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sexisme

"Mains baladeuses", "Menaces de viol" : le sexisme toujours aussi fort dans le foot

3 Novembre 2023, 15:46pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 "Mains baladeuses", "Menaces de viol" : le sexisme toujours aussi fort dans le foot
Publié le Lundi 30 Octobre 2023
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Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

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Une nouvelle enquête de "Ouest France", témoignages à l'appui, en dit long sur la perduration d'un fléau dans le foot : le sexisme. Cartons rouges en série.
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Le sexisme pris dans les filets.

C'est une enquête accablante que déploient Ouest France et le journaliste Grégoire Cherubini à propos d'un sujet touchy : le sexisme dans le foot.

On a beau tordre le bras aux clichés, sortir de l'éternel préjugé "beauferie à tous les étages" trop facile quand on parle du foot, valoriser le football féminin, force est de constater que tout n'est pas encore rose dans le merveilleux monde du football. Et dans celui de ses supporters...


Mais quelles formes prend ce "phénomène" ?

Plusieurs ! Comme l'indique Ouest France, témoignages à l'appui, de Paris à Strasbourg en passant par Rennes et Saint Etienne, cela va de l'implicite : les traditionnels "Mais qu'est-ce que t'y connais", "Ah ouais t'aime le foot toi ?", décochés aux amatrices du ballon rond. Autre variation qui va certainement vous stupéfier tant c'est dingue d'originalité : "Retourne en cuisine !"...

Mais des violences sexistes, il n'y a qu'un passement de jambes jusqu'aux violences sexuelles. On écoute : "J'ai entendu beaucoup de femmes ou jeunes filles qui ont senti des mains baladeuses ou des mecs se frotter à elles. En bus, lors de déplacements, dans des files d'attente pour entrer au stade...".


Et ce n'est pas tout.

"C'est un fléau !"
Supportrice des Girondins de Bordeaux depuis 27 ans, Marie révèle au journal Ouest France que maintenir cette activité passionnée implique parfois de se confronter à des agressions sexuelles, même si "beaucoup d'hommes sont correctement éduqués" : on peut l'expérimenter "lors de fortes affluences dans les tribunes" notamment. Et cela, témoigne de son côté Julie, peut aller "jusqu'à des menaces de viol".

Autres réactions dont témoignent les intervenantes ? Un supporter qui décoche "Ouah t'es trop belle toi, viens on faire connaissance... Petit oiseau, qu'est-ce que tu fais là toute seule, tu t'es perdue ?". Et une agression sexuelle : "Un homme que je connaissais pas a décidé de m'attraper la poitrine à pleines mains, avant de poser sa main sur mes fesses", détaille une supportrice, Marie. "Je lui ai dit d'arrêter mais il s'est énervé".

Le bilan de ce match littéralement nul ?

"C'est un fléau dans les stades, qui sont un reflet de la société actuelle dans laquelle le patriarcat a de beaux jours devant lui..."

Et les conséquences sont dramatiques.

"Beaucoup de supportrices ressentent à force un manque de légitimité qui les poussent à s'auto-censurer. Beaucoup n'osent pas se rendre au stade, surtout seules", observe l'enquête de "Ouest France". Certaines modifient leur tenue vestimentaire, refusent de porter un short par exemple par peur de subir les pires remarques. D'autres encore sont harcelées sur les réseaux sociaux.

Le sexisme dans le foot, un fléau qui perdure hélas autant que l'homophobie.

Dans les deux cas, le foot se fait le reflet exacerbé de notre société. Une autre problématique que déplorait largement Sos Homophobie en tirant l'alerte : "Ce sont les mêmes insultes qui sont utilisées de façon décomplexée dans les cours de récréation, où " pédé " reste l'une des plus prononcées, et sur les réseaux sociaux, caisse de résonnance de la haine anti-LGBTI. Les chants entonnés dans l'enceinte du Parc des Princes sont une manifestation de l'ancrage profond de l'homophobie dans la société française".


https://www.terrafemina.com/article/football-le-sexisme-est-toujours-aussi-intense-dans-le-foot_a370126/1

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Angèle - Balance Ton Quoi [CLIP OFFICIEL]

29 Octobre 2023, 08:03am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 PAROLES DE LA CHANSON BALANCE TON QUOI PAR ANGÈLE
Paroles de Angèle VAN LAEKEN, Veence HANAO
Musique de Angèle VAN LAEKEN
© WARNER CHAPPELL MUSIC FRANCE, ANGELE VL, VEENCE HANAO - 2018

Écoutez "Balance Ton Quoi"
sur Amazon Music Unlimited (ad)
Chanson manquante pour "Angèle" ? Proposer les paroles
Proposer une correction des paroles de "Balance Ton Quoi"
Paroles de la chanson Balance Ton Quoi par Angèle
Ils parlent tous comme des animaux
De toutes les chattes ça parle mal
2018 j'sais pas c'qui t'faut
Mais je suis plus qu'un animal
J'ai vu qu'le rap est à la mode
Et qu'il marche mieux quand il est sale
Bah faudrait p't'être casser les codes
Une fille qui l'ouvre ça serait normal

Balance ton quoi
Même si tu parles mal des filles je sais qu'au fond t'as compris
Balance ton quoi
Un jour peut-être ça changera
Balance ton quoi


Donc laisse-moi te chanter
D'aller te faire en... humhumhumhum
Ouais j'passerai pas à la radio
Parce que mes mots sont pas très beaux

Les gens me disent à demi-mot
Pour une fille belle t'es pas si bête
Pour une fille drôle t'es pas si laide
Tes parents et ton frère ça aide
Oh, tu parles de moi
C'est quoi ton problème ?
J'ai écrit rien qu'pour toi
Le plus beau des poèmes

Laisse-moi te chanter
D'aller te faire en... humhumhumhum
Ouais j's'rai polie pour la télé
Mais va te faire en... humhumhumhum

Balance ton quoi
Balance ton quoi
Balance ton quoi

Un jour peut-être ça changera
Y'a plus d'respect dans la rue
Tu sais très bien quand t'abuses
Balance ton quoi
Balance ton quoi

Laisse-moi te chanter
D'aller te faire en... humhumhumhum
Ouais j'passerai pas à la radio
Parce que mes mots sont pas très beaux
Laisse-moi te chanter
D'aller te faire en... humhumhumhum
Ouais j's'rai polie pour la télé
Mais va te faire en... humhumhumhum

Balance ton quoi
Balance ton quoi
Balance ton quoi

Même si tu parles mal des filles
Je sais qu'au fond t'as compris
Balance ton quoi
Un jour peut-être ça changera
Balance ton quoi


https://www.paroles.net/angele/paroles-balance-ton-quoi

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En 2022, les outrages sexistes continuent d’augmenter, relate une étude du ministère

29 Octobre 2023, 08:00am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 En 2022, les outrages sexistes continuent d’augmenter, relate une étude du ministère
Elisa Covo
 Publié le 27 octobre 2023 à 10h52

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  JUSTICE
Jeudi 26 octobre, le service statistique ministériel de la sécurité intérieure a publié une nouvelle étude qui confirme la hausse des outrages sexistes recensés depuis la loi de 2018.
Au cas où vous en douteriez, le harcèlement de rue est loin d’être éradiqué. Selon le service statistique ministériel de la sécurité intérieure, les outrages sexistes ont connu une nouvelle hausse (22 %) en 2022, soit 2 800 infractions enregistrées. Si ce chiffre est moindre comparé à l’augmentation enregistrée l’année précédente (62 % en 2021 par rapport à 2020), l’étude, publiée jeudi 26 octobre et relayée par l’AFP, recense un total de 7 600 infractions depuis la loi de 2018.

ACTUALITÉ DES MARQUES

Inspired by
Les femmes, premières visées
Le texte de 2018 définit l’outrage sexiste comme une contravention consistant dans le fait d’imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui, soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. Cela se traduit par des insultes, des propos déplacés, dégradants, des propositions graveleuses ou des interjections sexistes, des sifflements…

Depuis le 1ᵉʳ avril 2023, les infractions pour outrage sexiste avec circonstance aggravante sont devenues des délits. L’outrage est considéré comme « aggravé » s’il est commis par une personne abusant de son autorité, sur une personne vulnérable ou bien s’il a lieu dans les transports publics.

Selon les chiffres du ministère, 79 % des infractions enregistrées sont néanmoins « sans circonstance aggravante ».

Au niveau démographique, les victimes sont en grande majorité des femmes (91 %), âgées de moins de 30 ans dans 61 % des cas. À l’inverse, les auteurs sont quasi exclusivement des hommes (97 %). L’étude note également des disparités géographiques. Les infractions sont recensées davantage dans les grandes villes, avec une moyenne de huit outrages sexistes pour 100 000 habitants. Paris est en tête de liste pour le nombre d’infractions (197 en moyenne par an), suivi du Loiret (101), du Nord (71) et du Rhône (57).

Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.


https://www.madmoizelle.com/en-2022-les-outrages-sexistes-continuent-daugmenter-relate-une-etude-du-ministere-1589817

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Qu’est-ce que le sexisme administratif, dont sont victimes de nombreuses femmes ? Témoignages et éclairage

5 Octobre 2023, 18:54pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Qu’est-ce que le sexisme administratif, dont sont victimes de nombreuses femmes ? Témoignages et éclairage
Charlotte Arce
 Mis à jour le 05 octobre 2023 à 10h57
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MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  FÉMINISME
Lorsqu’elles se mettent en ménage, se marient, se séparent ou ont un enfant, nombreuses sont les femmes à être victimes de sexisme administratif. Nous avons recueilli les témoignages de celles qui y ont été confrontées et apportons les solutions de Me Marie Blandin, avocate spécialisée en droit de la famille.
Pour peu que vous soyez une femme et que vous ayez déjà vécu un « événement familial » important comme un mariage, un PACS, un divorce ou la naissance d’un enfant, vous y avez sans doute été confrontée : le sexisme administratif. Si ce dernier n’a pas de définition légale, il est aisément reconnaissable.


