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In Cécilia Ntelo-Wa-Leko We Trust, l’inclusion dès la petite enfance , femmes

7 Décembre 2021, 07:55am

Publié par hugo

 In Cécilia Ntelo-Wa-Leko We Trust, l’inclusion dès la petite enfance
  
Jehanne Bergé pour Les Grenades
 Publié le samedi 04 décembre 2021 à 07h35
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Dans la série In… We Trust (en français : "Nous croyons en"), Les Grenades vont à la rencontre de femmes arrivées là où personne ne les attendait. Dans cet épisode, direction Zarafa, une crèche qui se veut la plus inclusive possible, et où Cécilia Ntelo-Wa-Leko apprend la tolérance aux tout·es petit·es.

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C’est sur l’avenue de Meysse à Laeken, dans une grande maison quatre façades, que se loge la crèche Zarafa, dont le nom est inspiré d’un film d’animation retraçant la grande amitié entre une girafe et un petit garçon. Une longue rampe mène à l’entrée ; à l’intérieur, un espace chaleureux où joue une dizaine de bambins. Certain·es tournent leurs petites mains sur la chanson "ainsi font font font".

Un enfant demande de l’eau en signant. S’il n’est pas malentendant, il a pris l’habitude d’associer le signe à la parole à force d’observer Cécilia Ntelo-Wa-Leko. La directrice de cette crèche met en place un cadre privilégié à l’accueil de tous les bébés, entendants ou pas, ou porteurs d’un handicap léger ou pas.

Je suis éducatrice spécialisée, une crèche classique ne me suffisait pas. J’ai décidé d'y jumeler les questions de handicap et de surdité

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Grandir dans la tolérance et transmettre cette valeur
Son intérêt pour autrui, notre hôte du jour l'a en elle depuis toujours. "Je me rappelle en première primaire, ma prof faisait des projets avec l’association Arc-en-ciel. On organisait des activités avec des enfants porteurs de handicaps. J’adorais jouer avec ce groupe." Chez sa maman, elle vit et grandit à côté d’une voisine sourde. "Quand j’allais babysitter les enfants, je baragouinais en langue des signes. Aussi, dans mon école on intégrait les enfants sourds. Pour certains cours l’interprète venait et traduisait la leçon. J’en ai eu marre de commettre des fautes à chaque phrase quand je signais, c’est pour ça que plus tard, je me suis inscrite en langue des signes."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

En grandissant, faire du "care" son métier lui semble être une évidence. "J’ai eu une adolescence difficile… Quand je m’en suis sortie, j’ai décidé à 14, 15 ans de suivre un parcours qui me permettrait de travailler avec des jeunes comme moi." Elle fait alors le choix de quitter le général pour rentrer en technique de qualification et continue un cursus d’agent·e d’éducation. En terminant ses secondaires, elle se forme dans l’éducation spécialisée et étudie ensuite la langue des signes pendant cinq ans. "J’ai travaillé dans un Institut Médico-Pédagogique spécialisé type 3 avec des jeunes qui souffraient de troubles du comportement. Puis dans un centre de jeunes placés par le juge pour échapper à des problèmes de violences familiales, et enfin avec des jeunes personnes autistes. Trois institutions en 8 ans." En parallèle, dans sa jeunesse, elle officie comme bénévole pendant cinq ans à la Croix Rouge.

Une crèche pas comme les autres
Si elle est passionnée par son métier, la jeune femme nourrit le rêve de monter son propre projet. Inspirée par sa mère qui a travaillé 28 ans en crèche, elle songe à la création d’un lieu d’accueil de la petite enfance. "Je suis éducatrice spécialisée, une crèche classique ne me suffisait pas. J’ai décidé d'y jumeler le handicap et la surdité. Quand ma prof de primaire a su que j’ouvrais Zarafa elle m’a dit : ‘ça ne m’étonne pas’ !"

Le projet nait en 2014 : elle a alors 23 ans. "Il y a eu beaucoup de complications, notamment avec l’architecte. Et puis j’étais une femme, jeune, je n’avais pas beaucoup de fonds propres... J’étais enceinte pendant les travaux, j’ai dû me battre pour défendre mon projet." Finalement, la crèche privée de 14 places ouvre ses portes fin 2018. Un début en fanfare, puisque Cécilia Ntelo-Wa-Leko reçoit à l’époque deux prix à l’occasion de la Semaine du Microcrédit, un premier dans la catégorie entrepreneuriat au féminin et un deuxième en tant que coup de cœur du jury.

L’adaptation aux besoins
Selon l’ONE, quels que soient ses besoins, tout enfant est le bienvenu dans un milieu d'accueil. Malgré les efforts du secteur, notre interlocutrice confie avoir reçu des parents désespérés de ne pas trouver une crèche qui accepte leur bébé. À l’instar de Zarafa, quelques crèches (à Bruxelles, elles se comptent sur les doigts de la main) mettent en avant l’inclusion au cœur de leur approche pédagogique. "J’ai suivi des formations, j’ai les outils. Mon projet c’est de prouver qu’il est possible de vivre tous et toutes ensemble, il suffit de s’adapter."

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Cécilia Ntelo-Wa-Leko accueille quand c’est possible une puéricultrice sourde. "Le but c’est de faire de l’inclusion dans mon équipe aussi. Je signe avec les enfants sourds, et avec les entendants j’utilise un signe pour appuyer une action de ma phrase."

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Elle avoue avoir eu pas mal de bâtons dans les roues. "J’ai dû parfois prouver aux parents que ça n’allait pas retarder le développement des enfants non porteurs de handicap. Ça n’a pas été simple." La directrice ajuste ses pratiques selon les besoins, elle explique entre autres l’importance de ne jamais saisir un enfant sourd par-derrière mais aussi de soigner les transitions avec les enfants autistes. Elle pointe également l’importance des lieux : "Le parquet de la maison est un choix délibéré parce que c’est un vecteur de vibration."

Aujourd’hui, la jeune femme - qui s’apprête à devenir maman pour la seconde fois - imagine déjà un autre projet en plus de Zarafa : un service horeca qui allierait sensibilisation à la surdité et plaisir culinaire. L’inclusion encore et toujours. À suivre...

Plus d'informations
D’autres bonnes adresses de milieux d'accueil inclusifs à Bruxelles sont à découvrir dans cet article du Phare. Aussi il existe des services itinérants qui interviennent à la demande des crèches, comme l’équipe OCAPI à Bruxelles ou le projet Les Coccinelles en Wallonie. Aussi, bonne nouvelle, selon le guide social, de plus en plus de professionnel·les apprennent la langue des signes pour permettre une prise en charge des enfants sourds dès leur plus jeune âge.

Dans la série In... We Trust (Nous croyons en...)
In Virginie Pierre We Trust, la force des abeilles
In Astrid Genette We Trust, maman solo et maraîchère
In Sukma Iryanti We Trust, rebondir face à toutes les difficultés
In Jeanette Van der Steen We Trust, première femme maître de chai en Belgique
In Zoila Rosa Palma We trust, vendeuse de frites et de réconfort
In Leïla Maidane We Trust, entrepreneuse sociale et féministe
In Gia Abrassart We Trust, créatrice de synergies et de rencontres
In Euphrasie Mbamba We Trust, la passion du chocolat
In Laurence Siquet We Trust, du pain et des rêves réalisés
In Véronique Wouters We Trust, cheffe féministe d’une entreprise de menuiserie
Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

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Sur le même sujetEnfant Crèche


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_in-cecilia-ntelo-wa-leko-we-trust-l-inclusion-des-la-petite-enfance?id=10891325

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"Casser les codes" : Rima Farhat et Nadia Aimé, les expertes des Cloud

7 Décembre 2021, 07:36am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Terriennes : dix ans d'engagement et d'information
Dix ans de révolution des droits des femmes : les dix dates qui ont tout changé
Pancarte brandie lors de la marche contre les violences faites aux femmes, le 20 novembre 2021, à Paris.
Pancarte brandie lors de la marche contre les violences faites aux femmes, le 20 novembre 2021, à Paris.
©Terriennes
04 DÉC 2021
 Mise à jour 06.12.2021 à 13:37 par 
TerriennesLiliane Charrier
Pour ses dix ans d'existence, Terriennes revient sur dix dates clés, dix moments forts qui, depuis 2011, ont amorcé, révélé ou entériné des changements décisifs dans les droits des femmes, profondément modifié leurs attentes et leurs réactions au patriarcat. De l'inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle, six ans avant l'explosion #MeToo, aux actrices noires montant le poing levé les marches du festival de Cannes, retour sur dix ans de révolution des droits des femmes.
Mai 2011 : l’affaire DSK
L’affaire DSK fut peut-être l’occasion manquée du mouvement #MeToo et sûrement l'onde de choc mondiale qui en a défriché le terrain. L’époque paraît lointaine au regard des évolutions accomplies, mais il y a dix ans encore, les scandales sexuels étaient traités comme des faits divers, des dérapages souvent imputés à l’attitude des femmes, et les accusations d’agression sexuelle balayées comme ressortissant de la vie privée.

Le 15 mai 2011, la France découvre avec sidération le choc des cultures : Dominique Strauss-Kahn, habitué à l’omerta que lui garantit la société et sa position de pouvoir, est épinglé par une justice américaine qui ne plaisante pas avec les affaires de mœurs. C'est l'accusation de viol d'une femme de chambre qui va briser à jamais sa carrière politique.

Ce jour-là, pour la première fois, l'accusation de prédation sexuelle n'a pas pardonné : en moins de 24 heures, Dominique Strauss-Kahn passe de patron du Fonds monétaire internationale et probable futur président de la république française à simple détenu pour tentative de viol. Il sortira libre à l'issue d'un accord financier avec son accusatrice. Six ans avant la révolution #MeToo, le scandale DSK apparaît rétrospectivement comme celui par lequel tout a commencé.

Les titres de la presse française le 16 mai 2011 annoncent la fin de carrière de Dominique Strauss-Kahn.
Les titres de la presse française le 16 mai 2011 annoncent la fin de carrière de Dominique Strauss-Kahn.
©AP
Notre dossier ► DSK : SEXE, POUVOIR ET DÉCHÉANCE

Août 2012 : une Femen réfugiée à Paris
A Kiev, Inna Shevchenko découpe une croix orthodoxe à la tronçonneuse pour protester contre la condamnation des Pussy Riot à deux ans en camp de travail. Dans son pays, l'Ukraine, elle ne se sent plus en sécurité et débarque en France, où elle obtiendra le statut de réfugiée.

