Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

les grenades rtbf

"J’ai péché, péché dans le plaisir" d’Abnousse Shalmani : une ode à la liberté de penser et d’aimer

8 Février 2024, 04:54am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 "J’ai péché, péché dans le plaisir" d’Abnousse Shalmani : une ode à la liberté de penser et d’aimer
Abnousse Shalmani.
© Tous droits réservés

04 févr. 2024 à 13:24

Temps de lecture4 min
Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades
PARTAGER

Écouter l'article
"J’ai péché, péché dans le plaisir, dans des bras chauds et enflammés. J’ai péché, péché dans des bras brûlants et rancuniers."

De ces vers du poème Le péché de Forough Farrokhzad est tiré le titre du nouveau roman d’Abnousse Shalmani, édité aux Éditions Grasset. Dès les premières phrases, la fougue et le feu se déploient, nous entraînant dans une narration foisonnante d’histoires évoquant à la fois l’Orient et la Belle Époque.

Un mélange surprenant et fascinant qui relie deux mondes opposés et qui sous la plume de l’autrice s’accordent pour offrir deux portraits féminins inoubliables, celui de Forough Farrokhzad et de Marie de Heredia.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe


© Tous droits réservés
D’une envie d’amour et de liberté
Pour entamer l’exploration de ce roman, il est crucial de débuter en présentant les deux protagonistes majeures, Forough, ayant vécu en Iran, et Marie, qui a résidé en France.

Les personnes qui ont connu Forough ont toutes en elles le même souvenir gravé, celui d’une femme d’une beauté incroyable au talent indiscutable. Trop tôt disparue, Forough a marqué son époque d’une empreinte inaltérable grâce à une poésie qui dépassait les cadres trop rigides de la littérature iranienne des années 50. En abordant des sujets tels que la religion, l’amour et le sexe, elle s’est attiré la foudre des autorités et ses recueils ont été interdits après la révolution islamique de 1979.

À lire aussi
Entre colère et espoir, comment le collectif féministe belge "Femme, Vie, Liberté" soutient les femmes iraniennes

De son côté, Marie de Heredia, née en 1875, pouvait jouir à son échelle, de certains privilèges. Bien que les mariages fussent souvent arrangés, cette jeune femme pouvait profiter des plaisirs offerts par la Belle Epoque, empreint d’une atmosphère de légèreté et d’une certaine propension à la fête.

Mariée à Henri pour éponger les dettes de son père, elle se fait la promesse de ne connaître sa première fois qu’avec l’homme qu’elle aime vraiment, Pierre Louÿs, poète de son état. Familiarisée avec les plaisirs sensuels, Marie se trouve fréquemment plongée dans des célébrations où les normes sociales sont souvent délaissées. Pierre Louÿs aura à cœur de raconter leur histoire d’amour et d’en écrire ses plus beaux poèmes érotiques.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

La rencontre, fictive, de ces deux femmes se passe par l’intermédiaire de Cyrus, le traducteur iranien des poèmes de Louÿs. C’est lui qui fait découvrir Marie à Forough. Grâce aux traductions, la poétesse plonge dans l’univers de Marie et de Pierre et vit par procuration des idylles qu’elle n’ose imaginer vivre en Iran.

Au fur et à mesure de ses rencontres avec Cyrus, devenu son amant, celui-ci lui raconte les dessous de cette histoire d’amour et les parallèles avec sa poésie. Forough, irrémédiablement attirée par Marie, n’aura de cesse de revenir vers Cyrus afin qu’il lui décrive le plus précisément possible cette vie-là comme pour échapper à sa réalité iranienne.

Mais en Iran, à Téhéran ou ailleurs, elle tresse des poèmes pour raconter ce qui aurait pu être, elle enchaîne les vers pour compenser l’absence d’une vie au grand air, d’une vie où coucher avec un homme ne vous condamne pas. Si la poésie de Forough pue tellement la chair, c’est qu’elle est palliative au sexe proscrit.

Il est indéniable, en lisant ce roman, que Marie et Forough possèdent beaucoup plus de points communs que l’on ne pourrait croire. Ces deux femmes éprises de liberté et d’insouciance, ont chacune dû se dépêtrer avec les carcans de leur époque et trouver en elle, un chemin de traverse pour réaliser leurs rêves d’écriture.

Ecrire sur l’Iran
Abnousse Shalmani s’empare des destins de Marie et de Forough avec toute une passion que l’on ressent au fil des pages. L’autrice admire ces deux personnages et nous fait passer de l’une à l’autre en dévoilant mille détails succulents pour que nous construisions une image au plus proche de la réalité. Si la rencontre entre ces deux femmes est rêvée et idéalisée, certains détails de leurs vies sont véridiques.

Qu’Abnoussse Shalmani prenne possession de l’histoire de Forough n’est pas surprenant quand on sait que cette autrice, iranienne, a largement défendu la cause des femmes de son pays. Née en Iran en 1977, elle a fui la révolution islamique et est arrivée en France en 1985 avec ses parents. Dans ses précédents romans, elle avait déjà évoqué cette cause, notamment dans son roman Les exilés meurent aussi d’amour.

Ici, cette quatrième sortie sonne comme un cri d’amour pour cette poétesse qui tient une place importante dans le panthéon personnel de l’autrice. Ce livre peut être rapproché du récent ouvrage de Marjanne Satrapi, Femme, Vie, Liberté, qui mettait également en premier plan des artistes du pays et des personnalités influentes.

À lire aussi
"Je ne suis pas un roman" de Nasim Vahabi : les voix de la liberté en Iran

A l’heure où l’Iran s’embrase, où les femmes se révoltent, ce roman est une ode à la liberté de penser et d’aimer, il offre une littérature qui enflamme, qui anime et qui rend vivant.

À travers ces pages, c’est tout le pouvoir de la poésie qui entre en jeu et qui se déploie à travers les destins fascinants de Forough et de Marie.

Pour écouter l’autrice déclamer le texte de Forough Farrokhzad : ici


J’ai péché, péché dans le plaisir, Abnousse Shalmani, Editions Grasset, 198 pages, janvier 2024, 19,5€.

*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/jai-peche-peche-dans-le-plaisir-dabnousse-shalmani-une-ode-a-la-liberte-de-penser-et-daimer-11324134

Voir les commentaires

Rapport mondial sur la paix et la sécurité des femmes : où se situe la Belgique ?

18 Novembre 2023, 03:17am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Rapport mondial sur la paix et la sécurité des femmes : où se situe la Belgique ?

