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feminisme

La pension des femmes moindre que celle des hommes : le taux ménage est une des raisons. Mais qu'est-ce que c'est?

29 Mars 2023, 04:04am

Publié par hugo

 La pension des femmes moindre que celle des hommes : le taux ménage est une des raisons. Mais qu'est-ce que c'est?

Le Déclic Décrypte de Marie-Laure Mathot
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19 mars 2023 à 07:00 - mise à jour 22 mars 2023 à 18:48

Temps de lecture7 min
Par Marie-Laure Mathot
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Les discussions autour de la réforme des pensions ont également lieu chez nous, en Belgique. Et la ministre en charge de cette compétence, Karine Lalieux, s’est engagée à réduire l’écart de revenus entre les hommes et les femmes.

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Cela a d’ailleurs été promis en début de législature : "les inégalités entre hommes et femmes seront prises en considération", est-il écrit dans le chapitre pensions de l’accord de gouvernement fédéral qui précise également : "Le principe de splitting des droits de pension sera étudié." Un principe qui voudrait que chaque membre d’un couple ait une pension égale, ce qui n’est en moyenne pas le cas actuellement.

Le taux ménage a été imaginé après la seconde guerre mondiale.

Dans un couple hétérosexuel, l’homme gagne en moyenne 10% de plus que la femme pendant sa carrière. Cet écart se creuse s’ils ont des enfants et a des répercussions tout au long de la vie de chacun. Jusqu’à la fin de celle-ci : la pension. Et là encore, c’est l’homme qui gagne le plus en moyenne.

La différence est de 488 euros pour les anciens travailleurs salariés et les indépendants selon une publication récente du Bureau fédéral du plan. Il s’est basé sur les 113.121 personnes qui ont, pour la première fois, reçu leur pension de retraite en 2021. Une pension qu’ils n’ont pas cumulée avec une pension de survie et/ou de conjoint séparé ou divorcé.


Pour bien comprendre, il faut savoir que nos pensions sont composées de trois piliers, trois sources de financement :

La pension légale – Elle est calculée sur base des années travaillées et du salaire reçu pendant cette carrière. Elle est payée par les cotisations des travailleurs.
La pension complémentaire - Pour les salariés, elle est constituée par l’employeur mais n’est pas automatique. C’est l’assurance-groupe. Les indépendants peuvent aussi y avoir droit à condition de l’avoir constituée eux-mêmes.
L’épargne privée – C’est une épargne sur le long terme mise en place à titre personnel via une banque ou une assurance par exemple et qui permet, sous certaines conditions, d’avoir un avantage fiscal.
Selon le Bureau fédéral du Plan, les inégalités de genre se creusent dans les deux premiers piliers, avec une plus grosse part jouée par la pension légale.

Focus sur le premier pilier : la pension légale
Dans ce premier pilier, la différence de revenu est de 403 € selon les chiffres présentés par le Bureau fédéral du plan.


Il montre également que :

Trois quarts (76%) des femmes gagnent moins de 2000 euros par mois via ce pilier contre 58% des hommes.
Plus d’une femme sur cinq gagne moins de 1000 euros par mois via ce pilier contre 8% des hommes.
Pourquoi cette différence ? Souvent évoquée, la carrière des femmes est plus "morcelée" que celle des hommes. C’est ce qu’explique notamment le Conseil supérieur de l’emploi dans un rapport de janvier, "les salaires inférieurs durant la carrière, la durée plus réduite de la carrière, les interruptions de carrière plus nombreuses, un taux d’inactivité plus élevé, etc."

Ainsi, le fait que ce sont encore majoritairement des femmes qui s’occupent des tâches ménagères, de la maternité et des soins aux proches et qu’elles travaillent à temps partiel pour cela vient creuser l’écart.

La pension, un reflet de la carrière

"Les pensions ne font que refléter la situation du marché du travail. Le fait que beaucoup de femmes ont des carrières ‘incomplètes’, des niveaux de rémunération plus bas et sont discriminées en termes de carrière se reflète au moment du calcul de la pension", explique Pierre Devolder, professeur de finances à l’UCLouvain.

Mais il y a une autre raison à cet écart mise en avant par le Bureau fédéral du plan pour les personnes salariées ou indépendantes qui sont mariées : le taux ménage. "Le taux ménage est la plupart du temps appliqué à la pension de retraite de l’homme et peut certainement expliquer en partie pourquoi la pension de retraite moyenne des hommes est plus élevée que celle des femmes."

Le taux ménage, c’est quoi ?
Il s’applique au moment du calcul de la pension légale (premier pilier) des salariés et des indépendants. Pour chaque année de pension travaillée, on acquiert un droit à la pension égal à 60% du salaire annuel brut (salarié) ou du revenu professionnel net (indépendant) gagné au cours de l’année en question. Grosso modo, le service des pensions reprend les revenus annuels d’une personne et multiplie par 60%. C’est le taux en tant que personne seule, le taux isolé.

Mais quand on est marié, il y a la possibilité d’augmenter ce pourcentage, c’est le taux ménage. Quand il est appliqué, il n’est plus de 60% mais de 75% sur le plus gros des deux salaires. C’est le service des pensions qui calcule automatiquement ce qui est le plus avantageux pour le couple.

Quand est-ce avantageux ? Quand une des deux personnes composant le couple n’a pas eu ou a eu peu de revenus pendant sa carrière. C’est le cas des épouses restées à la maison pour s’occuper de la vie de famille.

Ainsi, pour les pensionnés d’aujourd’hui, c’est encore en grande majorité sur la pension de l’homme que ce pourcentage est appliqué. C’est donc lui qui touche cet argent pour le couple.


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Par exemple, un homme qui gagnerait 8000 euros au taux isolé, gagnera 9000 euros si son épouse a une petite pension de 1000 euros. Ainsi, le revenu global du couple est plus élevé grâce au taux ménage.

Mise en place après la deuxième guerre mondiale

"La pension légale pour les salariés a été mise en place après la deuxième guerre mondiale", contextualise Pierre Devolder. "À cette époque-là, le modèle classique était : Monsieur qui travaille et Madame qui s’occupe de la maison et/ou de la famille. C’était le modèle traditionnel. Le législateur s’est donc dit que si les deux membres du couple étaient toujours en vie au moment de la retraite, il serait logique d’adapter les ressources à deux personnes plutôt qu’à une seule. Ainsi, si l’épouse n’a pas eu de revenus, on donne une pension un peu plus élevée au couple avec un taux à 75%."

Plus de revenus mais une plus grande dépendance financière
Mais cette manière de calculer est-elle encore d’actualité ? Ne rend-elle pas la femme encore dépendante de son mari financièrement ? Bref, cette méthode de calcul est-elle égalitaire ?

Pour Pierre Devolder, c’est une méthode de calcul qui date clairement du passé mais qui profite aux deux membres du couple. "Même si le montant est versé à l’homme, la femme va également profiter de cette revalorisation. L’idée de la pension ménage est de redistribuer au couple, pas à l’homme seul. Et donc, la femme en profite aussi."

La question est donc de savoir comment l’argent est redistribué dans le couple une fois qu’il est versé à l’homme. "Et cette information est très difficile à obtenir car il s’agit du cercle privé", répond Laurène Thil, économiste et chercheuse à la KULeuven.

"Il est clair qu’avec le taux ménage, l’homme gagne plus grâce à sa femme. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement que la femme reçoit moins de richesses à la fin. À partir du moment où les ressources disponibles pour le couple sont augmentées et reversées à l’homme, l’important pour l’égalité de genre est de voir comment elles sont redistribuées ensuite. Si elles sont partagées, c’est très bien, sinon, c’est clair que les femmes sont perdantes… Oui, il s’agit de bien s’entendre !"

Cela signifie ainsi que la femme dépend financièrement de son mari. "Il y a une globalisation des revenus qui fait que vous n’avez plus de droits propres si vous êtes celui, celle en l’occurrence, qui gagne le moins", réagit Dominique De Vos, présidente de la commission Sécurité sociale du Conseil fédéral de l’Égalité des chances entre hommes et femmes. "Ça bétonne la dépendance au mari. Même si, il faut le souligner, ils peuvent se séparer et toucher une pension de divorcés qui, là aussi, dépend des revenus du mari."

Une des solutions étudiée par ces trois experts serait le "splitting". Rappelez-vous, c’est une des solutions qui doit être étudiée selon l’accord de gouvernement. "L’idée de base du splitting est de cumuler la pension des deux personnes et on divise en deux", explique Dominique de Vos qui précise que cela pose énormément d’autres questions. "Que met-on dans ce pot commun ? La pension légale ? Complémentaire ? Cela ne risque-t-il pas d’appauvrir les ménages ?"

Attendre ou agir ?
Pour Pierre Devolder, qui avait également étudié cette solution, le taux ménage va "mourir de sa belle mort". "Progressivement, le taux ménage va devenir un non-sens et ne sera plus appliqué. Les deux membres du couple travaillent aujourd’hui et c’est donc le taux isolé qui sera appliqué parce que ce sera le plus intéressant. Parce que la somme des deux pensions sera plus importante qu’une pension avec un taux ménage."

Une condition à cela, ajoute Laurène Thil : que les carrières entre les hommes et les femmes soient égalitaires. Or, ce n’est pas encore le cas. Même si l’écart salarial tend à se résorber, il existe toujours. Avec un moment crucial : quand le couple devient parent, les études montrent que la carrière de l’homme prend son envol alors que celle de la femme est freinée.

