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Pascale Clark sur la plainte de PPDA : « 16 femmes, ça fait beaucoup pour prétendre à une épidémie de mythomanie »

3 Mai 2022, 00:00am

Publié par hugo

 Pascale Clark sur la plainte de PPDA : « 16 femmes, ça fait beaucoup pour prétendre à une épidémie de mythomanie »

En toutes lettres !
Pascale Clark écrit une lettre aux 16 femmes contre qui Patrick Poivre d’Arvor porte plainte
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2 min
Par La Première RTBF
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Patrick Poivre d’Arvor, l’ancien présentateur du 20h de TF1, a porté plainte, cette semaine, pour dénonciation calomnieuse contre 16 femmes qui l’accusent de violences sexuelles ou de harcèlement sexuel. La journaliste et écrivaine Pascale Clark écrit cette lettre à ces 16 femmes.

Chères vous 16,

Je sais, comme il est curieux de m’adresser à vous conjointement, vous, au nombre de 16, 16 femmes, qui ne vous connaissiez pas les unes les autres, peut-être de vue, et encore, et qui êtes désormais reliées par une action commune et une indélébile destinée, je vous écris à vous 16, je vous écris à chacune.

Ça s’est passé cette semaine, entre la réélection d’un président et les combats détruisant l’Ukraine : une plainte pour " dénonciation calomnieuse " déposée par une ancienne star de l’info de TF1 dont on aurait pu penser qu’elle gagnerait à se faire discrète enfin.

Mais non, il a fait fort, Patrick Poivre d’Arvor. Dépôt de plainte contre vous, vous 16, l’ayant accusé de viols, agression sexuelle ou harcèlement du même acabit, vous aviez porté plainte contre lui, il vous en avait fallu du courage, vous les 16, pour vous attaquer à l’ancien cador, vous n’aviez rien à gagner, vous le saviez, les faits présumés étaient prescrits, d’ailleurs, il s’en était tiré avec le classement de l’enquête sous le vocable impuissant et un peu hypocrite de " sans suite ".

Cette semaine, il a fait fort, Poivre d’Arvor, second dépôt de plainte pour " dénonciation calomnieuse ", la première n’avait rien donné. Il a fait fort et là réside peut-être sa faiblesse : 16 femmes visées, vous, ça fait beaucoup d’un coup pour prétendre à une épidémie de mythomanie.

Sa plainte fait 43 pages dont certains extraits parus dans la presse laissent pantois : je résume : vous les 16, journalistes ou écrivaines en mal de renommée et/ou féministes de la dernière heure venues soutenir une ancienne collègue ou une amie, est-il écrit, il ne saurait vous être donné le moindre crédit.

La suite est encore pire, j’imagine votre rage, à chacune d’entre vous au nombre de 16, découvrant écrite noir sur blanc cette version aux contours insultants : selon lui, l’ex tout puissant, vous aviez été éconduites ou ignorées par un homme que vous aviez un temps admiré, cela vous avait rendu très amères, d’où cette vengeance tardive.

Alors là, chapeau bas.

S’il a fait ça, à ce moment-là, PPDA, cette plainte contre vous 16, pour dénonciation calomnieuse, pour atteinte à la réputation, c’est sans doute qu’il savait que s’ouvrait un nouveau front : le magazine Complément d’enquête diffusé jeudi sur France 2 a révélé le dépôt cette semaine d’une 7ème plainte pour viol contre l’ancien roi de l’info.

L’enquête s’intitule : " PPDA, la chute d’un intouchable ". Sous entendu, pour fourrer ses mains et sa queue dans les jeunes corps de passage, pour le faire apparemment sans le moindre souci de consentement, il lui avait fallu bien des yeux fermés alentours.

Chères vous 16 dont la douleur est relancée par cette plainte contre vous, il est parfois des effets pervers insoupçonnés : il y aura peut-être procès jusque-là empêché par la prescription.

L’histoire n’est pas finie, je vous embrasse.

Pascale Clark


https://www.rtbf.be/article/pascale-clark-sur-la-plainte-de-ppda-16-femmes-ca-fait-beaucoup-pour-pretendre-a-une-epidemie-de-mythomanie-10983851

Viol - Définition juridique - Droit-Finances (commentcamarche.com)

 Viol - Définition juridique
Définition juridique du viol
Le viol est défini par le Code pénal (article 222-23) comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. C'est un crime passible de la cour d'assises.
On distingue le viol des autres agressions sexuelles à travers l'existence d'un acte de pénétration qui peut être vaginale, anale ou buccale. Cet acte peut être réalisé aussi bien avec une partie du corps (sexe, doigt...) qu'avec un objet.
La peine encourue par l'auteur d'un viol est de 15 ans de prison. Cette durée est portée à 20 ans dans certaines circonstances, notamment lorsqu'il est commis sur un mineur de quinze ans ou par le conjoint ou le concubin de la victime ou le partenaire lié à la victime par un PACS. Le viol est puni de 30 ans de réclusion criminelle lorsqu'il a entrainé la mort de la victime.

Modifié le 27/07/2020 par Matthieu Blanc.
Réalisé avec des professionnels du droit et de la finance, sous la direction
d’Éric Roig, diplômé d’HEC, et de Matthieu Blanc, Master de Droit des affaires.
Actualisé en permanence et à jour des dernières évolutions législatives.
A voir également

Article 222-23 - Code pénal - Légifrance (legifrance.gouv.fr)

Paragraphe 1 : Du viol et du viol incestueux (Articles 222-23 à 222-26-2) - Légifrance (legifrance.gouv.fr)

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Elon Musk chez Twitter : un danger pour les femmes ?

2 Mai 2022, 23:58pm

Publié par hugo

Elon Musk chez Twitter : un danger pour les femmes ?
Elon Musk chez Twitter : un danger pour les femmes ?
30 avr. 2022 à 13:05

4 min
Par Marine Mélon pour Les Grenades
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Le lundi 25 avril dernier, le rachat de Twitter par Elon Musk pour 44 milliards de dollars a été révélé par plusieurs médias. Il s’agit en réalité d’une offre d’achat et il est toujours possible que le milliardaire se retire.

Quoi qu’il en soit, Elon Musk a déjà annoncé les mesures qu’il souhaiterait mettre en place sur la plateforme avec comme objectif de faire de Twitter une arène ouverte à la liberté d’expression. Depuis l’annonce de lundi, les esprits s’échauffent à ce sujet, notamment lorsque l’on sait que plusieurs plaintes pour sexisme et racisme au sein de son entreprise Tesla ont déjà été déposées antérieurement, sans réaction claire d’Elon Musk. La culture de Tesla consiste à "mettre en scène la transgression, le non-respect des règles", commente David Lowe, l’avocat de plusieurs femmes ayant porté plainte.

Plusieurs choses pourraient inquiéter la sécurité des femmes, et des minorités en général, si Elon Musk décide de passer à la caisse. Théoriquement, si les messages ne sont plus régulés sur la plateforme, les utilisatrices, notamment celles occupant un poste à visibilité, pourraient de plus en plus faire face aux messages violents en tout genre. Il faut toutefois rester au conditionnel.

