Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

feminisme ,

Discriminations racistes et sexistes aux urgences : cette grande étude européenne chiffre le problème systémique

19 Janvier 2024, 04:44am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 
LIVE NOW
Masquer
3 000 soignant·e·s demandent le maintien de l'Aide médicale de l'État, dans une tribune // Source : RDNE Stock project de Pexels
SANTÉ
Discriminations racistes et sexistes aux urgences : cette grande étude européenne chiffre le problème systémique
Anthony Vincent
 Publié le 16 janvier 2024 à 10h33
  2
MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  SANTÉ
Une étude parue dans l’European Journal of Emergency Medecine a scruté la prise en charge des patient·e·s dans les services d’urgences du Vieux Continent au regard de dynamiques sexistes et racistes. Et il en résulte sans surprise qu’il vaut mieux être un homme blanc qu’une femme noire pour être bien traité·e.
C’est la première étude d’envergure sur ces questions taboues en Europe : interroger les biais sexistes et racistes sur la prise en charge médicale. Elle a été menée du 14 juillet au 15 août 2023 auprès de 1 563 médecins et infirmier·e·s urgentistes en France, en Suisse, en Belgique et à Monaco sous forme de questionnaire. Sans connaître le but de l’étude publiée le 13 décembre 2023 dans l’European Journal of Emergency Medicine, ces soignant·e·s devaient trier et classer des patient·e·s (généré·e·s par intelligence artificielle) en fonction de la gravité des symptômes observés.

ACTUALITÉ DES MARQUES

Révélez le potentiel de votre habitat !

Noc concepteurs vous apportent des solutions sur‑mesure pour optimiser vos espaces de vie.

Inspired by
À lire aussi : Le baromètre des discriminations révèle l’ampleur du racisme anti-noir en France

Il vaut mieux être un homme plutôt qu’une femme et blanc plutôt que noir
Avec des symptômes identiques, les patient·e·s répondaient à huit profils types : un homme blanc, une femme blanche, un homme noir, une femme noire, un homme asiatique, une femme asiatique, un homme maghrébin, une femme maghrébine. Il en résulte qu’il vaut mieux être un homme qu’une femme et une personne blanche plutôt que racisée (comme dans le reste de la société, quoi). La palme de la sous-estimation des symptômes revient aux personnes noires, a fortiori les femmes, résume l’étude :

« Dans 62 % des cas, le cas clinique a été considéré comme une urgence vitale quand l’image associée était celle d’un homme, contre 49 % quand c’était une femme. […]

Dans 58 % des cas, l’urgence vitale a été associée à une image d’apparence ethnique blanche, contre 47 %, quand l’apparence était noire. Il s’agit d’un diagnostic d’urgence vitale dans 63 % des cas lorsque l’image associée était une image d’homme blanc contre 42 % pour une femme noire. »

En vidéo Les freins au dépistage du cancer du sein #shorts

Veuillez fermer la vidéo flottante pour reprendre la lecture ici.

À lire aussi : Racisme anti-asiatique : une nouvelle étude alerte sur la banalisation des discriminations


« Notre réflexion médicale est sexiste et raciste »
Xavier Bobba, professeur en médecine urgentiste au CHU de Montpellier, qui a dirigé l’étude, voulait montrer à travers celle-ci combien les préjugés socioculturels influent sur le diagnostic et la prise en charge de patient·e·s, raconte-t-il à France Info :

« Nous notons cette tendance tous les jours sur le terrain mais les résultats de l’enquête sont encore plus marqués que ce que l’on pensait. Nos préjugés orientent nos diagnostics établis de manière intuitive aux Urgences. C’est intéressant et inquiétant à la fois. […]

Notre réflexion médicale est sexiste et raciste. C’est comme cela partout. Elle s’appuie sur l’expérience, le vécu, le ressenti et aussi les convictions. La preuve, les médecins femmes sont tout aussi discriminantes que les médecins hommes pour évaluer la gravité des symptômes d’une femme. »

Surnommés en médecine le « syndrome méditerranéen », ces préjugés mènent la vie dure aux personnes sexisées et racisées, voire mènent à la mort, comme l’illustre tristement l’histoire de Naomi Musenga. Fin 2017, cette jeune femme noire de 22 ans a appelé à deux reprises en détresse le SAMU, qui s’est moqué d’elle, la laissant mourir de façon évitable.

Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.

Crédit photo de la une : RDNE Stock project de Pexels


https://www.madmoizelle.com/discriminations-racistes-et-sexistes-aux-urgences-cette-grande-etude-europeenne-chiffre-le-probleme-systemique-1613773

Voir les commentaires

Ariane Estenne, présidente du MOC : "Nous avons besoin d’actions collectives"

18 Décembre 2023, 05:38am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Ariane Estenne, présidente du MOC : "Nous avons besoin d’actions collectives"

© Tous droits réservés

14 déc. 2023 à 19:31

Temps de lecture5 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
PARTAGER

Écouter l'article
Ce mardi 12 décembre, Ariane Estenne a été réélue à la présidence du MOC, le Mouvement Ouvrier Chrétien, et ce pour un second mandat de quatre ans. À cette occasion, Les Grenades l’ont rencontrée pour un entretien autour des questions de féminisme, d’engagement social et de lutte contre la fragilisation des solidarités.

Le MOC forme la coupole politique des organisations qui trouvent leur origine dans l’histoire ouvrière rattachée au pilier chrétien : la CSC, les équipes populaires, les Jeunes Organisés et Combatifs, les mutualités chrétiennes et Vie Féminine.

"Nous avons hérité de ces valeurs de gauche qui ont permis de remporter des combats pour les droits sociaux. Nous nous ancrons dans cette histoire, et depuis de nombreuses années, le MOC s’est distancié de l’église", introduit Ariane Estenne. En plus de 100 ans d’existence, elle est seulement la deuxième femme à la tête du Mouvement.

À travers cette position, aux côtés de ses collègues, elle a pour mission de porter les luttes contre les inégalités et de défendre l’action collective. D’hier à aujourd’hui, Les Grenades remontent le fil de son militantisme.


© Tous droits réservés
Passer de blessures individuelles à une pensée collective
C’est avec le besoin de lutter contre les injustices qu’Ariane Estenne commence à s’investir dès le plus jeune âge. "Ma première source d’indignation vient des inégalités entre filles et garçons. Je me sentais très entravée dans ma liberté du fait d’être une fille." Mue par la volonté de comprendre les rouages de l’action politique, elle se dirige vers des études de Sciences Politiques.

Toutes les interactions sociales sont traversées si ce n’est pas par du sexisme, au moins par des rapports de domination ; je n’ai aucune illusion là-dessus

Au début des années 2000, c’est sur les bancs de l’ULB qu’elle découvre les penseuses féministes. "Ça a été transformateur. Pour moi le féminisme s’est révélé une maison. Passer de blessures individuelles à une pensée collective qui inscrit les inégalités dans un système de domination s’est révélé un processus réparateur." Au fil des années, elle approfondit ses connaissances des questions de genre.

Par ailleurs, elle s’investit dans des mouvements étudiants et participe à de nombreuses mobilisations, notamment de défense des sans-papiers ou d’alerte contre les dérives d’une société sous surveillance. "Ces mouvements, ça a été mon école d’action collective et de mon point de vue la puissance d’action se révèle par définition collective !"

À lire aussi
Accès à l’avortement pour les femmes sans-papiers : l’urgence à tout prix

Partir du vécu des femmes
Une fois diplômée, Ariane Estenne est engagée chez Vie Féminine au sein du bureau d’études. "Je pouvais continuer à lire et réfléchir aux questions féministes sans toutes les questions de ‘neutralité de la recherche universitaire’. Produire de la connaissance à partir des réalités des femmes, c’est situé et engagé, et pour moi ça avait énormément de sens !"

Après 4 ans au sein du bureau d’études, elle se lance dans la coordination d’un projet d’ampleur : la caravelle des droits des femmes. "Pendant un an, nous avons mis en place un dispositif itinérant pour nous rendre dans toutes les fédérations régionales de Vie Féminine. Nous allions dans l’espace public pour informer les femmes sur leurs droits. Ce projet s’est révélé très mobilisateur."

L’année suivante, elle devient Secrétaire générale adjointe de Vie Féminine et se concentre sur les questions de mobilisation pour faire remonter les vécus des femmes à travers l’éducation permanente féministe.

"Mon féminisme me colle à la peau et me protège"
En 2016, Alda Greoli (Les Engagés) alors ministre de la Culture lui propose de rejoindre son cabinet comme conseillère en éducation permanente. Après cette mission de deux ans, le nom d’Ariane Estenne est mis en avant pour candidater à la présidence du Mouvement Ouvrier Chrétien et remplacer Christian Kunsch.

