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Le blog de hugo,

109 EMME FEMMES TUEES SOUS LES COUPS DE SON CONJOINTS EN 2021

15 Décembre 2021, 21:34pm

Publié par hugo

2021 - Féminicides par Compagnons ou Ex – Google My Maps

 https://www.google.com/maps/d/u/1/viewer?hl=fr&mid=1AoTHJTAvWz-P1ddCKe1NhWtdsOQgcLPA&ll=48.63542857862067%2C3.1146167550293047&z=8&fbclid=IwAR0DbX7Rhi05X7rjuUcHEL97cGJnDVUxSP1cx-tEQEX0yquWv01XK-YiyhU

 

109 EMME   FEMMES  TUEES SOUS LES COUPS DE SON CONJOINTS EN 2021
109 EMME   FEMMES  TUEES SOUS LES COUPS DE SON CONJOINTS EN 2021
109 EMME   FEMMES  TUEES SOUS LES COUPS DE SON CONJOINTS EN 2021
109 EMME   FEMMES  TUEES SOUS LES COUPS DE SON CONJOINTS EN 2021
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109 EMME   FEMMES  TUEES SOUS LES COUPS DE SON CONJOINTS EN 2021
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109 EMME   FEMMES  TUEES SOUS LES COUPS DE SON CONJOINTS EN 2021
109 EMME   FEMMES  TUEES SOUS LES COUPS DE SON CONJOINTS EN 2021

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"Au nom des femmes" : comprendre les instrumentalisations racistes du féminisme

15 Décembre 2021, 19:51pm

Publié par hugo

 "Au nom des femmes" : comprendre les instrumentalisations racistes du féminisme
  
Une chronique d'Irène Kaufer pour Les Grenades
 Publié à 16h29
Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Email76 
Disons-le d'emblée : ce n'est pas un livre facile. Son autrice, Sara R. Farris, n'a pas fait le choix de lancer des accusations et des polémiques, elle a construit une démonstration d'une grande rigueur, qui interpelle les femmes en général, et les féministes en particulier, sur l'instrumentalisation de leurs luttes pour justifier des politiques racistes.


On se souviendra que déjà en 2001, la guerre contre l'Afghanistan avait été lancée "au nom des femmes", ce que certaines féministes comme Christine Delphy avaient dénoncé avec force. Ce même prétexte de défense des droits des femmes sert d'alibi dans nos pays occidentaux pour le rejet des populations du Sud, avec un aspect très genré : les hommes étant considérés comme "oppresseurs" et "dangereux", tandis que les femmes sont des "victimes à sauver". Cela concerne en particulier les migrant·es musulman·es, mais on peut élargir jusqu'aux populations d'Europe de l'Est, les hommes étant stéréotypés en "mafieux" et les femmes en "victimes de la traite des êtres humains".

Sara Farris ne nie pas l'existence de rapports de domination parmi les populations immigrées, mais elle souligne qu'ils ne sont pas spécifiques à ces populations. Ce qui est particulier, c'est le regard porté sur elles : ainsi des violences faites aux femmes par des "autochtones" seront considérées comme autant de cas individuels, alors que celles exercées par des hommes venus d'"ailleurs" seront reliées à leur "culture".

"Fémonationalisme"
L'autrice part d'un constat : une étrange convergence de positions entre partis nationalistes, néolibéraux et organisations féministes par rapport aux migrant·es. Ce qui a le double avantage, pour des partis de droite voire d'extrême droite, de stigmatiser ces populations d'une part, et d'autre part de se dédouaner à bon compte des violences et des inégalités persistantes dans nos sociétés supposées "supérieures".

Cet intérêt soudain de ces partis pour les droits des femmes mérite d'être analysé, mais ce qui interroge surtout, c'est la participation d'organisations et d'intellectuelles féministes à cette façon de renvoyer aux "autres" les méfaits du système patriarcal. C'est là que l'autrice introduit le concept de "fémonationalisme".

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Pour étayer son propos, Sara S. Farris s'est focalisée sur trois pays : la France, l'Italie et les Pays-Bas. Au-delà de leurs différences politiques, ces pays ont pour point commun la montée de partis nationalistes qui se servent de l'égalité hommes-femmes comme épouvantail contre l'immigration. On pourrait transposer sans peine à ce qui se passe en Flandre, où le Vlaams Belang n'hésite pas à brandir l'égalité entre hommes et femmes comme une des valeurs fondamentales de nos sociétés, tout en défendant des positons qui vont à l'encontre de cette égalité.

Étrange convergence de positions entre partis nationalistes, néolibéraux et organisations féministes par rapport aux migrant·es

L'autrice démonte de manière convaincante les contradictions de politiques visant à "intégrer" les migrant·es, sous forme de parcours "d'intégration", qui sont surtout des parcours d'obstacles de plus en plus sévères (sa démonstration va jusqu'en 2013 et depuis, les choses n'ont fait que s'aggraver). Ainsi, aux Pays-Bas, pionniers du système de "inburgering" qui a ensuite essaimé à travers l'Union européenne, l'une des principales "valeurs" de la société néerlandaise mise en avant est l'égalité entre femmes et hommes ; mais les cours qui s'adressent aux migrantes insistent le plus lourdement sur leur rôle de mères. Difficile de faire plus genré.

Politiques paradoxales
Mais l'originalité de la démonstration de Sarah Farris est de ne pas se cantonner à une bataille idéologique mais de montrer, exemples très concrets à l'appui, que ces politiques ont des motivations et des conséquences économiques très concrètes. Les  victimes à sauver" sont, là encore dans une convergence étonnante, invitées à "s'intégrer" par l'entrée sur le marché du travail, qui leur permettrait de s'émanciper tout en leur offrant une indépendance financière.

Seulement voilà, remarque Farris : cette "émancipation" se fait en grande majorité dans un nombre restreint de secteurs, ceux qui sont justement les plus précaires, les plus mal rémunérés et aussi les plus genrés, ce qui est paradoxal quand on prétend agir au nom de l'égalité entre femmes et hommes. Il s'agit de tout le secteur de la "reproduction sociale", comme le nettoyage, les travaux domestiques, la prise en charge des enfants, des personnes âgées ou handicapées... toutes ces tâches justement dénoncées par les féministes comme pesant de manière disproportionnée sur les femmes. Les "natives" peuvent s'en débarrasser en les déléguant aux migrantes, y compris des sans papières, à défaut d'une prise en charge collective ou d'un partage avec les hommes.

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L'autrice relève comment le vieillissement de la population et la montée de l'emploi des femmes occidentales, couplés à des politiques néolibérales de destruction des services publics, ont développé des besoins auxquels les migrantes sont priées de répondre. Ce qui mène parfois à des politiques paradoxales, à l'exemple de l'Italie : entre 2002 et 2009, des gouvernements de droite, avec la participation de l'extrême droite (Ligue du Nord ou l'Alleanza Nationale) n'ont cessé de durcir les conditions de l'immigration ; dans le même temps, des dizaines de milliers de femmes migrantes ont été régularisées.

Les cours qui s'adressent aux migrantes insistent le plus lourdement sur leur rôle de mères. Difficile de faire plus genré

Aucun mystère là-dedans : l'Italie avait besoin de bras dans les secteurs de services à la personne, dans des conditions de travail et de rémunération dont les Italiennes ne voulaient pas. La même situation s'est répétée à travers l'Europe, avec du cynisme en plus aux Pays-Bas : pour "émanciper" les femmes migrantes et sous prétexte de les encourager à obtenir l'indépendance financière, on les a poussées vers... du travail bénévole dans le système de soins.

Ces formes d'"intégration" et d'"émancipation" ont été soutenues par des organisations de femmes, y compris des féministes, malgré leur aspect hautement genré.

À LIRE AUSSI

Un peu racistes, les féministes? 

Il reste tout de même une frustration au bout de cette lecture par ailleurs si stimulante : Sara Farris ne propose guère de portes de sortie. Par exemple, sa critique acerbe de l'"émancipation par le travail" laisse la question ouverte : une autre approche serait-elle d'ouvrir davantage de secteurs aux migrantes, sachant que, s'il ne s'agit pas de répondre à des besoins criants, elles risquent d'être tout simplement refoulées ? Ou faut-il renoncer à encourager l'accès à l'emploi, au risque de renforcer la dépendance de ces femmes, y compris par rapport à des conjoints violents ?

Ce livre a surtout le mérite de mettre en garde contre des liens dangereux entre féminisme et nationalisme, et de pousser à la réflexion sur d'éventuelles alternatives.

Sara R. Farris : "Au nom des Femmes. Fémonationalisme. Les instrumentalisations racistes du féminisme", (traduit de l'anglais par July Robert), Editions Syllepse.

Sujets féministes, soupe raciste - Un podcast axelle magazine

axelle mag · Sujets féministes, soupe raciste
Irène Kaufer est autrice et membre de l'asbl Garance.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_au-nom-des-femmes-comprendre-les-instrumentalisations-racistes-du-feminisme?id=10898589

JE SUIS UN HOMME FEMINISTE  ET J EN SUIS FIER 

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Les Grandes Oubliées de la musique classique

15 Décembre 2021, 19:44pm

Publié par hugo

 14 DÉCEMBRE 2021
Culture \ Musique
Les Grandes Oubliées de la musique classique

Les musiciennes, chanteuses et compositrices furent de tout temps présentes dans le paysage culturel musical. Cependant, elles furent très peu nombreuses à s’adonner à cet art, les portes du Conservatoire leur étant fermées. Certaines publièrent leurs partitions sous des pseudonymes masculins comme la franco-britannique, Augusta Holmès, d’autres composèrent pour leur mari ou frère mais la grande majorité tomba dans l’oubli. Focus sur l’histoire de ces grandes Dames de la musique.

Les chanteuses et danseuses étaient souvent des esclaves ou prostituées sous l’Antiquité, pâtissant d’une mauvaise réputation. La poétesse, Sappho au VIIème siécle avant J.-C. est considérée comme la première compositrice, en l’absence d’autres noms mentionnés dans les écrits. En 318 après JC une loi interdit aux femmes de chanter dans les Églises en raison de « leur voix ensorceleuse ». Rares sont donc les identités de compositrices au Moyen-Age qui nous sont parvenues. Seules les Moniales pouvaient mettre en musique leur création artistique. L’abbesse, Cassienne de Constantinople, composa de nombreux hymnes vers l’an 850 et la religieuse Hildegarde von Bingen (XIème siécle) laissera 70 chants fervents. Quelques troubadouresses proposèrent des compositions profanes chantant l’amour courtois ainsi que des musiques sacrées. C’est le cas de la Comtesse Béatritz de Dia, d’Iseut de Capion ou de Marie de Ventadour, toutes issues de famille noble, qui furent appréciées par la qualité de leur travail musical et leurs textes.


Francesca Caccini
Sous la Renaissance, l’Académie de musique et de poésie est créée en 1570 en France pour mettre en lien musique et poésie. Les femmes en sont exclues. Seules celles issues d’un milieu aristocrate reçoivent un enseignement incluant l’apprentissage du solfège et du chant au couvent ou par un précepteur à domicile. Pour les autres, ce sont des filles de musicien, organiste, chanteur d’opéra en grande majorité. La première compositrice, luthiste, chanteuse à être publiée est l’Italienne, Maddalena Casulana avec près de 80 madrigaux (forme ancienne de musique vocale) destinés principalement à la famille des Médicis. Francesca Caccini est la première à créer un opéra.