Premièrement, parce que rien n’est fait et que plusieurs spécialistes doutent que la transaction ait finalement lieu. Et ensuite, parce que chez nous, Elon Musk devra se frotter au règlement européen.

Ouvrir plus de liberté "dans les limites de la loi"
Elon Musk promet en effet de respecter la loi. Il est vrai que le "Free Speech" américain permettra aux utilisateurs de s’exprimer comme ils le veulent. En Europe, en revanche, les choses se compliquent.

Mateusz Kukulka, expert en médias sociaux, explique que, si le milliardaire rachète le réseau social, il devra se préparer à un bras de fer avec des instances européennes fortes. En effet, le 23 avril dernier, le Digital Services Act a été adopté par le Conseil et le Parlement européen. Ce texte a pour but de freiner et réprimer les contenus illégaux sur les réseaux sociaux, notamment en suspendant les utilisateurs qui tiendraient des discours haineux. Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, a d’ailleurs rappelé que le patron de Tesla devrait, lui aussi, se plier aux règles européennes si le rachat est acté.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Mateusz Kukulka nuance. "Twitter est un réseau toxique. Les femmes qui sont des personnalités publiques ou qui défendent des causes sont fortement exposées. Mais la majorité des utilisateurs ne voient pas cette toxicité." Trop souvent, la seule solution pour nombre de femmes est de quitter le réseau social quand leur santé mentale est impactée par cette violence. "Et il y a aussi la voie de la justice", rappelle l’expert.

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Vijaya Gadde dans le viseur de Musk
Une femme fait déjà les frais de cette offre d’achat. Vijaya Gadde, responsable juridique de Twitter a été la cible de moquerie de la part du milliardaire américain. Au travers d’un mème (image parodique) posté sur son compte Twitter dans lequel la juriste est mise en scène, Elon Musk critique la politique de modération de la plateforme. Les fans et admirateurs de l’homme le plus riche du monde s’en sont pris à Vijaya Gadde. Les insultes sexistes et racistes n’ont pas tardé, la juriste a reçu un déferlement de haine sur son compte Twitter.

Twitter est un réseau toxique. Les femmes qui sont des personnalités publiques ou qui défendent des causes sont fortement exposées

Cette femme est considérée comme "l’autorité morale" de Twitter. "Elle est à la tête des équipes chargées de gérer les contenus sensibles, les cas de harcèlement et les propos dangereux", explique l’Echo. Vijaya Gadde est notamment à l’origine de la suppression du compte de l’ancien président américain Donald Trump.


Le patron de Tesla a également déterré un dossier datant de 2020 dans lequel la plateforme à l’oiseau bleu avait décidé de bloquer un article du New York Post relatant des liens entre Hunter Biden, le fils du président américain Joe Biden, et une entreprise ukrainienne. Critiquant cette décision qu’il juge "inappropriée", il estime qu’il s’agit d’une preuve que Twitter censurait la liberté d’expression.

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Le 30 novembre 2021, Twitter avait décidé de mettre en place un système qui permet de supprimer les photos publiées sur la plateforme sans le consentement de la personne qui apparait à l’image. Le but était de contribuer à réduire le harcèlement et les intimidations qui touchent notamment les femmes, les activistes et les minorités. "En réalité, les premières personnes qui ont utilisé cette fonction sont d’extrême droite ou des personnes qui s’attaquaient aux antiracistes, etc. Dans les premières semaines, ce sont en majorité les agresseurs qui ont utilisé cet outil, plutôt que les victimes", précise Mateusz Kukulka.

Elon Musk voudrait aussi supprimer l’anonymat sur Twitter. Mais l’expert des médias sociaux ne voit pas ce choix d’un très bon œil : "On pense que ça va permettre aux oppresseurs d’être démasqués. Mais que vont faire les activistes de la cause homosexuelle dans les pays où c’est interdit par exemple ? Prendre une décision sur la manière de gérer Twitter n’est pas toujours facile, il faut penser à tout. On s’imagine aider les victimes, mais ce n’est pas forcément le cas."

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Il poursuit : "Cela fait plusieurs années déjà qu’au sein de Twitter, les employés mettent des choses en place et ont des projets pour améliorer la plateforme. Ces personnes ne veulent pas de l’arrivée d’Elon Musk. Il y a quand même beaucoup d’inconnu dans la suite des événements. On ne sait pas s’il achètera finalement Twitter et on n’est pas sûr de ce qu’il en fera. La culture de Twitter et celle de Musk sont largement différentes." L’offre de rachat devrait être officiellement validée d’ici trois à six mois.


Elon Musk débourse 44 milliards pour s’offrir Twitter – JT

Elon Musk débourse 44 milliards pour s'offrir Twitter
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Cet article a été écrit lors d’un stage au sein de la rédaction des Grenades.

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/elon-musk-chez-twitter-un-danger-pour-les-femmes-10984311

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In Chantal-Iris Mukeshimana We Trust, la cyclodanse comme renaissance

2 Mai 2022, 23:44pm

Publié par hugo

 In Chantal-Iris Mukeshimana We Trust, la cyclodanse comme renaissance
In Chantal-Iris Mukeshimana We Trust, la cyclodanse comme renaissance
30 avr. 2022 à 13:04

7 min
Par Sang-Sang Wu pour Les Grenades
Les Grenades
Societe
DISCRIMINATION
HANDICAP

Dans la série In… We Trust (en français : "Nous croyons en"), Les Grenades vont à la rencontre de femmes arrivées là où personne ne les attendait. Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec Chantal-Iris Mukeshimana, une jeune femme rescapée du génocide rwandais et qui tente de redonner le sourire aux gens grâce à la cyclodanse, la passion de sa vie.

Tout sourire, Chantal-Iris nous ouvre la porte de son petit appartement situé à Louvain-la-Neuve. Par ce bel après-midi d’avril, elle nous propose gentiment un thé et se déplace avec aisance et rapidité dans cette cuisine parfaitement fonctionnelle. "J’ai tout fait mettre à ma hauteur, lorsque je suis arrivée", lance-t-elle en faisant bouillir l’eau pour la boisson chaude.

Née en 1983 et d’origine rwandaise, Chantal-Iris Mukeshimana est paralysée des membres inférieurs depuis ses huit ans, à cause de séquelles de la polio. Alors que le génocide au Rwanda fait rage, elle est hospitalisée à proximité de Kigali. "Quelques semaines après mon entrée à l’hôpital, j’ai été rapatriée en Belgique par les Casques bleus."

Ce sauvetage constitue un épisode douloureux et traumatique pour la fillette d’à peine onze ans qui doit quitter son pays, sa famille, ses repères. "Je ne comprenais pas un mot de français. J’étais perdue, sans famille ni proches. Tout l’hôpital a été évacué, ainsi qu’une partie de l’orphelinat attenant."

