Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

les grenades rtbf

Le féminicide bientôt reconnu par une loi en Belgique

31 Octobre 2022, 02:16am

Publié par hugo

 Le féminicide bientôt reconnu par une loi en Belgique
La secrétaire d'Etat à l’Égalité des Genres, Sarah Schlitz (Ecolo).
29 oct. 2022 à 10:50

Temps de lecture
3 min
Par Ca. We. pour Les Grenades
Les Grenades
Belgique
Info
Justice
FEMINICIDE
VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
JUSTICE
PARTAGER


Le numéro gratuit pour les victimes de violences conjugales est le 0800 30 030.

Le gouvernement fédéral a adopté vendredi un projet de loi cadre visant à doter la Belgique d’un ensemble d’instruments de protection des victimes de féminicides et de mesure de ces crimes, a annoncé samedi la secrétaire d’État à l’Égalité des genres, Sarah Schlitz.

La future législation définit la notion de féminicide officiellement, permet de collecter des données statistiques, améliore les droits et la protection des victimes et prévoit de former la police et les magistrats, selon un communiqué de la mandataire Ecolo

"Une première en Europe"
Cette "loi sur la prévention et la lutte contre les féminicides, les homicides basés sur le genre et les violences qui les précèdent" constitue "une première en Europe", selon Mme Schlitz, même si le féminicide figure déjà dans le code pénal d’une dizaine de pays latino-américains, ainsi qu’en Espagne (2004) et en Italie (2013).

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Le projet de loi distingue plusieurs formes de ce type de crime : le féminicide intime (par exemple une compagne), non intime (par exemple une femme dans un réseau de prostitution), indirect (par exemple à la suite d’un avortement forcé ou d’une mutilation génitale féminine) et l’homicide fondé sur le genre (par exemple un homme transgenre).

À lire aussi
Recensement, code pénal : quels sont les enjeux actuels autour des féminicides ?

Différentes formes de violence
Il définit non seulement les féminicides, mais aussi les différentes formes de violence qui peuvent précéder ce type de crime, comme la violence sexuelle, la violence psychologique et le contrôle coercitif.

Pour cerner l’ampleur du problème et de ses caractéristiques, le texte prévoit la publication d’un rapport annuel reprenant les principales statistiques, les caractéristiques des victimes, des auteurs et de la relation entre la victime et l’auteur.

Une étude bisannuelle est prévue, de même qu’un travail d’analyse par un comité interdisciplinaire, afin d’identifier les manquements et de formuler des recommandations au gouvernement.

À lire aussi
Féminicide de Delphine K. : une minute de silence pour son meurtrier organisée dans une école de Charleroi

Droits des victimes
Les victimes d’une tentative de féminicide bénéficieront en outre de nouveaux droits, par exemple celui d’être interrogées par un membre des forces de police du genre de leur choix, d’être reçues dans un local adapté offrant la discrétion nécessaire, par un policier ou une policière formé aux violences fondées sur le genre, ou encore de recevoir des informations sur les mesures de protection existantes : alarme anti-rapprochement, interdiction temporaire de résidence, interdiction de lieu ou de contact, adresse non-communicable, etc.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Afin d’aider la police et la justice à mieux évaluer les risques encourus par une victime, ou la dangerosité des auteurs, la police et la justice devront, pendant l’enquête, utiliser un outil d’évaluation et de gestion des risques, "un procédé presque unique au monde", selon Mme Schlitz.

Une attention particulière sera accordée aux féminicides et au cycle de la violence qui les précède dans le cadre des formations existantes destinées aux policiers et aux magistrats.

À lire aussi
Féminicide et double infanticide à Awans : "Ne pas occulter la violence masculine"

Jusqu’à présent, le fastidieux travail de recensement des féminicides était pris en charge par les associations féministes en Belgique, sur le blog StopFéminicide.

Des propositions venant de différents partis existaient sur cette question. Une proposition de résolution du PS en 2022 "visant à permettre le recensement officiel des féminicides et la création d’un observatoire des féminicides en Belgique", mais aussi les deux propositions de loi déposées fin 2019 par Défi et le PS pour l’intégration du terme féminicide dans le code pénal.

En Belgique, au moins 19 féminicides ont eu lieu rien que cette année. Le 19ème féminicide s'est produit ce jeudi. Une jeune Espagnole de 23 ans a été retrouvée morte poignardée, dans un appartement de la rue du Midi, à Bruxelles, et son ex-compagnon a été arrêté. 

Selon les statistiques de StopFéminicide, il y a eu au moins au moins 22 féminicides en 2021, 27 en 2020, 24 en 2019, 39 en 2018 et 43 en 2017.

Soit, au minimum, 174 féminicides sur ces six dernières années.

À lire aussi
Étape importante pour la loi contre les féminicides en Belgique au moment où une femme de 23 ans est tuée par son ex-compagnon

Féminicides : Un bilan très lourd cette année – Archives JT 2021

Féminicides : Un bilan très lourd cette année
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/le-feminicide-bientot-reconnu-par-une-loi-en-belgique-11095120

Voir les commentaires

De l’intérim à l’état de grâce : le leadership de Sophie Wilmès à la loupe du genre

30 Octobre 2022, 23:59pm

Publié par hugo

 
De l’intérim à l’état de grâce : le leadership de Sophie Wilmès à la loupe du genre

28 oct. 2022 à 14:05

Temps de lecture
5 min
Par Clémence Deswert*, une chronique pour Les Grenades
Les Grenades
Politique
POLITIQUE BELGE
FEMME
SEXISME
SOPHIE WILMES
PARTAGER


Cet article est le résumé d’un mémoire, ce travail de recherche universitaire est publié en partenariat avec le master Genre.

La Belgique a connu une petite révolution en matière de présence de femmes au sommet du pouvoir. Souvenez-vous : en octobre 2019, Sophie Wilmès (MR) devenait la première Première ministre de notre pays. Devenue ensuite ministre des Affaires étrangères du gouvernement De Croo, elle se met dix-huit mois plus tard en congé de ses fonctions ministérielles, pour raisons familiales, et démissionne en juillet 2022. La libérale reste cependant très populaire, particulièrement du côté francophone.

Dès 2020, Wilmès a dû gérer la crise du Covid-19. Un bousculement des codes du genre semble alors se jouer dans les médias : les qualités traditionnellement associées à la "féminité" (empathie, émotion, qualité d’écoute, altruisme, etc.) semblent particulièrement appréciées dans la façon dont Wilmès dirige le pays. Un constat étonnant qui appelle à l’analyse, ces qualités étant d’habitude considérées comme des marques de faiblesse en politique.

À lire aussi
Crise du coronavirus: Sophie Wilmès, la Première qui (r)assure

La "falaise de verre" ou le cadeau empoisonné pour les femmes politiques
La politique reste un monde masculin. Si la place des femmes y a évolué positivement, celles-ci y sont toujours minoritaires, d’autant plus aux positions les plus importantes (présidentes, premières ministres, présidentes de parti, etc.).

Par ailleurs, lorsqu’elles sont désignées à des postes de haut rang, ce n’est pas toujours au moment le plus opportun. C’est ce qu’on appelle "la falaise de verre", en référence au fameux plafond de verre qui empêche les femmes d’évoluer sur l’échelle hiérarchique. La falaise de verre, elle, désigne l’idée que les femmes auraient tendance à être nommées à des postes à responsabilité en situation de crise, donc lorsque le risque d’échec est plus élevé. Le concept a par exemple été utilisé pour évoquer la nomination de Theresa May comme Première ministre au Royaume-Uni, en pleine crise du Brexit.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Sophie Wilmès a elle aussi connu la falaise de verre. En effet, en octobre 2019, elle devient la première femme à prendre la tête du pays en pleine crise politique. Le gouvernement fédéral est alors minoritaire, depuis décembre 2018 et le départ de la N-VA de la coalition, mais également en affaires courantes depuis les élections de mai 2019. Quelques mois plus tard, Wilmès doit faire face à un autre contexte de crise : la pandémie de Covid-19 frappe la Belgique.

