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Régine Kiasuwa Mbengi : "C’est important que les jeunes filles s’accrochent pour poursuivre leur chemin vers les sciences"

8 Avril 2023, 13:32pm

Publié par hugo

 Régine Kiasuwa Mbengi : "C’est important que les jeunes filles s’accrochent pour poursuivre leur chemin vers les sciences"

© Tous droits réservés

01 avr. 2023 à 14:52

Temps de lecture5 min
Par Jehanne Bergé pour les Grenades
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En Belgique aujourd’hui, les femmes restent largement minoritaires dans les carrières liées aux technologies et aux sciences. Pour lutter contre ces écarts et déconstruire les stéréotypes genrés, Les Grenades partent à la rencontre de femmes actives dans le monde des sciences, de la tech’ ou de l’ingénierie.

Aujourd’hui, direction Sciensano, l’Institut fédéral de santé publique, dont une partie des bureaux est située en face de la gare du Midi. Si depuis la pandémie le nom de l’institution est entré dans tous les foyers, les recherches qui y sont menées dépassent largement le Covid19.

Derrière les murs de cet organisme, c’est l’ensemble des menaces sur la santé publique que l’on tente de prévenir, évaluer et limiter. Plongeons dans les coulisses avec Régine Kiasuwa Mbengi, 38 ans, chercheuse au centre du cancer où elle œuvre en tant que cheffe de l’unité "soins de support". Dans son bureau de la tour Eurostation, elle revient sur son parcours…

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Prendre sa place en tant que jeune fille métisse
Issue d’un mariage mixte entre un père congolais et une mère roumaine, Régine Kiasuwa Mbengi grandit dans un environnement multiple. À l’extérieur du foyer, cependant, les choses ne sont pas toujours simples… "Aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’enfants métisses, mais à l’époque nous étions relativement rares. On me demandait toujours : ‘tu te sens blanche ou noire ?’ C’était très compliqué pour les personnes de comprendre que je n’étais ni l’une ni l’autre, mais les deux. En grandissant, ces questions identitaires ont joué sur ma confiance en moi."

Intéressée tant par les mots que par les labos, à l’adolescence, elle opte finalement les sciences et les maths. Elle fait alors partie de la minorité de filles de l’option maths fortes. "Nous ne formions qu’un quart des élèves, mais je ne me souviens pas avoir senti de discriminations à notre égard. Moi je poursuivais mon chemin sans me soucier des stéréotypes, j’aimais ces matières."

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La santé publique, entre sciences humaines et médicales
Après la rhéto, elle quitte la capitale pour Gembloux où elle part étudier l’agronomie. "Je n’ai pas du tout aimé. Ça a été très dur, j’ai souffert d’une petite dépression. Avec le recul, je trouve qu’on orientait assez mal les jeunes sur les possibilités d’avenir.”

De retour à Bruxelles, elle ouvre ses horizons et finit par s’inscrire au sein de la faculté de sciences politiques. Ensuite, c’est un peu par hasard qu’elle découvre l’École de Santé publique et prend la décision d’y poursuivre un Master en sciences de la santé publique, orientation organisation et gestion des systèmes de santé. "Ma mère et ma sœur sont infirmières, mon père, prof de gym ; j’ai toujours baigné dans la santé."

Parfois, les gens sont surpris lorsqu’ils ou elles apprennent que c’est moi la responsable et pas l’une de mes collègues blanches

La matière, à cheval entre les sciences humaines et les sciences médicales, lui plait alors énormément. À l’issue de ses études, elle entre à l’Observatoire social européen. En 2012, elle entre au centre du cancer de Sciensano où sont traités nombre de questions de santé publique : de la prévention, au dépistage, en passant par les soins…

Creuser la réalité professionnelle des survivant·es
Peu après son arrivée au centre du cancer, Régine Kiasuwa Mbengi démarre un doctorat en santé publique autour de la réinsertion professionnelle des personnes après la maladie. "Lorsque j’ai commencé, la question du survivorship – c’est-à-dire tout ce qui est relatif à l’après-cancer – n’était pas encore très développée en Belgique. À travers mon doctorat, j’ai mesuré le retour au travail après cancer afin de comprendre les difficultés spécifiques des différent·es patient·es et proposer des solutions à mettre en place au niveau sociétal."

En menant ses recherches, elle observe alors notamment de grandes disparités liées au genre. "De manière générale, les femmes rencontrent plus de difficultés concernant le retour à leur activité professionnelle, entre autres pour des raisons médicales, le traitement du cancer du sein étant souvent multimodal et provocant des symptômes plus forts et à plus long terme. Aussi, il y a la charge familiale qui reste plus importante pour les femmes qui doivent donc combiner leur maladie avec d’autres facteurs."

Notre invisibilité dans les domaines scientifiques est criante

Pionnière de la question de l’après-cancer en Belgique, son domaine a pris une véritable ampleur, puisque la chercheuse dirige aujourd’hui une unité dédiée au sein du centre du cancer. "En réalisant mon doctorat sur le sujet, j’ai construit un réseau. Je suis très contente d’avoir créé cette unité, d’avoir un impact et de proposer des perspectives."

La nécessité de multiplier les représentations
Régine Kiasuwa Mbengi est l’une des rares personnes racisées occupant un poste à responsabilité chez Sciensano. "Avant d’en parler avec vous, je n’avais pas prêté attention à la présence des femmes non-blanches, mais maintenant que je me pose la question, franchement notre invisibilité dans les domaines scientifiques est criante, que ce soient au sein des institutions publiques fédérales ou régionales ou dans le monde académique…"

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Selon elle, il est important de multiplier les représentations pour éveiller les vocations, mais aussi de déconstruire les stéréotypes de notre société. "Je pense que l’un des facteurs qui causent cet écart est lié à l’éducation. Les jeunes filles noires ou métisses peuvent être élevées avec l’injonction de ‘ne pas trop espérer’. Ce n’est pas la faute de leurs parents, mais une des conséquences du racisme structurel. Ce mécanisme et le manque de modèles peuvent créer une autocensure."

En effet, le syndrome d’imposture qui touche majoritairement les femmes est encore amplifié en ce qui concerne les femmes racisées qui subissent une multiplication des oppressions. "Parfois, les gens sont surpris lorsqu’ils ou elles apprennent que c’est moi la responsable et pas l’une de mes collègues blanches. Je n’en fais pas un combat, mais oui, j’espère que les choses évolueront… Certaines écoles sont connues pour leur grande diversité socioculturelle, c’est important que les entreprises, les institutions se rendent à la source pour encourager les jeunes à rejoindre les filières scientifiques…"

Son conseil aux jeunes femmes qui voudraient se lancer dans une carrière scientifique : "Il faut que les jeunes filles s’accrochent pour poursuivre leur chemin vers les sciences. Pour les filles issues de la diversité, la difficulté est double : la matière scientifique et les obstacles socioculturels. Mais quoi qu’il arrive, je leur conseillerais de ne pas se laisser démoraliser, d’y aller et de poser des choix qui leur permettent de s’épanouir et d’être heureuses."

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Rania Charkaoui, pour plus de diversité dans les STEM dès l’université

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https://www.rtbf.be/article/regine-kiasuwa-mbengi-cest-important-que-les-jeunes-filles-saccrochent-pour-poursuivre-leur-chemin-vers-les-sciences-11176728

PETITE  QUESTION ,  vous pouvez  repondre de facon super correcte svp  

les hastaG OU CATEGORIES  femmes  science  cela  vous vas ??  OU SCIENCE  FEMMES  OU AUTRES ?? j attend  vos suggestions ????

 

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Liane Ranieri, première femme journaliste radio à l’INR, vient de nous quitter

8 Avril 2023, 13:22pm

Publié par hugo

 Liane Ranieri, première femme journaliste radio à l’INR, vient de nous quitter
Liane Ranieri, le 1er octobre 1986, lors d’une émission pour parler de son livre "Emile Francqui ou l’intelligence créatrice".
© RTBF

31 mars 2023 à 15:17

Temps de lecture3 min
Par Miguel Allo
Belgique
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Liane Ranieri
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La journaliste et historienne Liane Ranieri est décédée à l’âge de 93 ans, a-t-on appris ce 31 mars par sa famille.

C’est en janvier 1955 que Liane Ranieri (de son vrai nom Liliane Isgour-Ranieri) commence sa carrière de journaliste-éditorialiste au journal parlé à l’INR (Institut National de Radiodiffusion) qui deviendra en 1960 la RTB/BRT. Elle est alors la première femme à accéder à ce poste et "elle en était assez fière", nous dit Jean-Pierre Jacqmin, directeur de l’Information et des Sports à la RTBF, qui l’a connue bien plus tard.

Philippe Caufriez, ancien directeur de Musiq’3 qui a aussi contribué à fonder la Sonuma (les archives audiovisuelles) est l’un des auteurs de l’ouvrage "100 ans de radio en Belgique". Il s’était entretenu en 2006 avec Liane Ranieri et il se souvient "qu’elle était fière en tant que femme d’avoir été pionnière dans le domaine de l’information". Il rappelle que des femmes occupaient des postes de chroniqueuses, etc. à l’INR en 1955, "mais apparemment le journal parlé (JP) était une chasse gardée des hommes à l’époque. Donc, c’est vrai que sa présence au JP participe globalement d’une émancipation de la femme dans ce domaine particulier de l’information quotidienne".

