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Femmes pasteures, pionnières avant l'heure

30 Avril 2023, 21:47pm

Publié par hugo

 Femmes pasteures, pionnières avant l'heure
<p>Détail de la couverture de <em>Pionnières : comment les femmes sont devenues pasteures </em>par Lauriane Savoy paru le 08/03/2023<a href="https://www.lalibrairie.com/livres/auteurs/lauriane-savoy,0-12024752.html" style="font-family: Roboto, sans-serif; font-size: 1.7em; font-weight: 700;"> </a>chez Labor et Fides.</p>
Détail de la couverture de Pionnières : comment les femmes sont devenues pasteures par Lauriane Savoy paru le 08/03/2023 chez Labor et Fides.

22 AVR 2023
 Mise à jour 22.04.2023 à 08:31 par 
TerriennesLiliane Charrier
Alors que le débat autour des femmes prêtres dans l'Eglise catholique, régulièrement, déchaîne les passions, l'Eglise protestante, elle, a depuis longtemps franchi le cap. Aujourd'hui, près de la moitié des pasteurs sont des pasteures. Entretien avec Lauriane Savoy, historienne, théologienne et autrice du livre Pionnières : comment les femmes sont devenues pasteures.
"Non, on ne peut pas dire que le protestantisme est un bastion du patriarcat ! " s'exclame Lauriane Savoy en riant. Aujourd’hui, en France, comme en Suisse, environ 40 % des pasteurs sont des femmes. Dans les Eglises protestantes d'Allemagne ou de Suède, les femmes représentent déjà plus de 50 % des pasteurs. "En quelques décennies, on est passé d'aucune femme pasteure à une quasi parité. Certes, elles ont eu un statut un peu différent, subalterne, jusqu'à la fin des années 1960, mais depuis, elles ont vraiment le même statut que les hommes," explique Lauriane Savoy. 
L'Eglise protestante : un paradis égalitaire ?
Cela fait maintenant une soixantaine d’années qu'une femme peut être pasteure au même titre qu'un homme. Avec le recul, constate l'historienne, l'expérience s'est banalisée et la plupart des paroisses ont déjà eu une ou plusieurs pasteures.
 
Il y a toujours des paroisses qui sont réticentes à engager une jeune femme pasteure parce qu'elles craignent qu'elle ait des enfants et s'absente plusieurs mois.

Lauriane Savoy, historienne, théologienne
Cela ne veut pas pour autant dire que les Eglises protestantes soient un paradis de l'égalitarisme, souligne-t-elle, elles ne se distinguent pas du reste de la société : "Il y a toujours eu et il peut toujours y avoir du sexisme et des relations désagréables entre les personnes. Il y a toujours des différences au niveau du congé maternité, qui reste plus important que le congé paternité, et qui impacte davantage les carrières des jeunes femmes. Il y a toujours des paroisses qui sont réticentes à engager une jeune femme pasteure parce qu'elles craignent qu'elle ait des enfants et s'absente plusieurs mois. Ce genre de problèmes, communs à l'ensemble de la société, n'épargne pas l'Eglise."

Une Eglise au diapason des temps
Lauriane Savoy juge néanmoins positive la situation dans les Eglises protestantes, qui ont su évoluer avec leur époque et se saisir de la révolution du statut des femmes au XXᵉ siècle : "Les femmes ont obtenu des droits considérables au cours du XXᵉ siècle, surtout dans le dernier tiers. Et les Églises protestantes en ont tenu compte, elles sont pleinement entrées dans ce mouvement et ne sont pas restées en décalage. C'est très salutaire".  

Le lien entre l’accès des femmes au pastorat et celui à d'autres métiers est évident : "Quand le champ professionnel s'ouvre pour les femmes, au début du XXᵉ siècle, et qu’elles ont accès aux études, différents métiers leur deviennent accessibles. Parmi ces professions, celle de pasteur", explique la théologienne.

Certes, c'est un cumul de plusieurs facteurs qui permet aux femmes d'accéder au pastorat dans le protestantisme, mais le principal reste l'accès aux études universitaires : "La principale condition pour devenir pasteure est d'être formée en théologie au niveau académique, continue Lauriane Savoy. Il y a, dans le protestantisme, une corrélation très forte entre l'accès aux études universitaires et l'accès au ministère pastoral – elle l’est moins entre les études universitaires en théologie et la prêtrise."

Lauriane Savoy, historienne, théologienne et autrice du livre <em>Pionnières : comment les femmes sont devenues pasteures</em>
Lauriane Savoy, historienne, théologienne et autrice du livre Pionnières : comment les femmes sont devenues pasteures
©Labor et Fides
Révolution discrète
Les études universitaires de théologie ont été une étape importante de l'accès des femmes au pastorat, mais avant qu’elles puisse exercer pleinement, elles sont passées par différents statuts intermédiaires, créés spécifiquement pour elles. Pour vaincre progressivement les obstacles patriarcaux qui subsistaient dans la société, les églises ont imaginé d'autres métiers, comme assistante de paroisse ou aide de paroisse. "C'était une manière de donner une place à des femmes qui voulaient travailler pour l'Église, sans leur donner le statut pastoral. Car les pasteurs avaient quand même une expertise, une autorité, un rôle de notables, dans les villages par exemple. Au début du XXᵉ siècle, il paraissait difficilement concevable de donner cette fonction à des femmes, et c'est resté un fait vraiment exceptionnel pendant plusieurs décennies, entre les années 1920 et 1960," souligne Lauriane Savoy.

Sacrés arguments 
Au cours de l'enquête menée pour écrire Pionnières, comment les femmes sont devenues pasteures, Lauriane Savoy a dû se rendre à l'évidence : dans les années 1920 et 1930, ce sont avant tout des arguments patriarcaux que l’on opposait aux femmes qui voulaient devenir pasteures.

"Ce ne sont pas tant les arguments théologiques qui ont pesé dans les débats sur l’ouverture du pastorat aux femmes, mais ceux qui avancent que les hommes sont faits pour avoir l'autorité, du pouvoir, alors que les femmes sont faites pour servir, pour être mère, éduquer les enfants et s'occuper du foyer. Certains avançaient que Jésus a choisi douze hommes comme apôtres, ou encore que les versets de certaines épîtres du Nouveau Testament disent que les femmes doivent rester silencieuses dans les assemblées ou que les épouses doivent être soumises à leur époux. Ce genre de choses que l'on trouve dans les textes bibliques ont pu servir d'argument, mais l’essentiel, c'est la conception de l'époque des rôles des hommes et des femmes, avec l'idée que les femmes ont un rôle subalterne. C’est cela, surtout, qu’elles ont dû surmonter pour accéder au pastorat." 

Les femmes ont commencé par épauler les pasteurs en les soulageant de certaines tâches sous lesquelles ils croulaient, comme par exemple les visites au sein des familles : "Au début du XXᵉ siècle, les pasteurs se plaignaient d'avoir beaucoup, beaucoup de visites à faire. En même temps, ils voyaient ces femmes qui voulaient travailler dans les Eglises et se disaient que leur permettre de travailler les soulagerait. D’où l'invention de certaines fonctions et formations qui préparaient les femmes à des ministères spécifiquement féminins".

À égalité avec les hommes 
Ainsi les femmes ont-elles progressivement accédé à davantage de responsabilités, mais subalternes dans un premier temps. Puis elles se sont fait une place et ont fini par être acceptées pleinement, à égalité avec les hommes : "Elles ont pu faire leurs preuves, montré qu'elles étaient capables, qu'elles pouvaient même prêcher, et qu'elles le faisaient bien, voire qu’elles avaient des aptitudes certaines pour tenir le rôle de pasteure." 

Les premières femmes pasteures sont admirables dans la transgression, quand elles osent et qu'elles sont dans l'audace.

Lauriane Savoy

Les premières femmes pasteures circulaient beaucoup entre différentes villes d’Europe pour prêcher et célébrer les cultes hors de leurs paroisses. Une femme, pensait-on, n’a pas la voix pour être audible et intelligible dans un vaste édifice, comme un temple ou une cathédrale, à une époque où la sonorisation n'existait pas. "Les femmes ne peuvent pas prêcher, puisqu’elles n'ont pas la voix qui porte, donc elles ne peuvent pas être pasteurs. Même pas besoin d'arguments théologiques contre le pastorat des femmes", explique Lauriane Savoy.

Dès 1920, une première femme vient prêcher à la cathédrale Saint-Pierre à Genève. "Et l'on se rend compte que, en fait, elle le fait très bien, assure la théologienne. C'est un moment qui est perçu comme historique et qui touche beaucoup les gens qui y assistent. Elle prêche devant une cathédrale comble et montre que c'est possible."

Sacrifices et solitude

Mues par leur vocation, les premières femmes des Eglises protestantes ont dû faire face à des conditions difficiles, prêtes à faire des concessions pour répondre à l'appel impérieux qu'elles ressentaient pour la religion. "Ce sont des femmes très courageuses, qui ont transgressé les normes sociales à leur époque et l’ont payé un prix assez élevé, en acceptant des conditions de vie très simples et n'ayant pas la reconnaissance salariale que pouvaient avoir les hommes pasteurs, constate Lauriane Savoy. Elles sont admirables dans la transgression, quand elles osent et qu'elles sont dans l'audace. Mais j'ai un peu de peine quand elles font des concessions que je trouve trop fortes, quand elles acceptent de travailler gratuitement, par exemple."

Celles dont Pionnières : comment les femmes sont devenues pasteures raconte le parcours étaient tout entière dévolues à leur service pour l'église. "Les premières pasteures, souvent, sont restées célibataires en Suisse, non pas par contrainte, mais parce que socialement, il paraissait inconcevable d'être mère et pasteure à la fois. Si elles n’ont pas consciemment fait le sacrifice d'une vie de mère et de famille, elles sont restées très seules. D'autres femmes ayant fait des études de théologie, elles, ont préféré se marier, souvent à la fin de leurs études, parfois avec des pasteurs. Elles sont devenues théologiennes, mais pas pasteures", explique l'autrice. 

C'est le tournant de 1968 qui a remis en question l'autorité paternaliste des institutions et des Eglises... Les femmes qui entrent ensuite en pastorat ne restent plus célibataires, se marient, deviennent mères.

Lauriane Savoy, historienne, théologienne

Car oui, la solitude a été un frein considérable au pastorat des femmes jusque jusqu'à la fin des années 1960, affirme Lauriane Savoy : "C'est le tournant de 1968 qui a remis en question l'autorité paternaliste des institutions et des Eglises. D'ailleurs, beaucoup de jeunes pasteurs, mais aussi de prêtres, sont actifs dans ce mouvement autour de mai 1968. Cette révolution culturelle et sociale fait réellement bouger les lignes, si bien que les femmes qui arrivent ensuite dans le ministère pastoral ne restent plus célibataires, se marient, deviennent mères. C'est à ce moment-là que s’efface la différence de statut des pasteures". 