De plus, même si la situation s’améliore, les femmes leaders politiques sont toujours exposées à un traitement médiatique inégalitaire. Quand elles sont les premières femmes à atteindre une fonction, leur nomination est parfois traitée uniquement sous l’angle de la nouveauté, au détriment des questions de fond. De façon générale, les femmes politiques sont souvent davantage soumises aux stéréotypes de genre que leurs homologues masculins, les médias mettant l’accent sur leur apparence physique et leur vie privée.

La falaise de verre, elle, désigne l’idée que les femmes auraient tendance à être nommées à des postes à responsabilité en situation de crise, donc lorsque le risque d’échec est plus élevé

À lire aussi
Non, les femmes politiques ne sont pas "naturellement" plus compétentes contre le coronavirus

Enfin, au-delà de la question de la présence des femmes en politique, le monde politique valorise traditionnellement une manière d’exercer le pouvoir très dure, inspirée d’une "masculinité hégémonique", c’est-à-dire une forme de masculinité qui reproduit la domination des hommes sur les femmes.

On retrouve cette figure de l’homme fort de manière très stéréotypée chez des leaders comme l’ancien président des États-Unis Donald Trump ou le président brésilien Jair Bolsonaro. En bref, il faut "montrer les gros bras" pour pouvoir être pris·e au sérieux. On n’est donc loin d’un leadership politique inclusif.

À lire aussi
Sexisme en politique belge: les travers des travées parlementaires

Sophie Wilmès, mère de la Nation ?
Pendant les mois qui ont suivi l’émergence de la crise du Covid-19, plusieurs opinions ont soulevé l’idée que les cheffes d’État et de gouvernement auraient mieux géré la crise. Ces femmes politiques ont été mises en avant pour leur style de communication jugé empathique, humble, bienveillant : autant de caractéristiques associées aux représentations traditionnelles de la "féminité". Or, c’est aussi un enseignement des recherches sur la "falaise de verre" : les attributs considérés comme "féminins" seraient recherchés chez les leaders en temps de crise.

Les femmes leaders politiques sont toujours exposées à un traitement médiatique inégalitaire

Au début de la crise du Covid-19, cette valorisation des caractéristiques dites "féminines" est perceptible dans le discours de la presse francophone sur le leadership de Wilmès. Alors qu’au début de son mandat, sa discrétion et son manque d’expérience suscitaient des doutes sur sa capacité à diriger le gouvernement, la presse salue unanimement sa prestation durant les premières semaines de gestion de la crise. Son style empathique, sa communication "humaine", sa manière de convaincre "en douceur" lui auraient permis de s’affirmer comme leader politique.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

En outre, la presse fait la part belle aux attributs liés au care. Ce champ de recherche a permis, entre autres choses, de souligner le fait que les femmes sont généralement sociabilisées autour de qualités relationnelles visant à prendre soin des autres, notamment des plus vulnérables. Certains articles font ainsi référence à la maternité ou à la parentalité dans leur couverture du style de communication de Wilmès. On peut se demander si la nature de la crise du Covid-19, qui a mis en exergue le besoin d’attention à autrui, n’a pas contribué à accentuer cette vision de la leader politique comme "mère de la Nation".

Néanmoins, une analyse approfondie révèle que certaines caractéristiques traditionnellement associées à la "masculinité", comme la fermeté, ont également été perçues comme nécessaires pour gérer la crise. En réalité, le discours de la presse fait état d’un nouveau style de leadership, combinant attributs considérés comme "masculins" et caractéristiques perçues comme "féminines". Par exemple, les journaux évoquent le ton "doux-dur" de Wilmès et la désignent comme une "main de fer dans un gant de velours".

Les résultats de cette analyse constituent une occasion de réfléchir au renouvellement des manières d’exercer le pouvoir du point de vue du genre. Il ne s’agit pas d’enfermer les femmes politiques dans un style présumé "féminin", mais plutôt d’interroger les conditions de possibilité, tant chez les hommes que chez les femmes politiques, d’un leadership moins dominateur, qui ne valorise pas uniquement un mode "viriliste" de gouvernance. À ce titre, la chercheuse Marie-Cécile Naves, dans son livre La démocratie féministe jette les bases d’un leadership "combatif tout autant que coopératif, déterminé, ambitieux et à la fois soucieux de prendre en compte les expériences vécues".

L’invité de Matin Première : Sophie Wilmès – Archives

L'invité de Matin Première: Sophie Wilmès
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
*Clémence Deswert est doctorante en science politique au Centre d’étude de la vie politique (Cevipol) de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Ses recherches portent principalement sur la communication politique, le genre, le leadership et la représentation politique des femmes.

 


© Tous droits réservés
Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

https://www.rtbf.be/article/de-linterim-a-letat-de-grace-le-leadership-de-sophie-wilmes-a-la-loupe-du-genre-11094604

Voir les commentaires

Maghla, Shironamie, Baghera Jones : les streameuses toujours autant objectifiées et harcelées sur Twitch

27 Octobre 2022, 23:59pm

Publié par hugo

 Maghla, Shironamie, Baghera Jones : les streameuses toujours autant objectifiées et harcelées sur Twitch
Maghla, Baghera Jones, Shironamie ou encore Ava Mind ont faire connaître leur colère et leur impuissance face à ces vagues de menaces et de harcèlement |
26 oct. 2022 à 12:10 - mise à jour hier à 12:23

Temps de lecture
4 min
Par Marine Stroili

iXPé
Les Grenades

Tipik
Info
Sciences et Techno
Accueil
Jeux vidéo
HARCELEMENT
CONDITIONS DE TRAVAIL
TWITCH
STREAMEUSES
MAGHLA
PARTAGER


Ces dernières 48 heures, la parole s’est encore plus libérée sur les réseaux et notamment Twitter. Une fois de plus, les streameuses ont témoigné de leurs conditions de travail et du manque de sécurité qu’elles ressentent et vivent au quotidien. En effet : messages violents à caractère sexuel, menaces de violences, de doxing (divulguer l’adresse postale, le numéro de téléphone) voire de meurtre et des appels téléphoniques incessants.

Voilà le quotidien des streameuses d’aujourd’hui (et de ces dernières années, en vérité). On fait le point.

Un ras-le-bol qui dure depuis des années
Le cri du cœur qui a eu le plus de visibilité est celui de Maghla, streameuse française, qui n’en peut plus des spectateurs qui réalisent des clips d’elle lorsqu’elle ose porter un débardeur. Le titre du clip se nomme "décolleté seins luisant MIAM", autant dire que la couleur est annoncée. Ce genre de clips apparait quotidiennement sur les réseaux sociaux, visant le plus souvent les streameuses, pour assouvir des fantasmes clairement lubriques.


Concernant Maghla, la streameuse avait récemment témoigné et obtenu justice suite au harcèlement d’un individu sur les réseaux (et surtout Instagram). L’internaute, âgé de 27 ans, a été condamné à un an de prison et ne pourra pas exercer le métier de streameur pendant cinq ans. Si cette affaire a été classée, bon nombre d’autres internautes harceleurs et pervers reste toujours dans la nature.

Maghla a donc pour sa part rédigé un thread (une suite de tweets) qui explique pourquoi elle décide de porter des vêtements larges la plupart du temps. Elle montre également comment des internautes, sur divers réseaux (reddit, discord) créent des deepfakes d’elle en appliquant son visage sur celui d'actrices pornos. Et lorsqu'il ne s’agit pas de montages, ce sont ces mêmes internautes qui envoient des dickpics (des photos de leur pénis) directement en message privé aux streameuses.


Ces harcèlements s’observent encore plus quand ces streameuses communiquent sur le sujet du harcèlement. Elle évitent même la plupart du temps de trop en parler afin de ne pas recevoir des messages violents : "elle l’avait bien cherché", "tu n’as qu’à pas montrer tes seins", "c’est la rançon de la gloire".

Baghera, une autre streameuse, a également tweeté sur le sujet : "si on se tait, c’est pour éviter ces pluies d’insultes".


Qu’elles parlent ou non, le résultat est le même. Et ce que vivent ainsi Maghla et Baghera, c’est le quotidien de toutes les streameuses.

