Heinrich Heine
DU POÈTE ROMANTIQUE À L’ÉCRIVAIN VISIONNAIRE
Le 17 février 1856, Heinrich Heine, l’un des grands auteurs allemands du XIXe siècle, meurt à Paris. Il fut poète, polémiste, défenseur de la liberté de pensée, pionnier du rapprochement franco-allemand…
“Thema” nous parle d’un homme au regard et à l’engagement étonnamment actuels.
22h10 Film
Quand je pense à l’Allemagne, la nuit
(Denk ich an Deutschland in der Nacht)
Film de Gordian Maugg (Allemagne, 2005, 1h, VF)
Scénario : Alexander Häusser et Gordian Maugg
Avec : Rüdiger Vogler (Heine vieux), Fabian Busch (Heine jeune),
Katharina Wackernagel (son épouse Mathilde), Peter Wolf
(Gustav, frère de Heine), Rafael Mayer (l’éditeur Julius Campe)
Image : Lutz Reitemeier
Production : Katarina M. Trebitsch
Cloué au lit par la maladie, Heine parle avec ses proches et se souvient… Une évocation de sa vie avec l’acteur Rüdiger Vogler.
Heinrich Heine passe les huit dernières années de sa vie paralysé sur un lit de douleur, dans une mansarde minable de la rue d’Amsterdam, à Paris. Le grand poète, le nomade romantique, l’éternel amoureux, est devenu grabataire. Même prisonnier de ce qu’il appelle son “matelastombeau”, il continue de prôner la liberté. Son esprit reste vif et acéré. Il s’entretient avec son frère Gustav, son ami et éditeur Campe, son épouse Mathilde, la mulâtresse qui le soigne. Ces séquences dans la mansarde tissent le fil conducteur du film de Gordian Maugg et alternent avec des scènes où le poète rêve et se souvient.
De son enfance et de sa jeunesse à Düsseldorf, alors occupée par les troupes de Napoléon ; de son isolement en tant que juif qui le marquera à vie ; de ses premiers engagements politiques. Déjà opposé à tout nationalisme réducteur, il se pose en citoyen du monde. Il a des démêlés avec les autorités. En quête d’une identité allemande, il arpente le Harz. Les écrits qu’il en rapporte lui valent son premier succès littéraire. Si Heine croit enfin trouver la paix en se convertissant, en 1825, au protestantisme, il n’en est rien. Ses détracteurs sont de plus en plus féroces, ses oeuvres sont mutilées par la censure.
En 1931, il émigre à Paris, qu’il découvre avec enthousiasme. Il y rencontre sa future femme, Eugénie, qu’il rebaptise Mathilde. En 1843, Heine se rend clandestinement en Allemagne pour voir sa mère. Il trouve détestable la situation de son pays, qu’il décrira dans le magnifique Wintermärchen (Conte d’hiver). Il établit des relations chaleureuses avec Karl Marx, dont il apprécie les idées. Ironie du sort, c’est en 1848, alors que la révolution gronde dans les rues de Paris, que Heine est terrassé par la myopathie qui le clouera au lit pour huit ans.
Rüdiger Vogler - Acteur fétiche de Wim Wenders à ses débuts, Rüdiger Vogler a joué dans plus de cent vingts films et téléfilms. Il campe magistralement un Heinrich Heine malade mais en pleine possession de ses moyens, amoureux de la vie malgré sa souffrance.
Gordian Maugg - Gordian Maugg, 39 ans, réalisateur de cinéma, a un goût marqué pour les sujets historiques. Il mêle avec talent fiction poétique et scènes d’une rigueur toute documentaire, comme dans son dernier film, Zeppelin, coproduit par ARTE.
23.15
Nous avons partagé leurs rêves
Heine et son temps
Documentaire de David Wittenberg (Allemagne, 2005, 53mn)
WDR
Heinrich Heine hier et aujourd’hui, en Allemagne et en France : portrait d’un homme engagé. Nous dirions aujourd’hui qu’il défend les droits de l’homme et agit en citoyen engagé. Il n’était pas courant, dans la première moitié du XIXe siècle, de militer contre le racisme, l’antisémitisme et le nationalisme, de dénoncer les intégrismes, de plaider pour la démocratie. Et de traduire ensuite ses observations et ses engagements dans des phrases percutantes. Heine s’intéresse aussi à l’économie, à la révolution industrielle, au prolétariat. Il rêve d’une véritable liberté de presse et d’expression. Celui qui aura toute sa vie du mal à assumer son identité d’Allemand et de juif devientvisionnaire lorsqu’il s’agit d’imaginer l’avenir de la patrie qui l’a rejeté : “Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler les hommes.” (Almansor, 1821)
Quand il n’évoque pas ses semblables, il décrit la nature. À l’aise dans la prose comme dans la poésie, il connaît parfaitement les livres des autres, auxquels il consacre divers essais. Heine est un romantique qui a su se détacher du romantisme pour entrer dans son siècle et capter l’esprit de son temps, avec une imagination et un humour qui lui sont propres.
Retour à la page d'accueil
Edité le : 14-02-06
Dernière mise à jour le : 26-05-14
http://www.arte.tv/fr/heinrich-heine/1118474,CmC=1118468.html
Heinrich Heine
Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes.