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Le genre, bientôt illégal en Roumanie ?, articles femmes hommes, egalite,

23 Juin 2020, 13:16pm

Publié par hugo

 Le genre, bientôt illégal en Roumanie ?
Le genre, bientôt illégal en Roumanie ?
Le genre, bientôt illégal en Roumanie ? - © Getty Images
 
 Publié le lundi 22 juin 2020 à 14h43
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Le 16 juin dernier, le Sénat roumain a adopté la loi 87/2020, qui modifie et complète la Loi sur l’éducation nationale. L’article 7 de ce texte interdit, notamment "dans les unités, institutions d’enseignement et dans tous les espaces destinés à l’éducation et à la formation professionnelle, y compris dans les unités qui offrent une éducation extra-scolaire", "les activités qui visent à diffuser la théorie ou l’opinion de l’identité de genre, entendue comme théorie ou opinion selon laquelle le genre est un concept différent du sexe biologique et que les deux ne sont pas toujours identiques".

Ce texte a préalablement reçu l’accord tacite de la Chambre des Députés et doit à présent être promulgué par le Président de la République roumaine, Klaus Iohannis (Parti national libéral). Il semble désormais acquis que ce dernier refusera de le faire et renverra le texte au Parlement. Toutefois, il sera ultérieurement contraint d’adopter le texte tel que revu par les Chambres. La mobilisation, tant nationale qu’internationale, sera donc cruciale au cours de cette nouvelle étape du processus législatif.

Des conséquences pour les femmes et les personnes LGBT
Si elle est adoptée, cette loi pourrait avoir des conséquences majeures pour les femmes et les personnes LGBTI dans ce pays. D’une part, elle rendra illégale la plupart des dispositifs de lutte contre le sexisme, l’homophobie et la transphobie à tous les niveaux d’étude, de la maternelle à l’université. D’autre part, elle empêchera le fonctionnement des programmes en études de genre et menacera l’existence future de ce domaine d’études, alors que la Roumanie comprend deux masters en études de genre et une scène intellectuelle féministe et LGBTI dynamique.

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Si cette loi a été adoptée par surprise, elle s’inscrit dans une intensification des campagnes anti-genre[1] dans ce pays depuis quelques années. Celles-ci ont été marquées par un référendum sur la définition constitutionnelle du mariage en 2018 (perdu par les acteurs conservateurs) et des restrictions récentes à la législation sur l’éducation sexuelle dans les écoles (2020).

Hostilité et violence
Par ailleurs, l’hostilité et la violence contre les militant·es féministes et LGBTI, ainsi que les chercheur·ses en études de genre, a augmenté au cours de cette période. Dans les deux cas, on note le rôle important de l’Église orthodoxe roumaine et d’acteurs étrangers, ainsi que le soutien crucial des controversés sociaux-démocrates roumains… sans lesquels aucune de ces initiatives n’aurait prospéré.

La plupart du temps, ces acteurs ne s’inquiètent pas seulement de la formation de leurs enfants, mais considèrent le genre comme la matrice intellectuelle des réformes éthiques qu’iels combattent, ainsi qu’un complot sournois ourdi par les féministes, les militant·es LGBTI et les chercheur·ses en études de genre.

Il s’agit d’un combat contre une pensée libre et critique, qui ose interroger et contester les hiérarchies et les pouvoirs établis, d’une pensée qui permet l’existence et la subsistance de sociétés ouvertes et démocratiques

Il s’agit à leurs yeux d’une entreprise idéologique totalitaire, d’une tentative de prise de pouvoir de la part de minorités malfaisantes et du projet insidieux d’élites dépravées. C’est aussi le nom d’un projet néocolonial par lequel, par exemple, les autorités européennes et les États occidentaux imposeraient leurs valeurs au reste du monde (y compris en Europe de l’Est).

Attaques contre la liberté académique
Au niveau de l’enseignement supérieur, ce texte constitue une attaque importante contre la liberté académique et l’autonomie des universités. En effet, le Parlement roumain veut intervenir directement, à partir de priorités politiques et hors de tout débat scientifique, dans le contenu de ce qui peut ou non être enseigné à l’université.

Pour cette raison, les principales universités roumaines, dont l’Université de Bucarest, l’Université Babes Bolyai (Cluj-Napoca et l’École nationale de sciences politiques et administratives, ont tout de suite exprimé leur opposition au projet de loi. Ce n’est pas un hasard si les études de genre figurent parmi les premières victimes des attaques contemporaines contre la liberté académique, un scénario qui s’observe dans toute l’Europe (France, Hongrie, Italie, Pologne, Russie,…), au Brésil ou aux Etats-Unis. En effet, celles-ci constituent une cible relativement facile vu leur jeunesse et leur faible institutionnalisation, tout en offrant une charge symbolique puissante.

Ce texte de loi constitue une attaque importante contre la liberté académique et l’autonomie des universités

Si l’exemple roumain peut sembler lointain, il ne s’agit pas d’un cas isolé. Si elle est adoptée, cette loi risque de faire tâche d’huile et de confirmer une tendance amorcée depuis quelques années. En effet, ce texte fait suite à la décision hongroise de désaccréditer les programmes en études de genre en 2018 et son contenu rappelle les mobilisations, nombreuses dans le monde, pour dénoncer l’emprise d’une soi-disant "idéologie" féministe, "homosexualiste" ou trans dans les écoles.

Cette loi menace aussi les valeurs européennes, telles qu’elles ont été définies jusqu’à présent dans les traités, et contribue ainsi à l’érosion de la démocratie.

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A l’heure où des discours anti-genre se font de plus en plus souvent entendre dans notre pays (particulièrement en Flandre), il convient de rester vigilant·e. Les assauts contre les études de genre préfigurent souvent des attaques plus vastes.

Une pensée libre et critique
À l’inverse de ce qu’affirment depuis presque 30 ans nombre d’intellectuel·les de droite et d’extrême-droite (tout comme les personnes qui répètent leurs arguments à gauche), ces attaques ne constituent pas un combat pour permettre l’expression de vérités devenues inaudibles sous le poids du "politiquement correct", pour rétablir l’universalité d’une université sous l’emprise de diverses minorités ou pour réduire l’hégémonie académique supposée de la gauche et de l’extrême-gauche.

Cette loi rendra illégale la plupart des dispositifs de lutte contre le sexisme, l’homophobie et la transphobie à tous les niveaux d’étude, de la maternelle à l’université

Il s’agit au contraire d’un combat contre une pensée libre et critique, qui ose interroger et contester les hiérarchies et les pouvoirs établis, d’une pensée qui permet l’existence et la subsistance de sociétés ouvertes et démocratiques.

En bref, les attaques contre les études de genre et la liberté académique constituent une pièce essentielle des processus de recul démocratique que connaissent aujourd’hui de nombreuses sociétés en Europe et ailleurs.

[1] Roman Kuhar et David Paternotte (dir.), Campagnes anti-genre en Europe. Des mobilisations contre l’égalité, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2018.

David Paternotte (ULB) est le président du comité de gestion du master interuniversitaire en études de genre.

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https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_le-genre-bientot-illegal-en-roumanie?id=10527275

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L'écoféminisme et la revalorisation du care pour changer le monde,femmes,ecologie

23 Juin 2020, 13:13pm

Publié par hugo

 L'écoféminisme et la revalorisation du care pour changer le monde
L'écoféminisme et la revalorisation du care pour changer le monde
L'écoféminisme et la revalorisation du care pour changer le monde - © Getty Images
 Publié le lundi 15 juin 2020 à 11h42
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Nous vivons une période de crise. Il ne fallait pas attendre un virus pour s’en rendre compte, mais plus que jamais la Covid-19 a mis en lumière les failles et dysfonctionnements de notre système.
 
Précarité, catastrophes écologiques, inégalités de genre, le monde dans lequel nous vivons n’est pas ce qu’il y a de plus rose. Les écarts entre riches et pauvres se creusent, la biodiversité est toujours plus menacée, les défis sociétaux auxquels nous faisons face sont multiples et immenses. Du côté des politiques, les réponses sont loin d’être à la hauteur selon la société civile. Changer de monde, oui, mais comment ? Et si l’écoféminisme était une clé pour sortir de la logique productiviste ? 

►►► A lire : Ecologie et féminisme: retour de la convergence des luttes

Le magazine "Sociétés en changement" publié par l’IACCHOS, l’Institut d'analyse du changement dans l'histoire et les sociétés contemporaines et l’UCL ouvre le champ des possibles. Le dernier numéro est consacré à la perspective écoféministe pour penser la crise de notre écosystème. Nous avons interviewé Pascale Vielle, juriste et chercheuse au CIRTES (Centre interdisciplinaire de recherche Travail, État et Société) et Alain Henry, physicien et économiste au Bureau fédéral du Plan qui ont co-écrit l’ouvrage.

Les limites du productivisme
Comme le rappelle la première partie de leur article, le paradigme politique qui domine nos sociétés depuis le XIXe siècle est le productivisme. "Le PIB, l’économie, la compétitivité guident les prises de décisions", clarifie Alain Henry. Nous le savons toutes et tous, les conséquences de ce modèle sont dramatiques. Au niveau environnemental, la surexploitation de la nature met en danger la planète. Au niveau social, l’écart des inégalités se creuse entre les personnes au niveau de leurs revenus, de leur genre ou de leurs origines.

L’approche écoféministe, centrée sur l’être humain et la réappropriation de sa relation à la nature et à son environnement, placerait le care au centre du système

Le productivisme a atteint sa limite, il faut le remettre en question, nous n’avons plus le choix. "Dans le monde académique comme pour les experts, une immense majorité est convaincue de l’urgence de changer mais ça ne passe pas le cap des politiques. Le développement durable n’est pas une priorité des autorités. La remise en cause du modèle est difficile à accepter pour les dominants", rappelle le chercheur.

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Revaloriser le féminin
"L’écoféminisme est une grille de lecture qui dénonce les rapports d’oppression de nos sociétés nature/humanité, masculins/féminins, Nord/Sud, Scientifique/Intuitif", explique Alain Henry. Cette approche propose une revalorisation et une réappropriation du pôle féminin, que ce soit pour les femmes mais aussi pour les hommes. L’objectif ? Plus de bienveillance et de solidarité pour toutes et tous.