Et l’horreur va toujours plus loin
Les méthodes de ces harceleurs vont toujours plus loin : notamment se faire passer pour un livreur Amazon ou UberEats afin d'obtenir le numéro de téléphone et l’adresse postale des streameuses. C’est ce qui est arrivé à Shironamie.

Alors qu’elle était en plein stream, elle reçoit un premier appel téléphonique d’une personne se déclarant "dérangée mentalement" et qui serait prête à lui vouloir le pire. Cette personne était présente sur le live de la streameuse.

L’individu a oublié de masquer son numéro et a donc demandé à la streameuse de ne pas porter plainte, avant de se rétracter :

Si tu portes plainte, je viendrai chez toi et je te violerai.

Cette partie n’avait pas été enregistrée sur le live. Cependant, afin d’avoir des preuves tangibles à présenter aux autorités, la streameuse demande à l’individu de la rappeler. Ce qu’il fait et s’ensuit le clip ci-dessous.

Attention, les propos déclarés dans la vidéo sont violents : menaces de viol et de meurtre.


Face à cet appel téléphonique, la streameuse garde son sang-froid et prend le réflexe d’enregistrer les preuves via son stream. La streameuse Ava Mind a eu affaire au même individu et dans des circonstances identiques : elle était en stream, reçoit un appel de cette personne et décide de l’enregistrer également.


La route vers le commissariat afin de déposer plainte reste néanmoins longue : sur le net, les méfaits de harcèlements et de menaces ne sont, soit pas pris au sérieux, soit classés sans suite.

Il arrive également que les autorités n’aient pas reçu de formation en ce qui concerne le cyberharcèlement ou encore sur la façon d’appréhender un individu accusé de menaces, violences ou harcèlement.

Le cas de Maghla dont nous parlions précédemment est une exception dans le domaine. Car si sa plainte a abouti à une condamnation de son harceleur, les méandres de la justice et de son administration sont longs et fatigants pour les victimes qui doivent revivre leur trauma, voire parfois se retrouver face à leur agresseur au tribunal.

750€ d’amende, c’est tout ?
Face à ces violences subies quotidiennement, les streameuses ne lâcheront pas : elles continueront d’assurer leur lives, quand bien même des harceleurs sont présents sur leurs streams.

Pour rappel, en France, l’outrage sexiste ou sexuel est une infraction qui peut être puni d’une amende pouvant aller jusqu’à 750 €. Selon le site du Service Public français, "l’outrage sexiste consiste à imposer à une personne un propos ou un comportement à connotation sexuelle ou sexiste, qui lui porte préjudice. L’acte doit porter atteinte à la dignité de la victime, en raison de son caractère dégradant ou humiliant, ou l’exposer à une situation intimidante hostile ou offensante."

On est clairement dedans. Et 750€ d’amende ne suffiront certainement pas à arrêter les cyberharceleurs.


https://www.rtbf.be/article/maghla-shironamie-baghera-jones-les-streameuses-toujours-autant-objectifiees-et-harcelees-sur-twitch-11093063

Voir les commentaires

Chloé Boels : donner leur place aux femmes dans le streaming

27 Octobre 2022, 23:44pm

Publié par hugo

Chloé Boels : donner leur place aux femmes dans le streaming

hier à 10:49

Temps de lecture
5 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
Les Grenades
Sciences et Techno
Jeux vidéo
Vivre ici - Gens d'ici
JEUX VIDEO
HARCELEMENT SEXUEL
VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
TWITCH
STREAMEUSES
PARTAGER


En Belgique, selon le top 100 des professions de Statbel, on ne compte que 13% d’ingénieures civiles, 19% de femmes managers TIC et seulement 11% de conceptrices de logiciels. Pour lutter contre ces écarts et déconstruire les stéréotypes genrés, Les Grenades réalisent chaque mois le portrait de femmes actives dans le monde des sciences, de la tech’ ou de l’ingénierie.

Aujourd’hui, rencontre avec Chloé Boels, qui à 25 ans, est la co-fondatrice de Stream’Her, une communauté d’entraide et de mise en avant des femmes dans le monde du streaming. Entre conseils techniques, visibilisation et lutte contre le harcèlement, elle œuvre au quotidien à créer un web plus safe et plus inclusif. Nous la retrouvons chez elle, dans son appartement bruxellois. Entre le drapeau LGBTQIA + cloué au mur et le (très) grand écran d’ordinateur installé sur son bureau, elle nous raconte son histoire.

Où sont les femmes sur Twitch ?
C’est à Charleroi que Chloé Boels passe son enfance. Très vite, elle devient une as des jeux vidéo. Si elle rêve secrètement d’en faire son métier, elle est alors loin d’imaginer qu’elle finira par vivre de sa passion… Après un bachelier en langues, elle réalise un master en entrepreneuriat et un autre spécialisé en traitement automatique du langage. "C’est le domaine informatique lié à la langue, on associe la linguistique et le machine learning", explique-t-elle.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Durant ses études menées en pleine pandémie, faute de pouvoir sortir, elle écume des contenus vidéo sur le net. "Comme j’en avais un peu marre de Youtube, j’ai commencé à m’intéresser à Twitch, la plateforme de référence pour le streaming. On y trouve de tout : du gaming, de l’art, de la musique, des talkshows…" En quelques clics, elle découvre que le site visibilise en très grande majorité des hommes. "J’ai analysé les tops des diffusions et là j’ai compris que les femmes en étaient quasi absentes. Aussi, on ne compte que 35% de femmes parmi les millions d’utilisateurs de Twitch."

À force de regarder des contenus lui vient l’envie de se lancer en tant que streameuse. "Le truc, c’est que ce n’est pas si simple de démarrer… J’avais plein de questions, je ne savais pas comment ça marchait et je ne savais pas où demander de l’aide." Face à ce double constat de manque de représentativité et de nécessité d’entraide, elle crée avec son amie Ilaria Giglio le projet Stream’Her. Leur but ? Monter une véritable communauté de streameuses et encourager les femmes sur la plateforme.

À lire aussi
#Protectmanonolita : vaste mouvement de soutien à Manon, streameuse belge, victime de menaces de mort et de viol

Vague de harcèlement
Si Stream’Her connait un rapide succès, son décollage ne se réalise pas en douceur. Au tout début, c’est sur Twitter qu’elle lance son idée de communauté. Le tweet trouve écho chez de nombreuses femmes qui le partagent avec enthousiasme. "Et puis il a été partagé par de plus en plus de mecs de manière négative. Ça a pris une grande ampleur, il y a eu de plus en plus d’insultes et de remarques sexistes. J’ai supprimé le tweet après quelques jours parce que j’étais en examen et mon téléphone n’arrêtait pas de vibrer !"

À lire aussi
Maghla, Shironamie, Baghera Jones : les streameuses toujours autant objectifiées et harcelées sur Twitch


Depuis, le cyberharcèlement n’a jamais cessé. Outre la gestion de Stream’Her, Chloé Boels tient sa chaine sur Twitch ; dès lors, elle observe les menaces depuis ses deux casquettes. "Ça arrive tout le temps. Encore ce matin durant mon live, quelqu’un a débarqué en me disant ‘Qu’est-ce que tu fous là ? Retourne dans ta cuisine’, et puis d’autres propos violents aussi du genre ‘suce moi’, et ça dès 8h du mat’ ! Et lorsqu’on organise un live avec Stream’Her, à chaque fois, on sait qu’on doit être assez préparées parce que la haine peut se déchainer."

On ne compte que 35% de femmes parmi les millions d’utilisateurs de Twitch

Une haine qui se matérialise par des insultes et menaces sous forme de raids à travers les réseaux sociaux ou bien en direct durant les streams via le chat. "Je ne connais pas de streameuse qui ne se soit pas fait harceler, c’est triste parce que du coup, la peur empêche des femmes de se lancer…"

À lire aussi
Sur internet, le harcèlement s'accentue aussi avec le confinement

Le collectif pour streamer en mode safe
Chloé Boels, Ilaria Giglio et les 1000 membres de Stream’Her réparties sur toute la francophonie s’organisent pour casser les codes sexistes sur Twitch. "Quand on commence dans le streaming, en général on apprend à la dure, par les erreurs, mais nous, nous sommes là pour éviter ces faux pas et faciliter les expériences. Par exemple, c’est important de mettre en place un système de modération. On peut aussi bannir certains termes du chat. Il y a plein de trucs techniques pour se protéger."

