est né un projet de loi sur les violences sexuelles en Espagne. Le texte, surnommé "Seul un oui est un oui" en français, a été voté en première lecture par les députés espagnols jeudi 26 mai 2022.

Adopté à 201 voix pour contre 140 contre, il introduit la notion de "consentement sexuel explicite" dans la loi contre le viol. Il doit maintenant passer devant le Sénat espagnol. 

Le "consentement sexuel explicite", c'est quoi ?
"Aujourd’hui est un grand jour pour toutes les femmes. L’Assemblée a approuvé avec une large majorité la loi 'Seul un oui est un oui'. Nous le devions à toutes les victimes de violences sexuelles et nous laissons ainsi un meilleur présent et avenir à nos filles, sœurs et amies", a ainsi salué sur Twitter Irene Montero, la ministre espagnole de l’Égalité femmes-hommes.


Concrètement, cet ajout, promis par la gauche au pouvoir, introduit clairement la notion de consentement explicite dans la loi. Cela signifie que tout acte sexuel doit être exprimé de manière claire et libre par l'ensemble des participants.

Dans le cas contraire, l'acte sera dorénavant considéré comme un viol. La contrainte n'aura pas à être démontrée, comme c’est le cas actuellement en France.

Aussi, si ce projet de loi est adopté par le Sénat, il n'y aura plus de différence faite entre la notion d'abus sexuel et celle d'agression sexuelle. Ainsi, tout comportement sexuel non-consenti sera considéré comme une agression sexuelle ou un viol, en cas de pénétration.

Par ailleurs, l'interdiction de publicité promettant la pornographie ainsi que la la création d'un délit de harcèlement de rue, font également parties de ce projet de loi.

Une affaire de viol à l'origine de ce projet de loi
C'est un fait-divers qui a choqué l'Espagne en 2018 qui est le moteur de ce durcissement de la loi contre le viol : l'affaire dite de "La Meute".

En 2018, cinq hommes ont été condamnés à 9 ans de prison pour "abus sexuels" et non pour "viols en réunion" sur une jeune femme de 18 ans.

La jeune victime a été agressée en 2016, lors des fêtes de Pampelune.

Une condamnation qui a suscité de vives contestations dans tout le pays. En 2019, le Tribunal suprême espagnol, la plus haute instance judiciaire du pays, a requalifié le verdict de l'affaire. Les cinq coupables ont vu leur peine s'aggraver à 15 ans, cette fois-ci pour "viol".

En France, le consentement n'est pas inscrit ou spécifié dans la définition de "viol". Le Code Pénal le définit de cette manière : "Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol".

Lire aussi :


https://www.marieclaire.fr/seul-un-oui-est-un-oui-les-deputes-espagnols-votent-l-inscription-du-consentement-sexuel-explicite-dans-le-code-penal,1428775.asp

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Angela Davis à Bruxelles : rencontres et débats avec des associations engagées

23 Avril 2022, 22:58pm

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 Angela Davis à Bruxelles : rencontres et débats avec des associations engagées
Angela Davis à Bruxelles : rencontres et débats avec des associations engagées
22 avr. 2022 à 09:45

5 min
Par Marine Mélon pour Les Grenades
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Militante pour les droits civiques, féministe, intellectuelle et auteure, Angela Davis lutte depuis toujours contre toutes les formes d’injustices et d’inégalités. Elle est connue pour son engagement sans faille dans tous ses combats.

Le lundi 25 avril, elle sera à Bruxelles pour discuter et débattre avec de jeunes militant·es, des associations de femmes et d’artistes engagées. L’après-midi, elle rencontrera, dans l’intimité, les membres des trois organismes à l’initiative de l’événement : PAC (Présence et Action Culturelles), Bruxelles Laïque et le Théâtre National Wallonie-Bruxelles. Le soir, quatre grands témoins de ces organisations viendront porter le débat, en présence du public.

Ex-membre des Black Panthers, recherchée par le FBI, emprisonnée et condamnée à mort puis finalement relâchée, candidate pour la vice-présidence en 1980 et 1984 pour le parti communiste américain, Angela Davis bouscule le système pour que les oppressions soient enfin visibles et que la société change.

Anticapitaliste et communiste, elle considère que le problème vient de l’organisation globale. En réaction à la mort de George Floyd, elle explique : "Le racisme est beaucoup plus que des habitudes individuelles. […] Le racisme est structurel, systémique, institutionnel."

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Les femmes accompagnées par PAC, témoins et porte-voix des discriminations
Au sein de PAC, une quinzaine de femmes venant de différents collectifs se sont réunies pour préparer la rencontre. Des membres du Front de mères et du collectif Mémoire Coloniale, la militante féministe Irène Kaufer et l’avocate Selma Benkhelifa préparent cette rencontre ensemble depuis plusieurs semaines déjà.

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Avec Angela Davis, elles ont choisi d’aborder le thème des violences institutionnelles, au travers de plusieurs volets de leur quotidien : l’enseignement, la police, la prison, la politique migratoire et la justice. Depuis toujours, ces femmes font face à des discriminations, partout où elles vont. "Avec la discrimination, on se sent mal dans l’espace public. Ce sont des regards qui isolent et on aurait tendance à se renfermer." Il est essentiel pour elles d’en parler et de porter le débat sur la place publique. Selma Benkhelifa explique : " Les gens qui ne subissent pas ces discriminations ne sont pas au courant. Et même quand il y a un constat de ces discriminations faites par les institutions, rien ne bouge. Voire même, la situation s’aggrave."

