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Réforme des retraites en France : la question des femmes suffisamment prise en compte ?

12 Janvier 2023, 04:55am

Publié par hugo

 Réforme des retraites en France : la question des femmes suffisamment prise en compte ?
Les salaires des femmes sont de 22% inférieurs à ceux des hommes en France, et les pensions de retraites de 44%. Que va changer la réforme des retraites du gouvernement pour elles ? 
Les salaires des femmes sont de 22% inférieurs à ceux des hommes en France, et les pensions de retraites de 44%. Que va changer la réforme des retraites du gouvernement pour elles ? 
©Pixabay
Les salaires des femmes sont de 22% inférieurs à ceux des hommes en France, et les pensions de retraites de 44%. Que va changer la réforme des retraites du gouvernement pour elles ? Rassemblement contre la hausse du coût de la vie et le changement climatique à Paris, en France, le 16 octobre 2022. Aujourd'hui, les femmes touchent des pensions de retraite de 40% inférieures à celles des hommes, "<em>le taux de pauvreté des femmes retraitées aujourd’hui est sensiblement plus élevé que celui des hommes</em>", souligne la chercheuse Christiane Marty.
10 JAN 2023
 Mise à jour 11.01.2023 à 08:01 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
C'est le grand débat du moment en France : le gouvernement s'apprête à présenter son projet de réforme des retraites. Une réforme plus juste pour les femmes, promet la Première ministre Elisabeth Borne. Vraiment ? Grossesses, carrières courtes, temps partiel, salaires inférieurs à ceux des hommes : comment vont-elles s'en sortir, alors qu'elles font déjà face à de nombreuses inégalités dans le monde du travail ? 
Inégalités pendant leurs années de travail, inégalités une fois à la retraite. Logique somme toute. En cinquante ans, il y a eu pas moins de neuf réformes des retraites en France. Quid du traitement particulier des femmes ? 

"Jusqu'à Fillon en 2003, on ne parlait pas de la retraite des femmes ! En 93 avec Balladur, il n'en était pas question. La logique successive de réforme des retraites, ça n'a vraiment pas favorisé les femmes, ni réduit les inégalités au contraire, cela a freiné la réduction de ces inégalités.", commente la chercheuse et militante féministe Christiane Marty, jointe par Terriennes.
 
Pourquoi les femmes ont-elles des carrières plus courtes ? Parce qu'elles se retirent pour faire des enfants, qu'elles ont du mal à trouver des modes de garde, par manque de crèches... Plus tard, au-delà de 50 ans, elles sont obligées de s'interrompre pour s'occuper d'un parent malade ou dépendant.

Christiane Marty, chercheuse, Attac et Fondation Copernic
"Les pensions, ça prend en compte, d'une part les salaires et d'autres part la durée de carrière. Or, les femmes ont des salaires inférieurs, et des carrières en moyenne plus courtes. Pourquoi les femmes ont-elles des durées de carrière plus courtes ? Parce qu'elles se retirent de l’emploi pour prendre en charge les enfants, du fait qu’elles ont du mal à trouver des modes de garde, par manque de crèches ... Plus tard, plutôt vers 50 ans, elles s’interrompent ou passent à temps partiel pour s'occuper d'un parent malade ou dépendant. Passer à temps partiel est très négatif pour leur salaire et leur pension", insiste la chercheuse, "Pour réduire les inégalités au niveau des retraites, il faut s'attaquer aussi à tout ce qui vient avant, pendant l'activité professionnelle mais aussi dans la société, les rôles sociaux différents, par exemple favoriser un investissement plus important des pères auprès des enfants, etc". 

Dans une tribune publiée dans Le Monde, intitulée Présenter la réforme des retraites comme juste pour les femmes relève du boniment, la militante, membre d'Attac et de la Fondation Copernic, précise que "Le montant des pensions versées aux femmes est inférieur de 40 % à celui qui est versé aux hommes, un problème sur lequel la réforme fait l’impasse... La retraite amplifie encore les inégalités de salaires".

Pour rappel, selon les chiffres de l'INSEE en 2022, en France, les salaires des femmes sont inférieurs en moyenne de 22 % à ceux des hommes.

 
"Les femmes liquident la retraite plus tard que les hommes. Elles sont davantage contraintes à liquider leur droit vers l'âge de 65 ans et au-delà (19 % de la génération de 1950 contre 10 % des hommes) pour éviter une décote en raison de carrières plus souvent incomplètes", constate de son côté Roxana Eleta de Filippis, Maîtresse de conférences en sociologie à l'Université Le Havre Normandie, dans un article publié sur le site The Conversation. "Elles reçoivent en moyenne 1274 euros de retraite par mois, soit 24 % de moins que les hommes (1674 euros). Ce montant inclut la pension de droit direct, la pension de droit indirect (réversion) et la majoration pour trois enfants et plus. Si l'on considère les retraites de droit direct, c'est-à-dire celles versées au titre de l'activité passée, l'écart s'élève à 39 % pour les 65 ans et plus", ajoute la sociologue.


Les femmes âgées, de plus en plus pauvres
"Les réformes passées ont pour conséquence une baisse continuelle du niveau des pensions relativement aux salaires. Cette baisse a des effets plus graves sur les plus faibles pensions des femmes : elle aboutit à un taux de pauvreté des femmes retraitées aujourd’hui sensiblement plus élevé que celui des hommes (10,4 % contre 8,5 %), et cet écart a tendance à se creuser depuis 2012", analyse Christiane Marty sur le site d'Attac. "Les femmes âgées sont les plus touchées. Le COR (Conseil d'orientation des retraites, ndlr) note ainsi que le taux de pauvreté des retraité·es augmente depuis 2016 pour les personnes âgées de plus de 65 ans qui vivent seules et parmi elles, il atteint même 16,5 % pour les femmes.", précise-t-elle.

37 % des femmes retraitées et 15 % des hommes touchent moins de 1000 € de pension bruts (909 € nets). 
Des manifestantes lors d'un rassemblement contre la hausse des prix de l'énergie, le 18 octobre 2022 à Marseille, dans le sud de la France.
Des manifestantes lors d'un rassemblement contre la hausse des prix de l'énergie, le 18 octobre 2022 à Marseille, dans le sud de la France.
©AP Photo/Daniel Cole
Les femmes encore et toujours plus pénalisées
Pour le président français Emmanuel Macron, "le seul levier que nous avons, c'est de travailler plus longtemps", en l'occurrence en relevant l'âge légal de 62 à 64 ans. L'exécutif espère ainsi réduire les dépenses de 18 à 19 milliards à l'horizon 2030.

L’allongement de la durée de cotisation est "injuste", estime Christiane Marty dans sa tribune, "il pénalisera les personnes qui ont des carrières courtes et qui, déjà aujourd’hui, n’atteignent pas la durée de cotisation exigée. Ce sont en majorité des femmes. Si la durée de carrière des femmes augmente au fil des générations, elle reste encore inférieure à celle des hommes, précise la chercheuse. Réunir une carrière complète reste et deviendra encore plus difficile pour les femmes, et donc représentera une baisse de pension pour elles".

Elisabeth Borne a déclaré que la réforme sera plus juste pour les femmes, car l’âge d’annulation de la décote restera à 67 ans. "C'est important parce qu'il y a notamment beaucoup de femmes qui n'ont pas pu avoir tous leurs trimestres et qui, en travaillant jusqu'à 67 ans aujourd'hui, n’ont pas de décote sur leur retraite, et cet âge restera le même, 67 ans demain", a déclaré la cheffe du gouvernement le 3 janvier sur France Info.

"Dans le calcul même de la retraite, deux choses sont plus discriminantes pour les carrières courtes, le calcul sur les 25 meilleures années et la décote, c'est un abattement supplémentaire calculé sur votre taux de pension. C'est une double discrimination pour les carrières incomplètes, et ce sont les femmes qui sont les plus touchées. Et on dit qu'on fait une réforme plus juste pour les femmes, cela m'a fait bondir !", réagit Christiane Marty lors de notre entretien téléphonique. Dans sa tribune dans la presse, elle précise que "8 % des femmes (génération 1950) et 6 % des hommes ont subi une décote sur le montant de leur pension du fait qu’ils et elles n’avaient pas réuni la durée de cotisation exigée".

Selon Clémence Guetté, députée de la France Insoumise, mouvement de gauche qui s'oppose à la réforme du gouvernement, cette réforme est "injuste pour les femmes" car "il va y avoir moins de prise en compte des trimestres qui sont utilisés par les femmes pour s'occuper notamment des enfants".  

Montant minimum, une avancée surtout pour les femmes ? 
Pour la chercheuse, appliquer un minimum à 85 % du SMIC (le salaire minimum, ndlr), serait bienvenu, encore faudrait-il que "cette mesure concerne aussi les personnes déjà à la retraite". "Le parti Les Républicains s'est dit prêt à soutenir la réforme, et est favorable à l’application de cette mesure aussi aux retraités actuels. On verra ce qui est annoncé", remarque-t-elle.
 
Si la retraite minimum est adoptée, il faut reconnaitre que c'est une bonne chose, de nombreux et surtout de nombreuses retraitées touchent des pensions très faibles. 

Christiane Marty
"Si cette mesure est décidée, il faut reconnaitre que c'est une bonne chose, de nombreux, et surtout nombreuses, retraitées touchent des pensions très faibles. Mais d’une part, il faudrait que ce soit appliqué rapidement, et que cela ne prenne pas des années ! D’autre part, il n'y a pas besoin de nouvelle réforme pour cela. En 2003, la loi Fillon le prévoyait déjà, mais cela n'a jamais été appliqué, ni pour les retraités déjà en place ni pour les partants !"  

Femmes, invisibles, du marché de l'emploi jusqu'à la retraite...

Trois questions à Dominique Meda, sociologue, directrice de l'IRISSO à l'université Paris-Dauphine

Terriennes : La réforme des retraites va arriver, encore une fois les femmes vont devoir travailler plus ?
Dominique Meda : Oui oui ! Là encore parce que leurs carrières sont plus interrompues que celles des hommes. Les femmes vont devoir travailler plus longtemps pour obtenir des pensions plus faibles…

Les femmes ont constitué la majorité de ces troupes qui, en plein cœur de la crise de la covid, sont restées sur le front. Infirmières, caissières, aides à domicile, femmes de ménage... De visibles, les voici redevenues invisibles ? Alors qu’elles sont un maillon indispensable de notre société… Comment l’expliquer ?

Dominique Meda : De trois manières. La première : l’obsession pour la réduction ou la stabilisation des dépenses publiques. Or un certain nombre de ces personnes sont des agents publics. La deuxième : une forme de mépris pour ces personnes à qui l’on a un peu pensé pendant la crise, mais que l’on a oublié dès que celle-ci a été terminée. Troisièmement depuis des décennies, on nous explique que ces personnes créent peu de valeur, moins en tous cas que ce qu’elles coûtent, qu’elles ont peu de diplôme, une faible productivité, et donc que leurs salaires ne peuvent pas augmenter.

De quels moyens disposent-elles pour faire entendre leur voix dans le monde du travail ? Sont-elles assez représentées dans les syndicats ? Quelle leçon tirer du combat des femmes des hôtels ibis ?

Dominique Meda : Un grand nombre d’entre elles sont peu syndiquées. Les aides à domicile travaillent seules et ne sont pas réunies dans un seul lieu ; les caissières travaillent souvent dans des entreprises qui tentent de freiner la syndicalisation. Beaucoup de ces femmes ont des temps partiels et de petits salaires qu’elles ne peuvent pas se permettre de voir diminuer en faisant grève ou en se syndiquant. Et le rapport de force en faveur des salariés ne s’est pas encore suffisamment retourné pour obliger les branches professionnelles à revoir les salaires.

Mes collègues Julie Valentin et François Xavier Devetter ont écrit un ouvrage essentiel sur ces questions : Deux millions d’emplois et des poussières. Ils montrent comment, depuis plusieurs décennies, l’externalisation et la sous-traitance ont permis de désorganiser les collectifs de travail et œuvré contre la possible syndicalisation. Il faut donc des luttes acharnées, comme celle de l’hôtel Ibis, et un soutien fort des syndicats, pour que ces luttes soient victorieuses.

Relire ►​Après des mois de grève, les femmes de chambre de l’Ibis Batignolles obtiennent gain de cause
 
Une femme prend un selfie lors d'une manifestation organisée par les syndicats à Marseille, pour protester contre les politiques sociales et économiques du gouvernement, le mardi 5 octobre 2021. 
Une femme prend un selfie lors d'une manifestation organisée par les syndicats à Marseille, pour protester contre les politiques sociales et économiques du gouvernement, le mardi 5 octobre 2021. 
©AP Photo/Daniel Cole
Pénibilité des métiers féminins
Christiane Marty tient aussi à dénoncer les biais sexistes dans la prise en compte de la pénibilité des métiers féminins. 
 
La pénibilité des métiers féminins est un sujet très difficile. Elle est occultée, invisibilisée. Les représentations mentales que l'on a concernent surtout les métiers masculins, comme celle du marteau-piqueur sur les chantiers.

Christiane Marty
Femmes et métiers pénibles, la réforme des retraites va-t-elle le prendre en compte ? Oui, dit le gouvernement, non, selon ses opposants. 
Femmes et métiers pénibles, la réforme des retraites va-t-elle le prendre en compte ? Oui, dit le gouvernement, non, selon ses opposants. 
©pixabay
"La pénibilité des métiers, c'est un sujet difficile, mais celle des métiers féminins est occultée, invisibilisée. Les représentations mentales que l'on a concernent surtout la pénibilité des métiers masculins, liée aux charges physiques, ou celle du marteau piqueur sur les chantiers. Mais il y a des biais sexistes dans les critères définissant la pénibilité, c'est reconnu par différentes études. Il faut reconnaitre la pénibilité, mais aussi améliorer les conditions de travail, ça commence déjà là ! Il y a beaucoup de métiers féminins qui sont extrêmement pénibles. Quand on pense aux aides-soignantes qui doivent soulever les patients, etc ... Les troubles musculosquelettiques, par exemple, sont beaucoup plus fréquents chez les femmes", analyse Christiane Marty, "Il faut rappeler que quelques mois après le début du premier mandat Macron, quatre critères de pénibilité ont été supprimés de la liste".

L’Anact, agence pour l’amélioration des conditions de travail, a publié en 2022 une enquête selon laquelle la baisse globale des accidents de travail depuis 2001 masque la hausse des accidents de travail pour les femmes.

Notre article ►Accidents et maladies du travail : pourquoi les femmes sont de plus en plus touchées

Du côté du gouvernement, on estime au contraire que cette réforme va poursuivre sa prise en compte de la pénibilité au travail dans certains secteurs. Voici la réponse de la députée de la majorité Aurore Bergé, rapporteuse de la réforme, sur France Inter, interpellée à l'antenne par une sage-femme. "C'est normal qu'à un moment on ne demande pas les mêmes efforts, et que cette dame puisse partir plus tôt", déclare-t-elle. 


Un nouveau modèle, un enjeu de société, un enjeu féministe
"L'appauvrissement des retraités, c'est sérieux. Le système laisse de côté un tas de gens, la précarisation des emplois fait que de plus en plus de personnes n'auront pas assez de droits à la retraite pour avoir une pension suffisante", explique Christiane Marty. "Pour les femmes, il faut inclure les inégalités issues du marché du travail mais le calcul de la pension lui-même défavorise les carrières courtes, car il a été conçu en 1945 à une époque où c'est l'homme qui travaillait et qui ouvrait des droits pour sa femme . C'était  le modèle qui a servi de calcul au régime général, mais ce modèle n'est pas adapté aux carrières de femmes, et devient inadapté aussi au regard de l’évolution actuelle", relève la militante. 

"La durée de cotisation requise va passer à 43 annuités. Or les durées de carrière réalisées sont en train de diminuer. L’écart se creuse donc entre ce qui est exigé et ce qui est réalisable, ce que permet l’état du marché du travail compte tenu de la préconisation en cours !", souligne-t-elle encore. 
 
Réfléchir à ce qui serait un bon système de retraite, ça remet en cause tout ce qui vient en amont. On se rend compte qu'il faut changer de modèle... (...) L'enjeu des retraites, c'est tout à fait lié à l'enjeu féministe et écologiste.

Christiane Marty
Pour la chercheuse, réformer les retraites représente un véritable enjeu de société : "Réfléchir à ce qui serait un bon système de retraite, ça remet en cause tout ce qui vient en amont, on se rend compte qu'il faut changer de modèle, et de modèle économique. On ne peut pas continuer comme ça, à dire qu'il faut travailler plus, plus longtemps, et qu'il faudrait produire plus pour redistribuer plus ! La dégradation de la planète et du climat oblige à reconsidérer ce qu'on produit, à prioriser les productions utiles, celles qui répondent aux besoins sociaux et environnementaux, et changer de vision ! L'enjeu des retraites, c'est tout à fait lié à l'enjeu féministe et écologiste."

Selon un sondage IPSOS pour BFMTV, publié le 7 janvier 2023,  79% des Français sont opposés au report de l'âge légal de départ à la retraite ; 58 % des Français soutiennent la mobilisation (Ifop) et 16 % sont même prêts à aller manifester (BVA). Le 19 janvier prochain, une grande mobilisation est organisée par les syndicats s'opposant à cette réforme. Le collectif Relève féministe appelle à participer à la marche du 21 janvier organisée par La France Insoumise pour dénoncer une réforme "injuste pour tou-te-s et inégalitaire pour les femmes". 
 

 

Chez nos voisines suisses ...

Fin septembre 2022, les Suisses ont accepté de faire travailler les femmes jusqu’à 65 ans. La réforme entrera en vigueur le 1er janvier 2024. Mais l’âge de référence ne sera augmenté, en quatre étapes, qu’à partir du 1er janvier 2025.

La première hausse, de trois mois, concernera les femmes nées en 1961. L’âge de la retraite sera relevé à 64 ans et six mois pour les femmes nées en 1962, puis à 64 ans et neuf mois pour celles nées en 1963. En 2028, tout le monde partira à la retraite à 65 ans.

Pour atténuer les effets pour les femmes proches de la retraite, un régime de compensation est prévu. La période de transition couvre neuf années. 

Et ailleurs...

En Belgique, l'âge officiel de départ à la pension est de 65 ans. Tout travailleur/ travailleuse peut donc prendre sa pension à cet âge, quel que soit le nombre d'années de carrière. Mais attention, pour bénéficier du montant de la pension complète, il faut justifier 45 années de carrière. Au Québec, il faut avoir au moins 61 ans, ou 56 ans et compter 35 années de service pour l'admissibilité, ou avoir au moins 58 ans et avoir atteint le facteur d'admissibilité 90 (âge + années de service pour l'admissibilité à une rente).

