Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

feminisme

Annulation du concert de Bilal Hassani : le parquet de Metz ouvre une enquête

16 Avril 2023, 00:22am

Publié par hugo

 Annulation du concert de Bilal Hassani : le parquet de Metz ouvre une enquête
Publié le 7 avril 2023 à 8 h 38 min
Le parquet de Metz a ouvert une enquête contre X suite à l'annulation du concert de Bilal Hassani, porte-drapeau revendiqué de la communauté LGBT+, a indiqué jeudi 5 avril le parquet à l'AFP.

Cette enquête a été ouverte pour « menace de délit contre les personnes en raison de leur orientation sexuelle, de provocation à la haine ou à la violence contre une personne en raison de l’orientation sexuelle et de provocation publique et directe non suivie d’effet à commettre un crime ou un délit », a précisé le procureur de la République adjoint, Thomas Bernard, indiquant que la Sûreté départementale est saisie de ces faits.

Opposé au concert de Bilal Hassani, le collectif Lorraine Catholique avait crié à la « profanation », en pleine semaine Sainte, dans un message sur son blog largement relayé.

Soutenu par Civitas, il appelait à une prière de réparation avant le concert, devant l’ancienne église, désacralisée depuis 500 ans.

En raison des menaces formulées à l’encontre de l’artiste et de son public, Live Nation, producteur de la tournée de Bilal Hassani, avait finalement décidé « avec regret, tristesse et dépit », d’annuler le spectacle qui devait se tenir dans l’ancienne église Saint-Pierre-Aux-Nonnains, aujourd’hui salle de spectacles.

Dans cette affaire, les associations Stop Homophobie et Mousse ont par ailleurs déposé plainte contre Civitas auprès du parquet de Metz pour discrimination en raison de l’identité de genre, a indiqué mercredi leur avocat, Me Etienne Deshoulières.

La Rédaction avec l'AFP
La Rédaction avec l'AFP
AFP

Lire aussi
Sportifs et sportives trans aux JO de Paris : les règles dépendront des fédérations internationales
La basketteuse américaine lesbienne Brittney Griner écrit un livre sur sa détention en Russie
Annulation du concert de Bilal Hassani : le parquet de Metz ouvre une enquête
Le concert de Bilal Hassani à Metz annulé
Le parquet ne lie plus le harcèlement au suicide de Lucas


https://www.komitid.fr/2023/04/07/annulation-du-concert-de-bilal-hassani-le-parquet-de-metz-ouvre-une-enquete/

Voir les commentaires

« Cœur Errant », « Blue Jean », « Jeanne Dielman », etc. : les 11 sorties ciné LGBT en avril

16 Avril 2023, 00:00am

Publié par hugo

 « Cœur Errant », « Blue Jean », « Jeanne Dielman », etc. : les 11 sorties ciné LGBT en avril
Publié le 5 avril 2023 à 11 h 36 min
En avril, le cinéma queer touche à tous les genres ! Zoom sur les onze sorties du cinéma LGBT, entre comédies populaires, film de patrimoine, thrillers haletants et coming-of-age solaires.
Photo de « Cœur Errant » de Leonardo Brzezicki - Optimale Distribution
« Kokon », le 5 avril
Durant un été caniculaire à Berlin, Nora, 14 ans, se cherche. Déplacée temporairement dans la classe de sa grande sœur Jule, Nora découvre les garçons et les filles, elle, son corps et ses préférences, le tout avec une insouciance et une simplicité désarmante. Avec Kokon, la réalisatrice Leonie Krippendorff (lire son interview) réalise un coming-of-age exaltant et solaire qui met à l’honneur des personnages féminins drôles, complexes et révoltés. Elle y décortique, sans lourdeur aucune, la féminité dans sa pluralité la plus totale. Un premier film génial qui promet à la cinéaste un futur radieux !


« Coeur Errant », le 5 avril
Encore très affecté par une rupture récente, Santiago doit en même temps se préparer un départ prochain de sa fille. Dans ce beau film sensible et survolté, l’Argentin Leonardo Brzezicki entreprend la véritable étude d’un personnage que l’on voit peu au cinéma, à savoir un quinquagénaire gay en pleine dérive intérieure. Entre excès sexuels, amoureux et relationnels, Leonardo Sparaglia (Douleur et Gloire, Vies brûlées, Les Nouveaux Sauvages…) livre une performance fabuleuse et habitée. À travers le monde, le film arpente les festivals internationaux et continue de se bâtir une réputation solide. À ne pas manquer !


« À mon seul désir », le 5 avril
Derrière tous les clichés entourant ces lieux mythiques et érotiques que sont les clubs de strip-tease, il y a des femmes qui travaillent, s’aiment, s’aident et évoluent en marge des schémas de vies classiques. Dans À mon seul désir, Lucie Borleteau (Chanson Douce) met un coup de projecteur sur ces danseuses de la nuit, la sororité qui fait leur force et les situations extrêmes qui font leur quotidien. Zita Hanrot et Louise Chevillote mènent une troupe d’actrices épatantes dans un film qui s’annonce sulfureux, libre, et délicat à la fois.


« Une histoire d’amour », le 12 avril
Il y a quatre ans, son premier film Edmond, adapté de sa pièce éponyme, mettait tout le monde d’accord. Cette année, Alexis Michalik adapte de nouveau au cinéma l’une de ses pièces de théâtre avec Une histoire d’amour. Il y raconte la vie de Katia et Justine, heureuses et désireuses d’avoir un enfant. La procédure lancée, Katia tombe enceinte et, contre toute attente, Justine fuit. Douze années plus tard, Katia est mère célibataire et apprend que ses jours sont comptés. Un drame émouvant et humain porté par un casting rafraîchissant.


« Les Âmes soeurs », le 12 avril
Après notamment Les Roseaux sauvages, Les années folles ou encore Quand on a 17 ans, André Téchiné, cinéaste emblématique du cinéma queer français, sort un nouveau film ce mois-ci : Les Âmes sœurs. Dans ce drame porté par les étoiles montantes Benjamin Voisin (Été 85, Illusions Perdues) et Noémie Merlant (Portrait de la jeune fille en feu, L’Innocent), Téchiné filme la dure convalescence d’un soldat (Voisin) revenu blessé et partiellement amnésique de la guerre. Il retrouve sa sœur (Merlant), avec laquelle une relation étrange va se faire jour. À ce casting déjà prestigieux s’ajoute l’actrice Audrey Dana ainsi qu’un André Macon hilarant, qui crève l’écran en ami de la famille adepte du travestissement.


« Loup & Chien », le 12 avril
Dans ce long-métrage portugais sélectionné à Chéries-Chéris l’année dernière, une jeune fille se détache des traditions religieuses qu’elle subit depuis toute petite au profit d’une communauté queer locale qui va lui faire changer sa façon de voir le monde. Elle y fait la rencontre de la pétillante Cloé, ce qui amorce chez elle un véritable voyage émancipateur et intérieur. Pour son nouveau film, Claudia Varejao réalise un beau portrait d’une jeunesse queer et solidaire, qui redéfinit le monde à mesure qu’elle se cherche elle-même, le tout avec un souffle créatif et esthétique plus que bienvenu.


« La plus belle pour aller danser », le 19 avril
Loin d’être populaire et trop timide pour vraiment sociabiliser avec les autres adolescents de sa classe, Marie-Luce, 14 ans, tombe sous le charme d’Émile, un tout nouvel élève. Décidée à prendre les choses en main, Marie-Luce se rend à une fête incognito, habillée en un garçon qu’elle nomme Léo. Alors qu’elle se plaît dans cette nouvelle identité bien plus populaire, elle ose enfin approcher Émile….qui tombe sous le charme de Léo ! Une comédie populaire amusante et touchante réalisée par Victoria Bedos et repartie du Festival de l’Alpe d’Huez avec un prix d’interprétation pour sa jeune actrice Brune Moulin.


« Blue Jean », le 19 avril
Dans l’Angleterre de la fin des années 80, alors que des lois de Margaret Thatcher stigmatisent les personnes gays et lesbiennes, Jean, une professeure de sport doit mener une double vie. Cachant sa sexualité le jour et habituée des bars lesbiens la nuit, Jean voit sa vie basculer lorsqu’un évènement l’oblige à faire un choix. Le premier film de Georgia Oakley ne cesse de faire du bruit partout où il passe. Récompensé à Venise l’an dernier et récemment nommé aux Bafta, le film convainc notamment pour la partition intense de son actrice principal, Rosy McEwen impressionnante dans un rôle jamais vu au cinéma. Le distributeur français du film, UFO Distribution, a récemment fait état sur Twitter des difficultés qu’il rencontre pour programmer le film dans le plus de salles possibles. Un film à soutenir !


« Amel & les fauves », le 26 avril
Dans Amel & les fauves, le réalisateur Mehdi Hmili filme les deux versants de la société tunisienne via le parcours d’une mère : arrêtée pour adultère et atteinte à la pudeur alors qu’elle se faisait agressée sexuellement, elle sort de prison des années plus tard et part à la recherche de son fils dans le milieu de la nuit, entre cabarets, boîtes queers et clubs de charme. Hmili réalise un thriller noir dans les rues sombres de Tunis, un moment radical et riche en émotions qui ne laisseront personne de marbre.


« Burning Days », le 26 avril
Le nouveau film du réalisateur turc Emin Alper est le tout dernier film sélectionné pour la Queer Palm 2022 à sortir en salles ! Emre, un jeune procureur décidé à faire son travail avec sérieux, est muté dans une petite ville reculée de Turquie. Là-bas, il fait face aux tensions des locaux plus que réfractaires à sa présence, ainsi qu’au propriétaire du journal local, avec lequel il lit une relation particulière. Un thriller tendu et intense qui, depuis sa projection à Cannes, récolte les avis dithyrambiques par centaines. D’ores et déjà, l’un des rendez-vous de l’année à ne pas manquer !


« Jeanne Dielman, 23, Quai Du Commerce, 1080 Bruxelles », ressortie le 19 avril
Récemment meilleur film de l’histoire du cinéma par le prestigieux magazine Sight & Sound, le chef d’œuvre de Chantal Akerman ressort au cinéma en version restaurée. Dans ce film radical qui date de 1975, l’immense Delphine Seyrig interprète une femme au foyer célibataire au quotidien répétitif, où elle prépare les mêmes plats à son fils encore et encore, attend qu’il rentre de l’école, fait le ménage, et répète tout ça le jour d’après. Pour autant, de manière toute aussi routinière, elle reçoit des hommes chez elle, avec qui elle couche contre un peu d’argent. Pendant plus de trois heures, Chantal Akerman filme avec génie cette vie qui tourne sur elle-même jusqu’au point de non-retour. Une expérience passionnante, à vivre impérativement en salle.