La remise en cause du modèle est difficile à accepter pour les dominants

"L’idée est d’assumer la connexion de la terre et du féminin, et de réhabiliter l’ensemble des valeurs "inférieures" du cadre conceptuel d’oppression (le particulier, le concret, l’émotionnel, le naturel, le féminin), pour construire un nouveau modèle de société", peut-on lire dans l’article. Cette vision remet complètement en question le productivisme et sa triple domination de la terre, des femmes et du Sud. "Les écoféministes revendiquent des valeurs, des principes, des postulats qui ont été négligés, leurs revalorisations seraient bénéfiques pour l’ensemble de l’humanité", avance Pascale Vielle, qui s’intéresse à la question du genre depuis 30 ans et à l’écoféminisme depuis plusieurs mois.

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La confection de masques, un exemple
Comme nous l’avons souligné dans de précédents articles publiés sur les Grenades, la majorité des masques ont été confectionnés par des femmes souvent bénévoles. Selon la chercheuse, "les femmes partent de leur vécu et le transforme en exigences pour l’humanité." La crise du Covid-19, et la place du travail des femmes pour protéger la population illustrent ses propos. "La confection domestique de masques est un exemple des activités de care et de la réappropriation d’un savoir-faire "féminin" ". "En quelques jours, elles se sont formées les unes les autres, ont relocalisé des chaînes de production, ont démontré l’enjeu essentiel du care... En partant de l’expérience des couturières, on peut analyser la mise en place d’un système alternatif à la logique productiviste", éclaire la juriste.  

Les femmes partent de leur vécu et le transforme en exigences pour l’humanité

"Conjuguée aux valeurs de l’écoféminisme, cette approche pragmatique, enracinée au plus près de l’expérience des femmes, conduit en définitive à imaginer une transformation radicale de la sécurité sociale, au service d’une transition environnementale alliée d’une justice sociale", a écrit Pascale Vielle.

►►► A lire : Solidarité en temps de pandémie: une affaire genrée?

Le care au cœur des valeurs
Rappelons par ailleurs que les femmes représentent 80% des personnes qui travaillent dans le secteur de la santé humaine et de l’action sociale.  Selon les auteurs, "l’approche écoféministe, centrée sur l’être humain et la réappropriation de sa relation à la nature et à son environnement, placerait le care au centre du système".

"L’approche pragmatique a été négligée par la science. Le savoir qui s’est transmis de femmes en femmes est un savoir qui avait une valeur mais qui a été évincé. Au fil des années on a délégitimé les modes de transmission des savoirs ancestraux et d’appréhension du réel. Même à travers cet article, on s’est heurté à des réactions dans le champ scientifique", explique la chercheuse. Et pourtant, l’urgence est là.

L’enjeu aujourd’hui est de se faire entendre par les preneurs de décision. "Peut-être qu’il faut descendre dans la rue ?", interroge Alain Henry. "Pour que les gens se mobilisent il faut qu’ils et elles co-construisent leur compréhension de ce qu’il s’est passé, et sur cette base se créeront les mouvements de masse", ajoute Pascale Vielle.

Passé le choc de la crise sanitaire et sociale que nous venons de vivre, il sera temps de nous faire entendre, il en va de la survie de l’humanité, rien que ça !

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_l-ecofeminisme-et-la-revalorisation-du-care-pour-changer-le-monde?id=10522279
 

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Harcèlement à l'université: "J'en garde des séquelles", femmes ,violences,

23 Juin 2020, 13:09pm

Publié par hugo

 Harcèlement à l'université: "J'en garde des séquelles"
Harcèlement à l'université: "J'en garde encore des séquelles"
Harcèlement à l'université: "J'en garde encore des séquelles" - © Getty Images
 
 Publié le vendredi 12 juin 2020 à 13h15
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Depuis 1993, les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans les auditoires de l’enseignement supérieur, et elles réussissent mieux comme le montraient les chiffres de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2015 et de l'Iweps en 2018. Elles connaissent cependant des obstacles spécifiques sur leur parcours étudiant.

Il n’existe pas de chiffres officiels sur le harcèlement moral et/ou sexuel dans les universités belges. En France, un vade-mecum de 2017 de Association Nationale des Études Féministes a collecté des témoignages de femmes dans les établissements d’enseignement supérieur ou la recherche. Ce texte a été présenté à l'ULiège en février 2018 par la sociologue Erika Flahault, co-autrice du Petit livre blanc sur les violences sexuelles dans les universités.

Des rapports de pouvoir pouvant conduire à des abus
"[Ces témoignages] démontrent qu’il y existe, comme ailleurs, des comportements déplacés, discriminatoires, voire violents, qui nuisent à l’intégrité des personnes et au déroulement de leurs études ou de leur carrière", écrit l’association dans le vade-mecum, qui constate : "Dans les universités, grandes écoles ou encore instituts de recherche, publics ou privés, existent des rapports de pouvoir pouvant conduire à des abus".

Morceaux choisis parmi les différents témoignages recueillis par l'association : "Il y a eu lors de cette année un net abus de pouvoir qui a failli me coûter un redoublement"; "J’étais trop épuisée, perdue, je me sentais sale, je voulais me laver et dormir. J’ai passé une longue période en état de choc"; "Je suis très angoissée lorsque je dois avoir des entretiens ou des réunions de travail seule avec un employeur ou un hiérarchique."

"Dommage que vous n’ayez pas aussi oublié de vous habiller, mademoiselle", paroles accompagnées d’un sourire équivoque

"Myriam vient suivre une première année d’études universitaires en France, pays qu’elle découvre, seule, sans famille ni ami·e·s. Un enseignant vacataire la convoque sous prétexte de lui donner des conseils, lui fait des avances sexuelles à plusieurs reprises, qu’elle refuse. Elle n’arrive pas à faire cesser le harcèlement et ne sait pas à qui se confier. Déstabilisée, elle arrête les cours, ne valide pas son année, décide de déménager dans une autre ville"; "Lors d’un oral, une étudiante se présente à son professeur puis se dirige vers la salle de préparation pour rédiger ses réponses au sujet. Elle s’aperçoit alors qu’elle a oublié son stylo et revient sur ses pas pour demander au professeur de lui prêter un stylo. Ce dernier lui tend l’objet en disant : "Dommage que vous n’ayez pas aussi oublié de vous habiller, mademoiselle", paroles accompagnées d’un sourire équivoque".

►►► A lire : Comment lutter contre les inégalités de genre à l'Université?

"Briser des carrières"
Des rapports de pouvoir problématiques, c'est ce qui est arrivé à Sophie* durant ses études. Pour écrire cet article, il a fallu enquêter plusieurs semaines et rassurer les témoins potentiel.les. “Les professeurs d’universités sont influents et peuvent briser des carrières”. Cette phrase est revenue plusieurs fois, c’est pourquoi les différentes personnes mentionnées dans cet article resteront anonymes. 

Les Grenades ont pu écouter un enregistrement et ont lu une dizaine d’échanges de mails entre Sophie et la hiérarchie de l’ISTI, l’école d’interprétation et de traduction attachée à l’ULB. Dans tous ces différents documents, Sophie mentionne les mêmes faits durant l’année académique 2018-2019.

Pendant mon test d’entrée, j’ai senti son regard sur moi, et je ne me suis pas sentie bien

"En Master, les choses se sont gâtées"
“J’ai décidé de faire un deuxième master universitaire à 32 ans. Je voulais ce diplôme, me former dans les langues, je suis donc entrée en 2015 à l’ISTI, l’Institut Supérieur en Traduction et Interprétation, pour commencer un bachelier. J’avais entendu plusieurs choses, des rumeurs sur l’école mais je n’avais pas fait attention parce que cela ne m’avait pas touchée personnellement. C’est en arrivant en master que les choses se sont gâtées”, se remémore Sophie.

Beaucoup d’étudiant.es quittent l’école après le bachelier, Sophie parle d’”écrémage”. Elle entre dans le master en interprétation après un test d'aptitude. Il faut combiner deux langues, en plus de sa langue maternelle. Dans chacun des cours, elle se retrouve avec seulement deux autres étudiantes. Une majorité de femmes étudient à l’ISTI.

"Une drôle de manière de répondre à une étudiante"
“Avant d’entrer en master, j’ai fait un Erasmus à la KU Leuven. J’ai eu besoin de contacter monsieur D., car il devait signer des papiers. Je ne suis pas arrivée à le joindre, j’ai essayé de le contacter par mail, de laisser des choses dans son casier. J’ai compris plus tard qu’il faisait tout pour être injoignable, il voulait que tout se fasse en face-à-face, nous forcer à venir le voir. Il a tout de même fini par répondre à un de mes mails, d’une manière bien trop intime, en me disant que peut-être que si je le lui demandais autrement, cela changerait les choses. Nous correspondions en néerlandais et j’ai cru que je n’avais pas compris toutes les nuances, mais j’ai trouvé que c’était une drôle de manière de répondre à une étudiante. Les autres professeurs d’université ne nous parlent pas comme ça. J’ai demandé ce qu’elle en pensait à une amie néerlandophone et elle a confirmé mes impressions. J’ai aussi eu un souci pendant mon Erasmus et monsieur D. m’a demandé mon numéro de téléphone privé. J’ai de nouveau trouvé cela étrange”.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Sophie découvre que le même monsieur D. sera un de ses professeurs durant son master en interprétation. “Pendant mon test d’entrée, j’ai senti son regard sur moi, et je ne me suis pas sentie bien. Il m’avait testé informellement auparavant, sans tout le jury, juste lui et moi en classe, j’avais été en alerte tout le long de ce test".