"Moi je venais d’un monde très militant, très féministe… Présider une telle institution n’avait jamais été quelque chose auquel j’aspirais, mais quand on m’a invitée à me présenter, j’y ai vu une belle opportunité politique, car le MOC est un outil de convergence des luttes entre les plus grandes organisations sociales du pays." Elle est élue et commence son mandat en 2019. Depuis ses plus de 100 années d’histoire, Ariane Estenne est seulement la deuxième femme à la tête du mouvement, Jeanine Wynants a été la première à assurer ce mandat de 1979 à 1985.

Aujourd’hui, observer cette jeunesse se réapproprier les pensées féministes me procure une joie inouïe. La relève est là ! Les filles et les femmes qui arrivent sont beaucoup plus outillées

"C’est sûr qu’il y a encore des logiques patriarcales au sein de l’institution, mais mon féminisme me colle à la peau et me protège. De mon point de vue, toutes les interactions sociales sont traversées si ce n’est pas par du sexisme, au moins par des rapports de domination ; je n’ai aucune illusion là-dessus. Alors oui j’ai dû et je dois affronter un certain sexisme et paternalisme, mais ça n’a pas été une surprise. Pour nous préserver et ne pas laisser passer les violences, avec mes collègues, nous mettons en place toute une série de stratégies collectives."


© Tous droits réservés
Mener une action conjointe
À travers sa fonction, Ariane Estenne coordonne l’action conjointe entre les cinq organisations autonomes du MOC : la CSC, les équipes populaires, les JOC, les mutualités chrétiennes et Vie Féminine. "On avance sur de grandes thématiques : la sécurité sociale, la réduction collective du temps de travail, les questions de migration, de démocratie et d’écologie. Nous essayons de porter une parole conjointe ; mon travail est de piloter les processus internes de décision."

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Par ailleurs, la militante mène aussi une mission de représentation et de plaidoyer. "Chaque jour l’actualité nous montre que le socle de ce qui fait notre démocratie est menacé. Il y a urgence. Comment prendre soin de notre démocratie ? Comment la faire vivre ? Au niveau électoral, mais aussi au niveau de l’organisation du travail ou de la défense des droits ? Comment organiser des débats ?"

Elle continue : "Il faut prendre soin de nos espaces de délibération, se demander comment décider ensemble. Plus que jamais, nous avons besoin de la démocratie culturelle, et ce en renforçant le monde associatif qui permet d’offrir des boussoles pour comprendre les enjeux auxquels nous faisons face, et permet à chacun·e de reprendre prise sur son existence."


© Tous droits réservés
Une génération radicale pour assurer la relève
"Le mouvement #metoo, ça a vraiment été décoiffant. Au début des années 2000, le mot féministe était connoté négativement et associé à une image rébarbative. Aujourd’hui, observer cette jeunesse se réapproprier les pensées féministes me procure une joie inouïe. La relève est là ! Les filles et les femmes qui arrivent sont beaucoup plus outillées, beaucoup plus radicales. Ma génération est sans doute en train de faire évoluer le monde institutionnel, mais j’ai tout à fait confiance dans les nouvelles générations pour aller encore plus loin !", conclut-elle.

À lire aussi
Sommes-nous vraiment allées trop loin dans la promotion des droits des femmes ?

Face à la montée de l’extrême droite et la fragilisation des sociétés, Ariane Estenne se dit très inquiète, mais elle porte beaucoup d’espoir dans les nouvelles générations de militant·es.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/ariane-estenne-presidente-du-moc-nous-avons-besoin-dactions-collectives-11301231

Voir les commentaires

"La fracture" au Varia : comment recoller les morceaux de son histoire ?

18 Novembre 2023, 02:46am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 "La fracture" au Varia : comment recoller les morceaux de son histoire ?

© Pauline Vanden Neste

08 nov. 2023 à 18:43

4 min
Par Virginie Jortay*, une chronique pour Les Grenades
PARTAGER


Écouter l'article
Le Varia a eu la bonne idée de reprogrammer la pièce La fracture de Yasmine Yahiatene, présentée la saison passée à l’Atelier 210. Quel bonheur pour celleux qui avaient raté le coche car voici un premier seule en scène singulier, et d’une honnêteté sans concession.

Publicité

Yasmine Yahiatene n’est pas comédienne mais bien plasticienne. Formée à la vidéo et à la performance à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai, ainsi qu’à l’Université des Beaux-Arts de Valence, elle réalise, en 2016, une installation de vidéo mapping intitulée Ma mère, aussi. Cette même année, elle collabore aussi à la création collective de J’avais 10 ans qui remporte le 2e prix du concours international de vidéo mapping Contest de Lille.

Cette reconnaissance amène presque naturellement cette jeune artiste aux arts de la scène, et aux programmateur·ices éclairé·es.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Le temps de la performance
Une femme en short occupe déjà le plateau quand nous nous installons dans nos fauteuils de spectacteur·ices. Elle trace. Sur le sol noir, son marqueur blanc, gros et gras, dessine des contours, ceux d’un terrain de football ? Oui, de football.

Si les feux de salle s’estompent, rien ne change dans la rythmique gestuelle et intentionnelle de l’artiste qui continue de tracer l’aire de jeu. Elle déploie, prend son temps. C’est fou ce qu’il faut de traits et d’arcs pour dessiner un terrain complet. Le temps n’est pas celui du théâtre mais plutôt celui de la performance. C’est un temps différent, un temps qui surprend. Un corps, un sol, des lignes que l’on voit définir le territoire horizontal. À la verticale, un écran. On attend. Des images vont bientôt défiler. La performeuse va chercher un caméscope et des mini-cassettes.

À lire aussi
"Jogging", la pensée en étoile d’une artiste libre
Matériaux archives
La première scène sera celle du souvenir d’un moment mythique : la finale de la coupe du monde France – Brésil. Nous sommes en 1998 et Emmanuel Petit va marquer le but. 3-0.

Yasmine Yahiatene porte le maillot numéro 10, celui de Zinédine Zidane. Normal, il est algérien, comme elle, ou plutôt comme son père. Prise par son excitation d’enfant, la performeuse nous ramène 25 ans en arrière, dans l’intemporelle hystérie d’une finale d’envergure sportive, donc politique.


© Pauline Vanden Neste
Obsédée par le décloisonnement de l’intime et du politique, Yasmine Yahiatene pose ses questions, ou plutôt part en recherche. Pourquoi ne connait-elle rien de la Kabylie ? Pourquoi ne parle-t-elle pas arabe ? Pourquoi ne lui a-t-on rien raconté, appris, transmis de ce passé de colonisé·es et de ces souffrances indicibles ? Que faire des vides et des silences imposés ?

A travers la mémoire de la figure d’un père – le sien avec qui elle regarde ce fameux match – surgit la possibilité de faire récit. Quelle est cette histoire souterraine ? Que masquent les débordements de joies de son père alcoolique, ses danses et son naufrage ? Père meurtri, traumatismes transmis. L’enfant ressent et porte. Sourd. Le passé, même inconnu, laisse des stigmates.

Cicatrices, marques, empreintes.

À lire aussi
HERstory, quand les femmes écrivent l’histoire
Dessins
Des lignes font lettres, et des lettres dessins. Des mots surgissent des maux, et l’image se met en ébullition. C’est là que l’équipe de création prend toute son ampleur : Jérémy David au son, Samy Barras à la vidéo, Charlotte Ducousso à la lumière, font vivre une autre création par au-dessus du plan sur lequel la performeuse évoluait.

C’est à ce moment que le plateau s’envole et qu’entre abscisse et ordonnée, nous spectateur·ices restons suspendus. Magie d’un plateau qui cesse enfin d’étaler ; dépassée la linéarité rythmique qui aurait pu commencer à fatiguer.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

À 30 ans, Yasmine Yahiatene cherche à faire des liens entre sa propre histoire et celle de ses racines ; elle cherche à recoller les morceaux, à être une voix sur laquelle d’autres pourraient s’appuyer. À travers la petite histoire, chercher à libérer la langue pour que la grande Histoire puisse se réparer. Difficile de ne pas y voir de liens avec les interminables signes que la performeuse continue de tracer au sol, et les tatouages qu’elle porte sur son corps. D’ailleurs, elle le dit : sa grand-mère kabyle était, elle aussi, recouverte de tracés.

Y aura-t-il assez de place sur ce corps et sur ce sol pour dire tout ce qu’il y aurait à dire ?

Pour Yasmine Yahiatene, l’alcool et Algérie se rejoignent autour de trois dénominateurs communs : tabou, honte, silence.

Silence
Inlassablement, Yasmine Yahiatene continue de tracer. Le rythme originel reprend son terrain, ce qui aurait pu conduire à une certaine lassitude dans le public.

Et pourtant, ces tracés, ces rythmes linéaires finissent par représenter le silence qui ne répond à rien, ou les injustices qui continuent de se perpétrer.

Ils nous ont semblé d’une justesse absolue. Sans fioriture, sans concession, l’être en scène se propose dans un dénuement complet. Partage sans masque, aussi simple que les mains posées dans les grottes de paléolithique.

Je suis là, j’étais là, tu ne m’effaceras pas.

