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protestants

Une brève histoire du protestantisme,protestant,histoire,histoire de france

2 Juillet 2015, 00:18am

Publié par hugo

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Culture > Histoire
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Une brève histoire du protestantisme






Vous trouverez dans cette page:


Quelques mots sur l'origine du Protestantisme


Les événements marquantsde l'histoire du protestantisme en France


Une galerie de portraitsde réformateurs


Vous trouverez par ailleurs une histoire du temple de l'Etoile





Quelques mots sur l'origine du Protestantisme
Le protestantisme est une confession chrétienne, l'histoire du Christianisme est bien entendu basée sur la vie et les paroles de Jésus de Nazareth, que nous reconnaissons comme notre Seigneur. La source principale de notre connaissance de Jésus-Christ est un ensemble de livres constituant le Nouveau Testament. Cela est commun aux chrétiens de toute confession et de tout pays.


La Réforme est une recherche de fidélité au message évangélique. Bien des réformes ont eu lieu plus ou moins en douceur au cours des siècles. Et c'est sans cesse que nous sommes appelés à nous "réformer", tant il est vrai que le Christ est plus "un chemin" qu'un but qui serait déjà atteint par quiconque.


Le Christianisme a en commun avec le Judaïsme la Bible hébraïque, ce que nous appelons l'Ancien Testament. Ce recueil de textes qu'est la Bible Hébraïque intègre plusieurs courants sensiblement différents qui se complètent et s'opposent. En ce sens la Bible est le témoin d'une communauté vivante, qui dialogue et qui cherche.


À la suite du Christ de nouveaux textes ont été écrits pour rendre compte de la vie et du message du Christ (l'Évangile). La tradition a retenu 29 textes qui forment le Nouveau Testament, ils ont été reliés avec les 35 textes de la Bible hébraïque pour former la Bible. Le Nouveau Testament est lui-même pluraliste, il n'y a pas un unique témoin officiel de l'Évangile, mais 4 livres (les évangiles de Jésus-Christ selon Matthieu, Marc, Luc et Jean) qui sont issus de 4 communautés, plus des textes de Paul et d'autres témoins de la foi chrétienne. Le ton et le point de vue sont sensiblement différents, mais tous parlent du même Jésus-Christ, et de ce qu'il a apporté à l'humanité toute entière.


Et comme dans la Bible, il existe une diversité de point de vue pour rendre compte de ce qui nous fait vivre, le protestantisme a proposé à tout homme, toute femme de lire soi-même la Bible pour mener sa propre recherche. Souvent cela a même voulu dire apprendre à lire, parce que c'est indispensable pour lire soi-même la Bible! Si cette lecture est personnelle, elle n'est pas solitaire:


La réforme justifie l'audace de cette liberté en comptant d'abord sur l'action de l'Esprit-Saint. Quand on lit la Bible dans un esprit de prière, la personne la plus isolée n'est pas seule, elle est en relation avec Dieu.


Il y a aussi la famille, et la Bible a souvent été lue en famille (malheureusement, c'est moins le cas maintenant, pour l'instant?). Il y a enfin l'église, c'est à dire la communauté de ceux qui se rassemblent pour lire la Bible et rendre un culte à Dieu. La prédication, l'étude Biblique y tient une grande place.





À la fin du XVe siècle, l'invention de l'imprimerie a permi un bien plus large accès aux livres et en particulier à la Bible, qui est le premier livre imprimé par Gutenberg (voir la photo d'un exemplaire ci-contre) et qui demeure depuis le livre le plus diffusé dans le monde.


On retouve cette démarche de retour aux textes et de réflexion personnelle dans la démarche de réforme qui a été commencée au XVIe siècle par Luther, et continuée en France et à Genève par Calvin et Théodore de Bèze.


Notre Église Réformée est issue, historiquement, de ce mouvement (voir les portraits de ces hommes un peu plus bas)





Les événements marquants de l'histoire du protestantisme en France


L'histoire du protestantisme en France se divise en 5 grandes périodes :


Des origines à 1598
Favorisées par le climat de liberté intellectuelle de la Renaissance, les idées de Luther et de Zwingli pénètrent en France ; le Noyonnais Jean Calvin (1509-1564) les approfondit et en propose un exposé systématique dans " l'Institution de la Religion Chrétienne " (1536). Exilé à Genève, il accompagne le développement des Églises réformées qui rassemblent à leur apogée 15 à 20 % des Français. Les Guerres de Religion (1562-1598) opposent les catholiques et les protestants dans des affrontements sanglants (massacres de la Saint-Barthélémy en 1572). Malgré la victoire du chef protestant Henri de Navarre – le futur Henri IV – le courant réformé est amoindri et restera très minoritaire.


De 1598 à 1685
L'Édit de Nantes promulgué par Henri IV (converti au catholicisme) est un compromis garantissant à la minorité protestante des droits politiques et militaires, tout en la privant de toute possibilité d'expansion religieuse. Les rois Louis XIII et surtout Louis XIV entameront les libertés protestantes, avant de déclencher de féroces persécutions (" les dragonnades ") : les protestants abjurent en masse et Louis XIV en tire prétexte pour révoquer l'Édit de Nantes (1685).


De 1685 à 1787
C'est la période la plus sombre du protestantisme français : le culte est interdit, les temples rasés, les pasteurs emprisonnés ou exécutés. 200 000 protestants choisissent l'exil dans les pays voisins (Europe du Refuge) ; dans les Cévennes, la révolte des Camisards est une aventure héroïque sans lendemain. Entre soumission apparente et clandestinité (" culte au Désert" ), une poignée de fidèles maintiennent la flamme du protestantisme. Progressivement, l'influence des idées des Lumières atténue les persécutions : " toléré " administrativement en 1787, le protestantisme français ne retrouve sa liberté qu'en 1789.


De 1787 à 1905
" Les Articles Organiques " de 1802 réorganisent les Églises réformées et luthériennes (surtout en Alsace et au Pays de Montbéliard). Bien réinsérés dans la société française, les notables protestants participent activement à son développement économique et social ; plus à la base, un mouvement de Réveil spirituel ranime et reévangélise mais les divisions entre " orthodoxes " (restés strictement fidèles aux Réformateurs) et " libéraux " (plus modernistes) séparent les Églises.


De 1905 à nos jours
Acquis de longue date aux principes de la laïcité, le protestantisme accepte la Séparation des Églises et de l'État (1905) et s'organise au sein de la Fédération Protestante de France. Les familles réformées s'unissent presque toutes en 1938 autour d'une Déclaration de Foi commune, constitutive de l'Église Réformée de France. Depuis 1945, le protestantisme français suit les mutations de la société ; conscient de sa précarité, il reste néanmoins vivace et capable de faire entendre la voix de sa différence.
ces notes sont issue du site de l'ERF








Voici quelques portraits de nos ancêtres:





D'abord, pour une vue d'ensemble rafaîchissante: le célèbre "mur des réformateurs" à Genève. Avec, Calvin et ses collègues.
reformateurs2
calvin
Calvin le grand réformateur français


Pour en savoir plus...


luther
Luther


le premier des grands réformateurs
Pour en savoir plus...


beze
Théodore de Bèze,
théologien - poète,
a continué le travail de Calvin, et de Clément Marot (pour la Mise en Rime Françoise des Psaumes de la Bible).
Pour en savoir plus... zwingl
Zwingli


a commencé a faire bouger l'Eglise à peu près en même temps que Martin Luther.


Pour en savoir plus...





Vous trouverez là une histoire du temple de l'Etoile





Pour d'autres figures du protestantisme,


voir le site Soli Deo Gloria


Le Musée Virtuel du Protestantisme Français


http://www.genealogie-lorraine.fr


http://francegenweb.org


http://huguenots-france.org


http://www.eretoile.org/Culture/histoire.html

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John Wyclif,protestants,histoire,

1 Juillet 2015, 22:31pm

Publié par hugo

John Wyclif
John Wyclif
Description de l'image Wyclif, John.jpeg.
Données clés
Naissance vers 1331
Drapeau : Angleterre Ipreswell, (Yorkshire)
Décès 31 décembre 1384
Drapeau : Angleterre Lutterworth, Leicestershire
Profession
théologien
modifierConsultez la documentation du modèle


John Wyclif (ou Wycliff, Wycliffe, ou encore Jean de Wiclef) (v. 1331-1384)1 est un théologien anglais et précurseur de la Réforme anglaise, et plus généralement de la Réforme protestante.


Sommaire [masquer]
1 Biographie
1.1 Origines
1.2 Carrière professorale et bénéfices ecclésiastiques
1.3 Dernières années
2 Théories de Wyclif
2.1 Conceptions philosophiques
2.2 Conceptions politiques
2.3 Conceptions théologiques
2.3.1 Face à l'autorité de fait, l'autorité de la sainteté
2.3.2 Face à l’Église visible des baptisés, l’Église invisible des prédestinés
2.3.3 Des pouvoirs spirituels conditionnels
2.3.4 La Sainte Écriture comme seule et ultime source de la Révélation
2.3.5 Le retour à un christianisme idéal
2.3.6 Le rejet de la transsubstantiation
3 Controverses et condamnations
3.1 Du vivant de Wyclif
3.2 Après sa mort
4 Principaux écrits
5 Postérité
6 Notes et références
7 Voir aussi
7.1 Articles connexes
7.2 Liens externes
Biographie[modifier | modifier le code]
Origines[modifier | modifier le code]
La date et le lieu de naissance de John Wyclif sont incertains.


L'obtention en 1356 du grade de "bachelier des arts" ("Bachelor of Arts"), décerné par le Merton College de l'Université d'Oxford, permet de penser qu'il est né en 1335 ou 1338 au plus tard2. Certains historiens font remonter sa naissance à 1320-303, 13284 ou 13305.


Il est probablement né dans le Yorkshire. Certains veulent y voir un membre de la famille de Wycliffe, issue du village du même nom, près de Richmond dans le North Riding2.


Carrière professorale et bénéfices ecclésiastiques[modifier | modifier le code]
John Wyclif, quoique titulaire de plusieurs bénéfices, réside principalement à Oxford de 1356 à 1381. C'est là qu'il étudie la théologie, avant de devenir professeur de théologie lui-même.


Wyclif obtient en 1356 le grade de "bachelier des arts" ("Bachelor of Arts") au Merton College, puis celui de "maître" ("Master") en mai 1360 au Balliol College2.


En 1361, il est fait titulaire de la cure de Fillingham, dans le Lincolnshire. S'il y réside peut-être quelque temps, il en est surtout un bénéficier non-résident2. Il devient également chanoine de Westbury-on-Trym, dans le Gloucestershire, avec la prébende d'Aust, en 1362 ; il conserve probablement cette charge jusqu'à sa mort2.


En 1363, il est dispensé de résidence pour un an afin d'étudier la théologie à Oxford2.


En décembre 1365, l'archevêque Simon Islip le nomme doyen ("Warden") de Canterbury College à Oxford. Cet office lui est retiré deux ans plus tard par l'archevêque Simon Langham, successeur de Simon Islip, qui désire rendre le collège aux bénédictins qui en étaient chargés à l'origine. Sa cause ayant été rejetée en appel à Rome, Wyclif doit renoncer à son poste en 13702.


En 1368, il ajoute à ses autres bénéfices celui de recteur de Ludgershall, dans le Buckinghamshire. Il est cependant dispensé de résidence pour deux ans afin d'étudier la théologie à Oxford. Il conserve cette charge jusqu'à sa mort2.


Il a déjà commencé à enseigner la théologie à Oxford lorsqu'il reçoit le grade de docteur en théologie, en 1371 ou 13722.


Professeur de philosophie et de théologie très estimé, Wyclif conçoit et enseigne des théories révolutionnaires qui suscitent de violentes controverses et plusieurs condamnations successives. Son aura (partisans comme adversaires le considèrent alors comme le seul grand théologien de sa génération en Angleterre) et ses appuis politiques le protègent longtemps2, mais cessent brutalement après la publication en 1380-1381 de son traité sur l'Eucharistie (De eucharistia), dans lequel il conteste la doctrine de la transsubstantiation6.


Il se retire en 13796 ou 13812 à Lutterworth dans le Leicestershire, rectorat dont il possède la charge depuis 13742.


Dernières années[modifier | modifier le code]
Wyclif poursuit alors l'intense activité d'écriture qu'il a menée tout au long de sa carrière professorale. Il rédige notamment de nombreux écrits polémiques, trois recueils de sermons, son Trialogus et son dernier écrit, l'Opus evangelicum.2 Il se peut qu'il ait entamé une traduction de la Bible6 mais cette hypothèse ne fait pas l'unanimité2,3.