Outre les conseils et les témoignages, leur site se veut une vitrine du stream au féminin et propose le Stream’Her-Desk, un catalogue de diffuseuses à suivre. Sur les réseaux, Stream’Her visibilise également de manière hebdomadaire la "streameuse de la semaine".

Je ne connais pas de streameuse qui ne se soit pas fait harceler


© Tous droits réservés
De son côté, Chloé Boels reste fidèle à sa chaine, tous les matins, derrière son micro et sa webcam. "Je continue de jouer à des jeux vidéo en direct. J’aime bien les jeux très durs. Pour moi, c’est important de montrer qu’être une meuf et jouer à ces jeux n’a rien d’inconciliable. Concrètement, je joue, je commente, je discute avec les gens qui sont dans le chat. Mine de rien on crée une vraie relation."

Notre interlocutrice réalise aussi des streams en IRL (pour In Real Life, "dans la vraie vie"). "De temps en temps, je prends mon téléphone, je me filme et on se balade avec les viewers."

Former et sensibiliser
Aujourd’hui, deux ans après sa création, Stream’Her continue de se développer : en plus de la gestion de la communauté en ligne, Chloé Boels et Ilaria Giglio organisent des événements et donnent des formations en streaming et réseaux sociaux aux femmes entrepreneures, en collaboration avec la Ville de Bruxelles et GIRLEEK.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Si les choses bougent, n’édulcorons pas le tableau : nombre d’influenceurs au top restent problématiques. Pas fataliste, Chloé Boels garde espoir et opte pour la pédagogie : "Sur n’importe quel réseau social, en tant que personnes qui diffuse du contenu, nous portons une responsabilité. Des gens nous regardent et peuvent être influençables. Si le streamer ou la streameuse tient des propos sexistes, les gens vont penser que c’est okay. À chacun·e d’être conscient·e de son impact, de mettre ses limites et d‘éduquer son public."

Et puisque Twitch gagne de plus en plus d’utilisateurs et utilisatrices, longue vie à Stream’Her afin que cet espace de partage et de diffusion soit accessible à tous·tes !

À lire aussi
Sanae Saadaoui : "Nous avons besoin des femmes en informatique"

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


 https://www.rtbf.be/article/chloe-boels-donner-leur-place-aux-femmes-dans-le-streaming-11093333

Voir les commentaires

Brassière, caleçon, culotte : la lingerie se libère à son tour des stéréotypes de genre

27 Octobre 2022, 23:32pm

Publié par hugo

 Brassière, caleçon, culotte : la lingerie se libère à son tour des stéréotypes de genre
Brassière, caleçon, culotte : la lingerie se libère à son tour des stéréotypes de genre.
19 août 2022 à 12:30

Temps de lecture
3 min
Par RTBF avec AFP
Mode
Accueil
Vie pratique
LINGERIE
INCLUSION
PARTAGER


La mode non genrée, unisexe ou mixte ne fait plus exception. Les marques se succèdent aujourd'hui pour présenter des collections de prêt-à-porter destinées à tous.

Et si le secteur de la lingerie pouvait apparaître comme le dernier rempart empêchant de faire voler en éclats les stéréotypes de genre, il semble désormais prêt à embrasser une nouvelle ère où culottes, strings, caleçons et autres brassières sont l'affaire de tous les corps, sans distinction aucune.

Les pièces mixtes cohabitent avec l'ultra féminin
Si certains la voient comme une "lubie" ou un "phénomène", force est de constater que la mode non genrée s'impose progressivement dans les rayons des grandes enseignes de mode comme des plus grandes maisons de luxe, à l'instar de Gucci. La marque italienne en a fait une alliée de choix pour séduire la fameuse - et indomptable - Gen Z, proposant sur son e-shop une section entièrement consacrée à la mode non binaire, Gucci MX. Les géants du prêt-à-porter (fast fashion, mode éthique, luxe...) sont désormais nombreux à s'être lancés sur ce créneau qui bouscule des codes établis depuis… toujours.

Le secteur de la lingerie a mis plus de temps à s'émanciper des normes genrées mais elle entame désormais sa mue.

Il n'est pas question de troquer ses collections féminines, si ce n'est sexy, contre des lignes mixtes essentiellement axées sur le confort mais de les faire cohabiter. Après avoir fait voler en éclats certains diktats liés à la beauté, et plus particulièrement à la minceur avec un (plus) large éventail de tailles, voire l'introduction de la "taille unique", les marques de sous-vêtements ont progressivement introduit des pièces de lingerie non genrées dans leurs collections. Elles sont désormais nombreuses - bien que toujours pas la majorité - à proposer de l'underwear pour (absolument) toutes les expressions et identités de genre.

Les marques qui s'engagent
En France, la marque Undiz, qui cible avant tout la Gen Z, compte parmi les premières à avoir sauté le pas. Dès l'été 2021, la griffe a dévoilé la capsule "No Gender" composée de prêt-à-porter et de pièces plus intimes mixtes. Mais c'est Etam, avec la collection I/elle/s, qui semble s'être démarquée au printemps dernier. L'entreprise familiale centenaire s'est affranchie des codes traditionnels pour concevoir une collection aux coupes neutres mettant à mal toute notion de genre. Axée autour du confort et de la liberté de mouvement, mais pas que, la collection comprend pour la première fois des boylegs, bodys, slips et brassières mixtes.

Elle comble les attentes de celles et ceux qui ne souhaitent plus être enfermés dans des cases et fait évoluer les mentalités.

Certaines marques semblent avoir déjà un coup d'avance, si ce n'est plus, à l'image de Cantiq Los Angeles, ou Cantiq LA, qui décline ses bodys et sous-vêtements les plus sexys pour tout le monde. Jeux de transparence, dentelle, bralettes et autres shortys ne sont plus (uniquement) réservés à la gent féminine. Et cerise sur le gâteau, il ne s'agit pas d'une collection spécifique mais bel et bien d'une seule et même gamme destinée à l'ensemble de ses clients.


Même constat pour la marque Boy Smells, initialement connue pour ses bougies et ses parfums, qui a lancé la collection Unmentionables pensée pour toutes les morphologies et toutes les identités de genre. Conçue dans un tissu confortable, elle fait elle aussi la part belle aux coupes neutres pour s'adapter à tous les corps et se compose de bralettes, de culottes, de shortys et de caleçons.

Célébrer tous les corps, enfin !
Puisque la lingerie était jusqu'alors essentiellement une histoire de femmes (les collections étant bien plus diverses et variées pour la gent féminine), ce sont ces pièces dites féminines qui semblent aujourd'hui séduire ces messieurs. Mais pas seulement. Les caleçons et boxers, jusqu'alors réservés aux hommes, font également le bonheur de tous. Une chose parfaitement intégrée par la marque Lucky Skivvies, qui propose des boxers longs non genrés dans une large gamme de tailles et des motifs qui ne devraient laisser personne indifférent.

Des exemples qui prouvent que la lingerie non genrée est tout sauf une utopie et qu'elle tend à s'imposer comme un nouveau segment de choix dans les rayons de nombreuses marques et enseignes. Il ne s'agit pas de mettre un terme aux sous-vêtements dits "traditionnels" mais de faire en sorte que la lingerie n'exclue personne de ses rangs.


PARTAGER


https://www.rtbf.be/article/brassiere-calecon-culotte-la-lingerie-se-libere-a-son-tour-des-stereotypes-de-genre-11050546

Voir les commentaires

Les soutiens-gorge avec armature sont-ils vraiment mauvais pour la santé ?

27 Octobre 2022, 23:30pm

Publié par hugo

 Les soutiens-gorge avec armature sont-ils vraiment mauvais pour la santé ?