© Tous droits réservés

15 nov. 2023 à 19:31

4 min
Par Sarah Duchêne pour Les Grenades
PARTAGER


Écouter l'article
Le dernier indice mondial de paix et de sécurité des femmes (WPS) a été publié par le Georgetown Institute for Women, Peace and Security et l’institut privé de recherche sur la paix et les conflits de Norvège. Pour la quatrième fois, 177 pays ont été classés selon l’inclusion, la justice et la sécurité des femmes.

Sous ces trois dimensions se cachent 13 indicateurs qui permettent d’évaluer les pays. L’éducation, l’emploi, la représentation parlementaire ou les violences intrafamiliales sont analysés. Quatre nouveaux indicateurs ont été ajoutés cette année : l’accès à la justice, la mortalité maternelle, la violence politique et la proximité des conflits. Il est important de noter qu’aucun pays n’obtient de résultats parfaits, l’Institut Georgetown précise d’ailleurs que "tous les pays peuvent encore s’améliorer."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

La Belgique peut-elle mieux faire ?
La Belgique se situe à la 11e place du classement, avec 902 points, à ex æquo avec l’Australie. Elle passe donc de justesse sous le top 10, largement dominé par les pays nordiques. Le Danemark, avec 932 points est en tête de liste, suivi par la Suisse (928 points) et la Suède (926 points). Le rapport précise que la trentaine de pays se situant en haut du classement font tous partie des pays développés, d’Europe centrale ou de l’Est ou d’Asie centrale, à l’exception des Émirats arabes unis qui figurent à la 22e place.

Dans le classement du premier WPS, réalisé en 2017, la Belgique était à la 10e place, avec 846 points, juste après la Suède. L’emploi des femmes a largement progressé, passant de près de 48% à 70%. En revanche, en matière de perception de la sécurité collective, le pourcentage a baissé de 63% à 56%. En comparaison, elle est à 85% en Suisse.

Il est intéressant de relever qu’en 2017, le Danemark se situait après la Belgique, avec 845 points, en 11e place. En l’espace de 5 ans, non seulement le Danemark a dépassé l’Etat belge mais est passé premier de la liste en obtenant près de 100 points en plus. La Belgique semble donc davantage stagner, voire parfois régresser certaines années, comme en 2019 où elle était retombée à la 27e place. Même évolution pour la Suède, qui est montée de la 9e place à la 3e. D’autres pays ont, quant à eux, disparu du top 10, comme l’Espagne, désormais 27e ou le Royaume-Uni, 26e.

Sans très grande surprise, la dernière position est occupée par l’Afghanistan qui obtient un score de 286 points, une différence de près de 700 points avec le haut du classement. Depuis l’arrivée des talibans au pouvoir le 15 août 2021, les droits des femmes sont en constante régression. Les jeunes filles n’ont plus accès à l’éducation après la primaire, l’université leur est interdite, les salons de beauté sont fermés, et leurs tenues sont contrôlées.

À lire aussi
Pour les femmes en Afghanistan, "une situation pire que le bétail"
Les femmes plus vulnérables dans les conflits armés
11 des 12 derniers pays sont classés comme des Etats fragiles et sept d’entre eux se trouvent en Afrique subsaharienne. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, l’Irak, la Syrie et le Yémen font partie des pays les plus mal classés depuis la première édition du classement, en 2017.

Et si ces pays se retrouvent en bas du classement, ce n’est pas un hasard, selon le rapport. Les pays qui sont à proximité des conflits sont ceux qui obtiennent les plus mauvais scores. L’Institut rappelle que l’année 2022 – étudiée pour ce dernier rapport – a été la plus mortelle en termes de morts liées à des guerres depuis 1994, l’année du génocide du Rwanda. L’année 2023 pourrait bien dépasser à nouveau ce triste record, avec l’escalade de violence liée à la guerre israélo-palestinienne.

À lire aussi
Comment le viol des femmes est utilisé pour détruire les communautés locales au Congo
Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, les bombardements israéliens s’intensifient dans la bande de Gaza. Les ONG internationales comme l’OMS, UNICEF ou Médecins Sans Frontières alertent depuis plusieurs semaines sur la situation des femmes et des nouveau-nés à Gaza.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Selon les dernières statistiques, les femmes et les enfants constituent près de 70% des victimes. Le rapport insiste, les femmes sont les premières victimes des conflits armés car le risque de violence basée sur le genre s’accentue. En Ukraine ou en République démocratique du Congo, de nombreux témoignages de violences sexuelles sont partagés, révélant une véritable utilisation du viol comme arme de guerre.

À lire aussi
"De l’amour, pas la guerre" : à Bruxelles, des femmes dénoncent les viols commis en Ukraine
Corrélation avec l’adaptation au changement climatique
Le rapport indique que les pays où la sécurité et la paix des femmes sont garanties sont aussi les plus pacifiques, plus démocratiques, plus prospères et surtout mieux préparés à s’adapter aux effets du changement climatique.

Le WPS étant le seul indice mondial à regrouper l’inclusion, la sécurité et la paix des femmes, il est un outil important pour mettre en avant les liens entre ces dimensions et le bien-être général de la société.

À lire aussi
Changement climatique : le destin de l’humanité est-il seulement une affaire d’hommes puissants ?
Ces impacts sur la paix, la démocratie et la résilience au changement climatique sont davantage corrélés avec le statut des femmes qu’avec le PIB, "ce qui souligne l’importance d’investir dans les femmes", explique l’Institut.

De fortes corrélations s’observent d’ailleurs entre l’indice WPS et les indices de développements humains et d’adaptation au climat.

La violence politique, le danger des pays plus prospères
Le rapport met toutefois en garde les pays qui se portent le mieux en matière de paix et de sécurité des femmes, car une "épine dorsale", comme l’appelle l’Institut, se dresse : celle de la violence politique.

Les États qui assurent de meilleures participation et représentation des femmes en politique doivent les protéger.

À lire aussi
Démission de Sarah Schlitz : une prévalence du double standard en politique ?
Les femmes qui participent à la vie politique sont davantage exposées à de la violence et cela peut freiner les progrès. Les violences prennent différentes formes, et peuvent être digitales, physiques ou sexuelles. Selon l’Observatoire français des violences sexistes et sexuelles en politique, "les violences sexistes et sexuelles en politiques sont massives, concernent tous les échelons de pouvoir et toutes les familles politiques". Un #Me too politique a émergé en France, qui peine à prendre de l’ampleur en Belgique.

