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sexisme

Juju Fitcats dénonce les photomontages pornos que subissent trop de créatrices de contenus

12 Janvier 2023, 04:23am

Publié par hugo

 Juju Fitcats dénonce les photomontages pornos que subissent trop de créatrices de contenus
ACTU EN FRANCE
Juju Fitcats dénonce les photomontages pornos que subissent trop de créatrices de contenus
Anthony Vincent 10 jan 2023  1
MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  ACTUALITÉS  ACTU EN FRANCE
La créatrice de contenu fitness Justine Becattini de son vrai nom vient de publier une vidéo sur YouTube où elle décrit les cyberviolences sexistes qu’elle subit. Depuis plusieurs années, des hommes détournent son image et celles de milliers d’autres femmes pour créer des photomontages pornographiques.
En ligne comme IRL, le sexisme violente les femmes. Outre les mouvements comme Balance Ton YouTubeur, les enquête sur Norman Thavaud (alias Norman fait des vidéos) ou Victor Bonnefoy (aka InThePanda), plusieurs streameuses bien connues de la plateforme Twitch ont commencé à dénoncer les cyberviolences qu’elles subissent. Insultes misogynes, menaces de viol et de morts, divulgation publique d’informations privées dans le but de nuire (ce qu’on désigne par l’anglicisme doxxing), photomontages pornographiques pouvant aller jusqu’aux deepfake forment le lot commun de nombreuses créatrices de contenus, hélas. C’est ce que dénonce à son tour la YouTubeuse fitness Juju Fitcats, de son vrai nom Justine Becattini, dans une vidéo publié le 9 janvier 2023, intitulée « Mes N*DES fuitent… (il est temps d’en parler) ».


Juju Fitcats s’insurgent contre la circulation de faux nudes de créatrices de contenus
Comme d’autres streameuses avant elle, la YouTubeuse de 28 ans prend donc le temps de témoigner à son tour de l’ampleur des cyberviolences sexistes :

«J’ai constaté que le fait de ne pas en parler n’arrangeait absolument pas les choses. Rien n’avait évolué. Au final, et si on essayait d’en parler en cette rentrée ? On verra bien. Peut-être que les choses bougeront un peu plus. Peut-être que ça libérera la parole d’autres créatrices de contenus. Aujourd’hui, j’aimerais sincèrement parler de cette grosse problématique qu’on a en tant que femmes, dans nos métiers, en tant que YouTubeuse, streameuse, actrice, chanteuse… C’est un vrai problème, on n’en parle pas assez. C’est un problème très pervers. Vous l’aurez compris, aujourd’hui je voudrais parler des fameux « nudes » qui circulent de moi sur la toile depuis des années maintenant. »

Faux nudes, deepfakes, appels aux viols et propos sexistes
Juju Fitcats raconte ensuite comment ces fausses photos d’elle ont commencé à circuler, au moins depuis 2018. D’abord, il s’agissait du cliché d’une femme de dos qui n’était pas elle, qu’un anonyme a envoyé à son petit-ami le YouTubeur fitness Tibo InShape, en lui conseillant de « surveiller sa petite-amie ». Justine Becattini a ensuite constaté au fil des années des photomontages de son visage incrusté sur le corps dénudé d’autres femmes se multiplier, quand il ne s’agissait pas de partir de véritables photos d’elle habillée pour lui retirer ses vêtements par Photoshop.

Les progrès en intelligence artificielle rendent la création de ce type de faux nudes ultra vraisemblables de plus en plus faciles et accessibles (on parle alors de deepfake). Échangées sur des forums comme jeuxvideo[.]com, ces images suscitent de nombreux commentaires dégradants et appels au viol. Cela contribue à en désinhiber certains qui se permettent alors d’inonder les messageries de Juju Fitcats de propos pénalement répréhensibles.

Capture d’écran 2023-01-10 à 15.45.54
Un exemple d’appel à la création de photomontages et propos dégradants sur un forum.
Hélas, le cas de Juju Fitcats n’est bien évidemment pas isolé. Au contraire, comme elle l’évoque elle-même dans sa vidéo, ce type de violences masculines s’avère monnaie courante pour la plupart des femmes. Et plus elles sont connues en ligne, plus ce genre de propos sexistes et photomontages pornographiques semblent nombreux.

Les témoignages de créatrices de contenus ont beau émaner aussi bien de Twitch que de YouTube, les plateformes rechignent à agir et investir pour une meilleure modération. On peut également s’interroger la responsabilité des sites qui herbergent ces forums remplis de propos pénalement répréhensibles, et même sur les recours à la loi possible dans ce genre de cyberharcèlement aussi massif et anonyme.

À lire aussi : Cyrus North, recalé par son robot sexuel doté d’intelligence artificielle à 11 000 $, interroge la culture du viol

Publié le 10 janvier 2023 à 18h30


https://www.madmoizelle.com/juju-fitcats-denonce-les-photomontages-pornos-que-subissent-trop-de-creatrices-de-contenus-1482523

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Sept députées dénoncent le sexisme toxique au Parlement britannique

12 Janvier 2023, 04:09am

Publié par hugo

 Le palais de Westminster, chambre des députés britanniques © NenonJellyfish de la part de Getty Images Signature
ACTU MONDIALE
Sept députées dénoncent le sexisme toxique au Parlement britannique
Anthony Vincent 10 jan 2023
MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  ACTUALITÉS  ACTU MONDIALE
L’association pour l’égalité entre les genres Fawcett Society a sondé les députés britanniques pour conclure que 7 femmes sur 10 y avaient été témoins ou victimes de sexismes. Face à ce résultat, le média The Independent a recueilli les témoignages révélateurs de 7 d’entre elles.
En France, plusieurs séquences médiatiques ont rappelé combien l’Assemblée Nationale regorgeait de sexisme, puisqu’il s’agit d’une discrimination systémique qui traverse l’ensemble de la société. On pense notamment aux quolibets contre Cécile Duflot qui avait eu l’outrecuidance de porter une robe à fleurs dans l’hémicycle en 2012, ainsi qu’aux initiatives de la juriste en droit public et ancienne collaboratrice d’élus Mathilde Viot (cofondatrice du collectif Chair collaboratrice pour dénoncer le sexisme à l’AN, participante de #MeTooPolitique à l’origine des révélations sur l’affaire Damien Abad, et autrice de l’essai pour en finir avec le virilisme en politique L’homme politique, moi j’en fais du compost). Pour relativiser ce qu’il se passe dans l’Hexagone, on peut regarder du côté de nos voisins britanniques où 7 députées viennent de prendre la parole afin de dénoncer le sexisme de Westminster.

7 femmes députées sur 10 dénoncent le sexisme au Parlement britannique
Fawcett Society, association pour l’égalité entre les genres, a sondé les députés britanniques au sujet de la misogynie au Parlement sur les cinq dernières années : la moitié des hommes déclarent en avoir été témoins, contre 69 % des femmes. Les 3/4 des femmes déclarent taire leurs points de vue sur les réseaux sociaux de peur de subir du harcèlement en ligne, contre la moitié des hommes parlementaires.

Le palais de Westminster, chambre des députés britanniques © NenonJellyfish de la part de Getty Images Signature
Les hommes députés « s’arrogent le droit d’y rabaisser les femmes »
Face à ces résultats de 7 femmes députées sur 10 qui dénoncent le sexisme au parlement britannique, le média The Independent a justement demandé à sept d’entre elles de témoigner. Si l’une d’entre elles à souhaiter rester anonyme, les autres l’ont fait en leur nom, consciente des risques de représailles. Parmi les témoignages les plus outrageants, Dawn Butler du parti des travailleurs se souvient de commentaires hypersexualisants parce qu’elle avait eu le malheur de porter des collants en résille :

« J’ai reçu tellement de commentaires hypersexualisants et misogynes que j’ai enlevé les collants et les ai jetés à la poubelle et que je n’ai plus jamais porté de collants résille.

[…] La bonne nouvelle, c’est que depuis #MeToo, nous ne tolérons plus [le sexisme]. Certains hommes n’ont pas avancé. Ils pensent toujours qu’il est acceptable d’être sexiste et misogyne. 

[…] Le Parlement a été conçu uniquement pour les hommes et il y a toujours cette attitude dominante selon laquelle, c’est la place d’un homme et les femmes ne sont que de la façade. Ils s’arrogent le droit d’y rabaisser les femmes. »

« J’ai été victime de harcèlement sexuel à Westminster »
La députée Caroline Nokes du parti conservateur évoque même avoir été touchée de façon inappropriée à plusieurs reprises, ou encore un ministre qui lui dit tranquillement qu’elle avait été nommée juste parce qu’elle avait des seins :

« J’ai été victime de harcèlement sexuel à Westminster. Au cours des 12 dernières années, j’ai ignoré beaucoup de choses et je n’ai rien fait à ce sujet. J’ai signalé certains incidents aux whips [le whip d’un parti est un député qui est choisi par son équipe pour être le chef d’équipe, ndlr]. La dure réalité est que nous n’avons pas encore de système en place. Nous avons besoin que les partis politiques individuels coopèrent les uns avec les autres pour élaborer des politiques et des protocoles.

