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Le blog de hugo,

poemes

Le serment.Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859).amour,femmes, poesies,poemes,

8 Octobre 2013, 03:21am

Publié par hugo

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859).
Recueil : Romances (1830).
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Le serment.


Idole de ma vie,
Mon tourment, mon plaisir,
Dis-moi si ton envie
S'accorde à mon désir ?
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.


Donne-moi l'espérance ;
Je te l'offre en retour.
Apprends-moi la constance ;
Je t'apprendrai l'amour.
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.


Sois d'un cœur qui t'adore
L'unique souvenir ;
Je te promets encore
Ce que j'ai d'avenir.
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.


Vers ton âme attirée
Par le plus doux transport,
Sur ta bouche adorée
Laisse-moi dire encor :
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.





Marceline Desbordes-Valmore.

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Aux femmes.Germain Nouveau (1851-1920).femmes,poesies,poemes,amours,

8 Octobre 2013, 03:14am

Publié par hugo

* * * * * * * * * * * * * * * * *


Germain Nouveau (1851-1920).
Recueil : La doctrine de l'amour (1881).
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Aux femmes.


Et vous, l'ancienne esclave à la caresse amère,
Vous le bétail des temps antiques et charnels,
Vous, femmes, dont Jésus fit la Vierge et la Mère,
D'après Celle qui porte en ses yeux maternels
Le reflet le plus grand des rayons éternels,


Aimez ces grands enfants pendus à votre robe,
Les hommes, dont la lèvre est ivre encore du lait
De vos mamelles d'or qu'un linge blanc dérobe ;
Aimez l'homme, il est bon ; aimez-le, s'il est laid.
S'il est déshérité, c'est ainsi qu'il vous plaît.


Les hommes sont vos fruits : partagez-leur votre âme
Votre âme est comme un lait qui ne doit pas tarir,
Ô femmes, pour ces fils douloureux de la femme
Que vous faites pour vivre, hélas ! et pour souffrir ;
Que seul, le Fils de l'homme empêche de mourir !


L'enfant c'est le mystère avec lequel tu joues,
C'est l'inconnu sacré que tu portes neuf mois,
Pendant que la douleur te baise sur les joues,
Mère qui fais des gueux et toi qui fais des rois,
Vous qui tremblez toujours et mourez quelquefois.


Comme autrefois les flancs d'Eve en pleurs sous les branches,
Au jardin favorable où depuis l'amour dort,
Ton labeur est maudit ! Ceux sur qui tu te penches,
Vois, mère, le plus doux, le plus beau, le plus fort,
Il apprend l'amertume et connaîtra la mort.


C'est toi la source, ô femme, écoute, ô mère folle
D'Ésope qui boitait, de Caïn qui griffait,
Vois le fruit noir tombé de ton baiser frivole,
Savoure-le pourtant, comme un divin effet,
En noyant dans l'amour l'horreur de l'avoir fait.


Pour l'amour, tout s'enchante en sa clarté divine.
Aimez comme vos fils les hommes ténébreux ;
Leur cœur, si vous voulez, votre cœur le devine :
Le plus graves au fond sont des enfants peureux ;
Le plus digne d'amour, c'est le plus malheureux.


Eclairez ces savants, ô vous les clairvoyantes,
Ne les avez-vous pas bercés sur vos genoux,
Tout petits ? Vous savez leurs âmes défaillantes ;
Quand ils tombent, venez ; ils sont francs, ils sont doux ;
S'ils deviennent méchants, c'est à cause de vous.


C'est à cause de vous que la discorde allume
Leurs yeux, et c'est pour vous, pour vous plaire un moment
Qu'ils font couler une encre impure sous leur plume.
Cet homme si loyal, ce héros si charmant,
S'il vous adore, il tue, et sur un signe il ment.


L'heure sonne, écoutez, c'est l'heure de la femme ;
Car les temps sont venus, où, tout vêtu de noir,
L'homme, funèbre, a l'air d'être en deuil de son âme
Ah ! rendez-lui son âme, et, comme en un miroir,
Qu'il regarde en la vôtre et qu'il aime à s'y voir.


Au lieu de le tenter, comme un démon vous tente,
Au lieu de garrotter ses membres las, au lieu
De tondre sur son front sa toison éclatante,
Vous, qui foulez son cœur, et vous faites un jeu
De piétiner sa mère, et d'en dissiper Dieu,


Ôtez-lui le vin rouge où son orgueil se grise ;
Retirez-lui l'épée où se crispe sa main ;
Montrez-lui les sentiers qui mènent à l'église,
Parmi l'œillet, le lys, la rose et le jasmin ;
Faites-lui voir le vice un banal grand chemin.


