Copé est choqué par "Tous à poil"... mais "Le Petit Chaperon Rouge" est bien plus hard !,contes,enfants,sexes,
Copé est choqué par "Tous à poil"... mais "Le Petit Chaperon Rouge" est bien plus hard !
Publié le 21-03-2014 à 16h36 - Modifié à 16h36
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Temps de lecture Temps de lecture : 3 minutes
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Par Véronique Pot
Professeur de français
LE PLUS. En février dernier, Jean-François Copé avait accusé un livre, intitulé "Tous à poil", d'introduire une supposée "théorie du genre" à l'école et avait ainsi créé la polémique. Mais cet ouvrage est-il vraiment plus obscène que les autres livres pour enfants ? Pour comprendre, Véronique Pot, professeur de français, ranime cette histoire à la lumière d’un conte universel.
Édité par Anaïs Chabalier Auteur parrainé par Aude Baron
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La célèbre histoire du "Petit Chaperon Rouge" n'est pas si innocente qu'elle en a l'air (© Véronique Pot)
Ces derniers temps, un grand intellectuel de droite s’est offusqué du caractère trop osé d’un ouvrage de littérature enfantine désormais promis aux meilleures ventes : le célèbre "Tous à poil".
On y voit en effet l’institutrice "à poil", et c’est sûr qu’un prof à poil, y a de quoi en traumatiser plus d’un.
Parce que le débat s’est enflammé, parce qu’il touche de près les questions de sexualité, de censure ou d’éducation, et parce que la littérature est une chose sérieuse, l’histoire mérite d’être ranimée un instant, à la lumière d’un vieux conte, universel : "Le Petit Chaperon Rouge".
Le conte de Perrault, plus violent que la maîtresse à poil
Pour les amnésiques sévères, on en rappellera les grandes lignes : un petit chaperon rouge, mignon mignon, traverse une forêt pour aller porter un petit pot de beurre à sa gentille mère-grand, mais voilatipa qu’un méchant loup, malin malin, lui propose un autre chemin. Et pendant que la petite fille batifole tranquillement dans les champs, le loup arrive chez la grand-mère, la mange, et ne fait qu’une bouchée, ensuite, du petit chaperon, bien puni de sa légèreté [1].
Plus violent que la maîtresse à poil, isn’t it ?
Surtout que du poil, dans ce conte, il y en a, et de la testostérone avec : le loup, la morale de Perrault ne permet pas d’en douter, est un homme, un vrai, un avec une longue queue. Chez lui tout est "grand", les oreilles, le nez, les yeux, on imagine le reste sans peine.
Le bel étalon, donc, séduit littéralement le mignon mignon petit chaperon [2]. Un pervers, à n’en pas douter : après avoir passé la grand-mère à la casserole, il se fait le petit chaperon... C’est qu’on ne s’embarrasse pas des convenances, en forêt profonde : pas besoin d’un dîner aux chandelles pour passer à l’attaque.
A force de tout édulcorer, il ne restera plus rien à lire
Dans des versions antérieures, au viol du petit chaperon rouge, (symbolisé dans le conte par l’engloutissement), venait s’ajouter une subtile touche de cannibalisme.
Dans ces versions orales (trop "hard" pour avoir été consignées à l’écrit ?) le chaperon, mignon mignon, se faisait tranquillement d’appétissants petits boudins noirs avec le sang de mère-grand, conservé dans une cruche par le loup. Et si une petite chatte (!) prenait soin de la prévenir du sacrilège : "Pue ! Salope ! Qui mange la chair, qui boit le sang de sa grand-mère", la mignonne mignonne fillette restait sourde aux avertissements, et mangeait goulûment les restes de son aïeule.
A l’heure où l’on craint de montrer la maîtresse à poil ou des pingouins virils en pleine love story, que penser du petit chaperon rouge, séduite par un étalon sans vergogne ? A force de tout vouloir édulcorer, (ce sont ces chochottes de frères Grimm qui ont commencé) que pourront bien raconter les histoires pour enfants ? Que restera-t-il à lire ?
Alors, les petits nenfants, serrez les dents, approchez-vous et écoutez...
[1] C’est l’une des premières versions écrites, celle de Perrault, édulcorée ensuite par les frères Grimm : dans leur version, le Petit Chaperon Rouge et sa grand-mère sont sauvées par des chasseurs, qui ouvrent le ventre du loup.
[2] se-ducere signifiant littéralement "conduire hors de", le loup est ici l’incarnation parfaite su séducteur puisqu’il propose au chaperon de changer de chemin pour se rendre chez sa grand-mère.
Copé est choqué par "Tous à poil"... mais "Le Petit Chaperon Rouge" est bien plus hard !
LE PLUS. En février dernier, Jean-François Copé avait accusé un livre, intitulé "Tous à poil", d'introduire une supposée "théorie du genre" à l'école et avait ainsi créé la polémique. ...