L'âge légal de la retraite dans l'Union européenne varie d'un Etat membre à l'autre. Certains pays fixent un âge de départ à la retraite différent en fonction du sexe. Il s'étale de 60 ans (pour les femmes) en Autriche et en Pologne à 67 ans (pour les deux sexes) en Allemagne et en Italie.

À lire aussi dans Terriennes : 
►Accidents et maladies du travail : pourquoi les femmes sont de plus en plus touchées
►Covid-19 : et si on rémunérait le travail des femmes à la maison pendant la crise ?
►Journée de l'égalité salariale : 59 jours de travail en plus pour les Françaises
►Négligé par le féminisme : le travail invisible des femmes
►Entrée en vigueur de la loi sur le travail domestique au Maroc : de l'espoir pour les "petites bonnes" ?
►Statut des travailleuses domestiques en France : le "J'accuse !" des associations et syndicats
►Egalités au travail entre femmes et hommes : la Suisse recule aussi
►Loi Travail en France : les femmes inquiètes pour l’égalité professionnelle
TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 11.01.2023 à 08:01
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/reforme-des-retraites-en-france-la-question-des-femmes-suffisamment-prise-en-compte

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Déchéance et excommunication : des hérétiques aux terroristes,reformes,

17 Février 2016, 13:59pm

Publié par hugo

MARTIN LUTHER A ÉTÉ EXCOMMUNIÉ EN 1521 - ICI PEINT PAR LUCAS CRANACH L'ANCIEN PEINT EN 1528 LUCAS CRANACH L'ANCIEN [DOMAINE PUBLIC], VIA WIKIMEDIA COMMONS
BIBLE & ACTUALITÉEXCLUSION 11 FÉVRIER 2016
Auteurs
Olivier Brès
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Déchéance et excommunication : des hérétiques aux terroristes


Dans ce texte, le pasteur Olivier Brès interroge notre volonté de prononcer au nom de nos valeurs républicaines une exclusion définitive de la nation.


Je suis un protestant, donc un hérétique, donc excommunié par l’Église catholique, hors de la communion et de la communauté de l’Église catholique. Je le savais, mais comme protestant cela ne m’importait pas beaucoup. Or j’ai découvert en lisant Wikipedia que des protestants excommuniaient toujours. Les réformés le faisaient du temps de Calvin et de Servet, et encore aujourd’hui certains groupes évangéliques usent de cette mesure d’exclusion.


Je suis allé sur Wikipedia parce que je me demandais quelles étaient véritablement l’histoire et la signification de l’excommunication. La question m’est venue à propos des discussions sur la déchéance de nationalité. Est-ce que nous devons entendre la déchéance de nationalité comme un équivalent de l’excommunication ? Est-ce que ce serait la traduction, civile et politique dans notre temps, des pratiques des Églises à l’époque où elles cherchaient à exercer une forme de pouvoir sur la société ? Est-ce que notre pays serait encore marqué par cette tradition de la mise à l’écart, de la répudiation de l’hérétique ?


Il y a un texte sur lequel s’appuient en général les pratiquants de l’excommunication, c’est celui de l’évangile de Matthieu (18,15-18). Il décrit les étapes à parcourir, les entretiens à proposer, individuellement puis à plusieurs, avant de pouvoir considérer « le frère qui a péché » comme « un incroyant » et un « collecteur d’impôts », c’est-à-dire de le mettre à distance.


Membres de notre humanité


Déjà il s’agit d’un « frère ». Voilà qui devrait au moins nous inciter à ne pas considérer les terroristes (que nous voudrions déchoir de notre nationalité) comme des « autres », radicalement distincts de nous, hors de notre humanité. Ils sont non seulement membres de notre humanité marquée par la violence et le mal, ils sont aussi les enfants de notre nation ou de notre société. Toute volonté d’effacer ce lien, de récuser une part de responsabilité dans ce qu’ils sont devenus, serait une illusion sur nous-mêmes.


Certains commentateurs de ce texte nous disent aussi que ce passage a été interprété abusivement comme une exclusion de l’Église, qu’il devrait être compris plutôt comme une mise en quarantaine, avant un éventuel changement. On peut en discuter.


En tout cas, les théoriciens catholiques de l’excommunication disent bien que, si celle-ci est une mise à l’écart de la communauté eucharistique, elle n’est pas un jugement définitif sur le salut éternel de l’excommunié. Il est seulement privé des biens spirituels de l’Église. Il est remis entre les mains de Dieu.


Voilà qui pourrait aussi interroger notre volonté de prononcer au nom de nos valeurs républicaines une exclusion définitive de la nation. S’il doit y avoir mise à l’écart de la société après condamnation judiciaire (ce qui ne fait pas de doute), doit-on considérer que la nation renonce à transmettre ou à rappeler ses valeurs à certains de ceux qui en sont membres de fait ?


Même s’ils le refusent d’une manière ou d’une autre ?


Nous devons nous poser cette question. Dans la mesure où l’absence de Dieu dans les représentations politiques de notre pays – que j’apprécie pleinement – ne permet plus de faire appel à une instance supérieure, il faut bien que la nation ou la République acceptent d’être cette instance qui assume d’accueillir ceux qui lui sont donnés.


Si nous ne le faisons pas, cela veut dire qu’il n’y a plus d’institutions appelées à construire la communion, à établir la fraternité, à faire société. Il n’y aurait plus de communion, de fraternité, de société possibles. Il n’y aurait que des individus en lutte contre d’autres, définitivement décidés à vivre séparés les uns des autres.
Ce n’est pas ce que nous indique le Christ de l’Évangile. Il va même jusqu’à appeler au pardon. Mais là, c’est une autre histoire !

http://reforme.net/une/religion/decheance-et-excommunication-heretiques-aux-terroristes

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Les huit guerres de religion (1562-1598),histoire,histoire de france,protestant,

12 Février 2016, 04:54am

Publié par hugo

Les huit guerres de religion (1562-1598)
Accueil > Histoire > Les huit guerres de religion (1562-1598)
La France connaît au XVIe siècle une fracture religieuse : la grande majorité du pays reste fidèle au catholicisme, tandis qu’une importante minorité rejoint la Réforme. Le principe de la coexistence de deux confessions dans le Royaume se révèle inapplicable. La guerre ne peut être évitée, signe de l’échec de la coexistence pacifique entre catholiques et protestants.


Huit guerres vont se succéder sur une durée de 36 ans, entrecoupées de périodes de paix fragile. Elles s’achèvent avec l’édit de Nantes (30 avril 1598) qui établit une dualité confessionnelle. Pendant la fin du règne d’Henri IV, assassiné en 1610, le roi fait respecter l’édit, ce qui protège les protestants.


1ère guerre (1562-1563)


Massacre fait à Cahors en Quercy (19 novembre 1561)
Massacre fait à Cahors en Quercy (19 novembre 1561) © Musée Calvin de Noyon
Le massacre par le duc François de Guise d’une centaine de protestants assistant au culte dans une grange de la ville de Wassy, le premier mars 1562, est considéré comme l’événement qui a déclenché la première guerre de religion. A l’appel de Louis de Bourbon, prince de Condé, les protestants prennent les armes. Condé s’empare d’Orléans le 2 avril.


La guerre s’étend à tout le royaume. Elle est marquée par des violences sauvages dans un camp comme dans l’autre. Les plus notables sont le fait – du côté protestant – du baron des Adrets en Dauphiné et en Provence, et – du côté catholique – de Blaise de Montluc en Guyenne.


La bataille de Dreux qui voit s’affronter les troupes de Condé et celles du connétable de Montmorency est à l’avantage des forces royales. Le duc de Guise met alors le siège devant Orléans tenu par les protestants (5 février 1563). C’est là qu’il est assassiné par Poltrot de Méré, un ancien conjuré d’Amboise.


Le 19 mars 1563 est signé l’édit de pacification d’Amboise négocié par Condé et le connétable de Montmorency.


2ème guerre (1567-1568)


Les chefs huguenots sont décidés à reprendre les armes dès l’automne 1567 et leur inquiétude devant l’influence grandissante du cardinal de Lorraine sur le jeune roi Charles IX les amène à envisager un coup de force pour soustraire le roi à cette influence. C’est ce que l’on a appelé la surprise de Meaux. Mais le roi, prévenu, déjoue cette tentative et, de Meaux, regagne Paris sous la protection des Suisses.


Plusieurs villes du Midi sont prises par les huguenots. Des violences surviennent de part et d’autre. A Nîmes, à la Saint-Michel, le 30 septembre 1567, c’est la Michelade : massacre de notables catholiques par les réformés nîmois. A Paris, assiégée par l’armée huguenote, ce sont les catholiques qui s’en prennent violemment aux huguenots.


L’armée de Condé s’empare de Saint-Denis et poursuit jusqu’à Dreux. Mais la bataille qui se livre à Saint-Denis le 10 novembre 1567 se termine à l’avantage des royaux, quoique le connétable Anne de Montmorency y soit mortellement blessé.


A l’issue de longues négociations, une paix est signée le 23 mars 1568, c’est l’édit de Longjumeau qui confirme l’édit d’Amboise.


3ème guerre (1568-1570)


Saint Barthélemy-24 août 1572
Saint Barthélemy-24 août 1572 © S.H.P.F.
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La paix de Longjumeau ne dure que cinq mois.


La guerre civile en France subit l’influence des événements internationaux, notamment de la révolte des sujets de Philippe II d’Espagne aux Pays-Bas, ceux qu’on a appelé les « gueux ». La terrible répression dont ils sont l’objet, menée par le duc d’Albe, au nom du roi Philippe II suscite en France une grande émotion. Les huguenots, à la recherche d’alliances extérieures, concluent un accord avec eux.