Pendant deux ans, elle est hébergée au centre de la Croix-Rouge d’Yvoir, avant d’atterrir dans une famille d’accueil à Salet, un petit village situé non loin de Maredsous. "Durant la semaine, j’étais en internat près de Binche, mais il était très difficile de trouver des écoles accessibles aux personnes handicapées. Dans ma première école, ma professeure me portait sur son dos car il y avait des volées d’escaliers à monter. Il fallait aller loin pour trouver une école adaptée. Ensuite, j’ai suivi une formation en coiffure car je n’avais pas envie d’exercer un métier de secrétaire." Car c’est un des combats de Chantal-Iris : lutter contre l’idée que seuls les emplois administratifs sont accessibles aux personnes en chaise roulante.

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Mais après quelques mois de formation en coiffure, elle est contrainte de jeter l’éponge, la mort dans l’âme : "Je me suis vraiment rendu compte qu’il n’y avait pas de volonté de rendre les fauteuils et tout le mobilier du salon de coiffure accessibles à quelqu’un comme moi".

Malgré les épreuves, la jeune femme ne se décourage à aucun moment. Elle puise dans ses ressources pour trouver la force de continuer à tracer sa route. En souriant, toujours. Et la vie le lui rend bien puisqu’un beau jour, elle est invitée à participer à un défilé de mode adaptée, comme mannequin. "C’est à ce moment-là que j’ai découvert la cyclodanse. C’était la première fois que je voyais une personne valide et une autre non valide danser ensemble. Je n’en croyais pas mes yeux, j’étais complètement émerveillée, je n’imaginais pas que ça pouvait exister !", se souvient la danseuse, visiblement encore très émue.


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"Ce n’est pas possible, je rêve deux fois !"
"La nuit même, j’en ai rêvé ! Je me suis tout de suite projetée dans ce monde. Ce qui me subjuguait, c’est de voir le partage entre les deux danseurs et surtout, le fait qu’ils soient sur le même plan, d’égal à égal. J’ai toujours eu à cœur de casser les stéréotypes que l’on peut avoir sur les personnes en chaise. Que l’on soit valide ou non, on a toutes et tous nos difficultés. Il ne doit pas y avoir de barrière entre nous."

Chantal-Iris semble avoir trouvé sa voie, ce qui la fait vraiment vibrer au plus profond d’elle-même. Mais elle ne sait rien de ces danseurs ni de cette discipline. Alors, elle se contente de rêver. "Et puis un jour, alors que je résidais au Village n°1 (un service d’accueil de jour et d’hébergement réservé à des adultes en situation de handicap, ndlr), j’ai été invitée à assister à un cours de cyclodanse." Et là, à sa grande surprise, elle se rend compte qu’il s’agit précisément du couple qu’elle a vu danser quelque temps plus tôt.

"Je me suis dit : 'Ce n’est pas possible, je rêve deux fois, là'. La personne valide m’a demandé si je voulais essayer et on a tout de suite accroché, c’était comme si on avait toujours fait ça !" Chantal-Iris est si motivée qu’elle n’hésite pas à se rendre à Liège et à Huy pour s’adonner à sa nouvelle passion. Elle suit des stages, fait des démonstrations sur des événements. "J’étais complètement mordue", se souvient-elle.

Ce que j’aime dans ce sport, c’est qu’il est accessible à tout le monde, y compris aux mal voyants


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Requinquée mais sachant qu’il sera compliqué de vivre de la cyclodanse, elle débute une formation pour devenir esthéticienne. "Mais à nouveau, je me suis heurtée à des murs. C’était inaccessible, comme en coiffure. Sauf qu’ici, ça aurait vraiment pu être possible car la prof était prête à mettre des choses en place. En plus, la manucure, c’est facile en chaise roulante. Et pour les massages, on pouvait adapter les tables. Là où ça bloquait, c’était le stage. Quand je suis allée me présenter, la gérante m’a dit "Toi, tu veux te lancer dans l’esthétique ?" J’ai bien compris qu’elle n’avait même pas envie d’essayer de m’inclure dans son salon car la chaise faisait peur et ne donnait pas une bonne image à l’institut. Ça m’a cassée." Chantal-Iris se résigne alors à faire une formation en secrétariat d’accueil. À contrecœur.

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Mais comme la vie est faite de cycles, la chance lui sourit peu de temps après. L’ASBL Escalpade, une école d’enseignement spécialisé et un centre de jour, la sollicite pour animer une semaine de stage de cyclodanse. Pendant quelques années, elle enseigne tous les samedis, avant de voler de ses propres ailes en fondant son ASBL à elle, Cycloceza. Dans la foulée, elle passe son permis, histoire d’être complètement autonome et de pouvoir donner cours partout où elle est demandée.

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Danser et s’envoler
Avec son club, la jeune femme veut transmettre sa passion pour la cyclodanse, une discipline reconnue comme un sport par l’Adeps. "Lorsque je danse, je m’envole, j’oublie que je suis en chaise." À ce moment-là, elle est alors une danseuse comme une autre, ni plus ni moins. Le tango, la salsa ou encore la valse sont autant de possibilités pour les adeptes de la cyclodanse. Il suffit de se laisser emporter par les sons et la musique. Comme une invitation à s’ouvrir à l’altérité, au monde de l’autre, sans jugement ni crainte.

J’ai toujours eu à cœur de casser les stéréotypes que l’on peut avoir sur les personnes en chaise. Que l’on soit valide ou non, on a toutes et tous nos difficultés. Il ne doit pas y avoir de barrière entre nous

"Quand je donne cours à des personnes qui ont des difficultés à ne serait-ce que lever les bras, je vois qu’ils font l’effort d’essayer. Je suis heureuse pour eux car c’est comme si je leur faisais faire leur kiné inconsciemment. Ce que j’aime dans ce sport, c’est qu’il est accessible à tout le monde, y compris aux mal voyants. C’est une véritable thérapie : quand je danse, je n’ai plus mal au dos, c’est un médicament naturel, c’est vraiment génial ! Le message que je veux envoyer, c’est de dire que la personne valide ne doit pas se sentir en train de danser 'pour', mais bien 'avec' la personne en chaise. La complicité est essentielle. Les spectateurs sont fort émus quand ils voient une démo de cyclodanse, je reçois beaucoup de retours très positifs."

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Chantal-Iris rencontre peu de temps après celui qui est aujourd’hui le père de son petit garçon de deux ans et demi, Sohan. "J’ai fait la connaissance de mon compagnon via un site internet, après de nombreuses déceptions amoureuses. Je faisais des rencontres facilement, mais j’arrêtais la relation assez vite car beaucoup d’hommes n’assumaient pas d’être avec moi. Il y en a même un qui m’a un jour dit 'Sois déjà contente que je sorte avec toi'. Et là, je lui ai répondu que je n’avais absolument pas besoin de lui !"

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Mais cette fois, tout est différent. La jeune femme le sent. Elle attend la veille de leur premier rendez-vous dans la vraie vie pour lui dire qu’elle est en chaise. Cela surprend Chantal-Iris, mais il ne prend pas peur, au contraire. "Sa fille a un handicap mental donc il y avait déjà été confronté, et il avait même certains réflexes car sa maman est aussi en chaise. Je pense que ça a facilité les choses. On est allés boire un verre, ça s’est bien passé. Il était très attentionné." Depuis, c’est l’amour fou entre eux deux. À tel point que la famille devrait encore s’agrandir dans les mois qui viennent.

