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"Beurette" : généalogie d'un terme sexiste et raciste,femmes,sexisme,

27 Juillet 2019, 14:44pm

Publié par hugo

"Beurette" : généalogie d'un terme sexiste et raciste
 
On nous appelait Beurettes, un documentaire de Bouchera Azzouz.
25 juil 2019
Mise à jour 25.07.2019 à 22:53 par
TerriennesNioucha Zakavati
Depuis quelques semaines, un déferlement de témoignages sur Twitter dénonce l'emploi du terme "beurette" par les sites pornographiques sous le hashtag #PasVosBeurettes. Retour sur ce mot chargé d'histoire coloniale et de sexisme.
 
 
Arabe. Rebeu. Beur. Au féminin, ça donne "beurette". Un terme qui désigne les femmes arabes. Or en tapant ce mot dans un moteur de recherche, ce n'est pas une page Wikipédia qui s'affiche parmi les premiers résultats, mais une multitude de sites pornographiques.
Le phénomène n'est pas nouveau. Dans les années 2000, déjà, ce terme était associé à l'économie pornographique française. Dix-neuf ans plus tard, rien n'a changé. Dans son classement des termes les plus recherchés, communiqué sur Twitter le 15 juillet dernier, le site pornographique XHamster se félicite : en top des recherches figure le mot "beurette".
 
 
La France est le seul pays où les visiteurs des sites pornographiques affichent un tel intérêt pour une catégorie ethnique désigné par un mot en particulier : "C'est un terme vernaculaire qui n'a de sens qu'ici. Car il renvoie à un imaginaire français, une vision orientaliste qui date du Moyen Âge", explique Nacira Guénif-Souilamas, sociologue, anthropologue et maîtresse de conférence à Paris 8.
Dans ces vidéos cumulant des millions de vues, la femme arabe est un objet sexuel. Si ce terme est aujourd'hui autant utilisé par des hommes d'origines nord-africaines que par des Européens, son histoire s'inscrit dans un contexte colonial et orientaliste.
 
 
Comment le porno s'est approprié "beurette"
Pour le comprendre, il faut se plonger dans l'historique de ce mot. Le terme apparaît en 1980 par un double processus du verlan. Il sera d'ailleurs repris de façon détournée par le groupe de musiciens Zebda - "zebda" signifiant beurre en arabe. Jusque-là, beurette est un terme inventé par des Nord-Africains, pour des Nord-Africains. Dans un entretien accordé à RFI suite à la sortie de son documentaire On nous appelait Beurettes, la réalisatrice Bouchera Azzouz s'exprime sur l'usage de ce mot : "C'est un marqueur très fort d'une génération. C'est pour cela que je voulais préserver ce mot, même s'il est très polémique, et déjà je vois sur les réseaux sociaux : 'oui, mais beurettes c'est une pute, pourquoi revendiquer ce terme ?' Je ne le revendique pas, mais c'est comme cela qu'on nous appelait".
C'est à l'occasion de la Marche pour l'égalité et contre le racisme que, selon Nacira Guétif, le terme bascule dans l'imaginaire social. Entre le 15 octobre et le 3 décembre 1983,  plusieurs manifestations ont lieu partout en France, dénonçant les faits divers racistes et tragiques qui ont marqué l'année. Surnommée "Marche des beurs" par les médias - une appellation que n'utilisaient pas les organisateurs de la marche - le terme "beur" se popularise et entre dans le dictionnaire l'année suivante.
L'envers de cette popularisation ? Le terme se vide de son sens initial et non connoté. Selon Nacira Guétif-Souilamas, "cette appellation [de la marche] vise à se réapproprier ce  terme, le coopter et le vider de son sens politique". L'effet est social et politique : "Les beurettes se situaient à la marge de cette marche. Et 'beurette', ça va être la façon d'acclimater la figure féminine des beurs et d'emblée de la situer dans une position subalterne, sous tutelle, complètement prise dans le regard des hommes. Déjà à l'époque, il y avait l'image de la femme arabe appropriable, qui peut devenir un objet non seulement sexuel, mais un objet privilégié des politiques d'intégration", analyse-t-elle.
 
 
Selon la sociologue, derrière la figure de la femme arabe - "beurette" - se trouve un récit social, construit par la classe politique dominante : oppressée par les hommes arabes, elle doit porter l'ensemble des valeurs de la société française pour s'intégrer, et ainsi s'émanciper. En se libérant du joug familial et culturel, elle s'occidentalise. Et l'hyper-sexualisation de cet imaginaire n'est pas bien loin.
C'est ce que semble vouloir démontrer les sociologues Eric Fassin et Mathieu Trachman dans leur article Voiler les beurettes pour les dévoiler : les doubles jeux d'un fantasme pornographique blanc. La "Beurette voilée" apparaît comme genre pornographique dans les années 2000. Dévoilée lors de l'acte sexuel par l'homme blanc, elle s'émancipe alors de son milieu d'origine et des hommes arabes, analysent-ils. Et c'est là que se trouve le paradoxe : elle s'émancipe, mais pour se soumettre au plaisir des blancs par la suite.
Cet article rappelle le dévoilement des femmes musulmanes en Algérie en mai 1958, où les mêmes mécanismes sont à l'oeuvre : les femmes des généraux français vont sélectionner des femmes algériennes, souvent celles qui travaillent chez elle, et les pousser à arracher leur voile dans l'espace public. "C'est la libération par la prédation, souligne Nacira Guénif. Toute l'histoire des femmes indigènes consistent à les construire comme des objets qui sont soumis à des formes d'oppression insupportable de la part de leurs hommes et donc la seule manière de les en sauver, c'est de les faire passer sous l'influence et la coupe des hommes blancs".
De l'orientalisme au colonialisme
Cette histoire puise ses racines dans l'orientalisme et la fétichisation des corps de la femme "exotique". L'orientalisme, ce mouvement artistique qui prend son essor au XIXe siècle, révèle l'intérêt des artistes occidentaux pour l'Orient. Entre études ethnographiques et fantasme romantique, les oeuvres d'art illustrent une vision occidentale de l'Orient. Surtout lorsqu'il était question de représenter les harems. Dans ces lieux, certaines pratiques telles que la polygamie et le bain public étaient courantes/tolérées, suscitant chez les Européens de nombreux fantasmes érotiques. Au centre desquels la femme "orientale". Elle occupe alors la place d'une muse d'un genre nouveau : inspirant le désir et non l'amour, elles sont majoritairement representées comme des femmes alanguies, dans l'attente de leur maître. "Ces femmes sont là pour exciter le désir des hommes, et donc de l'assouvir", explique Nacira Guétif, résumant le regard des hommes de l'époque sur ces femmes.
 