Au début du semestre, une ancienne étudiante de bachelier entre dans la classe. Elle n’a pas passé le test d’aptitude pour entrer dans le master d’interprétation mais elle participera aux cours, explique le professeur. “Dès le départ, il a instauré un double standard, car cette élève a été privilégiée. Et mon but n’est pas de la critiquer, elle, personnellement mais bien de faire comprendre l’ambiance qui s’est installée dans la classe. Plus tard, le professeur s’est défendu en disant que le test n’est pas obligatoire. Je ne connais personne d’autre qui soit entré.e en master d’interprétation sans passer le test. A l’ISTI, ce sont les professeurs qui décident, les règles peuvent être détournées. Dans ce climat de favoritisme créé par le professeur, celles qui accepteront ce type de rapport privilégié seront favorisées et celles qui, au contraire, le refuseront ou le critiqueront seront défavorisées. C’est à ce moment-là qu’il m’est apparu évident que ce professeur cherchait à ce qu’on le séduise, que c’était ce qui était attendu de nous”, souligne Sophie.

La classe, un lieu de drague ?
D’après Sophie, la classe se transforme alors en un lieu de drague entre le professeur et la nouvelle élève, appelée Fiona (le prénom a été modifié). “Très souvent, il nous demandait de sortir pour les laisser en tête à tête. Nous n’avions plus cours. Or, j’ai des enfants et j’ai travaillé pour payer seule mon minerval. Je tenais à cette formation. Quand je l’ai confronté en lui disant que ce n’était pas une situation normale, il m’a juste répondu de ne plus venir si cela ne me plaisait pas. Je ne recevais quasi plus de feedback sur mon travail”, s’insurge Sophie.

Monsieur D. m’a demandé mon numéro de téléphone privé. J’ai trouvé cela étrange

Monsieur D. ne communique pas via son adresse mail professionnelle et ne prévient visiblement pas de ses absences. “Il ne communiquait qu’avec Fiona via Whatsapp et c’est elle qui nous transmettait les consignes pour les travaux ou les cours. Elle servait d’intermédiaire”, précise-t-elle. Un jour, Sophie se retrouve seule dans la classe à attendre le professeur, qui ne viendra pas. Après le quart d’heure académique, ou plutôt la demi-heure académique, elle s’en va. Elle apprendra que d’autres étudiant.es ont vu le professeur quitter l’école avec Fiona peu avant le cours. Pour Sophie, c’est la goutte de trop. “J’ai aménagé mes horaires de travail pour pouvoir étudier et il ne nous prévient même pas qu’il ne donne pas cours”, explique-t-elle.

Sophie décide de contacter le directeur de la section de traduction par mail. Lors d’un rendez-vous avec lui, ce directeur lui dira que ce sont des choses qui se sont toujours passées à l’ISTI. "C’est lui qui a carrément parlé de réputation de harcèlement sexuel au sein de l’école, alors que je n’avais même pas encore abordé ce terme à ce stade-là. Il a aussi dit que des femmes choisissaient sciemment de ne pas étudier dans cette école à cause de ce qui s’y passait", précise-t-elle.

"Des remarques bizarres sur mon travail"
Dans la classe, la situation se dégrade. “Monsieur D. a dû être mis au courant de la réunion avec le directeur parce qu’il a commencé à me critiquer, à me faire des remarques bizarres sur mon travail. Je suis devenue son ennemie. J’avais toujours très bien réussi mes examens jusque là donc il ne pouvait pas m’avoir sur l’aspect intellectuel mais il retournait cela contre moi. Il me disait par exemple que je savais beaucoup de choses mais que cela ne suffisait pas. J’ai également vu Fiona préparer des exercices d’interprétation avec son gsm, c’est pourtant formellement interdit, on ne peut pas faire de recherches”.

Sophie contacte à nouveau le directeur par mail qui lui demande, cette fois-ci, de “modérer ses propos”. “Je suis tombée de haut. On m’a vraiment traitée comme une affabulatrice. J’avais déjà confronté le professeur toute seule et là, la hiérarchie ne m’aidait pas non plus”.

[...] des femmes choisissaient sciemment de ne pas étudier dans cette école à cause de ce qui s’y passait

Sophie vise alors encore plus haut dans la hiérarchie et prend contact avec le président de filière, qui l’écoute d’abord avant de lui imposer une confrontation avec le professeur, en avril 2019. Elle doit répéter toute l’histoire à nouveau. Monsieur D. nie.

“Il l’a même joué grand seigneur durant cette réunion, en rappelant qu’il m’avait proposé de venir aux cours avec mon fils le jour où la crèche avait fait grève. J’ai dû le recadrer en lui disant que ce n’était pas le débat. Nous avons ensuite quitté le bureau du président et nous avons attendu le professeur dans la classe un certain temps. Quand il est revenu, il était très rouge, énervé. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Il nous a demandé de mettre nos gsm sur la table devant lui et que ce serait comme ça à chaque cours dorénavant. Puis, il est resté avec Fiona en tête à tête et nous a demandé de sortir. J’avais peur qu’il consulte mon téléphone, il y avait tous mes contacts avec les délégué.es étudiant.es ou d’autres étudiantes dessus”.

Délit de sale gueule ?
Après ce cours, Sophie décide ne plus revenir, même si cela la pénalise pour les examens et le jury. “J’ai décidé que je m’exercerais par moi-même, ce n’étais plus tenable”, indique-t-elle. Elle réussit tous ses examens écrit mais reçoit la note de 6/20 à son jury d’interprétation oral, dans lequel siège monsieur D. “Oui, j’ai fait des erreurs qui justifient que je perde des points mais pas que je rate complètement. Je n’ai jamais raté un seul examen à l’ULB ou à l’ISTI. J’avais tout réussi jusqu’à présent. Il est néanmoins impossible pour moi de prouver le délit de sale gueule”.

C’est à ce moment-là qu’il m’est apparu évident que ce professeur cherchait à ce qu’on le séduise, que c’était ce qui était attendu de nous

Seule face à ses doutes, elle décide d’abandonner ses études. “Je devais repasser mon jury après les vacances mais j’ai pris ce moment de recul pour me rendre compte de l’enfer que j’avais subi pendant un an. J’en garde toujours des traces. Je n’ai donc pas repassé ce jury. J’ai préféré m’occuper de moi que d’y retourner, j’avais perdu beaucoup de poids parce que je ne mangeais plus les 5 jours de la semaine où j’allais à l’école. Je n’en pouvais plus de tout ce système, de toute l’école qui protège les professeurs”, soutient-elle.

Des commentaires "bien trop personnels"
Une autre étudiante à l’ISTI, proche de Sophie, nous le confirme : “Je peux dire, pour avoir été à son écoute sur une période d’un an et pour avoir vu certains comportements de la part des professeurs, qui faisaient des commentaires bien trop personnels et visés, et ce, toujours envers les mêmes élèves, que je n’ai aucune raison de ne pas croire ce qu’elle dit. Je peux aussi dire que son stress était bien réel, et que je l’ai vue perdre tout plaisir à venir en cours, voire ne plus y arriver du tout, parce qu’elle ne s’y sentait plus bien”.

Sophie contacte tout de même le tout dernier échelon : l’ULB, via la commission pédagogique. “J’ai expliqué aux deux dames devant moi que j’abandonnais mes études mais que je voulais que l’ULB soit mise au courant, qu’il fallait contacter le président de filière à l’ISTI qui avait pris des notes qui devaient dormir dans un tiroir de son bureau. J’ai aussi demandé à ne plus être tenue au courant car j’avais besoin de tourner la page”.

Quelques cas de harcèlements sont rapportés aux autorités chaque année. Parmi ceux-ci, seule une partie concerne des situations de harcèlement de professeurs ou assistants envers des étudiantes ou étudiants

Contactée par nos soins, l’ULB a répondu que les dossiers d’instruction disciplinaire restent confidentiels. La direction de l'ISTI confirme qu’une plainte à ce sujet est traitée en interne par l’université.

Tenter la plainte pédagogique ?
Durant cette année “infernale’, Sophie a contacté différent.es délégué.es étudiant.es, dont deux ont accepté de témoigner anonymement. ”Effectivement, Sophie m’a contactée pour me parler d’un problème avec un professeur, me demandant quelles démarches il était possible d’entreprendre. Elle m’avait expliqué le problème de manière relativement générale, ne souhaitant pas biaiser mon avis. La première étape prônée par la délégation étudiante est toujours le dialogue constructif. Si cela ne fonctionne pas, il faut monter un échelon plus haut dans la direction ou alors tenter la plainte pédagogique, tout en sachant que les conditions pour qu’une plainte pédagogique soit entendue sont relativement strictes (et que ce n’est donc pas toujours la démarche la plus aisée à entreprendre, surtout qu’il est relativement compliqué d’obtenir des informations sur la procédure qui reste méconnue)”, témoigne l’une d’entre elles.

Pour cette déléguée, un autre problème en termes de procédures peu transparentes ou problématiques se rencontre dans l’évaluation des professeurs. “Dès qu’on arrive en master, on se retrouve vite dans des petits groupes de 3-4-5 personnes maximum ou presque, l’anonymat de l’évaluation est mis à mal. Sachant qu’en plus, en master interprétation, les étudiants sont parfois évalués par un seul professeur (et non un jury) à l’oral, certains étudiants risquent effectivement de ne pas oser donner leur avis sur des professeurs par peur des représailles. En outre, le monde de la traduction et de l’interprétation est "petit" et comme quasiment tout se joue à la réputation ou au bouche à oreille, il peut aussi y avoir la crainte qu’un professeur mine les chances de faire carrière au sortir des études. Il est clair qu’il y a un couac de ce côté-là”, affirme-t-elle.

[...] il accusait l’étudiante d’avoir "ensorcelé" un professeur, en rejetant toute la culpabilité sur elle

Selon Sophie, ces différents éléments empêchent les femmes de parler librement. Elle a d’ailleurs peur de parler sous son vrai nom : “Les professeurs ne sont pas uniquement des professeurs. Ils travaillent aux Institutions européennes ou auprès des ministres pour traduire ou interpréter”.

"Les professeurs ont toujours raison"
La peur, c’est ce qu’expliquent ressentir d’autres femmes contactées pour cet article et le deuxième délégué qui témoigne : “Monsieur D. était aussi dans mon jury, donc oui j’y ai pensé. J’étais dans le collimateur avec cette histoire. On sait comment cela fonctionne à l‘université : les professeurs ont toujours raison. Je peux aussi confirmer que j’ai entendu plusieurs fois que des professeurs avaient fait des remarques sexistes aux étudiantes ou des propositions déplacées, dont ce professeur-là”.