Pionnières modèles
Les pionnières mises en avant par Lauriane Savoy se distinguent par différents profils. "La Genevoise Marcelle Bard était la fille d’un pasteur et professeur de théologie, avec une mère féministe suffragette, explique l'autrice. Elle a grandi dans un milieu familial favorable à ce qu'elle puisse être la première à faire des études de théologie à l'université de Genève, puis la première femme pasteure à Genève."

Marcelle Bard fait partie de ces femmes restées très seules durant des décennies : "Marcelle Bard n’a pas eu d'enfant ; elle a eu une longue carrière de pasteure pendant laquelle elle a souvent été la seule femme. Et c'est seulement quand elle est arrivée à la retraite, à la fin des années 1960, que d'autres femmes ont pris le relais," dit Lauriane Savoy.

Détail de la Une de ©<a href="https://www.unige.ch/theologie/files/4715/5179/0540/Buloz_pastorat_Courrier_20190301.pdf">LE COURRIER</a> 
Détail de la Une de ©LE COURRIER 
 
Lydia von Auw
Lydia von Auw
D'autres pionnières ont fait leur chemin à leur manière, même si elles n'étaient pas filles de pasteur. Lydia von Auw fut la première docteure en théologie de Suisse dans les années 1940, à la fois chercheuse universitaire et pasteure – la seule pendant plusieurs décennies. "Elle était pourtant envoyée dans des paroisses plutôt reculées dans les montagnes du Jura, là où les hommes ne voulaient pas aller, et elle devait changer de paroisse assez régulièrement", note Lauriane Savoy.

Jeanne Ertel, elle, a dû se contenter d'un statut subalterne pendant plusieurs décennies, servant dans l'Église vaudoise sans statut de pasteure à part entière. "Elle avait un statut appelé 'ministère féminin de première classe', alors qu'il y avait aussi des 'ministères féminins de deuxième classe', explique l'autrice. Jeanne Ertel a longtemps travaillé bénévolement, seulement indemnisée pour ses trajets de train pendant la première année, avant que l'Eglise admette qu’elle ne pouvait pas continuer à la faire travailler sans la payer correctement."
 
Le ministère pastoral des femmes était au coeur de l'émission Présence protestante diffusée le 22 mai 1977. Elle est allée à Luins et Begnins à la rencontre de la pasteure Anne Maillard, première Vaudoise à être la titulaire unique d'une paroisse, à Genève où Marcelle Bard, première femme pasteure de Suisse romande exerçait ses fonctions depuis 1929, à Lancy, où Francine Guelbert partageait avec un collègue masculin un ministère en milieu urbain et donnais enfin la parole à la réalisatrice de l'émission, Loyse Andrée, elle-même pasteure.
 


Dans le regard, les clichés persistent
Si aujourd'hui certaines pasteures ne rencontrent aucune difficulté dans leur communauté, d'autres ont des expériences un peu différentes, souvent ramenées à leur statut de femme : "On s'attend parfois à ce que la pasteure fasse plus la vaisselle à la fin des fêtes de paroisse, par exemple, alors que cela n'arriverait jamais à un homme. Certains paroissiens et paroissiennes continuent à scruter leur habillement ou leur voix, et les jeunes pasteures peuvent faire face à des remarques spécifiques, mais qui ne sont pas forcément malveillantes ni proférées de manière très consciente."

La question de la voix n'est pas forcément liée au genre, mais cela reste quand même dans l'imaginaire collectif.

Lauriane Savoy

A la fin des cultes, raconte la théologienne, il y en a toujours pour dire : 'Je vous comprends pas bien ou je ne vous entends pas bien'. Et pourtant, dit-elle, "de nombreuses pasteures parlent de manière très claire et intelligible, alors que certains hommes ont un peu plus de peine à se faire entendre. La question de la voix n'est pas forcément liée au genre, mais cela reste quand même dans l'imaginaire collectif"

Certains continuent à observer comment une femme pasteure s'habille, à faire des remarques sur sa coupe de cheveux ou ses vêtements, remarque la théologienne : "Pourtant, en Suisse romande, elles portent le plus souvent une robe pastorale pour célébrer le culte, cette robe noire avec un rabat blanc qui a l'avantage de cacher les vêtements et de prêter le flanc à moins de critiques sur l'habillement, mais il reste les cheveux, les chaussures. Ces petits éléments qui peuvent paraître anecdotiques, même s'ils varient selon les paroisses et les communautés, continuent à peser sur certaines jeunes femmes et peuvent être un peu usants par moments. Il faut avoir une sacrée carrure pour y faire face."

Carolina Costa, pasteure protestante réformée à Genève, le 25 décembre 2018.<br />
©<a href="https://www.rts.ch/info/suisse/10096121-les-femmes-font-partie-de-lhistoire-de-dieu-jesus-les-a-mises-au-centre.html" rel="nofollow">RTS</a>
Carolina Costa, pasteure protestante réformée à Genève, le 25 décembre 2018.
©RTS
Une mixité libératrice 
L'arrivé des femmes au pastorat a ouvert le champ des possibles et diversifié les manières d'exercer le ministère, "mais sans qu'il y ait une manière qui soit féminine et une manière qui soit masculine. Il y a des différences entre les individus, voilà tout", constate Lauriane Savoy à l'issue d'un grand nombre d'entretiens et des recherches menées pour son ouvrage. "On aurait pu penser qu'en accédant au pastorat, les femmes amèneraient la douceur et l'empathie. C'est bien sûr le cas de certaines femmes douées, dans leurs fonctions, de ces qualités-là, mais on les trouve aussi chez les hommes. A l'inverse, certaines femmes ne sont pas très à l'aise avec l'empathie et la douceur ; elles préfèrent exercer leur pastorat avec autorité et sont plus à l'aise dans la prédication."

Des pasteur.es à l'image de la société
Depuis que le pastorat s'est ouvert aux femmes, les profils des pasteurs se sont beaucoup diversifiés et les hommes aussi se sentent plus libres, dit la théologienne : "L’arrivée des femmes dans le pastorat a amené de la diversité et davantage de liberté à tous, y compris aux hommes pasteurs. On attend plus forcément d'eux qu'ils soient dans la posture un peu paternaliste de celui qui a une expertise et qui détient une vérité." L’arrivée des femmes au pastorat a aussi amené de la créativité dans la manière d'exercer, dit Lauriane Savoy, "parce qu'il y a des femmes, mais aussi des hommes qui ont inventé de nouvelles manières d'être pasteur.e, de nouveaux ministères. Cette diversité de profils et cette créativité enrichit vraiment les Eglises."

L’arrivée des femmes dans le pastorat a amené de la diversité et davantage de liberté à tous, y compris aux hommes pasteurs.

Lauriane Savoy

Les pasteurs pouvant se marier, les pasteures, comme leurs "collègues" masculins, convolent et font famille, parfois même avec un.e conjoint.e rencontré.e sur les bancs de la facultée de théologie. "Un certain nombre de couples de pasteurs se forment, qui n'officient pas forcément dans la même paroisse, car ils préfèrent ne pas travailler dans le même lieu, remarque Lauriane Savoy. Aujourd'hui, il y a des pasteurs divorcés, des pasteurs en couples homosexuels, des pasteurs gays, des pasteures lesbiennes, des pasteurs trans..." Pour la théologienne, cette diversification des profils est une réelle richesse, car elle donne à voir à la société des pasteur.es qui ne sont pas foncièrement différents : "Ils partagent les joies, les peines et les turpitudes de la vie de tous les paroissiens. Ils sont confrontés aux mêmes problèmes."  


Aux racines théologiques de l'ouverture
Dès la Réforme, la conception théologique de ce qu'est un prêtre ou ce qu'est un pasteur est différente. Un prêtre, dans l'Eglise catholique, n’a pas le même statut que les fidèles. "Il est l'intermédiaire entre Dieu et les fidèles, car c’est lui qui va recueillir la confession et qui permet aux personnes qui viennent se confesser d'obtenir le pardon de Dieu. Le prêtre est aussi un intermédiaire quand il célèbre l'Eucharistie, car il représente le Christ. Du fait de ce statut particulier, il reste célibataire dans l'Église d'Occident – contrairement aux Eglises orientales catholiques, où les prêtres peuvent être mariés. Sans ce statut d'intermédiaire, le pasteur est moins sacralisé, ce qui a aussi permis que les femmes aient plus facilement accès au pastorat," explique Lauriane Savoy

Ce qui s'est passé dans les églises protestantes au cours du XXᵉ siècle peut encourager les femmes qui essaient de faire bouger leurs traditions religieuses.

Lauriane Savoy

Un autre élément important différencie les Eglises protestantes de l'Eglise catholique : leur organisation décentralisée. Elles ne sont pas obligées d'évoluer d'un même pas, de parvenir à une sorte de consensus au niveau mondial. "Si l'Eglise catholique a beaucoup de peine à évoluer sur la question des femmes, ces choses-là, dans les Eglises protestantes, se décident au niveau national, voire même régional en Suisse. C'est un fonctionnement qui est calqué sur celui de la démocratie, où les décisions sont synodales, les synodes étant l'équivalent des Parlements en politique. Ce sont les élus des paroisses qui discutent ensemble et peuvent prendre la décision de donner accès aux femmes à plus de responsabilités." dit la théologienne.

Sally Ibrahim Azar, chrétienne palestinienne et membre du Conseil de la Fédération luthérienne mondiale, ordonnée première femme pasteur en Terre sainte, à Jérusalem, le 22 janvier 2023. 
Sally Ibrahim Azar, chrétienne palestinienne et membre du Conseil de la Fédération luthérienne mondiale, ordonnée première femme pasteur en Terre sainte, à Jérusalem, le 22 janvier 2023. 
(©AP Photo/Maya Alleruzzo
Pasteures, sources d'inspiration
Un exemple inspirant pour les autres traditions religieuses ? "Il y a des femmes rabbins et des femmes imams, s'enthousiasme Lauriane Savoy, même si elles restent très minoritaires, voire exceptionnelles en ce qui concerne les femmes imams, mais il y en a. Il y a aussi eu une évolution du côté des églises évangéliques, où, à certaines époques, il y a eu des femmes pasteurs, et puis plus du tout. Or ces dernières années, il y a de plus en plus d'églises évangéliques qui admettent des femmes pasteurs. Ce qui s'est passé dans les églises protestantes au cours du XXᵉ siècle peut encourager les femmes qui essaient de faire bouger leurs propres traditions religieuses, leur montrer que les choses peuvent changer."

(Re)lire aussi dans Terriennes : 

► Emmanuelle Seyboldt : une femme à la tête de l’Eglise protestante de France
► Rola Sleiman, femme, libanaise, première pasteure au Moyen Orient
► L’Église et le mariage des prêtres : l'inéluctable bouleversement 
► A quand le mariage des prêtres ? Entre mensonges et secrets, témoignages de femmes et filles de...
► Une "Bible des femmes" propose une relecture de textes périmés et misogynes
► Féminisme et religion, même combat ?