Eugène Delacroix, Femmes d'Alger dans leur intérieur, 1847
© Wikimedia
Cette objectification, venue de la "fascination" pour l'Orient, s'étendra jusqu'à la période coloniale. Le même principe de libération par la prédation s'appliquera alors : la colonisation des terres passera, elle, par la colonisation des corps.
C'est ce que montre l'ouvrage inédit Sexe, race et colonies, publié en décembre dernier. Dans ce livre de 544 pages, 97 auteurs ont contribué à assembler 1200 illustrations montrant des femmes nues, seules ou aux côtés de colons. Leur but ? Montrer que l'appropriation des corps est indissociable de la conquête des territoires. Les images sont choquantes, car brutes. Exemple : une actrice montre ses seins devant des barres HLM, sous un teaser disant "Certaines femmes préfèrent par derrière" (affiche du film porno La beurette de la cité de Fred Coppula, 2017). Preuve que le terme beurette se trouve dans le prolongement de la pensée coloniale ? Si l'ouvrage a provoqué des controverses, il pose le récit de la domination des corps.     
Pour Nacira Guénif, le lien est clair : "Aujourd'hui, ce fantasme se déplace du côté de la pornographie. Cela fait partie de la culture française orientaliste, qui est loin d'avoir disparue".
Paroles de beurettes
Qu'en disent les premières concernées, les "beurettes" ? Sur Instagram, Lisa Bouteldja, une influenceuse, a décidé de se réapproprier le terme. En se qualifiant elle même de beurette, elle empêche d'autres de lui coller cette étiquette et renverse ainsi le stigmate. Tout en revendiquant ses origines algéroises, elle se permet aussi de se vêtir comme bon lui semble, ne tombant ni dans l'une des représentations, ni dans l'autre. Elle crée sa propre image.
 
 
 
 
 

Une situation à double tranchant, selon la sociologue : "C'est à elle de voir si elle ne contribuerait pas à alimenter le stéréotype de la beurette, même si elle le conteste sur le versant de la soumission et de la prédation". Autrement dit : Lisa Bouteldja a le mérite de vouloir resignifier le terme, mais le stéréotype est tellement ancré dans les têtes, que cela risquerait d'avoir l'effet inverse. Nacira Guénif dresse un parallèle avec le sujet de sa thèse en 1998, lorsqu'elle avait interviewé plusieurs femmes algériennes, notamment sur l'usage du terme beurette : "Elles se doutaient qu'elles n'avaient aucune prise sur l'image de la Beurette. Elles ne pouvaient pas la requalifier, ni la transformer. La seule chose qu'elles pouvaient faire, c'était prendre leurs distances".
Et c'est ce qui se passe aujourd'hui. Depuis le dévoilement des top 10 recherches de XHamster, un déferlement de témoignages suivis du hashtag #PasVosBeurettes agite la twittosphère. Lancé par Nta Rajel, un collectif féministe antiraciste, décolonial et anticapitaliste, "la mobilisation avait pour but de s'insurger contre la fétichisation des femmes nord-africaines et les violences nombreuses qui en découlent", peut-on lire sur leur site.
 
 
 
 
Google a annoncé le 20 juillet qu'il allait changer l'algorithme régissant les recherches liées au terme "lesbienne", qui renvoyait d'office à des sites pornographiques. Le changement de l'algorithme concernant le terme "beurette", lui, se fait attendre. Mais depuis peu, le premier résultat donné par les recherches avec le terme n'est plus un site pornographique mais un article du quotidien Le Parisien sur le sujet. Signe que la situation est en train de bouger ?
 
Lire aussi dans Terriennes :
► Musée d'Orsay : les muses noires en pleine lumière
► "Sexe, race et colonies", reproduire au 21ème siècle les corps de femmes assujetties au temps des colonies
► Viols, voiles, corps de femmes dans la Guerre d'Algérie
► Le ventre des femmes de La Réunion, une autre terre de colonisation pour la France
TerriennesNioucha Zakavati
Mise à jour 25.07.2019 à 22:53
Sur le même thème

https://information.tv5monde.com/terriennes/beurette-genealogie-d-un-terme-sexiste-et-raciste-312225

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#PasVosBeurettes, le hashtag qui tacle les fantasmes racistes et sexistes,femmes,sexisme

18 Juillet 2019, 13:59pm

Publié par hugo

 #PasVosBeurettes, le hashtag qui tacle les fantasmes racistes et sexistes
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Le hashtag #PasVosBeurettes épingle un cliché raciste et sexiste. Getty Images.
 
Par Clément Arbrun
Publié le Mardi 16 Juillet 2019

Sur Twitter, le salvateur hashtag #PasVosBeurettes épingle un fantasme profondément raciste qui, hélas, suscite toujours autant de fascination - et d'excitation.

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"Vive la Beurette !". C'est cet hourra quelque peu surprenant qu'a récemment décoché le compte Twitter de Xhamster. Le 14 juillet dernier, la célèbre plateforme de vidéos pornographiques s'est réjouie de voir le tag "Beurette" arriver en pôle position des requêtes les plus populaires de 2019. Et qu'on trouve-t-on quelques places plus bas ? Si l'on en croit le graphique, des termes du même acabit : "arab", "marocaine"...
Mais alors que le site pour adultes exalte (et se permet même un enthousiaste "Vive la France !"), d'autres soupirent et se révoltent. A raison. "Je refuse d'être votre fantasme sexuel, sexiste et raciste" s'indigne l'internaute @lemonvie_ sur Twitter. Son cri d'indignation et de dégoût, la twitta l'enrobe d'un hashtag virulent : #PasVosBeurettes. Un cri du coeur déjà relayé une centaine de fois sur la Toile.
 
"La fétichisation de la femme maghrébine"
 
"C'est la fétichisation de la femme maghrébine dans toute sa splendeur", poursuit @lemonvie_. A ses côtés, nombreuses sont celles à dénoncer cette "hyper-sexualisation " et "l'orientalisme" qui en est à l'origine. Et pour cause.
 
Car comme le relate le podcast Fais pas ta beurette, le mot "beurette" n'est rien d'autre qu'un "fantasme français". En 2019, on l'emploie quand il s'agit d'évoquer les jeunes femmes françaises issues de l'immigration maghrébine. Le terme est péjoratif - et libidineux au possible. S'il y a 30 ans, il n'était encore que le féminin de "beur", l'explosion du porno a participé à son sens actuel : une femme hyper-sexualisée et soumise, "dévoilée" et dépucelée par l'homme blanc, lequel serait à la fois "sauveur" et paternaliste. Bref, une sorte de "mise à jour" 2.0. de l'imaginaire orientaliste du dix-septième siècle, fait de harems, d'érotisme et de persanes.

 
Comme le relate la journaliste Faiza Zerouala dans un article en forme de manifeste ("Ne m'appelez plus jamais beurette "), le fantasme occidental (et post-colonialiste) de la beurette est passé de celui de la femme "docile" à celui de la femme "salope", largement popularisée au gré des clips de rap, des représentations médiatiques et des vidéos pornos. A l'origine, "'la beurette' titille la fibre héroïque de ceux qui estiment qu'ils doivent la sauver des griffes de sa méchante famille et culture pour l'émanciper, son consentement étant facultatif", apprend-t-on. Mais aujourd'hui, on l'emploie avant tout "pour disqualifier et insulter les filles aux moeurs jugées trop légères, à l'amour démesuré du maquillage et autres artifices cosmétiques, comme Nabilla ou Zahia", déplore la journaliste. Des "filles faciles", quoi.
 
