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Le blog de hugo,

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Une Europe centrale égoïste,protestant,racisme,

20 Septembre 2015, 16:01pm

Publié par hugo

LE PREMIER MINISTRE HONGROIS VIKTOR ORBAN© EUROPEAN PEOPLE'S PARTY/CC BY 2.0 VIA FLICKR
MONDEEUROPE CENTRALE 17 SEPTEMBRE 2015
Auteurs
Jean-Noël de Bouillane de Lacoste
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Une Europe centrale égoïste


Jean-Noël de Bouillane de Lacoste décrypte l'attitude de cette partie de l'Europe hostile à tout accueil des réfugiés.


Le 4 septembre, les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du « groupe de Visegrad » (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie), réunis à Prague, ont fait connaître leur refus des « quotas » obligatoires proposés par la Commission européenne pour accueillir les quelque 160 000 migrants présents en Europe dans des conditions précaires. Ils ont confirmé ce refus à leur collègue allemand venu tenter de leur faire entendre raison. Leur motivation ? « Garder le contrôle du nombre des réfugiés qu’ils accepteraient ». Leur nombre, et aussi, sans le dire, leur qualité...


Cette attitude, qui fait bon marché du double devoir de solidarité de ces États, à la fois vis-à-vis des migrants et vis-à-vis des autres États membres de l’Union européenne, est choquante. Mais elle n’est pas sans explication.


Il est clair que l’arrivée en masse de demandeurs d’asile venus de l’autre côté de la Méditerranée constitue pour ces pays, aux populations relativement homogènes, un événement inquiétant. On sent, dans les propos des responsables de ces pays, une extrême réticence à l’égard des populations du Proche et du Moyen-Orient, dont le Haut Commissaire pour les réfugiés évalue à 400 000 cette année et 450 000 l’an prochain le nombre des migrants.


Racisme ordinaire


Cette hostilité, qui relève du racisme ordinaire, s’exprime par un argument évidemment irrecevable : ce sont des musulmans, ils n’ont pas leur place chez nous.


C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre slovaque en se disant prêt à accueillir « 200 chrétiens » puisqu’il n’y avait pas de mosquées dans son pays... Et son collègue hongrois d’invoquer une menace à « l’identité de l’Europe chrétienne », ce qui a amené le président polonais du Conseil européen à lui répondre que le christianisme devait bien plutôt nous amener à « aider nos frères dans la détresse ».


Ce même Premier ministre hongrois, Viktor Orban, s’est singularisé en dotant ses 175 kilomètres de frontières avec la Serbie de grillages et de rouleaux de fil de fer barbelé, surveillés par l’armée. Cette initiative, approuvée il faut le dire par une majorité de ses compatriotes, est venue illustrer sa vision d’une Europe forteresse, à l’opposé de cette terre d’asile à laquelle aspirent tant de rescapés de pays en guerre et de traversées hasardeuses.

http://reforme.net/une/monde/europe-centrale-egoistean

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Du climat aux réfugiés, choisir la vie,protestant,reforme,

20 Septembre 2015, 15:53pm

Publié par hugo

"Accueillerons-nous ces personnes, ces individus, ces êtres humains, ces prochains ? Avec des pierres ou avec des fleurs ?"© James Gordon (réfugiés irakiens à Damas, en Syrie) [CC BY 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons


Bible & actualitéUrgence 17 septembre 2015


Auteurs


Marie-Odile Wilson


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Du climat aux réfugiés, choisir la vie


Environnement et réfugiés, l’heure du choix. Un texte de Marie-Odile Wilson, pasteure de l'Église protestante unie de France en Corse.


Seule dans ma voiture l’autre jour, j’ai entendu la « boutade humoristique » – ce sont ses propres mots – de monsieur Devedjian : « Les Allemands nous ont pris nos juifs, ils nous rendent des Arabes. » J’ai poussé un cri horrifié. J’ai repensé à cette leçon de Jésus : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui rend l’homme impur. » Le poids des mots ! Voilà en tout cas une plaisanterie qui pour moi n’en est pas une, et j’ai beau faire, je reste horrifiée par ce qu’elle véhicule de négation de la souffrance.


Dans cette époque agitée qui est la nôtre, la tentation des petites phrases est grande, au cœur du tohu-bohu médiatique, le besoin d’être vu, connu, reconnu (élu ?) conduit à la surenchère. Il y a donc ceux qui parlent, à tort et à travers parfois.


Et, Dieu merci, il y a ceux qui agissent. L’urgence nous presse de toute part. Il est temps. Les appels de nos Églises se multiplient, émanant de la FPF, de nos conseils régionaux, du pape. Les champs d’action sont circonscrits : l’urgence est à la sauvegarde de la création, l’urgence est à l’accueil des défavorisés, sans distinction. Et les initiatives fleurissent : assises chrétiennes de l’écologie à Saint-Étienne en août, qui ont réuni 2 000 personnes, autour d’un contenu, de l’aveu même d’une participante, d’une grande richesse, d’une grande variété, d’une grande spiritualité.


Ne plus tergiverser


Et des communes qui se mobilisent pour accueillir des migrants, avec des retombées heureuses inattendues, ici une école qui ne fermera pas, un village redynamisé. Là, un monastère désaffecté qui, en 24 heures, a pu être remis sommairement en état, et équipé de 80 lits. Ailleurs, des gens se rassemblent, de tous horizons, confessionnels ou non, avec le désir de faire quelque chose.


L’urgence nous pousse, l’urgence nous met debout, c’est l’heure du choix. Un choix aussi radical que celui que pose Dieu dans le Deutéronome : « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance. » Il s’agit de choix qui engagent notre postérité. C’est fondamental à entendre.


Pourtant dans ce maelström d’émotions qui m’agite depuis quelques mois, une graine d’espérance est profondément enracinée dans mon cœur. Car, dans l’urgence de si belles choses ont été accomplies au cours des âges, dont nous goûtons encore les fruits : des réveils sociaux dans nos Églises ont été porteurs de grandes réalisations en œuvrant auprès des plus petits, comme l’Armée du Salut, la Fondation John-Bost, la Cimade et j’en passe.


L’urgence est là. Il nous faut choisir. Il n’est plus temps de tergiverser. Le passage du Deutéronome cité plus haut se poursuit ainsi : « En aimant le Seigneur, ton Dieu, en l’écoutant et en t’attachant à lui. » Et un certain Jésus de Nazareth accrochait solidement entre eux l’amour de Dieu et l’amour du prochain. L’un n’irait donc pas sans l’autre ? Il n’est plus temps de se poser douillettement la question. Il est temps de témoigner, en action.


Et parce que je ne vois pas de meilleure manière de vaincre la peur qui nous étreint devant le flot qui se presse à nos portes que de l’anticiper : accueillerons-nous ces personnes, ces individus, ces êtres humains, ces prochains ? Avec des pierres ou avec des fleurs ?