TerriennesLiliane Charrier
 Mise à jour 22.04.2023 à 08:31
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/femmes-pasteures-pionnieres-avant-l-heure-494561

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Emmanuelle Seyboldt : une femme à la tête de l’Eglise protestante de France,france,femmes,protestant,

16 Juillet 2017, 13:26pm

Publié par hugo

Emmanuelle Seyboldt : une femme à la tête de l’Eglise protestante de France
Interview de Mohamed Kaci
Le 26 mai dernier, l’Eglise protestante unie de France a élu sa première présidente, Emmanuelle Seyboldt, une pasteure de 46 ans, divorcée, remariée et mère de famille. Entretien.
14 juil 2017
Mise à jour 14.07.2017 à 16:53 par
Emmanuelle Carrière-Seyboldt est la première femme à diriger le Conseil national de l’Église protestante unie de France, qui compte quelque 400 000 membres. Cette mère de quatre enfants, mariée une première fois à 22 ans, puis divorcée, s'est remariée en 2006 à un ancien camarade d'études, lui aussi pasteur et père de trois enfants. Elle a été élue le 26 mai 2017 pour 4 ans.
A l’heure actuelle, plus du tiers des 450 pasteurs protestants de l'Eglise protestante unie de France sont des femmes qui, depuis 1965, peuvent accéder à ce ministère, alors que l'Eglise catholique n'envisage toujours pas d'ordonner les femmes prêtres. La désignation d’une femme à la tête de son Église, confiait Emmanuelle Seyboldt à nos confrères de La Croix, est à la fois un "événement", parce que "c’est la première fois", mais aussi "quelque chose de très banal et de très ordinaire". Ayant grandi au sein d'une Eglise où les femmes pouvaient être pasteures, elle considère son élection comme "un signe fort pour une société française marquée par le catholicisme, où la place des femmes n'est pas évidente... En France, une femme à la tête de l'église, c'est bizarre !" admet-elle au micro de TV5MONDE.
"Il faut protéger la laïcité"
​Née en 1970 à Lunel, dans l'Hérault, c’est au sein de l’Eglise réformée de Saint-Etienne, où elle tient l'orgue pendant les cultes, qu’elle trouve sa vocation, entre catéchisme, chorales et groupe de jeunes. Elle s'engage ensuite vers une formation théologique à l’Institut protestant de Paris, puis à Montpellier.
Pasteure de l’Eglise réformée de France dès 1994, elle commencz à exercer en Ardèche, puis à Châtellerault, à Besançon... Au fil d'un parcours très varié - paroisse disséminée, grande ville, aumônerie d'hôpital - elle a acquis l'expérience de différentes régions et ministères, à laquelle s'ajoutent, entre autres, la présidence de missions et de conseils régionaux, ainsi que des postes de responsabilité dans la presse protestante.
Héritière d'une Réforme qui fête cette année ses 500 ans, elle exprime son attachement à la laïcité : "C'est ce qui fait que, depuis 1905, en France, les protestants, comme tous les citoyens français, ont le droit de vivre leur religion sans être embêtés. C'est ce qui protège les hommes et les femmes, leur permet de vivre leurs convictions comme ils le souhaitent, dans la limite du respect des autres. La laïcité doit être protégée."
La foi et le concret
Lectrice passionnée, Emmanuelle Seyboldt se dit marquée par la lecture de Paul Tillich, théologien du dialogue avec la culture et la philosophie et du dialogue avec les religions non-chrétiennes. A son sens, le défi, en France, après les attentats, "c'est d'engager le dialogue avec des communautés musulmanes qui ont tendance à se replier sur elles-mêmes."
Elle s'intéresse particulièrement aux théologiennes comme Lytta Basset et Marion Muller-Colard, dont l'approche d'une foi ancrée dans la vie, dans le concret, trouve en elle une résonance particulière. Interrogée sur le port du voile et sa signification, elle souligne que "le problème, c'est le regard des autres. Or celle qui porte le voile n'en est pas responsable du regard porté sur elle."
 
Mise à jour 14.07.2017 à 16:53
 
Sur le même thème

http://information.tv5monde.com/terriennes/emmanuelle-seyboldt-une-femme-la-tete-de-l-eglise-protestante-de-france-180690

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UNE FEMME À LA TÊTE DE LA PRINCIPALE EGLISE PROTESTANTE DE FRANCE,femmes,protestant,

28 Mai 2017, 13:17pm

Publié par hugo

Une femme à la tête de la principale Eglise protestante de FranceCapture d'écran France 3
UNE FEMME À LA TÊTE DE LA PRINCIPALE EGLISE PROTESTANTE DE FRANCE

Par Avec AFP, 27 mai 2017 | 4h44
Emmanuelle Seyboldt a été nommée à la tête de la principale église protestante de France. Une vraie révolution copernicienne. 
Cinq cents ans après la Réforme de Luther, elle est la première femme portée à la tête des luthériens et réformés français : Emmanuelle Seyboldt a été désignée, à 46 ans, présidente du conseil national de l'Eglise protestante unie de France (EPUdF), lors d'un synode à Lille. Jusqu'alors, seule l'Eglise réformée d'Alsace et de Lorraine avait été dirigée par une femme, Thérèse Klipffel (1920-2006), de 1982 à 1988.
 
«Je n'étais pas candidate, j'ai été très surprise quand j'ai été appelée à cette fonction» de présidente, confie Emmanuelle Seyboldt, pasteur à Besançon depuis 2013 pour l'EPUdF, la principale Eglise protestante française, qui revendique 250.000 fidèles engagés dans ses rangs.
 
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Emmanuelle Seyboldt @EPUdF conférence de presse "les débats sont importants en Eglise mais il faut rester frères et sœurs" @FPFoecumenisme
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Divorcée et remariée

 
«J'y vois une cohérence de notre Eglise : depuis 1965, elle accueille des femmes pasteurs. Que plus de 50 ans après des femmes soient appelées à ce type de responsabilités, c'est la logique», juge-t-elle, abordant ses nouvelles fonctions «avec modestie et confiance», dans une «continuité» avec son prédécesseur, Laurent Schlumberger.
 
Divorcée et remariée à un pasteur d'origine allemande, cette brune à l'allure sobre assume une famille recomposée avec sept enfants, donc cinq vivent encore sous son toit. En phase avec un «protestantisme qui n'a pas peur de ce que l'époque produit», dit-elle sans en faire un étendard.
 
Née le 18 août 1970 à Lunel (Hérault), fief du protestantisme cévenol, d'une mère «communiste militante» et d'un père très engagé dans l'Eglise réformée (calviniste), Emmanuelle Carrière-Seyboldt a grandi à Saint-Etienne, avant de suivre les enseignements de l'Institut protestant de théologie à Paris et Montpellier.
 
Libérale évangélique

 
Reconnue comme pasteur en 1994, elle l'a été en Ardèche et dans l'Indre, assumant aussi des missions dans l'aumônerie hospitalière, à Poitiers, dans la presse protestante et le service de catéchèse de l'Eglise réformée de France. Avant d'être appelée aux plus hautes fonctions nationales, elle a eu des responsabilités régionales au sein de son Eglise dans l'Est.
 
Au sein d'une communion luthéro-réformée qui affiche une grande pluralité de tendances, des libéraux jusqu'aux «calvinistes orthodoxes» et aux charismatiques, Emmanuelle Seyboldt affiche une sensibilité doctrinale volontiers consensuelle. «J'aime bien me qualifier de libérale évangélique, ou d'évangélique libérale», sourit-elle, en ajoutant: «On a besoin de toutes les voix de l'Eglise».
 
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La pasteur Emmanuelle Seyboldt répond aux questions des journalistes lors de sa première conférence de presse.
10:55 - 27 May 2017
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Marquée par la lecture de l'Américain Paul Tillich, apôtre du dialogue avec la culture, la philosophie et les religions non chrétiennes, la nouvelle présidente de l'EPUdF cite aussi, parmi ses influences théologiques, Lytta Basset et Marion Muller-Colard, et leur «manière de dire leur foi près du concret, de la vie». «Comme femme, mère, peut-être est-on amenée à développer davantage une théologie «les mains dans le cambouis». Je ne suis pas une théologienne hors sol, universitaire, ce n'est pas ma façon de réfléchir», explique-t-elle.
 
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Organiste au temple dès sa plus tendre jeunesse, elle a appris le piano, le chant, la direction de choeur et l'alto, dans une grande proximité avec la musique, notamment celle du luthérien Jean-Sébastien Bach. Comme ses trois frères et soeurs, tous devenus musiciens professionnels.
laparisienne.com

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ACCUEIL / La pasteure Emmanuelle Seyboldt élue à la tête de l’Église protestante unie,femmes protestant,

28 Mai 2017, 12:12pm

Publié par hugo

ACCUEIL / La pasteure Emmanuelle Seyboldt élue à la tête de l’Église protestante unie
 © Corinne Simon / Ciric LA PASTEURE EMMANUELLE SEYBOLDT  -  © CORINNE SIMON / CIRIC
La pasteure Emmanuelle Seyboldt élue à la tête de l’Église protestante unie
 27 MAI 2017  Marie Lefebvre-Billiez 1
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Vendredi 26 mai 2017, l’EPUdF s’est dotée d’une nouvelle présidente en la personne de la pasteure Emmanuelle Seyboldt. Elle prend la succession de Laurent Schlumberger.

Emmanuelle Seyboldt est une femme très discrète. C’est simple, depuis le début du synode de l’Eglise protestante unie de France, réuni ce week-end à Lille, elle écoute attentivement, se plonge avec concentration dans les dossiers des débats, sourit quand les modérateurs plaisantent pour détendre l’atmosphère et faire oublier la chaleur étouffante, puis retourne immédiatement à son travail silencieux. Elle semble à la fois impressionnée, grave et pleinement au rendez-vous qui lui est fixé. Vendredi 26 mai, tard dans la soirée, elle a été élue présidente du conseil national de l’EPUdf. C’est la première fois qu’une femme occupe ce poste tant au sein de la jeune EPUdF, créée en 2012, que dans l’ancienne ERF (Eglise réformée de France) ou Eglise luthérienne évangélique de France.

Emmanuelle Seyboldt est pasteure depuis 1994. Issue de la paroisse réformée de Saint-Etienne, elle a fait ses études de théologie à l’Institut de protestant de théologie à Paris puis à Montpellier avant d’être nommée en paroisse en Ardèche puis à Châtellerault. Elle a été aumônier d’hôpital à Poitiers, puis chargée de mission pour la catéchèse au niveau national de 2007 à 2012. En 2013, elle retourne en paroisse à Besançon et assure la présidence de la région Est de l’ERF. Quand est créée la région unique luthéro-réformée en 2014, elle en devient la vice-présidente.Dans sa vie privée, la musique, et surtout Jean Sébastien Bach, sont ses compagnons préférés, autant que Paul Tillich ou Marion Muller-Collard. Les enfants occupent aussi une place importante dans sa vie : elle est mère de quatre enfants ; son mari Andreas, d’origine allemande, étant lui-même père de trois enfants.