C’est quand, par exemple, un agent de la CAF vous attribue sans votre consentement le nom de famille de votre conjoint après le mariage ; quand vous êtes automatiquement reléguée « déclarant numéro 2 » par les impôts alors que c’est vous qui avez le salaire le plus important ; ou encore quand la taxe d’habitation est adressée à « Monsieur » alors que c’est vous la locataire principale… Sans parler des formulaires administratifs qui n’ont toujours pas fait disparaître la case « Mademoiselle » comme le demande la loi depuis… 2012. 

Six lectrices ont accepté de nous raconter leurs galères avec les différentes administrations pour faire connaître leurs droits et faire appliquer la loi. Entre exaspération et charge mentale des démarches à effectuer, florilège de ce qui vous attend si vous êtes une femme confrontée à l’administration… 

« Fallait pas vous marier »
Ma banque a vu sur ma pièce d’identité que j’étais mariée au moment où j’ai ouvert un compte associatif et s’est permis sans mon autorisation de changer mon nom sur mon compte bancaire personnel ouvert avant mon mariage depuis que j’étais étudiante. Lorsque j’ai demandé le retour de mon nom initial, l’agente (une femme) m’a expliqué que si je ne voulais pas que la Banque Postale change mon nom, il suffisait de ne pas me marier ou de divorcer…

Marine* 


« Le nom de l’époux•se n’est qu’un nom d’usage »
Après un PACS, nous décidons de faire une déclaration de revenus commune. Je me suis toujours occupée de la déclaration et c’était mon mail qui était renseigné dans les coordonnées de contact. Aucune ambiguïté possible donc. Mais, systématiquement, c’était son numéro à lui qui figurait en premier et que nous devions utiliser. Et les messages de la direction générale des Finances publiques commençaient systématiquement par « Bonjour Monsieur X ».

Deuxième situation, nouvelle vie, nouveau partenaire. Nous décidons de nous marier. Il n’a jamais été question pour moi d’abandonner mon nom de naissance, d’autant plus que j’ai une vie publique sous ce nom, et que mon futur conjoint ne le demande pas (il est même plutôt demandeur de prendre le mien). Mariage en janvier 2023, déclaration de cette union auprès de la CAF. Je me connecte quelques jours plus tard et je constate que mon nom a été modifié sans me prévenir, sans aucune possibilité de le modifier sur le compte. Message incendiaire via la messagerie rappelant que le changement de nom ne peut se faire qu’à la demande de l’intéressée, et que ma seule identité connue de l’état civil et des administrations est et restera, quelle que soit ma situation maritale actuelle et future, mon nom de naissance. Que le nom de l’époux•se n’est qu’un nom d’usage à condition d’en faire la demande et les démarches afférentes, etc. Pas de réponse, mais quelques jours plus tard, ils avaient remis mon nom.


Charlotte

« La taxe d’habitation était adressée à mon père »
En 2014, je me sépare et trouve un appartement. Comme je suis gérante non salariée, je demande à mon père de co-signer le bail avec moi. Je suis donc locataire principale. Eh bien la 1ère taxe d’habitation est arrivée non pas à l’adresse de l’appartement que j’occupais donc avec mes enfants, mais à son adresse à lui, l’HOMME, qui était même dans un autre département. Merci les impôts.

Déborah

« Seul Monsieur peut réaliser les démarches »
Lorsque nous nous sommes pacsés en 2021, je n’avais plus la main sur notre espace commun CAF pour effectuer les démarches. Lorsque je me connectais, j’avais un message : « seul [nom de mon conjoint] peut réaliser l’ensemble des démarches ».  

Sarah 

« J’ai vécu des moments complètement absurdes chez le médecin »
Suite à mon mariage, de nombreux organismes (notamment la sécu et ma mutuelle) ont automatiquement changé mon nom de famille et m’ont imposé celui de mon mari (alors que j’ai toujours mon nom de naissance). Ce fut à moi de prouver que je n’avais pas changé de nom (en envoyant l’état civil, copie de livret de famille, etc). Merci la charge mentale et les démarches à faire, c’était ubuesque. Comme ce fut très lent à être pris en charge, j’ai eu des moments complètement absurdes chez le médecin : ma carte vitale n’était plus à mon nom quand il la mettait dans le lecteur, ça causait une confusion énorme. Bref, récemment, j’ai changé de Caisse de sécu et, à nouveau, j’ai reçu un courrier postal avec le nom de mon mari… Six ans après, je me retrouve encore à faire des démarches absurdes. 


Sophie 

« Une erreur très révélatrice du mode de pensée patriarcal du système bancaire »
Les femmes ont le droit d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari depuis 1965 et pourtant, les banques semblent avoir des difficultés à considérer les femmes indépendantes financièrement !

Alors que j’ai toujours plutôt bien gagné ma vie, et plus que mon mari, j’ai dû me battre à plusieurs reprises pour obtenir mon nom sur le chéquier, sur le compte et non pas un Mr et Mme Prénom Nom du mari ; pour avoir accès à certaines données sur nos crédits, car le logiciel bancaire ne prévoyait l’accès qu’à une seule des deux personnes et que cet accès était mis, par défaut, à mon mari… Et cela m’a toujours profondément agacée !!

Quand nous nous sommes séparés, je me suis dit que je n’aurais plus affaire à ce genre de situations. Mais cela continue !

Mon ex-mari et moi nous entendons suffisamment bien pour conserver un compte joint pour les dépenses liées à nos enfants. Dernièrement, nous avons décidé de changer de banque suite à nos déménagements dans une autre ville. J’ai rouvert un compte personnel dans cette nouvelle banque et à deux, nous avons ouvert un nouveau compte joint. 

Lorsque j’ai reçu les chéquiers de cette nouvelle banque, la conseillère m’a prévenue qu’il y avait eu une erreur et que la page de garde du chéquier (c’est-à-dire l’adresse d’envoi du chéquier si on ne va pas le chercher en banque) était à l’adresse de mon ex-mari. Au départ, j’ai pensé qu’il ne s’agissait que du chéquier du compte joint, et je me suis dit qu’après tout, ils avaient choisi son adresse et pas la mienne. Mais non, il s’agissait également du chéquier de mon compte personnel ! Comment est-il possible que l’adresse de mon ex-mari soit reliée à mon compte personnel ?? Apparemment « une erreur des services »… J’étais donc déjà assez remontée contre ma banque. 


Je décide de clôturer les anciens comptes, dans le même réseau de banque. J’envoie un mail pour mon compte personnel, et j’explique que nous allons aussi clôturer le compte joint, je demande les démarches à effectuer et j’indique que mon ex transmettra des éléments de son côté. 

Le lendemain, je m’aperçois que notre compte joint est à zéro alors qu’il restait un peu d’argent dessus. J’appelle le conseiller qui me dit qu’il a viré le reste de l’argent sur le compte de monsieur « parce que c’est plus simple ». Je m’offusque qu’il ne nous ait pas demandé notre avis, ce qui le fait fortement soupirer et il me répond que je ne vais pas me plaindre alors qu’il est en train de faire les démarches pour clôturer les comptes. Surtout ne pas se plaindre non…

Le jour suivant, mon ex et moi recevons un mail intitulé « clôtures du compte joint et du compte de Mme ». Le conseiller demande dans ce mail « un écrit manuel et non informatique de demande de clôture du compte joint et du compte personnel de Mme avec les numéros de comptes associés signés par vous deux sur le même document ». Je crois rêver !!! Le conseiller sous-entend que pour clôturer mon compte personnel, nous devons signer tous les deux un document !! Comme si je n’avais pas le droit de le clôturer seule. Bien évidemment, il n’y a même pas réfléchi et cela relève plus de la maladresse (enfin de l’erreur professionnelle aussi) que d’une volonté de soumettre financièrement les femmes aux hommes. Mais c’est une erreur très révélatrice du mode de pensée patriarcal du système bancaire ! Question de principe, je n’ai pas laissé passer et le supérieur hiérarchique m’a dit qu’il allait se servir de notre exemple pour mieux former les conseillers bancaires. J’espère que c’est vrai. Mais la route est longue pour obtenir l’égalité dans ce domaine.


Virginie 

* Le prénom a été modifié.

Sexisme administratif : que dit la loi ?
Éclairage de Maître Marie Blandin, avocate en droit de la famille au Barreau de Rennes
Madmoizelle : En quoi consiste le sexisme administratif ? Existe-t-il une définition ? 

Me Marie Blandin. À ma connaissance, il n’existe pas de définition légale. Je le définis comme une différence de traitement des usagers du fait de leur genre, généralement au détriment des femmes qui se voient imposées des obligations ou restrictions par rapport aux hommes. En ce sens, l’usage du nom est très significatif. C’est-à-dire que dans la loi, l’usage du nom du conjoint fait l’objet d’une parfaite réciprocité. Mais dans la pratique, ce n’est pas le cas. Il est par exemple extrêmement rare qu’un homme prenne le nom de famille de son épouse. En revanche, ce droit parfaitement réciproque est perçu par beaucoup d’administrations comme une obligation pour les femmes d’utiliser le nom de leur époux. 

Certaines évolutions récentes de la loi sont-elles aujourd’hui favorables aux femmes, pour éviter le sexisme administratif ?

Me Marie Blandin. Les lois sont égalitaires, mais la pratique ne l’est hélas toujours pas. Cela peut être dû à une méconnaissance de la part des agents d’administration, à de mauvaises habitudes… Ce qui conduit à des pratiques illégales. Des circulaires sont régulièrement réalisées pour rappeler les nouveaux usages, mais encore faut-il qu’elles soient lues et appliquées.

J’ai beaucoup de clientes qui me disent avoir perdu leur nom de naissance et se demandent quand est-ce qu’elles vont le retrouver. Or, on ne perd pas son nom de naissance : on obtient une faculté supplémentaire d’utiliser le nom de la personne que l’on va épouser. Or, dans les faits, les administrations en arrivent parfois à dire aux femmes qui divorcent que si elles veulent reprendre exclusivement leur nom de naissance, elles doivent présenter le jugement ou la convention de divorce. C’est faux : elles n’ont pas besoin de ces dociments pour pouvoir reprendre l’usage exclusif de leur nom de naissance. J’ai récemment eu le cas d’une élue municipale pour laquelle j’ai été obligée de faire un courrier à la mairie car en conseil municipal, on continuait à l’appeler sous son nom d’épouse alors que d’une part elle était divorcée, et d’autre part parce qu’elle avait mentionné plusieurs fois qu’elle souhaitait reprendre l’usage de son nom de naissance. Mais on lui répondait que parce qu’elle avait été élue sous ce nom-là, ça n’était pas possible de changer. Ils ont fini par modifier. 