Anna Magdalena Bach
L’Académie royale de musique fondée à Paris en 1669 et qui deviendra ensuite, l’opéra de Paris, était chargée de diffuser principalement des œuvres d’opéra français. Les arts se développant tout au long de ce siècle, de nombreuses femmes se firent alors connaître dans ce domaine. Élisabeth Jacquet de la Guerre se fera remarquer à l’âge de 5 ans par ses aptitudes musicales puis plus tard connaîtra un franc succès grâce à ses compositions au clavecin sous le règne de Louis XIV.


Maria-Anna Mozart
Amie de Benjamin Franklin, Sophie Gail compose la Marche des insurgés pour célébrer la victoire américaine. Jean-Sébastien Bach ne serait pas l’auteur de certaines de ses plus importantes compositions, mais plutôt Anna  Magdalena, sa seconde épouse. Hélène de Montgeroult est considérée par ses pairs comme le chaînon manquant entre Mozart et Chopin  en qualité de concertiste et compositrice pré-romantique. Et que dire de Maria-Anna surnommée Nannerl, sœur de Mozart, virtuose du clavecin et du piano-forte, reconnue comme musicienne surdouée et interdite d’écrire de la musique par son père car considérée comme une forme de prostitution ! Maria-Anna Mozart aurait écrit des symphonies jouées par son illustre frère.

Le XIXème siécle compte plus de 1000 femmes musiciennes amatrices ou professionnelles donnant des concerts. Franz Liszt « vante le génie » de Pauline Viardot, cantatrice et compositrice aux 100 partitions, méconnue de l’histoire de la musique. La pianiste et compositrice, Louise Farrenc, soutenue par son époux, enseignera au Conservatoire de Paris en tant que professeure. Elle militera pour l’égalité des salaires, et Berlioz dira d’elle « qu’elle composait comme un homme. »


Lili et Nadia Boulanger
N’étant réservé qu’aux arts majeurs (peinture, sculpture et architecture), le Prix de Rome ne s’ouvre aux compositions musicales qu’à partir de 1803 mais les femmes pourront n’y concourir que 100 ans plus tard. Elles n’accèdent enfin aux classes d’écriture du Conservatoire de Paris qu’à partir de 1870. Lili Boulanger est la première compositrice à décrocher le Prix de Rome en 1913.

Clara Schumann créera une quarantaine d’œuvres même si son travail ne sera pas autant reconnu que celui de son célèbre époux. Fanny Mendelssohn sera écartée du monde la musique à l’âge de 15 ans par son père, la priorité revenant à son frère, Félix. Elle publiera cependant des centaines de lieders (poème chanté et accompagné au piano).

Et qu’en est-il des cheffes d’orchestre ? En 2020, elles ne sont que 4 % à exercer ce métier en France et dans le monde alors qu’on trouve autant d’hommes que de femmes dans les conservatoires. Seules, 30 % de femmes jouent de nos jours dans les orchestres. Pourtant, Augusta Holmès au XIXéme siècle dirigeait ses propres symphonies de style wagnérien. La britannique, Ethel Smyth maniait la baguette à côté de ses activités de suffragette. Nadia Boulanger, sœur de Lili Boulanger, fut dans les années 1920 une cheffe d’orchestre de grande renommée en France comme aux États-Unis.

La musique étant considérée comme un langage universel, elle n’a donc pas de genre. Il devient donc urgent de hisser ces grandes oubliées de la musique au même titre que leurs homologues masculins et de véhiculer leur héritage musical à nos fils et nos filles.

Laurence Dionigi 50-50 Magazine

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Étiquettes : Culture


https://www.50-50magazine.fr/2021/12/14/les-grandes-oubliees-de-la-musique-classique/

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Des livres à mettre sous le sapin de Noël

14 Décembre 2021, 23:15pm

Publié par hugo

13 DÉCEMBRE 2021
Culture \ Livres
Des livres à mettre sous le sapin de Noël
livre
En finir avec l’homme Chronique d’une imposture – Éliane Viennot
FINIR AVEC LHOMME
Depuis quand, et comment, et pourquoi le mot « Homme » en est-il venu à désigner le genre humain tout entier ? Au fil d’une passionnante analyse sur l’usage historique de ce terme, son étymologie, la plus-value sémantique qu’il a progressivement acquise, Éliane Viennot retrace l’histoire d’un abus de langage qui gonfle «l’Homme» à la dimension de l’humanité. Au pays du Musée de l’Homme, de la Maison des Sciences de l’Homme, des Droits de l’homme et du citoyen, cette histoire-là relève d’une exception française qui sent fort l’imposture masculiniste. Il est temps que «l’Homme» se couche, sémantiquement parlant, qu’il regagne son lit de mâle humain et laisse place aux autres individus du genre Homo, aux personnes humaines.

Petit guide pour une sexualité féministe et épanouie – Les Frangines
Ce livre a été écrit par Les Frangines, le collectif de libération des sexualités d’Osez le Féminisme !

PETIT GUIDE SEXUALITE
Ce Petit guide pour une sexualité féministe et épanouie, est avant tout un projet collaboratif qui a été peaufiné avec sororité et bienveillance pour un résultat qu’on adore : un guide ultra complet, destiné à toutes les premières fois, qui aborde énormément de sujets autour des sexualités des filles et des femmes. Anatomie, désir, mythes du prince charmant ou du bon coup, IVG, réappropriation du corps… Le tout agrémenté de multiples illustrations originales féministes signées Anne Billows !

Nos coeurs sauvages – France Ortelli
COEUR SAUVAGESSommes-nous devenus trop «sauvages» pour la vie à deux ? En deux générations, notre culture de la recherche d’une âme sœur a radicalement changé. Nous choisissons désormais nos partenaires sans contraintes.. Pourtant, le nombre de célibataires grimpe inexorablement dans le monde. Si les règles du jeu ont changé, hommes et femmes peuvent-ils encore s’entendre ?

Cette enquête est le résultat de trois années d’investigation pour comprendre comment notre rapport à l’amour a évolué depuis l’époque de nos parents et de nos grands-parents. Lorsqu’ils nous parlent de leur histoire, tout paraît simple. Lorsqu’on interroge les gens autour de nous, tout semble compliqué…

Nos Cœurs Sauvages réunit des centaines d’entretiens et décrypte les dernières avancées des sciences sociales avec un humour au vitriol. Alors que notre cœur fait les montagnes russes à chaque rencontre, que le choix amoureux nous désoriente, comment réinventer les relations hommes-femmes ?

Faire face aux violences conjugales. Approches croisées d’un phénomène complexe – Claire Metz, Anne Thevenot
VIOLENCES
 

Faire face aux violences conjugales est le premier titre de la collection Famille, psyché, société, qui aborde les problèmes de société contemporains en étudiant le vécu des sujets qui s’y trouvent confrontés au prisme des sciences humaines et sociales.

Dans cet ouvrage collectif, des chercheuses/chercheurs en psychologie, en sciences sociales, juridiques et historiques, ainsi que des praticien·nes de terrain, croisent leurs points de vue afin de décrypter le phénomène complexe des violences conjugales, fléau social contre lequel les actrices/acteurs sociaux ne peuvent se mobiliser efficacement qu’avec l’éclairage apporté par les sciences humaines et sociales. Ce livre s’adresse à toutes celles et ceux que cette question interpelle.

Trajectoire de femme – Journal illustré d’un combat Erin Williams
Trajectoire de femme est un roman graphique poignant, poétique et autobiographique.Trajectoire de femme
Erin vit à New-York. Chaque matin, elle prend le train qui la conduit de sa banlieue à Manhattan. Au fil des pages et du trajet, Erin nous dévoile son itinéraire personnel. Elle se souvient de ses partenaires sexuels et de ses combats : les viols dont elle a été victime, sa lutte contre l’alcoolisme, son accouchement difficile. Vulnérable et mal dans sa peau, elle explique, dans un portrait intime et puissant, comment elle a franchi les lignes. Faut-il être invisible pour ne pas être un simple objet aux yeux des hommes ? Ses souvenirs plongent le lecteur dans l’espace gris qui se situe entre le consentement et l’agression, la honte et la culpabilité, le mal-être et le désir de vivre. Les dessins, en noir et blanc pour la plupart, sont d’une sobriété troublante et empreints de poésie. Le graphisme est très actuel. Sincère sans être sombre, le livre d’Erin Williams est avant tout l’histoire d’une renaissance. La jeune femme tombe amoureuse puis enceinte, arrête de boire, reprend ses études, et réapprend progressivement à vivre. Le harcèlement sexuel, la culpabilité, la maternité et la résilience sont au cœur de ce roman graphique.

La femme qui a tué les poissons et autres contes – Clarice Lispector
femme poisson
Rappelant les légendes traditionnelles et les contes initiatiques, Clarice Lispector mêle le monde de l’enfance aux destins d’animaux. Ces derniers se voient pris dans un tourbillon d’évènements aussi anodins que mystérieux, inspirés de la vie quotidienne. Ainsi, le titre éponyme de ce recueil revient sur la mort de deux poissons rouges que son fils Paulo lui avait demandé de garder en son absence. Dans Comme si c’était vrai, on croise le chien Ulysse au regard humain, fidèle compagnon de Clarice Lispector, qu’elle ne remplaça jamais après sa mort. C’est avec un mélange exquis d’humour et de simplicité, de douce ironie et d’amour maternel, que Clarise Lispector déploie l’appréhension sensible et émotionnelle du monde, la recherche du sens ou le renoncement à le trouver. La maternité et l’enfance sont au centre de son œuvre : chez cette autrice incomparable, nulle opposition entre son rôle de mère et son travail d’écrivain. En témoigne son fils cadet, Paulo Gurgel Valente, qui se souvient de sa mère « avec une machine à écrire sur les genoux, tapant avec application au milieu de la pièce principale de la maison, au milieu des bruits des enfants […] ».

« Parce qu’au début et au milieu je vais vous raconter des histoires sur les animaux que j’ai eus, pour vous montrer que je ne pourrais pas avoir tué les poissons autrement que sans le faire exprès. J’ai bon espoir qu’à la fin de ce livre vous me connaissiez mieux et que vous m’accordiez le pardon que je demande pour la mort de deux “tyrougets”, c’est comme ça qu’on les appelait à la maison, “tyrougets” ».

inegalite
L’histoire de l’inégalité – Anne Bergheim-Nègre
Qu’est-ce que l’inégalité ? Pourquoi existe-t-elle entre les femmes et les hommes?

Nous sommes au XXIe, Anne Bergheim-Nègre met en évidence l’histoire singulière de cette inégalité qui structure notre civilisation pour comprendre les mécanismes et mettre en évidence la nécessité d’en sortir. Sujet sensible par excellence, l’inégalité entre les femmes et les hommes serait-elle une répétition de l’histoire ?

