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feminisme

Trop sexualisées, dénudées, stéréotypées : les femmes à la télé, c'est pas encore ça

20 Mars 2023, 05:23am

Publié par hugo


Trop sexualisées, dénudées, stéréotypées : les femmes à la télé, c'est pas encore ça
Publié le Mardi 14 Mars 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Trop sexualisées, dénudées, stéréotypées : les femmes à la télé, c'est pas encore ça
Un nouveau rapport accablant de l'Arcom tire la sonnette d'alarme : les femmes sont encore très, autrement dit TROP, sexualisées, dénudées, mais aussi stéréotypées, à la télévision, et plus précisément dans la pub. Qui est étonné ?
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Balance ton spot. Pub et féminisme ne feraient pas bon ménage, selon le dernier rapport de l'ARCOM, autrement dit l'Autorité publique de régulation de la communication audiovisuelle et numérique - la fusion entre le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi).

L'organisation a examiné 2 310 publicités diffusées entre octobre 2021 et mai 2022, et son constat est limpide : les pubs qui se succèdent tous les jours sur notre téléviseur seraient encore bien trop sexistes. Non seulement les stéréotypes de genre ne seraient pas rares sur nos écrans, mais plus encore, les femmes seraient encore très, et surtout trop, dénudées et sexualisées... Beaucoup plus que les hommes en tout cas.


En effet, précise le rapport, il y a plus de publicités présentant "uniquement" des femmes sexualisées ou dénudées que de pubs présentant des hommes sexualisés ou dénudés : 49 % pour les unes et 24 % pour les autres. Et ce alors que la nudité à l'écran est en baisse de 2 % par rapport à 2017.

Par-delà la nudité, des pépites sexistes
Mais l'Arcom ne s'est pas contentée d'épingler ces contenus qui sexualisent. Elle s'est également penchée sur les "pépites sexistes", pour reprendre l'expression du compte Twitter (féministe) éponyme : cette banalisation des clichés garçons/filles les plus tenaces que nous propose encore la pub...


Concrètement, ça veut dire quoi ? Que la répartition femmes-hommes au sein des différentes catégories de produits est toujours porteuse de stéréotypes de genre : les publicités pour des produits associés à un univers féminin présentent beaucoup plus de personnages féminins et inversement pour les hommes. Par exemple ? Une majorité de femmes se retrouvent dans les pubs pour les produits d'entretien du corps, et une majorité d'hommes pour les jeux d'argent... Pas besoin de mater la téléréalité pour observer ces clichés.

Mais derrière ce côté pubs à papa, un soupçon d'espoir : en 2022, 48 % des sujets abordés par les chaînes d'information portaient sur les violences faites aux femmes. Pus d'un tiers présentaient même des exemples de "solutions aux discriminations faites aux femmes", et notamment des modèles de femmes "brisant les stéréotypes sexistes", se réjouit l'Arcom. Et ce alors que le nombre d'expertes en plateau (47% à la télévision) s'est de nouveau avéré être en augmentation. C'est d'ailleurs le cas chaque année depuis cinq ans.

Et si les femmes politiques sont toujours moins présentes sur un plateau que leurs collègues masculins, on observe désormais du côté des pubs plus de femmes s'adonnant à des activités scientifiques... De quoi lutter contre "l'effet Matilda" : la minimisation ou la négligence chronique du rôle des femmes dans les découvertes scientifiques. Allez, on y croit.


https://www.terrafemina.com/article/television-les-femmes-sont-encore-trop-sexualisees-denudees-et-stereotypees-a-la-tele-previent-l-arcom_a368858/1

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Pour Andréa Bescond, le gouvernement est "incompétent" dans sa lutte contre les féminicides

20 Mars 2023, 05:16am

Publié par hugo

 Pour Andréa Bescond, le gouvernement est "incompétent" dans sa lutte contre les féminicides
Publié le Vendredi 10 Mars 2023
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste

Pour Andréa Bescond, le gouvernement est "incompétent" dans sa lutte contre les féminicides
"L'incompétence du gouvernement concernant les féminicides...". Prise à parti par Andréa Bescond au sujet de son bilan passé en tant que ministre pour la cause des femmes, Marlène Schiappa a quitté le plateau de "C ce soir" le 8 mars dernier. Andréa Bescond a par la suite appuyé ses critiques sur Instagram.
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Une nouvelle campagne de communication pour lutter contre les violences faites aux femmes
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Le 8 mars, Marlène Schiappa a quitté le plateau de l'émission "C ce soir" suite à un échange tendu avec la cinéaste et militante féministe Andréa Bescond, déplorant l'inefficacité de l'action gouvernementale face aux violences faites aux femmes et aux féminicides.

Des remarques de trop pour l'ex-ministre chargée de l'égalité femmes/hommes, qui s'est exclamée la voix chargée d'émotion : "Franchement, je trouve ça juste honteux. Je suis désolée, mais je ne vais pas rester sur ce plateau. Me dire des choses comme ça, à moi... Me dire que je découvre les violences sexuelles... mais merde. Vous osez me dire les yeux dans les yeux, que je ne connais pas les violences faites aux femmes ? C'est lunaire".

Une séquence sur laquelle est revenue son interlocutrice. "Marlène Schiappa n'a pas supporté que je pointe l'incompétence du gouvernement concernant la gestion des violences en France", a affirmé sur Instagram Andréa Bescond, appuyant ses propos chiffres à l'appui : "94000 plaintes : moins de 1000 condamnations. Une femme victime de tentative de viol toutes les 7 minutes. 18 enfants violé.e.s toutes les heures. 80% des plaintes classées sans suite. Des multirécidivistes relâchés après des remises de peines constantes...".

Des protestations qui résonnent à l'unisson des nombreuses alertes des associations féministes émises ces dernières années.


Depuis des années, au sein des associations, des mesures exigées contre "la violence des hommes"

L'an dernier encore, alors que la lutte contre les violences faites aux femmes était de nouveau érigée en "grande cause du quinquennat", Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, s'alarmait des chiffres glaçants des féminicides (122 femmes tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2021) et proposait des solutions : "Il aurait fallu redoubler les efforts. Mettre plus de moyens. Nommer des ministres pour qui c'est important. En faire une priorité politique continue. Les féminicides c'est tous les ans".

"C'est pas un effet de mode. Il faut une volonté tenace pour y venir à bout", poursuivait la présidente. A l'unisson, les associations féministes insistent depuis des années, d'autant plus depuis les prémices du Grenelle des violences conjugales initié par Marlène Schiappa en 2019, sur l'importance d'agir, et vite : assurer une meilleure formation des forces de l'ordre et un meilleur accueil des victimes de violences (conjugales notamment), multiplier les centres d'hébergement, allouer un budget national d'un milliard d'euros afin de lutter contre les violences faites aux femmes...

"Quand on est ministre, on ne peut pas déclarer que l'Etat ne peut rien faire contre la violence de ces hommes, ce discours est intolérable. Le gouvernement doit augmenter les budgets de la police et de la justice pour empêcher la remise en liberté constante de ces hommes violents et leur réitération en terme d'agressions. Il est temps que le gouvernement cesse de se dédouaner et de prétendre qu'il agit", a conclu Andréa Bescond sur Instagram.

Des assertions qui ont recueilli beaucoup de réactions de soutien. Dans les commentaires notamment, de la part du compte militant Préparez vous pour la bagarre, qui décrypte le sexisme au sein des médias, de l'autrice Iris Brey ou encore, d'Enora Malagré : "Merci et bravo !", a commenté cette dernière.


https://www.terrafemina.com/article/marlene-schiappa-critiquee-par-andrea-bescond-la-ministre-quitte-le-plateau-de-c-dans-l-air_a368825/1

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Sanctionner le non-partage des tâches domestiques ? L'Espagne est plutôt pour

20 Mars 2023, 05:14am

Publié par hugo

 
 
Sanctionner le non-partage des tâches domestiques ? L'Espagne est plutôt pour
Publié le Vendredi 10 Mars 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Sanctionner le non-partage des tâches domestiques ? L'Espagne est plutôt pour
En Espagne, un homme a du verser 200 000 euros de compensation financière à son ex-épouse... afin de rétribuer les tâches domestiques qu'il a choisi d'ignorer un quart de siècle durant. Sanctionner le non-partage des tâches domestiques ? Une idée loin d'être absurde.
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C'est une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre : en Espagne, un tribunal a contraint un homme à verser une compensation financière de 204 624,86 euros à son ex-épouse, en plein divorce, relate Capital. La raison de cette compensation ? Simple : celle-ci s'est occupée en solo pendant pas moins de 24 ans de l'entièreté des tâches domestiques, quand tous deux étaient encore en couple. Tâches non rétribuées évidemment...

On tient un véritable cas d'école de la charge domestique, travail toujours aussi mésestimé comprenant aussi bien les tâches ménagères que l'éducation et la prise en considération des enfants (deux, dans le cas qui nous concerne) : près d'un quart de siècle à s'occuper toute seule du travail au sein du foyer.

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Prenant place au sein du tribunal de Vélez-Málaga, dans la province de Malaga, le 15 février dernier, cette décision de justice a donc opté pour une pénalisation de l'inégale répartition des tâches domestiques, correspondant tout simplement à un "salaire minimum", étendu de 1995 à 2020...

Un concept qui n'a rien d'étrange en vérité.

Une idée à démocratiser ?
Pénaliser l'inégale répartition des tâches domestiques ? Il n'y a pas que l'Espagne qui y a pensé, quand bien même le pays est des plus en avances sur bien des points, comme l'a encore démontré en février dernier l'adoption de deux lois majeures : l'une permettant aux personnes de seize ans et plus de changer librement de genre., et la seconde autorisant un congé menstruel aux femmes souffrant de règles douloureuses. On ne s'étonne guère de voir ce genre de résolutions dans une nation résolument féministe.