À lire aussi
Vers un #MetooPolitique en Belgique ? "Les femmes qui parlent risquent des représailles"
Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/rapport-mondial-sur-la-paix-et-la-securite-des-femmes-ou-se-situe-la-belgique-11287250

Voir les commentaires

Union européenne : le Prix Sakharov est décerné à Mahsa Amini et au mouvement des femmes en Iran

29 Octobre 2023, 18:37pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 MONDE

Union européenne : le Prix Sakharov est décerné à Mahsa Amini et au mouvement des femmes en Iran

Prix Sakharov 2023 décerné à Mahsa Amini (S. Calderon 19/10/23)
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
19 oct. 2023 à 12:20 - mise à jour 19 oct. 2023 à 12:36

1 min
Par La rédaction Info avec Agences
PARTAGER


Écouter l'article
Le prix Sakharov 2023 a été décerné ce jeudi 19 octobre à Mahsa Amini et aux femmes iraniennes et leur combat pour la liberté. Cette récompense, annoncée dans l’hémicycle à Strasbourg par la présidente Roberta Metsola, est la plus haute distinction de l’Union européenne (UE) pour les droits humains.

Le 13 septembre 2022, Mahsa Amini est arrêtée par la police des mœurs à Téhéran. Pourquoi ? Parce qu’elle n’a pas bien respecté les règles vestimentaires imposées aux femmes iraniennes : ses cheveux dépassaient de son voile. Selon un des cousins de la jeune femme, elle a été frappée par la police lors de son arrestation et a reçu un coup violent sur la tête. Trois jours plus tard, le 16 septembre, son décès est annoncé. La famille de Mahsa Amini porte plainte car elle considère que la police est responsable du décès.

Le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit est une distinction prestigieuse décernée par l’Union européenne depuis 1988. Il vise à honorer et soutenir les personnes, groupes et organisations qui ont contribué de manière exceptionnelle à la défense de la liberté de pensée et des droits de l’homme. Il promeut des valeurs telles que la liberté d’expression, les droits des minorités, le respect du droit international, la démocratie et l’état de droit. Le prix Sakharov est doté d’une récompense financière de 50.000 euros et est remis lors d’une séance plénière officielle du Parlement européen à Strasbourg, à la fin de chaque année.

Sur la même thématique :


https://www.rtbf.be/article/union-europeenne-le-prix-sakharov-est-decerne-a-mahsa-amini-et-au-mouvement-des-femmes-en-iran-11274364

Voir les commentaires

Elections en Pologne : comment les femmes ont fait pencher la balance

18 Octobre 2023, 20:36pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

Elections en Pologne : comment les femmes ont fait pencher la balance

© Tous droits réservés

il y a 4 heures

4 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
PARTAGER


Écouter l'article
L’opposition centriste pro-européenne en Pologne a revendiqué ce lundi 16 octobre la victoire aux élections législatives, cruciales pour l’avenir du pays. Selon les sondages à la sortie des urnes, elle a en effet remporté la majorité parlementaire, battant les populistes nationalistes au pouvoir et l’extrême droite réunis.

Si ces résultats se confirment, ces élections mettraient fin aux huit ans du gouvernement du parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski. Les trois formations d’opposition, la Coalition civique menée par Donald Tusk (KO), les chrétiens-démocrates de la Troisième voie, ainsi que la Gauche, ont remporté ensemble 248 sièges dans le parlement composé de 460 député·es. Le PiS et la Confédération (extrême droite) réunis n’ont remporté quant à eux que 212 sièges.

Il a été annoncé que le taux de participation à ce scrutin a battu un record : 74,38% des Polonais·es ont voté, un chiffre plus élevé que celui de l’élection législative de 1989 qui a marqué la fin du communisme dans le pays.

À lire aussi
Elections en Pologne : l’opposition se dit prête à prendre le pouvoir "à tout moment"
Les femmes ont plus voté que les hommes
Il a cependant moins souvent été mis en avant que le taux de participation des femmes a été bien plus haut que celui des hommes. "On se réveille dans une meilleure Pologne, les femmes qui se sont battues pour le droit de vote il y a 100 ans auraient été fières de nous", a d’ailleurs annoncé le Congrès des Femmes de Basse-Silésie, une citation reprise dans le média Gazeta Wyborcza dans un article titré : "Les manifestations noires ont montré qu’elles en avaient assez que des mecs prennent des décisions à leur place."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

En Pologne, les "manifestations noires" est le nom donné à un mouvement massif des femmes et des féministes polonaises, également appelé Grève des femmes, qui a commencé en 2020 contre la décision du tribunal constitutionnel, sous l’égide du parti populiste nationaliste Droit et justice (PIS), de réduire drastiquement l’accès au droit à l’avortement dans le pays. Les manifestantes critiquent également ce qu’elles considèrent comme d’autres problèmes, dont l’ingérence de l’Eglise dans les affaires du pays. Ces mobilisations se sont également produites durant la campagne électorale.

Depuis 2020, l’avortement est interdit en Pologne, sauf en cas de viol ou de danger pour la mère. Mais même dans ces cas-là, les médecins hésitent à pratiquer des avortements depuis le changement de loi. Certains médecins attendent en effet que le fœtus soit mort avant d’intervenir. Six femmes sont décédées dans ces circonstances.

À lire aussi
Comment la Pologne cible les droits des femmes
Mobilisation des féministes
Ce taux élevé de participation des femmes est donc dû à une mobilisation massive et historique de la société civile, notamment féministe, qui a poussé les citoyennes à faire entendre leur voix, aussi bien dans les grandes villes que dans les plus petites villes.

Voir cette publication sur Instagram
Une publication partagée par Martyna Kaczmarek | Top Model 11 (@martynakaczmarek)

Des femmes connues se sont également exprimées publiquement contre les décisions du PIS et ses promesses électorales, dont Małgorzata Rozenek-Majdan, présentatrice de télévision, ou encore l’actrice Maja Ostaszewska.

Le parti de la droite conservatrice a par exemple promis d’allouer 800 zlotys (178 euros) par mois par enfant d’ici janvier 2024, une somme conséquente pour certaines familles mais aussi une manière d’essayer de faire oublier qu’il est responsable de la restriction de l’avortement dans le pays, enjeu majeur de ce scrutin.

Voir cette publication sur Instagram
Une publication partagée par Maja Ostaszewska Official (@ostaszewskamaja_official)

"Le PiS voulait faire taire le sujet de l’avortement, le réduire à l’hystérie des femmes des grandes villes. Ce discours s’est toutefois effondré, car les cas de femmes décédées dans les hôpitaux ne se sont pas produits à Varsovie et à Wrocław, mais à Pszczyna et à Nowy Targ. C’est ce qui a incité les jeunes filles à voter pour l’opposition", souligne l’activiste non gouvernementale Róża Rzeplińska dans une interview donnée à l’hebdomadaire Tygodnik Powszechny. "Les femmes ont-elles obtenu ce qu’elles voulaient du PiS ? Non. Ce qu’elles ont obtenu, c’est de l’argent et des services publics dégradés. Une école médiocre et un service de santé déplorable pour leurs enfants. […] Dans le même temps, le parti n’a pas réussi à désamorcer les peurs qu’il a lui-même créées. Il a essayé de déplacer la peur vers les viols présumés commis par les migrants. Cette tentative a échoué."