Aux yeux de ceux qui la fantasment et la méprisent (l'un va rarement sans l'autre) la beurette est donc une "bitch" et une "garce" comme les autres. Si ce n'est que la misogynie de base se voit enrobée d'un fond de racisme bien épais : l'obsession pour "les bimbos orientales sans cerveaux". Un fétiche très "patriote" si l'on en croit les chiffres des sites de vidéos pour adultes.
"Beaucoup de racisme, mais quand il s'agit de se branler...", ironise en ce sens - et sur fond de #PasVosBeurettes - un autre internaute. On ne saurait mieux dire. Au passage, des statistiques relayées par Xhamster se dégage un autre mot-clé, qui porte tout autant à questionnement : le tag "viol". De quoi se poser quelques questions quant aux "fantasmes" des consommateurs. Mais c'est une autre histoire.

https://www.terrafemina.com/article/porno-le-hashtag-pasvosbeurettes-tacle-le-sondage-xhamster_a349865/1

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"Top Chef" : Alexia Duchêne dénonce le sexisme en cuisine,femmes,sexisme

6 Juillet 2019, 01:55am

Publié par hugo

 "Top Chef" : Alexia Duchêne dénonce le sexisme en cuisine
À quelques semaines de l'ouverture de son restaurant, la demi-finaliste de "Top Chef", Alexia Duchêne dénonce le sexisme dans les restaurants.
Alexia Duchêne, 23 ans, la demi-finaliste de "Top Chef" saison 10
Crédit : Marie Etchegoyen/M6
 
Paola Guzzo
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publié le 04/07/2019 à 19:37
"À un moment donné, il faut que ça s'arrête". Dans une interview accordée à Melty, Alexia Duchêne dénonce les agressions sexuelles et le harcèlement dont elle a été victime au début de sa carrière dans la restauration.
Avant d'être demi-finaliste dans la saison 10 de Top Chef (diffusée sur M6 de février à mai 2019), la jeune femme de 23 ans avait déjà eu de nombreuses expériences, qui lui ont appris le métier, certes, mais qui lui avaient aussi laissé des impressions amères sur le sexisme de ce milieu. Les cuisines des restaurants étoilés dans lesquels la jeune femme a travaillé ne font pas exception.
La cuisinière évoque notamment "les mecs qui te mettent la main au cul", ceux "qui te parlent mal" et les autres, qui se permettaient de lui envoyer des messages en pleine nuit pour lui demander de les rejoindre chez eux, alors qu'elle avait 15 ans. La cheffe avait déjà exprimé sa fierté auparavant, de "représenter la jeunesse et les femmes dans ce métier".
Le sexisme en cuisine, un sujet récurrent
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harcèlement
Sexisme : "Femmes indignes", un groupe Facebook de 56.000 hommes visé par une enquête
 
 
Alexia Duchêne aimerait encourager les femmes à leur "montrer que c'est possible". Selon une étude de l'Insee datée de décembre 2017, la féminisation gagne les métiers les plus qualifiés, à dominance masculine, mais recule dans certaines professions comprenant beaucoup d'indépendants, comme la restauration. Ce n'est pas la première fois que le sexisme de ce milieu, encore considéré (à tord) comme très masculin, est pointé du doigt.
Dans son essai Faiminisme, quand le sexisme passe à table (2017) la journaliste Nora Bouazzouni cherchait à comprendre les liens entre cuisine et sexisme, dans les vies personnelles et professionnelles. Ce sexisme encore beaucoup trop ancré s'expliquerait notamment par les clichés sur les femmes, qui ont la peau dure et à la misogynie des hommes, dans ce milieu.
 
La rédaction vous recommande
"Top Chef 2019" : qui est Samuel Albert, le grand vainqueur du concours ?

https://www.rtl.fr/girls/identites/top-chef-alexia-duchene-denonce-le-sexisme-en-cuisine-7797980389

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VIDEO. «Femmes indignes»: La justice enquête sur un groupe Facebook sexiste réunissant 56.000 hommes,femmes,violences,sexisme

6 Juillet 2019, 00:35am

Publié par hugo

VIDEO. «Femmes indignes»: La justice enquête sur un groupe Facebook sexiste réunissant 56.000 hommes
INFO «20 MINUTES» Le groupe Facebook « Femmes indignes » réunissait des milliers d’hommes qui partageaient entre eux des photos de femmes nues, avec des commentaires violents et injurieux
Helene Sergent
Publié le 05/07/19 à 07h23 — Mis à jour le 05/07/19 à 10h03
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La justice enquête sur un groupe Facebook secret sexiste et violent. — MARTIN BERNETTI / AFP
Dans un groupe Facebook secret réunissant 56.000 hommes, les membres publiaient des photos de femmes nues dégradantes.
Sur ce groupe, les femmes y sont systématiquement qualifiées de « LV » pour « lave-verge » ou « lave-vaisselle ».
La brigade de répression de la délinquance sur la personne (BRDP) a été saisie dans le cadre d’une enquête pour « injure à caractère sexiste » et «incitation publique à la violence en raison du sexe».
Dans leurs messages, les femmes ne sont jamais des femmes. Elles sont des « chiennes », des « escabeaux », des « LV » pour « lave-verge » ou « lave-vaisselle », des « salopes » ou des « trous ». Ces propos injurieux, misogynes et violents ont été capturés dans un groupe Facebook secret réunissant 56.000 hommes. Intitulé « Femmes indignes 6.0 résurrection », ce groupe interdit aux femmes n’était accessible qu’aux internautes cooptés par ses membres.

Ce « cercle » privé hébergé puis supprimé par Facebook est aujourd’hui dans le viseur de la justice. Le 29 mars 2018, une plainte a été déposée par le Collectif féministe contre le viol. Selon nos informations, une enquête préliminaire pour « injure publique à caractère sexiste » et « incitation publique à la violence en raison du sexe » a été ouverte dans la foulée par le parquet de Paris. Confiée à la brigade de répression de la délinquance sur la personne (BRDP) de la police judiciaire, l’enquête a été clôturée et retournée au parquet qui doit maintenant l’analyser.
Un registre ultra-violent
Début 2017, le groupe secret « Femmes indignes 6.0 résurrection » comptait près de 56.000 internautes. Objectif de ses membres : partager des photos intimes, de femmes ou de jeunes filles pour les humilier. Le registre utilisé est toujours le même: soit les hommes incitent ouvertement à la violence contre les femmes, soit ils les réduisent à un objet sexuel ou ménager. L’emploi du terme « LV » pour « lave-verge » ou « lave-vaisselle » est quasi-systématique.
 
Extrait d'une conversation postée sur le groupe. - H.Sergent/20Minutes
Sur les centaines de captures d’écran consultées par 20 Minutes, on peut voir des photographies, généralement prises de dos, pendant un acte sexuel. Sous ces images, certains membres rivalisent de commentaires violents : « les traces de ceinture que ça mérite un cul pareil putain » écrit l’un d’eux. Un autre lance cette « boutade » : « C’est quoi le point commun entre une LV et la loi ? Dans les deux cas, c’est plus simple de les violer que de les respecter ».
L’image d’une silhouette féminine couverte d’hématomes est accompagnée de ce message : « L’œuvre d’un grand dresseur de LV ça ». D’autres membres ajoutent : « Encore une LV bien dressée », « LV corrigée bien comme il faut » ou « On ne peut qu’applaudir une si belle démonstration de dressage. »
 