Anne Bergheim-Nègre puise ici dans les rouages historiques et les évolutions législatives pour nous conduire à une réflexion sur notre propre conception de l’inégalité. Pouvons-nous sortir de ce schéma ? Elle appelle à déconstruire l’inégalité pour enfin construire une égalité de droit et de fait.

Les vrais hommes sont féministes – Isabelle Alonso
alonsoCe livre épatant remet joyeusement les pendules à l’heure en ce qui concerne le féminisme, cette notion si souvent galvaudée. Ce n’est pas un terme à la mode, destiné la plupart du temps à recueillir des suffrages, mais bien une manière révolutionnaire d’envisager les relations humaines.

Isabelle Alonso n’en est pas à son coup d’essai, elle explose le plafond et nous emporte grâce à son verbe endiablé au paradis du féminisme radical et universaliste. Elle explique que le poisson rouge, entendez le sexe masculin, baigne dans l’eau du patriarcat sans s’en apercevoir et se donne pour défi de révéler de quoi est faite cette eau transparente. Elle explique que le monde dans lequel l’homme évolue tranquillement n’a rien à voir avec celui des femmes, truffé de dangers réels et potentiels, d’injonctions, de diktats, d’interdits passés et présents mais que l’on trimballe de toute façon dans sa tête en tant que femmes puisque, ils sont présents dans la littérature, les médias, la langue et les lois: conscient.es ou pas, on en est imbibé.es puisqu’on vit tous et toutes dedans…

Ce livre est une perle rare que l’on lit d’une traite, tant cette manière de révéler la situation inégalitaire est décrite de façon claire, imagée et construite de manière accessible: sans contradiction possible!

50-50 Magazine


https://www.50-50magazine.fr/2021/12/13/des-livres-a-mettre-sous-le-sapin-de-noel/

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Plus de 9 jeunes femmes sur 10 ont déjà subi des violences conjugales

14 Décembre 2021, 22:29pm

Publié par hugo

 Plus de 9 jeunes femmes sur 10 ont déjà subi des violences conjugales
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Les jeunes femmes victimes de violences conjugales
Les jeunes femmes victimes de violences conjugales
Clément Arbrun 
Par Clément Arbrun
Publié le Mardi 14 Décembre 2021
Selon un sondage de la newsletter féministe Les Petites Glo réalisée en partenariat avec l'association En avant toute(s), plus de 9 jeunes filles et femmes sur 10, âgées de 12 à 24 ans, attestent avoir déjà subi des violences conjugales. Un constat sans appel.
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Plus de 9 sur 10. C'est le nombre de jeunes filles et femmes qui attestent avoir déjà subi des violences conjugales. Voilà le chiffre considérable révélé par une enquête méticuleuse menée en novembre dernier par la newsletter féministe Les Petites Glo en partenariat avec l'association En avant toute(s) auprès d'un échantillon de 3 127 personnes âgées entre 12 et 24 ans. 90,3% des filles et jeunes femmes ayant été en couple ont répondu "oui" à au moins une des nombreuses questions du sondage dédié à l'expérience des violences - physiques, psychologiques.

Une enquête qui met l'accent sur de nombreux points. Par exemple ? Près d'une sondée hétérosexuelle sur deux dit avoir déjà été traité·e de "pute", de "con·ne" ou de toute autre insulte au cours d'une relation. "Bien souvent banalisés et cachés derrière la légèreté de l'humour, ces abus verbaux posent une relation de dominance disproportionnée pouvant déboucher sur des situations de violences conjugales physiques", souligne l'étude.

46% des filles et femmes hétérosexuelles interrogées disent avoir déjà été rabaissées au cours d'une relation par des attitudes ou des phrases méprisantes. Plus d'une sondée sur deux s'est déjà sentie obligée d'avoir des relations sexuelles ou d'effectuer des pratiques sexuelles par peur que son partenaire la quitte ou qu'il ne l'aime plus. Mais ce n'est pas tout.

Un phénomène d'emprise qui s'exprime très tôt

Plus de six hétérosexuelles sur dix ont déjà caché ou minimisé leurs problèmes de couple par peur que les autres "voient leur partenaire différemment", et c'est aussi le cas des 58% des personnes homosexuelles interrogées dans le cadre du sondage. Plus de 4 femmes hétérosexuelles sur 10 ont déjà eu peur que leur partenaire révèle des choses intimes à leurs ami·e·s, que ce soit dans leur vie scolaire, universitaire, professionnelle ou sur les réseaux sociaux.

Plus encore, plus de 3 femmes hétérosexuelles sur 10 affirment avoir déjà eu peur de leur partenaire. C'est aussi le cas de 43% des filles et femmes s'identifiant comme bisexuelles ou pansexuelles.

On le devine, à travers ces données s'énoncent de nombreuses expériences : violences verbales et physiques, peur de l'autre, autodépréciation, altération de la personnalité, manipulation psychologique... En somme, des éléments relatifs au phénomène d'emprise. Une situation qui commence donc aux plus jeunes âges, dès l'adolescence, et où s'exprimer devient clairement difficile. Cependant, 62% des filles et femmes interrogées ayant subies des violences conjugales sont quand même parvenues à en parler à quelqu'un, et parmi elles, 90% en ont parlé à un·e ami·e, 34% à quelqu'un de leur famille. Et... 6% seulement à la police.

Autres données éloquentes s'il en est, 42,9% des personnes interrogées ayant subi des violences au sein de leur couple ont indiqué ne pas en avoir parlé "pour oublier cette histoire", 28 % "par peur des conséquences", et près de 24 % "par peur de ne pas être cru·e". D'où l'importance d'une telle enquête : faire résonner les voix de celles que l'on entend trop peu.

SOCIÉTÉ NEWS ESSENTIELLES VIOLENCES CONJUGALES ENQUÊTE FRANCE JEUNES FEMMES ADOLESCENT


https://www.terrafemina.com/article/violences-conjugales-plus-de-9-jeunes-femmes-sur-10-ont-deja-subi-des-violences_a361422/1

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9 jeunes femmes sur 10 ont déjà subi des violences conjugales

14 Décembre 2021, 22:20pm

Publié par hugo

 
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Les Petites Glo
Avertissement : cet épisode de la newsletter aborde le sujet des violences physiques et sexuelles. Si vous sentez que cela peut être difficile pour vous de le lire ou raviver des souvenirs douloureux, pensez à vous préserver.

Mardi 14 décembre 2021

9 jeunes femmes sur 10 ont déjà subi des violences conjugales
par Chloé Thibaud (retrouvez-moi sur Twitter et Instagram)

Ne pas l’agacer. Ne pas l’agacer, ne pas le frustrer ou le contrarier, sinon il va s’énerver. Et s’il s’énerve, il haussera le ton, pointera son doigt furieux à un centimètre de mon visage en hurlant, menacera de se suicider. S’il se met en colère, il brisera le carreau d’une fenêtre, cassera un objet ou le verrou d’une porte derrière laquelle je me suis cachée le temps que la crise passe. Ne pas lui répondre, ne pas entrer dans son jeu, rester calme pour ne pas m’entendre dire que “je l’ai bien cherché“. Rester calme malgré la peur. Malgré la tristesse immense d’avoir peur de celui que j’aime. Entendre le verrou de la porte sauter, le voir bondir sur moi, m’attraper par le col et penser “Cette fois-ci, il va vraiment le faire“. Puis, la peur dissipée, me répéter que ce n’est pas si grave parce qu’il m’aime, lui aussi. La preuve, il est en larmes, il me prend dans ses bras, me couvre de baisers et d’excuses. Enfin, m’habituer à prononcer cette phrase : “Non mais ça va, c’est pas comme s’il me foutait des coups de poing dans la gueule !“. Banaliser.

Il y a quelques semaines, ce sont ces scènes que j’ai racontées à mon interlocutrice sur le tchat d’En avant toute(s), commentonsaime.fr. Il se trouve que Louise Delavier, la co-fondatrice, est une ancienne camarade de collège et que c’est vers elle que je me suis tournée, un jour de désespoir, lorsque je ne voulais pas embêter mes proches avec mon histoire ni répéter à ma psy ce qu’elle savait déjà. Elle m’a conseillé de faire un tour sur leur site, et cette discussion en ligne (gratuite et anonyme) avec une professionnelle m’a considérablement aidée. C’est ensuite que j’ai proposé à Louise d’associer nos forces pour venir en aide aux plus jeunes qui font face à ce problème. Car les violences conjugales ne se présentent pas seulement sous la forme d’un œil au beurre noir. Elles ne concernent pas que les adultes. Elles commencent tôt, dès les premières relations amoureuses. Elles n’épargnent personne, ni celles qui écrivent des articles pour les dénoncer, ni celles qui les lisent. Celles qui, féministes, éclairées, engagées, pensent qu’elles ne tomberaient pas dans ce piège parce qu’elles “savent très bien comment ça marche et ne se laisseraient jamais faire“.

Il est important que vous lisiez ceci les Petites Glo : tout le monde peut être victime de violences conjugales.

Nous avons donc mené une enquête sur le site des Glorieuses (du 2 au 26 novembre 2021) en vous proposant de répondre à un questionnaire sur vos relations affectives et sexuelles. Notre objectif était de mettre en lumière les réalités des jeunes de 12 à 24 ans et vous avez été 3127 à participer, ce qui est énorme. Je vous remercie de tout mon cœur car, grâce à vous, nous avons pu recueillir des informations inédites qui permettent malheureusement de confirmer la gravité de la situation.


En effet, 90,3% des personnes s’identifiant comme femmes et ayant déjà été en couple ont répondu “oui“ à au moins une question sur l’expérience des violences, ce qui signifie que plus de 9 jeunes femmes sur 10 ont déjà subi des violences conjugales. Cela s’exprime d’abord à travers la violence verbale et psychologique : 47% des répondantes ont déjà été traitées de “pute“, de “conne“ ou de toute autre insulte au cours d’une relation ; et 46% se sont déjà senties rabaissées par des attitudes ou des phrases méprisantes du genre “Tu n’es pas assez bien pour moi“, ou “Avec mon ex, c’était mieux“. “Ces chiffres démontrent à quel point c’est répandu, commente Louise lorsqu’elle découvre les résultats du sondage. Mais il ne faut surtout pas banaliser les insultes, même lorsqu’elles sont dites ‘sur le ton de la blague’. En réalité, on est déjà dans de la violence.“ Maja a 19 ans et elle m’a raconté son histoire. Lorsqu’elle avait 15 ans, elle a rencontré son premier petit copain et a eu le sentiment de laisser tomber celle qu’elle était pour devenir celle qu’il voulait qu’elle soit :

Ça a commencé par mon physique, des remarques comme ‘Tes cheveux sont moches, tu veux pas les lisser ?’, ‘T’as pas de sourcils’ ou ‘T’as un énorme poil au nombril’. J’ai mis trois ans à réapprendre à aimer mes cheveux et à ne plus les lisser, à accepter mes poils, et je suis encore très complexée par mes sourcils clairsemés que je maquille tous les jours. Puis, j’ai commencé à perdre mon identité. Au lycée, je devais passer chaque pause, chaque heure de libre, chaque repas avec lui, m’éloignant peu à peu de mes amies. Je devais activer la localisation sans cesse sur Snapchat, sinon c’était le drame : ‘T’es où ?’, ‘Vas-y, retourne avec tes mecs !’, ‘T’es chez qui encore putain ?!’. Une fois, j’ai voulu le quitter, en bas de chez moi. Il m’a couru après dans les escaliers, j’ai juste réussi à fermer ma porte à clé et m’effondrer derrière. Voici ce qu’il m’envoyait par message : ‘J’ai un couteau dans mon sac, je vais me buter devant ta porte, ma mère ne va pas supporter la douleur et fera pareil, tu auras nos deux morts sur ta conscience’.