Car les femmes ont voté bien plus à gauche que les hommes. Selon l’hebdomadaire Tygodnik Powszechny, si on se penche uniquement sur le résultat de vote des femmes, le parti d’extrême droite la Confédération ne serait pas du tout entré au parlement, le PiS aurait perdu et la gauche et le KO de Donald Tusk auraient gagné le plus de voix.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Un nombre record de femmes sur les listes électorales
Autre aspect important de ce scrutin : il y avait 43,8% de femmes sur les listes pour le parlement, ce qui signifie que près d’une liste sur quatre a été attribuée à des femmes pour ce scrutin : il s’agit d’un record dans le pays. "Lors de la précédente législature pour le parlement, 29% des député·es étaient des femmes. Nous ne savons pas encore combien il y en aura dans la prochaine. Cent vingt-cinq femmes se sont présentées pour les première et deuxième places sur les listes des cinq partis qui se sont présentés au parlement", poursuit Róża Rzeplińska dans Tygodnik Powszechny.

Pour Jean-Michel De Waele, politologue à l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste de l’Europe centrale et orientale, interrogé par la RTBF, si cette coalition se forme, il s’agira d’un "tournant", notamment sur la question de l’IVG et des droits des personnes LGBTQIA + : "Il y aura évidemment toutes les questions liées à l’avortement. […] Il y aura sans doute débat. Les trois [partis] membres de la coalition au pouvoir ne sont certainement pas exactement sur la même ligne. Tous veulent libéraliser la loi actuelle, mais jusqu’où ? Je pense que ça sera une question de gouvernement. Un autre enjeu sera évidemment celui du droit des LGBT +. [Ielles] cesseront d’être montré·es du doigt et verront sans doute certains droits leur être accordés", explique-t-il.

Autant d’enjeux à garder à l’esprit dans les semaines qui viennent.

À lire aussi
IVG, droits LGBT, État de droit, solidarité avec l’Ukraine…  : la coalition civique de Tusk prépare un virage à 180° pour la Pologne
Élections en Pologne : victoire de l'opposition pro-européenne - JT 16/10/2023

Élections en Pologne : victoire de l opposition pro-européenne
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/elections-en-pologne-comment-les-femmes-ont-fait-pencher-la-balance-11273921

Voir les commentaires

Les Italiennes n’ont pas toutes le même accès à l’IVG médicamenteuse

5 Octobre 2023, 15:10pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 LES GRENADES

Les Italiennes n’ont pas toutes le même accès à l’IVG médicamenteuse

© Tous droits réservés

29 sept. 2023 à 12:29

4 min
Par Caroline Bordecq, correspondante en Italie pour Les Grenades
PARTAGER


Écouter l'article
En Italie, si l’interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse est possible depuis 2009, son accès reste compliqué et inégalitaire selon les territoires, souligne un rapport publié mardi 19 septembre par l’association Médecins du Monde Italie. Également accessible en Belgique depuis 1999, cette méthode permet de mettre fin à une grossesse non désirée par la prise de médicaments et sans intervention chirurgicale.

Aujourd’hui, dans la péninsule, "seulement trois régions [sur vingt] ont autorisé formellement [les IVG médicamenteuses] en dehors des hôpitaux", constate Claudia Torrisi, la journaliste qui a travaillé sur le rapport en collaboration avec Médecins du Monde.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Le chemin inverse
Pourtant, le ministère de la Santé préconise le recours à cette pratique dans les plannings familiaux (et plus seulement dans les hôpitaux) depuis août 2020. Date à laquelle le ministère a mis à jour des lignes directrices concernant l’avortement médicamenteux. Les nouvelles règles allongent également le délai légal de sept à neuf semaines et suppriment l’hospitalisation obligatoire pendant trois jours.

Mais la santé étant une compétence régionale, et "les lignes directrices n’ayant pas force de loi, chaque région fait ce qu’elle veut", explique Vittoria Loffi, coordinatrice de la campagne Libera di Abortire (Libre d’avorter).

Conséquence : certaines régions ont même décidé de prendre le chemin inverse. Fin 2020, le Piémont, qui a pourtant été un pionnier dans cette pratique, a formellement interdit le recours aux IVG médicamenteuses en dehors des hôpitaux. Une décision portée par le conseiller régional Maurizio Marrone, membre du parti de droite radicale Fratelli d’Italia dirigé par la Première ministre Giorgia Meloni. D’autres régions, comme les Marches (au centre du pays), ont laissé le délai légal à sept semaines, au lieu des neuf préconisées.

Refuser de pratiquer les avortements par médicaments revient à maintenir un contrôle politique sur le corps des femmes et sur leur liberté de choisir

Parallèlement, le Latium (Rome) est la seule région à avoir mis au point un protocole permettant aux femmes de prendre le deuxième médicament (celui permettant l’expulsion de l’embryon) chez elles. Les IVG à domicile sont d’ailleurs prévues par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et en Belgique, la méthode a commencé à être appliquée pendant le Covid.

Manque d’information
Les chiffres du dernier rapport du ministère italien de la Santé, publié en 2022 sur base des données de 2020, permettent aussi de rendre compte des disparités entre les territoires. Dans la région du Molise (centre de l’Italie), 1,9% des IVG étaient médicamenteuses, contre 17% en Lombardie et plus de 50% en Ligurie (deux régions du nord). Au total, les IVG médicamenteuses représentaient 32% des avortements dans toute l'Italie (contre 38% en Belgique, en 2021, et 78% en France, en 2022).

A l’absence de règles homogènes, s’ajoute "le manque d’information claires et accessibles à celles qui veulent avorter", constate également Claudia Torrisi. Des carences que des associations et collectifs pro-choix tentent de combler.

L’association Laiga a par exemple créé une carte des hôpitaux qui pratiquent les IVG et le collectif Obiezione Respinta (Objection rejetée) recueille les expériences des femmes dans les différentes structures

À lire aussi
À l’écoute des médecins qui pratiquent les avortements : "C’est être humain, en fait"
"Je ne savais pas vers qui me tourner"
"Quand j’ai appris que j’étais enceinte, je savais que je voulais avorter par médicaments, mais je ne savais pas vers qui me tourner", a raconté anonymement une Sicilienne de Messine au collectif Obiezione Respinta.