Pour éviter cette submersion dont certain(e)s nous menacent, n’est-il pas plus que temps de choisir la vie ? Celle de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants, qu’ils soient déjà là, depuis longtemps ou non, ou encore à venir, car il n’y a pas à choisir entre les solidarités, c’est la raison pour laquelle nous nous devons de nous lever en masse, pour notre terre, pour nos frères et sœurs, en nous réjouissant d’avance, dans l’espérance d’un tel mouvement, de ce que la vie, alors, nous déversera, à foison, comme bénédictions.
http://reforme.net/une/religion/climat-aux-refugies-choisir-vie

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Les étrangers, une mauvaise cible,protestant,reforme,racisme,

5 Août 2015, 01:19am

Publié par hugo

DES RÉFUGIÉS SYRIENS AU KURDISTAN IRAKIEN, EN JANVIER 2014© UN PHOTO/FABIENNE VINET
BIBLE & ACTUALITÉBIBLE ET ACTUALITÉ 23 JUILLET 2015
Auteurs
Nathalie Chaumet
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Les étrangers, une mauvaise cible


Nathalie Chaumet, pasteure de l'Église protestante unie au Vésinet, met en garde contre la suspicion qui préside aujourd'hui à l’accueil des étrangers.


Lundi 20 juillet, un projet de loi a été présenté à l’Assemblée nationale, celui de la réforme du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile). Certains points paraissent positifs notamment l’établissement d’une carte pluriannuelle qui devrait permettre de sécuriser la situation de ses détenteurs et de favoriser ainsi leur accès au logement et à l’emploi, tout en désengorgeant les services administratifs. Par ailleurs, l’assignation à résidence devrait être développée pour limiter le recours aux centres de rétention.


Mais d’importants points de vigilance demeurent et certaines mesures nouvelles inquiètent, notamment le recours possible par les préfets d’obtention d’informations auprès d’un certain nombre d’interlocuteurs (banques, EDF, administration scolaire…) pour vérifier la situation des bénéficiaires de ce titre. Dans ce sens, la Cimade a publié ce 17 juillet un communiqué dénonçant des mesures qui s’inscrivent malgré tout dans la continuité du durcissement mis en place dans les années précédentes. Si le gouvernement communique largement autour du passeport talents qui permettra aux étrangers très qualifiés de venir travailler plus facilement en France, l’obtention du fameux sésame pour les personnes plus fragilisées demeurera sans doute tout aussi difficile.


Le fameux proverbe « on ne prête qu’aux riches » s’applique également en matière d’immigration.


Les enfants en première ligne


Il nous faut ainsi maintenir notre vigilance à l’égard de ceux qui, au terme d’un parcours harassant, viennent ici quêter une place où vivre. Épuisés physiquement et psychologiquement pour avoir tout quitté parfois au péril de leur vie, ils quémandent cette hospitalité inscrite dans la loi du Lévitique (19,34), dépendants du moindre geste solidaire.


Parmi eux, les enfants, marqués par une errance de tous les dangers, nécessiteraient notamment des soins attentifs pour enrayer à la racine la violence qui risque de les guetter en retour. Bien peu obtiendront le titre de séjour tant espéré, grossissant ainsi le nombre des anonymes, de ceux et celles qui, ayant tout risqué, ne repartiront pas.


Ils contribueront à développer les camps qui s’installent au cœur ou à la périphérie de nos cités, faisant apparaître au grand jour la misère de nos rues. Plus dures seront les mesures à l’égard des plus démunis, plus criante sera en retour notre impuissance à endiguer leur flot.


Le danger pour l’évolution de notre société ne vient pourtant pas de la personne étrangère mais de la difficulté de notre système à susciter ce sentiment précieux d’appartenance et de reconnaissance qui procède de l’élaboration identitaire, quelle que soit notre origine.


Selon un article du Monde daté de 2013 (1), plus de 900 000 jeunes inactifs se disaient découragés de tout. En quête d’identité, certains, parfois sans difficultés scolaires, vont alors chercher dans un radicalisme dit religieux le masque d’un visage qui n’est pas le leur. Les menaces intégristes nous montrent ainsi que si le chômage est un facteur de perte identitaire, le savoir n’est pas pour autant la garantie d’un savoir-être. Pour faire face à ce vide identitaire, c’est bien à travailler sur notre vivre ensemble que nous devons agir.


Le maillage associatif


Parmi les pistes qui s’offrent à nous, le maillage associatif, réduit comme une peau de chagrin faute de crédits, a autrefois fait ses preuves. En luttant contre l’isolement, en favorisant la rencontre entre communautés, en permettant l’engagement autour de projets collectifs sociaux, sportifs ou artistiques qui dessinent une place à leurs acteurs, il est un levier simple mais efficace de lutte contre le sentiment de déshérence individuelle et collective.


Aujourd’hui, c’est dans ce travail de vivre ensemble et d’intégration que nous devons engager nos forces.


(1). Le Monde, 1er juin 2013.

http://reforme.net/une/societe/etrangers-mauvaise-cible

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Comment interpréter le Coran ?,protestant,religion,

5 Août 2015, 01:15am

Publié par hugo

ociété
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LES DEUX PRINCIPALES SOURCES ÉCRITES DE LA RELIGION MUSULMANE SONT LE CORAN ET LE HADITH© THEMEPLUS / FLICKR / CREATIVE COMMONS
SOCIÉTÉ 21 JANVIER 2015
Auteurs
Louis Fraysse
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Comment interpréter le Coran ?


La violence de certains versets du Coran pose la question de leur interprétation, littérale, allégorique ou contextualisée.


Les responsables du culte musulman ne cessent de le répéter : « L’islam est une religion de paix. » Pourtant, les djihadistes, qu’ils agissent en France, en Syrie ou au Pakistan, tuent au nom leur religion. Certains versets du Coran appellent au meurtre. La question de leur interprétation, littérale ou circonstanciée, est plus que jamais d’actualité.


Les deux principales sources écrites de la religion musulmane sont le Coran et le Hadith. Le Coran est le texte « révélé » par Allah à Mahomet au début du VIIe siècle. Le Hadith, aussi appelé Sunna, regroupe les propos et les comportements attribués au Prophète. C’est la tradition de l’islam.


L’herméneutique (science de l’interprétation des textes) de l’islam est ancienne, mais elle n’est pas à la portée de tous. « Le travail d’exégèse islamique requiert une excellente connaissance de la tradition et de la langue arabe classique, explique Mohammed Hocine Benkheira, directeur d’études à l’École pratique des hautes études. Tout musulman n’est pas censé s’autoriser à interpréter lui-même le Coran. Pour cela, il existe des autorités religieuses compétentes et reconnues. »


Utiliser l’allégorie


Dès la fin du VIIIe siècle, une approche rationaliste du Coran gagne en influence, jusqu’à être instituée en dogme d’État par le calife al-Mamoun (813-833). C’est l’école moutazilite, qui promeut le libre arbitre du musulman et insiste sur le « sens caché » de la révélation, à l’opposé de l’approche littéraliste. Par la suite, certains penseurs musulmans, comme le philosophe perse Avicenne (980-1037), vont poursuivre dans cette tradition, arguant que pour accéder à la vérité profonde, le musulman doit user de l’allégorie et remettre le texte en question.


On a longtemps considéré que « l’âge d’or » de l’islam s’était éteint avec la mort en 1198 du grand philosophe andalou Averroès. Ensuite, l’islam aurait sombré dans une sorte de « Moyen Âge ». Pourtant, comme l’ont montré les travaux du philosophe français Henry Corbin, une pensée philosophique dynamique s’est poursuivie en terre d’islam, principalement dans le monde perse.


« Le drame, c’est que la plupart des travaux d’exégèses de ces soixante dernières années qui ont cherché à “délitéraliser” l’interprétation du Coran n’ont pas pris en compte cette abondante littérature persane », regrette Nasser Suleiman Gabryel, anthropologue et philosophe à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).