"Cela a des conséquences sur les retraites", explique Laurène Thil qui s’interroge : "Est-ce le rôle des retraites de contrebalancer les inégalités de genre dans la vie professionnelle ? Ou est-ce qu’il faut concentrer les efforts sur la carrière des unes et des autres ?"

La nécessité d’une individualisation des droits

L’idée de réformer le taux ménage n’est en tout cas pas clairement énoncée par la ministre des Pensions, Karine Lalieux, qui a reçu la semaine dernière un rapport des syndicats sur la question de la dimension familiale. "Le rapport demandé aux syndicats pointe la nécessité d’une individualisation des droits progressive, notamment pour la participation au travail des femmes", précise le cabinet de la ministre. "En outre, les partenaires sociaux relèvent que les droits dérivés entraînent des incohérences et ne prennent pas assez en compte les nouvelles formes d’organisation familiale, le mariage étant la seule forme permettant d’accéder aux droits dérivés."


https://www.rtbf.be/article/la-pension-des-femmes-moindre-que-celle-des-hommes-le-taux-menage-est-une-des-raisons-mais-qu-est-ce-que-c-est-11169568

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Comment Kathrine Switzer est devenue la première marathonienne, malgré l’interdiction de ce sport aux femmes ?

29 Mars 2023, 04:01am

Publié par hugo

 Comment Kathrine Switzer est devenue la première marathonienne, malgré l’interdiction de ce sport aux femmes ?

L'Heure H
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22 mars 2023 à 16:00

Temps de lecture41 min
Par La Première, sur base d'un texte de Valjean
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Jean-Louis Lahaye
Boston, le mercredi 19 avril 1967, vers 9h30 : l’effervescence est de mise au cœur de la capitale du Massachusetts. Une date qui correspond au Patriot Day, un jour férié dans tout l’État depuis 1894. Ce jour commémoratif est aussi celui du plus ancien marathon annuel, qui s’est déroulé en 1897.

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On y célèbre la 70e édition du marathon de Boston. Dossard sur le dos, des centaines de coureurs s’apprêtent à prendre le départ de la course, et parmi eux se trouve pour la toute première fois, une femme. Elle porte du rouge à lèvres et un bandeau autour des cheveux. Encadrée par les deux hommes de sa vie, elle est prête à s’élancer. Si voir une athlète prendre part au plus célèbre des marathons semble normal au 21e siècle, à l’époque, il est formellement interdit pour une femme de courir le marathon.

Mais, Kathrine Switzer, 20 ans, n’en a rien à faire et veut briser le machisme ambiant. Toutefois, outre la difficulté sportive d’une telle distance à courir, elle doit aussi faire face à divers imprévus. Les organisateurs, eux, sont furieux.

Comment réussit-elle à s’inscrire alors qu’elle n’en avait pas le droit ? A-t-elle terminé ce marathon malgré un parcours semé d’embûches ? Quel impact sur l’histoire sportive et sur l’histoire du genre a eu cette participation ?

À lire aussi
Les Sex Pistols : comment un groupe culte a été recruté grâce à un magasin de mode provocatrice

Kathrine Switzer au Marathon de Boston en 1967.
Kathrine Switzer au Marathon de Boston en 1967. © Tous droits réservés
► Écoutez l’entièreté de ce récit dans le podcast ci-dessus, et bien d’autres destinées qui ont basculé à L’Heure H avec Jean-Louis Lahaye, du lundi au vendredi de 15h à 16h sur La Première et en replay sur Auvio.


https://www.rtbf.be/article/comment-kathrine-switzer-est-devenue-la-premiere-marathonienne-malgre-linterdiction-de-ce-sport-aux-femmes-11170501

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Désinformation genrée : pourquoi les femmes sont-elles victimes de haine en ligne

29 Mars 2023, 01:01am

Publié par hugo

 Désinformation genrée : pourquoi les femmes sont-elles victimes de haine en ligne
Quand l'actuelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, était candidate à la chancellerie en 2021, elle a fait l'objet de campagnes de désinformation qui mettaient en doute ses capacités à occuper le poste. 
Quand l'actuelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, était candidate à la chancellerie en 2021, elle a fait l'objet de campagnes de désinformation qui mettaient en doute ses capacités à occuper le poste. 
©AP Photo/Boris Grdanoski
Quand l'actuelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, était candidate à la chancellerie en 2021, elle a fait l'objet de campagnes de désinformation qui mettaient en doute ses capacités à occuper le poste. Dans un rapport, l'experte en égalité de genre Lucina Di Meco démonte les mécanismes de la désinformation genrée dont les femmes sont le plus la cible, dans les médias et sur les réseaux sociaux, en particulier quand il s'agit de femmes occupant des postes politiques ou publics. 
28 MAR 2023
 Mise à jour 28.03.2023 à 11:50 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Sexisme, misogynie et mensonges, un cocktail particulièrement nocif et dévastateur qui compose le phénomène de "désinformation genrée". Des attaques et infox en ligne qui visent les femmes partout dans le monde, en particulier celles qui sont engagées en politique, en cherchant à ternir leur réputation, sapant leur crédibilité et, souvent, nuisant à leur carrière.
Fausses photos montrant la première dame d'Ukraine bronzant seins nus, faux sous-titres vidéo accusant des féministes pakistanaises de "blasphème", clips au ralenti décrivant à tort des femmes politiques "ivres" : les femmes sont les cibles "privilégiées" et "choisies" d'une campagne mondiale de désinformation sexiste et genrée.

De nombreuses campagnes ont visé au cours de ces dernières années des femmes politiquement actives ou liées à des politiciens de premier plan, par l'utilisation de fausses informations ou d'images trafiquées, souvent à connotation sexuelle.


Retrouvez notre article ►​Cyberviolence, cyberharcèlement : #SalePute, un film qui met en lumière la haine des femmes sur Internet

Olena Zeleska, première dame d'Ukraine visée
En 2022, une image manipulée de la première dame d'Ukraine, Olena Zelenska, seins nus sur une plage en Israël, a été largement diffusée sur Facebook, suscitant des critiques selon lesquelles elle s'amusait alors que son pays était en guerre.

Faux. La femme figurant sur la photo était en fait une présentatrice de télévision russe, comme l'ont démontré les journalistes chargés de vérifier les informations à l'agence France Presse.

La Première dame ukrainienne Olena Zelenska ici aux côtés de son mari lors d'élections à Kiev, en Ukraine, le dimanche 21 juillet 2019, a été la cible d'une campagne de décrédibilisation sur les réseaux sociaux.
La Première dame ukrainienne Olena Zelenska ici aux côtés de son mari lors d'élections à Kiev, en Ukraine, le dimanche 21 juillet 2019, a été la cible d'une campagne de décrédibilisation sur les réseaux sociaux.
©AP Photo/Evgeniy Maloletka
Autres victimes de campagnes de désinformation : l'ancienne première dame américaine Michelle Obama et l'actuelle première dame française Brigitte Macron. Des fausses informations affirmaient qu'elles étaient nées de sexe masculin.
 

Les femmes, en particulier si elles occupent des postes de pouvoir, sont victimes de désinformations en ligne.

Maria Giovanna Sessa, chercheuse à l'ONG EU DisinfoLab
En 2020 aux Etats-Unis, celle qui incarne le camp démocrate anti-Trump au Congrès américain est la cible d'images truquées. Dans un montage vidéo, Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants est filmée au ralenti, l'effet obtenu rend son élocution difficile et donne l'impression qu'elle est ivre. La vidéo est devenue virale.

"Les femmes, en particulier si elles occupent des postes de pouvoir, sont victimes de désinformations en ligne", assure Maria Giovanna Sessa, chercheuse à l'ONG EU DisinfoLab.

La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi est régulièrement visée par des campagnes de dénigrement par ses adversaires du camp conservateur et soutiens de Donald Trump.
La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi est régulièrement visée par des campagnes de dénigrement par ses adversaires du camp conservateur et soutiens de Donald Trump.
©AP Photo/J. Scott Applewhite
"Peu fiables", "trop émotives" ou comment
décrédibiliser les femmes politiques
Dans les tactiques de désinformation généralement employées par leurs opposants, les femmes politiques sont parfois présentées comme peu fiables, trop émotives ou aux mœurs trop légères pour exercer une fonction officielle.

Quand l'actuelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, était candidate à la chancellerie en 2021, elle a fait l'objet de campagnes de désinformation qui mettaient en doute ses capacités à occuper le poste. 


Lucina Di Meco, experte en égalité des sexes et défenseure des droits des femmes.
Lucina Di Meco, experte en égalité des sexes et défenseure des droits des femmes.
©capture d ecran/ site she-persisted.org
La désinformation conduit souvent à "la violence politique, à la haine et à la dissuasion des jeunes femmes d'envisager une carrière politique", selon une étude intitulée "Monétisation de la misogynie", publiée en février 2023 par Lucina Di Meco. Experte en égalité des sexes, elle a co-fondé #ShePersisted, une initiative mondiale pour lutter contre la désinformation sexiste et les attaques en ligne contre les femmes en politique.