Résultat : après avoir contacté d’innombrables établissements sur l’île, elle a finalement dû se rendre à Palerme, à 230 kms de chez elle.

Pour Elisa Visconti, directrice de Médecins du Monde, il ne s’agit pas de mettre en compétition l’IVG médicamenteuse et chirurgicale, mais de laisser le choix. Aussi, refuser de pratiquer les avortements par médicaments dans les plannings familiaux ou même à domicile revient à "maintenir un contrôle politique sur le corps des femmes et sur leur liberté de choisir", assure-t-elle.

À lire aussi
Entre stress et incrédulité, deux militantes pour l'accès à l'avortement ont été poursuivies en Belgique
En Italie, l’avortement n’est pas abordé "de manière laïque" mais c’est "un terrain d’affrontements politiques, idéologiques et religieux", analyse la directrice. Et, selon elle, si l’avortement médicamenteux est à ce point "entravé" c’est aussi car "il retire potentiellement l’objection de conscience", c’est-à-dire le fait pour les médecins de refuser d’avorter au nom de leur moral ou de leurs croyances.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

"Ici, à quoi est-ce que les médecins vont faire objection ? A sortir une boite de médicaments d’un placard ? Ce n’est pas comme s’opposer à pratiquer un acte chirurgical", continue Elisa Visconti.

En Italie, 64,6% des gynécologues étaient objecteur·trices en 2020. Mais là encore avec de grandes disparités entre les régions : 45% en Emilie-Romagne, contre 83,8% dans les Abruzzes, selon le ministère de la Santé. Dans certains hôpitaux, c’est même 100% du personnel.

À lire aussi
Au-delà de 12 semaines : le règne de la débrouille pour celles qui veulent avorter
Pour favoriser l’accès à toutes les méthodes d’IVG, les activistes de Libera di abortire ont donc rédigé une proposition de loi pour remplacer celle qui autorise l’avortement depuis 1978.

Ce texte prévoit explicitement le recours à l’avortement médicamenteux, dans le cadre d’une procédure qui "soit en ligne avec les standards internationaux" et les recommandations de l’OMS, explique Vittoria Loffi.

 

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/les-italiennes-nont-pas-toutes-le-meme-acces-a-livg-medicamenteuse-11263867

Voir les commentaires

"Grosse pute, on va niquer ta mère": face au harcèlement en ligne, Laura Laune lance un webshop pour tirer profit des haters

5 Octobre 2023, 10:33am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 VIVRE ICI

Avec les Hirond’Elles, les femmes apprennent le vélo et s’envolent sur les pistes cyclables de Bruxelles

© Hirond’Elles

29 sept. 2023 à 07:00

2 min
Par Maxime Maillet et Arno Goies via

Vivre Ici

Vivacité
PARTAGER

Écouter l'article
ABruxelles, le vélo ne cesse de gagner en popularité : ce moyen de transport permet d’éviter les bouchons et d’opter pour une mobilité douce, moins polluante. Mais tout le monde n’est pas à l’aise sur une selle et dans la circulation bruxelloise. C’est le cas de nombreuses femmes. Dans la capitale, à peine un tiers des cyclistes sont des femmes d’après une étude de l’association Pro Vélo (2019).

Publicité

Dans le quartier maritime de Molenbeek, il existe des cours d’initiation pour apprendre aux femmes à faire du vélo, à trouver leur place dans la circulation et à gagner en autonomie et en confiance en elles. Depuis 2018, ce projet "Les Hirond’Elles " est porté par MolemBIKE et Riet Naessens.


Hirond'Elles : des cours d'initiation au vélo pour les femmes de Molenbeek
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
Chaque année, une centaine de femmes (et leurs enfants) sont formées. C’est le cas de Fatima. A 56 ans, elle n’a jamais fait de vélo. " Mes deux enfants roulent à vélo. Toute la famille roule à vélo. Je suis la seule à ne pas en faire. J’ai l’impression d’avoir un handicap. Puis, je trouve ça plus pratique de faire du vélo dans une grande ville comme Bruxelles. Pour éviter les embouteillages ou pour accéder à d’autres endroits plus agréables ".

Concrètement, les femmes débutantes apprennent les bases sur l’esplanade de Tours & Taxis : trouver son équilibre, pédaler, freiner, anticiper, maîtriser le code de la route et surtout vaincre sa peur grâce aux conseils des bénévoles. " On commence vraiment par leur présenter un vélo, puis les mettre en selle. C’est comme quand on apprend à un enfant à faire du vélo, mais un enfant va le faire d’une manière plus instinctive. Une personne adulte a beaucoup plus d’appréhension : elle comprend plus facilement les risques et les dangers en cas de chute ", explique Claire, une bénévole.

Après avoir maîtrisé les bases, les femmes mi-avancées volent de leurs propres ailes et se rendent en groupe sur les pistes cyclables pour circuler au milieu des autres usagers. Une belle occasion d'occuper l’espace public, mais aussi de découvrir Bruxelles. " On a remarqué que les femmes de Molenbeek n’ont pas l’habitude de franchir le canal pour aller à Bruxelles. D’autres ne connaissaient par exemple pas le Cinquantenaire. Je les ai emmenées là-bas. On va aussi à Schaerbeek et au Parc Josaphat. Je leur montre la beauté de cette ville. Par après, elles osent y retourner avec leurs enfants, avec leur famille. Et c’est ça aussi le but " conclut Riet Naessens, la porteuse du projet.

Les cours se donnent deux fois par semaine, les jeudis et samedis de 15h à 18h à Tours & Taxis. Plus d’informations sur le site internet de MolemBIKE


https://www.rtbf.be/article/avec-les-hirondelles-les-femmes-apprennent-le-velo-et-senvolent-sur-les-pistes-cyclables-de-bruxelles-11261719

Voir les commentaires

"Eunice" de Lisette Lombé : comment faire face au deuil ?

19 Septembre 2023, 23:06pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

  LES GRENADES

"Eunice" de Lisette Lombé : comment faire face au deuil ?

© Tous droits réservés

03 sept. 2023 à 09:44

4 min
Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades
PARTAGER


Écouter l'article
Lisette Lombé est l’une des plumes qui s’est imposée dans le paysage culturel belge grâce à ses performances de slam et à la publication de ses recueils de poésie (elle recevait en 2021 le Prix littéraire Grenades pour Brûler brûler brûler !) qui lui vaudront l’honneur de devenir, en 2024, poétesse nationale.

Publicité

À l’occasion de la rentrée littéraire, elle explore un nouveau domaine en se lançant dans la publication d’un roman avec un livre qui détonne et résonne. Paru aux Éditions Seuil, Eunice ne laissera personne indifférent.