Il y a eu un certain nombre d’incidents où j’ai été touché de manière inappropriée et des suggestions inappropriées ont été faites à mon sujet. Je ne veux pas citer de noms. Je n’ai pas confiance dans les systèmes en place au Parlement qui permettent de le traiter correctement.

La réalité est que personne ne veut parler de la micro-agression de bas niveau, ils ne s’intéressent qu’aux histoires horribles de femmes coincées contre le mur par quelqu’un. Ils veulent se concentrer sur des histoires flagrantes dégoûtantes de harcèlement sexuel. »

« Des prédateurs dans tous les partis qui profitent de leur position »
La députée Layla Moran dénonce elle-aussi des gestes déplacés (une main insistante sur la jambe) et évoque la présence de « prédateurs dans tous les partis qui profitent de cette position ». La députée Jess Phillips abonde dans le même sens : « Vous avez droit à du sexisme de bas étage en permanence. »

Une autre députée, Nadia Whittome, rapporte que les députés hommes s’adressent à elle en la regardant dans les seins plutôt que dans les yeux. Un député s’est permis de lui demander si elle était sur Tinder, et d’autres questions intrusives. Comme d’autres députées, elle évoque une hyperconscience de sa tenue vestimentaire, forcément scrutée par le male gaze, et regrette de ne pas se sentir à sa place au Parlement à cause du sexisme qui y règne :

« C’est comme si le Parlement regorgeait d’une classe et d’un sexe de personnes solidaires les unes des autres. Les choses sont bien pires si vous êtes une femme de couleur. »

« Nous avons besoin que le parlement soit diversifié »
La députée Kate Osamor dénonce même une culture de travail empreinte de virilisme toxique :

« La culture est d’aller au bar [tous les soirs], d’écouter et raconter des ragots, et de boire de l’alcool. Beaucoup de députés ne rentrent pas chez eux dans leur famille. […] C’est malsain, il n’y a pas de séparation, c’est comme si le bar devenait une extension de la Chambre parlementaire.

[…] Je veux que les femmes qui ne sont pas des politiciennes et qui regardent de l’extérieur – qu’elles soient noires ou de la classe ouvrière – soient les bienvenues. Mais ils ne seront pas dans un endroit où les gens regardent de la pornographie ou où les femmes sont harcelées ou agressées sexuellement sur le domaine. Nous avons besoin que le parlement soit diversifié, nous en avons besoin pour représenter les gens. »

À lire aussi : Pourquoi les violences conjugales augmentent après Noël ?

Crédit photo de Une : NenonJellyfish de la part de Getty Images Signature

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Publié le 10 janvier 2023 à 14h26
https://www.madmoizelle.com/sept-deputees-denoncent-le-sexisme-toxique-au-parlement-britannique-1482339

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Des streamers lancent un nouvel outil pour lutter contre le cyberharcèlement sur Twitch

12 Janvier 2023, 04:05am

Publié par hugo

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SOCIÉTÉ
Des streamers lancent un nouvel outil pour lutter contre le cyberharcèlement sur Twitch
Amine Abdelli 10 jan 2023  2
MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Sur Twitch, les streameuses vivent un véritable enfer : insultes misogynes, menaces de mort et de viol et même des deep fake porno (des montages de leurs visages sur le corps d’actrices porno). Alors que la plateforme de streaming peine à proposer des outils efficaces afin de les protéger, les streamers « Amine » et « Billy » ont lancé l’initiative « Place de la Paix » qui vise à proposer une nouvelle forme de modération.
« Les meufs, juste parce qu’elles sont nées meuf, elles n’ont pas le droit de respirer », constatent les deux streamers sur la chaîne « Rebeudeter », le 20 décembre 2022 lorsqu’ils rendent public leur nouvel outil. «On ne pouvait pas continuer notre activité sans essayer de faire quelque chose à notre échelle », argumentent-ils, dénonçant le sexisme et la misogynie qui irriguent la plateforme.

Avec cette problématique en tête, les Twitcheurs ont créé un bot permettant de partager la modération sur plusieurs chaînes. Le principe est simple : lorsqu’un spectateur est banni du chat d’une chaîne pour sexisme ou racisme, il est automatiquement banni pendant 24h des autres chaînes ayant rejoint l’initiative « Place de La Paix ». Tout est automatique et sans limitation de partage entre les créateurs et créatrices de contenus. Par la suite, afin d’éviter toute erreur, une équipe de modérateurs est chargée de vérifier si la sanction est justifiée et la prolonge pour une durée indéterminée.

Ainsi, loin de n’être qu’un bannissement limité et formel, cette modération coordonnée implique que les comportements dans un chat peuvent avoir des conséquences sur toutes les chaînes auxquelles un ou une commentatrice malveillante participe.

Réinscrire la responsabilité de la lutte contre le cyberharcèlement dans les mains de Twitch
Dès son annonce, l’outil a été salué par des grands noms de la scène Twitch française comme Maghla, Deujna ou Le Joueur du Grenier. Dans le même temps, Nat’ali, streameuse et féministe, émet des réserves face à une initiative prise par des individus et veut réinscrire la responsabilité de la protection des créatrices de contenus dans les mains de Twitch. « Le problème que j’ai avec ce genre d’outil, c’est que les individus peuvent faire le choix de garder et de laisser ce qu’ils veulent ». La streameuse craint que l’équipe de modération soit bénévole, sans formation adaptée au sujet des dominations de race ou de genre et confrontée à une masse colossale de commentaires à arbitrer.  « Si Twitch s’en occupait, ils payeraient des gens et ce serait un peu mieux cadré », estime la streameuse qui voit, ici, les limites du bénévolat, mais également le bénéfice que la plateforme peut en tirer puisque, sans avoir eu à investir financièrement dans le projet, Twitch pourra bénéficier d’une meilleure régulation. 

L’engouement autour de « Place de la Paix » met en lumière les problèmes de modération de Twitch car, légalement, le site est responsable des contenus à caractère haineux qu’il héberge. Contacté par Madmoizelle, Twitch ne commente pas l’initiative « Place de la Paix » et affirme lutter activement contre le harcèlement : « Twitch aspire à faire de sa communauté l’endroit le plus sûr et le plus inclusif possible pour que chaque utilisateur puisse créer et profiter du divertissement en direct [et] agit dans le cadre de tous les incidents constatés et vérifiés de harcèlement ou d’abus sexuels, et fait continuellement évoluer ses politiques, ses technologies et ses outils de signalement afin de protéger la communauté ». 

En l’absence de publication des chiffres relatifs à ces incidents et à leur résolution effective par la plateforme, cette affirmation est impossible à vérifier. Twitch indique à Madmoizelle que 80% des signalements sont résolus en moins de dix minutes sans expliciter clairement les modalités de résolution. 

Des outils de modération peu adaptés
Aujourd’hui, le réseau social numéro un du streaming dispose de peu d’outils pour préserver les minorités de race et de genre de violences et de harcèlement en ligne.

Parmi eux, la « liste de bannissement », un outil proche de « Place de la Paix », mis en place en juillet 2022. Cependant, cette liste ne peut se constituer que manuellement à l’initiative de chaque streamers ou streameuse qui, ensuite, ne peut la partager qu’auprès de 30 autres créateurs et créatrices de contenus.

Autre initiative : la vérification de l’identité des utilisateurs du chat par SMS. Cette manipulation empêche les spectateurs et les spectatrices de commenter un live sans avoir enregistré leur numéro de téléphone auprès de Twitch. Pour la streameuse Nat’ali qui a utilisé ce système, cette mesure est trop coûteuse pour les Twitcheurs et Twitcheuses et permet surtout à la plateforme de se défausser de sa responsabilité :

« J’ai utilisé la vérification du numéro pendant deux mois et j’ai perdu des abonnées. En tant que créatrice de contenus, je me retrouve à choisir de perdre des revenus pour pouvoir me protéger. » Malgré le stress de voir arriver des messages haineux, elle confie préférer laisser le chat ouvert à toutes et tous.

Pour fournir des outils pédagogiques à sa communauté, Twitch a créé deux vidéos afin de prévenir le harcèlement en ligne et donner des outils pour le combattre. Mises en ligne le 15 février 2022, ces deux capsules pâtissent cependant d’un manque criant de visibilité puisqu’elles ne cumulent pas plus de 1 200 vues sur Youtube.