Aussi passionnante qu’un roman, la vie de Chantal-Iris a été racontée dans un livre écrit par Louisa de Groot et préfacé par la journaliste Colette Braeckman, spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs. Dans "Relève-toi et danse", elle montre qu’épreuve après épreuve, il est possible de se relever toujours plus forte et pleine d’espoir.


Le témoignage d'Iris
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Le témoignage de Manon
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Dans la série In… We Trust (Nous croyons en) :
In Selma Benkhelifa We Trust, défendre les droits des opprimé·es
In Makoto We Trust, la calligraphie pour faire sortir des cases
In Manon Collette We Trust, "mon rêve, c’était de voler et j’y suis arrivée !
In Marie-Claire Desmette We Trust, les récits pour affirmer sa place
In Jeanette Van der Steen We Trust, première femme maître de chai en Belgique
In Zofia Wislocka We Trust, cheffe d’orchestre à la baguette libre
In Sukma Iryanti We Trust, rebondir face à toutes les difficultés
In Audrey Adam We Trust, la défense des journalistes contre le cyberharcèlement
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Le festival Elles Tournent : "Faire rayonner le travail des réalisatrices"

2 Mai 2022, 23:38pm

Publié par hugo

 Le festival Elles Tournent : "Faire rayonner le travail des réalisatrices"
Le festival Elles Tournent : "Faire rayonner le travail des réalisatrices"
28 avr. 2022 à 11:44

4 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
Les Grenades
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FILM
ELLES TOURNENT

Le festival Elles Tournent, qui met chaque année en avant les réalisatrices, est de retour avec une sélection de plus de 40 films de fiction, documentaires, courts et animations. Il aura lieu du 17 au 22 mai au cinéma Vendôme à Bruxelles et le 23 mai à Liège en partenariat avec Les Grignoux.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En Belgique, dans les écoles de cinéma, les étudiantes réalisatrices sont au même nombre que les hommes. Dans une étude publiée en 2016, et menée par Elles Tournent, les femmes étaient 48% à suivre un master en réalisation dans notre pays. Mais quand il s’agit d’exercer effectivement le métier, les femmes disparaissent et ne représentent plus que 25% de la profession. "Parmi elles, très peu réussissent à obtenir des financements et une visibilisation suffisante de leurs œuvres", expliquent les organisatrices du festival.


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Des regards de femmes sur le monde
Les Grenades en ont parlé avec Hanoulia Salame, coordinatrice générale du festival. "C’est notre grand retour après la période de covid-19. Nous avons reçu plusieurs centaines de films réalisés par des réalisatrices du monde entier. L’équipe de programmation a pris quatre mois pour faire la sélection finale", se rappelle-t-elle.

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Quels sont les critères de sélection ? "Nous essayons toujours d’avoir des films inspirants, qui élèvent, qui donnent envie de se battre et qui ont une ‘patte’ bien reconnaissable. Les films choisis sont très aboutis, ils ont une structure et une narration intéressantes. Les réalisatrices partagent avec nous leurs différentes visions du monde." Des réalisatrices des quatre coins du monde participent au festival et certaines d’entre elles répondront aux questions du public : d’Haïti au Kosovo, en passant par la Chine et l’Iran ou encore… par la Belgique !

Et le choix de films à sélectionner a été tellement difficile que l’équipe du festival a décidé de programmer des films supplémentaires gratuitement du 23 au 31 mai sur la plateforme Festival Scope. "Il s’agit d’une programmation complètement à part. On tire cette leçon des éditions du festival que nous avons dû mener en ligne à cause de la pandémie. Cela a permis à des personnes dans le monde entier de voir les films ! Nous revenons en présentiel mais nous ne voulions pas perdre cette possibilité de voir aussi des films en ligne", souligne Hanoulia Salame. "Nous serons également à Liège pour une soirée, ce qui est complètement nouveau. Nous aimerions dans le futur nous téléporter partout en Belgique pour y faire rayonner le travail des réalisatrices", continue-t-elle.

Je pense qu’en ces temps contrariés, nous avons plus que jamais besoin de nourrir nos imaginaires avec des regards de femmes sur le monde

Après les séances, des associations viendront discuter et apporter leurs expertises sur les thématiques développées dans les films proposés. Une Master Class à la Cinematek intitulée "Filmer pour conserver l’histoire et la mémoire" et des échanges avec "Graines de cinéastes" qui aide les jeunes générations de réalisatrices à trouver leur place (et dont nous vous parlions ici) sont également prévus.

Cette année, Safia Kessas, réalisatrice et fondatrice des Grenades, est la marraine du festival. "C’est un momentum important. C’est important que cet espace qui célèbre le female gaze existe. Je pense qu’en ces temps contrariés, nous avons plus que jamais besoin de nourrir nos imaginaires avec des regards de femmes sur le monde", précise-t-elle.

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Au cinéma, le regard féminin est "révolutionnaire"
Les films à ne pas louper
Hanoulia Salame a accepté de partager (dans la douleur !) son top 4 des films à ne pas manquer.

Les yeux ouverts de Charlotte Datol (22/05, 14h)
"C’est mon film coup de cœur !", réagit la coordinatrice. Au Brésil, un groupe de sans-abri produit et vend son propre journal, le "Boca de Rua", un outil essentiel pour être reconnu par la société.

© Tous droits réservés

Bootlegger de Caroline Monnet (20/05, 19h)
Une jeune avocate amérindienne retourne dans sa communauté et prend position sur un projet de référendum sur la vente libre d’alcool. "Il s’agit d’un superbe film de fiction qui m’a appris que les communautés amérindiennes au Canada subissaient encore une prohibition de l’alcool. La réalisatrice est elle-même d’origine amérindienne."


© Tous droits réservés

Cet été de Victoria Jadot (19/05, 19h15)
Une jeune femme réapprend à vivre après avoir souffert d’alcoolisme. "J’ai beaucoup aimé ce court-métrage, je l’ai trouvé touchant et très intime. Il fait partie d’une séance spéciale où plusieurs courts seront projetés, appelée ‘Elles avancent’ qui montrent des femmes qui se dépassent face aux obstacles."

 https://www.rtbf.be/article/le-festival-elles-tournent-faire-rayonner-le-travail-des-realisatrices-10982463


© Tous droits réservés
Al-Sit de Suzannah Mirghani (22/05, 19h15)
Un court-métrage soudanais qui traite des mariages arrangés. "Le sujet est intéressant, la mise en scène est sublime et le récit est incroyable."


© Tous droits réservés

Informations pratiques
17/05▸22/05 au Cinéma Vendôme, Chaussée de Wavre 18 – 1050 Bruxelles

23/05 aux Grignoux, Place Xavier-Neujean 14 – 4000 Liège

23/05▸31/05 Séances en ligne gratuites sur FestivalScope.com

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https://www.rtbf.be/article/le-festival-elles-tournent-faire-rayonner-le-travail-des-realisatrices-10982463

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"Éclaireuses" : prendre le temps de regarder autrement

2 Mai 2022, 03:52am

Publié par hugo

"Éclaireuses" : prendre le temps de regarder autrement
"Éclaireuses" : prendre le temps de regarder autrement
27 avr. 2022 à 10:12

4 min
Par Elli Mastorou pour Les Grenades
Les Grenades
 
Fondée en 2016 à l’initiative de deux enseignantes professionnelles, La Petite École à Bruxelles accueille des enfants sans passé scolaire, souvent issus de l’exil.