À lire aussi
Lisette Lombé et Nathalie Skowronek sont les lauréates du Prix Grenades
Famille, je vous hais. Ami·es, je vous aime
Le garçon qu’Eunice aimait a prononcé le mot "rupture", celui tant redouté, et le monde s’est effondré. Pour échapper à cette douleur, elle s’enivre au point d’engourdir toutes ses sensations. Ce sont les appels en absences de son père et de sa tante qui la sortent de sa gueule de bois. Sa mère, Jeanne, Jane pour les intimes, est morte. Les policiers disent qu’elle aurait chuté d’une péniche et se serait noyée. Après le choc de la nouvelle, il est urgent d’entamer les démarches nécessaires.

Eunice, désemparée, doit aussi faire face à des découvertes surprenantes provenant des résultats toxicologiques de l’autopsie. Elle découvre que sa mère se droguait lors de soirées et que son père était au courant.

L’image qu’elle avait construite de sa mère commence à se désagréger laissant apparaître des zones d’ombre. Ce qu’elle dit de sa mère se traduit par ces mots "Ta mère est un puzzle. Chaque personne que tu rencontres te confie une pièce dont la teinte vient modifier ce que tu croyais déjà savoir d’elle. Tu ne connais pas Jane. Son écorce, sa surface, sa carapace, oui. Ses aspirations profondes, ses fantasmes, ses regrets, non."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Lorsqu’elle tombe par hasard sur l’agenda de sa mère, elle est intriguée par des initiales qui reviennent à plusieurs reprises, ainsi que par l’adresse d’un hôtel où sa mère se rendait. Une enquête personnelle commence, et en même temps, un retour dans son enfance fait remonter à la surface des souvenirs enfouis.


© Tous droits réservés
Le décès de sa mère la force à réexaminer son noyau familial, composé d’une grand-mère acariâtre, d’une tante avec laquelle elle a bien plus de points communs qu’elle ne le pense, d’un frère inexistant et d’un père plongé dans une dépression post-deuil.

Chacun vit son deuil à sa manière, et celle qu’Eunice choisit se traduit par des nuits passées avec d’ancien·nes amant·es et par le fait de se raser les cheveux. Le mot "orpheline" s’impose alors à elle pour devenir sa nouvelle identité.

Ta mère est un puzzle

Parmi les personnes qui apportent du soutien à Eunice, certaines ne sont pas nécessairement liées par le sang. Ses ami·es forment un socle sur lequel elle peut se reposer et se construire différemment, grâce à leur présence mais également grâce à l’écriture qui prend un peu plus de place dans sa vie. Cette importance, Eunice l’exprime avec ces mots : "L’amitié n’est pas une embarcation de fortune. Pas besoin d’écoper l’eau des tempêtes pour maintenir la relation à flot. On peut ne pas se voir durant plusieurs semaines ou plusieurs mois, la joie des retrouvailles est intacte."

Ces passages sur l’amitié et sur la sororité témoignent de l’importance que revêtent ces relations dans nos vies. Ces relations aideront Eunice à se défaire d’une certaine culpabilité et à se remettre, doucement, de la perte de sa mère.

À lire aussi
"Atteindre l’aube" de Diglee : écrire sur sa famille
Un style singulier
À la lecture des noms des chapitres, Couper – Recoudre – Cicatriser – Vivre, on comprend qu’on est en présence d’un roman qui risque tant d’irriter que d’écorcher celui ou celle qui le lira, car dès les premiers mots, la prose particulière de Lisette Lombé nous saisit et nous étreint notre cœur.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Cette prose ne fait pas appel aux non-dits ni aux suppositions. Ce qu’on lit respire la sincérité et transpire à travers chaque page. Le style est incisif, semblable à ses poèmes ou ses slams.

Les phrases courtes, parfois à l’excès, s’enchainent pour apporter un rythme tranchant, nécessaire pour exprimer l’urgence de ce qui lui arrive et être en total accord avec les émotions d’Eunice qui sont à fleur de peau.

À lire aussi
"Enfants poètes" de Lisette Lombé et Claire Courtois : accueillir la poésie
En dehors du style, le roman dégage une sensualité intense et présente un modèle de sexualité libérée loin des cadres rigides que notre société peut offrir. Eunice aime qui elle veut et sans se conformer nécessairement aux différents genres.

À lire aussi
Lisette Lombé: "Notre corps est notre outil de militance"
Prolonger le thème
Un autre ouvrage de la rentrée littéraire, L’indésir de Joséphine Tassy, publié par les Éditions de l’Iconoclaste, adopte une approche différente tout en explorant la thématique de la perte maternelle. Bien que les relations varient, il est fascinant d’observer les réactions des enfants, et plus précisément celles de deux jeunes filles, dans ces deux romans.

Eunice, Lisette Lombé, Editions Seuil, août 2023, 192 pages, 18€.

Lisette Lombé pour son livre "Enfants Poètes"

Lisette Lombé "Enfants poètes"
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/eunice-de-lisette-lombe-comment-faire-face-au-deuil-11249885
 

Voir les commentaires

"Eunice" de Lisette Lombé : comment faire face au deuil ?

5 Septembre 2023, 23:50pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 LES GRENADES

"Eunice" de Lisette Lombé : comment faire face au deuil ?

© Tous droits réservés

03 sept. 2023 à 09:44

Temps de lecture4 min
Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades
PARTAGER

Écouter l'article
Lisette Lombé est l’une des plumes qui s’est imposée dans le paysage culturel belge grâce à ses performances de slam et à la publication de ses recueils de poésie (elle recevait en 2021 le Prix littéraire Grenades pour Brûler brûler brûler !) qui lui vaudront l’honneur de devenir, en 2024, poétesse nationale.

À l’occasion de la rentrée littéraire, elle explore un nouveau domaine en se lançant dans la publication d’un roman avec un livre qui détonne et résonne. Paru aux Éditions Seuil, Eunice ne laissera personne indifférent.

À lire aussi
Lisette Lombé et Nathalie Skowronek sont les lauréates du Prix Grenades

Famille, je vous hais. Ami·es, je vous aime
Le garçon qu’Eunice aimait a prononcé le mot "rupture", celui tant redouté, et le monde s’est effondré. Pour échapper à cette douleur, elle s’enivre au point d’engourdir toutes ses sensations. Ce sont les appels en absences de son père et de sa tante qui la sortent de sa gueule de bois. Sa mère, Jeanne, Jane pour les intimes, est morte. Les policiers disent qu’elle aurait chuté d’une péniche et se serait noyée. Après le choc de la nouvelle, il est urgent d’entamer les démarches nécessaires.

