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Le blog de hugo,

Aux Etats-Unis, depuis #MeToo, de plus en plus d'hommes n'osent plus travailler avec des femmes,articles femmmes hommes,emplois,societe

25 Mai 2019, 04:36am

Publié par hugo

 Aux Etats-Unis, depuis #MeToo, de plus en plus d'hommes n'osent plus travailler avec des femmes
Aux Etats-Unis, le mouvement #MeToo a eu des conséquences sur les relations hommes-femmes au travail. Certains hommes déclarent se tenir à l'écart des femmes, de peur des conséquences.

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Philippe Duport
franceinfo
Radio France
Mis à jour le 22/05/2019 | 08:05
publié le 22/05/2019 | 08:04
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Nous la préparons pour vous chaque matin

Les hommes n'osent plus travailler avec les femmes, selon un sondage aux USA. (MAXPPP)
L'affaire Weinstein, le producteur américain accusé de nombreuses agressions sexuelles sur des actrices, et le mouvement #MeToo, qui s'est déclenché dans son sillage, ont laissé des marques profondes et durables dans les open spaces américains. Selon un sondage qui vient de sortir aux Etats-Unis, rapporté par le site Slate, et pour lequel plus de 5 000 personnes ont été interrogées, une part croissante d'hommes disent préférer désormais éviter tout contact avec des femmes de peur d'être accusés de harcèlement. Cette étude indique que 60% des cadres masculins se sentent mal à l'aise d'avoir des relations professionnelles avec des femmes comme le travail en tête à tête, donner des conseils ou encore réseauter.
Cette chiffre de 60% est important, mais il est surtout en augmentation de 32% par rapport à la même étude, menée par les mêmes instituts, il y a un an. Les cadres masculins américains reconnaissent qu'ils sont désormais douze fois plus hésitants à travailler en tête à tête avec une femme. Neuf fois plus réticent à voyager avec une femme plus jeune pour le boulot. Et six fois plus hésitant à participer à un dîner de travail avec une femme plus jeune qu'eux. C'est une grande frousse qui saisit le management américain et, selon les femmes elles-mêmes, c'est un véritable problème.
Une méfiance pour les femmes qui dessert leurs carrières
Une journaliste américaine du magazine Fast Company écrit à propos de cette étude que non seulement les femmes doivent traditionnellement affronter plus de difficultés au travail que les hommes, mais que désormais elles ne peuvent même plus bénéficier du mentorat des top managers, qu'elles n'ont plus accès aux informations stratégiques, aux réseaux, aux informations sur les postes ouverts. Ce qui constituerait une discrimination supplémentaire. Une méfiance qui risquerait d'entraver un peu plus la progression des femmes dans les entreprises américaines. Qui est déjà très difficile : on ne compte que 5% de femmes dans le top management des 500 plus grandes entreprises américaines.
Selon cette même étude, le harcèlement sexuel reste tout de même très présent puisque 57% des femmes américaines déclarent en avoir été victimes depuis le début de leur carrière. Mais les entreprises d'outre-Atlantique semblent avoir saisi le problème à bras le corps : en 2018, elles n'étaient qu'un peu moins d'une sur deux à avoir pris des mesures. Aujourd'hui, 70% des personnes interrogées affirme que leur boîte a pris des mesures contre le harcèlement. Résultat, les trois-quarts des salariés concernés assurent que, désormais, un fait de harcèlement sexuel sera pris au sérieux par leur entreprise.
A lire aussi
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https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-mon-boulot/aux-etats-unis-apres-metoo-de-plus-en-plus-d-hommes-n-osent-plus-travailler-avec-des-femmes_3433255.html

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"Les cinq temps de l'amour", cette règle qui permettrait aux couples de mieux vivre leur sexualité,articles femmes hommes,sexes,

25 Mai 2019, 04:33am

Publié par hugo

 "Les cinq temps de l'amour", cette règle qui permettrait aux couples de mieux vivre leur sexualité
 12h10, le 02 mai 2019 , modifié à 12h13, le 02 mai 2019
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Prendre le temps de la séduction pour faire monter le désir, c'est ce que recommande le psychiatre Philippe Brenot, spécialiste de la sexualité, sur Europe 1 jeudi.
LE TOUR DE LA QUESTION
Comment mieux concilier la sexualité entre les deux partenaires d'un couple ? Comment faire en sorte, dans le cas d'une relation hétérosexuelle, que la femme puisse prendre autant de plaisir que l'homme durant l'acte sexuel ? Le psychiatre Philippe Brenot, directeur des enseignements de sexologie à l'Université Paris V René Descartes, publie ce jeudi Pourquoi c'est compliqué l'amour, comprendre nos différences pour une vie à deux épanouie, aux éditions Les Arènes. Il y énonce "une règle assez simple", appelée "les cinq temps de l'amour", qui permet selon lui de jouir équitablement et d'apaiser certaines tensions dans les couples.
Un processus à suivre pour lever les "malentendus"
"Les hommes savent très peu ce qu'est le désir. Le réflexe érectile des hommes est tellement immédiat qu'il nous échappe la plupart du temps. Or, l'érection féminine va se dérouler dans un temps beaucoup plus long. La montée de l'excitation, c'est au moins 20-30 minutes", explique d'abord Philippe Brenot, interrogé par François Clauss, jeudi sur Europe 1. Selon le psychiatre et anthropologue, entre ces deux temps d'excitation (celui de l'homme et celui de la femme), il persiste "beaucoup de malentendus." Cela a trait, explique le spécialiste, avec le fait que "les hommes ne respectent bien souvent pas cette règle" des "cinq temps de l'amour."
Mais en quoi consiste-t-elle vraiment ? "Les cinq temps de l'amour, c'est rejouer chaque jour ce qui s'est passé lors de la rencontre", indique Philippe Brenot, qui précise chaque étape.
Le temps de la séduction
Dans cette première phase, on rejoue les prémices, les premières rencontres, les premiers cafés. Là, "on ne se touche pas. Cette phase de séduction peut durer longtemps."
Le temps de la tendresse
Pour cette étape, "on se tient la main, on se fait des caresses, on va peut-être s'embrasser, mais on ne se met pas la main aux fesses." En clair, on éveille lentement - mais sûrement - nos sens.
Le temps de l'érotisme
Là, les choses s'accélèrent. Le couple "va peut-être se toucher plus intimement", glisse Philippe Brenot.
Le temps de l'excitation
Les trois premières phases conduisent à un état d'excitation, à la fois chez l'homme et chez la femme.
Le temps de la sexualité
Le processus est enclenché et conduit à cette ultime étape, celle de l'acte sexuel.
"Laisser le temps à la sexualité féminine de se développer"
Dans son cabinet, Philippe Brenot l'a observé à de très nombreuses reprises : "La plupart des sexualités qui ne marchent pas, c'est parce qu'il n'y a pas suffisamment d'excitation d'un côté ou de l'autre. Le plus souvent, les hommes ont assez d'excitation, mais ils n'ont pas laissé assez de temps à l'excitation féminine de se développer", explique le psychiatre. En bref, "ce qui manque, c'est la séduction."
Sur le même sujet :
Isabelle, 48 ans, est allée voir un thérapeute après six mois sans sexe avec son mari : "On n'était plus un couple mais des colocataires"
L'inégalité des sexes commence dans les cours de récré, pointe l'Unicef

https://www.europe1.fr/societe/les-cinq-temps-de-lamour-cette-regle-qui-permettrait-aux-couples-de-mieux-vivre-leur-sexualite-3896254

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Morgane, 26 ans, souffre de vaginisme : "J'ai développé une espèce de phobie intime",femmes,sante,sexes,