Le soutien-gorge avec armature est-il dangereux pour la santé ?
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
24 oct. 2022 à 07:00 - mise à jour 25 oct. 2022 à 09:35

Temps de lecture
3 min
Par Marie Bourguignon avec Maurizio Sadutto
Le Scan
Les Grenades
Santé & Bien-être
Accueil
Vie pratique
LINGERIE
MARKETING
SANTE
C'est une info qui circule depuis plusieurs années. Les soutiens-gorge avec armature seraient dangereux pour la santé des femmes et entraveraient le système lymphatique, bloqueraient les ligaments de Cooper ou, pire encore, provoqueraient le cancer du sein. Tout cela, on peut le lire sur Internet, notamment sur des sites de lingerie qui font une promesse publicitaire aux femmes : celle de produits 100 % sans danger pour la santé. Des soutiens-gorge sans armature, vendus parfois comme des petits bijoux de technologie. Alors, info ou intox ? Le Scan démêle le vrai du faux.

Le soutien-gorge de demain
Qu'est-ce que les marques de lingerie proposent au juste aujourd'hui ? Nous sommes allés en discuter avec Raphaëlle Dockier, gérante d'une boutique à Waremme. Elle nous fait un petit topo des tendances actuelles.

Raphaëlle Dockier, gérante d'une boutique de lingerie à Waremme.
"Les marques proposent énormément de choses grâce à l'évolution de la technologie qui a fait un fameux boum. Voilà des choses qui sont très plates parce qu'on évite les grosses coutures grâce au thermo-collage." dit-elle en montrant un modèle particulier. "Et il y a aussi sur ce même soutien-gorge, par exemple, un exemple de matière qui est moulée. Et donc ça permet évidemment de donner une enveloppe qui va parfaitement maintenir le sein sans armature, sans couture, sans empiècement, et cetera. Donc ça, c'est un confort extraordinaire. Le sans armature concerne tous les âges, tous les styles, toutes les poitrines, toutes les tailles. C'est vraiment général. Pour moi, le sans armature, c'est le soutien-gorge de demain."

Un modèle sans armature.
Un modèle sans armature. © RTBF
Est-ce vraiment une question de santé ?
Mais leur utilisation est-elle meilleure pour la santé que les soutiens-gorge avec armatures? Nous sommes allés poser la question au docteur Lifrange. Il est chef du service de sénologie au CHU de Liège. Et il est plutôt formel dans sa réponse : 

Docteur Eric Lifrange, chef du service de sénologie au CHU de Liège.
"Je n'ai jamais vu en 30 ans d'activité des patientes qui venaient avec des blessures induites par des armatures de soutiens-gorge ou des maladies ou des pathologies." affirme-t-il. "Armature ou pas armature, il n'y a aucun impact démontré en matière de risque, ou de majoration du risque de cancer du sein. L'important dans le port d'un soutien-gorge, c'est le choix de chaque femme, c'est d'être dans un soutien-gorge qui lui est confortable, dans lequel elle se sent bien et qui répond à l'usage pour lequel elle l'a acheté."

Le marketing de la peur
Le corps médical est donc très clair à ce propos. Quand un soutien-gorge est adapté, les armatures ne sont en rien mauvaises pour la santé. Mais alors, pourquoi les marques utilisent-elles cette carte pour vendre leurs produits ? Eh bien tout simplement parce que ça marche ! On appelle ça le marketing de la peur. Ingrid Poncin est professeur en marketing à l'UCLouvain et nous en explique le principe :

Ingrid Poncin est professeur en marketing à l'UCLouvain.
"L'utilisation de la peur, en persuasion, en publicitaire, ça existe depuis longtemps, notamment parce que la peur est une émotion forte. La peur fonctionne bien, si vous avez une solution qui est claire, qui est facile à mettre en œuvre et donc que les gens se disent "je peux me protéger de cette peur." Donc il faut vraiment un juste dosage du niveau de peur que l'on provoque."

Un sujet au centre de beaucoup d'attentions
Dans le cas des soutiens-gorge, il est important de ne pas oublier qu'on touche à une partie de l'anatomie des femmes, scrutée depuis toujours. L'aspect symbolique est donc aussi à prendre en compte. Le docteur Lifrange en est bien conscient : "Le sein, c'est un symbole de vie. C'est un symbole qui vous ramène à l'enfance, à la maternité, à la fécondité, à la sexualité et, de cette façon-là, l'industrie, les médias, des groupes de pression vont pouvoir jouer sur cet aspect symbolique du cancer du sein pour faire passer un message ou l'autre, qui n'est pas toujours très légitime. Et en matière de port, d'armature, de soutiens-gorge, je pense qu'on est un petit peu dans ce domaine-là."

En conclusion, avec sans armatures ou sans soutien-gorge du tout… c'est finalement et évidemment à chaque femme de choisir!


https://www.rtbf.be/article/les-soutiens-gorge-avec-armature-sont-ils-vraiment-mauvais-pour-la-sante-11090395

Voir les commentaires

Une association bruxelloise publie un livre pour enfants censuré en Russie et Hongrie

25 Octobre 2022, 01:01am

Publié par hugo

 Une association bruxelloise publie un livre pour enfants censuré en Russie et Hongrie

19 oct. 2022 à 13:58 - mise à jour il y a 9 heures

Temps de lecture
3 min
Par Marion Jaumotte

Vivre Ici
Regions Bruxelles
Littérature

Vivacité
Bruxelles Matin
Les Grenades
Culture & Musique
Actualités locales
Accueil
Initiatives locales
ENFANTS
LITTERATURE
BRUXELLES
CP1000
LGBTQIA+
RUSSIE
FORBIDDEN COLOURS
DROITS LGBTQUIA+
PARTAGER


L’association bruxelloise Forbidden Colours vient de publier en français-néerlandais "Juste une famille", un livre pour enfants censuré en Hongrie et en Russie. Ce livre rassemble deux histoires qui ont comme personnages principaux des enfants issus de familles homoparentales.

Ces histoires ont été écrites en Espagne en 2018 par l’auteur Lawrence Schimel et l’illustratrice Elina Braslina. Elles racontent le quotidien somme toute banal d’un jeune garçon qui se réveille avant ses deux mamans et qui partage son petit-déjeuner avec son chat. Dans l’autre, il s’agit d’un petit chien espiègle qui empêche une petite fille et ses deux papas de s’endormir.

Quelques années plus tard, l’association hongroise pour les familles arc-en-ciel décide de publier une édition rassemblant les deux histoires sous le titre "Quelle famille !". L’idée était de pouvoir offrir des exemples de familles homoparentales dans la littérature jeunesse dans un pays où les droits des personnes LGBTQIA+ sont régulièrement bafoués. Au bout de quelques semaines, la librairie responsable de la vente du livre a été condamnée à une amende. "Le libraire aurait enfreint les règles en omettant d’avertir correctement ses clients sur le fait que le livre présentait du contenu qui s’écarte de la norme." explique Vincent Reillon, chargé de communication de l’association Forbidden Colours. "Les librairies qui vendaient le livre ont ensuite été tenues d’apposer une étiquette sur le livre indiquant qu’il présente des modèles de comportement qui diffèrent des rôles de genre traditionnels."

Le fait que les enfants du livre aient deux mamans ou deux papas n'est pas le sujet principal de l'histoire.

Un mois plus tard, l’histoire se répète en Russie. Le 16 août 2021, la Fondation russe LGBTQIA+ Sphere publie une version du même livre en Russie. "En raison de la loi sur la 'propagande anti-LGBT auprès des mineurs' adoptée en 2013, Sphere a été obligée d’ajouter une mention '18 +' sur la couverture de ce livre pour enfants, mettant en lumière l’absurdité de cette loi." Le livre n’est finalement pas commercialisé et uniquement distribué à certaines organisations LGBTQIA+ régionales. Quelques mois plus tard, en octobre 2021, le bureau de Sphere est fouillé par les autorités. Celles-ci découvrent des exemplaires du livre et décident de liquider l’association.

"Depuis plus d'une décennie, la communauté LGBTQIA+ est soumise à de fortes pressions dans les deux pays. Les régimes de Hongrie et de Russie font de la communauté un bouc émissaire dans leur lutte contre la démocratie et les droits de l'homme." Ces deux histoires sont devenues un symbole de la lutte contre les lois anti-LGBTQIA+ et contre les gouvernements qui tentent d’effacer et de censurer les livres pour enfants mettant en scène des familles homoparentales. C’est pourquoi Forbidden Colours a décidé de republier ces deux histoires en Belgique et en version bilingue.