L’approche littéraliste, elle, a toujours existé. Dans le Coran, les révélations à Mahomet distinguent la période mecquoise (de 612 à 622), de la période médinoise (622-632). À La Mecque, Mahomet vit entouré de sa maisonnée et de quelques fidèles, mais se heurte à l’indifférence puis à l’hostilité de la population. Les sourates issues de cette période sont surtout d’ordre philosophique, elles traitent de questions morales et spirituelles. Médine est le lieu d’exil du Prophète, qui y arrive en 622, l’année de « l’hégire », devenue plus tard le point de départ de l’ère musulmane. Peu à peu, Mahomet et ses partisans en prennent le contrôle. Les sourates d’alors sont plutôt consacrées aux questions juridiques, politiques ou normatives. Elles rassemblent l’essentiel des versets les plus violents, ceux qui sont aujourd’hui appliqués à la lettre par les djihadistes.


« On ne peut le nier, l’islam est en partie né dans la violence, rapporte Claude Gilliot, professeur émérite à l’université d’Aix-Marseille, spécialiste des débuts de l’islam. Une fois devenu chef de Médine, Mahomet n’a pas hésité à faire tuer 600 à 900 juifs de la tribu des Qurayza. Plusieurs poètes, qui l’avaient satirisé, ont subi le même sort.


» Ce qui peut poser problème, poursuit le chercheur, c’est la notion d’“imitation” du Prophète, fondamentale en islam. Mahomet est un modèle, il est dépositaire de la révélation des musulmans, et ses paroles, ses faits et gestes, même ses silences importent. En ce sens, on peut arguer que le djihad, la “guerre légale”, ou “guerre sainte”, est une imitation du Prophète ! »


D’autres universitaires invitent cependant à considérer le contexte de la construction de la parole prophétique. « Si l’on considère l’histoire de l’islam, on ne peut pas dire que la sourate 9, qui invite à combattre et à tuer les mécréants, a été appliquée à la lettre, avance Mohammed Hocine Benkheira. À l’inverse de la chrétienté, plusieurs religions anciennes ont pu se maintenir en terre d’islam, comme les Yézidis en Irak ou les Zoroastriens en Iran. »


Pour le chercheur, l’émergence d’Al-Qaïda et de l’État islamique, qui prônent une interprétation littérale des versets les plus violents du Coran, est liée de près à la naissance d’un courant radical du sunnisme, le wahhabisme. Fondé au XVIIIe siècle, ce dernier se développe au début du XXe siècle, lorsque des wahhabites prennent le contrôle de l’Arabie saoudite, où ils installent une dynastie, toujours au pouvoir.


« Les wahhabites veulent purifier le dogme islamique, ils se voient comme un renouveau de l’aventure prophétique destiné à combattre les nouvelles formes d’idolâtrie, précise Mohammed Hocine Benkheira. Pour eux, le Coran, son message, mais aussi ses lettres et ses sons sont “incréés”, ils émanent de Dieu. »


Tout au long du XXe siècle, la monarchie saoudienne a cherché à promouvoir le wahhabisme (via le salafisme, un courant religieux et idéologique très proche) hors de ses frontières, par la diffusion d’ouvrages et la formation d’intellectuels. Mais l’Arabie saoudite a également financé des groupes djihadistes (la version armée du salafisme), notamment lors de la guerre soviétique en Afghanistan (1979-1989). Elle est accusée d’avoir fait de même en Syrie.


« De tout temps, l’islam a souffert du poids du politique sur le religieux, analyse Nasser Suleiman Gabryel. Dans un contexte mondialisé, l’Arabie saoudite, et, dans une moindre mesure, le Qatar allient pouvoir économique et promotion du salafisme, qui restreint l’islam à une identité. Or, l’islam sunnite, qui n’est pas hiérarchisé, laisse le champ libre à ceux qui disposent d’un pouvoir économique fort lié à un discours unificateur. De nombreux jeunes clercs sont attirés. Qui, à l’opposé, va soutenir les jeunes clercs libéraux ? »


Responsabilités partagées


Et en France ? Depuis les années 1960, les responsables politiques appellent à une meilleure formation des imams. Pourtant, la situation n’a guère évolué.


Pour les responsables cultuels, la question de l’obtention de la carte de séjour a longtemps prévalu. Difficile de proposer une exégèse dans ces conditions. Les pouvoirs publics, eux, ont envisagé le sujet dans une logique de sous-traitance : la formation d’imams est déléguée à des pays modérés, comme l’Algérie et le Maroc. Une politique pertinente en terme d’ordre public, mais problématique si l’on veut promouvoir un islam de France qui produit sa théologie propre. Une politique qui, en outre, éloigne les fidèles français des représentants du culte musulman : ces derniers n’ont plus aucun crédit auprès des jeunes générations, nées et élevées en France.


« Nous devons absolument penser la sédentarisation de l’islam en France, estime Nasser Suleiman Gabryel. L’État a un rôle à jouer, il peut favoriser la création d’un espace public de réflexion sur l’islam. L’université aurait pu jouer ce rôle, comme aux États-Unis, mais elle a pâti de la trop grande frilosité qui existe dans notre pays quant au fait religieux. » Les musulmans français doivent eux aussi se remettre en question. « On ne peut plus, en 2015, créer des instituts d’islamologie sans y inclure de l’histoire, des sciences sociales et de la philosophie !, s’insurge l’anthropologue. On ne peut pas se contenter de promouvoir une vision texto-centrée du Coran. »


Face à ces questions, reste à se garder de toute essentialisation du problème. Les « musulmans de France » n’ont rien d’une entité homogène.

http://reforme.net/une/societe/comment-interpreter-coran

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André Gounelle : "Schweitzer propose une théologie de l'action",protestant,histoire,

5 Août 2015, 01:12am

Publié par hugo

"SCHWEITZER EST À LA FOIS CONNU ET MÉCONNU"© DEUTSCHES ALBERT-SCHWEITZER-ZENTRUM FRANKFURT A.M. (ARCHIV UND MUSEUM)
RENCONTRE 29 JUILLET 2015
Auteurs
Louis Fraysse
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À consulter
Le site personnel d'André Gounelle :


http://andregounelle.fr


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André Gounelle : "Schweitzer propose une théologie de l'action"


Le théologien André Gounelle défriche la pensée d’Albert Schweitzer, trop souvent cantonnée à quelques clichés. Une pensée qui reste pertinente, cinquante ans après la mort du prix Nobel.


Repères


14 janvier 1875 : Naît à Kaysersberg,
en Alsace, alors allemande.
1893-1902 : Études de théologie
et de philosophie.
1905-1913 : Études de médecine.
1912 : Épouse Hélène Bresslau.
1913-1917 : Premier séjour
à Lambaréné, au Gabon.
1931 : Ma vie et ma pensée.
1939-1945 : 7e séjour à Lambaréné.
1953 : Reçoit le prix Nobel de la paix.
1957-1958 : Interventions sur Radio-Oslo au sujet du péril atomique.
4 septembre 1965 : Meurt à Lambaréné.
La figure d’Albert Schweitzer semble avoir pris le pas sur sa personne. Quelles sont les principales images d’Épinal que nous avons de lui ?


Schweitzer est à la fois connu et méconnu. L’hôpital de Lambaréné a éclipsé le reste de son œuvre. On voit en lui l’homme d’action, « l’humanitaire », l’ami des animaux ; on néglige le musicien ; on ignore généralement le théologien et le philosophe. On l’enferme dans des images convenues et des anecdotes pittoresques sans prendre la peine de le lire et de l’étudier. On perd ainsi quelque chose d’essentiel. Au fil des décennies, sa pensée, ample et profonde, a plutôt gagné que perdu en pertinence et en actualité.