A voir au Studio Varia jusqu’au 11 novembre.


* Touche à tout dans le domaine des arts de la scène, Virginie Jortay a réalisé des spectacles de théâtre, des mises en voix et en espace, des décors sonores. Enseignante à l’INSAS et à l’ESAC, elle a décidé en 2013 de mettre de côté sa pratique artistique pour diriger le cursus de formation supérieure en arts du cirque de l’ESAC à Bruxelles. Elle enchaîne la fin de son mandat avec la direction des études et de l’insertion professionnelle au Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne. C’est en 2021 qu’elle publie son premier roman, Ces enfants-là, aux Impressions Nouvelles. Depuis, elle décide de consacrer son temps à ses propres projets et retrouve le plaisir de ses activités artistiques passées.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/la-fracture-au-varia-comment-recoller-les-morceaux-de-son-histoire-11283948

Voir les commentaires

Le féminicide politique : tuer les femmes et leur combat

10 Mars 2023, 03:22am

Publié par hugo

 FEMMES À ABATTRE (1/6) ENQUÊTE

Le féminicide politique : tuer les femmes et leur combat
Élues, avocates, journalistes, défenseuses des droits humains, elles ont été victimes d’un « féminicide politique ». Assassinées pour les causes qu’elles portaient et parce qu’elles étaient des femmes. Une enquête inédite, intitulée « Femmes à abattre », s’est penchée sur près de 300 meurtres partout dans le monde. 

Sophie Boutboul, Rouguyata Sall, Leïla Miñano, Hélène Molinari et Ilioné Schultz (Youpress)

8 mars 2023 à 15h06

« Je« Je n’ai plus d’espoir, tous mes rêves se sont évanouis. » Dans cette voix lasse, de celles qui ont raconté un millier de fois leur histoire, on peine à reconnaître la militante féministe qui levait le poing dans les manifestations à Bassora, à l’automne 2018. À l’époque, keffieh enroulé autour de la tête, Lodya Albarty et ses camarades montaient en première ligne des défilés, pour dénoncer la corruption et l’influence des milices chiites sur le gouvernement irakien. C’était il y a trois ans à peine, mais pour la jeune femme, ces dernières années ont le poids d’une vie. Elle qui se croyait indestructible se cache aujourd’hui, telle une bête traquée.


Lisez la suite pour 1€


En profitant de notre offre d'essai de 15 jours, résiliable en ligne à tout moment

Je m’abonne
Cet article est réservé aux abonné·es. Pourquoi ?

Afin de garantir la liberté totale de notre rédaction, Mediapart a fait le choix de ne pas être financé par des milliardaires (pour pouvoir enquêter sur leurs intérêts industriels), de ne pas recourir à la publicité (pour ne pas être soumis aux pressions des annonceurs), de ne pas recevoir d’aides publiques à la presse (pour ne pas dépendre du bon vouloir politique).

Informer en profondeur et avec rigueur a cependant un coût. C’est pourquoi nous avons opté dès la création du site pour un modèle sur abonnement qui assure notre indépendance.

C’est ce modèle qui nous permet d’enquêter librement sur la présidence Macron comme sur le financement du clan Sarkozy par la dictature libyenne. Sur les falsifications du professeur Raoult comme sur les méthodes de barbouzes du groupe LVMH et de son patron Bernard Arnault.

Avec une conviction : tout ce qui est d’intérêt public doit être rendu public.

S’abonner à Mediapart, c’est souscrire à cette vision du journalisme qui vise à faire connaître ce que certains voudraient cacher : scandales écologiques et sanitaires, violences sexuelles, atteintes à la probité.

S’abonner, c’est permettre à ce journalisme d’exister. Et de se développer.

Testez-nous 15 jours pour 1€


 https://www.mediapart.fr/journal/international/080323/le-feminicide-politique-tuer-les-femmes-et-leur-combat?utm_source=global&utm_medium=social&utm_campaign=SharingApp&xtor=CS3-5

Voir les commentaires

Le Corps des Femmes

8 Mars 2023, 01:01am

Publié par hugo

 Le Corps des Femmes
Mais qu’est-ce qu’il a

Le corps des femmes

Pour qu’on n’lui foute

Jamais la paix ?

 

Combien faut-il

De cris, de larmes

Pour qu’on lui rendre

Sa liberté ?

 

Mais qu’est-ce qui y’a

Dans toutes les têtes

De ceux qui bossent

A la télé,

 

Sur les antennes,

Dans les papiers,

Toujours à vouloir

Nous glacer,

 

Nous enfermer

Dans leurs idées,

Leurs idéaux

Un peu macho,

 

Nous asservir

Pour assouvir

Comme des salauds

Leur libido ?

 

Mais qu’est-ce qu’il a

Mon corps de femme

Pour qu’on n’lui foute

Jamais la paix ?

 

Est-ce que ça s’rait

Vraiment un drame

Si on le montrait

Comme il est ?

 

Le corps des femmes

Porte leurs âmes,

Porte la vie,

Porte leurs drames.

 

Le corps des femmes,

Leur seule maison,

Toujours saccagé

Sans raison…

 

Je veux savoir,

Savoir pourquoi

C’est toujours les femmes

Que l’on broie

 

Et pourquoi toi,

Tout feu tout flamme,

Tu asservis

Le corps des femmes !

 

Mais qu’est-ce qu’il a

Mon corps de femme

Pour qu’on ne cesse

De l’emmerder,

 

Pour que toujours,

Dans les réclames,

On m’y “invite”

à le changer ?

 

Mais qu’est-ce qu’il a

Mon corps de femme

Pour qu’on le voit

Comme un objet ?

 

Si vous voulez

L’fond d’ma pensée,

Mon corps est parfait

Comme il est !

 

Oui je suis libre !

Oui je suis belle !

J’incarne la beauté immortelle !

 

Je suis la force

Irresistible,

La féminité

Irascible !

 

Ils peuvent parler,

Ils peuvent juger,

Ils peuvent détester

Et cracher,

 

Quoi qu’ils en disent

Et quoi qu’ils fassent,

Mon corps de femme

Est un palace !

 

Mon corps de femme

Porte mon âme,

Porte ma vie,

Porte mes drames.

 

Mon corps de femme,

Ma seule maison,

Toujours saccagé

Sans raison…

 

Je veux savoir,

Savoir pourquoi

C’est toujours les femmes

Que l’on broie,

 

Et pourquoi toi,

Tout feu tout flamme,

Tu asservis

Le corps de femme !

 

Mais qu’est-ce qu’il a

Le corps des femmes

Pour qu’on n’lui foute

Jamais la paix ?


https://criduchoeur.jimdofree.com/r%C3%A9pertoire/le-corps-des-femmes/paroles/

Voir les commentaires

L’enquête sur Gérald Marie, « le Weinstein de la mode » accusé de viols, classée pour prescription

17 Février 2023, 14:13pm

Publié par hugo

 L’enquête sur Gérald Marie, « le Weinstein de la mode » accusé de viols, classée pour prescription
Anthony Vincent
 16 février 2023 à 08h08

MADMOIZELLE  MODE  ACTUALITÉ MODE
Gérald Marie, ancien directeur Europe surpuissant de l’agence de mannequins Elite était visé par une enquête ouverte en septembre 2020 pour viols et agressions sexuelles, suite aux témoignages de plusieurs mannequins. Seulement, l’enquête a été classée le 13 février 2023, car les faits étaient prescrits.
C’est une affaire classée de plus en matière de violences sexuelles. Nombreuses ont été les mannequins à rapporter des faits de violences sexuelles extrêmement similaires dont Gérald Marie aurait été l’auteur du temps de son règne en tant que directeur Europe de la surpuissante agence de mannequins Elite, dans les années 1980-1990. Si bien que son modus operandi lui vaut le surnom de « Weinsten de la mode ».


"J’ai entre les mains les témoignages de 8 anciens mannequins ne se connaissant pas, qui décrivent des faits similaires: Gérald Marie les attirant chez lui au prétexte de leur montrer des photos et les violant avec une grande brutalité." @CaroMichel2 @lobs https://t.co/cgTI6qlEpH

— Anthony Vincent (@AnthonyVnct) October 15, 2020
L’enquête visant Gérald Marie pour viols et agressions sexuelles, classée pour « prescription »
Suite à la libération de la parole, mais surtout de l’écoute (car les victimes témoignent dans les médias depuis 1998, dans une violente indifférence, seulement brisée vers 2017 par l’explosion de #MeToo), plusieurs tops se sont organisés pour collecter d’autres témoignages afin de constituer un dossier en justice solide.

Et ce, dans l’espoir que les faits ne soient pas encore prescrits pour certaines victimes. Seulement, l’enquête ouverte en septembre 2020 par le parquet de Paris pour « viols et agressions sexuelles » sur majeur et sur mineur, confiée à la Brigade de protection des mineurs, n’a pas identifié de victime dont les faits n’auraient pas encore été prescrits aux yeux de la justice, comme le rapporte l’AFP, relayée notamment par Libération. Conséquemment, le parquet de Paris a classé sans suite l’enquête « du fait de l’acquisition de la prescription de l’action publique ». Rappelons que la prescription des faits dénoncés ne signifie pas absence d’infraction pénale.