Après une première attaque en 1382, sa santé se dégrade. Une seconde attaque le terrasse le 28 décembre 1384. Il s'éteint le 31 décembre2.


Théories de Wyclif[modifier | modifier le code]
En 1376, Wyclif expose la doctrine de l'« autorité fondée sur la grâce », selon laquelle toute autorité est accordée directement par la grâce de Dieu et perd sa valeur lorsque son détenteur est coupable de péché mortel. Pour lui, la véritable Église est l'Église invisible des chrétiens en état de grâce : Wyclif met en cause le principe de l'autorité de la hiérarchie dans l'Église et préconise la désignation du pape par tirage au sort. Il dénie aux prêtres en état de péché mortel la possibilité de remettre les fautes. Wyclif laisse clairement entendre que l'Église d'Angleterre est pécheresse et coupable de corruption. Il se gagne les faveurs d'une partie de la noblesse en voulant lui redistribuer les richesses de l’Église. Ainsi il est soutenu par Percy de Northumberland et Jean de Gand.


Conceptions philosophiques[modifier | modifier le code]
Wyclif théorise un réalisme extrême. Nommé le "Doctor subtilis" en raison de la complexité de ses raisonnements.


Tous ses écrits purement philosophiques (environ 132) ont été composés avant 13717.


(section en cours d'écriture, à compléter)


Conceptions politiques[modifier | modifier le code]
(section en cours d'écriture, à compléter)


Conceptions théologiques[modifier | modifier le code]
La théologie de Wyclif est la conséquence de sa philosophie. Wyclif remet radicalement en cause la notion d'autorité, en particulier spirituelle, et conteste par conséquent la hiérarchie ecclésiastique et les pouvoirs qui y sont associés : pouvoir temporel d'abord, mais aussi la presque totalité du pouvoir spirituel. S'ensuivent le rejet de la Tradition comme source de la Révélation, le rejet de la définition des sacrements et la condamnation de nombreuses pratiques religieuses comme la vie monastique, les œuvres de piété individuelle ou la possession de biens temporels par le clergé. La théologie de Wyclif fait de l’Église un être purement spirituel, rejetant son caractère incarné : la puissance absolue de Dieu s'exerce directement sur la terre, sans la médiation d'une institution4.


Face à l'autorité de fait, l'autorité de la sainteté[modifier | modifier le code]
À l'époque de Wyclif, l'opinion commune est que le détenteur d'un pouvoir (temporel ou spirituel) a le droit et le devoir légitimes de l'exercer, du simple fait qu'il le possède. Toute l'organisation de la société, temporelle comme spirituelle, repose sur cette assertion commune.


Wyclif, reprenant les idées de Marsile de Padoue et de Richard FitzRalph, rejette cette idée et déclare que seul un homme en état de grâce peut légitimement exercer une autorité. Ce n'est plus la désignation (extérieure) du détenteur du pouvoir, mais sa sainteté (intérieure) qui fonde sa légitimité à l'exercer. Il en déduit que les évêques et le pape ne peuvent pas se réclamer de leur statut de successeurs des Apôtres ou de saint Pierre pour fonder leur droit à exercer un pouvoir de juridiction temporelle ou spirituelle7. Cependant, il ne va pas jusqu'à appliquer cette conclusion au pouvoir séculier.


Face à l’Église visible des baptisés, l’Église invisible des prédestinés[modifier | modifier le code]
Grand admirateur de saint Augustin, il tire de sa distinctions des "deux cités" terrestre et céleste la conclusion que tous les hommes sont divisés en deux catégories : les prédestinés au salut et les prédestinés à la damnation. Seuls les prédestinés au salut font réellement partie de l’Église : l’Église n'est plus la "congregatio fidelium" (l'assemblée des fidèles) composée de tous les baptisés, mais la "congregatio omnium predestinatorum" (assemblée de tous les prédestinés)7,5.


S'il est facile de dire qui est baptisé et qui ne l'est pas, il est impossible de déterminer si un homme est "predestinatus" (prédestiné) ou non : l’Église visible, fondée sur un acte visible et identifiable par l'homme (le sacrement du baptême) disparaît, remplacée par une Eglise purement spirituelle et fondée sur un élément purement divin (la prédestination et sa connaissance par Dieu).5


Cette théorie, d'abord exposée dans De civili dominio puis développée dans De ecclesia (1378/79), sous-tend tous les travaux ultérieurs de Wyclif.57


Des pouvoirs spirituels conditionnels[modifier | modifier le code]
Conséquence logique des deux assertions précédentes : l’Église institutionnelle n'a qu'un lien purement accidentel avec l’Église réelle, c'est-à-dire spirituelle. Comme rien ne prouve que les membres de la hiérarchie ecclésiastique fassent partie des prédestinés, il n'est pas nécessaire de leur obéir, sauf si celui qui ordonne appartient à la véritable Église et que son ordre est conforme à la volonté de Dieu7.


Le prédestiné, membre de la véritable Église, est finalement plus proche de Dieu que le Pape7, assimilé à l'Antéchrist4.


Le pouvoir de juridiction spirituelle de l’Église, dont dépendent le pouvoir d'absolution et le pouvoir d'excommunication, ne dépend plus du statut de celui (prêtre, évêque ou pape) qui juge, mais de l'état de celui qui est jugé. Seuls les prédestinés peuvent recevoir validement l'absolution, qui n'est plus alors un acte efficace opéré par le prêtre "ex opere operato" (par le fait même de son opération) mais une simple confirmation du jugement de Dieu ; si le pénitent ne fait pas partie des prédestinés, l'absolution est invalide et blasphématoire. De même pour l'excommunication, pouvoir de prononcer la damnation d'un fidèle et son rejet hors de l’Église : elle est invalide et blasphématoire si elle s'applique à un prédestiné, et ne fait que confirmer le jugement de Dieu dans le cas contraire7.


Dieu étant la seule cause de la prédestination, l'homme ne peut plus y participer : il ne peut plus qu'espérer faire partie des élus, tout en imitant Jésus-Christ4.


Le pouvoir reposant sur la sainteté, tout sacrement accompli par un homme qui n'est pas en état de grâce est invalide. La médiation du clergé est vaine, car l’Église est corrompue4.


La Sainte Écriture comme seule et ultime source de la Révélation[modifier | modifier le code]
La Révélation chrétienne a d'abord été transmise oralement avant d'être mise partiellement par écrit. Pour l’Église catholique, il y a donc deux sources de la Révélation d'égale valeur : l’Écriture Sainte et la Tradition8 ; la Tradition contenant tout ce qui n'appartient pas à la Sainte Écriture, comme le choix et l'ordre des livres, leur interprétation, les livres liturgiques, les écrits des Pères de l’Église, etc.8 Afin de ne pas dévier de la Tradition dans l'interprétation de l’Écriture Sainte, la Bible n'est pas mise entre les mains des fidèles au Moyen Âge.


Wyclif, rejetant l'autorité spirituelle de l’Église institutionnelle, ne reconnaît pour seule source de la Révélation que la Sainte Écriture (De veritate sacrae Scripturae, 1378). Par conséquent, ce n'est plus l'interprétation de l’Écriture qui doit être conforme à l'enseignement des Pères, mais l'enseignement des Pères qui doit être jugé à la lumière de la Sainte Écriture. De même, le droit canon et la philosophie scolastique ne valent que s'ils sont conformes à la Sainte Écriture7.


La Bible doit alors être traduite en langue vernaculaire pour que son contenu soit accessible aux fidèles.


Wyclif conserve cependant l'idée traditionnelle d'une superposition de plusieurs niveaux d'interprétation2 (une interprétation littérale ou historique et différents niveaux métaphoriques) dans la Sainte Écriture.


Le retour à un christianisme idéal[modifier | modifier le code]
Wyclif milite pour un retour à la pauvreté évangélique, c'est-à-dire à vivre la vie des Apôtres, à rejeter les biens de l’Église et à s'unir librement à la libre pauvreté du Christ4.


Il reproche tout d'abord aux religieux d'avoir dévoyé l'idéal de leurs fondateurs, mais après 1380 il prononce un anathème général contre toutes les manières de "religion privée" qui ne figurent pas explicitement dans la Sainte Écriture : le monachisme, les biens temporels de l’Église, le statut particulier du clergé, son exemption des juridictions séculières et toute forme de piété individuelle (culte des images, pardons, pèlerinages, indulgences, prières pour les défunts...)7. On peut remarquer cependant que cette critique reste purement théorique, Wyclif cumulant lui-même plusieurs bénéfices ecclésiastiques jusqu'à la fin de ses jours.


La réforme de l’Église doit être effectuée par le souverain laïque, avec pour seule norme la Sainte Écriture (plus ou moins réduite à une simple loi morale)5.


Le rejet de la transsubstantiation[modifier | modifier le code]
Ce rejet s'appuie sur les conceptions philosophiques de Wyclif. Il déclare que la surnature ne peut transgresser la nature, que le pain et le vin demeurent après la consécration et deviennent comme un reflet terrestre du corps céleste du Christ. Pour lui, la transsubstantiation n'est que l'expression d'un matérialisme grossier, qui ne peut favoriser qu'une dévotion idolâtre sous prétexte d'honorer la présence réelle de Jésus-Christ9.


Parmi les propositions condamnées en 1382 figurent celles-ci : "la substance du pain et du vin demeure après la consécration dans le sacrement de l'autel", "les accidents ne demeurent pas sans support après la consécration" et "le Christ n'est pas présent dans le sacrement de l'autel, identiquement, vraiment et réellement en sa personne physique"2.


En rejetant ce qui fait le cœur du sacrifice de la messe et en déclarant l'homme impuissant à faire son salut, Wyclif rejette indirectement toute la doctrine de l’Église sur le sacrifice.


Controverses et condamnations[modifier | modifier le code]
Si les idées de Wyclif suscitent de violentes controverses, il est à noté cependant que les diverses condamnations ne portent pas sur sa personne mais sur des listes de propositions déterminées tirées de ses ouvrages ou de ses cours. Lui-même n'encourt aucune censure autre que l'interdiction de certains de ses écrits et sa radiation d'Oxford, le bénéfice de ses diverses charges ecclésiastiques lui étant laissé jusqu'à sa mort.


Du vivant de Wyclif[modifier | modifier le code]
Les théories de Wyclif soulèvent très tôt de nombreuses critiques et réfutations. William Woodford, avec qui la discussion s'engage d'abord sur un ton amical, est le premier à analyser systématiquement les arguments de Wyclif et à les réfuter. Parmi ses autres critiques, on compte le frère John Kynyngham (ou Kenningham), William Rymington, Ralph Strode et William Binham2.




Évangile traduit par John Wyclif, copie de la fin du xive siècle, Folio 2v of MS Hunter 191 (T.8.21)
En février 1377, Wyclif est accusé par l'évêque de Londres, Guillaume Courtenay de diverses erreurs sur le pouvoir ecclésiastique10 et convoqué à Londres le 19 février pour présenter sa doctrine. L'interrogatoire se termine lorsque Jean de Gand, qui avait accompagné Wyclif, se trouve mêlé à une bousculade avec l'évêque et son entourage.


À la suite de l'échec des discussions, dix-neuf propositions tirées de ses cours et de ses écrits (De civili dominio en particulier) sont envoyées au pape10. Le 22 mai 1377, le pape Grégoire XI les rejette comme erronées dans la lettre Super periculosis aux évêques de Cantorbéry et de Londres10.


À l'automne de la même année, le Parlement demande à Wyclif son avis sur le caractère légal de l'interdiction faite à l'Église d'Angleterre de transférer ses biens à l'étranger sur l'ordre du pape. Wyclif confirme la légalité d'une telle interdiction, et au début de 1378 il est de nouveau convoqué par l'évêque Courtenay et par l'archevêque de Cantorbéry, Simon de Sudbury. Wyclif reçoit un simple blâme grâce à ses rapports privilégiés avec la cour.


Pendant l'année 1378, Wyclif et ses amis d'Oxford entreprennent la traduction en anglais de la Vulgate, bravant par là l'interdit de l'Église. En 1379, Wyclif répudie la doctrine de la transsubstantiation. Cette prise de position suscite une telle réprobation que Jean de Gand lui retire son soutien.


Wyclif envoie à partir de 1380 ses disciples, appelés les pauvres prêcheurs ("the poor priests"), dans les campagnes pour qu'ils fassent connaître ses thèses religieuses égalitaristes. Les prêcheurs trouvent une large audience et on accuse Wyclif de semer le désordre social. Cependant, il ne s'engage pas directement dans la révolte avortée des paysans en 1381, mais il est probable que ses doctrines influencèrent ceux-ci.