Cette étude publiée par #ShePersisted est le résultat de plus de deux ans de recherches sur les schémas et les motifs de la désinformation genrée dans plusieurs pays. "Il apporte de nouveaux éclairages à cette question ainsi qu'une réponse claire : le problème réside moins dans la misogynie en soi que dans sa militarisation par des acteurs obscurs – et sa monétisation par les plateformes numériques", analyse Lucina Di Meco dans le journal britannique The Guardian.

"Fait troublant, nous avons constaté que des attaques en ligne vicieuses ciblaient non seulement les femmes en politique, mais leurs familles aussi, avec de plus en plus de menaces de viol contre leurs jeunes enfants, un phénomène profondément inquiétant", lit-on dans ce rapport.


Des stéréotypes renforcés
Partout dans le monde, les femmes doivent affronter des mensonges qui renforcent les stéréotypes selon lesquels elles ne seraient pas assez intelligentes ou seraient inefficaces.

En 2021, la tireuse sportive égyptienne Al-Zahraa Shaaban a été confrontée à de faux messages sur les réseaux sociaux selon lesquels elle avait été exclue des Jeux olympiques de Tokyo parce qu'elle avait tiré sur un arbitre. Cela a déclenché une vague de commentaires ridiculisant les femmes et mettant en question leur capacité à pratiquer de telles activités sportives.

Les femmes aux identités croisées sont la cible des campagnes de désinformation et de haine en ligne parmi les plus violentes et vicieuses comportant des connotations racistes, en plus d'être sexistes.
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Lucina Di Meco, avocate des droits des femmes
Des questions similaires ont été soulevées quant à leur capacité à occuper des postes militaires à la suite de l'accident, l'année dernière, d'un avion de chasse F-35 sur le pont d'un porte-avions américain en mer de Chine méridionale. Des posts ont rendu la première femme au monde à piloter un F-35 responsable de l'accident. En réalité, le pilote était un homme.

"Les femmes aux identités croisées sont la cible de campagnes de désinformation et de haine en ligne parmi les plus violentes et vicieuses comportant des connotations racistes, en plus d'être sexistes", ajoute également l'experte dans son rapport.

Femmes journalistes, cibles privilégiées d'attaques en ligne

À l’échelle mondiale, les femmes journalistes et les travailleuses des médias sont confrontées à une augmentation des attaques hors ligne et en ligne et font l’objet de menaces disproportionnées et spécifiques, indique une enquête menée par l’UNESCO.

73 % des femmes journalistes interrogées affirment avoir été victimes de violence en ligne dans le cadre de leur travail. Ce taux monte à 81 % pour les femmes noires, 86 % pour les femmes autochtones et 88 % pour les femmes de confession juive.
 20 % rapportent avoir été attaquées ou agressées dans leur vie réelle dans la foulée d’épisodes de violence en ligne. Ce taux bondit à 53 % chez les femmes journalistes arabes. 
 


42 % des femmes parlementaires ont vu des images d’elles extrêmement humiliantes ou sexualisées dans les réseaux sociaux, incluant des photomontages les montrant nues. 
96 % des images « deep fakes » en ligne mettent en scène des femmes, le plus souvent connues, dans des images de pornographie non consensuelle.

►Un "Petit manuel de rébellion à l'usage des femmes journalistes" concocté par "Prenons la une"
Désinformation sexiste : nouvelle arme anti-démocratique
"Ces attaques visent à affaiblir non seulement la crédibilité des femmes qui sont attaquées, mais aussi ce qu'elles défendent : l'égalité des droits des femmes, en particulier les droits sexuels et reproductifs, les droits LGBTQ+, les valeurs libérales et les démocraties inclusives et diversifiées", ajoute l'experte. Selon de nombreux chercheurs, la désinformation sexiste peut aussi être utilisée par des états autocratiques comme la Russie pour exercer une influence à l'étranger.

Manuela D'Avila, candidate du Parti communiste du Brésil et le candidat du Parti des travailleurs à la vice-présidence Fernando Haddad, à droite, lors d'une conférence de presse, à Sao Paulo, au Brésil, le mardi 7 août 2018. Victime de harcèlement et de menaces en ligne, la candidate avait décidé de se retirer de la course. 
Manuela D'Avila, candidate du Parti communiste du Brésil et le candidat du Parti des travailleurs à la vice-présidence Fernando Haddad, à droite, lors d'une conférence de presse, à Sao Paulo, au Brésil, le mardi 7 août 2018. Victime de harcèlement et de menaces en ligne, la candidate avait décidé de se retirer de la course. 
©AP Photo/Andre Penner
En mai 2022, Manuela d'Ávila a annoncé qu'elle ne se présenterait pas aux élections générales brésiliennes pour plusieurs raisons, notamment les fréquentes attaques qu'elle et sa famille avaient subies au fil des ans. En 2018 alors qu'elle se présentait face à Bolsonaro, une photo de sa fille de cinq ans a été partagée sur les réseaux sociaux avec une menace de viol. "Cependant, je refuse de n'être qu'un rouage du système et de m'incliner devant ces lâches. Je continue à résister malgré la haine qui m'est transmise, tous les jours", avait-elle néammoins tenu à déclarer.

"Lorsque des dirigeants autocratiques sont au pouvoir, la désinformation sexiste est souvent utilisée par des acteurs alignés sur l'Etat pour s'en prendre aux dirigeantes de l'opposition, ainsi qu'aux droits des femmes", constate le rapport à retrouver sur le site de #Shepersisted, qui cite aussi des témoignages de femmes opposantes au régime victimes de harcèlement en ligne en Hongrie.


[Les femmes de #Hongrie qui dénoncent les actions #autocratiques du gouvernement du Premier ministre Viktor #Orban font face à de vicieuses attaques #misogynes en ligne, selon un nouveau rapport de #ShePersisted]

Retrouvez notre article ►​Qui se cache derrière le cyber harcèlement sexiste, anti féministe ?

De la responsabilité des plate-formes
"Les contenus haineux, sexistes et scandaleux génèrent de l'engagement – ​​et des profits pour les plateformes", insiste l'avocate en droits des femmes.

Ne vous y trompez pas, ces tactiques, qui sont utilisées sur votre plateforme à des fins malveillantes, visent à réduire les femmes au silence et, en fin de compte, à saper nos démocraties.

Extrait de la lettre envoyée à Facebook par des législateurs américains
En 2020, plusieurs dizaines de législateurs américains et internationaux ont adressé une lettre à Facebook, l'accusant, avec d'autres plateformes, de servir de caisse de résonance aux contenus mensongers et haineux ciblant les femmes. "Ne vous y trompez pas, ces tactiques, qui sont utilisées sur votre plateforme à des fins malveillantes, visent à réduire les femmes au silence et, en fin de compte, à saper nos démocraties", peut-on lire dans la lettre. "Il n'est pas étonnant que les femmes citent fréquemment la menace d'attaques publiques (...) comme un facteur les dissuadant d'entrer en politique", écrivent les signataires de cet appel.

Notre article à relire ►​Qui est Frances Haugen, la lanceuse d'alerte de Facebook ?

La manière dont les grandes plateformes numériques sont conçues est largement responsable de l'enfer actuel vécu par les femmes en ligne.

Rapport #ShePersisted
L'autrice du rapport #ShePersisted dresse un constat d'échec vis à vis de ces plates-formes, qui, "à plusieurs reprises ne sont pas parvenues à s'attaquer aux contenus abusifs et désinformatifs envers les femmes dirigeantes politiques"."Les plateformes de médias sociaux n'ont pas réussi à protéger leurs utilisateurs ni tenu leur première promesse, celle d'être un force égalisatrice et démocratisante", déplore l'étude. "La manière dont les grandes plateformes numériques sont conçues est largement responsable de l'enfer actuel vécu par les femmes en ligne. Les récits nuisibles sont amplifiés par des algorithmes qui rendent les contenus viraux", écrit l'experte.

Reconnaissant que les abus en ligne à l'encontre des femmes constituaient un "problème grave", Facebook s'est engagé à collaborer avec les décideurs politiques pour répondre à leurs préoccupations.
"Un problème grave" ? (sic).
 

À lire aussi dans Terriennes :

►#Metoopolitique : harcèlement, agressions sexuelles, la parole se libère
►Cyberviolence, cyberharcèlement : #SalePute, un film qui met en lumière la haine des femmes sur Internet
►Au Québec, Caroline Codsi se bat contre le cyberharcèlement
►Cyberharcèlement : l'effet "Ligue du LOL"
►#TuMaimesTuMeRespectes : prévention du harcèlement sexuel, de la rue au virtuel
►Qui se cache derrière le cyber harcèlement sexiste, anti féministe ?
TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 28.03.2023 à 11:50
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/desinformation-genree-pourquoi-les-femmes-sont-elles-victimes-de-haine-en-ligne-493291

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 Congé menstruel : ça avance aussi en France

29 Mars 2023, 00:40am

Publié par hugo

 Congé menstruel : ça avance aussi en France
St Ouen, dans le nord de Paris, est la première ville de France à instaurer un congé menstruel destiné à ses employées. L'association Règles élémentaires lance une pétition pour la création d'un émoji "règles" pour lutter contre le tabou et rendre visible les douleurs menstruelles.
St Ouen, dans le nord de Paris, est la première ville de France à instaurer un congé menstruel destiné à ses employées. L'association Règles élémentaires lance une pétition pour la création d'un émoji "règles" pour lutter contre le tabou et rendre visible les douleurs menstruelles.
Capture d'ecran internet
27 MAR 2023
 Mise à jour 27.03.2023 à 12:35 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec afp
Instauré en Espagne depuis plusieurs mois, petit à petit, le congé menstruel fait son chemin aussi en France. Si le monde de l'entreprise a déjà commencé à prendre en compte les douleurs des femmes pendant leurs règles, une municipalité donne le coup d'envoi. Dans le nord de Paris, la ville St Ouen devient la première ville à instaurer un congé de deux jours ou un aménagement de travail.
La ville de St Ouen devient ce 27 mars 2023 la première à instaurer en France un congé menstruel pour les employées municipales qui souffrent de règles douloureuses ou d’endométriose.