C’est plus difficile pour nous, les femmes, de faire carrière. Les femmes doivent se battre pour faire reconnaitre leurs connaissances intellectuelles

Dans une discussion sur un réseau social entre Sophie et un ancien étudiant, que Les Grenades ont pu consulter, celui-ci confie qu’une de ses camarades de classe a elle aussi vécu du harcèlement au sein de l’ISTI.

Une histoire, racontée par l'un des directeurs de l’école, circulait dans les couloirs : l’histoire de "l’ensorceleuse", une étudiante qui aurait "séduit" monsieur D., avec laquelle il a eu une relation. Le directeur avait expliqué aux élèves avoir lui-même recadré le professeur. "Mais il n’a jamais remis en cause l’attitude de l’enseignant, il accusait l’étudiante d’avoir "ensorcelé" un professeur, en rejetant toute la culpabilité sur elle", précise Sophie.

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“Ils ont réussi à me faire abandonner, alors que j’ai un fort caractère. C’est plus difficile pour nous, les femmes, de faire carrière. Les femmes doivent se battre pour faire reconnaitre leurs connaissances intellectuelles. Elles perdent donc beaucoup trop si elles parlent. Je me suis battue comme ça parce que j’étais plus âgée que la majorité d’entre elles, que j’ai déjà un master et que je travaille donc je "risquais" moins gros. Beaucoup restent conciliantes et veulent correspondre aux attentes des professeurs pour se protéger, c’est normal. Que faire si, parfois, ces attentes vont trop loin ?”, questionne Sophie.

*Le prénom a été modifié

Un nouveau dispositif anti-harcèlement à l’ULB
Selon Laurent Licata, vice-recteur en charge de la politique de diversité et de genre à l’ULB, quelques cas de harcèlements sont rapportés aux autorités chaque année. Parmi ceux-ci, seule une partie concerne des situations de harcèlement de professeurs ou assistants envers des étudiant.es. "Cela semble peu si l’on tient compte du fait que plus de 32.000 étudiant·es sont inscrit·es à l’ULB, et que notre université compte environ 5000 membres du personnel. Mais c’est évidemment beaucoup trop. L’objectif est de prévenir les situations de harcèlement de manière à les réduire à néant", explique-t-il. Le dispositif classique de prise en charge des situations de harcèlement prévoit que l’étudiant·e s’adresse au vice-recteur ou à la vice-rectrice aux affaires étudiantes. Si une instruction disciplinaire est lancée, après enquête et écoute des deux parties, une décision est rendue, qui peut aller jusqu’à la révocation de la personne mise en cause. "A l’occasion de situations que nous avons eu à traiter ces dernières années, nous nous sommes cependant rendus compte que de nombreux étudiant·es ignoraient l’existence de ce dispositif. D’autre part, certain·es étudiant·es ne lui font pas confiance, craignent les représailles ou le jugent inefficace", précise-t-il.

En réponse, une "Cellule de prise en charge des situations de harcèlement envers les étudiant·es" (nom provisoire), qui sera indépendante des structures hiérarchiques de l’université, est en train d’être créée. Elle devrait être opérationnelle dès l’année académique 2020-21. "Cette cellule représentera un espace de parole sécure pour les étudiant·es, garantissant le respect de leur volonté de rester anonymes. La lutte contre le harcèlement, que ce soit au sein des personnels ou lorsqu’il touche des étudiant·es, est une préoccupation majeure de l’ULB. Chaque situation est unique ; chacune génère beaucoup de tension et de détresse", souligne encore Laurent Licata.  

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_harcelement-a-l-universite-j-en-garde-des-sequelles?id=10513076
 

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Femmes en prison : la double peine,femmes,

23 Juin 2020, 13:03pm

Publié par hugo

 23 JUIN 2020
France \ Société
Femmes en prison : la double peine

En janvier 2020, les prisons françaises comptaient 2532 détenues pour une population carcérale de 70 878 personnes, selon les chiffres donnés par l’Observatoire International des Prisons. Le chiffre est constant depuis 20 ans. Cela représente environ de 3,8% de la population carcérale. Seules deux prisons spécifiques pour les femmes existent, elles sont situées à Rennes et Versailles. Sinon, les femmes sont reléguées aux confins des prisons, dans des enclaves au sein des centres de détention majoritairement occupés par des hommes.

Les femmes souffrent de l’éloignement géographique de la prison par rapport à leur lieu d’habitation, ce qui complique les visites au parloir. D’autant plus pendant la période de confinement et de restriction de déplacement à moins de 100 kilomètres dans le contexte de crise sanitaire lié au coronavirus. Elles souffrent d’isolement, étant parfois incarcérées dans des quartiers de femmes comptant seulement trois places. Les raisons de leur isolement sont, entre autres, liées au principe de non-mixité en milieu carcéral. Hommes et femmes ne doivent pas se croiser, les femmes doivent être encadrées par des surveillantes. Comme elles ont l’obligation de rester entre elles, elles ont peu d’accès au travail en prison, peu d’activités, peu de formations et peu d’ateliers. Par exemple, à la prison de Bapaume dans les Hauts de France, il y avait en 2011 six ateliers pour les hommes et un seul pour les femmes. Il s’agissait d’un atelier de conditionnement de jouets. En 2018, cet atelier fut remplacé par un atelier de conditionnement de cornets de glaces. Les activités sont non seulement insuffisantes mais également fortement genrées parfois jusqu’à la caricature.

Il en va de même pour l’enseignement : quatre jours de cours hebdomadaires sont proposés aux hommes contre un seul jour au bénéfice des femmes.

L’accès à la bibliothèque se limite à une demi-journée par semaine. Si les cours et les ateliers sont planifiés le même jour, les détenues se voient obligées de procéder à un choix exclusif.

Selon le code, la direction de la prison peut établir la mixité mais dans les faits quasiment aucune prison ne la met en place. Un amendement avait été déposé pour faire exister la mixité dans les activités afin d’éviter les sorties sèches, l’isolement et le désœuvrement en détention mais l’amendement a été retiré du Projet de Loi justice. Seul le Centre national d’enseignement à distance (CNED) est très « présent » et une université, Paris Diderot, propose un enseignement universitaire aux étudiant·es empêché·es mais il n’y a pas d’accès internet en prison pour les détenues. Cela limite donc encore une fois les possibilités de mettre à profit le temps de détention de manière constructive.

Le Corps et la santé des femmes détenues

Selon les expertes, Juliette Chapelle, avocate pénaliste, Adeline Hazan, magistrate, Giorgia Tiscini, maître de conférence en psychopathologie, il est établi que les femmes supportent encore plus mal la détention que les hommes. En effet, il est encore plus infamant pour une femme d’être incarcérée car, dans les stéréotypes toujours présents dans notre société, la femme est envisagée comme devant être douce et protectrice. Le sentiment de culpabilité est fort chez de nombreuses femmes détenues.

L’incarcération génère des pathologies physiologiques et psychiques qui leur sont propres, comme des problème de fertilité pour les femmes en détention longue qui ne peuvent plus avoir d’enfant à leur sortie. La prison peut priver une femme de maternité.

Les femmes enceintes ou mères de tout petits enfants ont besoin d’un suivi gynécologique dont elles ne bénéficient pas toujours. Les femmes qui accouchent durant leur détention peuvent garder leur enfant jusqu’à l’âge de 18 mois, après les pédopsychiatres considèrent que l’enfant réalise qu’il est enfermé. L’enfant est ensuite confié au père, à la famille ou à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Normalement, les mères avec enfant bénéficient d’une cellule plus grande et d’un accès à un « espace herbeux » en réalité jonché de détritus, de mégots et de rats. Notons que depuis 2009, les femmes doivent pouvoir être examinées et accoucher sans entraves ni escorte dans la salle d’examen ou d’accouchement.

Concernant les soins, les règles juridiques ne s’appliquent pas toujours dans la mesure où il y a parfois des ruptures dans la chaîne de soins alors qu’ils devaient se poursuivre avec la même qualité qu’à l’extérieur. Il y a des jours et heures spécifiques pour accéder aux soins et souvent pas assez de médecins.

Il y a peu ou pas de prise en charge psychologique sauf à Fleury, où existe une unité hospitalière spécifique de 60 places pour des milliers de détenu·es. En cas de besoin de consultation, il faut emmener les détenues à l’hôpital sous escorte.

Les femmes sont la plupart du temps privées de leur féminité : elles ne peuvent plus être comme avant. Elles doivent cantiner pour avoir des protections hygiéniques, du maquillage. Cela contribue à la dégradation de leur amour-propre. Elles considèrent qu’elles ne sont plus rien quand certains détenus se vantent de leur passage en prison qu’ils érigent comme un trophée.

Violences agies, violences subies

L’Observatoire international des prisons (OIP) a mené une grande enquête auprès des femmes détenues. Elle a été publiée dans le trimestriel Dedans-dehors de décembre 2019. L’OIP reçoit environ 5000 lettres de détenu·es pas an. Les lettres des femmes dénoncent les pressions dont elles sont victimes et qui visent à dégrader leur féminité : insultes, brimades … elles sont soupçonnées de chercher à séduire, tenter les surveillants, les autres détenus et sont donc confinées à la non-mixité. On les nie et on les rend invisibles. Les femmes font l’objet d’une construction sociale autour de la honte.

La justice contribue à genrer les détenu·es. Les femmes ont plus souvent que les hommes des condamnations pécuniaires et d’un montant plus élevé. Elles ont des peines moins longues. Une femme à 30% de risque en moins d’être incarcérée. Les passages à l’acte sont souvent moins violents. Le monde carcéral n’est donc pas du tout adapté aux femmes. Le taux de suicide et d’automutilation est plus élevé chez les détenues. Elles sont moins nombreuses que les hommes à demander des aménagements de peine. Elles se sentent moins légitimes à le demander.

Les chantiers sont ouverts et nombreux pour œuvrer à l’amélioration des conditions de détentions des femmes dans le respect des droits humains et de la dignité.

