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Seulement 30% des toilettes publiques en région bruxelloise accessibles aux femmes

9 Avril 2023, 17:47pm

Publié par hugo

 REGIONS BRUXELLES

Seulement 30% des toilettes publiques en région bruxelloise accessibles aux femmes

Hygiène : Où sont les toilettes pour femmes ?
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06 avr. 2023 à 15:51

Temps de lecture2 min
Par Lucie Fagniard avec Marc Oschinsky
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La ville de Bruxelles compte 29 urinoirs contre 8 toilettes publiques ouvertes aux deux sexes. Cette disproportion interpellante n’étonne pas Cristina Cerqueira, responsable des toilettes du Beursschouwburg, un des théâtres flamands du centre de la ville : "L’espace public a été fait pour l’homme et non pour la femme. On n’a pas pensé à donner à la femme la possibilité d’être en liberté et de pouvoir aller à la toilette quand elle veut".

Mais les choses commencent tout doucement à changer. Mardi, la ville inaugurait quatre nouveaux WC publics gratuits ouverts tant aux hommes qu’aux femmes. Mais ce service a un coût, explique Zoubida Jellab (Écolo) : "L’installation, c’est entre 65.000 et 70.000 euros. Il y a aussi le nettoyage qui doit être régulier, minimum deux fois par jour. C’est coûteux, mais c’est un choix", affirme l’échevine bruxelloise de la propreté publique.

Pour trouver une toilette publique à proximité, il existe une application mobile et un site internet afin d’avoir un accès au plan de tous les WC publics de la région : peesy.be (disponible uniquement sur Google Play Store).

Un réseau, "Toilettes Accueillantes", rassemble également une soixantaine d’établissements Horeca de la ville qui ouvrent leurs WC sans obligation de consommer. Ces derniers sont reconnaissables grâce à un autocollant en vitrine ou sur la porte. Pour Aydin Aslan, cafetier, il est naturel de laisser les personnes aller au petit coin librement : "Je n’ai jamais refusé ça en 20 ans".


https://www.rtbf.be/article/seulement-30-des-toilettes-publiques-en-region-bruxelloise-accessibles-aux-femmes-11178712

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"Martin fait de la danse" : un outil pour dégenrer les activités extrascolaires

29 Mars 2023, 04:16am

Publié par hugo

 "Martin fait de la danse" : un outil pour dégenrer les activités extrascolaires

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lundi dernier à 17:27

Temps de lecture5 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Oui, les filles peuvent jouer au foot. Oui, les garçons peuvent aimer le ballet. Si ces affirmations semblent aller de soi, dans la pratique, les inégalités de genre quant à l’accès aux activités extrascolaires sont bien réelles…. À Schaerbeek, le secteur se retrousse les manches pour déconstruire les stéréotypes et proposer des pratiques plus inclusives.

Une éducation non discriminatoire permet à chacun·e d’évoluer selon ses choix et de trouver sa voie. Si la déconstruction des stéréotypes de genre entre (parfois encore difficilement) dans les classes à travers les animations EVRAS, les activités extrascolaires, elles, restent trop souvent un angle mort de la lutte contre le sexisme.

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C’est en tout cas le constat de Mathilde Fanuel et Geoffrey Dony qui ont réalisé un état des lieux de leur commune au sein du Service Accueil Extrascolaire de Schaerbeek. "Nous avons découvert que certains enfants ne pouvaient pas exercer l’activité de leur choix, car celle-ci était destinée à un genre spécifique en raison des stéréotypes. Par exemple, nous avons rencontré une maman qui ne trouvait pas de club de foot pour sa fille, ou un enfant mal à l’aise de commencer la danse et de se retrouver le seul garçon du groupe… Se sentant exclu·es de leur activité de prédilection, ces enfants se sont tourné·es vers d’autres options", introduit le duo.

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Partir des réalités de terrain
C’est pour faire bouger les lignes que l’équipe a créé "Martin fait de la danse", un outil pédagogique à destination des professionnel·les de l’enfance (2,5 – 12 ans). Leurs objectifs ? Informer, participer à la prise de conscience du poids des habitudes sexistes et œuvrer à la mise en place de bonnes pratiques. "Pour construire cet outil, nous avons interrogé des familles, des enfants et des professionnel·les de terrain. Aussi, nous avons épluché nombre d’études, et avons constaté que très peu de recherches de genre avaient été menées à propos du secteur de l’accueil extrascolaire…", explique Mathilde Fanuel.

Ce qui compte, c’est que tous les enfants puissent être accepté·es tel·les qu’ils et elles sont !

Il était grand temps de poser le sujet sur la table ! "Martin fait de la danse" (dont le nom fait référence aux albums de jeunesse pas toujours très déconstruits du passé) interroge les représentations sexuées et genrées. Outre les passages théoriques, l’outil est ponctué de paroles recueillies auprès des professionnel·les et des enfants. Certains témoignages sont édifiants, à l’instar de celui d’Adrien, 6 ans : "Je fais du sport de muscle, de la vitesse et je nage. Je ne pense pas que les filles elles font beaucoup de muscu. Elles font plutôt du bricolage ou de la danse."