Elle offre un espace structurant et bienveillant, pour prendre le temps d’appréhender la transition vers la scolarité. Le documentaire "Eclaireuses" de Lydie Wisshaupt-Claudel met le projet et ses fondatrices en lumière.


Un sablier, un tableau vert, des crayons de couleur, des bancs en bois. Des enfants qui jouent, tapent, racontent ou font la sieste. Et à leurs côtés, deux femmes leur parlent, les accompagnent, les questionnent. Les images qui ouvrent le documentaire ‘Eclaireuses’ de Lydie Wisshaupt-Claudel évoquent d’emblée la scolarité.

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Pourtant il ne sera pas question ici d’examens, de punitions ou de contrôles. Ici, ce n’est pas encore l’école, pas vraiment, pas tout à fait. C’est un espace qui y ressemble, pour y préparer, pour en appréhender les codes. Mais aussi et surtout pour se (re) trouver. Car "pour (ap) prendre, il faut d’abord être en mesure de pouvoir le faire", comme l’explique le dossier pédagogique qui accompagne le film.

Regarder autrement, c’est aussi un geste politique

Juliette et Marie sont les fondatrices de la Petite École, un espace pédagogique et thérapeutique de préscolarisation. Unique en son genre, il accueille, en groupe réduit, des enfants entre 6 et 16 ans qui n’ont jamais été scolarisés. Souvent, ils sont issus de l’exil, et ne savent ni lire ni écrire.

Du lundi au jeudi, durant toute l’année scolaire, cet espace situé dans les Marolles, au cœur de Bruxelles, offre un temps d’adaptation et de résilience, entre l’exil et la scolarisation qui les attend. On apprend à "jouer à l’école", à en décoder le fonctionnement, à structurer et ritualiser les différentes étapes de la journée. On dessine, on cuisine, on apprend à manier la terre, le bois, ou la musique, ou à raconter sa journée en Français.

"Ici, on ose prendre le temps", développe Marie Pierrard, cofondatrice de cette initiative pédagogique et citoyenne. "Le temps de regarder autrement les mondes qui s’entremêlent, et chercher des points de rencontre possibles, qui ne sont pas évidents, d’autant plus quand l’école ne va pas de soi. On vit dans une époque où tout va très vite. Prendre le temps amène un autre regard." Le regard et le temps : deux notions au centre du projet, qui portent aussi une (double) force politique. "Regarder autrement, c’est aussi un geste politique."


© Les Productions du Verger – Visualantics
Prendre le temps, c’est aussi ce que fait le film de Lydie Wisshaupt-Claudel. Car si l’atmosphère bienveillante et le quotidien qu’on y voit s’égrener au fil des saisons ont l’air d’aller de soi, au début les enseignantes ont refusé plusieurs fois. "C’est un petit espace, avec des adultes et des enfants, alors imaginez en plus avec une caméra…"

D’abord venue en observation sans matériel, la réalisatrice a ensuite pris le temps, elle aussi : le tournage s’est fait ponctuellement sur l’espace de trois années scolaires, entre 2017 et 2020. Il a fallu ensuite faire le tri entre les 140 heures d’images traitées pour aboutir à un film d’une heure et demie. Sélectionné début avril au prestigieux festival documentaire Visions du Réel, le film est aujourd’hui également "intégré dans le volet de recherche du projet. Il s’inscrit dans la démarche de recherche créative qu’on cultive, notamment avec la CODE (Coordination des ONG pour les droits de l’enfant, NDLR). Le film de Lydie sert d’outil pédagogique, pour présenter le projet vers l’extérieur", explique Marie.

"Et puis pour nous c’est aussi utile d’avoir un regard extérieur sur ce qu’on fait. La Petite École vise à fabriquer des histoires et voir comment elles résonnent chez les autres. C’est la même démarche avec le film. Les enfants passent la journée sous notre regard, et avec ce film on peut aussi poser un regard… sur le nôtre. Une sorte de ‘regard méta’", sourit-elle.

En observant les enfants dans cet espace, les interactions avec les adultes, mais aussi les moments de recherche et de réflexion des enseignantes sur leur travail, ‘Eclaireuses’ouvre une porte mentale aux spectateurs sur d’autres rapports au monde, et questionne les écueils de nos institutions, souvent inadaptées à la complexité que représente un humain en devenir.


© Les Productions du Verger – Visualantics
Depuis la fin du tournage de Lydie, Juliette s’est envolée vers d’autres projets, mais Marie poursuit l’aventure, avec à ses côtés Alexis, Corentin ou Zineb, qui animent divers ateliers. "C’est vrai qu’au départ le projet a été fondé par deux femmes… La question de la dimension genrée ne s’est pas vraiment posée – sauf en 2019, quand on a décidé d’engager des gens. On s’est clairement dit qu’on voulait qu’il y ait des hommes aussi. Pour une question de repères : on estimait que c’était important que les enfants puissent observer les rapports hommes-femmes."

Il existe beaucoup d’enfants oubliés de l’institution scolaire

Issus de Syrie, du Sénégal, d’Érythrée ou encore de Roumanie, les petits élèves continuent d’arriver. Et si aucun·e n’est issu·e de la récente guerre en Ukraine (car déjà scolarisé·es là-bas et rescolarisé·es ici via le Ministère), ils restent très nombreux. "On espère que le film met en lumière ce type de questions plus largement. Ici on accueille une douzaine d’enfants, or le problème est bien plus large", insiste Marie.

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"Il existe beaucoup d’enfants oubliés de l’institution scolaire. On espère que le projet perdure et continue de questionner la place et l’importance de ces enfants. Ça reste important d’accueillir, et de bien accueillir", conclut-elle.

"Éclaireuses" de Lydie Wisshaupt-Claudel. Documentaire. Durée : 1h30. En salles ce mercredi et sur la RTBF (Fenêtre sur doc) le 30 avril à 23h15.

Infos et dons.

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/eclaireuses-prendre-le-temps-de-regarder-autrement-10982222

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Hymne des femmes (L')

28 Avril 2022, 15:56pm

Publié par hugo

 Hymne des femmes (L')
Nous qui sommes sans passé, les femmes
Nous qui n'avons pas d'histoire
Depuis la nuit des temps, les femmes
Nous sommes le continent noir.

Refrain :
Levons-nous femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, debout, debout !

Asservies, humiliées, les femmes
Achetées, vendues, violées
Dans toutes les maisons, les femmes
Hors du monde reléguées.

Seules dans notre malheur, les femmes
L'une de l'autre ignorée
Ils nous ont divisées, les femmes
Et de nos soeurs séparées.

Le temps de la colère, les femmes
Notre temps, est arrivé
Connaissons notre force, les femmes
Découvrons-nous des milliers !