On résume souvent sa pensée à un slogan, le « respect de la vie ». Mais qu’est-ce que le respect de la vie selon Schweitzer ?


Le mot « respect », que Schweitzer a choisi pour rendre l’allemand Ehrfurcht, prête à malentendu. Il ne désigne pas une attitude passive (s’abstenir de tuer, ne pas toucher à ce qui vit), mais un engagement actif au service de la vie.


Dans un rapide panorama des spiritualités depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, Schweitzer repère, sous une immense diversité de formes et avec quantité de nuances, deux grandes tendances.


La première trouve la réalité mauvaise et conseille de lui échapper, en se réfugiant dans la contemplation d’un au-delà, dans la culture de l’intériorité ou dans des pratiques ascétiques. Elle cherche Dieu et le bonheur loin et ailleurs, en dehors de la sphère de l’habituel.


Pour la deuxième, la réalité est bonne. Tout ce qu’apporte l’existence est bien, y compris les souffrances et les misères. C’est Dieu qui les veut et les envoie, elles sont donc positives, même si elles nous sont douloureuses. Le bonheur consiste à leur donner son adhésion, à y consentir.


Aucune de ces deux tendances ne respecte ou ne sert vraiment la vie. La première la méprise et la dévalorise. La seconde sanctifie ce qui l’agresse, la torture et la détruit. L’une et l’autre appellent l’être humain à un travail sur lui-même pour s’évader ou se soumettre et ne l’incitent nullement à agir pour changer les choses.


Et la pensée chrétienne ?


La prédication de Jésus refuse cette alternative entre fuite et acceptation. Elle est, Schweitzer le montre dans ses études sur le Nouveau Testament, « eschatologique », ce qui veut dire tournée vers le surgissement d’une réalité différente de celle que nous connaissons. Jésus annonce la venue du Royaume, autrement dit, une transformation de l’existence qui n’est pas figée ou statique, comment le pensent aussi bien les spiritualités du refus que celles de l’acceptation. Il y a en elle à l’œuvre un dynamisme qui veut la rendre meilleure (ou moins mauvaise) et nous mobilise à cet effet. Ici, on respecte, ou, plus exactement, on sert la vie.


En termes théologiques classiques, Dieu n’approuve ni ne condamne le monde tel qu’il est ; il le « sauve », autrement dit, il le fait bouger et avancer. S’il diffère du monde, il ne lui est pas extérieur ; il y agit comme le levain dans la pâte ; sa présence y est une force de novation. Ce message, le Nouveau Testament le formule en utilisant des images et des idées apocalyptiques qui appartiennent à une culture révolue. Il nous revient de l’exprimer dans le langage éthique du « respect de la vie » pour qu’il puisse être entendu et reçu aujourd’hui.


Peut-on dire que chez Schweitzer le savoir est pessimiste, mais le vouloir optimiste ?


Schweitzer vous répondrait que c’est ce que suggère l’Évangile ; il ne s’agit pas d’une opinion qui lui serait propre. En 1925, il écrit à un ami tchèque, Oskar Kraus : Jésus est « le premier qui, à une vision pessimiste du monde tel qu’il est, a su opposer une vision éthique optimiste du destin final de l’humanité ». La radicale originalité de Jésus vient de ce qu’il associe le pessimisme d’un diagnostic négatif sur les réalités présentes avec l’optimisme d’une action qui espère contribuer à les faire changer, si peu que ce soit.


N’exagérons cependant pas la sévérité du jugement de Schweitzer sur le monde : « En Jésus s’exprime une bienveillance pour les choses de la vie », écrit-il, avant d’affirmer « le droit de goûter aux joies de la vie ». Il ne dit pas que tout est mauvais, ce serait un pessimiste outrancier ; mais il constate qu’il y a beaucoup de mal.


L’optimisme du vouloir a aussi des limites. Aux yeux de Schweitzer, le « respect de la vie » n’est pas une formule magique qui résoudrait tous les problèmes, mais un principe général dont l’application, toujours approximative, demande du discernement, de l’imagination et du courage. Dans chaque circonstance, il nous faut inventer la conduite qui lui correspond le mieux ; elle n’est souvent qu’un moindre mal. Nous pouvons réduire souffrances, misères et injustices, mais jamais, à vue humaine, nous ne les supprimerons entièrement. Ce n’est pas une raison pour se résigner, mais au contraire une incitation à s’engager jusqu’à son dernier souffle.


Sa théologie ne donne-t-elle pas une place centrale aux œuvres ?


Le mot « œuvre » est obéré par les querelles de la Réforme ; parlons plutôt d’« action ». La théologie protestante a parfois distingué les « œuvres » (ce qu’on fait pour se donner à soi-même de la valeur) des « actes » (ce qu’on fait par conviction, reconnaissance ou amour).


Agir, pour Schweitzer, c’est croire que le mal peut reculer et que du mieux peut advenir. Croire, c’est agir au service de la vie, s’engager contre la souffrance, lutter pour la paix, combattre l’injustice et la misère. Dans le couple indissociable de la foi et de l’action, la priorité va à l’action. À sa future femme Hélène en 1903, Schweitzer écrit : « Je crois parce que j’agis » (et non : « J’agis parce que je crois »). Il reprend à son compte la phrase de Goethe (dont il est un grand connaisseur) : « Au commencement était l’action. » En 1904, il déclare à ses paroissiens : « Quand [on] vous dit de rester tranquille, c’est le diable qui parle ; lorsque [on] vous dit de vous lever et d’agir, c’est sûrement Dieu. »


Il propose donc une théologie non pas des œuvres, mais de l’action. Un de ses sermons approuve le rééquilibrage qu’opère l’épître de Jacques face à une interprétation abusive des grandes affirmations pauliniennes. La foi évangélique, telle qu’il la comprend, est indissociablement une mystique (elle met en communion avec ce qui dépasse et juge le monde) et une éthique (elle conduit à un total engagement dans et pour le monde).


Albert Schweitzer n’est-il pas plus philosophe que théologien ?


À ses yeux, théologie et philosophie doivent se rencontrer et collaborer. Dans la ligne de Kant, auquel il a consacré sa thèse de doctorat en philosophie, il souligne que la raison a des limites. Elle se heurte à des inconnues et à des mystères. Bien des choses lui échappent. Si elle demande qu’on la respecte, elle n’entend pas tout régenter. Elle appelle une mystique théologique.


De son côté, la religion sombre dans la superstition quand elle demande une adhésion aveugle. Elle n’est authentique que si elle s’appuie sur sa vérité intrinsèque, et non sur une révélation ou une autorité surnaturelle qui l’imposerait du dehors. Elle appelle une rationalité philosophique.


Loin de s’opposer, la foi et la pensée se complètent et convergent. « La philosophie la plus profonde devient religieuse, écrit Schweitzer, et les religions les plus profondes deviennent philosophiques. » Pendant longtemps la religion a permis à la pensée de se développer. Aujourd’hui, en Occident, la religion traverse une crise grave, et Schweitzer compte sur la pensée pour lui rendre sa vigueur. « Quant à moi, déclare-t-il dans son autobiographie, je sais que je dois à la pensée d’être resté fidèle à la religion. » À un de ses correspondants, il écrit : « J’aime le rationalisme comme j’aime Jésus. Je dois énormément à l’un comme à l’autre. Dans mon âme, les deux sont réconciliés, unis. »


« L’éthique du respect de la vie, affirme Schweitzer, est l’éthique de Jésus reconnue comme une nécessité de la pensée. » La recherche du philosophe et la démarche du chrétien, quand ils la poursuivent jusqu’au bout, se rejoignent pour affirmer ce principe qui est à la fois rationnel et religieux.