Au fil des pages, on découvre de manière très claire que les comportements sexistes reflètent une socialisation et une éducation genrée, et ne pas s’y conformer, c’est courir le risque d’être exclu·e par ses pair·es.


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La cour de récré, un enjeu pour l’espace public de demain
Mathilde Fanuel et Geoffrey Dony observent que la différenciation se marque particulièrement à partir du passage à l’école primaire. L’autrice Judy Y. Chu (citée par Carol Gilligan dans le livre Pourquoi le patriarcat ?) relate l’initiation des garçons dans l’ouvrage When boys become boys : "aux codes de la masculinité qui requièrent pour eux d’abolir toute empathie et de masquer leur vulnérabilité, afin de leur permettre de revendiquer leur supériorité tout en évitant d’être rejetés par les autres."

Dans la cour, ceux qui s’identifient aux comportements masculins y occupent l’essentiel de l’espace, tandis que les autres se voient obligé·es de rester à l’écart. "Martin fait de la danse" cite la géographe du genre Edith Maruéjouls qui met en avant l’inégal partage des espaces de loisirs.

Nous avons rencontré une maman qui ne trouvait pas de club de foot pour sa fille

Cette division genrée de l’espace installe un climat de domination, comme en témoigne une petite fille : "Le foot c’est pour les garçons parce qu’ils savent bien jouer et pas les filles. Je pense que ça embête les garçons quand les filles jouent. Je joue au foot surtout à la maison. J’ai déjà essayé de jouer après l’école, mais on m’a dit ‘dégage’. Je ne joue pas avec eux parce que je les embête donc je préfère le faire avec mon papa." "Les filles s’habituent dès le plus jeune âge à rester à l’écart. Et plus tard, cette invisibilisation se prolonge dans l’espace public", avance Mathilde Fanuel.

L’autocensure des petit·es et des grand·es
Les stéréotypes de genre opèrent à tous les niveaux, y compris chez les professionnel·les. L’énoncé des activités peut orienter le choix des enfants vers tel ou tel type de loisirs. Il peut en résulter une autocensure de la part des enfants qui s’interdisent alors certains jeux ou activités. Au sein même des animations, les comportements peuvent également être influencés. "Nous avons remarqué qu’inconsciemment, les animateur·rices adaptent leur langage en fonction du genre de l’enfant. Ils et elles ne s’adressent pas de manière identique à une petite fille ou à un petit garçon", éclaire Geoffrey Dony.

L’outil revient par ailleurs sur l’importance de l’effet pygmalion, le mécanisme selon lequel le fait de croire en la réussite de quelqu’un améliore considérablement ses probabilités de succès. "C’est au niveau inconscient, mais le ou la professionnel·le va investir ou désinvestir tel profil d’élève et les stimulations vont être différentes, et donc les capacités vont elles aussi être différenciées", nous expliquait Noah Gottlob à propos de cet effet dans le cadre d’un précédent article autour de la déconstruction des masculinités toxiques.

Par ailleurs, on connait l’importance des rôles models pour faire avancer les représentations. Problème, au sein des équipes d’animation, les stéréotypes sont parfois renforcés par les adultes qui reproduisent des rôles genrés. "On le voit, les animateurs ont tendance à proposer des activités plus sportives, et les animatrices des activités plus manuelles. Ce manque de représentations participe à l’exclusion des femmes des pratiques sportives. Par exemple, ce serait chouette qu’une animatrice soit l’arbitre pendant un match de foot", expose Mathilde Fanuel.

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Changer les pratiques pour un monde plus égalitaire
Loin de juger les pros du secteur, le Service Accueil Extrascolaire de Schaerbeek entend les accompagner. À partir de cet outil sorti en janvier, l’asbl propose désormais des animations à destination des professionnel·les du secteur. "On sent une ouverture. Bien sûr, il y a aussi des résistances au changement ou certaines personnes qui ‘ne voient pas de problèmes’. Mais on observe que ça bouge…", se réjouit le duo.

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En effet, dans le secteur, le message semble résonner. Suite à la parution du guide, lors des derniers congés scolaires, l’une des associations de la commune a décidé de modifier la thématique du stage en "Fais pas genre". "La directrice a reçu de nombreux appels des parents, parfois inquièt·es", explique Geoffrey Dony.

"Ce qui compte, c’est que tous les enfants puissent être accepté·es tel·les qu’ils et elles sont !", concluent Mathilde Fanuel et Geoffrey Dony. Il y a encore du travail, mais ensemble, petit à petit, les acteur·ices de terrain font évoluer la société.