En outre, chaque camp bénéficie d’aides étrangères :


pour les protestants, celle du prince d’Orange et celle d’Élisabeth d’Angleterre qui finance l’expédition du comte palatin Wolfgang, duc de Deux-Ponts en Bourgogne au printemps de 1569 ;
pour les catholiques, celles du roi d’Espagne, du pape et du duc de Toscane.
Les combats qui se déroulent principalement en Poitou, en Saintonge et en Guyenne, sont marqués par deux victoires des catholiques : à Jarnac (13 mars 1569), le duc d’Anjou, futur Henri III, remporte une victoire sur le prince de Condé qui sera tué au cours de la bataille ; et à Moncontour, au nord du Haut Poitou (3 octobre 1569), au cours de laquelle l’Amiral de Coligny, blessé, réussit à s’enfuir.


En dépit de ces deux défaites, les huguenots ne sont pas découragés. Coligny remonte vers le nord et parvient jusqu’à La Charité-sur-Loire. En juin 1570, l’armée protestante l’emporta dans la bataille d’Arnay-le-Duc.


La paix qui s’en suivit est le signe d’un revirement politique à la cour où les modérés retrouvent leur influence et où celle des Guise recule.


Cet édit, signé à Saint-Germain le 8 août 1570, et qui a pour artisan principal le roi Charles IX, marque un retour à la tolérance civile. Il restitue la liberté de culte dans les lieux où il existait au premier août 1570.


En outre, les protestants obtiennent des places de sûreté : quatre pour deux ans : La Rochelle, Cognac, La Charité-sur-Loire et Montauban.


Le 22 août 1572, quatre jours après le mariage d’Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX qui avait provoqué la venue à Paris de nombreux nobles protestants, l’Amiral de Coligny est victime d’un attentat auquel il échappe de peu. La tension est grande dans Paris. Dans la nuit du 23 au 24 août, jour de la Saint-Barthélemy, un Conseil royal se réunit, au cours duquel il est décidé d’éliminer les principaux chefs huguenots. Coligny et d’autres gentilshommes protestants sont assassinés tant au Louvre qu’en ville. Cette exécution d’un nombre limité de chefs huguenots est suivie d’une tuerie sauvage qui va durer jusqu’au 29 août et fait dans Paris 4 000 tués. Le massacre se généralise et s’étend à la province où l’on dénombre quelque chose comme 10 000 tués.


Henri de Navarre et le prince de Condé sont épargnés parce que princes du sang, mais ils sont contraints à se convertir au catholicisme.


4ème guerre (1572-1573)


La violence qui s’est déchaînée contre eux pousse de nombreux réformés à abjurer ou à s’enfuir dans les pays du « Refuge » : Genève, la Suisse, les provinces septentrionales des Pays-Bas ou l’Angleterre. Mais, dans l’Ouest et le Midi, les combats reprennent. Nîmes et Montauban refusent des garnisons royales. Le siège est mis devant La Rochelle qui résiste. Le siège sera levé le 6 juillet 1573 et le roi accorde aux huguenots un édit de pacification, l’édit de Boulogne enregistré au parlement le 11 juillet 1573, édit moins avantageux que le précédent. Les protestants conservent la liberté de conscience mais n’obtiennent la liberté du culte que dans trois villes : La Rochelle, Nîmes et Montauban.


5ème guerre (1574-1576)


Le duc d’Alençon, jeune frère du roi, prend la tête d’un mouvement composé de protestants et de catholiques modérés. C’est l’alliance des « Malcontents » qui réclame une réforme de l’Etat, considérant que la tolérance du culte réformé est d’abord un problème de réforme politique.


Henri III, sacré roi le 13 février 1575, à la suite de la mort de Charles IX (30 mai 1574) refuse tout d’abord d’accéder aux requêtes des Malcontents, mais il est bien obligé de traiter avec eux par la suite, ses troupes étant très inférieures en nombre. Il signe à Etigny le traité de paix, appelé paix de Monsieur. L’édit du 6 mai, connu sous le nom d’édit de Beaulieu (6 mai 1576), atteste la victoire des Malcontents. Il permet l’exercice du culte réformé dans tous les lieux du royaume sauf à Paris et deux lieues alentour. En outre, les réformés reçoivent huit places de sûreté et des chambres mi-parties dans chaque parlement.


6ème guerre (1576-1577)


Dès le début, l’édit de Beaulieu est difficile à appliquer et suscite des résistances. Les catholiques hostiles se groupent en ligues défensives. Les états généraux convoqués à Blois se déroulent dans un climat très défavorable aux huguenots. L’abolition de l’édit de Beaulieu par l’assemblée provoque la reprise des conflits. Mais faute de secours financier de part et d’autre, la négociation s’impose. Un compromis est trouvé, ce sera la paix de Bergerac du 14 septembre 1577, confirmée par l’édit de Poitiers signé en octobre 1577.


7ème guerre (1579-1580)


En novembre 1579 la guerre reprend localement : le prince de Condé s’empare de La Fère en Picardie et en avril 1580, Henri de Navarre – alors chef du parti protestant depuis 1575-1576 – s’oppose aux provocations du lieutenant-général de Guyenne et prend possession de la ville de Cahors. Quelques conflits sporadiques ont encore lieu jusqu’à la signature du traité de Fleix, le 26 novembre 1580, qui confirme le texte de Poitiers. Les places de sûreté devront être rendues dans un délai de six ans, comme prévu à Poitiers.


8ème guerre (1585-1598)


Assassinat du Duc de Guise
Assassinat du Duc de Guise © B.P.U. Genève
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La mort de François d’Alençon, duc d’Anjou et dernier frère du roi (1584) fait d’Henri de Navarre l’héritier légitime du trône. Le rejet de cette candidature au trône de France suscite la constitution de la Ligue ou « Sainte Union » des catholiques dont le chef Henri de Guise impose au roi Henri III la signature du traité de Nemours (1585). L’édit qui en est tiré, enregistré au Parlement le 18 juillet 1585, est un reniement de la politique de tolérance civile. Il stipule que les calvinistes ont six mois pour choisir entre l’abjuration et l’exil, que les pasteurs sont bannis et que les places de sûreté doivent être rendues.


Il en résulte une forte diminution du nombre des protestants. Cependant Henri de Navarre, vainqueur à Coutras, tient encore les provinces du Midi. La Ligue prend le contrôle du Nord de la France.


A Paris, naît, indépendamment de la Ligue des princes, une ligue roturière qui s’allie à la première. Le 12 mai 1588, la ville se soulève : c’est la « journée des barricades ». Henri III doit s’enfuir. Il se réfugie à Blois et entame des négociations avec les ligueurs. Mais le pouvoir conquis par les Guise l’inquiète. Il veut à tout prix lutter contre la subversion qu’il redoute. Il décide de faire assassiner le duc Henri de Guise ainsi que son frère le Cardinal de Lorraine.


Henri III se rapproche alors d’Henri de Navarre. Leurs deux armées se joignent et montent vers Paris. Mais les Parisiens se déchaînent contre leur roi qui a fait alliance avec les hérétiques.


C’est alors, en 1589, qu’Henri III est assassiné par le moine ligueur Jacques Clément. Henri de Navarre devient roi sous le nom d’Henri IV, mais Paris est aux mains des ligueurs et le nouveau roi doit conquérir son royaume.


En mars 1590, la fameuse bataille d’Ivry ouvre au roi la voie au siège de Paris.


En 1593, Henri IV déclare son intention d’abjurer et de recevoir une instruction catholique. Il faudra le sacre royal à Chartres pour vaincre les réticences des Parisiens. Paris cède en 1594 et ouvre ses portes à Henri IV.


En 1595, Henri IV reçoit l’absolution du Pape et déclare la guerre à l’Espagne dont de nombreuses troupes venues pour soutenir la Ligue sont encore présentes en France.


En 1598, par le traité de Vervins, il obtient le départ des troupes espagnoles. Henri IV obtient aussi la soumission du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, qui s’était allié aux Espagnols.


L'édit de Nantes (30 avril 1598)


C’est à Nantes, en avril 1598, qu’Henri IV signe le fameux édit qui met un terme aux guerres de religion qui ont ravagé la France au cours d’une période de 36 ans. Cet édit est plus complet que les précédents. Il instaure la coexistence religieuse entre catholiques et protestants. Le culte réformé est autorisé dans tous les lieux où il existait en 1597 et l’accès à toutes les charges est garanti aux réformés.