Extrait des commentaires postés sur le groupe. - H.Sergent/20Minutes
Une autre photo suscite l’approbation des membres. On aperçoit les jambes d’un homme reposant sur le dos d’une femme à quatre pattes: « LV tabouret, pratique le dimanche soir après le foot », commente l'auteur.
Une plainte classée
Contacté par 20 Minutes, un responsable de Facebook révèle que le groupe a été officiellement fermé quelques mois plus tard par le réseau social après plusieurs signalements. La raison avancée par Facebook : « Le groupe secret ne respectait pas nos standards de la communauté en matière de nudité et de pornographie ». Rien en revanche sur le caractère volé des photographies publiées ou sur la violence des propos tenus par les membres.
En novembre 2017, le Collectif féministe contre le viol dépose une première plainte pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » et « mise en péril de mineurs ». « La question de la minorité de certaines jeunes femmes se posait », détaillent à 20 Minutes les avocats du collectif, Eric Deprez et Marine Duponcheel.
Dans une conversation par SMS capturée et publiée, un des membres demande à une jeune fille de lui envoyer une photo d’elle. Réponse de l’interlocutrice : « J’ai 12 ans monsieur ». L’homme réplique : « Pas grave coquine, un trou c’est un trou. »
 
Extrait d'une conversation par SMS reproduite dans le groupe Facebook. - H.Sergent/20Minutes
Une enquête ouverte
Faute d’éléments suffisants sur l’identité des femmes exposées et humiliées dans le groupe, cette plainte a été classée sans suite en février 2018. Mais les avocats persévèrent. Un mois plus tard, une nouvelle plainte est déposée cette fois pour « provocation à la haine ou à la violence en raison du sexe » et « injure publique en raison du sexe ». En mai 2018, la BRDP est saisie de l’enquête par le parquet de Paris.
Mais les investigations ont été compliquées faute d’un retour de Facebook sur l’identité des administrateurs et des membres les plus actifs. « C’est toujours un peu difficile », souffle une source proche du dossier, « la plateforme ne s’est pas manifestée de façon positive. On se heurte au fait que le site soit régi par le droit américain ».
Injure publique ou privée ?
« Jusqu’à présent, quand les juges émettaient des réquisitions judiciaires, ils se heurtaient à un refus de Facebook », confirme Marine Duponcheel. En dehors des dossiers liés à des faits de terrorisme ou à la pédopornographie, l’entreprise américaine se gardait de transmettre aux autorités judiciaires l’identité de ses internautes membres du réseau et visés par la justice. Mais la donne pourrait changer. Le 25 juin dernier, le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O a annoncé que Facebook s’engagerait désormais à fournir les adresses IP lorsqu’elles seront demandées par des magistrats français, y compris dans des dossiers liés aux cyberviolences.
Autre difficulté rencontrée dans ce dossier, la notion d’injure « publique » visée par la plainte. Le groupe étant secret et accessible uniquement aux membres acceptés par les administrateurs, les propos qui y ont été tenus sont-ils de nature privée ou publique ? Pour Marine Duponcheel, « à partir du moment où ce groupe compte 56.000 membres qu’aucune communauté d’intérêts ne lie entre elles en dehors d’appartenir tous au sexe masculin, le caractère public des propos devrait être reconnu », estime-t-elle. La peine encourue pour une injure publique à caractère sexiste est de 6 mois de prison et de 22.500 euros d’amende.
Des groupes immortels
Au-delà de l’action pénale, l’avocat Eric Deprez tient à alerter sur l’impuissance de l’Etat et la longévité de ce type de groupes : « Ils se recréent systématiquement. On le voit d’ailleurs avec le chiffre accolé au nom du groupe visé par la plainte, "6.0", et le mot "résurrection" qui sous-entend qu’il a été fermé à plusieurs reprises et recréé dans la foulée ».
Une thèse confortée par un autre élément relevé par 20 Minutes. Sur Twitter, un compte « miroir » au groupe Facebook a été créé en juin 2013 et portait le même nom. Dans les messages postés, la référence aux « LV », expression chère aux membres de « Femmes indignes 6.0 » est déjà présente.
 
Capture d'écran d'un tweet du compte - H.Sergent/20Minutes
Le sort des membres du groupe est désormais dans les mains du parquet de Paris. Soit le procureur décide de classer la procédure sans suite, soit il estime que les faits sont suffisamment caractérisés et ouvre une information judiciaire ou il opte pour une citation directe permettant de convoquer directement le ou les auteurs présumés devant le tribunal.
Il y a deux ans, la révélation d’un groupe belge francophone similaire intitulé « Babylone 2.0 » avait suscité l’indignation. A l’époque, Marlène Schiappa, militante féministe, avait appelé sur Twitter la secrétaire d’Etat aux droits des femmes Laurence Rossignol à agir pour « stopper » le groupe. Aucune plainte n’avait été déposée et le groupe avait été fermé par Facebook dans la foulée.
By the Web
«Femmes indignes»: «Le mépris des femmes exprimé dans ce groupe est assez incroyable», réagit Marlène Schiappa
By the Web
Les Marines américains au cœur d’un scandale de photos de femmes soldats nues sur Facebook
JusticeVidéoFacebookGroupe femmes indignesViolences faites aux femmesRéseaux sociauxSexisme
°
https://www.20minutes.fr/justice/2544275-20190705-video-femmes-indignes-justice-enquete-groupe-facebook-sexiste-reunissant-56000-hommes?fbclid=IwAR2loS3ceptcB9t7EuhDCp31MoLc6_RfpmUegkdu31OT4rfEOyeDXnIQ7SA

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Quand les facs japonaises arrêtent de truquer les résultats, les femmes sont en tête,femmes,sexisme

29 Juin 2019, 00:01am

Publié par hugo

 Quand les facs japonaises arrêtent de truquer les résultats, les femmes sont en tête
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Quand le Japon arrête de falsifier les résultats de ses étudiantes, les femmes sont en tête
 
Par Louise Col
Publié le Mardi 25 Juin 2019

Les universités de médecine japonaises ont récemment arrêté de truquer les notes de leurs étudiantes. Résultat : les femmes surpassent désormais les hommes.

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Le Japon est loin d'être progressiste en matière de droits des femmes, voire même carrément à la traîne. Après le ministre du Travail et de la Santé qui a estimé "approprié" et "nécessaire" l'obligation des employées à porter des talons hauts au bureau - en réponse à une pétition en ligne -, c'est au tour des universités de médecine d'apporter leur pierre à l'édifice du sexisme plus vraiment ordinaire.
Et pour cause, l'année dernière, plusieurs établissements, notamment ceux situés à Tokyo, avaient admis trafiquer les résultats des candidates pour favoriser les étudiants pendant plus de dix ans.
 
Les facultés maintenaient ainsi le ratio de femmes admises à 30 % du nombre total d'élèves. La raison ? Qu'il y ait davantage d'hommes reçus puis diplômés en médecine que de femmes pour anticiper le manque que celles-ci créeraient en quittant leur poste pour se marier et avoir des enfants.
Seulement 21,1 % de médecins femmes au Japon
Selon le Guardian, le doyen de la faculté de médecine, Hiroyuki Daida, avait d'abord tenté de justifier cette pratique, affirmant que les femmes étaient plus matures plus vite et avaient de meilleures aptitudes à communiquer. "D'une certaine façon, il s'agissait d'une mesure conçue pour aider les candidats masculins", a-t-il dit.
 