Les femmes concernées pourront aller chez le médecin, obtenir un certificat médical et bénéficier d’une autorisation spéciale d’absence de deux jours ou encore d’un aménagement de leur temps et de leur poste de travail (télétravail notamment), aucune journée de carence ne sera décomptée, précise Le Parisien.
 

Sur les 2 000 agents de la mairie de Saint-Ouen, plus de 1 200 sont des femmes. Cette mesure pourrait concerner 500 d’entre elles.

Karim Bouamrane, maire de St Ouen
Cette annonce avait été faite par le maire socialiste de la commune, Karim Bouamrane, le 8 mars dernier lors de la Journée internationale des droits des femmes. "C’est en échangeant avec les agentes de la Ville que je me suis rendu compte que beaucoup souffraient en silence", a confié l’élu au quotidien, "Sur les 2 000 agents de la mairie de Saint-Ouen, plus de 1 200 sont des femmes. Cette mesure pourrait concerner 500 d’entre elles." 

"Jusque-là, quand j’avais mal, je venais mais je n’étais pas opérationnelle. Les antidouleurs n’ont aucun effet. Mais je ne peux pas me permettre de m’absenter et de perdre 70 euros (l’équivalent d’une journée de travail)", confie l'une des employées municipales de St Ouen dans Le Parisien, se réjouissant de cette "très belle initiative".


Un an déjà dans une petite entreprise toulousaine
Mis en place il y a un an dans l'entreprise Louis, fabrique de meubles à Labège, dans le sud-ouest de la France, le congé menstruel s'est imposé comme une évidence et une fierté.

"Je trouve ça super!", lance Margot Racaud, 24 ans. "Avant je me forçais à venir, mais je n'étais pas efficace. Je restais accroupie de douleur derrière mon atelier (...) et je finissais par poser un jour" de repos, se souvient-elle.

Rien que le fait de savoir que cela existe et qu'on peut, si on ne se sent pas bien, le poser, nous fait du bien.

Clothilde Soulé, employée chez Louis
La mesure est née à l'initiative d'une employée. "Elle s'était rendu compte qu'une de ses collègues travaillant en production posait tous les mois une demi-journée ou une journée de congé car elle souffrait", explique le directeur, Thomas Devineaux. "Chaque femme a la possibilité tous les mois de poser une journée de congé payé ou de télétravail menstruel si elle le désire" avec anticipation ou pas et sans justificatif médical, précise-t-il à l'AFP.


L'enjeu n°1 pour nous, c'était de casser le tabou des menstruations (...) qui est autant un tabou pour les hommes que pour les femmes, autant à la maison qu'en entreprise.

Thomas Devineaux, directeur de l'entreprise
Un an après, "on voit que ça marche", salue Clothilde Soulé, responsable de l'équipe production. "Personne ne veut en abuser (...) Rien que le fait de savoir que cela existe et qu'on peut, si on ne se sent pas bien, le poser, nous fait du bien", expose-t-elle, précisant que seulement 11 journées de congé menstruel ont été posées dans l'année. "Cela m'a beaucoup aidé à ne pas culpabiliser car avant ça me frustrait énormément, j'avais l'impression d'abandonner l'équipe", expliquede son côté Margot Racaud, qui constate même une diminution des crises de douleur: "J'en ai moins, je vomis moins et je m'évanouis moins".

"L'enjeu n°1 pour nous, c'était de casser le tabou des menstruations (...) qui est autant un tabou pour les hommes que pour les femmes, autant à la maison qu'en entreprise", souligne le directeur. "Cela m'a permis d'en parler autour de moi, dans ma vie perso (...) Jamais je n'avais parlé de règles avant avec des collègues", confirme Clothilde Soulé. Les hommes aussi en ont discuté entre eux et avec leurs proches, ajoute Hugo Vabre, ébéniste de 24 ans. "Ma grand-mère m'a dit qu'elle aurait bien aimé avoir ça aussi à l'époque", sourit-il.

Si d'autres entreprises se sont montrées intéressées par le projet, des critiques ont aussi été émises, et beaucoup dans l'équipe se disent dubitatifs quant à une éventuelle généralisation du dispositif.


Avancée ou "fausse bonne idée" ?
Dans le quotidien Le Monde, Ophélie Latil, la cofondatrice du collectif Georgette Sand, qualifie le congé menstruel de "fausse bonne idée". Réagissant à la création de ce congé à St Ouen, la militante féministe estime qu'il s'agit d'"une mesurette qui occulte la nécessité d’une vision d’ensemble concernant la santé des femmes au travail, un chantier bien plus vaste". 


En 2020, dans un manifeste pour la révolution menstruelle, Elise Thiebaut, autrice du livre précurseur en France Ceci est mon sang dénonçant le tabou sur les règles écrivait : "Toute entreprise devra désormais prévoir un congé menstruel (aussi appelé journées lunaires) de douze jours par an, quel que soit le sexe de la personne salariée, susceptible d’être pris ou capitalisé en vue d’une activité si possible non productive et relaxante. Ce congé pour indisposition ne devra pas faire l’objet d’un justificatif. Il pourra être offert ou partagé au même titre que les RTT. Tous les lieux de travail devront par ailleurs prévoir une salle de détente et des pauses adaptées aux besoins des personnes qui ont leurs règles".


Au lendemain du vote en Espagne, en décembre 2022, des députés écologistes français ont annoncer vouloir lancer une "concertation" avec les organisations féministes et syndicales. 

Si l'unanimité n'est pas acquise sur le congé menstruel, la priorité reste la lutte contre le tabon des règles. Règles élémentaires, une association qui lutte contre la précarité menstruelle, a lancé une pétition en ligne pour qu'un nouvel émoji règle soit créé pour "normaliser, et rendre visible aux yeux de tous et toutes que oui les règles existent et ont des conséquences directes dans la vie de millions de personnes". 


À lire aussi dans Terriennes :

►"Ceci est mon sang", un livre d'Elise Thiébaut pulvérise le tabou des règles
►Congé menstruel, vraie ou fausse bonne idée ?
►Endométriose : on en parle enfin à mots ouverts
►Que faire contre l'endométriose, une maladie encore mal connue ?
►Manifeste pour la révolution menstruelle, d'Elise Thiébaut
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec afp
 Mise à jour 27.03.2023 à 12:35
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https://information.tv5monde.com/terriennes/conge-menstruel-ca-avance-aussi-en-france-493293

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Sarah Bernhardt, superstar, femme libre dans un siècle d'hommes

29 Mars 2023, 00:33am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Femmes, artistes, défricheusesChansons, artistes, variétés et diversité francophone
Sarah Bernhardt, superstar, femme libre dans un siècle d'hommes
"Sarah Bernhardt, 1980" dans l'exposition "Andy Warhol - The Original Silkscreens" à l'Avantgarde House of Art, à Apolda, Allemagne, le mercredi 17 janvier 2018. 
"Sarah Bernhardt, 1980" dans l'exposition "Andy Warhol - The Original Silkscreens" à l'Avantgarde House of Art, à Apolda, Allemagne, le mercredi 17 janvier 2018. 
©AP Photo/Jens Meyer
"Sarah Bernhardt, 1980" dans l'exposition "Andy Warhol - The Original Silkscreens" à l'Avantgarde House of Art, à Apolda, Allemagne, le mercredi 17 janvier 2018. Sarah Bernhardt a consacré sa vie à la scène, elle jouera ses derniers rôles jusqu'à la fin, malgré sa santé défaillante, jusqu'au jour de sa "vraie" mort, le 26 mars 1923.  Sarah Bernhardt, icône française de la tragédie sur les scènes du monde entier, avait pour devise "Quand même". Née au milieu du 19e siècle, elle est morte le 26 mars 2023 et fut la première femme à avoir droit à des funérailles quasi-nationales.
24 MAR 2023
 Mise à jour 24.03.2023 à 08:52 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Extravagante, fascinante, sulfureuse, Sarah Bernhardt affiche une carrière digne d'une superstar. Celle que l'on considère comme la plus grande tragédienne de tous les temps a porté la langue française sur les scènes du monde entier. Cent ans après sa disparition, un programme de commémoration baptisé "Sarah dans tous ses états" lui rend hommage. 
Sarah Bernhardt savait jouer la mort comme personne. Aujourd'hui, on pourrait la qualifier de "drama queen", (reine du drame). Les foules venaient l'écouter déclamer jusqu'à feindre l'agonie sur les scènes du monde entier. 
 

Quand elle défaille, quand elle s'évanouit, parfois elle s'évanouit vraiment.