Inna Shevchenko est une miliante Femen, ces féministes qui manifestent pour les droits humains, seins nus couverts de slogans, dans des lieux marquants - à Notre-Dame de Paris, dans la basilique Saint-Pierre de Rome, devant l'Elysée ou les ministères, dans les musées ou les stades de football... 

Avec le groupe féministes des Pussy Riot, elles aussi venues d'Ukraine et condamnées pour leur "prière punk" contre Poutine dans une cathédrale moscovite, les Femen ont initié le mouvement "sextrémiste" : choquer et provoquer pour marquer les esprits. En 2021, les Femen manifestent à Madrid contre l'extrême droite et une Pussy Riot est condamnée pour avoir enfreint les règles anti-Covid en appelant à manifester pour l'opposant russe Alexeï Navalny.
Inna Shevchenko, à gauche, devant le <em>Duomo</em> à Milan, en Italie, le 16 octobre 2014, à l'ouverture du sommet Asie-Europe (ASEM) "Partenariat responsable pour la croissance durable et la sécurité".
Inna Shevchenko, à gauche, devant le Duomo à Milan, en Italie, le 16 octobre 2014, à l'ouverture du sommet Asie-Europe (ASEM) "Partenariat responsable pour la croissance durable et la sécurité".
©AP Photo/Luca Bruno
Notre dossier ► FEMMES : RÉSISTER AUTREMENT

Malala Yousafzaï, Prix Nobel de la paix 2014
Le 9 octobre 2009, à bord d’un bus la ramenant de l'école dans le nord-ouest du Pakistan, un taliban tire une balle dans la tête d'une jeune militante des droits des filles : Malala Yousafzaï. Tirée à bout portant, la balle ricoche sur le coin gauche de son crâne et ressort par la nuque. On la croit morte. La tragédie émeut le monde entier. Entre la vie et à la mort, la fillette de 12 ans est transférée en Angleterre à Birmingham où sa famille vient la retrouver. C’est là qu’elle se réveille après 15 jours de coma. Des manifestations de soutien ont lieu un peu partout dans le monde et des milliers de personnes prient pour son prompt rétablissement.

Mais Malala, du haut de ses 16 ans n’a plus peur de rien et surtout pas des talibans qu’elle ne manque pas d’interpeller à la tribune de l’ONU en juillet 2013 : « Ils pensaient qu’une balle pourrait nous réduire au silence. Mais ils ont échoué. »

La même année, Malala reçoit le prix Sakharov pour les droits de l'Homme au parlement européen de Strasbourg. La jeune Pakistanaise rescapée des talibans recevra la récompense suprême, le prix Nobel de la paix 2014, qu'elle partage avec Kailash Satyarthi, un activiste indien des droits de l'enfant.

Malala Yousafzaï, devenue pour le droit à l'éducation des filles dans le monde, reçoit le prix Nobel de la Paix 2014, le 10 décembre 2014 à Oslo (Norvège).
Malala Yousafzaï, devenue pour le droit à l'éducation des filles dans le monde, reçoit le prix Nobel de la Paix 2014, le 10 décembre 2014 à Oslo (Norvège).
©AP photo/Matt Dunham
Nos articles :
►Malala, prix Nobel de la Paix, diplômée à Oxford
►Vidéo • L'émotion de la militante Malala Yousafzai de retour au Pakistan
►Malala : icône hyper-médiatisée de la paix
►Malala Yousufzai, une jeune féministe pakistanaise, attaquée par les Talibans
►Malala à l'ONU : « Les terroristes voulaient changer mes rêves »
Septembre 2016 : coup d'envoi de l'ENFFADA 
Le Premier ministre Justin Trudeau en avait fait une promesse électorale, qu'il concrétise en septembre 2016 : l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) est ouverte au Canada. Une vaste enquête nationale sur les centaines de meurtres et disparitions de femmes autochtones - plus d'un millier recensés dans les 40 dernières années, même si les estimations sont beaucoup plus élevées.

Le processus a été chaotique, la Commission décriée, les témoignages ont été douloureux et les rebondissements nombreux, mais l'enquête, pour faire la lumière sur les causes systémiques menant à la violence contre les femmes autochtones et pour répondre aux questions des familles, se devait d'être menée à terme. Pour son pouvoir de guérison, aussi, et les mesures de réparation qui ont été prises. Conclusion du rapport final, rendue en juin 2019 : "Les autochtones ont été victimes d'un génocide qui vise particulièrement les femmes".

Photos de disparues.
Photos de disparues.
©Radio-Canada
Notre dossier ► LES LARMES DES FEMMES DES PREMIÈRES NATIONS DU CANADA

Septembre 2017 : les Saoudiennes peuvent conduire
Prise dans la nuit du 26 au 27 septembre 2017, la décision est emblématique, car portant sur un point de rupture entre les Saoudiennes et leur monarchie  : les femmes pourront bientôt passer leur permis de conduire. Ainsi l'a décrété le jeune roi Salman Al Saoud, dont l'accession au trône, près de trois ans auparavant, avait donné aux femmes l'espoir de voir leur existence enfin reconnue par des droits dans ce royaume tiraillé entre traditions et modernité.

Depuis, les Saoudiennes arrachent un droit après l'autre : voyager sans la permission d'un homme, déclarer une naissance, détenir l'autorité parentale sur leurs enfants, voter et être élue aux élections municipales, se lancer seules dans le commerce ou l'investissement, assister à des compétitions sportives ou, dernier progrès en date, jouer au foot en compétition... Autant de droits fondamentaux, aujourd'hui obtenus, et qui, voici une dizaine d'années encore, semblaient hors de portée des Saoudiennes. 

Mais la chape de plomb qui pèse sur l'émancipation des Saoudiennes reste pesante. Et celles qui outrepassent les limites que la monarchie et la société ont bien voulu repousser, mais pas trop loin, risquent gros, comme en témoignent l'incarcération pendant plus de deux ans de Loujbain al-Hathloul, libérée depuis, la militante avait été arrêtée avec une dizaine d'autres militantes en 2018, l'appel au secours de la jeune Rahaf Mohammed al-Qunun ou la fuite de Rana Ahmad.

29 mars 2014 : une femme au volant à Riyad, en Arabie saoudite, pour protester contre l'interdiction faite aux femmes de conduire. 
29 mars 2014 : une femme au volant à Riyad, en Arabie saoudite, pour protester contre l'interdiction faite aux femmes de conduire. 
©AP Photo/Hasan Jamali
 
Notre dossier ► LA MARCHE DES FEMMES EN ARABIE SAOUDITE

Octobre 2017 : Harvey Weinstein et la vague #metoo
Six ans et demi après l'affaire DSK, le New York Times publie les accusations de harcèlement, viols et agressions de dizaines actrices contre le tout-puissant producteur d'Hollywood Harvey Weinstein. Cette fois, il suffit de la parole de quelques-unes pour libérer celle de toutes les autres. En quelques jours déferle un flot de témoignages d'agressions sexuelles sous le mot-dièse #MeToo. L'affaire Weinstein décide des millions de femmes (et d’hommes) à prendre la parole et surtout à la faire entendre.

Depuis, la source #MeToo ne tarit plus, déclinée à l'infini et dans toutes les langues - #balancetonporc, #metootheatre, #metoobar, #payetonpinard, #payetanote, #metoopolitique... Chaque jour, de nouvelles révélations continuent à dévoiler une face très sombre d'un système patriarcal qui n'épargne aucun milieu. En quelques années, au-delà des procès et des accusations, la vague #MeToo a profondément transformé les sociétés occidentales, tout en laissant sur leur faim les attentes d'autres régions du monde.

Harvey Weinstein, accusé de viols et d’agressions sexuelles, lors d'une audience préliminaire à Los Angeles, le 29 juillet 2021. L'ancien magnat du cinéma a déjà été condamné à 23 ans de prison à New York.<br />
 
Harvey Weinstein, accusé de viols et d’agressions sexuelles, lors d'une audience préliminaire à Los Angeles, le 29 juillet 2021. L'ancien magnat du cinéma a déjà été condamné à 23 ans de prison à New York.
 
©Etienne Laurent/Pool Photo via AP
 
Notre dossier ► #METOO #BALANCETONPORC CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES, PARTOUT LES FEMMES PASSENT À L'OFFENSIVE

Mai 2018 : les actrices noires à Cannes
Cette scène n'a pas été tournée pour un film, elle est bien réelle et sans précédent : le 16 mai 2018, 16 actrices françaises noires et métisses, dont Eye Haidara, Sonia Rolland ou Firmine Richard, montent ensemble les marches du palais du Festival de Cannes, emmenées par Aïssa Maïga. Elles dansent, sourient, saluent le public en avançant sur le tapis rouge, puis se rassemblent en haut des marches, face à la foule, poings levés, pour dénoncer la place des actrices noires dans le cinéma en France. 

Immigrée, prostituée, nounou, femme de ménage... Les actrices noires ne veulent plus rester cantonnées à des rôles reflétant des clichés aux relents coloniaux. Elles ne veulent plus s'entendre dire qu'un financement de film ne peut pas se monter sur une actrice noire ou que trop de personnes noires à l'affiche d'un film compromet son succès.

Quelques jours plus tôt, 82 actrices avaient monté les marches, bras dessus bras dessous pour dénoncer les inégalités salariales dans le cinéma. D'édition en édition, le Festival de Cannes reste très masculin : peu de présidentes de jury, représentations stéréotypées, peu de réalisatrices sélectionnées et peu de lauréates - deux Palmes d'or féminines seulement depuis la création du festival, en 1939 (Jane Campion en 1993 -et encore ex aequo avec Chen Kaige pour Adieu ma concubine - et Julia Ducournau en 2021).

Au centre, Khadja Nin, membre du jury du festival, parmi les actrices qui ont collaboré à <em>Noire n'est pas mon métier,</em> le 16 mai 2018.<br />
 
Au centre, Khadja Nin, membre du jury du festival, parmi les actrices qui ont collaboré à Noire n'est pas mon métier, le 16 mai 2018.
 
©Arthur Mola/Invision/AP
Notre dossier ► LE FESTIVAL DE CANNES DANS LE VISEUR DES FEMMES

Juillet 2018 : Simone Veil au Panthéon
Rescapée de la Shoah, dont elle incarne la mémoire, Simone Veil est l'une des grandes figures de la politique française, européenne et mondiale. Elle restera surtout dans les mémoires celle par qui la légalisation de l'avortement est arrivée en France après des années d'action des militant.e.s, de coups d'éclat comme le manifeste des 343 et de pratique clandestine par les médecins. 