Dommage pour le raisonnement ultra-patriarcal du pays, les Japonaises ont depuis clairement prouvé qu'elles méritaient d'être enfin prises au sérieux. Suite à l'abolition de cette pratique injuste, les admissions à l'Université Juntendo de Tokyo ont été plus importantes chez les femmes que chez les hommes, avec 8,28% de reçues chez les candidates qui se sont présentées au concours, contre 7,72 % des hommes qui ont tenté leur chance.
A l'Université de Tokyo, 20,4 % des femmes ont été admises contre à peine 20 % des hommes, comme l'indique le journal anglais. Une progression qui, on l'espère, permettra au taux de femmes médecins au Japon d'augmenter. Avec seulement 21,1 % d'entre elles sur le nombre total de médecins, le pays figurait en 2016 au niveau le plus bas parmi les nations appartenant à l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
Société Buzz japon sexisme medecine News essentielles femmes hommes / femmes

https://www.terrafemina.com/article/japon-les-universites-truquaient-les-notes-des-etudiantes_a349592/1

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Les burgers roses spécial Mondial 2019 ne passent pas (et son créateur les défend),femmes,sexisme

28 Juin 2019, 23:49pm

Publié par hugo

 Les burgers roses spécial Mondial 2019 ne passent pas (et son créateur les défend)
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Les fameux burgers roses de Speed Burger - Twitter
 
Par Clément Arbrun
Publié le Mardi 25 Juin 2019

Quoi de mieux pour célébrer la Coupe du monde féminine que des burgers roses ? Absolument TOUT, en fait. Mais ce n'est pas l'avis de la franchise Speed Burger.

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"Les Burgers Roses... Non, vous ne rêvez pas, ils sont bien roses !", s'exclame depuis début juin la chaîne Speed Burger afin de promouvoir sa nouvelle initiative : des burgers briochés colorés au jus de betterave. Pourquoi pas ? Mais là où le bas blesse, c'est lorsque l'on découvre la raison d'une telle teinte : faire honneur à l'équipe de France féminine de football. On a déjà connu déclaration d'amour - et opération de communication - plus subtile.
Et moins commentée, aussi. Car sur Twitter, le burger spécial Coupe du Monde reste sur l'estomac. Et les commentaires acerbes fusent. "Le burger rose pour la Coupe du monde féminine de football : à "événement exceptionnel", récupération commerciale sexiste !" s'exclame un internaute. D'autres relèvent l'ironie de la situation : "Speed burger soutient les Bleues... avec un burger rose !" - et le côté vieillot de ce casse-croûte que l'on a pas vraiment envie de porter aux lèvres : "Bah voyons ! Le rose pour les filles et le bleu pour les garçons. En 2019. Pincez-moi !". Oui, on est vraiment loin de "la vie en rose" promise avec enthousiasme par Speed Burger.
 
"Il s'agit juste d'un burger"
 
"Bien sûr, les garde-fous sont nécessaires, mais là, il s'agit juste d'un burger. Il y a des combats plus importants, non ?", a réagi Bruno Bourrigault, le PDG de l'enseigne. Interrogé par Le Courrier de l'Ouest, il tient à modérer ces réactions qu'il juge virulentes. Sexistes, ces burgers ? Pas du tout. "Je ne comprends pas ces attaques. Sur les réseaux sociaux, des gens se permettent de critiquer tout et n'importe quoi", déplore-t-il.
 
A lire le directeur général, trop peu de marques communiquent sur cet événement. Reste donc tout un champ à explorer. "Pour moi c'était juste une évidence. On n'a pas fait ça pour faire du mal aux femmes ou au football français, bien au contraire", insiste-t-il.
Et afin d'expliquer ce rose-betterave qui n'a pas vraiment séduit le public, l'homme d'affaires rappelle que le coq griffé sur le maillot des joueuses de l'équipe de France est, lui aussi, rose. Chez Franceinfo, il persiste et signe : "il y a toujours des gens qui cherchent à voir le mal partout. Que certaines personnes puissent être heurtées sur la couleur d'un burger quel que soit l'événement, c'est bien dommage". Que ces arguments marketing soient sincères ou non, l'on préférera plutôt tendre l'oreille du côté des employées du Speed Burger de Laval. L'une de ces salariées suggère que ce burger aurait très bien pu être fait "en bleu pour la couleur de l'équipe de France ou en bleu, blanc, rouge". Pas bête.
Société News essentielles fooding

https://www.terrafemina.com/article/sexisme-les-burgers-roses-le-bad-buzz-du-fast-food-speed-burger_a349595/1

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"Paye Ta Shnek" tire sa révérence après 7 ans de témoignages contre le sexisme,femmes,sexisme

25 Juin 2019, 01:16am

Publié par hugo

 "Paye Ta Shnek" tire sa révérence après 7 ans de témoignages contre le sexisme
Anaïs Bourdet, la créatrice du Tumblr "Paye Ta Shnek" n'en peut plus et a donc décidé d'arrêter sa mission : relayer les témoignages des femmes victimes de harcèlement ou d'agressions sexistes dans la rue.
"Time's Up" dans le militantisme
Crédit : iStock / Getty Images Plus
 
Arièle Bonte 
Journaliste
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publié le 24/06/2019 à 10:17
Paye Ta Shnek "tire sa révérence". Sept ans après avoir lancé le Tumblr qui a libéré la parole de milliers de femmes et leur a permis de dénoncer le harcèlement de rue qu'elles subissaient dans la rue, Anaïs Bourdet, la créatrice de Paye Ta Shnek, n'en peut plus.
Dans un message publié sur tous ses réseaux sociaux dimanche 23 juin, elle a expliqué sa décision, prise après une énième soirée où elle et ses amies ont été agressées dans un bar, par des hommes. "Entre les forceurs, les frotteurs, les étrangleurs, les mecs qui menacent et ceux qui frappent avant même de parler, ça fait beaucoup", écrit Anaïs Bourdet avant d'ajouter que cela fait "des mois" qu'elle hésite à continuer le projet qu'elle a lancé il y a 7 ans et qui a fait des émules dans le monde de la médecine, de la justice, de l'enseignement, de l'armée ou encore du journalisme.
"Je n’y arrive plus. Je n’arrive plus à lire vos témoignages et à les digérer en plus des violences que je vis dès que je mets le pied dehors. La colère que j’ai accumulée en presque 7 ans me bouffe et me pousse à réagir quasi systématiquement, et la plupart du temps, ça ne fait qu’envenimer la situation", confie-t-elle encore dans ce message.
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Anaïs Bourdet raconte qu'elle n'a plus les épaules pour supporter le poids du militantisme et a donc décidé de fermer les témoignages sur Paye Ta Schnek et les commentaires sur ses réseaux sociaux. Le site et les quelque 15.000 témoignages resteront cependant accessibles.
Un "constat d'échec"
"Ça n’a, aujourd’hui, plus autant de sens : après balance ton porc, metoo, et toutes les prises de parole, il faut passer à l’étape suivante. Témoigner ne suffit plus : rien n’a changé, les hommes sont toujours aussi violents", estime Anaïs Bourdet qui avoue ne pas savoir comment faire avancer le mouvement. "Oui, c’est un constat d'échec", ajoute la créatrice du Tumblr qui tempère cependant son propos en expliquant avoir vu, depuis sept ans, "de formidables élans de solidarité".
Le message d'Anaïs Bourdet n'est pas passé inaperçu dans le milieu du militantisme. Depuis dimanche, de nombreuses personnes prennent le temps de partager le post, de le commenter et de remercier une femme qui, à son échelle, a fait avancer la lutte pour les droits des femmes.
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#JeKiffeMonDecollete : des femmes affichent leur décolleté contre le sexisme,femmes,sexisme,