En mai 1382, Courtenay, devenu archevêque de Cantorbéry, convoque un concile provincial à Londres où vingt-quatre propositions de Wyclif sont condamnées10. Un tremblement-de-terre ayant eu lieu pendant le concile, les deux parties y voient un signe divin pour leur propre cause et le premier concile de Londres conserve encore le nom de "concile du tremblement-de-terre"2.


Le duc de Lancastre11, la population londonienne et pendant un certain temps les ordres mendiants soutiennent ses idées qui sont propagées en Angleterre par des prédicateurs itinérants appelés « pauvres prêtres » ou lollards. Cependant ses attaques contre la papauté lui valent la condamnation de Rome et en 1384 il meurt dans l'isolement.


Après sa mort[modifier | modifier le code]
En 1396, un deuxième concile de Londres condamne dix-huit propositions tirées du Trialogus (ouvrage écrit en 1383 et présentant les opinions de Wyclif sur de nombreux sujets)10.


À la fin de l'année 1412, un concile romain interdit les écrits de Wyclif après examen, la condamnation portant principalement sur le Dialogus et le Trialogus10.


Au concile de Constance (5 novembre 1414 - 22 avril 1418), quarante-cinq propositions tirées de sept ouvrages de Wyclif par les théologiens du concile sont explicitement condamnées10. Il faut remarquer cependant que ces propositions durcissent généralement les thèses de Wyclif, dont l'expression est plus nuancée lorsqu'elles sont lues dans leur contexte10. Jan Hus, qui se fait le défenseur des thèses de Wyclif au concile, est condamné comme hérétique lors de la 15e session et brûlé le jour même (6 juillet 1415)10.


Le pape Martin V publie deux mois avant la fin du concile de Constance la bulle Inter cunctas (22 février 1418), adressée à toute la hiérarchie ecclésiastique et aux inquisiteurs. Cette bulle contient les quarante-cinq articles condamnés de Wyclif, les trente articles condamnés de Jan Hus et un questionnaire à présenter lors de l'interrogatoire des wyclifites et des hussites suspectés de tenir ou d'affirmer certains des trente ou des quarante-cinq articles précédents10.


Principaux écrits[modifier | modifier le code]
Postilla super totam Bibliam (v.1370/71 - v.1375/76), commentaire sur l'ensemble de la Bible ; il s'agit d'un ensemble de manuscrits dont une partie a été perdue (notamment les commentaires sur le Pentateuque et le Livre des Proverbes)2 ;
Summa theologiae, ensemble de textes rassemblés en 12 livres au début de la carrière de Wyclif et couvrant une grande partie de ses principaux écrits théologiques2 ;
De mandatis divinis (1373/74) ;
De statu innocenciae (1373/1374) ;
De Dominio divino (1375) ;
De officio regis ;
De civili dominio (1376/78), dont il défend ensuite les thèses dans une Protestatio / Declarationes en réponse à leur condamnation par le pape Grégoire XI10 ;
De veritate sacrae scripturae (1378), où il insiste sur sa conception de la Bible comme seule et ultime source de la doctrine chrétienne2 ;
De potestae papae (1379) ;
De eucharistia (1380/81) ;
Dialogus ;
Trialogus (1383), revue générale de ses opinions sur divers sujets ; condamné avec le Dialogus en 1412 ;
Opus evangelicum, son dernier ouvrage.
Les avis divergent sur la traduction de la Bible par Wyclif. Il a été un fervent partisan de sa traduction du latin en langue vernaculaire, afin qu'elle soit lue directement par les fidèles, mais un tel travail de traduction et de révision semble incompatible avec ses autres activités12. Une traduction a pourtant bien eu lieu, qui a donné deux versions différentes de la Bible en anglais, toutes deux publiées après sa mort : il se peut donc qu'il ait commencé lui-même la traduction à la fin de sa vie, ses disciples se chargeant de l'achever13, ou qu'il y ait tout au moins participé.


Postérité[modifier | modifier le code]
Après la mort de Wyclif, son enseignement se répand rapidement. Sa Bible, qui paraît en 1388, est largement distribuée par ses disciples, les Lollards. Enfin, les œuvres de Wyclif influencent fortement le réformateur tchèque Jan Hus et les anabaptistes. Martin Luther14 reconnaîtra également sa dette à l'égard de Wyclif. Le 4 mai 1415, le concile de Constance condamne comme hérésies la doctrine de Wyclif et ordonne que son corps soit exhumé et brûlé. Le décret est exécuté en 142815.


La pensée de Wyclif représente une rupture complète avec l'église catholique romaine, alors seule institution chrétienne. Il affirme qu'il existe une relation directe entre l'humanité et Dieu, sans l'intermédiaire des prêtres. Wyclif pense que les chrétiens sont en mesure de prendre en main leurs vies sans l'aide du pape et des prélats, en se conformant aux Écritures. Wyclif dénonce de nombreuses croyances et pratiques de l'église catholique, les jugeant contraires aux Écritures. Condamnant l'esclavage et la guerre, il soutient que le clergé chrétien doit suivre l'idéal de la pauvreté évangélique, à l'instar du Christ et de ses disciples.


Notes et références[modifier | modifier le code]
↑ Sur la vie de Wyclif, voir: Andrew Larsen, John Wyclif c. 1331-1384, in Ian Christopher Levy (ed.), A Companion to John Wyclif. Late Medieval Theologian, Leiden: Brill, 2006, p. 1-61.
↑ a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u et v Dictionary of the Middle Ages, t. 12, American Council of Learned Societies,‎ 1982-1989, article "Wyclif, John"
↑ a et b Michel Grandjean, Encyclopédie du protestantisme, Paris,‎ 2006, 2e éd. (1re éd. 1995)
↑ a, b, c, d, e et f Olivier Boulnois, Histoire générale du christianisme, vol. 1 : Des origines au XVe siècle, « La ressemblance invisible : une nouvelle cristallisation du savoir »
↑ a, b, c, d et e Cardinal Walter Brandmüller, Histoire générale du christianisme, vol. 1 : Des origines au XVe siècle, « Les soubresauts de l'institution ecclésiastiques »
↑ a, b et c André Vauchez, Histoire du christianisme, t. 6 : Un temps d'épreuves (1274-1449), Desclée / Fayard, chap. VI (« Contestations et hérésies dans l'Eglise latine »)
↑ a, b, c, d, e, f, g, h et i Dictionary of the Middle Ages, t. 12, American Council of Learned Societies,‎ 1982-1989, article "Wyclif, John"
↑ a et b Le Dogme, Clovis, coll. « Encyclopédie de la Foi / Exposition de la doctrine chrétienne »,‎ 2005
↑ André Vauchez, Histoire du christianisme, t. 6 : Un temps d'épreuves (1274-1449), Desclée / Fayard, chap. VI (« Contestations et hérésies dans l'Eglise latine »)
↑ a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k Denzinger
↑ Thomas Hobbes, « Récit historique sur l’hérésie et son châtiment », sur philotra.pagesperso-orange.fr [archive], Londres, 1682.
↑ Dictionary of the Middle Ages, t. 12, American Council of Learned Societies,‎ 1982-1989, article "Wyclif, John"
↑ André Vauchez, Histoire du christianisme, t. 6 : Un temps d'épreuves (1274-1449), Desclée / Fayard, chap. VI (« Contestations et hérésies dans l'Eglise latine »)
↑ cf. Annick Sibué, Luther et la réforme protestante, Eyrolles, 2011, coll. « Eyrolles Pratique », p. 14
↑ Gervais Dumeige, Textes doctrinaux du magistère de l'Église sur la foi catholique, Karthala Éditions,‎ 1993 (lire en ligne [archive]), p. 250
Voir aussi[modifier | modifier le code]
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Articles connexes[modifier | modifier le code]


Crémation des restes de John Wyclif, John Foxe's book (1563)
Protestantisme, réformateurs
anabaptisme, réforme radicale, Pierre Valdo, donatisme
Sur la transsubstantiation voir Concile de Trente
Concile de Constance
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John Wycliff par Alessandro Conti dans la Stanford Encyclopedia of Philosophy
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Jan Hus,protestants,histoire,

1 Juillet 2015, 22:28pm

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Jan Hus
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Hus.
Jan Hus
Description de l'image Jan hus 1.jpg.
Données clés
Naissance entre 1369 et 1373
Husinec (Bohême-du-Sud)
Décès 6 juillet 1415
Constance (Allemagne)
Profession
prêtre, recteur de l'université de Prague, théologien
Formation
Université de Prague
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Jan Hus ou Jean Huss est un théologien, un universitaire et un réformateur religieux tchèque. Son excommunication en 1411, sa condamnation par l'Église pour hérésie, puis sa mort sur le bûcher en 1415, lors du concile de Constance, enclenchent un processus qui mène à la création de l'Église hussite puis aux croisades contre les hussites. Le protestantisme voit en lui un précurseur.


La langue tchèque lui doit son diacritique (le háček). Les Tchèques ont fait de lui l’allégorie de leur nation face à l'oppression catholique, impériale et allemande : c'est un héros national, commémoré le 6 juillet, jour de sa mort sur le bûcher, par un jour férié.


Sommaire [masquer]
1 La Bohême et la chrétienté à la charnière des XIVe et XVe siècles
2 L’universitaire
2.1 Un linguiste économe
2.2 Recteur d'une université divisée
3 Le théologien
3.1 Indulgence
3.2 Excommunication
4 Le Concile de Constance
4.1 Arrivée à Constance et débuts du Concile
4.2 Le procès de Jan Hus
4.3 Le bûcher
5 Guerres hussites
5.1 Conséquence des guerres hussites
6 L'héritage de Jan Hus
7 Notes et références
8 Annexes
8.1 Bibliographie
8.2 Filmographie
8.3 Articles connexes
8.4 Liens externes
La Bohême et la chrétienté à la charnière des XIVe et XVe siècles[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Grand Schisme d'Occident.
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Prononcer Jan Hus
Le 15 août 1373, Charles IV obtient pour son fils la marche de Brandebourg, et avec lui, le titre de Prince-Électeur attaché à cette possession. En 1376, il obtient des Princes-Électeurs l'élection de son fils en tant que roi des Romains, futur empereur du Saint-Empire. L'autorité de Charles est suffisante pour établir une succession dynastique, remettant en cause les clauses de la Bulle d'or de Metz.


Venceslas succède à son père le 29 novembre 1378. Dans le cadre de l'héritage, la marche de Brandebourg va à son frère cadet Sigismond, son autre frère, Jean obtient la marche de Lusace ; la Moravie va à ses cousins Jobst et Procope.


1378 est l'année fatidique du début du Grand Schisme d'Occident, l'Église traverse une crise morale, éthique et financière sans précédent. Cette même année, en ce qui concerne la Bohême, Jean de Jenstein (de) devient archevêque de Prague et il entre rapidement en conflit ouvert avec l'empereur et roi de Bohême Venceslas sur la question des investitures. Ce conflit débouche, en 1393, sur la mise à mort de Jean Népomucène, trop fidèle soutien de l'archevêque de Bohême, par des hommes d'armes du roi. Le nœud du conflit a été la nomination de l'abbé du riche monastère de Kladruby que le roi réservait à un protégé.


La mort de Jean de Nepomuk entraîne l'union seigneuriale, une rébellion des nobles tchèques, qui dure de 1394 à 1402. Les nobles bohémiens ligués font emprisonner leur roi en 1394 et nomment son cousin Jobst de Moravie, régent du royaume. Grâce à l'intervention de son frère Sigismond, il est libéré et remonte sur le trône (en échange de quoi, Venceslas, sans enfant, reconnait Sigismond comme son héritier).


Mais à cause des problèmes en Bohême, Venceslas délaisse les affaires de l'Empire ; une foule en colère lui fait face lors de la Diète de Nuremberg en 1397 et lors de celle de Francfort en 1398. On lui reproche ses soûleries, son incompétence et surtout de ne rien faire pour mettre un terme au Grand Schisme : il est, fait rarissime, démis de son titre impérial en août 1400 par les Princes-Électeurs, en faveur de Robert Ier dont il refuse de reconnaitre la légitimité.


De 1402 à l'automne 1403, Venceslas se retrouve de nouveau en prison à Vienne, cette fois sur décision de son benjamin, Sigismond et toujours avec le soutien de la noblesse tchèque. Il en est libéré grâce à Johann von Liechtenstein, accompagné d'une bande armée.


C'est dans ce cadre trouble, tant au niveau politique que religieux, que Jan Hus étudie puis prêche et enseigne.


L’universitaire[modifier | modifier le code]
Jan Hus étudie à l'université de Prague où il obtient sa licence en 1393 et la maitrise en arts libéraux en 1396. En 1400, il est nommé professeur à l'université, ordonné prêtre et il commence à prêcher à l'église de Saint-Michel. En 1401, il devient doyen de la faculté de philosophie et, un an plus tard, recteur de l'université de Prague.