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https://www.rtbf.be/article/martin-fait-de-la-danse-un-outil-pour-degenrer-les-activites-extrascolaires-11173804

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Un Parlement fédéral exemplaire sur les questions de genre en 2030 ? "Nous vivons un moment particulier"

29 Mars 2023, 01:05am

Publié par hugo

 Un Parlement fédéral exemplaire sur les questions de genre en 2030 ? "Nous vivons un moment particulier"

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22 mars 2023 à 10:39

Temps de lecture5 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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Le 8 mars dernier, la présidente de la Chambre, Éliane Tillieux (PS) et la présidente du Sénat, Stephanie D’Hose (Open Vld), présentaient les résultats d’un audit, mené par un groupe de travail interne, sur la question de l’égalité des genres au sein du Parlement fédéral.

"Nous vivons un moment particulier", explique Éliane Tillieux aux Grenades. "Puisque pour la première fois de notre histoire, les deux chambres de notre Parlement sont présidées par des femmes. Ça avait déjà été le cas pour le Sénat auparavant, mais c’est la toute première fois pour la Chambre des représentants. 51 hommes se sont succédé avant qu’une femme puisse accéder à cette place. C’est une opportunité dont il faut se saisir pour faire évoluer notre démocratie grâce à l’institution parlementaire."

Les deux femmes politiques unissent d’ailleurs leurs forces pour que, d’ici 2030, le Parlement belge devienne "exemplaire".

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Une réelle évolution
Les résultats de l’audit montrent une réelle évolution de la place des femmes : dans la Chambre de représentants en 2019, on comptabilisait 43% de femmes (64 femmes sur les 150 parlementaires au total). En 1999, elles étaient 19%. "C’est déjà un sacré bond en avant", réagit Éliane Tillieux. "Maintenant, il faut s’assurer que cela continue de progresser et qu’il n’y ait pas de retour en arrière". Au niveau du Sénat, parmi les 60 sénateurs et sénatrices qui y siègent, on compte actuellement 29 femmes et 31 hommes.

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En termes de présence féminine au sein du Parlement, la Belgique se classe donc 5ème en Europe. "Cette évolution est notamment due à la loi de 1994 qui impose la présence de femmes sur les listes électorales. On sait les critiques qu’entrainent les quotas, mais cela fonctionne ! Quand les femmes sont présentes sur les listes, elles se font élire et peuvent montrer leur travail. C’est un outil pour faire évoluer les mentalités", souligne la présidente de la Chambre.

Après la création de la Belgique, en 1830, il a fallu presque un siècle pour qu’une femme soit élue. Pendant 100 ans, les femmes n’avaient pas de voix dans cette institution démocratique, ne pouvaient pas participer aux débats

Très complet, l’audit analyse également les prises de parole selon le genre. En 1999 - 2000, 16% des prises de paroles dans la Chambre étaient le fait des députées et ministre ; en 2022, c’est le cas pour 38% des prises de paroles, c’est-à-dire une augmentation de 22% du temps de parole.

"Du pain sur la planche"
"Il nous reste encore du pain sur la planche", admet cependant Éliane Tillieux. Car l’audit montre aussi "des choses dont on se doute mais qui sont maintenant indéniables, grâce aux statistiques".

Au sein des commissions parlementaires par exemple, "une répartition genrée demeure. Si on parle des commissions Santé ou Action sociale, qui s’y retrouvent majoritairement ? Ce sont les femmes, à 80% ou 90%, car ce sont des matières liées au care, au soin. Les commissions Finances ou Défense sont dominées par des hommes, dans une proportion inverse. C’est étrange car les femmes s’occupent aussi du budget dans les ménages. Alors pourquoi retrouve-t-on cette différence au Parlement ? Sûrement parce que les budgets publics sont des moyens d’actions… donc des leviers de pouvoir. Il faut être conscient·es de ces différences genrées pour mieux pouvoir s’en détourner", explique-t-elle.

A mon arrivée en tant que présidente de la Chambre, j’ai dû me battre pour pouvoir utiliser la forme féminine ‘Présidente’. Certains parlementaires utilisaient systématiquement le masculin

L’administration de la Chambre reste également nettement masculine dans les postes de direction : sur les différentes fonctions de direction qui existent à la Chambre, 70% sont occupées par des hommes.

Face à ces constats, une note d’intention a été présentée qui devra se traduire en un plan d’action. Parmi les propositions : la mise en place d’une étude qualitative sur l’équilibre entre la vie professionnelle et vie privée, ainsi que sur la discrimination, le sexisme et le harcèlement ; la mise à disposition de serviettes hygiéniques dans les toilettes femmes ; l’installation de toilettes permettant de nettoyer sa coupe menstruelle, une meilleure communication sur l’existence des locaux de repos et d’allaitement pour femmes enceintes ou encore l’installation d’un certain nombre de coussins à langer, tant dans les toilettes hommes que les toilettes femmes.