Sophie Courtois, 50-50 Magazine 

Photo de Une : Prison Jacques Cartier de Rennes, couloir intérieur.


https://www.50-50magazine.fr/2020/06/23/femmes-en-prison-la-double-peine/

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Parité dans les exécutifs locaux : une occasion manquée ?,articles femmes hommes,

23 Juin 2020, 13:00pm

Publié par hugo

 22 JUIN 2020
DÉBATS \ Tribunes
Parité dans les exécutifs locaux : une occasion manquée ?

Plus de 30 000 communes (1) (sur 35 000 communes en tout) ont entièrement renouvelé leur conseil dès le premier tour des élections municipales et communautaires du 15 mars 2020. Tous les conseils municipaux intégralement renouvelés ont procédé, entre le 23 et le 28 mai dernier, à l’élection de leur maire et de leurs adjoint·es.
Suite à l’élection de ces conseils et exécutifs, et en écho à la Vigilance Egalité publiée avant les élections (2), le HCE alerte sur la nécessité de respecter les règles paritaires lors des élections du 28 juin prochain, notamment pour l’élection des premier·es adjoint·es, et de renforcer les règles paritaires pour l’avenir.
L’exercice du pouvoir reste aux mains des hommes : de 16 % en 2014 à 19 % de femmes maires lors du premier tour des élections municipales en 2020
Le partage du pouvoir n’atteint pas le haut de la pyramide. En 2014, les hommes représentaient 84 % des maires (87,1 % dans les communes de 1 000 habitant·es et plus et 82,3 % dans les communes de moins de 1 000 habitant·es). Les élections de 2020 ne témoignent que d’une faible avancée : 19,2 % de femmes parmi les maires, toutes communes confondues (18,5 % dans les communes de plus de 1 000 habitant·es et 19,5 % dans les communes de moins de 1000 habitant·es) (3). Plus la commune est petite et plus la représentation des femmes est élevée. Elles ne sont que 12 % dans les villes de plus de 30 000 habitant·es, là où les enjeux de pouvoir et de conciliation des temps ont des effets d’éviction plus forts sur les candidates.
A noter que, pour le second tour, qui concernera environ 4 800 communes, les femmes représentent 47 % des candidat·es et un peu plus de 24 % des têtes de liste dans les communes de plus de 1 000 habitant·es, soit 5 points de plus qu’en 2014 où elles n’étaient que 18,8 %.
Une évolution favorable permise par une disposition paritaire nouvelle : l’alternance obligatoire sur la liste des adjoints
Les élections municipales et communautaires de 2020 marquent l’avènement d’une nouvelle disposition paritaire : l’alternance de sexe sur les listes pour l’élection des adjoint·es dans les communes de mille habitant·es et plus. Pour la première fois, les listes des adjoint·es ne devaient plus seulement être paritaires globalement mais être composées par alternance de sexe (4).
Les hommes représentaient 71,5 % des premier·es adjoint·es (toutes communes confondues) lors des dernières élections. L’instauration de cette contrainte paritaire peut permettre une progression du nombre de femmes parmi les deux premier·es adjoint·es, même s’il faut rappeler que les places de numéro un et de numéro deux (maire/1e adjoint·e ou président·e/1e vice-président·e d’intercommunalité) ne sont pas concernées par des règles paritaires.
Les données sur l’alternance paritaire parmi les adjoint·es dans les communes de plus de 1 000 habitants ne sont pas encore disponibles dans leur globalité mais l’on sait que certaines communes ont vu leurs listes rejetées par les préfectures pour ne pas avoir présenté des listes d’adjoint·es en alternance.
Là où des règles paritaires existent, la tendance est au partage du pouvoir. En l’absence de contraintes, la parité n’advient pas spontanément.
Quant aux intercommunalités, que ne concerne aucune règle paritaire et qui étaient dans le rouge lors des élections de 2014, il est à craindre qu’en l’absence de nouvelles règles, la nomination des représentant·es des communes au conseil communautaire, puis les élections de l’exécutif dans les Etablissements publics de coopération intercommunale (EPCI) ne viennent confirmer cette tendance.
Un effet d’éviction qui se confirme : les femmes, déjà moins candidates, ont moins de chance d’être élues
De manière générale, dans les communes de 1 000 habitant·es et plus, les listes candidates ont majoritairement des hommes à leur tête. Lors des élections de mars 2020, les hommes représentaient ainsi 77 % des têtes de listes candidates. Dans les communes ayant renouvelé leur conseil municipal dès le premier tour, la tendance se confirme : les listes ayant obtenu plus de 50 % des suffrages sont menées, pour 81 % d’entre elles, par un homme. Or, la personne placée en tête de liste est quasiment toujours élue maire en cas de victoire électorale.
En plus d’être moins nombreuses à la tête des listes candidates, les femmes ont moins de chances qu’un homme de remporter l’élection. 33 % des listes menées par une femme ont remporté l’élection avec plus de 50 % des suffrages. C’est le cas de 44 % des listes menées par un homme.
Analyse selon les grands blocs de clivages politiques : un léger avantage aux listes de gauche. Cet effet d’éviction peut être analysé au regard des nuances politiques attribuées aux listes candidates dans les communes de plus de 3 500 habitant·es par le ministère de l’Intérieur, qui les classe par grands blocs de clivages (extrême-gauche, gauche, centre, droite, extrême-droite, divers). Quelle que soit la nuance politique, les listes sont davantage menées par un homme que par une femme, même si l’on observe un léger avantage en faveur des femmes pour les listes de gauche.
Dans les listes candidates, les listes d’extrême gauche sont celles qui sont le plus souvent menées par une femme (36 %), ce qui reste encore loin de la parité. Puis viennent les listes de gauche, menées pour 27 % d’entre elles par des femmes, puis les listes du centre, avec 24 % de femmes têtes de liste, puis les listes d’extrême-droite avec 22 % de femmes têtes de liste, et enfin les listes de droite, avec 20 % de listes menées par des femmes.
Cette tendance se renforce pour les listes ayant remporté le premier tour avec la majorité des suffrages : elles ne sont presque jamais menées une femme et, quand elles le sont, ce n’est que pour 18 % d’entre elles pour les partis de gauche, 15 % pour les partis de droite, et 14 % pour les partis de centre (aucune liste d’extrême-gauche n’ayant été élue avec plus de 50 % des suffrages).
Ces constats imposent un sursaut démocratique pour permettre un partage du pouvoir à égalité entre les femmes et les hommes.
Le HCE interpelle : ne laisser aucune zone blanche pour permettre la parité
Sans contrainte paritaire, les habitudes sexuées du pouvoir se maintiennent. C’est pourquoi le HCE insiste sur la nécessité de prévoir des règles à tous les niveaux, pour combler toutes les zones blanches de la parité. Il s’agit notamment :
– d’étendre le scrutin de liste paritaire par alternance à l’élection des conseiller·es et des
adjoint·es des communes de moins de 1 000 habitant·es, comme c’est le cas dans toutes les autres communes ;
– d’élire l’exécutif des EPCI au scrutin de liste paritaire par alternance ;
– de rendre obligatoire l’existence d’un tandem paritaire maire/premier·e adjoint·e à la tête de toutes les communes.
Pour permettre de nouvelles avancées, il est également indispensable de consacrer certaines évolutions dans la constitution (5) :
– garantir (plutôt que favoriser) l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives dans l’article 1e de la Constitution ;
– limiter le cumul des mandats pour favoriser le renouvellement du personnel politique. Les mandats pourraient être limités à deux mandats concomitants et trois fois trois mandats dans le temps, parmi lesquels trois mandats à la tête d’un exécutif local ; trois mandats de membres d’un exécutif local, hors tête de l’exécutif ; trois mandats parlementaires.
Le HCE salue la décision des parlementaires en décembre 2019 (6) d’étendre l’égal accès des femmes et des hommes aux fonctions électives dans les communes et leurs groupements, via une modification du code électoral avant le 31 décembre 2021. Il sera particulièrement attentif à l’évolution de cette proposition et se saisira du sujet pour proposer des modifications législatives. Il veillera particulièrement, à court terme, à la part des femmes dans les tandems (maire/1e adjoint·e) à la tête des communes.
Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes
1 30 125 communes ont renouvelé l’intégralité de leur conseil et 4 855 le feront le 28 juin.
2 Vigilance égalité « Elections municipales et communautaires de mars 2020 : les nouveaux et nouvelles élu·es devront veiller à la parité dans les exécutifs locaux et l’attribution des délégations »
3 Données extraites du fichier du ministère de l’Intérieur, 17 juin 2020.
4 Selon l’article 29 de la loi n° 2019-1461 du 27 décembre 2019 relative à l’engagement dans la vie locale et à la proximité de l’action publique.
5 Voir l’avis du Haut Conseil à l’Egalité « pour une Constitution garante de l’égalité entre les femmes et les hommes » le 18 avril 2018, à consulter au lien suivant
6 Article 28 de la loi n° 2019-1461 du 27 décembre 2019 relative à l’engagement dans la vie locale et à la proximité de l’action publique
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UniR Universités & Réfugié·es : l’enseignement supérieur pour tou·tes, femmes,feminisme,politique,

23 Juin 2020, 12:54pm

Publié par hugo

 18 JUIN 2020
Île de France \ Société
UniR Universités & Réfugié·es : l’enseignement supérieur pour tou·tes

UniR, située dans le onzième arrondissement de Paris, accompagne des personnes réfugiées dans leurs études et leur permet de s’insérer dans le monde du travail. Le 20 juin prochain c’est la journée mondiale des réfugié·es. Avec une équipe 100% féminine, l’association met en avant la richesse culturelle de ses membres et le caractère unique de leur parcours. Pour Camila Ríos Armas, fondatrice de UniR, les études supérieures et les nouveaux projets féministes occupent une place capitale pour l’association.

Quels sont les objectifs de l’association UniR ?