Ministre de la Santé du gouvernement Giscard d'Estaing, Simone Veil a ce courage de mettre de l'ordre là où la loi était ouvertement bafouée. Son poignant discours du 26 novembre 1974 devant une assemblée de 481 hommes et seulement 9 femmes résonne encore à l'oreille de beaucoup d'entre-nous: "Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui chaque année mutilent les femmes dans ce pays, bafouent nos lois et humilient ou traumatisent celles qui y ont recours... Aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l'avortement. Il suffit de les écouter. C'est toujours un drame. L'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue", plaidait-elle.

Depuis, le délai légal de l'interruption de grossesse chirurgicale est passé à 12 semaines de grossesse et l'IVG médicamenteuse la permet jusqu'à 7 semaines en France. Le parcours de Simone Veil s'achève au Panthéon le 1er juillet 2018, un an après sa mort. Un ultime clin d'oeil à l'Histoire avec un grand H, et aux droits des femmes qui sont six désormais à reposer au Panthéon pour 75 hommes.

Et en novembre 2021 : Joséphine Baker
Le 30 novembre 2021 : Panthéonisation de la première femme noire en la personne de Joséphine Baker.

Hommage national à Simone Veil pour son entrée au Panthéon à Paris, le 1er juillet 2018. 
Hommage national à Simone Veil pour son entrée au Panthéon à Paris, le 1er juillet 2018. 
©AP Photo/Kamil Zihnioglu
Lire aussi :
► 26 novembre 1974 : Simone Veil présente son projet de loi sur la légalisation de l'avortement
► Simone Veil : une histoire de France
► Simone Veil au Panthéon : Les temps forts de la cérémonie
► L'hommage de la Nation française à Simone Veil, une femme au Panthéon, dans le temple des grands hommes
► Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, deux résistantes au Panthéon

Juillet 2019 : Coupe du monde de football féminine
Du 7 juin au 7 juillet 2019, des centaines de footballeuses venues des quatre coins du monde enfilent leurs maillots et chaussent leurs crampons avec un seul rêve, décrocher la Coupe du monde, qui se joue pour la première fois en France. La compétition existe depuis 1991, mais passe jusqu'alors largement inaperçue, tant les amateurs et les publicitaires se désintéressent autant du foot féminin qu'ils se passionnent pour son pendant masculin.

Mais cette année-là, le public commence à porter le football féminin, ainsi que les sponsors, avec effets sur les primes et les salaires des sportives. A l'approche du coup d'envoi, c'est un véritable engouement qui s'empare de l'Hexagone. Fin juin, près de 12 millions de téléspectateurs et téléspectatrices suivent devant le petit écran la huitième de finale que les Françaises ont fini par remporter face au Brésil. Finalement éliminées par les Etats-Unis en quart de finale, les Bleues n'ont pas gagné la Coupe, mais sans conteste le coeur du public.

En consacrant l'essor du foot féminin, la Coupe du monde 2019 permet à Megan Rapinoe, Ada Hegerberg, Melissa Plaza et autres footballeuses militantes féministes et LGBTQ d'accéder à une notorité mondiale. Désormais, leurs voix portent très haut la cause des sportives et de toutes les femmes.

Megan Rapinoe lève la coupe après la victoire des Américaines en finale de la Coupe du monde féminine entre les États-Unis et les Pays-Bas au Stade de Lyon à Décines, le 7 juillet 2019.<br />
 
Megan Rapinoe lève la coupe après la victoire des Américaines en finale de la Coupe du monde féminine entre les États-Unis et les Pays-Bas au Stade de Lyon à Décines, le 7 juillet 2019.
 
©AP Photo/Alessandra Tarantino
Notre dossier ► COUPE DU MONDE DE FOOTBALL FÉMININE 2019 : LES FILLES À JEU ÉGAL

Septembre 2019 : Grenelle des violences 
Agressions sexuelles, viols, féminicides... Ces violences faites aux femmes ne reposent que sur le genre. En 2017, le président français fait de l'égalité entre les femmes et les hommes "grande cause du quinquennat" et annonce des mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes.

Le 3/9/19 sera la date symbolique choisie pour le premier "Grenelle" sur les violences conjugales. Une date qui évoque le numéro d'appel gratuit pour les victimes, le 3919. Pour la première fois, agents publics, associations, actrices et acteurs de terrain, policier.e.s, gendarmes, magistrat.e.s et avocat.e.s, victimes et proches de victimes sont appelés à échanger pour définir les moyens de mettre fin aux violences domestiques.

Bilan : 46 mesures allant du bracelet anti-rapprochement à la formation des gendarmes et policiers, en passant par les places d'hébergement d'urgence, les "téléphones grave danger" ou la veille continue du 3919. Aujourd'hui encore, quelque 220 000 femmes subissent chaque année des violences conjugales en France, et plus de cent femmes sont tuées par leur conjoint ou ex. Beaucoup reste à faire, donc, mais ce qui a radicalement changé, c'est que ces violences-là ne sont plus étouffées. Le sujet est désormais en tête des agendas et à la une de l'actualité.

A peine quelques semaines après la conclusion du Grenelle, une autre journée fera date : le 23 novembre, une gigantesque vague violette déferle au coeur de Paris, 100 000 personnes, femmes et hommes défilent contre les violences faites aux femmes, premier rassemblement majeur de cette nouvelle ère. En novembre 2021, elles et ils étaient 50 000 à répondre à l'appel du collectif #NousToutes.

Des familles de victimes de féminicides lors du rassemblement contre les violences faites aux femmes, le 20 novembre 2021 à Paris. 
Des familles de victimes de féminicides lors du rassemblement contre les violences faites aux femmes, le 20 novembre 2021 à Paris. 
©IM/Terriennes
Notre dossier ► VIOLENCES FAITES AUX FEMMES : FÉMINICIDES, COUPS, VIOLS ET AUTRES AGRESSIONS SEXUELLES

Septembre 2020 : décès de la juge Ginsburg
Elle était celle par qui la législation anti-avortement du Texas était devenue inconstitutionnelle par l'arrêt Roe v. Wade - la Simone Veil américaine. Dès les années 1970, Ruth Bader Ginsburg a cherché à changer la vie des Américaines en s'attaquant de front, avec pour seule arme le droit constitutionnel, à toutes discriminations sexistes dans la société des Etats-Unis.

Notorious RBG est devenue une star, une icône féministe. Nommée à la Cour suprême par Bill Clinton en 1993, elle en a été garante de sa majorité démocrate jusque dans l'Amérique de Donald Trump. Alors qu'elle se sait atteinte d'un cancer, son voeu le plus cher est de "tenir" jusqu'aux élections de novembre 2020 pour être remplacée par un.e juge démocrate après la défaite espérée du président conservateur.

Elle n'a pas réussi. Disparue le 19 septembre 2020, elle est remplacée par une personnalité aux antipodes de la sienne : nommée par Donald Trump in extremis, la juge Amy Coney Barrett fait basculer dans le camp conservateur la Cour suprême des Etats-Unis, qui tranche les grandes questions de société, dont l'avortement. Depuis, le Texas a rétabli la loi qui l'interdit après 6 semaines de grossesse, même en cas d’inceste ou de viol.

Notre dossier ► LE DROIT À L'AVORTEMENT, ENTRE AVANCÉES ET RECULS
Ruth Bader Ginsburg devant les étudiantes de l'université d'Amherst, dans le Massachussets, aux Etats-Unis, le 3 octobre 2019.<br />
 
Ruth Bader Ginsburg devant les étudiantes de l'université d'Amherst, dans le Massachussets, aux Etats-Unis, le 3 octobre 2019.
 
©AP Photo/Jessica Hill

Les 10 ans de Terriennes !

Terriennes est le premier site d'information francophone entièrement dédié à la condition des femmes dans le monde. Lancé au printemps 2011, il se fait aussi porte-voix des femmes à l'antenne de TV5monde dans une chronique hebdomadaire dans les journaux. L'objectif est de traiter divers problèmes de société à travers la loupe de la moitié de l'humanité, féminine. Parité, pratiques culturelles, conditions de vie, actualités, débats : Terriennes vise à combattre les clichés et les idées reçues, tout en encourageant la solidarité entre les femmes et en mettant en avant l'impact positif pour toutes et tous de leur succès et réussites. 

Pour célébrer ce dixième anniversaire, Terriennes réalise une mini-série vidéo sur les 10 mots qui sont apparus au cours de cette décennie ou qui ont eu un impact dans la lutte pour la défense des droits des femmes. A comme Avortement, R comme Règles, ou encore S comme Sexisme et bien sûr T comme Terriennes...
A chaque fois une écrivaine, experte ou militante nous donne sa définition. 

Notre dossier ► TERRIENNES : DIX ANS D'ENGAGEMENT ET D'INFORMATION

TerriennesLiliane Charrier
 Mise à jour 06.12.2021 à 13:37
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/dix-ans-de-revolution-des-droits-des-femmes-les-dix-dates-qui-ont-tout-change-432892

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Dix ans de révolution des droits des femmes : les dix dates qui ont tout changé

7 Décembre 2021, 07:33am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Terriennes : dix ans d'engagement et d'information
Dix ans de révolution des droits des femmes : les dix dates qui ont tout changé
Pancarte brandie lors de la marche contre les violences faites aux femmes, le 20 novembre 2021, à Paris.
Pancarte brandie lors de la marche contre les violences faites aux femmes, le 20 novembre 2021, à Paris.
©Terriennes
04 DÉC 2021
 Mise à jour 06.12.2021 à 13:37 par 
TerriennesLiliane Charrier
Pour ses dix ans d'existence, Terriennes revient sur dix dates clés, dix moments forts qui, depuis 2011, ont amorcé, révélé ou entériné des changements décisifs dans les droits des femmes, profondément modifié leurs attentes et leurs réactions au patriarcat. De l'inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle, six ans avant l'explosion #MeToo, aux actrices noires montant le poing levé les marches du festival de Cannes, retour sur dix ans de révolution des droits des femmes.
Mai 2011 : l’affaire DSK
L’affaire DSK fut peut-être l’occasion manquée du mouvement #MeToo et sûrement l'onde de choc mondiale qui en a défriché le terrain. L’époque paraît lointaine au regard des évolutions accomplies, mais il y a dix ans encore, les scandales sexuels étaient traités comme des faits divers, des dérapages souvent imputés à l’attitude des femmes, et les accusations d’agression sexuelle balayées comme ressortissant de la vie privée.