Bibliographie
Documents
Édit de Nantes | Fichier
Généalogie des rois de France | Fichier
Généalogie de la famille de Guise | Fichier
Collectif, Chronologie des guerres de religions | Fichier
COTTRET Bernard, Édits, point de vue synoptique | Fichier
Livres
BOISSON Didier et DAUSSY Hugues, Les protestants dans la France moderne, Belin, Paris, 2006
CHRISTIN Olivier, La Paix de religion : l’autonomisation de la raison politique au XVIe siècle, Le Seuil, Paris, 1997
COTTRET Bernard, 1598, L’édit de Nantes, Perrin, Paris, 1997
CROUZET Denis, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion, Champ Vallon, Seyssel, 1990
GARRISSON Janine, Les protestants au XVIe siècle, Fayard, Paris, 1988
JOUANNA Arlette, La France du XVIe siècle, PUF, Paris, 1996
JOUANNA Arlette, JBOUCHER Jacqueline, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Laffont (Bouquins), Paris, 1998, p. 1526
LIVET G., Les guerres de religion, PUF, Paris, 1993
MIQUEL Pierre, Les guerres de religion, Fayard, Paris, 1980
PERNOT Michel, Les guerres de religion en France, SEDES, Paris, 1987
VRAY Nicole, La guerre des religions dans la France de l’Ouest : Poitou, Aunis, Saintonge, 1534-1610, Geste Editions, 1997
Notices associées
Le massacre de Wassy (1562)L'Édit de Nantes (1598)Henri IV (1553-1610)Massacre de la Saint-BarthélemyLa Saint-Barthélemy (24 août 1572)Gaspard de Coligny (1519-1572)
Parcours associés

http://www.museeprotestant.org/notice/les-huit-guerres-de-religion-1562-1598/

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Déchéance et excommunication : des hérétiques aux terroristes,histoire,protestants,reforme,

12 Février 2016, 04:39am

Publié par hugo

MARTIN LUTHER A ÉTÉ EXCOMMUNIÉ EN 1521 - ICI PEINT PAR LUCAS CRANACH L'ANCIEN PEINT EN 1528 LUCAS CRANACH L'ANCIEN [DOMAINE PUBLIC], VIA WIKIMEDIA COMMONS
BIBLE & ACTUALITÉEXCLUSION 11 FÉVRIER 2016
Auteurs
Olivier Brès
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Déchéance et excommunication : des hérétiques aux terroristes


Dans ce texte, le pasteur Olivier Brès interroge notre volonté de prononcer au nom de nos valeurs républicaines une exclusion définitive de la nation.


Je suis un protestant, donc un hérétique, donc excommunié par l’Église catholique, hors de la communion et de la communauté de l’Église catholique. Je le savais, mais comme protestant cela ne m’importait pas beaucoup. Or j’ai découvert en lisant Wikipedia que des protestants excommuniaient toujours. Les réformés le faisaient du temps de Calvin et de Servet, et encore aujourd’hui certains groupes évangéliques usent de cette mesure d’exclusion.


Je suis allé sur Wikipedia parce que je me demandais quelles étaient véritablement l’histoire et la signification de l’excommunication. La question m’est venue à propos des discussions sur la déchéance de nationalité. Est-ce que nous devons entendre la déchéance de nationalité comme un équivalent de l’excommunication ? Est-ce que ce serait la traduction, civile et politique dans notre temps, des pratiques des Églises à l’époque où elles cherchaient à exercer une forme de pouvoir sur la société ? Est-ce que notre pays serait encore marqué par cette tradition de la mise à l’écart, de la répudiation de l’hérétique ?


Il y a un texte sur lequel s’appuient en général les pratiquants de l’excommunication, c’est celui de l’évangile de Matthieu (18,15-18). Il décrit les étapes à parcourir, les entretiens à proposer, individuellement puis à plusieurs, avant de pouvoir considérer « le frère qui a péché » comme « un incroyant » et un « collecteur d’impôts », c’est-à-dire de le mettre à distance.


Membres de notre humanité


Déjà il s’agit d’un « frère ». Voilà qui devrait au moins nous inciter à ne pas considérer les terroristes (que nous voudrions déchoir de notre nationalité) comme des « autres », radicalement distincts de nous, hors de notre humanité. Ils sont non seulement membres de notre humanité marquée par la violence et le mal, ils sont aussi les enfants de notre nation ou de notre société. Toute volonté d’effacer ce lien, de récuser une part de responsabilité dans ce qu’ils sont devenus, serait une illusion sur nous-mêmes.


Certains commentateurs de ce texte nous disent aussi que ce passage a été interprété abusivement comme une exclusion de l’Église, qu’il devrait être compris plutôt comme une mise en quarantaine, avant un éventuel changement. On peut en discuter.


En tout cas, les théoriciens catholiques de l’excommunication disent bien que, si celle-ci est une mise à l’écart de la communauté eucharistique, elle n’est pas un jugement définitif sur le salut éternel de l’excommunié. Il est seulement privé des biens spirituels de l’Église. Il est remis entre les mains de Dieu.


Voilà qui pourrait aussi interroger notre volonté de prononcer au nom de nos valeurs républicaines une exclusion définitive de la nation. S’il doit y avoir mise à l’écart de la société après condamnation judiciaire (ce qui ne fait pas de doute), doit-on considérer que la nation renonce à transmettre ou à rappeler ses valeurs à certains de ceux qui en sont membres de fait ?


Même s’ils le refusent d’une manière ou d’une autre ?


Nous devons nous poser cette question. Dans la mesure où l’absence de Dieu dans les représentations politiques de notre pays – que j’apprécie pleinement – ne permet plus de faire appel à une instance supérieure, il faut bien que la nation ou la République acceptent d’être cette instance qui assume d’accueillir ceux qui lui sont donnés.


Si nous ne le faisons pas, cela veut dire qu’il n’y a plus d’institutions appelées à construire la communion, à établir la fraternité, à faire société. Il n’y aurait plus de communion, de fraternité, de société possibles. Il n’y aurait que des individus en lutte contre d’autres, définitivement décidés à vivre séparés les uns des autres.
Ce n’est pas ce que nous indique le Christ de l’Évangile. Il va même jusqu’à appeler au pardon. Mais là, c’est une autre histoire !

http://reforme.net/une/religion/decheance-et-excommunication-heretiques-aux-terroristes

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Le Pape François et les 500 ans de la Réforme,histoire,histoire de france,protestants,reforme,

12 Février 2016, 04:30am

Publié par hugo

LE PAPE FRANÇOIS NE SE POSE PAS EN SURPLOMB, MAIS EN FRATERNITÉ ET EN HUMILITÉ AVEC LES AUTRES DÉNOMINATIONS© NENEOS
ÉGLISE CATHOLIQUERELIGIONS 11 FÉVRIER 2016
Auteurs
Antoine Nouis
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Le Pape François et les 500 ans de la Réforme


Le pape François a annoncé sa venue à Lund, en Suède, en octobre 2016, pour lancer les 500 ans de la Réforme, l’occasion de revenir sur ses relations avec les autres Églises.


À lire


Exhortation apostolique
La Joie de l’Évangile
Pape François
Parole et Silence, 2013
235 p., 7,90 €.
Le nom de Dieu
est Miséricorde
Pape François
conversations
avec Andrea Tornielli
Robert Laffont/
Presses de la Renaissance, 2016
168 p., 15 €.
Le pape François a annoncé qu’il se rendrait à Lund, en Suède, pour marquer le lancement du cinq centième anniversaire de la Réforme. L’Église luthérienne suédoise est liturgiquement proche du catholicisme mais, pour les œcuménistes, le lieu évoque le principe de Lund qui déclare vouloir « faire ensemble tout ce que nous ne sommes pas obligés de faire séparément ». Il a été énoncé lors de la conférence de Foi et Constitution qui s’est tenue dans cette ville en 1952.


Dans le domaine œcuménique, l’attitude du pape marque un infléchissement par rapport à ses prédécesseurs. Jean-Paul II était polonais, pays dont l’histoire est marquée par le face-à-face avec la Russie. Son obsession était la relation avec l’Église orthodoxe. Benoît XVI, allemand, était plus habitué au dialogue avec les protestants, mais c’était avant tout un théologien. Dans ce domaine, on est arrivé à un point où le travail de réflexion a été fait. Les différences irréductibles ont été identifiées et on voit mal quels progrès accomplir, sauf à renoncer à ce qui fonde sa tradition. Le pape François s’est engagé dans un « œcuménisme de la charité, de la fraternité et de l’amitié ». Cet infléchissement a été formalisé dans son encyclique La joie de l’Évangile (2013) lorsqu’il écrit : « Si nous nous concentrons sur les convictions qui nous unissent et rappelons le principe de la hiérarchie des vérités, nous pourrons marcher résolument vers des expressions communes de l’annonce, du service et du témoignage. » Pour ce pape, la fraternité est plus importante que les différences doctrinales.


Il a mis en pratique ce principe en ayant des paroles fortes devant les responsables des autres dénominations.


Lorsqu’il est allé à Constantinople, il s’est incliné devant le patriarche Bartholomée en lui demandant de prier pour lui et pour l’Église de Rome : « Nous rencontrer, regarder le visage l’un de l’autre, échanger le baiser de paix, prier l’un pour l’autre sont des dimensions essentielles du chemin vers le rétablissement de la pleine communion. »


Ces prédécesseurs étaient très soucieux du lien avec les orthodoxes, mais le pape François a élargi cette ouverture aux protestants. Pour la première fois dans l’histoire de la papauté, il s’est rendu dans une église vaudoise et a déclaré : « En réfléchissant à l’histoire de nos relations, nous ne pouvons que nous attrister face aux querelles et aux violences commises au nom de la foi… De la part de l’Église catholique, je vous demande pardon pour les attitudes et les comportements non chrétiens, voire non humains que, dans l’Histoire, nous avons eux contre vous. » Dans la même veine, il s’est adressé avec une grande cordialité au pasteur Giovanni Traettino, de l’Église pentecôtiste de la réconciliation à Caserte. Encore une fois, il a demandé pardon pour les persécutions perpétrées à l’encontre des pentecôtistes à l’époque de l’Italie fasciste : « Je suis le pasteur des catholiques… Je vous demande pardon pour ces frères et sœurs catholiques qui n’ont pas compris qu’ils étaient tentés par le diable et qui ont fait la même chose que les frères de Joseph. Je demande au Seigneur qu’il nous donne la grâce de reconnaître et de pardonner. » Pour qualifier son attitude, le pasteur Luca Negro, qui préside la Fédération protestante d’Italie, parle « d’un œcuménisme à 360 degrés ».