UniR a été créée en janvier 2018 dans le but d’accompagner les personnes réfugiées dans leur insertion académique en valorisant leur propre parcours professionnel. Nous les aidons à apprendre le français, à s’inscrire à l’université et finalement à s’insérer sur le marché du travail.  L’association se base sur trois piliers d’organisation : le premier s’articule autour d’un accompagnement individualisé. Cela nous permet de rediriger les personnes vers les institutions académiques au cas par cas, en prenant en compte l’ensemble des démarches administratives liées à leur projet, que ce soit pour le dossier, la candidature ou le suivi à long terme. Nous les accompagnons aussi pour la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), en partenariat avec le Collège de Paris. Le deuxième pilier est axé vers la préparation des études supérieures, notamment grâce à notre pôle FLE 2.0. Ce programme combine l’accompagnement de cours en présentiel et en distanciel, suivant une méthode de blended learning (utilisation des outils numériques avec des cours de langues plus classiques). Nous nous occupons aussi de la préparation au Diplôme En Langue Française (DELF), elle-même liée à l’insertion des personnes sur la vie universitaire, le cursus, etc. Le troisième pilier se concentre sur la diffusion des connaissances, que nous avons initié dès la création de l’association en 2018. Nous organisons des activités culturelles sur Paris, par exemple des ateliers artistiques.

Dans votre rapport d’activité de 2018, il est précisé que seul 14% du public concerné par l’association étaient des femmes : quels dispositifs mettez-vous en place spécifiquement pour les femmes réfugié·es ?

Nous avons en effet constaté qu’à nos débuts, seulement 2% des participant·e·s étaient des femmes ; dans notre rapport, les 14% correspondent à la moyenne sur l’année 2018. L’association a donc décidé de remédier à ce manque de représentativité, sachant que les personnes réfugiées sous la protection de l’OFPRA sont à 40% des femmes. Nous sommes allées plus loin en ciblant le public féminin, et cela a payé : le pourcentage de femmes accompagnées par UniR est passé de 2 à 24% ! Au total, 51 femmes sur 217 personnes accompagnées sont concernées pour l’année 2019. A la suite à cette évolution, nous avons décidé de mettre en place un programme spécialisé entièrement dédié aux femmes. En avril 2020, nous avons lancé le premier mentorat de l’association, composé de dix huit participantes regroupées en neuf binômes (femmes réfugiées et femmes actives au niveau local en Ile-de-France).

Les femmes sont-elles plus précarisées que les hommes dans la même situation, et si oui pourquoi ?

Je pense que plusieurs éléments sont à prendre en compte : les femmes souffrent effectivement de discriminations plus fortes et sont sujettes aux violences. Cela peut varier d’une femme à une autre : par exemple, nous avons remarqué que l’accès aux cours de français n’était pas le même pour toutes. Certaines habitent en banlieue, et rentrer tard le soir peut être plus compliqué. Une des femmes que nous accompagnons nous disait qu’elle devait prendre deux trains différents pour venir, et qu’elle n’avait pas l’habitude de sortir seule. Dans son pays d’origine, elle devait être accompagnée à l’extérieur mais revendiquait le droit à se déplacer seule, mais maintenant qu’elle en a l’occasion, il lui est difficile de s’adapter. En général, il s’agit d’un public plus isolé, ce qui explique pourquoi nous avons dû recourir au bouche-à-oreille pour voir le nombre de participantes augmenter. La précarité des femmes est donc liée à une réadaptation, un changement de vie qui est plus complexe à appréhender en plus des ressources limitées et des craintes liées à leur sécurité.

Que pensez-vous de la politique récente du gouvernement concernant l’accueil des réfugié·es ?

Au moment où nous parlons, nous ne constatons pas d’impacts directs sur le travail de l’association. D’un point de vue personnel, je sais que la loi Asile et Immigration a été largement contestée au niveau de l’accueil des réfugié·es. Les critiques portent notamment sur la confusion de l’asile et de l’immigration, qui sont deux domaines très différents. De plus, les délais de première demande d’asile prévus par la loi sont problématiques, et le numéro de téléphone dédié peut rester silencieux pendant plusieurs jours, repoussant l’aboutissement des demandes jusqu’à plusieurs mois. Dans notre rapport, nous évoquons aussi le fait que la loi expose les femmes à un risque accru de violences. En effet, la loi prévoit pour les mères d’enfants français d’apporter la preuve de l’implication du père pour qu’elles aient leurs papiers. Or, dans les faits, certaines femmes victimes de violences conjugales ne sont plus en lien avec leur conjoint, ce qui les handicape dans leurs démarches et peut même menacer leur sécurité. Tous ces éléments ne favorisent pas les personnes dans leurs démarches, et elles sont d’autant plus précarisées. Concernant nos financements, nous avons toujours été très transparentes vis-à-vis de nos fonds publics, et notre programme de mentorat pour femmes ainsi que la recherche-action ont été soutenus par la région Ile-de-France et la Direction départementale de la Ville de Paris (DDCS 75).

En période de pandémie quels nouveaux défis devez-vous affronter ? Pensez-vous recevoir plus de personnes ? Craignez-vous une baisse de vos financements ? 

Nous n’avons pas arrêté notre travail pendant le confinement en adaptant nos cours. Il s’agissait de garder un lien académique et social pour des personnes en demande d’échanges, avec plus d’une centaine de candidatures à gérer. Malheureusement, nous avons dû faire face à de nombreux obstacles, notamment les problème d’accès à un ordinateur ou de connexion. Nous avons aussi été contraintes de lancer notre mentorat en ligne ; malgré cela, l’initiative a plutôt bien fonctionné. Pour ce qui est de la situation post-confinement, je dirai que nous prévoyons une année plus difficile en terme de financement. Nous n’avons pas reçu l’entièreté de nos subventions du fait des élections municipales retardées. De plus, les fonds risquent d’être alloués à d’autres secteurs plus fragilisés, même si je regrette que l’éducation et l’enseignement supérieur ne fassent pas l’objet de plus d’attention en ce moment, surtout pour les personnes réfugiées. Celles-ci vont faire face à une pression supplémentaire pour leur insertion sur le monde du travail et ont besoin plus que jamais d’être accompagnées et soutenues.

Propos recueillis par Perrine Arbitre, 50-50 magazine

WebinarUniR Femmes, Réfugiées et Etudiantes le 20 juin


https://www.50-50magazine.fr/2020/06/18/unir-universites-refugie%c2%b7es-lenseignement-superieur-pour-tou%c2%b7tes/

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Berivan Firat : « Les femmes réfugiées kurdes sont dans une situation extrêmement préoccupante »,femmes,

23 Juin 2020, 12:52pm

Publié par hugo

 16 JUIN 2020
Articles récents \ Monde \ Europe
Berivan Firat : « Les femmes réfugiées kurdes sont dans une situation extrêmement préoccupante »

La crise sanitaire actuelle ne touche pas les pays et les personnes de la même façon. Dans les camps de réfugié·es kurdes (au Rojava par exemple) la situation est tendue, particulièrement pour les femmes. À la crise, s’ajoutent les bombardements de l’armée turque, ayant ciblé, le 14 juin, trois zones au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak), y compris des zones d’habitation civiles et le camp de réfugiés de Makhmou. Berivan Firat, porte-parole du Conseil Démocratique Kurde en France et  du Mouvement des Femmes Kurdes, fait le point sur l’actualité et la situation des femmes kurdes.

Berivan Firat est arrivée en France, vers l’âge de trois ans, avec sa famille fuyant la Turquie. Depuis, elle n’a eu de cesse de s’engager auprès des femmes et des kurdes, devenant ainsi la voix des personnes en exil.

Comment est né votre engagement féministe ?

Mon engagement est né très tôt, vers l’âge de 8 ans. Dans les années 1980, il y avait beaucoup de réfugiées kurdes en France. Enfant, j’ai dû faire l’interprète pour ces femmes qui ne parlaient pas français. Je les accompagnais à leur rendez-vous, chez le gynécologue, dans leur vie quotidienne. J’accompagnais ces personnes condamnées au silence, je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, mais je voyais qu’elles étaient contentes de mon aide, donc ça me suffisait. Puis les femmes kurdes en Europe ont créé un mouvement pour la libération des femmes. Finalement mon engagement s’est fait dans ce contexte.

Vous avez été fichée S par l’administration française, pourtant les femmes kurdes combattantes sont devenues les figures de la lutte contre les djihadistes…

Il y a la real politique, les relations avec la Turquie qui font que comme le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui lutte pour les droits, la survie des Kurdes, tout.e Kurde qui milite est criminalisé.e. Il faut que cela change. La Turquie ne reconnaît aucun droit aux Kurdes, ce pays empêche la lutte démocratique. La liberté d’expression est bafouée dans ce pays. Nous les Kurdes de la dispora devons parler, agir dans le cadre des droits d’agir et de penser. C’est un devoir éthique et moral. Je ne sais pas sur quelle base j’ai été fichée S, ni si je suis toujours fichée aujourd’hui. Je dénonce simplement la barbarie de la Turquie. Je lutte aussi pour les droits des femmes et contre les violences de façon générale.

Les femmes kurdes s’engagent beaucoup en politique et dans les opérations militaires, quels sont ces engagements et comment l’expliquez-vous ? 

Nous venons d’un territoire patriarcal, où le sexisme sévit à tous les niveaux. À la fin des années 1970, des femmes ont accompagné la création du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Parmi elles il y avait Sakine Cansiz, assassinée à Paris le 9 janvier 2013, et l’une des icônes de l’indépendance et de la lutte armée kurde.

Les femmes kurdes se sont engagées très tôt en politique et dans les opérations militaires, car nous estimons que nous devons prendre part à la lutte armée pour conquérir nos droits et prouver que nous sommes capables de combattre au même niveau que les hommes. Nous devons prouver que nous avons les capacités et la force morale d’acquérir nos droits les armes à la main. Si nous ne nous engageons pas, nous ne pouvons pas changer la mentalité des hommes.

Quelle est la situation pour les femmes réfugiées kurdes ? En temps de crise les femmes réfugiées sont souvent les plus menacées et fragilisées.

Les femmes réfugiées kurdes au Rojava ou à Lavrio (à 60 km d’Athènes) sont dans une situation extrêmement préoccupante aujourd’hui. Elles ont souvent des enfants, et elles se retrouvent sans aide. Le gouvernement grec par exemple a coupé les aides pour Lavrio. Il y a un manque cruel de moyens pour l’accueil et l’hébergement des réfugié·es et déplacé·es de guerre. Les conditions d’hygiène dans les camps sont souvent précaires. Les camps sont fermés pour éviter la propagation du virus, les réfugié·es se retrouvent donc isolé·es, et les femmes sont les premières victimes. Ce sont elles, encore une fois, qui doivent s’occuper des enfants et protéger la famille, seules, sans accompagnement. Nous avons lancé des appels à l’OMS et à l’ONU pour acheminer de l’aide pour lutter efficacement contre l’épidémie au Rojava. 