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Un langage sensible au genre au sein de la Chambre
Plusieurs propositions vont par ailleurs dans le sens de l’écriture inclusive, notamment la création de directives pour l’utilisation d’un langage sensible au genre au sein de la Chambre, l’élaboration d’une charte ou d’une procédure formelle concernant le langage (neutre ou inclusif) utilisé dans le cadre de la communication externe, mais aussi une attention à porter aux équilibres en matière de genre dans le choix de photos et de vidéos utilisées pour communiquer.

"A mon arrivée en tant que présidente de la Chambre, j’ai dû me battre pour pouvoir utiliser la forme féminine ‘Présidente’. Certains parlementaires utilisaient systématiquement le masculin. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas en français. Certains parlementaires néerlandophones, en revanche, continuent d’utiliser la forme masculine, ‘Voorzitter’, au lieu de ‘Voorzitster’", déplore Éliane Tillieux.

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Pourquoi est-ce si important pour elle ? "Il faut que les gens intègrent que cette fonction peut être exercée par une femme. Ce n’est pas le cas si on continue à masculiniser. Nous pouvons porter une diversité au sein de la Chambre, qui doit ressembler au reste de la société. Nous avons une fonction de modèle pour les jeunes filles, elles doivent pouvoir s’identifier ! Il faut leur donner confiance", répond la Présidente avant de plonger dans l’histoire de la Belgique : "Après la création de la Belgique, en 1830, il a fallu presque un siècle pour qu’une femme soit élue. Pendant 100 ans, les femmes n’avaient pas de voix dans cette institution démocratique, ne pouvaient pas participer aux débats. Quand Lucie Dejardin est élue en 1929, elle n’a même pas le droit de voter ! Les femmes ont accès au droit de vote complet en Belgique en 1948. Aujourd’hui, elles sont 64, mais quand on parle de grandes décisions politiques, on continue à parler des hommes et donc à avoir une vision masculine du Parlement. Il faut faire évoluer ces représentations. Et il faut que le Parlement représente toute la société, qu’il ait un équilibre en termes de genre, c’est l’un des enjeux pour retrouver la confiance des citoyens et des citoyennes. Participer à la vie politique est un droit."

Puisque pour la première fois de notre histoire, les deux chambres de notre Parlement sont présidées par des femmes

D’autres propositions concernent encore la composition des jurys lors des entretiens d’embauche, et également la création d’un poste de référent·e genre, dont la fonction sera de suivre l’évolution et la mise en place de ce plan d’action.

Éliane Tillieux ne compte pas s’arrêter là. Elle souhaite d’ores et déjà promouvoir ces "bonnes pratiques" au niveau européen, auprès des autres président·es d’assemblées parlementaires.

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https://www.rtbf.be/article/un-parlement-federal-exemplaire-sur-les-questions-de-genre-en-2030-nous-vivons-un-moment-particulier-11171332

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L’avancée des hommes dans les métiers du soin : un pas vers plus d’égalité ?

17 Novembre 2022, 02:31am

Publié par hugo

 L’avancée des hommes dans les métiers du soin : un pas vers plus d’égalité ?

11 nov. 2022 à 14:49

Temps de lecture
6 min
Par Charlotte Odier*, une chronique pour Les Grenades
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Cet article est le résumé d’un mémoire, ce travail de recherche universitaire est publié en partenariat avec le master Genre.

Mi-décembre 2021, le cinéma Aventure de Bruxelles projetait en avant-première le film de François Ruffin et Gilles Perret Debout les Femmes qui propose une plongée dans les métiers dits du lien en France.

Ce secteur réussit à cristalliser le pire de ce que le monde du travail peut offrir : temps partiels subis, horaires fractionnés, trajets entre les prestations non rémunérés, très grande amplitude horaire, métiers éprouvants (accompagnement de personnes en fin de vie, publics en perte d’autonomie partielle voire totale, lourdes charges à porter, etc).

Sans surprise les employé·es du secteur sont situé·es en bas de l’échelle sociale et cumulent les dominations (race, classe, genre). Ils et elles constituent les travailleur·euses pauvres de nos sociétés. Il est difficile de trouver d’autres secteurs qui font un tel grand écart entre la nature essentielle de ces métiers et des conditions de travail aussi indignes.

Le film souligne la nécessité d’obtenir un cadre légal assurant des conditions de travail plus dignes aux salarié·es, préoccupations qui semblent, en France, bien loin de celles de la majorité…

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Des hommes favorisés dans l’accès aux meilleurs postes
En Belgique, les salarié·es du secteur de l’aide et du soin à domicile sont souvent embauché·es par des structures regroupant les demandes de prestations et rémunérant les heures de trajet. L’écrasante majorité sont des femmes qui y exercent les métiers de garde à domicile, aides familiales ou aides ménagères.