25 Mai 2019, 04:30am

Publié par hugo

 Morgane, 26 ans, souffre de vaginisme : "J'ai développé une espèce de phobie intime"
 17h41, le 24 mai 2019
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Pour les femmes souffrant de vaginisme, toute pénétration sexuelle ou autre est rendue impossible. Morgane a toutefois réussi à surmonter cela et c'est le message qu'elle a voulu faire passer vendredi au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE
Morgane, 26 ans, souffre de vaginisme. Elle explique à Olivier Delacroix sur Europe 1 de quoi il s'agit et comment elle a réussi à surmonter ce problème, qui a compliqué ses relations amoureuses et sexuelles.
"Le vaginisme, c'est quand la pénétration n'est simplement pas possible, que ce soit une pénétration sexuelle, une protection hygiénique ou un doigt. N'importe quelle pénétration en général n'est pas possible. Au début, on ne comprend pas ce qui nous arrive. J'ai découvert ça un tout petit peu avant. J'avais 14 ans et j'ai voulu essayer les tampons. Ça n'a pas fonctionné, ça m'a fait très mal, ça ne passait pas. Je me suis posé des questions. Mais à 14 ans, on n'a pas de vie intime donc on ne s'affole pas plus que cela.
Forcément, ça joue un petit peu sur la confiance en soi
A l'âge de 16 ans, quand j'ai voulu faire ma première fois avec mon vrai petit copain, ça n'a pas fonctionné. Au moment de la pénétration, ce n'est pas rentré. Du coup, je me suis dit qu'il y avait peut-être un souci. Mais à ce moment-là, on ne prend pas ça vraiment en compte tel quel. On met plus de temps à comprendre ce qui nous arrive et ce que c'est.
>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici
Forcément, ça joue un petit peu sur la confiance en soi. On a peur que la prochaine relation se passe de la même façon. On ne sait pas trop comment faire. Moi, j'ai commencé à chercher sur internet et je ne trouvais pas grand-chose. J'en ai parlé à des médecins. Je n'avais pas d'infection, donc pour eux, c'est comme si je n'avais rien finalement. Du coup, on se dit forcément qu'on n'a rien, que c'est dans la tête. Et en plus de ça, notre relation ne marche pas, donc ça devient compliqué pour la confiance en soi.
Ça m'est déjà arrivé de ressortir d'un examen gynécologique en pleurs
Chez le gynécologue, c'est un stress, c'est très douloureux, parfois ce n'est pas possible. On leur expose le problème, mais on ne le dit pas aussi clairement parce qu'on a un peu honte qu'ils ne nous écoutent pas ou qu'ils ne nous comprennent pas alors que ce sont des médecins. Ensuite, ils nous auscultent et on comprend qu'il ne nous prennent pas forcément au sérieux parce qu'ils essayent malgré tout de mettre le spéculum alors que jamais rien n'est passé. Ça m'est déjà arrivé de ressortir d'un examen gynécologique en pleurs et de me dire que c'était dans ma tête, que j'étais folle, qu'il n'y avait pas d'autre moyen de s'en sortir, d'être encore plus perdue qu'avant le rendez-vous.
Avec mon compagnon actuel, au tout début j'avais peur de lui en parler. C'est un homme un peu plus vieux que moi, qui avait un peu plus d'expérience dans le domaine, et j'avais peur d'avouer que moi j'étais novice et que ça ne fonctionnait pas à chaque fois. J'avais peur qu'il s'en aille et qu'il trouve mieux ailleurs. Au bout d'un moment, les préliminaires c'est bien mais la question de la pénétration se pose quand même. Je n'avais pas vraiment le choix. Une fois, deux fois ça ne rentre pas, au bout de la troisième fois il se doute bien qu'il y a quelque chose derrière. Il s'est posé la question de savoir si c'était lui, mais je ne pouvais pas le laisser en lui disant 'oui, oui c'est peut-être toi' alors que je savais très bien que non. Il a été au courant dès le début.
J'ai été prise au sérieux par un médecin traitant il y a à peu près un an et demi. J'étais chez le médecin pour changer de contraception et elle m'a dit : 'Je ne vous ai pas fait le test pour vérifier que vous n'étiez pas enceinte.' Je lui ai balancé froidement : 'Ne vous inquiétez pas, je ne risque pas d'être enceinte. Pour ça, il faut un rapport et je n'en ai pas.' Elle a creusé un petit peu et quand je lui ai décrit les symptômes, elle m'a dit : 'Vous avez un vaginisme. Il y a des spécialistes qui s'occupent de la rééducation périnéale dans cette pathologie qu'est le vaginisme.' J'ai pris rendez-vous et ça s'est enchaîné.
On s'aperçoit souvent que la femme vaginique a peur parce qu'elle ne connait pas suffisamment son corps
Au-delà de la rééducation, elle m'a appris comment marchait mon corps, la place que le vagin avait, qu'il était élastique. Elle m'a fait une éducation sexuelle parce qu'on s'aperçoit souvent que la femme vaginique a peur également parce qu'elle ne connait pas suffisamment son corps. Je me suis aperçue que c'était mon cas. Malgré une famille très ouverte avec très peu de tabous, finalement, je connaissais très peu mon corps ou du moins, l'intérieur de mon corps, ce qui fait que j'avais pu développer une certaine peur. Il y a eu un accompagnement autant psychologique que physique. Même si j'avais déjà vu des psychologues auparavant, le fait que ce soit une kiné qui sache de quoi elle parle, ça a eu pour moi un petit peu plus d'impact.
En ce qui concerne les origines de ce trouble, je pense que c'est un tout. Ça a commencé par le fait que j'étais sûrement très réservée et très introvertie. Pour moi, me mettre à nu devant un homme ou un adolescent à l'époque, c'était quelque chose d'assez gênant, j'étais très pudique. Ensuite, j'ai eu des expériences néfastes donc ça n'a pas aidé non plus. Ça peut être aussi du harcèlement scolaire qui va un petit peu plus loin que des mots.
Quand on n'est pas prêt pour quelque chose et que l'on se bouscule, je pense que ça peut engendrer une espèce de phobie et je pense que c'est ce qu'il s'est passé. J'ai développé une espèce de phobie intime et il n'y avait aucun élément derrière pour me rassurer, donc ça a continué comme ça jusqu'à mon conjoint actuel qui a su trouver les mots et les gestes pour rassurer.
Ça n'empêche pas une relation amoureuse d'exister
J'ai créé un blog parce que je voulais informer et orienter correctement. Je voulais éviter aux autres femmes souffrant de ce trouble de perdre du temps, comme moi j'ai pu en perdre. Finalement, j'ai perdu cinq ans et quand j'ai discuté avec ma kiné, elle me disait que parfois c'était des femmes qui, au bout de 50 ans, ne connaissaient toujours pas la pénétration vaginale. Je voulais éviter de perdre du temps. Je voulais également éviter d'avoir des expériences malveillantes avec des professionnels qui se disent professionnels mais qui ne le sont pas, et qui peuvent avoir un effet encore plus négatif sur leur état de santé.
Je voulais également transmettre un message. Ce n'est pas parce que vous avez un vaginisme et que vous ne pouvez pas avoir de pénétration à proprement parler, que vous n'êtes pas normales. C'est juste qu'il faut apprendre à faire autrement, à faire différemment. Mais vous êtes tout ce qu'il y a de plus normal. Je voulais également montrer qu'une vie de couple, c'est possible. J'ai eu des échecs mais à côté de ça, ça fait presque sept ans que je suis avec mon conjoint actuel et ça ne fait qu'un an et demi que l'on peut avoir des rapports quotidiennement. Si moi j'ai réussi, pourquoi pas vous. Vous êtes normales et rassurez-vous, ça n'empêche pas une relation amoureuse d'exister."
Sur le même sujet :
"Les cinq temps de l'amour", cette règle qui permettrait aux couples de mieux vivre leur sexualité
Sexualité des Français : "Les hommes et les femmes ne sont plus aussi différents"
"Le porno donne une image de la sexualité comme une performance"
Par Grégoire Duhourcau

https://www.europe1.fr/societe/morgane-26-ans-souffre-de-vaginisme-jai-developpe-une-espece-de-phobie-intime-3900568

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Robert Biedroń, l’inlassable partisan des droits des femmes et des LGBT en Pologne,femmes,

23 Mai 2019, 21:59pm

Publié par hugo

 Le féminisme du genre masculin
Le droit à l'avortement dans la tourmente
Femmes, le poids des religions
Robert Biedroń, l’inlassable partisan des droits des femmes et des LGBT en Pologne
 
 

TV5MONDE
22 mai 2019
Mise à jour 22.05.2019 à 12:35 par
TerriennesFasséry Kamissoko
Au programme de Robert Biedroń : la libéralisation de l’IVG, le droit à la PMA pour toutes les femmes, le mariage pour tous et l’égalité conjugale… Dans la très conservatrice et catholique Pologne, ce militant de gauche, homosexuel et athée, incarne l’espoir des activistes féministes et partisans du mariage pour tous. Rencontre.
 
 
 
Avec Wiosna ("Printemps"), son tout jeune parti politique, mais aussi au sein de la société civile, Robert Biedroń, 43 ans, développe des idées audacieuses dans une Pologne dirigée par les partis conservateurs chrétiens réfractaires aux avancées des droits des femmes et des homosexuels. Depuis son accession au pouvoir, en 2015, le gouvernement du PiS (Droit et justice) a mis en place une série de lois fermement restrictives en matière d'avortement, de violences conjugales et de mœurs.
 
Fondé le 3 février 2019 par Robert Biedroń, ancien maire de Słupsk , le parti Wiosna est dans la course aux européennes en Pologne.
FB@RobertBiedron
Dans un récent rapport de 75 pages, l’organisation internationale Human Rights Watch décortique la manière dont le gouvernement et l’Église catholique diabolisent la promotion de l’égalité et les études sur le genre. Ils les assimilent à des dérives idéologiques susceptibles de mener à des sexualités compulsives et dangereuses, dont l’homosexualité et la transidentité, qui menaceraient les valeurs traditionnelles du mariage et de la famille. Objectif : rassembler la société autour de la notion de "valeurs traditionnelles" face aux dévoyé-e-s que sont les féministes et les homosexuels, et se protéger d’une prétendue influence étrangère…
Haro sur les droits des femmes
Ainsi le gouvernement du PiS s'est-il employé à réduire davantage la liberté de procréation, en prenant des mesures régressives en matière de contraception d'urgence et en soutenant des projets de loi limitant l'avortement. Il a également bloqué l’offre éducative en matière de santé sexuelle et reproductive, et mésestimé l’abondance des violences sexistes, conjugales et sexuelles, arguant qu’elles étaient circonscrites aux foyers "anormaux".
 
A lire aussi dans Terriennes :
► En Pologne, le droit à l'avortement définitivement rayé de la législation ?
► Pologne : la grève nationale des femmes contre l'interdiction du droit à l'avortement a payé
► Pologne : la bataille pour l'IVG ne faiblit pas
À cette série de mesures radicales, s’adjoint une réduction sévère, voire une élimination totale, des financements accordés aux structures et groupements associatifs de défense des droits des femmes, souvent sans la moindre explication.
Ce désengagement financier du gouvernement à l’égard des mouvements féministes est une source de pression et d'intimidation, qui se traduit par la diminution de leurs effectifs, de leurs implantations géographiques et des services de soutien proposés aux femmes (hébergement d’urgence, aide psychologique et juridique) en cas de viols, d’abus sexuels, de harcèlement au travail, de violences sexistes et conjugales.
Les progressistes menacés de mort
Dans ce contexte régressif, les personnalités politiques affichant publiquement des positions progressistes sont, soit assassinées, comme Pawel Adamowicz, autrefois maire de Gdansk, dont le meurtre a été perçu par de nombreux observateurs internationaux comme un crime politique, soit exposées à des menaces de mort explicites, comme Robert Biedroń, qui a récemment reçu une enveloppe contenant des balles de fusil.
Candidat aux européennes de mai 2019, Robert Biedroń fait partie de ceux qui perçoivent l’avancée des droits des femmes en Pologne comme un préalable consensuel, une dynamique positive aux revendications des homosexuels.
 
Entretien avec Robert Biedroń
Terriennes : En cas de victoire aux élections européennes de mai 2019, vous prévoyez d’ouvrir la voie à la libéralisation de l’IGV, à la fécondation in vitro pour toutes les femmes, à la taxation des quêtes dominicales dans les églises, au mariage et à l’égalité conjugale pour tous, à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ainsi qu'à la dépolitisation des médias publics. Quels moyens comptez-vous utiliser dans une Pologne fortement attachée aux valeurs conservatrices et chrétiennes ?
Robert Biedroń : La société polonaise n'est pas aussi conservatrice que son gouvernement. D'innombrables exemples prouvent que les Polonais sont bien plus progressistes que nos politiciens. La majorité veut que l'Etat soit séparé de l'influence de l'Eglise catholique. Le soutien aux unions entre personnes de même sexe est en hausse - elles ont maintenant plus de partisans que la partie adverse.
 