Son fils, l’avocat au Barreau de Bruxelles Marc Isgour, se souvient : "Elle était consciente qu’elle était dans un monde d’hommes" et "elle recevait parfois à l’époque des appels téléphoniques au cours desquels des auditeurs lui disaient de retourner dans sa cuisine, car une femme n’avait rien à faire à la radio". Il ajoute : "Je ne crois pas que c’était une féministe au sens strict du terme, mais elle s’intéressait au sort des femmes".

Ci-dessous, un extrait d’une archive datant du 15 septembre 1959. On entend Liane Ranieri commenter l’arrivée du président du conseil soviétique Nikita Khrouchtchev sur le sol américain pour y rencontrer le président Dwight David Eisenhower.


Liane Ranieri : (Extrait) arrivée de Khrouchtchev sur le sol américain pour une rencontre avec Eisenhower
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Un souvenir avait marqué la carrière de la journaliste : la mise en orbite du Spoutnik, le premier satellite artificiel lancé par l’URSS le 4 octobre 1957. "Elle m’avait cité le Spoutnik avec ce petit bip-bip caractéristique et dont c’était la seule chose qu’on a connue du Spoutnik pendant des jours", raconte Philippe Caufriez.

Liane Ranieri avait fait enregistrer le son pour le diffuser dans son journal.


Son caractéristique du Spoutnik
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En y travaillant de 1955 à 1968, Liane Ranieri a vécu toute l’évolution du journal parlé. Rappelons qu’en 1955 il n’y a encore que 6 journaux par jour, dix ans plus tard, il y aura 19 bulletins d’informations quotidiens. Notons aussi, pour situer l’époque, que le premier journal en télévision réalisé par l’INR n’arrivera qu’en 1956, jusque-là c’était un relais du journal télévisé de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française). Elle vivra donc aussi le repositionnement de la radio par rapport à la télévision.

Une carrière multiple
En 1968, toujours à la RTBF, Liane Ranieri devient cheffe du Service de documentation de l’information. Enfin de 1988 à 1993, elle occupera le poste de chargée de recherches.

Mais Liane Ranieri n’a pas uniquement travaillé à la RTBF. Elle a aussi, dès 1963, été professeure aux Facultés des Sciences administratives et des Sciences économiques à l’Institut Supérieur Cooremans. Et ensuite, professeure suppléante à la section journalisme et communication sociale à l’Université libre de Bruxelles (ULB).

Outre le journalisme, elle a aussi étudié l’histoire "contre l’avis de son père qui était assureur", explique son fils. Philippe Caufriez note aussi : "C’était une historienne qui avait indiscutablement une rigueur dans le traitement de l’information, une rigueur intellectuelle tout court. Au-delà de la présentation des journaux parlés, c’était quelqu’un qui avait un regard d’analyse, de commentaires et un regard critique que lui permettait sa formation d’historienne".

La docteure en histoire a publié trois ouvrages historiques : Les relations entre l’État indépendant du Congo et l’Italie. À ce propos, notons qu’elle était la petite fille de Sylvio Ranieri, célèbre joueur de mandoline italien et qu’elle a toujours été intéressée par la République démocratique du Congo.

Elle a aussi écrit : Léopold II urbaniste et Emile Francqui ou l’intelligence créatrice, 1863-1935.

Ci-dessous, un extrait de l’émission "Écritures", le 1er octobre 1986. Liane Ranieri présente son livre : "Émile Francqui ou l’intelligence créatrice, 1863-1935".


Liane Ranieri pour "Emile Francqui ou l'intelligence créatrice"
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La RTBF présente ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
https://www.rtbf.be/article/liane-ranieri-premiere-femme-journaliste-radio-a-linr-vient-de-nous-quitter-11159896

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Game On : interview d’Eímear Noone, cheffe d’orchestre et compositrice de musiques de jeux vidéo

8 Avril 2023, 12:58pm

Publié par hugo

 Game On : interview d’Eímear Noone, cheffe d’orchestre et compositrice de musiques de jeux vidéo

© RTBF iXPé

31 mars 2023 à 12:38

Temps de lecture3 min
Par Marine Stroili

iXPé

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Hier soir, Bozar a vibré aux musiques de Super Mario, Final Fantasy, World of Warcraft ou encore Diablo. Dirigé d’une main de maître par Eímear Noone, l’orchestre était prêt à ravir les fans de jeux vidéo.
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Hier soir à Bozar se tenait donc la première représentation de Game On où l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, le Choeur Symphonique de Namur et bien sûr Eímear Noone ont fait littéralement vibrer de plaisir un public qui a été conquis durant les deux heures et demie de concert.

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Les salles prestigieuses belges où résonnent d’habitude de la musique classique ou contemporaine ont besoin de représentations de musiques de jeux vidéo. Ces dernières, leurs compositeurs et compositrices sont bien conscients qu’ils doivent beaucoup à l’univers du classique pour s’être édifié comme un genre en tant que tel.

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C’est dans ce cadre que nous avons donc rencontré Eímear Noone. Elle se confie sur son parcours dans la musique vidéoludique, ses rôles, ses compositions.

Racontez-nous votre parcours !
J’ai travaillé sur de nombreux jeux vidéo et dans des rôles différents. La toute première fois où mon nom est apparu dans les crédits d’un jeu vidéo, c’était dans Metal Gear Solid. Je faisais partie de la chorale ! (rires)

Ensuite, j’ai travaillé sur World of Warcraft en interprétant des musiques du compositeur Jason Hayes pour un orchestre. J’ai également travaillé sur la composition musicale de l’extension Warlords of Draenor.


© RTBF iXPé
Par après, j’ai dirigé les musiques d’Overwatch, Hearthstone, Diablo III, Starcraft II. J’ai également composé une partition pour un concert qui accompagnait la sortie de The Legend of Zelda : Skyward Sword, pour les 25 ans de la licence. Je suis d’ailleurs très enthousiaste pour la sortie de Tears of the Kingdom !

A l’heure actuelle, je peux vous dire que je travaille, avec mon mari et compositeur Craig Garfinkle, sur la composition musicale d’un jeu vidéo triple A. Mais je ne peux évidemment pas vous révéler le projet ! Peut-être l’année prochaine sur scène, qui sait ?


© RTBF iXPé
Comment aborde-t-on le travail de composition sur une œuvre aussi importante de la pop culture comme World of Warcraft ?
World of Warcraft est devenu tellement influent. Quand j’ai commencé à travailler pour le jeu, je n’avais littéralement aucune idée de l’importance et de la célébrité dont le jeu allait jouir.

Pour le dixième anniversaire de WoW, je pense qu’il y avait des millions de joueurs et de joueuses ! Le succès du jeu était vraiment imprévisible. Ça fait quelque chose de savoir que notre musique était écoutée partout dans le monde : en Chine, au Moyen-Orient, aux États-Unis, en Europe.

Quand j’y repense, la première session d’enregistrement musical pour WoW n’était pas très prometteuse (rires). On avait pourtant mis tout notre cœur dedans !


© RTBF iXPé
Quelle est la vision du jeu vidéo dans le milieu de la musique orchestrale ?
Je pense que le milieu orchestral commence à s’habituer au concept, au genre qu’est la musique de jeux vidéo. C’est désormais un genre reconnu aux cérémonies comme les Grammy, les BAFTA et bien d’autres.

C’est clairement devenu un genre à part entière, comme les musiques de films, tout dépend de l’univers du jeu, à quoi le jeu ressemble.

Je n’ai jamais écrit une seule note de musique sans imaginer la façon dont elle sonnerait dans un orchestre.

Il me semble que des sons fantastiques provenant d’orchestre soient désormais devenus synonymes de musiques de jeux vidéo. Les orchestres avec lesquels j’ai travaillé adorent ça, justement.


© RTBF iXPé
Nous, compositeurs et compositrices, nous adorons les orchestres et nous pensons à ces détails : qui joue de quel instrument, la façon dont une mélodie sera jouée et surtout… Comment emballer le public et les faire voyager durant nos concerts ! Je n’ai jamais écrit une seule note de musique sans imaginer la façon dont elle sonnerait dans un orchestre.

Quel est votre premier souvenir concernant la sphère du jeu vidéo ?
Je me souviens de jouer à Super Mario Bros. avec mes frères. Étant Irlandaise, vous savez qu’il pleut très souvent en Irlande, et bien je passais mon temps à jouer de la musique, écrire de la poésie et… à jouer à des jeux vidéo !

Je me souviens aussi de jouer un peu à Madden Sports mais ce n’était pas trop mon truc. Du coup, j’étais très heureuse quand les jeux vidéo de type RPG sont devenus de plus en plus courants chez nous.

Les RPG (et MMORPG) ont provoqué en moi un enthousiasme encore plus grand en ce qui concerne le gaming.