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Le métier "garde à domicile" est celui qui connaît la professionnalisation la plus récente et c’est sur lui que porte mon mémoire. Après 20 ans de démarches auprès des institutions compétentes, ce métier est enfin reconnu depuis 2018 en Région bruxelloise. On y observe un phénomène étonnant : une arrivée croissante d’hommes dans les équipes. Quasi-absents il y a 10 ans, ils représentent aujourd’hui plus de 20% des salarié·es de l’organisation d’aide à domicile auprès de laquelle j’ai effectué mon terrain d’observation. M’intéressant aux rapports de pouvoir de genre, j’ai regardé ce que leur présence engendrait.

Le résultat est sans appel : statistiquement, les hommes s’en sortent mieux que leurs collègues femmes. De fait, ils arrivent plus fréquemment à décrocher les rares postes CDI de gardes à domicile existant dans la structure.

Comment comprendre que survienne une telle situation ? Quelles dynamiques sous-jacentes s’activent et participent à l’envolée des hommes vers les postes les moins précaires ?

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Quand les inégalités prennent forme
Sur base des entretiens réalisés auprès des salarié·es, les critères majeurs de sélection pour les candidatures aux postes CDI sont la ponctualité et un faible taux d’absentéisme. Ces critères paraissent classiques et communs au monde du travail.

Cependant, si on chausse les lunettes de genre, les inégalités prennent forme. Les difficultés concernant l’articulation de la vie privée et de la vie professionnelle n’impactent pas de la même manière les hommes et les femmes. Or, beaucoup de femmes salariées de la structure sont seules, en charge de leur famille.

Ceci est représentatif de la situation générale des familles monoparentales puisqu’à Bruxelles c’est 86% de femmes qui sont à la tête de ces familles. Dans le soin à domicile, les plannings ne sont pas fixes mais changent toutes les semaines.

Au sein de l’asbl que j’ai observée, l’amplitude horaire est très grande : les prestations aux domiciles des bénéficiaires s’étalent de 6 heures du matin jusqu’à 21 heures le soir. Cette large amplitude horaire cumulée aux changements hebdomadaires de planning impose aux employé·es de trouver chaque semaine de nouvelles solutions pour les gardes d’enfants, les allers/retours à l’école, etc.

Sachant que la grande majorité des employé·es sont étranger·ères ou d’origine étrangère, ils et elles n’ont parfois pas ou peu d’entourage proche sur lequel s’appuyer… Dans de telles conditions, et d’autant plus pour les femmes en charge d’une famille monoparentale, s’organiser et répondre à cette demande quotidienne de flexibilité devient mission impossible ! À plusieurs reprises des employées de la structure furent contraintes d’abandonner leur travail à cause de leurs responsabilités familiales. Dans chacune des situations évoquées ces personnes étaient des femmes.

Ainsi, des critères tels que la ponctualité et l’absentéisme considérés comme neutres du point de vue du genre, peuvent favoriser les hommes, moins en charge des responsabilités familiales.

Les hommes sont objectivement plus disponibles pour l’activité professionnelle que leurs homologues féminines, en raison du maintien de la division sexuelle du travail domestique et familial dans la sphère privée. (Louey et Schütz, 2014)

Un dessin d’Armand Foutelet.
Un dessin d’Armand Foutelet. © Tous droits réservés
Vers une invisibilisation de l’expérience des femmes ?
Au quotidien, dans la structure, une répartition genrée des prestations s’est mise en place. Les salarié·es sont tous·tes formé·es à des techniques spécifiques permettant de soulever de lourdes charges sans se blesser.

Mais les hommes ont tendance à rejeter ces techniques et à préférer mobiliser leur simple force physique, naturalisant ainsi ces compétences jugées masculines. Conséquence : petit à petit, les hommes se retrouvent davantage affectés aux actes physiques au point qu’on les renomme parfois "prestations d’hommes" au sein de la structure.

Cet aspect physique du métier est particulièrement présent dans les propos recueillis auprès des gardes hommes. Cela participe à masculiniser le métier et permet aux hommes de s’y rendre à la fois légitimes et indispensables.

Des études réalisées dans des secteurs féminisés ont identifié différentes stratégies mises en place par les hommes pour redorer une masculinité écornée. Certains remobilisent les aspects masculins de leur travail. (Buscatto et Fusulier, 2013)

L’asbl est active dans ce processus, en cherchant à déconstruire l’idée que c’est un métier uniquement féminin. Les hommes sont d’ailleurs accueillis avec entrain dans les équipes et leur présence est valorisée comme en témoigne leur forte visibilité dans les outils de communication externe.

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Cette masculinisation s’illustre également dans l’appellation du métier avant genré tantôt au féminin tantôt au masculin dans les années 2000, le métier s’appelle désormais "LE" garde à domicile. Pourtant, malgré l’avancée des hommes, les employé·es continuent d’être en grande majorité des femmes !