Maja a eu d’autres histoires depuis mais cet homme fait encore partie de sa vie. “Malgré mon épanouissement dans ma vie sentimentale et sexuelle, je suis toujours retournée auprès de lui, tout en sachant le mal qu’il m’avait fait. Il sait quels mots emprunter, les points sur lesquels il faut appuyer.“ Ce qu’elle décrit porte un nom : l’emprise. Comme ma témoin, 39% des jeunes femmes hétérosexuelles affirment que leur partenaire a déjà obtenu d’elles des comportements qui ne leur ressemblaient pas (changer de style vestimentaire, consommer de la drogue, de l’alcool, couper les ponts avec leurs proches…). Idem pour 38% des homosexuelles et 44% des bisexuelles ou pansexuelles. Lorsqu’une victime prend la parole, il est très douloureux de lire ou d’entendre les commentaires des gens qui s’indignent qu’elle ne soit pas “partie plus tôt“, qu’elle “y soit retournée“. Mais c’est précisément le pouvoir de l’emprise qui l’en empêche. Face à un partenaire violent, le cerveau est retourné, lavé, comme mis sur pause. Il en va de même, souvent, pour le corps…


Le chiffre le plus élevé de notre enquête concerne les violences sexuelles. 59% des filles, soit plus d’une sur deux, se sont déjà senties obligées d’avoir des relations sexuelles ou d’effectuer certaines pratiques par peur que leur partenaire les quitte ou qu’il ne les aime plus. C’est ce qui est arrivé à Chloé, assistante d’éducation de 23 ans, lorsqu’elle en avait 18 :

J’ai rencontré Valentin, de trois ans mon aîné, sur un site de rencontre. Il habitait en Bretagne, moi en région parisienne. Les premiers mois de notre relation ont été idylliques, le mec parfait, ‘l’homme de ma vie’, comme je disais… mais j’ai très vite déchanté. Au bout d’un an et demi de relation, ses paroles étaient de plus en plus difficiles à mon égard, de plus en plus culpabilisantes : je n’étais pas assez ceci ou cela, notamment lors de nos rapports sexuels. J’ai donc essayé de faire mieux, de changer pour lui, d’accepter des pratiques qui ne me ressemblaient pas du tout, comme la soumission… Jusqu’au jour où, lors d’une soirée arrosée, on a commencé à faire l’amour, puis il est devenu incontrôlable, il m’a fait très mal, je me tordais de douleur, je pleurais… cela ne l’a pas empêché de continuer. Je me souviens avoir dit ‘non’, lui avoir tapé sur l’épaule pour qu’il arrête…. puis plus rien. Je me rhabille, je cours aux toilettes, il me rejoint, je lui dis que ce n’est pas grave. Plus tard dans la soirée, il se justifiera en me disant qu’il a ‘l’habitude d’être frustré avec moi’. Ses mots raisonnent encore dans ma tête et ne s’effaceront jamais.

J’ai également été bouleversée par le récit de Léa*, 17 ans, qui est en terminale :

 Tout se passait très bien entre nous le premier mois, j’étais réellement devenue accro. Ensuite, petit à petit, les comportements violents sont apparus et les relations sexuelles devenaient invivables. Une majorité d’entre elles étaient faites sous le chantage affectif  – il disait par exemple : ‘C’est parce que tu ne m’aimes plus que tu n’en as pas envie’ – ou bien en forçant. Un jour, après un rapport assez violent, j’ai eu une déchirure au vagin et les pénétrations étaient impossibles. Il a insisté pendant plusieurs semaines pour la sodomie jusqu’à ce que je cède. Il m’est arrivé plusieurs fois de dire ‘stop’ pendant les rapports à cause des douleurs mais il n’arrêtait presque jamais. Ses excuses étaient ‘Désolé c’était trop bon’ ou ‘J’avais presque fini donc j’ai terminé’.

38% des filles s’identifiant comme homosexuelles et 64% des bisexuelles ou pansexuelles ont répondu positivement à cette question. “Il faut préciser que les violences sexuelles ne concernent pas que les couples hétérosexuels, insiste Louise d’En avant toute(s). La question du consentement n’est pas effacée parce qu’on fait partie d’une minorité sexuelle, au contraire ! Il y a beaucoup de violences sexuelles dans la communauté queer, mais les jeunes n’osent pas en parler car il y a une crainte de l’exclusion.“ S’ajoute à cela une peur que son ou sa partenaire révèle des choses intimes sur soi à ses ami·e·s, dans la vie scolaire, universitaire ou professionnelle et, bien sûr, sur les réseaux sociaux.


La peur est, de toute façon, l’indicateur absolu du fait que votre relation n’est pas saine. “Dans un couple, c’est normal qu’il y ait des conflits, cela permet de s’exprimer, s’accorder, de poser ses limites, m’explique Louise. Mais il faut bien faire la différence entre conflit et violence. Si tu ne peux pas dire ce que tu as à dire, que l’autre dicte tout et que tu n’as pas d’autre existence qu’à travers l’obéissance, c’est un énorme problème.“ Plus de trois filles sur dix (37%) ont déjà eu peur de leur partenaire – parce qu’il·elle a frappé dans un mur, parce qu’il·elle l’a menacé·e, elle ou son entourage. Et près d’une sur cinq (19%) affirme avoir déjà été poussée, mordue, empêchée de sortir, brûlée ou encore étranglée. Ce qui me glace le plus, au-delà de ces statistiques, c’est qu’une grande majorité des courageuses qui ont pris le temps de me contacter pour témoigner ont eu honte de ce qui leur arrivait. Notre sondage est catégorique là-dessus puisque 64% des répondantes ont caché ou minimisé leurs problèmes par peur que leur entourage voie leur partenaire différemment. Et d’ailleurs, 66% ont aussi douté de leurs perceptions après avoir signalé à leur partenaire que son comportement ne leur plaisait pas.

Le “gaslighting“ fait partie intégrante des violences dans le couple (et/ou dans les relations familiales, amicales, professionnelles) : cela consiste, pour l’agresseur·se, à changer de sujet quand vous le·la confrontez, à dire que ce qu’il·elle a dit ou fait était pour rire, que vous avez sûrement “mal compris“, bref ! à vous la faire à l’envers. Vous avez peut-être aussi entendu l’expression de “double visage“, qui signifie que votre partenaire est irréprochable devant vos parents ou vos potes et odieux·se dès que vous vous retrouvez tou·te·s les deux. C’est ce qui rend le fait d’en parler particulièrement difficile : vous avez peur de ne pas être cru·e. “Oh, tu es sûre ? Je le connais, il ne ferait pas de mal à une mouche.“

Seulement 62% des personnes interrogées ayant subi des violences au sein de leur couple en ont parlé à quelqu’un, le plus souvent à un·e ami·e. Celles et ceux qui ne disent rien ont par exemple “envie d’oublier cette histoire“ (42,9%), “peur des conséquences“ (28,40%) ou ne savent pas à qui s’adresser (16,31%). Pourtant, il est essentiel de rompre le silence et de ne pas rester seul·e, car les violences isolent. Je ne peux que vous encourager – que vous soyez victime ou témoin – à vous rendre sur le tchat d’En avant toute(s), commentonsaime.fr où on vous aidera à comprendre ce que vous traversez et, si besoin, à vous rediriger vers des professionnel·le·s pour vous accompagner. Vous pouvez aussi appeler le 3919 qui est le numéro national pour les victimes de violences, accessible 24h/24, sept jours sur sept.

Les Petites Glo, il est toujours possible de s’en sortir, même quand cela paraît insurmontable. Rien ne légitime la violence. Vous ne la méritez pas. Et, même si aujourd’hui tout vous semble infernal, vous retrouverez le sourire, comme Chloé (le joli hasard des prénoms) : “Cela aura duré deux ans et demi avant que j’ose en parler à ma famille, et surtout à un ami qui à vécu quelque chose de similaire et qui m’a permis d’ouvrir les yeux, de me détacher de lui, enfin. On s’est séparés, ça n’a pas été facile entre le chantage au suicide et le harcèlement. Mais j’ai réussi. J’ai réussi et j’en suis fière.“

*Le prénom de ma témoin a été modifié à sa demande afin de protéger son anonymat.

Un merci particulier à Louise Delavier pour son soutien et cette collaboration, et à toutes celles qui m’ont contactée suite à l’appel à témoins. Je ne pouvais pas partager tous vos témoignages mais je les ai tous lus. Je vous crois, je vous soutiens et vous souhaite le meilleur. 


Le post de la semaine

All I want for Christmas is mater en boucle ces illustrations d’un petit poussin qui pratique le yoga, par @luciaheffernan

Les recommandations de Chloé 
Ce n’est pas simple de mettre en scène la maladie, le quotidien et les discussions qui l’entourent. Mais Marie Astier y parvient brillamment dans Hors de moi, adaptation théâtrale de l’ouvrage de Claire Marin qui allie à ce texte intime le jeu bouleversant, souvent déchirant de la comédienne. Allez la voir ! Elle joue dimanche, lundi et mardi à 19 heures au théâtre Les Déchargeurs, à Paris.

EndoFrance a publié une enquête sur l’impact de l’endométriose sur la vie affective et sexuelle de celles qui en sont atteintes. C’est très éclairant, et les concernées trouveront sans doute du réconfort dans le fait de constater qu’elles ne sont pas seules : eh oui, par exemple, 84,6% des interrogées déclarent que leur vie sentimentale pâtit de la maladie.

Vous ne savez pas quoi offrir à vos BFF à Noël (ou quoi commander pour votre pomme) ? Mes trois livres coup de cœur de cette fin d’année sont : la magnifique anthologie de femmes qui écrivent de la poésie par Diglee, Je serai le feu (éditions La Ville Brûle) ; le livre déjà incontournable de la team du podcast Quoi de meuf ?, 100 œuvres culte à connaître quand on est féministe (chez Marabout) ;  enfin Les grandes oubliées, Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes, de Titiou Lecoq (L’Iconoclaste) dont la lecture devrait tout simplement être requise à l’école.

Gala Avanzi, l’autrice de No Bra, ce que ma poitrine dit de moi (génial aussi, tiens, chez Flammarion), a lancé sa newsletter. Elle s’appelle Révoltée et elle est va-li-dée ❤️

Zendaya est plus grande que son mec Tom Holland, et alors ?

De quelle quantité de fromage aurez-vous besoin pour votre raclette de vacances avec vos potes ? Inutile de vous prendre la tête (si toutefois c’était un vrai sujet), cette intelligence artificielle calcule ça pour vous juste ici. (“Ils ne savent plus quoi inventer !“, ai-je pensé. Puis je me suis sentie super vieille de le penser.)