 
Manifestation de soutien à Elzbieta Podlesna,le 7 mai 2019 à Varsovie, en Pologne. Les militants sont descendus dans la rue après l'arrestation de Elzbieta Podlesna suite à une perquisition à son domicile. Les forces de l’ordre y auraient trouvé des affiches représentant la Vierge Marie avec une auréole aux couleurs du drapeau LGBTQ.
© AP/Czarek Sokolowski
Vos prises de positions intrépides et libérales ne risquent-elles pas d’effrayer ceux qui voudraient simplement changer la classe politique, sans révolution politique de fond ?
La plupart de nos positions sont, certes, courageuses, mais pas révolutionnaires. J'ai parcouru tout le pays pour entendre les problèmes des Polonais et leurs rêves d'un avenir meilleur. Le programme que nous préconisons est basé sur ce que les gens demandent : la libéralisation de l'IGV, le droit à la fécondation in vitro pour toutes les femmes, le mariage et l'égalité pour tous, la séparation de l'Église et de l'État, et bien d'autres mesures.
Ces dispositions ont été revendiquées lors de nombreuses manifestations contre le gouvernement : vous vous souvenez sans doute de la vague de protestations des femmes contre les lois restrictives sur l'avortement, des manifestations civiques pour la défense des tribunaux, des manifestations pour des médias libres... La société civile veut un véritable changement de vie, pas seulement un changement de classe politique.
Nos experts ont beaucoup travaillé sur les mesures économiques et sociales de notre programme et je peux vous assurer que tout se tient. Mais je ne suis pas surpris que Wiosna (Printemps) soit attaqué à la fois par les conservateurs et les libertaires. Les partis qui qualifient mon programme de trop ambitieux, parfois révolutionnaire, prétendent que l'on peut réduire les impôts et augmenter les dépenses sociales en même temps - cela n'existe pas dans la vraie vie. Je pense que nos positions libérales ne font pas tant peur à la société qu'à la classe dirigeante.
Le maire de Gdańsk, Paweł Adamowicz, connu pour ses engagements progressistes, a été poignardé le 13 janvier 2019. Quel regard portez-vous sur cet assassinat, souvent qualifié de meurtre politique ?
La mort de Paweł est une tragédie, elle a choqué tout le monde et a été une source d'inspiration pour de nombreux politiques locaux, dont moi-même. Son assassinat nous a fait réfléchir sur le niveau de violence dans la politique polonaise.
Mais au-delà des hommages et des commentaires, il nous a légué l'ouverture, la tolérance et l'efficacité qui doivent désormais être intégrées à la vie publique. Les discours haineux, étroitement liés à la violence politique, appellent une réglementation juridique. Nous pourrions, par exemple, investir dans une éducation anti-haine à l'école et enseigner la tolérance. Nous devons également réajuster les politiques conduites actuellement en Pologne. Nous avons besoin de plus d'activistes et d'experts. Mon parti, totalement nouveau dans la politique polonaise, a la possibilité réelle de surmonter les divisions partisanes.
 
 
Election municiaple à Gdansk, en Pologne, le 3 mars 2019. Aleksandra Dulkiewicz, est venue voter, accompagnée de sa fille. Depuis, elle est la nouvelle mairesse de la ville portuaire au bord de la mer Baltique.
© AP Photo/Wojciech Strozyk
Pawel Adamowicz était un féministe convaincu. Croyez-vous que l'élection d'Aleksandra Dulkiewicz à la mairie de Gdansk est un symbole fort pour l'égalité des genres en Pologne ?
Absolument ! La politique a besoin de plus de femmes. Aleksandra Dulkiewicz me semble être la seule personne à occuper la fonction de maire de Gdansk et poursuivre la politique, les valeurs et les idées défendues par Pawel Adamowicz. Les résultats des élections municipales montrent clairement que les habitants de Gdansk lui font confiance, à elle et à son projet d’avenir pour la ville.
Que reste-t-il de l’Europe dont vous prônez les valeurs fraternelles, économiques et humanistes deux ans après le vote du Brexit, la montée des mouvements populistes, les crises diplomatiques entre Paris et Rome ?
Le paysage politique bruxellois est à l'aube d'un bouleversement. Les populistes et les nationalistes gagnent du terrain. Nous savons également que pour sauvegarder le projet européen, pour nous-mêmes et pour les générations futures, les choses doivent changer. Défendre le statu quo ne suffira pas, ce scénario est exactement ce qui a conduit au Brexit et rendu les populistes plus forts.
Cependant, tout n'est pas perdu dans l’Union européenne ; elle reste fondamentale pour ses citoyens. Par exemple, la crise des réformes du système judiciaire du PiS a montré que les institutions européennes sont les meilleures garantes de nos droits citoyens. Sans les actions de la Commission européenne et de la Cour de justice européenne, les Polonais seraient moins libres. J'espère que cette leçon s'appliquera à tout le continent : lorsque les temps sont durs et qu'un gouvernement national veut concentrer tous les pouvoirs entre ses mains, les institutions européennes sont indispensables.
A lire aussi dans Terriennes :
>Vidéo - En Pologne, le droit à l'avortement de plus en plus mis à mal
>Les combattantes du droit à l'avortement en Pologne récompensées par le prix Simone de Beauvoir
>Pologne : la grève nationale des femmes contre l'interdiction du droit à l'avortement a payé
>Pologne : la bataille pour l'IVG ne faiblit pas
>Le “genre“ à l'épreuve de la conservatrice Pologne

 https://information.tv5monde.com/terriennes/robert-biedron-l-inlassable-partisan-des-droits-des-femmes-et-des-lgbt-en-pologne-301564

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Tâches ménagères : une campagne de pub met les Marocains à l'épreuve,femmes,,societe,

23 Mai 2019, 21:32pm

Publié par hugo

Tâches ménagères : une campagne de pub met les Marocains à l'épreuve

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Reportage dans les locaux de l'agence de communication Rapp, à Casablanca, au Maroc.
TV5MONDE | M. MINAUVE | P. FÉRUS • S. ALAYRANGUES
21 mai 2019
Mise à jour 21.05.2019 à 14:03 par
Liliane CharrierTerriennes
Des hommes confrontés aux mains de leur femme, mère ou fille, qui ne les reconnaissent pas tant elles sont abîmées par les travaux domestiques. Pour vendre un produit ménager, une agence de publicité marocaine fait le choix de s'adresser au coeur des hommes.
 
 
Cinq hommes, jeunes ou moins jeunes, défilent tour à tour face à un écran géant sur lequel sont projetées, en noir et blanc, des photos de mains anonymes. A qui peuvent appartenir des paumes aussi fripées et crevassées ? Les réponses sont unanimes : à quelqu'un qui travaille dur, depuis des décennies, douze heures par jour. L'un y voit celles d'un plombier, l'autre celles d'un paysan ou d'une femme de ménage.
Surprise... Sans qu'ils soient au courant, ils voient alors entrer sur le plateau de tournage leur mère, leur femme, leur soeur, leur fille... Et oui, ces mains qu'ils trouvent très abîmées, trop abîmées, sont celles d'une femme de leur famille. La prise de conscience est brutale, émouvante. Pour les hommes ainsi "piégés", mais pour aussi pour tous les Marocains.
 

Cette campagne de publicité, c'est le choix audacieux de l'agence de communication Rapp et de la marque MIO, fabricant de produits ménagers. Un an an après un premier spot montrant des hommes tenir un balai, l'agence se positionne ouvertement en faveur de l'égalité dans les tâches ménagères. Cette "expérience sociale" est présentée comme “inédite, totalement authentique” et la plus spontanée possible. "Le casting s'est fait sur des critères autres qu'esthétiques, on s'est plutôt assuré à sélectionner des "couples" maman-garçon, papa-fille, époux-épouse authentiques sans leur dévoiler avant le tournage ni le sujet ni le contenu des questions qu'on allait leur poser, explique Tarik Guisser, le directeur de l'agence. L'authenticité, l'effet de surprise, l'émotion étaient capitaux pour la réussite de cette expérience."
Mis en ligne dans sa version longue de 5 minutes, puis diffusé à la télévision dans une version plus courte, le clip a immédiatement fait réagir : plus de 2 millions de vues en quelques jours. L'agence Rapp, qui compte une trentaine de collaborateurs, n'en espérait pas tant. Affiliée au géant de la pub DDb World Wide, elle se veut une agence nouvelle génération, orientée vers le numérique. Déja récompensée d'un prix pour ses idées en faveur de l'image de la femme et une première pub MIO conçue dans cet esprit, elle semble avoir trouvé un vrai filon avec la valorisation des femmes au Maroc. "La précédente campagne a d'abord eu des effets considérables sur la notoriété d'une marque totalement inconnue avant cela, passant de pratiquement zéro à 65% de 'top of mind' en moins d'un an, précise Tarik Guisser. En termes d'activité, les demandes des détaillants ont quadruplé, augmentant forcément les ventes du produit."
Alors simplement un bon calcul ? "Pas besoin de chiffres pour savoir à quel point il y a un déséquilibre dans notre pays concernant le partage des tâches entre hommes et femmes, explique Tarik Guisser. Il suffit de savoir que, selon l'INSEE, les femmes en France passent 50 minutes par jour à accomplir des tâches domestiques contre 17 pour les hommes, pour imaginer à quel point l'écart doit être plus grand au Maroc." Et pourtant, le clip a été bien accueilli "par les femmes, mais aussi les hommes, que la vidéo a touché au plus profond d'eux-même et qui ont manifesté publiquement leur volonté de changer leurs comportements," poursuit le directeur de l'agence.
A lire aussi dans Terriennes :
► Tâches domestiques : les hommes s'y mettent mais les femmes en font toujours plus
L'équipe créative qui est à l'origine de cette idée est composée d'hommes uniquement, mais elle est dirigée par une femme - elles ne seraient que deux au Maroc à occuper un tel poste. La "sensibilité" que l'on prête aux femmes a-t-elle fait la différence ? Imane Aouad s'en défend : "c'est l'équipe toute entière de création qui a pensé le concept", assure-t-elle d'emblée lors de notre entretien.
Entretien avec Imane Aouad, directrice créatrice Rapp Maroc
Comment est née cette campagne ?
Imane Aouad : Les femmes ont sur les mains des égratignures, des cicatrices, des petites brûlures. Ce sont des mains sèches, qui ne sont pas forcément jolies. Mais de par leur nature, ces mains sont belles, elles ont un vécu. Ce sont les mains de femmes que l'on croise tous les jours, mais que l'on ne voit jamais. Elles racontent l'histoire de femmes qui travaillent tout le temps : à la maison, en dehors de la maison. Ce sont des mains qui souffrent sans jamais se plaindre.
Le constat est objectif, visible ; il se passe de chiffres et de statistiques. Nous l'avons fait un jour et le soir-même tout le monde, chez soi, est allé vérifier les mains qui de sa mère, qui de sa femme. Le lendemain, nous étions unanimes.
 