Jolan Maffi
Jolan Maffi
 @randomasshoIe

Lire aussi
L'acteur gay Billy Porter va interpréter James Baldwin au cinéma !
Avec le documentaire « Guet-apens. Des crimes invisibles », Mediapart veut briser le silence autour des agressions homophobes
Claudia Varejão, réalisatrice de « Loup & Chien » : « Au Portugal il y a eu une adhésion massive pour le film »
La basketteuse américaine lesbienne Brittney Griner écrit un livre sur sa détention en Russie
Découvrez la scène émergente de l'art contemporain avec « 100% L'EXPO » à la Villette


https://www.komitid.fr/2023/04/05/coeur-errant-blue-jean-jeanne-dielman-etc-les-11-sorties-cine-lgbt-en-avril/

Voir les commentaires

Droit à l'avortement aux Etats-Unis : la pilule abortive, l'ultime bataille

15 Avril 2023, 23:53pm

Publié par hugo

  Droit à l'avortement aux Etats-Unis : la pilule abortive, l'ultime bataille
Des membres du groupe Women's March se mobilisent pour défendre l'accès aux médicaments d'avortement devant le palais de justice fédéral le mercredi 15 mars 2023 à Amarillo, au Texas. Matthew Kacsmaryk, un juge du Texas, a déclenché une tempête juridique en décident d'interdire la commercialisation de la pilule abortive.
Des membres du groupe Women's March se mobilisent pour défendre l'accès aux médicaments d'avortement devant le palais de justice fédéral le mercredi 15 mars 2023 à Amarillo, au Texas. Matthew Kacsmaryk, un juge du Texas, a déclenché une tempête juridique en décident d'interdire la commercialisation de la pilule abortive.
©AP Photo/David Erickson
Des membres du groupe Women's March se mobilisent pour défendre l'accès aux médicaments d'avortement devant le palais de justice fédéral le mercredi 15 mars 2023 à Amarillo, au Texas. Matthew Kacsmaryk, un juge du Texas, a déclenché une tempête juridique en décident d'interdire la commercialisation de la pilule abortive.La mifépristone (RU 486), est une des deux pilules utilisées pour les interruptions médicamenteuses de grossesse, elle a été autorisée il y a 23 ans par l'Agence fédérale du médicament américaine. Ce que contestent des anti-avortements auprès d'un juge texan. Sa décision pourrait lancer la voie à une interdiction de la pilule abortive sur l'ensemble du territoire américain. <br />
 
15 MAR 2023
 Mise à jour 03.04.2023 à 11:55 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
La pilule abortive bientôt interdite sur l'ensemble du territoire américain ? Un juge du Texas a décidé de suspendre son autorisation de mise sur le marché. Le gouvernement a fait appel. En attendant l'issue de cette bataille juridique, un réseau de femmes s'organise à travers le territoire pour permettre à celles qui le souhaitent d'accéder à ce "dernier" moyen d'avorter, une pilule de plus en plus difficile à se procurer. 
"Nous sommes clairement très inquiets, comme toute la communauté médicale devrait l'être. Cela serait une première très dangereuse", estime la présidente de l'organisation de planning familial Planned Parenthood, Alexis McGill Johnson.

Si cette bataille se joue par le biais d'un juge du Texas, l'un des premiers Etats à avoir interdit le droit à l'avortement aux Etats-Unis, dès septembre 2021, l'interdiction de la pilule abortive pourrait concerner l'ensemble du territoire américain.

Lire la vidéo

(Re)-lire notre article ►​Avortement : le parcours de combattantes des Texanes

La pilule abortive, l'ultime bataille ?
Un juge fédéral texan a offert une victoire retentissante aux opposants à l'avortement, en suspendant l'autorisation de mise sur le marché de la mifépristone (RU 486) dans l'ensemble des Etats-Unis. Il a toutefois donné une semaine aux autorités pour faire appel, avant que sa décision n'entre en vigueur. Ce juge est connu pour ses positions ultra-conservatrices, il a été auparavant l'avocat d'un groupe juridique de liberté religieuse avec une longue histoire de défense des causes conservatrices.

L'administration du président démocrate Joe Biden a demandé à une cour d'appel, située à la Nouvelle-Orléans, d'intervenir : cet "arrêt extraordinaire et sans précédent" doit "être bloqué en attendant l'examen de fond" du dossier, lui a écrit le ministère de la Justice. Dans son recours, le gouvernement rappelle que plus de 5 millions de femmes ont utilisé la mifépristone, combinée à un autre cachet depuis son autorisation par l'Agence américaine du médicament (FDA) en 2000.

Un juge fédéral sans formation scientifique a fondamentalement sapé l’autorité accordée par le Congrès à l’Agence américaine des médicaments (FDA).

Lettre des groupes pharmaceutiques
Les cadres dirigeants de 250 entreprises pharmaceutiques, dont les géants Pfizer ou Biogen, ont également fustigé, dans une lettre ouverte, un arrêt qui "crée de l'incertitude pour l'industrie pharmaceutique dans son ensemble" en "ignorant des décennies de preuves scientifiques". "Un juge fédéral sans formation scientifique a fondamentalement sapé l’autorité accordée par le Congrès à l’Agence américaine des médicaments (FDA)", lit-on dans cette lettre signée notamment par le patron de Pfizer, Albert Bourla, et des représentants d’autres grands laboratoires comme Biogen, AbbVie ou Novartis. La lettre a été notamment initiée par Amanda Banks, cofondatrice de Blackfynn, Jeremy Levin, patron de Ovid Therapeutics, Paul Hastings, patron de NKarta Therapeutics, Shehnaaz Suliman, patron de ReCode Therapeutics et John Maraganore, fondateur de Alnylam Pharmaceuticals, a précisé à l’AFP une porte-parole de ReCode Therapeutics.

Selon les juristes, la FDA peut ignorer la décision du juge Kacsmaryk. En attendant l'issue de ce marasme légal, plusieurs Etats démocrates ont pris les devants en constituant des stocks de pilules abortives.


Le droit des Américaines à disposer librement de leur corps de plus en plus réduit
À l'origine de cette nouvelle attaque contre le droit des femmes à disposer librement de leur corps, une coalition de médecins et de groupes anti-avortement qui a porté plainte en novembre 2022 contre l'Agence américaine du médicament (FDA). Ils lui reprochent d'avoir autorisé il y a 23 ans la Mifépristone (RU 486), une des deux pilules utilisées pour les interruptions médicamenteuses de grossesse. Un produit chimique susceptible selon eux de créer des complications.


 La décision du juge Kacsmaryk pourrait avoir un impact aussi retentissant que l'arrêt de la Cour suprême des Etats-Unis ayant dynamité, en juin 2022, le droit à l'avortement. Depuis, une quinzaine d'Etats conservateurs ont interdit tous les avortements sur leur sol, et d'autres comme la Floride sont en voie de restreindre fortement l'accès aux IVG.

[En raison de siècles de discrimination systémique, l'interdiction de l'avortement frappe le plus durement les Noirs, les Latinas, les Autochtones et les autres personnes de couleur. Ensemble, nous devons tous nous battre. Une femme sur 3 en âge de procréer n'a plus accès à l'avortement. Au total, cela pourrait toucher à l'avenir 36 millions de personnes.]

Lire la vidéo
"Plan C" : un réseau de femmes pour résister
Elles n'avaient pas attendu la décision couperêt de la Cour suprême pour organiser la résistance. Depuis des années déjà, un groupe de femmes tente, malgré les risques, et par tous les moyens de permettre à toutes les Américaines d'avoir accès à une méthode sûre d'avortement, en cas de besoin, que constitue la pilule abortive.

Plan C est à la fois le nom d'un documentaire projeté cette semaine au grand festival South by Southwest à Austin, aux Etats-Unis, et de l'organisation au centre du film. Il retrace les montagnes russes vécues durant plus de trois ans par ces femmes engagées, entre 2019 et 2022.

Malheureusement, les anti-avortements ont en partie gagné (...) Mais de plus en plus de gens entrent en résistance et font en sorte qu'il y ait un accès aux pilules abortives. Donc il y a une alternative, il y a une réponse possible.

Tracy Droz Tragos, réalisatrice du documentaire Plan C
"Malheureusement, les anti-avortements ont en partie gagné", a déclaré à l'AFP la réalisatrice, Tracy Droz Tragos. Et "nous n'avons pas encore touché le fond aux Etats-Unis", craint-elle. "Mais de plus en plus de gens entrent en résistance et font en sorte qu'il y ait un accès" aux pilules abortives, dit-elle. "Donc il y a une alternative, il y a une réponse possible."


L'avortement médicamenteux, l'ultime solution ?
Le plan A, c'est la contraception. Ensuite, il y a le plan B, plus connu sous le nom de pilule du lendemain. Et puis, en cas de grossesse non désirée, le plan C : l'avortement médicamenteux. C'est pour mieux diffuser l'information autour de cette méthode que deux femmes, Francine Coeytaux et Elisa Wells, fondent l'association Plan C en 2015.

Elles commencent par tester les pilules pouvant être achetées sur le marché noir, sur internet, pour vérifier qu'il s'agit du vrai produit. Si oui, elles les répertorient sur leur site. Puis, durant la pandémie, face aux difficultés grandissantes pour trouver ces pilules, elles passent un appel pour recruter des médecins acceptant de les prescrire via télémédecine, et de les envoyer par la poste aux patientes.

"Après avoir parlé à environ 150 médecins, on a fini avec cinq", à la mobilisation "héroïque", raconte Elisa Wells. Plan C les aide à couvrir les coûts d'installation d'un service de téléconsultation, ou encore de licences médicales pour exercer dans plusieurs Etats. Ces femmes médecins opèrent alors malgré un flou juridique, jusqu'à ce que l'Agence américaine des médicaments (FDA) ne clarifie la situation: oui, les pilules peuvent bien être postées.

De nombreux services de téléconsultations naissent alors. Mais en juin 2022, séisme dans le pays: la Cour suprême rend aux Etats leur liberté de légiférer sur l'avortement, qui devient illégal dans une vaste partie du pays.


[Comment la réalisatrice de "Plan C" Tracy Droz Tragos prévoit de faire du bruit sur l'accès à l'avortement au Festival du film de Sundance]

Notre article ►Au Canada, la pilule abortive finalement autorisée

Un réseau sous-terrain, dans la peur
"C'est comme faire tourner un cartel de drogue, mais pour aider les gens", déclare une des femmes anonymes du documentaire. Alors que l'accès est peu à peu drastiquement restreint, un fournisseur accepte de continuer à poster les pilules vers les Etats républicains, notamment le Texas. Un réseau sous-terrain s'organise.