Dites à ces enfants qu'il n'est pas raisonnable
De poursuivre le ciel ailleurs que dans les cieux,
De rêver d'un amour qui cesse d'être aimable,
De se rire du Maître en s'appelant des dieux,
Et de nier l'enter quand ils l'ont dans les yeux.


Cependant l'homme est roi ; s'il courbe son échine
Sur le sillon amer qu'il creuse avec ennui,
S'il traîne ses pieds lourds, le sceau de l'origine
Céleste à son front reste, où l'amour même a lui ;
Et comme il sort de Dieu, femme, tu sors de lui.


Cette paternité brille dans sa faiblesse
Autant que dans sa force ; il a l'autorité.
N'en faites pas un maître irrité qui vous blesse ;
Dans la sombre forêt de l'âpre humanité
L'homme est le chêne, et Dieu lui-même l'a planté.


Respectez ses rameaux, redoutez sa colère,
Car Dieu mit votre sort aux mains de ce proscrit.
Voyez d'abord ce blanc porteur de scapulaire,
Ce moine, votre père auprès de Jésus-Christ :
Il montre dans ses yeux le feu du Saint-Esprit.


En faisant de l'amour leur éternelle étude
Les moines sont heureux à l'ombre de la Croix ;
Ils peuplent avec Dieu leur claire solitude ;
L'étang bleu qui se mêle à la paix des grands bois,
Voilà leur cœur limpide où s'éveillent des voix.


Les apôtres menteurs et les faux capitaines
Qui soumettent les cœurs, mais que Satan soumet,
Vous les reconnaîtrez à des tares certaines :
La luxure a Luther ; l'orgueil tient Mahomet ;
Saint Jean, lui, marchait pur, aussi Jésus l'aimait.


Plus haut que les guerriers, plus haut que les poètes,
Peuple sur lequel souffle un vent mystérieux,
Dominant jusqu'au trône ébloui par les fêtes
Des empereurs blanchis aux regards soucieux,
Et par-dessus la mer des peuples furieux,


À l'ombre de sa belle et haute basilique,
Dans Rome, où vous vivez, cendres du souvenir,
Gouvernant avec fruit sa douce République,
Qu'il mène vers le seul, vers l'unique avenir,
Jaloux de ne lever la main que pour bénir,


Le prêtre luit, vêtu de blanc, comme les marbres,
Dédoublement sans lin du Christ mystérieux,
Berger, comme Abraham qui campe sous les arbres ;
Toute la vérité vieille au fond de ses yeux.
Et maintenant, paissez, long troupeau, sous les cieux.





Germain Nouveau.

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T'aimer est le bonheur suprême.Évariste de Parny (1753-1814).poemes,poesies,amours,femmes,

8 Octobre 2013, 03:08am

Publié par hugo



Évariste de Parny (1753-1814).
Recueil : Poésies érotiques (1778).
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T'aimer est le bonheur suprême.


Oui, j'en atteste la nuit sombre
Confidente de nos plaisirs,
Et qui verra toujours son ombre
Disparaître avant mes désirs ;
J'atteste l'étoile amoureuse
Qui pour voler au rendez-vous
Me prête sa clarté douteuse ;
Je prends à témoin ce verrou
Qui souvent réveilla ta mère,
Et cette parure étrangère
Qui trompe les regards jaloux ;
Enfin, j'en jure par toi-même,
Je veux dire par tous mes Dieux,
T'aimer est le bonheur suprême,
Il n'en est point d'autre à mes yeux.
Viens donc, ô ma belle maîtresse,
Perdre tes soupçons dans mes bras.
Viens t'assurer de ma tendresse,
Et du pouvoir de tes appas.
Cherchons des voluptés nouvelles ;
Inventons de plus doux désirs ;
L'amour cachera sous ses ailes
Notre fureur et nos plaisirs.
Aimons, ma chère Éléonore :
Aimons au moment du réveil ;
Aimons au lever de l'aurore ;
Aimons au coucher du soleil ;
Durant la nuit aimons encore.





Évariste de Parny.

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Vers amoureux.Charles Cros (1842-1888).POESIES,POEMES,amour,femmes,

8 Octobre 2013, 02:34am

Publié par hugo



Charles Cros (1842-1888).
Recueil : Le coffret de santal (1873).
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Vers amoureux.