Mais je ne suis pas non plus pour demander à tout prix à une femme qui divorce et vit donc une période qui n’est pas facile  de se battre pour reprendre l’usage exclusif de son nom de naissance. Sacrifier les gens sur l’autel de nos convictions n’est pas non plus la bonne solution. J’entends que beaucoup de femmes préfèrent attendre le jugement de divorce, pour ne pas se lancer dans des démarches qui vont leur prendre beaucoup d’énergie. Mais de l’autre côté, si on ne met pas non plus le nez des administrations dans leurs mauvaises pratiques, les choses n’évolueront pas. 

Ces situations sont-elles d’autant plus difficiles à vivre en cas de séparation conflictuelle ou dans un contexte de violences conjugales ? 

Me Marie Blandin. Oui, dans ces situations, il y a un ressenti d’urgence à reprendre son nom de naissance. Quand on est dans l’apaisement, un divorce avec consentement mutuel se règle aujourd’hui en deux mois. Mais cela peut prendre des années en situation conflictuelle. Reprendre son nom de naissance dans ce contexte est une façon de marquer la séparation vis-à-vis des tiers. Mais cela pose aussi après aux femmes le problème des noms des enfants. Parce qu’aujourd’hui, la pratique majoritaire reste de donner le nom du père uniquement. Et d’ailleurs, beaucoup de personnes pensent que lorsqu’il y a un désaccord sur cette question entre les parents, donner le nom du père prévaut avant le nom de la mère. Or, les noms sont donnés par ordre alphabétique. 

En ce sens, la loi relative au choix du nom issu de la filiation entrée en vigueur le 1er juillet 2022 est une vraie évolution. Désormais, on peut changer de nom pour ajouter celui du second parent et ce, sans que l’autre parent n’ait à donner son accord. C’est donc mieux vécu par les femmes qui se séparent de leur conjoint, car elles ont la possibilité de leur transmettre leur nom de famille. 

Quid de la disparition de « Mademoiselle » dans les documents administratifs ? 

Me Marie Blandin. Parce qu’il faisait une distinction entre les femmes mariées et celles qui ne l’étaient pas, le terme « Mademoiselle » est vraiment révélateur du sexisme administratif. Il n’y a pas de distinction entre les hommes selon qu’ils soient mariés ou non ! C’est un terme qui n’avait aucune justification, si ce n’est celle de notre héritage patriarcal. Une circulaire du 21 février 2012 préconise d’ailleurs l’évitement de « Mademoiselle », au même titre que les expressions de « nom de jeune fille », « nom d’épouse » et « nom patronymique ».

Que faire en cas de sexisme administratif avéré ? 

Me Marie Blandin. On peut faire un courrier pour demander une modification. Généralement, lorsque qu’un·e avocat·e l’écrit, cela suffit. Après, face à un organisme récalcitrant, on pourrait envisager de saisir le tribunal administratif pour enjoindre des astreintes. Si cela porte un préjudice particulier, il est aussi possible d’envisager d’engager une action d’indemnisation, ne serait-ce que pour avoir fait cinquante courriers afin d’obtenir le changement de nom demandé. 

Après, le sexisme constitue un délit. On peut donc, si le sexisme d’un banquier ou d’un agent administratif atteint un certain degré, invoquer le délit d’outrage sexiste selon le 222-33-1-1 du Code pénal. Car le sexisme administratif peut aussi être une manière de harceler une personne avec qui on a un désaccord. Je pense notamment à ce cas de l’élue municipale, qui faisait partie de l’opposition, et à qui on a refusé l’usage exclusif de son nom de naissance. Cela peut être considéré comme une forme de harcèlement sexuel (article 222-33 du Code Pénal) ou de harcèlement moral (article 222-33-2-2 du Code Pénal). 

Existe-t-il encore des administrations ayant des formulaires où « Monsieur » prévaut sur « Madame » ? 

Me Marie Blandin. Il me semble qu’aujourd’hui, on est davantage à jour au niveau des formulaires Cerfa. Cela peut peut-être arriver au niveau de petites structures, d’associations, qui n’ont pas encore mis à jour leurs formulaires. Dans ces cas-là, je pense qu’il faut simplement écrire à l’organisme pour alerter sur la non-conformité du formulaire selon les normes actuelles d’égalité de traitement entre les hommes et les femmes. 

D’autres évolutions dans la loi sont-elles aujourd’hui souhaitables pour en finir avec le sexisme administratif, comme l’écriture inclusive ? 

Me Marie Blandin. Oui, je pense que l’égalité passe aussi par le langage. Je fais partie des avocates qui ont mis un petit « e » à « avocate » bien avant que ça ne soit autorisé par le Conseil national des barreaux. Ces actions symboliques comptent. La féminisation du vocabulaire, notamment pour les métiers, est selon moi essentielle. 

Quels conseils juridiques donneriez-vous aux femmes qui font face au sexisme administratif ?

Me Marie Blandin. En premier lieu, il faut écrire pour garder une trace, ne pas simplement faire la demande orale à un conseiller, par exemple. Il faut aussi se référer à la loi pour montrer qu’il ne s’agit pas d’un ressenti, d’une envie, d’une lubie. Et qu’il existe des circulaires, des textes sur lesquels les femmes peuvent s’appuyer. 

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Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
jaifaitca@madmoizelle.com
On a hâte de vous lire !

Le futur de Numerama arrive bientôt ! Mais avant ça, nos confrères ont besoin de vous. Vous avez 3 minutes ? Répondez à leur enquête 

Crédit photo de la une : Antonio_Diaz / Getty Images


https://www.madmoizelle.com/quest-ce-que-le-sexisme-administratif-dont-sont-victimes-de-nombreuses-femmes-temoignages-et-eclairage-1579989

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"Grosse pute, on va niquer ta mère": face au harcèlement en ligne, Laura Laune lance un webshop pour tirer profit des haters

5 Octobre 2023, 10:33am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 VIVRE ICI

Avec les Hirond’Elles, les femmes apprennent le vélo et s’envolent sur les pistes cyclables de Bruxelles

© Hirond’Elles

29 sept. 2023 à 07:00

2 min
Par Maxime Maillet et Arno Goies via

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ABruxelles, le vélo ne cesse de gagner en popularité : ce moyen de transport permet d’éviter les bouchons et d’opter pour une mobilité douce, moins polluante. Mais tout le monde n’est pas à l’aise sur une selle et dans la circulation bruxelloise. C’est le cas de nombreuses femmes. Dans la capitale, à peine un tiers des cyclistes sont des femmes d’après une étude de l’association Pro Vélo (2019).

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Dans le quartier maritime de Molenbeek, il existe des cours d’initiation pour apprendre aux femmes à faire du vélo, à trouver leur place dans la circulation et à gagner en autonomie et en confiance en elles. Depuis 2018, ce projet "Les Hirond’Elles " est porté par MolemBIKE et Riet Naessens.


Hirond'Elles : des cours d'initiation au vélo pour les femmes de Molenbeek
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Chaque année, une centaine de femmes (et leurs enfants) sont formées. C’est le cas de Fatima. A 56 ans, elle n’a jamais fait de vélo. " Mes deux enfants roulent à vélo. Toute la famille roule à vélo. Je suis la seule à ne pas en faire. J’ai l’impression d’avoir un handicap. Puis, je trouve ça plus pratique de faire du vélo dans une grande ville comme Bruxelles. Pour éviter les embouteillages ou pour accéder à d’autres endroits plus agréables ".

Concrètement, les femmes débutantes apprennent les bases sur l’esplanade de Tours & Taxis : trouver son équilibre, pédaler, freiner, anticiper, maîtriser le code de la route et surtout vaincre sa peur grâce aux conseils des bénévoles. " On commence vraiment par leur présenter un vélo, puis les mettre en selle. C’est comme quand on apprend à un enfant à faire du vélo, mais un enfant va le faire d’une manière plus instinctive. Une personne adulte a beaucoup plus d’appréhension : elle comprend plus facilement les risques et les dangers en cas de chute ", explique Claire, une bénévole.

Après avoir maîtrisé les bases, les femmes mi-avancées volent de leurs propres ailes et se rendent en groupe sur les pistes cyclables pour circuler au milieu des autres usagers. Une belle occasion d'occuper l’espace public, mais aussi de découvrir Bruxelles. " On a remarqué que les femmes de Molenbeek n’ont pas l’habitude de franchir le canal pour aller à Bruxelles. D’autres ne connaissaient par exemple pas le Cinquantenaire. Je les ai emmenées là-bas. On va aussi à Schaerbeek et au Parc Josaphat. Je leur montre la beauté de cette ville. Par après, elles osent y retourner avec leurs enfants, avec leur famille. Et c’est ça aussi le but " conclut Riet Naessens, la porteuse du projet.

Les cours se donnent deux fois par semaine, les jeudis et samedis de 15h à 18h à Tours & Taxis. Plus d’informations sur le site internet de MolemBIKE


https://www.rtbf.be/article/avec-les-hirondelles-les-femmes-apprennent-le-velo-et-senvolent-sur-les-pistes-cyclables-de-bruxelles-11261719

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« Les différents organismes m’ont automatiquement attribué le nom de mon mari » : elles ont été victimes de sexisme administratif

3 Octobre 2023, 04:55am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Source : Unsplash / Christina @ wocintechchat.com
SOCIÉTÉ
« Les différents organismes m’ont automatiquement attribué le nom de mon mari » : elles ont été victimes de sexisme administratif
Charlotte Arce
 Publié le 02 octobre 2023 à 19h25
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MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  FÉMINISME
Ne pouvoir effectuer les démarches que du compte de son conjoint, se voir attribuer automatiquement son nom de famille ou être perpétuellement reléguée en seconde position sur les formulaires a un nom : le sexisme administratif. Témoignages de celles qui y ont été confrontées et éclairage de Me Marie Blandin, avocate spécialisée en droit de la famille.
Pour peu que vous soyez une femme et que vous ayez déjà vécu un « événement familial » important comme un mariage, un PACS, un divorce ou la naissance d’un enfant, vous y avez sans doute été confrontée : le sexisme administratif. Si ce dernier n’a pas de définition légale, il est aisément reconnaissable.