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Si cette décision de justice s'inscrit dans le cadre particulier d'un divorce, elle fait écho à des réflexions qui ont également pu résonner dans la nôtre - de nation. L'an dernier, la députée écoféministe Sandrine Rousseau s'était effectivement attardée sur une idée singulière, l'espace d'un live Twitch organisé par Madmoizelle : sanctionner le non-partage des tâches domestiques.

Une manière pour l'écologiste de prendre (enfin) en considération tout "un impensé" concernant "les politiques sur l'égalité femmes-hommes" à ce sujet. Elle s'était expliquée : "Je pense que le privé est politique. Il faudrait faire reconnaître dans un couple ce non-partage. Les femmes font davantage d'heures de travail domestique de plus que les hommes, et non payées". Un enjeu aussi bien intime que politique.

Et les chiffres parlent. 80 % des femmes consacreraient au moins une heure par jour à la cuisine ou au ménage contre seulement 36 % des hommes, épingle l'Observatoire des inégalités.


 https://www.terrafemina.com/article/taches-menageres-en-espagne-un-mari-verse-200-000-euros-de-compensation-pour-les-taches-menageres_a368816/1

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Rien que ça : en Caroline du Sud, on souhaite la peine de mort aux femmes qui avortent

20 Mars 2023, 05:08am

Publié par hugo


Rien que ça : en Caroline du Sud, on souhaite la peine de mort aux femmes qui avortent
Publié le Jeudi 09 Mars 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Rien que ça : en Caroline du Sud, on souhaite la peine de mort aux femmes qui avortent
Une proposition de loi réclamant la peine de mort pour les femmes qui avortent ? C'est ce qu'a déployé un élu ultra conservateur de la Caroline du Sud, et ce dans une nation largement marquée par la répression des droits des femmes.
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Depuis la décision de la Cour suprême des Etats-Unis de révoquer le droit à l'avortement l'an dernier, la répression anti-IVG ne cesse pas outre-atlantique. Et plus encore, on constate une banalisation des prises de position anti-avortement, comme des mesures les plus extrêmes. Et ce, dans des Etats qui ont largement fait la part belle à ce type "d'initiatives" à l'époque de la présidence Trump - qui leur était très favorable.

Par exemple ? On pense à la Caroline du Sud, qui en 2022 déployait une proposition de loi afin de rendre illégale "toute diffusion d'informations à propos de l'IVG", sur le web notamment. Tout un programme. Un refus du droit à l'information qui allait de pair avec un mépris des droits les plus fondamentaux des femmes. Mais la Caroline du Sud n'était pas au bout de ses idées. Et nous, au bout de notre déprime.


En ce mois de mars 2023, un législateur républicain a effectivement défendu au sein de l'Etat ultra-conservateur un texte de loi... proposant de punir pénalement, et très sévèrement, toutes les femmes qui ont recours à l'IVG. Les punir... Jusqu'à la peine de mort. Oui, rien que ça.

Une mesure particulièrement répressive
"Si on appelle un foetus une vie, qu'on le définit comme une vie, pourquoi quiconque, pas juste les mères, pourraient ôter cette vie ? Si c'est une vie, elle doit être protégée comme toute autre. Un foetus, puis une personne, devrait être protégée de la fécondation à la mort naturelle", a déclaré le 4 mars dernier l'élu républicain en question, Bob Harris, représentant du 36e district de Caroline du Sud, comme le rapporte le magazine Marie Claire, précisant que la mesure est actuellement examinée par un comité judiciaire.


A son examen par le comité judiciaire pourrait succéder son vote au sein de la Chambre des représentants. Rien n'est encore écrit donc. Mais cela ne nous ne rassure pas pour autant. Car cela fait des années que des Etats comme la Caroline du Sud poursuivent une sorte de lutte "pro-vie". En 2021 déjà, une loi du Texas particulièrement répressive interdisant l'avortement dès six semaines de grossesse, même en cas de viol ou d'inceste... Et recevait l'aval de la Cour suprême des Etats-Unis.

Bien des représentants de la Caroline du Sud, du Texas et d'autres états ultra conservateurs règlent leurs pas sur ceux de la législation dite du "heartbeat", interdisant l'avortement dès qu'une échographie peut détecter un "battement du coeur" du foetus. Un terme "trompeur à ce stade du développement de l'embryon", rappelaient à raison les professionnels de la médecine. Cela fait déjà des années que le droit à l'IVG est mis en péril, dans une société qui ressemble de plus en plus... A la série télévisée The Handmaid's Tale.


https://www.terrafemina.com/article/ivg-en-caroline-du-sud-on-souhaite-la-peine-de-mort-aux-femmes-qui-avortent_a368810/1

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Les femmes cheffes encore une fois snobées par le Guide Michelin

20 Mars 2023, 05:06am

Publié par hugo

 Les femmes cheffes encore une fois snobées par le Guide Michelin
Publié le Mardi 07 Mars 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Les femmes cheffes encore une fois snobées par le Guide Michelin
Moins de 10 % de femmes cheffes ont été étoilées au sein de l'édition nouvelle du très réputé Guide Michelin. Un chiffre lourd de sens qui en dit long sur les inégalités.
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Parmi les 44 nouvelles étoiles du Guide Michelin édition 2023 dévoilées le 6 mars dernier, l'on ne dénombrera que 10 % de femmes. 10 % seulement de cheffes, parmi lesquelles Georgiana Viou (le restaurant "Rouge" à Nîmes), Jeanne Satori pour (le "de:ja" à Strasbourg), Camille Pailleau (le "Rozo" à Marcq-en-Baroeul), Nidta Robert (le "Arborescence" à Croix) ou encore Cybèle Idelot (le "Ruche" aux Yvelines).

Des professionnelles inspirantes, mais un pourcentage qui fait peine à voir en 2023. D'autant plus que parmi ces femmes sacrées par le très réputé guide, il faut encore préciser l'on ne compte qu'une seule cheffe en solo étoilée, Georgiana Viou. Les autres cheffes l'ont effectivement été dans le cadre d'un duo de cuisiniers - elles partageront leur étoile avec leur conjoint. Un détail qui ne fait qu'exacerber cet écart.

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"Moins de 10 % de femmes étoilées, ça ne fait toujours pas la différence, malgré leur présence toujours accrue en cuisine ou la parité observée dans les prix spéciaux, notamment du côté de la sommellerie avec la présence de Gaby Benicio pour "l'Aponem" (Hérault) qui partage son prix avec Cyril Kocher de "Thierry Schwartz" à Obernai", déplorent les pages fooding de Télérama.

"Donner de la place aux cheffes"

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Ces données ont de quoi faire grincer des dents. Les disparités au sein de la restauration et de la gastronomie, et surtout de ce qui est mis en avant et valorisé, s'avèrent encore flagrantes. On se rappelle par exemple que l'édition 2022 de l'émission "Top Chef" ne présentait que trois femmes sur quinze candidats. "Il y a moins de femmes en cuisine que d'hommes, c'est un fait", assurait alors le chef et juré Glenn Viel. En ressortant victorieuse, la cheffe stylée et féministe Louise Bourrat devenait la 3e femme (seulement) à remporter "Top Chef".

Cependant, une enquête menée par la plateforme de réservations en ligne TheFork révélait en 2021 que les femmes représentent entre 31 et 50% des effectifs au sein de la majorité des brigades de cuisine. Parmi les sondées concernées par l'enquête, 51,3% de ces femmes déclaraient même avoir connu "une évolution professionnelle positive ces 5 dernières années". "Des chiffres encourageants qui laissent espérer la possibilité d'une véritable parité dans l'univers de la cuisine pour les années à venir", s'enthousiasmait dès lors TheFork.

Demeure également l'attrait inspirant des cheffes étoilées cette année. Comme Georgiana Viou, que vous connaissez certainement en tant que jurée au sein de la dernière saison de l'émission "MasterChef", où elle jugeait aux côtés des cuistots Yves Camdeborde et Thierry Marx. Passée par diverses maisons et autrices de plusieurs livres de cuisine, propriétaire du bar-restaurant Rouge, à Nîmes, depuis 2021, la cheffe met un poing d'honneur à défendre une cuisine "de l'instinct, de l'âme et du coeur", où c'est avant tout l'émotion qui l'emporte.

Dans les colonnes de Terrafemina, la cheffe étoilée, qui vante les vertus d'une cuisine "zéro gaspi", affirmait l'an dernier : "J'ai des copines qui ont vraiment souffert du fait d'être une femme noire, je ne suis pas dans le déni. Il faut donner de la place et la parole aux femmes et arrêter de les stigmatiser comme une minorité. Il faudrait arriver à un moment où l'on ne soit pas obligée de se justifier parce qu'on est une femme cheffe".

SOCIÉTÉ NEWS ESSENTIELLES SEXISME ÉGALITÉ HOMMES-FEMMES CUISINE ET GASTRONOMIE FOODING


https://www.terrafemina.com/article/guide-michelin-2023-les-femmes-cheffes-encore-trop-peu-representees_a368768/1

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Artistes femmes dans les musées : l'ombre au tableau

20 Mars 2023, 05:03am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Femmes, artistes, défricheuses
Artistes femmes dans les musées : l'ombre au tableau
Entrée du jardin du Luxembourg, à Paris, le 21 mars 2021. 
Entrée du jardin du Luxembourg, à Paris, le 21 mars 2021. 
©AP Photo/Francois Mori
17 MAR 2023
 Mise à jour 17.03.2023 à 09:46 par 
Terriennes
 
avec AFP
"Muse" ou "femme de" : longtemps réduites au silence énigmatique de la Joconde, les artistes femmes, encore très minoritaires dans les musées, prennent peu à peu leur revanche sur le passé.