Si l’avocate de Gérald Marie, Me Céline Bekerman, envisage déjà des poursuites pour dénonciation calomnieuse, les avocats d’une des plaignantes, la journaliste britannique Lisa Brinkworth, demandent depuis janvier 2023 à ce qu’un juge d’instruction soit saisi des faits afin de permettre un « débat » sur la prescription « quand la victime est empêchée d’agir par un climat de menaces et de pressions », rapporte également l’AFP.

En cause : pour un documentaire BBC, cette journaliste s’était infiltrée durant 1 an en tant que fausse mannequin au sein d’Elite en 1998, au plus près de Gérald Marie, afin d’en éclairer les coulisses. Elite a attaqué la BBC en diffamation, empêchant toute rediffusion, mais aussi exploitation des images et pistes sonores du tournage de ce documentaire diffusé qu’une seule fois. Par conséquent, la journaliste n’a pas eu le droit de s’en servir comme preuve (alors qu’une agression sexuelle aurait été enregistrée) pour tenter d’obtenir justice, alors même qu’elle raconte avoir subi menaces et intimidations suite à l’unique diffusion.

bitdefender.fr
SPONSORISÉ PAR | bitdefender.frRecrudescence des cybermenaces à Paris: testez Bitdefender, référence européenne de cybersécurité
VOIR PLUS

Aujourd’hui, Lisa Brinkworth et les autres plaignantes souhaitent donc mener une nouvelle action civile pour les nombreuses autres victimes, avec de nouveaux éléments pour étayer leurs allégations.

Crédit photo de Une : Capture d’écran YouTube.


https://www.madmoizelle.com/lenquete-sur-gerald-marie-le-weinstein-de-la-mode-accuse-de-viols-classee-pour-prescription-1495229

Voir les commentaires

Quand le théâtre répare l’oubli : Jean Dominique, immense poétesse belge ressuscitée sur les planches

23 Novembre 2022, 20:54pm

Publié par hugo

 LES GRENADES

Quand le théâtre répare l’oubli : Jean Dominique, immense poétesse belge ressuscitée sur les planches

© Atelier Côté Cour/photo : Carolina del Valle

19 nov. 2022 à 18:36

Temps de lecture
8 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
Les Grenades
Littérature
Scène - Accueil
Culture & Musique
poésie
Autrice
Poétesse
autrice belge
THEATRE
Jean Dominique
PARTAGER


Connaissez-vous Jean Dominique ? Sous ce nom de plume se cache la poétesse belge Marie Closset qui a vécu et écrit à la fin du 19e siècle et au 20e siècle. Très connue et mondaine à l’époque, elle est peu à peu tombée dans l’oubli, comme nombre d’autres autrices qui sont peu enseignées.

Une pièce consacrée à sa vie et à ses poèmes intitulée Le Banquet de Jean Do sera jouée au Senghor ce 23 novembre. La pièce a été pensée et mise en scène par Viviane Wansart. "Cela fait 15 ans que je travaille au sein de la Compagnie de la cour, avec des personnes qui ont des parcours de vie difficile. S’impliquer pour jouer dans une pièce de théâtre donne une structure aux journées, un objectif. Ce n’est pas évident car souvent les larmes et les rires se côtoient lors de nos ateliers. Nous ne sommes pas une troupe amateur, ni une troupe professionnelle, c’est un entre-deux. Après avoir joué tous les classiques masculins, Shakespeare, Tchekhov, etc., je me rends compte que j’ai commencé à m’intéresser à la visibilité de la parole des femmes", explique-t-elle.

Des recherches presque journalistiques
La compagnie a notamment créé une pièce, D'Antigone à WeToo, où les actrices et acteurs s’interrompaient dans l’histoire pour livrer des témoignages de violences faites aux femmes, parfois des témoignages personnels.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

"Durant le confinement, je ne voulais pas que cette dynamique s’arrête. Je suis partie sur une idée qui m’animait depuis longtemps, depuis l’adolescence même : à 16 ans, j’allais à la bibliothèque de Spa pour photocopier les poèmes d’autrices belges. J’ai demandé aux comédiens et comédiennes de choisir une de ces autrices, de déclamer un de ses poèmes et de nous raconter sa vie. Toute la préparation de cette pièce s’est faite au travers de réunions en visioconférence", relate Viviane Wansart. "Cela a demandé des recherches presque journalistiques ! Pour mieux connaitre ces femmes, il a fallu plonger dans des livres, contacter leur famille, aller chez des bouquinistes..."

Après avoir joué tous les classiques masculins, Shakespeare, Tchekhov, etc., je me rends compte que j’ai commencé à m’intéresser à la visibilité de la parole des femmes

À lire aussi
À la recherche des autrices perdues : quelle place pour les femmes dans les cours de littérature en Belgique ?

Parmi toutes ces autrices belges, l’une des comédiennes a travaillé pour ce projet sur Jean Dominique. "Elle s’est prise de passion pour cette poétesse et nous a transmis cette passion, cette nouvelle pièce est vraiment l’histoire de transmissions entre femmes. Elle a vécu une vie incroyable et hors norme", souligne la metteuse en scène. Émerge alors l’idée de créer une pièce entièrement consacrée à Jean Dominique, notamment en se basant sur le travail de la chercheuse Vanessa Gemis qui s'est intéressée aux autrices belges peu connues.

À lire aussi
Le théâtre, un moyen d'émancipation pour les victimes de violences conjugales

Qui est Jean Dominique ?
Née en 1873 à Saint-Josse, Jean Dominique est issue d’une famille modeste. A la mort de son père, elle est envoyée à Mons chez sa grand-mère et sa tante, directrices d’écoles. Elle découvre alors la poésie et publiera ses premiers vers en 1895. Elle suit également des cours pour devenir régente et enseigne dans l’école d’Isabelle Gatti de Gamond.

Pour écrire, elle se fait appeler Jean Dominique car c’est un nom d’homme, c’est plus simple pour se faire publier

Après sa rencontre avec ses deux amies, Marie Gaspar et la romancière Blanche Rousseau, elle fonde sa propre école à Ixelles en 1912, puis à Uccle en 1924. "Elles se font surnommer Les Peacocks ('Les Paons'). Il s’agit très certainement d’amours lesbiens, mais cela ne se disait pas à l’époque. Elles resteront toute leur vie ensemble", précise Viviane Wansart. "Jean Dominique est liée aux milieux anarchistes et libertaires de son époque. C’est notamment pour cette raison qu’elle fonde son école. L’école d’Isabelle Gatti de Gamond demandait beaucoup de rigueur, elle voulait que les filles accèdent à l’Université Libre de Bruxelles et deviennent avocates ou médecins. Pour Jean Dominique, il s’agit d’un enseignement trop élitiste. Elle souhaite créer un enseignement alternatif, plutôt axé sur la culture, pour permettre aux filles d’embrasser une carrière artistique."


© Atelier Côté Cour/photo : Carolina del Valle
Après la Première Guerre mondiale, elle abandonne petit à petit la poésie pour se consacrer à son école, à donner des conférences, à l’écriture d’articles et à mentorer des jeunes poétesses, comme l’Américaine May Sarton qui deviendra également son "amie". "Jean Dominique vit toujours entourée de femmes", réagit Viviane Wansart. "May Sarton va écrire un roman sur leur relation, qui parle d’homosexualité féminine. Elles vont s’écrire des lettres pendant des dizaines d’années. Si on regarde des interviews de May Sarton dans les années 90, elle a une photo de Jean Dominique dans son bureau. Dans la pièce de théâtre que nous avons créée, j’interprète May Sarton."

Des aînées au théâtre
Le titre de la pièce, Le Banquet de Jean-Do, est une référence directe au texte Le Banquet écrit par Platon aux environs de 380 av. J.-C, qui met en scène des hommes parlant d’amour lors d’un repas, et notamment d’homosexualité.

Avec un accompagnement musical composé par le musicien de jazz Pirly Zurstrassen, la pièce prend place lors de l’anniversaire de 75 ans de Jean Dominique. "Il est rare de voir des aînées au théâtre [au cinéma également, NDLR], c’est tout aussi rare de voir des femmes qui s’aiment ! Même l’amitié entre les femmes n’est pas valorisée, ni montrée. On montre toujours les femmes dans des situations de rivalité", selon Viviane Wansart.