Un linguiste économe[modifier | modifier le code]
En linguistique, dans De orthographia bohemica (De l'orthographe du tchèque), Jan Hus invente une orthographe utilisant des diacritiques comme le point suscrit, devenu ensuite le háček pour noter ce que les langues slaves considèrent grammaticalement comme des consonnes molles. Il préconise l'usage de l'accent (au lieu du redoublement des voyelles) pour noter les voyelles longues. À l'époque, le papier ou le parchemin est un produit de luxe et économiser de l'espace lors de l'écriture constitue une économie précieuse.
Comparez sch et š - tsch et č.


Ce diacritique, adopté par le croate, le slovaque et le slovène, est parfaitement adapté au slave, à sa grammaire, ses flexions. Globalement, il correspond, dans l'alphabet latin, aux modifications apportées par Cyrille et Méthode au grec lorsqu'ils créent l'alphabet glagolitique avec lequel maitre Hus a pu se familiariser au cloître d'Emmaüs de Prague, fondé le 21 novembre 1347, qui est alors un centre important de la culture et de la liturgie en vieux slave.


Recteur d'une université divisée[modifier | modifier le code]


Le monument à Jan Hus sur la place de la Vieille-Ville de Prague fut inauguré en 1915 pour le 500e anniversaire de sa mort.
Prague est capitale du Saint-Empire romain germanique et son université, véritablement internationale, est divisée en sections (aussi appelées « nations ») bavaroise, tchèque, saxonne et polonaise. Chacune des « nations » dispose d'une voix lors des votes décisifs sur l'administration de l'université.


En 1407, l'archévêque de Prague est chargé par le pape Grégoire XII d'interdire la diffusion des thèses hérétiques de John Wyclif. L'université (le système éducatif est alors religieux et dominé par l'Église) condamne comme hérétiques les théories de Wyclif, qui ont été introduites en Bohême une vingtaine d'années auparavant : en 1381, son opinion sur l'eucharistie est débattue par Mikuláš Biskupec et, en 1393, c'est l'archevêque de Prague, Jean de Jenstein, qui prêchait contre les idées wycliffiennes au regard de la richesse (ou plutôt de la pauvreté nécessaire) de l'Église.


Jan Hus avait traduit le Trialogus de Wyclif en tchèque1. Il louvoie entre son allégeance envers l'Église et son idéal wycliffien : le 14 mai 1408, la nation tchèque de l'université de Prague (sous la houlette de Hus) rejette publiquement les articles de Wyclif mais souligne que, correctement interprétés dans leur contexte, ces articles ne sont pas totalement hérétiques. L'archevêque de Prague, benoîtement, écrit au pape Grégoire XII qu'il n'y a pas d'âme errante en Bohême.


Les autres nations décident de se ranger fermement auprès de Grégoire XII mais Hus utilise, pour défendre son idéal, l'opposition du roi Venceslas à Grégoire XII2 et obtient, en 1409, que la nation tchèque eut trois voix lors des votes décisifs sur l'administration de l'université, les autres nations n'en bénéficiant que d'une voix chacune. Cette décision, appelée aussi décret de Kutná Hora, provoque le départ des professeurs allemands qui contribuent à la fondation de l’université de Leipzig en mai 1409.


L'université de Prague perd alors la majorité de ses étudiants et de sa faculté et décline pour devenir un établissement au rayonnement tout au plus national. Pendant quelques décennies, aucun titre n'est distribué. Il faut attendre l'empereur Sigismond puis surtout Rodolphe II qui refait de Prague sa capitale, pour voir l'université renaître de ses cendres.


Le théologien[modifier | modifier le code]


La chapelle de Bethléem où Hus prêche.
Influencé par l'Anglais John Wyclif, en 1402 il devient prédicateur, s'interroge sur les conséquences pratiques de l'obéissance au Christ, prononce des sermons, en particulier au sein de la Chapelle de Bethléem, à Prague, contre ce qu'il appelle les erreurs du catholicisme et se consacre à la réforme de l'Église. Il y prêche, avec d'autres, un retour à l'Église apostolique, spirituelle et pauvre. Il pense que la réforme de l'Église doit passer par le pouvoir laïc. Ces propos trouvent des échos dans la haute noblesse, qui voit la possibilité de s'attribuer les biens ecclésiastiques.


Des mouvements millénaristes apparaissent également, parlant de faux prophètes et d'Antéchrist. L'idée des temps derniers se fait jour de plus en plus, et beaucoup aspirent à retrouver l'Église originelle.


Il se trouve bientôt à la tête d'un mouvement national de réforme et prend publiquement la défense des écrits de John Wyclif condamnés par une bulle pontificale en date du 20 décembre 1409 qui ordonne la destruction des ouvrages de Wyclif et l'interdiction de prêcher sa doctrine. Jan Hus fait appel au « pape de Pise » Alexandre V (antipape) mais en vain.


Indulgence[modifier | modifier le code]
Alexandre V meurt en 1410, l'antipape Jean XXIII lui succède et entreprend, en 1411, une croisade contre le roi Ladislas Ier de Naples, protecteur du « pape de Rome » Grégoire XII (Ladislas avait surtout envahi Rome et est l'allié des Colonna). Cette croisade doit être financée et les indulgences sont un moyen pratique pour la papauté pour lever des fonds3.






Hus s'élève contre ce « trafic » dans son adresse Quaestio magistri Johannis Hus de indulgentiis, quasiment une copie conforme du dernier chapitre du De Ecclesia de Wyclif. Le pamphlet hussite déclare qu'aucun prêtre, qu'aucun évêque, aucun religieux ne peut prendre l'épée au nom du Christ ; ils doivent prier pour les ennemis du Christ et bénir ceux qui le combattent. Le repentir de l'homme passe par l'humilité, pas l'argent ni les armes ni le pouvoir. Remarquable orateur, il provoque l’émeute du peuple de Prague qui est durement réprimée. Le 24 juin 1412, un cortège d’étudiants conduit par le disciple de Hus, Jérôme de Prague, va clouer au pilori la bulle du pape et la brûle ensuite. Trois étudiants, qui ont interrompu un prêtre pendant qu’il prêchait l’achat d’indulgence, sont exécutés à la hache.


Les docteurs de la faculté de théologie répondent contre Hus.


Excommunication[modifier | modifier le code]
Les détracteurs de Jan Hus, ne pouvant s’appuyer sur les aspects sociaux ou patriotes vont chercher à l’atteindre à travers ses positions religieuses. Ils vont tout d’abord s’appuyer sur sa proximité avec l’approche théologique de Wyclif pour l’accuser d’hérésie.


Excommunié le 21 février 1411 par Grégoire XII, Hus en appelle au jugement du Christ, instance inconnue du droit canonique. Il ne limite pas aux seules autorités ecclésiastiques ses diatribes et reste soutenu par les praguois. Hus entre, cette année-là, en conflit avec le roi de Bohême Venceslas IV, qui avait autorisé des envoyés du pape à vendre des indulgences pour l'organisation d'une croisade contre le roi de Naples. Il devient Persona non grata à Prague. Le soutien praguois donnera lieu à des manifestations à l’occasion desquelles trois « disciples » seront exécutés en public ce qui dressera ainsi le peuple contre le roi et l’église. Jan Hus se retire au château de Kozí Hradek, dans le sud de la Bohême, afin d’y rédiger son ouvrage De ecclesia et une Explication des Saints Évangiles (1413).


Le Concile de Constance[modifier | modifier le code]


Évêques, cardinaux et pape(s) lors d'un débat du Concile. Chronik des Konzils von Konstanz d’Ulrich Richental, un bourgeois de la ville.
Vient le concile de Constance, dont l'antipape Jean XXIII a signé la convocation. Sigismond, voulant donner l’apparence d’un soutien à Hus s'engage à l'accompagner à Constance (cf. image à donner au pragois). En pratique il n’accompagnera pas Hus. Hus s'y rend, muni d'un sauf-conduit signé de Sigismond Ier du Saint-Empire afin d'y défendre ses thèses. Ce sauf conduit sera renié par Sigismond.


Arrivée à Constance et débuts du Concile[modifier | modifier le code]
À Constance, ont accouru, en grand apparat, les représentants des grandes nations catholiques, tous les prélats et les princes que compte la Chrétienté, y compris des orthodoxes, des lithuaniens, des coptes. Le premier but du Concile, réuni sous la pression de Sigismond, n'est pas de le juger, mais de mettre fin à ce scandale que représente le Grand Schisme d'Occident. Trois « papes » se disputent le trône de saint Pierre, Grégoire XII, « pape de Rome », Jean XXIII, « pape de Pise » et Benoît XIII, « pape d'Avignon ».


Hus part le 11 octobre 1414 et arrive le 3 novembre 1414 à Constance. Le jour suivant, un bulletin sur les portes des églises annonce que Michal de Nemecky Brod sera l'opposant de Hus « l'hérétique ». Il est tout d'abord libre de ses mouvements mais, de peur de le voir s'échapper, le 8 décembre 1414, il est enfermé dans un monastère dominicain de la ville. Le sauf-conduit impérial, apparemment, ne s'applique pas (ou plus) légalement aux hérétiques… Peu auparavant, le 4 décembre 1414, Jean XXIII nomme trois évêques pour entamer les investigations contre Hus.


Sous la pression impériale, le mode de scrutin est changé : non pas une voix par cardinal (ce qui avantage considérablement l'Italie) mais une voix par nation (ce qui apporte une solution inédite aux problèmes nationaux qui déchirent alors l'Église). Le 20 mars 1415, comprenant qu'il perd le soutien impérial, Jean XXIII s'enfuit. Le 6 avril 1415, le concile adopte le décret Hæc sancta, affirmant la supériorité du concile sur le pape. Les questions institutionnelles en passe d'être réglées, le procès de Hus peut reprendre.


Le procès de Jan Hus[modifier | modifier le code]


Hus au bûcher. Chronique illustrée de Diebold Schilling le Vieux, 1485
Au premier rang des censeurs de Jan Hus, outre le cardinal Pierre d'Ailly et son disciple Jean de Gerson, doctor christianissimus et chancelier de l'université de Paris, se trouvent les grands inquisiteurs, secondés par les plus brillants canonistes romains. Les juges procèdent à des interrogatoires ex cathedra. Au cachot, après des semaines d'interrogatoires incessants, il sera condamné comme hérétique à être brûlé vif. La censure passera au crible ses ultimes lettres, écrites de sa cellule, à ses amis de Prague. Le 27 juin 1415, ses livres sont condamnés comme hérésies4.


Le bûcher[modifier | modifier le code]
Le 6 juillet 14154, selon le jugement qui le condamne solennellement comme hérétique, Jan Hus doit être « réduit à l'état laïc » et est immédiatement conduit au bûcher. Le bourreau lui arrache les vêtements. Coiffé d'une mitre de carton sur laquelle sont peints des diables, il est emmené vers le bûcher au milieu d'une foule en colère : on le lie au poteau, entouré de paille humide et de fagots et le feu est mis au bûcher.


Guerres hussites[modifier | modifier le code]
Articles connexes : Saint-Empire romain germanique et Croisades contre les hussites.


La bataille de Kratzau (11 novembre 1428) oppose Hans von Polenz aux forces hussites
Dès septembre 1415, la diète des seigneurs de Bohême envoie une protestation indignée sur la décision du concile. Le peuple vénère Hus comme un martyr et un saint.


La « foi nouvelle » et le sentiment de nationalité tchèque se confondent dans l’emblème du calice (symbole de la communion sous deux espèces, sub utraque specie) derrière lequel les Tchèques résistent à Rome et à l’empereur germanique. Parallèlement, après l’exécution de Hus les pères conciliaires envisagent pour les Tchèques « rebelles », le même sort que pour les Albigeois c'est-à-dire l’extermination5. Toute la noblesse et le peuple tchèque se rebellent et Sigismond (après le décès de son frère Venceslas) est obligé de prendre position. Les quatre articles de Prague (principe d’une vraie réforme/christianisme primitif) deviennent prétexte à des abus et donnent lieu à des affrontements à l’intérieur du camp hussite.