Les dernières newsletters Gloria Media
Comment les systèmes de vente multiniveau s’appuient sur les normes de genre pour réussir, Economie, 10 décembre 2021

L’histoire du premier immeuble qui résista à un tremblement de terre… et de la femme qui l’a construit : Julia Morga, Les Glorieuses, 8 décembre 2021

Peut-on être féministe et écouter Orelsan ?, Les Petites Glo, 30 novembre 2021

Aux États-Unis, les personnes qui consomment des drogues pendant leurs grossesses risquent de se voir retirer leurs bébés, même si elles sont en voie de guérison, Impact, 29 novembre 2021


https://lesglorieuses.fr/9-jeunes-femmes-sur-10-ont-deja-subi-des-violences-conjugales/

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Violences sexistes et sexuelles chez le couple ado : comment les repérer ?

14 Décembre 2021, 16:37pm

Publié par hugo

 Violences sexistes et sexuelles chez le couple ado : comment les repérer ?


Plus d’une femme sur deux s’est déjà sentie obligée d’avoir des relations sexuelles ou d’effectuer des pratiques sexuelles par peur que son partenaire la quitte ou qu’il ne l’aime plus, selon l'enquête menée par En avant toute(s).
Plus d’une femme sur deux s’est déjà sentie obligée d’avoir des relations sexuelles ou d’effectuer des pratiques sexuelles par peur que son partenaire la quitte ou qu’il ne l’aime plus, selon l'enquête menée par En avant toute(s).
©commentonsaime.fr
14 DÉC 2021
 Mise à jour 14.12.2021 à 11:42 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Comment faire la différence entre une relation amoureuse et une relation toxique ou abusive ? Difficile de trouver ses repères et ses limites, lorsque, adolescent-e, on découvre sa propre sexualité. Selon une enquête menée en France chez les 12-24 ans ayant déjà été en couple, plus de 9 jeunes femmes sur 10 déclarent avoir subi au moins une forme de violence sexiste ou sexuelle.
« J’ai vécu un calvaire durant cette relation. Je me suis convaincue que ma parole n'avait pas de valeur, que je n’étais pas légitime », confie Capucine. Entre ses 15 et ses 18 ans, ce n’est pas une histoire d’amour qu’a vécue la jeune femme aujourd'hui âgée de 21 ans. Victime de violences psychologiques, physiques et sexuelles, elle a été bousculée, pincée, insultée, forcée à avoir des rapports sexuels, coupée de son entourage par celui qui était à l’époque son « copain ». Autant de raisons qui l'ont poussée à témoigner aujourd'hui dans le cadre de cette enquête menée par l'association En avant toute(s)- qui tient notamment un tchat pour venir en aide aux adolescent-e-s victimes de violences sexuelles- et la newsletter féministe et compte instagram Les Petites Glo.


Des violences, presque automatiques
Les chiffres de l’enquête réalisée auprès de 3127 jeunes entre 12 et 24 ans sont éloquents : près d’une répondante hétérosexuelle sur deux a déjà été insultée par son compagnon, et 46 % des femmes hétérosexuelles interrogées disent avoir déjà été rabaissées au cours d’une relation par des attitudes ou des phrases méprisantes. 

La banalité de l’insulte ne réduit en rien sa gravité. Au contraire, c’est même la porte ouverte à des violences plus graves.

Louise Delavier, porte-parole d’En avant toute(s)
« La banalité de l’insulte ne réduit en rien sa gravité. Au contraire, c’est même la porte ouverte à des violences plus graves », explique Louise Delavier, porte-parole d’En avant toute(s). L’humour, la romantisation des violences et leur banalisation contribuent à leur installation, puis la dégradation de la relation peut conduire jusqu’à des actes relevant du pénal. Ainsi, la peur que leur partenaire ne les quitte ou ne les aime plus a déjà poussé une jeune femme sur deux à avoir un rapport ou une pratique sexuelle non désirés. 
 


« Quelque chose cloche mais on ne sait pas quoi »
Capucine a compris que sa réalité était celle de violences conjugales en participant à un groupe de parole avec des femmes plus âgées. « En vivant des violences à l’adolescence, on a l’impression que ce qu’on vit n’est représenté nulle part. On sent que quelque chose ne va pas mais on n’arrive pas à dire quoi », témoigne-t-elle.
 
Beaucoup de proches ou des profs qui l’ont su après m’ont dit “mais c’est fou, t'étais une élève brillante, toujours agréable, on n’aurait jamais deviné que tu pouvais vivre ça”.

Capucine, instagrameuse
La représentation des violences, souvent centrée sur les violences physiques ou sur des femmes plus adultes, peine à faire le portrait de ce que peuvent vivre les plus jeunes. Leur repérage est donc rendu plus difficile, pour les victimes elles-mêmes comme pour leur entourage. « Sur le tchat Commentonsaime.fr, on a tous les jours des personnes qui nous disent “je ne sais pas si j’ai le droit d’être là parce que je ne subis pas de violences physiques ; parce que je suis jeune…“ et on se rend compte que le manque de représentation de ces violences conduit à se sentir extrêmement illégitime et donc à ne pas aller chercher d’aide », explique Louise Delavier. 

« Beaucoup de proches ou des profs qui l’ont su après m’ont dit “mais c’est fou, t'étais une élève brillante, toujours agréable, on n’aurait jamais deviné que tu pouvais vivre ça”. Et c’est sur ça qu’il faut insister parce que la plupart du temps, les personnes qui sont dans ces situations là, ça ne se voit pas, ce n’est pas écrit sur leur visage qu’elles sont victimes de violences », complète Capucine.  


Des violences minimisées 
Des violences mal reperées mais aussi généralement peu prises au sérieux. « Je reçois énormément de commentaires de personnes plus âgées qui délégitiment ce que j’ai vécu en me disant “mais non t’étais jeune, ce sont des chamailleries d’adolescents“ », constate Capucine, avant de poursuivre : « Si j’avais eu un outil tel que le tchat Commentonsaime.fr, j’aurais mieux su reconnaître les violences, comprendre que la situation n’était pas normale, et trouver du soutien. » Alors que 62% des jeunes filles ayant subi une forme de violence sexiste ou sexuelle au sein de leur couple déclarent n'en avoir parlé à personne, le repérage, l’accompagnement et l’écoute restent des étapes à mettre en place.


Utilisé par plus de 4 500 personnes en 2021, Commentonsaime.fr est le premier tchat de France dédié à l’accompagnement des jeunes femmes et personnes LGBTQIA+ victimes de violences sexistes et sexuelles. 
  

A lire aussi dans Terriennes : 
►Violences de couple : les jeunes femmes ne sont pas épargnées 
►Violences au sein du couple : la face cachée de la Saint-Valentin
TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 14.12.2021 à 11:42
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/violences-sexistes-et-sexuelles-chez-le-couple-ado-comment-les-reperer-436449

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Scandale d'abus sexuel aux Etats-Unis : les gymnastes obtiennent un accord financier

14 Décembre 2021, 16:26pm

Publié par hugo

 Scandale d'abus sexuel aux Etats-Unis : les gymnastes obtiennent un accord financier


<p>De gauche à droite, Aly Raisman, Simone Biles, McKayla Maroney et Maggie Nichols, les quatre gymnastes sont venues témoigner le 15 septembre 2021 à Washington, devant une commission du Congrès américain qui enquête sur les défaillances de l'enquête du FBI dans le scandale d'abus sexuels commis par Larry Nassar, ex-médecin de l'équipe féminine de gymnastique américaine.</p>
De gauche à droite, Aly Raisman, Simone Biles, McKayla Maroney et Maggie Nichols, les quatre gymnastes sont venues témoigner le 15 septembre 2021 à Washington, devant une commission du Congrès américain qui enquête sur les défaillances de l'enquête du FBI dans le scandale d'abus sexuels commis par Larry Nassar, ex-médecin de l'équipe féminine de gymnastique américaine.

©Saul Loeb/AP
<p>De gauche à droite, Aly Raisman, Simone Biles, McKayla Maroney et Maggie Nichols, les quatre gymnastes sont venues témoigner le 15 septembre 2021 à Washington, devant une commission du Congrès américain qui enquête sur les défaillances de l'enquête du FBI dans le scandale d'abus sexuels commis par Larry Nassar, ex-médecin de l'équipe féminine de gymnastique américaine.</p>
Simone Biles, ici lors des JO de Tokyo en juillet 2021. Considérée par beaucoup comme la plus grande gymnaste de tous les temps, Simone Biles avait révélé en janvier 2018 faire partie des victimes de Larry Nassar.Maggie Nichols est l'une des 250 victimes de Larry Nassar, l'ex-médecin de l'équipe féminine de gymnastique américaine, condamné et en prison depuis 2017. 
15 SEP 2021
 Mise à jour 14.09.2021 à 08:40 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
Les gymnastes victimes de Larry Nassar vont recevoir 380 millions de dollars de dédommagements après un accord conclu avec la Fédération, le Comité olympique et paralympique américain et leurs assureurs. Pendant vingt ans, l'ancien médecin de l'équipe nationale de gymnastique féminine américaine a agressé sexuellement des centaines d'adolescentes. 
"Je m’appelle Simone Biles, et je suis une survivante d’abus sexuels." "On nous a laissé tomber et on nous doit des explications", poursuit, la voix brisée par l'émotion, Simone Biles, 24 ans, devant la commission du Sénat chargée de se pencher sur les "manquements au devoir" du FBI dans la conduite de l'enquête sur les crimes commis par Larry Nassar. Considérée par beaucoup comme la plus grande gymnaste de tous les temps, Simone Biles avait révélé en janvier 2018 faire partie de ses nombreuses victimes.


Avec McKayla Maroney, Maggie Nichols et Aly Raisman, elles sont quatre jeunes femmes aujourd'hui, elles n'étaient encore que des adolescentes à l'époque des faits. Ces jeunes gymnastes, comme des dizaines d'autres, ont été abusées sexuellement par le médecin de l'équipe féminine des Etats-Unis, Larry Nassar. Des années après le scandale, elles sont venues témoigner de ce qu'elles ont vécu devant le Congrès, pour ne pas oublier, mais surtout pour dénoncer et tenter de comprendre les défaillances de l'enquête.

Un accord financier pour dédommager les victimes de Larry Nassar

Lundi 13 décembre 2021, le Wall Street Journal annonçait qu'un accord financier a été conclu avec la Fédération, le Comité olympique et paralympique (USOPC) américain et leurs assureurs, portant sur 380 millions de dollars de dédommagements. Cet accord, confirmé lors d'une audience devant un tribunal fédéral des faillites à Indianapolis, vient mettre fin à une bataille juridique de cinq ans.