C’est quand, par exemple, un agent de la CAF vous attribue sans votre consentement le nom de famille de votre conjoint après le mariage ; quand vous êtes automatiquement reléguée « déclarant numéro 2 » par les impôts alors que c’est vous qui avez le salaire le plus important ; ou encore quand la taxe d’habitation est adressée à « Monsieur » alors que c’est vous la locataire principale… Sans parler des formulaires administratifs qui n’ont toujours pas fait disparaître la case « Mademoiselle » comme le demande la loi depuis… 2012. 

Six lectrices ont accepté de nous raconter leurs galères avec les différentes administrations pour faire connaître leurs droits et faire appliquer la loi. Entre exaspération et charge mentale des démarches à effectuer, florilège de ce qui vous attend si vous êtes une femme confrontée à l’administration… 

« Fallait pas vous marier »
Ma banque a vu sur ma pièce d’identité que j’étais mariée au moment où j’ai ouvert un compte associatif et s’est permis sans mon autorisation de changer mon nom sur mon compte bancaire personnel ouvert avant mon mariage depuis que j’étais étudiante. Lorsque j’ai demandé le retour de mon nom initial, l’agente (une femme) m’a expliqué que si je ne voulais pas que la Banque Postale change mon nom, il suffisait de ne pas me marier ou de divorcer…

Marine* 


« Le nom de l’époux•se n’est qu’un nom d’usage »
Après un PACS, nous décidons de faire une déclaration de revenus commune. Je me suis toujours occupée de la déclaration et c’était mon mail qui était renseigné dans les coordonnées de contact. Aucune ambiguïté possible donc. Mais, systématiquement, c’était son numéro à lui qui figurait en premier et que nous devions utiliser. Et les messages de la direction générale des Finances publiques commençaient systématiquement par « Bonjour Monsieur X ».

Deuxième situation, nouvelle vie, nouveau partenaire. Nous décidons de nous marier. Il n’a jamais été question pour moi d’abandonner mon nom de naissance, d’autant plus que j’ai une vie publique sous ce nom, et que mon futur conjoint ne le demande pas (il est même plutôt demandeur de prendre le mien). Mariage en janvier 2023, déclaration de cette union auprès de la CAF. Je me connecte quelques jours plus tard et je constate que mon nom a été modifié sans me prévenir, sans aucune possibilité de le modifier sur le compte. Message incendiaire via la messagerie rappelant que le changement de nom ne peut se faire qu’à la demande de l’intéressée, et que ma seule identité connue de l’état civil et des administrations est et restera, quelle que soit ma situation maritale actuelle et future, mon nom de naissance. Que le nom de l’époux•se n’est qu’un nom d’usage à condition d’en faire la demande et les démarches afférentes, etc. Pas de réponse, mais quelques jours plus tard, ils avaient remis mon nom.


Charlotte

« La taxe d’habitation était adressée à mon père »
En 2014, je me sépare et trouve un appartement. Comme je suis gérante non salariée, je demande à mon père de co-signer le bail avec moi. Je suis donc locataire principale. Eh bien la 1ère taxe d’habitation est arrivée non pas à l’adresse de l’appartement que j’occupais donc avec mes enfants, mais à son adresse à lui, l’HOMME, qui était même dans un autre département. Merci les impôts.

Déborah

« Seul Monsieur peut réaliser les démarches »
Lorsque nous nous sommes pacsés en 2021, je n’avais plus la main sur notre espace commun CAF pour effectuer les démarches. Lorsque je me connectais, j’avais un message : « seul [nom de mon conjoint] peut réaliser l’ensemble des démarches ».  

Sarah 

« J’ai vécu des moments complètement absurdes chez le médecin »
Suite à mon mariage, de nombreux organismes (notamment la sécu et ma mutuelle) ont automatiquement changé mon nom de famille et m’ont imposé celui de mon mari (alors que j’ai toujours mon nom de naissance). Ce fut à moi de prouver que je n’avais pas changé de nom (en envoyant l’état civil, copie de livret de famille, etc). Merci la charge mentale et les démarches à faire, c’était ubuesque. Comme ce fut très lent à être pris en charge, j’ai eu des moments complètement absurdes chez le médecin : ma carte vitale n’était plus à mon nom quand il la mettait dans le lecteur, ça causait une confusion énorme. Bref, récemment, j’ai changé de Caisse de sécu et, à nouveau, j’ai reçu un courrier postal avec le nom de mon mari… Six ans après, je me retrouve encore à faire des démarches absurdes. 


Sophie 

« Une erreur très révélatrice du mode de pensée patriarcal du système bancaire »
Les femmes ont le droit d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari depuis 1965 et pourtant, les banques semblent avoir des difficultés à considérer les femmes indépendantes financièrement !

Alors que j’ai toujours plutôt bien gagné ma vie, et plus que mon mari, j’ai dû me battre à plusieurs reprises pour obtenir mon nom sur le chéquier, sur le compte et non pas un Mr et Mme Prénom Nom du mari ; pour avoir accès à certaines données sur nos crédits, car le logiciel bancaire ne prévoyait l’accès qu’à une seule des deux personnes et que cet accès était mis, par défaut, à mon mari… Et cela m’a toujours profondément agacée !!

Quand nous nous sommes séparés, je me suis dit que je n’aurais plus affaire à ce genre de situations. Mais cela continue !

Mon ex-mari et moi nous entendons suffisamment bien pour conserver un compte joint pour les dépenses liées à nos enfants. Dernièrement, nous avons décidé de changer de banque suite à nos déménagements dans une autre ville. J’ai rouvert un compte personnel dans cette nouvelle banque et à deux, nous avons ouvert un nouveau compte joint. 

Lorsque j’ai reçu les chéquiers de cette nouvelle banque, la conseillère m’a prévenue qu’il y avait eu une erreur et que la page de garde du chéquier (c’est-à-dire l’adresse d’envoi du chéquier si on ne va pas le chercher en banque) était à l’adresse de mon ex-mari. Au départ, j’ai pensé qu’il ne s’agissait que du chéquier du compte joint, et je me suis dit qu’après tout, ils avaient choisi son adresse et pas la mienne. Mais non, il s’agissait également du chéquier de mon compte personnel ! Comment est-il possible que l’adresse de mon ex-mari soit reliée à mon compte personnel ?? Apparemment « une erreur des services »… J’étais donc déjà assez remontée contre ma banque. 


Je décide de clôturer les anciens comptes, dans le même réseau de banque. J’envoie un mail pour mon compte personnel, et j’explique que nous allons aussi clôturer le compte joint, je demande les démarches à effectuer et j’indique que mon ex transmettra des éléments de son côté. 

Le lendemain, je m’aperçois que notre compte joint est à zéro alors qu’il restait un peu d’argent dessus. J’appelle le conseiller qui me dit qu’il a viré le reste de l’argent sur le compte de monsieur « parce que c’est plus simple ». Je m’offusque qu’il ne nous ait pas demandé notre avis, ce qui le fait fortement soupirer et il me répond que je ne vais pas me plaindre alors qu’il est en train de faire les démarches pour clôturer les comptes. Surtout ne pas se plaindre non…

Le jour suivant, mon ex et moi recevons un mail intitulé « clôtures du compte joint et du compte de Mme ». Le conseiller demande dans ce mail « un écrit manuel et non informatique de demande de clôture du compte joint et du compte personnel de Mme avec les numéros de comptes associés signés par vous deux sur le même document ». Je crois rêver !!! Le conseiller sous-entend que pour clôturer mon compte personnel, nous devons signer tous les deux un document !! Comme si je n’avais pas le droit de le clôturer seule. Bien évidemment, il n’y a même pas réfléchi et cela relève plus de la maladresse (enfin de l’erreur professionnelle aussi) que d’une volonté de soumettre financièrement les femmes aux hommes. Mais c’est une erreur très révélatrice du mode de pensée patriarcal du système bancaire ! Question de principe, je n’ai pas laissé passer et le supérieur hiérarchique m’a dit qu’il allait se servir de notre exemple pour mieux former les conseillers bancaires. J’espère que c’est vrai. Mais la route est longue pour obtenir l’égalité dans ce domaine.


Virginie 

* Le prénom a été modifié.

Sexisme administratif : que dit la loi ?
Éclairage de Maître Marie Blandin, avocate en droit de la famille au Barreau de Rennes
Madmoizelle : En quoi consiste le sexisme administratif ? Existe-t-il une définition ? 

Me Marie Blandin. À ma connaissance, il n’existe pas de définition légale. Je le définis comme une différence de traitement des usagers du fait de leur genre, généralement au détriment des femmes qui se voient imposées des obligations ou restrictions par rapport aux hommes. En ce sens, l’usage du nom est très significatif. C’est-à-dire que dans la loi, l’usage du nom du conjoint fait l’objet d’une parfaite réciprocité. Mais dans la pratique, ce n’est pas le cas. Il est par exemple extrêmement rare qu’un homme prenne le nom de famille de son épouse. En revanche, ce droit parfaitement réciproque est perçu par beaucoup d’administrations comme une obligation pour les femmes d’utiliser le nom de leur époux. 

Certaines évolutions récentes de la loi sont-elles aujourd’hui favorables aux femmes, pour éviter le sexisme administratif ?

Me Marie Blandin. Les lois sont égalitaires, mais la pratique ne l’est hélas toujours pas. Cela peut être dû à une méconnaissance de la part des agents d’administration, à de mauvaises habitudes… Ce qui conduit à des pratiques illégales. Des circulaires sont régulièrement réalisées pour rappeler les nouveaux usages, mais encore faut-il qu’elles soient lues et appliquées.

