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Le blog de hugo,

poemes

Les poètes,poesies,poemes,

27 Août 2014, 01:02am

Publié par hugo


Les poètes


Au siècle qui s’en vient hommes et femmes fortes
Nous lutterons sans maîtres au loin des cités mortes
Sur nous tous les jours le guillotiné d’en haut
Laissera le sang pleuvoir sur nos fronts plus beaux.
Les poètes vont chantant Noël sur les chemins
Célébrant la justice et l’attendant demain
Les fleurs d’antan se sont fanées et l’on n’y pense plus
Et la fleur d’aujourd’hui demain aura vécu.
Mais sur nos cœurs des fleurs séchées fleurs de jadis
Sont toujours là immarcescibles à nos cœurs tristes
Je marcherai paisible vers les pays fameux
Où des gens s’en allaient aux horizons fumeux
Et je verrai les plaines où les canons tonnèrent
Je bercerai mes rêves sur les vastes mers
Et la vie hermétique sera mon désespoir
Et tendre je dirai me penchant vers Elle un soir
Dans le jardin les fleurs attendent que tu les cueilles
Et est-ce pas ? ta bouche attend que je la veuille ?
Ah ! mes lèvres ! sur combien de bouches mes lèvres ont posé
Ne m’en souviendrai plus puisque j’aurai les siennes
Les siennes Vanité ! Les miennes et les siennes
Ah ! sur combien de bouches les lèvres ont posé
Jamais jamais heureux toujours toujours partir
Nos pauvres yeux bornés par les grandes montagnes
Par les chemins pierreux nos pauvres pieds blessés
Là-bas trop [près] du but notre bâton brisé
Et la gourde tarie et la nuit dans les bois
Les effrois et les lèvres l’insomnie et les voix
La voix d’Hérodiade en rut et amoureuse
Mordant les pâles lèvres du Baptiste décollé
Et la voix des hiboux nichés au fond des yeuses
Et l’écho qui rit la voix la voix des en allés
Et la voix de folie et de sang le rire triste
De Macbeth quand il voit au loin la forêt marcher
Et ne songe pas à s’apercevoir des reflets d’or
Soleil des grandes lances des dendrophores
Guillaume Apollinaire
Poème classé dans Amour, Guerre, Guillaume Apollinaire, Nature.

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Je t’écris ô mon Lou,poésies,poèmes,

27 Août 2014, 00:55am

Publié par hugo



Je t’écris ô mon Lou


Je t’écris ô mon Lou de la hutte en roseaux
Où palpitent d’amour et d’espoir neuf coeurs d’hommes
Les canons font partir leurs obus en monômes
Et j’écoute gémir la forêt sans oiseaux
Il était une fois en Bohême un poète
Qui sanglotait d’amour puis chantait au soleil
Il était autrefois la comtesse Alouette
Qui sut si bien mentir qu’il en perdit la tête
En perdit sa chanson en perdit le sommeil
Un jour elle lui dit Je t’aime ô mon poète
Mais il ne la crut pas et sourit tristement
Puis s’en fut en chantant Tire-lire Alouette
Et se cachait au fond d’un petit bois charmant
Un soir en gazouillant son joli tire-lire
La comtesse Alouette arriva dans le bois
Je t’aime ô mon poète et je viens te le dire
Je t’aime pour toujours Enfin je te revois
Et prends-la pour toujours mon âme qui soupire
Ô cruelle Alouette au coeur dur de vautour
Vous mentîtes encore au poète crédule
J’écoute la forêt gémir au crépuscule
La comtesse s’en fut et puis revint un jour
Poète adore-moi moi j’aime un autre amour
Il était une fois un poète en Bohême
Qui partit à la guerre on ne sait pas pourquoi
Voulez-vous être aimé n’aimez pas croyez-moi
Il mourut en disant Ma comtesse je t’aime
Et j’écoute à travers le petit jour si froid
Les obus s’envoler comme l’amour lui-même
10 avril 1915.
Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou (1915)
Poème dédié à la Comtesse Louise de Coligny, dite Lou.
Poème classé dans Amour, Guerre, Guillaume Apollinaire.