© RTBF iXPé
Je n’en croyais pas mes yeux lorsque j’ai vu pour la première fois la cinématique de World of Warcraft. J’ai senti que c’était réellement quelque chose de nouveau et de spécial. J’étais très enthousiaste à l’idée de savoir où les RPG allaient nous mener, culturellement parlant.

Game On, ça continue encore ce soir et demain à la Salle Philharmonique de Liège ! Rendez-vous dans une ambiance impériale où les compositions d’Eímear Noone, Koji Kondo, Yoko Shimomura, Darren Knob ou encore Gustavo Santaolalla sauront vous transporter.


https://www.rtbf.be/article/game-on-interview-deimear-noone-cheffe-dorchestre-et-compositrice-de-musiques-de-jeux-video-11176073

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Lisette Lombé sera la nouvelle poétesse nationale

29 Mars 2023, 04:19am

Publié par hugo

 Lisette Lombé sera la nouvelle poétesse nationale

© Gilles Fischer

il y a 7 heures

Temps de lecture1 min
Par Belga édité par A.P.
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La Maison poème a annoncé officiellement mardi à Bruxelles que Lisette Lombé sera la nouvelle poétesse nationale dès janvier 2024. La poétesse, slameuse et plasticienne succédera à l’actuel poète national, Mustafa Kör, et deviendra ainsi la sixième personne à endosser ce rôle.

"Quand les partenaires m’ont proposé cette mandature, j’ai hésité", affirme-t-elle. "Les langues étrangères ont toujours été mon talon d’Achille. Mais cette langue du cœur, je la porte. Ces projets, je les porte", a poursuivi la poétesse. Elle affirme que durant les deux années en tant que poétesse nationale, son ambition est de faire en sorte que les poètes des différentes communautés linguistiques se croisent. Qu’ils soient francophones, néerlandophones ou germanophones. L’autrice explique par ailleurs que de nombreux mots-clés marqueront sa mandature de poétesse nationale comme les prisons, les hôpitaux, les espaces publics, ou encore les collectifs. "Le mot 'utile', au sens noble, couronne le tout", explique-t-elle.

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Rencontre avec Lisette Lombé, une poétesse aux multiples facettes

"Ce qui m’intéresse, ce sont les personnes très éloignées de la littérature." L’actuel poète national Mustafa Kör était également présent pour l’occasion. Le poète flamand a symboliquement remis un crayon à celle qui lui succédera d’ici quelques mois, avant de lire trois de ses poèmes. La future poétesse nationale en a fait de même et a lu une de ses dernières œuvres. Comme le veut la tradition depuis la création du statut de poète national en Belgique en 2014, une alternance est établie entre les différents groupes linguistiques. Dès 2024, ce sera donc une francophone qui endossera le titre de poétesse nationale, après la mandature du limbourgeois Mustafa Kör.


https://www.rtbf.be/article/lisette-lombe-sera-la-nouvelle-poetesse-nationale-11174666

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"Martin fait de la danse" : un outil pour dégenrer les activités extrascolaires

29 Mars 2023, 04:16am

Publié par hugo

 "Martin fait de la danse" : un outil pour dégenrer les activités extrascolaires

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lundi dernier à 17:27

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Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Oui, les filles peuvent jouer au foot. Oui, les garçons peuvent aimer le ballet. Si ces affirmations semblent aller de soi, dans la pratique, les inégalités de genre quant à l’accès aux activités extrascolaires sont bien réelles…. À Schaerbeek, le secteur se retrousse les manches pour déconstruire les stéréotypes et proposer des pratiques plus inclusives.

Une éducation non discriminatoire permet à chacun·e d’évoluer selon ses choix et de trouver sa voie. Si la déconstruction des stéréotypes de genre entre (parfois encore difficilement) dans les classes à travers les animations EVRAS, les activités extrascolaires, elles, restent trop souvent un angle mort de la lutte contre le sexisme.

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C’est en tout cas le constat de Mathilde Fanuel et Geoffrey Dony qui ont réalisé un état des lieux de leur commune au sein du Service Accueil Extrascolaire de Schaerbeek. "Nous avons découvert que certains enfants ne pouvaient pas exercer l’activité de leur choix, car celle-ci était destinée à un genre spécifique en raison des stéréotypes. Par exemple, nous avons rencontré une maman qui ne trouvait pas de club de foot pour sa fille, ou un enfant mal à l’aise de commencer la danse et de se retrouver le seul garçon du groupe… Se sentant exclu·es de leur activité de prédilection, ces enfants se sont tourné·es vers d’autres options", introduit le duo.

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Partir des réalités de terrain
C’est pour faire bouger les lignes que l’équipe a créé "Martin fait de la danse", un outil pédagogique à destination des professionnel·les de l’enfance (2,5 – 12 ans). Leurs objectifs ? Informer, participer à la prise de conscience du poids des habitudes sexistes et œuvrer à la mise en place de bonnes pratiques. "Pour construire cet outil, nous avons interrogé des familles, des enfants et des professionnel·les de terrain. Aussi, nous avons épluché nombre d’études, et avons constaté que très peu de recherches de genre avaient été menées à propos du secteur de l’accueil extrascolaire…", explique Mathilde Fanuel.

Ce qui compte, c’est que tous les enfants puissent être accepté·es tel·les qu’ils et elles sont !

Il était grand temps de poser le sujet sur la table ! "Martin fait de la danse" (dont le nom fait référence aux albums de jeunesse pas toujours très déconstruits du passé) interroge les représentations sexuées et genrées. Outre les passages théoriques, l’outil est ponctué de paroles recueillies auprès des professionnel·les et des enfants. Certains témoignages sont édifiants, à l’instar de celui d’Adrien, 6 ans : "Je fais du sport de muscle, de la vitesse et je nage. Je ne pense pas que les filles elles font beaucoup de muscu. Elles font plutôt du bricolage ou de la danse."

Au fil des pages, on découvre de manière très claire que les comportements sexistes reflètent une socialisation et une éducation genrée, et ne pas s’y conformer, c’est courir le risque d’être exclu·e par ses pair·es.


© Tous droits réservés SAES Asbl – Design by Steppers Studio, illustrations Eve Brengard
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La cour de récré, un enjeu pour l’espace public de demain
Mathilde Fanuel et Geoffrey Dony observent que la différenciation se marque particulièrement à partir du passage à l’école primaire. L’autrice Judy Y. Chu (citée par Carol Gilligan dans le livre Pourquoi le patriarcat ?) relate l’initiation des garçons dans l’ouvrage When boys become boys : "aux codes de la masculinité qui requièrent pour eux d’abolir toute empathie et de masquer leur vulnérabilité, afin de leur permettre de revendiquer leur supériorité tout en évitant d’être rejetés par les autres."

Dans la cour, ceux qui s’identifient aux comportements masculins y occupent l’essentiel de l’espace, tandis que les autres se voient obligé·es de rester à l’écart. "Martin fait de la danse" cite la géographe du genre Edith Maruéjouls qui met en avant l’inégal partage des espaces de loisirs.

Nous avons rencontré une maman qui ne trouvait pas de club de foot pour sa fille

Cette division genrée de l’espace installe un climat de domination, comme en témoigne une petite fille : "Le foot c’est pour les garçons parce qu’ils savent bien jouer et pas les filles. Je pense que ça embête les garçons quand les filles jouent. Je joue au foot surtout à la maison. J’ai déjà essayé de jouer après l’école, mais on m’a dit ‘dégage’. Je ne joue pas avec eux parce que je les embête donc je préfère le faire avec mon papa." "Les filles s’habituent dès le plus jeune âge à rester à l’écart. Et plus tard, cette invisibilisation se prolonge dans l’espace public", avance Mathilde Fanuel.

L’autocensure des petit·es et des grand·es
Les stéréotypes de genre opèrent à tous les niveaux, y compris chez les professionnel·les. L’énoncé des activités peut orienter le choix des enfants vers tel ou tel type de loisirs. Il peut en résulter une autocensure de la part des enfants qui s’interdisent alors certains jeux ou activités. Au sein même des animations, les comportements peuvent également être influencés. "Nous avons remarqué qu’inconsciemment, les animateur·rices adaptent leur langage en fonction du genre de l’enfant. Ils et elles ne s’adressent pas de manière identique à une petite fille ou à un petit garçon", éclaire Geoffrey Dony.

L’outil revient par ailleurs sur l’importance de l’effet pygmalion, le mécanisme selon lequel le fait de croire en la réussite de quelqu’un améliore considérablement ses probabilités de succès. "C’est au niveau inconscient, mais le ou la professionnel·le va investir ou désinvestir tel profil d’élève et les stimulations vont être différentes, et donc les capacités vont elles aussi être différenciées", nous expliquait Noah Gottlob à propos de cet effet dans le cadre d’un précédent article autour de la déconstruction des masculinités toxiques.

Par ailleurs, on connait l’importance des rôles models pour faire avancer les représentations. Problème, au sein des équipes d’animation, les stéréotypes sont parfois renforcés par les adultes qui reproduisent des rôles genrés. "On le voit, les animateurs ont tendance à proposer des activités plus sportives, et les animatrices des activités plus manuelles. Ce manque de représentations participe à l’exclusion des femmes des pratiques sportives. Par exemple, ce serait chouette qu’une animatrice soit l’arbitre pendant un match de foot", expose Mathilde Fanuel.