Les croisades contre les hussites, événement de première grandeur dans l'histoire européenne, commencent. Un peuple révolté s'organise militairement pour tenir tête 25 ans durant aux armées européennes coalisées :


Défenestration de Prague des notables catholiques (1419).
Jan Želivský prône la révolte des petits et prend d’assaut l’hôtel de ville de Prague. Les édiles municipaux sont jetés par les fenêtres. Ceci est le point de départ d’une insurrection de 18 ans et de 5 croisades que l’Europe envoie à l’appel du pape Martin V et de Sigismond ; croisades auxquelles les Tchèques résistent.
Bataille du Mont Tábor (Bohême Sud), victoire de Kutná Hora (1422).
Parcours par des fanatiques de la Bohême, la moitié de l’Allemagne et la Hongrie qui sèment la terreur.[pas clair]
Antagonisme grandissant entre Tchèques et Allemands (ces derniers étant dans le camp papal).
Leurs chefs élus, Jan Žižka (qui résiste à Prague), puis à sa mort, le prêtre Procope Le Chauve mènent de grandes batailles en Allemagne, Autriche et en Hongrie, et écrasent les croisés à Tachov (1427) puis à Domažlice (1431). La supériorité militaire et technique d'une armée de volontaires et les défaites successives des croisades obligent l’Église à accepter de composer avec « l’hérésie ».


Le concile de Bâle (1431-1441) est amené à envisager d’accepter des aménagements de la doctrine officielle de l’Église face aux quatre articles de Prague. Ce qui fut refusé à Hus fut donc accepté pour Procope, à savoir s’exprimer librement en langue tchèque, ainsi que la communion sous les deux espèces. L’évêque de Tábor exposa les quatre articles et rappela qu’aucune autorité religieuse n’a le droit d’ôter la vie, a fortiori à des chrétiens. Pour le reste, les pourparlers traînaient en longueur, les combats reprirent et Procope fut écrasé à Lipany en mai 1434 marquant ainsi la défaite des Taborites ouvrant ainsi la voie du trône à un hussite modéré, Georges de Poděbrady. À l’issue de ces combats, l’Église accorde quelques concessions supplémentaires aux hussites tchèques (accord Jihlava 1436).


Conséquence des guerres hussites[modifier | modifier le code]
Les guerres hussites provoquent des dégâts importants sur le plan ecclésial car, à côté d'une Église unifiée de Rome cohabite une Église nouvelle issue des doctrines hussites (église calixtine), dirigée par des laïcs qui nomment les prêtres et les rétribuent. Plus tard, « l'unité des frères » se sépare de l'utraquisme, caractéristique des modérés, pour demeurer plus fidèle aux principes de Hus.


Dans la mesure où Hus est un précurseur de la Réforme (de nombreux concepts seront repris par Luther), la réforme luthérienne6 trouvera un terrain favorable chez les Tchèques dont près des deux tiers reconnaissent la confession de 1575 inspirée de celle d'Augsbourg. La répression qui suit le désastre de la Montagne Blanche (novembre 1620) où les Tchèques sont écrasés par les troupes de Ferdinand II du Saint-Empire anéantit définitivement le courant hussite.


L'héritage de Jan Hus[modifier | modifier le code]


Monument à Jan Hus sur la place de la Vieille-Ville de Prague. Le réformateur religieux (au centre) y symbolise l'intégrité morale, les groupes qui l'entourent les gloires et les souffrances du peuple tchèque
Il est reconnu comme précurseur de la Réforme, le Monument à la mémoire de Martin Luther le représente en soutien de Luther et son nom est gravé sur le Monument international de la Réformation. Et si l'on suit l'analyse d'Amedeo Molnár d’« une certaine manière on peut estimer que Jan Hus n’était pas un préréformateur, mais que Luther était un posthussite » 7.


Ses disciples le considèrent comme un patriote et un martyr de la nation tchèque et de la foi chrétienne. Sa mort déclenche une véritable révolution religieuse, politique et sociale qui secoue la Bohême et la Moravie pendant encore des décennies. Au-delà de la foi et de la pratique religieuse, on ne peut passer sous silence quelques « effets secondaires » à caractère politique : l'identité nationale tchèque et la volonté de libération de l'emprise allemande. Ces effets apparaîtront pleinement à l'occasion de l'éclatement de l'empire austro-hongrois.


L'« association Jan Hus », fondée en 1981 par un groupe d'enseignants français qui souhaitent venir en aide à leurs collègues tchécoslovaques opposés au processus de « Normalisation » du régime communiste (à l'instar de la charte 77), est une branche de la Jan Hus Educational Foundation (en) créée en France à l'initiative d'Alan Montefiore et Catherine Audard. Elle organisa des voyages d'intellectuels français (Paul Ricoeur, Jacques Derrida, Jean-Pierre Vernant) en Tchécoslovaquie pour débattre et enseigner dans des séminaires clandestins ayant lieu dans des caves ou appartements d'intellectuels tchécoslovaques8.


Notes et références[modifier | modifier le code]
↑ Sans doute ramené en Bohême par Jérôme de Prague, qui en avait fait une copie lors de son séjour à Oxford.
↑ Le roi Venceslas a été dépossédé, en 1400, de la dignité impériale - son appel au pape pour invalider la décision des princes-électeurs, était resté sans effet.
↑ À l'époque, comme le souligne l'article Grand Schisme d'Occident, avec trois papes en titre, ce sont trois administrations parallèles qu'il convient de financer, des « voix » et des soutiens qu'il convient d'acheter.
↑ a et b Gervais Dumeige, Textes doctrinaux du magistère de l'Église sur la foi catholique, Karthala Éditions,‎ 1993 (lire en ligne [archive]), p. 251
↑ Ce qui par ailleurs arrangerait bien la noblesse allemande qui pourrait reconquérir pouvoir et territoires perdus !
↑ Lors de la dispute de Leipzig, Luther se voit reprocher par le théologien catholique Jean Eck d'avoir des positions proches de celles de Hus ; cf. Annick Sibué, Luther et la réforme protestante, Eyrolles, 2011, coll. « Eyrolles Pratique », p. 17
↑ Éric Deheunynck, article de Liens protestants (mars 2007) : article [archive]
↑ Emmanuel Laurentin, émission « Vivre en clandestinité » [archive] sur France Culture, 24 septembre 2012
Annexes[modifier | modifier le code]


Jan Hus, Monument à la mémoire de Martin Luther à Worms
Bibliographie[modifier | modifier le code]
Jean Boulier, Jean Hus, Bruxelles, Éditions Complexes, 1958.
Paul De Vooght, L'hérésie de Jean Huss, Bibliothèque de la revue d'histoire ecclésiastique - Fascicule 34, Louvain, Publications Universitaires de Louvain, 1960.
Richard Friedenthal, Jan Hus, hérétique et rebelle, Calmann-Levy, 1977.
Daniel S. Larangé, La Parole de Dieu en Bohême et Moravie. La tradition de la prédication de Jan Hus à Jan Amos Comenius, Paris, L'Harmattan, 2008.
Jan Lavička, Anthologie hussite, Publications Orientalistes de France, 1985.
Amedeo Molnár, Jean Hus. Témoin de la vérité, Paris, Bergers et Mages, 1978. (ISBN 2853040518)
Jean Puyo, Jan Hus : un drame au cœur de l'Église, Temps et Visages, Desclee de Brouwer, 1998. (ISBN 2220041662)
František Šmahel, La révolution hussite, une anomalie historique, Presses universitaires de France, 1985.
René Berthier, Bakounine et la Réforme protestante suivi de La référence à Jan Hus chez Bakounine, Cercle d’Études libertaires Gaston Leval, janvier 2014, texte intégral.
Ernest Denis, Jean Huss et les Hussites, Paris, Leroux, 1878.
Aimé Richardt, Jean Huss, précurseur de Luther, Éditions François-Xavier de Guibert, 2014 (ISBN 978-2-75540-560-6)
Filmographie[modifier | modifier le code]
1954 : Jan Hus, film tchécoslovaque d'Otakar Vávra
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Sur les autres projets Wikimedia :
Jan Hus, sur Wikimedia Commons
Église hussite
Socinianisme (pour la région concernée)
Protestantisme
Anabaptisme, réforme radicale
Croisades contre les Hussites
Frères Moraves
Jérôme de Prague
Liens externes[modifier | modifier le code]
[PDF] Les mouvements antérieurs à la Réforme par Georg Plasger
Jan Hus : biographie, bibliographie et articles par Daniel S. Larangé & Bohemica

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jan_Hus

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Collège : l’enseignement de la Réforme est-il menacé ?,protestant ,reforme,

1 Juillet 2015, 20:52pm

Publié par hugo

IÉTÉ 17 JUIN 2015
Auteurs
Elise Bernind
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Collège : l’enseignement de la Réforme est-il menacé ?


Les programmes scolaires du CP à la troisième seront finalisés début septembre pour entrer en vigueur, a priori, à la rentrée 2016. Intégreront-ils Luther et Calvin ?


À noter


Pour lire la lettre envoyée par François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, à Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes, cliquez ici.
La consultation nationale des enseignants vient de se terminer. Ils étaient invités à donner leur avis sur la proposition de programmes pour l’école élémentaire et le collège. En parallèle, le 3 juin, la ministre de l’Éducation nationale a organisé, à l’université parisienne de la Sorbonne, un forum sur l’enseignement de l’histoire pour répondre à la polémique autour des modifications envisagées dans cette discipline (lire Réforme no 3609 et 3611). Désormais, le Conseil supérieur des programmes (CSP) doit finaliser sa proposition en septembre 2015, pour une entrée en vigueur à la rentrée 2016. En histoire, les critiques concernent surtout le caractère optionnel de certaines parties du programme. Par exemple, en 5e, à l’intérieur du thème intitulé « XVe-XVIIe siècles : nouveaux mondes, nouvelles idées », « Le monde vers 1500 » et « Pensée humaniste, Réformes et conflits religieux » sont optionnels. Seul « l’émergence du roi absolu » est obligatoire (et donc mentionné en gras).


Survolé mais pas supprimé


« Nous avons bien vu et entendu que notre proposition de choix a été mal comprise, parce que mal expliquée », souligne d’emblée le président du Conseil supérieur des programmes (CSP), Michel Lussault. « Bien sûr que tous les grands aspects du thème seront abordés. Mais l’enseignant aura le choix de s’attarder plus ou moins sur un certains nombre de points », précise-t-il. En clair, même si les Réformes et les conflits religieux restent optionnels, Michel Lussault assure que les élèves ne quitteront pas le collège sans avoir entendu parler des grandes dates du protestantisme. « L’histoire des protestants est abordée depuis le XIXe siècle, c’est-à-dire depuis l’origine de l’enseignement obligatoire », rappelle Philippe Joutard, historien du protestantisme et ancien concepteur de programmes.


L’inquiétude sur le fait que cette mémoire commune disparaisse à la rentrée 2016 a été relayée par le président de la Fédération protestante de France, dans une lettre envoyée le 2 juin à Michel Lussault : « Il y a [avec l’édit de Nantes] les prémices de ce qui constituera par la suite un premier chemin vers la laïcité et la possibilité de vivre ce que la Réforme protestante revendiquera non pour elle-même mais pour tous, et qui se nomme la liberté de conscience [...]. L’enjeu civilisationnel est de taille, de même que l’enjeu pédagogique de celui qui enseigne pareille mutation sociale et philosophique », écrit le pasteur François Clavairoly qui « souhaite que rien ne soit plus inscrit en gras, ou que tout le soit ».


« Nous avons davantage articulé les programmes de toutes les disciplines sur les compétences fondamentales transversales à acquérir, comme la maîtrise de la langue. Si on veut faire travailler plus les élèves en autonomie, sur une commémoration importante ou sur une action locale, il faut un peu alléger le programme », explique Cristhine Lécureux, membre du groupe chargé d’élaborer le programme du futur cycle 4 (5e, 4e, 3e) et inspectrice pédagogique régionale d’histoire-géographie. « Nous ne sommes pas là pour former de futurs historiens mais des êtres pensants. Pour leur donner les moyens de développer de la curiosité intellectuelle, de la capacité à argumenter, à raisonner, à sélectionner de l’information », ajoute-t-elle, rappelant que le programme est « infaisable en l’état actuel. Les collégiens n’ont que trois heures hebdomadaires et il faut encore dégager du temps pour les futurs EPI [enseignement pratique interdisciplinaire, ndlr]. »


« Nous faisons face à une injonction contradictoire. D’un côté, il faut des programmes plus réalistes par rapport au volume horaire ; et de l’autre, la société, les profs et les institutions nous demandent de renforcer les fondamentaux, de développer les nouveaux enseignements et de ne rien mettre en option. C’est comme chercher la quadrature du cercle », résume Michel Lussault.


« Pour autant, aucun professeur n’envisage de construire la pensée des élèves en évacuant des moments importants comme la Réforme et la Contre-Réforme », souhaite rassurer Cristhine Lécureux. Selon cette dernière, le caractère optionnel donne aussi de la souplesse pour adapter l’enseignement en fonction de la région « car l’histoire locale peut faire plus sens pour les élèves. Si on est dans les Cévennes, on va davantage parler des camisards par exemple ».