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Bon anniversaire Guillaume Apollinaire,histoire,histoire de france,poete,

27 Août 2014, 00:47am

Publié par hugo

Bon anniversaire Guillaume Apollinaire
HOME CULTURE LIVRES
Par Pierre Adrian Publié le 26/08/2014 à 17:14
Il y a 134 ans aujourd'hui naissait Guillaume Apollinaire. Mobilisé en décembre 1914, le poète fut blessé au visage par un éclat d'obus en 1916.
Le 26 août 1880, il y a cent trente quatre ans exactement, naissait l'auteur d'Alcools, poète emporté par la guerre 1914-1918.


Né à Rome, originaire de Pologne et naturalisé français, Guillaume Apollinaire - son nom de naissance est Wilhelm de Kostrowitzky - est le plus européen des écrivains français du début du XXe siècle. Poète moderne, Il transposa le futurisme en poésie, reniant la ponctuation, louant la machine et les paysages industriels dans Alcools publié en 1913. À l'été 1914, le tocsin réveille les villages de France abrutis par le soleil d'été. La France est en guerre. Alors qu'il couvre l'actualité culturelle à Deauville, Apollinaire rentre précipitamment à Paris à la fin du mois d'août. Il écrit ainsi:
«Le 31 du mois d'Août 1914
Je partis de Deauville un peu avant minuit
Dans la petite auto de Rouveyre
Avec son chauffeur nous étions trois
Nous dîmes adieu à toute une époque
Des Géants furieux se dressaient sur l'Europe»
Il est mobilisé en décembre 1914. Il lit Le Mercure de France dans sa tranchée, quand un éclat d'obus lui blesse le visage en 1916. Affaibli par sa blessure et atteint de la grippe espagnole deux ans plus tard, il meurt le 9 novembre 1918. Son cœur, «pareil à une flamme renversée» (Calligrammes, 1918) s'arrête de battre en même temps que les obus cessent de claquer. La guerre est terminée. Et en pleine armistice, à Paris, on enterre Guillaume Apollinaire dans l'indifférence.
Depuis 2013, Apollinaire est entré dans le domaine public
Entrées dans le domaine public il y a un an et demi, les œuvres de Guillaume Apollinaire peuvent dès lors être rééditées et diffusées librement. Et comme 2014 est une année de commémorations, on exhume ici et là des textes de la Grande Guerre. En mai dernier, est sorti chez Gallimard un recueil de textes littéraires sur la Première Guerre Mondiale, La Grande Guerre des écrivains, d'Apollinaire à Zweig, dans lequel on retrouve des textes rédigés par le poète sur le front. Le 17 décembre 1915, Guillaume Apollinaire écrit par exemple:
«Cette nuit est si belle où la balle roucoule
Tout un fleuve d'obus sur nos têtes s'écoule
Parfois une fusée illumine la nuit
C'est une fleur qui s'ouvre et puis s'évanouit»
Le monde d'Apollinaire, ses flâneries au bord du Rhin, ses années de critique littéraire et artistique sont aussi racontés dans une biographie dense et accomplie de Laurence Campa parue chez Gallimard à l'été 2013.
L'AUTEUR
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1914, l'été meurtrier
A propos de Guillaume Apollinaire
Poète et écrivain français.
Né à Rome, Italie le 26 août 1880.
Décédé à Paris le 9 novembre 1918.
Biographie
Oeuvre
Citations
Pierre Adrian

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YEUX BLEUS PAR BERTRAND STEFANINK, POESIE,POEMES,

1 Juin 2014, 17:18pm

Publié par hugo

YEUX BLEUS
SI VOUS AVIEZ DES YEUX BLEUS J Y PLONGERAI POUR VOUR VOIR VOUS SENTIR ET QUE VOUS ME VOYEZ ,je serai dans votre cœur vous penseriez à moi et je penserai à vous tout le temps et nos cœurs serai l unissons et voguerais dans les flots de la vie.
si tu est d accord avec tous cela fais moi signe et marchons dans le soleil couchant tout les soirs et toutes les nuits et je serai ton soleil pour toute la vie .
copyright@ BERTRAND STEFANINK