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Changer les pratiques pour un monde plus égalitaire
Loin de juger les pros du secteur, le Service Accueil Extrascolaire de Schaerbeek entend les accompagner. À partir de cet outil sorti en janvier, l’asbl propose désormais des animations à destination des professionnel·les du secteur. "On sent une ouverture. Bien sûr, il y a aussi des résistances au changement ou certaines personnes qui ‘ne voient pas de problèmes’. Mais on observe que ça bouge…", se réjouit le duo.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

En effet, dans le secteur, le message semble résonner. Suite à la parution du guide, lors des derniers congés scolaires, l’une des associations de la commune a décidé de modifier la thématique du stage en "Fais pas genre". "La directrice a reçu de nombreux appels des parents, parfois inquièt·es", explique Geoffrey Dony.

"Ce qui compte, c’est que tous les enfants puissent être accepté·es tel·les qu’ils et elles sont !", concluent Mathilde Fanuel et Geoffrey Dony. Il y a encore du travail, mais ensemble, petit à petit, les acteur·ices de terrain font évoluer la société.


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In Sylvianne Modrie We Trust, l’archéologie pour raconter la ville

29 Mars 2023, 04:13am

Publié par hugo

 LES GRENADES

In Sylvianne Modrie We Trust, l’archéologie pour raconter la ville

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25 mars 2023 à 12:57

Temps de lecture7 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Dans la série In… We Trust (en français : "Nous croyons en"), Les Grenades vont à la rencontre de femmes arrivées là où personne ne les attendait. Aujourd’hui, place à Sylvianne Modrie, archéologue attachée à la Direction du patrimoine culturel de la Région bruxelloise. Les mains dans le cambouis et l’œil avisé, la spécialiste participe à la sauvegarde et la préservation des matériaux de notre passé.

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Pour les non-initié·es, l’image de l’archéologue renvoie probablement à des fouilles d’ossements préhistoriques dans la terre, et ce, parfois loin de nos contrées…

Pourtant, pratiquer l’archéologie en plein centre-ville, par ici, c’est possible aussi. C’est même le quotidien de Sylvianne Modrie. Nous la retrouvons au Mont des Arts, à quelques pas d’urban.brussels, l’administration de la Région de Bruxelles-Capitale en charge de l’urbanisme et du patrimoine. Entre deux chantiers de fouilles, pour Les Grenades, elle revient sur son parcours.

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De la cour de récré aux premiers chantiers
Née en 1972, Sylvianne Modrie grandit dans les environs de Bruxelles. "Enfant, je ne sais pas si j’avais vraiment une idée précise de ce que je voulais faire plus tard… Dans la cour de récréation, je jouais souvent seule, j’étais dans mon monde…" C’est un peu par hasard que l’archéologie entre dans sa vie. "J’aimais bien chipoter dans la boue… Ma mère avait entendu parler de l’asbl Archelo-J qui proposait (et propose toujours !) des stages en Belgique pour que les jeunes puissent participer à des chantiers de fouilles." Dès l’âge de 12 ans, sans savoir qu’elle en fera un jour son métier, elle rejoint cette association de sensibilisation à l’existence et à la sauvegarde du patrimoine archéologique et architectural.

Tandis qu’à l’école, elle se distingue par les sciences, en s’inscrivant à l’université, c’est finalement vers l’histoire de l’art et l’archéologie qu’elle décide de se diriger. À l’issue de ses études, elle est engagée comme archéologue par la Région bruxelloise, le service lié aux compétences de gestion du patrimoine est alors en plein développement. Année après année, elle aiguise son regard et se spécialise dans le passé des sols et des bâtiments de la capitale. "Les archives ont brûlé en 1695 lors du bombardement de Bruxelles par Louis XIV. Lorsque certains documents ont disparu, pour certaines périodes il n’y a plus que l’archéologie pour apporter des réponses", explique-t-elle.

Bruxelles à travers les âges
Concrètement, travailler en tant qu’archéologue à Bruxelles, qu’est-ce que ça signifie ? La mémoire de celles et ceux qui nous ont précédé·es nous entoure, partout, tout le temps. Parfois de manière visible, par exemple, à travers les églises, les palais, les vestiges toujours debout malgré les siècles. Et parfois de façon moins visible : sous les fondations, à l’intérieur des caves, dans la terre.


© Tous droits réservés
Si la meilleure manière de préserver le patrimoine est de le maintenir en place, lors de travaux de démolition, d’aménagement ou de construction, des éléments enfuis peuvent être mis au jour tandis que d’autres courent le risque d’être détruits…

Je reconnais la matière au son et à la résonance

Pour préserver et sauver ces pièces, la Direction du patrimoine culturel de la Région, service où opère Sylvianne Modrie, organise des recherches et des fouilles préventives. "En fouillant, on a accès à des matériaux caractéristiques qui couvrent des époques allant de la préhistoire jusqu’au siècle dernier. Ces éléments nous donnent une grille de lecture de l’histoire des bâtiments, des parcelles. Par exemple, par des analyses, on peut retrouver des traces de potagers. Tout ça, c’est important dans l’histoire d’une ville", explique-t-elle.

Sauver, répertorier, préserver pour les générations futures
C’est durant l’examen des demandes de permis d’urbanisme que la Direction du patrimoine culturel décide d’organiser des fouilles préalables ou concomitantes aux phases de travaux. "Depuis 2005, nous avons la possibilité d’ajouter des clauses archéologiques dans les permis. Lorsqu’on reçoit les demandes sur une zone à potentiel archéologique reconnu, il faut nous laisser l’opportunité de fouiller avant les travaux et nous permettre de suivre les travaux."

Ces fameuses zones sont reprises dans l’atlas archéologique régional qui fournit les données archéologiques et historiques de la préhistoire au XVIIIe siècle… Aujourd’hui, toutes ces infos sont compilées sur la plateforme interactive Brugis, qui offre la possibilité aux professionnel·les de la construction comme aux citoyen·nes de découvrir les lieux à hauts potentiels archéologiques de la région.

"On accompagne une cinquantaine de chantiers par an, parfois des énormes comme sur l’ancien Parking 58, ou des plus petits. Au sein de l’administration, j’ai longtemps été toute seule sur le terrain, aujourd’hui, nous sommes deux archéologues. Franchement, c’est rare qu’on ne trouve rien." Dans les faits, sur les chantiers, Sylvianne Modrie doit parfois arrêter des pelleteuses prêtes à détruire un élément patrimonial. "Souvent, on s’arrange avec l’architecte ou l’entrepreneur dans les réunions, mais quand on débarque, en général la première personne que l’on rencontre, c’est le démolisseur, un sous-traitant qui veut juste avancer et qui peut n’avoir que faire des accords…. Alors oui, il arrive que je me retrouve à faire barrage face à une grue."

Un métier physique dans un monde d’hommes
L’archéologue ne compte plus les situations épiques qu’elle a connues dans ce milieu particulièrement masculin qu’est celui de la construction. Aussi, qui dit monde d’hommes, dit angles morts quant à la réalité biologique des femmes. "Nous, on installe notre chantier dans le chantier, mais au début, il n’y a même pas encore de toilettes. Comme il n’y a que des hommes, eux, ils urinent dans des bouteilles… Moi, je dois aller dans un café à chaque fois que je veux passer aux toilettes… Pendant le confinement, c’était l’enfer…"

Si elle n’explique pas sentir de discriminations sexistes à son égard, elle note cependant des différences de traitement en fonction de son genre. "Quand il s’agit par exemple de demander un service qui requiert l’utilisation de la grue pour ouvrir une fondation à observer, ou de demander une l’aide pour porter quelque chose, ça passe mieux quad on est une femme. Il y a une forme de sexisme bienveillant."

Outre le travail intellectuel, les fouilles se révèlent très physiques. Il y a les poids à soulever, la terre à pelleter, le tout sur des chantiers accidentés où il faut parfois se faufiler entre deux poutres ou dans un petit trou. "À force, j’ai développé une sorte de regard-scanner. Je vois tout : les potentiels dangers, comme les pièces à fouiller. Au contact de la truelle sur certains éléments, je reconnais la matière au son et à la résonance."

Il arrive que je me retrouve à faire barrage face à une grue

Chaque matériel récolté sur le terrain est ensuite enregistré, traité en laboratoire et conservé. Autour de Sylvianne Modrie gravitent toute une série d’ultras spécialistes par exemple en archéozoologie (étude des ossements animaux), archéobotanique (études des vestiges d’origine végétale), paléopalynologie (l’archéologie des pollens) ou encore en anthropologie physique (l’étude de l’histoire naturelle de l’espèce humaine).


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Comprendre le passé pour se tourner vers l’avenir
À force de travail, notre interlocutrice porte un regard tout singulier sur la ville et ses interactions avec les communes limitrophes. Pour observer l’évolution de notre environnement au fil du temps, la région propose par ailleurs l’outil Bruciel qui permet à tout un chacun·e de comparer des lieux depuis 1935 à aujourd’hui.