Liberté du professeur


Le débat tourne finalement moins autour du caractère optionnel de certains thèmes d’histoire qu’autour de la liberté des professeurs dans leurs classes. « Il n’y a pas de consensus sur ce point dans le milieu enseignant. C’est même un sujet de crispation », constate Michel Lussault. « Ceux qui sont favorables aux options dans le programme mettent en avant la liberté du professeur, pouvant aller jusqu’au choix des thématiques. C’est aussi la position du CSP. Ceux qui y sont opposés disent que le choix remet en cause le caractère national de l’enseignement. Pour eux, la liberté des professeurs ne peut être que pédagogique, sinon la responsabilité est trop grande », détaille-t-il. « En tant que président du CSP, je dois trouver un compromis. Je suis sensible aux écrits de Paul Ricœur, je fais donc bien la différence entre compromis et compromission », insiste-t-il.


Comme les frictions sont grandes sur cette question du choix, elle sera arbitrée en dernier, en septembre. « Si nous maintenons les options, nous les expliquerons mieux », promet Michel Lussault qui prévient : « Nous ne tomberons pas pour autant dans une liste de points et de dates où il manque toujours quelque chose. Mais plutôt sur de grandes périodes au sein desquelles les profs n’ignorent pas les enjeux. » Le caractère optionnel existe déjà depuis cinq ans dans les filières technologiques « sans que personne ne s’en émeuve », fait remarquer Cristhine Lécureux.


« Batailler à ce point autour des programmes n’a pas de sens. Ils ne sont qu’une indication, signale Philippe Joutard. Plus que le programme, c’est la manière dont il est appliqué, la façon dont les manuels sont écrits et comment il est reçu par les élèves qui comptent. Or la formation continue des enseignants est négligée depuis des années. L’Éducation nationale fait des économies dessus pour ne pas en faire sur les postes. Plus généralement, penser qu’une loi sera appliquée à partir du moment où elle est votée est finalement très français », conclut l’historien, qui est intervenu début juin, lors du forum sur l’enseignement de l’histoire à la Sorbonne.

http://reforme.net/une/societe/college-enseignement-reforme-est-menace

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Climat : les chrétiens doivent agir,protestant,

1 Juillet 2015, 19:56pm

Publié par hugo

SI LA TENDANCE ACTUELLE CONTINUAIT, CE SIÈCLE POURRAIT ÊTRE TÉMOIN D’UNE DESTRUCTION SANS PRÉCÉDENT DES ÉCOSYSTÈMES© ZUMA PRESS/MAXPPP
SOCIÉTÉ 24 JUIN 2015
Auteurs
Antoine Nouis
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Climat : les chrétiens doivent agir


Dans la perspective de la COP21, le pape a publié une encyclique attendue, et la Fédération protestante un document de travail.


À lire


Loué sois-tu !
Sur la sauvegarde de la maison commune
lettre encyclique
du pape François
144 p., 5 €.
Terre créée, terre abîmée, terre promise !
Écologie et théologie en dialogue
Document de la Fédération protestante
publié par les éditions Olivétan, 96 p., 13 €.
Et Dieu vit que tout cela était bon
par le patriarche Bartholomée
éditions du Cerf
60 p., 5 €.
En novembre dernier, le pape a eu une formule choc : « Dieu pardonne toujours, les hommes quelquefois, mais la nature ne pardonne jamais. » Pour préciser son engagement écologique, le Vatican vient de publier la première encyclique rédigée entièrement de sa main sur la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique. Son projet est d’amorcer un dialogue avec tous les habitants de la maison commune qu’est notre terre. Son texte fera partie des documents de la négociation pour la conférence sur le climat à Paris en décembre prochain.


Il a intitulé cette encyclique Laudate si (Loué sois-tu), titre d’une hymne de François d’Assise. On pensait qu’il avait choisi de s’appeler François pour la spiritualité et la simplicité du Poverello, il faut y ajouter son attention à la création. La même semaine, la Fédération protestante a publié un document dont le titre souligne les trois pôles : Terre créée, terre abîmée, terre promise.


Constat


Dans une première partie, le pape pose les données de la question : « Il existe un consensus scientifique solide qui indique que nous sommes en présence d’un réchauffement préoccupant du système climatique… Si la tendance actuelle continuait, ce siècle pourrait être témoin d’une destruction sans précédent des écosystèmes, avec de graves conséquences pour nous tous. » Il s’ensuit une critique radicale de notre civilisation. Non seulement, elle est profondément injuste car « certains croupissent dans une misère dégradante, sans réelle possibilité de s’en sortir, alors que d’autres ne savent même pas quoi faire de ce qu’ils possèdent », mais en plus cette injustice est irréductible car la généralisation du rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de l’environnement des plus riches ne pourrait être supportée par la planète.


Pour évoquer les conséquences de la consommation des plus riches, le pape parle de dette écologique vis-à-vis de l’humanité. L’économie de marché ne peut honorer cette dette car les logiques de profit sont incapables d’intégrer les conséquences écologiques d’une activité : « L’économie assume tout le développement technologique en fonction du profit, sans prêter attention à d’éventuelles conséquences négatives pour l’être humain. » Dans le document publié par la Fédération protestante, l’économiste Arnaud Berthoud pointe la difficulté de la science économique à intégrer dans ses théories la dégradation d’un bien commun à toute l’humanité. L’enjeu des négociations à venir est de poser les fondement d’une économie écologique qui intègre le coût environnemental d’une production ou d’une activité.


Face à l’impasse dans lequel se trouve notre monde, la seule réponse qui soit à la hauteur du défi relève d’une conversion : « Il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l’environnement et le progrès, souligne le pape. Sur ces questions les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement. Il s’agit simplement de redéfinir le progrès. »


Pour poser les fondements de ce chemin, l’encyclique propose une relecture des premiers chapitres de la Genèse. Dans le chapitre 1, le premier couple humain est appelé à dominer la création mais dans le chapitre 2, la vocation qui lui est adressée est de cultiver et de garder le jardin. Il faut donc passer d’une représentation fondée sur la domination – se rendre maître et possesseur de la nature comme dirait Descartes – à une vocation qui repose sur la préservation. Nous ne sommes plus au XVIIe siècle, et nous savons aujourd’hui que la création est fragile. Une lecture écologique de ces chapitres souligne que l’existence humaine repose sur trois relations intimement liées : le lien avec Dieu, avec le prochain et avec la terre. Le récit de la chute est relu dans cette perspective : « L’harmonie entre le Créateur, l’humanité et l’ensemble de la création a été détruite par le fait d’avoir prétendu prendre la place de Dieu, en refusant de nous reconnaître comme des créatures limitées… Comme résultat, la relation harmonieuse à l’origine entre l’être humain et la nature est devenue conflictuelle. » Dans le document de la Fédération protestante, le théologien orthodoxe Michel Maxime Egger souligne que la crise écologique n’est pas au-dehors mais en dedans de nous. Celle-ci appelle de notre part un travail intérieur pour nous conduire à un changement de positionnement dans notre rapport à la création.


Pour dépasser la rupture originelle, l’encyclique souligne la cohérence entre la démarche spirituelle (la relation à Dieu) l’exigence de justice (le rapport au prochain) et l’attention à l’environnement (la préservation de la création). En théologie, le dépassement de la rupture passe par un changement de comportement qui s’impose à plusieurs niveaux.


Gratitude et sobriété


Au niveau individuel, le pape appelle à une éthique de la gratitude et de la sobriété. La reconnaissance que la création est une donnée qui ne se contemple pas de l’extérieur mais de l’intérieur. Nous faisons partie de la création. « Il est important d’assimiler un vieil enseignement… il s’agit de la conviction que “moins est plus.” L’accumulation constante de possibilités de consommer distrait le cœur et empêche d’évaluer chaque chose et chaque moment. En revanche, le fait d’être sereinement présent à chaque réalité, aussi petite soit-elle, nous ouvre beaucoup plus de possibilités de compréhensions et d’épanouissement personnel. La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. » Comme exemple, le pape propose de retrouver l’habitude de rendre grâce avant et après les repas, tout simplement pour s’inscrire dans la reconnaissance.


Au niveau collectif, le pape appelle à une libération par rapport au paradigme technocratique régnant qui inclut une limitation de la technique. Avec des accents elluliens, il conteste l’anthropocentrisme moderne qui est une soumission à la raison technique. Au regard des exigences de justice, il en vient à utiliser le terme de décroissance : « Nous savons que le comportement de ceux qui consomment et détruisent toujours davantage n’est pas soutenable, tandis que d’autres ne peuvent pas vivre conformément à leur dignité humaine. C’est pourquoi l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties. »


Dans le rapport au prochain, le pape retrouve les fondements d’une éthique qui repose sur la protection des plus faibles. « Quand on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur d’un pauvre, d’un embryon humain, d’une personne vivant une situation de handicap – pour prendre seulement quelques exemples – on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. »


Le grand thème de l’encyclique se trouve dans une expression souvent répétée : « Tout est lié. » C’est le thème de l’écologie intégrale qui refuse de séparer la préservation de la nature, le respect de la biodiversité, la fraternité, la justice, la lutte contre l’oppression, la sobriété et le changement de comportement. Ce chemin de conversion s’impose à tout homme de bonne volonté.

http://reforme.net/une/societe/climat-chretiens-doivent-agir

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L'Eglise protestante unie de France autorise la bénédiction des couples homosexuels,protestants,mariage

20 Mai 2015, 16:59pm

Publié par hugo

L'Eglise protestante unie de France autorise la bénédiction des couples homosexuels
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il y a 3 jours
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Le décret sur la réforme contestée du collège a été publié au Journal officiel
Le décret sur la réforme contestée du collège a été publié au Journal officiel
De la drogue serait mélangée à du sirop contre la toux.
"Purple drank" : la nouvelle drogue des ados qui effraie les pharmaciens
Les couples de même sexe pourront bénéficier d'une bénédiction, célebrée par un pasteur.


L'Eglise protestante unie de France (Epudf) a adopté la possibilité de bénir les couples homosexuels, annonce son porte-parole, dimanche 17 mai. La principale Eglise protestante de l'Hexagone a pris cette décision à l'issue de son synode, qui se tient depuis jeudi, à Sète (Hérault). Sur 105 de délégués de l'Epudf, 94 ont voté pour la possibilité d'offrir une bénédiction religieuse aux couples homosexuels qui le souhaitent, et trois contre.


© Fournis par Francetv info
Deux ans après l'adoption du mariage pour tous, 200 délégués de la principale Eglise protestante française se sont réunis autour du thème "Bénir, témoins de l'Evangile dans l'accompagnement des personnes et des couples". Le mariage n'est pas un sacrement pour les protestants, mais les couples hétérosexuels unis en mairie peuvent être bénis au temple. Désormais, les couples homosexuels auront le même droit. Jusqu'à présent, en France, seule la Mission populaire évangélique (MPEF), une Eglise beaucoup plus petite que l'EPUdF, autorisait un "geste liturgique d'accueil et de prière" pour les homosexuels.


L'EPUdF, qui incarne le courant historique du protestantisme français, revendique 110 000 membres actifs parmi 400 000 personnes faisant appel à ses services.

http://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/leglise-protestante-unie-de-france-autorise-la-b%C3%A9n%C3%A9diction-des-couples-homosexuels/ar-BBjSDB5?ocid=SKY2DHP

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Liste de prénoms : "Un amalgame simplificateur",protestant,reforme,fn,extreme droite,

15 Mai 2015, 00:07am

Publié par hugo

JE SUIS MOHAMED© WOSTOK PRESS/MAXPPP
SOCIÉTÉ 13 MAI 2015
Auteurs
Jean Fontanieu
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Liste de prénoms : "Un amalgame simplificateur"


Pour Jean Fontanieu, secrétaire général de la Fédération de l'Entraide protestante, le souhait du maire de Béziers, Robert Ménard, de décompter les élèves de sa commune à partir de leur prénom préfigure une politique ségrégationniste à dénoncer.


Le maire de Béziers a ordonné, même s’il le dément désormais, le comptage des élèves de sa commune et leur classement dans des groupes confessionnels supposés, en s’appuyant sur leur prénom. Les raisons de cette démarche sont simples à comprendre : il s’agissait probablement d’utiliser ces statistiques à des fins politiques, politiciennes ou polémiques, ce qui fut fait. Ce procédé révèle toutefois au mieux un détournement des méthodes et compréhensions communément acceptées, au pire l’ébauche d’une perspective dont les finalités ne sont pas (encore) avouables. D’où ces quelques réflexions.