Baptême du feu médiatique

En tant que nouvelle présidente de l’EPUdF, la tâche qui l’attend est immense, tant en interne qu’en externe. Le synode national, qui terminera ses travaux dimanche midi, doit adopter une nouvelle déclaration de foi, après un processus synodal intense. Quelle réception sera réservée à ce texte dans les paroisses ? Les synodaux s’inquiètent aussi de plus en plus ouvertement du manque de renouvellement des générations chez les pasteurs, les départs à la retraite n’étant pas compensés par les nouvelles arrivées. Et ce ne sont là que deux des nombreux enjeux qui attendent cette femme dont le sérieux n’est pas à démontrer, et qui semble habitée par la conviction que plus l’écoute est profonde, plus la parole, même rare, sera féconde.

Elle a vécu son baptême du feu médiatique samedi matin en plein débat sur les finances de l’Eglise unie. Se présentant aux journalistes avec enthousiasme et une joie évidente, qui dénotait par rapport à son relatif effacement de la veille, elle affirme aborder son ministère de présidente avec « humilité et confiance en ceux qui l’ont appelée à cette charge ». Elle veut « enraciner (son action, ndlr) dans la dynamique et l’impulsion données à notre Eglise ces dernières années », c’est-à-dire, « se saisir du geste de Luther pour assumer notre parole au seuil de notre Eglise ».

Interrogée sur les débats houleux qui ont secoué l’Eglise unie ces deux dernières années, elle explique : « Les débats sont importants, il faut les assumer sans les mettre au placard.  Oui, on peut s’engueuler franchement et rester frères et soeurs ».  Alors que son micro-cravate s’emmêle avec son pendentif en forme de colombe, elle sourit : « Le rôle de président est de dénouer les noeuds tout en douceur ».

Marie Lefebvre-Billiez

Envoyée spéciale à Lille

https://www.reforme.net/religions/pasteure-emmanuelle-seyboldt-elue-a-tete-de-leglise-protestante-unie/

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Élection présidentielle : le protestantisme vote pour la fraternité,protestant,politiques,

20 Avril 2017, 01:17am

Publié par hugo

© Laure Salamon/Réforme "C’EST POURQUOI NOUS APPELONS NOS CONCITOYENS À REFUSER AVEC NOUS LES CRISPATIONS IDENTITAIRES" DIT LE COMMUNIQUÉ DE LA FÉDÉRATION PROTESTANTE DE FRANCE -  © LAURE SALAMON/RÉFORME
Élection présidentielle : le protestantisme vote pour la fraternité
 19 AVRIL 2017  Collectif 1
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À l’approche des élections, les Églises protestantes publient des appels pour inciter les citoyens à se rendre aux urnes et voter selon leurs convictions.

Déclaration de la Fédération protestante de France

Pour notre démocratie, pour notre pays, pour notre société s’approche l’heure de choix décisifs que cristallise l’élection du Président de la République.

En ce moment particulier, nous, Eglises, communautés, œuvres et mouvements que réunit la Fédération protestante de France, nous, la famille protestante, héritiers de 500 ans d’une histoire si souvent violente et tourmentée qui nous fait mesurer le prix inestimable de la paix civile et de la concorde religieuse, nous qui sommes à tous niveaux fortement impliqués dans la vie de la Cité, mais qui avons porté à l’origine et faisons vivre et rayonner la laïcité, nous minorité parmi les minorités, c’est à l’ensemble de nos concitoyens que nous voulons adresser, dans toute leur diversité, précisément depuis cette place singulière qui est la nôtre dans notre pays. Non pas aux seuls paroissiens du « petit troupeau » protestant, mais à chacun qui aujourd’hui au vu de la campagne électorale telle qu’elle se déroule doute, hésite, se pose la question de son vote. Et c’est à l’ensemble des candidats que nous voulons exprimer nos inquiétudes et nos convictions.

Nous croyons à la noblesse et à la grandeur du politique. Nous sommes viscéralement attachés à la démocratie, que nos Eglises vivent dans leur organisation interne depuis la Réforme. Nous considérons que dessiner un projet d’avenir collectif pour notre communauté nationale dans des contextes plus difficiles et plus incertains que jamais est une tâche majeure. Nous aspirons à la confrontation sincère et franche des idées, des questions, des propositions, pour que chacun fasse selon un esprit de libre examen qui est au fondement de nos convictions le choix éclairé qui lui appartient, et à lui seul. Le débat est la vie démocratique même. Le dialogue peut être rude, tendu, incisif, dérangeant. Mais quand il devient jeux de postures, propos cyniques, horions verbaux, quand il élude les sujets de fond pour se focaliser sur des rivalités de personnes, quand il s’abstrait de l’exigence du respect de l’autre, quand il se dissout dans un théâtre d’ombres où l’on privilégie plutôt que l’effort de vérité la mise en accusation, quand l’auto-absolution vaut excuse publique, alors ce n’est pas seulement l’autorité et la dignité de la fonction à laquelle on aspire qui est compromise, c’est la politique même, sa vocation essentielle, sa légitimité qui est mise en cause.

Et c’est en définitive la démocratie que l’on sape. Monte en effet une colère, s’avivent des frustrations, grandissent des tensions qui se renforcent les unes les autres au risque, nous le sentons bien, de remettre en cause d’abord insidieusement, puis brutalement peut-être un jour, ce qui nous rassemble autour de valeurs partagées et d’une même conception de faire société. Le climat devient de plus en plus délétère, fait de suspicion et de méfiance qui s’exacerbent. La violence affleure déjà quand l’interpellation n’est pas entendue, quand les attentes ne sont pas prises en compte, quand les réponses sonnent faux, quand l’espérance collective est mise à mal par la force coalisée d’intérêts particuliers.

Il est de la responsabilité première de ceux qui aspirent à la plus haute fonction de notre pays de casser cette dangereuse spirale du pire. Redonner tout son sens à la politique ne peut se réussir que dans le retour à l’éthique.

Ethique de comportement d’abord : ne pas s’excepter soi-même de l’effort qu’on demande aux autres, ne pas se mettre en risque de conflit d’intérêt par rapport aux intérêts particuliers et aux groupes de pression, ne fût-ce que par l’apparence, faire des moyens publics un usage parcimonieux et frugal, ne jamais oublier que la finalité de la politique c’est se mettre au service d’autrui, ce sont les conditions indispensables à la confiance sans laquelle rien de grand, rien de durable ne peut être fait, quelle que soit la majorité électorale dont on dispose.

Ethique de conviction ensuite : ne pas céder à la facilité des discours trompeurs et enjôleurs, construire et porter un projet exigeant à la hauteur des enjeux d’un monde incertain et d’une société à la peine et qui rouvre l’avenir, savoir l’incarner et le faire partager, mettre en son cœur ce qui lui donne sens en termes de valeurs, avoir pour seules boussoles le bien commun, la justice et la solidarité, voilà les leviers qui rendent possibles les changements nécessaires, si hardis soient-ils, non pas dans la facilité- ne tombons pas dans un irénisme béat !- mais dans la ténacité de l’effort que guide l’intérêt général.

Ethique de responsabilité enfin : ne pas faire de promesses intenables, ne pas sacrifier les réformes indispensables dans le temps présent à l’illusion des utopies pour demain, dire ce que l’on va faire et ensuite faire ce que l’on a dit, ce n’est pas se résigner à une fatalité qui éviterait d’agir, ce n’est pas se borner à gérer le quotidien, c’est redonner à la politique sa vérité : elle n’est pas une pensée magique, mais un levier de transformation étape après étape de notre société autour d’orientations partagées et d’un sens retrouvé. Elle n’est pas le fait d’un homme seul, elle est le fruit d’un élan collectif.

L’élection présidentielle est bien ce moment de vérité : sur nous-mêmes, qui avons tendance à trouver refuge dans la sphère de l’individuel quand se joue l’avenir de notre société ; sur cette dernière, fragilisée et si souvent fracturée, ballottée de crise en crise, en perte grandissante de repères stables dans un monde qui change à toute vitesse, et où montent les inégalités et les injustices ; sur ceux qui aspirent à nous gouverner, leur personnalité et leurs projets ; sur notre courage à affronter ensemble les difficiles changements nécessaires.

Parmi tant d’autres, plusieurs problématiques sont pour nous, protestants, emblématiques de notre capacité à construire un monde meilleur, pour nous-mêmes et pour nos enfants :

Une société solidaire qui s’enrichisse de toute sa diversité : jeunesse, handicap, égalité hommes-femmes

Une société ouverte et accueillante à la différence : la laïcité, l’accueil de l’exilé

Une société qui promeuve une autre approche de l’économie : économie sociale et solidaire, changement climatique et transition énergétique

Une société bienveillante qui ne réduit personne à la somme des ses échecs ou de ses fautes : justice restaurative

Chrétiens, nous ne sommes jamais las de l’espérance que porte l’Evangile. Nous croyons fermement que l’avenir se construit, pour les personnes comme pour la société, car nul n’est assigné à une situation ou à un destin. Nous refusons de nous résigner à des injustices parfois présentées comme des fatalités : le renvoi de l’individu à sa solitude : l’humanité se tisse dans la relation, l’échange est au fondement de toute solidarité ; la compétition des personnes : nul n’a à se justifier d’exister, nul ne saurait être réduit à ses succès ou à ses échecs ; la méfiance instituée, les incessantes mobilités qui épuisent les plus faibles, la précarité érigée en système de régulation sociale, les peurs entretenues ; la déresponsabilisation, la réduction au statut de victime ou d’assisté : chacun peut être le premier acteur de sa vie.

C’est pourquoi nous appelons ceux qui se présentent à l’élection à la présidence de la République à porter le projet d’une société plus juste, plus fraternelle, plus riche d’avenir pour chacun, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, quelles que soient ses origines, son histoire, sa religion, ses convictions philosophiques et politiques, la société de confiance et d’espérance qu’attend désespérément notre pays pour un nouvel élan qui le rassemble.

C’est pourquoi nous appelons nos concitoyens à refuser avec nous, « qu’ils croient au ciel ou qu’ils n’y croient pas », les crispations identitaires qui se manifestent aujourd’hui avec toujours plus d’intensité pour affirmer au contraire la liberté irréductible, la valeur irremplaçable et la singularité essentielle de tout homme et de toute femme, sur quoi repose notre République.

Fédération protestante de France

http://www.protestants.org

Appel de l’Église protestante unie de France

A moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, nul ne peut savoir qui l’emportera, ni même quels candidats seront présents au second tour. Les échecs des sondages et les péripéties d’une campagne délétère empêchent tout pronostic assuré. Mais il est possible qu’une catastrophe soit en train de se nouer, autour de la double tentation de l’abstention et du discours nationaliste et xénophobe de l’extrême-droite. Le désir de sanction collective contre une classe politique tout entière est si fort, qu’il pourrait faire basculer la République dans une aventure redoutable.