Eunice, désemparée, doit aussi faire face à des découvertes surprenantes provenant des résultats toxicologiques de l’autopsie. Elle découvre que sa mère se droguait lors de soirées et que son père était au courant.

L’image qu’elle avait construite de sa mère commence à se désagréger laissant apparaître des zones d’ombre. Ce qu’elle dit de sa mère se traduit par ces mots "Ta mère est un puzzle. Chaque personne que tu rencontres te confie une pièce dont la teinte vient modifier ce que tu croyais déjà savoir d’elle. Tu ne connais pas Jane. Son écorce, sa surface, sa carapace, oui. Ses aspirations profondes, ses fantasmes, ses regrets, non."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Lorsqu’elle tombe par hasard sur l’agenda de sa mère, elle est intriguée par des initiales qui reviennent à plusieurs reprises, ainsi que par l’adresse d’un hôtel où sa mère se rendait. Une enquête personnelle commence, et en même temps, un retour dans son enfance fait remonter à la surface des souvenirs enfouis.


© Tous droits réservés
Le décès de sa mère la force à réexaminer son noyau familial, composé d’une grand-mère acariâtre, d’une tante avec laquelle elle a bien plus de points communs qu’elle ne le pense, d’un frère inexistant et d’un père plongé dans une dépression post-deuil.

Chacun vit son deuil à sa manière, et celle qu’Eunice choisit se traduit par des nuits passées avec d’ancien·nes amant·es et par le fait de se raser les cheveux. Le mot "orpheline" s’impose alors à elle pour devenir sa nouvelle identité.

Ta mère est un puzzle

Parmi les personnes qui apportent du soutien à Eunice, certaines ne sont pas nécessairement liées par le sang. Ses ami·es forment un socle sur lequel elle peut se reposer et se construire différemment, grâce à leur présence mais également grâce à l’écriture qui prend un peu plus de place dans sa vie. Cette importance, Eunice l’exprime avec ces mots : "L’amitié n’est pas une embarcation de fortune. Pas besoin d’écoper l’eau des tempêtes pour maintenir la relation à flot. On peut ne pas se voir durant plusieurs semaines ou plusieurs mois, la joie des retrouvailles est intacte."

Ces passages sur l’amitié et sur la sororité témoignent de l’importance que revêtent ces relations dans nos vies. Ces relations aideront Eunice à se défaire d’une certaine culpabilité et à se remettre, doucement, de la perte de sa mère.

À lire aussi
"Atteindre l’aube" de Diglee : écrire sur sa famille

Un style singulier
À la lecture des noms des chapitres, Couper – Recoudre – Cicatriser – Vivre, on comprend qu’on est en présence d’un roman qui risque tant d’irriter que d’écorcher celui ou celle qui le lira, car dès les premiers mots, la prose particulière de Lisette Lombé nous saisit et nous étreint notre cœur.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Cette prose ne fait pas appel aux non-dits ni aux suppositions. Ce qu’on lit respire la sincérité et transpire à travers chaque page. Le style est incisif, semblable à ses poèmes ou ses slams.

Les phrases courtes, parfois à l’excès, s’enchainent pour apporter un rythme tranchant, nécessaire pour exprimer l’urgence de ce qui lui arrive et être en total accord avec les émotions d’Eunice qui sont à fleur de peau.

À lire aussi
"Enfants poètes" de Lisette Lombé et Claire Courtois : accueillir la poésie

En dehors du style, le roman dégage une sensualité intense et présente un modèle de sexualité libérée loin des cadres rigides que notre société peut offrir. Eunice aime qui elle veut et sans se conformer nécessairement aux différents genres.

À lire aussi
Lisette Lombé: "Notre corps est notre outil de militance"

Prolonger le thème
Un autre ouvrage de la rentrée littéraire, L’indésir de Joséphine Tassy, publié par les Éditions de l’Iconoclaste, adopte une approche différente tout en explorant la thématique de la perte maternelle. Bien que les relations varient, il est fascinant d’observer les réactions des enfants, et plus précisément celles de deux jeunes filles, dans ces deux romans.

Eunice, Lisette Lombé, Editions Seuil, août 2023, 192 pages, 18€.

Lisette Lombé pour son livre "Enfants Poètes"

Lisette Lombé "Enfants poètes"
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/eunice-de-lisette-lombe-comment-faire-face-au-deuil-11249885

Voir les commentaires

Hermoso s'est "sentie vulnérable et victime d'une agression, d'un acte impulsif et sexiste", le foot espagnol en crise

28 Août 2023, 15:59pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 

COUPE DU MONDE FÉMININE

Hermoso s'est "sentie vulnérable et victime d'une agression, d'un acte impulsif et sexiste", le foot espagnol en crise
Jenni Hermoso a été victime d'une agression par le président de la fédération espagnole de football lors de la remise des trophées de la Coupe du Monde.
© AFP - JAIME REINA

26 août 2023 à 09:07

Temps de lecture4 min
Par AFP (édité par Jérôme Jordens)
PARTAGER

Écouter l'article
L'internationale espagnole Jenni Hermoso a assuré vendredi soir s'être sentie "vulnérable et victime d'une agression" lorsqu'elle a été embrassée par le président de la Fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, dimanche lors de la finale du Mondial, après avoir affirmé que ce baiser "n'était pas consenti".

"Je me suis sentie vulnérable et victime d'une agression, d'un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de ma part", a déclaré la N.10 espagnole dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux à propos du baiser imposé par son président dimanche soir lors de la remise des médailles de championnes du monde à Sydney.

Quelques heures plus tôt, Hermoso avait assuré, dans un premier communiqué de son syndicat Futpro, qu'elle n'avait "à aucun moment consenti à ce baiser", démontant la défense de Luis Rubiales.

Contre toute attente et malgré les pressions, le patron du foot espagnol avait refusé de démissionner de son poste vendredi devant l'assemblée générale extraordinaire de sa Fédération réunie près de Madrid.

En poste depuis 2018, l'ancien défenseur s'est lancé dans une contre-attaque, affirmant que le baiser était "réciproque" et "consenti" et qu'il avait obtenu la permission de le faire, tout en fustigeant le "faux féminisme".

Et vendredi soir, ce qui est déjà surnommé le "#MeToo du football espagnol", à la suite de faits considérés dans la loi comme une agression sexuelle, a connu un énième rebondissement avec l'annonce d'une grève de l'équipe nationale féminine.

Les 23 joueuses de l'équipe sacrée championne du monde dimanche en Australie ont en effet annoncé qu'elles refusaient de rejouer avec la Roja "si les dirigeants actuels (étaient) maintenus". Le texte, déjà signé par 81 joueuses, reste ouvert à d'autres signatures, selon le syndicat Futpro.