L'indemnisation qui sera versée est l'une des plus importantes jamais accordées à des victimes d'agressions sexuelles, après celle de 500 millions de dollars que s'est engagée à régler l'université d'Etat du Michigan en 2018, après avoir conclu un accord de dédommagement avec plus de 300 victimes.
Simone Biles et Maggie Nichols lors du championnat de gymnastique américain, le 25 juillet 2015. A l'époque, le médecin Larry Nassar était en poste. 
Simone Biles et Maggie Nichols lors du championnat de gymnastique américain, le 25 juillet 2015. A l'époque, le médecin Larry Nassar était en poste. 
©AP Photo/Andrew A. Nelles
Larry Nassar est aujourd'hui âgé de 58 ans. Il purge actuellement une peine de prison à vie après avoir été condamné à plusieurs lourdes peines en 2017 et 2018 pour des agressions sexuelles sur plus de 250 gymnastes, la plupart mineures, commises pendant deux décennies au sein de la Fédération de gymnastique ou à l'université d'Etat du Michigan où il travaillait.

Larry Nassar, l'ancien osthéopathe de l'équipe féminine de gymnastique américaine, face à ses juges, le 25 juillet 2018, à Lansing, dans le Michigan.  
Larry Nassar, l'ancien osthéopathe de l'équipe féminine de gymnastique américaine, face à ses juges, le 25 juillet 2018, à Lansing, dans le Michigan.  
©AP Photo/Carlos Osorio
Les enquêteurs du FBI mis en cause
La commission sénatoriale, qui se penchera sur "le manquement au devoir du FBI dans l'affaire Nassar", doit également entendre le directeur du Federal Bureau of Investigation, Christopher Wray, et le chef de l'inspection générale du ministère de la Justice, Michael Horowitz.

Un rapport de l'inspection générale, organisme indépendant au sein du ministère, s'est montré très sévère envers le bureau local du FBI à Indianapolis, où le patron de la Fédération de gymnastique avait le premier signalé les accusations contre l'ostéopathe en juillet 2015. "Malgré la nature extraordinairement sérieuse des accusations et la possibilité que M. Nassar poursuive ses agissements, les hauts responsables du FBI à Indianapolis ont échoué à réagir avec le grand sérieux et l'urgence que (les accusations) méritaient, ont fait des erreurs nombreuses et fondamentales en y répondant et ont violé de multiples règles du FBI", conclut le rapport.

Les policiers ont par exemple attendu plusieurs semaines avant d'interroger une des trois athlètes qui avaient accepté de témoigner, et n'ont jamais entendu les deux autres. Estimant qu'ils n'avaient pas assez d'éléments à charge pour inculper Larry Nassar, ils avaient ensuite clos l'enquête. Elle avait été rouverte en mai 2016 par le bureau du FBI à Los Angeles après un nouveau signalement de la Fédération.

Non seulement le FBI n'a pas fait d'enquête, mais quand (les agents fédéraux) ont finalement fait un rapport 17 mois plus tard, ils ont fait de fausses déclarations sur ce que j'avais dit.

McKayla Maroney
Lors de son audition, McKayla Maroney a mis en cause l'agent du bureau local du FBI qui avait recueilli son témoignage, contenant des détails très précis sur les agressions, et qui avait réagi par "le silence et le mépris". "Non seulement le FBI n'a pas fait d'enquête, mais quand (les agents fédéraux) ont finalement fait un rapport 17 mois plus tard, ils ont fait de fausses déclarations sur ce que j'avais dit", a accusé l'ancienne gymnaste de 25 ans, qui avait été agressée dès ses 13 ans. En falsifiant son témoignage, "ces agents du FBI ont commis un crime", a-t-elle souligné, dénonçant l'absence de sanctions prises par le ministère de la Justice qui a choisi de ne pas poursuivre ces policiers.

La championne olympique McKayla Maroney lors d'une réunion pour la prévention des crimes contre les enfants, à New York, en avril 2018. 
La championne olympique McKayla Maroney lors d'une réunion pour la prévention des crimes contre les enfants, à New York, en avril 2018. 
©AP Photo/Bebeto Matthews
Les excuses du FBI
"Je blâme Larry Nassar, mais je jette aussi le blâme sur un système tout entier qui a permis ces abus, a ajouté en pleurs Simone Biles devant le Comité judiciaire du Sénat. Ils savaient que j’étais victime d’abus de la part de leur médecin en chef bien avant que je sache qu’ils étaient au courant. "

McKayla Maroney a déclaré aux sénateurs qu’un soir, alors qu’elle n’était âgée que de 15 ans, elle a trouvé Nassar couché sur elle alors qu’elle était nue, l’une des nombreuses fois où elle a été victime d’abus. Elle dit avoir cru qu’elle allait mourir ce soir-là.

C'était comme servir des enfants innocents à un pédophile sur un plateau d'argent.

Aly Raisman
Aly Raisman, victime de Larry Nassar à partir de 2010, l'avait dénoncé en 2015 à la Fédération. Pourtant, "le FBI a mis 14 mois pour me contacter malgré mes nombreuses demandes de témoigner", a dit la jeune fille de 27 ans. Elle a fustigé le silence des instances sportives après le départ du médecin de la sélection en septembre 2015. Il avait continué à travailler à l'université et au club de gymnastique, faisant une centaine de victimes supplémentaires. "C'était comme servir des enfants innocents à un pédophile sur un plateau d'argent", a-t-elle lancé devant la commission du Congrés.

Maggie Nichols, 24 ans et première à avoir signalé les violences sexuelles, a également dénoncé la Fédération qui l'aurait sanctionnée pour s'être exprimée. "Mon rêve olympique s'est évanoui à l'été 2015 quand mon entraîneur et moi avons dénoncé les agressions de Larry Nassar", a-t-elle affirmé.

Le directeur du FBI, Christopher Wray, a présenté ses excuses aux victimes de Larry Nassar, admettant que "les erreurs fondamentales faites en 2015 et 2016 n'auraient jamais dû l'être". L'agent ayant supervisé l'enquête a été licencié, a-t-il dit, exprimant sa "frustration" que l'agent chargé de l'enquête n'ait pas été sanctionné, ayant pris sa retraite avant les conclusions de l'inspection générale.

"Qu'avez-vous fait ?"
Le scandale, le plus grand de l'histoire sportive américaine, avait éclaté au grand jour à l'été 2016 à la suite d'un article du quotidien Indianapolis Star.

Un documentaire intitulé At The Heart of Gold : Inside the USA gymnastic scandal, produit par la chaine HBO, avait recueilli des entretiens exclusifs avec des victimes. "Qu'avez-vous fait ?" lance l'une d'elles, en larmes, à la face de son agresseur lors du procès. Une autre scène montre la colère et le désespoir du père d'une gymnaste lorsqu'il bondit dans la salle pour tenter d'empoigner "ce démon", comme il le traite en criant, au moment où il est retenu par le service d'ordre. 

Dans un autre film documentaire choc, Team Usa : scandale dans le monde de la gymnastique, cette fois diffusé sur la plate-forme Netflix, on retrouve aussi des témoignages bouleversants de victimes, "pas des victimes, des survivantes", comme préfère le dire Maggie Nichols.

On y apprend que sous prétexte de soins, Larry Nassar imposait notamment des pénétrations digitales aux jeunes gymnastes.

Le film remonte le fil de l'enquête menée par les journalistes de l'Indianapolis et démonte également tout un système, mettant en lumière l'omerta mise en place par la Fédération nationale, qui a tout fait pour cacher le scandale, au détriment de ses athlètes. Lors d'une audition, on voit Steve Penny, le président de la Fédération répondre à cette question "Si on vous signale des abus sexuels au sein de vos équipes, en faites-vous mention auprès de la police ?" L'homme lâche simplement "Non". Sans plus d'explication. Une première plainte avait été exprimée dès… 1997.

En février 2020, les gymnastes Simone Biles et Aly Raisman avaient officiellement protesté contre le comité olympique, et paralympique, des États-Unis concernant ce scandale sexuel. Celui-ci leur avait proposé 215 millions de dollars de dédommagement, soit la moitié de la somme versée aux victimes, en échange de l’arrêt des poursuites et de l’abandon de nouvelles investigations concernant leur gestion des événements.

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TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
 Mise à jour 14.09.2021 à 08:40
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Miss France, un concours sexiste ? ,

14 Décembre 2021, 16:21pm

Publié par hugo

Miss France, un concours sexiste ?
Les paillettes du concours de beauté de Miss France, centenaire, se ternissent au fil des ans et à l'aune des mobilisations des mouvements féministes qui l'accusent de sexisme et de prôner l'image de la femme-objet. 
Les paillettes du concours de beauté de Miss France, centenaire, se ternissent au fil des ans et à l'aune des mobilisations des mouvements féministes qui l'accusent de sexisme et de prôner l'image de la femme-objet. 
©capture d ecran-TF1
Les paillettes du concours de beauté de Miss France, centenaire, se ternissent au fil des ans et à l'aune des mobilisations des mouvements féministes qui l'accusent de sexisme et de prôner l'image de la femme-objet. Le concours Miss France 2020 célébrait son 100ème anniversaire sur la chaine TF1, suivi par plus de 7 millions de télespectateurs-trices, un programme accusé depuis longtemps de véhiculer des stéréotypes sexistes, selon les militantes féministes. 
20 OCT 2021
 Mise à jour 12.12.2021 à 13:11 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Accusé de sexisme, basé sur des règles dépassées voire discriminantes, exploitant même les candidates ... Le célèbre concours de beauté se voit au fil des années de plus en plus critiqué. Faisant fi de la polémique, plus de sept millions de personnes étaient devant leur écran pour voir l'élection de Diane Leyre, la nouvelle Miss France 2022. 
1,70 m minimum, "représentative de la beauté" -on cherche encore la définition-, célibataire et "non rémunérée" ?  Voilà donc à quoi pourrait ressembler une petite annonce en recrutement pour toute jeune femme en rêve de couronne, en l'occurrence celle de Miss France.

Choquant ? Pourtant ces règles sont les mêmes pour tout concours de beauté qui se "respecte", si on osait le présenter ainsi. Mais en 2021, en cette ère post-Metoo, et alors que les militantes féministes de par la planète se mobilisent pour battre en brèche l'image de la femme-objet et son hypersexualisation, arme redoutable encore sur utilisée par les publicitaires au nom des grandes marques, cela coince aux entournures des mensurations imposées par ce concours. 

C'est donc dans un contexte de polémique que Miss Ile-de-France, Diane Leyre, a été couronnée Miss France 2022 à l'issue d'un concours très suivi par plus de 7 millions de télespectateurs-trices mais de plus en plus critiqué.


Des règles dépassées
Elisabeth Moreno a ainsi déploré des "règles dépassées (...) qui peuvent être discriminantes". La ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes s'exprimait dans un bref entretien qu'elle a accordé à l'AFP après avoir rencontré les miss peu avant l'élection de Miss France samedi 11 décembre 2021 à Caen. Elle a dit regretter que par exemple une "femme veuve ou une femme qui est déjà mère ne puisse pas postuler". En octobre déjà, la ministre avait qualifié les règles du concours de "complètement has been". "Pourquoi une Miss France ne pourrait pas faire d'ironie, ne pourrait pas être maman ou poser seins nus pour lutter contre le cancer?", s'était-elle interrogée.