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AMOUR REGARDE MOI PAR BERTRAND STEFANINK

29 Mai 2014, 14:57pm

Publié par hugo

AMOUR REGARDE MOI
AMOUR REGARDE MOI ,
AMOUR VIENs VIVRE AVEC MOI , MOI QUI SUIS SEUL ET QUI CHERCHE UNE VRAIe HISTOIRE
AMOUR PRENDs MOI LA MAIN OU LAISSE MOI TE PRENDRE LA MAIN ,
AMOUR FAIS MOI SIGNE !!!!
COPYRIGHT@BERTRAND STEFANINK

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CHANSONS ROMÉO KIFFE JULIETTE - GRAND CORPS MALADE,amour,poesie,poemes,

5 Mars 2014, 02:47am

Publié par hugo

CHANSONS ROMÉO KIFFE JULIETTE - GRAND CORPS MALADE

Votez pour cette chanson 3.5
Téléchargez la sonnerie "Roméo Kiffe Juliette" sur votre mobile
Roméo habite au rez-de-chaussée du bâtiment trois
Juliette dans l’immeuble d’en face au dernier étage
Ils ont 16 ans tous les deux et chaque jour quand ils se voient
Grandit dans leur regard une envie de partage
C’est au premier rendez-vous qu’ils franchissent le pas
Sous un triste ciel d’automne où il pleut sur leurs corps
Ils s’embrassent comme des fous sans peur du vent et du froid
Car l’amour a ses saisons que la raison ignore


(Refrain)
Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des hommes
Un amour, du courage et deux enfants hors des normes


Juliette et Roméo se voient souvent en cachette
Ce n’est pas qu’autour d’eux les gens pourraient se moquer
C’est que le père de Juliette a une kippa sur la tête
Et celui de Roméo va tous les jours à la mosquée
Alors ils mentent à leurs familles, ils s’organisent comme des pros
S’il n’y a pas de lieux pour leur amour, ils se fabriquent un décor
Ils s’aiment au cinéma, chez des amis, dans le métro
Car l’amour a ses maisons que les darons ignorent


(Refrain)


Le père de Roméo est vénèr, il a des soupçons
La famille de Juliette est juive, tu ne dois pas t’approcher d’elle
Mais Roméo argumente et résiste au coup de pression
On s’en fout papa qu’elle soit juive, regarde comme elle est belle
Alors l’amour reste clandé dès que son père tourne le dos
Il lui fait vivre la grande vie avec les moyens du bord
Pour elle c’est sandwich au grec et cheese au McDo
Car l’amour a ses liaisons que les biftons ignorent


(Refrain)


Mais les choses se compliquent quand le père de Juliette
Tombe sur des messages qu’il n’aurait pas dû lire
Un texto sur l’i-phone et un chat Internet
La sanction est tombée, elle ne peut plus sortir
Roméo galère dans le hall du bâtiment trois
Malgré son pote Mercutio, sa joie s’évapore
Sa princesse est tout prêt mais retenue sous son toit
Car l’amour a ses prisons que la raison déshonore
Mais Juliette et Roméo changent l’histoire et se tirent
A croire qu’ils s’aiment plus à la vie qu’à la mort
Pas de fiole de cyanure, n’en déplaise à Shakespeare
Car l’amour a ses horizons que les poisons ignorent


(Refrain)


Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans un orage réactionnaire et insultant
Un amour et deux enfants en avance sur leur temps.
Téléchargez la sonnerie "Roméo Kiffe Juliette" sur votre mobile
Les plus grands succès de Grand Corps Malade

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Évariste de Parny (1753-1814),poesie,poemes,

23 Novembre 2013, 02:03am

Publié par hugo



Évariste de Parny (1753-1814).
Recueil : Poésies érotiques (1778).
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T'aimer est le bonheur suprême.