La peur envahit chaque scène: peur pour les femmes utilisant les pilules, peur pour celles qui les aident. Mais aussi peur que tout s'arrête, et qu'elles se retrouvent sans solution.

"J'espère que nous en avons fait assez, et que ces gens resteront en sécurité", dit la réalisatrice, en regrettant qu'un médicament autorisé depuis plus de 20 ans aux Etats-Unis se retrouve à susciter de telles opérations clandestines. "C'est une tragédie", dit-elle.

Les détails du fonctionnement mis en place ne sont pas révélés dans le film, à dessein. Les visages sont floutés, les voix déformées, les pistes brouillées concernant les lieux filmés.

Ici l'équipe du film et du réseau Plan C lors de la projection au festival de Sundance aux Etats-Unis ►


Un film trop politique ?
Trouver une plateforme qui accepte de diffuser le documentaire se révèle aujourd'hui ardu. Les interlocuteurs trouvent le film "trop politique", disent devoir rester "neutres", explique Tracy Droz Tragos, dont un premier documentaire sur l'avortement avait été acclamé par la critique. Il donnait la parole aux militants des deux bords.

Nous restons optimistes sur le fait que même face à ces restrictions injustes, l'accès à la pilule abortive continuera à être possible.

Elisa Wells, l'une des organisatrices de Plan C
Elle espère que Plan C porte un message d'espoir pour les personnes qui le verront: qu'elles sachent "qu'elles ne sont pas seules, qu'il y a un réseau qui existe".

Face à la menace du jugement attendu au Texas sur la pilule abortive, les femmes de Plan C veulent garder espoir. "Nous restons optimistes sur le fait que même face à ces restrictions injustes, l'accès à la pilule abortive continuera à être possible", martèle Elisa Wells. "Nous pensons qu'il s'agit d'une forme de résistance, et qu'elle l'emportera."
 


À lire aussi dans Terriennes :

►États-Unis : la Caroline du Sud sanctuarise le droit à l'avortement
►De plus en plus d'entreprises américaines s'engagent pour défendre le droit à l'avortement, un choix à double tranchant
►"Mon corps, mon choix" : colère et mobilisation pour défendre le droit à l'avortement aux Etats-Unis
►Droit à l'avortement aux Etats-Unis : "se préparer au pire"
►La Cour suprême contre "Roe vs Wade" : un coup fatal au droit à l'avortement aux Etats-Unis
►Avortement : le parcours de combattantes des Texanes

►Faut-il se méfier de la pilule du lendemain ? [à vrai dire]


 

TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
 Mise à jour 03.04.2023 à 11:55
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/la-pilule-abortive-dernier-enjeu-pour-le-droit-l-avortement-aux-etats-unis-491906

Voir les commentaires

Festival de Cannes : qui sont les deux cinéastes africaines dans la sélection officielle ?

15 Avril 2023, 23:45pm

Publié par hugo

Festival de Cannes : qui sont les deux cinéastes africaines dans la sélection officielle ?

© Festival de Cannes
13 AVR 2023
 Mise à jour 14.04.2023 à 10:47 par 
Christian Eboulé
Le 76ème Festival de Cannes se déroule du 16 au 27 mai prochain. Et comme chaque année, un mois environ avant son ouverture, les organisateurs annoncent les liste des films sélectionnés. Cette année, six réalisatrices sont en compétition officielle, un record. Parmi elles, deux cinéastes sont issues du continent : la jeune cinéaste sénégalaise Ramata-Toulaye Sy pour son film « Banel & Adama », et la Tunisienne Kaouther Ben Hania pour « Les filles d’Olfa ».
 
Kaouther Ben Hania, "Les filles d’Olfa"
Née en Tunisie en 1977, la scénariste et réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania étudie à l’Ecole des arts et du cinéma de Tunis (EDAC) entre 2002 et 2004, après avoir préalablement fait de hautes études commerciales. Durant son passage à l’EDAC, elle réalise trois films d’école, dont « La brèche », qui remporte plusieurs prix. En 2003, elle participe à l’atelier d’écriture de longs-métrages Aristote, financé par Euromed. Elle complète cette formation en 2004 par une résidence d’été à La Fémis (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son), en France, avant de s’y inscrire l’année suivante dans la section scénario.

Entre 2006 et 2007, elle travaille notamment pour la chaîne Aljazeera Documentaire. En 2008, elle obtient un master 2 à l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle. Son documentaire intitulé « Les imams vont à l’école », sorti en 2010, rencontre un succès critique dans les festivals. En 2011, elle réalise 120 épisodes d’une série télévisuelle en 3D pour enfants diffusée sur Aljazeera Children. Son premier long-métrage, « Le Challat de Tunis », sort en 2013. Trois ans plus tard, avec « Zaineb n’aime pas la neige », elle remporte le Tanit d’Or lors des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), le prix du meilleur documentaire au CINEMED en France, mais aussi au MEDFILM en Italie.

(Re)lire : "Festival de Cannes 2023 : entre vétérans du 7ème art et nouveaux venus"

Sorti en 2017, « La belle et la meute », son deuxième long-métrage est sélectionné pour le Festival de Cannes, dans la catégorie « Un certain regard ». Avec « L’homme qui a vendu sa peau », un long-métrage sorti en 2020, elle est nommée aux Oscars en 2021, dans la catégorie « Meilleur film international ».

Avec « Les filles d’Olfa », long-métrage documentaire (1h 40), Kaouther Ben Hania figure aujourd’hui dans la sélection officielle du prochain Festival de Cannes. Dans ce film qui est à la lisière de la fiction, Kaouther Ben Hania raconte l’histoire d’une mère tunisienne de quarante ans, plutôt d’origine très modeste, qui voit ses deux filles, des adolescentes, se radicaliser et rejoindre l’organisation terroriste Daech en Libye.

Ramata-Toulaye Sy, "Banel & Adama"
Ramata-Toulaye Sy naît à Paris, de parents sénégalais. Après un master 1 arts du spectacle mention cinéma et audiovisuel à l’université Paris Nanterre, puis un master 2 spécialité scénario au Conservatoire libre du cinéma français, toujours à Paris, Ramata-Toulaye Sy participe aux ateliers égalité des chances à La Fémis en 2009-2010. Elle est reçue au concours de La Fémis en 2011, département scénario. Elle en sort diplômée en 2015. Mais entre-temps, elle reçoit une mention pour son scénario « Dans la cour des grands », lors du prix Sopadin 2013 des meilleurs scénaristes. Toujours en tant que scénariste, Ramata-Toulaye Sy travaille sur le film « Sibel », sorti en mars 2019, et réalisé par la réalisatrice turque Cagla Zencirci et le réalisateur français Guillaume Giovanetti.

(Re)voir : "Netflix et l'Unesco misent sur le cinéma africain"

Lire la vidéo
En février 2020, sort en salle « Notre-Dame du Nil », réalisé par l’écrivain afghan Atiq Rahimi, et co-scénarisé par Ramata-Toulaye Sy. Un film qui est une adaptation du roman éponyme de l’écrivaine rwandaise Scholastique Mukasonga, et qui revient sur les tensions entre Tutsis et Hutus dans le Rwanda des années 1970. En 2021, elle sort un court-métrage intitulé « Astel », l’histoire d’une jeune fille de 13 ans dont le quotidien, dans une région isolée au nord du Sénégal, va être bouleversé par la rencontre avec un berger. La même année, elle remporte plusieurs prix avec « Astel », dont le prix spécial lors du Festival international du film d’éducation, en France.

Avec « Banel & Adama », Ramata-Toulaye Sy signe son premier long-métrage de fiction, et se retrouve dans la sélection officielle du Festival de Cannes. D’une durée d’une heure quarante minutes, ce film raconte l’histoire d’un jeune couple : Banel, 18 ans, et Adama, 19 ans. Les deux tourtereaux vivent dans un petit village reculé, au nord du Sénégal. Une vie presqu’en vase clos, coupée du reste du monde. Si Adama est introverti et discret, Banel est plutôt passionnée et rebelle. Malgré leur amour, le couple est confronté aux conventions de leur communauté qui ne laisse pas beaucoup de place aux passions, et encore moins au chaos qu’elles engendrent.   

Christian Eboulé
 Mise à jour 14.04.2023 à 10:47
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/afrique/festival-de-cannes-qui-sont-les-deux-cineastes-africaines-dans-la-selection-officielle

Voir les commentaires

Avortement, sexualité hors mariage : des interdits contournés au Maroc

15 Avril 2023, 23:43pm

Publié par hugo

 Avortement, sexualité hors mariage : des interdits contournés au Maroc
"Au Maroc, toute sexualité en dehors du mariage est interdite non seulement légalement mais aussi par la religion et est mal vue sur le plan social. Mais elle existe !", lance la sociologue Sanaa El Aji El Hanafi.
"Au Maroc, toute sexualité en dehors du mariage est interdite non seulement légalement mais aussi par la religion et est mal vue sur le plan social. Mais elle existe !", lance la sociologue Sanaa El Aji El Hanafi.
© RADIO-CANADA / MYRIAM FIMBRY
12 AVR 2023
 Mise à jour 12.04.2023 à 17:49 par 
Terriennes
 
Myriam Fimbry (Radio Canada)
Au Maroc, les relations sexuelles avant le mariage sont interdites par la loi et passibles de prison, tout comme l’avortement. Deux interdits contournés. Une rencontre avec la sociologue marocaine Sanaa El Aji El Hanafi signée Radio-Canada.
On se rencontre à la Sqala, à l’heure du petit déjeuner, dans un restaurant typique de Casablanca, avec un long bassin et des jets d’eau au milieu de la cour intérieure. On est près de la Médina, de la Corniche et de la mosquée Hassan II.

Sexualite et célibat au maroc
©La Croisée des Chemins / editions
Sanaa El Aji El Hanafi milite pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse depuis une quinzaine d’années. Cette femme de 45 ans, non mariée et sans enfant, détonne dans la société marocaine. Son discours lui attire des foudres à l’occasion. En 2018, elle a publié un livre intitulé Sexualité et célibat, qui porte sur les relations sexuelles avant le mariage.

Et si, depuis peu, elle porte deux noms de famille, c’est parce qu’elle a récemment décidé d’ajouter le nom de sa mère à sa signature (El Hanafi), un geste symbolique fort et rare au Maroc : Je trouve injuste qu’on ne porte que le nom du père, comme si la mère n’avait qu’un rôle biologique, de tomber enceinte, d’accoucher, de s’occuper des enfants.

Docteure en sociologie et journaliste, elle a fondé et dirige la publication Marayana.com (en français, Nos miroirs), un média indépendant avec de petits moyens humains et financiers. Le site de débats de société aborde les droits de la personne, l’égalité des genres, les libertés individuelles, le rapport au corps et le rapport à la religion.