© Atelier Côté Cour/photo : Carolina del Valle
"Dans la pièce, elles savent que c’est leur dernière fête ensemble, elles ont beaucoup fait la fête durant leur vie ! Elles savent qu’elles vont bientôt mourir, c’est touchant. Il y a une certaine atmosphère, elles chantent, elles rient. C’est important parce que Jean Dominique a parlé de sa vie dans ses écrits, elle est un peu pionnière de l’auto-fiction, qui est aujourd’hui popularisé par Annie Ernaux. Jean Dominique décrit ce que cela fait de vieillir, de perdre ses facultés intellectuelles, ce qu’on ressent. Pour écrire, elle se fait appeler Jean Dominique car c’est un nom d’homme, c’est plus simple pour se faire publier. Je trouve aussi qu’il y a beaucoup de symbolisme dans ces poèmes, certains sont assez mystérieux. Elle était aussi connue pour s’affranchir des règles de la poésie, avec des vers libres, etc.", poursuit-elle.

À lire aussi
Annie Ernaux, prix Nobel de littérature : celle qui écrit la vie

Certains personnages de la vie de Jean Dominique sont invité·es à cette fête, comme Isabelle Gatti de Gamond mais aussi Jacqueline Dalcq Depoorter, qui est toujours vivante. "Elle est interprétée à l’âge de 18 ans par une jeune comédienne dans notre pièce. Aujourd’hui, elle a 93 ans ! Elle sera présente avec sa famille lors de la représentation de mercredi. Sa vie est également incroyable ! Elle était l’une des voisines de Jean Dominique à Uccle. Elle a été diplômée de l’ULB en droit avec la plus grande distinction en 1951, à l’âge de 21 ans, elle était une des rares femmes à faire ces études à l’époque et elle sera la première de sa promotion."

En 1977, Jacqueline Dalcq travaille sur la dépénalisation partielle de l’avortement. En 2002, elle devient membre de la Commission nationale d’évaluation, chargée d’évaluer l’application de la loi du 3 avril 1990 relative à l’interruption de grossesse. Elle a lutté toute sa vie pour les droits des femmes "Nous avons réussi à contacter cette dame qui ne sort pratiquement plus de chez elle. Elle garde beaucoup de souvenirs de Jean Dominique et de son école, elle nous en a parlé. Voilà un autre exemple de transmission de femme en femme qui s’est produit pendant le processus de création de cette pièce."

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Un grand silence
Jean Dominique meurt en 1952, dans la précarité. Après avoir touché tant de femmes autour d’elle, elle tombe dans l’oubli.

Il est rare de voir des aînées au théâtre, c’est tout aussi rare de voir des femmes qui s’aiment

"C’est scandaleux. Je pense notamment au tableau exposé aux Musées royaux des Beaux-Arts La Promenade du peintre belge Théo van Rysselberghe, qui était son ami et qui l’a soutenue pour qu’elle publie ses premiers poèmes. On y voit quatre femmes, on ne sait rien sur elles, elles ne sont pas présentées. Pourtant, celle qui est au premier plan et qui nous regarde, c’est Jean Dominique ! Et il est rare à l’époque de représenter une femme avec autant de mouvements, on voit sa robe qui bouge, elles sont libres, elles marchent sur la plage. Mais on les oublie. Jean Dominique n’a pas de descendance, personne pour raviver sa mémoire, d’autant qu’on étudie peu les autrices, comme l’a montré le travail de recherche de Fanny Goerlich qui sera présente mercredi avec Vanessa Gemis pour un bord de scène [Les Grenades ont publié un résumé de son travail par ici]. Après leur mort, c’est un grand silence qui les entoure..."

Une invisibilisation et un silence que cette pièce entend bien combler.


© Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / photo : J. Geleyns – Art Photography
Des poèmes écrits par Jean Dominique
 

A bord

Le soir adorable tremblait sur la mer.

Je regardais passer doucement le soir clair,

Entre le ciel et l'eau, dans les vents et dans l'air...

 

L'écume, au soleil couchant moussait, rose,

Et, fléchie au sommet des vagues les plus hautes,

Prenait la courbe circonflexe des mouettes.

Jamais je n'avais vu de si belles mouettes ;

Jamais je n'avais été si seul devant la mer,

Et je me sentais triste, pâle et fier

D'être si content, seul à seul avec la mer.

 

J'avais quitté mon amie, j'avais quitté mon amie !

Le vent traversait mon âme avec le soleil du soir

Et je regardais ma vie du haut de mon désespoir...

 

Comme un bateau qui va sur l'eau.

Va, mon Rêve, sur mes sanglots...

Il se fait tard, la mer est noire.

 

A droite, encor un soleil mort,

A gauche, la lune est à bord ;

Au milieu, c'est mon blanc mouchoir! 

 

Il est trempé comme une voile

Sombrée dans la marée natale...

Où est ma mère, qu'elle pleure !

 

Je veux aller où l'on demeure —

La lune ronde est dans le ciel

Blonde comme un gâteau de miel.

 

Au galop fou des violons

Et des harpes tristes qui bêlent

Tout le long le long de ce pont,

Je tourne, en chœur, ma ritournelle

"Comme un pauvre petit bateau Qui va sur l'eau !"

 

Les Confidences - I

Les obscures chansons qui passent

Sous mon front, cet après-midi,

Comme les bouleaux des taillis.

Tremblent d'automne, résignées...

Et leurs sveltes corps nus s'effacent

Dans les brumes de mes pensées.

 

Elles s'en vont, inexprimées,

A travers l'àme toutes pures,

Et mon silence les rassure.

Ce sont de frêles épousées

Pour mon cœur banal et fidèle,

Et j'ignore presque tout d'elles,

Mais je les aime — c'est assez !...

 

C'est assez d'aimer et le dire

Par ce doux-pâle après-midi

A ce qui ne peut pas en rire,

Les rideaux clairs, les bouleaux gris.

Et ces chansons qui viennent, vont,

Mystérieuses, sous mon front... 

 

Les Confidences - V

Mes mains ont perdu l'habitude

De courber leurs doigts de tristesse

Pour de consolantes promesses.

Voici le jour des solitudes!...

Mon corps a perdu l'attitude

Des passionnantes tendresses.

 

Voici le jour des solitudes !...

Je ne verrai plus l'attitude

De vos amoureuses promesses...

Vous avez perdu l'habitude

De me parler avec tristesse.

 

Voici les pieuses tendresses

Désavouées, en l'attitude

D'une machinale caresse...

Fermez mes yeux de solitude

Avec vos doigts vains, sans tristesse

Je dormirai par habitude. 

 

Poèmes issus du recueil L'Ombre des roses (Ed. du Cyclamen, 1901). Plus de poèmes par ici.

Sur les traces de ces femmes invisibilisées dans l’histoire – Les Grenades, série d’été


https://www.rtbf.be/article/quand-le-theatre-repare-loubli-jean-dominique-immense-poetesse-belge-ressuscitee-sur-les-planches-11107584

Voir les commentaires

Le droit des femmes au bout du crayon : portrait d’une dessinatrice de presse en Egypte

10 Novembre 2022, 11:26am

Publié par hugo

 Le droit des femmes au bout du crayon : portrait d’une dessinatrice de presse en Egypte
Doaa El Adl, dessinatrice de presse en Egypte
31 oct. 2022 à 09:30 - mise à jour 07 nov. 2022 à 16:14

Temps de lecture
3 min
Par Anne Schiffmann

La Trois
RTBF TV
Les Grenades
DOCUMENTAIRE
PRESSE
LIBERTE DE LA PRESSE
LIBERTE D EXPRESSION
DROITS DES FEMMES
EGYPTE
DESSINATRICE DE PRESSE
PARTAGER


Doaa El Adl est l'une des dessinatrices les plus reconnues du monde arabe. Son travail engagé pour le droit des femmes et la liberté d’expression lui a valu le Prix de la meilleure dessinatrice de presse décerné par l’ONU. La réalisatrice égyptienne Nada Riyadh, féministe engagée elle aussi, nous emmène à sa rencontre. Son documentaire est le premier volet de la série " Draw for change " consacrée aux femmes dessinatrices à travers le monde.

Dessin de Doaa El-Adl dénonçant le viol
Dessin de Doaa El-Adl dénonçant le viol Clin d'Oeil Film
La série documentaire Draw for change! Met à l’honneur des femmes dessinatrices à travers le monde, qui utilisent leurs caricatures pour faire entendre la voix des femmes et revendiquer une réelle égalité des sexes. Tournée au Mexique, aux États-Unis, en Russie, en Inde, en Syrie et en Egypte, la série nous emmène à la rencontre de dessinatrices souvent aux prises avec des conflits sanglants et des libertés bafouées.

Le dessin est ma vocation 

C’est le cas de Doaa El-Adl, dessinatrice de presse la plus connue d’Egypte et l’une des célèbres du monde arabe.  Connue pour ses dessins audacieux et controversés, elle nous ouvre les portes de son travail. " Le dessin est ma vocation " explique-t-elle. Ses dessins sont à la fois beaux et d’une force incroyable. Elle y dénonce l’institutionalisation de la religion. Elle y dénonce surtout toute forme de violence faite aux femmes et questionne la place des femmes dans la société égyptienne. Et elle a malheureusement matière à dessiner à ce sujet au quotidien. En Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe, le harcèlement sexuel et la violence envers les femmes est un véritable fléau.