Grâce à leurs abonnements, leurs dons et le visionnage de publicités, les spectateurs et spectatrices représentent la principale source de revenus de la plateforme. Ainsi, limiter les actions d’une personne toxique permet de rendre la communauté plus saine mais, pour Twitch, c’est aussi prendre le risque de perdre de l’argent.

À lire aussi : Après avoir révélé l’emprise dans laquelle elle vit, la streameuse Amouranth de retour sur Twitch

Visuel de Une : Unsplash / Caspar Camille Rubin

Publié le 10 janvier 2023 à 07h25


https://www.madmoizelle.com/des-streamers-lancent-un-nouvel-outil-pour-lutter-contre-le-cyberharcelement-sur-twitch-1480731

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L’influence de masculinistes comme Andrew Tate, source d’inquiétude dans les écoles britanniques

12 Janvier 2023, 04:02am

Publié par hugo

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SOCIÉTÉ
L’influence de masculinistes comme Andrew Tate, source d’inquiétude dans les écoles britanniques
Maëlle Le Corre 09 jan 2023
MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Les discours misogynes portés par des influenceurs masculinistes sur Youtube ou TikTok ont déjà progressivement infusé dans les écoles et auprès des jeunes garçons, s’inquiètent plusieurs observateurs au Royaume-Uni.
Son nom est devenu mondialement connu après sa cuisante humiliation face à Greta Thunberg, puis son arrestation dans la foulée dans le cadre de l’enquête qui le vise pour trafic d’êtres humains. Andrew Tate, influenceur masculiniste aujourd’hui détenu en Roumanie pour un mois, a beau avoir été brièvement la risée des internets, il détient toujours une force de nuisance colossale, comme s’en inquiète Michael Conroy auprès de The Guardian.

andrew tate pizza gate
Selon Michael Conroy, fondateur de Men At Work, une association de lutte contre le sexisme qui forme les adultes à répondre aux stéréotypes de genre au Royaume-Uni, l’influence d’Andrew Tate est bien présente dans les cours d’école et auprès des jeunes garçons qui ont déjà intégré certains préjugés misogynes : « Les algorithmes rendent possible à quelqu’un comme Tate d’être massivement bien connu des garçons de 14 à 18 ans. »

Des garçons fascinés par les discours sexistes et virilistes
Il constate que le nom d’Andrew Tate revient dans chaque établissement où il est intervenu auprès de professeurs. Il affirme que des élèves exprimeraient des remarques empreintes de culture du viol et de victim-blaming. En outre, ce sont aussi les enseignantes qui feraient les frais de « micro-agressions » de la part des garçons en classe : c’est par exemple le cas d’une institutrice qui a découvert la mention « MMAS » écrite à l’arrière du devoir à rendre d’un élève de 10 ans. Une référence à un meme masculiniste, Make me a sandwich, dont elle n’avait aucune connaissance.

Les jeunes garçons et adolescents seraient donc particulièrement réceptifs aux messages d’influenceurs charismatiques de la trempe d’Andrew Tate, qui banalisent, voire valorisent les comportements dénigrants et violents à l’égard des femmes, mettant en scène ce type de comportements comme des preuves de leur virilité. Andrew Tate agite le fantasme d’un déclassement des hommes et fait miroiter l’idée que pour devenir un homme, il faut aussi atteindre une certaine réussite sociale.

Une adjointe de direction d’un établissement scolaire de Southport explique : « Les garçons sont attirés par lui parce qu’il leur dit qu’il a du succès et qu’il est riche. Il leur vend un style de vie. Quand on mentionne sa haine des femmes, certains l’excusent par le fait qu’il s’agit juste de créer un modèle de vie où l’on réussit pour soi. »

Une « radicalisation » masculiniste dans les écoles ?
Est-ce une autre marque d’un backlash global à l’égard du mouvement féministe ? De quoi en tout cas saper les espoirs de voir la génération à venir plus consciente et moins sexiste. Il s’agit aujourd’hui de ne pas fuir le problème, mais bien au contraire, de l’affronter. Car un fossé entre élèves et membres des équipes pédagogiques existe, tant ces derniers ne sont pas toujours très au fait de ce qu’il se passe sur Instagram ou TikTok et préfèrent faire comme s’il ne s’agissait que d’un problème très anecdotique. Mépriser les discours des influenceurs ne résout rien, il faut ouvrir le dialogue. Michael Conroy s’inquiète d’un véritable phénomène de radicalisation masculiniste en ligne, comme il l’explique auprès du Daily Mail :

« On peut être très influent dans sa propre sphère algorithmique tandis que la plupart des gens dans la rue ignorent de quoi il s’agit. Ce sont deux mondes à part. Mais c’est problématique car cela passe sous les radars pendant un temps et, parce que cela n’est pas dans les médias mainstream, les parents ne voient pas ce que leurs enfants sont en train d’absorber. »

À lire aussi : Maternité et téléréalité : entre rédemption illusoire et promotion de valeurs conservatrices

Crédit photo : Digi24 (capture)

Publié le 09 janvier 2023 à 18h12


https://www.madmoizelle.com/linfluence-de-masculinistes-comme-andrew-tate-source-dinquietude-dans-les-ecoles-britanniques-1481811

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Sexisme aux Musées royaux des Beaux-Arts ? Une partie du personnel dénonce des "comportements inappropriés"

22 Décembre 2022, 08:11am

Publié par hugo

 Sexisme aux Musées royaux des Beaux-Arts ? Une partie du personnel dénonce des "comportements inappropriés"

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20 déc. 2022 à 15:32

Temps de lecture
9 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
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Depuis la publication, le 16 décembre dernier, d’une lettre ouverte signée par 31 des 176 salarié·es des Musées Royaux de Beaux-Arts de Belgique, et dénonçant notamment des dysfonctionnements au sein de l’institution, les langues continuent à se délier à l’encontre du directeur du musée, Michel Draguet.

En effet, 6 employé·es ou ancien·nes employé·es, dénoncent des comportements inappropriés qui, dans une ère post-MeToo, auraient du mal à passer : "On se trouve face à quelqu’un qui est bloqué dans le siècle passé. Il n’hésite pas à faire des remarques qui sont complètement inappropriées, sexistes ou racistes, même en réunion. C’est grave car il s’agit d’une institution publique, financée par les contribuables belges. Il y a un vrai ras-le-bol en interne !", explique l’une des personnes que nous avons pu interviewer et qui souhaite garder l’anonymat.

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"Des conditions de travail épouvantables" : des employés du Musée des Beaux-Arts de Bruxelles pointent du doigt leur directeur Michel Draguet

"D’après moi, le sexisme est une des techniques d’intimidation, parmi d’autres, qui est mise en place au sein des Musées des Beaux-Arts", explique une autre personne. "Et les employées qui sont étiquetées un peu trop féministes sont régulièrement humiliées. Alors que le public est en attente de réponses de notre part sur ces questions importantes de société, qui se posent aussi dans l’art bien évidemment, on ne peut pas s’en emparer aux Musées des Beaux-Arts. En ce moment, il y a une bâche sur la façade en solidarité avec les femmes iraniennes… C’est de la récupération. Cela se limite à la façade ! Cela ne se reflète pas à l’intérieur des Musées."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

"Pouvoir total"
Ainsi, les employé·es auraient reçu l’interdiction d’utiliser l’écriture inclusive. "C’est très usant car on s’auto-censure sur ces sujets, cela crée un climat de stress et de peur car Michel Draguet décide de manière unilatérale, il n’y a pas de débat possible", souligne une personne interrogée.

Dans la même logique des difficultés à débattre en interne sur certaines questions, plusieurs personnes évoquent également l’exposition Picasso qui se déroule en ce moment aux Musées des Beaux-Arts. Récemment, les relations du peintre espagnol envers ses compagnes et sa vision des femmes en général ont fait l’objet de plusieurs relectures et remises en question. "Mais on n’a absolument pas pu aborder ces aspects dans l’exposition elle-même", nous dit-on en interne.

Plusieurs personnes témoignent dans le même sens : "Dans le monde de l’art, tout le monde est au courant. Il est très difficile de collaborer avec lui."

C’est grave car il s’agit d’une institution publique, financée par les contribuables belges

"Je suis écœurée par ce que j’entends à l’intérieur du Musée. Le directeur a un pouvoir total et c’est le règne de l’impunité. Il est temps que ça change", explique une personne qui continue : "Depuis vendredi, depuis la sortie de la lettre ouverte, je suis contente que ce type de comportement soit dénoncé publiquement mais j’ai aussi très peur des représailles". Une phrase qui reviendra à plusieurs reprises au cours de nos interviews.