La ministre a depuis reçu au ministère Alexia Laroche-Joubert, la présidente de la société Miss France, filiale de la société de production Endemol. Et elle est désormais "quasiment certaine" que les règles "vont évoluer". La productrice a ainsi annoncé depuis, lors de la présentation du concours 2022, que les candidates seraient pour la première fois rémunérées pour la finale mais pas pour les répétitions. "Il y a des critères à faire évoluer pour s'adapter à l'époque (...). Je pense que sûrement le statut de célibataire est obsolète", a-t-elle aussi admis. La participation de personnes transgenres est "envisageable" et a "fait partie des discussions" avec Alexia Laroche-Joubert, a en outre assuré la ministre sur Europe 1.

"Quand j'ai lu qu'une Miss France ne pouvait pas faire d'ironie, ça m'a surprise ! Pourquoi une Miss France ne peut-elle pas faire d'ironie ?", a -t-elle également commenté sur BFM.tv au lendemain de l'élection, évoquant à nouveau des règles "passéistes". 


Un concours créé en 1920
Jeunes femmes longilignes perchées sur stilleto, tenues "hyper" sexy, défilé en maillot de bain échancré et chorégraphies suggestives au bras de danseurs, un cocktail de clichés bien rodé mais surtout gagnant pour un programme créé en 1920, diffusé à la télévision depuis 1987 et qui, chaque année, bat des records d'audience lors de sa diffusion en direct en amont de la période des fêtes. L’édition 2021 a rassemblé 7, 3 millions de téléspectateurs, un peu plus que l'an dernier où l'émission avait tout de même enregistré un pic à 8,3 millions au moment du sacre, selon TF1- soit l'une des meilleures audiences de l’année en prime time (7,3 millions en 2019), avec 69 % de part d’audience sur les 15-24 ans et 61 % sur les 15-34 ans.
 


Des candidates recalées
Trois femmes affirment avoir dû renoncer à se présenter au concours car elles ne satisfaisaient pas aux critères exigés par les organisateurs. Avec l'association "Osez le féminisme", elles ont décidé d'attaquer en justice la célèbre émission. La procédure a été intentée devant le conseil des prud'hommes de Bobigny, et vise les sociétés Miss France et Endemol Production. Endemol "utilise des femmes pour fabriquer un programme audiovisuel extrêmement lucratif tout en bafouant le droit du travail", estiment les requérantes.

"Osez le féminisme" s'appuie sur une jurisprudence de 2013, concernant le concours "Mister France". Celle-ci "a reconnu le lien de travail entre le candidat et TF1 Production à la lumière des éléments suivants : la répétition de chorégraphies, le port de costumes imposés, le fait que l’emploi du temps soit défini par la production. En réalité, c’était un spectacle, un show", tient à préciser Violaine De Filippis-Abate, l'avocate d'"Osez le féminisme". L'association réclame que les candidates soient considérées comme des salariées et donc rémunérées.

La production de l'émission utilise des femmes pour fabriquer un programme audiovisuel extrêmement lucratif tout en bafouant le droit du travail.

Osez le Féminisme
Selon l'association, si les candidates à la couronne de beauté ne signent aucun contrat de travail avec les organisateurs du concours, leur relation avec Endemol doit bien s'analyser comme liant un salarié à son employeur. 


Or le Code du travail interdit, dans un recrutement, tout critère lié "aux mœurs, à l'âge, à la situation de famille ou à l'apparence physique", précise Me Violaine De Filippis-Abate. Dans une interview accordée au Parisien, Alexia Laroche-Joubert, la nouvelle présidente de Miss France, "avait enfoncé le clou. Preuve qu'il y a prestation de travail" en évoquant ces "femmes qui ont le courage de mettre entre parenthèses un mois et demi de leurs vies". 

A travers ce recours juridique, nous souhaitons appeler les sociétés productrices de Miss France à faire face à leurs responsabilités en corrigeant leur règlement sexiste et discriminant, mais aussi en respectant le droit du travail.

Alyssa Ahrabare, porte-parole d'"Osez le féminisme"
"A travers ce recours juridique, nous souhaitons appeler les sociétés productrices de Miss France à faire face à leurs responsabilités en corrigeant leur règlement sexiste et discriminant, mais aussi en respectant le droit du travail", explique dans les médias la porte-parole de l’association féministe, Alyssa Ahrabare. Les requérantes demandent aux prud'hommes de condamner les organisateurs du concours à supprimer de leur règlement ces clauses discriminatoires, comme celles interdisant de fumer en public, ou de porter des tatouages visibles ou des piercings.

Caroline Mecary, avocate, invitée sur le plateau de C8 pour évoquer cette désormais "affaire médiatique" a tenu elle aussi à rappeller que la Cour de cassation avait conclu que la participation au concours Mister France était une prestation liée au travail, insistant sur le fait qu'aujourd'hui "la société Endemol gagne de l'argent sans rémunérer les candidates".


Miss France, "féministe" bien au contraire ? 
Pour la direction du concours, la vision est bien sûr tout autre, ce programme serait au contraire "féministe". 

C’est ça qui est archaïque : ne pas considérer que des femmes puissent décider de ce qu’elles vont faire de leur vie.

Alexia Laroche-Joubert, présidente de Miss France, sur franceinfo
Comme l'a déclaré sur franceinfo Alexia Laroche-Joubert : "Je n’en peux plus de cette culpabilisation de ces jeunes femmes qui, par choix, participent au programme. C’est ça qui est archaïque : ne pas considérer que des femmes puissent décider de ce qu’elles vont faire de leur vie." Pour elle, il faut regarder ce que deviennent les Miss France :"Cheffes d'entreprise, comédiennes, influenceuses, elles s'assument, c'est ça, être féministe !"

Concernant la situation légale des candidates, pas question de leur faire signer un contrat de travail, a-t-elle répété. En revanche, concernant les autres critères  imposés pour pouvoir participer au concours, comme l'obligation d'être célibataire et sans enfant, une évolution du règlement pourrait être envisagée. "Moi, je suis une cheffe d’entreprise, j’ai deux enfants que j’ai élevés seule et je me suis organisée. Donc oui je trouve cette règle obsolète," admet Alexia Laroche-Joubert, connue pour avoir produit de nombreuses émissions de téléréalité, dont la première en France :  "Le Loft".


Une caricature archaïque, selon le HCE
Au-delà de l'aspect légal, l'association féministe impute au concours Miss France "un impact négatif et rétrograde sur l'ensemble de la société", des arguments brandis depuis plusieurs années par de nombreuses militantes.

Dans son "rapport annuel sur l'état des lieux du sexisme en France", en 2019, le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE), une instance consultative chargée de conseiller le gouvernement, avait lui-même consacré tout un chapitre à ce concours et qualifié le concours Miss France de "caricature archaïque". Il avait dénoncé notamment l'exigence faite aux candidates d'être célibataires et sans enfant, et même de ne jamais avoir été mariées.

Le but affiché d’élire la "plus belle femme de France" risque de ne pas participer à promouvoir les femmes mais, au contraire, à les enfermer dans des stéréotypes.

Rapport 2019 du Haut Conseil à l'égalité
Sylvie Tellier, directrice générale de l’organisation s'en expliquait ainsi : "Dans la mesure où Miss France sera extrêmement sollicitée pendant toute son année et participera à de nombreux déplacements, nous lui demandons d’être dégagée de toutes obligations familiales. De plus, notre règlement est en phase avec celui des concours internationaux sur ce point." La condition qui impose de "'Ne pas être ni avoir été mariée ou pacsée, ne pas avoir eu ni avoir d’enfant' est une mesure discriminatoire, qui serait interdite s’il s’agissait d’un recrutement, mais que l’on accepte pourtant pour un concours, estiment les autrices du rapport du HCE. Selon elles, le but affiché d’élire la "'plus belle femme de France" risque de ne pas participer à promouvoir les femmes mais, au contraire, à les enfermer dans des stéréotypes...

"Finalement, dans ce concours censé mettre en valeur les femmes, on s’aperçoit qu’elles ne sont, en fait, que femmes-objets et non sujets", ajoute le HCE. Il est néammoins fait mention de la volonté des organisateurs du concours de faire évoluer ce programme en le modernisant et de "promouvoir un modèle de femmes non exclusivement centré sur leur physique", restée voeu pieux à cette heure.


#PasTaMiss
Au vu de la longueur d'une procédure auprès des Prud'hommes, il est peu vraisemblable qu'une décision judiciaire soit rendue avant le prochain concours, le 11 décembre 2021, à Caen. Si certain-e-s internautes crient au "féminisme à deux balles" jugeant cette action ridicule et injustifiée, d'autres l'applaudissent à deux mains. Un nouveau mot dièse se classe parmi les plus repris ces jours-ci sur les réseaux sociaux : #PasTaMiss.

Une chose est sûre, le spectacle aura bien lieu. Qui sait, le comité a le temps, d'ici là, de nous surprendre et nous préparer des surprises pour redorer le blason de ce concours centenaire... D'autres l'ont bien fait ! Sur d'autres scènes à travers le monde, de précédents concours de "beauté"ont devancé l'appel, en permettant de rendre visibles des candidates "différentes", s'opposant aux diktats hétéronormatifs et bien plus proches de la réalité et des critères de notre époque. Même si on peut regretter que les codes liés à ce style de spectacle restent néammoins inchangés... Kataluna Enriquez, jeune femme couronnée miss Nevada fin juin, va officiellement devenir la première reine de beauté transgenre à concourir au titre de Miss USA le 29 novembre prochain. Plus rondes, plus noires, ambassadrices de la diversité, de par leurs origines ou de leur sexualité. C'est pour ces miss-là qu'on vote. 


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TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 12.12.2021 à 13:11
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POUR MOI C  EST  SEXISTES CAR  ON MONTRE LES FEMMES EN  PETITE  TENU EN MAILLOT DE BAIN EN ROBE EN JUPE ETC  ,  avec le  concours des femmes  entre  elles   ,  

COMMENT  ON APPEL   CELA ????  

 

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TERRIENNES Les mots de la Francophonie ont-ils un sexe ?Terriennes : dix ans d'engagement et d'informationFemmes en français dans le texte E comme écriture inclusive, avec Eliane Viennot

13 Décembre 2021, 01:07am

Publié par hugo

 E comme écriture inclusive, avec Eliane Viennot
Le 20 novembre 2021 à Paris, dans le cortège de la manifestation contre les violences faites aux femmes, une militante brandit une pancarte célébrant le nouveau pronom neutre "Iel" qui vient de faire son entrée dans le dictionnaire Le Robert. 
Le 20 novembre 2021 à Paris, dans le cortège de la manifestation contre les violences faites aux femmes, une militante brandit une pancarte célébrant le nouveau pronom neutre "Iel" qui vient de faire son entrée dans le dictionnaire Le Robert. 
©Terriennes/IM
09 DÉC 2021
 Mise à jour 09.12.2021 à 18:02 par 
TerriennesIsabelle MourgereNina SoyezMargot Hutton
Deux mots qui en disent long sur la place des femmes dans la langue française et qui font débat : écriture inclusive. De quoi parle-t-on ? Pourquoi l'idée de redonner au féminin ses lettres de noblesse dans notre chère langue "de Molière" provoque-t-elle tant d' agacement chez certain-e-s ? Réponse avec l'historienne Eliane Viennot. 
"Ecriture inclusive" :  alors que certain-e-s crient au scandale voire à l'hérésie, d'autres au contraire y voient un rééquilibrage nécessaire en faveur de l'égalité femmes-hommes; dans tous les cas, son apparition au cours de ces dernières années suscite un très "vif" débat. Si des médias ou administrations ont tout doucement décidé de la conjuger à la sauce allégée, d'autres en revanche la boudent voire la mettent directement à la poubelle, à l'instar de l'Académie française.

Du côté des autorités, même son de cloche. "La langue française ne doit pas être triturée ou abîmée", affirmait Jean-Michel Blanquer dans un entretien au JDD le 2 mai 2021, tout en rappelant à notre bonne mémoire la circulaire d’Edouard Philippe, l'ancien premier ministre, qui, en 2017, interdisait tout simplement l’usage administratif de l’écriture inclusive. Dans une circulaire publiée récemment au Bulletin officiel, le ministre de l'Education soutient que cette graphie "constitue un obstacle à la lecture et à la compréhension de l’écrit".


E comme écriture inclusive
Eliane Viennot, elle, la défend et intervient régulièrement pour dénoncer l'impact de la langue française version patriarcale sur la place des femmes dans la société française à travers sa propre langue. 

Pour célébrer ses dix ans, Terriennes a voulu mettre les points sur les i tout en s'interrogeant sur l'usage de cette écriture et ces "terribles" et si peu populaires points médians et autres règles de l'écriture inclusive. 

Terriennes : quelle serait votre définition de l'écriture inclusive ? 

Eliane Viennot : c'est un nouveau mot pour quelque chose qui est plus ancien, qui est le langage non sexiste, le langage égalitaire, paritaire. C'était la même chose, avec un versant oral et un versant écrit. 

Peut-on dire que ce mot est entré dans le vocabulaire courant ? 

Depuis 4 ans, on peut dire que le grand public a enfin entendu parler de cet effort pour se débarrasser des usages sexistes qui existent dans notre langage.

Des exemples ?

L'exemple le plus courant, en lisant  n'importe quel article ou en regardant n'importe quel reportage, on va voir que lorsqu'on parle d'une population prétendument mixte on parle d'elle au masculin, on va dire que "les étudiants sont en grève", que les commerçants sont mécontents, etc... C'est ce qu'on appelle à tort le masculin générique, et c'est ce qui est le plus lourd à changer, alors que c'est très facile de dire les étudiants et les étudiantes, si on parle des deux populations. 
 

Est-ce que ce masculin générique a toujours existé ?

Non, ça n'a pas toujours existé et surtout ça dépend de qui on parle, des époques. Autrefois, quand on parlait de la politique ou des étudiants, évidemment on ne parlait que des hommes puisqu'il n'y avait que des hommes qui faisaient de la politique et qui pouvaient étudier ! Mais quand on parlait autrefois, de l'actualité ou des réglements de métier, les mots féminins étaient là, absolument ! Surtout quand les textes sont précis, juridiques par exemple. Si ça concerne les femmes, tous les termes les concernant existent dans les discours et les écrits. 

Est-ce que c'est une particularité de la langue française ? 

Non, ce n'est pas lié à la langue française, c'est un phénomène dans tous les pays occidentaux qu'on observe depuis une cinquantaine d'années. On a remarqué que là où l'on avait décrété l'égalité des sexes, ce changement n'entraînait pas mécaniquement l’égalité. Donc on a réfléchi à ce que fait blocage : les traditions, les mentalités, la culture ou le langage. C'est un effort qu'on observe dans tous les pays. Cela ne prend pas la même forme en anglais, espagnol, russe, roumain ou en français mais c'est la même idée qui est derrière, et qui est appelée de différentes façons. En général, "non sexiste" c'était ce qui était le plus répandu, mais maintenant on a "inclusif" qui est équivalent.

Comment expliquer les résistances, on pense par exemple à celle de l'Académie française ?

L'Académie française, depuis qu'elle existe, travaille à masculiniser la langue française donc c'est assez normal qu'elle se soit opposée à la démasculinisation à laquelle nous travaillons depuis une quarantaine d'années. De fait la langue française a été masculinisée pour accompagner la domination masculine dans une époque où rien n'était égal, le droit était inégal, les coutumes étaient inégales... Les gens de l'Académie ont voulu que la langue suive mieux qu'elle ne le faisait, car elle est parfaitement capable d'exprimer l'égalité. Donc maintenant que nous travaillons sur ce terrain, qui est peut-être un des derniers à avoir émergé comme terrain de lutte répertorié, eh bien les opposants à l'égalité sont très arc-boutés contre les personnes qui veulent revenir à une langue plus égalitaire. Evidemment, ce sont des gens qui ne peuvent plus s'opposer au fait que les femmes votent, vont à l'université, font tous les métiers, qu'elles ouvrent des comptes en banque sans avoir besoin de l'autorisation de leur mari, mais pour la question de la langue comme aussi pour la question de la liberté sexuelle, il y a encore des gens qui trouvent que ça ne va pas et que les femmes ne devraient pas être autonomes. 
 

Car oui, c'est normal, c'est comme ça que fonctionne la langue française, elle veut qu'on parle des femmes au féminin et des hommes au masculin.

Eliane Viennot
Une avancée néammoins désormais acquise, c'est la féminisation des noms des métiers ... 

Oui, les termes désignant les métiers les professions et les fonctions supérieures que certains voulaient conserver au masculin de manière très jalouse, eh bien maintenant on les dit au féminin. Et l'Académie a fini par reconnaitre cet usage. Car oui, c'est normal, c'est comme ça que fonctionne la langue française, elle veut qu'on parle des femmes au féminin et des hommes au masculin. Donc l'Académie a fini par reconnaitre il y a 2 ans le bon fonctionnement de la langue, ce qu'elle aurait pu faire avant ! 

Que pensez-vous du nouveau pronom "iel" qui vient d'entrer dans le Robert et qu'est-ce que cela dit de la langue française et de notre société ? 

Pour aller vers un langage égalitaire, il existe des néologismes. Il n'y a pas juste le travail sur les noms féminins, les accords, ou le fait de ne plus dire les droits de l'homme etc... On a créé un certain nombre de néologismes comme "iel" qui veut dire "il" et "elle", ça fonctionne très bien au pluriel plutôt que dire "elles et ils sont en grève" on peut dire "ielles sont en grève", ça fonctionne, mais ensuite il faut les accords aux deux genres. Au singulier, ça ne marche que dans les phrases où il n’y a pas de mots à accorder, ou alors avec des les mots épicènes (qui ne varient pas en genre). Ces néologismes ne prennent pas très vite. Mais on est dans ce moment où on tente des choses, à la fois en puisant dans des anciennes ressources de la langue et des mots nouveaux. Et puis on verra, si ça prend ou non, pas besoin de s'énerver ou de se scandaliser, on verra à l'usage si le grand public francophone les trouve utiles ou pas !
 

Terriennes a dix ans, s'il y avait une chose à retenir sur la fémininisation de la langue française au cours de ces dix dernières années, quelle serait-elle ? 


Moi ne je parle pas de féminisation de la langue française, je parle de reféminisation. et démasculinisation, ce qui n'est pas pareil, car encore une fois, la langue française sait se débrouiller avec l'égalité. Je dirais que depuis 4 ou 5 ans, on a fait énormément de progrès. Le sujet qui était réservé à de tous petits groupes, aux linguistes, aux féministes a vraiment explosé sur la scène publique. Beaucoup de gens se sont emparés de ce sujet qu'ils ne connaissaient pas. Aujourd'hui, on a des entreprises qui forment leur personnel, on a des collectivités qui ont décidé de s'adresser en langage égalitaire au public. Sans parler de la reconnaissance par l'Académie du fait que nous avons raison.
 

Si on donne rendez-vous dans 10 ans, quel voeu feriez-vous ? 

J'espère que assez rapidement l'école va se saisir de ces nouvelles manières d'envisager l'égalité. Et que l'on va à nouveau enseigner toutes les techniques qui sont dans la langue française. Je travaille beaucoup pour l'abandon de l'enseignement de la règle dite du masculin qui l'emporte sur le féminin parce que ce n'est pas juste une règle de grammaire, c'est une règle sociale qui fait des ravages dans les esprits. Et vu que nos ancêtres savaient faire autrementt, vu que nous savons faire autrement, que notre langue possède des ressources pour faire autrement, j'espère que cela va reculer. Il y a aussi le masculin générique, qui en réalité est hégémonique. Nous devons nous mettre véritablement à parler des Françaises et des Français, des téléspectateurs et téléspectatrices avec si possible les meilleures techniques quand on veut à l'écrit faire des abréviations, ce qui est selon moi est une chose secondaire. L'essentiel est d'abord l'oral. Il faut que les mots féminins réapparaissent et soient utilisés dans les textes et les discours qui parlent de population mixtes. 
 
L'historienne Eliane Viennot, lors de notre rencontre à TV5monde, novembre 2021, Paris. 
L'historienne Eliane Viennot, lors de notre rencontre à TV5monde, novembre 2021, Paris. 
©Terriennes/IM
Eliane Viennot est professeuse émérite de littérature de la Renaissance. Elle a enseigné la langue et la littérature française dans les universités de Washington (Seattle, USA), de Nantes, de Corse, de Saint-Etienne, et elle a été membre senior de l'Institut universitaire de France de 2003 à 2013.

Spécialiste de Marguerite de Valois et d'autres femmes d'Etat de la Renaissance, elle s’intéresse plus largement aux relations de pouvoir entre les sexes et à leur traitement historiographique sur la longue durée.

Militante féministe depuis les années 1970, elle s'est notamment investie dans les campagnes pour le droit à l'avortement, pour la parité, et pour l'institutionalisation des études féministes (ou «de genre»). Elle travaille également aux retrouvailles de la langue française avec l'usage du féminin.
 
Elle vient de publier En finir avec l'homme. Chronique d'une imposture (Donnemarie-Dontilly, Editions iXe, 2021). Depuis quand, pourquoi, par quel détour le mot "homme" en est-il venu à désigner le genre humain tout entier ?

L'historienne revient sur l'étymologie du terme, sur son sens premier et son sens sublimé par la grâce d'institutions puissantes, sur les contradictions et les confusions que cela n'a pas manqué de provoquer. Ce livre est l’histoire d’un abus de langage qui a hissé le mâle de l’espèce au rang de représentant absolu de l’humanité, lit-on sur le site de la maison d'édition.​


 Retrouvez nos autres articles sur l'écriture inclusive : 
►Ecriture inclusive : comment démonter le fonctionnement androcentré du français ?
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►Ecriture inclusive : de quoi parle-t-on ? Le débat sur TV5MONDE et Terriennes
►Pour ou contre l’écriture inclusive à l’école ? Deux enseignantes témoignent
►​L’écriture inclusive pour en finir avec l'invisibilité des femmes dans la langue française
TerriennesIsabelle MourgereNina SoyezMargot Hutton
 Mise à jour 09.12.2021 à 18:02
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