Ce désir est le fruit de multiples facteurs. Il se nourrit de peurs, parfois compréhensibles et légitimes, parfois démagogiquement manipulées. Il se manifeste par un sentiment d’humiliation, personnel et collectif, capable de tout emporter avant de laisser chacun abasourdi. Le « C’est bien fait ! » adressé aux responsables par bulletin de vote interposé risquerait alors de devenir un « Qu’avons-nous fait ? » désemparé, survenant hélas trop tard.

L’Eglise protestante unie de France se garde en général de prendre la parole en période électorale. Mais certaines circonstances l’exigent. Aujourd’hui, devant le danger qui se profile, son Conseil national choisit de le faire, pour trois raisons.

D’abord, en raison du grand respect dans lequel il tient la République. Historiquement, les protestants français ont largement contribué à l’avènement de la République et de la laïcité. Or, l’une et l’autre ont besoin, particulièrement dans les moments de choix critique, de la contribution de toutes les convictions, de la voix de toutes les familles de pensées. La politique réclame du souffle, de l’horizon, des paroles paisiblement mais fortement affirmées.

Ensuite, parce que ces convictions s’articulent à des engagements concrets au service de la société, des plus vulnérables, en particulier des exilés qui demandent à pouvoir vivre et même simplement survivre. Depuis les prises de position constantes de leurs synodes jusqu’à l’action quotidienne et patiente, nos paroisses, nos entraides protestantes et leurs membres ne se contentent pas de croire et de dire, mais essaient aussi de mettre en œuvre l’espérance qui les anime.

Enfin, parce que nos convictions ne s’imposent à personne mais prennent une densité particulière en cette année des 500 ans de la Réforme protestante, ce temps où des croyants lanceurs d’alerte ont su provoquer, dans une société traversée par les peurs, une irruption de confiance.

Aujourd’hui, encore et toujours, le message et la personne de Jésus-Christ nous conduisent à croire que Dieu aime le monde et chacun de ses habitants. Nous croyons qu’il a un projet de réconciliation et de paix, et qu’il nous en fait ambassadeurs. Nous croyons qu’aucun de nous ne serait vivant s’il n’avait été accueilli et accompagné par ses semblables – personnes, collectifs et institutions – et que cette hospitalité dont nous avons bénéficié nous appelle à la gratitude. Nous croyons que toute rencontre est éclairée d’une promesse de fraternité. Nous croyons que les institutions politiques, toujours faillibles et relatives comme nous le sommes tous, ont pour tâche de faire au mieux pour rendre cette fraternité possible et pour la protéger. A quelques jours de Pâques, nous affirmons que la confiance a le pouvoir de traverser toutes les peurs, et qu’elle nous est confiée pour que nous la fassions grandir.

Plutôt que de laisser le dégoût, la colère et les peurs nous enfermer dans le ressentiment, ayons le courage de la fraternité d’abord, et la ténacité de faire et de refaire société ensemble.

Laurent SCHLUMBERGER, pasteur, 
président du Conseil national de l’Eglise protestante unie de France

ÉPUdF

Extrait du livret « Spécial élections 2017 » du CNEF

Les évangéliques considèrent qu’il est nécessaire de mettre l’accent sur la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale, sur la réduction des inégalités, sur la promotion d’une économie sociale et solidaire, sur une agriculture responsable, sur la transition énergétique.

Dans un contexte de mondialisation, en grande partie économique, les évangéliques affirment l’importance d’un développement économique sain. Leur souci consiste à trouver l’équilibre entre le respect de la liberté individuelle inaliénable, notamment celle d’innover et d’entreprendre, et le respect de la dignité de chaque être humain (fournisseur, travailleur, consommateur, etc.), notamment des plus vulnérables.

Les évangéliques refusent le principe d’une société dans laquelle le consumérisme serait une valeur suprême. L’économie ne saurait être une fin en soi […].

Une politique économique juste ne devrait pas s’enfermer dans un court terme égoïste, mais être menée en prenant en considération ses effets humains et environnementaux, se fonder sur le sens des responsabilités et du bien commun, réduire les inégalités et prendre en compte les générations futures […].

Service pastoral du Conseil National des Évangéliques de France

Lien vers le livret

 

Appel de la Fédération du Scoutisme Français

La Fédération du Scoutisme Français qui regroupe six organisations de scoutisme dont les Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France a publié une Tribune pour appeler les plus de 110000 scouts et éclaireurs à voter en faisant « un choix éclairé ».

Scouts, guides, éclaireuses et éclaireurs, nous affirmons notre volonté de construire une société de paix et de fraternité : nous vivons la rencontre avec l’autre comme une chance, comme une opportunité de se construire et s’enrichir.

Nous, membres du Scoutisme Français, sommes acteurs au quotidien de la défense de la laïcité, porteur du respect des libertés de chacun mais qui ne peut en aucun cas devenir un outil de haine, de rejet et de stigmatisation d’autrui.

Nos associations porteuses d’éducations spirituelles différentes, membres du Scoutisme Français, vivent chaque jour une fraternité concrète.

A travers nos activités, nos camps, nous faisons des autres nos frères et sœurs dans le scoutisme, œuvrant pour un même but : rendre le monde meilleur.

Rendre le monde meilleur, c’est agir contre les inégalités, c’est œuvrer pour l’épanouissement des personnes et pour la défense de notre environnement, c’est contribuer à un renouveau démocratique.

A travers nos activités, nous éduquons, modestement mais sûrement, des jeunes à être acteurs de la société de demain et nous les encourageons à prendre des responsabilités dans le monde qui les entoure.

Nous n’oublions pas que c’est d’abord au service de jeunes issus de milieux défavorisés que Baden Powell a lancé cette belle aventure du scoutisme qui nous rassemble par millions plus de 100 ans après.

En cette période électorale, dans une société de plus en plus fracturée, nous invitons l’ensemble de nos membres à se saisir du débat pour faire avancer nos idéaux de fraternité, de solidarité et de renforcement d’un réel vivre ensemble. Les discours de rejet, de haine de l’autre ne sont pas compatibles avec les valeurs que nous faisons vivre au quotidien aux milliers de jeunes qui nous sont confiés.

Si nous ne réduisons pas notre vie démocratique aux moments électoraux, nous savons qu’ils restent des éléments majeurs du temps politique. Aussi, face aux discours xénophobes, de repli et de peur, nous invitons l’ensemble de nos membres, anciens, amis à prendre connaissance des programmes pour faire un choix éclairé et à se déplacer aux urnes à l’occasion des élections présidentielles et législatives afin de faire entendre leurs voix et de défendre une vision humaniste, solidaire et optimiste de notre devenir.  

Mots clés Élection présidentielleFraternitéVote

https://www.reforme.net/religions/protestantismes/election-presidentielle-le-protestantisme-vote-pour-la-fraternite/

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Propos sur Richelieu : Marine Le Pen face à la colère des protestants,protestant,histoire,histoire de france,politiques,

20 Avril 2017, 01:13am

Publié par hugo

ACCUEIL / Propos sur Richelieu : Marine Le Pen face à la colère des protestants
 © Capture écran TF1 L'ÉMISSION POLITIQUE DE TF1 "DEMAIN PRÉSIDENT" QUI SUIT LE JOURNAL TÉLÉVISÉ DU 20H REÇOIT CHAQUE SOIR UN NOUVEAU CANDIDAT -  © CAPTURE ÉCRAN TF1
Propos sur Richelieu : Marine Le Pen face à la colère des protestants
 19 AVRIL 2017  Nathalie Leenhardt  Frédérick Casadesus 2
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Des protestants s’insurgent face aux propos de Marine Le Pen qui falsifie l’Histoire pour défendre son idéologie.
 
Mardi 18 avril pendant l’émission politique de TF1, Marine Le Pen s’en est pris aux protestants en affirmant : « Sous Richelieu, c’est peut-être les protestants qui avaient des exigences qui allaient contre la Nation… ». Elle répondait à une question du journaliste Gilles Bouleau lui demandant quel était son modèle en politique. François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF), a aussitôt réagi à cette déclaration : « Marine Le Pen se pose en historienne, interprète dangereuse de l’Histoire tout en stigmatisant une confession ». Il poursuit : « La FPF n’est pas dupe et voit bien qu’à travers la référence aux protestants d’hier, cités avec tant de malveillance et d’irrespect alors qu’ils étaient persécutés et assassinés par le pouvoir royal, c’est « peut être » l’islam d’aujourd’hui qui est visé. Déjà sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen avait parlé de la Provence “occupée par les Sarrasins, les nazis et les protestants…” ».
 
Falsification et instrumentalisation
 
Comme François Clavairoly, d’autres protestants ont réagi à cette réécriture de l’Histoire, tels les pasteurs de l’Église protestante unie de France (EPUdF) James Woody sur son blog ou Michel Bertrand qui commente : « Marine Le Pen se montre aussi incompétente sur le fait religieux qu’elle l’est dans d’autres domaines. Elle instrumentalise la laïcité, comme elle instrumentalise l’Histoire et met son mensonge au service de son idéologie d’extrême-droite ».
 
Quant à la députée socialiste Fanny Dombre-Coste, elle aussi protestante, elle s’insurge contre « ces allégations mensongères et cette falsification de l’Histoire dont les dirigeants du Front national sont coutumiers. Doit-on rappeler que le siège dramatique de la Rochelle ordonné par Richelieu s’est conclu par plus de 25 000 morts, dans le seul objectif de priver les protestants de certains de leurs droits et de certaines de leurs libertés ? ».
 
Rappel historique : Richelieu et les protestants
 
Disons-le crûment : le Richelieu familier de la plupart des Français n’est pas celui qui vécut de 1585 à 1642. Sous l’influence d’un romancier de génie, l’homme rouge est devenu dictateur, opportunément ridiculisé par « Les Trois Mousquetaires ». Il est plus que nécessaire de faire sortir le cardinal de son image d’Épinal.
 
Depuis quarante ans, notamment grâce à la biographie de Louis XIII que rédigea Pierre Chevallier, l’historiographie nous a montré que la principale ambition de Richelieu consistait à consolider l’autorité du roi, non d’imposer sa propre puissance. Dans le domaine religieux, sa politique était aussi plus subtile que l’avait prétendu le cher Alexandre Dumas. « Homme de l’État, Richelieu s’est battu contre la dissidence religieuse, mais pour des raisons théologiques, observe l’historien Bernard Cottret. Son opposition aux jansénistes et à ceux qui allaient devenir des dévots se fondait sur le refus de tout ce qui fait passer la foi chrétienne avant l’intérêt national. Avec les protestants, Richelieu se comporte d’abord avec respect, mais fermeté ».
 