J’ai beaucoup de clientes qui me disent avoir perdu leur nom de naissance et se demandent quand est-ce qu’elles vont le retrouver. Or, on ne perd pas son nom de naissance : on obtient une faculté supplémentaire d’utiliser le nom de la personne que l’on va épouser. Or, dans les faits, les administrations en arrivent parfois à dire aux femmes qui divorcent que si elles veulent reprendre exclusivement leur nom de naissance, elles doivent présenter le jugement ou la convention de divorce. C’est faux : elles n’ont pas besoin de ces dociments pour pouvoir reprendre l’usage exclusif de leur nom de naissance. J’ai récemment eu le cas d’une élue municipale pour laquelle j’ai été obligée de faire un courrier à la mairie car en conseil municipal, on continuait à l’appeler sous son nom d’épouse alors que d’une part elle était divorcée, et d’autre part parce qu’elle avait mentionné plusieurs fois qu’elle souhaitait reprendre l’usage de son nom de naissance. Mais on lui répondait que parce qu’elle avait été élue sous ce nom-là, ça n’était pas possible de changer. Ils ont fini par modifier. 

Mais je ne suis pas non plus pour demander à tout prix à une femme qui divorce et vit donc une période qui n’est pas facile  de se battre pour reprendre l’usage exclusif de son nom de naissance. Sacrifier les gens sur l’autel de nos convictions n’est pas non plus la bonne solution. J’entends que beaucoup de femmes préfèrent attendre le jugement de divorce, pour ne pas se lancer dans des démarches qui vont leur prendre beaucoup d’énergie. Mais de l’autre côté, si on ne met pas non plus le nez des administrations dans leurs mauvaises pratiques, les choses n’évolueront pas. 

Ces situations sont-elles d’autant plus difficiles à vivre en cas de séparation conflictuelle ou dans un contexte de violences conjugales ? 

Me Marie Blandin. Oui, dans ces situations, il y a un ressenti d’urgence à reprendre son nom de naissance. Quand on est dans l’apaisement, un divorce avec consentement mutuel se règle aujourd’hui en deux mois. Mais cela peut prendre des années en situation conflictuelle. Reprendre son nom de naissance dans ce contexte est une façon de marquer la séparation vis-à-vis des tiers. Mais cela pose aussi après aux femmes le problème des noms des enfants. Parce qu’aujourd’hui, la pratique majoritaire reste de donner le nom du père uniquement. Et d’ailleurs, beaucoup de personnes pensent que lorsqu’il y a un désaccord sur cette question entre les parents, donner le nom du père prévaut avant le nom de la mère. Or, les noms sont donnés par ordre alphabétique. 

En ce sens, la loi relative au choix du nom issu de la filiation entrée en vigueur le 1er juillet 2022 est une vraie évolution. Désormais, on peut changer de nom pour ajouter celui du second parent et ce, sans que l’autre parent n’ait à donner son accord. C’est donc mieux vécu par les femmes qui se séparent de leur conjoint, car elles ont la possibilité de leur transmettre leur nom de famille. 

Quid de la disparition de « Mademoiselle » dans les documents administratifs ? 

Me Marie Blandin. Parce qu’il faisait une distinction entre les femmes mariées et celles qui ne l’étaient pas, le terme « Mademoiselle » est vraiment révélateur du sexisme administratif. Il n’y a pas de distinction entre les hommes selon qu’ils soient mariés ou non ! C’est un terme qui n’avait aucune justification, si ce n’est celle de notre héritage patriarcal. Une circulaire du 21 février 2012 préconise d’ailleurs l’évitement de « Mademoiselle », au même titre que les expressions de « nom de jeune fille », « nom d’épouse » et « nom patronymique ».

Que faire en cas de sexisme administratif avéré ? 

Me Marie Blandin. On peut faire un courrier pour demander une modification. Généralement, lorsque qu’un·e avocat·e l’écrit, cela suffit. Après, face à un organisme récalcitrant, on pourrait envisager de saisir le tribunal administratif pour enjoindre des astreintes. Si cela porte un préjudice particulier, il est aussi possible d’envisager d’engager une action d’indemnisation, ne serait-ce que pour avoir fait cinquante courriers afin d’obtenir le changement de nom demandé. 

Après, le sexisme constitue un délit. On peut donc, si le sexisme d’un banquier ou d’un agent administratif atteint un certain degré, invoquer le délit d’outrage sexiste selon le 222-33-1-1 du Code pénal. Car le sexisme administratif peut aussi être une manière de harceler une personne avec qui on a un désaccord. Je pense notamment à ce cas de l’élue municipale, qui faisait partie de l’opposition, et à qui on a refusé l’usage exclusif de son nom de naissance. Cela peut être considéré comme une forme de harcèlement sexuel (article 222-33 du Code Pénal) ou de harcèlement moral (article 222-33-2-2 du Code Pénal). 

Existe-t-il encore des administrations ayant des formulaires où « Monsieur » prévaut sur « Madame » ? 

Me Marie Blandin. Il me semble qu’aujourd’hui, on est davantage à jour au niveau des formulaires Cerfa. Cela peut peut-être arriver au niveau de petites structures, d’associations, qui n’ont pas encore mis à jour leurs formulaires. Dans ces cas-là, je pense qu’il faut simplement écrire à l’organisme pour alerter sur la non-conformité du formulaire selon les normes actuelles d’égalité de traitement entre les hommes et les femmes. 

D’autres évolutions dans la loi sont-elles aujourd’hui souhaitables pour en finir avec le sexisme administratif, comme l’écriture inclusive ? 

Me Marie Blandin. Oui, je pense que l’égalité passe aussi par le langage. Je fais partie des avocates qui ont mis un petit « e » à « avocate » bien avant que ça ne soit autorisé par le Conseil national des barreaux. Ces actions symboliques comptent. La féminisation du vocabulaire, notamment pour les métiers, est selon moi essentielle. 

Quels conseils juridiques donneriez-vous aux femmes qui font face au sexisme administratif ?

Me Marie Blandin. En premier lieu, il faut écrire pour garder une trace, ne pas simplement faire la demande orale à un conseiller, par exemple. Il faut aussi se référer à la loi pour montrer qu’il ne s’agit pas d’un ressenti, d’une envie, d’une lubie. Et qu’il existe des circulaires, des textes sur lesquels les femmes peuvent s’appuyer. 

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L’intelligence artificielle pour déshabiller des femmes : c’est illégal et "vraiment inquiétant", y compris en Belgique

27 Septembre 2023, 07:46am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

L’intelligence artificielle pour déshabiller des femmes : c’est illégal et "vraiment inquiétant", y compris en Belgique

Espagne : des clichés pornographiques d'ados créés par l'IA (RS RTBF INFO 22/09/2023)
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25 sept. 2023 à 12:39 - mise à jour il y a 2 heures

8 min
Par Marie-Laure Mathot via

La Première
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C’est une rentrée des classes qui a commencé bien péniblement pour une vingtaine d’adolescentes d’Almendralejo dans le sud de l’Espagne. Elles ont reçu des photos d’elles entièrement nues. D’elles ? Pas vraiment. Ces photos n’ont jamais été prises. Elles ont été générées par une intelligence artificielle sur base de photos reprises sur leur compte Instagram.

Si elles étaient entièrement vêtues sur ces photos, l’intelligence artificielle a permis de mettre ces mineures à nu. L’une d’entre elles a 11 ans.

Ce sont souvent des garçons adolescents à l’origine des "deepnudes" qui n’imaginent pas les conséquences que cela peut avoir.
Ce sont souvent des garçons adolescents à l’origine des "deepnudes" qui n’imaginent pas les conséquences que cela peut avoir. © Getty images – Motortion
Selon plusieurs médias espagnols relayés par Euronews, ce sont de jeunes garçons qui ont généré ces photos. L’un d’entre eux aurait même demandé de l’argent avant d’envoyer la photo d’une jeune fille nue.

Un délit

"C’est un délit", a réagi la mère d’une de ces jeunes filles sur Instagram, Miriam Al Adib. "C’est une barbarie d’adolescents qui ne se rendent pas compte de ce qu’ils ont fait […] Cela peut se retrouver sur Onlyfans ou des sites pornographiques. C’est un délit vraiment grave", dit-elle en proposant aux mères des autres jeunes filles victimes de sextorsion de s’unir pour porter plainte. L’affaire a été transmise au parquet des mineurs.

De graves conséquences pour ceux qui ont réalisé ces photos

Le maire de la ville a même lancé un avertissement, indique Euronews. "Il s’agit peut-être d’une plaisanterie au départ, mais les implications sont bien plus importantes et pourraient avoir de graves conséquences pour ceux qui ont réalisé ces photos."

Les mères de ces jeunes filles se sont en effet rassemblées pour faire front, porter plainte et rappeler aux jeunes filles qu’elles n’y sont pour rien. Miriam Al Adib a directement créé des vidéos sur Instagram pour dénoncer ces comportements.

Les victimes étaient en crise d’angoisse

Trois jours plus tard, une BD est même publiée pour sensibiliser les jeunes garçons aux dangers de ce genre de comportements avec ce commentaire : "Ce qui s’est passé avec les filles d’Almendralejo nous donne de l’espoir, il semble qu’il y ait un changement de conscience brutal. Avant que @miriam_al_adib ne dénonce ce qui était arrivé à sa fille (et à beaucoup d’autres filles), ces c******* croyaient s’en tirer comme ça. L’histoire se répétait : les victimes étaient en crise d’angoisse, honteuses et silencieuses. Et maintenant elles sont toutes ensemble, sans peur et avec l’attitude "Ce feu nous l’avons éteint ensemble !" À plus d’histoires où nous nous unissons et perdons notre peur !"

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En Belgique aussi, "c’est un phénomène réel et vraiment inquiétant", commente Catherine Van de Heyning, professeure à l’Université d’Anvers. Elle enseigne notamment les droits fondamentaux européens. Magistrate, elle est aussi substitut du procureur du roi. Elle fait partie d’un groupe de recherche sur la prévalence, l’impact et le cadre juridique des "deepnude", ces photos ou vidéos de personnes nues avec des visages de personnes qui n’ont jamais tourné ces images.

"Nos recherches montrent que ces applications sont utilisées en Belgique. En particulier, par les jeunes hommes. On pense que c’est parce qu’ils maîtrisent davantage les technologies et qu’ils font partie de groupes où se partagent ces technologies", explique-t-elle.

L’éducation aux médias et à la sexualité, c’est vraiment super important

"Quand on leur demande pourquoi, on pense toujours que c’est pour des raisons sexuelles mais le plus souvent, c’est 'parce que c’est drôle' entre copains, ou par ennui. C’est tout le problème : ils pensent que ce n’est pas grave parce que ce n’est pas le vrai corps mais clairement, pour la victime, l’impact est réel. Comme quoi, et je sais que le sujet est sensible chez vous mais l’éducation aux médias et à la sexualité, c’est vraiment super important." Ces notions sont en effet au programme des animations Evras, l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle.