C'est sur les paumes que les dégats sur les plus tangibles. Là, pas de vernis, pas de manucure qui cache la misère. Quand on retourne la main d'une femme, le contraste est saisissant. C'est là que le choc est le plus violent.
 
Imane Aouad
Avez-vous montré vos mains à votre mari ?
Oui, mais pas tout de suite. Mon mari travaille dans un domaine totalement différent du mien, mais d'habitude, je lui parle quand même de mes idées quand je les trouve intéressantes. Là, je n'ai absolument rien dit. J'ai attendu qu'il  visionne le clip. Je voulais voir sa réaction naturelle, spontanée. Sa première question a été : "Euh, est-ce que je peux voir tes mains ?" Mes mains ne sont pas aussi écorchées que celles présentées dans la campagne, mais ce soir-là, c'est lui qui a débarrassé la table.
Les photos ont-elles été retouchées ?
Le noir et blanc était un choix esthétique, au départ. Il est vrai que le contraste rend les mains un peu plus impressionnantes, mais nous n'avons rien ajouté. Bien sûr, nous avons veillé, au casting, à choisir les paumes les plus crevassées. Et d'ailleurs, aucun des intervenants n'a contesté la ressemblance avec la réalité. C'était d'ailleurs très triste, très choquant, de voir des jeunes filles de 17 ou 23 ans avoir des mains si abîmées. De voir leur père ou leur frère leur donner des âges à des années-lumière de leur âge réel, d'être incapables de les reconnaître.
Toutes les réactions sont brutes, naturelles, authentiques - nous avions préparé un texte, au cas où,  mais il n'a jamais servi. Nous nous les sommes prises de plein fouet. Cela fait mal, cela leur a fait mal et nous a fait mal.
Qui vous a le plus touché ?
Un frère et une soeur. Elle est venue nous voir à la fin du tournage, en larmes. Elle nous remerciait car c'était la première fois de sa vie que son frère la calculait, qu'il la prenait dans ses bras. A la maison, ils ne faisaient que se chamailler. Jamais d'égard, de mots doux, de considération. Pour la première fois, son frère s'excusait.
 
 
Un frère, une soeur.
Quelles sont les réactions ?
Nous avons eu davantage de commentaires d'hommes que de femmes, tous positifs, sur notre page Facebook, mais aussi sur la page du client MIO. Le concept est tellement universel qu'il peut marcher partout et les réactions ont été nombreuses aussi à l'international. Nous avons des échos à Dubaï, au Brésil...
Le succès de la campagne signifie-t-il que les Marocains sont prêts à partager ?
Je dirais que oui. Du moins ils ne sont plus aussi réticents qu'il y a dix ou quinze ans. Ils commencent, timidement, à intégrer qu'il est temps de s'y mettre et qu'il n'y a pas de honte à assumer les travaux domestiques.
Aujourd'hui, les Marocaines se cantonnent de moins en moins au foyer. Elles travaillent à l'extérieur. Les hommes commencent à assimiler l'information : si leurs femmes font les deux, pourquoi pas eux ? Notre message n'est pas militant, mais nous voulons servir de catalyseur à un esprit d'entraide. Femmes et hommes sont complémentaires, pas contraires.
Est-ce ce que vous enseignez à vos fils ?
Je n'ai pas de fils, mais des neveux et surtout deux frères, qui n'ont jamais rien fait à la maison. Bizarrement, tous les deux sont maintenant mariés et participent aux tâches ménagères. Les temps changent...
D'où l'agence Rapp Maroc et le fabricant de détergents MIO tirent-ils leur audace ?
Ce n'est pas forcément facile : quand nous avons présenté le projet à notre client, il était à la fois séduit et choqué. Aucune marque au Maroc n'avait jamais opté pour cet angle d'attaque. Etait-ce prudent pour une toute petite marque de sortir des sentiers battus ? En même temps, n'était-ce pas plus mal d'opter pour un discours inédit sur le marché marocain et de jouer le tout pour le tout ?
A l'époque de notre première campagne ensemble, à la même époque l'année dernière, pendant le mois du ramadan, la société Mio venait de se séparer d'un grand groupe auquel elle appartenait. Elle n'avait plus rien à perdre. Ensemble, nous avons choisi la stratégie du moustique : tout petit, mais qui fait du bruit, et quand il pique, ça gratte.
A lire aussi dans Terriennes :
► "Charge mentale des femmes" : les illusions perdues de la dessinatrice Emma sur les médias
► La charge mentale portée par les femmes, une évidence quotidienne
► Négligé par le féminisme : le travail invisible des femmes
► Un rapport du CSA détaille la persistance du sexisme dans les publicités télévisées
► "Deviens blanche pour gagner" : en Thaïlande une publicité pour des pilules blanchissantes fait scandale
Liliane CharrierTerriennes
Mise à jour 21.05.2019 à 14:03
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Robert Biedroń, l’inlassable partisan des droits des femmes et des LGBT en Pologne

 https://information.tv5monde.com/terriennes/taches-menageres-une-campagne-de-pub-met-les-marocains-l-epreuve-300283

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Des applications gratuites pour lutter contre les agressions sexistes,femmes,sexismes

23 Mai 2019, 21:25pm

Publié par hugo

 Des applications gratuites pour lutter contre les agressions sexistes
 
Garde ton corps et HandsAway : deux applications pour mobile imaginées par des femmes, pour lutter contre les agressions sexistes et sexuelles en France.
20 mai 2019
Mise à jour 20.05.2019 à 12:39 par
Frantz VaillantTerriennes
80 % des femmes déclarent avoir déjà subi des propos sexistes. 100 % ont été victimes au moins une fois de harcèlement dans les transports publics. Parce qu'elles en avaient assez de subir des agressions et qu'elles refusent la fatalité des statistiques, plusieurs femmes ont créé des applications gratuites sur mobile pour celles qui ont besoin d'aide.
 
 
Et si la peur changeait de camp ? Etre femme et ne plus être une proie.
Le sentiment d'insécurité gangrène la liberté de se déplacer, de s'habiller, de s'exprimer ; il contrarie un début de journée et peut gâcher l'épilogue d'une soirée entre ami.e.s. Remarques obscènes, sifflements évocateurs, gestes déplacés, frotteurs, insultes, harcèlement, la gamme est large de ces comportements sexistes.
Le sexisme ? Le Haut Conseil à l'égalité (HCE) donne cette définition : "Idéologie qui repose sur le postulat de l'infériorité des femmes par rapport aux hommes".
A partir d'une étude menée par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), il est possible de brosser le portrait-robot de la femme insultée. Elle a entre 14 et 29 ans et dans 70 % des cas elle ne connaît pas l'auteur de l'injure proférée, le plus souvent, dans l'espace public (66 % des cas).
 
"Garde ton corps", l'appli qui mise sur la proximité
Sachant cela, que faire ? Eh bien, on réagit !
Pour ces femmes fonceuses et déterminées, le ras-le-bol a été le moteur décisif.
 
 
Pauline, Caroline et Anaïs, fondatrices de "Garde ton corps",  l'application mobile "solidaire citoyenne et féminine".
photo "Garde ton corps"
"Garde ton corps" indique à ses utilisatrices l'endroit le plus proche où trouver refuge en cas de problème. Cela peut être un café, un magasin, un hôtel, une boîte de nuit. Une solution immédiate et bienvenue en cas de danger. Bonus : les commerçants qui acceptent de jouer le jeu, c'est-à-dire de prendre sous leur aile la personne en difficulté, trouvent là un capital sympathie non négligeable pour leurs affaires. La personne protectrice s'engage ensuite à joindre un taxi, un ami ou la police.
"Un soir, on sortait entre amies et on a eu un petit problème raconte Pauline, l'une des trois fondatrices de l'application. Un garçon nous suivait. Du coup on a demandé de l'aide dans un bar à côté, histoire de rentrer chez nous sans que le suiveur puisse savoir où on habite. Alors, on s'est demandé ce qu'il y avait pour sécuriser les femmes et on a vu qu'il n'y avait pas beaucoup d'actions immédiatement efficaces contre le sentiment d'insécurité". 
Alors vient l'idée d'une application.
(Pixabay)
Pauline est professeur de yoga, Caroline est osthéopate et la troisième, Anaïs, artiste-plasticienne. Toutes trois habitent Aix-en-Provence et ne connaissent strictement rien au numérique.
Qu'à cela ne tienne.
En trois jours, elles créent une start-up et trouvent des développeurs pour réaliser le projet. Puis elles contactent la mairie d'Aix-en-Provence.
Séduite, la mairie débloque les premiers fonds, soit 20 000 euros.
L'application, gratuite, est lancée le 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes. Elle est pour l'instant géocontrainte, c'est à dire qu'elle ne fonctionne qu'à Aix-en-Provence. "Tant qu'une ville ne signe pas un contrat avec nous, on ne la débloque pas. On veut réellement que la ville s'implique."

Genève va bientôt signer pour accueillir Garde ton corps ainsi que sept métropoles françaises.
Le succès est là. Il faut dire que refuser une telle application dans sa ville peut apparaître suspect tant il y a urgence sur la question des violences faites aux femmes.
Les trois créatrices, pour l'instant, ne touchent pas d'argent, les fonds récoltés étant employés à rémunérer les développeurs qui se chargent des mises à jour.
A cette heure, l'application a été téléchargée plus de 3700 fois sur Aix-en-Provence, qui compte plus de 140 000 habitants.
Enfin, bon à savoir, chaque personne qui télécharge l'application hors zone vote, de fait, pour la recevoir chez elle :  "Cela nous permet d'avoir du poids au sein de la mairie concernée".
 