Le 15 mai 2011, la France découvre avec sidération le choc des cultures : Dominique Strauss-Kahn, habitué à l’omerta que lui garantit la société et sa position de pouvoir, est épinglé par une justice américaine qui ne plaisante pas avec les affaires de mœurs. C'est l'accusation de viol d'une femme de chambre qui va briser à jamais sa carrière politique.

Ce jour-là, pour la première fois, l'accusation de prédation sexuelle n'a pas pardonné : en moins de 24 heures, Dominique Strauss-Kahn passe de patron du Fonds monétaire internationale et probable futur président de la république française à simple détenu pour tentative de viol. Il sortira libre à l'issue d'un accord financier avec son accusatrice. Six ans avant la révolution #MeToo, le scandale DSK apparaît rétrospectivement comme celui par lequel tout a commencé.

Les titres de la presse française le 16 mai 2011 annoncent la fin de carrière de Dominique Strauss-Kahn.
Les titres de la presse française le 16 mai 2011 annoncent la fin de carrière de Dominique Strauss-Kahn.
©AP
Notre dossier ► DSK : SEXE, POUVOIR ET DÉCHÉANCE

Août 2012 : une Femen réfugiée à Paris
A Kiev, Inna Shevchenko découpe une croix orthodoxe à la tronçonneuse pour protester contre la condamnation des Pussy Riot à deux ans en camp de travail. Dans son pays, l'Ukraine, elle ne se sent plus en sécurité et débarque en France, où elle obtiendra le statut de réfugiée.

Inna Shevchenko est une miliante Femen, ces féministes qui manifestent pour les droits humains, seins nus couverts de slogans, dans des lieux marquants - à Notre-Dame de Paris, dans la basilique Saint-Pierre de Rome, devant l'Elysée ou les ministères, dans les musées ou les stades de football... 

Avec le groupe féministes des Pussy Riot, elles aussi venues d'Ukraine et condamnées pour leur "prière punk" contre Poutine dans une cathédrale moscovite, les Femen ont initié le mouvement "sextrémiste" : choquer et provoquer pour marquer les esprits. En 2021, les Femen manifestent à Madrid contre l'extrême droite et une Pussy Riot est condamnée pour avoir enfreint les règles anti-Covid en appelant à manifester pour l'opposant russe Alexeï Navalny.
Inna Shevchenko, à gauche, devant le <em>Duomo</em> à Milan, en Italie, le 16 octobre 2014, à l'ouverture du sommet Asie-Europe (ASEM) "Partenariat responsable pour la croissance durable et la sécurité".
Inna Shevchenko, à gauche, devant le Duomo à Milan, en Italie, le 16 octobre 2014, à l'ouverture du sommet Asie-Europe (ASEM) "Partenariat responsable pour la croissance durable et la sécurité".
©AP Photo/Luca Bruno
Notre dossier ► FEMMES : RÉSISTER AUTREMENT

Malala Yousafzaï, Prix Nobel de la paix 2014
Le 9 octobre 2009, à bord d’un bus la ramenant de l'école dans le nord-ouest du Pakistan, un taliban tire une balle dans la tête d'une jeune militante des droits des filles : Malala Yousafzaï. Tirée à bout portant, la balle ricoche sur le coin gauche de son crâne et ressort par la nuque. On la croit morte. La tragédie émeut le monde entier. Entre la vie et à la mort, la fillette de 12 ans est transférée en Angleterre à Birmingham où sa famille vient la retrouver. C’est là qu’elle se réveille après 15 jours de coma. Des manifestations de soutien ont lieu un peu partout dans le monde et des milliers de personnes prient pour son prompt rétablissement.

Mais Malala, du haut de ses 16 ans n’a plus peur de rien et surtout pas des talibans qu’elle ne manque pas d’interpeller à la tribune de l’ONU en juillet 2013 : « Ils pensaient qu’une balle pourrait nous réduire au silence. Mais ils ont échoué. »

La même année, Malala reçoit le prix Sakharov pour les droits de l'Homme au parlement européen de Strasbourg. La jeune Pakistanaise rescapée des talibans recevra la récompense suprême, le prix Nobel de la paix 2014, qu'elle partage avec Kailash Satyarthi, un activiste indien des droits de l'enfant.

Malala Yousafzaï, devenue pour le droit à l'éducation des filles dans le monde, reçoit le prix Nobel de la Paix 2014, le 10 décembre 2014 à Oslo (Norvège).
Malala Yousafzaï, devenue pour le droit à l'éducation des filles dans le monde, reçoit le prix Nobel de la Paix 2014, le 10 décembre 2014 à Oslo (Norvège).
©AP photo/Matt Dunham
Nos articles :
►Malala, prix Nobel de la Paix, diplômée à Oxford
►Vidéo • L'émotion de la militante Malala Yousafzai de retour au Pakistan
►Malala : icône hyper-médiatisée de la paix
►Malala Yousufzai, une jeune féministe pakistanaise, attaquée par les Talibans
►Malala à l'ONU : « Les terroristes voulaient changer mes rêves »
Septembre 2016 : coup d'envoi de l'ENFFADA 
Le Premier ministre Justin Trudeau en avait fait une promesse électorale, qu'il concrétise en septembre 2016 : l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) est ouverte au Canada. Une vaste enquête nationale sur les centaines de meurtres et disparitions de femmes autochtones - plus d'un millier recensés dans les 40 dernières années, même si les estimations sont beaucoup plus élevées.

Le processus a été chaotique, la Commission décriée, les témoignages ont été douloureux et les rebondissements nombreux, mais l'enquête, pour faire la lumière sur les causes systémiques menant à la violence contre les femmes autochtones et pour répondre aux questions des familles, se devait d'être menée à terme. Pour son pouvoir de guérison, aussi, et les mesures de réparation qui ont été prises. Conclusion du rapport final, rendue en juin 2019 : "Les autochtones ont été victimes d'un génocide qui vise particulièrement les femmes".

Photos de disparues.
Photos de disparues.
©Radio-Canada
Notre dossier ► LES LARMES DES FEMMES DES PREMIÈRES NATIONS DU CANADA

Septembre 2017 : les Saoudiennes peuvent conduire
Prise dans la nuit du 26 au 27 septembre 2017, la décision est emblématique, car portant sur un point de rupture entre les Saoudiennes et leur monarchie  : les femmes pourront bientôt passer leur permis de conduire. Ainsi l'a décrété le jeune roi Salman Al Saoud, dont l'accession au trône, près de trois ans auparavant, avait donné aux femmes l'espoir de voir leur existence enfin reconnue par des droits dans ce royaume tiraillé entre traditions et modernité.

Depuis, les Saoudiennes arrachent un droit après l'autre : voyager sans la permission d'un homme, déclarer une naissance, détenir l'autorité parentale sur leurs enfants, voter et être élue aux élections municipales, se lancer seules dans le commerce ou l'investissement, assister à des compétitions sportives ou, dernier progrès en date, jouer au foot en compétition... Autant de droits fondamentaux, aujourd'hui obtenus, et qui, voici une dizaine d'années encore, semblaient hors de portée des Saoudiennes. 

Mais la chape de plomb qui pèse sur l'émancipation des Saoudiennes reste pesante. Et celles qui outrepassent les limites que la monarchie et la société ont bien voulu repousser, mais pas trop loin, risquent gros, comme en témoignent l'incarcération pendant plus de deux ans de Loujbain al-Hathloul, libérée depuis, la militante avait été arrêtée avec une dizaine d'autres militantes en 2018, l'appel au secours de la jeune Rahaf Mohammed al-Qunun ou la fuite de Rana Ahmad.

29 mars 2014 : une femme au volant à Riyad, en Arabie saoudite, pour protester contre l'interdiction faite aux femmes de conduire. 
29 mars 2014 : une femme au volant à Riyad, en Arabie saoudite, pour protester contre l'interdiction faite aux femmes de conduire. 
©AP Photo/Hasan Jamali
 
Notre dossier ► LA MARCHE DES FEMMES EN ARABIE SAOUDITE

Octobre 2017 : Harvey Weinstein et la vague #metoo
Six ans et demi après l'affaire DSK, le New York Times publie les accusations de harcèlement, viols et agressions de dizaines actrices contre le tout-puissant producteur d'Hollywood Harvey Weinstein. Cette fois, il suffit de la parole de quelques-unes pour libérer celle de toutes les autres. En quelques jours déferle un flot de témoignages d'agressions sexuelles sous le mot-dièse #MeToo. L'affaire Weinstein décide des millions de femmes (et d’hommes) à prendre la parole et surtout à la faire entendre.

Depuis, la source #MeToo ne tarit plus, déclinée à l'infini et dans toutes les langues - #balancetonporc, #metootheatre, #metoobar, #payetonpinard, #payetanote, #metoopolitique... Chaque jour, de nouvelles révélations continuent à dévoiler une face très sombre d'un système patriarcal qui n'épargne aucun milieu. En quelques années, au-delà des procès et des accusations, la vague #MeToo a profondément transformé les sociétés occidentales, tout en laissant sur leur faim les attentes d'autres régions du monde.

Harvey Weinstein, accusé de viols et d’agressions sexuelles, lors d'une audience préliminaire à Los Angeles, le 29 juillet 2021. L'ancien magnat du cinéma a déjà été condamné à 23 ans de prison à New York.<br />
 
Harvey Weinstein, accusé de viols et d’agressions sexuelles, lors d'une audience préliminaire à Los Angeles, le 29 juillet 2021. L'ancien magnat du cinéma a déjà été condamné à 23 ans de prison à New York.
 
©Etienne Laurent/Pool Photo via AP
 
Notre dossier ► #METOO #BALANCETONPORC CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES, PARTOUT LES FEMMES PASSENT À L'OFFENSIVE

Mai 2018 : les actrices noires à Cannes
Cette scène n'a pas été tournée pour un film, elle est bien réelle et sans précédent : le 16 mai 2018, 16 actrices françaises noires et métisses, dont Eye Haidara, Sonia Rolland ou Firmine Richard, montent ensemble les marches du palais du Festival de Cannes, emmenées par Aïssa Maïga. Elles dansent, sourient, saluent le public en avançant sur le tapis rouge, puis se rassemblent en haut des marches, face à la foule, poings levés, pour dénoncer la place des actrices noires dans le cinéma en France. 

Immigrée, prostituée, nounou, femme de ménage... Les actrices noires ne veulent plus rester cantonnées à des rôles reflétant des clichés aux relents coloniaux. Elles ne veulent plus s'entendre dire qu'un financement de film ne peut pas se monter sur une actrice noire ou que trop de personnes noires à l'affiche d'un film compromet son succès.