25 Juin 2019, 00:57am

Publié par hugo

 #JeKiffeMonDecollete : des femmes affichent leur décolleté contre le sexisme
De nombreuses femmes revendiquent sur Twitter le droit de s'habiller à leur guise avec le hashtag #JeKiffeMonDecollete. Cela fait suite à l'interpellation d'une femme dans la rue à qui un homme aurait dit qu'elle avait "un décolleté de sale pute".
Une mannequin présente une création pour Mugler à Paris le 27 février 2019 (illustration)
Crédit : Thomas SAMSON / AFP
 
Paul Turban
Journaliste
 
 
publié le 24/06/2019 à 15:04
Twitter est de nouveau le cœur d'une bataille en faveur de l'égalité femmes-hommes et de la lutte contre le sexisme. Avec le hashtag #JeKiffeMonDecollete, des utilisatrices du réseau social publient des photos de leurs décolletés.
Elles veulent dénoncer les regards et commentaires déplacés dont elles souffrent quand elles portent de telles tenues, et revendiquent le droit de se vêtir comme elles le souhaitent, même en période de fortes chaleurs.
C'est une certaine "Céline B." qui a lancé le mouvement. Elle a publié une photo du T-shirt décolleté qu'elle portait le 18 juin, avec un message. "D'après un type croisé tout à l'heure, ceci est un " décolleté de sale pute " ... ¿ Mec mes seins et moi on t'emmerde bien fort tu sais ¿¿" Cette publication a fait réagir de nombreuses personnes, et a été partagée à de nombreuses reprises.
 
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Le message de "Céline B." a été repéré par la chroniqueuse des Grandes Gueules de RMC Zohra Bitan. C'est elle qui a alors lancé le hashtag #JeKiffeMonDecollete, "en attendant la canicule et en guise de résistance à la police vestimentaire." Elle a été suivie par de nombreuses femmes. Des anonymes, mais aussi des personnalités connues, comme l'actrice Véronique Genest.
 
 
 
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La grève féministe du 14 juin 2019, vers un mouvement de masse en Suisse,femmes,emploi,sexisme,

24 Juin 2019, 23:38pm

Publié par hugo

 Pour l’égalité
La grève féministe du 14 juin 2019, vers un mouvement de masse en Suisse
Des centaines de milliers de femmes ont pris les rues de toute la Suisse pour lutter contre les violences sexistes et exiger l’égalité salariale.
Tamara Knežević
vendredi 14 juin
 