"Dans ma communication avec lui, j’ai senti que cela pouvait très vite basculer vers quelque chose d’inapproprié ", ajoute une autre femme interviewée. Certaines femmes mentionnent encore des messages ou commentaires "sur le ton de la drague", qui les ont mises "mal à l’aise".

"Je comparerais les Musées des Beaux-Arts au Titanic"
Une partie du personnel des Musées serait "réactionnaire", selon une ancienne employée. "Je suis encore hallucinée par tout ce que j’ai entendu lorsque j’y travaillais. Cela a contribué au fait que je ne m’y sente pas à ma place. C’était trop éloigné de mes valeurs. Et puis, il y a un vraiment une mauvaise ambiance au sein de l’institution, il y a trop peu de personnel pour effectuer un travail énorme. Je comparerais les Musées des Beaux-Arts au Titanic : les gens tombent les uns après les autres."

Plusieurs personnes dénoncent des cris et des hurlements de la part de Michel Draguet envers les employé·es. Une ancienne employée confirme : "Je devais prendre des calmants pour aller travailler. C’était horrible. Il a aussi décrit l’ancienne responsable de communication en disant qu’elle avait ‘l’intelligence d’un vagin’. J’étais vraiment gênée, j’ai trouvé ça sexiste. Il s’est référé à un artiste devant moi en disant : ‘L’autre pédale’."

Les gens tombent les uns après les autres

Depuis quelques semaines, ces réflexions inappropriées, pour une partie du personnel, sur le féminisme, "le wokisme", etc., semblent même faire l’objet d’une page Instagram faussement parodique, toxiculture.bd, dans laquelle les punchlines d’un directeur de musée sont mises en scène dans des saynètes dessinées. Certaines personnes y reconnaitraient "le comportement de Michel Draguet".

Un professeur "haut en couleur"
Le directeur des Musées des Beaux-Arts est par ailleurs professeur au sein du master en histoire de l’art et archéologie à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Il y donne deux cours : questions d’histoire de l’art moderne et contemporain, ainsi qu’un séminaire sur les arts du 19e siècle. Lors de nos échanges avec les étudiantes, il a été plusieurs fois mention du fait que Michel Draguet est perçu comme un "professeur haut en couleur, qui sait très bien parler et qui est intimidant".

Deux anciennes étudiantes qui ont suivi ces cours se souviennent notamment de l’examen oral avec ce professeur comme d’un "moment humiliant". "Tu te sens comme une merde lors de cet examen, et je suis plutôt bonne élève. En plus, il m’a interrogée sur l’influence de l’art africain sur Picasso et je voulais vraiment parler d’appropriation culturelle mais je n’ai pas osé, car cela ne serait pas passé avec ce professeur. C’est impossible d’aborder ces questions face à lui", explique l’étudiante. "Il n’est pas rare que des étudiants sortent en pleurs de cet examen, c’est arrivé à l’un de mes amis. Ta note dépend de lui donc tu t’adaptes pour essayer de réussir, tu ne lui réponds pas quand il dit des choses limites. C’était la dernière matière pour valider mon master. Oui, je me suis tue", regrette l’autre étudiante.

Elle poursuit : "Au début, j’aimais bien ses cours. C’est un professeur qui a une aura particulière, on aime l’écouter parler… et il aime bien s’écouter parler aussi ! J’ai compris que ses cours sont une tribune. J’ai entendu des phrases transphobes et sexistes lors de ses cours. C’est quelqu’un qui donne l’impression de laisser de la place au débat, mais c’est lui qui aura le dernier mot. Il parle en classe des dérives du ‘mouvement woke’. Il parle de l’art aborigène ou donne son avis sur la restitution d’œuvres d’art africain, ce qui est quand même assez particulier." Elle continue : "Lors de l’examen oral, il a essayé de prononcer plusieurs fois mon nom, et je précise que je ne m’appelle pas Marie. Puis, il a dit : ‘Désolé, je ne parle pas la langue.’"

Les deux anciennes étudiantes indiquent avoir voulu porter plainte auprès de l’université mais qu’elles en ont été "dissuadées", notamment par la cellule Cash-e. Elles estiment aussi que les informations concernant les plaintes pédagogiques ne sont pas facilement accessibles aux étudiant·es. "On connaît bien les sanctions qui s’appliquent aux étudiant·es. Pour des professeurs qui ont ce type de comportements, je ne sais pas du tout. Quelles sanctions risque-t-il ?", questionne l’une d’entre elles.

Il a dit : ‘Désolé, je ne parle pas la langue'

"Lorsqu’une procédure est ouverte auprès des autorités, nous la traitons avec la plus grande attention et nous nous engageons à aller jusqu’au bout, en prenant les mesures qui s’imposent. [...] Aucune plainte n’a, à ce jour, été déposée auprès du Vice-recteur aux affaires étudiantes à l’encontre du professeur mentionné dans votre article", confirme la cellule communication de l'ULB. "L’ULB défend avec vigueur l’égalité et la non-discrimination, nous disons NON à toute forme d’agressions et de violences. Consciente de sa responsabilité dans la lutte contre les violences et les discriminations, l’ULB invite les victimes à se manifester auprès des autorités compétentes, qu’il s’agisse de violence, de harcèlement ou de toute forme de discrimination."

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"Je me revendique féministe car universaliste"
Nous avons contacté Michel Draguet, et lui avons envoyé nos questions par écrit à sa demande. Il nous a répondu dans une longue lettre de plusieurs pages.

Sur la présence des questions féministes ou décoloniales au sein des Musées, il écrit : "Je veux ici rappeler que les Musées royaux sont une institution scientifique et non de militantisme. Nous travaillons de manière objective comme l’enseigne la dynamique scientifique. Ainsi, en ce qui concerne Picasso, nous avons pris un certain nombre de mesures. Celles-ci s’avéraient nécessaires vu l’écho donné à un podcast qui incriminait l’artiste. En interne, pour répondre aux sensibilités de certains ou de certaines, nous avons engagé une animatrice néerlandophone et un autre, masculin, de registre francophone. Ceux-ci ont permis au personnel de s’exprimer librement et de réfléchir à la problématique soulevée tout en anticipant les questions qui pourraient venir du public. Pour le public, nous avons organisé un programme de conférences où des spécialistes [essentiellement des femmes] ayant travaillé la question ont pu contextualiser et remettre en perspective les faits reprochés au peintre."

En ce qui concerne l’écriture inclusive, "nous sommes une institution fédérale, souligne Michel Draguet. "Cette pratique n’est pas développée en Flandre et aucune obligation légale ne l’impose actuellement. Je n’empêche pas le personnel de l’utiliser dans sa correspondance propre, mais, par souci d’équilibre avec la langue néerlandaise – et par conviction personnelle, ce qui est encore un droit élémentaire –, je ne souhaite pas la voir appliquée pour la communication du musée." Il poursuit : "Par ailleurs, je ne pratique ni le cri, ni le hurlement."

Quant aux messages s’apparentant à de la "drague", "je ne m’y reconnais pas, réagit Michel Draguet. "La ‘drague’ que vous évoquez ne constitue certainement pas une pratique justifiable ou à justifier. Je pratique en revanche souvent l’humour pour améliorer la convivialité des réunions. Je ne vois vraiment pas à quoi il est fait allusion. D’autant qu’il est rare que je m’adresse à des collaborateurs sans mettre leurs chefs de service et/ou mon secrétariat en copie."

Je veux ici rappeler que les Musées royaux sont une institution scientifique et non de militantisme

En ce qui concerne les cours donnés à l’ULB, "j’ai davantage le souvenir d’étudiantes surprises d’avoir réussi plutôt des pleurs d’avoir été humiliées. […] J’attire votre attention sur le fait que les enseignants de l’ULB sont régulièrement soumis à des avis dits pédagogiques qui recueillent la critique des étudiantes et des étudiants. En trente-deux ans de carrière, je n’ai jamais reçu de critiques sur ce plan. […] je ne me suis jamais vu en raciste antiféministe. […] mais je ne cache pas mon questionnement intellectuel à l’égard des dérives qui transforment la recherche scientifique en posture militante. J’ai toujours conçu mes cours comme un exercice de critique historique guidée par le libre-examen."

Et le directeur de conclure : "Je me revendique féministe car universaliste. Je l’ai d’ailleurs clairement affirmé lors de la pose de la bâche en soutien aux femmes iraniennes sur la façade des Musées royaux des Beaux-Arts. […] Si j’ai choisi ces sujets [tels que Picasso ou la restitution d’œuvres d’art africain], c’est précisément parce qu’ils sont au cœur de notre société et que l’université comme le musée sont des lieux de réflexion et de contextualisation basés sur l’analyse critique de faits objectifs."