Juste une famille
Qui est Forbidden Colours ?
Forbidden Colours est une ASBL bruxelloise liée à un fonds géré par la Fondation Roi Baudoin, la principale fondation belge d’utilité publique, dont la mission est de contribuer à une société meilleure. "Avec Forbidden Colours, nous récoltons des fonds pour soutenir des initiatives dont l’objectif est d’aider des membres de la communauté LGBTQIA+ à vivre pleinement leur vie, en liberté, dans la dignité et le respect de la personne partout en Europe. Dernièrement nous avons par exemple proposé de l’aide aux réfugiés Ukrainiens issus de la communauté LGBTQIA+ en leur offrant de l’accueil en Pologne, Hongrie et Roumanie. Nous avons aussi soutenu la PRIDE de Budapest en Hongrie où il existe une loi qui interdit la promotion d’événements LGBTQIA+ dans l’espace public…" nous explique Vincent Reillon, chargé de communication de Forbidden Colours.


Juste une famille
Des bénéfices reversés à la communauté LGBTQIA+
Si vous souhaitez commander le livre, vous le trouverez sur la boutique en ligne de Forbidden Colours au prix de 15€. En librairie, vous le trouverez à Bruxelles chez Passaporta (Rue Antoine Dansaert 46) ou chez Tulitu (Rue de Flandres 55).

Tous les bénéfices engendrés par la vente de ces deux histoires permettront à Forbidden Colours de continuer à soutenir les organisations LGBTQIA+ en Europe centrale et orientale. "Le but est bien évidemment d’offrir des représentations positives de familles homoparentales dans la littérature jeunesse en publiant ces histoires qui ont été censurées dans certains pays, mais c’est aussi l’occasion de récolter des fonds pour continuer notre engagement et nos actions avec Forbidden Colours".


https://www.rtbf.be/article/une-association-bruxelloise-publie-un-livre-pour-enfants-censure-en-russie-et-hongrie-11087806

Voir les commentaires

"L’évaporée" de Fanny Chiarello et Wendy Delorme : une rupture amoureuse et des renaissances

25 Octobre 2022, 00:49am

Publié par hugo

 "L’évaporée" de Fanny Chiarello et Wendy Delorme : une rupture amoureuse et des renaissances

23 oct. 2022 à 11:32

Temps de lecture
4 min
Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades
Les Grenades
Littérature
Culture & Musique
LITTERATURE
LIVRE
RUPTURE
AUTRICE
AMOUR
WENDY DELORME
FANNY CHIARELLO
PARTAGER


Écrire à "quatre mains" est un exercice particulier. Au-delà de la performance de s’harmoniser sur le récit, il y a un travail à fournir sur la forme pour que les deux styles se coordonnent parfaitement. Et Fanny Chiarello et Wendy Delorme l’ont fait avec leur roman L’évaporée édité aux Editions Cambourakis en août 2022.

 

La genèse de l’histoire
L’idée est partie de Fanny Chiarello. Dans la postface, elle décrit ce qui lui est arrivé après une rupture amoureuse : "Je n’écris plus, ça ne m’était jamais arrivé. J’ai besoin d’aide, je n’y arriverai pas seule cette fois. Ainsi, l’ermite que je suis se demande avec qui écrire et la réponse vient tout naturellement, spontanément, comme si elle attendait depuis trois ans d’être formulée. De retour chez moi, j’envoie un mail à Wendy." Wendy Delorme répond avec enthousiasme. La machine est lancée et les deux autrices se mettent à écrire l’une et l’autre.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Pour ce projet, Fanny Chiarello voulait écrire sur sa propre histoire : une femme en quitte une autre sans un mot d’explication. Wendy Delorme propose alors d’écrire sur celle qui part et Fanny écrira sur celle qui est quittée. Pendant six mois, par échanges de courriels, elles construisent deux personnages qui se sont aimés, elles écrivent sur leurs vies, leurs passés et leurs futurs. Wendy Delorme explique le plan : "Après une rupture amoureuse, s’ensuivent deux narrations. Deux façons de vivre une même histoire, et de vivre sa fin."

À lire aussi
"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola Lafon : des émotions à fleur de peau

L’évaporée et celle qui reste
L’évaporée s’appelle Ève et un matin, elle disparaît de la vie de Jenny. Différentes mais complémentaires, elles entretenaient une relation dans laquelle chacune se sentait importante. Ève, la Parisienne, acceptait de passer du temps à la campagne, dans la maison de Jenny et inversement, Jenny acceptait de quitter parfois son calme pour se rendre dans la capitale.

Quand Ève quitte Jenny, c’est l’incompréhension totale. D’autant plus que L’évaporée ne donne plus aucune nouvelle. Comment accepter cette rupture quand aucun élément tangible ne vient expliquer ce geste ? Quand la veille, l’une dit à l’autre "Quels merveilleux moments j’ai passés auprès de toi, aujourd’hui encore : je veux ça tous les jours de la vie". Toutes deux, chacune à leur tour, vont raconter ce qu’elles vivent à des centaines de kilomètres l’une de l’autre.

Jenny tente coûte que coûte de reprendre vie en se concentrant sur son potager. La terre, l’air pur, cela la calme et la fait de nouveau sentir vivante. Elle arrive aussi à reprendre ses promenades quotidiennes qui lui offrent l’occasion de nouer des liens avec ses voisines. Enfin, n’oubliant pas son métier d’écrivaine, elle écrit sur son histoire d’amour.

De son côté, Ève rentre chez elle et se remémore son passé et ses choix. Tout ce qu’elle a tu à Jenny, toute une période de sa vie qu’elle a laissée dans une boîte et qu’il est temps d’ouvrir.

À lire aussi
"Toute une moitié du monde" d’Alice Zeniter, ou le besoin de représentations féminines

Deux personnages, quatre mains

Ce livre à quatre mains est empreint d’une douceur qui doit son origine aux plumes singulières de Fanny Chiarello et de Wendy Delorme. Si séparément, elles ont des styles différents, ensemble elles s’accordent pour offrir une histoire de rupture et de renaissance avec angles de vue intéressants.

Il est courant de lire dans les romans l’une ou l’autre version. On a, au choix, le point de vue de la personne quittée ou celui de la personne qui quitte. Ici, les deux personnages sont racontés et l’histoire se délie devant nous. Les secrets sont révélés et notre imaginaire se construit sur ce que Jenny et Ève veulent bien nous livrer sur leur vie respective.

Après une rupture amoureuse, s’ensuivent deux narrations. Deux façons de vivre une même histoire, et de vivre sa fin

Ecrire sur l’amour... et sur l’écriture
Le thème de la rupture amoureuse est plus que récurrent dans la littérature. Celui de femmes qui s’aiment l’est malheureusement trop peu. Que ce soit écrit par deux autrices lesbiennes l’est encore plus. Sans jouer essentiellement sur ce tableau, elles ont mis en avant deux femmes dans lesquelles tout un chacun peut se reconnaitre. Si on a aimé, si on a quitté, si on a été quitté, il est facile de se retrouver dans ce texte car, au-delà de la rupture des deux femmes, se dessinent entre ces pages d’autres genres de pertes, tout aussi universelles.

À travers les deux personnages principaux se joue la question de la limite de la création littéraire. Sans en révéler l’intrigue, il y est question d’écriture et de consentement pour devenir un sujet de roman. Quoi écrire, comment écrire et sur qui écrire… ces questions sont celles de Jenny et d’Ève mais aussi de Fanny Chiarello et de Wendy Delorme qui évoque la création avec ces mots "j’ai compris que vraiment tout est possible en littérature, tant que ce n’est pas gratuit, tant qu’il y a du sens".

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Chapitre après chapitre, une voix après l’autre, Jenny et Ève se dévoilent. Le passé hanté de l’une vient contrebalancer le présent plus lumineux de l’autre et chacune à leur tour, elles arrivent à avancer, à leur rythme, à se demander comment vivre l’une sans l’autre.