"Ca suffit !"
Avant cette annonce, la journée a été rythmée par de nombreuses réactions indignées par l'absence de remise en question de Luis Rubiales, qui a dénoncé "une tentative d'assassinat social" à son encontre.

"Ce que nous avons vu aujourd'hui à l'Assemblée de la fédération est inacceptable (...). C'en est fini de l'impunité des actes machistes. Rubiales ne peut rester à son poste", a réagi la ministre du Travail et numéro trois du gouvernement, Yolanda Díaz, exigeant des "mesures urgentes" du gouvernement.

De nombreuses joueuses de l'équipe nationale, à l'instar de la footballeuse du FC Barcelone Alexia Putellas, double Ballon d'Or, sont sorties du silence dans l'après-midi pour afficher leur soutien à leur coéquipière et dénoncer le comportement "intolérable" de leur président. "C'est inacceptable. Finissons-en. Je suis avec toi chère Jenni Hermoso", a-t-elle déclaré sur X.

Le hashtag "#SeAcabo" (C'est terminé), reprenant les mots utilisés par plusieurs joueuses, commençait à émerger sur les réseaux.

"Par respect pour le football. Ca suffit ! Il est temps que ça change pour de bon", a écrit sur X la ligue de football professionnelle féminine.

Pour sa part, l'ancien gardien du Real Madrid et de la "Roja" Iker Casillas a parlé de "honte totale" à propos de Rubiales tandis que l'attaquant du Betis Borja Iglesias a annoncé qu'il ne porterait plus le maillot de l'équipe nationale tant que la situation ne changeait pas.

À lire aussi
Le baiser de Rubiales sur Hermoso n'est "pas digne d'un président de fédération" selon Ancelotti

Mondial 2030
Même certains clubs se sont indignés publiquement, comme l'Espanyol Barcelone qui a dit attendre "des mesures" de la part de la fédération ou encore le Séville FC qui estime "ne pas se sentir représenté" par le patron du foot espagnol et demande sa démission.

Le Barça, ancien club d'Hermoso, a lancé une condamnation en demi-teinte, déplorant des "faits regrettables" et "injustifiables". Le club catalan note cependant que "M. Rubiales lui-même a reconnu une erreur et s'en est excusé".

L'affaire éclabousse l'image du sport espagnol, alors que le pays est candidat à l'organisation du Mondial masculin de 2030 avec le Portugal et le Maroc, dont l'attribution est prévue à la fin de l'année prochaine.

Tribunal administratif
M. Rubiales avait été filmé pendant la célébration de la victoire de la "Roja" féminine sur l'Angleterre lors de la finale du Mondial, embrassant sur la bouche par surprise Jenni Hermoso.

Il avait présenté lundi des excuses, expliquant qu'il s'agissait d'un geste "sans aucune mauvaise intention".

Mais les condamnations de la classe politique espagnole, dont le Premier ministre Pedro Sánchez, et des milieux du football, dont la célèbre joueuse américaine Megan Rapinoe, n'ont fait que s'amplifier.

L'affaire est finalement remontée jusqu'à la Fifa, qui a lancé jeudi une procédure disciplinaire à l'encontre de M. Rubiales.

Dans une pluie de critiques, le président de LaLiga, Javier Tebas, a sévèrement attaqué son homologue: "La liste des femmes et des hommes offensés ces dernières années par Luis Rubiales est trop longue, cela doit cesser".

Le Conseil supérieur des Sports, un organisme gouvernemental, a annoncé qu'il allait porter l'affaire devant le Tribunal administratif des Sports dans les prochains jours.

Si le tribunal concluait que ce baiser est une faute selon le code du sport professionnel, le Conseil supérieur des sports, un organisme d'Etat, pourrait alors suspendre M. Rubiales de ses fonctions.


https://www.rtbf.be/article/hermoso-s-est-sentie-vulnerable-et-victime-d-une-agression-d-un-acte-impulsif-et-sexiste-le-foot-espagnol-en-crise-11245912

Voir les commentaires

Montrer ses seins en concert, l'acte féministe des chanteuses espagnoles

28 Août 2023, 15:44pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

Montrer ses seins en concert, l'acte féministe des chanteuses espagnoles

© Javier Bragado/Redferns

21 août 2023 à 19:18

Temps de lecture1 min
Par Arthuria Dekimpe via

Tipik
PARTAGER

Écouter l'article
C'était le 12 août dernier, au festival Sonorama Ribera à Burgos au cours d'un concert célébrant ses 5 ans de carrière, que la chanteuse espagnole Eva Amaral a posé un geste fort. Après 1h20 de concert devant 35 000 personnes, elle se lance dans un court discours : “Pour Rocío. Pour Rigoberta. Pour Zahara. Pour Miren. Pour Bebe. Pour nous toutes. Parce que personne ne peut nous voler la dignité de notre nudité. La dignité de notre fragilité, de notre force. Parce que nous sommes trop nombreuses. Et ils ne pourront pas nous enlever cette vie que nous voulons. Un monde où la peur de dire ce que l’on pense n’existera plus. Parce qu’aujourd’hui, c’est l’heure de la révolution”

Au milieu du discours, la chanteuse de 51 ans dégrafe sa robe, dévoilant sa poitrine nue et entonnant avec un mégaphone sa chanson Revolución sous les applaudissements du public. 


Celles à qui Amaral rend hommage, ce sont plusieurs chanteuses qui ont récemment été victimes de harcèlement pour avoir dévoilé leurs seins en public, explique BFM : Rocío Saiz dont le concert  a été interrompu par la police après avoir dévoilé un message féministe écrit sur la poitrine, Rigoberta Bandini qui a pour habitude de montrer ses seins lorsqu'elle chante Ay mamá, chanson féministe sur la maternité, et Zahara, critiquée pour les conservateurs espagnols pour pochette de son album Puta (2021), où elle apparaît en Vierge Marie. 

Un acte militant donc, qui suscite également le débat au sein de la frange plus progressiste. Alors que le quotidien El País a jugé son geste "spectaculaire. Et surtout très symbolique”, d'autre considère qu'il s'agit d'un combat d'arrière-garde, rapporte El Periódico de España : "La libération des seins, c'était dans les années 70, maintenant les mouvements s'occupent d'autres choses (plus importantes)". Un débat qui serait tout aussi pertinent chez nous.


https://www.rtbf.be/article/montrer-ses-seins-en-concert-l-acte-feministe-des-chanteuses-espagnoles-11243514

Voir les commentaires

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>