Laurence Cohen, présidente du collectif "Sarah dans tous ses états"
"On vient la voir mourir en scène. Quand elle défaille, quand elle s'évanouit, parfois elle s'évanouit vraiment et quand elle sanglote, c'est son exutoire pour sa propre souffrance qui n'apparait pas quand elle est en société", confie Laurence Cohen, présidente du collectif "Sarah dans tous ses états".

"Voix d'or" pour Victor Hugo, ou "monstre sacré" - expression inventée pour elle par Jean Cocteau - elle fut l'Interprète mythique des plus grands dramaturges comme Racine, Shakespeare, Rostand et même Guitry. "C'est une femme qui s'inscrit dans un siècle d'hommes, mais c'est surtout une femme à hommes !", se plaît à dire cette admiratrice intarissable qui a tenu à organiser un festival pour commémorer le centenaire de la disparition de la comédienne. "Dans son sillage, nous retrouvons Edmond Rostand, Victor Hugo, Emile Zola, Gambetta, Ferdinand Foch, Oscar Wilde etc ...", ajoute-t-elle. "Aujourd'hui, on se doit de la réhabiliter pour qu'elle soit connue du plus grand nombre", insiste-t-elle. 


Une petite-fille oubliée
Née à Paris le 22 octobre 1844, Sarah Bernardt connait une enfance austère et marquée par l'abandon, un sentiment qui l'accompagnera tout au long de sa longue vie. Née de père inconnu et d'une demi-mondaine, une "cocotte". Celle-ci n'a pas envie de l'avoir "dans ses jupons" et "s'en débarrasse" en la confiant à un couple de Bretons qui deviennent ses parents d'adoption.

C'est une petite fille juive élevée par des Bretons, d'ailleurs jusqu'à l'âge de 6 ans, elle ne parle que breton.

Laurence Cohen
"C'est une petite fille juive élevée par des Bretons, d'ailleurs jusqu'à l'âge de 6 ans, elle ne parle que breton", précise Laurence Cohen. "Dans son livre, intitulé 'La double vie', elle s'invente justement une double vie et raconte que son père est parti en Chine, mais ça c'est un fantasme".


Elle ira ensuite au couvent. Une période marquée par de violentes crises de colère, où elle en fera voir de toutes les couleurs aux religieuses. L'une d'elles, soeur Sophie, malgré tout, la prend sous son aile, voyant dans cette petite fille abandonnée par sa mère, une petite flamme qui ne demande qu'à s'embraser. Elle lui confie un petit bout de terrain où Sarah va construire des maisons pour  insectes et s'attirer ainsi l'amitié de ses co-pensionnaires. "Nulle en maths et dans toutes les matières, elle ne travaille pas et fait beaucoup de bêtises, elle rend tout le monde dingue". 

Lors d’une pièce de fin d'année, elle découvre le théâtre et sa vocation. Elle ne doit pas jouer, mais sa meilleure amie est paralysée par le tract. Sarah récupère son rôle. Il s'avère qu'elle connait toute la pièce par coeur. "Preuve de son incroyable mémoire, dans sa vie, elle jouera près de 120 pièces !", souligne Laurence Cohen. 

Elevée par un couple de Bretons à qui l'a confiée sa mère, Sarah Bernhardt passe son adolescence au couvent.
Elevée par un couple de Bretons à qui l'a confiée sa mère, Sarah Bernhardt passe son adolescence au couvent.
DR
Des rôles d'hommes
Après avoir réussi l'examen d'entrée au Conservatoire d'Art dramatique, elle rejoint la Comédie-Française, "pistonnée par le duc de Morny, l'amant de sa mère", et joue son premier rôle en 1869. Si certains se moquent de son jeu, Alexandre Dumas lui prédit :"Tu es pleine d'émotion, tu seras une petite étoile". Elle deviendra d'ailleurs la première femme professeure au Conservatoire, et écrit un livre sur l'art du théatre. 

On m'a souvent demandée pourquoi j'ai souvent interprété des rôles d'hommes, en réalité je ne préfère pas les rôles d'hommes mais les cerveaux d'homme !

Sarah Bernhardt
"Dès le départ elle se démarque des autres femmes, elle est libre, audacieuse. Là où on a l'impression qu'on se saisit d'elle, Sarah Bernhardt nous échappe", estime Laurence Cohen.

Sarah Bernhardt interprète l'Aiglon d'Edmond Rostand.
Sarah Bernhardt interprète l'Aiglon d'Edmond Rostand.
DR
Lorenzaccio, l'Aiglon, ou Hamlet ... Tout au long de sa carrière, elle multiplie les rôles masculins. Elle le dit elle-même : "On m'a souvent demandée pourquoi j'ai souvent interprété des rôles d'hommes, en réalité je ne préfère pas les rôles d'hommes mais les cerveaux d'hommes et parmi tous les caractères celui d'Hamlet m'a tenté entre tous car il est le plus original, le plus subtil, le plus torturé et en même temps le plus simple pour l'unité de son rêve".


"En disant cela, elle parle d'elle, ça lui permet d'exprimer toute sa sensibilité et son rapport à la mort qui est très particulier chez elle", analyse Laurence Cohen. 

Lorsque la guerre avec la Prusse éclate, à 26 ans, elle devient infirmière pour la Croix Rouge et transforme le théatre de l'Odéon en hôpital, elle y croise la mort en face, des soldats blessés, et leur fournira de quoi manger.
 

Laurence Cohen, directrice de la compagnie du "théâtre à bulles" et présidente du collectif "Sarah dans tous ses états". 
Laurence Cohen, directrice de la compagnie du "théâtre à bulles" et présidente du collectif "Sarah dans tous ses états". 
©terriennes
"Sarah dans tous ses états"

Laurence Cohen, directrice de l'association la Compagnie à Bulles est habitée par Sarah Bernhardt. Depuis un an, elle s’est mise au défi de réunir tous ceux qui, comme elle, sont amoureux du monstre sacré pour commémorer le centenaire de sa mort.

Lectures, conférences, dîner spectacle, bal "Bel Epoque", le collectif "Sarah dans tous ses états" organise une série d'évènements du 22 au 26 mars 2023 à Paris,  suivis, à Belle-Île-en-mer, de huit journées (30 avril-8 mai).
C'est à Belle-Île que se trouve la maison fascinante de l’artiste, labellisée « Maison des Illustres » par le ministère de la Culture.
 

Sarah superstar
Bien avant que naisse cette expression, la légendaire comédienne française est à l'origine de ce qui est devenu le star-system. Visage de la France à l'étranger depuis sa première tournée américaine, elle est souvent accueillie par la Marseillaise. 

Claquant la porte de la Comédie française, dont elle se fait exclure pour avoir giflé une sociétaire, elle part en tournée aux Etats-Unis. "On va y construire des chapiteaux rien que pour elle, pouvant accueillir 4000 personnes", rapporte Laurence Cohen. La légende dit qu'à New York, des hommes jettent leur manteau par terre afin qu'il soit piétiné par l'actrice, qui passe trois heures à dédicacer leurs manchettes de chemise. Elle perçoit des cachets inédits pour l'époque, une véritable petite fortune : 5.000 francs-or par représentation, soit l’équivalent de 20.000 euros aujourd’hui. Elle ira aussi en Russie, en Australie, où l'on rapporte des scènes d'hystérie à son passage, et aussi en Amérique du Sud. À Paris, on disait qu'on venait voir deux choses: la tour Eiffel et Sarah Bernhardt.

Sarah Bernhardt est encore aujourd'hui décrite comme "une pionnière ayant jeté les bases de la célébrité moderne qui sont encore des références aujourd’hui. (...) Elle était aussi connue de son vivant que Charlie Chaplin, Marilyn Monroe ou Michael Jackson à leur époque", lit-on dans Le Drame de la célébrité, de Sharon Marcus, cité dans The Times of Israël.

Sarah Bernhardt, une tragédienne inventrice du "star system".
Sarah Bernhardt, une tragédienne inventrice du "star system".
©The Hampden-Booth Theatre Library of The Players Foundation for Theatre Education)
Succès et extravagance
L'actrice s'entraînait à dormir dans un cercueil, pour mieux s'imprégner de la mort...
L'actrice s'entraînait à dormir dans un cercueil, pour mieux s'imprégner de la mort...
DR
La tragédienne sait alimenter sa légende. Elle ne part pas en tournée sans emmener avec elle des centaines de paires de chaussures et ses incroyables tenues rangées dans une quarantaine de malles stockées dans un wagon Pullman aménagé spécialement pour elle, et accompagnée d'une véritable ménagerie. "Dans les rues de Londres, elle se promène avec son guépard en laisse. Chez elle, elle a des caméléons et toute sorte d'animaux exotiques", raconte Laurence Cohen. 

Sarah Bernhardt doit aussi sa célébrité à une machine d'autopromotion inédite. Son nom devient quasimment une marque sur des affiches publicitaires. Parfois même à son insu, comme sur une affiche pour une absinthe. Son manager estime que c'est le meilleur moyen d'entretenir sa renommée. Créant la polémique, elle se fait photographier dans un cercueil. La légende raconte qu'elle y dormait pour mieux s'imprégner de la mort...

Sarah Bernhardt était très mince, pas du tout dans les codes de beauté du moment.(...) Elle ne s'aimait pas, elle n'avait pas une bonne estime d'elle-même.