Pour une exposition consacrée à Frida Kahlo ou à Louise Bourgeois, combien d'oubliées ? "Il faut en finir avec cette rengaine qui voudrait qu'elles soient représentées aujourd'hui équitablement", dénonce l'historienne américaine Maura Reilly, dans la revue spécialisée ArtNews.

Une bien lente prise de conscience

La preuve ? "87% des oeuvres abritées par les 18 plus grands musées des Etats-Unis ont été réalisées par des hommes dont 85% blancs", souligne Katy Hessel, citant une étude réalisée en 2019 par la Public Library of Science, une publication scientifique à accès ouvert. Cette historienne de l'art britannique de 28 ans a publié en français une Histoire de l'Art sans les hommes (ed. Michel Lafon ; Hutchinson Heinemann en anglais), ouvrage dense dédié aux artistes femmes depuis la Renaissance.

"Aujourd'hui, tous les musées sont attentifs à la parité, les expositions en solo de femmes artistes se multiplient, la Tate (à Londres) consacre sa programmation annuelle à des femmes mais dans la réalité, elles sont largement sous-représentées dans les maisons de vente", analyse un observateur du marché et des foires d'art contemporain. "Dans les ventes historiques de Christie's ou Sotheby's, les records restent majoritairement détenus par des hommes", ajoute-t-il, même les artistes femmes de moins de 40 ans montent en puissance, comme le révélait en octobre le rapport Artprice 2022.

Au Royaume-Uni, la Tate s'est "engagée depuis longtemps à améliorer la représentation des artistes femmes dans sa programmation comme dans ses collections permanentes", assure Polly Staple, directrice de la collection "British Art". 

De son côté, la Royal Academy of Arts offre, en 2023 et pour la première fois, l'ensemble de ses murs à une artiste féminine : la performeuse star Marina Abramović. "Renverser les canons masculins qui dominent l'histoire de l'art est une tâche décourageante, mais je pense que les musées relèvent le défi", ajoute la conservatrice britannique, reconnaissant que "beaucoup de travail reste à faire".

Marina Abramovic lors de l'exposition <em>Marina Abramovic - The Cleaner</em> au Musée d'art contemporain de Belgrade, en Serbie, le 21 septembre 2019. Elle exposait ses œuvres dans sa ville natale de Belgrade pour la première fois en 44 ans. Un retour au pays très émouvant, disait-elle.
Marina Abramovic lors de l'exposition Marina Abramovic - The Cleaner au Musée d'art contemporain de Belgrade, en Serbie, le 21 septembre 2019. Elle exposait ses œuvres dans sa ville natale de Belgrade pour la première fois en 44 ans. Un retour au pays très émouvant, disait-elle.
©AP Photo/Darko Vojinovic
"Misogynie historique"
En 2020, le musée du Prado à Madrid s'emparait du sujet via une exposition sur les figures de la femme dans l'art, révélant une "idéologie" et une "propagande de l'Etat sur la figure féminine", témoin d'une "misogynie historique", confiait le commissaire de cette exposition Carlos Navarro. Reste que la question de la place des artistes femmes dans le musée n'est pas réglée. Sur les 35 572 oeuvres que compte l'institution, 335 oeuvres – soit 1% – sont celles d'artistes féminines. Plus surprenant encore, sur ce chiffre, seules 84 d'entre elles sont exposées au public, le reste dormant dans les réserves.

Même constat dans les grands musées parisiens : au Louvre, seules 25 femmes sont référencées sur 3 600 peintres. Une proportion très faible qui s'explique "par la période historique couverte de l'Antiquité jusqu'à 1848", explique le musée. 

Au musée d'Orsay qui avait consacré en 2019 une vaste exposition à la peintre impressionniste Berthe Morisot, seules 76 des oeuvres exposées sont celles d'artistes femmes contre 2 311 pour leurs homologues masculins, indique le musée.

Et pourtant, elles créent...
Convaincue qu'on "ne peut faire une histoire juste qu'avec des archives justes", l'historienne de l'art française Camille Morineau a fondé l'association Aware pour rassembler le plus d'informations possibles sur les artistes femmes dans le monde.

Car, rappelle Katy Hessel – qui s'est servie de la base de données d'Aware – ces artistes, telles que l'Italienne Artemisia Gentileschi, peintre de la Renaissance célébrée à Londres en 2020, étaient pour la plupart "connues de leur vivant mais ont été effacées au fil des siècles". 

Imaginer qu'une femme puisse inventer quelque chose est resté pendant très longtemps un tabou anthropologique.

Camille Morineau, fondatrice de Aware

Effacées ou réduite au rang de muses comme la sculptrice Camille Claudel, dont le travail est resté, des décennies durant, dans l'ombre de celui d'Auguste Rodin. "Imaginer qu'une femme puisse inventer quelque chose est resté pendant très longtemps un tabou anthropologique", estime Camille Morineau.  Un tabou qu'elle a fait voler en éclats en 2009 : alors conservatrice au Centre Pompidou, elle a fait le pari d'exposer exclusivement des artistes femmes pendant deux ans et sur deux étages, attirant plus de 2 millions de visiteurs. La preuve qu'il y avait "assez" d'oeuvres réalisées par des femmes "dans les réserves du musée pour raconter toute l'histoire de l'art des XXe et XXIe siècles".

Un travail que poursuit, à sa manière, Katy Hessel avec son podcast qui donne la parole aux grandes stars féminines de l'art contemporain, dont celles issues des pays du Sud. Car, souligne-t-elle, si les femmes artistes ont été mises de côté par l'histoire, celles issues d'autres cultures, comme l'Algérienne Baya ou la Singapourienne Georgette Chen, n'ont, elles, "jamais vraiment fait partie de l'histoire".

(Re)lire dans Terriennes : 

► Sur le marché de l'art, les femmes peinent, encore, à émerger
► Muses et artistes : des femmes reprennent le contrôle de leur image
► "Les femmes s'exposent" à Houlgate : mettre les femmes photographes au premier plan
► Marguerite Burnat-Provins, scandaleuse et peintre de la beauté laide
► Journées du matrimoine : les artistes femmes se révèlent
► Ana Mendieta, artiste majeure et martyre de l'art contemporain
► Germaine Krull : un objectif et mille vies
► La maison : refuge ou prison pour femmes ? Réponses avec l'exposition "Women House"
► A la rencontre des "folles d'enfer" de Mâkhi Xenakis
► Guerrilla Girls, vengeuses masquées des femmes artistes occultées
► Les Guerrilla Girls à l’assaut d’un art "sexiste et dominé par les hommes blancs"
► Paula Modersohn-Becker, la femme qui peignait les femmes
► Fernande Olivier : modèle, écrivaine et compagne émancipée de Picasso
► Dora Maar, au-delà de la muse de Picasso, une artiste accomplie
► Belles de jour : une exposition autour des femmes, artistes et modèles
► Tamara de Lempicka, femme libre et peintre libertaire, racontée en BD

Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 17.03.2023 à 09:46
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/artistes-femmes-dans-les-musees-l-ombre-au-tableau-479566

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Le droit à la vieillesse, encore un combat pour les femmes

20 Mars 2023, 05:00am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Beauté des femmes, normes, sacrifices
Le droit à la vieillesse, encore un combat pour les femmes
Sylviane, ancienne éditrice devenue mannequin à 54 ans, une des « Belles Mômes » de la photographe Clélia Odette, que nous avions rencontrée à l'occasion d'un article  <a href="https://information.tv5monde.com/terriennes/quand-les-vieilles-prennent-leur-revanche-454302" target="_blank">"Quand les "vieilles" prennent leur revanche"</a>en mai 2022.
Sylviane, ancienne éditrice devenue mannequin à 54 ans, une des « Belles Mômes » de la photographe Clélia Odette, que nous avions rencontrée à l'occasion d'un article  "Quand les "vieilles" prennent leur revanche"en mai 2022.
©courtoisie de Clelia Odette
16 MAR 2023
 Mise à jour 17.03.2023 à 09:46 par 
Terriennes
 
Marie-Pierre Genecand (Le Temps)
Pourquoi encore aujourd'hui, il semble impoli de demander son âge à une femme ? À partir de quand, les femmes sont-elles considérées comme des « objets périmés » ? Dans son livre coup de poing Et si les femmes avaient le droit de vieillir comme les hommes ?, Amanda Castillo nous invite toutes à vivre pleinement chaque époque de notre vie et nous libérer des injonctions dictées par le patriarcat ou le "male gaze", ce regard si masculin. 
C’est connu, la femme vieillit quand l’homme mûrit. La ride accable la première, alors qu’elle ennoblit le second. Une injustice qui n’est pas innée mais construite par un système patriarcal inégalitaire et « une culture pédophile assimilant la jeunesse à la beauté ». Cette analyse musclée est livrée par Amanda Castillo dans Et si les femmes avaient le droit de vieillir comme les hommes ?, somme édifiante sur cette différence de traitement qui veut qu’une femme de 40 ans soit déjà « un objet périmé ».

La parade proposée aux femmes par cet ouvrage qui vient de sortir aux Editions L’Iconoclaste ? Flamboyer en toute liberté et vivre comme le fit Lou Andreas-Salomé, l'une des premières femmes psychanalystes, en n’appartenant à personne et en célébrant chaque jour sa passion pour la curiosité intellectuelle et les vastes explorations. Assurer son indépendance financière aussi. Et ne jamais s’excuser d’exister, à n’importe quel âge et dans n’importe quelle situation.