<p>Sanaa El Aji El Hanafi pense qu'on peut parler de tous les sujets. Tout dépend de la manière dont on les traite.</p>

<p> </p>
Sanaa El Aji El Hanafi pense qu'on peut parler de tous les sujets. Tout dépend de la manière dont on les traite.

 

©RADIO-CANADA / MYRIAM FIMBRY
Est-il réaliste d’interdire les relations sexuelles avant le mariage ?

Sanaa El Aji El Hanafi : Au Maroc, toute sexualité en dehors du mariage est interdite non seulement légalement mais aussi par la religion et est mal vue sur le plan social. Mais elle existe! On voit qu’il y a des relations d’amour entre hommes et femmes. Les moyens de contraception sont en vente libre. Beaucoup d’enfants naissent hors mariage. Donc, d’un côté, il y a une reconnaissance tacite dans la société que la sexualité existe avant le mariage entre personnes adultes et consentantes. De l’autre, il y a cet article 490 du code pénal qui interdit les relations sexuelles. C’est absurde et ridicule. La société évolue beaucoup plus que les lois et que les discours.

D’ailleurs, c’est comme ça que le mouvement Hors-la-loi est né en 2019 (appuyé par 490 personnalités, en référence à l’article 490). C’est une façon de dire que d'une certaine façon, on est tous des hors-la-loi! On a tous eu des relations sexuelles en dehors du mariage. Donc, soit vous nous mettez tous en prison, soit, à un moment donné, il faut un débat sérieux sur la sexualité !

(Re)lire ►Au Maroc, une tribune contre les lois qui veulent contrôler les moeurs
L’article 490 est-il appliqué ?

Il n’est pas systématiquement appliqué, mais c’est une épée de Damoclès! C’est-à-dire que des dizaines, des centaines de Marocains et de Marocaines peuvent avoir des relations sexuelles, mais si, à un moment donné, pour une raison X, il y a un contrôle ou une dénonciation des voisins, les gens peuvent aller en prison (les peines varient d’un mois à un an).

Parfois, quand les voisins entendent un mari battre sa femme, ils ne vont pas appeler les flics, mais quand il y a un jeune célibataire qui reçoit sa petite amie, ils vont les appeler parce que ce serait dangereux pour la société!

Et il y a les interprétations abusives de la loi. Quand un homme et une femme circulent ensemble dans une voiture, c’est tout à fait permis, mais il peut toujours y avoir un policier qui demande l’acte de mariage. Aujourd’hui, même des couples mariés qui voyagent avec leurs enfants sont obligés d’avoir une copie de leur acte de mariage.

À quel point le fait d'avoir de l'argent permet-il de contourner les lois ?

Dans ma thèse de doctorat, j’ai mis en évidence une ségrégation économique. Les gens qui n’ont pas les moyens vont subir davantage ces atteintes aux libertés parce que, quand on a les moyens, on peut se permettre de louer deux chambres d’hôtel. On peut se permettre d’aller dans des hôtels 5 étoiles qui n’exigent pas systématiquement l’acte de mariage.
 

Au Maroc, il y aurait environ 600 avortements clandestins par jour. Les femmes qui veulent interrompre leur grossesse de manière volontaire vont le faire ou bien dans le circuit clandestin, avec tous les risques pour leur vie et pour leur santé.

Sanaa El Aji El Hanafi 
Même chose pour l’IVG. Quand on a les moyens, on peut partir à l’étranger, dans les pays où c’est autorisé, en Europe ou en Tunisie. Au Maroc, des médecins acceptent de le faire mais font payer le prix du risque et du danger de l’interdiction juridique. [Il en coûte jusqu’à 2000 dollars canadiens pour un avortement, NDLR.]

Au Maroc, il y aurait environ 600 avortements clandestins par jour. Les femmes qui veulent interrompre leur grossesse de manière volontaire vont le faire ou bien dans le circuit clandestin, avec tous les risques pour leur vie et pour leur santé, ou bien dans le circuit médical, mais alors elles subissent tout le chantage des médecins.

Notre article ►​Maroc : la mort de Meryem, 14 ans, relance la question du droit à l’avortement
Quel est votre point de vue sur l’avortement ?

Je préfère parler d’arrêt volontaire de grossesse, parce qu’il faut considérer le choix de la maman. On est dans une société qui veut obliger une femme à être une maman, qui parle du droit à la vie du bébé, mais en fait, on s’intéresse au droit à la vie de l’enfant pendant les neuf mois qu’il passe dans le ventre de sa mère. Parce que dans une société comme le Maroc, dès qu’il naît, il est rejeté par la société. Il est semi-rejeté par les lois, parce qu’un enfant né hors mariage peut quand même bénéficier d’une identité depuis 2003. Mais il fera face à beaucoup de difficultés dans sa vie de tous les jours s’il n’a pas été reconnu par le père.

Donc, est-ce qu’on s’intéresse au droit à la vie de ces enfants après la naissance? Est-ce qu’on se demande si une femme est prête à être maman? On ne peut pas l’obliger sous couvert de traditions ou de valeurs. Il faut aussi respecter son choix, parce que sinon, par la suite, ça aura des impacts physiques, psychologiques, économiques et sociaux sur elle et sur l’enfant.

Une idée erronée dans notre société, c’est qu’à partir du moment où ce sera légalisé, toutes les femmes vont aller se faire avorter. En fait, je ne connais pas une femme au monde qui va se dire qu’elle pourrait tomber enceinte parce que l’avortement est légal. Mais quand une grossesse non souhaitée se produit, il vaut mieux l’arrêter volontairement que de faire subir à une femme une maternité qui n’est pas choisie.

À quel point la société marocaine est-elle prête à entendre ce point de vue ?

Dès qu’il s’agit des droits des femmes, des minorités sexuelles, des minorités religieuses ou de la liberté de conscience, on va toujours demander si la société est prête! Un humoriste a déjà dit que si les hommes pouvaient tomber enceintes, l’IVG serait autorisée dans les aires de repos des stations-service. Un homme peut avoir des relations sexuelles et se permettre d’avoir une vie libre par la suite, même quand cela donne lieu à une grossesse.


 
Article publié ici en accord avec notre partenaire Radio-Canada, version originale à retrouver sur le site. 

À lire aussi dans Terriennes :

►"Adam" : un film qui témoigne des dures réalités des mères célibataires au Maroc
►Au Maroc, une tribune contre les lois qui veulent contrôler les moeurs
►Injonction de virginité aux futures mariées : le juteux marché de la reconstruction des hymens au Maroc
►Maroc : deux jeunes filles en procès pour homosexualité. Colère de Ibtissame Betty Lachgar
►Au Maroc, deux adolescentes en prison pour homosexualité
►Loubna Abidar vedette de Much Loved quitte le Maroc, où 'les femmes libres dérangent'
►Le Maroc va autoriser l'avortement en cas de viol et de malformation
►Avortement au Maroc : un débat ouvert ?
Terriennes
 
Myriam Fimbry (Radio Canada)
 Mise à jour 12.04.2023 à 17:49
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/avortement-sexualite-hors-mariage-des-interdits-contournes-au-maroc-494342

Voir les commentaires

"Pas d'enfant pour la vie" : le choix des Japonaises

15 Avril 2023, 23:35pm

Publié par hugo

 "Pas d'enfant pour la vie" : le choix des Japonaises
©<a href="https://pxhere.com/fr/photo/343373">flickr</a>
©flickr
12 AVR 2023
 Mise à jour 12.04.2023 à 08:32 par 
TerriennesLiliane Charrier
 
avec afp
La lutte contre la chute de la natalité est une priorité pour le Japon, mais les femmes ont peu voix au chapitre sur ce sujet. C'est donc sur les réseaux sociaux qu'elles se tournent pour se faire entendre, rassemblées sous le mot-dièse "pas d'enfants pour la vie".

En 2022, l'archipel nippon recensait moins de 800 000 naissances. Jamais la natalité n'avait été aussi faible depuis l'établissement des statistiques, en 1899. Beaucoup de pays industrialisés enregistrent un faible taux de natalité, mais le problème est particulièrement aigu au Japon, qui a la deuxième population la plus âgée au monde après Monaco, et connaît une pénurie croissante de main-d'oeuvre, en raison, également, de strictes règles d'immigration.

Le fonctionnement du pays menacé ?
En janvier 2023, le Premier ministre Fumio Kishida alertait face à cette tendance qui, dit-il, menace la capacité du Japon "à fonctionner en tant que société". Le Premier ministre a promis des aides financières pour les familles, un accès plus facile aux services de garde d'enfants et plus de congés parentaux.

Avant, je croyais qu'avoir des enfants était la chose 'normale' à faire.
Tomoko Okada, 47 ans

Depuis, d'innombrables articles sur la question ont été publiés. L'un d'entre eux, notant que le Japon a le plus fort taux de femmes de plus de 50 ans sans enfant dans l'OCDE, a déclenché des torrents de commentaires en ligne sous le mot-dièse "sans enfant pour la vie". 

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida devant le Parlement, le 23 janvier 2023, à Tokyo. Environnement, sécurité, mais aussi reprise des naissances étaient à l'ordre du jour afin que le pays puisse rester une grande puissance. 
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida devant le Parlement, le 23 janvier 2023, à Tokyo. Environnement, sécurité, mais aussi reprise des naissances étaient à l'ordre du jour afin que le pays puisse rester une grande puissance. 
©AP Photo/Eugene Hoshiko
Être mère : la normalité ?
Au départ, Tomoko Okada redoutait de lire sur les réseaux sociaux les habituelles critiques envers les femmes sans enfant, mais elle a finalement découvert avec plaisir des discussions nuancées et empathiques. Les femmes expliquent pourquoi elles n'ont pas pu, ou voulu, être mères. "Avant, je croyais qu'avoir des enfants était la chose 'normale' à faire", explique cette écrivaine de 47 ans.

Par le passé, elle s'est inscrite, sans succès, sur des sites de rencontre dans l'espoir de trouver un partenaire. Elle a fait l'amère expérience de se sentir coupable quand son père lui a demandé un petit-enfant le jour de la fête des pères. Mais partager son expérience avec d'autres lui a fait réaliser que son "mode de vie était aussi acceptable", se félicite-t-elle.