En France, à notre niveau, en tant que femmes kurdes, nous confectionnons des masques artisanaux et nous donnons des paniers solidaires aux soignant·es.

Que pensez-vous des récents événements concernant les députés du HDP (le principal parti pro-kurde), Leyla Güven et Musa Farisoğulları, et le député du CHP (le Parti républicain du peuple, principal parti d’opposition) Enis Berberoğlu, déchu·es de leur mandat parlementaire et emprisonné·es, ainsi que de la saisie de cinq nouvelles municipalités kurdes pendant la crise, par la Turquie ? 

La répression sans vergogne de la Turquie se poursuit pleinement. Leyla Güven et Musa Farisoğulları ont pourtant acquis l’immunité parlementaire après avoir été élu·es député·es en 2018, mais les poursuites judiciaires à leur encontre n’ont pas été suspendues. Ces condamnations s’inscrivent dans le cadre de la tristement célèbre chasse aux sorcières, connue sous le nom de l’affaire KCK (Union des Communautés du Kurdistan). En 2009, le KCK, très actif durant les élections municipales de 2009, et qui a permis la victoire du BDP – parti pro-kurde – dans le Sud-Est de la Turquie, est devenu la cible de la justice, accusé d’être la branche politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). 154 politicien·nes kurdes ont été poursuivis dans le cadre de cette affaire. Cette répression est donc historique.

Le gouvernement turc a également destitué de manière arbitraire les co-maires du HDP dans les provinces kurdes. Depuis les élections locales du 31 mars 2019, le gouvernement a arbitrairement saisi 45 municipalités sur les 65 gérées par le HDP. Au moins 27 maires kurdes élu·es aux élections locales de 2014 sont toujours derrière les barreaux. Ces nouvelles arrestations sont le signe avant-coureur d’une répression accrue de l’État turc alors que le pays s’enfonce dans une crise économique dévastatrice et une instabilité politique dans un contexte de pandémie.

Chloé Cohen, 50-50 magazine


https://www.50-50magazine.fr/2020/06/16/berivan-firat-les-femmes-refugiees-kurdes-sont-dans-une-situation-extremement-preoccupante/

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Articles récents \ France \ Société Merci aux journalistes du Monde pour le dossier Féminicides mais…,gfemmes,violences,

23 Juin 2020, 12:49pm

Publié par hugo

 12 JUIN 2020
Articles récents \ France \ Société
Merci aux journalistes du Monde pour le dossier Féminicides mais…

Merci aux journalistes du Monde d’avoir mis en lumière la mécanique des féminicides. Cependant l’éclairage est encore centré sur « la victime » et sa descente aux enfers. Les raisons profondes des comportements de barbarie masculine ne sont pas suffisamment investiguées. Pas une seule fois, le mot éducation n’est évoqué, pourtant cause et remède de ce fléau.

Merci de ne plus appeler ces assassinats « crimes passionnels » mais de les considérer comme des meurtres calculés de sang-froid. Merci d’expliquer au grand public le phénomène de l’emprise qui empêche les femmes maltraitées de fuir. Merci de souligner l’inefficacité des forces de l’ordre qui ignorent la gravité des faits et continuent d’agir trop tard. Merci d’avoir donné la parole à la philosophe féministe Camille Froidevaux-Metterie, qui explique les liens entre violences masculines et héritage du patriarcat. Mais ce n’est pas assez : quelle est l’origine du mal ?

Les récits détaillés des cas de féminicides étudiés dans le dossier du Monde mettent à jour la mécanique implacable de l’emprise, le désarroi des proches, leur impression d’impuissance, l’impossibilité de forcer la personne victime à porter plainte, le regret, le remord, quand la victime meurt.

Le mode opératoire du tueur est bien explicité : le scénario est quasiment toujours le même dans cette entreprise de destruction programmée. Il y a la dévalorisation, l’isolement de la femme, les interdictions multiples de voir son entourage, famille, ami·es, la privation progressive de son autonomie, puis les coups si la femme outrepasse « les droits » que lui « accorde » son mari devenu geôlier violent. Le bourreau, lui, justifie ses actes par une jalousie maladive, une peur de l’abandon, un mal-être, un « amour » possessif. Après chaque mauvais « coup », il se repend. Le passage à l’acte fatal vient toujours quand la victime annonce qu’elle veut la séparation.

Faillite de la justice à protéger ses citoyennes

Le dossier révèle que la justice ne fait pas son travail convenablement et pas à temps quand elle le fait. Pourtant dans l’immense majorité des cas, les victimes avaient porté plainte contre les mauvais traitements et signalé les menaces de mort.

Dans n’importe quelle autre circonstance de la vie civile, une personne qui priverait de liberté un autre individu, son employé·e par exemple, de la liberté d’aller et venir, de téléphoner, de fréquenter ses ami·es, de porter les vêtements de son choix, de sortir où il l’entend après son travail serait immédiatement accusée et condamnée d’abus de pouvoir. Si cette personne était violente, elle serait arrêtée.

Il n’y a que dans le cadre du mariage que ces faits ne sont pas considérés comme des délits, mais relevant de la conjugalité. La justice, en ne les prenant pas en compte, est complice. Ceci conforte le futur assassin dans « son droit » puisque tant qu’il n’y a pas de blessures graves invalidantes ou meurtre, il n’est pas puni.

Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les choses ont à peine changé depuis 20 ans. En 2002, Luc Frémiot, procureur, a convaincu le premier ministre de l’époque Jean-Pierre Raffarin de déclarer les violences faites aux femmes « grande cause nationale ». En 2014, il a aidé la ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud Belkacem, dans son plan triennal contre les violences faites aux femmes. En 2017 Emmanuel Macron, président de la République décréte que « la lutte contre les violences faites aux femmes » est la priorité du quinquennat. En même temps il supprime le ministère des Droits des Femmes, le remplaçant par un Secrétariat.

Une seule amélioration notoire à la prise en charge des violences masculines aujourd’hui, c’est l‘éviction du conjoint violent porté toujours par Luc Frémiot, quand il y a eu violences constatées, et la déchéance de l’autorité parentale. Des associations féministes avaient œuvré dans ce sens depuis longtemps. Elles continuent, jour après jour, de se mobiliser, d’être sur le terrain auprès des femmes victimes.

En 2019, le nombre de féminicides a augmenté.

Ce sont les représentations des relations femmes/hommes qu’il faut changer à travers l’éducation en priorité.

Le dossier du Monde souligne bien que les féminicides sont « des crimes de propriétaires. » Quand la femme décide de se séparer de son conjoint violent, elle est en danger de mort. Comment au XXI ème siècle, des hommes peuvent-ils encore se croire propriétaires de leur femme ? Le dossier parle de la nécessité de la formation des juges, des magistrates, et des gendarmes à l’égalité femmes/hommes et aux problèmes de violences masculines.

Pourquoi ces formations sont-elles absolument impératives ? Pourquoi des hommes ne croient pas les femmes quand elles viennent faire leur déposition ? Pourquoi 30 % des plaintes ne sont pas transmises au procureur·e et sont classées sans suite ? C’est tout simplement parce que la parole des femmes n’est pas encore considérée comme légitime, et que l’école n’apprend pas aux garçons à respecter les filles et à les considérer comme des égales.

Seule une éducation non sexiste dès la petite enfance permettrait un changement de paradigme

C’est ce type d’éducation qu’avait essayé de mettre en place Najat Vallaud-Belkacem en 2014 avec les ABCD de l’égalité qui avaient pour ambition de changer les représentations stéréotypées et hiérarchiques entre filles et garçons. L’idée était de ne plus enfermer filles et garçons dans des rôles prédéfinis empêchant particulièrement les filles d’aspirer à être ingénieures, développeuses informatiques, scientifiques ou cheffes d’entreprises et les garçons à investir les métiers dits féminins comme le soin aux enfants, aux personnes âgées et à revaloriser ces professions.

Ce projet qui aurait été un vecteur profond de changement durable a été totalement déformé et interprété par une frange réactionnaire de la population qui a prétendu qu’il allait abolir la différence des sexes. Des intégristes ont raconté qu’on enseignerait la masturbation à l’école et autres mensonges éhontés. Le gouvernement socialiste a cédé lamentablement aux pressions des réactionnaires de tous bords, et abandonné le projet.

Le résultat de l’éducation stéréotypée toujours empreinte de clichés et de préjugés bien vivaces sur ce qu’une fille et un garçon doivent être et aimer est navrant. Les constats sont unanimes : les filles se cantonnent à seulement 16 % des familles de profession même si elles obtiennent de bons résultats à l’école, et choisissent principalement des métiers de service et de soins à la personne traditionnellement connotés féminins Elles se retrouvent de ce fait économiquement faibles et/ou dépendantes. Les enseignant·es eux-mêmes sont porteuses/porteurs inconscient·es de biais genrés souligne un rapport du HCE (1).

Lorsque les filles surmontent les préjugés et s’aventurent dans des métiers traditionnellement masculins, elles sont parfois mal acceptées et parfois carrément harcelées, le monde des geeks en est un triste exemple.

D’autre part, l’éducation sexuelle qui devrait être dispensée trois fois par an ne l’est pas, ou au mieux une fois par an. Le respect mutuel des sexes devrait alors y être enseigné. Au lieu de cela, seuls les risques de grossesse et de MST sont évoqués. Les jeunes se précipitent alors sur la pornographie qui devient « le modèle » de sexualité et mène inévitablement à la dévalorisation brutale des filles. Le cyber-harcèlement et le revengeporn qui fleurissent actuellement sur les réseaux sont le résultat de la faillite de l’éducation sexuelle scolaire et contribuent à alimenter les violences faites aux femmes.