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Michel Draguet brigue un quatrième mandat de directeur des Musées des Beaux-Arts de Belgique. Les travailleurs et travailleuses qui s’expriment dans la lettre ouverte du 16 décembre demandent que l’évaluation se fasse "en toute transparence" et que les "dysfonctionnements" soient pris en compte.

Contacté par nos soins à ce sujet, Thomas Dermine, en charge de ce renouvellement en tant que ministre chargé de la Politique scientifique et des musées fédéraux, répond : "J’attends les conclusions du Service externe de prévention et de protection au travail Empreva pour établir les faits. Toutefois, je souhaite insister sur l’importance du bien-être au travail et indiquer que je condamne toute forme de sexisme. Les musées publics doivent être particulièrement exemplaires à ces égards car ils sont des lieux de culture et donc aussi de transmission de valeurs."

Ce 19 décembre, syndicats et direction des Musées royaux des Beaux-Arts se sont en effet réunis dans le cadre du Comité de Concertation en présence des conseillers d’Empreva, le Service commun de prévention de la fonction publique. Après un tour d’horizon de la situation, il a été décidé de commander à Empreva une enquête psycho-sociale concentrée sur les 49 membres de la direction opérationnelle des services aux publics. Cette enquête écrite sera menée confidentiellement par Empreva.

Musées royaux : une lettre ouverte cible le directeur - JT 16/12/2022

Musées royaux : une lettre ouverte cible le directeur
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La Mère Noël est-elle une invention sexiste ou une icône féministe ?

19 Décembre 2022, 04:56am

Publié par hugo

 La Mère Noël est-elle une invention sexiste ou une icône féministe ?
Publié le Vendredi 20 Décembre 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
La Mère Noël, symbole vieillot bien miso ou icône féministe ?
La Mère Noël, symbole vieillot bien miso ou icône féministe ?
Si vous n'avez vu ne serait-ce qu'un téléfilm de Noël, vous visualisez ses traits. Une mémé débonnaire, toute de rouge vêtue, mais discrète, dans l'ombre de son mari. Oui oui, je parle bien de la Mère Noël. Un personnage qui sans cesse oscille entre sexisme... et féminisme.
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A l'instar des cookies, du verre de lait frais, des guirlandes et de la cannelle, elle est indissociable des festivités hivernales. Et pourtant, on ne lui accorde qu'une place de figurante. Comme si elle faisait simplement partie du décor, alors qu'elle devrait tenir le haut de l'affiche. Oui, la Mère Noël, ou Mrs. Claus de son premier nom (car c'est avant tout la culture anglophone qui l'honore) est un personnage folklorique majeur mais trop mésestimé.

Il faut dire qu'à première vue, elle ne nous inspire pas tellement, maman Noël. Figure évocatrice de la pop culture, elle paraît désuète, issue d'un ancien temps, si ce n'est d'un vieux monde - à l'image de son mec barbu et millénaire. Mais aujourd'hui, l'heure est au retour de hype. Nombreuses sont celles à remettre "madame" Claus au goût du jour. Et si cette épouse aimante était la super-héroïne féministe dont Noël avait tant besoin ?

Sexisme, cookies et guirlandes
"Santa Clause 3", avec Tim Allen. Et une jeune Mrs. Claus.
"Santa Clause 3", avec Tim Allen. Et une jeune Mrs. Claus.
C'est une femme âgée. Ses cheveux sont blancs comme neige. Vêtue d'une robe de fourrure rouge et verte, elle a l'air d'une "mamie gâteau", souriante et généreuse. Mais c'est avant tout à son (très célèbre) mari et à son armée d'elfes et de lutins que cette épouse patiente se consacre dans sa demeure du Pôle Nord, participant à la préparation des cadeaux ou à l'ouverture des lettres, envoyées par des milliards d'enfants à travers le monde. Voici à quoi ressemble la Mère Noël dans l'inconscient collectif.

Cela fait plus d'un siècle que cette représentation existe. Plus précisément, depuis la publication en 1849 de la nouvelle "A Christmas Legend", par James Rees, tel que le rappelle cet historique du Women's Museum. Et là encore, elle n'a toujours pas de nom ! Il faut attendre l'année 1851 pour qu'on lui attribue celui (très formel) de "Mrs. Claus". Durant toute la seconde moitié du dix-neuvième siècle, cette "Mère" (ou plutôt, grand-mère) sera avant tout "la femme de", une silhouette qui n'a que peu d'importance face à son exubérant époux, évoquée dans des revues et livres pour enfants, comme le Lill in Santa Claus Land and Other Stories d'Ellis Towne. Ses apparitions sont ponctuelles. Et surtout, pas vraiment "girl power"...

"Mrs. Santa Claus", une Mère Noël traditionnelle ?
"Mrs. Santa Claus", une Mère Noël traditionnelle ?
Car avouons-le, le descriptif qu'en fait le Women's Museum ressemble plus à une pub Ferrero qu'a un tract féministe. La Mère Noël serait celle qui, vêtue de parures aux couleurs chaleureuses, prépare les biscuits dans sa cuisine, pendant que son mari s'occupe de délivrer les cadeaux et de préserver "l'esprit de Noël" (le fameux). On l'imagine même repriser ses chaussettes.

Tel que l'indique le site Mental Floss, les premières évocations du dix-neuvième siècle la dépeignent comme une femme "enthousiaste, responsable, douce et serviable". Pas de quoi rêver donc. Responsable, car son comportement est censé contraster avec le caractère parfois infantile de son époux. Bref, dans cet univers de conte de fées inoffensifs, la "maman" s'active aux fourneaux tandis que c'est l'époux qui tient les rênes...

Et Maman Noël devint badass
La Mrs. Claus badass de Marks & Spencer.
La Mrs. Claus badass de Marks & Spencer.
Et pourtant, il ne serait pas très urbain de la juger trop vite. Et même déplacé. Car dès la parution et le succès en 1889 du poème de l'écrivaine Katharine Lee Bates, "Goody Santa Claus on a Sleigh Ride", le personnage de Mrs. Claus affirme son caractère face à son mari bedonnant : elle insiste pour distribuer les cadeaux et glisser dans les cheminées ! C'est bien naturel : il n'y a pas de raison que "Santa" soit une fonction exclusivement masculine. Son époux (un brin macho à la base) finit par accepter, et tous deux, une fois la mission accomplie, retournent en Arctique, heureux.

En 1889 déjà, la Mère Noël affirme sa volonté-propre. Et démontre que son rôle ne se limite pas à la confection des cookies. "C'est une boule de feu", s'enthousiasme carrément Mental Floss, louant la "fougue" et la "nervosité" de cette femme déterminée qui combat les stéréotypes de genre. "Frayant un chemin lumineux pour les femmes qui viendront après elle, Mrs.Claus a prouvé que tout ce qu'un homme peut faire, une femme peut le faire aussi !", se réjouit encore le site. Un gros boost d'empowerment pour le moins inattendu.

C'était en 1889, tout de même. Et depuis ce "Goody Santa Claus", la Mère n'a cessé d'osciller entre apparition fugace désignée pour s'occuper des fourneaux (dans L'étrange noël de Monsieur Jack par exemple) et figure de première importance, à même d'assurer là où Santa Claus échoue parfois - comme dans le conte How Mrs. Santa Claus Saved Christmas de Phyllis McGinley : "Comment la Mère Noël a sauvé Noël".

"Les chroniques de Noel II" : Mrs. Santa Claus version Netflix...
"Les chroniques de Noel II" : Mrs. Santa Claus version Netflix...
Jusqu'à ce que cette femme ne (re)devienne ce qu'elle a toujours un peu été, au fond : une figure féministe. C'est tout du moins ainsi que l'envisage la célèbre chaîne de magasins britannique Marks & Spencer. Une publicité imaginée par la marque en 2016 met une scène une méconnaissable Mère Noel. Incarnée par la comédienne anglaise Janet McTeer, la "queen" du Pôle Nord est une très charismatique quinquagénaire qui, pleine d'assurance et d'initiative, sauve Noël (oui, encore !) non pas en traîneau mais... à bord d'un hélicoptère. Rouge, évidemment.

Cerise sur la bûche, elle se permet de distribuer des baskets à la petite Anna, et non pas une poupée, histoire de mieux envoyer valser d'un revers de son gant toute assignation de genre malvenue. Totalement imprégnée des codes des fêtes (bons sentiments, fraternité, imaginaire féerique), cette révision fait de notre protagoniste une figure enfin émancipée. C'est avec un flegme so british et l'assurance d'une James Bond que "Madame Claus" se réapproprie un devoir trop longtemps attribué à son mari. Elle ne cuisine plus les biscuits, mais les mange. La "mamie gâteau" est devenue une super-héroïne, musique de grosse machine hollywoodienne à l'appui.