Deux femmes sur des vélos électriques font une pause pour admirer la vue près du pont Tatara sur l'île d'Ikuchijima à Hiroshima, dans l'ouest du Japon, le 20 janvier 2023. 
Deux femmes sur des vélos électriques font une pause pour admirer la vue près du pont Tatara sur l'île d'Ikuchijima à Hiroshima, dans l'ouest du Japon, le 20 janvier 2023. 
©Toru Hanai/AP Content Services for Hiroshima Tourism Association
N'accusez pas les femmes !
Mais alors que le Japon compte seulement deux femmes dans son gouvernement et plus de 90% d'hommes à la chambre basse de son Parlement, beaucoup se sentent mises à l'écart du débat public, voire attaquées. "N'accusez pas les femmes du faible taux de natalité", tweete Ayako, une Tokyoïte de 38 ans sans enfant qui plaide en ligne pour la reconnaissance de "différents choix" de vie. À ses yeux, la répartition traditionnelle des rôles au Japon est au coeur du problème, alors que selon une étude du gouvernement en 2021, les Japonaises consacrent quatre fois plus de temps aux enfants et aux tâches ménagères que les hommes, pourtant de plus en plus nombreux à télétravailler.

J'ai l'impression que les femmes sont très critiquées lorsqu'elles expriment leurs opinions.

Ayako, 30 ans

Si elle n'hésite pas à s'exprimer sur internet, Ayako se sent "mise à l'écart" lorsqu'elle aborde ces questions dans la vie réelle : "J'ai l'impression que les femmes sont très critiquées lorsqu'elles expriment leurs opinions", regrette cette trentenaire qui préfère ne donner que son prénom.

Pour Yuiko Fujita, professeure d'études de genre à l'université Meiji, les réseaux sociaux sont un moyen pour les femmes de discuter de politique et de questions de société sans craintes, souvent sous couvert d'anonymat. Des mots-dièse s'indignant que les mères s'occupent seules des enfants ou se plaignant de demandes d'inscription en crèche rejetées sont aussi devenus viraux sur Twitter, mais cela n'a eu que peu d'impact hors de cette "chambre d'écho" en ligne, souligne-t-elle.


Les raisons de la décroissance
Les experts pointent de multiples causes au problème complexe de la baisse de natalité au Japon, dont sa rigide structure familiale. Seules 2,4% des naissances du pays ont ainsi lieu hors mariage, le plus faible taux parmi les pays de l'OCDE. D'autres pointent les conditions économiques, estimant que la faible croissance du pays décourage les couples d'avoir des enfants.

Des actions concrètes pour permettre un meilleur accès aux services de garde d'enfants peuvent contribuer à stimuler les taux de natalité, mais de manière souvent "temporaire", note Takumi Fujinami du Japan Research Institute. Selon lui, outre une meilleure répartition des tâches ménagères, "la stabilité économique à long terme et l'augmentation des salaires sont primordiales" pour inverser la tendance.

La ministre japonaise de l'Egalité des sexes, Seiko Noda, illustre la situation en 1955 et 2020, le 26 juillet 2022, à Tokyo. Elle qualifie de crise nationale la baisse record du nombre de naissances et la chute de la population, l'imputant à "l'indifférence et l'ignorance" d'un Parlement japonais dominé par les hommes. 
La ministre japonaise de l'Egalité des sexes, Seiko Noda, illustre la situation en 1955 et 2020, le 26 juillet 2022, à Tokyo. Elle qualifie de crise nationale la baisse record du nombre de naissances et la chute de la population, l'imputant à "l'indifférence et l'ignorance" d'un Parlement japonais dominé par les hommes. 
©AP Photo/Eugene Hoshiko
(Re)lire dans Terriennes : 

► #MeToo au Japon : une victoire contre l'oubli pour Shiori Ito
►​ Nouvelles féministes chinoises : "Ni homme, ni enfant"
► Stagiaires étrangères au Japon : pas le droit d'être enceintes
► Au Japon, des femmes victimes de stérilisation forcée témoignent
► Ne pas être mère, le choix d'une autre délivrance selon Chloé Chaudet

TerriennesLiliane Charrier
 
avec afp
 Mise à jour 12.04.2023 à 08:32
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/pas-d-enfant-pour-la-vie-le-choix-des-japonaises-493435

Voir les commentaires

Qui est Eva Kaili, soupçonnée de corruption au Parlement européen ?

15 Avril 2023, 23:34pm

Publié par hugo

 TERRIENNES
Les femmes dirigeantes
Qui est Eva Kaili, soupçonnée de corruption au Parlement européen ?
Nommée vice-présidente du parlement européen en janvier 2022, la députée du parti socialiste grec Pasok Eva Kaili se retrouve au coeur du scandale de corruption qui éclabousse l'institution lié au Qatar. 
Nommée vice-présidente du parlement européen en janvier 2022, la députée du parti socialiste grec Pasok Eva Kaili se retrouve au coeur du scandale de corruption qui éclabousse l'institution lié au Qatar. 
©Parlement europeen/officiel
Nommée vice-présidente du parlement européen en janvier 2022, la députée du parti socialiste grec Pasok Eva Kaili se retrouve au coeur du scandale de corruption qui éclabousse l'institution lié au Qatar. Eva Kaili, 44 ans, soupçonnée d'être impliquée dans le retentissant scandale de corruption en lien avec le Qatar qui éclabousse le Parlement européen. 
12 DÉC 2022
 Mise à jour 14.12.2022 à 15:00 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Une femme, vice-présidente du Parlement européen, en prison, soupçonnée de corruption et désormais suspendue de toutes ses fonctions. Du jamais vu. Ancienne présentatrice de télévision en Grèce, son pays, Eva Kaili, 44 ans, clame son innocence. Elle est devenue l'un des visages du scandale qui éclabousse l'institution européenne. 
Il y a quelques mois encore, Eva Kaili n'était qu'une personnalité politique parmi d'autres sur la longue liste des membres des instances dirigeantes du Parlement européen et était peu, voire inconnue, du grand public. Sauf dans son pays, la Grèce, où elle a eu une première carrière professionnelle en tant que présentatrice de journaux à la télévision avant de devenir députée sous la bannière verte du Pasok, le parti socialiste grec.

Inculpée et écrouée à Bruxelles mi décembre 2022, soupçonnée de corruption et suspendue de toutes ses fonctions, elle sort de prison mi-avril 2023, sous bracelet électronique, et reste à la disposition des enquêteurs. 


Qui aurait pu imaginer qu'un tel sort attendait cette députée grecque de 44 ans qui siègeait depuis 2014 au sein de l'institution européenne et qui avait été choisie pour occuper l'un des 14 sièges de vice-président-e en janvier dernier ?

Un mandat auquel la conférence des présidents de groupes du Parlement européen a décidé à la quasi-unanimité de mettre fin -625 votes favorables sur 628 exprimés- une décision "effective immédiatement", a précisé la présidente du Parlement européen Roberta Metsola sur Twitter.

Comme le dit Paul Germain, correspondant de TV5monde à Bruxelles, c'est "stupeur et tremblements au Parlement européen, sous le choc de ce scandale". 


"J'ignore d'où vient cet argent"
Eva Kail a été placée en détention dans une prison bruxelloise pour "corruption" et de "blanchiment d'argent" en bande organisée. Accusations qu'elle rejette, assurant ignorer l'existence des sommes d'argent considérables retrouvées à son domicile. Son avocat à Athènes martèle que sa cliente est "innocente" alors que des sacs remplis de billets d'une valeur de 150.000 euros ont été découverts dans son appartement à Bruxelles, selon une source judiciaire belge.

Selon le quotidien belge L’Echo, Eva Kaili aurait été arrêtée en flagrant délit, unique possibilité de faire tomber son immunité parlementaire. De l’argent liquide à son domicile a été retrouvé par les enquêteurs qui ont aussi interpellé son père alors qu’il transportait une mallette remplie de billets. La police le soupçonne d'avoir été informé de l'opération en cours par des complices, selon les informations du quotidien belge.


La somme retrouvée par la police atteindrait près de 600 000 € en coupure de 50 €. Au total, cinq personnes ont été arrêtées le 9 décembre à Bruxelles et deux autres en Italie, à l'issue de 16 perquisitions. "L'enquête, débutée l'été dernier, précise le quotidien belge, s'est tenue dans une discrétion totale, déployant des moyens généralement utilisés pour la répression du grand banditisme dans le cadre feutré du Parlement européen, à savoir, notamment, des écoutes téléphoniques. Les investigations sont loin d'être achevées".


Une carrière précoce à l'image ternie
De quoi ternir l'image de cette quadragénaire un temps perçue dans son pays natal comme une étoile montante du parti socialiste Pasok-Kinal.

Née le 26 octobre 1978 à Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, Eva Kaili a étudié l'architecture à l'université Aristote de Thessalonique.Malgré son diplôme, Eva Kaili n'a jamais exercé ce métier. Elle choisit de se lancer dans des études en relations internationales et européennes et suit des cours de journalisme.

Elle fait ses premiers pas en politique en 1998, alors qu'elle est encore étudiante en se faisant élire au conseil municipal de la ville, déjà sous l'étiquette du Pasok. En 2004, elle n'a que 26 ans lorsque les Grecs la découvrent sur leur écran de télévision. Elle présente les journaux sur l'une des grandes chaînes privées, Mega, jusqu'en 2007. La même année, elle est élue au Parlement grec et devient ainsi, à 29 ans, la plus jeune députée du Pasok.

Sept années plus tard, la députée est élue au Parlement européen dans le groupe des Socialistes et Démocrates (S & D), un mandat qu'elle conserve lors du scrutin européen de 2019. En janvier 2022, elle est élue vice-présidente du Parlement européen dès le premier tour.


Des liens proches avec le Quatar
Eva Kaili faisait partie de la délégation visant à développer les relations de l'Union Européenne avec la péninsule arabe. Dans ce cadre, elle s'était rendue au Qatar peu avant le début de la Coupe du monde de football 2022.

Elle y avait rencontré le ministre qatari du Travail Ali bin Samikh Al Marri. L'élue grecque avait salué à cette occasion, au nom de l'UE, l'engagement du Qatar à "poursuivre les réformes du travail", selon un tweet de l'ambassadeur de l'Union à Doha Cristian Tudor.


[traduction : "La Coupe du monde doit être considérée comme une opportunité de rassembler tout le monde pour promouvoir la liberté, l'égalité, les droits de l'homme, et il reste encore beaucoup à faire pour les femmes, les conditions de travail et les droits des LGBTQ""]

"Aujourd'hui, la Coupe du monde de football au Qatar est une preuve concrète de la façon dont la diplomatie sportive peut aboutir à une transformation historique d'un pays dont les réformes ont inspiré le monde arabe", lance-t-elle depuis la tribune du Parlement européen le 22 novembre dernier, alors que les appels au boycott du Mondial se multiplient. "Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail", ajoute-t-elle alors. 