Je pense que toutes les femmes quand on évolue dans une atmosphère culturelle comme ça, on intériorise véritablement une dévalorisation constante de ce qu'on est.

Amanda Castillo
« On est dans une culture saturée de stéréotypes âgistes et sexistes. On le voit au cinéma, dans les séries télévisées, dans les publicités ... À 35 ou 40 ans, elles s'entendent dire qu'elles sont périmées alors qu'elles ont toutes leur vie devant elles. », explique Amanda Castillo. « Je pense que toutes les femmes quand on évolue dans une atmosphère culturelle comme ça, on intériorise véritablement une dévalorisation constante de ce qu'on est.», ajoute l'autrice dans une vidéo publiée par les éditions L'Iconoclaste.  


Nos articles Terriennes à relire : 
►Quand les "vieilles" prennent leur revanche
►Les femmes de 50 ans et Yann Moix : encore et toujours le corps en question
Des crèmes antirides dès 8 ans !
Le saviez-vous? Il existe une gamme de soins antioxydants et antirides, GeoGirl, destinée aux fillettes âgées de 8 à 12 ans. Le saviez-vous aussi? L’influenceuse Sarah Fraisou, 30 ans, recommande à ses followers des capsules de resserrement intime à insérer dans le vagin, notamment après l’accouchement, pour éviter «les infidélités des maris, mécontents de leur vie sexuelle du fait d’un vagin détendu par la maternité».

Le saviez-vous encore? Blachman, une émission danoise de 2013, mettait en scène deux hommes évaluant le corps d’une femme qui se présentait nue devant eux. Questionné sur la misogynie de l’émission, l’animateur s’est justifié en disant que «le corps d’une femme aspire à être commenté».


Le pygmalion et l’angoissé
Amanda Castillo, ancienne consoeur du Temps, n’est pas journaliste pour rien. L’autrice féministe, qui refuse de dire son âge « en guise de geste politique », a bien creusé son sujet et nombre de ses informations relèvent de la pépite. A commencer par le goût des hommes pour les femmes bien plus jeunes qu’eux.

Parmi les concernés, la spécialiste distingue deux profils. Le pygmalion qui, comme Roger Vadim, aime les femmes-chenilles pour en faire des femmes-papillons (qu’ils quittent aussitôt) et l’angoissé qui, comme Frédéric Beigbeder, épouse des jeunettes à répétition, car «sinon, il voit sa propre mort dans le corps vieillissant de ses compagnes».

De fait, quand Vadim a rencontré Brigitte Bardot, Catherine Deneuve et Jane Fonda, elles avaient respectivement 18, 17 et 27 ans. Ce profil de pygmalion, que partagent le chanteur Serge Gainsbourg et le cinéaste Luc Besson, repère et révèle des jeunes pousses qu’il fait grandir à la lumière de son excellence solaire. Totalement macho et assumé. «Je suis un esthète. Une fleur qui s’ouvre, c’est plus intéressant qu’une fleur qui perd ses pétales», disait l’illustre Serge dont la dernière conquête, Constance Meyer, fréquentée en alternance avec Bambou, avait 16 ans, alors qu’il en avait 57.

Le Président et la chair fraîche
Au jeu des comparaisons, François Mitterrand a fait mieux. A 72 ans, il aime Claire, 22 ans, tandis qu’à 84 ans, Silvio Berlusconi quitte Francesca, 34 ans, pour du sang plus frais… Comme Hugh Hefner, fondateur du magazine Playboy qui, à 86 ans, épouse Crystal Harris, âgée de 26 ans, ces aînés appartiennent à la deuxième catégorie identifiée par Amanda Castillo. Ce ne sont donc pas des pygmalions, mais des angoissés qui espèrent oublier leur mort prochaine au contact de ces fleurs de printemps.

Le plus fort, sourit l’autrice, c’est que ces prédateurs de chair fraîche justifient leurs liaisons en assurant que le gain est mutuel. «Les jeunes femmes sont apaisées par le calme qu’elles trouvent dans un vieil amant qui a déjà accompli sa tâche professionnelle sur terre, a déjà couché avec toutes les femmes. L’homme mûr est un sage fidèle, rassasié et rassurant», pérore Beigbeder.

Evidemment, ces vieux amants ne pourraient pas sévir si la haine de soi n’était pas inscrite dans l’image que les femmes ont intégrée. «N’importe quel connard rougi à l’alcool, chauve à gros bide et look pourri, pourra se permettre des réflexions désagréables sur le physique des filles s’il ne les trouve pas assez pimpantes. Ce sont les avantages de son sexe», pointe Virginie Despentes dans King Kong Théorie. Il s’agit là d’«objectivation sexuelle», un concept posé par la philosophe américaine Sandra Bartky qui survient «à chaque fois que le corps d’une femme, les parties de son corps, ou ses fonctions sexuelles sont séparés de sa personne».

C’est-à-dire un peu tout le temps, ironise Amanda Castillo. Vu que, du cinéma à la télé, en passant par les arts plastiques mais aussi la littérature, sans oublier l’humour, les médias et les réseaux sociaux, le male gaze non seulement nourrit la culture du viol, mais découpe également les femmes en morceaux.

La femme idéale a 22 ans
En témoigne le nombre de chirurgies plastiques qui bondit, une pratique qui sévit dès le plus jeune âge. « C’est que la femme-bibelot obéit aux lois de la société de consommation: quand elle ne sera plus consommable, elle sait que l’homme la jettera », résume la journaliste qui égraine les chiffres, en renfort, des statistiques éloquentes. « En Finlande, quel que soit son âge, un homme considère que l’âge idéal d’une femme est de 22 ans. A Séoul, les interviewés le situent entre 17 et 25 ans. Une étude du Monde montre que, sur les sites de rencontre, le pic d’attractivité des femmes avoisine les 18 ans, celui des hommes, les 50 ans. » Etc., etc.

Et, comble du malaise, poursuit Amanda Castillo, si les hommes peuvent avoir des compagnes de soixante ans plus jeunes qu’eux sans être traités de noms d’oiseaux, on appelle une femme « cougar » dès qu’elle a une ou deux années de plus que son compagnon… Bref, comme dit Alice Coffin, « il faut guérir d’être une femme». «Non pas d’être née femme, mais d’avoir été élevée femme dans un monde pensé par et pour les hommes. »


Rayonner plutôt que lutter
D’où les derniers chapitres dans lesquels Amanda Castillo rend hommage aux figures hors normes qui, comme George Sand, Dominique Rolin ou Benoîte Groult, ont su s’affranchir de ces injonctions.
 

Ce qu'elles nous disent très clairement, c'est que le meilleur antidote à l'érosion du désir (...)c'est la capacité à vivre sa vie à la première personne.

Amanda Castillo
Car il y a deux options, résume la journaliste. Soit les femmes essaient de déconstruire la masculinité toxique et tentent de changer la société, mais ce combat, épuisant, rend souvent ses soldates amères et, paradoxalement, obsédées par la figure de l’oppresseur qu’elles cherchent à éradiquer. Soit elles se galvanisent, rayonnent dans leur solitude choisie quand solitude il y a, s’aiment elles-mêmes avant de se soucier du regard des autres et parviendront à modifier les relations hommes-femmes à travers leur autonomie réjouie.

« Ce qu'elles nous disent très clairement, c'est que le meilleur antidote à l'érosion du désir, c'est pas un corps éternellement jeune, ni une personnalité au service des autres mais c'est la capacité à vivre sa vie à la première personne. », estime l'autrice. 

Lou Andreas-Salomé, superstar
Lou-Andreas Salomé, superstar, femme de lettres et l'une des premières femmes psychanalystes dans un monde d'hommes, née en Russie, elle est morte à 76 ans en Allemagne à Gottingen en 1937. 
Lou-Andreas Salomé, superstar, femme de lettres et l'une des premières femmes psychanalystes dans un monde d'hommes, née en Russie, elle est morte à 76 ans en Allemagne à Gottingen en 1937. 
©DR
La journaliste en veut pour preuve le succès renversant de Lou Andreas-Salomé qui a fasciné des monstres comme Nietzsche, Rilke et Freud par sa vivacité d’esprit et son indépendance farouche. Elle n’était pas spécialement belle, dit l’autrice, mais, « grâce à une vie intellectuelle riche, elle a toujours attisé son feu intérieur ».

Ainsi, à 50 ans passés, Lou s’offrait encore de nombreux « festins d’amour », car, « elle ne s’est jamais dit: « il faut que je sois brillante et magnétique », mais s’est toujours laissé exister, tout simplement. C’est ce trait de caractère, combiné à une dévorante faculté de penser, qui a tant séduit les hommes. »

Le programme est clair. À l’image de Caroline Ida Ours, modèle de 61 ans qui en 2021 a dévoilé son corps taille 44 avec sa cellulite dans une publicité pour la marque de lingerie Darjeeling ou de Sophie Fontanel qui, à 59 ans, a posé nue pour la couverture du magazine Elle, les femmes doivent se montrer telles qu’elles sont avec fierté et, surtout, cultiver ce qui les grandit, non ce qui les humilie.
 

La première chose à entreprendre, c'est la reconquête de soi.

Amanda Castillo
Il faut non seulement, comme dit Gloria Steinem, «érotiser l’égalité», mais, plus encore, exploser avec superbe la tyrannie du jeunisme. La résistance, assure Amanda Castillo, passe par la flamboyance. « La première chose à entreprendre, c'est la reconquête de soi », conclut-elle dans son intervention vidéo.
 

Article original à retrouver sur le site de notre partenaire Le Temps ►Pourquoi les femmes n’ont-elles pas le droit de vieillir comme les hommes?