La mixité ne porte donc pas en elle-même la solution aux inégalités de genre. Il importe de déconstruire les stéréotypes de genre et de lire la situation en termes de rapports sociaux de genre pour ne pas reproduire un système défavorable aux femmes.

Dans l’espace social devenu mixte se créent ou se recréent en permanence des différences de traitement entre les sexes qui maintiennent les hommes dans une position sociale plus avantageuse que celle des femmes. (Fortino, 2002)

Enfin, l’avancée progressive des hommes dans ce métier est liée à sa récente professionnalisation et donc à sa valorisation. Les hommes davantage définis par leur activité professionnelle, sont d’ailleurs particulièrement actifs dans les réunions dont l’objectif est de poursuivre cette professionnalisation.

Voilà qui pose question : comment réussir à revaloriser ce secteur sans amoindrir la place des femmes, depuis toujours centrale dans ces métiers ?

Cette professionnalisation ne risque-t-elle pas d’invisibiliser les expériences des femmes et de les pousser, progressivement, en périphérie de ces métiers ?

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*Diplômée d’un master de sociologie (ULB 2020) puis d’un master de spécialisation en études de genre (UCLouvain 2021), Charlotte Odier a collaboré avec Florence Degavre (UCLouvain) à une recherche sur les métiers du soin et travaille aujourd’hui à l’écriture d’un article scientifique à partir des résultats de ses terrains d’étude. Elle participe aussi à l’adaptation en bd, de son mémoire de sociologie portant sur la boxe pratiquée par des femmes, en collaboration avec Armand Foutelet, graphiste-illustrateur et auteur du dessin présent dans cet article.


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Timothée Chalamet serait-il l'homme qu'il nous faut ? Publié le Lundi 24 Octobre 2022

28 Octobre 2022, 00:22am

Publié par hugo

 Timothée Chalamet serait-il l'homme qu'il nous faut ?
Publié le Lundi 24 Octobre 2022
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Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Timothée Chalamet serait-il l'homme qu'il nous faut ?
Il ne cache pas sa vulnérabilité, disrupte les genres, s'émancipe de la virilité... Timothée Chalamet serait-il parfait ? En tout cas, il bouscule les codes de la masculinité. C'est ce que démontre l'autrice Aline Laurent-Mayard dans un passionnant essai.
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"Est-ce que Timothée Chalamet, Tom Holland et Harry Styles peuvent mettre fin au sexisme ?". C'est cette interrogation moins anodine qu'elle n'en a l'air que pose la journaliste Aline Laurent-Mayard dans son réjouissant essai : Libérés de la masculinité. Le sous-titre, "Comment Timothée Chalamet m'a fait croire en l'homme nouveau", donne le ton : il sera question de la jeune révélation de Call Me By Your Name, de ses fringues qui font tant flasher sur les tapis rouges, de sa sensibilité, sa sensualité, son élasticité.

Star de blockbuster (Dune) sans être pour autant musclé, glissant de vestiaire masculin en garde-robe féminine avec une parfaite "fluidité", conciliant star system fantasmé et vulnérabilité, Timothée Chalamet incarne un trouble dans le genre, l'idée que la masculinité peut se détacher un temps d'une certaine toxicité et de tous les stéréotypes bien virils qui l'accompagnent. Un "homme nouveau", donc ? Cela, l'autrice Aline Laurent-Mayard se le demande d'un chapitre à l'autre, avec passion, mais aussi esprit critique, réserves et ironie.

Puisque le visage angélique de Chalamet invoque une foultitude d'icônes, d'Elvis à David Bowie, des Beatles à Leonardo DiCaprio, c'est toute une vaste histoire du genre qui exige d'être dépliée, comme une frise faite d'entorses et de transgressions, de chemins de traverse et de voies parallèles. Une imagerie qui en dit long sur les enjeux féministes actuels. C'est d'ailleurs ce que nous rappelle l'autrice dans cet entretien.

Terrafemina : Depuis quelques années, on parle d'hommes "déconstruits", de nouvelles masculinités... Vous parlez quant à vous "d'homme nouveau". De quoi s'agit-il ?
Aline Laurent-Mayard : En fait, je voulais questionner cette rengaine de l'homme nouveau, qui revient depuis longtemps. Cette idée d'un homme qui n'existait pas avant et qui débarquerait tout d'un coup, et auquel tous les hommes devraient ressembler... C'est pour cela que j'ai décidé de laisser un flou dans le titre : certains y voient là l'affirmation de "l'homme nouveau", d'autres s'attardent sur le "croire" qui suggère une certaine perplexité.

Je me suis emparée de l'exemple parlant de Timothée Chalamet pour démontrer qu'il n'y a pas "un homme nouveau". En vérité, il y a plusieurs masculinités, tout comme il y a plusieurs féminités. Il n'y a pas une seule bonne façon d'être un homme, même s'il y a des façons d'être un homme plus positives et agréables.