A lire aussi :
> Diariata N'Diaye, une slameuse en lutte contre les violences faites aux femmes
> Mexique : une application pour secourir les femmes en danger
"Bas les pattes"
En 2016, Alma Guirao, cheffe d'entreprise, est assise dans le métro. Soudain, l'usager assis en face d'elle exhibe son sexe dans l'indifférence générale. La jeune femme, sidérée, se fait insulter quelques minutes plus tard.
L'insulte de trop.
Elle lance " HandsAway" ("Bas les pattes"), une application gratuite et qui repose sur trois principes :  le respect de l’anonymat, l’acte citoyen et la possibilité de s’exprimer librement.
 
 
Alma Guirao, créatrice de l'application HandsAway
HandsAway
Le but de l'application est d'alerter et de témoigner en cas d'agression sexiste. Pour se faire connaître, un clip-choc a même vu le jour.
Baptisé "Bande de bites", le film montre des phallus éperdus, un tantinet débiles, en constante recherche de plaisir. En guise de bande-son, de vrais témoignages de femmes victimes d'agression sexiste.
Efficace.
 
Alma Guirao est une femme d'affaires, qui travaille déjà dans le milieu des start-ups. Elle crée une association, HandsAway,  et réussit à décrocher une subvention auprès du Secrétariat d'État chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes. L'application voit le jour quelque temps après. Des partenaires financiers assurent le suivi de l'affaire et des développeurs bénévoles se chargent de l'entretenir.
Les utilisatrices alertent en cas d'agression sexiste. Elle peuvent aussi témoigner.
 
Ce que l'on constate, c'est que ces agressions arrivent à toute heure de la journée ou de la nuit. La tenue vestimentaire importe peu.
Léa Thuillier, responsable communication HandsAway
"Nous avons à peu près 40 000 utilisateurs aujourd'hui constate Léa Thuillier,  responsable des partenariats et de la communication pour HandsAway. 1300 alertes ont été postées sur l'application. Cela fait environ une cinquantaine d'alertes par mois. Nous collectons et analysons ces données-là.  L'idée est d'en faire un rapport pour les pouvoirs publics, afin qu'ils réagissent. Ce que l'on constate, c'est que ces agressions arrivent à toute heure de la journée ou de la nuit. La tenue vestimentaire importe peu. Et, contrairement à une idée reçue, il n'y a pas de pics saisonniers. Mais nous remarquons que ces agressions ont lieu, souvent, sur le trajet maison-travail".
Les alertes sont visibles sur l'application pendant 48 heures. "Elles ne restent pas car on ne veut pas qu'elles soient anxiogènes. Nous allons lancer sur l'application, sur la "map", tous les lieux d'aides (commissariats de police, hôpitaux...) mais aussi toutes les associations qui pourraient potentiellement proposer de l'accompagnement juridique, psychologique etc."
Qu'on se le dise, effleurer un écran de portable peut désormais aider les femmes à se protéger.
 
A lire aussi dans Terriennes :
> Mexique : une application pour secourir les femmes en danger
> Clit-moi : une application pour connaître le clitoris sur le bout des doigts
> « I Cut » : au Kenya, des lycéennes inventent une application anti excision
> Une cheffe d’entreprise ivoirienne récompensée pour la création d’une application
Frantz VaillantTerriennes
Mise à jour 20.05.2019 à 12:39
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https://information.tv5monde.com/terriennes/des-applications-gratuites-pour-lutter-contre-les-agressions-sexistes-297224

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#WomenInCulture : la semaine des musées au féminin,femmes,feminisme,

23 Mai 2019, 21:18pm

Publié par hugo

 #WomenInCulture : la semaine des musées au féminin
 
Remedios Varo, née en Espagne en 1908 et morte au Mexique en 1963, était une artiste peintre surréaliste. La Llamada (1961) est exposée au National Museum of Women in the Arts, à Washington, aux Etats-Unis. Ici, un détail de l'oeuvre.
© LC
18 mai 2019
Mise à jour 18.05.2019 à 16:08 par
TerriennesLiliane Charrier
Pour sa sixième édition, la MuseumWeek a imaginé un nouveau mot-dièse : #WomenInCulture. Le ton est donné : place aux femmes dans la culture - artistes, mais aussi écrivaines, intellectuelles ou mécènes du monde entier. Aujourd'hui, les femmes, aussi, font la culture, à chacun.e d'entre-nous de les découvrir.
 
 
Pour l'édition 2019 de ce qui est le premier événement culturel dématérialisé au monde, un nouveau hashtag est né : #WomenInCulture. Objectif : mettre en lumière des femmes dans tous les domaines de la création artistique et culturelle, et créer des liens et des interactions entre elles.
 
 
Dès la première journée, #WomenInCulture a été mentionné à 43 000 reprises sur les réseaux sociaux dans le monde. Ce 17 mai, journée de clôture de la "semaine des musées", ces mots-dièses ont déclenché plus d'un million et demi d'interactions par plus de 53 000 auteurs uniques. "Il n'y a qu'une explication à une telle réussite, explique Benjamin Benita, à l'origine de cet événement, c'est que nous sommes relayés par toutes les grandes institutions culturelles dans le monde." 500 musées de tous les continents participent.
 
"7 jours, 7 thèmes, 7 hashtags", telle est la formule de la #MuseumWeek (semaine des musées) sur les réseaux sociaux. Cette mobilisation numérique, qui se déroule du 13 au 19 mai, rassemble artistes et institutions culturelles du monde entier et invite le public à entrer dans la ronde des musées du monde. Elle encourage la participation et la mise en valeur des artistes isolés et des zones défavorisées en termes d’offre muséale - l’Afrique (0,6%), l’Amérique Latine (5%) et l’Asie (8%).
Fondateur du mouvement et coordinateur de la #MuseumWeek, Benjamin Benita était l'invité du 64' de TV5MONDE le 12 mai 2019, veille du lancement de la MuseumWeek.
 
TV5MONDE
Tout au long de la semaine, les thèmes de la MuseumWeek se sont prêtés à l'intersection avec #WomenInCulture :
 
Les mots-dièse de la "semaine des musées" dans le monde.
Pour la journée d'inauguration, qui se tenait au musée de l'Immigration, à Paris, en présence de la Secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, c'est l'artiste britannique d'origine ghanéenne Adelaide Damoah qui donnait le coup d'envoi, avec un clin d'oeil aux femmes-pinceaux du peintre Yves Klein : elle s'est peint le corps en bleu et, sur une bâche blanche, s'est faite à la fois artiste et pinceau.
 
Et puis les événements se sont enchaînés : un live entre la designeuse afghane Zolayakha Sherzod à Paris et l'artiste numérique Drue Kataoka, installée dans la Silicon Valley, en Californie, amorce un dialogue sur l'identité ; un photowalk au MoMa de New York pour mettre en lumière les femmes artistes ; un concert au musée national de la République à Brasilia avec un orchestre 100% féminin. En France, le Château du Rivau explore le féminin chez Léonard de Vinci, tandis qu'au Château de Montsoreau, on a planché toute la semaine pour écrire des articles Wikipedia de femmes dans la culture.
Sans les femmes, pas d'humanité, et l'humanité, c'est la culture.
Angélique Kidjo
De nombreuses artistes de renom sont venues apporter leur soutien et leur participation au mouvement #WomenInCulture, comme la chanteuse béninoise Angélique Kidjo : "Pour que la nouvelle génération s'épanouisse aussi dans la création. Pour que la culture servent à l'empouvoirement des femmes, à raconter notre histoire. Sans les femmes, pas d'humanité, et l'humanité, c'est la culture."
La musicienne et productrice franco-israélienne Yaël Naïm croit aux vertus de l'exemple, donné par celles qui ont pu percer : "Les femmes sont plus légitimes dans des rôles de chanteuses ou interprètes. Compositrices ou productrices sont considérées comme de douces rêveuses davantage que comme des visionnaires. Celles qui ont la voix et le pouvoir d'initier le changement doivent montrer l'exemple."
L'Afrique, qui reste un terrain en friche en matière d'offre culturelle, s'est tenue en retrait du lancement de #WomenInCulture, comme le montre la carte des tendances de ce 13 mai :

La franco-Béninoise Marie-Cécile Zinsou est historienne de l'art et présidente de la fondation Zinsou, créée en 2005 à Cotonou. En 2014, elle inaugurait le premier musée d'art contemporain du Bénin, avec une équipe à grande majorité féminine : "pour que la création contemporaire en Afrique  ne soit plus seulement montrée à New york ou à Paris, explique-t-elle. Parce que les femmes sont en train de faire changer la donne sur le continent." Ralliée au mouvement #WomenInCulture, elle explique à Alexia Guggémos dans cette interview qu’aujourd’hui, en Afrique, ce sont les femmes qui font la culture :
https://women.museum-week.org/support-the-movement
​De l'événement au mouvement
Cette année, l'ambition de Benjamin Benita, fondateur du mouvement et coordinateur de la #MuseumWeek, va au-delà de l'événement : "Cette fois, pas question de se cantonner à une journée, pour passer à autre chose le lendemain. Le moment est venu de générer un mouvement planétaire avec des ondes de choc durables - un peu comme l'a été #MeToo."
Benjamin Benita est convaincu de la nécessité d'une action ferme en faveur des femmes : deux ans à l'Unesco ont changé la vision qu'il avait des choses : "Seulement 44 % des pays dans le monde s'engagent fermement pour une politique d'éducation égalitaire. Autrement dit, pour les autres, ce n'est pas une priorité. Or même une femme au foyer doit avoir accès à l'instruction." Le savoir est une chose ; le voir, c'est différent. "Avant, les élans féministes me faisaient un peu peur. Ma prise de conscience s'est faite au fil du temps, et pas forcément pendant les réunions de travail. De discussions en découvertes, on comprend à quel point il est difficile pour les filles d'aller à l'école. Moi j'ai une fillle de 6 ans. Cela me choque !"
Pour péréniser le mouvement, explique Benjamin Benita, des rendez-vous sont pris pour les mois qui viennent avec nos partenaires, comme le New York Times ou le Grand Palais, ou via la labélisation d'autres expositions de par le monde.
Découvertes au fil de #WomenInCulture
Qui connaît ces quatre femmes qui, en Allemagne, participèrent, aux côtés de 57 hommes, à l'élaboration de la "loi fondamentale" ? Un texte qui, aujourd'hui encore, fait office de Constitution de l'un des plus grands pays d'Europe.
 