Reconnaissons-nous, les femmes
Parlons-nous, regardons-nous,
Ensemble, on nous opprime, les femmes
Ensemble, Révoltons-nous !

Dernier refrain :
Levons-nous femmes esclaves
Et jouissons sans entraves
Debout, debout, debout !


http://www.alternatifs.org/76/chorale/hymne.php

 

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Des mots pour agir

28 Avril 2022, 09:43am

Publié par hugo

Des mots pour agir
INFOSCRITIQUES (1)CITATIONS (0)FORUM
Des mots pour agir par Ensler

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Lu
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Eve Ensler
Mollie Doyle
EAN : 9782721005854
326 pages
EDITIONS DES FEMMES (13/11/2009) AUTRES EDITIONS
5/5   1 notes
noter :    
RÉSUMÉ EDITEURRÉSUMÉ MEMBRES
HISTORIQUEMODIFIERLIRE
Des mots pour agir est un recueil d'une cinquantaine de textes d'autrices et d'auteurs américains remarquables à qui Eve Ensler et Mollie Doyle ont demandé d'écrire des "Souvenirs, monologues, pamphlets et prières", pour être lus à l'occasion du festival de théâtre et du film « Until the Violence Stops » organisé, en juin 2006, à New York, pour soutenir le mouvement V-Day. L'objectif de ce mouvement, créé par Eve Ensler, est d'amener le problème des violences faites aux femmes sur le devant de la scène et de faire prendre conscience qu'elles sont un fléau mondial. Ces textes forts, bouleversants, personnels souvent, parmi lesquels ceux de Eve Ensler et Mollie Doyle, Maya Angelou, Carol Gilligan, Robin Morgan, Alice Walker, Jane Fonda, sont accompagnés d'une « invitation à agir » sous forme de conseils pour organiser d'autres événements du même type. L'édition française du recueil réalisée en 2009 est une version augmentée, avec des textes de Nicole Ameline, Taslima Nasreen, Rama Yade, Charles Berling et Antoinette Fouque.


https://www.babelio.com/livres/Ensler-Des-mots-pour-agir/1130638?action=ajout

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33 EME FEMINICIDES DEPUIS LE DEBUT DE L ANNEE 2022

27 Avril 2022, 22:39pm

Publié par hugo

33 EME  FEMINICIDES DEPUIS LE  DEBUT  DE L ANNEE 2022 33 EME  FEMINICIDES DEPUIS LE  DEBUT  DE L ANNEE 2022 33 EME  FEMINICIDES DEPUIS LE  DEBUT  DE L ANNEE 2022
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33 EME  FEMINICIDES DEPUIS LE  DEBUT  DE L ANNEE 2022
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Le drame de se retrouver réfugié·es … une fois de plus

27 Avril 2022, 00:42am

Publié par hugo

 26 AVRIL 2022
DÉBATS \ Contributions
Le drame de se retrouver réfugié·es … une fois de plus

Celles et ceux qui cherchent refuge pour la première fois, cherchent des réponses. Celles et ceux pour qui cette situation dure depuis des années savent qu’il s’agit d’une longue attente et que cet état de déracinement halluciné n’est que le début d’un processus de mise au rebus de leur propre vie qui peut durer des années. Chronique de Patricia Simón depuis la frontière ukrainienne.

Przemysl/Makedy (Frontière entre la Pologne et l’Ukraine)

La petite fille porte le chien dans ses bras, son regard fixe un point indéfini ; le turban sur une chevelure aussi claire que sa peau lui donne un air aristocratique. Autour d’elle, un fourmillement de gens qui vont et viennent sans but précis, tandis que sa mère se concentre sur les caresses qu’elle prodigue au chien pour éviter de prêter attention à ce qu’il se passe autour d’elle – le délitement de centaines de vie, y compris la sienne. Sur la droite, la sœur aînée ressemble à une délicate coupe en cristal sur le point de se briser : ses cheveux négligés sont retenus en queue de cheval basse, ses yeux sont gonflés et rouges, ses mains tremblantes sont cramponnées à son téléphone portable, dernier vestige de son ancienne vie.


Deux sœurs avec leur animal de compagnie dans la gare de Przemysl, en Pologne. P.S.

Dans la gare de Przemysl, à la frontière qui sépare la Pologne de l’Ukraine, la mise en scène de la tragédie se déroule parallèlement à deux rythmes différents. Les familles ukrainiennes, en majorité des femmes et des enfants – les hommes ont été mobilisés pour faire face à l’invasion – déambulent dans le hall de la gare centenaire à la recherche de renseignements : où pourront- elles dormir ? Quand partira un autobus qui les emmènera dans la ville où elles connaissent quelqu’un pour les accueillir ? À quelle heure arrivera le bus avec les êtres chers laissés derrière elles ?

Migrant·e·s, déplacé·e·s, personnes en transit ou quel que soit le nom qu’on veut leur donner – celles et ceux pour qui la condition de réfugié·e dure depuis des années conversent assis par terre ou sont allongés dans un demi-sommeil. Celles et ceux-là savent que cet état de déracinement halluciné dans lequel on regarde sans voir, et dans lequel on avance pour être toujours plus loin de chez soi, n’est que le début d’une mise à l’index de leur propre vie qui peut durer des années… ou toujours.

Afiza, 18 ans, vient d’Afghanistan et vivait depuis presque trois ans en Ukraine avec ses parents et ses deux frères lorsqu’ils ont dû fuir de nouveau emportant juste quelques papiers. La jeune fille somnole enveloppée dans une couverture pendant que sa mère se repose d’un trajet de 30 kilomètres dans une chaise roulante qui lui a été prêtée à la gare. « Nous avons déjà vécu ça. Maintenant il faut repartir de zéro et nous n’avons aucune idée de l’endroit où nous pourrons recommencer nos vies », raconte Afiza, qui ne juge pas utile d’expliquer de nouveau pourquoi elle et sa famille ont dû abandonner leur pays. « Nous ne savons pas vers où nous allons nous diriger, nous aspirons seulement à ce que ce soit un endroit où nous pourrons vivre bien » ajoute-t-elle.


Afiza avec sa famille dans la gare de Przemysl P.S.

Si certains doutent de l’importance de documenter la barbarie, ce ne sont pas celles et ceux qui en ont souffert et qui, chaque fois que cela leur est possible, la documentent pour ne pas oublier que l’incroyable, l’inexplicable est arrivé… une fois de plus.

Juste en face d’elle, se tient Hasnat Ahmad Intagran, un étudiant en médecine qui, comme les dizaines de milliers d’étudiants étrangers qu’accueillait l’Ukraine jusqu’à présent, craint que tous les efforts consentis par lui et sa famille, aient été vains. « Pendant trois jours, nous avons tenté d’arriver à la frontière sans rien à manger ni à boire » raconte-t-il, tandis qu’à ses côtés un autre étudiant indien, qui préfère taire son nom et cacher son visage à la caméra, acquiesce. « Nous disons à nos familles que tout va parfaitement bien : Nous ne voulons pas qu’ils nous voient ainsi, dormant à même le sol, ni qu’ils sachent que nous avons faim », explique-t-il. C’est une position partagée par de nombreux·ses autres réfugié·e·s, qui n’acceptent pas d’être photographié·e·s dans ces conditions ou refusent de prendre le temps d’expliquer pourquoi ils ont fui.