Comment décloisonner les luttes ? Comment travailler avec d’autres groupes militants qui, parfois, ont des points de divergence avec leur lutte ? Comment faire comprendre aux dominants leur position et l’importance de laisser tomber leurs privilèges pour que tous les dominés ne soient plus discriminés ? Ces questions, parmi d’autres, elles les poseront à Angela Davis dans le courant de l’après-midi. Elles ont soif des conseils que pourrait leur apporter la militante, et elles espèrent aussi lui apprendre certaines choses.

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Les jeunes de Bruxelles Laïque
Parmi la quinzaine de jeunes qui seront présents et représenteront Bruxelles Laïque, il y a Corentin de Maeyer et Júlia Ntumba Picamal. Tous les deux déjà très actifs au sein de l’ONG Défi Belgique Afrique, ils ont décidé de préparer la rencontre avec d’autres membres de Bruxelles Laïque.

Ensemble, ils ont regardé trois films au cinéma Palace. "I’m not your negro" de Raoul Peck, "What you gonna do when the world’s on fire ?" de Roberto Minervini et "Nos corps sont vos champs de bataille" d’Isabelle Solas. Ces séances ont ensuite été suivies d’un débat avec le public. Ils ont aussi eu l’occasion de visionner le film "Free Angela" et ça leur a permis "d’avoir un meilleur aperçu de la personne qu’est Angela Davis ", explique Júlia Ntumba Picamal.

Avec la militante américaine, ils et elles aborderont l’intersectionnalité et le militantisme de la jeunesse à Bruxelles. Comment prendre place dans la lutte, en tant que jeunes ? Ils aborderont également la question du genre, débattront sur les modèles marxistes et communistes pour savoir s’ils sont toujours applicables aujourd’hui, et tenteront de comprendre où on en est aujourd’hui. Ils sont enthousiastes d’avoir son regard sur les diverses thématiques et son expertise sur ces questions.


Questionner la situation en Belgique
Les jeunes de Bruxelles Laïque vont aussi aborder le racisme et les inégalités sur le plan européen, belge et bruxellois. Mélani Jaftha, membre du Front de Mères, analyse que, dans notre société occidentale, "à force de dire 'on n’est pas raciste', on ne voit même plus le racisme."

Adriana Costa Santos, qui accompagne le groupe de travail de PAC, précise qu’au débat du soir, ils et elles parleront des questionnements des différents groupes sur les questions d’intersectionnalité. "C’est prendre le cas de la Belgique et le rapporter à la théorie." Selma Benkhelifa continue : "Quand on en parle, certains Belges ont l’impression que ça se passe ailleurs, dans d’autres pays. Mais bien sûr que le racisme est toujours présent en Belgique aujourd’hui. Comment ça se fait que ce soit toujours le cas ?"

"Le début de quelque chose"
Ces différents groupes de femmes réunies avec PAC comptent bien continuer à travailler régulièrement ensemble. Elles se définissent comme "Un groupe de femmes qui travaillent sur les violences institutionnelles dans la justice, le milieu carcéral, la police, la migration, et l’enseignement, dans une dynamique d’intersectionnalité de classe, de race, et de genre. Il s’agit de politiser ce qu’on veut individualiser."

À travers ce nouveau groupe, qui aura bientôt son propre nom, elles souhaitent mettre en place des supports vidéos ou autres qui pourront aider les personnes discriminées et tenter de faire convergence dans les luttes. Selma Benkhelifa explique que la rencontre avec Angela Davis " n’est pas l’aboutissement du travail de groupe, mais plutôt le début de quelque chose pour nous. On ne veut pas s’arrêter là."

Achaïso Ambali, fondatrice du média "La Diaspora Chuchote" et membre du Front de Mères, explique que ce rassemblement d’associations permettra également de trouver des allié·es hors Belgique, sur certains sujets.

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Ce nouveau groupe cherchera donc un moyen pour que les victimes de discrimination en Belgique soient entendues dans les médias internationaux. C’est le début d’une collaboration qui a de nombreux beaux projets en perspective.

Le groupe du Théâtre national est composé par le Comité des Femmes Sans Papier ainsi que Café Congo. Dans ce groupe, Henriette Essami impliquée dans la lutte pour la régularisation et la reconnaissance des droits de personnes sans-papiers au travers de l’occupation de bâtiments vides ou abandonnés à Bruxelles (principalement) et à Liège/Verviers, sera une des grandes témoins de la soirée et échangera avec Angela Davis sur les stratégies pour la défendre et faire reconnaitre les droits des personnes sans papier.

Informations pratiques
La conversation avec Angela Davis aura lieu le 25 avril, à 20h30 au Cirque Royal de Bruxelles. Malgré un changement de lieu pour accueillir plus de personnes, la conférence est déjà complète. Elle sera animée par Safia Kessas, journaliste, autrice et réalisatrice belge, et se déroulera en anglais, avec une traduction en français, en néerlandais et en langue des signes.

 

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Cet article a été écrit lors d’un stage au sein de la rédaction des Grenades.

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/angela-davis-a-bruxelles-rencontres-et-debats-avec-des-associations-engagees-10979080

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