Nos articles à retrouver dans Terriennes :
►Quand les "vieilles" prennent leur revanche
​►Petites, grosses, 50 ans et plus : sur les podiums, la mode est aux mannequins d'un nouveau genre, le "body positive"
►Les femmes de 50 ans et Yann Moix : encore et toujours le corps en question
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Terriennes
 
Marie-Pierre Genecand (Le Temps)
 Mise à jour 17.03.2023 à 09:46
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"Afghanes", un documentaire pour mettre en lumière la nuit des femmes afghanes

20 Mars 2023, 04:57am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Femmes afghanes sous régime taliban : au nom de la liberté
"Afghanes", un documentaire pour mettre en lumière la nuit des femmes afghanes
Dans son documentaire, Solène Chalvon-Fioriti a voulu donner la parole aux femmes, <em>"C’était mon choix, de ne pas donner la parole aux hommes, le moins possible,  je voulais 75 minutes de paroles de femmes sur 4 générations. J’avais envie de ça, l'Afghanistan, c’est tellement raconté par les hommes, en littérature, etc, on a du mal à appréhender la parole des femmes afghanes".</em>
Dans son documentaire, Solène Chalvon-Fioriti a voulu donner la parole aux femmes, "C’était mon choix, de ne pas donner la parole aux hommes, le moins possible,  je voulais 75 minutes de paroles de femmes sur 4 générations. J’avais envie de ça, l'Afghanistan, c’est tellement raconté par les hommes, en littérature, etc, on a du mal à appréhender la parole des femmes afghanes".
Capture d ecran/France 5
14 MAR 2023
 Mise à jour 14.03.2023 à 11:24 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Quatre générations de femmes. De la petite fille observant les talibans depuis sa fenêtre, à l'entrepreneure déterminée, de la cueilleuse d'olives "en sécurité" sous sa burka à la militante pour les droits des femmes, toutes décrivent devant l'objectif de Solène Chalvon-Fioriti « cette nuit qui semble ne jamais finir ». Un témoignage rare qui remonte aux racines de cette course frénétique à l'effacement du féminin en Afghanistan.
« Les enfants ont peur des talibans, les adultes ont peur des talibans, les animaux ont peur des talibans, et même les bébés ont peur des talibans », dit la petite fille à sa fenêtre, observant les talibans qui patrouillent dans la rue de son quartier de Kaboul, armés jusqu'aux dents. Wawrina est la fille de Fariba, la traductrice de Solène Chalvon-Fioriti, une femme avec laquelle elle a sillonné le pays depuis son arrivée en Afghanistan en 2011.
 
Les enfants ont peur des talibans, les adultes ont peur des talibans, les animaux ont peur des talibans, et même les bébés ont peur des talibans.

Wawrina
« Ces derniers mois, mon amie a changé, elle est inquiète, constamment sur le qui-vive. Depuis le 15 aout 2021 en réalité, date à laquelle les talibans ont repris l'Afghanistan », dit la journaliste en voix off au tout début de son documentaire, sobrement intitulé Afghanes. 
 

Une parole silenciée
C'est la parole des femmes, et le corps des femmes que les talibans confisquent. « Si une bonne musulmane se couvre intégralement, Dieu la protège des loups affamés », prêche un immam, dont la voix résonne dans les hauts-parleurs d'une mosquée de Kaboul. 
 
Les coutumes afghanes, c’est ce qui fait qu’on a si peu de prise sur les talibans, car même les théocraties islamiques qui entourent l’Afghanistan, le Pakistan, le Qatar, ne se retrouvent pas dans ces coutumes.

Solène Chalvon-Fioriti, grand reporter
« Les talibans ont deux éléments de langage qui justifient selon eux cette sorte de course à l’effacement du féminin à laquelle on assiste malheureusement depuis 18 mois. Il y a à la fois la charia, dans une interprétation extrêmemement rigoriste. Et, ce qui me semble beaucoup plus grave selon moi, c’est la deuxième partie de la phrase 'Selon la Charia, et les coutumes afghanes'. Les coutumes afghanes, c’est ce qui fait qu’on a si peu de prise sur les talibans, car même les théocraties islamiques qui entourent l’Afghanistan, le Pakistan, le Qatar, ne se retrouvent pas dans ces coutumes. C’est vraiment l’imbrication de ces deux éléments qui forment le système répressif taliban aujourd’hui » , nous explique la journaliste. 

"Tout ce qui compte actuellement c'est de savoir si ma tête est couverte, si mon visage est couvert, si j'ai un voile approprié (...) et ma voix ne doit pas être entendue et mes yeux doivent être cachés, et je ne suis pas censée dire quoi que ce soit... Waw ! Vraiment ? C'est ce que nous sommes tous devenus ? Après toutes ces années d'accès à l'éducation ? On en est là aujourd'hui ? ", s'insurge Mahbouba Séhraj, militante de longue date des droits des femmes en Afghanistan. Elle est l'une des intervenantes du documentaire.
 

Une liste des interdits infinie ?
Depuis deux ans, la liste des interdits qui s'abattent sur les Afghanes s'allonge, des femmes que les talibans veulent faire disparaitre de l'espace public. Interdites de voyager sans chaperon, interdites de parc, interdites de bains publics, interdites de collège, d'université, de conduire une voiture, de travailler dans une ONG ...  
 
Au début, ils nous ont presque endormi, presque rassuré en s’en prenant aux filles qui n’existaient pas vraiment.

Solène Chalvon-Fioriti
 
Grand Reporter et auteure, Solène Chalvon-Fioriti est familière des zones de conflits. Correspondante permanente à Kaboul de 2011 à 2013, elle habite ensuite en Afrique de l’ouest et au Pakistan, poursuit son travail pour la presse écrite et la télévision avant de s'installer en Afghanistan pendant 12 ans. Elle a publié cette année aux Editions Flammarion <em>La femme qui s’est éveillée, une histoire afghane</em>.
Grand Reporter et auteure, Solène Chalvon-Fioriti est familière des zones de conflits. Correspondante permanente à Kaboul de 2011 à 2013, elle habite ensuite en Afrique de l’ouest et au Pakistan, poursuit son travail pour la presse écrite et la télévision avant de s'installer en Afghanistan pendant 12 ans. Elle a publié cette année aux Editions Flammarion La femme qui s’est éveillée, une histoire afghane.
©Kiana Hayeri
« Au début, ils nous ont presque endormi, presque rassuré en s’en prenant aux filles qui n’existaient pas vraiment. C’est à dire qu’ils ont interdit aux Afghanes de conduire. Moi, en 12 ans, j’ai dû voir deux femmes conduire une voiture. Ils ont interdit aux femmes de voyager au delà de 70 km alors que de toute façon, les Afghanes ne voyagent pas seules. Donc on a pensé que c’étaient des mesures un peu cosmétiques, mais après ça s’est fait de plus en plus dur.», confie Solène Chalvon-Fioritti. 

« En 18 mois, les interdits se sont faits de plus en plus répressifs, on ne les relaie même plus en France. On ne sait pas par exemple qu’il y a quelques semaines, ils ont interdit aux Afghanes de se rendre dans les centres de soutien scolaire, alors qu’il s’agissait des toutes dernières petites structures permettant d'apprendre à se servir d'un ordinateur ou l’anglais, alors qu’elles ne peuvent plus aller au collège ni à l’université», ajoute-t-elle. 

Femmes cloîtrées, l'enfermement psychique
Le récit se conjugue à la première personne, à travers les yeux et la caméra de la journaliste, dans ce pays "qui l'a construite". 
Un récit intimiste qui nous emmène à la rencontre de femmes que Solène Chalvon-Fioriti connait depuis des années et qu'elle a vues se fermer peu à peu au monde extérieur, sur elles-mêmes, voire s'enfermer totalement. 

"Depuis toute petite on a grandi dans la peur des talibans. (...) La peur du taliban coule dans notre sang, et là d'un seul coup, sous nos yeux ils sont tout puissants", explique Suraya, infirmière, l'une des trois soeurs que la reporter rencontre dans leur maison. Leur mère n'est pas sortie de chez elle depuis un an. "Pourquoi sommes-nous nées dans ce pays ?", lance à travers ses larmes Sarah, une autre des soeurs. Journaliste, aujourd'hui, elle n'a plus de travail, parce qu'elle est femme. 
 
Ce sont des jeunes filles très très jeunes, qui sont allongées par terre, pratiquement légumifiées, qui ne répondent même plus à vos questions.

Solène Chalvon-Fioriti
« La souffrance psychique des femmes afghanes commence à être mesurée par les Nations Unies, qui estiment que 80% des suicides sont des suicides de femmes aujourd’hui. Il y a quasiment une femme par jour et une par nuit qui se suicide. », précise-t-elle. 

« Lorsqu’on prive les gamines d’école, on ne les prive pas seulement d’enseignement, on les prive de sociabilité. Dans un pays qui a connu 40 ans de guerre, un pays à la fois traditionnel et patriarcal, les petites filles ne vivent pas dehors, il n’y a pas d’espace pour les filles, ajoute la journaliste, Elles se retrouvent enfermées à l’intérieur de leur foyer, on sent comme une immense mélancolie, c’est ce qui me saisit le plus. Ce sont des jeunes filles très très jeunes, qui sont allongées par terre, pratiquement légumifiées, qui ne répondent même plus à vos questions, et ça c’est vraiment terrible à voir ». 
L'école, l'espoir d'une résistance
Aujourd'hui, l'Afghanistan est un pays où les filles se cachent pour étudier. Elles seraient plus de 10 000 structures à travers le pays, selon l'Unicef. Des petites écoles clandestines, dans lesquelles les filles apprennent à lire et à écrire, parfois dans des sous-sols, avec une pièce secrète où se retrancher au cas où les talibans débarqueraient. 
 