Laurence Cohen
Elle devient icône de mode, sorte d'influenceuse avant l'heure. Ses fabuleuses tenues fascinent et inspirent les créateurs de l'époque, notamment ses robes serpentines avec de larges ceintures servant à soutenir une hernie dont elle souffrait, et qui influencèrent la silhouette féminine de la fin du XIXe siècle. "Sarah Bernhardt était très mince, pas du tout dans les codes de beauté du moment. Les cheveux crêpus, c'était une femme différente, pas très grande, elle mesurait 1m54 !", précise l'admiratrice de la tragédienne. "Elle ne s'aimait pas, elle n'avait pas une bonne estime d'elle-même. Sa mère, qui préférait ses deux petites soeurs, disait qu'elle était laide".

L'image de Sarah Bernhardt apparaît sur de multiples affiches, comme celle-ci signée Mucha.
L'image de Sarah Bernhardt apparaît sur de multiples affiches, comme celle-ci signée Mucha.
©DR
Une vie au service de la scène
Sarah Bernardt passe la plus grande partie de sa vie au service du théâtre puis du cinéma. Amputée de la jambe droite suite à une tuberculose osseuse, c'est assise qu'elle continue à jouer sur scène. Elle ira aussi se faire acclamer par les soldats de la Grande Guerre, à 70 ans, dans une chaise à porteurs. 

En 1898, dans ses mémoires, elle écrit : "La vie est courte, même pour ceux qui vivent longtemps. Il faut vivre pour quelques-uns qui vous connaissent, vous apprécient, vous jugent et vous absolvent et pour lesquels on a même tendresse et indulgence".

Alors qu'elle est en train de tourner un film pour Sacha Guitry, La Voyante, elle meurt d'une insuffisance rénale aiguë le 26 mars 1923. Après avoir joué maintes fois sa mort au théâtre, c'est chez elle dans son hôtel particulier situé au 56 boulevard Péreire à Paris que la tragédienne qu'elle rend son dernier souffle. Spontanément, une foule se rassemble dans la rue. Elle aura droit à des funérailles quasi-nationales. Plus de 600 000 personnes se rassemblent au coeur de Paris pour accompagner son cercueil recouvert de camélias blancs jusqu'au cimetière du Père Lachaise. 


Libre et féministe ? 
Pourrait-on la qualifier de féministe aujourd'hui ? "Non, mais, c'est une femme qui s'impose, qui prend sa place et qui réhabilite l'image de la femme au 19e siècle" répond Laurence Cohen.
 
Si on devait voir en elle une féministe aujourd'hui, c'est parce qu'elle a toujours revendiqué le fait d'être une femme plurielle.

Laurence Cohen
"Tout en étant une courtisane, elle restera fidèle à son fils Maurice et à Jacques Damala, son mari, ils vont la ruiner mais ils sont les deux hommes de sa vie.", rappelle Laurence Cohen, "Certains biographes lui attribuent plus de mille amants. C'est une femme qui fait ses choix, et qui est extrêmement infidèle à ses amants. Elle a souffert aussi dans sa relation aux hommes. Si on devait voir en elle une féministe aujourd'hui, c'est parce qu'elle a toujours revendiqué le fait d'être une femme plurielle."  

Après la sanglante Commune de Paris, la comédienne défend Louise Michel. Lors de l'affaire Dreyfus, elle fera connaitre publiquement son soutien à son ami Zola. 

À (re)lire notre article ►​Il y a 150 ans, les femmes de la Commune de Paris étaient sur les barricades
"Nature morte aux pêches" signée Sarah Bernhardt.<br />
 
"Nature morte aux pêches" signée Sarah Bernhardt.
 
©CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet
En quoi ça gêne aujourd'hui nos contemporains qu'une femme soit multi-talentueuse, faudrait-il qu'il y ait une loi qui interdise à une femme d'avoir cette personnalité multi-facettes et ces talents démultipliés.

Emile Zola
Mars 1923, dernière photo de Sarah Bernhardt, un mois avant sa mort.
Mars 1923, dernière photo de Sarah Bernhardt, un mois avant sa mort.
©Photos AP
Comédienne, elle était aussi peintre, sculptrice. Lors de ses tournées à Londres, elle emporte ses oeuvres pour les vendre. Un talent multiple qui dérange certains, comme Rodin qui l'accuse de ne pas être l'autrice de ses sculptures.

Pour la défendre, Emile Zola dira : "En quoi ça gêne aujourd'hui nos contemporains qu'une femme soit multi-talentueuse, faudrait-il qu'il y ait une loi qui interdise à une femme d'avoir cette personnalité multi-facettes et ces talents démultipliés."

Une vie incroyablement bien remplie pour une femme née dans un siècle d'hommes, et au regard de tout ce qu'elle a accompli, on a envie de dire "Quand même !", car telle était sa devise. 
 
Et Sarah créa la star
Sarah Bernhardt, peinte par son ami Georges Clairin.
Sarah Bernhardt, peinte par son ami Georges Clairin.
©DR-exposition Petit Palais
Du 14 avril 2023 au 27 août 2023, exposition au Petit Palais "Sarah Bernhardt Et la femme créa la star". Près de 400 œuvres exposées pour donner une idée du succès de l’interprète mythique des plus grands dramaturges sur les scènes du monde entier (costumes de scène, photographies, tableaux, affiches), mais aussi de ses talents de sculptrice et de sa vie intime : son intérieur, sa garde-robe, son goût pour les excentricités et les bizarreries.

À lire aussi dans Terriennes :

►Il y a 150 ans naissait Colette, l'immortelle
►L'écrivaine Colette : scandaleuse, éprise de liberté et féministe paradoxale
►Alice Guy, pionnière oubliée du cinéma mondial
►Joséphine Baker : une femme pionnière et inspirante entre au Panthéon
►En France, les pionnières du cinéma muet enfin honorées
►Simone Gouzé, artiste et exploratrice : portrait d'une pionnière
►Femmes pionnières : Marga d’Andunrai, profession aventurière
►Sabina Spielrein, de la Russie à la Suisse, pionnière de la psychanalyse, effacée par ses confrères


https://information.tv5monde.com/terriennes/sarah-bernhardt-superstar-femme-libre-dans-un-siecle-d-hommes-492498

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Avortement : le Salvador poursuivi pour "torture" devant la Cour interaméricaine des droits humains

29 Mars 2023, 00:28am

Publié par hugo

TERRIENNES
Le droit à l'avortement, entre avancées et reculs
Avortement : le Salvador poursuivi pour "torture" devant la Cour interaméricaine des droits humains
Forte mobilisation au Salvador pour réclamer justice pour "Beatriz", une jeune femme empêchée de mettre fin à une grossesse à risque au Salvador. Elle est décédée depuis dans un accident de la route. 
Forte mobilisation au Salvador pour réclamer justice pour "Beatriz", une jeune femme empêchée de mettre fin à une grossesse à risque au Salvador. Elle est décédée depuis dans un accident de la route. 
©DR
Forte mobilisation au Salvador pour réclamer justice pour "Beatriz", une jeune femme empêchée de mettre fin à une grossesse à risque au Salvador. Elle est décédée depuis dans un accident de la route. Les femmes exigent que le gouvernement libère les prisonnières qui purgent des peines de 30 ans de prison pour avoir avorté, devant un tribunal de San Salvador en décembre 2017. Ce pays d'Amérique centrale possède l'une des lois les plus restrictives du continent en matière d'avortement. Les femmes qui pratiquent une IVG risquent de 8 ans à 30 ans de prison. 
23 MAR 2023
 Mise à jour 23.03.2023 à 10:06 par 
Terriennes
 
avec AFP
"Violation des droits humains", "torture" : le Salvador comparait devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme après avoir empêché une jeune femme d'avorter, malgré une grossesse à risque. Une première historique dans ce pays d'Amérique centrale où l'avortement est interdit depuis 1908. 
"Ce combat est pour Beatriz et pour toutes" les femmes, "Le jugement de la Cour peut rendre justice à Beatriz et changer l'avenir des femmes d'Amérique latine", voici ce qu'on pouvait lire sur les pancartes brandies par les militantes féministes rassemblées devant le siège costaricain de la Cour interaméricaine des droits humains à San Salvador.

Les médecins lui avaient dit qu'elle ne pouvait pas poursuivre sa grossesse.

Maman de "Beatriz"
Pendant deux jours, le Salvador doit s'expliquer devant la représentation costaricaine de la Cour interaméricaine des droits de l'homme après avoir forcé une femme, identifiée sous le prénom fictif de "Beatriz", à porter un foetus non viable en dépit de risques pour sa vie. Ce pays d'Amérique centrale est accusé de "violation présumée des droits humains et  de "torture". 

Son jugement devrait être rendu dans environ six mois. En 2022, cette même cour avait  jugé que le gouvernement salvadorien avait violé les droits d'une femme, Manuela qui a été arrêtée en 2008, soupçonnée d'avoir enfreint la loi sur l'avortement d'El Salvador après avoir subi une obstétrique urgence. Elle est décédée d'un cancer en 2010 alors qu'elle purgeait une peine de 30 ans pour homicide aggravé. La Cour des droits de l'homme avait ordonné de verser des dommages et intérêts à ses deux fils devenus orphelins.