[traduction : "Encore des coupures dans mes déclarations ! Je répète que j'ai parlé du monde arabe et de ce que rapporte l'Organisation internationale du travail #OIT. Pour éviter les déclarations morales avec deux poids deux mesures et la nécessité de coopérer afin d'améliorer encore les conditions".]

C'est la diplomatie de la Rolex !

Christian Chesnot, journaliste
Le Qatar, pays organisateur du Mondial-2022, a été accusé par des ONG de négliger les conditions de travail et de vie de ses centaines de milliers de travailleurs migrants venus d'Asie et d'Afrique. En réponse, Doha a fait valoir des réformes inédites du code de travail, saluées par des organisations syndicales, qui appellent néanmoins à une application plus rigoureuse.

Invité sur le plateau du journal de TV5 monde, le journaliste Christian Chesnot, spécialiste du Moyen-Orient, estime que cette affaire "discrédite la parole de cette vice-présidente et puis au delà d'autres prises de paroles, parce que ça veut dire qu'on est 'achetable' et les Qatariens connaissent nos faiblesses. C'est la diplomatie de la Rolex !".

Lire la vidéo
Dissonances grecques
En Grèce, Eva Kaili s'est à plusieurs reprises distanciée du Pasok.

Lors de l'accord entre Athènes et Skopje mettant fin à un long conflit sur l’appellation du petit pays balkanique, désormais nommé "Macédoine du Nord", elle avait twitté: "J'ai honte. C'est un dommage irréparable pour l'Histoire, la Macédoine et les Grecs". Elle se positionnait alors sur la même ligne que le parti conservateur grec qui s'opposait à cet accord, et considérait que le nom de Macédoine liée à l'histoire d'Alexandre le Grand et à une région du nord de la Grèce ne pouvait être donné à un autre pays.

En 2019, elle avait également déclaré que "les allocations sont pour les fainéants", critiquant les aides sociales distribuées par la gauche radicale (Syriza) pour faire face à la crise économique qui avait mis le pays à genoux et précipité de nombreux Grecs dans la pauvreté.

Pour le président du parti socialiste grec, Nikos Androulakis, Eva Kaili "agissait comme un cheval de Troie de la Nouvelle démocratie", la droite au pouvoir."Je l'avais informée qu'elle ne serait plus candidate avec notre parti aux prochaines élections européennes", précise-t-il. Le président du Pasok-Kinal, lui même député européen, lui reproche aussi d'avoir tenté de minimiser l'affaire des écoutes qui éclabousse l'actuel gouvernement conservateur.

Face à ce scandale et aux soupçons qui pèsent sur l’eurodéputée, le parti l'a écartée et plusieurs élus ont demandé à ce qu'elle cède son siège au Parlement européen.

Dans cette affaire, son compagnon, l'Italien Francesco Giorgi, ex-assistant parlementaire, spécialiste des questions de droits humains et des affaires étrangères, de sept ans son cadet, a été lui aussi interpellé. En couple depuis cinq ans, ils ont une petite fille de deux ans.


[traduction : "La vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili et Francesco Giorgi, parlementaire adjoint, sont au centre de l'enquête sur la corruption impliquant de l'argent et des profits de l'émirat arabe. L'ancienne journaliste grecque et le marin italien : le couple au coeur du Qatargate."]
 
À lire aussi dans Terriennes :

►Roberta Metsola, une anti-avortement élue présidente du Parlement européen
►"Sofagate" en Turquie : Ursula von der Leyen victime de sexisme ou de maladresse ?
►Ursula von der Leyen et Christine Lagarde, deux femmes aux postes-clé de l'Europe
►Ursula von der Leyen, aux commandes de l'Europe
►Elections européennes : les droits des femmes, les grands oubliés ?
►Les femmes de la Commission européenne : difficiles à trouver, difficiles à caser
TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 14.12.2022 à 15:00
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/qui-est-eva-kaili-soupconnee-de-corruption-au-parlement-europeen-481587

Voir les commentaires

The Sassy Cabaret : derrière les paillettes, la puissance de l’inclusion

15 Avril 2023, 16:12pm

Publié par hugo

 The Sassy Cabaret : derrière les paillettes, la puissance de l’inclusion

© The Sassy Cabaret

13 avr. 2023 à 11:54

Temps de lecture3 min
Par Maxime Maillet
Initiatives locales
Regions Bruxelles
Scène - Accueil

Vivacité
Bruxelles Matin

Vivre Ici
Les Grenades
Culture & Musique
Actualités locales
Accueil
cabaret
CP1000
drag
PARTAGER

Écouter l'article
Leïla a toujours aimé la danse. Enfant, elle multiple les stages et les cours dans plusieurs styles. Plus tard, elle fait ses études à Rio de Janeiro pour devenir danseuse contemporaine et chorégraphe. Au Burkina Faso, elle perfectionne son art de la danse.

Son retour en Europe s’accompagne d’une désillusion. " J’avais envie de faire de la danse contemporaine. Mais je n’avais jamais le corps qu’il fallait. J’étais trop petite, trop grosse, pas assez souple, pas assez virtuose. J’ai été très blessée. "

Leïla découvre alors la culture burlesque. C’est une révélation : elle crée son personnage de scène, Lili MirezMoi. En 2015, sous l’impulsion du café-théâtre l’Os à Moelle, elle construit même son propre concept de cabaret : le Sassy Cabaret. " Sassy peut se traduire par " impertinent " en français. Pour moi, le cabaret, c’est un lieu d’impertinence, de résistance où tous ceux et celles qui n’ont pas droit de cité se réunissent ; un lieu d’accueil, de liberté d’expression pour les personnes qualifiées de " bizarres " ou " marginales " ! Le cabaret ne se réduit pas à l’univers de Gatsby Le Magnifique ! ".

Une fois par mois, cinq à six artistes vous présentent un spectacle inédit et fascinant à l’Os à Moelle à Schaerbeek. Vous pouvez y découvrir des formes artistiques très variées, souvent méconnues, trop souvent dévalorisées et réduites au monde de la nuit : la culture drag (Drag Queens, Kings, Queer, Créatures), le burlesque, l’effeuillage, la pole dance, le chant, la danse, le stand-up, les arts du cirque, le jeu clownesque, etc. " C’est toujours une surprise qui ne laisse personne indifférent. Chaque performeur/se peut y exprimer sa vision du glamour, ses envies, ses délires ou ses rêves. Il ou elle vous invite dans son univers. "

Célébrer et visibiliser l'hors-norme
L’artiste Angèle Virago
L’artiste Angèle Virago © Estelle Bérengier
Au-delà du divertissement, du strass et des paillettes, le Sassy Cabaret se veut clairement politique. " Quand je monte sur scène et que je danse, c’est déjà politique ! ", revendique Lili. Cette dimension engagée ne s’exprime pas forcément dans les contenus des performances, mais s’incarne surtout par les artistes qui s’affirment sur scène sans complexes. "Dès le lancement de ce projet, j’ai voulu être inclusive. J’ai construit ce cabaret comme ma vie. Or ma vie est faite de toutes les diversités. "

Lili met ainsi en lumière des femmes, des hommes, des personnes transgenres et non-binaires, tous ceux et celles qui sont "hors-norme". Par leur orientation sexuelle, leur genre, leurs formes, leur couleur de peau ou leur âge, ces artistes s’écartent de l’image stéréotypée du danseur/de la danseuse de cabaret. " Personnellement, je suis très touchée par la question de la grossophobie. Quand une femme ronde et pulpeuse fait quelque chose de sensuel ou de nu, notre société l’associe encore très vite à la vulgarité. De même, on invisibilise par exemple des mères de famille ou des femmes plus âgées. "

Par cette inclusion et cette diversité, Lilli veut ainsi lutter contre les LGBTQIA + phobies, le racisme ou encore le sexisme. " Je crois profondément dans le pouvoir de la représentation. J’ai passé ma vie à chercher mon corps dans les séries à la télé ou sur scène dans des spectacles. Il n’y était jamais. Ou alors, il y était moqué ou transformé. La mise en scène de tous ces corps, de tous ces genres, de toutes ces sexualités au Sassy Cabaret est fondamentale : chaque personne assise dans la salle peut se dire qu’elle a le droit d’exister publiquement. "

Patronne d’un cabaret solidaire et itinérant
La Booty tradition du Sassy
La Booty tradition du Sassy © The Sassy Cabaret
Si Lili multiplie les casquettes - porteuse de projets, directrice artistique, performeuse burlesque, chorégraphe, présentatrice -, elle célèbre aussi la dimension communautaire de son cabaret. " Le Sassy n’est pas un spectacle subventionné. Quand tu n’as pas beaucoup d’argent, tu n’as pas le choix : tu dois beaucoup te débrouiller par toi-même. Heureusement, je peux compter sur une super équipe pour des gros coups de main comme la communication ou la régie. Ces personnes donnent tellement d’énergie pour un projet auquel on croit tous et toutes. J’ai vraiment de la chance et je crois profondément en cette collectivité. "

Dans ces spectacles, Lili valorise surtout le travail des artistes professionnels et accomplis, même elle conçoit aussi le Sassy Cabaret comme un tremplin pour les talents de demain. Par ailleurs, elle donne des cours de burlesque à la Brussels Art & Pole, une école de danse de la capitale. " Dans ces cours, on développe l’attitude, la confiance en soi, la sensualité. Il n’y a pas une seule réponse. Tout le monde a sa façon de s’approprier son corps, d’incarner son érotisme et sa beauté, de se mettre en scène. Être sexy, ça n’a rien à avoir avec les vêtements qu’on porte. "

The Sassy Cabaret ne se produit pas seulement à l’Os à Moelle ! Ce cabaret itinérant participe à des évènements privés ou à projets associatifs. " Nous allons là où on nous appelle. On est le SOS Fantômes du burlesque (rires) ". Ce vendredi 14 avril, les artistes présentent aussi leur traditionnel spectacle " The Sassy Pride " au centre culturel Jacques Franck à Saint-Gilles. Toutes les places sont déjà vendues.

Le prochain Sassy Cabaret à l’Os à Moelle sera le 13 mai.