L’épisode sinistre du siège de La Rochelle ne saurait cacher l’ensemble d’une politique. Richelieu ne supportait pas la puissance militaire du parti protestant. « Les calvinistes du nord de la Loire étaient favorables à la raison d’État parce qu’elle était pour eux protectrice, ajoute Bernard Cottret. Le cardinal approuvait l’Edit de Nantes mais refusait l’existence d’une force qui puisse contester l’autorité royale. »
 
C’est bien l’existence même de places fortes susceptibles de contester l’autorité royale qui motivait l’intervention des troupes de Louis XIII.
 
De même, on oublie trop souvent que le principal ministre de Louis XIII haïssait la couronne espagnole et s’était alliée avec les États protestants. S’il fallait encore asseoir la complexité du personnage, on pourrait citer Napoléon Peyrat (1809-1881), pasteur devenu historien, considéré par beaucoup comme le Michelet protestant : « Son triomphe a été énergique, mais juste. Richelieu n’a pas été comme on le pense, le champion de l’Église romaine ; en attaquant les calvinistes, Richelieu domptait non une secte religieuse, mais un parti politique ».
 
C’est donc, une fois encore, l’utilisation de l’Histoire à des fins politiciennes qui pose problème. Il est compréhensible que les protestants s’insurgent contre les propos de Marine Le Pen, car ils devinent un débat biaisé, dans lequel, d’évidence, leur mémoire collective est instrumentalisée contre les musulmans. De surcroît, ces paroles désinvoltes ravivent des blessures ancestrales à partir desquelles, aussi, s’est bâtie notre mémoire. Il n’en demeure pas moins que Richelieu ne peut être réduit à sa caricature. L’Histoire est passionnante, complexe, et demeure une matière politique inflammable.
 
Mots clés instrumentalisation politiqueMarine Le PenProtestantsRichelieu
 
ACCUEIL / Propos sur Richelieu : Marine Le Pen face à la colère des protestants
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Propos sur Richelieu : Marine Le Pen face à la colère des protestants
 19 AVRIL 2017  Nathalie Leenhardt  Frédérick Casadesus 2
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Des protestants s’insurgent face aux propos de Marine Le Pen qui falsifie l’Histoire pour défendre son idéologie.
 
Mardi 18 avril pendant l’émission politique de TF1, Marine Le Pen s’en est pris aux protestants en affirmant : « Sous Richelieu, c’est peut-être les protestants qui avaient des exigences qui allaient contre la Nation… ». Elle répondait à une question du journaliste Gilles Bouleau lui demandant quel était son modèle en politique. François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF), a aussitôt réagi à cette déclaration : « Marine Le Pen se pose en historienne, interprète dangereuse de l’Histoire tout en stigmatisant une confession ». Il poursuit : « La FPF n’est pas dupe et voit bien qu’à travers la référence aux protestants d’hier, cités avec tant de malveillance et d’irrespect alors qu’ils étaient persécutés et assassinés par le pouvoir royal, c’est « peut être » l’islam d’aujourd’hui qui est visé. Déjà sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen avait parlé de la Provence “occupée par les Sarrasins, les nazis et les protestants…” ».
 
Falsification et instrumentalisation
 
Comme François Clavairoly, d’autres protestants ont réagi à cette réécriture de l’Histoire, tels les pasteurs de l’Église protestante unie de France (EPUdF) James Woody sur son blog ou Michel Bertrand qui commente : « Marine Le Pen se montre aussi incompétente sur le fait religieux qu’elle l’est dans d’autres domaines. Elle instrumentalise la laïcité, comme elle instrumentalise l’Histoire et met son mensonge au service de son idéologie d’extrême-droite ».
 
Quant à la députée socialiste Fanny Dombre-Coste, elle aussi protestante, elle s’insurge contre « ces allégations mensongères et cette falsification de l’Histoire dont les dirigeants du Front national sont coutumiers. Doit-on rappeler que le siège dramatique de la Rochelle ordonné par Richelieu s’est conclu par plus de 25 000 morts, dans le seul objectif de priver les protestants de certains de leurs droits et de certaines de leurs libertés ? ».
 
Rappel historique : Richelieu et les protestants
 
Disons-le crûment : le Richelieu familier de la plupart des Français n’est pas celui qui vécut de 1585 à 1642. Sous l’influence d’un romancier de génie, l’homme rouge est devenu dictateur, opportunément ridiculisé par « Les Trois Mousquetaires ». Il est plus que nécessaire de faire sortir le cardinal de son image d’Épinal.
 
Depuis quarante ans, notamment grâce à la biographie de Louis XIII que rédigea Pierre Chevallier, l’historiographie nous a montré que la principale ambition de Richelieu consistait à consolider l’autorité du roi, non d’imposer sa propre puissance. Dans le domaine religieux, sa politique était aussi plus subtile que l’avait prétendu le cher Alexandre Dumas. « Homme de l’État, Richelieu s’est battu contre la dissidence religieuse, mais pour des raisons théologiques, observe l’historien Bernard Cottret. Son opposition aux jansénistes et à ceux qui allaient devenir des dévots se fondait sur le refus de tout ce qui fait passer la foi chrétienne avant l’intérêt national. Avec les protestants, Richelieu se comporte d’abord avec respect, mais fermeté ».
 
L’épisode sinistre du siège de La Rochelle ne saurait cacher l’ensemble d’une politique. Richelieu ne supportait pas la puissance militaire du parti protestant. « Les calvinistes du nord de la Loire étaient favorables à la raison d’État parce qu’elle était pour eux protectrice, ajoute Bernard Cottret. Le cardinal approuvait l’Edit de Nantes mais refusait l’existence d’une force qui puisse contester l’autorité royale. »
 
C’est bien l’existence même de places fortes susceptibles de contester l’autorité royale qui motivait l’intervention des troupes de Louis XIII.
 
De même, on oublie trop souvent que le principal ministre de Louis XIII haïssait la couronne espagnole et s’était alliée avec les États protestants. S’il fallait encore asseoir la complexité du personnage, on pourrait citer Napoléon Peyrat (1809-1881), pasteur devenu historien, considéré par beaucoup comme le Michelet protestant : « Son triomphe a été énergique, mais juste. Richelieu n’a pas été comme on le pense, le champion de l’Église romaine ; en attaquant les calvinistes, Richelieu domptait non une secte religieuse, mais un parti politique ».
 
C’est donc, une fois encore, l’utilisation de l’Histoire à des fins politiciennes qui pose problème. Il est compréhensible que les protestants s’insurgent contre les propos de Marine Le Pen, car ils devinent un débat biaisé, dans lequel, d’évidence, leur mémoire collective est instrumentalisée contre les musulmans. De surcroît, ces paroles désinvoltes ravivent des blessures ancestrales à partir desquelles, aussi, s’est bâtie notre mémoire. Il n’en demeure pas moins que Richelieu ne peut être réduit à sa caricature. L’Histoire est passionnante, complexe, et demeure une matière politique inflammable.
 
Mots clés instrumentalisation politiqueMarine Le PenProtestantsRichelieu
 
https://www.reforme.net/actualite/politique/richelieu-marine-pen-face-a-colere-protestants/

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l’étrange Etat moderne de Marine Le Pen,politiques,religions,protestant,

20 Avril 2017, 00:14am

Publié par hugo

Esprit de liberté
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l’étrange Etat moderne de Marine Le Pen
19 AVRIL 2017 JAMES WOODY THÉOLOGIE
Marine Le Pen, présidente du Front National et candidate à l’élection présidentielle, était interrogée sur TF1, mardi 18 avril. Au cours de l’entretien avec le journaliste Gilles Bouleau, la discussion porte sur les modèles politiques :

– Gilles Bouleau : Y-a t-il dans votre panthéon politique un homme ou une femme qui vous serve de modèle, d’inspiration ?

– Marine Le Pen : En ce moment, Richelieu. Le promoteur d’un Etat moderne, qui a refusé justement peut être qu’une religion prenne le pas sur la France, oui sûrement.

– Gilles Bouleau : Il n’a pas été très amical avec les protestants…

– Marine Le Pen : Qu’est-ce que vous voulez ? C’est peut-être les protestants qui avaient des exigences à l’époque, qui allaient à l’encontre de la Nation.
 

“Il n’a pas été très amical avec les protestants”. En utilisant un euphémisme (Lors du siège de La Rochelle entre 1627 et 1628 seuls un peu plus de 5.000 personnes auront la vie sauve, sur les 27.000 habitants que comptait la ville), le journaliste pousse Marine Le Pen à en dire plus sur le rapport de Richelieu à la communauté protestante et sur ce qu’elle admire chez cet homme d’Etat : “c’est peut-être les protestants qui avaient des exigences à l’époque, qui allaient à l’encontre de la Nation.”

A l’époque, les protestants se conforment aux exigences de l’Edit de Nantes (1598) qui prévoit pour eux des places de sûreté dont La Rochelle est l’une des premières, en vertu de l’Edit de saint Germain de 1570. Cet Edit de Nantes permet la présence des protestants dans quelques villes du Royaume de France, sans pour autant introduire le pluralisme religieux. Il n’est pas question de liberté religieuse pour les protestants, ni de tolérance. Le catholicisme demeure non seulement la religion majoritaire, mais la religion dominante.

Comme le rappelait le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante :

De la naissance du parti huguenot à la première guerre de religion, menée par Condé et Coligny en 1562-1563, jusqu’à la Saint Barthélémy en 1572 qui en brise l’élan, la politique réformée et ses visées sont celles, étonnamment, de la conquête. Avec l’espoir fou d’une véritable Réforme de l’Eglise du pays par une prise de pouvoir, jusqu’à ce que l’Edit de Nantes, après tant de violence, interdise définitivement les assemblées politiques, autrement dit le parti protestant, et ne reconnaisse que des personnes, c’est-à-dire les sujets de la RPR (Religion Prétendue Réformée) et quelques rudiments d’assemblée, c’est-à-dire l’organisation de leurs synodes. Il faudra attendre la paix d’Alès en 1629 pour mettre un terme par la force à ces projets de pouvoir et pour que les protestants entrent dans une attitude de loyauté.
En considérant que Richelieu fut le “promoteur d’un Etat moderne”, Marine Le Pen indique sa vision de l’Etat moderne et des moyens pour le mettre en oeuvre.

Une religion unique pour l’ensemble de la Nation, ce qui s’apparente au principe “Cujus regio ejus religio” à chaque région sa religion, à l’échelle du royaume. Le pluralisme religieux est compris, comme par la cour de Louis XIII comme un facteur possible de scission de la population et donc un risque de sédition et de déstabilisation du pays. L’épisode du XVIIème siècle rappelé pendant l’émission de télévision l’a rappelé, c’est aussi la suppression de tout autre parti que celui du roi qui est voulu dans cet acte de guerre mené par le cardinal Richelieu. Le pluralisme religieux est aussi une garantie du pluralisme politique – un fait trop souvent minoré. Richelieu a non seulement œuvré pour qu’une religion prenne le pas sur les autres, mais qu’elle soit l’unique religion.