Cette réécriture du personnage est dans l'air du temps, bien sûr. Mais surtout, elle nous rappelle à quel point il peut être important "d'actualiser" les mythes modernes afin de faire évoluer les mentalités. Car il n'y a rien d'anodin à faire briller une figure féminine à ce point effacée. Surtout lorsque celle-ci fut trop longtemps cantonnée aux tâches "d'arrière-plan". En vérité, c'est le cas de bien des femmes durant cette période de l'année, "au foyer" ou non. Tout au long du mois de décembre, nombreuses sont celles - comme les mères de famille - à se charger, elles aussi, de "sauver Noël", pendant que leur conjoint part en vadrouille. S'occuper du sapin, de la décoration de la maison, des cadeaux, des repas, des invités, du nettoyage...

En résulte bien sûr une charge mentale considérable. Or, puisque ce sont les femmes qui font Noël, il serait bien peu opportun d'attribuer tout le mérite à une figure masculine si sacralisée, pas vrai ? Conte de fées ou pas. "Et si le Père Noël était une femme ?", s'interroge d'ailleurs le site Psychology Today. Force est de constater qu'aujourd'hui encore, la Mère Noël semble cruellement absente des livres, représentations populaires et autres galeries marchandes. Or, pourquoi ne pas offrir aux enfants des héroïnes féminines à aduler, de celles qui alimentent les récits au coin du feu ? Ce n'est pas juste de l'imagination, mais un réel enjeu d'éducation.

"Ce serait bien de donner à nos enfants, en particulier à nos filles, un personnage à qui ils peuvent s'identifier", poursuit Psychology Today, qui perçoit à travers "Maman Santa" un grand nombre de cases cochées dans le genre "role model" : "la persévérance, l'empathie, la réflexion, le courage, les compétences organisationnelles, la résolution de problèmes, la gentillesse".

Et le journaliste de conclure : "Je propose de redéfinir le Père Noël". Rendre à Mrs Claus la place qu'elle mérite serait déjà un bon début. Car le féminisme, lui aussi, a le droit de squatter le pied du sapin.

CULTURE NEWS ESSENTIELLES NOEL SEXISME 


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La charge mentale des femmes explose à Noël : comment y remédier (outre abolir le sexisme) ?

19 Décembre 2022, 03:31am

Publié par hugo

 SOCIÉTÉ
La charge mentale des femmes explose à Noël : comment y remédier (outre abolir le sexisme) ?
Charlotte Bernard 18 déc 2022

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MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Àl’approche des fêtes de fin d’année, qu’elles soient jeunes adultes, mères de famille, voire grands-mères, de nombreuses femmes angoissent. En cause : le stress supplémentaire que génère cette période de l’année pourtant supposée être faite d’amour et de moments de joie en famille.
Qui n’a jamais stressé à l’approche de Noël ? Si les raisons peuvent être diverses, comme la peur d’être confronté à sa famille avec qui on ne partage pas les mêmes idées sur tout, la crainte de retomber dans une dynamique parent-enfant invivable ou encore celle de devoir mimer la joie en déballant une année de plus le sweat immettable offert par tante Linda comme tous les autres Noël, la to-do list qui ne désemplit jamais en cette période reste bel et bien pour bon nombre de femmes l’une des sources  de stress les plus importantes.

Selon une étude IPSOS pour Qare parue en novembre dernier, 40% des femmes déclarent être carrément angoissées à l’approche des fêtes de fin d’année. 53% d’entre elles sont des mères de famille de 35 à 54 ans. Sans surprise, Noël ne fait donc qu’amplifier la charge mentale que les femmes subissent déjà quotidiennement le reste de l’année. Les hommes, eux, ne se sentiraient globalement pas concernés par le sujet, à 62%. 

Les fêtes de fin d’année, l’apogée de la charge mentale 
Margot est étudiante en cinéma. Mais si elle est actuellement en train de vivre une grande période de stress, ce n’est pas à cause de ses examens à venir. En réalité, c’est la période de Noël qui approche à grands pas qui la rend anxieuse : 

« Je n’ai pas à me préparer à recevoir ma famille ou à préparer le repas, mais Noël reste tout de même une grande période de stress. Je dois penser aux cadeaux des uns et des autres, aider mes amis garçons qui n’ont jamais d’idées, les accompagner faire leurs propres courses, car ils disent ne pas savoir faire, les conseiller… Et je n’ai jamais le coeur à leur dire non, malheureusement. Quand je pense au jour-j, je vais aussi avoir la boule au ventre : je vais devoir aider à préparer, servir le repas, débarrasser la table… Car c’est ce que les filles polies doivent faire dans ma famille »

Un témoignage qui n’étonne pas Aurélia Schneider, psychiatre et autrice du livre La charge mentale des femmes… et celle des hommes. Elle nous rappelle que, bien que les deux genres soient exposés à une charge mentale, la répartition de celle-ci reste encore aujourd’hui très genrée. Ce qui expliquerait également que 62% des hommes interrogés lors de l’étude IPSOS citée plus haut ne se sentent pas concernée par la question de la charge mentale à Noël : 

« Pour reprendre les bases, la charge mentale, c’est le fait de devoir penser à plusieurs choses en même temps. Par exemple, quand on est au travail, de devoir penser à plusieurs tâches en même temps, ou de devoir penser à la fois à son travail et aux courses à faire pour les enfants. Les hommes sont exposés à cette charge mentale, mais elle se cantonne généralement au travail, tandis qu’en ce qui concerne le foyer, la tâche incombe aux femmes. »

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La charge mentale des femmes et celle des hommes, d’Aurélia Schneider.
Accepter de déléguer afin de pouvoir souffler 
Rien de nouveau sous le soleil, donc, ce qui ne veut pas dire pour autant que la situation est complètement figée. Véronique*, mariée et mère de famille, a décidé depuis 2 ans de ne plus organiser de grands festins pour Noël. Ce déclic, elle l’a eu au moment du Covid, où, par précaution, elle avait décidé de ne fêter Noël qu’avec son mari et sa fille : 

« Ça a été une véritable révolution pour moi de voir qu’il était possible de passer un bon Noël en famille sans forcément mettre les petits plats dans les grands. Le repas était simple, la soirée aussi, mais tout le monde était content. Moi la première, qui n’ai pas eu à courir partout pour aller faire les courses de Noël, préparer le repas, faire le ménage… Depuis, nous ne fêtons Noël qu’à trois, et c’est bien mieux ainsi. »

Un témoignage inspirant donc, qui invite à questionner ses priorités sans pour autant sacrifier ces fêtes de fin d’année en famille. 

Autre solution proposée par la psychiatre Aurélia Schneider, se faire violence et apprendre à déléguer pour pouvoir enfin souffler : 

« L’astuce, c’est vraiment de s’attribuer une tâche à chacun, et se mettre en tête que la tâche doit être effectuée de A à Z par la personne qui en est en charge, sans avoir à penser aux autres tâches qu’on a déléguées. Ça peut paraître simple dit comme ça, mais je sais que de nombreuses femmes ont du mal à le faire. Pour ma part, j’ai appris à vraiment délégué en essayant de ne pas penser aux tâches qui ne me concernaient plus. Quand la personne avec qui je partage ma vie doit s’occuper de la vaisselle, ça passe par le remplissage jusqu’au rangement dans les placards, et je n’interviens à aucune étape du processus. Je laisse faire, même si j’ai peur que cela soit mal fait. » 

Trouver des stratégies pour déculpabiliser 
Problème avec cette astuce, c’est qu’on a vite fait de culpabiliser que les choses ne soient pas parfaites. Un problème de taille, surtout lorsqu’on a tendance à se comparer, mais qui peut très vite être éliminé, poursuit la psychiatre : 

« À l’ère des réseaux sociaux, il est difficile de ne pas courir après la perfection : la meilleure soirée de Noël, la meilleure déco, le meilleur repas, la meilleure tenue… Même si on sait que ce que l’on voit sur les réseaux sociaux n’est pas la réalité, on a tendance à l’identifier comme tel. Je conseille donc de parler à des amies, celles qui sont de confiance et dont on ne craint pas le jugement, et de voir comment chacune s’organise. Ainsi, on réalise rapidement que chacun fait comme il peut : une telle fera l’impasse sur la déco et le ménage, tandis que l’autre se contentera d’amuse-bouche surgelés pour le réveillon. Remettre les choses en perspective aide à relâcher la pression, et partager ce genre d’informations avec des proches est la meilleure technique pour se soulager »

Des conseils qui peuvent être utiles, bien qu’une fois de plus, se décharger de ce poids est une tâche qui incombe bien trop souvent exclusivement aux femmes.