"On constate aussi le début d’extorsion d’argent sur base de ces images. On pourrait se demander pourquoi les victimes payeraient pour une image fictive mais on constate une crainte de leur part : celle de ne pas être crue car l’image est très réaliste." Selon les recherches, les victimes sont des hommes comme des femmes mais pour les secondes, les images circulent beaucoup plus, elles sont beaucoup plus virales. "C’est donc principalement des images de femmes que l’on retrouve finalement sur le web. L’impact est donc beaucoup plus grand pour les femmes."

Quelques cas sont passés en justice en Belgique mais "on pense que les victimes ne le signalent pas car elles pensent que ce n’est pas punissable comme le corps est fictif." Le nombre de victimes est donc sous-estimé. Mais l’impact est bel et bien important.

Facile et illégal
Les applications d’intelligence artificielle permettent en effet très facilement de "déshabiller" n’importe qui. Ou plutôt n’importe quelle femme : la page d’accueil de l’application utilisée en Espagne ne propose aucune mise à nu d’hommes. Le slogan est d’ailleurs : "Déshabillez n’importe qui, déshabillez les filles gratuitement." Il est donc évident que l’objectif est de le faire sans le consentement de la femme photographiée. L’application signale également qu’elle n’enregistre aucune donnée. Le service est proposé en anglais et en russe. Selon Euronews, cela coûte 10 euros pour 25 photos de nu.

Le "service" est donc ultra-accessible mais n’en est pas moins complètement illégal.

D’abord, sur le plan de la protection de la vie privée. Pour les auteurs d’abord : le fait d’aller chercher une photo de quelqu’un et de la transmettre à l’application viole la loi sur la protection de la vie privée sur trois principes.

La transparence : toute personne dont les données sont traitées a le droit de savoir quelles données exactement sont traitées, pour quoi, par qui, comment et dans quel but.
La finalité : Ce principe est important dans le cas d’espèce car il sous-tend le fait que même si une photo est publique (par exemple postée par une personne sur un réseau social), elle ne peut être collectée et réutilisée par un tiers par la suite dans n’importe quel but. Il doit y avoir une base juridique pour le faire.
La sécurité : les données doivent être traitées de manière à garantir une sécurité appropriée aux données personnelles, y compris la protection contre le traitement non-autorisé ou illicite.
La société qui a créé l’app est elle aussi en infraction. Quand on regarde qui se cache derrière ce site internet via une application comme who.is, il est possible de voir que cette application existe depuis avril 2023, depuis peu donc, et qu’elle est hébergée aux États-Unis. Le reste des informations, comme l’adresse ou le nom de l’entreprise derrière cette app a été caché.

"Le droit à la protection de la vie privée, la Réglementation générale de protection des données (RGPD), est applicable dans tous les États membres de l’Union européenne, y compris pour les sociétés qui proposent des services en Europe", explique Nathalie Smuha, professeure à la Faculté de droit de KU Leuven et chercheuse en droit et éthique de la technologie à l’Université de New York. "Si elles utilisent des données personnelles de citoyens européens, elles tombent sous cette législation." L’image de quelqu’un, l’enregistrement de sa voix aussi sont des données à caractère personnel.

Pas question donc de faire une "blague" en clonant la voix d’un camarade sans son autorisation. Là aussi, il y a eu des cas d’abus où une mère américaine a reçu un message de sa fille disant qu’elle s’était fait kidnapper. Il n’en était rien. C’était la voix de cette jeune fille clonée par une IA pour la mettre en détresse.

"Cette législation dit qu’il faut une base juridique, légale pour pouvoir utiliser les photos de quelqu’un. Il y en a plusieurs. Le consentement en est une. Et dans le cas espagnol, clairement, aucune de ces femmes ne l’a donné. C’est donc une première infraction."

Autre aspect sur lequel les utilisateurs et la société sont en infraction : la propriété intellectuelle. "La protection d’image et d’identité s’applique", précise la chercheuse de la KULeuveun.

Sur le volet pénal aussi
En Belgique, il est également possible d’attaquer ces comportements sur le plan pénal. Et là aussi, à plusieurs niveaux. D’abord, notre législation protège les victimes grâce à l’article sur le voyeurisme. Depuis 2016, il est interdit d’observer une personne nue à son insu, que ce soit par une caméra physique ou des logiciels espions, mais il est également interdit de faire observer des nus sans consentement. "Cela s’applique aux logiciels espions mais aussi à l’intelligence artificielle ou créée grâce avec Photoshop depuis des photos existantes", explique Catherine Van de Heyning.

Une législation renforcée cette année avec le nouveau Code pénal sexuel : il est interdit d’envoyer des photos de personnes nues sans le consentement de celle qui la reçoit. L’idée de base est d’interdire d’envoyer des "dick pic", des photos de pénis. Mais peut aussi s’appliquer dans ce cas-ci.

Enfin, le Code pénal interdit la sextorsion, le fait de demander de l’argent sous menace de publier la photo d’une personne nue, même si celle-ci l’a envoyée elle-même avec consentement à la base.

Une question se pose néanmoins dans ce cas-ci car la "mise à nu" est créée par une intelligence artificielle. Il ne s’agit donc pas du vrai corps des personnes ciblées. Est-ce que ce droit pénal s’applique ? Pour la magistrate flamande, Catherine Van de Heyning, la réponse est oui. "Créer une image à base d’une photo qui existe et générer un corps nu est d’office puni par l’article sur le voyeurisme. C’est donc punissable."

Ce que les auteurs et les apps risquent
Sur le volet pénal, le voyeurisme, dont fait partie la génération de "deepnude", est puni d’un emprisonnement de six mois à cinq ans si la victime est majeure. Si la victime a moins de 16 ans, c’est 10 à 15 ans de prison.

"Les personnes victimes de ces abus peuvent porter plainte à l’Autorité de protection des données de leur pays", explique Nathalie Smuha. "Une enquête est ouverte. L’autorité de protection de la vie privée va contrôler s’il y a infraction et peut imposer une amende qui peut être élevée. Si c’est une grande société, cela peut monter à plusieurs millions." En mai dernier par exemple, Meta avait reçu une amende record d’1,2 milliard d’euros.

"Mais pour cela, il faut d’abord trouver la société. Si elle n’est pas en Europe, c’est déjà plus compliqué. La réglementation RGPD s’applique mais il faut encore les retrouver, avoir leur adresse, pour envoyer une notification, un courrier avec l’amende. Ensuite, la société va-t-elle payer ? S’ils l’ignorent, on ne peut pas envoyer la police belge aux États-Unis. On peut juste leur demander de les aider."

Une autre possibilité est de bloquer le site internet sur le territoire européen. "Mais le problème est qu’il y en aura un trois jours plus tard qui va apparaître", explique Nathalie Smuha. "Ou alors ce sera accessible sur le dark web où il y a plein d’applications comme celles-là qui sont plus difficiles à trouver pour la police." Et donc aussi, pour les utilisateurs.

Il est aussi possible de passer devant un tribunal civil si l’une ou l’autre partie n’est pas d’accord avec la décision de l’Autorité de protection des données.

Une nouvelle législation à venir
Pour mettre au clair le flou qui peut rester sur les images générées par l’intelligence artificielle, une nouvelle réglementation européenne est en train d’être discutée. "Une fois que ce texte sera appliqué, dans le meilleur des cas dans deux ans, il sera obligatoire d’indiquer si l’image a été générée par une intelligence artificielle. Si la voix a été clonée, c’est pareil." Et vu la vitesse à laquelle les applications d’intelligence sont créées, il y aura probablement encore beaucoup de cas d’abus et de fake news d’ici là.

Une autre directive européenne sur les violences sexuelles doit également voir le jour. "L’idée est de faciliter le dialogue avec les plateformes en ligne pour repérer ces 'deepnudes'", explique Catherine Van de Heyning. "Aujourd’hui, Meta, Google etc. entraînent leurs algorithmes à les reconnaître mais les plateformes pornographiques ne prennent par contre aucune initiative pour lutter contre les images générées par IA." Et ce, sans le consentement de la personne dont le visage est utilisé.

Et la magistrate anversoise de conclure : "Le droit est important mais la vraie solution, c’est l’éducation aux médias et sexuelle pour dire : ce n’est pas drôle."


 https://www.rtbf.be/article/lintelligence-artificielle-pour-deshabiller-des-femmes-cest-illegal-et-vraiment-inquietant-y-compris-en-belgique-11259804

Ce qui s’est passé avec les filles d’Almendralejo nous donne de l’espoir, il semble qu’il y ait un changement brutal de conscience. Avant cela... | Instagram (en anglais)       

CETTE  APPLICATION EST SEXISTES !!!!! 

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In Thècle Dubuis We Trust, la résilience et le partage par la cuisine

20 Septembre 2023, 01:12am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 In Thècle Dubuis We Trust, la résilience et le partage par la cuisine

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09 sept. 2023 à 13:08

7 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Dans la série In… We Trust (en français : "Nous croyons en"), Les Grenades vont à la rencontre de femmes arrivées là où personne ne les attendait. Pour cette reprise en beauté, nous plongeons dans le parcours de Thècle Dubuis, cheffe spécialisée dans l’alimentation durable. Maman solo, vaille que vaille, elle trace son chemin dans la cuisine végétale avec sensibilité et plaisir.

C’est avec enthousiasme et habillée de vêtements colorés que Thècle Dubuis débarque au rendez-vous. Entre ses ateliers de cuisine HighThècleculinary aux quatre coins du pays, ses projets en tout genre et ses enfants, cette cheffe de 40 ans n’arrête pas une seconde. Aujourd’hui, pour Les Grenades, elle met le quotidien sur pause et nous partage son histoire.

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Une enfance sous emprise
Enfant, elle grandit en France, à Nantes dans une famille de 11 frères et sœurs. "Nous évoluions au sein d’une communauté très catholique et rigoriste. À la maison, j’étais la troisième et la première des filles. C’est sur mes épaules que reposait une large partie des charges domestiques : j’étais un peu ‘la deuxième maman’ que je le veuille ou non."