Comme en un préau d'hôpital de fous
Le monde anxieux s'empresse et s'agite
Autour de mes yeux, poursuivant au gîte
Le rêve que j'ai quand je pense à vous.


Mais n'en pouvant plus, pourtant, je m'isole
En mes souvenirs. Je ferme les yeux ;
Je vous vois passer dans les lointains bleus,
Et j'entends le son de votre parole.


*


Pour moi, je m'ennuie en ces temps railleurs.
Je sais que la terre aussi vous obsède.
Voulez-vous tenter (étant deux on s'aide)
Une évasion vers des cieux meilleurs ?





Charles Cros.

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Le doigt de la femme.Victor Hugo (1802-1885).,amour,femmes,poesies, poemes

5 Octobre 2013, 06:37am

Publié par hugo



Victor Hugo (1802-1885).
Recueil : Les chansons des rues et des bois (1865).
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Le doigt de la femme.


Dieu prit sa plus molle argile
Et son plus pur kaolin,
Et fit un bijou fragile,
Mystérieux et câlin.


Il fit le doigt de la femme,
Chef-d'oeuvre auguste et charmant,
Ce doigt fait pour toucher l'âme
Et montrer le firmament.


Il mit dans ce doigt le reste
De la lueur qu'il venait
D'employer au front céleste
De l'heure où l'aurore naît.


Il y mit l'ombre du voile,
Le tremblement du berceau,
Quelque chose de l'étoile,
Quelque chose de l'oiseau.


Le Père qui nous engendre
Fit ce doigt mêlé d'azur,
Très fort pour qu'il restât tendre,
Très blanc pour qu'il restât pur,


Et très doux, afin qu'en somme
Jamais le mal n'en sortît,
Et qu'il pût sembler à l'homme
Le doigt de Dieu, plus petit.


Il en orna la main d'Eve,
Cette frêle et chaste main
Qui se pose comme un rêve
Sur le front du genre humain.


Cette humble main ignorante,
Guide de l'homme incertain,
Qu'on voit trembler, transparente,
Sur la lampe du destin.


Oh ! dans ton apothéose,
Femme, ange aux regards baissés,
La beauté, c'est peu de chose,
La grâce n'est pas assez ;


Il faut aimer. Tout soupire,
L'onde, la fleur, l'alcyon ;
La grâce n'est qu'un sourire,
La beauté n'est qu'un rayon ;


Dieu, qui veut qu'Eve se dresse
Sur notre rude chemin,
Fit pour l'amour la caresse,
Pour la caresse ta main.


Dieu, lorsque ce doigt qu'on aime
Sur l'argile fut conquis,
S'applaudit, car le suprême
Est fier de créer l'exquis.


Ayant fait ce doigt sublime,
Dieu dit aux anges : Voilà !
Puis s'endormit dans l'abîme ;
Le diable alors s'éveilla.


Dans l'ombre où Dieu se repose,
Il vint, noir sur l'orient,
Et tout au bout du doigt rose
Mit un ongle en souriant.





Victor Hugo.

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J'aime l'araignée,Victor HUGO (1802-1885),amour,poesies,poemes

5 Octobre 2013, 06:32am

Publié par hugo

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Victor HUGO (1802-1885)


J'aime l'araignée


J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait ;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;


Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu'elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;


Parce qu'elles sont prises dans leur oeuvre ;
Ô sort ! fatals noeuds !
Parce que l'ortie est une couleuvre,
L'araignée un gueux;


Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit...


Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !


Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie
De les écraser,


Pour peu qu'on leur jette un oeil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !

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Le doigt de la femme.Victor Hugo (1802-1885).amour,femmes,poesies,poemes,

4 Octobre 2013, 02:43am

Publié par hugo



Victor Hugo (1802-1885).
Recueil : Les chansons des rues et des bois (1865).
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Le doigt de la femme.


Dieu prit sa plus molle argile
Et son plus pur kaolin,
Et fit un bijou fragile,
Mystérieux et câlin.


Il fit le doigt de la femme,
Chef-d'oeuvre auguste et charmant,
Ce doigt fait pour toucher l'âme
Et montrer le firmament.


Il mit dans ce doigt le reste
De la lueur qu'il venait
D'employer au front céleste
De l'heure où l'aurore naît.


Il y mit l'ombre du voile,
Le tremblement du berceau,
Quelque chose de l'étoile,
Quelque chose de l'oiseau.


Le Père qui nous engendre
Fit ce doigt mêlé d'azur,
Très fort pour qu'il restât tendre,
Très blanc pour qu'il restât pur,


Et très doux, afin qu'en somme
Jamais le mal n'en sortît,
Et qu'il pût sembler à l'homme
Le doigt de Dieu, plus petit.