L’école continue de véhiculer les modèles périmés d’une culture patriarcale encore omniprésente. Le racisme a été expurgé des manuels scolaires très rapidement alors que le sexisme perdure. L’Histoire s’apprend encore à travers les grands hommes alors que les femmes ont participé à toutes les révolutions. Les textes d’autrices pourtant très nombreuses, sont extrêmement rares au programme de français. On parle à peine des femmes scientifiques, à part Marie Curie. Les filles sont donc en déficit de modèles positifs.

La culture et l’héritage patriarcal inexpliqués mènent les hommes à penser qu’ils « permettent » à leur femme de travailler à la condition qu’elles continuent de s’occuper d’eux, de la maison et des enfants ! C’est une équation intenable au XXIème siècle et c’est elle qui crée l’inégalité, génère le conflit dans le couple et provoque le continuum des violences.

Comme Poulain de la Barre en son temps, nous savons que les inégalités entre femmes et hommes n’ont pas de fondement naturel, mais procèdent de préjugés culturels. La clé de la lutte contre les inégalités persistantes entre les sexes est donc bien l’éducation, afin que la raison l’emporte sur les croyances. A ce titre, l’école a un rôle essentiel à jouer.

Il nous faut d’urgence une action politique volontariste pour l’éducation non-sexiste obligatoire, depuis la crèche jusqu’à l’université. Depuis des décennies, les associations féministes œuvrent dans ce sens et ont des programmes déjà établis. Plusieurs d’entre elles interviennent ponctuellement dans les écoles et font bouger les lignes. Mais il faudrait généraliser ces pratiques et amender toute l’éducation de façon transversale. Y a t-il des femmes et des hommes politiques dans l’hexagone pour soutenir ces actions ? L’appel à candidatures est lancé. A quand un programme féministe ?

Roselyne Segalen 50-50 magazine

1 Rapport « Formation à l’égalité filles-garçons : faire des personnels enseignants et d’éducation les moteurs de l’apprentissage et de l’expérience de l’égalité »

Dossier du journal Le Monde : féminicides repris par le documentaire de Lauraine de Foucher diffusé sur France 2 le 02/06/2020 encore visible en replay.

Lire plus :  L’égalité filles/garçons ça commence à la crèche


https://www.50-50magazine.fr/2020/06/12/merci-aux-journalistes-du-monde-pour-le-dossier-feminicides-mais/

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Articles récents \ Culture \ Cinéma Mon nom est clitoris ,femmes,sexes,

23 Juin 2020, 12:42pm

Publié par hugo

 10 JUIN 2020
Articles récents \ Culture \ Cinéma
Mon nom est clitoris 

C’est depuis leur lit que douze jeunes femmes racontent l’histoire de leur sexualité. Enfin, ça, c’était le projet initial des deux cinéastes Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond, mais c’est sur cet organe longtemps marqué d’invisibilité, à la différence du phallus exhibé, que va se centrer le propos du film. Quelle est l’anatomie du sexe féminin ? Quel est ce mystère en apparence caché, dont il a fallu attendre si longtemps pour en avoir une représentation en relief et s’apercevoir que sa taille voisine celle d’un pénis ? La notoriété clitoridienne est au menu de ces conversations entre femmes. La sororité s’incarne : celles qui filment sont partie prenante, incluses dans les questions abordées. Parler de sexualité permet de sortir de l’isolement, partager et constater une expérience commune néanmoins singulière.

Mon nom est clitoris. Ce titre résonne tel le western spaghetti dans lequel Personne prend une majuscule (1). Il renvoie également à la ruse d’Ulysse qui, avant de crever l’œil du cyclope Polyphème, lui a dit se nommer Personne. Les autres cyclopes alertés par les cris de douleur de Polyphème lui demandent qui est son agresseur : « c’est personne ». En répondant ainsi, Ulysse se voit désigné comme l’absence et peut s’enfuir. Rappelons que Polyphème, en grec renvoie à l’idée d’exprimer sa pensée par la parole, c’est celui qui parle beaucoup ou dont on parle beaucoup. Découvrir le 21 avril (2), en plein confinement, le beau projet de Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond donne le sentiment d’être privilégié!

Dans le dossier « Les folles de la Salpêtrière et leurs sœurs », nous annoncions que la révolution clitoridienne était en mouvement. Les deux cinéastes franco-belges s’inscrivent dans cette exploration féminine de leur corps, du plaisir que l’on peut en attendre, de sa découverte, de sa conquête. Ce qui est formidable, c’est la liberté des propos et la volonté de dire au plus près, au plus juste, au plus authentique. La norme pèse particulièrement autour de la sexualité. Les injonctions sont multiples, chacune des interviewées en décrit les facettes multiples. Le consentement est en train de réellement devenir pensable pour cette génération. Il reste beaucoup à faire pour que femmes et hommes puissent se rencontrer à égalité. Les termes femmes et hommes ne renvoient pas à une norme hétérosexuée, ils se réfèrent à la normativité écrasante, qui empêche les hommes de penser leur virilité autrement que dans un modèle de domination/soumission, où seule la pénétration signifierait un acte sexuel accompli. C’est majoritairement ce qu’impulse la pornographie, source précoce de pseudo éducation sexuelle enfermante et réductrice.

La sexualité ne saurait se résumer au coulissage du pénis dans le vagin. La virginité ne saurait s’incarner dans la rupture de l’hymen, sinon à nier que les relations sexuelles sans pénétration ne seraient pas de la sexualité « en vrai ». Le dogme religieux incarne une partie de cette pensée, mais lorsqu’un·e gynécologue reçoit une lesbienne et conclut qu’elle est donc vierge, Personne est de retour ! Confondre le fait qu’il n’existe pas de risque de grossesse avec la virginité, c’est annuler une forme de sexualité au nom d’une norme, qui ne saurait avoir sa place dans un cabinet de gynécologie.

Au fil des échanges, on découvre la liberté d’explorer son corps, de le connaître, on entend aussi que les fantasmes, les causes d’excitation ou que l’absence de désirs sexuels sont tous recevables et qu’aucun déterminisme préalable n’est nécessaire. Quel soulagement d’entendre ces jeunes femmes prendre la parole pour dire qu’elles sont capables d’être propriétaires de leur désir sans être résumables à la catégorisation fondée sur le clivage salope/sainte nitouche. Souhaitons que femmes et hommes, adolescent·es, puissent profiter de l’ouverture oxygénante de ce film. L’orientation sexuelle n’est pas ici au service d’une catégorisation enfermante. L’enjeu est de pouvoir penser son désir, ses désirs sans condamnation morale. Ce ne sont pas les prescriptions sociétales, religieuses, culturelles qui doivent prédéfinir le devenir de chacun·e dans sa possible découverte du plaisir.

L’inscription des cinéastes dans un féminisme intersectionnel permet « d’observer comment les dominations s’additionnent, voire se multiplient quand on cumule les minorités ». Au fil des conversations, on s’aventure dans les linéaments multiples de la sexualité féminine. L’orgasme féminin est d’essence clitoridienne. Point d’exclusion des hommes dans ce constat, mais une urgence pour eux d’entendre cette possible ouverture à une sexualité égalitaire et créative. 

Bande annonce

Daniel Charlemaine 50-50 magazine

Sortie le 17 juin, en e-cinéma géolocalisé sur la plateforme 25eheure et le 22 juin dans les salles de cinéma

1 Mon nom est Personne, film réalisé en 1973 par Tonino Valerii et Sergio Leone.

2 Le 21 avril 1944, il y a seulement 78 ans, les femmes françaises obtenaient le droit de vote.

 print


https://www.50-50magazine.fr/2020/06/10/mon-nom-est-clitoris/

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Hélène Ségara : a-t-elle été victime de violences conjugales ? Elle met les choses au clair, femmes violences,

23 Juin 2020, 12:38pm

Publié par hugo

« J'ai posté un démenti »
Hélène Ségara : a-t-elle été victime de violences conjugales ? Elle met les choses au clair
 22/06/2020 à 22h28  | par D'Angelo | Crédits photos : VANSTEENKISTE STEPHANE / BESTIMAGE

 
VOIR LES PHOTOS DE HÉLÈNE SEGARA
C'est une rumeur qui n'a pas du tout fait rire Hélène Ségara. En effet, lors de la diffusion du numéro spécial de La France a un incroyable talent, de nombreux internautes avaient écrit sur les réseaux sociaux que la chanteuse était victime de violences conjugales. Une accusation qu'elle dément fermement.

Il y a des rumeurs qui ne passent pas. Au mois de mai, en pleine période de confinement, Hélène Ségara avait animé avec ses acolytes, une émission spéciale de La France a un incroyable talent, dans laquelle les téléspectateurs avaient pu se remémorer les meilleurs moments du programme. Heureuse comme tout, la chanteuse avait tout de fois déchanté en lisant des commentaires sur les réseaux sociaux. En effet, de nombreux internautes avaient remarqué la coiffure étrange de l'artiste, qui lui cachait un œil derrière sa longue mèche. Il n'en fallait pas plus pour certains de lancer une rumeur folle et qui a mis Hélène Ségara en colère : elle aurait été victime de violences conjugales. Pourtant à plusieurs reprises déjà, la jurée avait expliqué au public, être victime d'une maladie auto-immune qui lui fait perdre, petit à petit, la vue. Pour limiter la progression de la maladie, elle subit un traitement à base de cortisone. D'ailleurs quand le COVID-19 a fait son apparition en France, elle se trouvait à l'hôpital pour une opération.

Trop c'est trop !
Alors, quand Hélène Ségara s'est aperçue qu'une rumeur avait été lancée sur son couple, elle n'a pas pu s'empêcher de répondre : "Après la diffusion du 18 mai, j'ai tout lu sur les réseaux : de la beigne que mon mec m'aurait mise pendant le confinement au fait que je devenais aveugle. Ça ne m'a pas toujours fait rire, j'ai posté un démenti", a-t-elle expliqué au magazine Télé Star, ce lundi 22 juin. Une histoire qui aurait pu être source de conflit entre elle et son compagnon.


https://www.voici.fr/news-people/actu-people/helene-segara-a-t-elle-ete-victime-de-violences-conjugales-elle-met-les-choses-au-clair-682961

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