Jour après jour, à travers ses dessins, Doaa pose un regard résolument féministe et libre sur son pays, l’Egypte, depuis l’arrivée des Frères musulmans. Elle se décrit comme une " anarchiste musulmane ". Elle pense que la religion ne devrait jamais être institutionnalisée, puisqu’il s’agit d’une question entre Dieu et l’individu. Un de ses dessins lui a d’ailleurs valu de comparaître pour blasphème devant une cour de justice, accusée d’avoir insulté le rôle d’Adam dans l’Islam. Un récent rapport de l’ONG Amnesty international dénonce une répression qui durcit en Egypte à l’encontre des détracteurs du gouvernement et des journalistes.

Dessin de Doaa El-Adl dénonçant la censure
Dessin de Doaa El-Adl dénonçant la censure Clin d'Oeil Film
j’espère n’être jamais obligée de partir

Les dessinateurs de presse sont dans ligne de mire des autorités également. Les femmes plus encore. Au Caire, ville considérée comme l’une des mégapoles les plus dangereuses pour les femmes, Doaa questionne la place de son art dans un contexte où le droit à la controverse est de plus en plus menacé.  

Tout au long du film, elle nous raconte son combat quotidien. Elle a dû se battre pour exercer ce métier et sa passion, et se faire accepter dans un monde très largement occupé par les hommes. Son combat actuel est de continuer à dénoncer à travers ses dessins, au risque de poursuites judiciaires ou d’intimidations.

" Après plusieurs voyages en Europe j’ai réalisé que je n’étais bien qu’en Egypte et qu’émigrer était inconcevable pour moi " explique-t-elle " et j’espère n’être jamais obligée de partir ". Et quand la réalisatrice lui demande s’il lui arrive d’avoir peur, Doaa déclare qu’elle préfère ne pas répondre à cette question. Un silence qui en dit long.

A travers ses dessins et ses propos recueillis, on mesure l’ampleur de son courage admirable. " Un plus grand espace de liberté : voilà ce que je souhaite " dit-elle. Une aspiration largement partagée par la réalisatrice Nada Riyadh, militante elle-aussi pour une plus juste place des femmes dans la société égyptienne.

Puisse ce documentaire contribuer à faire entendre leurs voix !

Clin d'Oeil Films/la RTBF

Draw for change ! :  Dessine-moi une Egypte, Doaa El-Adl, un trait de liberté : un documentaire de Nada Riyadh co-écrit avec Vincent Coen et Guillaume Vandenberghe à ne pas manquer le lundi 07/11 à 21h45 sur La Trois dans l’émission Regard sur et à revoir sur Auvio


https://www.rtbf.be/article/le-droit-des-femmes-au-bout-du-crayon-portrait-dune-dessinatrice-de-presse-en-egypte-11094712

Voir les commentaires

Chloé Boels : donner leur place aux femmes dans le streaming

27 Octobre 2022, 23:44pm

Publié par hugo

Chloé Boels : donner leur place aux femmes dans le streaming

hier à 10:49

Temps de lecture
5 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
Les Grenades
Sciences et Techno
Jeux vidéo
Vivre ici - Gens d'ici
JEUX VIDEO
HARCELEMENT SEXUEL
VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
TWITCH
STREAMEUSES
PARTAGER


En Belgique, selon le top 100 des professions de Statbel, on ne compte que 13% d’ingénieures civiles, 19% de femmes managers TIC et seulement 11% de conceptrices de logiciels. Pour lutter contre ces écarts et déconstruire les stéréotypes genrés, Les Grenades réalisent chaque mois le portrait de femmes actives dans le monde des sciences, de la tech’ ou de l’ingénierie.

Aujourd’hui, rencontre avec Chloé Boels, qui à 25 ans, est la co-fondatrice de Stream’Her, une communauté d’entraide et de mise en avant des femmes dans le monde du streaming. Entre conseils techniques, visibilisation et lutte contre le harcèlement, elle œuvre au quotidien à créer un web plus safe et plus inclusif. Nous la retrouvons chez elle, dans son appartement bruxellois. Entre le drapeau LGBTQIA + cloué au mur et le (très) grand écran d’ordinateur installé sur son bureau, elle nous raconte son histoire.

Où sont les femmes sur Twitch ?
C’est à Charleroi que Chloé Boels passe son enfance. Très vite, elle devient une as des jeux vidéo. Si elle rêve secrètement d’en faire son métier, elle est alors loin d’imaginer qu’elle finira par vivre de sa passion… Après un bachelier en langues, elle réalise un master en entrepreneuriat et un autre spécialisé en traitement automatique du langage. "C’est le domaine informatique lié à la langue, on associe la linguistique et le machine learning", explique-t-elle.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Durant ses études menées en pleine pandémie, faute de pouvoir sortir, elle écume des contenus vidéo sur le net. "Comme j’en avais un peu marre de Youtube, j’ai commencé à m’intéresser à Twitch, la plateforme de référence pour le streaming. On y trouve de tout : du gaming, de l’art, de la musique, des talkshows…" En quelques clics, elle découvre que le site visibilise en très grande majorité des hommes. "J’ai analysé les tops des diffusions et là j’ai compris que les femmes en étaient quasi absentes. Aussi, on ne compte que 35% de femmes parmi les millions d’utilisateurs de Twitch."

À force de regarder des contenus lui vient l’envie de se lancer en tant que streameuse. "Le truc, c’est que ce n’est pas si simple de démarrer… J’avais plein de questions, je ne savais pas comment ça marchait et je ne savais pas où demander de l’aide." Face à ce double constat de manque de représentativité et de nécessité d’entraide, elle crée avec son amie Ilaria Giglio le projet Stream’Her. Leur but ? Monter une véritable communauté de streameuses et encourager les femmes sur la plateforme.

À lire aussi
#Protectmanonolita : vaste mouvement de soutien à Manon, streameuse belge, victime de menaces de mort et de viol

Vague de harcèlement
Si Stream’Her connait un rapide succès, son décollage ne se réalise pas en douceur. Au tout début, c’est sur Twitter qu’elle lance son idée de communauté. Le tweet trouve écho chez de nombreuses femmes qui le partagent avec enthousiasme. "Et puis il a été partagé par de plus en plus de mecs de manière négative. Ça a pris une grande ampleur, il y a eu de plus en plus d’insultes et de remarques sexistes. J’ai supprimé le tweet après quelques jours parce que j’étais en examen et mon téléphone n’arrêtait pas de vibrer !"

À lire aussi
Maghla, Shironamie, Baghera Jones : les streameuses toujours autant objectifiées et harcelées sur Twitch


Depuis, le cyberharcèlement n’a jamais cessé. Outre la gestion de Stream’Her, Chloé Boels tient sa chaine sur Twitch ; dès lors, elle observe les menaces depuis ses deux casquettes. "Ça arrive tout le temps. Encore ce matin durant mon live, quelqu’un a débarqué en me disant ‘Qu’est-ce que tu fous là ? Retourne dans ta cuisine’, et puis d’autres propos violents aussi du genre ‘suce moi’, et ça dès 8h du mat’ ! Et lorsqu’on organise un live avec Stream’Her, à chaque fois, on sait qu’on doit être assez préparées parce que la haine peut se déchainer."

On ne compte que 35% de femmes parmi les millions d’utilisateurs de Twitch

Une haine qui se matérialise par des insultes et menaces sous forme de raids à travers les réseaux sociaux ou bien en direct durant les streams via le chat. "Je ne connais pas de streameuse qui ne se soit pas fait harceler, c’est triste parce que du coup, la peur empêche des femmes de se lancer…"

À lire aussi
Sur internet, le harcèlement s'accentue aussi avec le confinement

Le collectif pour streamer en mode safe
Chloé Boels, Ilaria Giglio et les 1000 membres de Stream’Her réparties sur toute la francophonie s’organisent pour casser les codes sexistes sur Twitch. "Quand on commence dans le streaming, en général on apprend à la dure, par les erreurs, mais nous, nous sommes là pour éviter ces faux pas et faciliter les expériences. Par exemple, c’est important de mettre en place un système de modération. On peut aussi bannir certains termes du chat. Il y a plein de trucs techniques pour se protéger."

Outre les conseils et les témoignages, leur site se veut une vitrine du stream au féminin et propose le Stream’Her-Desk, un catalogue de diffuseuses à suivre. Sur les réseaux, Stream’Her visibilise également de manière hebdomadaire la "streameuse de la semaine".

Je ne connais pas de streameuse qui ne se soit pas fait harceler


© Tous droits réservés
De son côté, Chloé Boels reste fidèle à sa chaine, tous les matins, derrière son micro et sa webcam. "Je continue de jouer à des jeux vidéo en direct. J’aime bien les jeux très durs. Pour moi, c’est important de montrer qu’être une meuf et jouer à ces jeux n’a rien d’inconciliable. Concrètement, je joue, je commente, je discute avec les gens qui sont dans le chat. Mine de rien on crée une vraie relation."