Peut-on qualifier Schweitzer de théologien libéral ?


Je me méfie des étiquettes. Le message de Schweitzer a une portée universelle et aucun clan, parti ou mouvement n’a le droit de l’annexer. Mais si on veut le classer, c’est bien là qu’il se situe.


Il a été président d’honneur de l’association française des protestants libéraux. Il a été très proche des unitariens américains qui, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ont financé son hôpital à un moment où les donateurs européens n’étaient plus en état de le faire. On trouve chez lui de nombreux thèmes qui témoignent d’une orientation foncièrement libérale. L’accord de la raison avec la foi, dont je viens de parler, en donne un exemple.


Il faut mentionner aussi son scepticisme à l’égard des dogmes. Il raconte qu’encore étudiant, il y voyait des constructions spéculatives, artificielles et inutiles, « un brouillard de connaissances incertaines », dit-il. Dieu est-il une trinité de personnes ou une puissance impersonnelle ?


Personne ne peut le dire, mais le croyant l’éprouve comme « un torrent qui l’emporte », comme une puissance qui agit en lui et qui l’oblige à agir. De même, Jésus est-il un philosophe spiritualiste, un très grand prophète ou un Dieu-homme réunissant en sa personne la nature humaine et la divine ? Peu importe à celui qu’il inspire, mobilise et conduit là où il ne serait pas allé sans lui.


De même apparaît typiquement libéral son souci d’articuler le message évangélique avec le monde moderne. Il ne s’agit pas, comme on en accuse toujours les libéraux, de se « conformer au temps présent » et de s’agenouiller devant les idoles de la modernité.


Schweitzer fait une analyse très sévère des grandes tendances de notre époque et se situe plutôt à contre-courant. Mais il souhaite faire entendre l’Évangile et, pour cela, ne pas le laisser « sous le boisseau du langage théologique », lui rendre son impact et sa pertinence en le traduisant. Il n’a pas attendu Bonhoeffer pour tenter, avec le respect de la vie, une expression « non religieuse » de l’Évangile.


Que penser des nombreuses attaques portées à son encontre, notamment à la fin des années 1950 ?


Schweitzer a toujours été contesté. Ses travaux sur le Nouveau Testament se sont heurtés à une désapprobation générale avant de s’imposer. À la Société des Missions, à l’exception des Boegner (Alfred et Marc), on l’a plutôt mal accueilli et on s’est pendant longtemps méfié de lui. Les Églises, avant de le récupérer, redoutaient son extrême liberté ; de nombreux théologiens l’ont soupçonné de dénaturer l’Évangile et de sortir du christianisme.


Les médecins ne l’ont guère apprécié ; les pratiques de l’hôpital de Lambaréné s’éloignaient trop de ce dont ils avaient l’habitude. Les autorités françaises, le trouvant trop germanophile, l’ont surveillé. Quand, en pleine guerre froide, il dénonce l’arme atomique, il soulève un tollé. On l’a accusé de paternalisme, de colonialisme, d’incompétence et de brutalité. On lui a reproché le caractère très personnel de Lambaréné. Il a eu, cependant, aussi des admirateurs, des défenseurs, des soutiens et des aides d’un grand dévouement.


Comme tout être humain, il a commis des maladresses et des erreurs ; il n’est pas sans faiblesses. Mais les attaques hargneuses dont il a été l’objet débordent les limites d’une critique légitime. La plupart ne résistent pas à l’examen. Des soubassements idéologiques et le goût de démolir les célébrités y ont leur part. On peut se demander si elles ne traduisent pas aussi un réel malaise.Par son action et sa pensée, Schweitzer nous confronte tous (moi le premier) à la question : « Et toi, qu’as-tu fait pour Dieu, pour tes prochains (humains et animaux) et pour la vie ? » Il est plus facile de le disqualifier que de faire face à l’interpellation dont il est porteur.


Propos recueillis par Louis Fraysse

http://reforme.net/une/rencontre/andre-gounelle-schweitzer-propose-theologie-laction

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Comment Voltaire a écrit le "Traité sur la tolérance",respect,religion,

29 Juillet 2015, 00:43am

Publié par hugo

ctualités > Bibliobs > Essais > Comment Voltaire a écrit le "Traité sur la tolérance"
Comment Voltaire a écrit le "Traité sur la tolérance"
Grégoire LeménagerPar Grégoire Leménager
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Publié le 02-08-2013 à 10h02
Mis à jour le 15-01-2015 à 11h18
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Laïcité, liberté, fanatisme, satire... Aujourd'hui, on se vaccine contre la bêtise: la tolérance, il y a un livre pour ça.
VOLTAIRE (1694-1778), quand il valait 10 francs. (DR)VOLTAIRE (1694-1778), quand il valait 10 francs. (DR)


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50 nuances de haine : la réponse de Kamel Daoud, menacé par un appel à la fatwa
La bonne ville de Toulouse n'a pas toujours été cette capitale du bien-être où l'on voit la vie en rose en se dandinant sur les refrains citoyens du groupe Zebda. Le 10 mars 1762, on y tortura savamment un père de famille sexagénaire. Il était protestant. L'idée générale, puisqu'un jugement du Parlement local l'avait condamné à mort la veille pour ce motif, était de lui faire avouer au passage qu'il avait tué son fils pour l'empêcher de se convertir au catholicisme.


Comme le fils s'était pendu sans l'aide de personne, le père n'avoua rien du tout. Ce ne fut pas faute d'insister. On lui étira les membres grâce à un ingénieux système de poulies. Puis on lui fit avaler dix cruches d'eau. Puis on l'installa sur une roue, où on lui fracassa les jambes et les bras. Puis on le laissa y crever, après deux heures d'agonie. Enfin, on l'étrangla, on brûla son corps, et qu'on n'en parle plus.


On n'avait pas fini d'en parler. Le protestant s'appelait Jean Calas. «Nous ne valons pas grand-chose, mais les huguenots sont pires que nous, et de plus ils déclament contre la comédie», commence par lâcher Voltaire quand il est mis au courant de l'histoire (sa tendresse pour les huguenots est assez mesurée). Mais quelque chose le chiffonne très vite, quand il songe à cette «scène qui fait dresser les cheveux sur la tête».


Le grand-père du journalisme d'investigation


Il observe que tous les juges n'étaient pas d'accord, repère des incohérences dans leur verdict, demande où sont les preuves, les témoins, la vraisemblance. Il «supplie» un cardinal de le renseigner. Il se souvient qu'on a également exécuté, en début d'année, le pasteur Rochette et trois gentilshommes protestants dans cette même ville de Toulouse, qui «solennise encore tous les ans, par une procession et par des feux de joie, le jour où elle massacra quatre mille citoyens hérétiques» à l'époque des guerres de Religion. Il accumule les détails. Il reconstitue les faits à coups de plume. C'est qu'il s'y «intéresse comme homme, un peu même comme philosophe».


Sait-il qu'il est en train d'inventer, bien longtemps avant Edwy Plenel, le journalisme d'investigation? Peu importe, Voltaire l'invente, avec ce qui lui reste d'illusions sur la nature humaine:


Si quelque chose peut arrêter chez les hommes la rage du fanatisme, c'est la publicité.