Plus de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Richelieu (1585-1642), qui commande le siège de La Rochelle, est à la fois cardinal et ministre de Louis XIII (on hésite à parler de premier ministre). Non seulement la vision politique est qu’il n’y ait plus qu’une seule Eglise, mais qu’elle marche main dans la main avec l’Etat. Louis XIV parviendra à cette fusion en instaurant un pouvoir absolu qui, d’ailleurs, provoquera la révocation de l’Edit de Nantes pourtant qualifié d’irrévocable par le roi Henri, son grand-père.

La violence d’Etat comme moyen de gouverner. Dans le cas du siège de La Rochelle, on ne parle pas de violences policières, de dérapages ni de bavures. C’est un massacre en règle : des installations sont conçues par les forces de Richelieu pour empêcher l’approvisionnement de la ville et provoquer une famine. Le nombre des victimes ne fait pas seulement froid dans le dos. Il ferait aujourd’hui le tour de la planète et provoquerait une décision de l’ONU sans le veto d’un membre permanent du conseil de sécurité. Rappelons aussi que les protestants étaient des français qui auraient été qualifiés de souche par ceux qui utilisent cette expression. Bien entendu, des siècles plus tard, quelqu’un comme Charles Maurras dira que les protestants sont le parti de l’étranger et, à la même époque, au début du XXème siècle, on parlera encore du “péril protestant”, sans oublier les expressions injurieuses.

Est-ce cela l’Etat moderne auquel aspire cette candidate à l’élection présidentielle, qui a refusé que l’entretien se fasse devant les drapeaux français et européen ? Certainement les protestants de l’époque vivaient encore de ce désir de faire de la France une nation protestante, ce qui n’a rien d’une vision moderne, mais la réplique royale par la main de Richelieu ne fut pas plus heureuse. Elle posa les bases de l’absolutisme royal incarné par Louis XIV ; elle posa les bases de la révocation de l’Edit de Nantes qui conduisit à l’exil massif des forces vives du Royaume et au recul de la France sur le plan culturel et économique, notamment. Le seul bénéfice que l’historien Patrick Cabanel reconnaît à cet exil fut la création de la francophonie par l’essaimage des locuteurs français à travers le monde pour échapper à la tyrannie de l’époque. Maigre consolation.

 

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Marine Le Pen estime que sous Richelieu, "les protestants avaient des exigences qui allaient à l'encontre de la Nation",politiques religion,protestant

20 Avril 2017, 00:10am

Publié par hugo

Marine Le Pen estime que sous Richelieu, "les protestants avaient des exigences qui allaient à l'encontre de la Nation"
Publié à 22h47, le 18 avril 2017 , Modifié à 09h50, le 19 avril 2017

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Marine Le Pen estime que sous Richelieu, "les protestants avaient des exigences qui allaient à l'encontre de la Nation"
© Montage photos Le Lab via images TF1
Image Julien Chabrout
Julien Chabrout
julien.chabrout@europe1.fr
Depuis le début de sa campagne présidentielle, Marine Le Pen évoque beaucoup Richelieu, lui consacrant notamment un billet de blog. Le cardinal figure aussi en bonne place dans son bureau du QG de campagne. La candidate du FN a même enregistré ses derniers vœux devant une reproduction du tableau représentant Richelieu lors du siège de la Rochelle.

Interrogée sur TF1 ce mardi 18 avril, la présidente du FN a d’abord cité le nom du cardinal de Richelieu comme "modèle et inspiration" avant de s’en prendre… aux protestants. Voici cet échange :

 

- Gilles Bouleau : Y-a t-il dans votre panthéon politique un homme ou une femme qui vous serve de modèle, d’inspiration ?

- Marine Le Pen : En ce moment, Richelieu. Le promoteur d’un Etat moderne, qui a refusé justement peut être qu’une religion prenne le pas sur la France, oui sûrement.

- Gilles Bouleau : Il n’a pas été très amical avec les protestants…

- Marine Le Pen : Qu’est-ce que vous voulez ? C’est peut-être les protestants qui avaient des exigences à l’époque qui allaient à l’encontre de la Nation.
Une façon pour Marine Le Pen de s'en prendre encore à l'islam. Le cardinal de Richelieu (1585-1642) est notamment connu pour avoir commandé, sur ordre de Louis XIII, le siège de La Rochelle en 1627 et 1628. Ce terrible siège s’est terminé par la capitulation des habitants de la ville. Sur les 28. 000 habitants, 5.400 ont survécu. Pour Richelieu, qui reprochait aux protestants un supposé républicanisme caché et leur particularisme jugé nocif à l’unité nationale, il s’agissait de les soumettre à l’autorité royale.

Dans ses vœux, Marine Le Pen appelait à "un grand combat […] pour la sauvegarde de notre identité nationale". Voilà sans doute pourquoi la présidente du FN, qui fait de la lutte contre un supposé "communautarisme" l’un de ses cheveux de bataille, se passionne pour le principal ministre du roi Louis XIII. Quitte à dire des choses "graves", a jugé sur Twitter l’ancienne présidente du Medef Laurence Parisot.

 

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Ce qu'a dit Marine Le Pen sur TF1 ce soir à propos des protestants est grave.
9:13 PM - 18 Apr 2017
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Marine Le Pen est revenue sur ses déclarations, mercredi 19 avril, sur BFMTV et RMC, assurant qu'elle n'avait "rien contre les protestants" : 

J’ai juste rappelé qu’à l’époque, les protestants avec l’aide de l’Angleterre avaient cherché en réalité à créer l’Etat dans l’Etat. C’est tout. Je n’ai rien contre les protestants. Il faut quand même accepter qu’on puisse faire des références historiques dans notre pays. (…) Quand j’évoque Jeanne d’Arc, on ne va pas me faire le procès de soutenir les tueurs en série au motif que l’un de ses compagnons d’armes était Gilles de Rais. Il y a une déraison en ce moment qui fait qu’on cherche à faire dire à des responsables politiques des choses qu’ils ne disent pas. Richelieu est une grande figure de l’histoire de France, il ne faut pas le réduire à un massacre, c’est un peu une dérive. 

Marion Maréchal-Le Pen s’était attirée les foudres de la Fédération protestante de France en juillet 2015. La députée frontiste avait en effet fait le parallèle entre la Réforme protestante et, notamment, l’occupation nazie. Elle avait ensuite évoqué ses racines protestantes pour tenter de se rabibocher avec la Fédération protestante de France.

 

[EDIT 9 H 45 mercredi 19 avril] Ajout des propos de Marine Le Pen sur BFMTV et RMC

 

 

[BONUS TRACK] L’exigence de Le Pen avant de venir sur TF1 : retirer le drapeau européen

Marine Le Pen ne se sent décidément pas européenne. La présidente du FN, qui veut organiser un référendum sur la sortie de l’Euro en cas d’élection, a tout simplement exigé (et obtenu) de TF1 le retrait du drapeau européen sur le plateau de TF1. Ce drapeau est pourtant toujours présent lors de la réception des autres candidats à la présidentielle. C’est ce qu’a annoncé Gilles Bouleau au début de l’interview de la candidate du FN :

 

Petite précision pour nos téléspectateurs : pour accepter de participer à cette émission, Madame le Pen, vous nous avez demandé de retirer le drapeau européen qui devait figurer derrière vous.
http://lelab.europe1.fr/marine-le-pen-estime-que-sous-richelieu-les-protestants-avaient-des-exigences-qui-allaient-a-lencontre-de-la-nation-3303983?link_time=1492549131

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Handicap et dépendance : Les objectifs de la Fondation protestante John-Bost,handicap,

7 Mars 2017, 20:10pm

Publié par hugo

 ACCUEIL / Handicap et dépendance : Les objectifs de la Fondation protestante John-Bost

 © Fondation John Bost "LA FONDATION EST IDENTIFIÉE À L’ÉCHELLE NATIONALE COMME UN RECOURS POUR LES GENS QUI SONT SANS SOLUTION"  -  © FONDATION JOHN BOST
Handicap et dépendance : Les objectifs de la Fondation protestante John-Bost
 3 MARS 2017  Claire Bernole 1
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Entretien avec Christian Galtier, directeur général de la Fondation John Bost. Il allie à sa formation initiale de pasteur, celle de directeur d’établissement sanitaire et médico-social.
 
Comment perpétuer l’esprit insufflé par John Bost lorsqu’il a créé les premiers asiles, il y a 170 ans ?
 
Nous continuons à accompagner les personnes par des soins de santé, des conditions de vie adaptées à leur niveau de dépendance ou de handicap et un soutien spirituel. Aussi, l’engagement de John Bost d’accueillir « ceux que tous repoussent » au nom du « Maître » reste d’actualité dans le fait d’accueillir des gens qui ne trouvent pas leur place ailleurs. La Fondation est identifiée à l’échelle nationale comme un recours pour les gens qui sont sans solution. Elle est organisée pour répondre à des besoins et non à des injonctions à caractère administratif.
 
Par exemple, certains établissements possèdent trois agréments pour permettre aux personnes de suivre un parcours qui peut s’étendre jusqu’à leur fin de vie, dans le même environnement. Bien souvent, ce parcours est discontinu, ce qui représente un facteur aggravant pour des personnes en situation de fragilité. En outre, nous travaillons sur la hiérarchie de parole : nous écoutons d’abord celle du patient (ou de son entourage) pour savoir ce qu’il veut. Devant chaque personne, quelles que soient les difficultés, il y a toujours un mieux possible que les professionnels s’efforcent de faire émerger.
 
Quels sont les enjeux actuels de la Fondation ?
 
D’abord, il faut s’adapter au changement, notamment celui lié aux normes sécuritaires, alimentaires, médicales… D’autre part, les secteurs sanitaire et médico-social sont en perpétuelle évolution. Leur offre connaît actuellement une restructuration importante autour de regroupements permettant de mutualiser des fonctions, de répondre à des exigences réglementaires et, aux pouvoirs publics, d’avoir moins d’interlocuteurs.
 
Enfin, un changement de paradigme est en cours, qui veut qu’on passe des modalités d’accompagnement spécialisé de personnes handicapées à des situations d’inclusion sociale. La partie résidentielle devient alors marginale par rapport à l’offre d’accompagnement. Il s’agit de retrouver une vie sociale malgré les obstacles qui peuvent l’entraver.
 
Avec autant d’établissements sur le site historique de La Force et ailleurs en France, la Fondation est à un tournant de son développement. Quelles raisons motivent son expansion ?
 