Notre interlocutrice réalise aussi des streams en IRL (pour In Real Life, "dans la vraie vie"). "De temps en temps, je prends mon téléphone, je me filme et on se balade avec les viewers."

Former et sensibiliser
Aujourd’hui, deux ans après sa création, Stream’Her continue de se développer : en plus de la gestion de la communauté en ligne, Chloé Boels et Ilaria Giglio organisent des événements et donnent des formations en streaming et réseaux sociaux aux femmes entrepreneures, en collaboration avec la Ville de Bruxelles et GIRLEEK.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Si les choses bougent, n’édulcorons pas le tableau : nombre d’influenceurs au top restent problématiques. Pas fataliste, Chloé Boels garde espoir et opte pour la pédagogie : "Sur n’importe quel réseau social, en tant que personnes qui diffuse du contenu, nous portons une responsabilité. Des gens nous regardent et peuvent être influençables. Si le streamer ou la streameuse tient des propos sexistes, les gens vont penser que c’est okay. À chacun·e d’être conscient·e de son impact, de mettre ses limites et d‘éduquer son public."

Et puisque Twitch gagne de plus en plus d’utilisateurs et utilisatrices, longue vie à Stream’Her afin que cet espace de partage et de diffusion soit accessible à tous·tes !

À lire aussi
Sanae Saadaoui : "Nous avons besoin des femmes en informatique"

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


 https://www.rtbf.be/article/chloe-boels-donner-leur-place-aux-femmes-dans-le-streaming-11093333

Voir les commentaires

Liz Truss : après six semaines d'exercice, la Première ministre du Royaume-Uni démisionne

20 Octobre 2022, 15:52pm

Publié par hugo

 TERRIENNES
Les femmes politiques
Liz Truss : après six semaines d'exercice, la Première ministre du Royaume-Uni démisionne
Liz Truss, de son vrai nom Elizabeth Truss, estime que la récession n'est pas inévitable et qu'il est possible de<em> "libérer des opportunités au Royaume-Uni". </em>Elle devient la troisième femme à prendre la direction du gouvernement britannique, et va s'installer au 10 Downing Street, succédant ainsi à Boris Johnson.
Liz Truss, de son vrai nom Elizabeth Truss, estime que la récession n'est pas inévitable et qu'il est possible de "libérer des opportunités au Royaume-Uni". Elle devient la troisième femme à prendre la direction du gouvernement britannique, et va s'installer au 10 Downing Street, succédant ainsi à Boris Johnson.
©AP Photo/Frank Augstein
Liz Truss, de son vrai nom Elizabeth Truss, estime que la récession n'est pas inévitable et qu'il est possible de<em> "libérer des opportunités au Royaume-Uni". </em>Elle devient la troisième femme à prendre la direction du gouvernement britannique, et va s'installer au 10 Downing Street, succédant ainsi à Boris Johnson."In Liz we Truss", un slogan sous forme de jeu de mots qui sonne comme "In Liz we trust", (En Liz, nous croyons, trad), lors de la campagne de Liz Truss, nouvelle Première ministre du Royaume Uni, désignée à l'issue du vote du parti conservateur britannique. La secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, au Commonwealth et au Développement, Liz Truss, quitte une réunion au 10 Downing Street, à Londres, le 19 juillet 2022. 
20 JUIL 2022
 Mise à jour 06.09.2022 à 13:40 par 
TerriennesLiliane CharrierIsabelle Mourgere
Petite, à l'école, elle aimait incarner Margaret Thatcher. A 47 ans, l'ancienne ministre des Affaires étrangères Elizabeth Truss est celle que les membres du parti conservateur ont choisie pour succéder à Boris Johnson. Son mandat aura fait long feu : six semaines seulement après sa nomination, la troisième femme Première ministre de l'histoire du Royaume-Uni choisit de quitter ses fonctions.
Une femme à nouveau aux rênes du gouvernement britannique. Ainsi en avaient décidé les membres du parti conservateur. La nomination de Liz Truss était officialisée début septembre 2022 lors d'une cérémonie, la dernière à laquelle assistait la reine Elisabeth II avant son décès. 

Le 20 octobre, la Première ministre annonce sa démission après 45 jours au pouvoir qui ont ressemblé à une descente aux enfers. "Vu la situation, je ne peux pas remplir le mandat sur lequel j'ai été élue par le Parti conservateur", a déclaré Elizabeth Truss, qui devient la cheffe de gouvernement à la longévité la plus courte de l'histoire contemporaine du Royaume-Uni. Elle a précisé qu'un nouveau scrutin interne aurait lieu au sein de la majorité "d'ici à la semaine prochaine" pour la remplacer.

Plus impopulaire que jamais dans l'opinion, sans programme économique après un humiliant renoncement aux baisses d'impôts, Liz Truss avait déjà dû se priver de deux de ses plus importants ministres, se voyait lâchée par ses soutiens et par la presse. Elle avait beau assurer qu'elle voulait rester en place, son maintien à Downing Street ne tenait plus qu'à un fil. Fil rompu le 20 octobre, le lendemain de la démission de Piri Patel, sa ministre de l'Intérieur.

Début septembre 2022, pourtant, Liz Truss avait recueilli 81 326 voix (57%) contre 60 399 pour son rival (43%), selon les résultats communiqués par Graham Brady, responsable de l'organisation du scrutin.

"Je suis honorée d'être élue cheffe du Parti conservateur. Merci de me faire confiance pour diriger et livrer pour notre grand pays. Je prendrai des mesures audacieuses pour nous permettre à tous de traverser ces moments difficiles, de développer notre économie et de libérer le potentiel du Royaume-Uni" postait sur son compte Twitter la nouvelle Première ministre britannique peu après l'annonce de sa victoire.
 

Une popularité à gagner
L'ancienne ministre des Affaires étrangères n'était pourtant pas en tête de liste, et sa qualification en juillet dernier au détriment de la favorite Penny Mordaunt, la ministre des Affaires étrangères et ministre des Femmes et des Egalités a plutôt surpris. Après des débuts cahoteux, celle qui devait succéder à Boris Johnson a finalement réussi à convaincre les adhérents du parti conservateur de la choisir elle, plutôt que son ancien collègue des Finances Rishi Sunak, pourtant donné gagnant au début de la course. 

Les adhérents du Parti conservateur britannique étaient appelés à voter depuis le 1er août 2022 pour choisir le futur ou la future chef-fe du gouvernement. Liz Truss, qui promettait des baisses d'impôts massives, a vu, semaine après semaine, les ralliements se multiplier. 

Mais face à l'explosion du coût de la vie, et à de nombreux mouvements de grève à travers le Royaume Uni, notamment dans les transports, sa tâche ne s'annonçait pas facile. 52% des Britanniques estimaient qu'elle serait une mauvaise voire très mauvaise Première ministre, selon un récent sondage YouGov.

"Dans un parti qui a évolué vers le populisme, elle (Liz Truss) a su se présenter de manière plus authentique, plus ordinaire que Rishi Sunak qui se retrouve facilement assimilé à l'élite mondialisée", confiait Tim Bale, professeur à l'université Queen Mary de Londres à l'AFP. "Elle arrive facilement à porter des messages conservateurs traditionnels", ajoutait John Curtice, politologue à l'université de Strathclyde.


"Renverser l'orthodoxie économique"
Pour le ministre des Finances Nadhim Zahawi, dans un entretien publié dans les colonnes du Daily Telegraph, Liz Truss allait "renverser l'orthodoxie économique éculée et diriger notre économie d'une manière conservatrice". Il rejoignait des rangs déjà bien garnis, avec l'ancien ministre chargé de l'Irlande du Nord Brandon Lewis, le député candidat malheureux à la tête du parti Tom Tugendhat, et surtout le ministre de la Défense Ben Wallace, très respecté au sein du parti conservateur, qui avait mis en avant son "expérience" en temps de guerre en Ukraine. 

Alors qu'elle avait paru rigide et peu à l'aise lors de certains débats dans les premières phases de la compétition, elle semblait plus détendue et plus assurée au fil des entretiens, même si Rishi Sunak comptait sur ses facilités oratoires pour rattraper son retard. Fin juillet, elle sortait renforcée du premier d'une série de 12 grands oraux face aux militants conservateurs.

Sur l'Ecosse et sa Première ministre, elle a tenu des propos applaudis par son parti, mais jugés méprisants par beaucoup d'Ecossais : "Je crois vraiment que nous sommes une famille et que nous sommes mieux ensemble et je pense que la meilleure chose à faire avec Nicola Sturgeon est de l'ignorer, déclarait-elle à Exeter. "Elle cherche à attirer l'attention", poursuivait-elle, estimant qu'il fallait "montrer aux gens en Ecosse, en Irlande du Nord et au Pays de Galles que nous tenons nos engagements pour eux et que nos politiques s'appliquent dans tout le Royaume-Uni". A la question d'un nouveau référendum sur l'indépendance, Liz Truss a répété trois fois "non".