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On y découvre notamment, certains quartiers autrefois agricoles désormais complètement construits. Plonger dans l’histoire du bâti, c’est aussi prendre du recul par rapport à notre place contemporaine. D’où vient-on ? Vers où nous diriger ? "En fouillant des constructions humaines, la relation avec celles et ceux qui nous ont précédé·es est immédiate. Chaque brique a été posée une à une…. La plus ancienne charpente à Bruxelles date du XIIe siècle et se trouve à l’église Saint-Lambert à Woluwe. C’est pour moi un endroit assez touchant. Ces bois majestueux ont été montés jusque-là haut avec un système de roues et de poulies et on peut toujours les admirer aujourd’hui…"


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Depuis sa position, l’experte observe mieux que personne la matérialisation du temps qui passe. "Aujourd’hui, on détruit des bâtiments en béton qui ont trente ans alors que certaines maisons tiennent depuis 500 ans. Avant, les méthodes de construction étaient basées sur le réemploi. Désormais, on se réintéresse à ces pratiques circulaires. Les architectes réfléchissent vraiment à ça. Ça coute plus cher, mais c’est important pour la planète."

Lorsque nous lui demandons si elle se sent fière aujourd’hui de son parcours depuis ses premiers chantiers à l’âge de 12 ans, Sylvianne Modrie répond par la positive : "C’est agréable de sentir que j’évolue dans mon domaine, je regrette juste de ne pas avoir le temps de plus communiquer mes recherches. Il y a tant à partager…" Pour découvrir quelques histoires autour des matériaux issus des fouilles, rendez-vous par ici.

Dans la série In… We Trust (Nous croyons en) :
In Laura De Pauw We Trust, "en tant que femme mécano, je dois constamment prouver ma légitimité"
In Sandrine Kelecom We Trust, "en tant que femme dans le bâtiment je dois en faire deux fois plus"
In Jeanette Van der Steen We Trust, première femme maître de chai en Belgique
In Zofia Wislocka We Trust, cheffe d’orchestre à la baguette libre
In Sukma Iryanti We Trust, rebondir face à toutes les difficultés
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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/in-sylvianne-modrie-we-trust-larcheologie-pour-raconter-la-ville-11173103

In Sylvianne Modrie We Trust, l’archéologie pour raconter la ville - rtbf.be

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La pension des femmes moindre que celle des hommes : le taux ménage est une des raisons. Mais qu'est-ce que c'est?

29 Mars 2023, 04:04am

Publié par hugo

 La pension des femmes moindre que celle des hommes : le taux ménage est une des raisons. Mais qu'est-ce que c'est?

Le Déclic Décrypte de Marie-Laure Mathot
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19 mars 2023 à 07:00 - mise à jour 22 mars 2023 à 18:48

Temps de lecture7 min
Par Marie-Laure Mathot
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Les discussions autour de la réforme des pensions ont également lieu chez nous, en Belgique. Et la ministre en charge de cette compétence, Karine Lalieux, s’est engagée à réduire l’écart de revenus entre les hommes et les femmes.

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Cela a d’ailleurs été promis en début de législature : "les inégalités entre hommes et femmes seront prises en considération", est-il écrit dans le chapitre pensions de l’accord de gouvernement fédéral qui précise également : "Le principe de splitting des droits de pension sera étudié." Un principe qui voudrait que chaque membre d’un couple ait une pension égale, ce qui n’est en moyenne pas le cas actuellement.

Le taux ménage a été imaginé après la seconde guerre mondiale.

Dans un couple hétérosexuel, l’homme gagne en moyenne 10% de plus que la femme pendant sa carrière. Cet écart se creuse s’ils ont des enfants et a des répercussions tout au long de la vie de chacun. Jusqu’à la fin de celle-ci : la pension. Et là encore, c’est l’homme qui gagne le plus en moyenne.

La différence est de 488 euros pour les anciens travailleurs salariés et les indépendants selon une publication récente du Bureau fédéral du plan. Il s’est basé sur les 113.121 personnes qui ont, pour la première fois, reçu leur pension de retraite en 2021. Une pension qu’ils n’ont pas cumulée avec une pension de survie et/ou de conjoint séparé ou divorcé.


Pour bien comprendre, il faut savoir que nos pensions sont composées de trois piliers, trois sources de financement :

La pension légale – Elle est calculée sur base des années travaillées et du salaire reçu pendant cette carrière. Elle est payée par les cotisations des travailleurs.
La pension complémentaire - Pour les salariés, elle est constituée par l’employeur mais n’est pas automatique. C’est l’assurance-groupe. Les indépendants peuvent aussi y avoir droit à condition de l’avoir constituée eux-mêmes.
L’épargne privée – C’est une épargne sur le long terme mise en place à titre personnel via une banque ou une assurance par exemple et qui permet, sous certaines conditions, d’avoir un avantage fiscal.
Selon le Bureau fédéral du Plan, les inégalités de genre se creusent dans les deux premiers piliers, avec une plus grosse part jouée par la pension légale.

Focus sur le premier pilier : la pension légale
Dans ce premier pilier, la différence de revenu est de 403 € selon les chiffres présentés par le Bureau fédéral du plan.


Il montre également que :

Trois quarts (76%) des femmes gagnent moins de 2000 euros par mois via ce pilier contre 58% des hommes.
Plus d’une femme sur cinq gagne moins de 1000 euros par mois via ce pilier contre 8% des hommes.
Pourquoi cette différence ? Souvent évoquée, la carrière des femmes est plus "morcelée" que celle des hommes. C’est ce qu’explique notamment le Conseil supérieur de l’emploi dans un rapport de janvier, "les salaires inférieurs durant la carrière, la durée plus réduite de la carrière, les interruptions de carrière plus nombreuses, un taux d’inactivité plus élevé, etc."

Ainsi, le fait que ce sont encore majoritairement des femmes qui s’occupent des tâches ménagères, de la maternité et des soins aux proches et qu’elles travaillent à temps partiel pour cela vient creuser l’écart.

La pension, un reflet de la carrière

"Les pensions ne font que refléter la situation du marché du travail. Le fait que beaucoup de femmes ont des carrières ‘incomplètes’, des niveaux de rémunération plus bas et sont discriminées en termes de carrière se reflète au moment du calcul de la pension", explique Pierre Devolder, professeur de finances à l’UCLouvain.

Mais il y a une autre raison à cet écart mise en avant par le Bureau fédéral du plan pour les personnes salariées ou indépendantes qui sont mariées : le taux ménage. "Le taux ménage est la plupart du temps appliqué à la pension de retraite de l’homme et peut certainement expliquer en partie pourquoi la pension de retraite moyenne des hommes est plus élevée que celle des femmes."

Le taux ménage, c’est quoi ?
Il s’applique au moment du calcul de la pension légale (premier pilier) des salariés et des indépendants. Pour chaque année de pension travaillée, on acquiert un droit à la pension égal à 60% du salaire annuel brut (salarié) ou du revenu professionnel net (indépendant) gagné au cours de l’année en question. Grosso modo, le service des pensions reprend les revenus annuels d’une personne et multiplie par 60%. C’est le taux en tant que personne seule, le taux isolé.

Mais quand on est marié, il y a la possibilité d’augmenter ce pourcentage, c’est le taux ménage. Quand il est appliqué, il n’est plus de 60% mais de 75% sur le plus gros des deux salaires. C’est le service des pensions qui calcule automatiquement ce qui est le plus avantageux pour le couple.

Quand est-ce avantageux ? Quand une des deux personnes composant le couple n’a pas eu ou a eu peu de revenus pendant sa carrière. C’est le cas des épouses restées à la maison pour s’occuper de la vie de famille.

Ainsi, pour les pensionnés d’aujourd’hui, c’est encore en grande majorité sur la pension de l’homme que ce pourcentage est appliqué. C’est donc lui qui touche cet argent pour le couple.


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Par exemple, un homme qui gagnerait 8000 euros au taux isolé, gagnera 9000 euros si son épouse a une petite pension de 1000 euros. Ainsi, le revenu global du couple est plus élevé grâce au taux ménage.

Mise en place après la deuxième guerre mondiale

"La pension légale pour les salariés a été mise en place après la deuxième guerre mondiale", contextualise Pierre Devolder. "À cette époque-là, le modèle classique était : Monsieur qui travaille et Madame qui s’occupe de la maison et/ou de la famille. C’était le modèle traditionnel. Le législateur s’est donc dit que si les deux membres du couple étaient toujours en vie au moment de la retraite, il serait logique d’adapter les ressources à deux personnes plutôt qu’à une seule. Ainsi, si l’épouse n’a pas eu de revenus, on donne une pension un peu plus élevée au couple avec un taux à 75%."

Plus de revenus mais une plus grande dépendance financière
Mais cette manière de calculer est-elle encore d’actualité ? Ne rend-elle pas la femme encore dépendante de son mari financièrement ? Bref, cette méthode de calcul est-elle égalitaire ?