 
#WomenInCulture est aussi l'occasion de mettre en lumière celles qui oeuvrent dans l'ombre pour soutenir les arts. Aristocrates, actrices, artistes, conservatrices, les intérêts des donatrices sont multiples. Qui se souvient de la princesse Mathilde ?
 
A 96 ans, Wilhelmina Cole Holladay est une grande collectionneuse. Elle est aussi la fondatrice du seul musée au monde dédié à la création fémininne, le National Museum of Women in the Arts, à Washington :
 
 
A lire aussi dans Terriennes :
► Sur le marché de l'art, les femmes peinent, encore, à émerger
► Vivian Maier, photographe, libre et à contre-jour
► Doris Stauffer : une artiste pionnière du féminisme en Suisse enfin connue et reconnue
► Concours de cheffes d'orchestre MAWOMA, les femmes à la baguette
Et notre dossier ► FEMMES, ARTISTES, DÉFRICHEUSES
TerriennesLiliane Charrier
Mise à jour 18.05.2019 à 16:08
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https://information.tv5monde.com/terriennes/womeninculture-la-semaine-des-musees-au-feminin-300105

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Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie : Tessa Ganserer, 1ère députée transgenre d'Allemagne,societe

23 Mai 2019, 21:11pm

Publié par hugo

 Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie : Tessa Ganserer, 1ère députée transgenre d'Allemagne
 
Tessa Ganserer a marqué l’histoire de la politique allemande en devenant la première élue à transitionner, d’homme à femme, pendant un mandat et en le révélant publiquement.
©instagram/diversland
17 mai 2019
Mise à jour 17.05.2019 à 13:38 par
TerriennesFasséry Kamissoko
Après avoir révélé sa transition sur Twitter, Tessa Ganserer est devenue la première femme transgenre à être élue au Parlement allemand. Sous la bannière du parti écologiste, elle milite pour l'abrogation de la loi obligeant les personnes transgenres qui souhaitent changer d'état civil à se soumettre à l’expertise de deux médecins et psychologues.
 
 
 
Siégeant au Parlement régional de Bavière, la députée Tessa Ganserer, affiliée au parti Die Grüne (Les Verts), a marqué l’histoire de la politique allemande en devenant la première élue à transitionner, d’homme à femme, durant un mandat, et à le révéler publiquement.
Tessa Ganserer, née Markus Ganserer le 16 mai 1977 à Zwiesel, siège depuis 2013, et a été réélue à l'automne dernier. Elle a fait son coming-out le 4 janvier dernier. Lors de sa première apparition en séance en tant que femme, le 23 janvier, elle a dû affronter les remarques de certains députés. En la voyant, un élu du parti FDP (Parti libéral-démocrate) a lancé "Vous jouez à quoi ici ? la drag queen ?"
Elle peut néammoins compter sur de nombreux soutiens parmi ses collègues élu.e.s,  notamment celui de la très conservatrice Ilse Aigner, présidente du Parlement de Bavière, qui veut désormais défendre les droits des personnes transgenres.
 
À l'occasion de la journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie, Tessa Ganserer relate à Terriennes son parcours et son engagement pour abroger les procédures psychiatriques et médicales auxquelles doit se soumettre toute  personne transidentitaire souhaitant changer de nom à l’état civil.
Nous ne sommes pas des monstres, nous voulons les mêmes droits et souhaitons ne pas toujours avoir à les faire valoir par le biais des processus judiciaires.
Tessa Ganserer
Tessa Ganserer
Terriennes : Quel est votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a décidé à vous engager en politique ?
Tessa Ganserer : Après mes études secondaires, j’ai effectué un apprentissage de sylviculture. Par la suite, j’ai étudié la foresterie et suis devenue membre du parti des Verts en 1998. C'était l'époque de Helmut Kohl et, dans ce contexte sociopolitique, le désir de participer à la vie politique est né. Depui, je suis partisane de la politique et en 2005, je suis devenue collaboratrice de Christian Magerl, membre du Parlement régional de Bavière. Depuis 2013, je suis moi-même membre du Parlement.
D’un point de vue historique, vous êtes officiellement la première députée transgenre en Allemagne. Cela était-il important à vos yeux ?
Moins que cela ne l'est pour l’opinion publique, on dirait ! Je suis néanmoins consciente de l'importance de mon coming-out et j'espère sincèrement qu’avec ma personne, je pourrai envoyer un signal fort et durable en faveur de l’acceptation des diversités sexuelles et de genres. D’une part, aux personnes qui sont en dehors de l’ordre hétéronormé, et d’autre part à ceux qui s’opposent à nos droits. Nous ne sommes pas des monstres, nous voulons les mêmes droits et souhaitons ne pas toujours devoir les faire valoir par le biais de processus judiciaires.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à entreprendre votre transition et à le révéler durant votre mandat électoral ?
Ce n'était pas une question de choix. Il n'y avait pas d'autre alternative que de vivre enfin ma véritable identité. Est-ce que vous vous imaginez obligé de représenter un genre qui n’est pas le vôtre pour des raisons professionnelles ? Je ne pense pas.
Après votre transition, vous avez reçu le soutien de Ilse Aigner, la présidente du Parlement de Bavière, face aux préjugés émanant d’un député du camp adverse. Son soutien vous a-t-il semblé important ?
Bien sûr, je n’aime pas penser que mon identité de genre dépend de la reconnaissance des autres, mais c'est toujours ainsi. C'est-à-dire que je dois suivre une voie juridique compliquée afin que mon identité soit confirmée à travers des examens. Malheureusement, je dépends aussi, dans une certaine mesure, de la reconnaissance d'autres personnes, et c'est là que le soutien de Mme Aigner a été très important pour moi. Présidente de cette Assemblée, elle m'a reconnue en tant que femme et a envoyé un signal fort.
Malgré la reconnaissance du troisième sexe par le Parlement allemand en 2018, deux certificats médicaux délivrés par des psychologues et médecins sont toujours obligatoires pour effectuer un changement d’état civil. Quel regard portez-vous sur ces pratiques couramment dénoncées par les associations LGBT qui les qualifient de dégradantes ?
Je considère cette procédure péjorative, dévalorisante et pathologisante. Il est tout simplement impossible que des prétendus experts déterminent à quel genre j’appartiens. Derrière cette obligation d'évaluation se cache aussi l'idée de nous protéger d’une identité transgenre fausse. Est-ce que ces personnes croient que nous affirmons notre identité sans en avoir la certitude ? C’est un processus stressant, caillouteux et compliqué, qui est rendu encore plus difficile par cette obligation d’évaluation !
L’un de vos combats principaux est justement de proscrire ces pratiques.
Ce sera l'une des tâches centrales de cette législature, effectivement !
Quel regard porte la société allemande sur les femmes transgenres ?
C'est une question très complexe. Sur la base de résultats scientifiques, il apparaît que la société n’a pas encore de fondement stable pour l’acceptation des personnes transgenres. Une étude nationale menée auprès de jeunes, par exemple, révèle que 96% des jeunes trans ont été victimes de discrimination en raison de leur identité de genre. S’agissant de mon expérience personnelle, j'ai eu beaucoup de réactions positives. Ceci étant, il y a encore beaucoup de commentaires haineux et d'insultes sur mes pages et mes comptes de réseaux sociaux.
Pour résumer, la situation est paradoxale et les personnes transgenres doivent souffrir du fait que l’ordre dominant du genre n’est toujours pas prêt à reconnaître la diversité et encore moins à l'apprécier ! Les gens se réfèrent toujours à leur assignation naturelle. Un regard sur l’histoire et sur d’autres cultures montre pourtant clairement que la sexualité et le genre n’ont pas toujours été rigides…
Pouvons-nous assembler féminisme et activisme transgenre dans la lutte pour l’égalité des droits en Allemagne ?
Ce serait bien. Dans le sport, par exemple, il y a beaucoup de discussions sur la façon de traiter les personnes transgenres et autres individus manifestant une orientation sexuelle différente. Du point de vue des sciences sociales, il est clairement établi que les mécanismes d’exclusion des femmes cisgenres (nées biologiquement femmes) dans le sport sont les mêmes que pour les personnes trans. Les femmes cisgenres ont longtemps été écartées des sports de compétition au motif qu'elles n’y étaient pas adaptées d’un point de vue biologique. De nombreuses batailles ont dû et doivent encore être livrées afin d'éliminer et de surmonter les obstacles à l'accès à toutes les disciplines sportives pour les femmes. Certains estiment que les femmes transgenres désavantageraient les femmes cisgenres si elles concouraient ensemble, lors des compétitions sportives. Il serait cependant intéressant de noter que personne ne fait de remarques à un joueur de basketball mesurant 2,10 mètres contre 2 mètres pour ses coéquipiers. Il y a donc ici de nombreux critères d'évaluation différents, qui aboutissent finalement à ce que tout ce qui n'est pas masculin soit relégué au second plan dans le sport de compétition. Femmes cisgenres et personnes transgenres auraient les mêmes intérêts, ce qui rendrait ce combat commun très significatif.
Quelles actions préconisez-vous pour faire évoluer les mentalités ?
J’œuvrerai politiquement pour mettre en évidence les nombreux obstacles auxquels doivent faire face les personnes transidentitaires, et exiger des réglementations juridiques et un financement qui contribueront au changement à long terme. Enfin, je recommande à tous ce mantra : "la diversité est grande !" pour changer les mentalités.
Malgré la légalisation du mariage et de l’adoption pour les couples homosexuels en 2017, ainsi que la récente reconnaissance du troisième sexe par le Bundestag, les associations transgenres dénoncent ardemment des procédures psychiatriques dépréciatives et offensantes imposées par la loi lors du changement d’état civil pour les personnes transidentitaires. Dans son combat Tessa Ganserer peut compter sur le soutien de la présidente du parlement du Bavière, Ilse Aigner, qui discerne dans son engagement une démarche puissante et éminemment novatrice.
 