Les conclusions de son enquête sont prêtes en avril 1763. C'est beaucoup plus qu'une enquête. C'est le «Traité sur la tolérance». Il n'a pas grand-chose d'un traité, et tout d'un chef-d'oeuvre. L'auteur de «Candide» y joue à l'historien des moeurs, au tragédien, au clown, au grand prêtre théiste. Il prétend, vieille rengaine, que la France est en retard sur le reste du monde. Il s'adresse aux puissants, au bon sens, à Dieu. Le feu d'artifice est grandiose, le pot-pourri éblouissant. Plus postmoderne que ce classique, il n'y a pas.


Ici, un pastiche de prose jésuite; là, un remake de Pascal pour rappeler aux hommes qu'ils sont des fourmis égarées dans le cosmos ; puis, un hilarant «dialogue entre un mourant et un homme qui se porte bien»; et là enfin, une apologie de la sagesse chinoise en forme de microconte philosophique. Voltaire est au sommet de son art. A l'intérieur d'une même phrase, qui pourtant file droit comme une flèche, il donne une gifle à droite, fait un clin d'oeil à gauche, ricane, tire une larme au lecteur. C'est pour mieux lui soumettre, bien humblement, ce genre de QCM:


Voyons maintenant si Jésus-Christ a établi des lois sanguinaires, s'il a ordonné l'intolérance, s'il fit bâtir les cachots de l'Inquisition, s'il institua les bourreaux des autodafés.


Le lecteur, lui, n'a plus qu'à méditer, et à tirer les conclusions qui s'imposent.


Voltaire, pour ou contre l'interdiction du voile intégral?


La première est élémentaire :


Ne fais pas ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît.


Pour bien montrer à Voltaire que ce principe n'a rien d'universel, on fait interdire son livre. Mais on n'emprisonne pas les idées de Voltaire. Le 9 mars 1765, à la suite d'une requête du Conseil d'Etat, Calas est réhabilité.


Dans la bagarre, l'auteur du «Philosophe ignorant» ne s'est pas encombré de considérations métaphysiques, qui ne mènent qu'à s'entre-trucider «pour des paragraphes». Et s'il injecte un peu de moraline dans sa prose pleine d'«épices», c'est sans excès: il n'est pas de ces citoyens zélés qui, les droits de l'homme à la bouche, exigent des lois, encore des lois et toujours plus de lois pour ramener les imbéciles dans le droit chemin. Aurait-il applaudi celle qui interdit le port du voile intégral dans l'Hexagone? Pas sûr, même s'il se battrait sans doute comme un diable contre un régime imposant ce genre de fantaisie vestimentaire.


Il est un pionnier de la laïcité à la française, si l'on veut, puisqu'il prône une séparation de l'Eglise et de l'Etat. Et la très influente Internationale des jésuites est sa tête de Turc favorite parce qu'elle tire ses ordres d'une puissance étrangère basée au Vatican. Mais s'il plaide ici en faveur d'une minorité religieuse martyrisée par l'idéologie dominante, il ne réclame pas un nouvel édit de Nantes. Cet esprit pragmatique ne demande qu'un peu d'indifférence, une sorte de droit à l'erreur. Il sait trop bien que les protestants, quand ils ont du pouvoir et des armes, peuvent être aussi sanguinaires que les autres.


"Le ridicule est une puissante barrière..."


On a beaucoup voulu faire de lui un fanatique de la tolérance, parce qu'il ricanait assez méchamment des extrémistes juifs, catholiques et huguenots, tout en condamnant l'athéisme au motif que «l'homme a toujours eu besoin d'un frein». Il est possible qu'on se soit un peu trompé. Ce «don Quichotte des malheureux» est le contraire d'un laïcard enragé. Il n'ignore pas que l'intolérance fabrique des martyrs, qui fabriquent de l'intolérance, etc.


Au fond, Voltaire a beau être écrivain français jusqu'au bout des ongles, il sait aussi se montrer très britannique quand la raison l'exige. L'argument de l'auteur des «Lettres anglaises» est toujours le même, qu'il martèle sur tous les tons: foutez la paix aux gens pourvu qu'ils foutent la paix aux autres. Libre à eux, tant qu'on les tient à l'écart de la sphère politique, d'être assez crétins pour se déguiser comme ci ou comme ça, que ce soit en pénitent blanc, gris ou noir.


Pour ceux-là, il n'y a de toute façon qu'une chose à faire: rire, puisque «le ridicule est une puissante barrière contre les extravagances des sectaires». Voltaire, ce «vaccin contre la bêtise», comme disait Emmanuel Berl, qui avait pourtant vu la stupidité humaine battre quelques solides records au XXe siècle.


Grégoire Leménager


A lire :


Traité sur la tolérance, par Voltaire,
présenté par René Pomeau, GF-Flammarion.
Dictionnaire philosophique, par Voltaire, GF-Flammarion.
Mélanges, par Voltaire, Gallimard,
Pléiade, préfacé par Emmanuel Berl.
Voltaire, par Pierre Milza, Perrin.
Voltaire. La légende de saint Arouet,
par Jean Goldzink, Gallimard, Découvertes.


"Voltaire, l'indigné", dans "le Nouvel Obs" du 18 juillet 2013> LEXIQUE. Parlez-vous le néo-facho?


> Quand l'extrême-droite récupère l'héritage de Voltaire


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> Fouiner dans notre bibliothèque de l'été


Source : cet article est issu du dossier "Voltaire l'indigné", paru dans "le Nouvel Observateur" du 18 juillet 2013.

http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20130731.OBS1618/la-bibliotheque-de-l-ete-voltaire-laicard-or-not-laicard.html

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Le “Traité sur la tolérance” de Voltaire, large succès dans les librairies

29 Juillet 2015, 00:38am

Publié par hugo

Accueil › L'époque › Brèves › Le “Traité sur la tolérance” de Voltaire, large succès dans les librairies
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Le “Traité sur la tolérance” de Voltaire, large succès dans les librairies
Le 19/01/2015


(cc) Flickr / Patrick Janicek
Voltaire et son “Traité sur la tolérance” s’arrachent dans les librairies, suites aux attaques terroristes qui ont bouleversé la France, en ce début d’année 2015.
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Voltaire, tolérance, Théisme, Religion, fanatisme
Le Traité sur la tolérance de Voltaire s’arrache en librairie depuis les attaques terroristes qui ont meurtri la France entre le 7 et le 9 janvier dernier. Il arrive juste derrière Soumission – le roman de Michel Houellebecq tiré à 150000 exemplaires, déjà épuisé et en tête des ventes cinq jours après sa parution, deux jours avant l’attentat qui a visé la rédaction de Charlie Hebdo.
La progression remarquable des ventes du Traité sur la tolérance, largement cité lors des semaines passées, a été confirmée par la maison d'édtion Folio-Gallimard, laquelle a tiré l’ouvrage à 120000 exemplaires dans la collection « Folio 2 euros » en 2003. « Nous avons constaté une hausse très sensible des ventes de cet ouvrage depuis les attaques, et encore plus depuis la marche de dimanche, au point que nous prévoyons une réimpression de 10000 exemplaires », a expliqué la porte-parole de l’éditeur, mardi 13 janvier 2015. « Il est possible qu'elle soit suivie par d'autres réimpressions ».