Hasnat Ahmad Intagran dans la gare de Przemysl P.S.

Les déplacé·e·s se sont regroupé·e·s dans la gare par région d’origine. Dans un coin, une population majoritairement noire tente de trouver le sommeil pendant qu’un volontaire organise les transferts en autobus et véhicules privés vers d’autres villes. Bien que la crise ukrainienne soit le centre de l’attention des grandes puissances internationales depuis des semaines et que l’invasion russe se soit produite depuis déjà une semaine, on ne détecte rien qui ressemble à un quelconque plan d’accueil mis en place ou soutenu par la communauté internationale ou par l’Union européenne. Ni ici, ni à Medyka, par où a transité une quantité significative de ce million de personnes qui, selon les estimations des Nations Unies, se sont vues forcées d’abandonner le pays depuis le début de la guerre.

Seuls quelques dizaines de volontaires polonais·e·s s’affairent à cuisiner un peu de nourriture chaude, prennent la peine de recenser les noms et celui des villes où les réfugié·e·s ont des connaissances, et de les prévenir lorsqu’une voiture ou un autobus s’apprête à partir pour cette destination. C’est le cas de Caterina, une jeune femme de 21 ans qui vivait à Ivano-Frankivsk – une ville à l’ouest de l’Ukraine – et qui a vécu plusieurs années à Barcelone avec son père. « Je ne sais pas comment expliquer ce qui nous est arrivé. Un jour j’étais étudiante en coiffure et le lendemain, je me retrouve à fuir mon pays sans rien et sans savoir comment parvenir à destination ». Au moins, Caterina connait sa destination : la maison de sa mère en Pologne.

L’Ukraine et la Pologne sont deux pays qui entretiennent d’étroites relations commerciales, familiales et sociales. Au sein des familles ukrainiennes, il est fréquent d’avoir des parents qui ont migré dans le pays voisin pour améliorer leurs conditions de vie. C’est pourquoi certaines disposent de ce qu’il y a de plus précieux lors d’un exode : un réseau de soutien. Justement ce que devrait garantir l’Union européenne en pareil contexte. Et son absence laisse le champ libre à une pléiade de personnages hétéroclites qui ne manquent jamais de faire acte de présence dans ce type de crises humanitaires dans les pays du Nord global.


Femmes ukrainiennes déplacées de guerre traversant la frontière en direction de la Pologne. PATRICIA SIMÓN.

À Medyka, le poste frontière qui a été sous le feu des projecteurs ces derniers jours, pullulent une vingtaine d’entre elles : un jeune Suédois, à qui sa chevelure donne un aspect messianique, vêtu d’une chasuble et d’un habit noirs, passe accompagné d’un Canadien en uniforme de camouflage couleur sable, affirmant qu’il va aller en Ukraine se battre contre les Russes, en même temps qu’il converse par téléphone avec son prétendu supérieur. Près d’eux, un autre jeune s’identifie comme médecin volontaire mais nie faire partie de l’organisation dont son gilet arbore le logo: Rescuers without Borders – la seule qui ait monté une minuscule tente près de la frontière –, une organisation israélienne de volontaires médicaux dont le sigle est bien moins visible que le drapeau du pays dont elle provient.

Un peu plus loin, ce sont de nouveau des Polonaises et des Polonais autogéré·e·s qui distribuent du thé, du café, de la nourriture, des vêtements et qui donnent des informations à celles et ceux qui arrivent dans le désarroi le plus total. Ils le font par une température de 0°C degrés et juste protégés sous une tente. Auprès d’eux, Cristina regarde fixement les portiques lumineux par lesquels arrivent les personnes déplacées. Elle vient de franchir la ligne et sa silhouette, vêtue d’un manteau gris flanquée d’une valise rouge, se détache au milieu de l’obscurité. Elle a 17 ans et arrive de Lviv, une ville qui s’est convertie en refuge pour des dizaines de milliers de déplacé·e·s mais où Cristina ne se sentait pas en sécurité. « Mon père, ma mère, mon frère sont tous restés là-bas mais, moi, je ne pouvais pas vivre avec cette peur » explique-t-elle pendant qu’elle attend, qu’à un moment ou à un autre, arrivent quelques·uns de ses amis qui connaissent des gens disposés à les accueillir à Varsovie.


Cristina a 17 ans et vient de Lviv. P.S.

Un monde en fuite
Si nous ne voyons pas arriver les amis de Cristina, en revanche, comme surgis du néant, apparaissent une cinquantaine de Vietnamiens, dont nous ignorons pour quelles raisons ils vivaient Ukraine car aucun d’eux ne parlait anglais ou français et aucun journaliste présent ne parlait ukrainien ou vietnamien. Les limitations imposées par le manque de ressources pour engager des traducteurs est un facteur que nous n’avons pas l’habitude de signaler comme il se doit dans nos chroniques. Le profil du déplacé ou réfugié s’exprimant en anglais suppose déjà un filtre en termes de niveau d’éducation et de classe sociale. À cela s’ajoute le fait que, souvent, la qualité de l’échange d’information se voit considérablement dégradée, car l’anglais n’étant pas la langue maternelle des réfugié·e·s, il est normal qu’ils ne puissent pas s’exprimer avec toutes les nuances et la profondeur qu’ils pourraient développer dans leur propre langue. C’est pourquoi, dans des villes comme Lviv, les volontaires qui se consacrent à la traduction sont exemptés de remplir d’autres tâches pour la communauté dans le contexte de la guerre.


Groupe d’étudiant.es tunisienn.es*s à l’aéroport de Cracovie, avant leur évacuation par l’ambassade de leur pays. P.S.

La veille, à l’aéroport de Cracovie, à trois heures de voiture de la frontière, une centaine d’étudiants tunisiens se remettaient de leur fuite, installés dans la cafétéria. C’est dans ce même local que le personnel de leur ambassade gérait leur transfert en Tunisie par avion militaire. Deux filles et trois garçons attablés se montrent sans relâche les vidéos qu’ils ont prises durant la débandade. Ils étaient étudiants en médecine et en pharmacie à Kharkiv, la ville, qui, jusque-là, avait le plus souffert des bombardements russes.

« Nous n’avons rien pu emporter d’autre que nos papiers d’identité. Nous sommes partis en courant à la gare, mais regarde de quoi ça avait l’air ! » se remémore Tayssin Labidi, une jeune fille au visage expressif, en montrant une vidéo sur lequel on distingue une meute de personnes qui, à grands cris, tentent de monter dans le train, d’abord pour Kiev et ensuite pour Lviv. « A partir de là nous avons dû marcher soixante-dix kilomètres jusqu’à la frontière ». Quelques minutes avant, j’avais remarqué les difficultés qu’avait la jeune fille à se déplacer. « Bien que cela ne soit pas vrai, nous disions à nos familles que tout allait bien. J’ai passé quatre années merveilleuses à étudier la médecine dans cette ville. Je ne sais pas si nous pourrons revenir et continuer nos études. Ou si nous allons perdre toutes les qualifications validées jusqu’à présent » ajoute-t-elle.