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TerriennesFasséry Kamissoko
Mise à jour 17.05.2019 à 13:38
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Google va signaler les fausses publicités d’avortement,femmes,ivg,

23 Mai 2019, 21:02pm

Publié par hugo

Google va signaler les fausses publicités d’avortement
Par Megan Bourdon Publié le 23/05/2019 à 13:22
 

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Après plusieurs cas de fausses publicités d'organisations anti-IVGs proposant des avortements, Google a décidé de durcir sa politique de vérification. Une nouvelle étape dans la lutte contre les sites anti-IVGs pratiquant de la désinformation.
Cette semaine, Google a annoncé un changement de ses règles publicitaires concernant les annonces liées à l’avortement. En cause ? De fausses publicités, générées par des organismes anti-IVG, promettent de pratiquer des avortements, dans le seul but d'attirer des femmes et les dissuader d'y avoir recours.
À partir de juin 2019, toute organisation voulant diffuser un contenu relatif à l’avortement devra, au préalable, déclarer à Google si elle pratique effectivement des IVGs dans ses locaux. Après analyse de son dossier par l’entreprise, une certification lui sera remise.
Transparence accrue pour les usagers
La mention « provide abortions » (« pratique des avortements ») sera donnée aux annonceurs pratiquant l’avortement dans leurs locaux, tandis que « does not provide abortions » (« ne pratique pas d'avortement »), concernera uniquement ceux qui donnent des conseils sur l’IVG et procurent des tests de grossesse.
Dans son règlement intérieur, Google explique que cette nouvelle politique de transparence « permettra de s’assurer que les utilisateurs disposent des informations nécessaires pour décider quelles publicités liées à l’avortement sont les plus pertinentes pour eux ».
Cette nouvelle politique prendra effet dans un premier temps aux États-Unis, en Irlande et au Royaume-Uni. Trois pays où l'accès à l’avortement est actuellement remis en cause.
Lire aussi :
Les pays où l'avortement est encore interdit
Des précédents gênant
Cette décision fait suite à une salve de critiques envers le géant du Net. En effet, ce n’est pas la première fois que des organisations anti-avortement publient des publicités mensongères afin de décourager des femmes à y avoir recours.
Lire aussi :
Milla Jovovich : "J'ai vécu un avortement en urgence il y a deux ans"
Dans un article datant du 13 mai dernier, le quotidien britannique The Guardian, comme le rappelle Usbek et Rica, révélait que l’équivalent de 150.000 dollars de publicité gratuite avait été offert par Google au groupe anti-avortement Obria. Ce groupe américain dirige plusieurs cliniques financées par des organisations catholiques. Elles prétendent pratiquer l’avortement alors qu’elles sont, en réalité, contre la contraception et l’IVG, et qu’elles promeuvent des programmes de « planification familiale naturelle » (comprendre : retrait, abstinence, rapports sans pénétration).
Un problème d’ampleur
Dès le 21 mai, Google a publié un communiqué promettant un renforcement de sa politique publicitaire relative à l’IVG, à la suite de ce scandale. Si dans son règlement interne, l’entreprise interdit la diffusion de publicités mensongères, les organismes comme Obria sont de plus en plus nombreux à avoir pu contourner cette règle.
En France, en 2017, la proposition de loi du Parti socialiste visant à étendre le délit d'entrave à l'IVG a été adoptée. Les sites Internet anti-IVG faisant de la désinformation peuvent être punis de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende. Depuis, le moteur de recherche les a déclassés, pour qu'ils soient moins bien référencés et donc, moins facilement trouvables par les internautes.
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https://www.marieclaire.fr/google-va-signaler-les-fausses-publicites-d-avortement,1312475.asp

"N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant."

https://www.marieclaire.fr/,droits-des-femmes-10-citations-de-simone-de-beauvoir-a-ne-jamais-oublier,807596.asp

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Toujours plus de maternités fermées : « C’est assassin de balancer femmes et bébés sur les routes »

23 Mai 2019, 12:03pm

Publié par hugo

 Toujours plus de maternités fermées : « C’est assassin de balancer femmes et bébés sur les routes »
par Morgane Thimel 23 mai 2019
 