Les Afghanes ne vont pas désapprendre à lire. C’est comme une vague, elles vont montrer à travers toutes ces écoles secrètes qu’il y a une appétence pour l’éducation, et contre laquelle les Talibans ne peuvent pas ramer.

Solène Chalvon-Fioritti
Selon Solène Chalvon-Fioritti, « Les Afghanes ne vont pas désapprendre à lire. C’est comme une vague, elles vont montrer à travers toutes ces écoles secrètes qu’il y a une appétence pour l’éducation, et contre laquelle les Talibans ne peuvent pas ramer. C’est trop tard. Il y a eu trop de filles formées, particulièrement dans les villes.»  Les jeunes fille continuent de s’éduquer dans de toutes petites structures communautaires en accord avec le patriarche du quartier, comme l'explique la réalisatrice du documentaire, « C’est pour ça que le rôle des hommes est très important. Dans ce cas précis, c'est le patriarche qui rassure la population en s’engageant à ce qu’aucun garçon ne vienne dans cette structure, et du coup les voisins autorisent leurs filles à venir. Et quand c’est le cas, souvent les talibans ne font rien. »
 
Le film nous emmène à la rencontre d'une militante qui résiste elle-aussi, à sa manière, au sein de la petite entreprise lancée sous l'ancien régime, lui aussi très conservateur. Sa société n'emploie que des femmes et a donc pu continuer ses activités sous les talibans. Elle coud et fabrique des serviettes périodiques en tissu, lavables. "Leur attitude et leurs regards étranges cherchent à vous faire croire que quelque chose ne tourne pas rond en vous. Et que le problème est à l'intérieur de vous", confie l'entrepreneure, qui a pu obtenir les papiers autorisant sa société grâce à son père qui s'est lui même rendu chez les talibans pour les obtenir. 

La jeune femme dit ne pas avoir peur et prête à sacrifier sa vie pour les femmes d'Afghanistan, car si elle doit mourir, ce sera avec « dignité et fierté ». 
 
Toutes n'ont pas ce courage ni cette force, et pour cause, plongées dans la misère, difficile pour les plus démunies de s'opposer et de résister. « Ce qui est le plus terrible c’est qu’ils s’en prennent d’abord aux femmes pauvres,  Quand ils leur interdisent de travailler dans des ONG, vous pensez bien qu’en fait les femmes qu’ils privent de nourriture sont les femmes les principales bénéficiaires de ONG. Quand ils interdisent aux femmes d’aller dans les bains publics, ce ne sont pas les bourgeoises, les femmes des classes moyennes ou supérieures qui se lavent dans les bains publics, mais les femmes pauvres. Quand ils interdisent la mendicité, évidemment, ce sont les femmes pauvres qui sont visées. », s'indigne la grand reporter.

300 euros, le prix d'une vie
Après des décennies de guerre, et de guerilla dans les montagnes, « Ils se cherchent des épouses !». Les familles vivent dans la peur de voir leur fille mariée de force avec un taliban. Dans certaines provinces, des drapeaux flottent sur les maisons pour indiquer qu'une fille célibataire y vit.

Face à la pauvreté, en province, des familles vendent leurs petites filles. Comme Jamail, maman de six enfants, elle a vendu trois de ses filles. La plus jeune a deux ans, elle va rester avec ses proches jusqu'à sa puberté lorsqu'on viendra la chercher. Son prix ? 30 000 afghanis, soit l'équivalent de 300 euros. 

« Je ne dors plus du tout, j'ai fait ça parce que je n'avais pas d'autre choix », raconte-t-elle. Son témoignage prend aux tripes. La mère ramène son foulard sur le visage pour cacher ses larmes lorsqu'elle entend sa fille dire qu'elle a peur de cette famille qu'elle ne connait pas. Une fois là bas elle s'enfuira, lance la petite fille. À la fin du film, on apprendra qu'une ONG est en passe de faire annuler deux de ces ventes. 
 
Jamail, maman de six enfants, avec son mari, ils ont vendu trois de leurs filles, dont la plus jeune de 3 ans, pour 300 euros. 
Jamail, maman de six enfants, avec son mari, ils ont vendu trois de leurs filles, dont la plus jeune de 3 ans, pour 300 euros. 
©"Afghanes" de Solène Chalvon-Fioriti
Retrouvez notre article ►Afghanistan : des fillettes vendues pour survivre

Il y a un apartheid sexuel qui est décidé par le régime en place qui ôte tous les droits basiques fondamentaux, de se nourrir, de se laver, de s’éduquer .

Solène Chalvon-Fioriti
Pour Solène Chalvon-Fioriti, naître fille aujourd’hui en Afghanistan, est une malédiction. Dans une maternité, les mots d'une sage-femme résonnent comme une menace implacable. « Toi petite fille, tu as détruit la vie de ta maman », dit-elle s'adressant à un nouveau né, de sexe féminin, la traitant même de "mocheté". Des bébés filles condamnées dès leur première minute de vie. « C’est simple, avoir une fille ou un garçon, ça signe deux vies qui seront aussi différentes que le jour et la nuit. Il y a un apartheid sexuel qui est décidé par le régime en place qui ôte tous les droits basiques fondamentaux, de se nourrir, de se laver, de s’éduquer », ajoute la journaliste.

Lorsqu'une femme ne suit pas les règles, c'est son père, son frère qui sera convoqué par les talibans, « Il faut bien comprendre la perversité du système. C’est une façon de perpétrer un climat de terreur civile.»

« Elle vit encore, frappez plus fort ! »
La société afghane est une société patriarcale et conservatrice. Dans l'ombre des maisons, les femmes sont victimes de violences, et cela s'est accentué sous les talibans. 

 
Quand la guerre vous a pris vos terres, dépossédé de votre autorité, quand vous évoluez dans un cadre de violence telle, la dernière possession symbolique qui vous reste, c’est votre femme.

Solène Chalvon-Fioriti
« Pour les femmes victimes de violences à l’intérieur de leur foyer, il y a une violence qui se retourne à l’intérieur contre elles. Quand la guerre vous a pris vos terres, dépossédé de votre autorité, quand vous évoluez dans un cadre de violence telle, la dernière possession symbolique qui vous reste, c’est votre femme.», explique la journaliste. Le fléau des violences conjugales fait des ravages dans le pays. Rares sont les femmes qui osent porter plainte. Moins de 2% des plaignantes sont des femmes, "celles qui osent sont donc très courageuses", dit la voix off. 

On découvre aussi les témoignages d'une autre violence, taboue et tue, celle que les femmes affligent à d'autres femmes. « Si les belles-mères sont si méchantes, c'est parce qu'elles-mêmes ont beaucoup souffert et qu'elles s'en sont sorties », analyse dans le film la militante des droits des femmes. ​

« Beaucoup d’antropologues et sociologues ont travaillé sur cette question de la violence à l’intérieur des foyers envers les femmes et les enfants qui est sidérante, et qui peut aussi être l’oeuvre des femmes vis à vis des femmes, des belles mères vis à vis de leur belle fille », précise Solène Chalvon-Fioritti.

(Re)lire notre article ►Afghanistan : la double peine pour les femmes victimes de violences domestiques
 
2% de femmes afghanes victimes de violences conjugales portent plainte. 
2% de femmes afghanes victimes de violences conjugales portent plainte. 
©image extraite du documentaire "Afghanes"
Les procès se déroulent dans un tribunal islamique, et une justice uniquement dirigée par des hommes. Un taliban défend la charia face à la culture tribale, qui offre plus de droits aux femmes, "ce qu'elles ne savent pas"...

Mais la charia prévoit aussi des chatiments d'une extrême cruauté, comme la lapidation, "c'est la loi", explique simplement ce juge taliban, l'un des seuls hommes à s'exprimer dans le film. 
 
Quand on entend ça, tous ces hommes qui jettent ces pierres, on n’est pas dans l’application de la charia, on est dans la volonté de détruire les femmes, et on comprend très bien à travers cette scène, que la femme est une sorte d’exutoire de la violence.

Solène Chalvon-Fioriti
Suivent alors les images insoutenables d'une lapidation, dans un trou creusé dans la terre, une jeune femme, condamnée pour avoir fui un mariage forcé, crie sous les coups. Les faits remontent à 2015. « Elle vit encore, elle respire encore. Frappez plus fort ! » . On ne verra pas la suite, mais sur des images des montagnes afghanes, on entendra en effroyable fond sonore, les invectives des bourreaux, ponctuées du bruit des pierres qui s'entrechoquent en s'abattant sur le corps de la condamnée.

« L’image de la lapidation est insupportable. Ce que je trouve inouï dans cette scène, c’est le son et notamment les paroles d’un taliban qui dit 'détruisez là, achevez son âme', rapporte la journaliste, Quand on entend ça, tous ces hommes qui jettent ces pierres, on n’est pas dans l’application de la charia, on est dans la volonté de détruire les femmes, et on comprend très bien à travers cette scène, que la femme est une sorte d’exutoire de la violence. C’est ce que j’ai essayé de montrer dans le film, la violence elle cerne les Afghanes de partout, elle n’est pas seulement l’oeuvre des talibans. » 
 
<em>"Des Afghanes à qui les hommes confisquent la parole depuis des années, sous prétexte de protéger leur honneur".</em>
"Des Afghanes à qui les hommes confisquent la parole depuis des années, sous prétexte de protéger leur honneur".
©image extraite du film "Afghanes"
Sous la burka, des sourires
Comme pour contrer l'horreur absolue, le film cherche à nous montrer quelques sourires malgré tout. Des sourires de femmes qui se dévoilent devant la caméra de la reporter, nous plongeant dans l'intimité de ces femmes qui se cachent au quotidien sous la burka. Un "uniforme" qui peut parfois être perçu et ressenti comme une protection rassurante, comme le confie Nasrin, au ton léger et enjoué. "Je me sens protégée", dit-elle, "la burka je la portais avant les talibans, je continue de la porter". Parfois, en voiture, elle s'offre même une sieste, à l'insu des regards, cachée sous sa tenue, avoue-t-elle en riant.
 