Plus d’informations sur la page Facebook et le compte Instagram du Sassy Cabaret.


https://www.rtbf.be/article/the-sassy-cabaret-derriere-les-paillettes-la-puissance-de-linclusion-11182245

Voir les commentaires

Les Bobines du Cinéma : dans les yeux de Nastasja Saerens, cheffe opératrice

15 Avril 2023, 16:10pm

Publié par hugo

 Les Bobines du Cinéma : dans les yeux de Nastasja Saerens, cheffe opératrice

© Tous droits réservés

12 avr. 2023 à 14:37

Temps de lecture9 min
Par Elli Mastorou pour Les Grenades
Les Grenades
Cinéma
Culture & Musique
Vivre ici - Gens d'ici
Cinéma
Film
image
Cinéma Belge
Nastasja Saerens
PARTAGER

Écouter l'article
Elles tournent, jouent, montent. Elles font, regardent, racontent. Elles sont dans la fiction, le documentaire, l’animation. On les croise en festivals, en plateau ou dans leur bureau. Dans la série Les Bobines du Cinéma, Les Grenades tirent le portrait d’une professionnelle de l’audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un entretien en profondeur, pour découvrir une personnalité, une passion, un métier – mais aussi pour aborder le cinéma sous l’angle du genre, et réfléchir collectivement à plus d’inclusivité. Nous avons rencontré Nastasja Saerens, cheffe opératrice qui a signé l’image de L’Employée du mois de Véronique Jadin, une comédie féministe sanglante sortie le 29 mars dernier – et encore à l’affiche.

Publicité

En collaboration avec Elles Font Des Films.

FICHE TECHNIQUE

Nom : Saerens

Prénom : Nastasja (elle)

Naissance : 19 avril à Uccle

Profession : Cheffe opératrice

Formation : IAD (Institut des Arts de la Diffusion), Louvain-La-Neuve

Filmographie : L’Employée du Mois de Véronique Jadin (long-métrage), Juillet 96 de Michèle Jacob (court-métrage), Rien Lâcher de Laura Petrone et Guillaume Kerbusch (court-métrage), Les Yeux d’Olga de Sarah Carlot Jaber (court-métrage), A la recherche de nouveaux modèles (série, un épisode)

Femmes inspirantes : Claire Mathon, cheffe opératrice ("elle fait des images hyper sensorielles, avec une complexité dans la composition, je n’avais jamais vu ça avant elle "), Virginie Surdej, Lynne Ramsay (We Need To Talk About Kevin), Julia Ducournau (" Titane, c’était un vrai choc ")

Partie 1 - "Je voulais filmer les films"
Nastasja Saerens a accepté d’aborder avec nous son métier de cheffe opératrice. Ou devrait-on dire plutôt directrice de la photographie ? Y a-t-il une différence entre les deux, au fond ? "En général il n’y a pas vraiment de différence. En fait ça dépend du type de tournage : la distinction vient des films à plus gros budget, où on peut distinguer la personne qui s’occupe du cadre et la personne qui s’occupe de la lumière, car chaque poste est distinct et la hiérarchie est stricte. Moi je dis cheffe op, ou alors on met "image : Nastasja Saerens" dans le générique. Ça m’est un peu égal".

A l’origine, la passion de Nastasja pour les images lui vient de son papa, ingénieur physicien "la tête dans les étoiles" et cinéphile passionné, avec qui elle va au cinéma ou loue des films à la célèbre médiathèque du Passage 44. 2001, l’Odyssée de l’espace, Mort à Venise, Un nouveau monde de Terrence Malick…. Mais son premier choc de cinéma, ce sera devant Mulholland Drive de David Lynch. "J’avais l’impression de visiter les recoins sombres et mystérieux de l’âme humaine avec une caméra. Ce film m’a vraiment donné envie de jouer un rôle dans cette mécanique. Je suis tombée amoureuse du cinéma à ce moment-là – plus précisément de l’image, mais ça j’ai mis du temps avant de le comprendre…"

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Ce n’est qu’au fur et à mesure de son parcours que la passion pour l’image se précise pour celle qui, petite, disait qu’elle voulait "filmer les films". Après des petits films de vacances et la photo argentique à l’Académie Constantin Meunier, elle décide de passer l’examen d’entrée de l’IAD. Histoire de maximiser ses chances, elle tente à la fois l’option image et l’option réalisation. "J’ai été prise aux deux, et j’ai finalement opté pour l’image. Mon instinct m’a bien guidée. Souvent dans les écoles de cinéma, tu dois prouver que tu es fait·e pour ce métier, alors que tu es censé être là pour apprendre. Je craignais que cet écueil soit plus exacerbé en réalisation, alors que les autres options avaient des dimensions techniques plus tangibles."

Un paradoxe pour Nastasja, qui est à la base plutôt littéraire. "Ce manque de légitimité autour de la technique, ça m’a poursuivie pendant des années. C’est aussi lié au genre bien sûr, ce côté 'les filles sont nulles en maths', ça m’a angoissée jusqu’à l’absurde. A l’examen d’entrée un prof m’a demandé dans quel sens on visse. Sur le moment, ça m’a stressée, mais avec recul je trouve ça incroyable qu’on me pose une question pareille."

De ses années d’études, elle retient la liberté dans les choix artistiques et les collaborations, ainsi que l’accompagnement de cheffes opératrices comme Ella Van den Hove et Virginie Saint-Martin. Elle regrette "le côté très compétitif, entretenu sous prétexte que c’est ce qu’on allait vivre ensuite dans le monde professionnel. Je trouve que du coup, on aurait pu s’en passer en amont !"

J’avais l’impression d’être l’assistante du chef opérateur, pas de la caméra

Le diplôme en poche, Nastasja enchaîne les petits boulots liés à l’image, comme électro ou assistante caméra ; d’abord sur des courts-métrages, puis dans des séries et films internationaux avec du gros casting et du budget. Paradoxalement, ça l’a démotivée : "J’ai adoré faire électro, mais on m’a souvent dit ‘c’est un métier difficile, il faut porter du matériel lourd, il y a très peu de filles’. Du coup je me suis pliée à ces croyances-là parce que j’avais envie d’être dans ce milieu. Et puis c’est vrai que je me prenais énormément de remarques sexistes ! Ensuite quand j’étais assistante caméra, parfois j’avais l’impression d’être l’assistante du chef opérateur, pas de la caméra : je me suis retrouvée à devoir prendre soin de ses affaires, à apporter le café, en étant débordée sur le plateau… Alors qu’à côté de lui il y avait 10 électros qui ne faisaient rien. Le jour où une collègue m’a dit ‘tu t’habitueras’ ça a été la goutte d’eau, je me suis dit, surtout pas !"

Nastasja franchit alors le pas et se lance comme cheffe opératrice. "C’était entre autres aussi pour justement changer ça de l’intérieur, je me disais, sur les plateaux où je serai cheffe op, ça ne se passera pas comme ça."

Parallèlement, elle décide de poursuivre les études avec un Master en Scénario à l’IAD "Savoir lire un scénario me semblait essentiel pour bien faire mon métier. A côté, je filmais des mariages, je faisais des captations de théâtre, des vidéos d’entreprise, de la pub… C’était une double vie intense (rires) mais ça me permettait de gagner ma vie."


© Tous droits réservés
Partie 2 - "Je vois le métier comme une expérience collective"
"Ce que je préfère, c’est le fait d’être la première spectatrice du film, des émotions de l’histoire, à travers la caméra. Spectatrice et ‘passeuse’ à la fois, car tu vas ensuite transmettre ces images au public, en rajoutant un peu de couleur, une mise en image… C’est une position très poétique."

Libérée des angoisses dues à la technique, elle se voit davantage comme une créatrice au même titre que les réalisateurs et les réalisatrices aux côtés desquels elle travaille. "Il faut se faire confiance, avoir foi en ses idées, et le reste peut suivre. Mais trouver l’image la plus juste possible par rapport à un propos, un personnage, un scénario, c’est ça qui me passionne vraiment."

Une passion qu’elle combine avec ses valeurs d’écoute, d’égalité et de bienveillance. "On est souvent très attaché au résultat, à l’esthétique, et moins au ressenti. Or moi je vois le métier comme une expérience collective : c’est important d’être entouré·e de gens différents, qui vont apporter un regard sur ce tu fais, plutôt que d’affirmer un point de vue unique, et que l’équipe soit là pour servir ta vision."

 

Ce sont surtout des personnes blanches privilégiées qui ont accès au métier 

 Aujourd’hui elle se sent plus "entourée" en termes de présences féminines, devant ou derrière la caméra. "Je suis arrivée à un moment où il y avait cette nécessité de nous affirmer, et c’est aussi grâce à toutes ces réalisatrices qui ont commencé à tourner que j’ai réussi à me faire une place."

Mais un grand problème qui subsiste est l’absence de mixité sociale et ethnique dans le milieu : "En gros, ce sont surtout des personnes blanches privilégiées qui se présentent aux écoles et qui accèdent au métier. C’est assez violent, et questionnant. En fait c’est tellement compliqué de réussir à réaliser un film, à le financer, qu’il n’y a pas de place pour le doute, le risque, ou la possibilité d’embaucher des personnes moins expérimentées."

Or, dans les gens qui ont structurellement moins accès à la professionnalisation, on trouve évidemment des femmes, des personnes racisées… "C’est un cercle vicieux", constate amèrement Nastasja, et on pense à l’article percutant de la cinéaste belge Zahra Benasri sur Vice Belgique, ou à l’édifiant documentaire Ouvrir la voix d’Amandine Gay, qui abordent frontalement cette question-là.


© Tous droits réservés
Partie 3 - révéler, pas cacher
En 2021, entre deux coupures Covid, Nastasja a tourné son premier long-métrage en tant que cheffe op : L’Employée du mois de Véronique Jadin, une comédie sanglante qui aborde le rapport au travail d’un point de vue féministe à travers l’histoire d’Inès, employée dans une société de nettoyage, qui tue accidentellement son patron…


"Véronique m’a fait lire son scénario, et j’ai adoré ! Ça m’a fait du bien de lire un film comme ça, et c’était la porte ouverte à plein de recherches intéressantes en termes d’image, parce que tout se passe dans un décor avec des bureaux gris, volontairement pas sexy du tout : un vrai défi !", rigole-t-elle.

Un autre gros défi était comment raconter Inès et son parcours d’émancipation à travers l’image : "Au début, on la filme de haut, pour montrer à quel point elle est dominée, après on essaye de la libérer et on la filme davantage en contre-plongée…"

Ce que je préfère, c’est le fait d’être la première spectatrice du film, des émotions de l’histoire, à travers la caméra. Spectatrice et ‘passeuse’ à la fois, car tu vas ensuite transmettre ces images au public, […] C’est une position très poétique

Film indépendant loin des grands studios et ses hiérarchies rigides, L’Employée du mois a permis une grande liberté également en termes de représentation de Jasmina Douieb, qui incarne Inès : "On pouvait mettre en valeur ses caractéristiques, plutôt que d’être dans une forme d’esthétisation normée, à travers l’usage de lumière très diffuse, ou de filtres diffusants, par exemple,…"

Les filtres quoi ? On interrompt Nastasja pour lui demander une explication. "Ce sont des filtres qu’on met sur la caméra pour ‘diffuser’, l’image, c’est-à-dire casser la résolution. Combiné à des techniques d’éclairage, ça rend la peau plus lisse à l’image. On l’utilise entre autres pour gommer les rides des comédiennes plus âgées…"

A l’époque où elle était électro sur un gros tournage avec une célèbre actrice française qu’on ne citera pas, elle devait "construire son "mur de lumière" tous les matins – c’est intimidant, parce que ces actrices savent quel angle et quelle lumière les mettent en valeur, elles ont un contrôle absolu de leur image. Le chef op’ râlait parce qu’on ne pouvait pas être créatif…"

En écoutant Nastasja, on comprend que les filtres diffusants, c’est le Photoshop du cinéma. Elle acquiesce : "Sur L’Employée du Mois, c’était un vent de fraîcheur de filmer les comédiennes telles qu’elles sont. Ça fait partie aussi des choses qui m’animent en tant que cheffe op féministe ; j’ai envie de normaliser ce qui est considéré comme des défauts, révéler, pas cacher !"