Quelques jours plus tôt, 82 actrices avaient monté les marches, bras dessus bras dessous pour dénoncer les inégalités salariales dans le cinéma. D'édition en édition, le Festival de Cannes reste très masculin : peu de présidentes de jury, représentations stéréotypées, peu de réalisatrices sélectionnées et peu de lauréates - deux Palmes d'or féminines seulement depuis la création du festival, en 1939 (Jane Campion en 1993 -et encore ex aequo avec Chen Kaige pour Adieu ma concubine - et Julia Ducournau en 2021).

Au centre, Khadja Nin, membre du jury du festival, parmi les actrices qui ont collaboré à <em>Noire n'est pas mon métier,</em> le 16 mai 2018.<br />
 
Au centre, Khadja Nin, membre du jury du festival, parmi les actrices qui ont collaboré à Noire n'est pas mon métier, le 16 mai 2018.
 
©Arthur Mola/Invision/AP
Notre dossier ► LE FESTIVAL DE CANNES DANS LE VISEUR DES FEMMES

Juillet 2018 : Simone Veil au Panthéon
Rescapée de la Shoah, dont elle incarne la mémoire, Simone Veil est l'une des grandes figures de la politique française, européenne et mondiale. Elle restera surtout dans les mémoires celle par qui la légalisation de l'avortement est arrivée en France après des années d'action des militant.e.s, de coups d'éclat comme le manifeste des 343 et de pratique clandestine par les médecins. 

Ministre de la Santé du gouvernement Giscard d'Estaing, Simone Veil a ce courage de mettre de l'ordre là où la loi était ouvertement bafouée. Son poignant discours du 26 novembre 1974 devant une assemblée de 481 hommes et seulement 9 femmes résonne encore à l'oreille de beaucoup d'entre-nous: "Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui chaque année mutilent les femmes dans ce pays, bafouent nos lois et humilient ou traumatisent celles qui y ont recours... Aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l'avortement. Il suffit de les écouter. C'est toujours un drame. L'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue", plaidait-elle.

Depuis, le délai légal de l'interruption de grossesse chirurgicale est passé à 12 semaines de grossesse et l'IVG médicamenteuse la permet jusqu'à 7 semaines en France. Le parcours de Simone Veil s'achève au Panthéon le 1er juillet 2018, un an après sa mort. Un ultime clin d'oeil à l'Histoire avec un grand H, et aux droits des femmes qui sont six désormais à reposer au Panthéon pour 75 hommes.

Et en novembre 2021 : Joséphine Baker
Le 30 novembre 2021 : Panthéonisation de la première femme noire en la personne de Joséphine Baker.

Hommage national à Simone Veil pour son entrée au Panthéon à Paris, le 1er juillet 2018. 
Hommage national à Simone Veil pour son entrée au Panthéon à Paris, le 1er juillet 2018. 
©AP Photo/Kamil Zihnioglu
Lire aussi :
► 26 novembre 1974 : Simone Veil présente son projet de loi sur la légalisation de l'avortement
► Simone Veil : une histoire de France
► Simone Veil au Panthéon : Les temps forts de la cérémonie
► L'hommage de la Nation française à Simone Veil, une femme au Panthéon, dans le temple des grands hommes
► Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, deux résistantes au Panthéon

Juillet 2019 : Coupe du monde de football féminine
Du 7 juin au 7 juillet 2019, des centaines de footballeuses venues des quatre coins du monde enfilent leurs maillots et chaussent leurs crampons avec un seul rêve, décrocher la Coupe du monde, qui se joue pour la première fois en France. La compétition existe depuis 1991, mais passe jusqu'alors largement inaperçue, tant les amateurs et les publicitaires se désintéressent autant du foot féminin qu'ils se passionnent pour son pendant masculin.

Mais cette année-là, le public commence à porter le football féminin, ainsi que les sponsors, avec effets sur les primes et les salaires des sportives. A l'approche du coup d'envoi, c'est un véritable engouement qui s'empare de l'Hexagone. Fin juin, près de 12 millions de téléspectateurs et téléspectatrices suivent devant le petit écran la huitième de finale que les Françaises ont fini par remporter face au Brésil. Finalement éliminées par les Etats-Unis en quart de finale, les Bleues n'ont pas gagné la Coupe, mais sans conteste le coeur du public.

En consacrant l'essor du foot féminin, la Coupe du monde 2019 permet à Megan Rapinoe, Ada Hegerberg, Melissa Plaza et autres footballeuses militantes féministes et LGBTQ d'accéder à une notorité mondiale. Désormais, leurs voix portent très haut la cause des sportives et de toutes les femmes.

Megan Rapinoe lève la coupe après la victoire des Américaines en finale de la Coupe du monde féminine entre les États-Unis et les Pays-Bas au Stade de Lyon à Décines, le 7 juillet 2019.<br />
 
Megan Rapinoe lève la coupe après la victoire des Américaines en finale de la Coupe du monde féminine entre les États-Unis et les Pays-Bas au Stade de Lyon à Décines, le 7 juillet 2019.
 
©AP Photo/Alessandra Tarantino
Notre dossier ► COUPE DU MONDE DE FOOTBALL FÉMININE 2019 : LES FILLES À JEU ÉGAL

Septembre 2019 : Grenelle des violences 
Agressions sexuelles, viols, féminicides... Ces violences faites aux femmes ne reposent que sur le genre. En 2017, le président français fait de l'égalité entre les femmes et les hommes "grande cause du quinquennat" et annonce des mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes.

Le 3/9/19 sera la date symbolique choisie pour le premier "Grenelle" sur les violences conjugales. Une date qui évoque le numéro d'appel gratuit pour les victimes, le 3919. Pour la première fois, agents publics, associations, actrices et acteurs de terrain, policier.e.s, gendarmes, magistrat.e.s et avocat.e.s, victimes et proches de victimes sont appelés à échanger pour définir les moyens de mettre fin aux violences domestiques.

Bilan : 46 mesures allant du bracelet anti-rapprochement à la formation des gendarmes et policiers, en passant par les places d'hébergement d'urgence, les "téléphones grave danger" ou la veille continue du 3919. Aujourd'hui encore, quelque 220 000 femmes subissent chaque année des violences conjugales en France, et plus de cent femmes sont tuées par leur conjoint ou ex. Beaucoup reste à faire, donc, mais ce qui a radicalement changé, c'est que ces violences-là ne sont plus étouffées. Le sujet est désormais en tête des agendas et à la une de l'actualité.

A peine quelques semaines après la conclusion du Grenelle, une autre journée fera date : le 23 novembre, une gigantesque vague violette déferle au coeur de Paris, 100 000 personnes, femmes et hommes défilent contre les violences faites aux femmes, premier rassemblement majeur de cette nouvelle ère. En novembre 2021, elles et ils étaient 50 000 à répondre à l'appel du collectif #NousToutes.

Des familles de victimes de féminicides lors du rassemblement contre les violences faites aux femmes, le 20 novembre 2021 à Paris. 
Des familles de victimes de féminicides lors du rassemblement contre les violences faites aux femmes, le 20 novembre 2021 à Paris. 
©IM/Terriennes
Notre dossier ► VIOLENCES FAITES AUX FEMMES : FÉMINICIDES, COUPS, VIOLS ET AUTRES AGRESSIONS SEXUELLES

Septembre 2020 : décès de la juge Ginsburg
Elle était celle par qui la législation anti-avortement du Texas était devenue inconstitutionnelle par l'arrêt Roe v. Wade - la Simone Veil américaine. Dès les années 1970, Ruth Bader Ginsburg a cherché à changer la vie des Américaines en s'attaquant de front, avec pour seule arme le droit constitutionnel, à toutes discriminations sexistes dans la société des Etats-Unis.

Notorious RBG est devenue une star, une icône féministe. Nommée à la Cour suprême par Bill Clinton en 1993, elle en a été garante de sa majorité démocrate jusque dans l'Amérique de Donald Trump. Alors qu'elle se sait atteinte d'un cancer, son voeu le plus cher est de "tenir" jusqu'aux élections de novembre 2020 pour être remplacée par un.e juge démocrate après la défaite espérée du président conservateur.

Elle n'a pas réussi. Disparue le 19 septembre 2020, elle est remplacée par une personnalité aux antipodes de la sienne : nommée par Donald Trump in extremis, la juge Amy Coney Barrett fait basculer dans le camp conservateur la Cour suprême des Etats-Unis, qui tranche les grandes questions de société, dont l'avortement. Depuis, le Texas a rétabli la loi qui l'interdit après 6 semaines de grossesse, même en cas d’inceste ou de viol.

Notre dossier ► LE DROIT À L'AVORTEMENT, ENTRE AVANCÉES ET RECULS
Ruth Bader Ginsburg devant les étudiantes de l'université d'Amherst, dans le Massachussets, aux Etats-Unis, le 3 octobre 2019.<br />
 
Ruth Bader Ginsburg devant les étudiantes de l'université d'Amherst, dans le Massachussets, aux Etats-Unis, le 3 octobre 2019.
 
©AP Photo/Jessica Hill

Les 10 ans de Terriennes !

Terriennes est le premier site d'information francophone entièrement dédié à la condition des femmes dans le monde. Lancé au printemps 2011, il se fait aussi porte-voix des femmes à l'antenne de TV5monde dans une chronique hebdomadaire dans les journaux. L'objectif est de traiter divers problèmes de société à travers la loupe de la moitié de l'humanité, féminine. Parité, pratiques culturelles, conditions de vie, actualités, débats : Terriennes vise à combattre les clichés et les idées reçues, tout en encourageant la solidarité entre les femmes et en mettant en avant l'impact positif pour toutes et tous de leur succès et réussites. 

Pour célébrer ce dixième anniversaire, Terriennes réalise une mini-série vidéo sur les 10 mots qui sont apparus au cours de cette décennie ou qui ont eu un impact dans la lutte pour la défense des droits des femmes. A comme Avortement, R comme Règles, ou encore S comme Sexisme et bien sûr T comme Terriennes...
A chaque fois une écrivaine, experte ou militante nous donne sa définition. 