Oui, j'en atteste la nuit sombre
Confidente de nos plaisirs,
Et qui verra toujours son ombre
Disparaître avant mes désirs ;
J'atteste l'étoile amoureuse
Qui pour voler au rendez-vous
Me prête sa clarté douteuse ;
Je prends à témoin ce verrou
Qui souvent réveilla ta mère,
Et cette parure étrangère
Qui trompe les regards jaloux ;
Enfin, j'en jure par toi-même,
Je veux dire par tous mes Dieux,
T'aimer est le bonheur suprême,
Il n'en est point d'autre à mes yeux.
Viens donc, ô ma belle maîtresse,
Perdre tes soupçons dans mes bras.
Viens t'assurer de ma tendresse,
Et du pouvoir de tes appas.
Cherchons des voluptés nouvelles ;
Inventons de plus doux désirs ;
L'amour cachera sous ses ailes
Notre fureur et nos plaisirs.
Aimons, ma chère Éléonore :
Aimons au moment du réveil ;
Aimons au lever de l'aurore ;
Aimons au coucher du soleil ;
Durant la nuit aimons encore.





Évariste de Parny.

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Victor Hugo (1802-1885).,poesie,poemes,

23 Novembre 2013, 02:00am

Publié par hugo



Victor Hugo (1802-1885).
Recueil : Les rayons et les ombres (1840).
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Dieu qui sourit et qui donne.


Dieu qui sourit et qui donne
Et qui vient vers qui l'attend,
Pourvu que vous soyez bonne,
Sera content.


Le monde où tout étincelle,
Mais où rien n'est enflammé,
Pourvu que vous soyez belle,
Sera charmé.


Mon cœur, dans l'ombre amoureuse
Où l'enivre deux beaux yeux,
Pourvu que tu sois heureuse,
Sera joyeux.


Le 1er janvier 1840.

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liberte eluard,

22 Novembre 2013, 22:28pm

Publié par hugo



Liberté


Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffées d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté
Paul Eluard, Poésies et vérités, 1942
Poème classé dans Guerre, Liberté, Paul Eluard.
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Le Petit Prince chapitres 20, 21 : rencontre avec le renard,livres,petit prince,

15 Octobre 2013, 16:23pm

Publié par hugo

C'est alors qu'apparut le renard:




- Bonjour, dit le renard.


- Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.


- Je suis là, dit la voix, sous le pommier.


- Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli...


- Je suis un renard, dit le renard.


- Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...


- Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.


- Ah! pardon, fit le petit prince.


Mais, après réflexion, il ajouta:


- Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?


- Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu ?


- Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?


- Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant ! Ils élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?


- Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?


- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie "créer des liens..."


- Créer des liens ?


- Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...


- Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...


- C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses...


- Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince.


Le renard parut très intrigué :


- Sur une autre planète ?


- Oui.


- Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ?


- Non.


- Ça, c'est intéressant ! Et des poules ?


- Non.


- Rien n'est parfait, soupira le renard.


Mais le renard revint à son idée:


- Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...


Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince:


- S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il.


- Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.


- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !


- Que faut-il faire? dit le petit prince.


- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...


Le lendemain revint le petit prince.


- Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le cœur... Il faut des rites.


- Qu'est-ce qu'un rite ? dit le petit prince.


- C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.


Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche:


- Ah! dit le renard... Je pleurerai.


- C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...


- Bien sûr, dit le renard.


- Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince.


- Bien sûr, dit le renard.


- Alors tu n'y gagnes rien !


- J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.


Puis il ajouta:


- Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.


Le petit prince s'en fut revoir les roses:


- Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisé et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.


Et les roses étaient bien gênées.


- Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.


Et il revint vers le renard:


- Adieu, dit-il...


- Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.


- L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.


- C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.


- C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.


- Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...


- Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir.

http://www3.sympatico.ca/gaston.ringuelet/lepetitprince/chapitre21.html

http://www3.sympatico.ca/gaston.ringuelet/lepetitprince/chapitre21.html

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