Devant la Cour, la mère de "Beatriz", dont l'anonymat n'a pas été levé, a expliqué que "les médecins lui avaient dit qu'elle ne pouvait pas poursuivre sa grossesse" mais qu'ils n'avaient pas le droit de pratiquer une interruption de grossesse. 

En face, de l'autre côté de la rue, une vingtaine de militants opposés à l'avortement manifestent aussi, en silence ou en priant à voix basse.

L'audience de la Cour interaméricaine des droits humains à San Salvador est retransmise en direct, un épisode inédit dans le combat pour le droit à l'avortement dans ce pays d'Amérique centrale.
L'audience de la Cour interaméricaine des droits humains à San Salvador est retransmise en direct, un épisode inédit dans le combat pour le droit à l'avortement dans ce pays d'Amérique centrale.
capture d ecran/internet
Notre article ►​Au Salvador, une fausse couche peut mener en prison

Condamnées à la prison pour avoir avorté
Le Salvador interdit formellement l'avortement depuis 1998 sous peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 8 ans. Les tribunaux du pays condamnent même souvent les femmes qui avortent pour homicide aggravé et leur infligent des peines pouvant aller jusqu'à 50 ans de prison.

"Le fait que la Cour ait accepté d'entendre cette affaire indique clairement que le refus de tout service de santé, y compris ceux qui sont controversés comme l'avortement, constitue une violation des droits humains", estime Maria Antonieta Alcalde, de l'ONG de défense des droits génésiques Ipas, qui figure parmi les plaignants.

Beatriz, décédée dans un accident de la route en 2017, souffrait d'une maladie auto-immune lorsqu'elle est tombée enceinte pour la deuxième fois en 2013, à l'âge de 20 ans, après un premier accouchement compliqué.

Le fœtus s'est avéré non viable en raison d'une grave malformation congénitale et, selon des documents judiciaires, Beatriz a été informée qu'elle risquait de mourir si elle menait à terme la grossesse. La jeune femme s'est alors tournée vers la justice afin d'être autorisée à avorter mais sa demande a été rejetée par la Cour constitutionnelle. Elle est entrée en travail prématurément, a subi une césarienne et le fœtus est mort cinq heures après l'accouchement. 

Jesús tient une photo d'un dessin de sa mère, Manuela, qui a été arrêtée en 2008, soupçonnée d'avoir enfreint la loi sur l'avortement d'El Salvador après avoir subi une obstétrique urgence. Sa mère est décédée d'un cancer en 2010 alors qu'elle purgeait une peine de 30 ans pour homicide aggravé. La Cour interaméricaine des droits de l'homme a récemment jugé que le gouvernement salvadorien avait violé les droits de Manuela et lui a ordonné de verser des dommages et intérêts à ses deux fils devenus orphelins.
Jesús tient une photo d'un dessin de sa mère, Manuela, qui a été arrêtée en 2008, soupçonnée d'avoir enfreint la loi sur l'avortement d'El Salvador après avoir subi une obstétrique urgence. Sa mère est décédée d'un cancer en 2010 alors qu'elle purgeait une peine de 30 ans pour homicide aggravé. La Cour interaméricaine des droits de l'homme a récemment jugé que le gouvernement salvadorien avait violé les droits de Manuela et lui a ordonné de verser des dommages et intérêts à ses deux fils devenus orphelins.
©AP Photo/Jessie Wardarski
Une forme de torture
La famille de la jeune femme, originaire de La Noria Tierra Blanca, à une centaine de kilomètres au sud-est de la capitale San Salvador, a décidé de poursuivre l'affaire en justice après sa mort afin "qu'aucune autre femme ne vive ce qu'elle a vécu", selon son frère Humberto, 30 ans, qui a requis l'anonymat pour préserver celui de sa soeur.

Les souffrances auxquelles elle a été soumise, sachant que son droit à la vie était menacé, constituent une forme de torture.

Gisela de Leon, du Centre pour la justice et le droit international
Gisela de Leon, du Centre pour la justice et le droit international (Cejil), une ONG de défense des droits humains qui figure également parmi les plaignants, estime que l'Etat salvadorien a "violé son droit à la vie et à l'intégrité personnelle" en l'obligeant à porter le fœtus pendant 81 jours, sachant qu'il ne pourrait pas vivre. "Les souffrances auxquelles elle a été soumise, sachant que son droit à la vie était menacé, constituent une forme de torture", assure-t-elle. 

"Le fait que la Cour ait accepté d'entendre cette affaire indique clairement que le refus de tout service de santé, y compris ceux qui sont controversés comme l'avortement, constitue une violation des droits humains", estime Maria Antonieta Alcalde, de l'ONG de défense des droits génésiques Ipas, qui figure parmi les plaignants.

Début 2022, plusieurs femmes qui purgeaient de lourdes peines de prison pour avoir avorté avaient été libérées. 

De gauche à droite, Elsy, Kenia, Evelyn et Karen posent pour une photo lors de leur conférence de presse à San Salvador, El Salvador, le mardi 22 février 2022. Elsy, Kenia, Evelyn et Karen sont quatre des cinq femmes qui ont été libérées après avoir purgé de longues peines de 30 ans de prison pour avoir prétendument interrompu leur grossesse, dans un pays qui interdit l'avortement en toutes circonstances.
De gauche à droite, Elsy, Kenia, Evelyn et Karen posent pour une photo lors de leur conférence de presse à San Salvador, El Salvador, le mardi 22 février 2022. Elsy, Kenia, Evelyn et Karen sont quatre des cinq femmes qui ont été libérées après avoir purgé de longues peines de 30 ans de prison pour avoir prétendument interrompu leur grossesse, dans un pays qui interdit l'avortement en toutes circonstances.
©AP Photo/Salvador Melendez
En Amérique latine, l'avortement est autorisé en Argentine, en Colombie, à Cuba, en Uruguay et dans certains Etats du Mexique. Dans d'autres pays, comme au Chili, il est autorisé dans certaines circonstances telles que le viol, les risques pour la santé de la mère ou dans les cas de malformation du foetus, tandis que des interdictions totales s'appliquent au Salvador mais aussi au Honduras, au Nicaragua et en République dominicaine, ainsi qu'en Haïti.
 

À lire aussi dans Terriennes : 
►Au Salvador, une fausse couche peut mener en prison
►Salvador : libération de Cindy Erazo après 5 ans de détention pour une fausse couche
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Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 23.03.2023 à 10:06
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Interdiction de la pilule abortive : "un scandale" selon son inventeur Etienne-Emile Baulieu

28 Mars 2023, 23:27pm

Publié par hugo

TERRIENNES
Droit des femmes à l'avortement aux Etats-Unis : une affaire publiqueLe droit à l'avortement, entre avancées et reculs
Interdiction de la pilule abortive : "un scandale" selon son inventeur Etienne-Emile Baulieu
Des manifestantes viennent défendre la pilule abortive devant le tribunal fédéral d'Amarillo, au Texas, où un juge fédéral conservateur doit étudier la demande d'un groupe chrétien cherchant à annuler l'autorisation, vieille de plus de deux décennies, de la RU-846.
Des manifestantes viennent défendre la pilule abortive devant le tribunal fédéral d'Amarillo, au Texas, où un juge fédéral conservateur doit étudier la demande d'un groupe chrétien cherchant à annuler l'autorisation, vieille de plus de deux décennies, de la RU-846.
©AP Photo/David Erickson
22 MAR 2023
 Mise à jour 22.03.2023 à 18:47 par 
Terriennes
 
avec AFP
Vous ne connaissez sans doute pas son nom, mais son invention est au coeur de la nouvelle bataille sur l'avortement aux Etats-Unis. Il y a quarante ans, Etienne-Emile Baulieu a mis au point la pilule abortive. Sa récente interdiction par l'Etat du Wyoming aux Etats-Unis est scandaleuse, s'insurge le biologiste français. 

Elle est au coeur de la nouvelle bataille qui fait rage aux Etats-Unis autour du droit à l'avortement. Alors que la liste des Etats interdisant la pratique de l'IVG s'allonge depuis l'annulation de l'arrêt Roe V. Wade, c'est maintenant la pilule abortive qui se retrouve dans la ligne de mire des pro-vie. Ces derniers viennent d'enregistrer une nouvelle victoire. Le 17 mars dernier, le Wyoming est devenu le premier Etat à interdire la pilule abortive.


En même temps, au Texas, le juge fédéral d'Amarillo doit bientôt rendre sa décision concernant une demande d'interdiction de cette pilule déposée par un groupe d'ultra-conservateurs chrétiens. 

Notre article ►​La pilule abortive : dernier enjeu pour le droit à l'avortement aux Etats-Unis

C'est un recul pour la liberté des femmes, surtout pour les plus précaires qui n'auront pas les moyens d'aller dans un autre Etat pour se la procurer.

Etienne-Emile Baulieu
"C'est un recul pour la liberté des femmes, surtout pour les plus précaires qui n'auront pas les moyens d'aller dans un autre Etat pour se la procurer". Etienne-Emile Baulieu ne mâche pas ses mots, lui qui a consacré une bonne partie de sa vie à l'exact opposé : "accroître la liberté des femmes".