Notre dossier ► TERRIENNES : DIX ANS D'ENGAGEMENT ET D'INFORMATION

TerriennesLiliane Charrier
 Mise à jour 06.12.2021 à 13:37
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https://information.tv5monde.com/terriennes/dix-ans-de-revolution-des-droits-des-femmes-les-dix-dates-qui-ont-tout-change-432892

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États-Unis : le droit à l'avortement sur la sellette à la Cour suprême

7 Décembre 2021, 07:32am

Publié par hugo

TERRIENNES
Le droit à l'avortement, entre avancées et reculs
États-Unis : le droit à l'avortement sur la sellette à la Cour suprême
Stephen Parlato, de Boulder (Colorado), tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Hands Off Roe !!!" ("Pas touche à Roe") devant la Cour suprême à Washington, le 30 novembre 2021, alors que des militants se rassemblent avant les plaidoiries sur l'avortement.<br />
 
Stephen Parlato, de Boulder (Colorado), tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Hands Off Roe !!!" ("Pas touche à Roe") devant la Cour suprême à Washington, le 30 novembre 2021, alors que des militants se rassemblent avant les plaidoiries sur l'avortement.
 
©AP Photo/Andrew Harnik
01 DÉC 2021
 Mise à jour 02.12.2021 à 11:29 par 
Terriennes
 
avec AFP
L'avenir du droit à l'avortement aux États-Unis se joue devant une Cour suprême profondément remaniée par Donald Trump. Les juges, désormais à majorité conservateurs, pourraient profiter de l'examen d'une loi du Mississippi pour revenir près de 50 ans en arrière.
Les neuf sages de la Cour suprême des États-Unis, dont six conservateurs, se penchent ce 1er décembre 2021 sur une loi adoptée en 2018 par le Mississipi, cet Etat du Sud qui interdit les avortements après quinze semaines de grossesse. La loi, mesurée par rapport à d'autres législations adoptées ces dernières années, n'en viole pas moins le cadre légal fixé par la Cour suprême. En acceptant de l'examiner, la Haute Cour a donc envoyé le signal qu'elle était prête à revoir sa copie.

Reflétant les énormes enjeux du dossier, des manifestants ont afflué dès le petit matin par centaines ce 1er décembre 2021 devant le temple du droit américain, où ils ont formé deux groupes rivaux dans une ambiance électrique. Derrière des pancartes "Avorter, c'est tuer" ou "Dieu déteste les mains qui répandent du sang innocent", les opposants aux interruptions de grossesse affichaient de grands espoirs d'obtenir, après 50 ans de lutte, la fin de l'arrêt "Roe v. Wade".


Roe v. Wade : le droit des femmes à avorter

En 1973, dans son arrêt emblématique Roe v. Wade, la Cour suprême estimait que la Constitution garantissait un droit des femmes à avorter et que les Etats ne pouvait pas les en priver. En 1992, la Cour précisait que ce droit était valable tant que le fœtus n'est pas "viable", soit avant 22 à 24 semaines de grossesse.

Prenant acte de cette jurisprudence, les tribunaux fédéraux avaient bloqué la loi du Mississippi avant son entrée en vigueur. Les responsables de cet Etat rural et religieux se sont alors tournés vers la Cour suprême. Dès lors qu'elle a accepté leur recours, alors que rien ne l'y obligeait, la Cour a signifié qu'elle était prête à interroger la limite de "viabilité" du foetus. Mais le Mississippi lui demande aujourd'hui d'aller plus loin et d'annuler tout bonnement son arrêt de 1973.

"Nous sommes conscients de l'impact de notre demande", souligne dans un éditorial au Washington Post la procureure générale de l'Etat, Lynn Fitch. "Mais, il y a 49 ans, la Cour a privilégié une intuition politique à un raisonnement légal solide pour atteindre une conclusion info

Roe vs Wade dans les oubliettes de l'histoire ?
Tous les échelons du Parti républicain ont apporté leur soutien à procureure générale, ainsi que l'Eglise catholique et de nombreuses associations anti-avortement, dont certaines ont dépensé des millions de dollars en campagnes publicitaires avant l'audience. Tous ces acteurs pensent que leur heure a sonné après un demi-siècle de lutte judiciaire et politique. "Nous sommes sur le point d'entrer dans une nouvelle ère, où la Cour suprême va renvoyer l'arrêt Roe v. Wade aux oubliettes de l'Histoire, dont il n'aurait jamais dû sortir", a lancé l'ancien vice-président Mike Pence, un ultraconservateur chrétien, à la veille de l'audience.

Le Texas dans l'attente
Les opposants à l'avortement sont galvanisés par l'arrivée à la Cour suprême de trois juges nommés par l'ex-président Donald Trump qui ont renforcé sa majorité conservatrice. Leur influence s'est déjà faite sentir le 1er septembre 2021, quand le temple du droit américain a refusé, pour des raisons de procédure, de bloquer l'entrée en vigueur d'une loi du Texas qui interdit d'avorter dès six semaines de grossesse.
Il a depuis rouvert le dossier et exprimé son scepticisme sur l'architecture du texte, mais sa décision finale se fait attendre et de nombreuses Texanes restent contraintes de quitter leur Etat pour avorter.

Mobilisation pour le droit à l'avortement
De l'autre côté, les défenseurs du droit des femmes à avorter, "inquiets comme jamais", serrent les rangs. Des associations médicales, féministes ou des droits civiques ont écrit à la Cour pour lui demander d'invalider la loi du Mississippi, tout comme des centaines d'élus démocrates ou encore 500 athlètes de haut niveau, dont la footballeuse Megan Rapinoe. Tous assurent qu'altérer, ne serait-ce qu'un peu, la jurisprudence actuelle, va faire tomber tout l'édifice.

Les Etats seront capables d'interdire les avortements à n'importe quel stade de la grossesse.

Julie Rikelman

Si le critère de viabilité est abandonné, "les Etats seront capables d'interdire les avortements à n'importe quel stade de la grossesse", relève ainsi Julie Rikelman, qui plaidera devant les neuf sages au nom de l'unique clinique pratiquant des avortements au Mississippi. Selon la puissante organisation de planning familial, Planned Parenthood, 28 Etats ne manqueraient pas de faire, et 36 millions de femmes en âge de procréer seraient privés d'accès aux interruptions de grossesse.
Même sans le dire, valider la loi du Mississippi "reviendrait à annuler Roe", dit Julie Rikelman. 

La Cour suprême devrait rendre sa décision au printemps prochain.

(Relire) dans Terriennes : 

► La loi anti-avortement au Texas bloquée, un sursis pour les femmes
► Amy Coney Barrett : pro-armes, pro-vie, une juge aux antipodes de Ruth Baden Ginsburg
► Ruth Bader Ginsburg, une juge qui a compté pour les droits des Américaines
► Ruth Bader Ginsburg : la juge féministe qui a changé la vie des Américaines
► "La Servante écarlate", la série qui dérange l'Amérique de Donald Trump
► "Margaret Atwood, ou la force des mots", portrait intime de l'auteure de "La servante écarlate"
► Etats-Unis : le juge Kavanaugh et sa première accusatrice devant le Sénat
► Brett Kavanaugh, le juge qui n’aimait pas les femmes, élu à la Cour Suprême des Etats-Unis
► Etats-Unis : en Alabama, le droit à l'avortement en "bonne" voie d'interdiction
► "Assurance viol", le coup de grâce contre le droit à l'avortement au Texas
► Le président Donald Trump et ses 18 guerriers blancs en croisade contre le droit à l'avortement
► Avec l'obligation d'inhumer les foetus, le Texas veut enterrer le droit à l'avortement
► Pour sauver le droit à l'avortement aux Etats-Unis, la force de l'humour contre Donald Trump et Mike Pence
► Etats-Unis : la Cour suprême rappelle le droit à l'avortement au Texas
► Saint-Marin dit "OUI" à l'avortement, sous conditions
► Avortement, masculinité toxique, mères : la Mostra de Venise célèbre le combat des femmes
► L'avortement hors la loi au Honduras
► Restrictions du droit à l'avortement en Pologne : application immédiate
► L'Argentine rejoint le cercle restreint des pays d'Amérique du Sud autorisant l'avortement
► Mobilisation pour le droit à l'avortement en Pologne : plus qu'un combat, une "révolution"
► Avortement : vers un prolongement du délai légal de l'IVG en France ?

Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 02.12.2021 à 11:29
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https://information.tv5monde.com/terriennes/etats-unis-le-droit-l-avortement-sur-la-sellette-la-cour-supreme-434716

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Un congé naissance record de 14 semaines accordé par Sanofi à ses employés

7 Décembre 2021, 00:10am

Publié par hugo

 Un congé naissance record de 14 semaines accordé par Sanofi à ses employés
écouter (3min)

C'est mon boulot
Philippe Duport
Du lundi au vendredi à 6h25, 10h53

s'abonner
Quand certains employeurs se demandent comment attirer les candidats, Sanofi a peut-être trouvé une réponse : il offre à ses 100 000 salariés un congé de naissance inédit.

Article rédigé par

Philippe Duport
Radio France
Publié le 03/12/2021 07:12
 Temps de lecture : 1 min.
Un nourisson et un biberon. (AURÉLIE LAGAIN / RADIO FRANCE)
Un nourisson et un biberon. (AURÉLIE LAGAIN / RADIO FRANCE)
C’est un gros coup de pub qu’a réalisé le géant pharmaceutique français Sanofi, qui emploie 25 000 personnes dans l’Hexagone et 75 000 ailleurs dans le monde. À l’heure où la compétition fait rage entre les labos pharmaceutiques pour attirer "les talents", Sanofi met sur la table une forte carte. Un congé de naissance de trois mois et demi, quatorze semaines, payé 100% du salaire. Il va s’appliquer à partir du 1er janvier prochain. Il faudra être salarié en CDI. Mais le congé s’appliquera à tous, "quels que soient leur sexe ou l'orientation sexuelle". Il sera donné aussi dans le cadre d’une adoption, d’une maternité de substitution ou d’une tutelle.

Au-delà de cet aspect pub, du bénéfice pour ce que l’on appelle "la marque employeur", il y a clairement une volonté d’épauler les salariés, quel que soit leur sexe, et d’agir pour l’égalité hommes-femmes. À noter qu’en France, où le congé de naissance est plus avantageux pour les femmes – il est de seize semaines – le groupe porte à dix-huit semaines, soit quatre mois et demi, le congé maternité payé à 100% du salaire.

Si dans d’autres pays, les dispositions sont plus avantageuses, Sanofi ne les réduira évidemment pas. Depuis le 1er juillet dernier, les salariés papas ont droit à 28 jours de congés. Ce qui est nouveau c’est qu’une partie de ce temps de repos est obligatoire. Sept jours s’imposent à tous les salariés. Les nouveaux papas de Sanofi verront donc passer leur congé de 28 à 98 jours.

La Suède est en tête du congé parental
Plusieurs pays imposent des jours de congé obligatoire pour le père. La solution existe dans quelques pays européens. Le Portugal impose deux semaines de congé aux pères, l’Italie cinq jours et la Belgique trois jours.