Reprise théologique


Dans une perspective protestante, on ne peut reprocher au pape d’être catholique, mais nous pouvons saluer la façon dont il considère son ministère non en surplomb, mais en fraternité, et en humilité, avec les autres dénominations. Le principe protestant veut que l’Église soit seconde par rapport à la démarche de foi, c’est pourquoi nous pouvons recevoir le pape dans un véritable accueil fraternel, quels que soient les différends théologiques qui nous séparent de lui. D’autant que nous voulons relever deux points qui ne sont pas sans rappeler l’approche de Luther.


Le premier est qu’il se présente d’abord comme un pécheur pardonné. Dans son livre d’entretiens, Le nom de Dieu est miséricorde, son intervieweur a rappelé que lorsqu’il a rencontré les détenus à Palmasola, en Bolivie, il a déclaré : « Devant vous se trouve un homme à qui l’on a pardonné ses nombreux péchés. » Luther a écrit à son ami Melanchthon : « Sois un pécheur, et pèche vigoureusement ; mais, avec encore plus encore de vigueur, crois et sois heureux dans le Christ qui vaincra le péché, la mort et le monde… » Dans la même perspective, le pape cite ce propos de saint François de Salles : « En un certain sens, Dieu aime les défauts, parce qu’ils lui donnent l’occasion de montrer sa miséricorde et à nous de demeurer humbles, de comprendre et d’excuser les défauts de notre prochain. »


Le deuxième écho concerne l’importance de la conscience. À l’automne dernier, le pape a rendu visite à l’église luthérienne de Rome après le synode sur la famille, qui a rappelé la position de l’Église qui n’autorise pas à un protestant à communier. Il a été interpellé par une femme mariée à un catholique et qui lui disait son regret de ne pouvoir communier avec son conjoint. Il a alors répondu selon un témoin : « Faites ce que suggère votre conscience. Parlez avec le Seigneur et prenez votre responsabilité. » Comment ne pas penser à Luther qui, à la diète de Worms, a opposé sa conscience éclairée par l’Évangile aux autorités civiles et religieuses de son temps !


Le pape, les Vaudois et le pardon
Lorsque le pape François a visité l’Église vaudoise de Turin en juin dernier, il a demandé pardon pour le comportement que son Église avait eu vis-à-vis des Vaudois dans l’histoire. Dans sa réponse, le synode de l’Église a réagi très favorablement à cette démarche : « Dans votre demande de pardon, nous saisissons la volonté claire d’initier avec notre Église une histoire nouvelle. Nos Églises sont disposées et prêtes à écrire cette histoire qui est également nouvelle pour nous. »
Sur la question du pardon, le synode a rappelé un principe universel : « Cette nouvelle situation ne nous autorise pas à nous substituer à ceux qui ont payé de leur sang et avec d’autres souffrances leur témoignage à la foi évangélique, et à pardonner à leur place. » Plusieurs médias n’ont retenu que cette phrase en titrant que « L’Église vaudoise rejette le pardon demandé par le pape François », sans comprendre qu’il y avait derrière cette réponse un principe protestant. Si l’Église catholique considère, au nom de la communion des saints, qu’elle peut demander pardon pour les autres, dans une perspective protestante, le pardon ne peut être que le fruit d’une démarche individuelle.
La réponse de l’Église vaudoise était d’autant moins un refus à la demande du pape qu’elle se poursuivait par : « Pourtant, “là où le péché a abondé, la grâce a surabondé” (Rm 5,20), et cette grâce de Dieu est celle que nous croyons et confessons. »


A. N.

http://reforme.net/une/religion/pape-et-500-ans-reforme

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"Les chrétiens doivent continuer d'œuvrer pour la création",reforme,protestant,

20 Janvier 2016, 12:59pm

Publié par hugo



OPINIONSAPRÈS LA COP21 14 JANVIER 2016
Auteurs
Jean-Philippe Barde
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"Les chrétiens doivent continuer d'œuvrer pour la création"


Quel bilan peut-on tirer ? Une bonne préparation et une bonne gestion des travaux ont permis certaines avancées. Quant aux Églises, elles se sont fortement engagées.


On a raison de se féliciter des résultats de la COP21 qui a débouché sur l’objectif ambitieux d’un plafond de réchauffement à + 2 °C (et si possible + 1,5 °C) et un accord universel assez bien équilibré, même s’il comporte de notables lacunes et incertitudes. En particulier, les engagements actuels des pays nous situent sur une trajectoire de réchauffement de + 3 à + 3,6 degrés à l’horizon 2030, bien en deçà des objectifs affichés.


Le premier bilan des engagements « post COP21 » n’étant fixé que pour 2025, les risques de dérapage sont sérieux. Mais au-delà des questions que pose la mise en œuvre de l’accord de Paris, quelques réflexions complémentaires s’imposent.


Urgence d’une ratification rapide


À l’instar du Protocole de Kyoto (1997), pour entrer en vigueur, le nouveau traité de Paris devra être ratifié par un minimum de 55 pays représentant 55 % des émissions mondiales. Ce n’est qu’en 2005, soit huit ans plus tard, que le Protocole de Kyoto était effectivement entré en vigueur. Souhaitons que les délais soient beaucoup plus courts, mais la ratification par certains pays (on pense notamment aux États-Unis) ne sera pas facile.


Adapter les mécanismes institutionnels


À juste titre, on a souligné le rôle essentiel de l’équipe préparatoire française : un long cheminement de deux années et un travail considérable, diplomatique et technique. Il faudra pleinement exploiter ce retour d’expérience. Mais il n’est pas certain, même si ce n’est pas impossible, que les prochains importants rendez-vous de la communauté internationale seront aussi bien préparés et gérés.


Vingt-trois ans se sont écoulés entre la Convention de Rio sur les changements climatiques (1992) et le nouvel accord de Paris. Les précédentes COP furent, pour la plupart, plus que décevantes et les exploits se reproduisent rarement.


Dès lors, il faut se poser la question du cadre ou du mécanisme des futures négociations. Sur le total mondial annuel de 33 gigatonnes de CO2 déversés, les 34 pays de l’OCDE en représentent environ 37 %, les « BRICS » (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) 41 %, soit un total de 78 % des émissions mondiales. Même si l’accord de Paris souligne que la Conférence des Parties est « l’organe suprême de la Convention », le suivi et le renforcement des mesures de réduction des GES pourraient se concentrer au niveau d’un « noyau dur » constitué par un maximum des pays qui contribuent le plus au réchauffement.


L’efficacité énergétique n’est pas tout


Il ne faut pas oublier que le CO2 n’est pas le seul gaz à effet de serre (GES). Le méthane (CH4), essentiellement émis par l’agriculture (élevage et rizière), l’exploitation pétrolière et des gaz de schiste, les décharges de déchets, les fuites industrielles et minières contribuent pour environ un tiers au réchauffement, et les émissions sont en forte croissance. Une tonne de méthane contribue 84 fois plus au réchauffement qu’une tonne de CO2. Le changement climatique n’est pas seulement une remise en cause du modèle énergétique, mais aussi des pratiques agricoles, minières et de gestion des déchets. Une approche holistique, insuffisamment présente à la COP21, reste à développer.


Donner un prix au carbone


À la suite d’un lobbying actif des pays et autres acteurs pétroliers, la question de la fixation d’un prix du carbone est absente de l’accord de Paris qui, au contraire, souligne « l’importance des démarches non fondées sur le marché ». Pourtant, la communauté mondiale des économistes s’accorde sur le fait qu’un prix du carbone serait la démarche la plus efficace pour une réduction des émissions de CO2.


L’expérience de certains pays pionniers est probante. Par exemple, en Suède, où le carbone est taxé à 120 euros la tonne, les émissions de CO2 ont baissé de 17 % entre 1990 et 2007, alors que le PIB augmentait de 42 % (hors inflation).


La « justice climatique » n’est pas si simple


La question de la « justice climatique », c’est-à-dire d’une répartition équitable des efforts et des ressources financières entre les pays riches et les pays en développement, a été cruciale dans les négociations, notamment avec la constitution d’un fonds d’aide annuel de 100 milliards de dollars, à dater de 2020 (mais indéterminé au-delà de 2025). La question de la répartition de l’effort reste entière : elle concerne la répartition d’un « budget carbone » mondial déterminé par l’objectif d’un réchauffement limité à 2 degrés.


Or, sur la base de leurs intentions affichées, la Chine et les États-Unis s’accapareraient 70 % de ce budget pour 2030. En l’absence d’une révision des objectifs d’émissions, cette situation serait terriblement injuste.


Autre point : si l’on tient compte de l’ensemble des GES (notamment CO2, méthane et protoxyde d’azote), la contribution à l’effet de serre, au cours de ces trente dernières années, est partagée pour 44 % pour les pays du Nord et 56 % pour les pays du Sud.


Comme le soulignent Jean-Pierre Bompard et Olivier Godard (1), la prise en compte de l’ensemble des GES montre que ce sont les activités industrielles et agricoles (plus que la consommation des ménages) qui contribuent le plus aux émissions de GES. Dès lors, un nouveau calibrage des politiques est nécessaire.


Entretenir la mobilisation des Églises


La préparation et le déroulement de la COP21 ont suscité une remarquable mobilisation des Églises : jeûne pour le climat, campagnes de sensibilisation, réflexions théologiques, encyclique « Laudato Si », colloques, cérémonies œcuméniques, etc.