Pour Pierre Devolder, c’est une méthode de calcul qui date clairement du passé mais qui profite aux deux membres du couple. "Même si le montant est versé à l’homme, la femme va également profiter de cette revalorisation. L’idée de la pension ménage est de redistribuer au couple, pas à l’homme seul. Et donc, la femme en profite aussi."

La question est donc de savoir comment l’argent est redistribué dans le couple une fois qu’il est versé à l’homme. "Et cette information est très difficile à obtenir car il s’agit du cercle privé", répond Laurène Thil, économiste et chercheuse à la KULeuven.

"Il est clair qu’avec le taux ménage, l’homme gagne plus grâce à sa femme. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement que la femme reçoit moins de richesses à la fin. À partir du moment où les ressources disponibles pour le couple sont augmentées et reversées à l’homme, l’important pour l’égalité de genre est de voir comment elles sont redistribuées ensuite. Si elles sont partagées, c’est très bien, sinon, c’est clair que les femmes sont perdantes… Oui, il s’agit de bien s’entendre !"

Cela signifie ainsi que la femme dépend financièrement de son mari. "Il y a une globalisation des revenus qui fait que vous n’avez plus de droits propres si vous êtes celui, celle en l’occurrence, qui gagne le moins", réagit Dominique De Vos, présidente de la commission Sécurité sociale du Conseil fédéral de l’Égalité des chances entre hommes et femmes. "Ça bétonne la dépendance au mari. Même si, il faut le souligner, ils peuvent se séparer et toucher une pension de divorcés qui, là aussi, dépend des revenus du mari."

Une des solutions étudiée par ces trois experts serait le "splitting". Rappelez-vous, c’est une des solutions qui doit être étudiée selon l’accord de gouvernement. "L’idée de base du splitting est de cumuler la pension des deux personnes et on divise en deux", explique Dominique de Vos qui précise que cela pose énormément d’autres questions. "Que met-on dans ce pot commun ? La pension légale ? Complémentaire ? Cela ne risque-t-il pas d’appauvrir les ménages ?"

Attendre ou agir ?
Pour Pierre Devolder, qui avait également étudié cette solution, le taux ménage va "mourir de sa belle mort". "Progressivement, le taux ménage va devenir un non-sens et ne sera plus appliqué. Les deux membres du couple travaillent aujourd’hui et c’est donc le taux isolé qui sera appliqué parce que ce sera le plus intéressant. Parce que la somme des deux pensions sera plus importante qu’une pension avec un taux ménage."

Une condition à cela, ajoute Laurène Thil : que les carrières entre les hommes et les femmes soient égalitaires. Or, ce n’est pas encore le cas. Même si l’écart salarial tend à se résorber, il existe toujours. Avec un moment crucial : quand le couple devient parent, les études montrent que la carrière de l’homme prend son envol alors que celle de la femme est freinée.

"Cela a des conséquences sur les retraites", explique Laurène Thil qui s’interroge : "Est-ce le rôle des retraites de contrebalancer les inégalités de genre dans la vie professionnelle ? Ou est-ce qu’il faut concentrer les efforts sur la carrière des unes et des autres ?"

La nécessité d’une individualisation des droits

L’idée de réformer le taux ménage n’est en tout cas pas clairement énoncée par la ministre des Pensions, Karine Lalieux, qui a reçu la semaine dernière un rapport des syndicats sur la question de la dimension familiale. "Le rapport demandé aux syndicats pointe la nécessité d’une individualisation des droits progressive, notamment pour la participation au travail des femmes", précise le cabinet de la ministre. "En outre, les partenaires sociaux relèvent que les droits dérivés entraînent des incohérences et ne prennent pas assez en compte les nouvelles formes d’organisation familiale, le mariage étant la seule forme permettant d’accéder aux droits dérivés."


https://www.rtbf.be/article/la-pension-des-femmes-moindre-que-celle-des-hommes-le-taux-menage-est-une-des-raisons-mais-qu-est-ce-que-c-est-11169568

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Un Parlement fédéral exemplaire sur les questions de genre en 2030 ? "Nous vivons un moment particulier"

29 Mars 2023, 01:05am

Publié par hugo

 Un Parlement fédéral exemplaire sur les questions de genre en 2030 ? "Nous vivons un moment particulier"

© Tous droits réservés

22 mars 2023 à 10:39

Temps de lecture5 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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Le 8 mars dernier, la présidente de la Chambre, Éliane Tillieux (PS) et la présidente du Sénat, Stephanie D’Hose (Open Vld), présentaient les résultats d’un audit, mené par un groupe de travail interne, sur la question de l’égalité des genres au sein du Parlement fédéral.

"Nous vivons un moment particulier", explique Éliane Tillieux aux Grenades. "Puisque pour la première fois de notre histoire, les deux chambres de notre Parlement sont présidées par des femmes. Ça avait déjà été le cas pour le Sénat auparavant, mais c’est la toute première fois pour la Chambre des représentants. 51 hommes se sont succédé avant qu’une femme puisse accéder à cette place. C’est une opportunité dont il faut se saisir pour faire évoluer notre démocratie grâce à l’institution parlementaire."

Les deux femmes politiques unissent d’ailleurs leurs forces pour que, d’ici 2030, le Parlement belge devienne "exemplaire".

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Une réelle évolution
Les résultats de l’audit montrent une réelle évolution de la place des femmes : dans la Chambre de représentants en 2019, on comptabilisait 43% de femmes (64 femmes sur les 150 parlementaires au total). En 1999, elles étaient 19%. "C’est déjà un sacré bond en avant", réagit Éliane Tillieux. "Maintenant, il faut s’assurer que cela continue de progresser et qu’il n’y ait pas de retour en arrière". Au niveau du Sénat, parmi les 60 sénateurs et sénatrices qui y siègent, on compte actuellement 29 femmes et 31 hommes.

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En termes de présence féminine au sein du Parlement, la Belgique se classe donc 5ème en Europe. "Cette évolution est notamment due à la loi de 1994 qui impose la présence de femmes sur les listes électorales. On sait les critiques qu’entrainent les quotas, mais cela fonctionne ! Quand les femmes sont présentes sur les listes, elles se font élire et peuvent montrer leur travail. C’est un outil pour faire évoluer les mentalités", souligne la présidente de la Chambre.

Après la création de la Belgique, en 1830, il a fallu presque un siècle pour qu’une femme soit élue. Pendant 100 ans, les femmes n’avaient pas de voix dans cette institution démocratique, ne pouvaient pas participer aux débats

Très complet, l’audit analyse également les prises de parole selon le genre. En 1999 - 2000, 16% des prises de paroles dans la Chambre étaient le fait des députées et ministre ; en 2022, c’est le cas pour 38% des prises de paroles, c’est-à-dire une augmentation de 22% du temps de parole.

"Du pain sur la planche"
"Il nous reste encore du pain sur la planche", admet cependant Éliane Tillieux. Car l’audit montre aussi "des choses dont on se doute mais qui sont maintenant indéniables, grâce aux statistiques".

Au sein des commissions parlementaires par exemple, "une répartition genrée demeure. Si on parle des commissions Santé ou Action sociale, qui s’y retrouvent majoritairement ? Ce sont les femmes, à 80% ou 90%, car ce sont des matières liées au care, au soin. Les commissions Finances ou Défense sont dominées par des hommes, dans une proportion inverse. C’est étrange car les femmes s’occupent aussi du budget dans les ménages. Alors pourquoi retrouve-t-on cette différence au Parlement ? Sûrement parce que les budgets publics sont des moyens d’actions… donc des leviers de pouvoir. Il faut être conscient·es de ces différences genrées pour mieux pouvoir s’en détourner", explique-t-elle.

A mon arrivée en tant que présidente de la Chambre, j’ai dû me battre pour pouvoir utiliser la forme féminine ‘Présidente’. Certains parlementaires utilisaient systématiquement le masculin

L’administration de la Chambre reste également nettement masculine dans les postes de direction : sur les différentes fonctions de direction qui existent à la Chambre, 70% sont occupées par des hommes.

Face à ces constats, une note d’intention a été présentée qui devra se traduire en un plan d’action. Parmi les propositions : la mise en place d’une étude qualitative sur l’équilibre entre la vie professionnelle et vie privée, ainsi que sur la discrimination, le sexisme et le harcèlement ; la mise à disposition de serviettes hygiéniques dans les toilettes femmes ; l’installation de toilettes permettant de nettoyer sa coupe menstruelle, une meilleure communication sur l’existence des locaux de repos et d’allaitement pour femmes enceintes ou encore l’installation d’un certain nombre de coussins à langer, tant dans les toilettes hommes que les toilettes femmes.

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Un langage sensible au genre au sein de la Chambre
Plusieurs propositions vont par ailleurs dans le sens de l’écriture inclusive, notamment la création de directives pour l’utilisation d’un langage sensible au genre au sein de la Chambre, l’élaboration d’une charte ou d’une procédure formelle concernant le langage (neutre ou inclusif) utilisé dans le cadre de la communication externe, mais aussi une attention à porter aux équilibres en matière de genre dans le choix de photos et de vidéos utilisées pour communiquer.