L'effet Thatcher
Comme Margaret Thatcher, la "Dame de Fer" qui fut Première ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990, Liz Truss est une championne du libre-échange, qui voulait incarner l'essence du conservatisme britannique. "J'ai un programme économique clair pour diriger notre parti et optimiser le potentiel de notre grand pays", affichait-elle sur les réseaux sociaux :


Dans son clip de campagne, elle réitérait sa capacité à "diriger, tenir ses promesses et prendre des décisions difficiles". Elle assurait avoir "une vision claire de ses objectifs, et l'expérience et la détermination pour y arriver" :


Ministre des Affaires étrangères
A ce poste depuis la rentrée 2021, Elizabeth Truss avait fait parler d'elle en posant en chapka sur la place rouge, lors d'un voyage à Moscou destiné à tenter de dissuader Vladimir Poutine d'envahir l'Ukraine. Une pose qui rappelait celle de Margaret Thatcher, des années plus tôt, dans le même cadre. Les parallèles sont nombreux, et faciles, entre les deux "dames de fer" que quatre décennies séparent.

Outre les railleries suscitées par ces photos, le voyage à Moscou d'Elizabeth Truss s'était soldé par un fiasco diplomatique. Elle s'est surtout fait piéger par son homologue russe Sergueï Lavrov en affirmant qu'elle ne reconnaîtrait "jamais" la souveraineté de Moscou sur deux villes russes proches de l'Ukraine, Rostov et Voronezh, dont l'appartenance à la Russie n'a jamais été contestée. Deux semaines plus tard, la Russie envahissait l'Ukraine. Depuis, aux côtés de Boris Johnson, Elizabeth Truss incarnait le soutien massif du Royaume-Uni à l'Ukraine, notamment grâce à des sanctions économiques d'une ampleur inédite.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, et son homologue britannique, Elizabeth Truss, en conférence de presse après leurs entretiens à Moscou, en Russie, le 10 février 2022. 
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, et son homologue britannique, Elizabeth Truss, en conférence de presse après leurs entretiens à Moscou, en Russie, le 10 février 2022. 
©Service de presse du ministère russe des Affaires étrangères via AP
Le visage de l'après-Brexit
En 2021, Liz Truss devenait la deuxième femme à accéder au poste de ministre des Affaires étrangères. Une consécration, même si sa nomination a également été lue comme une manière, pour Boris Johnson, d'essayer de  brider les ambitions de cette figure montante du parti. Restée loyale jusqu'au bout au Premier ministre sortant, elle n'a pas réussi à trouver le délicat équilibre pour tirer profit du travail accompli ces derniers mois sans faire figure d'héritière directe de Boris Johnson.

Dès son arrivée au pouvoir, en juillet 2019, Boris Johnson confie à Elizabeth Truss, qui lui doit son surnom "Liz", le portefeuille du Commerce extérieur. A ce poste, qui lui permet de se familiariser avec les circuits diplomatiques, elle devient le visage des négociations commerciales de Londres d'après-Brexit. Un changement de bord pour celle qui avait défendu le maintien dans l'Union européenne lors du référendum de 2016 – avant de changer d'avis, disant voir des opportunités économiques dans le Brexit. 

Elle s'est illustrée par son attitude d'abord conciliante, puis intransigeante face à l'Union européenne dans les délicates négociations sur les dispositions post-Brexit concernant la province britannique d'Irlande du Nord. Par ailleurs, elle s'attelle à nouer de nouvelles alliances de libre-échange et conclut des accords avec le Japon, l'Australie ou encore la Norvège. Pour certains de ses détracteurs, ces accords ne font que réintroduire des avantages perdus avec la sortie du Royaume-Uni de l'UE. Mais Elizabeth Truss d'échouer à conclure le grand accord commercial avec les Etats-Unis, espéré par Londres. 

Liz Truss, alors secrétaire d'État au Commerce international, et le ministre japonais des Affaires étrangères, Toshimitsu Motegi, le 23 octobre 2020. Le Japon et la Grande-Bretagne ont signé le premier accord de libre-échange bilatéral post-Brexit, portant sur les droits de douane dans l'alimentaire et l'automobile.
Liz Truss, alors secrétaire d'État au Commerce international, et le ministre japonais des Affaires étrangères, Toshimitsu Motegi, le 23 octobre 2020. Le Japon et la Grande-Bretagne ont signé le premier accord de libre-échange bilatéral post-Brexit, portant sur les droits de douane dans l'alimentaire et l'automobile.
©Kimimasa Mayama/Pool Photo via AP
De l'Environnement au Trésor, en passant par la Justice
Aujourd'hui mariée et mère de deux filles, "Liz n'a pas peur de dire ce qu'elle pense, et croit que délivrer les gens d'une paperasserie pesante pour lancer et faire croître des entreprises est la clé de l'avenir économique", peut-on lire sur son site internet. Après une dizaine d'années dans le privé, notamment comme directrice commerciale, elle est d'abord conseillère locale dans le sud-est de Londres puis devient députée en 2010, pour la circonscription de South West Norfolk, dans l'est de l'Angleterre.

En 2012, elle entre au gouvernement et enchaîne depuis les portefeuilles, d'abord secrétaire d'Etat à l'Education, puis ministre de l'Environnement de 2014 à 2016 – elle est alors moquée pour un discours où elle s'indigne que le Royaume-Uni importe la plupart des pommes et fromages qu'il consomme. Nommée par Teresa May, elle devient aussi la première femme ministre de la Justice, puis secrétaire en chef du Trésor.

Ministre des Femmes et de l'Egalité
En septembre 2021, Liz Truss, promue ministre des Affaires étrangères lors du remaniement ministériel de Boris Johnson, conservait son rôle de ministre des Femmes et de l’Égalité. Une fonction qu'elle assumait depuis deux ans, à la suite de la démission d'Amber Rudd, mais de toute évidence sans vraiment l'incarner. Le journal britannique The Guardian citait alors un sondage YouGov : 93% des personnes interrogées ne connaissaient pas le nom de leur ministre des femmes et de l'égalité des chances.

Dans The Guardian, la présidente d'un groupe de députés reprochait à Liz Truss d'assumer son rôle de ministre des femmes et de l'égalité des chances comme une "activité secondaire". Un rapport de la Commission des femmes et de l'égalité des chances accablait alors le gouvernement, accusé de mettre de côté la lutte pour l'égalité, et pointait le risque de "régression en matière d'égalité des droits après des décennies de progrès".

J'ai une vision particulière de ce que signifie l'égalité.

Elizabeth Truss

De son côté, Liz Truss défend une autre conception de la "lutte pour l'équité" et explique sa "vision particulière de ce que signifie l'égalité". Sur le site politicshome, elle exprime son ras-le-bol des politiques qui "ghettoïsent les femmes" et la nécessité d'intégrer de la flexibilité au travail dans la relance économique post-pandémie.

Une enfance à gauche
Elizabeth Truss est née le 26 juillet 1975 à Oxford dans une famille "très à gauche".  Sa présence dans les rangs conservateurs est loin d'aller de soi : Liz Truss a grandi dans un milieu très à gauche. A la prestigieuse université d'Oxford, dont elle est diplômée en politique et économie, elle préside le groupe des europhiles libéraux-démocrates, un temps partisans d'un second référendum sur le Brexit. Sur le campus, elle militera même pour l'abolition de la monarchie. "Une erreur", comme elle l'a reconnue l'été dernier lors d'un meeting conservateur, qu'elle qualifie de "mésaventure d'adolescente". 

Ma philosophie personnelle, c'est de donner aux gens l'opportunité de prendre leurs propres décisions.

Elizabeth Truss au quotidien The Guardian

De son propre aveu, Elizabeth Truss provoque la stupeur de ses parents – un père professeur universitaire de mathématiques et une mère militante pour le désarmement nucléaire, qu'elle accompagne, enfant, à des manifestations – en se positionnant en fin de compte franchement à droite. Les tories, dont elle devient rapidement une étoile montante, conviennent mieux à cette partisane d'une faible taxation. "Ma philosophie personnelle", confie-t-elle un jour au quotidien The Guardian, "c'est de donner aux gens l'opportunité de prendre leurs propres décisions".

Lire aussi dans Terriennes : 

► Une femme pour succéder à Boris Johnson ?
► Brexit : Theresa May, la femme-roseau sort de scène
► Victoria Bateman, l'économiste féministe qui déshabille le Brexit
► Décès de Margaret Thatcher, la “dame de fer“
► Elisabeth Borne : une femme Première ministre en France, trente ans après
► Femmes contre femmes

TerriennesLiliane CharrierIsabelle Mourgere
 Mise à jour 06.09.2022 à 13:40
 
https://information.tv5monde.com/terriennes/elizabeth-truss-une-autre-dame-de-fer-la-tete-du-gouvernement-au-royaume-uni-465133

Voir les commentaires

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>