Du côté du congé parental, la Suède reste championne avec un congé d’un an et demi à se partager entre le père et la mère, payé à 80%. En Finlande, les papas ont neuf semaines de congé de paternité payé 70% du salaire. Au sud, l’Espagne se distingue, avec un congé paternité de huit semaines. Une durée qui devrait doubler l’an prochain. Les pères pourront alors s’arrêter de travailler autant que les mères.


https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-mon-boulot/un-conge-naissance-record-de-14-semaines-accorde-par-sanofi-a-ses-employes_4850571.html

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107 EMME FEMMES TUEES SOUS LES COUPS DE SON CONJOINTS EN 2021

6 Décembre 2021, 20:41pm

Publié par hugo

107 EMME  FEMMES  TUEES  SOUS LES  COUPS DE  SON  CONJOINTS EN  2021 

2021 - Féminicides par Compagnons ou Ex – Google My Maps

https://www.google.com/maps/d/u/1/viewer?hl=fr&mid=1AoTHJTAvWz-P1ddCKe1NhWtdsOQgcLPA&ll=48.87047940000002%2C2.316566599999983&z=17

 

107 EMME  FEMMES  TUEES  SOUS LES  COUPS DE  SON  CONJOINTS EN  2021 107 EMME  FEMMES  TUEES  SOUS LES  COUPS DE  SON  CONJOINTS EN  2021
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La chanteuse Mathilde s'entoure de femmes engagées pour son émouvant "Hymne des femmes"

4 Décembre 2021, 04:23am

Publié par hugo

 La chanteuse Mathilde s'entoure de femmes engagées pour son émouvant "Hymne des femmes"
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"L'hymne des femmes, chanson féministe et sororale.
Clément Arbrun 
Par Clément Arbrun
Publié le Vendredi 03 Décembre 2021
Un classique féministe, c'est que ce que propose la chanteuse Mathilde avec sa version personnelle de "L'hymne des femmes". Une musique émouvante et sororale à souhait à relayer sans tarder.
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Repérée dans l'émission The Voice il y a six ans de cela, la chanteuse Mathilde a suscité un vif enthousiasme en partageant sur YouTube sa dernière création, ouvertement engagée et empouvoirante : le bien-nommé Hymne des femmes. Un "tube" féministe qui résonne dans chaque manifestation.

Le clip de cet hymne réunit pas moins de cinquante femmes. Parmi elles, des femmes politiques et engagées comme Najat Vallaud-Belkacem et Sandrine Rousseau, des artistes et personnalités médiatiques comme Marianne James ou l'autrice-compositrice-interprète Juliette, des comédiennes comme Coline Berry, des paroles érudites comme l'historienne Mathilde Larrère...

Inspiré par Le Chant des Partisans, L'hymne des Femmes est un chant du MLF (Mouvement de libération des femmes) créé en 1971.

"A nos soeurs violentées"
Il est donc tout à fait cohérent d'en délivrer une nouvelle version, 50 ans après sa création. Pour ne pas baisser la garde. Mathilde s'exprime à ce sujet : "Nous serons toujours là, tant qu'il le faudra. La sororité au coeur et la rage au ventre, notre dignité en bannière. Car nous sommes les femmes, de tous temps piétinées, mais de tous temps tel le phénix. Nous sommes toutes des héroïnes".

Et la chanteuse de s'interroger : "Mais combien d'années encore faudra-t-il que nous nous unissions ainsi ? Combien d'années encore serons-nous poussées à devoir défendre nos soeurs violentées, protéger nos soeurs traumatisées, rendre femmage à nos soeurs assassinées ?".

"Je suis fière que cinquante héroïnes, de la lumière comme de l'ombre, m'aient rejointe cette année encore pour rappeler à nos soeurs que nous ne les oublions pas. Pour se tenir debout, et trouver ensemble le courage de se relever toujours. Femmes victimes de violences, conjugales, sexistes, sexuelles, nous vous croyons. Et nous vous dédions cet hymne", développe encore Mathilde avec ferveur.

Un hymne fédérateur et puissant, à relayer.

CULTURE NEWS ESSENTIELLES MUSIQUE SORORITÉ FEMINISME FEMMES ENGAGÉES BUZZ


https://www.terrafemina.com/article/musique-l-emouvant-hymne-des-femmes-de-la-chanteuse-mathilde_a361233/1

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Qui veut la peau de l’IVG ?

4 Décembre 2021, 02:47am

Publié par hugo

Qui veut la peau de l’IVG ?
 
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Communiqué du groupe parlementaire La France insoumise.

L’Assemblée nationale a voté hier soir en seconde lecture le projet de loi portant le délai légal d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse. C’est une avancée primordiale pour les femmes qui doivent être accompagnées et non culpabilisées dans cette démarche. Mais cette victoire nous laisse un goût amer.

Quelle garantie nous donne le gouvernement qu’elle sera bien adoptée ?

Alors que nous avons bataillé âprement contre une droite à l’affût du moindre prétexte pour durcir les conditions d’accès à l’IVG, l’attitude de l’exécutif et d’une large partie de la majorité nous a laissé un goût amer.

Pendant toute la durée des débats, les représentants du gouvernement se sont bornés à donner un avis de « sagesse », sans jamais afficher un véritable soutien.

Les réticences avouées de Macron à propos de l’extension du droit à l’IVG ont-elles rejailli sur l’ensemble de sa majorité ?

Au mépris de la séparation des pouvoirs, il semble que le Premier ministre et des membres du cabinet présidentiel aient fait pression pour que les députés rejettent l’abrogation de la clause de conscience spécifique accordée aux médecins en matière d’IVG. Un recul d’autant plus scandaleux que la mesure n’obligeait en aucun cas les personnels de santé à pratiquer l’IVG, mais visait à assurer aux femmes d’être orientées vers un professionnel acceptant de le faire.

Le droit à l’avortement a toujours été et reste un combat. Une nouvelle bataille a été remportée hier. Nous ne tolérerons pas qu’elle reste sans suite par défaut de courage de la part du gouvernement.


https://lafranceinsoumise.fr/2021/12/01/qui-veut-la-peau-de-livg/

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Oh grand Saint Nicolas, patron des jouets genrés

3 Décembre 2021, 04:24am

Publié par hugo

 Oh grand Saint Nicolas, patron des jouets genrés
 
Oh grand Saint Nicolas, patron des jouets genrés
Oh grand Saint Nicolas, patron des jouets genrés
  
Une chronique d'Agathe Duclos et de Lorraine Willocx pour Les Grenades
 Publié le jeudi 02 décembre 2021 à 10h40
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La Saint-Nicolas arrive à grand pas ! Que vont recevoir les enfants cette année ? Pas de grande surprise… Un ballon de foot, un skate, et des gants de boxe pour mon aventurier de petit neveu. Et pour ma douce nièce ? Poupées, maquillage et tutu de danse viendront sublimer ses petits souliers. Mais n’est-ce pas déjà là, Saint Nicolas, qu’on enferme nos enfants dans des rôles stéréotypés qui auront de lourdes répercussions, notamment sur leur pratique sportive ?

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Les jouets genrés, l'apprentissage des stéréotypes
C’est un fait, les jouets sont toujours genrés, il n’y a qu'à rentrer dans un grand magasin pour se rendre compte de la distinction entre jeux de filles et jeux de garçons. Et ces différences sont à la base de l’apprentissage de nombreux stéréotypes. Pour la sociologue Béatrice Barbusse, les petites filles et petits garçons n’apprennent pas les mêmes choses : “La socialisation s’exerçant d’abord dès nos premières années, c’est la période pendant laquelle les principaux comportements féminins et masculins sont intériorisés par les petites filles et les petits garçons au travers des jeux, jouets, livres, films, dessins animés, sports”.

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A travers ces jeux genrés, on montre donc aux petites filles qu’elles sont censées rester à la maison, avec des jouets liés à la sphère domestique et à l'apparence physique (enfants, soin, ménage, maquillage), et aux petits garçons qu’ils doivent aimer les jeux d’aventure, de construction, et d’exploration.


Et le sport n’échappe pas à ces différences. Les garçons ont un attirail de matériel, composé de gants de boxe, kimonos, ballons et autre équipement de football, quand les petites filles, de leur côté, doivent se contenter de tutus roses et bottes d’équitation.

Ces choix marketing participent, dès le plus jeune âge, à la construction des stéréotypes. Ces derniers, même s’ils sont infondés et socialement construits, finissent par modeler la réalité. Une petite fille qui aura toujours été encouragée à rester à l’intérieur avec des jeux calmes aura moins de chance d’aimer le sport qu’un garçon qui a été encouragé à en faire depuis son plus jeune âge. Et il n’y a qu'à regarder les chiffres de l’Adeps pour s’en rendre compte : une fédération est composée en moyenne de seulement 28% de femmes contre 72% d’hommes.

Le sport agit comme “une arène où les garçons apprendraient la masculinité, éprouveraient la puissance de leur propre corps, leur force physique, l’esprit d’équipe, la performance,...”

En grandissant dans les stéréotypes associés à leur genre, les petits garçons sont donc généralement plus attirés par des sports qui mettent en jeu la combativité, la force, l’esprit de compétition. Les filles, quant à elles, sont plus amenées à se tourner vers des sports impliquant grâce, souplesse et beauté du corps. Par exemple, on observe ainsi une nette différence entre la lutte, qui ne compte que 3% de femmes, et la gymnastique, qui en compte 82% ! 

Le sport, la consolidation des stéréotypes
Les stéréotypes influencent la pratique sportive, mais la pratique sportive elle-même ancre et solidifie ces stéréotypes ! Dans son livre “Les couilles sur la table”, Victoire Tuaillon met en avant l’implication du sport dans l’apprentissage des rôles sociaux. Dans les sports considérés “pour fille” et “pour garçon”, les enfants et adolescents y apprennent la féminité et la masculinité, en tentant, le plus possible, de s’y conformer.

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Dans les sports considérés comme féminin (danse, gymnastique,...), c’est avant tout la beauté du corps et la féminité qui est mise en avant. Les jeunes filles sont moins encouragées à participer aux compétitions que leurs homologues masculins. Pour évoluer, on valorise l’entraide plutôt que la réussite individuelle. 

Les petits garçons, de leur côté, sont poussés très tôt à être compétiteurs. Ils sont encouragés à oser, croire en leurs capacités, dépasser leurs limites, gérer des situations d’échec et se relever en cas de défaite. Selon Victoire Tuaillon, le sport agit comme “une arène où les garçons apprendraient la masculinité, éprouveraient la puissance de leur propre corps, leur force physique, l’esprit d’équipe, la performance,...”. Il traduit ainsi la domination des hommes sur les femmes et rejette les différentes sortes de masculinité/féminité.