En avril, on pourra voir le travail de Nastasja au Brussels Short Film Festival, dans Monsieur William de Maëlle Grand Bossi et Les yeux d’Olga de Sarah Carlot Jaber.


De fil en aiguille, de courts en longs, aujourd’hui, elle gagne sa vie comme cheffe opératrice à plein temps, notamment grâce au précieux statut d’artiste. "Mais ça m’a pris environ 8 ans pour l’obtenir. C’est d’autant plus dur quand tu débutes, tu galères pendant des mois sans projets, tu dois forcément être aidé·e par ta famille ou avoir un job alimentaire pour pouvoir te le permettre."

À lire aussi
La réforme du statut d’artiste : "Un monstre de Frankenstein" pour le groupe féministe F(s)

Avant de se quitter, on demande à Nastasja ce qu’elle voudrait changer dans ce métier. "Davantage de prise de risques. On a enfin des projets audacieux portés par des femmes, mais ils ne sont pas encore assez valorisés financièrement."

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Une audace nécessaire autant devant que derrière la caméra : "En 2023, je trouve ça inacceptable de n’avoir aucune femme ou aucune personne racisée dans l’équipe d’un long-métrage. Notamment l’équipe image. On crée des images collectives, c’est important de ne pas les créer sans un minimum de mixité ! Ça commence à bouger, je constate aujourd’hui après 10 ans d’expérience que des jeunes réalisateurs sont préoccupés par ces questions-là. Mais il y a encore un manque de responsabilité cruel par rapport à ces dernières – surtout quand le budget des films augmente."

À lire aussi
Les réalisatrices Alice Diop et Rebecca Zlotowski récompensées par le Prix Cléopâtre

Dans la saison 2 de la série Les Bobines du Cinéma
Épisode 1 : Kadija Leclère, raconteuse d’histoires
Épisode 2 : Peggy Fol, une vie de cinéma
Épisode 3 : Isabelle Truc, productrice prolifique
Épisode 4 : Tinne Bral, distributrice passionnée
Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/les-bobines-du-cinema-dans-les-yeux-de-nastasja-saerens-cheffe-operatrice-11181777

Voir les commentaires

50 ans de la mort de Picasso : "Il a détruit la carrière de plusieurs femmes artistes"

15 Avril 2023, 16:07pm

Publié par hugo

 50 ans de la mort de Picasso : "Il a détruit la carrière de plusieurs femmes artistes"

© Amande Art

11 avr. 2023 à 15:32

Temps de lecture5 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
Les Grenades
Exposition - Accueil
Culture & Musique
Accueil
Peintre
Picasso
Violences faites aux femmes
PARTAGER

Écouter l'article
Le 8 avril 1973, Pablo Picasso décédait à l’âge de 91 ans. À l’occasion des 50 ans de son décès, les hommages pleuvent et pas moins de 42 expositions se sont ouvertes ou vont s’ouvrir pour honorer la mémoire de l’artiste, dont, en Belgique, l’exposition du Musée royal des Beaux-Arts de Bruxelles qui s’est terminée en février.

Pourtant, la personnalité du peintre est de plus en plus questionnée dans le monde culturel. En 2021, Julie Beauzac, spécialiste en histoire de l’art, sortait un épisode de son podcast "Vénus s’épilait-elle la chatte ?" consacré à la misogynie de Picasso, dans lequel elle montre comment sa carrière s’est aussi bâtie sur ses comportements destructeurs. A propos de la séparation entre l’œuvre de l’artiste et sa vie personnelle, lui-même ne la pratiquait pas : nombre de ses compagnes sont représentées dans ses toiles.

À lire aussi
Picasso : derrière le génie, un homme cruel et violent

Plusieurs livres sont également sortis à ce sujet, dont Picasso, le Minotaure de Sophie Chauveau en 2020 et Monsters, a Fan’s Dilemma de Claire Dederer, à paraitre le 25 avril 2023. Dans ce livre, l’autrice pose la question du lien entre génie et monstruosité. "Le génie mérite-t-il une dérogation particulière ? La monstruosité masculine est-elle la même que la monstruosité féminine ?", s’interroge-t-elle.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

"Il faut contextualiser"
"Moi, je suis assez claire : je sais que je n’irai voir aucune des expositions qui lui sont consacrées s’il n’y a pas de précision sur les aspects plus sombres de sa vie, réagit l’artiste belge Cécile Barraud de Lagerie, illustratrice, coloriste et professeure. "Il ne s’agit pas de censure, ni de militantisme, il faut juste établir des faits et contextualiser. Si une personne a fait des choses positives à côté de sa carrière artistique, cela m’intéresse tout autant. Picasso est vraiment un cas d’école, car il y a cet aspect ‘monstrueux’, mais il n’était pas le seul. Je pense par exemple au sculpteur Carl Andre, qui aurait défenestré sa femme, l’artiste Ana Mendieta, en 1985", précise-t-elle.

Si peu d’expositions organisées pour les 50 ans du décès du peintre ajoutent cette contextualisation, quelques événements repérés par la RTBF se proposent d’aborder les aspects violents de la vie de Picasso : un cycle de conférences à Paris s’est penché sur le sujet, et le Brooklyn Museum de New York mettra sur pied, en juin, une exposition sur Picasso et le féminisme.

Le parcours des femmes artistes
On commence d’ailleurs à s’intéresser aussi aux parcours des compagnes du peintre, la plupart également artistes, qui presque toutes ont fini en dépression ou se suicideront après avoir croisé sa route. "Souvent décrit comme un génie de la peinture, Picasso était aussi un destructeur de femmes", souligne d’ailleurs Arte. Il a d’ailleurs eu cette phrase : "Chaque fois que je change de femme, je devrais brûler la précédente. Comme cela, j’en serais débarrassé."


En Belgique, la peintresse Amande Art a décidé de tirer le portrait et de raconter la vie de six d’entre elles, sous la forme de femmages : Eva Gouel, Dora Maar, Marie-Thérèse Walter, Olga Khokhlova, Fernande Oliver et Françoise Gilot. "J’ai souhaité les mettre en avant, le contraire de ce que Picasso a fait avec elle, puisque leur carrière a été écourtée après leur rencontre. Il a détruit leur réputation. Il les a écrasées et même démembrées dans ses peintures. Cela n’a pas été facile car il existe peu d’information sur ces femmes, j’ai dû creuser ! On doit apprendre ces histoires par nous-mêmes. Pour la Journée du matrimoine à Paris, j’ai voulu créer des portraits des Salonnières et j’ai dû aller chercher des sources partout, je connaissais peu de choses sur elles, alors qu’elles qu’ont participé à l’effervescence artistique et littéraire pendant trois siècles !", explique l’artiste.

© Tous droits réservés
Cécile Barraud de Lagerie confirme : "J’ai étudié de 2002 à 2009, il y avait vraiment peu de femmes artistes enseignées dans les cours d’histoire de l’art, au sens large : dans la photographie, dans l’architecture, dans le textile, etc. on m’a beaucoup parlé de Picasso comme d’un génie, comme le tournant du siècle, on m’a raconté qu’il a influencé quantité d’autres œuvres. C’était raconté comme un bloc monolithe, sans nuances. Cela questionne si on relie ça aux perspectives féministes, décoloniales et LGBTQIA +. Aujourd’hui, j’ai l’impression que cela s’ouvre un peu plus mais il reste des choses à améliorer. Les femmes sont majoritaires dans les écoles d’art et puis elles disparaissent."

Étant elle-même professeure en textile, elle explique y faire particulièrement attention. " Si je lis qu’un homme a découvert quelque chose, je gratte. Et souvent, il n’était pas tout seul… j’essaie de faire bouger les choses, là où j’ai des marges de manœuvre", observe-t-elle.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Amande Art poursuit : "Pour moi, il était important de créer cette série de portraits de femmes autour de Picasso, de les mettre en lumière, en tant que peintresse aujourd’hui. Parce que je pense que ce qu’il s’est passé dans le monde de l’art continue de s’y passer aujourd’hui. Je suis une femme artiste, mais aussi une maman solo. C’est un statut difficile. Quand son père est parti, j’ai dû m’occuper seule de mon fils et continuer à créer. Souvent, je peignais la nuit, qui était le seul moment disponible. J’en ai gardé, encore maintenant, des insomnies. De nombreuses femmes artistes prennent un mi-temps pour s’assurer des revenus stables. On relègue toujours les femmes à la sphère domestique. Picasso a fait des choses sympas, oui, mais plein de femmes aussi ! Elles ont créé des œuvres géniales !"

Cette série de portraits féminins créés à l’occasion des 50 ans de la mort de Picasso est destinée à être utilisée par des colleuses féministes, notamment en France, qui afficheront dans la rue le visage et une courte biographie inspirante pour chacune de ces six femmes artistes. "Cela fait partie d’un projet plus large que j’ai commencé lors du déconfinement car la situation est restée compliquée un certain temps, en tant qu’artiste, à cette période. J’ai donc créé des portraits de 150 femmes connues ou méconnues qui ont été collées dans l’espace public par des colleuses belges et françaises."


Pour Cécile Barraud de Lagerie, "Quand on fait quelque chose en tant que femme, cela aura moins de valeur partout, aussi dans le monde de l’art. Les femmes artistes qui prennent un pseudo masculin ont plus de chance de réussir. Pourquoi est-ce qu’avoir un utérus semble plus pénalisant pour une carrière qu’avoir violenté quelqu’un ?" Comme un lien qui se tisse entre la période de Picasso et notre présent.

Picasso et les femmes, l’ombre au tableau – JT 8 avril 2023

Picasso et les femmes : l ombre au tableau
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/50-ans-de-la-mort-de-picasso-il-a-detruit-la-carriere-de-plusieurs-femmes-artistes-11181241

Voir les commentaires