Une femme tient une pancarte lors d'une manifestation contre un projet de vente de pilules abortives devant le siège de Walgreens Deerfield à Deerfield, Illinois, le mardi 14 février 2023.
Une femme tient une pancarte lors d'une manifestation contre un projet de vente de pilules abortives devant le siège de Walgreens Deerfield à Deerfield, Illinois, le mardi 14 février 2023.
©AP Photo/Nam Y. Huh
Accroître la liberté des femmes
Etienne-Emile Baulieu, aujourd'hui âgé de 96 ans, est l'inventeur de la pilule abortive, en 1982.
Etienne-Emile Baulieu, aujourd'hui âgé de 96 ans, est l'inventeur de la pilule abortive, en 1982.
©wikimedia
Fils d'un néphrologue qui meurt alors qu'il n'a que 3 ans, élevé par sa mère, féministe, il est résistant à 15 ans. Ce "médecin qui fait de la science", comme il aime se définir, se spécialise dans l'étude des hormones stéroïdes.

Invité à travailler aux Etats-Unis, il est remarqué en 1961 par Gregory Pincus, le père de la pilule contraceptive, qui le convainc de travailler sur les hormones sexuelles.

De retour en France, il conçoit une anti-hormone, qui permet de s'opposer à l'action de la progestérone, essentielle à l'implantation de l’œuf dans l'utérus. "Je voulais en faire un contragestif", explique-t-il à l'AFP, c'est-à-dire un moyen de contrer la gestation.

"La pilule de la mort" selon les pro-vie
La molécule RU-846, mise au point en 1982 avec le laboratoire Roussel-Uclaf avec qui il s'est associé, est une alternative médicamenteuse à l'avortement chirurgical, sûre et peu onéreuse.

Mais la bataille pour sa commercialisation sera rude, les puissantes ligues américaines anti-avortement l'accusant notamment d'avoir inventé une "pilule de la mort".

"Vous, juif et résistant, on vous a accablé des plus atroces injures et on vous a comparé aux savants nazis (...) Mais vous avez tenu bon, par amour de la liberté et de la science", a rappelé début mars le président Emmanuel Macron en lui remettant la Grand-Croix de la Légion d'Honneur.

"L'adversité glisse sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard, il est extrêmement solide", confie la productrice Simone Harari Baulieu, qui partage sa vie depuis plus de 30 ans.

Des boîtes de médicament misoprostol sont posées sur une table du West Alabama Women's Center, le 15 mars 2022, à Tuscaloosa (Etats-Unis). De plus en plus difficiles à se procurer, un réseau de femmes s'est mis en place pour fournir la pilule abortive à celles qui le souhaitent, par correspondance, ou via un médecin, et qui ne peuvent pas pratiquer l'IVG dans l'Etat où elles habitent. 
Des boîtes de médicament misoprostol sont posées sur une table du West Alabama Women's Center, le 15 mars 2022, à Tuscaloosa (Etats-Unis). De plus en plus difficiles à se procurer, un réseau de femmes s'est mis en place pour fournir la pilule abortive à celles qui le souhaitent, par correspondance, ou via un médecin, et qui ne peuvent pas pratiquer l'IVG dans l'Etat où elles habitent. 
©AP Photo/Allen G. Breed, File)
Un retour en arrière entre fanatisme et ignorance
Ce "retour en arrière" décidé aux Etats-Unis trahit, selon lui, "fanatisme et ignorance".

Dans son bureau de l'unité 1195 de l'Inserm au CHU du Kremlin-Bicêtre près de Paris, qu'il continue d'occuper trois fois par semaine, et où s'entassent photos, diplômes, classeurs renfermant "le travail de toute une vie", ou encore des sculptures offertes par son amie Niki de Saint-Phalle, il a encore envie d'"être utile".

S'il arbore discrètement sa récente décoration sur son costume bleu, il assure n'avoir "jamais espéré sérieusement recevoir de tels honneurs": "ça m'a fait plaisir mais ce qui m'intéresse c'est d'améliorer la santé des gens".
 

Ses chevaux de bataille : les femmes, la santé cérébrale, la longévité.
Dans son labo, ses équipes poursuivent les recherches qu'il a entamées il y a des années pour prévenir le développement de la maladie d'Alzheimer mais aussi pour traiter les dépressions sévères: un essai clinique chez l'homme se déroule jusqu'à l'été dans une dizaine de CHU et à l'AP-HP (hôpitaux de Paris).


"Il n'y a pas de raison qu'on ne trouve pas de traitements", avance ce grand optimiste. "Ça fait du bien de trouver quand on fait ce métier", complète-t-il, énumérant ses chevaux de bataille: "les femmes, la santé cérébrale, la longévité".

"Toujours enthousiaste, il est un moteur pour nous; quand il vient on discute de nos avancées", livre Julien Giustiniani, chef d'équipe à l'Institut Baulieu, créé pour financer les recherches sur les démences séniles.

S'il doit s'aider d'une canne pour marcher, Etienne-Emile Baulieu semble infatigable. Cet utilisateur de la DHEA, une hormone naturelle dont il pense qu'elle peut retarder le vieillissement et dont il avait décrit la sécrétion par les glandes surrénales en 1963, va encore régulièrement assister à des spectacles, et avoue, l'oeil rieur, être "stimulé par les sujets difficiles". "Si je ne travaillais plus, je m'ennuierais je crois", souffle-t-il.
 

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https://information.tv5monde.com/terriennes/interdiction-de-la-pilule-abortive-un-scandale-selon-son-inventeur-etienne-emile-baulieu

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31 EME FEMINICIDES DEPUIS LE DEBUT DE L ANNEE 2023

27 Mars 2023, 03:44am

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30 EME FEMINICIDES DEPUIS LE DEBUT DE L ANNEE 2023

21 Mars 2023, 13:53pm

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Quatre étudiantes portent plainte pour "violences sexuelles par dépositaire de l’autorité publique" contre des policiers

21 Mars 2023, 13:29pm

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 Quatre étudiantes portent plainte pour "violences sexuelles par dépositaire de l’autorité publique" contre des policiers
Par LR Médias pour marieclaire.fr Publié le 21/03/2023 à 11:32
Police manifestation


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Contrôlées par la police lors d'une opération de blocage le 14 mars 2023, les jeunes femmes dénoncent des gestes "à caractère sexuel" de la part des forces de l'ordre. Le 17 mars 2023, elles ont porté plainte pour "violences sexuelles par dépositaire de l’autorité publique".

Les manifestations continuent contre la réforme des retraites, et les actions se multiplient en France. En participant au blocage du périphérique nantais le mardi 14 mars 2023, quatre étudiantes ont été contrôlées par les forces de l'ordre, contre qui elles ont décidé de porter plainte. Leurs avocates dénoncent des gestes "inappropriés", "à caractère sexuel", ainsi que la tenue de propos "dégradants et à caractère sexistes et sexuels".

Des gestes inappropriés pendant un contrôle de police
Les quatre jeunes femmes concernées ont déposé plainte contre X pour "violences sexuelles par dépositaire de l’autorité publique" le 17 mars 2023, dénonçant une fouille au corps lors d'une nasse s'étant déroulée dans la matinée du 14 mars.


Maître Anne Bouillon, avocate de l'une des plaignantes, évoque dans les colonnes de Mediapart "l'émotion considérable" de sa cliente : "Elle a subi une fouille sur le corps, sur les parties intimes, de la part d’une policière. Elle vit les choses sur le registre de l’agression intime. L’objectif premier était a minima d’humilier, et d’impressionner. Les gestes décrits sont inexplicables, et on ne peut en aucun cas les rattacher à une opération de contrôle. Comment, est-ce qu’en manifestant calmement, on peut être amenée à subir une fouille de cette nature-là ? C’est extrêmement grave."

Vidéo du jour :

Interrogée par nos consoeurs de France Bleu Océan, maître Aurélie Rolland, l'avocate de deux des plaignantes, rapporte quant à elle avoir reçu dans son cabinet "des jeunes femmes choquées par ce qui leur était arrivé." Âgées d'une vingtaine d'années, les deux étudiantes sont "sidérées par ces gestes extrêmement inadaptés, et sont désormais stressées et anxieuses." "Les faits que les jeunes filles décrivent, des palpations avec les mains à l’intérieur des sous-vêtements, m’apparaissent hallucinants. Ils s’accompagnent de propos inadaptés, insultants, humiliants, dans un contexte de grande tension", précise-t-elle à Mediapart.

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Une enquête a été ouverte
Face à la situation, le procureur de la République a indiqué que l'IGPN (inspection générale de la police nationale) avait été saisie. Une enquête est en cours. La police conteste la version des quatre plaignantes et évoque de simples palpations.

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Pour rappel, la fouille au corps est strictement encadrée par des articles du Code de la sécurité publique. Le site du ministère de l'Intérieur précise que "la palpation de sécurité est une recherche extérieure, au-dessus des vêtements, d'objets dangereux pour la sécurité." La fouille au corps, quant à elle, "consiste à rechercher sur le corps d'une personne des objets pouvant servir à commettre une infraction." Le texte précise que la fouille au corps est "possible uniquement si la palpation de sécurité ou les moyens de détections électroniques ne sont pas suffisants", et doit être "pratiquée par un officier de police judiciaire (OPJ) du même sexe que la personne dans un local retiré et fermé."

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https://www.marieclaire.fr/quatre-etudiantes-portent-plainte-pour-violences-sexuelles-par-depositaire-de-l-autorite-publique-contre-des-policiers,1445326.asp

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