 
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Quand les livres pour enfants ouvrent le champ des possibles 

Si un ou une jeune s’écarte de ces règles implicites en s’aventurant dans un sport normalement destiné au genre opposé (par exemple, la danse classique pour un homme et le foot pour une femme), sa masculinité ou sa féminité sera très vite remise en question (traité de “tapette” ou de “garçon manqué”).

Comme l’écrit Aurélia Blanc, “remettre en question les carcans du genre, c’est avant tout leur permettre d’être vraiment libres. De pouvoir développer leur personnalité. De cultiver mille et une passions. Remettre en question les carcans du genre, c’est élargir d’un seul coup leur horizon. C’est, tout simplement, ouvrir grand leur champ des possibles.” Penses-y, Saint-Nicolas !

La Semaine Viva - Hélène Detroz sur les jouets genrés

Agathe Duclos et Lorraine Willocx font partie du Debrief du vestiaire, une page Facebook et une page Instagram qui traitent du sexisme dans le sport.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_oh-grand-saint-nicolas-patron-des-jouets-genres?id=10890120

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Athlétisme : une sélection discriminatoire pour l’Euro de cross-country ?

3 Décembre 2021, 04:11am

Publié par hugo

 Athlétisme : une sélection discriminatoire pour l’Euro de cross-country ?
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Athlétisme : une sélection discriminatoire pour l’Euro de cross-country ?
Athlétisme : une sélection discriminatoire pour l’Euro de cross-country ?
  Camille Wernaers pour Les Grenades
 Publié le mercredi 01 décembre 2021 à 16h59
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"Oui, je suis disponible pour parler maintenant, je dois juste encore prévoir un footing aujourd’hui !" À l’autre bout du téléphone, l’athlète bruxelloise Mathilde Deswaef qui, à 22 ans, possède déjà un sacré palmarès sportif à son actif. Depuis 2017, elle a participé à différents championnats internationaux d’athlétisme, dont deux participations à des championnats de cross-country.

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C’est précisément la sélection en individuel pour le prochain championnat d’Europe de cross-country, qui aura lieu à Dublin, qui crée la polémique depuis qu'elle a été rendue publique ce 30 novembre : douze hommes ont été sélectionnés et... une seule femme.

"J’ai été choquée de voir qu’il y avait si peu de femme dans la sélection cette année. Chaque année, un cross de sélection a lieu à Roulers et si on veut être sélectionné·es, on doit y participer. Un comité de sélection se rassemble et décide qui part au championnat. Généralement, les gagnant·es dans chaque catégorie sont sélectionné·es, cette fois-ci cela n’a pas été respecté, les gagnantes n’ont même pas été prises", explique Mathilde Deswaef. "Les chiffres sont là : aucune athlète n’a été sélectionnée dans la catégorie espoirs, aucune non plus parmi les séniores."

Quelle image est renvoyée du sport et de la place des femmes dans le sport ?

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Des règles floues
"Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une volonté consciente de discriminer les femmes mais il faut dire que les règles de sélection sont très floues et que les décisions sont prises en huis clos par le comité de sélection. A ma connaissance, il n’y a qu’une seule femme dans ce comité. Il n’existe aucune procédure pour faire recours à ces décisions. On sait que les décisions sont prises par rapport à notre capacité d’atteindre le top 6 en équipe et le top 20 individuellement. Mais selon quelle formule mathématique ? Un cross n’est pas un autre, c’est très subjectif !", poursuit-elle.

C'est ainsi que l'on tue l'ambition, même chez les jeunes athlètes, car si vous êtes une femme, vous n'arrivez de toute façon apparemment à rien

"Être une jeune sportive de haut niveau, cela veut dire combiner ses études et ses entraînements, se lever et aller courir, je me demande aujourd’hui pourquoi je bosse aussi dur...", confie Mathilde Deswaef. L’athlète Nina Lauwaert a, quant à elle, envoyé un mail à plusieurs médias. "Les femmes sont désavantagées. Ni moi, en tant que gagnante de la catégorie féminine, ni la gagnante de la catégorie des espoirs féminins ne sont envoyées à Dublin. Que devons-nous faire d'autre pour être sélectionnées ? C'est ainsi que l'on tue l'ambition, même chez les jeunes athlètes, car si vous êtes une femme, vous n'arrivez de toute façon apparemment à rien. Sélectionner douze hommes et à peine une femme constitue à mes yeux une forme de discrimination. Un comité de sélection décide, mais personne ne sait exactement qui en fait partie. Après coup, on ne reçoit jamais de motivation. Je veux œuvrer pour une sélection transparente et équitable", a déclaré la Flandrienne de 33 ans.

Une sélection peu transparente, c'est aussi ce que critique Hanna Vandenbussche, athlète depuis plus de 20 ans. "J'ai plusieurs adjectifs face à cette décision, c'est surtout complètement incompréhensible et irrespectueux pour les coureuses", précise-t-elle aux Grenades. "Dire que les femmes sont plus faibles, c'est faux ! J'ai participé à quatre championnats d'Europe de cross-country. Des questions se posent tous les ans mais c'est la première fois que la sélection est aussi extrême. Je suis très fâchée et en colère. Nous demandons des critères clairs et objectifs pour faire des sélections indépendantes. Aujourd'hui, on nous parle de "chance". Il faut que les athlètes aient des "chances" d'atteindre le top 20. Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est absurde. Pour clarifier tout cela, nous sommes ouvertes à la discussion avec le comité de sélection."

Rutger Smith, coordinateur sportif principal de l'aile flamande de la Ligue d'athlétisme (VAL) et membre du comité de sélection, a fermement défendu cette sélection en ces termes : "Nous avons effectué des analyses et il en ressort que les femmes sont loin d'être dans le top 20. Nous avons regardé les performances passées, le cross de sélection de Roulers et les courses de ces dernières semaines. Nina Lauwaert, victorieuse à Roulers, est moins en forme qu'en 2018 et à l'époque, elle avait terminé 22e de l'Euro. Il est difficile de défendre le fait de les envoyer. Le niveau des femmes n'est tout simplement pas assez élevé. Je ne peux être plus clair à ce sujet."

"Le sport aurait-il été créé par les hommes pour les hommes ?"
"Quel signal cela envoie-t-il ? Quelle image est renvoyée du sport et de la place des femmes dans le sport ?", réagit Mathilde Deswaef qui souligne : "Je suis néanmoins contente car cela a permis de créer des discussions collectives avec les autres athlètes féminines, de la solidarité a émergé entre nous et nous allons utiliser cette occasion pour nous défendre et nous faire entendre, nous et celles qui ont vécu la même chose par le passé. Nous pensons aussi aux suivantes, il faut changer les choses pour elles, car la mentalité actuelle n’est pas correcte. Il faut des championnes ou rien, il faut atteindre le haut du podium. Être sportive de haut niveau, c’est tout un chemin, il faut nous accompagner aussi sur ce chemin, nous motiver et nous donner de l’espoir."

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Cette année, le collectif Balance ton sport s’est d'ailleurs créé pour dénoncer les pratiques discriminantes du milieu sportif. "Le sport aurait-il été créé par les hommes pour les hommes ?", demandaient les sportives membres du collectif. "Afin de permettre à chacun⸱e de s’épanouir dans la pratique d’une activité physique, toutes les personnes responsables, représentant les valeurs universelles du sport ou encadrant les groupes de jeunes et équipes sportives, devraient impérativement être formé⸱es à la lutte contre les conduites discriminatoires et sexistes", écrivaient-elles également.

La ligne de départ des inégalités
"Il ne faudrait effectivement pas uniquement considérer l'arrivée de la course mais aussi ce qu'il se passe dès le départ et là, on constate que les conditions sont différentes selon que l'on soit un homme ou une femme : les horaires d'entrainement, les inégalités salariales, etc.", analyse Annalisa Casini, professeure à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de l'UCLouvain. "Il s'agirait de mettre en place le principe d'équité. L'équité implique de prendre en compte les inégalités de départ qui se répercutent sur l'arrivée et donc de ne pas récompenser les gens en fonction des objectifs atteints." Car tout le monde n'a pas le même chemin, ni les mêmes obstacles à franchir, pour arriver à atteindre le même objectif.

Être sportive de haut niveau, c’est tout un chemin, il faut nous accompagner aussi sur ce chemin, nous motiver et nous donner de l’espoir

Sur la ligne de départ des inégalités, il y a par exemple les infrastructures sportives communales, notamment celles qui se trouvent à l'extérieur, qui sont plus souvent adaptées aux sports collectifs que pratiquent les garçons (foot, basket, skatepark, etc). Le guide Égalité des genres dans l’espace public du SPF Intérieur indique : "Quant aux domaines récréatifs et espaces verts, ils restent eux aussi encore bien trop dominés par les hommes et jeunes garçons en raison de l’offre d’activités sportives et ludiques qui leur sont principalement destinées. (...) La politique se base encore trop souvent sur un modèle purement masculin de l’organisation de la vie quotidienne, laissant peu de place aux expériences et aux besoins spécifiques des femmes."

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Le sport, encore vecteur d'inégalités genrées 

"Est-ce que le sport est utile ? Si oui, les filles bénéficient moins de cet apport", continue Annalisa Casini. "Dans le livre Filles-garçons : socialisation différenciée ?, un chapitre est consacré au fait que les garçons se retrouvent plus souvent dans des sports d'équipe, collectifs, alors que les filles sont majoritaires dans les sports individuels. Quelles en sont les conséquences ? Les garçons grandissent en relativisant leurs échecs, qui sont la responsabilité de l'équipe tout entière, ce n'est pas leur faute personnelle. Les filles, elles, grandissent en pratiquant des sports individuels dans lesquels elles vont être jugées en fonction de la note d'un juge qui est forcément plus subjective que le nombre de buts marqués. Elles vont plus facilement penser qu'elles ne sont pas à la hauteur, personnellement. Cela pourrait expliquer cette tendance générale que l'on constate : les femmes s'engagent dans leur vie là où le risque d'échec est limité, tandis que les hommes tentent plus facilement et prennent des risques, notamment professionnels, car ils ont grandi en relativisant leurs échecs qui étaient causés par des éléments extérieurs, qui n'étaient pas de leur fait."

Balance ton sport, les langues se délient - Un podcast Les Grenades

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https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_athletisme-une-selection-discriminatoire-pour-l-euro-de-cross-country?id=10889516

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