Après des décennies d’une relative léthargie et indifférence des Églises (variable selon les pays, mais particulièrement marquée en France), on ne peut que s’en féliciter. Le défi est maintenant de garder les lampes pleines et allumées, car on peut craindre que, passée l’euphorie de la COP21, la flamme ne s’éteigne ou ne pâlisse. D’autant plus que le changement climatique, aussi important et emblématique soit-il, n’est pas, et de loin, la seule menace qui pèse sur la planète.


Citons notamment la perte de biodiversité (la Convention des Nations unies sur la biodiversité signée à Rio en 1992 peine aussi à s’appliquer) ; mais aussi la raréfaction et l’inégale répartition des ressources en eau, la déforestation et la multiplication des produits chimiques.


Tout en veillant à ce que la lutte contre le réchauffement continue à se renforcer, les Églises doivent pleinement se mobiliser sur l’ensemble de ces défis et menaces.


C’est notre responsabilité de chrétiens de ne pas baisser la garde et de continuer d’œuvrer pour la protection de la création. La tâche est immense.


(1). J.-P. Bompard et O. Godard : « En matière de justice climatique, attention aux faux arguments ! », Le Monde, 11 décembre 2015.

http://reforme.net/une/societe/chretiens-doivent-continuer-doeuvrer-creation

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Un an après les attentats, un pardon possible,protestants,charlie hebdo,

8 Janvier 2016, 02:31am

Publié par hugo

MARCHE EN HOMMAGE AUX VICTIMES DES ATTENTATS DE JANVIER 2015© "LA MARCHE"/GUILLAUME HIGHWIRE/CC BY 2.0 VIA FLICKR
UN AN APRÈSSOCIÉTÉ 7 JANVIER 2016
Auteurs
Marie Lefebvre-Billiez
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Un an après les attentats, un pardon possible


S’il prend du temps et ne va pas de soi, le pardon peut se frayer un chemin après des actes terroristes.


À lire


Peut-on tout pardonner ?
Olivier Clerc
éd. Eyrolles, 2015.
Pardonnable, impardonnable
Valérie Tong Cuong
éd. JC Lattès, 2015.
Le livre du pardon
Desmond Tutu
éd. Trédaniel, 2015.
Le don du pardon
Olivier Clerc
éd. Trédaniel, 2010.
blog.olivierclerc.com
cerclesdepardon.fr
Il y a un an, après les attaques terroristes qui ont décimé sa rédaction, Charlie Hebdo publiait une Une improbable : la larme à l’œil, Mahomet arborait une pancarte « Je suis Charlie » et l’hebdomadaire titrait : « Tout est pardonné ». En novembre dernier, après les nouveaux attentats de Paris et Saint-Denis, une manifestation spontanée de cinq mille personnes défilait dans les rues de Rouen, sous la pancarte : « Ni oubli, ni pardon, stop Daech ». Au même moment, Antoine Leiris, un jeune veuf ayant perdu sa femme dans les attentats du 13 novembre, publiait sur Facebook une tribune partagée plus de 230 000 fois, et traduite en anglais par BBC, intitulée : « Vous n’aurez pas ma haine. » Il écrivait : « Non, je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. »


Autant de prises de position bouleversantes qui posent la question du pardon face à des actes aussi barbares que des attentats terroristes. Est-il possible de l’envisager, même d’en parler, dans des conditions si dramatiques ? Olivier Clerc a consacré deux ouvrages à ce sujet : Le don du pardon et Peut-on tout pardonner ? Il est l’initiateur en France d’une soixantaine de cercles de pardon, et organise tous les ans des « Journées du pardon » lors desquelles il invite de grands témoins. En 2014, il a reçu Ginn Fourie, qui a perdu sa fille dans un attentat terroriste en Afrique du Sud en 1993. Après un temps de deuil nécessaire, elle est entrée dans une démarche de justice restaurative avec le commanditaire des attentats ; ensemble, ils ont fondé une association pour promouvoir le pardon et la réconciliation. Selon Olivier Clerc, le pardon est « un processus visant à permettre aux victimes de guérir leur cœur, de se libérer de l’étau de la haine, de revivre un jour. Cela demande du temps, mais représente un formidable espoir : on n’est pas condamné à vivre indéfiniment dans l’enfer émotionnel ».


Terroristes repentis


Frédéric Rognon, professeur de philosophie des religions à la faculté de théologie protestante de Strasbourg, et président de la commission « Justice et aumônerie des prisons » de la Fédération protestante de France, renchérit : « Bien sûr, d’un point de vue chrétien, le pardon est possible face à des actes terroristes. Mais attention, cela ne signifie pas qu’il soit facile, rapide ni qu’il doive être galvaudé ou banalisé. Le pardon demande du temps et requiert un profond travail intérieur. Accordé trop rapidement et avec désinvolture, il s’apparenterait à un refoulement, à un pseudo-oubli : alors gare au retour du refoulé ! »


De plus, pour le philosophe, « la Bible est très claire : il faut que le pardon soit demandé par l’offenseur pour être accordé par l’offensé ». S’il existe des exemples de terroristes repentis – le gouverneur George Wallace, farouche adversaire de Martin Luther King, repenti à la fin de sa vie, qui a embauché de très nombreux Noirs américains dans son administration, ou encore des néonazis allemands –, les terroristes ayant agi en France en 2015 sont soit morts soit « enfermés dans leur radicalité ». Que faire, alors ? « Offrir son désir de pardon à Dieu. Et c’est le Dieu d’amour qui accueille le pardon (de l’offensé), le libérant ainsi du poids de l’offense. »


Ne plus être un fantôme


Olivier Clerc diffère sur ce point de Frédéric Rognon : « Croire que l’on ne peut parvenir au pardon qui si l’agresseur commence par nous demander pardon revient à donner tout pouvoir à l’autre et à se mettre soi-même en situation d’impuissance et de passivité. En réalité, on peut cicatriser son cœur, quoi que l’autre fasse ou non, quoi qu’il dise ou pas. » Pour y parvenir, Olivier Clerc organise des cercles de pardon dans lesquels un inconnu vous demande pardon à titre symbolique, et « du fait de la dimension transpersonnelle du processus à l’œuvre », le pardon peut se frayer un chemin jusqu’à celui qui désire l’accorder.


D’ailleurs, il constate dans les témoignages reçus de personnes l’ayant vécu, que parfois, « le pardon n’est pas une option, mais une obligation : c’est pardonner ou mourir de chagrin, n’être plus qu’un fantôme vivant. Il est certain que, grâce au pardon, au lieu d’être seulement victime d’un passé terrible, on peut le transformer et en faire quelque chose de beau et d’utile à tous ».


Pour autant, Olivier Clerc estime qu’il « n’est pas en notre pouvoir de pardonner », que c’est « quelque chose qui nous dépasse totalement ». Il remarque : « Jésus sur la croix, tout Christ qu’il était, n’a pas dit : “Je vous pardonne, vous ne savez pas ce que vous faites”, mais bien : “Père, pardonne-leur…” Il ne s’est pas mis en position de pardonner, mais il a fait appel à plus grand que lui. » Un chemin qu’Olivier Clerc nous exhorte tous à suivre, notamment en cette année 2016, déclarée pour l’Église catholique, « Jubilé de la miséricorde ».

http://reforme.net/une/societe/an-apres-comment-vivre-ensemble-pardon-possible

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Une Europe centrale égoïste,protestant,racisme,

20 Septembre 2015, 16:01pm

Publié par hugo

LE PREMIER MINISTRE HONGROIS VIKTOR ORBAN© EUROPEAN PEOPLE'S PARTY/CC BY 2.0 VIA FLICKR
MONDEEUROPE CENTRALE 17 SEPTEMBRE 2015
Auteurs
Jean-Noël de Bouillane de Lacoste
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Une Europe centrale égoïste


Jean-Noël de Bouillane de Lacoste décrypte l'attitude de cette partie de l'Europe hostile à tout accueil des réfugiés.


Le 4 septembre, les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du « groupe de Visegrad » (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie), réunis à Prague, ont fait connaître leur refus des « quotas » obligatoires proposés par la Commission européenne pour accueillir les quelque 160 000 migrants présents en Europe dans des conditions précaires. Ils ont confirmé ce refus à leur collègue allemand venu tenter de leur faire entendre raison. Leur motivation ? « Garder le contrôle du nombre des réfugiés qu’ils accepteraient ». Leur nombre, et aussi, sans le dire, leur qualité...


Cette attitude, qui fait bon marché du double devoir de solidarité de ces États, à la fois vis-à-vis des migrants et vis-à-vis des autres États membres de l’Union européenne, est choquante. Mais elle n’est pas sans explication.


Il est clair que l’arrivée en masse de demandeurs d’asile venus de l’autre côté de la Méditerranée constitue pour ces pays, aux populations relativement homogènes, un événement inquiétant. On sent, dans les propos des responsables de ces pays, une extrême réticence à l’égard des populations du Proche et du Moyen-Orient, dont le Haut Commissaire pour les réfugiés évalue à 400 000 cette année et 450 000 l’an prochain le nombre des migrants.


Racisme ordinaire


Cette hostilité, qui relève du racisme ordinaire, s’exprime par un argument évidemment irrecevable : ce sont des musulmans, ils n’ont pas leur place chez nous.


C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre slovaque en se disant prêt à accueillir « 200 chrétiens » puisqu’il n’y avait pas de mosquées dans son pays... Et son collègue hongrois d’invoquer une menace à « l’identité de l’Europe chrétienne », ce qui a amené le président polonais du Conseil européen à lui répondre que le christianisme devait bien plutôt nous amener à « aider nos frères dans la détresse ».