Si Fanny et Wendy ont inséré des éléments de leur histoire personnelle dans cette fiction, elles sont arrivées à mener d’un bout à l’autre un récit doux mais également légèrement âpre en y apposant leur originalité et réussissant à concilier leurs voix et leurs écritures. Les deux autrices n’ont pas simplement écrit un livre sur une rupture, elles ont écrit sur ce que l’amour donne et reprend.

L’évaporée, 184 pages, Cambourakis, 2022.

Pour aller plus loin dans les œuvres de chacune des deux autrices, prenez le temps de découvrir Viendra le temps du feu de Wendy Delorme aux éditions Cambourakis et La vie effaçant toutes choses de Fanny Chiarello aux éditions de l’Olivier.

*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/levaporee-de-fanny-chiarello-et-wendy-delorme-une-rupture-amoureuse-et-des-renaissances-11091237

Voir les commentaires

Où trouver de la sororité ?

25 Octobre 2022, 00:34am

Publié par hugo

Où trouver de la sororité ?

22 oct. 2022 à 14:06

Temps de lecture
5 min
Par Stéphanie Brumat*, une chronique pour Les Grenades
Les Grenades
Chroniques
FEMINISME
SOLIDARITE
FEMME
SORORITE
PARTAGER


"Nous sommes solidaires parce que militantes, pas parce que femmes". Ainsi résume Nadine Plateau sa relation au concept de sororité lors d’un débat organisé par le Festival des Libertés ce lundi 17 octobre avec plusieurs invitées. Cette année, le festival a choisi de porter un regard féministe sur sa thématique annuelle "déchainer les liens ".

Pour Nadine Plateau, féministe de longue date et cofondatrice de la maison des femmes de Bruxelles et de Sophia, le réseau de coordination des études de genre, la sororité est un terme avec lequel elle n’est pas toujours à l’aise tant il est évocateur de lien familial, mais elle nous rappelle aussi que le concept a toujours fait débat au sein des mouvements féministes. "Dans les années 70, il y avait déjà des divergences, mais nous avons privilégié ce qui nous unissait et relégué au deuxième rang les conflits politiques, religieux et autres".

Déjà à l’époque, l’idée de sororité était associée au concept de non-mixité, pratique de se rassembler entre personnes appartenant à un ou plusieurs groupes perçus comme ‘opprimés’ en excluant les individus appartenant au groupe perçu comme ‘dominant’ et caractéristique de certains mouvements féministes, LGBT ou anti-racistes.

"Lorsque nous avons découvert l’émerveillement de l’entre-femmes, nous avons compris que nous avions été dressées les unes contre les autres, et avons découvert que nous avions en commun la lutte contre le patriarcat". Pour Nadine Plateau, la sororité serait un lien social de solidarité qui n’acquerrait son sens que dans un combat féministe.

À lire aussi
Sororité: pour ou contre?

Partager des expériences communes
La non-mixité comme moyen pour des personnes s’estimant subir des discriminations systémiques de partager des expériences communes est pour Fatma Karali, elle aussi présente au festival, une partie essentielle du collectif Des Mères Veilleuses. Ce dernier est un espace d’échanges et d’entraide entre mères monoparentales qui leur permet de s’exprimer librement dans un endroit qu’elles considèrent sécure.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

De plus, pour Fatma, "être isolées ne nous permet pas de voir les violences systématiques qui nous sont faites […] rassembler les histoires individuelles par un faire commun, par la visibilisation de revendications communes" aboutirait en contrepartie à une solidarité politique entre femmes car "plus on combat le patriarcat, plus il y aura de sororité".

Pour Fatma, la sororité permet non seulement, un échange d’expériences du quotidien, de conseils, d’humour, dans un débat serein mais ce serait grâce à cette sororité que les femmes se sortiraient de situations difficiles dans des contextes où l’État est défaillant. 

Nous avons compris que nous avions été dressées les unes contre les autres

C’est bien ce qu’a vécu Cécile Kakozi, aide-soignante habitant en Belgique depuis 2014, pour qui la sororité a pris une forme très concrète dans l’aide que lui a apporté son amie migrante pour payer le crédit téléphonique dont elle avait besoin afin d’appeler son avocat pendant ses 4,5 mois d’enfermement en centre d’accueil lors de sa procédure de demande d’asile.

"Parfois on ne parlait pas la même langue, on n’avait pas les mêmes origines, mais on se soutenait", raconte-t-elle. Lorsque Cécile Kakozi est relâchée, toujours sans papiers, elle tombe enceinte et est dans la foulée abandonnée par le père de sa fille. "Tu fais ce que tu peux pour t’en sortir. J’ai fui la guerre chez moi, ici aussi c’est une autre guerre, silencieuse." Cette fois, c’est encore son amie qui lui vient en aide pour garder sa fille lorsqu’elle décide de suivre une formation d’aide-soignante, métier qu’elle exerçait dans son pays.

À lire aussi
Quel accès aux soins de santé pour les femmes migrantes ?

Un outil de protection
"La véritable solidarité politique, c’est apprendre à lutter contre des oppressions qu’on ne subit pas soi-même". Cette phrase de bell hooks pourrait être l’adage d’Adriana Costa Santos, qui, arrivée à Bruxelles lors de la crise de l’accueil de 2015 devient coordinatrice et co-présidente de la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés.

Son engagement auprès des migrant·es l’amène à une conscience politique plus aiguisée et confrontée aux violences spécifiques vécues par les femmes migrantes, Adriana Costa Santos co-crée Sister’s House, un centre d’hébergement dédiées aux femmes migrantes et organisé exclusivement par des femmes. "La non-mixité s’y est imposée pour créer un sentiment de sécurité et un lien de confiance avec ces femmes. Mais même parmi celles qui s’engagent, on n’est pas exempte de relations de domination et la sororité nait de ce décentrement et du fait de laisser la place à celles qu’on essaie d’aider", souligne-t-elle.

À lire aussi
La Sister's House déménage pour continuer à héberger les femmes migrantes

C’est précisément argument de la reproduction de rapports de domination au sein même des groupes non-mixtes qu’invoquent les détracteurs accusant la non-mixité de recréer une inégalité entre individus, sous couvert de la supprimer.

Adriana Costa Santos en est bien consciente et s’évertue dans ses actions à "créer une place ‘pour’plutôt que d’effacer les différences de statut. La sororité se construit dans l’intime, et pour nous, la non-mixité choisie s’est imposée en tant qu’outil de protection pour les femmes ayant subi des violences". Pour Adriana Costa Santos, allier la volonté de créer un espace de rencontre et de "laisser exister le spécifique" à certains moments en se retrouvant en non-mixité permettrait d’enrichir, d’apporter une finesse d’analyse aux personnes concernées.

Parfois on ne parlait pas la même langue, on n’avait pas les mêmes origines, mais on se soutenait

Pour Nadine Plateau, il est important de combattre l’accusation des détracteurs de la non-mixité qui la qualifie de discriminatoire et essentiel de respecter le besoin de non-mixité pour "élaborer des savoirs et acquérir de la force nécessaire pour se défendre dans la société".

À lire aussi
Un atelier en non-mixité: racisme ou safe space?

Une notion riche et fertile
Peut-être ce qu’il faut retenir du débat est la notion que la sororité conflictuelle ou sororité dans le conflit n’est pas contradictoire, bien au contraire, elle serait riche et fertile.

Nadine Plateau avance l’idée, reprenant la définition du féminisme de Françoise Collin selon laquelle le féminisme devrait être "un espace politique où les personnes diverses s’affrontent sans remettre en question l’objectif fondamental du féminisme, au sein des conflits multiples, on peut négocier et se mettre d’accord". Mais ce qui manquerait serait précisément l’espace où se rencontrer dans un minimum de respect mutuel, de débat apaisé où "essayer de voir pourquoi on n’est pas d’accord. Afin de faire bouger les choses."

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Nadine Plateau choisit de voir comme une richesse le paysage féministe actuel qu’elle qualifie de pluriel et fragmenté et conclut "Féminisme des marges ou féminisme mainstream, tout est bon, tout fait avancer la cause."