Ces femmes là, j’en ai rencontrées beaucoup, se sentent en sécurité à travers les traditions, par ces vêtements qui peuvent les rassurer car elles n’ont jamais été exposées au regard des hommes, hormis ceux de leur famille.

Solène Chalvon-Fioriti
Des millions de femmes en Afghanistan n’ont pas eu accès aux progrès de ces dernières années, rappelle Solène Chalvon-Fioriti, « Elles n’ont pas connu autre chose, seules les villes ont profité des aides de la coalition internationale. Les femmes des campagnes vivent leur tradition avec un respect qui fait qu’elles se contentent de leur mode de vie. Tout ce qu’elles souhaitent, c’est la paix. Ces femmes là, j’en ai rencontrées beaucoup, se sentent en sécurité à travers les traditions, par ces vêtements qui peuvent les rassurer car elles n’ont jamais été exposées au regard des hommes, hormis ceux de leur famille. Ce n’est pas vraiment des discours que l’on a l’habitude d’entendre ».

S'ensuivent des scènes heureuses de cueillette d'olives. « Nous sommes libres ici ! », s'enthousiasme Nasrin. Une vision de la liberté dont le témoignage bouscule nos critères occidentaux et nos préjugés, commente la réalisatrice en voix off. 
Les droits des Afghanes, instrument politique
Des images d'archives peu connues nous donnent à voir un Afghanistan oublié, comme presque rêvé, dans les années 60. Les mannequins marchent avec élégance sur les podiums de défilé de mode, des chanteuses se déhanchent en robe et coiffure sixtie's, des écolières en uniforme marchent sur la route des classes, des adolescentes sans voile jouent au volley ...

C'était sous le règne de Zaher Shah, un roi libéral qui se voulait réformiste. En 1964, les Afghanes votent pour la première fois. « Il y avait des femmes au parlement, au cabinet ministériel », rappelle Tajouar Kakar, ancienne ministre du droit des femmes, un ministère aujourd'hui disparu. « Nous avions des jupes. (...) il y avait du respect pour les femmes », se souvient-elle. Puis en 1973, est instaurée la république afghane, communiste, avec un seul mot d'ordre "La liberté pour tous". Mais sous ce slogan se cache une volonté d'instrumentaliser les femmes, au prétexte d'un "idéal de la femmes soviétique". Les femmes contestataires seront alors violemment réprimées, emprisonnées, torturées.  

Guerre des moudjahidines, régime taliban des années 80, intervention occidentale, d'avancées en recul de leurs droits, à travers ces dernières décennies, les femmes deviennent, malgré elles, instrument politique. Aujourd'hui, « elles agonisent et le monde les a oublié », regrette Mahbouba Séhraj, la militante des droits des femmes. L'oubli. Le silence. Un silence auquel les talibans contraignent leurs soeurs, mères, filles, épouses.  
 
Pendant des années, on s’est contenté de totems, et je voulais, moi, donner la parole à des femmes non masquées pour renvoyer à l’humanité de leur visage.

Solène Chalvon-Fioriti
Un silence que Solène Chalvon-Fioriti a justement voulu briser : « Ne pas donner la parole aux hommes, le moins possible, c’était mon choix. Je voulais 75 minutes de parole de femmes sur quatre générations. J’avais envie de ça, car l'Afghanistan a tellement été raconté par les hommes, en littérature, etc... On a du mal à appréhender la parole des femmes afghanes, on se contente de les représenter avec la burka. On oublie de dire que sous ces burkas, il y a des avocates, des dentistes ... Pendant des années, on s’est contenté de totems. Je voulais donner la parole à des femmes non masquées pour renvoyer à l’humanité de leur visage ».

 
Afghanes, un film de Solène Chalvon-Fioriti, diffusé dans Le monde en face sur France 5, produit par Elephant Doc Chrysalide Production, à revoir en replay.

À lire aussi dans Terriennes :
►Afghanistan : l'ancienne députée Mursal Nabizada assassinée
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►Afghanistan : les jeunes filles interdites de collèges et lycées depuis un an
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►Afghanistan : le combat de Palwasha, militante féministe afghane réfugiée à Paris
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TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 14.03.2023 à 11:24
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"La valise rouge" : la cause des Iraniennes dans un court métrage

20 Mars 2023, 04:55am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Les femmes, le nouveau visage de l'IranFemmes de cinéma
"La valise rouge" : la cause des Iraniennes dans un court métrage
Détail de l'affiche du film <em>La valise rouge.</em>
Détail de l'affiche du film La valise rouge.
11 MAR 2023
 Mise à jour 13.03.2023 à 08:29 par 
Terriennes
 
avec AFP
La valise rouge incarne le combat des Iraniennes pour leur liberté. Tourné il y a deux ans, dans des conditions minimalistes à l'aéroport de Luxembourg, il raconte le destin d'une adolescente de 16 ans qui débarque en Europe pour y être mariée de force à un quinquagénaire. 
Centré sur la quête de liberté d'une adolescente iranienne de 16 ans, qui retire son voile en atterrissant en Europe, le court-métrage La valise rouge était en lice à la cérémonie des Oscars.

Ce film réalisé et produit par le Luxembourgeois Cyrus Neshvad, dont les parents ont fui la révolution islamique en Iran en 1979 lorsqu'il était enfant, compte parmi les cinq nominés dans la catégorie du meilleur court-métrage. Un destin jugé "fou", que Neshvad et son équipe n'avaient évidemment pas anticipé quand ce film de 17 minutes, aux dialogues minimalistes, a été tourné début 2021 dans le décor aseptisé de l'aéroport de Luxembourg.


Moins de deux ans plus tard, il se retrouve sous les projecteurs au moment où le monde entier s'émeut du soulèvement en Iran déclenché par la mort de Mahsa Amini, à laquelle il était reproché de mal porter son voile. La vague de protestations est très durement réprimée par le régime théocratique. "Pour moi, le film parle d'une femme, c'est-à-dire des femmes en Iran qui sont sous la domination de l'homme", déclare dans un entretien le cinéaste âgé d'une quarantaine d'années. En Iran, "si une femme veut faire quelque chose, ou aller visiter quelque chose, l'homme (son père ou son mari) doit donner son accord et rédiger le papier et le signer", explique-t-il.

"Suivez-moi, enlevez votre hijab"
Dans La valise rouge, une adolescente débarquant seule de Téhéran retire son voile pour échapper au quinquagénaire qui l'attend à l'aéroport en costume-cravate, avec le bouquet de fleurs du mariage. Ce geste est un moment de "courage", commente Cyrus Neshvad, une manière de dire au public "suivez-moi, et comme moi, enlevez votre hijab, n'acceptez pas cette domination, et soyons libres".


Le doute, l'autre sujet du film
Pour Nawelle Evad, l'actrice française, née de mère algérienne, qui joue l'adolescente iranienne, ce rôle a eu un écho particulier. "Je suis partie de chez moi vers 19 ans et me suis aussi retrouvée seule dans une ville que je ne connaissais pas du tout, à Paris, raconte-t-elle. C'est la même chose dans cet aéroport, qui figure vraiment l'entre-deux entre le passé et le futur".

A propos du voile, la comédienne de 22 ans d'éducation musulmane explique avoir "eu l'habitude de le porter... Pour moi cela n'a jamais été une obligation, l'objet est devenu limite plus culturel que religieux", poursuit-elle. Et dans le court-métrage son personnage "enlève son voile malgré elle, ce n'est pas sa volonté", juge l'actrice.

Que dois-je choisir pour moi-même ? Est-ce que j'écoute ma famille ? Est-ce que je fais mes propres choix ?

Nawelle Evad

"C'est ce que je trouve si beau dans ce film... les doutes auxquels tout le monde, dans n'importe quel pays, dans n'importe quelle culture, est confronté", enchaîne Nawelle Evad. "Que dois-je choisir pour moi-même ? Est-ce que j'écoute ma famille ? Est-ce que je fais mes propres choix ?"

Cinéma du réel
L'annonce de la sélection de La valise rouge pour les Oscars a enchanté Cyrus Neshvad, qui y voit l'occasion de sensibiliser encore davantage la planète à "la cause des femmes iraniennes".

Je n'ai jamais eu autant le sentiment d'être dans le réel avec le cinéma.

Nawelle Evad
 

"C'est un sentiment fou de faire de l'art pour le réel. Je n'ai jamais eu autant le sentiment d'être dans le réel avec le cinéma", lâche de son côté Nawelle Evad. 

Selon les Nations unies, qu'il s'agisse de célébrités, journalistes, avocats ou simples citoyens, au moins 14 000 personnes ont été arrêtées en Iran depuis le déclenchement en septembre 2022 de cette vague de protestations pour défendre la liberté des femmes.

(Re)lire aussi dans Terriennes : 

► "Femme, vie, liberté" en Iran : l'actrice féministe Taraneh Alidoosti libérée
► Le voile, symbole d'un "apartheid de genre" en Iran, selon Chowra Makaremi
►L'actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani, résistante malgré elle dans la vie et à l'écran
► #MahsaAmini, le nom de la révolte contre les diktats imposés aux femmes en Iran
► En exil, la journaliste et militante féministe iranienne Masih Alinejad toujours menacée
► Zar Amir Ebrahimi : "À quand une révolution des femmes en Iran ?"

Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 13.03.2023 à 08:29
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https://information.tv5monde.com/terriennes/la-valise-rouge-la-cause-des-iraniennes-dans-un-court-metrage-487691

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La pilule abortive : dernier enjeu pour le droit à l'avortement aux Etats-Unis

20 Mars 2023, 04:52am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Droit des femmes à l'avortement aux Etats-Unis : une affaire publiqueLe droit à l'avortement, entre avancées et reculs
La pilule abortive : dernier enjeu pour le droit à l'avortement aux Etats-Unis
La mifépristone (RU 486), est une des deux pilules utilisées pour les interruptions médicamenteuses de grossesse, elle a été autorisée il y a 23 ans par l'Agence fédérale du médicament américaine. Ce que contestent des anti-avortements auprès d'un juge texan. Sa décision pourrait lancer la voie à une interdiction de la pilule abortive sur l'ensemble du territoire américain. <br />
 
La mifépristone (RU 486), est une des deux pilules utilisées pour les interruptions médicamenteuses de grossesse, elle a été autorisée il y a 23 ans par l'Agence fédérale du médicament américaine. Ce que contestent des anti-avortements auprès d'un juge texan. Sa décision pourrait lancer la voie à une interdiction de la pilule abortive sur l'ensemble du territoire américain. 
 
©AP Photo/Allen G. Breed, Fichier
15 MAR 2023
 Mise à jour 16.03.2023 à 11:55 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
La pilule abortive bientôt interdite sur l'ensemble du territoire américain ? Des anti-avortement demandent à un juge de suspendre sa légalisation. Pendant ce temps, dans la clandestinité et malgré les risques, un réseau de femmes s'organise à travers le territoire pour permettre à celles qui le souhaitent d'accéder à ce "dernier" moyen d'avorter, une pilule de plus en plus difficile à se procurer. 
"Nous sommes clairement très inquiets, comme toute la communauté médicale devrait l'être. Cela serait une première très dangereuse", estime la présidente de l'organisation de planning familial Planned Parenthood, Alexis McGill Johnson.

La bataille se joue au Texas, l'un des premiers Etats à avoir interdit le droit à l'avortement aux Etats-Unis, dès septembre 2021. De là à craindre qu'une possible interdiction de la pilule abortive s'étende à l'ensemble du territoire... Il y a de quoi. 

(Re)-lire notre article ►​Avortement : le parcours de combattantes des Texanes

C'est un magistrat ultra-conservateur d'Amarillo qui est appellé à statuer sur une demande d'opposants à l'avortement qui réclament de suspendre l'autorisation de ce moyen d'avorter, l'un des derniers encore possibles, (et encore faut-il pouvoir s'en procurer). À l'origine de ce dossier, une coalition de médecins et de groupes anti-avortement qui a porté plainte en novembre dernier contre l'Agence américaine du médicament (FDA). Ils lui reprochent d'avoir autorisé il y a 23 ans la Mifépristone (RU 486), une des deux pilules utilisées pour les interruptions médicamenteuses de grossesse. Un produit chimique susceptible selon eux de créer des complications.


[Selon le Washington Post, le juge Kacsmaryk a prévu une audience mercredi dans l'affaire des pilules abortives et a tenté de la garder secrète, invoquant des problèmes de sécurité. Il est très inhabituel de retarder intentionnellement l'affichage d'une audience au rôle public.]

La décision du juge Kacsmaryk pourrait avoir un impact aussi retentissant que l'arrêt de la Cour suprême des Etats-Unis ayant dynamité, en juin 2022, le droit à l'avortement. Depuis, une quinzaine d'Etats conservateurs ont interdit tous les avortements sur leur sol, et d'autres comme la Floride sont en voie de restreindre fortement l'accès aux IVG.


[En raison de siècles de discrimination systémique, l'interdiction de l'avortement frappe le plus durement les Noirs, les Latinas, les Autochtones et les autres personnes de couleur. Ensemble, nous devons tous nous battre. Une femme sur 3 en âge de procréer n'a plus accès à l'avortement. Au total, cela pourrait toucher à l'avenir 36 millions de personnes.]

Lire la vidéo
"Plan C" : un réseau de femmes pour résister
Elles n'avaient pas attendu la décision couperêt de la Cour suprême pour organiser la résistance. Depuis des années déjà, un groupe de femmes tente, malgré les risques, et par tous les moyens de permettre à toutes les Américaines d'avoir accès à une méthode sûre d'avortement, en cas de besoin, que constitue la pilule abortive.

Plan C est à la fois le nom d'un documentaire projeté cette semaine au grand festival South by Southwest à Austin, aux Etats-Unis, et de l'organisation au centre du film. Il retrace les montagnes russes vécues durant plus de trois ans par ces femmes engagées, entre 2019 et 2022.

Malheureusement, les anti-avortements ont en partie gagné (...) Mais de plus en plus de gens entrent en résistance et font en sorte qu'il y ait un accès aux pilules abortives. Donc il y a une alternative, il y a une réponse possible.

Tracy Droz Tragos, réalisatrice du documentaire Plan C
"Malheureusement, les anti-avortements ont en partie gagné", a déclaré à l'AFP la réalisatrice, Tracy Droz Tragos. Et "nous n'avons pas encore touché le fond aux Etats-Unis", craint-elle. "Mais de plus en plus de gens entrent en résistance et font en sorte qu'il y ait un accès" aux pilules abortives, dit-elle. "Donc il y a une alternative, il y a une réponse possible."


L'avortement médicamenteux, l'ultime solution ?
Le plan A, c'est la contraception. Ensuite, il y a le plan B, plus connu sous le nom de pilule du lendemain. Et puis, en cas de grossesse non désirée, le plan C : l'avortement médicamenteux. C'est pour mieux diffuser l'information autour de cette méthode que deux femmes, Francine Coeytaux et Elisa Wells, fondent l'association Plan C en 2015.

Elles commencent par tester les pilules pouvant être achetées sur le marché noir, sur internet, pour vérifier qu'il s'agit du vrai produit. Si oui, elles les répertorient sur leur site. Puis, durant la pandémie, face aux difficultés grandissantes pour trouver ces pilules, elles passent un appel pour recruter des médecins acceptant de les prescrire via télémédecine, et de les envoyer par la poste aux patientes.

"Après avoir parlé à environ 150 médecins, on a fini avec cinq", à la mobilisation "héroïque", raconte Elisa Wells. Plan C les aide à couvrir les coûts d'installation d'un service de téléconsultation, ou encore de licences médicales pour exercer dans plusieurs Etats. Ces femmes médecins opèrent alors malgré un flou juridique, jusqu'à ce que l'Agence américaine des médicaments (FDA) ne clarifie la situation: oui, les pilules peuvent bien être postées.

De nombreux services de téléconsultations naissent alors. Mais en juin 2022, séisme dans le pays: la Cour suprême rend aux Etats leur liberté de légiférer sur l'avortement, qui devient illégal dans une vaste partie du pays.


[Comment la réalisatrice de "Plan C" Tracy Droz Tragos prévoit de faire du bruit sur l'accès à l'avortement au Festival du film de Sundance]

Notre article ►Au Canada, la pilule abortive finalement autorisée

Un réseau sous-terrain, dans la peur
"C'est comme faire tourner un cartel de drogue, mais pour aider les gens", déclare une des femmes anonymes du documentaire. Alors que l'accès est peu à peu drastiquement restreint, un fournisseur accepte de continuer à poster les pilules vers les Etats républicains, notamment le Texas. Un réseau sous-terrain s'organise.


La peur envahit chaque scène: peur pour les femmes utilisant les pilules, peur pour celles qui les aident. Mais aussi peur que tout s'arrête, et qu'elles se retrouvent sans solution.

"J'espère que nous en avons fait assez, et que ces gens resteront en sécurité", dit la réalisatrice, en regrettant qu'un médicament autorisé depuis plus de 20 ans aux Etats-Unis se retrouve à susciter de telles opérations clandestines. "C'est une tragédie", dit-elle.

Les détails du fonctionnement mis en place ne sont pas révélés dans le film, à dessein. Les visages sont floutés, les voix déformées, les pistes brouillées concernant les lieux filmés.

Ici l'équipe du film et du réseau Plan C lors de la projection au festival de Sundance aux Etats-Unis ►


Un film trop politique ?
Trouver une plateforme qui accepte de diffuser le documentaire se révèle aujourd'hui ardu. Les interlocuteurs trouvent le film "trop politique", disent devoir rester "neutres", explique Tracy Droz Tragos, dont un premier documentaire sur l'avortement avait été acclamé par la critique. Il donnait la parole aux militants des deux bords.

Nous restons optimistes sur le fait que même face à ces restrictions injustes, l'accès à la pilule abortive continuera à être possible.

Elisa Wells, l'une des organisatrices de Plan C
Elle espère que Plan C porte un message d'espoir pour les personnes qui le verront: qu'elles sachent "qu'elles ne sont pas seules, qu'il y a un réseau qui existe".

Face à la menace du jugement attendu au Texas sur la pilule abortive, les femmes de Plan C veulent garder espoir. "Nous restons optimistes sur le fait que même face à ces restrictions injustes, l'accès à la pilule abortive continuera à être possible", martèle Elisa Wells. "Nous pensons qu'il s'agit d'une forme de résistance, et qu'elle l'emportera."
 


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►États-Unis : la Caroline du Sud sanctuarise le droit à l'avortement
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►Avortement : le parcours de combattantes des Texanes

►Faut-il se méfier de la pilule du lendemain ? [à vrai dire]


 

TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
 Mise à jour 16.03.2023 à 11:55
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https://information.tv5monde.com/terriennes/la-pilule-abortive-dernier-enjeu-pour-le-droit-l-avortement-aux-etats-unis-491906

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