Il n'y a pas d'homme nouveau, tout comme il n'y a pas d'homme providentiel. Il faut prendre du recul sur ce qui se passe dans notre société actuellement et se demander, par-delà les observations générales (des hommes qui expriment davantage leurs émotions, s'occupent des enfants, font le ménage...), ce qu'est au juste un homme, une femme, pourquoi on a créé ces deux catégories qui sont surtout des constructions culturelles.

Simone de Beauvoir en son temps le disait déjà d'ailleurs : on ne naît pas femme, on le devient. On pourrait tout aussi bien dire : on ne naît pas homme, on le devient. C'est ce que démontre Daisy Letourneur dans son excellent essai.

Timothée Chalamet serait-il "l'homme nouveau" ?
Timothée Chalamet serait-il "l'homme nouveau" ?
En ce sens, on pourrait dire que votre appel à "se libérer de la masculinité" interpelle donc autant les hommes que les femmes...
ALM : Je pense effectivement que ce serait bien d'observer tout ce que l'on a en commun, plutôt que tout ce qui nous différencie. S'éloigner des archétypes de genre. Comprendre que l'on peut faire et ressentir les mêmes choses. Tout cela, c'est une bonne façon de rechercher l'égalité.

Je pense à l'éducation des garçons, qui sont très tôt amenés à cacher leurs émotions, à se couper de leur empathie, et à celle des filles, amenées à se couper quant à elles de leur colère, de leur opinion. Cette socialisation patriarcale est un vrai problème, tout comme la division de la société en deux catégories non-égales.

Il faut l'interroger, car on ne peut pas simplement se contenter "d'homme nouveau", de réparer quelque chose en surface en essayant simplement de rendre la masculinité plus "agréable".

Les mots que vous adressez à Timothée Chalamet sont ceux-ci : spontanéité, gentillesse, humour, empathie. Il incarne une vision positive de la masculinité, mais... on le considère comme un garçon plus qu'un homme, de par son apparence très juvénile.
ALM : Oui, même s'il avait 19 ans lors du tournage de Call Me By Your Name, le film qui l'a révélé aux yeux du grand public, et 20 ans ou 21 ans durant la promotion. C'était un adulte, mais il fait plus jeune, c'est vrai. Il y a dans ses rôles la question de l'apparence physique qui rentre en jeu, mais aussi du comportement, de son attitude très chien fou, de petit chiot.

Lors de la 79ème édition de la Mostra de Venise, Timothée Chalamet a suscité les passions en arborant un jumpsuit rouge et décolleté, dévoilant son dos nu.
Lors de la 79ème édition de la Mostra de Venise, Timothée Chalamet a suscité les passions en arborant un jumpsuit rouge et décolleté, dévoilant son dos nu.
La question sur l'âge est importante quand on parle de masculinité. Car dans notre système patriarcal, on estime que lorsque l'on est un garçon, un jeune homme, c'est encore "okay" d'être "comme une femme" car la virilité viendrait avec l'âge, que l'on se détacherait peu à peu du féminin de l'enfance, pour devenir un vrai mec... C'est-à-dire quelqu'un qui ne serait plus "faible comme une femme".

Timothée Chalamet nous confronte directement à ces préjugés, selon lesquels la femme ne serait jamais vraiment adulte au fond. C'est comme si un homme ne pouvait être "féminin" qu'en étant jeune. C'est d'ailleurs à cause de ces enjeux d'acceptation sociale que l'on force une partie de la population à se défaire d'une partie d'eux-mêmes, qu'on force les hommes à se viriliser, et beaucoup le font consciemment ou inconsciemment.

Culturellement, on remarque par ailleurs que toutes les personnalités qui ont su fédérer toute une communauté de fans, à un moment donné, interrogeaient justement cette part de féminité, ou tout du moins ce que l'on jugeait comme féminin à l'époque. Elvis Presley, les Beatles, Mick Jagger, David Bowie, Leonardo DiCaprio... Tous ces hommes-là ont su représenter l'évolution de la société chacun à leur manière, notamment parce qu'ils répondaient aux envies des femmes, mais aussi des hommes gays, et des hommes en règle générale.

Timothée Chalamet serait-il "l'homme nouveau" ?
Timothée Chalamet serait-il "l'homme nouveau" ?
Et ce n'est pas quelque chose de simplement sexuel, ce qui se joue là. Pour Timothée Chalamet par exemple, beaucoup de personnes qui l'aiment sont asexuelles – c'est mon cas. Non, on parle ici de modèle, de fantasme de société. Son exemple est d'autant plus rare que certaines de ces personnalités, qui représentaient auparavant un trouble dans la conception du genre, se sont finalement "virilisées" avec l'âge. Je pense à quelqu'un comme Frank Sinatra.