"Aucune de nous n’est détentrice de la vérité, mais chacune peut, à partir de sa position et de sa compétence, exercer sa vigilance et son action dans le domaine qui lui est propre, tout en restant attentive aux initiatives des autres et en soutenant activement certaines démarches plus globales", nous dit d’ailleurs Françoise Collin. Une belle façon de continuer ce débat !

À lire aussi
Les féministes, "les petites-filles des sorcières que Twitter n’arrive pas à brûler"

Faut-il parler du féminisme ou… des féminismes ? – Les Grenades, série d’été

Les Grenades - Série d'Eté
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
*Stéphanie Brumat est une réalisatrice italo-vénézuélienne formée à la Tisch School of the Arts de la New York University et à la Vancouver Film School. Ancienne productrice à la BBC Television, elle est réalisatrice indépendante en Belgique depuis 2017.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/ou-trouver-de-la-sororite-11090498

Où trouver de la sororité ? - rtbf.be

Voir les commentaires

Où en est-on dans la représentation télévisée de l’intersectionnalité ?

25 Octobre 2022, 00:30am

Publié par hugo

 Où en est-on dans la représentation télévisée de l’intersectionnalité ?

21 oct. 2022 à 17:57

Temps de lecture
5 min
Par Lysiane Colin*, une chronique pour Les Grenades
Les Grenades
Culture & Musique
Actu médias
FEMINISME
TELEVISION
FEMME
SERIE
REPRESENTATION
LGBTQIA+
PARTAGER


Cet article est le résumé d’un mémoire, ce travail de recherche universitaire est publié en partenariat avec le master Genre.

Après onze ans d’absence, les personnages de Sex and the City (SATC) sont enfin de retour depuis 2021 sur nos petits écrans avec la série And Just Like That…

Cette dernière était extrêmement attendue par les fans de SATC, le programme original étant connu pour son portrait novateur de l’amitié féminine, introduisant la notion de sororité, ainsi que ses discussions sur la sexualité des femmes. La popularité de Carrie, Charlotte, Samantha et Miranda va d’ailleurs au-delà de la sphère médiatique, la série étant étudiée dans nombre de recherches académiques.


En 2017, une nouvelle série diffusée sur la chaîne américaine Freeform (précédemment connue sous le nom d’ABC Family) est présentée comme le nouveau Sex And The City : The Bold Type. Le programme est créé par Sarah Watson et se base sur l’ancienne rédactrice en chef du magazine Cosmopolitan, Joanna Coles. Tout comme SATC, The Bold Type ancre sa narration dans la ville cosmopolite de New York et raconte l’histoire de (trois) jeunes femmes évoluant ensemble dans leur vie professionnelle et privée.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

La série dépeint la sororité féminine au centre de sa narration, sans oublier ses thématiques sur la sexualité féminine, le girl power et son parti-pris féministe. Toutefois, un élément démarque The Bold Type de son prédécesseur : le portrait central de l’intersectionnalité.


À lire aussi
Les séries, vectrices de représentations qui changent la donne

The Bold Type : diversité et émancipation des personnages féminins
La série s’inscrit dans le contexte post-féministe actuel, ainsi que dans la quatrième vague de féminisme. The Bold Type représente une diversité de personnages féminins dans une optique intersectionnelle (intégrant l’ethnicité, l’âge, l’orientation sexuelle, la classe, etc. à ses portraits féminins) et donne voix à plusieurs perspectives féminines concernant les combats genrés actuels (notamment le mouvement #MeToo, le harcèlement sexuel, le body positivity, etc.)

À lire aussi
Où sont les personnes grosses à la télévision ?

Un des éléments centraux de la série concerne la représentation de la sororité et de l’entraide féminine à plusieurs niveaux, renversant les stéréotypes traditionnels apposés aux amitiés entre femmes. Que ce soit la rédactrice en chef, Jacqueline, qui pousse ses jeunes autrices à suivre leur passion et qui promeut le féminisme au travers de tous ces articles dans le magazine Scarlet ou le soutien mutuel que les trois personnages principaux s’accordent entre elles.

Cette sororité transperce aussi dans les thématiques, notamment par la mise en évidence du harcèlement sexuel, physique et moral des femmes sur le lieu de travail, ces lignes narratives montrant le pouvoir que l’entraide féminine a sur la visibilité de ces thèmes.

Enfin, The Bold Type est une série engagée qui aborde nombre de thématiques féministes liées aux genres, à la sexualité et aux femmes. Au travers de ses cinq saisons, la série couvre la fluidité sexuelle, le plaisir sexuel des femmes, le port du voile, le cancer du sein et son impact sur la "féminité", l’impact moral du harcèlement sexuel, l’émancipation des femmes, etc.

À lire aussi
Cinquante nuances de cinquantenaires

Kat Edison : nouvelle représentation de l’intersectionnalité
Toutefois, ce qui démarque réellement The Bold Type d’autres séries comme SATC ou Girls, c’est son portrait novateur d’un personnage intersectionnel dans un rôle principal sur une chaine TV publique aux États-Unis. L’intersectionnalité, qui tire ses principes du Black Feminism (un mouvement aux États-Unis datant des années 1970 qui critique le manque de prise en compte des femmes de couleur dans les mouvements féministes), est définit comme la prise en compte de toutes les caractéristiques sociales d’une personne afin de comprendre les discriminations qui la concernent. Il s’agit donc de voir une personne à l’intersection de son genre, son orientation sexuelle, son ethnicité, sa classe, etc.

Kat Edison est l’un des trois personnages principaux de The Bold Type. C’est une jeune femme biraciale et queer. Plusieurs éléments rendent sa ligne narrative novatrice : sa relation amoureuse avec une féministe lesbienne musulmane (Adina), sa place au sein d’un collectif féminin fort et la construction de son personnage au fil des saisons, complexifiant celui-ci dans ses caractéristiques intersectionnelles.


© Tous droits réservés
Kat est une jeune femme qui va se découvrir, autant sur les questions d’ethnicité que d’orientation sexuelle, et qui va utiliser son expérience afin d’aider d’autres femmes intersectionnelles dans leurs combats, premièrement par les réseaux sociaux puis par la politisation de son combat au sein d’une campagne politique.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

L’actrice jouant Kat, Aisha Dee, dit de son personnage : "[Kat] n’est pas juste la ‘meilleure amie’ du personnage blanc. Elle est émancipée et confiante […] Kat Edison : sans remord, franche, courageuse, la femme que j’ai toujours voulu être. […] Elle prend position et défend sa propre personne et toute autre voix marginalisée afin d’avoir un impact sur les changements [sociétaux]". Son personnage se définit donc comme une jeune femme qui ne demande qu’à être entendue, au-delà de son image et des préjugés que les autres ont sur elle.

En décembre 2021, au moment de la première diffusion de And Just Like That…, nous perdions l’écrivaine et militante afro-américaine bell hooks. Ses contributions concernant le Black Feminism et l’intersectionnalité ont dépassé les frontières des États-Unis et son héritage est présent au sein même de la pop culture.

À lire aussi
Décès de l’autrice féministe afro-américaine bell hooks

L’intersectionnalité est plus que jamais d’actualité : elle a enfin percé à la télévision et offre une multitude de portraits tous plus complexes les uns que les autres (par exemple celui de Rue dans Euphoria, Mia dans Little Fires Everywhere ou Elena dans One Day At a Time).

Ces personnages ont besoin de visibilité à la télévision et dans les autres médias, afin que plus de personnes puissent se retrouver dans la culture populaire actuelle.

Quelle visibilité pour les personnes LGBTQIA+ - Les Grenades, série d'été

Les Grenades - Série d'Eté
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
*Lysiane Colin est diplômée en Information et Communication, en Cinéma et en Études de genre. Elle est très intéressée par tout ce qui touche au féminisme, à l’intersectionnalité, aux droits des femmes et des personnes LGBTQ+. Son domaine de compétence concerne les représentations des femmes, de la sexualité et de l’intersectionnalité dans les médias de la pop culture.


© Tous droits réservés
Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/ou-en-est-on-dans-la-representation-televisee-de-lintersectionnalite-11090402

Voir les commentaires

<< < 10 20 30 40 41 42 43 44 > >>