Tandis qu’à l’adolescence, les autres mènent leur vie de jeunes, Thècle se sent coincée dans cet environnement familial qui se révèle de plus en plus toxique. "Mon père était violent, c’est devenu de pire en pire avec les années. Il a finalement été déchu de son droit de paternité. Tout ça était très intense, mais quand c’est ta réalité, ta seule référence, tu fais avec, tu survis."

À l’école, le quotidien n’est pas toujours simple non plus. "On m’appelait ‘le garçon manqué’. Je n’avais pas les codes des filles et j’étais régulièrement moquée, mais franchement, avec tout ce qui se passait à la maison, j’étais blindée. Mes amis étaient très souvent d’autres personnes rejetées que ce soient pour des questions de racisme, de handicap ou de caractère introverti. Certain·es subissaient du harcèlement, je ressentais un sentiment d’injustice qui me saisissait aux tripes ; à chaque moquerie, ou rabaissement, j’utilisais toute la violence qui m’entourait et ma capacité à rendre les coups pour prendre leur défense."

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L’art de la table
Après cette jeunesse tumultueuse, à 18 ans, elle quitte le foyer familial et s’en va vivre avec son frère et découvre l’indépendance. Après un cursus scolaire scientifique, elle se lance dans une formation en alternance. "J’avais appris à cuisiner depuis l’enfance, à l’époque grâce à mes bons petits plats, j’essayais autant que possible d’apporter un peu de plaisir à la maison."

À la suite d’un stage d’observations, elle se lance dans un cursus spécialisé dans le service et l’art de la table au sein d’une grande maison. "J’étais vraiment timide et incapable de parler à des inconnu·es. Grâce à ces deux années de formation, j’ai dû passer par-dessus ma timidité et j’ai gagné en confiance. J’y suis entrée jeune fille et j’en suis sortie femme."

À l’issue de cette première expérience de travail, son diplôme en poche, elle décide d’affiner ses connaissances en vin et s’inscrit à une formation de sommelier-caviste en Bretagne. "J’ai cherché un stage, mais personne ne voulait d’une fille. On me répétait 'les filles, elles sont feignasses pour porter des caisses'. Finalement, une responsable de cave à Paris a entendu parler de moi et m’a proposé un contrat. C’était super ! Depuis le milieu du vin s’est féminisé, mais vraiment, au début des années 2000, c’était encore timide."

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Avide de connaissances, après ces deux premières spécialisations, Thècle Dubuis enchaine encore avec un troisième cursus, en cuisine cette fois. Au sein de restaurants gastronomiques, d’établissements bistronomiques, de grands hôtels, elle multiplie les expériences afin de découvrir différentes structures, techniques de travail, équipes… Entre-temps, au niveau de sa vie personnelle, les événements se succèdent.

J’ai cherché un stage, mais personne ne voulait d’une fille. On me répétait 'les filles, elles sont feignasses pour porter des caisses'

À Paris, quelques années plus tôt, au foyer des étudiant·es jeunes travailleurs, elle fait la rencontre d’un jeune homme. "Il était originaire du Sénégal et musulman. Nos religions différaient, mais nous cultivions tous les deux une forte spiritualité et étions très ouverts aux croyances de l’autre. Au départ, nous étions amis et puis la relation a évolué. Quand j’ai annoncé nos fiançailles à ma mère, ça a tourné au véritable clash."

Les deux jeunes se marient. Étudiant en imagerie médicale, son conjoint reçoit une opportunité de doctorat à Montréal, elle le suit. "Nous avons vécu 4 ans au Canada. Là-bas, j’ai continué de travailler dans l’horeca, et ce jusqu’à ce que je tombe enceinte. Mon mari a ensuite reçu une proposition de contrat à Madrid, et c’est comme ça que nous avons déménagé en Espagne en 2014."

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En Espagne, Thècle Dubuis retombe assez rapidement enceinte. Avec ses deux bébés, il lui est impossible d’assurer les horaires coupés de l’horeca. En quête d’épanouissement, elle se rapproche de la communauté d’expats. "J’ai participé à des ateliers autour de la réorientation professionnelle et j’ai découvert le secteur de l’entrepreneuriat. Jusque-là je n’avais jamais valorisé mes savoirs. En échangeant, j’ai réalisé que la diversification alimentaire et l’éducation au goût et au durable n’étaient en fait pas un acquis pour tout le monde. Au fil des rencontres, petit à petit, j’ai proposé des ateliers de dégustation, de cuisine végétale. J’ai lancé mon concept HighThècleculinary et ça a vite assez bien marché."


© Tous droits réservés
En marge de cette nouvelle exploration professionnelle, dans l’intime, le racisme structurel auquel son conjoint est alors confronté commence à miner son couple. "Franchement, c’était dingue. Quand on se promenait en famille, je voyais que les gens buggaient face à mes enfants métis, que l’idée que leur père soit noir et moi blanche leur semblait inconcevable. Mon mari subissait nombre de remarques racistes au quotidien."

À l’issue des trois années de contrat de son conjoint, les perspectives économiques n’étant pas positives, la famille rentre en France. "Finalement, j’ai décroché un contrat de sous-cheff·e dans un grand hôtel à Bruxelles." Fin 2018, un nouveau chapitre commence en Belgique.

Quand la vie bascule
Quelques jours avant la fin de la période d’essai dans la cuisine de l’hôtel dans lequel elle est engagée, Thècle Dubuis subit une forte décharge électrique. La médecine du travail lui découvre alors un grave problème de dos et lui interdit de porter des charges de plus de trois kilos. "Quand j’ai annoncé la nouvelle à mon patron, je me suis fait virer."

Loin de se laisser démonter et toujours animée par ses ateliers HighThècleculinary, elle entre dans le programme JobYourself pour redévelopper son activité. "En même temps, j’ai décroché un emploi au sein de l’asbl Cobeff (Coordination bruxelloise pour l’emploi et la formation des femmes) en tant que cheffe de cuisine externe pour donner des formations théoriques et pratiques."

Alors que bon an mal an, elle reconstruit sa vie professionnelle, un jour, tout bascule. "Du jour au lendemain, mon compagnon a quitté la Belgique avec l’argent des factures. Je pense qu’il n’en pouvait plus de ne pas trouver sa place en Europe, il est parti au Sénégal sans prévenir en abandonnant tout derrière lui. Je me suis retrouvée seule avec mes deux enfants. J’ai cru que j’allais mourir."

Un an plus tard, au début de l’année 2020, menant de front le poste de formatrice et le redémarrage de ses ateliers, elle craque. La pandémie ne fait qu’empirer la situation. Au fil des mois, à force de repos et d’aide, elle récupère des forces. "C’est notamment grâce à la spiritualité, à mes proches rencontrés ici à Bruxelles que j’ai pu m’en sortir, prendre de la hauteur."

Sororité et mompreneures
Aujourd’hui, Thècle Dubuis a tourné la page et a retrouvé davantage de sérénité face à tous ces événements. "J’ai l’habitude de mener plein de projets de front, mais maintenant je sais que je dois apprendre à ralentir."

Outre les ateliers qu’elle propose aux entreprises pour inviter chacun·e à découvrir son potentiel culinaire, elle a participé à la mise en place d’une coopérative autour du bien-être durable en milieu professionnel.

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Devenue consultante en cuisine durable, elle a également co-créé avec la participation de trois autres femmes une mallette pédagogique à destination des écoles pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Cet étonnant rebond, elle le doit notamment à la sororité et aux liens tissés entre femmes entrepreneures. "J’ai rejoint le réseau des mompreneurs de Belgique, c’est très riche de partager nos réalités. On s’entraide beaucoup."


© Traces de lumière, Cécile Quenum
À l’aune de toutes les épreuves traversées et de l’accomplissement en cours, nous lui demandons si aujourd’hui elle se sent fière, si elle a conscience de sa force…

"Dans un certain sens, je suis fière de moi, mais j’ai du mal à le reconnaitre. Mais oui c’est vrai que lorsque je regarde en arrière, il faut bien avouer que j’ai réussi à affronter quelques montagnes et à retrouver la lumière. Aujourd’hui, même si l’avenir est encore parfois un peu flou, j’ai ici à Bruxelles un métier que j’adore, une famille de cœur et deux enfants merveilleux."

Dans la série In… we trust
In Zoila Rosa Palma We trust, vendeuse de frites et de réconfort
In Jeanette Van der Steen We Trust, première femme maître de chai en Belgique
In Paula Yunes We Trust, brasseuse et fière de l’être
In Virginie Pierre We Trust, la force des abeilles
In Amandine Vanderheyden We Trust, des chèvres, du fromage et du lien social
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https://www.rtbf.be/article/in-thecle-dubuis-we-trust-la-resilience-et-le-partage-par-la-cuisine-11252783

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LES GRENADES Passant le concours pour devenir diplomate, Alice a été éliminée à la suite de son accouchement © Tous droits réservés 07 sept. 2023 à 13:00 • 7 min Par Camille Wernaers pour Les Grenades PARTAGER Écouter l'article Alice (prénom d’emprunt) se verrait bien diplomate. C’est une carrière qui la tente, "parce qu’il y a un côté concret et en même temps très diversifié qui me corr

19 Septembre 2023, 23:53pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 LES GRENADES

Passant le concours pour devenir diplomate, Alice a été éliminée à la suite de son accouchement

© Tous droits réservés

07 sept. 2023 à 13:00

7 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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Alice (prénom d’emprunt) se verrait bien diplomate. C’est une carrière qui la tente, "parce qu’il y a un côté concret et en même temps très diversifié qui me correspondrait bien". Pour pouvoir espérer exercer ce métier, elle doit d’abord passer le concours diplomatique, qui est composé de plusieurs épreuves et qui dure environ un an. Ce concours est organisé par Travaillerpour.be (anciennement Selor), en concertation avec le SPF Affaires Etrangères.