Il en orna la main d'Eve,
Cette frêle et chaste main
Qui se pose comme un rêve
Sur le front du genre humain.


Cette humble main ignorante,
Guide de l'homme incertain,
Qu'on voit trembler, transparente,
Sur la lampe du destin.


Oh ! dans ton apothéose,
Femme, ange aux regards baissés,
La beauté, c'est peu de chose,
La grâce n'est pas assez ;


Il faut aimer. Tout soupire,
L'onde, la fleur, l'alcyon ;
La grâce n'est qu'un sourire,
La beauté n'est qu'un rayon ;


Dieu, qui veut qu'Eve se dresse
Sur notre rude chemin,
Fit pour l'amour la caresse,
Pour la caresse ta main.


Dieu, lorsque ce doigt qu'on aime
Sur l'argile fut conquis,
S'applaudit, car le suprême
Est fier de créer l'exquis.


Ayant fait ce doigt sublime,
Dieu dit aux anges : Voilà !
Puis s'endormit dans l'abîme ;
Le diable alors s'éveilla.


Dans l'ombre où Dieu se repose,
Il vint, noir sur l'orient,
Et tout au bout du doigt rose
Mit un ongle en souriant.





Victor Hugo.

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Le meilleur moment des amours.René-François Sully Prudhomme (1839-1907).amour,femmes,poesies,poemes,

4 Octobre 2013, 02:41am

Publié par hugo

René-François Sully Prudhomme (1839-1907).
Recueil : Stances et poèmes (1865).
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Le meilleur moment des amours.


Le meilleur moment des amours
N'est pas quand on a dit : « Je t'aime. »
Il est dans le silence même
À demi rompu tous les jours ;


Il est dans les intelligences
Promptes et furtives des cœurs ;
Il est dans les feintes rigueurs
Et les secrètes indulgences ;


Il est dans le frisson du bras
Où se pose la main qui tremble,
Dans la page qu'on tourne ensemble
Et que pourtant on ne lit pas.


Heure unique où la bouche close
Par sa pudeur seule en dit tant ;
Où le cœur s'ouvre en éclatant
Tout bas, comme un bouton de rose ;


Où le parfum seul des cheveux
Parait une faveur conquise !
Heure de la tendresse exquise
Où les respects sont des aveux.





René-François Sully Prudhomme.

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Le serment.Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859).amour,femmes,poesies, poemes,

4 Octobre 2013, 02:36am

Publié par hugo

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859).
Recueil : Romances (1830).
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Le serment.


Idole de ma vie,
Mon tourment, mon plaisir,
Dis-moi si ton envie
S'accorde à mon désir ?
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.


Donne-moi l'espérance ;
Je te l'offre en retour.
Apprends-moi la constance ;
Je t'apprendrai l'amour.
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.


Sois d'un cœur qui t'adore
L'unique souvenir ;
Je te promets encore
Ce que j'ai d'avenir.
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.


Vers ton âme attirée
Par le plus doux transport,
Sur ta bouche adorée
Laisse-moi dire encor :
Comme je t'aime en mes beaux jours,
Je veux t'aimer toujours.





Marceline Desbordes-Valmore.

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Hermina.Victor Hugo (1802-1885).poesies,poemes,amour,femmes,

4 Octobre 2013, 02:35am

Publié par hugo

Victor Hugo (1802-1885).
Recueil : Toute la lyre (1888 et 1893).
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Hermina.


J'atteignais l'âge austère où l'on est fort en thème,
Où l'on cherche, enivré d'on ne sait quel parfum,
Afin de pouvoir dire éperdument Je t'aime !
Quelqu'un.


J'entrais dans ma treizième année. Ô feuilles vertes !
Jardins ! croissance obscure et douce du printemps !
Et j'aimais Hermina, dans l'ombre. Elle avait, certes,
Huit ans.


Parfois, bien qu'elle fût à jouer occupée,
J'allais, muet, m'asseoir près d'elle, avec ferveur,
Et je la regardais regarder sa poupée,
Rêveur.


Il est une heure étrange où l'on sent l'âme naître ;
Un jour, j'eus comme un chant d'aurore au fond du coeur.
Soit, pensai-je, avançons, parlons ! c'est l'instant d'être
Vainqueur !


Je pris un air profond, et je lui dis : - Minette,
Unissons nos destins. Je demande ta main. -
Elle me répondit par cette pichenette :
- Gamin !





Victor Hugo.

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