Affaire Calas
C'est avec le Traité sur la tolérance que Voltaire gagne les galons d’intellectuel engagé, qu’il incarne désormais pour la postérité. Il l’écrit en 1763 en réaction à l’affaire Calas, du nom de ce commerçant protestant accusé d’avoir assassiné son fils (qui s’est suicidé) afin d'éviter que ce dernier ne se convertisse au catholicisme. Jean Calas est torturé, puis brûlé vif.
Voltaire voit d’abord en lui un religieux fanatique, avant prendre vigoureusement sa défense. Ses cibles? Les dévots fanatiques de tous bords. Le philosophe plaide pour le respect des croyances; théiste, il croit en Dieu et en une religion première non défigurée par la superstition et les dogmes de l'Église. Mobilisant l’opinion, il obtient la réhabilitation de Jean Calas en 1765.


Esprit philosophique
Voltaire poursuit dans l’Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven publié deux ans plus tard: « Craignons toujours les excès où conduit le fanatisme. Qu’on laisse ce monstre en liberté, qu’on cesse de couper ses griffes et de briser ses dents, que la raison si souvent persécutée se taise, on verra les mêmes horreurs qu’aux siècles passés ; le germe subsiste : si vous ne l’étouffez pas, il couvrira la terre. »
Comment répandre l’esprit de tolérance ? « Voltaire apporte deux réponses, comme le montre Ghislain Waterlot dans le dossier que nous consacrions à l’auteur. La première : en diffusant les Lumières par le moyen d’écrits percutants, car “il faut être très court et un peu salé” pour être lu du public [À Moultou, 1763]. La seconde : en exerçant une influence sur les politiques. Un des rôles du “despote éclairé” est d’introduire l’esprit de tolérance dans le peuple et même de favoriser le théisme. À la différence de Locke, qui veut établir par la tolérance une liberté des Églises tant qu’elles ne se mêlent pas de politique, Voltaire tend à un contrôle du religieux par le politique : les Églises encouragent le fanatisme par le zèle qu’elles suscitent, et elles aveuglent les esprits. Sans forcer les gens, l’idéal serait de tolérer leurs croyances mais de les rendre disponibles à “l’esprit philosophique” en limitant leur dépendance à l’égard des Églises. »
Il est à craindre, comme l’actualité le rappelle tragiquement que cet « esprit philosophique » ne soit pas encore unanimement répandu. Puisse cependant l’engouement pour le Traité sur la tolérance donner des idées et rendre « disponibles » les esprits... Vœu pieux?


Par CÉDRIC ENJALBERT
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http://www.philomag.com/lepoque/breves/le-traite-sur-la-tolerance-de-voltaire-large-succes-dans-les-librairies-11043

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Les nouvelles larmes du Luberon,protestants,fn,extreme droite,

22 Juillet 2015, 04:02am

Publié par hugo

Accueil / Le Blog de la rédaction / Les nouvelles larmes du Luberon
Les nouvelles larmes du Luberon
Rédigé par : James Woody dans Le Blog de la rédaction 9 juillet 2015 6 commentaires 4,541 Vues


« Résistance (…) face à la réforme protestante » voilà de quelle manière Marion Maréchal Le Pen a achevé son discours de lancement de campagne, le 5 juillet, au Pontet, dans le Vaucluse où elle est député.
Quelques mots tirés de leur contexte pourraient prêter à un contre sens. La phrase qui contient son hommage à la résistance face à la réforme protestante est formulée en ces termes :
« La Provence est une terre d’identité et de résistance. Résistance des princes provençaux face à l’invasion sarrasine, résistance face à la terreur révolutionnaire, face à la réforme protestante, face à l’occupant allemand, face au funeste projet de l’Union européenne en 2005. »
Voilà, ajoute-t-elle, le cap qu’elle se fixe.
Peut-être tout le monde n’est-il pas au courant de ce qu’est la réforme protestante. C’est la raison pour laquelle je me permets d’apporter quelques informations qui permettront à chacun de mieux comprendre le propos en question.
Ce qu’est la réforme protestante
La réforme protestante est un mouvement de réforme religieuse initié principalement à partir du XVIème siècle dans différents points d’Europe. Les réformateurs les plus connus sont Jean Hus, un théologien tchèque du XVème siècle, puis Martin Luther en Allemagne, le français Jean Calvin qui s’est établi à Genève, Ulrich Zwingli à Zurich, Martin Bucer à Strasbourg, John Knox en Ecosse… Il s’agissait pour eux de libérer la foi chrétienne des captivités dont elle avait fait les frais au fil des siècles.
La réforme protestante, ce fut rendre la Bible disponible dans la langue de chacun pour favoriser un rapport direct aux Écritures. Ainsi, les réformateurs ont libéré les consciences du prêt à croire et du prêt à penser.
La réforme protestante, c’est le rappel du sacerdoce universel qui affirme que nous avons tous la même dignité, que nous pouvons tous nous tenir à égale distance face à Dieu, c’est-à-dire face à ce qu’il y a de plus ultime pour nous. Cela pose les bases de la démocratie, de l’égalité de tous devant la loi.
La réforme protestante a relativisé la prétention des hommes, des institutions, à s’ériger en absolu. En proclamant « A Dieu seul la gloire », la réforme protestante a disqualifié la tentation des totalitarismes.
La réforme protestante a contesté la sacralisation d’une religion unique imposée à tous, jusqu’à obtenir la laïcité qui permet le pluralisme religieux et la possibilité de ne pas avoir de religion.
Ce tableau des apports de la réforme protestante à notre société moderne est loin d’être complet.
Une remise en cause de la France
S’honorer que la Provence ait résisté à la réforme protestante ne m’inquiète pas tant pour mes confrères pasteurs du Vaucluse qui pourraient bien finir dans de nouvelles galères, ni pour mes coreligionnaires de Provence qui pourraient être reconduits à la frontière, toutes choses qui furent vécues dans le prolongement de cette « résistance » que Marion Maréchal Le Pen tient en estime. Je sais les Français bien plus fraternels que le portrait qu’en fait ce discours. Le plus inquiétant est de poser comme modèle une société qui refuse la liberté de conscience, la démocratie, la laïcité. Cela ne concerne pas que les protestants, mais l’ensemble des citoyens.
temple de Mérindol
Temple de Mérindol
En associant la résistance à la réforme protestante et la résistance à l’occupation allemande dans un même élan, il n’y a aucun doute sur ce qui n’est pas seulement une opposition, mais une véritable déclaration de guerre au protestantisme dont je rappelai qu’il est au fondement de notre République. Se souvient-on que la résistance à la réforme protestante dans l’actuelle Provence, ce fut notamment le massacre de plus de 2000 personnes en 5 jours et 22 villages dévastés dans la vallée du Luberon ? Peypin-d’Aigues, Lourmarin, Cabrières, Mérindol sont les noms de villages martyrs où l’on ne se contenta pas de tuer.
Voilà donc la résistance que Marion Maréchal Le Pen érige en modèle, voilà le cap qu’elle propose.

A lire, également, la réaction du pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, le 10 juillet



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JAMES WOODY


Pasteur de l'Église protestante unie de France à l'Oratoire du Louvre (Paris) et président d'Évangile et liberté, l'Association protestante libérale.

http://www.evangile-et-liberte.net/2015/07/les-nouvelles-larmes-du-luberon/

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Communiqué de la FPF en réaction aux propos intolérables prononcés par M. Maréchal-Le Pen à l'égard du protestantisme,protestants,racisme,extreme droite,fn,histoire,histoire de france,

11 Juillet 2015, 00:01am

Publié par hugo

FPF > Actualités > Single
10-07-15 11:24 Il y a: 13 hrs
Communiqué de la FPF en réaction aux propos intolérables prononcés par M. Maréchal-Le Pen à l'égard du protestantisme
Le Président de la Fédération protestante de France exprime sa vive réprobation en réaction aux propos intolérables à l'égard du protestantisme prononcés par Marion Maréchal-Le Pen, députée du Vaucluse, le 5 juillet au Pontet.