"A mon arrivée en tant que présidente de la Chambre, j’ai dû me battre pour pouvoir utiliser la forme féminine ‘Présidente’. Certains parlementaires utilisaient systématiquement le masculin. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas en français. Certains parlementaires néerlandophones, en revanche, continuent d’utiliser la forme masculine, ‘Voorzitter’, au lieu de ‘Voorzitster’", déplore Éliane Tillieux.

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Pourquoi est-ce si important pour elle ? "Il faut que les gens intègrent que cette fonction peut être exercée par une femme. Ce n’est pas le cas si on continue à masculiniser. Nous pouvons porter une diversité au sein de la Chambre, qui doit ressembler au reste de la société. Nous avons une fonction de modèle pour les jeunes filles, elles doivent pouvoir s’identifier ! Il faut leur donner confiance", répond la Présidente avant de plonger dans l’histoire de la Belgique : "Après la création de la Belgique, en 1830, il a fallu presque un siècle pour qu’une femme soit élue. Pendant 100 ans, les femmes n’avaient pas de voix dans cette institution démocratique, ne pouvaient pas participer aux débats. Quand Lucie Dejardin est élue en 1929, elle n’a même pas le droit de voter ! Les femmes ont accès au droit de vote complet en Belgique en 1948. Aujourd’hui, elles sont 64, mais quand on parle de grandes décisions politiques, on continue à parler des hommes et donc à avoir une vision masculine du Parlement. Il faut faire évoluer ces représentations. Et il faut que le Parlement représente toute la société, qu’il ait un équilibre en termes de genre, c’est l’un des enjeux pour retrouver la confiance des citoyens et des citoyennes. Participer à la vie politique est un droit."

Puisque pour la première fois de notre histoire, les deux chambres de notre Parlement sont présidées par des femmes

D’autres propositions concernent encore la composition des jurys lors des entretiens d’embauche, et également la création d’un poste de référent·e genre, dont la fonction sera de suivre l’évolution et la mise en place de ce plan d’action.

Éliane Tillieux ne compte pas s’arrêter là. Elle souhaite d’ores et déjà promouvoir ces "bonnes pratiques" au niveau européen, auprès des autres président·es d’assemblées parlementaires.

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https://www.rtbf.be/article/un-parlement-federal-exemplaire-sur-les-questions-de-genre-en-2030-nous-vivons-un-moment-particulier-11171332

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La pension des femmes moindre que celle des hommes : "Elle reflète la carrière". Oui, mais pas seulement

20 Mars 2023, 04:36am

Publié par hugo

 La pension des femmes moindre que celle des hommes : "Elle reflète la carrière". Oui, mais pas seulement

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Par Marie-Laure Mathot
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Les discussions autour de la réforme des pensions ont également lieu chez nous, en Belgique. Et la ministre en charge de cette compétence, Karine Lalieux, s’est engagée à réduire l’écart de revenus entre les hommes et les femmes.

Cela a d’ailleurs été promis en début de législature : "les inégalités entre hommes et femmes seront prises en considération", est-il écrit dans le chapitre pensions de l’accord de gouvernement fédéral qui précise également : "Le principe de splitting des droits de pension sera étudié." Un principe qui voudrait que chaque membre d’un couple ait une pension égale, ce qui n’est en moyenne pas le cas actuellement.

Dans un couple hétérosexuel, l’homme gagne en moyenne 10% de plus que la femme pendant sa carrière. Cet écart se creuse s’ils ont des enfants et a des répercussions tout au long de la vie de chacun. Jusqu’à la fin de celle-ci : la pension. Et là encore, c’est l’homme qui gagne le plus en moyenne.

La différence est de 488 euros pour les anciens travailleurs salariés et les indépendants selon une publication récente du Bureau fédéral du plan. Il s’est basé sur les 113.121 personnes qui ont, pour la première fois, reçu leur pension de retraite en 2021. Une pension qu’ils n’ont pas cumulée avec une pension de survie et/ou de conjoint séparé ou divorcé.


Pour bien comprendre, il faut savoir que nos pensions sont composées de trois piliers, trois sources de financement :

La pension légale – Elle est calculée sur base des années travaillées et du salaire reçu pendant cette carrière. Elle est payée par les cotisations des travailleurs.
La pension complémentaire - Pour les salariés, elle est constituée par l’employeur mais n’est pas automatique. C’est l’assurance-groupe. Les indépendants peuvent aussi y avoir droit à condition de l’avoir constituée eux-mêmes.
L’épargne privée – C’est une épargne sur le long terme mise en place à titre personnel via une banque ou une assurance par exemple et qui permet, sous certaines conditions, d’avoir un avantage fiscal.
Selon le Bureau fédéral du Plan, les inégalités de genre se creusent dans les deux premiers piliers, avec une plus grosse part jouée par la pension légale.

Focus sur le premier pilier : la pension légale
Dans ce premier pilier, la différence de revenu est de 403 € selon les chiffres présentés par le Bureau fédéral du plan.


Il montre également que :

Trois quarts (76%) des femmes gagnent moins de 2000 euros par mois via ce pilier contre 58% des hommes.
Plus d’une femme sur cinq gagne moins de 1000 euros par mois via ce pilier contre 8% des hommes.
Pourquoi cette différence ? Souvent évoquée, la carrière des femmes est plus "morcelée" que celle des hommes. C’est ce qu’explique notamment le Conseil supérieur de l’emploi dans un rapport de janvier, "les salaires inférieurs durant la carrière, la durée plus réduite de la carrière, les interruptions de carrière plus nombreuses, un taux d’inactivité plus élevé, etc."

Ainsi, le fait que ce sont encore majoritairement des femmes qui s’occupent des tâches ménagères, de la maternité et des soins aux proches et qu’elles travaillent à temps partiel pour cela vient creuser l’écart.

La pension, un reflet de la carrière

"Les pensions ne font que refléter la situation du marché du travail. Le fait que beaucoup de femmes ont des carrières ‘incomplètes’, des niveaux de rémunération plus bas et sont discriminées en termes de carrière se reflète au moment du calcul de la pension", explique Pierre Devolder, professeur de finances à l’UCLouvain.

Mais il y a une autre raison à cet écart mise en avant par le Bureau fédéral du plan pour les personnes salariées ou indépendantes qui sont mariées : le taux ménage. "Le taux ménage est la plupart du temps appliqué à la pension de retraite de l’homme et peut certainement expliquer en partie pourquoi la pension de retraite moyenne des hommes est plus élevée que celle des femmes."

Le taux ménage, c’est quoi ?
Il s’applique au moment du calcul de la pension légale (premier pilier) des salariés et des indépendants. Pour chaque année de pension travaillée, on acquiert un droit à la pension égal à 60% du salaire annuel brut (salarié) ou du revenu professionnel net (indépendant) gagné au cours de l’année en question. Grosso modo, le service des pensions reprend les revenus annuels d’une personne et multiplie par 60%. C’est le taux en tant que personne seule, le taux isolé.

Mais quand on est marié, il y a la possibilité d’augmenter ce pourcentage, c’est le taux ménage. Quand il est appliqué, il n’est plus de 60% mais de 75% sur le plus gros des deux salaires. C’est le service des pensions qui calcule automatiquement ce qui est le plus avantageux pour le couple.

Quand est-ce avantageux ? Quand une des deux personnes composant le couple n’a pas eu ou a eu peu de revenus pendant sa carrière. C’est le cas des épouses restées à la maison pour s’occuper de la vie de famille.

Ainsi, pour les pensionnés d’aujourd’hui, c’est encore en grande majorité sur la pension de l’homme que ce pourcentage est appliqué. C’est donc lui qui touche cet argent pour le couple.


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Par exemple, un homme qui gagnerait 8000 euros au taux isolé, gagnera 9000 euros si son épouse a une petite pension de 1000 euros. Ainsi, le revenu global du couple est plus élevé grâce au taux ménage.

Mise en place après la deuxième guerre mondiale

"La pension légale pour les salariés a été mise en place après la deuxième guerre mondiale", contextualise Pierre Devolder. "À cette époque-là, le modèle classique était : Monsieur qui travaille et Madame qui s’occupe de la maison et/ou de la famille. C’était le modèle traditionnel. Le législateur s’est donc dit que si les deux membres du couple étaient toujours en vie au moment de la retraite, il serait logique d’adapter les ressources à deux personnes plutôt qu’à une seule. Ainsi, si l’épouse n’a pas eu de revenus, on donne une pension un peu plus élevée au couple avec un taux à 75%."

Plus de revenus mais une plus grande dépendance financière
Mais cette manière de calculer est-elle encore d’actualité ? Ne rend-elle pas la femme encore dépendante de son mari financièrement ? Bref, cette méthode de calcul est-elle égalitaire ?

Pour Pierre Devolder, c’est une méthode de calcul qui date clairement du passé mais qui profite aux deux membres du couple. "Même si le montant est versé à l’homme, la femme va également profiter de cette revalorisation. L’idée de la pension ménage est de redistribuer au couple, pas à l’homme seul. Et donc, la femme en profite aussi."