Tout d’abord, entretenir la confusion entre origine, appartenances ethnique et confessionnelle est grave : ce n’est pas parce qu’on la peau plus foncée ou plus claire que l’on croit en un Dieu déterminé, ni parce que l’on vient de tel endroit que l’on a des pratiques alimentaires obligatoires. Cet amalgame simplificateur est à rebours de la notion de diversité et de complexité, propre à la vie et à nos sociétés humaines. Notre principe de laïcité qui tente (difficilement) de séparer la question de la foi et de la citoyenneté vient à cette occasion de subir une attaque particulièrement violente et pernicieuse. Le vivre ensemble a besoin, pour tenir et prospérer, de partager et comprendre la signification des mots.


Un intolérable enfermement


Par ailleurs, déterminer l’appartenance confessionnelle à partir des prénoms est une imposture qui ne peut résister à l’analyse : les prénoms sont choisis par les parents, en fonction des modes, des époques, des goûts, des traditions qui portent tous une grande dimension de liberté. De plus, ce choix des prénoms, qui n’est pas le fait des enfants, porterait en lui un intolérable enfermement s’il devait imposer une appartenance « inéluctable » à quelque groupe que ce soit : la dimension essentielle de la liberté de l’être est ici convoquée, en permettant à l’individu de comprendre tout d’abord le choix de son prénom, puis à avancer dans la vie en multipliant les rencontres, les expériences, les comparaisons, afin qu’il puisse advenir par lui-même à ce qu’il va être. Ce signe donné n’est justement qu’un signe, une invitation, avant que l’être puisse affirmer qu’il est une personne, répondant pleinement et en toute conscience à l’appel de son prénom.


Nos parents nous ont proposé un chemin, une direction ; ils ont suggéré une couleur à nos vies, un son fait de quelques syllabes, faits de leurs souvenirs, de leurs héritages, de leurs histoires, de leurs découvertes : nous mettons souvent une vie à affirmer notre place et notre singularité, à coups d’interrogations, d’affirmations, de doutes. Porter un prénom et l’associer (ou non) à une foi est un acte éminemment personnel qui ne peut tolérer aucun déterminisme.


Quant à la foi et au choix de suivre (ou non) un appel spirituel, quoi de plus personnel et intime, résultat d’un dialogue secret et jamais définitif entre la personne et son créateur ?


C’est ainsi que se révèle un projet redoutable, dont la saillie de l’édile porte la marque nauséabonde : enfermer les personnes dans des wagons sémantiques, dont les parois virtuelles s’appellent superficialité et déferlement médiatique (le buzz, l’événement), marquer les êtres d’un sceau idéologique dont la cire est constituée d’une culture historique médiocre, d’un gavage médiatique (encore lui) en phase actuelle de forte accélération et d’hyperpénétration…


Purification ethnique


Car il ne faut pas s’y tromper : la question des statistiques ethniques évoquée ici ou là doit être alimentée et obligatoirement complétée d’un débat éthique, et ne peut faire l’impasse de la finalité dans l’utilisation de ces statistiques : s’il s’agit de nommer les injustices et d’identifier les personnes qui les subissent, une société peut s’entendre pour pratiquer ces statistiques ; s’il s’agit de parquer les personnes dans des zones de non-droit, ou de les éjecter du système, c’est une autre affaire…


Ainsi, au-delà de la provocation polémique se cache un projet qui n’a pas (encore) le droit de s’afficher, dont l’expression n’est pas (encore) politiquement correcte : il s’appelle ségrégation, purification ethnique, élimination ; le vrai visage de l’extrême droite, toute à sa tentative de diabolisation, apparaît à la faveur d’une bien classique émission de télévision.


Que peut-il être opposé, en face ? Enseigner l’histoire et les humanités, expliquer, préciser, dénoncer, assurément ; chercher la paix, repousser la haine bien entendu, mais peut-être plus encore veiller, avancer et encourager vers l’affirmation de soi, favoriser le partage et la confrontation, dire, ne pas avoir peur… protester ?

http://reforme.net/une/societe/liste-prenoms-amalgame-simplificateur

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L'autodévalorisation, un sabotage ?,protestant,reforme,sante,

14 Mai 2015, 23:27pm

Publié par hugo

SE DÉNIGRER EST PARFOIS UNE FAÇON DE SE CACHER© JELLALUNA/FLICKR/CC BY 2.0
SOCIÉTÉ 13 MAI 2015
Auteurs
Jean-Paul Sauzède
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L'autodévalorisation, un sabotage ?


Les personnes qui se dénigrent elles-mêmes ont du mal à assumer leur singularité, leurs compétences et leur présence face aux autres.


Alors que ses élèves paisiblement viennent enfin de s’asseoir, Alain se demande s’il ne va pas les décevoir, dévoilant ouvertement sa fatigue d’un air gêné : « J’ai très mal dormi et je n’ai pas les idées claires aujourd’hui. Je ne sais pas à quoi va ressembler mon cours ! » Un autre jour, il fera l’aveu de son manque de préparation : « J’espère que vous y comprendrez quelque chose car je n’ai pas eu le temps de préparer ce cours ! » Il y a des moments où la sincérité peut être l’expression d’un courage, une marque de sincérité pour susciter compréhension ou compassion. D’autres fois, et c’est souvent le cas pour Alain, ce genre de déclarations incite à une contamination dans le découragement et à rejoindre Alain dans sa paresse ou sa fatigue manifestes !


Estime de soi


Lors d’une sortie qu’il avait organisée avec les élèves dans un musée, l’équipe d’accueil avait proposé de clore la visite autour d’un verre pour prendre le temps de questions-réponses avec la classe.


Poursuivez la lecture de cet article en cliquant ici.

http://reforme.net/une/societe/lautodevalorisation-sabotage?utm_content=buffer8d712&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=buffer

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Ces parents confrontés au djihadisme,protestant,reforme,integrisme,islam

10 Mai 2015, 04:41am

Publié par hugo

POUR LUTTER CONTRE L’EMBRIGADEMENT DES JEUNES, LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR A CRÉÉ LE SITE STOP-DJIHADISME© MAXPPP/MAXPPP
SOCIÉTÉ 6 MAI 2015
Auteurs
Fériel Alouti
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Ces parents confrontés au djihadisme


Un jour, l’islam radical a bouleversé la vie de Michèle, Nathalie et Laurent. Témoignages.


« Quand il est parti, la terre s’est ouverte en deux » Michèle, 56 ans.


Lorsqu’en se réveillant le 27 décembre 2013, Michèle ne voit pas son fils dans son lit, elle ne s’inquiète pas. Frédéric vient de fêter ses 18 ans. « Il a dû faire la bringue toute la nuit et rester dormir chez un copain », se dit-elle. Mais les heures passent, son fils ne répond pas à ses appels. Michèle s’inquiète et décide de se rendre dans une pizzeria du quartier de Saint-Roch à Nice, où son fils a l’habitude de se rendre. « Ses copains m’ont dit : “Mais vous n’êtes pas au courant, Madame ? Fred est parti en Syrie !” J’ai couru à la police. » Le soir même, Michèle parvient à joindre Frédéric. Il est alors à Istanbul, accompagné de trois copains du quartier, dont deux mineurs. « Il m’a dit : “Maman, je vais là-bas pour aider les femmes et les enfants qui se font bombarder par Bachar el-Assad.” Je lui ai répondu qu’il était encore temps de rentrer, qu’il pouvait aider des gens et pratiquer sa religion, ici. L’un de ses copains m’a dit qu’il lui donnerait de l’argent pour qu’il puisse reprendre un vol. » Mais Frédéric n’est jamais rentré.


Depuis seize mois, Michèle communique rarement avec son fils. « Trois conversations vidéo, un appel et des sms. Il parle peu, a les yeux hagards. Je lui demande ce qu’il fait, il me répond qu’il apprend sa religion et qu’il joue au foot avec des petits Syriens. Je ne sais même pas dans quelle ville il se trouve », lâche-t-elle, les yeux humides. Frédéric s’appelle désormais Abu Issa Yunus. Il s’est fait pousser la barbe, s’habille en noir. A-t-il pris les armes ? Michèle n’en sait rien : « Il me dit que non mais quand on est endoctriné, on est capable de tout ». Depuis son départ, elle tente surtout de comprendre. « Quand il est parti, la terre s’est ouverte en deux, je n’ai rien vu venir. » Et pour cause. Frédéric venait de finir une formation « Jardin et paysage », son apparence physique n’avait pas changé. Son discours non plus. « Lorsque, trois mois avant, son meilleur ami est parti pour la Syrie, Fred a pleuré et je lui ai dit: “Je te tue si tu me fais ça.” Il m’a répondu : “Maman, je jure sur la vie de mémé que je ne le ferai jamais.” »


Il y a quelques jours, Frédéric lui a demandé de lui envoyer un colis à Hatay, une ville turque située à la frontière syrienne. Michèle a accepté et suivi les consignes de la DGSI : pas d’ordinateur, de téléphone et d’argent liquide. Elle lui enverra donc des chaussettes et quelques t-shirts. Si Michèle a déjà pensé engager un passeur pour récupérer son fils, elle sait aussi qu’elle ne peut pas l’obliger à rentrer. « Mais s’il revient, je ne veux pas le voir. S’il a tué des gens, il doit aller en prison. Sinon, il doit se faire soigner. Je ne veux pas qu’il finisse par commettre des attentats. »


« Je sais que mes enfants cautionnent ces massacres » Nathalie, 49 ans


Pour Nathalie, les attentats de janvier ont été un « choc » mais aussi un « déclic ». « Je sais que mes enfants cautionnent ces massacres », glisse-t-elle. Florian, 25 ans, et Jauris, 21 ans, se sont convertis à l’islam et ont choisi de vivre comme au temps du Prophète, en France. Ils sont salafistes. « C’est quand Florian est parti vivre sur la Côte d’Azur qu’il a découvert l’islam. » Après un parcours chaotique fait de drogues et de passages à l’hôpital, sa quête de spiritualité le conduit vers l’islam. Puis, il a converti son petit frère. « Il l’a initié à l’islam salafiste, lui a appris à prier, à faire les ablutions. Ça s’est passé sous mon toit et je n’ai rien vu. Je lui en veux tellement d’avoir entraîné son frère. » Après les attentats, Nathalie a décidé d’appeler le numéro vert (lire p.4). « On m’a posé un tas de questions sur mes fils. Puis des agents de la DGSI sont venus me voir pour, finalement, me dire : “Vos fils sont perdus, faites votre deuil.” Selon eux, ils se sont trop radicalisés et ne seront plus jamais comme avant. » Depuis, Dounia Bouzar l’appelle deux fois par mois. Selon elle, il y a encore un espoir de « récupérer » le plus jeune. « La dernière fois que je l’ai vu, il m’a dit qu’il n’arrivait pas à tout faire. Il continue les jeux vidéo, fume encore, écoute de la musique et envisage, parce qu’il se sent seul, de prendre un chat. Tout ce que les salafistes interdisent. »


Aujourd’hui, ces deux fils vivent à Fréjus. Comme au temps du Prophète, ils n’utilisent pas de brosse à dents mais un bout de bois, n’ont pas de mutuelle, pas de compte en banque ni de carte vitale, ils ne travaillent pas le vendredi et sous-louent des logements sociaux. Ils ont constitué une véritable économie parallèle. Ils sont uniquement payés en espèces, se prêtent de l’argent entre eux.


Et toutes les semaines, versent la zakat [l’aumône, l’un des cinq piliers de l’islam, ndlr] à la mosquée.


Un bouleversement de vie que Nathalie ne parvient toujours pas à comprendre. « Je suis née dans une famille chrétienne très pratiquante. J’en ai souffert. J’ai donc appris à mes enfants que l’on pouvait faire le bien sans avoir de religion, qu’il fallait apprendre à penser par soi-même. »


« Ils nous ont volé sa vie et sa mort » Laurent, 52 ans


Raphaël était promis à un bel avenir. Brillant élève dans une école d’ingénieurs, il travaillait sur un projet de création d’entreprise. C’est d’ailleurs pour soutenir ce projet de fin d’année qu’il se rend à Paris, le 17 juillet 2014. Quatre jours plus tard, Raphaël appelle sa mère pour lui dire qu’il est en Syrie. Trois mois plus tard, une femme sonne chez ses parents à Lunel (Hérault) et leur annonce la mort de leur fils lors d’une incursion de l’armée syrienne dans la ville de Deir ez-Zor, située dans l’est du pays. « On tombe alors dans un état de stupéfaction totale, que s’est-il passé ? », s’interroge encore Laurent, son père. Car même si Raphaël s’était, en 2010, converti à l’islam, il n’avait jamais émis l’envie de partir pour la Syrie.