Ce même Premier ministre hongrois, Viktor Orban, s’est singularisé en dotant ses 175 kilomètres de frontières avec la Serbie de grillages et de rouleaux de fil de fer barbelé, surveillés par l’armée. Cette initiative, approuvée il faut le dire par une majorité de ses compatriotes, est venue illustrer sa vision d’une Europe forteresse, à l’opposé de cette terre d’asile à laquelle aspirent tant de rescapés de pays en guerre et de traversées hasardeuses.

http://reforme.net/une/monde/europe-centrale-egoistean

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Du climat aux réfugiés, choisir la vie,protestant,reforme,

20 Septembre 2015, 15:53pm

Publié par hugo

"Accueillerons-nous ces personnes, ces individus, ces êtres humains, ces prochains ? Avec des pierres ou avec des fleurs ?"© James Gordon (réfugiés irakiens à Damas, en Syrie) [CC BY 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons


Bible & actualitéUrgence 17 septembre 2015


Auteurs


Marie-Odile Wilson


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Du climat aux réfugiés, choisir la vie


Environnement et réfugiés, l’heure du choix. Un texte de Marie-Odile Wilson, pasteure de l'Église protestante unie de France en Corse.


Seule dans ma voiture l’autre jour, j’ai entendu la « boutade humoristique » – ce sont ses propres mots – de monsieur Devedjian : « Les Allemands nous ont pris nos juifs, ils nous rendent des Arabes. » J’ai poussé un cri horrifié. J’ai repensé à cette leçon de Jésus : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui rend l’homme impur. » Le poids des mots ! Voilà en tout cas une plaisanterie qui pour moi n’en est pas une, et j’ai beau faire, je reste horrifiée par ce qu’elle véhicule de négation de la souffrance.


Dans cette époque agitée qui est la nôtre, la tentation des petites phrases est grande, au cœur du tohu-bohu médiatique, le besoin d’être vu, connu, reconnu (élu ?) conduit à la surenchère. Il y a donc ceux qui parlent, à tort et à travers parfois.


Et, Dieu merci, il y a ceux qui agissent. L’urgence nous presse de toute part. Il est temps. Les appels de nos Églises se multiplient, émanant de la FPF, de nos conseils régionaux, du pape. Les champs d’action sont circonscrits : l’urgence est à la sauvegarde de la création, l’urgence est à l’accueil des défavorisés, sans distinction. Et les initiatives fleurissent : assises chrétiennes de l’écologie à Saint-Étienne en août, qui ont réuni 2 000 personnes, autour d’un contenu, de l’aveu même d’une participante, d’une grande richesse, d’une grande variété, d’une grande spiritualité.


Ne plus tergiverser


Et des communes qui se mobilisent pour accueillir des migrants, avec des retombées heureuses inattendues, ici une école qui ne fermera pas, un village redynamisé. Là, un monastère désaffecté qui, en 24 heures, a pu être remis sommairement en état, et équipé de 80 lits. Ailleurs, des gens se rassemblent, de tous horizons, confessionnels ou non, avec le désir de faire quelque chose.


L’urgence nous pousse, l’urgence nous met debout, c’est l’heure du choix. Un choix aussi radical que celui que pose Dieu dans le Deutéronome : « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance. » Il s’agit de choix qui engagent notre postérité. C’est fondamental à entendre.


Pourtant dans ce maelström d’émotions qui m’agite depuis quelques mois, une graine d’espérance est profondément enracinée dans mon cœur. Car, dans l’urgence de si belles choses ont été accomplies au cours des âges, dont nous goûtons encore les fruits : des réveils sociaux dans nos Églises ont été porteurs de grandes réalisations en œuvrant auprès des plus petits, comme l’Armée du Salut, la Fondation John-Bost, la Cimade et j’en passe.


L’urgence est là. Il nous faut choisir. Il n’est plus temps de tergiverser. Le passage du Deutéronome cité plus haut se poursuit ainsi : « En aimant le Seigneur, ton Dieu, en l’écoutant et en t’attachant à lui. » Et un certain Jésus de Nazareth accrochait solidement entre eux l’amour de Dieu et l’amour du prochain. L’un n’irait donc pas sans l’autre ? Il n’est plus temps de se poser douillettement la question. Il est temps de témoigner, en action.


Et parce que je ne vois pas de meilleure manière de vaincre la peur qui nous étreint devant le flot qui se presse à nos portes que de l’anticiper : accueillerons-nous ces personnes, ces individus, ces êtres humains, ces prochains ? Avec des pierres ou avec des fleurs ?


Pour éviter cette submersion dont certain(e)s nous menacent, n’est-il pas plus que temps de choisir la vie ? Celle de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants, qu’ils soient déjà là, depuis longtemps ou non, ou encore à venir, car il n’y a pas à choisir entre les solidarités, c’est la raison pour laquelle nous nous devons de nous lever en masse, pour notre terre, pour nos frères et sœurs, en nous réjouissant d’avance, dans l’espérance d’un tel mouvement, de ce que la vie, alors, nous déversera, à foison, comme bénédictions.
http://reforme.net/une/religion/climat-aux-refugies-choisir-vie

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Les étrangers, une mauvaise cible,protestant,reforme,racisme,

5 Août 2015, 01:19am

Publié par hugo

DES RÉFUGIÉS SYRIENS AU KURDISTAN IRAKIEN, EN JANVIER 2014© UN PHOTO/FABIENNE VINET
BIBLE & ACTUALITÉBIBLE ET ACTUALITÉ 23 JUILLET 2015
Auteurs
Nathalie Chaumet
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Les étrangers, une mauvaise cible


Nathalie Chaumet, pasteure de l'Église protestante unie au Vésinet, met en garde contre la suspicion qui préside aujourd'hui à l’accueil des étrangers.


Lundi 20 juillet, un projet de loi a été présenté à l’Assemblée nationale, celui de la réforme du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile). Certains points paraissent positifs notamment l’établissement d’une carte pluriannuelle qui devrait permettre de sécuriser la situation de ses détenteurs et de favoriser ainsi leur accès au logement et à l’emploi, tout en désengorgeant les services administratifs. Par ailleurs, l’assignation à résidence devrait être développée pour limiter le recours aux centres de rétention.


Mais d’importants points de vigilance demeurent et certaines mesures nouvelles inquiètent, notamment le recours possible par les préfets d’obtention d’informations auprès d’un certain nombre d’interlocuteurs (banques, EDF, administration scolaire…) pour vérifier la situation des bénéficiaires de ce titre. Dans ce sens, la Cimade a publié ce 17 juillet un communiqué dénonçant des mesures qui s’inscrivent malgré tout dans la continuité du durcissement mis en place dans les années précédentes. Si le gouvernement communique largement autour du passeport talents qui permettra aux étrangers très qualifiés de venir travailler plus facilement en France, l’obtention du fameux sésame pour les personnes plus fragilisées demeurera sans doute tout aussi difficile.


Le fameux proverbe « on ne prête qu’aux riches » s’applique également en matière d’immigration.


Les enfants en première ligne


Il nous faut ainsi maintenir notre vigilance à l’égard de ceux qui, au terme d’un parcours harassant, viennent ici quêter une place où vivre. Épuisés physiquement et psychologiquement pour avoir tout quitté parfois au péril de leur vie, ils quémandent cette hospitalité inscrite dans la loi du Lévitique (19,34), dépendants du moindre geste solidaire.


Parmi eux, les enfants, marqués par une errance de tous les dangers, nécessiteraient notamment des soins attentifs pour enrayer à la racine la violence qui risque de les guetter en retour. Bien peu obtiendront le titre de séjour tant espéré, grossissant ainsi le nombre des anonymes, de ceux et celles qui, ayant tout risqué, ne repartiront pas.


Ils contribueront à développer les camps qui s’installent au cœur ou à la périphérie de nos cités, faisant apparaître au grand jour la misère de nos rues. Plus dures seront les mesures à l’égard des plus démunis, plus criante sera en retour notre impuissance à endiguer leur flot.


Le danger pour l’évolution de notre société ne vient pourtant pas de la personne étrangère mais de la difficulté de notre système à susciter ce sentiment précieux d’appartenance et de reconnaissance qui procède de l’élaboration identitaire, quelle que soit notre origine.


Selon un article du Monde daté de 2013 (1), plus de 900 000 jeunes inactifs se disaient découragés de tout. En quête d’identité, certains, parfois sans difficultés scolaires, vont alors chercher dans un radicalisme dit religieux le masque d’un visage qui n’est pas le leur. Les menaces intégristes nous montrent ainsi que si le chômage est un facteur de perte identitaire, le savoir n’est pas pour autant la garantie d’un savoir-être. Pour faire face à ce vide identitaire, c’est bien à travailler sur notre vivre ensemble que nous devons agir.


Le maillage associatif


Parmi les pistes qui s’offrent à nous, le maillage associatif, réduit comme une peau de chagrin faute de crédits, a autrefois fait ses preuves. En luttant contre l’isolement, en favorisant la rencontre entre communautés, en permettant l’engagement autour de projets collectifs sociaux, sportifs ou artistiques qui dessinent une place à leurs acteurs, il est un levier simple mais efficace de lutte contre le sentiment de déshérence individuelle et collective.


Aujourd’hui, c’est dans ce travail de vivre ensemble et d’intégration que nous devons engager nos forces.


(1). Le Monde, 1er juin 2013.

http://reforme.net/une/societe/etrangers-mauvaise-cible

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