La question est donc de savoir comment l’argent est redistribué dans le couple une fois qu’il est versé à l’homme. "Et cette information est très difficile à obtenir car il s’agit du cercle privé", répond Laurène Thil, économiste et chercheuse à la KULeuven.

"Il est clair qu’avec le taux ménage, l’homme gagne plus grâce à sa femme. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement que la femme reçoit moins de richesses à la fin. À partir du moment où les ressources disponibles pour le couple sont augmentées et reversées à l’homme, l’important pour l’égalité de genre est de voir comment elles sont redistribuées ensuite. Si elles sont partagées, c’est très bien, sinon, c’est clair que les femmes sont perdantes… Oui, il s’agit de bien s’entendre !"

Cela signifie ainsi que la femme dépend financièrement de son mari. "Il y a une globalisation des revenus qui fait que vous n’avez plus de droits propres si vous êtes celui, celle en l’occurrence, qui gagne le moins", réagit Dominique De Vos, présidente de la commission Sécurité sociale du Conseil fédéral de l’Égalité des chances entre hommes et femmes. "Ça bétonne la dépendance au mari. Même si, il faut le souligner, ils peuvent se séparer et toucher une pension de divorcés qui, là aussi, dépend des revenus du mari."

Une des solutions étudiée par ces trois experts serait le "splitting". Rappelez-vous, c’est une des solutions qui doit être étudiée selon l’accord de gouvernement. "L’idée de base du splitting est de cumuler la pension des deux personnes et on divise en deux", explique Dominique de Vos qui précise que cela pose énormément d’autres questions. "Que met-on dans ce pot commun ? La pension légale ? Complémentaire ? Cela ne risque-t-il pas d’appauvrir les ménages ?"

Attendre ou agir ?
Pour Pierre Devolder, qui avait également étudié cette solution, le taux ménage va "mourir de sa belle mort". "Progressivement, le taux ménage va devenir un non-sens et ne sera plus appliqué. Les deux membres du couple travaillent aujourd’hui et c’est donc le taux isolé qui sera appliqué parce que ce sera le plus intéressant. Parce que la somme des deux pensions sera plus importante qu’une pension avec un taux ménage."

Une condition à cela, ajoute Laurène Thil : que les carrières entre les hommes et les femmes soient égalitaires. Or, ce n’est pas encore le cas. Même si l’écart salarial tend à se résorber, il existe toujours. Avec un moment crucial : quand le couple devient parent, les études montrent que la carrière de l’homme prend son envol alors que celle de la femme est freinée.

"Cela a des conséquences sur les retraites", explique Laurène Thil qui s’interroge : "Est-ce le rôle des retraites de contrebalancer les inégalités de genre dans la vie professionnelle ? Ou est-ce qu’il faut concentrer les efforts sur la carrière des unes et des autres ?"

La nécessité d’une individualisation des droits

L’idée de réformer le taux ménage n’est en tout cas pas clairement énoncée par la ministre des Pensions, Karine Lalieux, qui a reçu la semaine dernière un rapport des syndicats sur la question de la dimension familiale. "Le rapport demandé aux syndicats pointe la nécessité d’une individualisation des droits progressive, notamment pour la participation au travail des femmes", précise le cabinet de la ministre. "En outre, les partenaires sociaux relèvent que les droits dérivés entraînent des incohérences et ne prennent pas assez en compte les nouvelles formes d’organisation familiale, le mariage étant la seule forme permettant d’accéder aux droits dérivés."


https://www.rtbf.be/article/la-pension-des-femmes-moindre-que-celle-des-hommes-elle-reflete-la-carriere-oui-mais-pas-seulement-11169568

La pension des femmes moindre que celle des hommes : 'Elle reflète la carrière'. Oui, mais pas seulement - rtbf.be

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"Pleine et douce" de Camille Froidevaux-Metterie : douze héroïnes pour explorer la condition féminine

20 Mars 2023, 04:32am

Publié par hugo

 "Pleine et douce" de Camille Froidevaux-Metterie : douze héroïnes pour explorer la condition féminine
Photo de Camille Froidevaux-Metterie prise janvier 2020, sous CC BY-SA 4.0.
© Tous droits réservés

hier à 13:05

Temps de lecture4 min
Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades
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Elles s’appellent Eve, Stéphanie, Corinne, Lucie, Nicole, Lola, Charline, Laurence, Kenza, Manon, Jamila et Colette… Elles sont douze et sont toutes les héroïnes du premier roman de Camille Froidevaux-Metterie, Pleine et douce, édité aux Éditions Sabine Wespieser en janvier 2023.

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De l’essai à la fiction
De par son métier, philosophe, Camille Froidevaux-Metterie écrit des essais qui touchent aux questions du féminisme. Ses livres parcourent la condition féminine et son sujet de prédilection est surtout ce que la société fait du corps des femmes. Avec La révolution du féminin, Un corps à soi, Le corps des femmes : la révolution de l’intime et Seins en quête d’une libération, elle explore l’intime et questionne nos identités et nos particularités.

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Toujours avec un sens de la recherche et de la justesse, ses essais peuvent être considérés comme minutieux. En se saisissant de la fiction, elle touche avec une simplicité déconcertante le plus grand nombre pour distiller l’objet de ses champs d’études.

Ce passage d’une écriture d’essais à celle de fiction lui a permis de s’affranchir du ton plus théorique de ses précédents ouvrages.

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Des ponts entre les générations

Toutes et tous se préparent à la fête organisée pour l’arrivée d’Eve dans la famille. Sa maman, Stéphanie, a bénéficié d’une procréation médicalement assistée pour assouvir son désir de maternité. Si cette décision est acceptée par l’ensemble de la famille, seule Nicole, la mère de Stéphanie, trouve ce projet aberrant et grotesque.

Et lorsque Stéphanie décide de proposer à Greg, son meilleur ami homosexuel, d’être le père intime de la petite, c’en est trop pour cette mère désagréable et bondée de ressentiments à l’égard de ses filles.

En se saisissant de la fiction, elle touche avec une simplicité déconcertante le plus grand nombre pour distiller l’objet de ses champs d’études

Bien que la naissance d’Eve soit le point de départ, elle n’en est pas pour autant le thème central du roman. En donnant la parole à chaque personnage, en commençant par celle, enfantine, d’Eve, Camille Froidevaux-Mettterie diagnostique les étapes de la vie d’une femme, de ce qu’elle va ou peut connaitre.

Le roman s’amorce par le regard de ce bébé de six mois qui analyse les mots gentils qu’il reçoit et qui portent déjà en eux le poids d’être une petite fille : "Et tout a recommencé, les grimaces, les chatouilles, ce langage inepte par lequel les adultes imaginent se faire mieux comprendre des nourrissons, litanie exaspérante de questions systématiquement dédoublées : 'Elle est pas trop mignonne, cette choupinette ? Elle est pas trop mignonne ?, Tu vas en faire des ravages, toi ma belle, hein ? Tu vas en faire des ravages…"".

Avec humour et dérision, Eve commence ce récit et la suite est tout aussi empreinte de légèreté et de gravité selon les femmes qui apparaissent. Toutes parlent en "je", ce qui donne une entrée efficace dans chacune de leur vie.

Le roman se porte sur les douze adultes et adolescentes qui gravitent dans la famille avec tous les bouleversements minimes ou importants qui peuvent altérer l’image de soi. Sans dévoiler chacune des personnages, nous aurons avec elles une vision complète de ce qu’est être une femme et une jeune fille, et également des injonctions qui nous incombent et des libertés que l’on acquiert coûte que coûte.

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Portraits en choral
À défaut d’intrigue à proprement parler, Pleine et Douce se consacre aux déploiements des pensées intimes des personnages. Les parties s’enchainent et gardent un rythme soutenu grâce aux rebondissements dans chacun des portraits. En peu de pages par chapitre, Camille Froidevaux-Metterie arrive à révéler son personnage, ses aspirations et ses doutes.

Chaque chapitre possède sa propre voix et le tout est donné avec un choix d’intonation propre à chaque personnage. L’adolescente sera plus enjouée, la vieille femme parlera de remords et de regrets, la femme trompée sera emplie de doutes. Si bien des sujets sociétaux et féministes sont abordés, chacun d’eux est transmis de génération en génération, d’amies en amies.

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A l’instar des trois filles, qui à leur manière, essaieront de se défaire de Nicole ; leur "gorgone de mère". Mais les blessures sont sans doute trop profondes pour expurger tout le mal accumulé. Les sœurs auront à cœur de se forger une nouvelle famille, entourées d’amies choisies.

Les hommes n’ont pas voix au chapitre, la constellation féminine assure et assume le récit d’un bout à l’autre.

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Prolongation de l’œuvre
Certains livres comme Fille de Camille Laurens, les livres d’Annie Ernaux (La Femme gelée, Mémoire de fille, Les Années), Fille, Femme, Autre de Bernardine Evaristo, Elles de Alba de Céspedes font écho à ce roman sur la condition féminine. Pleine et Douce s’ajoute à cette liste, avec ses beaux portraits de femmes.

Pleine et douce, Camille Froidevaux-Metterie, Sabine Wespieser éditeur, janvier 2023, 224 p., 20 €.

*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


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