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Hier en Suisse a eu lieu une énorme journée de mobilisation et de grève de femmes pour exiger l’égalité salariale, pour lutter contre les violences sexistes et pour l’égalité de droits. Une journée historique qui montre que le mouvement des femmes au niveau international est l’un des points les plus avancés et progressistes qui pourrait raviver la lutte de classes face à l’avancée de courants réactionnaires à travers la planète. Mais pour comprendre comment est né ce mouvement nous reproduisons ci-dessous l’article de Tamara Knežević militante de solidaritéS, et secrétaire du collectif vaudois de la grève, paru sur Contretemps.
Une grève féministe d’une ampleur inédite se prépare en Suisse. A la veille de l’évènement, il peut être utile de retracer quelques contours de ce mouvement d’ores et déjà historique. Dans un pays où la droite réactionnaire est le premier parti et où la « paix du travail » est scellée par des accords entre syndicats dominants et patronat, le mouvement féministe est en train de se renforcer et de réhabiliter l’outil de lutte qu’est la grève.
Aux origines du mouvement
Le 14 juin 1991 avait déjà eu lieu une première « Grève des femmes » qui avait rassemblé plus de 500 000 personnes à travers tout le pays. Leur revendication ? Que le principe d’égalité inscrit dans la Constitution fédérale 10 ans auparavant se matérialise enfin. Si certains acquis sociaux comme le congé maternité, le droit légal à l’avortement ou encore la révision de la Loi sur l’égalité interdisant toute forme de discrimination sexiste dans la sphère professionnelle, ont été obtenus dans la décennie qui a suivi, l’égalité matérielle et réelle reste toujours à conquérir.
Les véritables conditions matérielles et sociales des femmes ne s’améliorent pas. Vivre dans un pays où les femmes se font licencier du jour au lendemain en raison de leur grossesse, où elles perdent leur statut de séjour en divorçant d’un conjoint violent, où certaines doivent cumuler plusieurs emplois car leur temps-plein est insuffisamment rémunéré, où elles sont sujettes à des discriminations et harcèlement sur leurs lieux de formation, où elles consacrent en moyenne 53h par semaine pour effectuer le travail domestique qui n’est toujours pas reconnu et partagé… La réalité que vit la majorité des femmes en Suisse est telle qu’il paraît légitime pour une grande partie de la population de se rassembler pour une contestation politique large puisque ce qui semblait être acquis hier, ne l’est effectivement pas aujourd’hui.
Le mouvement actuel est d’une ampleur inédite, comme le confirment les militantes ayant construit et participé à la grève de 1991. Il s’ancre à la fois dans la continuité de cet évènement historique et dans une logique internationaliste faisant écho aux multiples mouvements de grève féministe du 8 mars. Avec un soutien de plus de 65% de la population[1], la participation aux mobilisations s’annonce massive.
À l’origine du mouvement, une bataille contre un projet parlementaire de réforme des retraites défendu par la droite, le Parti socialiste suisse et l’Union syndicale suisse, qui prévoyait l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. La bataille a été menée et gagnée par un front composé de syndicalistes féministes dissidentes, d’organisations de gauche radicale et d’associations diverses. Cette même coalition est restée active sur d’autres fronts, notamment liés à de vastes réformes fiscales pour les entreprises. Et quand il s’est agi de discuter d’égalité salariale au niveau parlementaire, nous nous sommes décidées d’utiliser cette occasion pour sonner le glas des discussions institutionnelles sans réelles mesures concrètes pour lutter contre le sexisme.
En juin 2018, nous avons alors organisé les Assises féministes, une première rencontre en non-mixité, sans hommes cis genre, afin de voir si au sein de la population il y a également des volontés pour construire un mouvement féministe large. À notre surprise, les Assises ont rassemblé près de 200 femmes venues des différentes régions de la Suisse qui ont toutes voté l’organisation d’une grève féministe pour le 14 juin !
Des formes multiples de contestation de l’ordre social
Les assemblées suivantes ont permis de rédiger un manifeste et un appel national à la grève[2], qui ancrent le mouvement dans une critique du capitalisme et du système cishétérosexiste, dans la reconnaissance du travail productif et reproductif, dans la lutte contre les discriminations multiples, pour le droit à disposer de son corps, et dans une critique du système scolaire reflétant le modèle patriarcal.
Les raisons de faire grève en 2019 sont diverses et multiples parce que chaque parcours de vie est unique, au croisement de différentes oppressions, exploitations et discriminations. D’où le caractère large et divers des revendications du manifeste, qui touchent à différentes sphères de vie.
Il était en outre important de rendre visible le fait que les droits formels acquis jusque-là se sont vus récupérer par le système en place qui est capitaliste, raciste et sexiste, et qui profite au 1% de privilégié-e-s. Ainsi, notre mouvement de grève, tel qu’il est en train de se construire, veut s’inscrire dans cette rupture avec les institutions, en pointant du doigt tout ce qui les maintient. Ce que notre mouvement vise, c’est un changement social profond ! Un changement qui s’obtient par le choix de la grève comme outil central et nécessaire d’action politique.
Pour autant, étant donné que ce mouvement a été construit dans l’idée qu’il soit le plus large possible, de nombreuses formes d’action coexistent et les revendications mises en avant par les futur•e•s participant•e•s n’ont pas toutes le même potentiel de contestation de l’ordre patriarcal. Il est à ce titre intéressant de souligner le rôle qu’ont joué les médias : en grande partie, la légitimité du mouvement s’est construite par l’écho que tous les médias lui ont donné, participant ainsi à la démocratisation de cette lutte en la rendant accessible plus largement. Toutefois, ce sont des thèmes peu subversifs qui ont été le plus exposés tels que l’égalité salariale ou la représentation des femmes dans la politique institutionnelle – exception faite pour les grandes polémiques autour de la légalité de la grève politique ou encore de la question de la non-mixité comme mode de fonctionnement des collectifs.
En tant que militantes féministes anticapitalistes, nous nous devons de récuser le féminisme libéral, au service uniquement d’une poignée de personnes, déjà privilégiées. À quoi sert l’égalité salariale si les salaires demeurent bas ? À quoi sert la promotion des femmes dans les postes à haute responsabilité, si les femmes précaires sont toujours plus précaires ? Comme le rappellent les autrices du Manifeste des 99% : « nous n’avons aucun intérêt à briser le plafond de verre si l’immense majorité des femmes continue d’en nettoyer les éclats ! »[3].
Nous nous devons également de réfuter les politiques sécuritaires comme moyen de lutte contre les violences sexistes, qui visent de façon disproportionnée les hommes non-blancs et/ou pauvres et qui cherchent à criminaliser – sous couvert de protection – des activités exercées par certaines femmes, telles que le travail du sexe. Nous devons lutter pour une justice reproductive, non-essentialisante, qui donne les mêmes possibilités à chaque personne, quelle que soit son statut légal, ses moyens financiers, son identité de genre et son orientation sexuelle, d’avoir accès à un système de santé universel, à l’avortement libre et gratuit, à la possibilité d’avoir des enfants.
Nous devons lutter pour un féminisme antiraciste, à l’heure où l’islamophobie s’intensifie chaque jour, où la population rom contrainte bien souvent de mendier pour survivre est criminalisée, où les femmes non-blanches sont invisibilisées dans les espaces médiatiques, politiques et féministes (dont les nôtres), et qui continuent d’être discriminées à l’embauche et surexploitées quand elles trouvent un emploi.
Ainsi, le mot d’ordre employé consistant à dire « si vous vous reconnaissez dans un point du manifeste, alors soyez avec nous le 14 juin » n’est pas une stratégie dont nous devons nous contenter en tant que militant•e•s féministes anticapitalistes. Si cela a permis en effet de rassembler un grand nombre de femmes en Suisse, nous devons être critiques de sa signification politique. Notre rôle est de nous battre pour un féminisme de la totalité et un féminisme qui lutte contre toutes les autres oppressions.
C’est dans ce sens que les militantes du mouvement de la grève, si elles prônent véritablement un changement de société, doivent s’emparer de toutes les revendications, sans hiérarchies, sous peine d’empêcher une véritable prise de conscience du caractère systémique et imbriqué des oppressions, mais également des solidarités et des luttes qu’il nous faut construire.
Comme cela est exprimé dans notre appel national à la grève, l’égalité réelle ne peut être obtenue dans un monde où seuls comptent véritablement les profits et les intérêts d’une minorité de privilégiés. C’est parce que nous nous contestons le système dans sa totalité que nous devons nous saisir et formuler des revendications larges et englobantes, antiracistes et anticapitalistes. Ces revendications doivent aller à l’encontre d’un féminisme conservateur qui cautionne la société telle qu’elle est parce qu’elle défend les intérêts d’une poignée de femmes, si l’on aspire à ce que cette grève féministe engage un réel mouvement d’émancipation, pour tous et toutes.
Des collectifs locaux pour un féminisme internationaliste
Pour créer un mouvement large, ce qui a été décisif, c’est la volonté de se baser sur une multitude de petits collectifs à l’échelle locale. Ceux-ci sont construits par région ou par quartiers, par lieux de travail et de formation, ou encore autour de certains thèmes politiques comme la culture, la migration, la maternité, la vieillesse, le port du foulard, etc.
Cette méthode permet de construire une pratique féministe proche des gens, qui réfléchissent collectivement aux enjeux qui les concernent et élaborent ensemble des revendications et les moyens de les visibiliser. Certes, le nombre de participantes qui mèneront une grève au sens propre du terme ne sera probablement pas aussi massif, mais les revendications exprimées seront réellement ancrées et portées à bout de bras par les participantes.
Au-delà du fait que nos revendications émanent de la base, notre mouvement s’inscrit par définition dans la continuité des mouvements féministes tels qu’on a pu les voir se déployer en Pologne, dans l’État espagnol, en Argentine, en Italie, en Inde, au Chili, aux États-Unis, etc. Partout dans le monde, les femmes sont en première ligne dans la lutte pour un monde meilleur.
C’est également le rôle des militant•e•s anticapitalistes, féministes, antiracistes, écosocialistes, de faire vivre et de politiser ces luttes. Nos solidarités doivent s’inscrire dans un refus global du système qui aujourd’hui dégrade autant la vie humaine que la planète, dans un contexte de montée des idées réactionnaires, de guerres et de dépossessions, de progression du racisme et des violences étatiques. C’est seulement dans le processus de la construction des mouvements de masse, par en bas et dans une optique internationaliste, que l’amorce d’un vrai changement est possible.
Le processus de la construction de la grève en Suisse, qui a duré toute une année, n’a certes pas été facile, mais il a néanmoins tenté de montrer qu’une société autre est imaginable et possible. Cette grève cherche à inclure autant les femmes politisées que celles qui le sont devenues au sein du mouvement. Ce dernier a été également rassembleur de différentes catégories sociales, générations, ou encore de divers bords politiques, syndicaux et associatifs. Toutefois, le mouvement peine encore à faire en sorte que la « marge soit au centre »[4], condition pour faire advenir un féminisme vraiment révolutionnaire.
Cependant, ce que nous sommes en train de vivre et construire en Suisse est historique et ouvre la brèche pour un renouveau du féminisme. Cette grève est davantage un processus qu’un jour symbole et en s’inscrivant dans cette logique nous savons pertinemment que cette date n’est pas une fin en soi mais le premier pas vers la construction d’un mouvement féministe de masse. Le 14 juin 2019 nous montrera ce dont nous sommes capables lorsque nous joignons nos forces mais il nous reviendra à nous, féministes anticapitalistes, d’intégrer les critiques pour continuer d’œuvrer à un mouvement pérenne, inclusif et total parce que tout reste à faire !
Notes
[1] « Grève des femmes : près de deux tiers des Suisses sont pour », Tribune de Genève, 04.06.2019.
[2] Manifeste de la Grève féministe/ grève des femmes* et l’Appel national pour le 14 juin : https://frauenstreik2019.ch/wp-content/uploads/2019/01/manifeste_greve-14.06.19.pdf
[3] L’idée qu’il était important que le mouvement intègre au mieux les femmes de droite pour la raison que le sexisme serait un problème qui touche de la même façon toutes les femmes existe au sein des différents collectifs. Force est de constater que le féminisme défendu dans le mouvement ne laissait que peu de place au féminisme libéral. Les femmes de droite ont ainsi communiqué qu’elles ne prendraient pas partie aux mobilisations du 14 juin. (« Les femmes de droite ne feront pas grève », 24 heures, 09.06.2014, https://m.24heures.ch/articles/27986057?fbclid=IwAR0Zg-MI6PbJnYH BOruq84BaJu34binCojoesjNDbKychFv_beCMLzPFmU)
[4]Voir : bell hooks, De la marge au centre : Théorie féministe, 1984.
 