C’est à Lunel, auprès d’un ancien camarade de lycée, qu’il découvre cette religion. Oussem, jeune homme alors en délicatesse avec la justice, lui raconte la perte de sa mère, la galère et son retour à la religion qui aurait, pour lui, tout résolu. Raphaël est ému, il découvre l’islam. Joyeux, ouvert, imaginatif mais aussi sportif et passionné de musique, l’étudiant se convertit sans en parler à ses parents. « On s’est senti trahi. Raphaël n’a jamais demandé à recevoir une éducation religieuse. Je suis juif, ma femme est catholique. On n’a pas compris pourquoi il choisissait une troisième voie sans nous en parler mais on a décidé de l’accompagner dans cette quête de spiritualité », dit Laurent. Attentifs, la première année, les parents négocient pour que Raphaël aille une seule fois par jour à la mosquée. Son apparence physique ne change pas. Sauf qu’au fil des mois, le comportement de Raphaël inquiète sa famille. Il quitte sa petite copine, arrête la guitare, recrache des discours complotistes et s’investit dans une association de Lunel qui collecte de l’argent à la sortie de la mosquée pour creuser des puits au Tchad. « 80 % de ses membres sont partis pour la Syrie », apprendra plus tard Laurent.


Lorsque Raphaël quitte la France, il garde le contact avec ses parents, les appelle presque tous les jours. Il leur explique qu’il n’est pas en Syrie pour combattre mais pour s’occuper du réseau Internet de Deir ez-Zor. Les mois passent et ses parents finissent par le persuader de rejoindre la frontière turque. « Je lui ai dit : “Je sais que tu vas mourir et je veux te voir une dernière fois.” Il a accepté. J’étais persuadé qu’en le voyant, on le ramènerait à la raison. » Mais Laurent n’a pas eu le temps. Le 20 octobre 2015, les parents apprennent que leur fils est mort depuis trois jours. Le jour même, ils rencontraient, pour la première fois, un agent de la DGSI. « Un jeune de Lunel nous a montré des photos de son corps. Là, notre désespoir était sans limites. Car en plus de nous voler sa vie, ils nous ont volé sa mort. » Les parents n’ont jamais pu récupérer le corps de leur enfant. Pour l’État français, Raphaël est donc officiellement toujours vivant. Difficile alors de faire son deuil.


Depuis, les parents veulent comprendre ce qui s’est passé et tentent d’alerter l’opinion. « J’essaye de donner l’énergie qu’il me reste aux associations, je témoigne de cette histoire terrible. Car il faut alerter et agir en amont, pas quand ils sont partis pour la Syrie, c’est trop tard. Il faut répéter aux jeunes qui veulent partir que ce chemin les conduit vers la mort et que s’échapper de cet enfer est illusoire. »

http://reforme.net/une/societe/parents-confrontes-djihadisme

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La mémoire de l'humanité en danger,protestant,reforme,

22 Avril 2015, 22:40pm

Publié par hugo

LA CITÉ D’HATRA, VIEILLE DE 2 000 ANS, ET SITUÉE DANS LE NORD DE L’IRAK, A ÉTÉ VANDALISÉE PAR LE GROUPE ÉI© DIDIER SAULNIER/MAXPPP
MONDE 8 AVRIL 2015
Auteurs
Louis Fraysse
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La mémoire de l'humanité en danger


Depuis 2011, les destructions de sites et de biens culturels se multiplient au Moyen-Orient. L’Unesco, impuissante, appelle à la mobilisation de la communauté internationale.


À lire et à noter


Histoire de la Mésopotamie
Véronique Grandpierre
Gallimard, 2010.
La destruction du patrimoine culturel à Alep :
banalité d’un fait de guerre ?
Jean-Claude David et Thierry Boissière
Confluences Méditerranée, 2014.
Le patrimoine culturel,
cible des conflits armés
Vincent Négri (dir.), Bruylant, 2014.
Le site Internet de l’Unesco :
https://fr.unesco.org
Le site de la campagne Unite4Heritage
(en anglais) :
www.unite4heritage.org
En Irak, le chapelet des destructions volontaires perpétrées par les djihadistes de l’État islamique (ÉI) ne cesse de s’allonger. Samedi 4 avril, l’ÉI a publié une vidéo mettant en scène la destruction de l’antique cité parthe d’Hatra. Étape obligée sur la route de la soie, Hatra avait résisté par deux fois aux légions de l’Empire romain.Les mois précédents, l’État islamique avait ravagé le musée de Mossoul et entrepris de démolir au bulldozer les imposants vestiges de Nimrud – la Kalah biblique ­– ancienne capitale de l’Empire assyrien.


Ces destructions n’ont rien de nouveau. Lorsqu’ils étaient maîtres du nord du Mali, en 2012, les djihadistes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) s’étaient « distingués », outre leurs exactions envers la population, par la destruction de plusieurs mausolées de saints musulmans, vieux de plusieurs siècles, témoignages du passé prestigieux de la ville. Et qui ne se souvient des bouddhas de Bamiyan ? En mars 2001, sous les yeux d’une communauté internationale médusée, les talibans afghans et leurs alliés d’Al-Qaida dynamitaient ces gigantesques statues de pierre, représentantes exceptionnelles de l’art gréco-bouddhique.


La « pureté » d’un dogme


Dans tous les cas, la raison évoquée par les djihadistes est la même : détruire des « idoles contraires à l’islam » et, ce faisant, prouver aux yeux du monde la « pureté » de leur dogme. Mais ces destructions ont une autre visée, d’ordre politique celle-là. En saccageant, au nom de leur religion, des sites protégés par l’Unesco, les djihadistes font œuvre de propagande. C’est une garantie pour eux d’occuper l’espace médiatique, et de se poser en adversaires résolus d’un Occident honni.


« Nous sommes pris dans un cercle vicieux, rapporte Jean-Claude David, géographe et chercheur associé au Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo). Plus l’Unesco et les médias parlent des destructions, plus cela attise l’ardeur des destructeurs, ravis que l’on parle d’eux. Et c’est leur but. »


Le choix des cibles n’est jamais innocent, et les édifices musulmans sont loin d’être à l’abri des destructions. En Irak, l’ÉI n’a pas hésité à dynamiter les mosquées qui s’élevaient sur les tombes des prophètes Jonas et Seth, toujours au nom de l’islam. L’influente mosquée Al-Azhar, au Caire, l’une des plus importantes autorités de l’islam sunnite, a condamné ces attaques, parlant de « crime majeur contre le monde entier ». Mais rien n’y fait.


En Syrie, où la guerre civile amorcée en mars 2011 a déjà causé la mort de plus de 215 000 personnes, la situation est quelque peu différente, puisque le très riche patrimoine culturel est la cible à la fois de l’armée loyaliste et des insurgés. « Comme l’Irak, la Syrie a toujours été un carrefour, remarque l’historienne Véronique Grandpierre, spécialiste de la Mésopotamie. Les places fortes d’hier – le Krak des Chevaliers, Palmyre – conservent encore aujourd’hui un fort intérêt stratégique. » Un intérêt réel, puisque de nombreux combats s’y sont déroulés.


La vieille ville d’Alep, l’une des plus anciennes au monde, a elle été presque anéantie depuis 2012. Dans cette ville, où la lutte entre partisans du régime et insurgés est à couteaux tirés, « toute destruction est bonne », rappellent Jean-Claude David et l’anthropologue Thierry Boissière dans un article universitaire. « Pour le régime, il s’agit de détruire les rebelles et la population qui les héberge, et pour les rebelles de détruire la présence et les soutiens locaux du régime et de son armée », détaillent les chercheurs. Pourquoi le patrimoine n’est-il pas épargné ? « Il s’agit, en détruisant l’espace matériel de la vie quotidienne, […] de couper les racines, […] pour rendre difficile ou impossible le retour. »


En théorie, les atteintes au patrimoine, qu’elles soient le fait d’États ou d’individus, sont interdites par le droit international. L’article 8 de la Cour pénale internationale (CPI), dont les statuts ont été établis en 1998, les inclut dans sa liste de « crimes de guerre ».


« C’est en 1899 qu’un article de la Convention concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre interdit spécifiquement, et pour la première fois, la destruction “d’édifices historiques et d’œuvres d’art et de science” », rapporte Vincent Négri, chercheur à l’Institut du politique du CNRS. Après la création en 1919 de la Société des nations, l’ancêtre de l’ONU, l’Institut de coopération intellectuelle – l’équivalent de l’Unesco actuel – mène une intense activité afin de définir des normes de protection du patrimoine culturel. Un combat qui, peu à peu, porte ses fruits. Au début de l’année 1939, en pleine guerre d’Espagne, républicains et franquistes signent un accord pour évacuer les biens artistiques espagnols vers Genève.


Après le carnage de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement poursuit son cours. En 1954, la Convention de l’Unesco pour la protection des biens culturels en cas de conflits armés requiert des belligérants qu’ils respectent les biens culturels, un principe inscrit dans le droit international par les protocoles additionnels I et II de 1977 aux Conventions de Genève de 1949.


En 2004, un commandant de l’Armée populaire yougoslave est condamné par un juge du Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie pour avoir ordonné le bombardement de la vieille ville de Dubrovnik, en Croatie. C’est la première fois qu’un chef militaire est condamné pour avoir détruit du patrimoine culturel lors d’un conflit.


Passeports culturels


La guerre en ex-Yougoslavie est symptomatique à plus d’un titre. L’article 16 de la Convention de l’Unesco de 1954 prévoyait ainsi que les « biens culturels » soient marqués d’un « signe distinctif », afin qu’ils soient épargnés par les tirs et les bombardements. « Lors de ce conflit, de nombreux bâtiments ont été ciblés parce qu’ils arboraient ce signe, comme le pont de Mostar, la bibliothèque de Sarajevo ou la vieille ville de Dubrovnik, relate Vincent Négri. C’est tout le problème des conflits liés à l’identité des belligérants : quand on nie l’identité de l’autre, on cherche à détruire ce qui l’incarne, comme le patrimoine. »


L’Unesco, elle, n’agit pas sur le terrain. Son action ne peut être relayée que par les États. Depuis sa création, l’organisation insiste sur l’importance de l’éducation et de la sensibilisation pour protéger le patrimoine. Au Mali, en 2013, elle a distribué des « passeports culturels » aux soldats français, afin que ces derniers veillent à préserver les biens culturels. Mais lorsque des groupes décident de s’en prendre sciemment au patrimoine, l’Unesco ne peut que sonner l’alarme. Et laisser faire, impuissante. « On ne pourra rien obtenir tant que l’on n’aura pas fait la paix dans la région, indique le géographe Jean-Claude David. La question du patrimoine ne peut pas être isolée du reste, de l’humain. »


L’Unesco met néanmoins en avant la nécessité de lutter contre le trafic de biens culturels, qui a explosé ces dernières années, en appelant à la mise en œuvre de la résolution 2199, adoptée le 12 février dernier par le Conseil de sécurité de l’ONU. Cette dernière vise également à renforcer les mesures afin de « tarir les sources de financement » des groupes djihadistes.


« Détruire le patrimoine d’une nation, c’est anéantir la mémoire et la richesse d’un pays, d’un peuple, d’une identité », explique-t-on au Centre du patrimoine mondial de l’Unesco, joint par courriel. Le plus gros défi est de réveiller la conscience collective de son importance, sur sa valeur en tant que témoin de la créativité humaine. »


Pour cela, l’organisation vient de lancer la campagne Unite4Heritage (« S’unir pour le patrimoine ») : les citoyens du monde entier sont invités à prendre une photographie de leur site culturel préféré, et la partager sur les réseaux sociaux. Ce faisant, l’Unesco cherche à contrer l’offensive de propagande de l’ÉI, qui pour une large part se joue sur Internet.


Véronique Grandpierre souligne certaines initiatives courageuses prises par les populations locales (lire p. 10). À Tombouctou, au Mali, 80 % des manuscrits anciens, témoignant de l’âge d’or de cette cité, ont été sauvés par plusieurs familles, lors d’une épopée rocambolesque qui les a menées jusqu’à Bamako. À Mossoul, prise par l’ÉI en juin 2014, c’est une chaîne humaine qui a permis de sauver le célèbre minaret penché de la mosquée d’Al-Nuri, que voulaient dynamiter les djihadistes.


« L’histoire de l’Irak et de la Syrie se compte en millénaires, rappelle Véronique Grandpierre. Cette région est un berceau de civilisations, mais aussi des trois monothéismes. C’est de Babylone que les Hébreux ont entamé la rédaction de la Bible, et c’est de Ur qu’est parti Abraham. Dans cet endroit du monde, on touche véritablement à l’universel. »

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