Paris, le 10 juillet 2015


Communiqué de presse


le texte en pdf


Le Président de la Fédération protestante de France exprime sa vive réprobation en réaction aux propos intolérables à l'égard du protestantisme prononcés par Marion Maréchal-Le Pen, députée du Vaucluse, le 5 juillet au Pontet dans son discours de lancement de campagne* : des propos scandaleux et irresponsables qui créent la confusion et la division.
*« La Provence est une terre d’identité et de résistance. Résistance des princes provençaux face à l’invasion sarrasine, résistance face à la terreur révolutionnaire, face à la réforme protestante, face à l’occupant allemand, face au funeste projet de l’Union européenne en 2005. ». (Marion Maréchal-Le Pen, discours du Pontet, 5 juillet 2015)


Réaction de la FPF par la voix de son Président, le pasteur François Clavairoly :
« A l’occasion du discours tenu par Mme Marion Maréchal-Le Pen, dimanche 5 juillet à l’hippodrome du Pontet pour lancer sa campagne pour les élections régionales, je tiens à formuler sereinement mais fermement mon interrogation et ma réprobation.
Je m’interroge sur les intentions de Mme Maréchal-Le Pen qui, dans un discours public, en une même phrase, évoque la résistance de la Provence à l'invasion sarrasine, à la terreur révolutionnaire, à l'occupation allemande, et... à la Réforme protestante. Telle grossière association de la part d'une députée de la République française est non seulement scandaleuse mais irresponsable. Scandaleuse car elle crée de la confusion dans les esprits et irresponsable car elle divise et crée de la suspicion entre les citoyens.


Les propos de Mme Maréchal-Le Pen heurtent les protestants, notamment la mémoire de ceux qui ont contribué à la conquête de la liberté religieuse. En effet, la Réforme protestante participe en France comme en Europe et dans le monde entier à l'annonce de l'Évangile. Depuis cinq siècles elle prend part à la défense de la liberté, notamment religieuse, oeuvre à l’exercice de la démocratie et soutient la laïcité, garante du pluralisme religieux.
La France fonde sa cohésion sociale sur les valeurs républicaines. Au nom de mes convictions protestantes et citoyennes, je dénonce la stratégie de division et de haine de l'autre mise en oeuvre par le Front National.
Je souhaite donc que Mme la députée ne s'aventure pas dans une réécriture de l'histoire ni ne dévoie à ce point et dégrade les notions de résistance et d'identité par ses propos.
Les protestants de Provence et d'ailleurs attendent autre chose d'un représentant de la nation. »





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http://www.protestants.org/index.php?id=23&tx_ttnews[tt_news]=3131&tx_ttnews[year]=2015&tx_ttnews[month]=07&cHash=9a05bf0846

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Les nouvelles larmes du Luberon,protestants,histoire,histoire de france,fn,extrême droite

10 Juillet 2015, 03:06am

Publié par hugo

Accueil / Le Blog de la rédaction / Les nouvelles larmes du Luberon
Les nouvelles larmes du Luberon
Rédigé par : James Woody dans Le Blog de la rédaction 9 juillet 2015 2 commentaires 2,034 Vues


« Résistance (…) face à la réforme protestante » voilà de quelle manière Marion Maréchal Le Pen a achevé son discours de lancement de campagne, le 5 juillet, au Pontet, dans le Vaucluse où elle est député.
Quelques mots tirés de leur contexte pourraient prêter à un contre sens. La phrase qui contient son hommage à la résistance face à la réforme protestante est formulée en ces termes :
« La Provence est une terre d’identité et de résistance. Résistance des princes provençaux face à l’invasion sarrasine, résistance face à la terreur révolutionnaire, face à la réforme protestante, face à l’occupant allemand, face au funeste projet de l’Union européenne en 2005. »
Voilà, ajoute-t-elle, le cap qu’elle se fixe.
Peut-être tout le monde n’est-il pas au courant de ce qu’est la réforme protestante. C’est la raison pour laquelle je me permets d’apporter quelques informations qui permettront à chacun de mieux comprendre le propos en question.
Ce qu’est la réforme protestante
La réforme protestante est un mouvement de réforme religieuse initié principalement à partir du XVIème siècle dans différents points d’Europe. Les réformateurs les plus connus sont Jean Hus, un théologien tchèque du XVème siècle, puis Martin Luther en Allemagne, le français Jean Calvin qui s’est établi à Genève, Ulrich Zwingli à Zurich, Martin Bucer à Strasbourg, John Knox en Ecosse… Il s’agissait pour eux de libérer la foi chrétienne des captivités dont elle avait fait les frais au fil des siècles.
La réforme protestante, ce fut rendre la Bible disponible dans la langue de chacun pour favoriser un rapport direct aux Écritures. Ainsi, les réformateurs ont libéré les consciences du prêt à croire et du prêt à penser.
La réforme protestante, c’est le rappel du sacerdoce universel qui affirme que nous avons tous la même dignité, que nous pouvons tous nous tenir à égale distance face à Dieu, c’est-à-dire face à ce qu’il y a de plus ultime pour nous. Cela pose les bases de la démocratie, de l’égalité de tous devant la loi.
La réforme protestante a relativisé la prétention des hommes, des institutions, à s’ériger en absolu. En proclamant « A Dieu seul la gloire », la réforme protestante a disqualifié la tentation des totalitarismes.
La réforme protestante a contesté la sacralisation d’une religion unique imposée à tous, jusqu’à obtenir la laïcité qui permet le pluralisme religieux et la possibilité de ne pas avoir de religion.
Ce tableau des apports de la réforme protestante à notre société moderne est loin d’être complet.
Une remise en cause de la France
S’honorer que la Provence ait résisté à la réforme protestante ne m’inquiète pas tant pour mes confrères pasteurs du Vaucluse qui pourraient bien finir dans de nouvelles galères, ni pour mes coreligionnaires de Provence qui pourraient être reconduits à la frontière, toutes choses qui furent vécues dans le prolongement de cette « résistance » que Marion Maréchal Le Pen tient en estime. Je sais les Français bien plus fraternels que le portrait qu’en fait ce discours. Le plus inquiétant est de poser comme modèle une société qui refuse la liberté de conscience, la démocratie, la laïcité. Cela ne concerne pas que les protestants, mais l’ensemble des citoyens.
temple de Mérindol
Temple de Mérindol
En associant la résistance à la réforme protestante et la résistance à l’occupation allemande dans un même élan, il n’y a aucun doute sur ce qui n’est pas seulement une opposition, mais une véritable déclaration de guerre au protestantisme dont je rappelai qu’il est au fondement de notre République. Se souvient-on que la résistance à la réforme protestante dans l’actuelle Provence, ce fut notamment le massacre de plus de 2000 personnes en 5 jours et 22 villages dévastés dans la vallée du Luberon ? Peypin-d’Aigues, Lourmarin, Cabrières, Mérindol sont les noms de villages martyrs où l’on ne se contenta pas de tuer.
Voilà donc la résistance que Marion Maréchal Le Pen érige en modèle, voilà le cap qu’elle propose.





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