Le sens profond de l’intégration ou de la création d’établissements dans de grands bassins de vie – Nouvelle-Aquitaine mais aussi Ile-de-France, Normandie et Occitanie –, est de mieux répondre aux besoins des personnes et des familles en proposant des solutions de proximité. En effet, ce qui était possible et accepté au XIXe siècle et durant la première moitié du XXe siècle ne l’est plus. On ne peut plus faire venir jusqu’ici des gens de toute la France. Par ailleurs, pour certaines personnes, il n’y avait pas d’horizon en dehors de l’institution. Cela est dangereux car cela rend l’institution toute-puissante. On est alors dans un système asilaire qui s’autoentretient. Cela n’est pas envisageable.
 
À une volonté de proximité s’ajoute l’intérêt de la Fondation pour les appels à projets lancés par les pouvoirs publics. Parfois, ceux-ci sollicitent notre action car nous proposons des accompagnements médicalisés, ce que ne font pas tous les autres acteurs du champ du handicap.
 
La Fondation s’apprête à fêter les 200 ans de la naissance de John Bost. Qu’est-ce que cela signifie ?
 
C’est l’occasion de témoigner de la fidélité et de l’actualité de la Fondation. Nous tenons l’une et l’autre à parts égales. On ne peut pas changer hier, demain n’est pas encore là. C’est ce que nous faisons aujourd’hui qui compte. Pour cette raison, la fidélité à ce qui a construit notre histoire ne fait pas obstacle aux progrès ou aux évolutions.
 
On pourrait s’en étonner mais dans un contexte de laïcité, la fidélité à des valeurs évangéliques n’est pas mal perçue par les pouvoirs publics. Plus personne ne pense qu’on devrait écarter la spiritualité alors qu’il faut mobiliser toutes les ressources de la personne face à une situation difficile.
 
Ce qui se vit sur ce plan avec les résidents nous sauve de la tentation de passer de la parole au discours. Ce qui a mis en mouvement les protestants, c’est une Bonne Nouvelle, une parole qui rejoint chacun dans son intimité. Mais la tentation est permanente de la transformer en discours. Par exemple : quand on est un protestant, on se comporte comme ceci ou comme cela.
 
Cette fidélité à la Parole dont est porteuse la Bible est étayée par les sollicitations des résidents, l’implication des professionnels mais aussi les donateurs. Ils sont en majorité protestants et ont souvent un membre de leur famille accueilli à la Fondation. Leur engagement suscite des responsabilités : celles de porter les missions pour lesquelles l’action de la Fondation est soutenue.
 
Propos recueillis par Claire Bernole
 
https://www.reforme.net/une/la-fondation-john-bost-entre-fidelite-et-actualite/

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 / Les Églises protestantes face au vote FN,,protestant,fn,

22 Février 2017, 20:04pm

Publié par hugo

 / Les Églises protestantes face au vote FN

 © Thomas BREGARDIS /PHOTOPQR/OUEST-FRANCE DES CITOYENS MILITENT POUR L'ACCUEIL DE RÉFUGIÉS, CONTRE LES PARTISANS DU FN, À TRÉBEURDEN, EN BRETAGNE, EN OCTOBRE 2016 -  © THOMAS BREGARDIS /PHOTOPQR/OUEST-FRANCE
Les Églises protestantes face au vote FN
 22 FÉVRIER 2017  Claire Bernole 0
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Les institutions religieuses protestantes prônent la pédagogie pour contrer les idées du Front national.
 
Le Front national s’est installé durablement sur la scène politique. S’il séduit des chrétiens – y compris des protestants et pas seulement des évangéliques – nombreux aussi sont ceux qui, comme François Clavairoly, mettent l’accent sur l’incompatibilité entre le discours de l’extrême droite et le message de l’Évangile, comme il l’a fait lors des vœux de la FPF. « La candidate qui porte la parole d’extrême droite n’est pas honorable car ses valeurs ne sont pas honorables : le repli, la haine de l’autre… », affirme le président de la Fédération protestante de France.
 
S’il est impossible d’évaluer la part des protestants tentés par ce vote, les pasteurs interrogés s’accordent néanmoins à constater la levée d’un tabou. « Il y a des choses qui ne se disaient pas avant, comme : Ça suffit avec les étrangers et cette prédication qui dit qu’on pourrait en accueillir encore, c’est une catastrophe », raconte Jean-Marc Dupeux, qui préside en Alsace l’association Comprendre et s’engager.
 
La peur et la colère
 
Alertée sur cette tendance dans une région particulièrement concernée, Sibylle Klumpp, pasteure et présidente du conseil régional de l’ÉPUdF en PACA, refuse de « banaliser cette question et qu’on dise : le FN ne va jamais gagner ! ».
 
Selon un sondage Ifop publié dans Réforme en 2012, Marine Le Pen avait gagné six points par rapport à son père en 2007 auprès de l’électorat protestant. Certes, nous ne pouvons présager du choix que chacun exprimera dans les urnes aux mois d’avril et de mai. On peut toutefois interroger les raisons qui poussent certains à céder aux sirènes de l’extrême droite. En fait, les chrétiens et en l’occurrence les protestants n’échappent ni à la peur ni à la colère qui sont les ressorts ordinaires du succès du FN. Certains marqueurs sont néanmoins propres à toucher les croyants tels que l’ordre et la sécurité mais encore la famille et les racines chrétiennes de la France.
 
Du côté des institutions protestantes : FPF, CNEF, ÉPUdF, UÉPAL (1), et des pasteurs, les arguments sont prêts. « Les chrétiens ne devraient pas accepter des discours qui jouent sur la peur. C’est là que le protestantisme est vraiment un rempart. Sinon, ce ne sont que des mots », lance Clément Diedrichs, directeur du CNEF. Quant à la famille, nul besoin d’y regarder de très près pour s’apercevoir que les Le Pen ne sont pas exemplaires. « De quelle famille parle-t-on ? Ce n’est qu’une posture politicienne », affirme Luc Maroni, maire adjoint de Lens. Et faut-il rappeler à quelles racines le FN fait allusion ? « Les gens ne se rendent pas compte que c’est à un catholicisme identitaire que Marion Maréchal-Le Pen se réfère  », souligne Luc Olekhnovitch. Pour ce pasteur, qui préside également la Commission d’éthique protestante évangélique, c’est une question de maturité spirituelle et du choix du modèle qu’on véhicule : culture infantilisante du chef ou fraternité et collégialité, par exemple.
 
Reste à savoir, au-delà de l’intérêt des éléments d’analyse, comment réagir. Les Églises sont-elles d’ailleurs fondées à influer sur le vote des paroissiens ? La réponse est « oui ». « Si l’Église ne fait pas de politique, elle n’échappe pas au politique », explique Michel Bertrand qui a coordonné en 2000 un ouvrage collectif toujours d’actualité, La tentation de l’extrême droite.
 
Toutes les instances protestantes ou presque ont d’ailleurs développé une documentation claire et fournie. Un travail qui ne date pas d’hier et se poursuit. Le hors-série des Cahiers de l’école pastorale, « Politique, parlons-en ! (2) », en est un témoin des plus récents. L’idée n’est pas de combattre frontalement et nommément un parti, un homme ou femme politique, mais de défendre des principes. « Nous proposons des ateliers et un accompagnement individualisé au discipulat. Si les jeunes comprennent ce que Christ a fait pour eux, je ne me fais pas de souci sur la manière dont ils vont voter », insiste Clément Diedrichs.
 
Certaines régions et certaines Églises continuent cependant d’être particulièrement exposées à cette tentation du vote FN. En Alsace, l’association Comprendre et s’engager (3), créée en 1995, reprend de la vigueur autour d’un projet de campagne œcuménique mais ce n’est pas facile. « Nous avons perdu nos illusions de départ. Cela fait mal de sentir autour de nous un bloc de gens que les Églises ne touchent peut-être plus assez par l’Évangile », s’émeut Jean-Marc Dupeux. L’association a fait des jeunes une cible à sensibiliser en priorité à travers la campagne « Deviens un héros ». Il s’agit aussi de donner une dimension œcuménique, interreligieuse et transfrontalière à l’action de Comprendre et s’engager. « On sait que la vague doit passer, ce n’est pas le moment de se dire qu’on ne va pas être mouillé », insiste Jean-Marc Dupeux.
 
Sur le terrain
 
C’est donc sur le terrain que se situe la bataille pour les valeurs chrétiennes plutôt que contre l’idéologie d’extrême droite. L’accueil de l’étranger représente à ce titre un enjeu concret particulier. « Ce dont j’arrive à parler avec mes paroissiens, ce sont des préjugés à l’égard des étrangers. Ce sont des conversations très fréquentes. J’essaie de les détromper », raconte Gérard Janus, pasteur de l’UÉPAL. En ce sens, la campagne « Exilés : l’accueil d’abord », lancée par l’ÉPUdF, est une façon de montrer en pratique que d’autres réponses sont possibles. Toutes les actions autour du thème de la fraternité qui marqueront 2017 en seront autant d’exemples supplémentaires. « C’est une urgence absolue que les chrétiens se ressaisissent de l’espace public et occupent le terrain au même titre que les libres-penseurs et d’autres », affirme Luc Maroni. Souvent invité pour intervenir dans des Églises dans le nord de la France et notamment sur la tentation de l’extrême droite, il prône la nécessité de s’informer, de lire et de réfléchir pour nourrir une pensée plus complexe que celle d’un monde en noir et blanc. Cela implique de prendre le temps et de décloisonner vie ecclésiale et vie sociopolitique.
 
« Les Églises devraient offrir en leur sein des lieux d’écoute des souffrances et des peurs qui peuvent amener à être tenté par le FN », propose Michel Bertrand. En effet, « on ne conjure pas la peur par la culpabilisation mais par l’écoute, la dédramatisation et la réflexion. Or, dans notre tradition, les Églises protestantes sont des lieux de dialogue ». Pour Luc Olekhnovitch, l’idéal serait de se situer à côté de l’Église : « Il faudrait susciter des espaces d’échanges et de formation, animés par des acteurs de terrain et des chrétiens qui aient une réflexion globale ». Évidemment, mobiliser les membres suppose de sortir de la pensée du « tous pourris ».
 
« Le protestantisme a le souci singulier et spécifique qu’il donne du crédit au politique au sens noble du terme », rappelle François Clavairoly. Et d’ajouter : « Il faut continuer à témoigner de cette confiance dans le mandat politique malgré ceux qui veulent le défigurer. »
 
Et ce, même si cette confiance est relative. Ni défaitiste, ni positiviste, car il n’existe pas non plus d’homme providentiel, Luc Maroni rappelle l’engagement du chrétien pour améliorer le monde, tout en sachant qu’il ne sera jamais parfait.
 
(1). FPF : Fédération protestante de France. CNEF : Conseil national des évangéliques de France. ÉPUdF : Église protestante unie de France. UÉPAL : Union des Église protestantes d’Alsace-Lorraine.
 
(2). Cahiers de l’école pastorale à découvrir sur www.publicroire.com
 
(3). www.comprendreetsengager.fr
 
http://www.comprendreetsengager.fr/
 
https://www.reforme.net/gratuit/les-eglises-protestantes-face-au-vote-fn/

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