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Si la maternité du Blanc, dans l’Indre, a fermé l’année dernière, c’est officiellement pour des raisons de sécurité. Mais dans un contexte où 40 % des maternités ont fermé en vingt ans, certains considèrent que cette petite unité a plutôt fait les frais des velléités d’économies budgétaires de l’administration. Résultat : l’insécurité est désormais celle des femmes qui doivent faire une heure de route pour accoucher. Alors ici, comme dans d’autres communes confrontées au même drame, on continue de dénoncer cette politique, et de se battre pour obtenir la réouverture d’un établissement.
Le Blanc se souviendra longtemps de la naissance d’Anatole, premier et seul bébé né dans la commune en 2019. Jusqu’à il y a encore un an, environ 300 petits Blancois naissaient chaque année dans cette sous-préfecture de l’Indre. Mais à la différence de ses aînés, celui-ci est arrivé, le 19 mars, dans le salon de ses parents. La fermeture de la maternité, à quelques kilomètres du pavillon familial, a été actée le 19 octobre 2018. Justine, sa maman, s’était donc rendue à Poitiers pour accoucher, à une heure de voiture, avec ses contractions et ses douleurs. Mais après une douzaine d’heures sur place, devant la faible avancée du travail, son compagnon et elle ont été renvoyés chez eux pour y être plus confortables.
Anatole est né cinq heures plus tard, sans complication et sans assistance médicale. Il n’a pas laissé le temps à ses parents de faire une troisième fois les 60 km jusqu’à la maternité, ni aux pompiers d’arriver. « La route a accéléré le travail, c’est sûr. » Aujourd’hui, Justine veut en garder le souvenir d’une histoire atypique au bon dénouement, mais la colère reste contre ceux qui l’ont obligée à prendre la route : « C’est assassin de balancer femmes et bébés sur les routes, de devoir faire une heure avec les contractions, l’état de la chaussée, les traversées d’animaux, les zones blanches et parfois la neige ou le gel… »
40% des maternités fermées en vingt ans
Jusque dans les années 1970, l’Indre comptait une dizaine de petites maternités, un réseau de cliniques privées, souvent tenues par des sages-femmes qui donnaient aux futures mères la possibilité d’accoucher à moins de 20 km de chez elles [1]. Comme partout en France, leur nombre s’est effondré. Dans l’Hexagone, en vingt ans, 338 maternités sur 835 ont été fermées. Et comme les habitantes de ce bassin de vie, elles sont désormais 716 000 femmes en âge de procréer installées à plus de quarante-cinq minutes d’une maternité [2]. Ici, le département en comptait encore deux il y a un an. Il n’y en a plus qu’une, celle de Châteauroux, la préfecture.
Après des années de lutte, la lente agonie de la maternité du Blanc s’est étalée sur des mois. Et ce malgré un contact rassurant le 21 mars 2018 au cours duquel Anne Bouygard, désormais ex-directrice de l’ARS (Agence régionale de santé) Centre – Val de Loire, avait précisé à une délégation d’élus, habitants et personnels de l’hôpital que « la fermeture de la maternité n’était pas à l’ordre du jour ». Les jours ont vite avancé et le 27 juin, praticiens et usagers ont pu constater la présence d’un cadenas condamnant l’accès à la salle d’accouchement. L’acte faisait suite à l’annonce de l’ARS deux semaines auparavant d’une fermeture temporaire en raison de « difficultés majeures à remplir les plannings pour les mois de juillet/août », signalé par la direction de l’hôpital du Blanc, « en aucun cas une fermeture définitive ». La maternité n’a jamais rouvert et sa fermeture définitive a été actée le 19 octobre, arguant d’une dangerosité pour les « parturientes » (femmes en train d’accoucher).
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Le terme, utilisé ici de façon médicale, ne représente absolument pas le ressenti des familles, malgré un drame survenu en avril, le décès d’un nourrisson, le premier depuis longtemps. Ce dernier a sans doute été un facteur accélérateur pour conforter ce sentiment porté par la direction des deux sites et confirmé par l’ARS. Pourtant, certains futurs parents, plus proches des maternités de Poitiers ou de Châteauroux, choisissaient de faire la route pour venir donner naissance dans cette petite structure, à taille plus humaine, où le personnel médical avait la disponibilité pour être plus présent pour chaque accouchement.
« Elle a nous expliqué qu’on était d’un autre siècle, que l’avenir ce n’était pas les petits hôpitaux comme le nôtre »
Dès cette première annonce, les Blancois se sont regroupés en deux collectifs, le collectif de défense des usagers du centre hospitalier du Blanc et C pas demain la Veille. Ensemble, avec les élus et la population, une cinquantaine de membres alternent entre actions médiatiques (70 élus ont démissionné symboliquement, la maternité fermée a été occupée douze jours…), demandes de rendez-vous avec les décisionnaires, actions en justice… Ces mobilisations et leur symbole, les Servantes écarlates (un groupe de femmes habillées de capes rouges et bonnets, symbole de violence envers les femmes, inspiré de la série télévisée éponyme), ont fait connaître leur combat partout en France.
Au fil des mois, des contacts se sont établis avec d’autres collectifs de citoyens confrontés comme eux à des fermetures. Saint-Claude (Jura), Die (Drôme), Creil (Oise), Thann (Haut-Rhin)… Depuis janvier, ils unissent leurs voix pour se faire entendre des décideurs. Les justifications des ARS et du ministère de la Santé sont généralement les mêmes : dénoncer un risque sécuritaire au sein de ces établissements, souvent en relation avec un manque de personnel. Un argument massue répété inlassablement par la ministre Agnès Buzyn, autant sur les plateaux de télévision, les radios qu’auprès des habitants qu’elle accepte, très ponctuellement, de rencontrer, comme à Bernay (Eure), le 18 février dernier.
« Elle a nous expliqué que l’on était d’un autre siècle, que l’avenir ce n’était pas les petits hôpitaux comme le nôtre parce qu’elle n’y ferait soigner ni ses parents, ni sa sœur, ni ses enfants. Ce sont ses dires, décrivent amères Pascale, Laurence, Édith et Philippe, des opposants à la fermeture de cette maternité. Il y a du mépris. » « Moi qui suis soignante, je me suis sentie humiliée par cette femme qui nous disait finalement, et bien… qu’on était nuls, des péquenauds, s’insurge Laurence. On est de seconde zone. »
Un audit expédié au pas de course
Au Blanc, tout s’est décidé autour d’un audit, commandé en urgence par l’ARS le 17 août 2018 pour « disposer d’un avis objectif sur les conditions à réunir pour une reprise des accouchements ». Quatre experts ont été nommés, tous issus de grands hôpitaux parisiens, loin du quotidien d’une petite structure. « Les experts ont été choisis en dehors de la région pour être impartiaux », explique un membre de l’ARS Centre–Val de Loire. Pour autant, le déroulé et le contenu du document laissent perplexes les Blancois, et interrogent sur son orientation, que certains considèrent « à charge » [3].
« Comment les experts ont-ils pu juger de la qualité de leur maternité alors qu’elle n’était déjà plus active ? », s’interrogent ceux et celles qui étaient opposés à sa fermeture. Mené en quatre jours non consécutifs, l’audit a été rendu public à peine deux semaines plus tard. Le pédiatre, seul personnel permanent du service à avoir été auditionné, a été interviewé par téléphone, les cinq sages-femmes n’ont pas été entendues (le rendez-vous a été annulé suite à une manifestation d’opposants, sans être reporté). La maire du Blanc, Annick Gombert, qui a pourtant été reçue pour un entretien, ainsi qu’un médecin cardiologue du site, opposé à la fermeture, ne font pas partie de la liste des personnes officiellement auditionnées.
Conclusion de ce document de quinze pages : l’absence de personnels titulaires, d’une équipe médicale stable, et le trop fort recours aux intérimaires en font une maternité non-sécurisée – et peu importe si sa certification, datée de 2016 et valable cinq ans, énonce le contraire. Le nombre de naissances, moins de 300, est considéré comme insuffisant pour garantir de bonnes pratiques. « L’addition de ces deux faits fait que, le jour où il se passe quelque chose d’un peu exceptionnel, comme une hémorragie de la délivrance, collectivement, les bons réflexes risquent de ne pas y être », soutenait Anne Bouygard, dans une interview auprès de la Nouvelle République.
Fermeture pour raison de « sécurité »
Un avis partagé par Evelyne Poupet, directrice du centre hospitalier de Châteauroux – Le Blanc, comme elle le rappelait en janvier lors de ses vœux au personnel : « Il ne s’agissait pas de remettre en question les compétences individuelles des professionnels, mais de constater l’absence d’une compétence collective, médicale et paramédicale, liée aux difficultés à recruter des professionnels de santé et à l’enchainement des médecins intérimaires dans les spécialités nécessaires à sécuriser l’activité, gynécologues, pédiatres ou anesthésistes. »
Pour le personnel hospitalier, ces remarques sur leur travail ont été très durement vécues, comme le déplore l’une d’entre eux. « On a eu la sensation que c’était une attaque assez directe, pas forcément légitime. On entend les problèmes de recrutement, certes… mais on a du mal à entendre le fait que la sécurité n’était pas complètement respectée et que la qualité des soins n’était pas satisfaisante. On s’est tous démenés pour pouvoir faire les choses au mieux. » L’audit dénonce aussi un manque de projet local, alors que le personnel travaillait sur une certification Hôpital Ami des Bébés.
De l’aveu même d’Anne Bouygard et de Gil Avérous, maire de Châteauroux et président du conseil de surveillance de l’hôpital Châteauroux – Le Blanc, une fois l’audit réalisé et ses conclusions en faveur du basculement à un centre périnatal de proximité énoncées, il devenait impossible de recommencer les accouchements au risque, en cas d’accident, d’en être tenu pour responsable. Mais cette fermeture était-elle réellement liée à la sécurité ou la question financière était-elle sous-jacente dans cette décision ? En janvier dernier, lors de cette même cérémonie de vœux, Gil Avérous rappelait que la situation financière de l’hôpital du Blanc était précaire et nécessitait une prise de décision rapide.
Le manque de personnel délibérément accentué ?
Les experts notaient dans l’audit même que « le maintien de l’activité d’obstétrique est très largement accompagné par l’autorité de tutelle qui octroie à l’établissement des aides financières exceptionnelles "pérennes" de l’ordre de deux millions d’euros ». Mais, précise Annick Gombert, « pour équilibrer le budget d’une maternité, 1500 accouchements par an sont nécessaires ». Difficile à atteindre dans ces petites structure. D’ailleurs, pour l’élue, pas de doute, c’est bien ce critère qui a mené à la fermeture de l’établissement. Elle estime que le manque de personnels aurait même été accentué par la gestion DRH.
La direction de l’hôpital Châteauroux – le Blanc maintient qu’elle a cherché à recruter sans y parvenir. Pourtant, à aucun moment elle n’a anticipé pour remplacer deux sages-femmes sur le point de partir à la retraite (en janvier et juillet). Et une jeune sage-femme, supposément recrutée pour la maternité du Blanc quelques mois avant la fermeture provisoire, a été maintenue à Châteauroux au prétexte de lui apporter plus d’expérience. Un pédiatre vacataire, dont le contrat se terminait en juillet, s’est vu proposé des conditions moins intéressantes et a donc refusé de poursuivre. Au mois de juin, la direction réclamait, pour rouvrir, huit postes à pourvoir avant le 15 septembre : trois sages-femmes, un gynécologue-obstétricien, un anesthésiste, deux infirmiers-anesthésistes et un pédiatre. Une mission difficilement réalisable en si peu de temps.
« L’objectif est de faire des économies »
Pour autant, les élus du Blanc ont rassemblé des candidatures, notamment une équipe de trois gynécologues retraités prêts à reprendre du service et assurer à tour de rôle les gardes. Des candidatures restées sans réponse d’après les intéressés. Dans la Nouvelle République, l’un d’entre eux, le docteur Bernard Segry prenait la parole face à cette situation. « On va se parler franchement, l’objectif est de faire des économies au Blanc. La direction sait bien que personne ne va postuler pour un CDI en gynécologie, payé à 500 euros par jour, alors qu’en intégrant le réseau des médecins remplaçants, ce qui ne nous dédouane pas de prendre des engagements, on est payés 750 euros ! On nous roule dans la farine à dire que personne ne postule ! »
Élus et collectifs dénoncent également un contexte de tension et d’incertitude dans lequel la maternité se trouvait en permanence, loin d’être attractif pour de jeunes praticiens. « En France, nous avons à peu près 5000 gynécologues-obstétriciens, dont seulement 1800 sont dans les hôpitaux. On compte 25 000 sages-femmes dont une partie est au chômage, de l’ordre de 600 personnes !, s’indigne Paul Cesbron, gynécologue-obstétricien et ancien chef de service de la maternité de Creil, également récemment fermée. Quand on nous dit qu’il n’y a pas le personnel, c’est faux ! » Le spécialiste rappelle également que la limite de 300 naissances a été définie arbitrairement par l’État. « Les études scientifiques montrent que le nombre d’accouchements n’a pas d’importance en terme de dangerosité, précise-t-il. En revanche, les risques de long transport pour la mère et l’enfant sont, eux, démontrés scientifiquement [4]. »
Inauguration d’un monument à la mémoire des établissements « sacrifiés »
Mais pour la ministre de la santé, Agnès Buzyn, ces déplacements peuvent être « sécurisés ». Fin mars, elle annonçait toute une série de propositions : accompagnement par une sage-femme lors du trajet ou mise en place d’un système de chambre d’hôtel hospitalier près des maternités, en cas d’accouchement programmé. « Je prends l’engagement qu’elles seront sécurisées pour qu’il n’y ait plus cette angoisse d’accoucher loin d’une maternité », annonçait-elle. Mais à Châteauroux, il n’existe pas d’hôtel hospitalier et les sages-femmes employées par l’hôpital refusent d’accompagner les ambulances étant donnée la responsabilité que cela représente. L’hélicoptère, un temps évoqué, semble convenir pour un nombre limité de cas. En effet, selon plusieurs rapports, « les parturientes dont l’accouchement est imminent, dont le travail est actif (surtout si le col est dilaté et effacé ou en cas de prématurité) ne doivent pas se trouver à bord d’un hélicoptère, y compris médicalisé [5] ».
Alors les Blancois ont trouvé leur propre méthode. Toujours avec beaucoup d’humour, ils ont inauguré le 1er avril une aire d’accouchement sur le bord d’une route, en pleine Brenne. Une tente, une table d’auscultation et un kit d’urgence avec couverture de survie, pinces à clamper et ciseaux. Outre ce dispositif éphémère et fantaisiste, ils ont surtout installé à l’entrée de plusieurs communes des panneaux permettant de télécharger une application qui donne pas à pas les bons gestes à effectuer pour une naissance. Le programme a fait ses preuves en Éthiopie. « On va être de plus en plus confrontés à des parents qui devront aussi avoir une connaissance de base de l’accouchement. C’est un enjeu important pour limiter le stress, un vrai fléau pour la grossesse et l’accouchement » , déplore Aurélie Bourry, sage-femme libérale installée à Montmorillon dans la Vienne, à 30 kilomètres du Blanc, une commune tout aussi éloignée des maternités. Depuis la fermeture, elle rencontre de plus en plus de futures mamans qui viennent faire avec elle leur suivi, constamment inquiètes et dans l’appréhension de la route.
Aujourd’hui, élus et militants n’ont toujours pas baissé les bras, bien que la fermeture de leur maternité date de presque un an. Il y a quelques semaines, à l’occasion des seconds États généraux des maternités, au Blanc, ils ont inauguré un monument à la mémoire des établissements « sacrifiés ». Dix-neuf sites y sont inscrits, menacés ou déjà fermés. Localement, le Blanc prépare ses prochaines actions. Début mai, ils ont déposé une requête en annulation de l’arrêté de fusion entre les établissements de Châteauroux et du Blanc, prise par la direction générale de l’ARS en 2017. Un point technique et législatif pourrait constituer une brèche pour que leur établissement retrouve son autonomie et peut-être ainsi, mieux décider de son propre avenir.
Morgane Thimel
 Photo : Morgane Thimel. Manifestation à Paris en novembre 2018.

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