La diplomatie est encore le reflet des inégalités de genres, et particulièrement en Belgique : en 2021, notre pays était classé tout dernier au monde, à la 104e place, avec seulement 11% de femmes parmi son corps d’ambassadeurs et d’ambassadrices. La Belgique se trouvait derrière le Kirghizstan et le Chili. "Lorsqu’une femme a, par exemple, la possibilité de partir en poste à l’étranger comme ambassadrice, rares sont les maris qui acceptent de tout quitter, job compris, pour les accompagner dans leur ascension", précise à La Libre une source bien informée. "C’est vrai que cela a été une question pour moi, en tant que future mère : si je suis en congé de maternité, est-ce que je vais être mise sur le côté ? Ou recevoir une moins bonne destination ?", regrette Alice.

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Aujourd’hui, 19 femmes sont cheffes de poste (soit 17% de femmes, contre 15% en 2022), selon un communiqué du MR, le parti de la ministre des Affaires Etrangères, Hadja Lahbib, publié à l’occasion de la journée internationale des femmes dans la diplomatie, mise en place par l’ONU chaque année le 24 juin.

A la même période, plus précisément les 25 et 26 juin 2023, Alice devait participer à deux épreuves écrites du concours diplomatique. Enceinte, elle avait prévenu qu’elle risquait d’accoucher à ce moment-là, en envoyant un courrier à Travaillerpour.be. Elle a finalement accouché un peu avant les épreuves, le 22 juin.

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Eliminée
En termes d’aménagements proposés face à cette situation, Travaillerpour.be lui a préconisé de passer coûte que coûte l’examen avec son bébé, trois jours après l’accouchement, en lui permettant de l’allaiter… Alice ayant quitté la maternité le 26 juin, elle n’a pas pu participer aux épreuves, et a donc été éliminée.

Lorsqu’elle a expliqué que les aménagements proposés ne convenaient pas, Travaillerpour.be lui a répondu ne pas pouvoir proposer d’autres aménagements, ni changer la date des épreuves : "Cette décision vise à garantir une égalité des chances indéfectible entre tous les candidats et à préserver la confidentialité des épreuves. Il est essentiel de préciser que cette politique est appliquée de manière rigoureuse les principes d’équité et de traitement égalitaire pour tous les candidats, sans distinction de situation personnelle."

Aux Grenades, Etienne Devaux, responsable diversité et inclusion au SPF Stratégie & Appui, dont dépend Travaillerpour.be (l’organisme est chargé du recrutement pour de nombreux emplois dans la fonction publique), indique : "Nous regrettons la situation d’Alice qui est exceptionnelle et non représentative de l’ensemble de nos efforts en faveur de l’égalité de genre, qui est importante pour nous. Cette situation est due au fait que le concours diplomatique prévoit une date unique pour ses épreuves. Légalement, nous devons nous y soumettre et les aménagements que nous pouvons proposer sont limités. Dans d’autres concours, nous essayons au maximum d’être plus flexibles sur les dates. A titre personnel, je pense que le SFP Affaires Étrangères pourrait prévoir plus de souplesse dans l’organisation de ce concours. Il s’agit d’un concours très exigeant, les candidat·es sont testé·es sur de très nombreux sujets, ce qui explique que cela prenne autant de temps, ce qui a posé problème dans cette affaire."

Contacté par Le Soir, le ministère des Affaires étrangères précise qu’il "n’est pas possible d’envisager des trajets individuels pour tous les candidats qui ne peuvent pas participer à ces épreuves, que ce soit en raison de circonstances telles qu’un accouchement, la maladie, un accident, ou un cas de force majeure". Dans une réponse écrite envoyée à Alice qui s’inquiétait des aménagements qui lui étaient proposés, la ministre Hadja Lahbib (MR) lui avait suggéré "de considérer toutes les options possibles pour participer à ce concours ou à un futur concours lorsque les conditions seront plus favorables à la conciliation entre sa vie personnelle et professionnelle."

Cette décision vise à garantir une égalité des chances indéfectible entre tous les candidats

Avant les congés parlementaires, la députée Séverine de Laveleye (Ecolo) a interrogé la secrétaire d’État à l’Égalité des Genres Marie-Colline Leroy (Ecolo) sur ce sujet. Celle-ci a répondu avoir sollicité ses collègues concernées (Petra De Sutter (Groen), ministre de la Fonction Publique, et Hadja Lahbib) pour "aborder la situation problématique en question et envisager ensemble les solutions. […] La situation décrite est en soi interpellante et, de manière générale, il me semble fondamental de permettre les conditions d’une accessibilité optimale aux concours de la fonction publique, pour toutes et tous. La réunion évoquée doit se tenir prochainement."

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Comparer un accouchement à une jambe cassée ?
Pour Alice, "il y a eu des efforts pour essayer d’attirer les femmes vers cette profession, par exemple des séances d’informations destinées aux femmes. J’espère que ce n’est pas juste une façade. On semble comparer mon accouchement à un accident, à une jambe cassée. Ce n’est pas la même chose ! C’est assez révoltant. D’autant plus que ce concours dure plus de 12 mois : on s’attend vraiment à ce qu’aucune femme ne tombe enceinte durant toute cette période ?"

Le comble pour Alice ? Les questions des épreuves qu’elle devait passer ce jour-là portaient sur la féminisation du corps diplomatique belge.

Un accouchement est-il vraiment comparable à une jambe cassée ? "Non.", répond d’emblée Jean Jacqmain, professeur invité de droit social à l’ULB, qui a longtemps donné cours sur l’égalité entre les travailleurs et les travailleuses. "Les réponses faites à Alice par l’administration et le SPF sont vraiment scandaleuses, et en plus en 2023 ! Depuis 1990, la Cour de justice européenne, dans son arrêt Dekker, a estimé que refuser un emploi à une femme du fait de sa grossesse est une discrimination directe fondée sur le sexe", explique-t-il. Une comparaison avec un candidat masculin n’est pas requise, souligne la Cour dans son arrêt.

"Il existe aussi une décision de la Cour de Justice européenne dans l’affaire Napoli, du nom d’une fonctionnaire italienne qui n’a pas pu suivre une formation à cause de son congé de maternité. Comme elle n’a pas pu suivre cette formation, elle n’a pas été nommée à un niveau hiérarchique supérieur. Là aussi, la Cour a déclaré qu’il s’agissait d’une discrimination directe. Dans cette affaire, la Cour a suggéré que les autorités italiennes auraient pu faire l’effort de lui proposer de se présenter plus tard", poursuit Jean Jacqmain.

On parle de discrimination directe lorsqu’une personne ou une catégorie de personnes est traitée de manière moins favorable qu’une autre en raison d’une caractéristique qu’elle possède (ou non). Une mesure à première vue neutre peut aussi entraîner malgré tout des effets discriminatoires envers une personne ou une catégorie de personnes : il s’agit alors de discrimination indirecte.

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La porte-parole de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH) a également expliqué au Soir que l’histoire d’Alice relève d’un cas de discrimination. " L’accouchement est bien un critère protégé, l’article 4 de la loi genre pourrait s’appliquer à la situation de cette candidate au concours diplomatique ", analyse Véronique De Baets.

L’IEFH évoque ici la loi tendant à lutter contre la discrimination entre les femmes et les hommes, aussi appelée loi genre, qui crée un cadre général de lutte contre les discriminations sur la base de certains critères, dont la grossesse, l’accouchement et la maternité. Cette loi est applicable, tant pour le secteur public que pour le secteur privé, en ce qui concerne les relations de travail, dont les conditions d’accès à l’emploi.

Refuser un emploi à une femme du fait de sa grossesse est une discrimination directe fondée sur le sexe

Selon Véronique De Baets, beaucoup de signalements sont faits à l’IEFH pour des affaires similaires liées à la maternité dans les recherches d’emploi. Le 30 août dernier, Alice nous a d’ailleurs confirmé avoir, elle aussi, envoyé un signalement à l’IEFH.

En 2017, l'IEFH publiait une étude sur la grossesse au travail : "Le constat était inquiétant : 3 travailleuses sur 4 ont été confrontées à au moins une forme de discrimination, préjudice et des tensions au travail sur base de leur grossesse ou maternité", peut-on y lire. En 2022, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes avait décidé de communiquer sur deux jugements en matière de discrimination à la maternité. Des employeurs avaient été condamnés pour avoir mis un terme à la collaboration qu’ils avaient avec des travailleuses parce qu’elles étaient enceintes. "Au travail, c’est comme si ma grossesse était une bombe à retardement", témoignait l’une d’entre elles.

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En guise de solution, Jean Jacqmain observe que "l’ULB est la seule université en Fédération Wallonie-Bruxelles à avoir placé les étudiantes enceintes ou ayant accouché dans la catégorie des étudiant·es à besoin spécifique, dans laquelle se trouvent également les étudiant·es en situation de handicap ou sportif·ves de haut niveau. Cela signifie que, lors des examens par exemple, nous fournissons un effort particulier en cas de problèmes liés à une grossesse ou un accouchement. En général, nous permettons à l’étudiante de présenter son examen lors d’une session ouverte."

Il précise également que les lois anti-discriminations ont été modifiées le 20 juillet 2023 : désormais, un juge peut non seulement ordonner de faire cesser les comportements discriminatoires, mais il peut également imposer certaines mesures aux employeurs qui ont eu des comportements discriminatoires dans le passé afin d’empêcher d’éventuelles récidives.

 

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Les blagues sexistes, ça tue! | Anne-Cécile Mailfert | TEDxÉcolePolytechnique

10 Septembre 2023, 22:46pm

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309 707 vues  20 juil. 2015
On peut se demander comment une simple blague peut être mortelle. Pourtant c’est ce qui se passe tous les jours à travers le monde. Anne-Cécile Mailfert nous explique l’effet papillon que déclenchent ces blagues et les effets qu’elles ont sur les gens dès le plus jeune âge.
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Porte-parole d'Osez le féminisme! depuis 2013
A l'époque de ses études à Science Po Lille, Anne-Cécile Mailfert était déjà engagée dans un combat pour l'égalité. Sortie major de son master, elle devient bénévole pendant quatre ans au sein d'une association d'aide aux prostituées qu'elle va rencontrer sur le terrain ; une expérience qui lui donne d'autant plus de crédibilité dans son combat pour l'abolition de la prostitution et l’égalité des femmes.

This talk was given at a TEDx event using the TED conference format but independently organized by a local community. Learn more at http://ted.com/tedx


https://www.youtube.com/watch?v=ew7F-iudnV0

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