S’il est répandu, donc, d’éprouver beaucoup de stress à cette période, ressentir une forte charge mentale à l’approche de Noël n’est pas une fatalité en soi : avec beaucoup de progrès sur la charge mentale et un peu d’aménagement stratégique, on peut réussir à s’alléger d’un poids, aussi petit soit-il.

À lire aussi : Charge domestique : suffirait-il de lâcher prise pour préserver sa santé mentale ?

*Le prénom a été changé

Crédit de l’image à la Une : Unsplash


https://www.madmoizelle.com/la-charge-mentale-des-femmes-explose-a-noel-comment-y-remedier-outre-abolir-le-sexisme-1473809

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Noël : les publicités pour jouets encore trop genrées selon l’Arcom

11 Décembre 2022, 02:05am

Publié par hugo

Noël : les publicités pour jouets encore trop genrées selon l’Arcom
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Écrit par Lola Breton
|
Le 08.12.2022 à 11h13
Modifié le 08.12.2022 à 11h31
Une étude de l’Arcom révèle que les publicités pour jeux et jouets sont encore faites de stéréotypes de genre à la télévision française. Malgré les discussions multiples sur le sujet et l’existence d’une charte pour lutter contre ces stéréotypes, garçons et filles sont encore assignés à des rôles et des jouets précis.

Àmoins de trois semaines de Noël, les magasins de jouets sont pris d’assaut. Il faut trouver les cadeaux parfaits pour les enfants de notre entourage. Et contrairement à ce que l’on pourrait espérer, les jeux et leurs publicités sont encore remplis de stéréotypes de genre. C’est la conclusion d’une étude menée par l’Arcom, le gendarme des médias, et relayée par le magazine Elle. Selon l’autorité de régulation, en 2022, la majorité des publicités pour jouets “reposent sur des stéréotypes assignant à chaque genre des jouets et des activités qui leur sont conventionnellement destinés”. Un biais que le CSA (ancêtre de l’Arcom) pointait déjà du doigt en 2017.

Il faut croire que le problème n’est pas réglé. Et ce malgré la signature, en 2018, d’une charte des engagements volontaires pour la lutte contre les stéréotypes sexuels. En cinq ans, l’autorité de régulation note encore une sous-représentation des filles (18 %) dans les publicités pour jeux et jouets dits “masculins” comme les voitures, les pistolets ou les dinosaures. Que dire alors de la présence des petits garçons dans les publicités pour poupées, coiffure ou figurines de chevaux ? Ils sont quasiment inexistants et n’apparaissent que dans 8 % des cas.


Les publicitaires à l’ouest
Sans surprise, ces inégalités de représentation mènent à des stéréotypes de genre. Dans les publicités destinées aux petits garçons, ce sont donc eux que l’on voit à l’écran jouer avec des voitures, des skateboards ou se dépenser dans la nature. Ils testent les jeux face aux acheteurs potentiels, rarement accompagnés de filles.

Mais si les petites filles parviennent parfois à faire des publicités pour les voitures ou les jeux d’aventures, le monde de la poupée, lui, est complètement fermé aux garçons. C’est en tout cas le message que veulent faire passer les publicitaires. Seuls 4 % des enfants aperçus à la télévision une poupée à la maison sont des garçons. Un chiffre qui ne revêt aucune cohérence avec ce que l’on sait des habitudes de jeux des enfants. Une étude française de très grande ampleur, publiée en octobre 2022, indique qu’à 2 ans, 19 % des garçons jouent à la poupée tous les jours ou presque. Et ce nombre augmente largement chez les garçons qui ont des sœurs.

Le fait de catégoriser les jeux et jouets par genre est déjà, en soi, un problème. S’il faut le rappeler, disons-le, rien n’interdit aux filles de jouer aux petites voitures et les garçons ont tout à fait le droit de placer une tête à coiffer tout en haut de leur liste de Noël. Les publicitaires ont donc des efforts à faire, non seulement en termes d’ouverture d’esprit, mais aussi d’alignement avec la réalité de la vie des enfants français.

À lire aussi ⋙ Les jouets sont-ils réservés aux enfants ? La réponse : non, et de moins en moins
⋙ « Éviter les préjugés sexistes » : l'Espagne interdit les publicités pour jouets genrés


https://www.neonmag.fr/noel-les-publicites-pour-jouets-encore-trop-genrees-selon-larcom-559829.html

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L’école française est-elle raciste et sexiste ?

8 Décembre 2022, 03:12am

Publié par hugo

 L’école française est-elle raciste et sexiste ?

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04 déc. 2022 à 12:51

Temps de lecture
7 min
Par Mélissa Diantete*, une chronique pour Les Grenades
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Yuna Visentin
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Dans son essai Une autre école est possible. Déconstruire l’institution pour se libérer des oppressions, Yuna Visentin nous livre une réflexion audacieuse et engagée sur l’école de la République, celle qui "prépare les jeunes à la place qu’iels auront dans la société".

Autrice, enseignante et mère de deux enfants, Yuna aborde les questions de racisme, sexisme et de classisme présents dans le système scolaire français et met le doigt sur le rôle de l’école dans la reproduction des inégalités. Ce livre publié en août 2022 aux Editions Leduc se présente comme le cri de révolte d’une enseignante qui envoie au tapis un système scolaire propice aux discriminations.

L’institution scolaire, un outil pour renforcer un système de domination

C’est en partant d’un événement qu’elle a vécu comme une agression sur son lieu de travail qu’elle s’est interrogée sur son passé en tant qu’élève. "Je me suis rendu compte que le genre déterminait beaucoup les relations entre les élèves, entre enseignants et élèves mais aussi celles des enseignants entre eux. Cette introspection m’a rappelé que l’école avait été pour moi un lieu où j’avais été très souvent confrontée à des violences sexuelles sans que cela ne soit clairement considéré comme tel", explique-t-elle. Pour elle comme pour d’autres, l’école a été le lieu où se sont prolongées les oppressions présentes dans la société.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Parmi les expériences mentionnées, Yuna évoque un événement survenu lorsqu’elle était encore lycéenne. Face aux comportements déplacés d’un enseignant, la conseillère d’éducation principale (CPE) invite la jeune fille à s’habituer aux comportements déplacés de la gente masculine. Yuna décrit une situation problématique qui normalise un comportement considéré comme regrettable mais avec lequel il faut composer. "La seule chose anormale, bizarre, coupable, c’était moi. J’étais la victime, mais c’était moi le problème".

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L’EVRAS, l’éducation aux relations affectives et sexuelles : des animations encore trop inégales

Comment en est-on arrivé·es là ?
Au fil des pages, on en vient à se demander comment cela est-il possible ? L’école ne devrait-elle pas être le lieu de l’émancipation ou de l’égalité des chances ? Pour répondre à ces questions, l’autrice revient quelques siècles en arrière notamment avec les lois Jules Ferry (fervent défenseur du colonialisme et ouvertement misogyne) qui rendent l’école obligatoire, gratuite et laïque pour tous les enfants entre 6 et 13 ans.

Ces mêmes règles construisent les fondements d’une école mettant en place une forme de hiérarchie entre filles et garçons. Bien entendu, de nombreuses révolutions ont eu lieu depuis cette époque. C’est notamment grâce à ces révolutions que filles et garçons peuvent prétendre à une éducation similaire en France. Cela dit, malgré des décennies de changements, la déconstruction des stéréotypes a été la grande absente de cette révolution pédagogique. Rien n’a été fait pour accompagner les jeunes, les enseignant·es et les professionnel·les dans une réflexion sur le genre et/ou la mixité. Et c’est là tout le nœud du problème.

Pour l’autrice, il devient nécessaire de remettre à plat les discussions sur les assignations de genre. "Les conséquences sont nombreuses et surtout très lourdes. Les filles s’habituent à croire qu’elles doivent rester sur le côté, en observation, qu’elles méritent moins d’espace, qu’elles doivent faire moins de bruit. Un garçon ne se sentira pas plus libre pour autant : s’il échoue à remplir le rôle du dominant qui accapare tout l’espace, il risque de subir les habituelles moqueries qu’on réserve aux garçons qui excèdent la norme masculine. Et c’est ainsi que, jour après jour, les enfants intègrent les injonctions du patriarcat", écrit-elle.

Comment l’école reproduit-elle des schémas racistes ?
Yuna Visentin consacre un long chapitre sur le racisme en France. Elle démontre comment l’école reproduit des discriminations visibles dans la société notamment à travers les contenus qui sont véhiculés ou la manière de s’adresser aux personnes issues de l’immigration postcoloniale.