Mots-clés Suisse   /    Féminisme    /    Droits des femmes   /    Du Pain et des Roses

https://www.revolutionpermanente.fr/La-greve-feministe-du-14-juin-2019-vers-un-mouvement-de-masse-en-Suisse

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Christelle Delarue, la “Lionne” qui combat le sexisme dans la pub,femmes,sexisme

24 Juin 2019, 00:57am

Publié par hugo

 •société
Christelle Delarue, la “Lionne” qui combat le sexisme dans la pub
Publié le 20 juin 2019 à 1:04
Après une campagne d’affichage sauvage retentissante et alors que Les Lions de Cannes, grand raout publicitaire organisé sur la Croisette, ont lieu cette semaine, on s’est entretenues avec Christelle Delarue, fondatrice de l’agence de pub féministe Mad&Women et de l’association de lutte contre le sexisme Les Lionnes.
 
 
DR
Créatrice de Mad&Women, la première agence publicitaire féministe, Christelle Delarue est une passionnée de la communication qui a décidé de placer les femmes au centre de ses engagements professionnels et militants. Ses longues années au sein d’un milieu publicitaire dominé par la testostérone l’ont conduite à dénoncer le climat plus que délétère auquel les femmes de la pub sont confrontées, notamment via une vibrante tribune dans Le Monde, et elle engage aujourd’hui, avec son collectif Les Lionnes, les prémices d’une révolution très attendue. Deux semaines après leur campagne d’affichage sauvage retentissante, au cours de laquelle Les Lionnes ont placardé sur les murs de Paris des phrases sexistes entendues dans leur milieu professionnel, leurs rugissements viendront sans doute troubler la cérémonie des Lions de Cannes, qui se déroule en ce moment sur la Croisette et où elles devraient mener quelques actions choc… Rencontre avec une cheffe de meute.

 
Quelle est l’idée derrière la création de ton agence Mad&Women?
C’est la première agence de publicité féministe. C’est-à-dire qu’elle assume de traiter la communication selon un prisme militant revendiqué: ni sexiste ni stéréotypé. Nous accompagnons notamment nos annonceurs sur leur image de marque, le mécénat et le sponsoring d’actions œuvrant pour les femmes. Ce dernier point est crucial car il marque la différence entre le “femwashing” et ce que j’appelle le “femvertising”: nous refusons de travailler un féminisme cosmétique dont la seule visée serait la récupération marketing du mouvement. Mon ambition, le sens de mon combat, c’est de révolutionner un secteur encore largement androcentré en luttant contre les représentations objectivantes, dégradantes, humiliantes et sexualisantes et en remettant les femmes au cœur de la belle machine créative que peut être la publicité.
Comment est né le collectif Les Lionnes?
J’ai fondé cette association suite aux révélations relatives à la #LigueDuLOL et aux nombreux témoignages de femmes publicitaires que j’ai reçus. Elle est destinée à protéger, défendre et promouvoir les droits des femmes dans la communication. Plus de 200 membres, tous métiers et toutes agences confondus, y sont déjà réunies pour imaginer la publicité de demain: plus égalitaire, juste et respectueuse de chacune. Ensemble, nous promouvons l’amour de la publicité en tant que vecteur de valeurs et la lutte contre le sexisme. Au-delà de ces ambitions et de ses engagements concrets, comme la mise en place d’une assistance juridique ou l’installation d’une hotline pour les victimes, Les Lionnes servent aussi de relais auprès des institutions. Dans une période où la parole se libère enfin, Les Lionnes veulent dire haut et fort que rugir vaut mieux que rougir: la sororité facilite la décision de sortir du silence.
Quels sont ses principaux objectifs ?
Ils sont clairs, nets et précis: faire comprendre que le silence ne sera plus jamais la norme, ramener à zéro le seuil de tolérance vis-à-vis du sexisme sous toutes ses formes, débusquer les prédateurs des agences et tendre vers la parité dans les meilleurs délais.
“La publicité a toujours été faite par les hommes et pour les hommes et la place des femmes a toujours été marginale.”
Pour le moment, quelles sont les retombées?
Les retombées sont plus que positives et le mouvement tend même à s’internationaliser. De nombreux annonceurs nous témoignent leur soutien. Nous sentons une véritable force émerger de l’action. Les femmes publicitaires trouvent les unes chez les autres le supplément d’âme qui leur manquait pour, elles aussi, briser le silence et l’omerta. C’est la raison pour laquelle je parle de la sororité comme d’un principe d’action: elle permet de se transcender, d’inclure une notion de collectif, là où auparavant la crainte de la solitude prédominait. Je suis tellement fière de toutes ces femmes.
A la lecture des messages glaçants de vos affiches, on se demande comment une telle impunité a pu perdurer…
C’est l’héritage de l’ère Mad Men qui est ici en cause. La publicité a toujours été faite par les hommes et pour les hommes et la place des femmes a toujours été marginale. L’atmosphère des agences s’est construite à cette image: l’humour par défaut est celui des hommes. Les limites et les règles fixées par eux, pour eux. Est-ce que les publicités sexistes qui fleurissent sur nos affiches et nos écrans sont les faits de femmes? Non. Elles n’ont simplement pas voix au chapitre. Ou du moins elles n’avaient pas voix au chapitre mais s’arrogent aujourd’hui une parole qu’on leur a inlassablement refusée. Et lorsqu’elles parlent, lorsqu’elles témoignent, cela donne les verbatims que vous avez pu lire. Ils sont choquants, glaçants… Mais si peu étonnants pour nous, femmes de pub.
Le nom du collectif évoque évidemment la cérémonie des Lions à Cannes: qu’est-ce que cet événement a de symbolique?
Même si les jurys commencent peu à peu à tendre vers la parité, force est d’admettre que le Festival International de la Créativité est surtout celui du sexisme ordinaire. Des boîtes de production aux agences, les femmes demeurent effacées des shortlists comme des awards. Elles sont, en revanche, sur-représentées parmi les victimes de toutes les dérives dont Cannes sert de théâtre pendant la semaine des Lions. Conduire une action en amont de ce festival, où se réunit la fine fleur de la publicité internationale, c’est lancer un ultimatum à ceux qui se refusent à quitter le XVIème siècle et un cri de ralliement à celles et ceux qui envisagent différemment le XXIème.
Propos recueillis par Eve Guiraud

http://cheekmagazine.fr/societe/les-lionnes-christelle-delarue-sexisme-pub/

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