Pendant ce temps, ses amis racontent encore et encore comment les bombes tombaient de toutes parts et insistent pour montrer leurs enregistrements vidéo. Si certains doutent de l’importance de documenter la barbarie, ce ne sont pas celles et ceux qui en ont souffert et qui, chaque fois que cela leur est possible, la documentent pour ne pas oublier que l’incroyable, l’inexplicable est arrivé… une fois de plus.

Patricia Simon Journaliste multimédia, écrivaine, chercheuse universitaire et professeure de journalisme d’investigation à l’Université ouverte de Catalogne (Universitat Oberta de Catalunya – UOC). Patricia est spécialisée dans les domaines du genre et des droits humains. Ses reportages ont couvert plus de 25 pays. En 2020, elle a documenté les manifestations en Irak, les conséquences de la pandémie COVID-19, l’incendie du camp de réfugiés de Lesbos, ainsi que les élections présidentielles américaines. Elle a publié plusieurs livres et contribué à certains ouvrages sur les femmes migrantes, la violence sexiste, le journalisme et le féminisme. Elle a reçu le prix 2013 de l’AMECO (Association of Women of the Media Award).

Article publié dans Medfeminiswya, média partenaire de 50-50 Magazine

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Étiquettes : Monde


https://www.50-50magazine.fr/2022/04/26/le-drame-de-se-retrouver-refugie%c2%b7es-une-fois-de-plus/

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Émilie Delorme : « Au Conservatoire, on doit encore progresser, mais je ne vais pas lâcher »

27 Avril 2022, 00:39am

Publié par hugo


Média
Matrimoine
26 AVRIL 2022
Culture \ Arts
Émilie Delorme : « Au Conservatoire, on doit encore progresser, mais je ne vais pas lâcher »

Directrice du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, Émilie Delorme témoigne sur sa nomination et sur l’évolution des établissements culturels en matière de mixité. Si le progrès est visible, il reste encore du travail pour parvenir à plus de candidatures féminines. 

Quel est votre parcours ? 

J’ai fait des études d’ingénieur·e en parallèle de mes études au conservatoire régional. Au terme de ces études, j’ai passé quelque temps au sein d’une banque de marché où je travaillais sur la question du passage à l’euro. Je ne suis pas restée très longtemps car j’ai toujours souhaité travailler dans l’environnement culturel. 

J’ai rejoint le Festival d’Aix-en-Provence durant trois ans, puis le Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles pendant cinq ans, avant de revenir au Festival d’Aix-en-Provence pour diriger l’Académie. 

Comment avez-vous obtenu ce poste ? 

J’ai été nommée par le ministre de la Culture, qui à l’époque de ma nomination était Franck Riester. À l’issue des publications d’appels à candidature, le ministère estimait, à juste titre, qu’il y avait très peu de candidatures féminines. S’en est donc suivie une procédure active de recherche et c’est dans ce cadre que le ministère m’a contactée pour que je me porte candidate. Par la suite, un processus de recrutement a mené à ma nomination par le ministre.

Y a-t-il eu des réactions sur le fait que vous soyez une femme à ce poste ? 

Au sein du Conservatoire, je n’ai pas l’impression que cela ait été un sujet. En revanche, le fait que je sois une femme faisait que, face à moi, certains se justifiaient tout de suite sur des questions d’égalité ou de parité. Ma nomination a aussi amené à questionner la place des femmes dans certains postes. Si une femme peut obtenir le poste de directrice, elle doit pouvoir trouver sa place dans d’autres postes, ce qui n’est pas toujours le cas. 

Y a-t-il eu une évolution au sein du Conservatoire depuis votre arrivée ? 

Nous avons constaté une évolution sur certains aspects, mais il est important de noter que le Conservatoire était déjà actif sur ces sujets de parité et d’égalité. L’établissement possédait déjà le label égalité AFNOR avant mon arrivée. 

Il y a des domaines dans lesquels nous progressons, notamment la question de la parité au sein des jurys. En tant que directrice de cet établissement, j’ai la possibilité de présider l’ensemble des jurys, ce qui favorise leur mixité. 

Pourtant, nous trouvons encore parfois des jurys entièrement masculins. J’ai récemment encore présidé un jury d’examen lors duquel j’étais la seule femme présente. Nous savons qu’au sein de certaines disciplines, il est difficile d’obtenir l’égalité. Nous progressons sur un certain nombre de sujets, mais nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir. Parmi les nominations que j’ai pu faire, il y a notamment la directrice adjointe du Conservatoire : nous sommes donc un binôme de femmes à la tête de l’établissement. 

Il reste encore de nombreux postes pour lesquels j’aimerais voir davantage de femmes nommées, ce qui pour l’instant n’est pas si évident. Nous avons un certain nombre de postes d’enseignant·es à pourvoir et pour certains d’entre eux je ne reçois aucune candidature féminine, j’essaie donc d’y travailler. Ce travail fonctionne à certains endroits et à d’autres non, ce qui veut dire que je dois encore progresser. Mais je ne vais pas lâcher, car c’est un travail à très long terme. 

D’où vient ce manque de candidatures ? 

Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, certaines femmes m’ont témoigné du fait que leur passage par cet établissement avait été un traumatisme pour elles et qu’elles n’ont donc pas forcément envie d’y revenir. Ces témoignages nous invitent à travailler l’inclusivité de cet établissement pour que chacun et chacune puisse s’y sentir bien. 

Ensuite, il est important de rappeler que le Conservatoire est perçu comme un établissement de grande excellence. Les candidats enseignant·es doivent passer des épreuves pédagogiques devant un jury, épreuves très exigeantes et qui peuvent facilement être mal vécues lorsqu’on n’y est pas préparé. Beaucoup de candidat·es se présentent trois ou quatre fois avant d’obtenir un poste.

À ces enjeux existent donc plusieurs solutions : œuvrer pour qu’elles se sentent heureuses dans cette maison, mais également porter une réflexion sur le processus de recrutement et sur ce qui pourrait décourager les femmes. Au sein du département de jazz par exemple, il n’y a actuellement aucune femme parmi les enseignants. Cette année, nous avons créé un nouveau poste de professeur·e de chant pour lequel nous espérons obtenir davantage de candidatures féminines. Je suis certaine qu’avec plus de mixité, elles se sentiront plus à l’aise pour candidater. 

Les femmes sont-elles exclues de la direction du milieu culturel ? 

Toutes les nominations des cinq dernières années à des directions d’opéra en France concernent des hommes. Nous savons pourtant que ce sujet figurait parmi les priorités du quinquennat d’Emmanuel Macron, et que les différentˑes ministres de la Culture ont tous·tes affiché la volonté de changer les choses. Il n’y a actuellement plus que deux femmes directrices d’opéra en France. 

Nous constatons même dans certains endroits, comme cela a été le cas pour les centres chorégraphiques nationaux par exemple, qu’après une phase de progression, la situation pouvait à nouveau se détériorer rapidement. Donc oui, c’est un fait.

Propos recueillis par Morgane Irsuti 50-50 Magazine 

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