Les dispositifs pour lutter contre le racisme existent mais, là aussi, les débats de fond ne sont pas clairement abordés. Dans une France où l’impact du passé colonial sur nos sociétés actuelles peine encore à être assumé, il est souvent difficile d’amener un débat sur le système de domination qui découle de cette histoire coloniale.

Bien que la France condamne officiellement le racisme, la réalité de la discrimination raciale ne fait aucun doute, selon Yuna Visentin. Elle s’appuie pour cela sur différentes études dont une enquête de l’Insée (Institut National de la statistique et des études économiques) qui rapporte que dans le monde du travail, à diplôme égal, "les chances d’être embauché chutent à peu près de moitié quand l’origine maghrébine ou subsaharienne des personnes est perceptible".

L’école, ce n’est pas n’importe quel lieu. C’est l’institution qui prépare les jeunes à la place qu’iels prennent dans la société. Les manières qu’elle a d’inclure et d’exclure sont déterminantes dans l’orientation professionnelle des enfants

D’autres chiffres indiquent que les jeunes hommes perçus comme "noirs, arabes ou maghrébins" ont cinq fois plus de risques d’être contrôlés par la police que le reste de la population. Ces tendances n’épargnent malheureusement pas l’école. "Malgré les mythes persistants sur la prétendue exception française, les enquêtes sont formelles : le système français est l’un des plus inégalitaires au monde", souligne-t-elle en reprenant les données du rapport Pisa 2015.

C’est un fait : les élèves sont souvent "orienté.es" vers des choix scolaires basés sur stéréotypes raciaux (et sexistes). Derrière l’illusion de l’égalité des chances, on induit inconsciemment (ou pas) les élèves issus de l’immigration postcoloniale à se préparer aux places que leur réserve la société, à savoir toute une série de métiers mal ou sous-payés. "Et pendant ce temps, les enfants issu·es des classes dominantes peuvent se consacrer à autre chose : faire des longues études, puis de l’argent, gouverner, avoir des métiers créatifs… en un mot, garder le pouvoir."

Elle souligne par ailleurs le manque de diversité dans les contenus étudiés dans les programmes scolaires. "Pour les jeunes non blanc·hes, la réduction du champ des possibles passe également par l’impossibilité de se projeter dans des figures positives dans les contenus scolaires. Si les personnes noires n’apparaissent que dans les chapitres consacrés à l’esclavage, on réduit l’histoire des Afrodescendant·es au fait d’être des victimes passives, qui auraient accepté ce qui leur arrivait sans contribuer à l’histoire humaine (ce qui est faux !). Perpétuer leur représentation comme personnes dominées, c’est risquer de reproduire cette image. En cela, l’école altérise les enfants racisé·es : elle les intègre en les faisant sentir autres, différent·es, extérieur·es à l’histoire qui se joue à l’école."

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Un compte Instagram féministe et antiraciste
Ce manque de diversité est une des raisons pour lesquelles Yuna a lancé son compte Instagram dédié aux lectures féministes et auteur.es non blancs. "Pendant toute ma scolarité on m’a fait lire des écrivain·e·s dont les propos étaient résolument tournés contre moi, en tant que femme (ou aussi en tant que juive) en faisant toujours comme si c’était normal. Que la misogynie soit liée au contexte historique ne change pas grand-chose à ce que cela nous fait ressentir : non seulement que l’on serait inférieur·e, mais qu’on doit l’accepter si l’on veut accéder à la culture".

Les filles s’habituent à croire qu’elles doivent rester sur le côté, en observation, qu’elles méritent moins d’espace, qu’elles doivent faire moins de bruit

Yuna nous invite à continuer à lire les "classiques" mais en y apportant un regard critique et à renouveler ce que nous lisons. "Il existe tellement de livres et de théories extraordinaires. Faisons lire aux jeunes les textes qui leur font du bien et qui leur apprennent à s’estimer !"

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Une source d’espoir pour les générations futures
Cet essai est une critique constructive de l’école en tant que système reproduisant les inégalités et discriminations présentes dans la société française. Bien que les propos de Yuna Visentin concernent l’école française, il y a lieu de s’interroger sur les pratiques courantes en Belgique et sur le rôle de l’école sur la pérennisation d’un système de domination.

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Le travail réalisé par Yuna Visentin ouvre la discussion sur l’avenir du système scolaire et met en lumière l’ampleur du travail à réaliser pour faire bouger les choses. "L’école, ce n’est pas n’importe quel lieu. C’est l’institution qui prépare les jeunes à la place qu’iels prennent dans la société. Les manières qu’elle a d’inclure et d’exclure sont déterminantes dans l’orientation professionnelle des enfants." Le constat dressé dans ce livre est accablant mais l’autrice laisse malgré tout entrevoir la possibilité d’une éducation libératrice, émancipatrice et anti-oppressive.

Il faudra sans doute encore une génération ou deux pour voir les choses changer. Une chose est sûre, le livre de Yuna sera une source d’inspiration pour celles et ceux qui souhaitent croire qu’une autre école est possible.

Une autre école est possible. Déconstruire l’institution pour se libérer des oppressions (sexisme, racisme, classisme), Yuna Visentin, Éditions Leduc, 24 août 2022, 224 pages.

*Mélissa Diantete anime un compte Instagram qui promeut la diversité et la valorisation des femmes (@nzobadila). Vous pouvez y trouver ses partages lectures mettant en avant les autrices mais aussi les ouvrages portant sur les questions de représentation des personnes noires dans les sociétés occidentales.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/lecole-francaise-est-elle-raciste-et-sexiste-11117080

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Journée de manifestation nationale contre les violences sexistes et sexuelles

23 Novembre 2022, 04:07am

Publié par hugo

 violences sexistes et sexuelles
Journée de manifestation nationale contre les violences sexistes et sexuelles
19 novembre 2022
Depuis 2018, le collectif #NousToutes organise avec de nombreuses organisations féministes et syndicales, un samedi de manifestation nationale autour du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faîtes aux femmes. Cette année, la date retenue : ce samedi 19 novembre.

Pour appeler à la manifestation d’aujourd’hui contre les violences sexistes et sexuelles, le collectif #NousToutes publie un état des lieux préoccupants. « 225 000 femmes victimes de la violence de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année, un tiers des femmes victimes de harcèlement sexuel au travail, 80 % des femmes handicapées sont victimes de violences, 85 % des personnes trans ont déjà subi un acte transphobe, 69 % des femmes racisées sont victimes de propos discriminants au travail, les femmes grosses ont 4 fois plus de risque d’être discriminées au travail, 6,7 millions de français·es ont subi l’inceste ».

L’Insoumission sera dans le cortège du samedi 19 novembre 2022 pour recueillir des témoignages afin de faire résonner ce combat. Rendez-vous à 14 heures place de la République.

La date s’adapte au calendrier de chaque année, le mot d’ordre reste le même : STOP aux violences sexistes et sexuelles.
Il faut dire que le combat est loin d’être gagné. Tant en terme de victimes que de réponse pénale.

Ainsi, l’appel à manifester rappelle les chiffres des victimes de violences sexistes et sexuelles :

« Quand 225 000 femmes sont victimes de la violence de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année, quand un tiers des femmes sont victimes de harcèlement sexuel au travail, quand 80 % des femmes handicapées sont victimes de violences, quand 85 % des personnes trans ont déjà subi un acte transphobe, quand 69 % des femmes racisées sont victimes de propos discriminants au travail, quand les femmes grosses ont 4 fois plus de risque d’être discriminées au travail, quand 6,7 millions de français·es ont subi l’inceste, quand des patient·es sont violé·es dans cabinets gynécologiques ou des maternités, nous n’avons pas le choix ! Nous appelons toute la société à nous rejoindre.

Nous manifesterons pour porter la voix de celles qui ne peuvent plus parler, la voix des 700 femmes assassinées sous la présidence d’Emmanuel Macron. »

Le texte commun rappelle également les lacunes en matière de réponse policière et judiciaire :

« Les chiffres sont sans appel : 80 % des plaintes pour violences au sein du couple sont classées sans suite ; 65 % des victimes de féminicides avaient saisi les forces de l’ordre ou la justice ; 2 victimes sur 3 font état d’une mauvaise prise en charge lorsqu’elles veulent porter plainte ; 90 % des plaintes pour harcèlement sexuel au travail sont classées sans suite ; seulement 0,6 % des viols sont condamnés ; 92 % des enfants qui parlent des violences sexuelles ne sont pas protégé·es. Nous manifesterons pour crier que NON, la justice et la police françaises ne font pas leur travail !« 

L’Insoumission sera dans le cortège du samedi 19 novembre 2022 pour recueillir des témoignages afin de faire résonner ce combat. Rendez-vous à 14 heures place de la République.

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