Vous citez Leonardo DiCaprio, et une chose notamment le sépare de Timothée Chalamet : ce dernier n'est pas un bad boy. Vous fustigez d'ailleurs l'imagerie du mauvais garçon, qui perpétue une vision de la masculinité complètement toxique.
ALM : Oui, ce que je voulais montrer avec ce livre, en m'intéressant aux nouvelles stars, comme Timothée Chalamet mais aussi Tom Holland et Harry Styles, c'est que les hommes qui ont le plus de succès en ce moment sont ceux qui sont à l'opposé du bad boy effectivement, privilégient dans leurs apparitions publiques une certaine gentillesse, se comportent professionnellement avec beaucoup d'écoute, tendent à traiter les femmes dans un rapport d'égalité.

Cela prouve que ces anti-bad boys représentent quelque chose dont les gens ont envie désormais. Les gens ont envie d'être traités avec respect. Et cela démontre aussi au passage qu'être "gentil" n'enlève rien au sexy, aux fantasmes, au sex appeal. Et cela s'observe d'ailleurs à travers le succès de certains films ou séries, comme Normal People, qui mettent en scène ce rapport d'égalité, et non de domination.

On peut voir là un héritage des réflexions générées par le mouvement #MeToo : comment en est-on arrivé à trouver sexy les hommes qui font souffrir les femmes ?... On nous a appris à trouver ça sexy d'être maltraitées, de glamouriser les traits de caractère des hommes qui peuvent faire du mal – de Autant en emporte le vent à Twilight. A l'inverse, on a aujourd'hui besoin de modèles, de créations dans l'imaginaire populaire qui viennent contrebalancer ça. Par exemple, la relation touchante entre Zendaya et Tom Holland.

Timothée Chalamet serait-il "l'homme nouveau" ?
Timothée Chalamet serait-il "l'homme nouveau" ?
Ce qui frappe avec ces personnalités, ce sont leurs looks. Elles n'hésitent pas à emprunter aux deux vestiaires. On pense à Chalamet et bien sûr au chanteur Harry Styles. Mais vous écrivez que ce dernier donne davantage l'impression de "se déguiser"...
ALM : Je précise bien dans le livre qu'on ne peut pas précisément savoir ce qui se passe dans leur tête. Peut-être que Chalamet a également l'impression de se déguiser quand il porte un dos nu à la Mostra de Venise ! Et que Styles n'aborde pas toutes ses tenues comme des déguisements. Est-ce pour eux une mise en scène, ou quelque chose de beaucoup plus personnel ? Bien des hommes ont également connu le fait de devoir jongler selon les groupes avec sa tenue, sa façon de parler et d'agir – je pense aux personnes gays.

En ce sens, Chalamet et Styles, dans la vie de tous les jours, s'habillent d'une manière classiquement masculine. Oui, ils explorent leur féminité, mais lorsque c'est vraiment "safe". On imagine moins un homme porter un dos nu en pleine rue, l'été. D'où la propension des personnes queer à porter un regard critique sur ces célébrités, qui abordent ces tenues lors d'événements médiatiques, là où, elles, prennent des risques au quotidien.

A ce titre, on pourrait dire que les chose changent, mais pas non plus radicalement. Mais je pense aussi qu'il y a plein d'hommes qui ont besoin de passer par cette expérience du déguisement, qui trouvent cela "empouvoirant" - ça s'observe beaucoup dans la culture drag. Cela leur permet d'explorer leur féminité, ponctuellement. Changer son apparence permet aussi de se connecter à quelque chose, on ne ressent pas les mêmes sensations. Que plus en plus d'hommes se permettent de sortir d'un vestiaire classique, c'est intéressant.

Harry Styles sur scène à Coventry, mai 2022
Harry Styles sur scène à Coventry, mai 2022
A la Mostra de Venise, Timothée Chalamet a porté une combinaison rouge et décolletée, dévoilant son dos nu. La journaliste mode Sophie Fontanel a vu là un exemple de "fluidité des genres". Comment l'avez-vous perçu ?
ALM : Quand Timothée Chalamet a mis son dos nu, il s'est positionné dans une situation plus proche de celle que vivent les femmes. Les postures qu'il a adoptées pour les photographes étaient des postures traditionnellement féminines. A savoir, la fameuse pose pas du tout naturelle où l'on montre les fesses, les seins, le visage.

C'est aussi une manière d'envoyer un signal, de rappeler que le féminin n'est pas inférieur au masculin – car les femmes qui empruntent au vestiaire masculin sont mieux vues. C'est une pièce qui a été conçue sur-mesure. La coupe du pantalon était assez classique, masculine, et en même temps, il y avait ce dos nu. Cette tenue n'appartient donc ni totalement au vestiaire masculin, ni totalement au vestiaire féminin : c'est hybride, entre les deux.

Cela donne une idée de ce que pourrait donner une tenue si on arrêtait de penser en tant que "masculin ou féminin".

8 films parfaits à mater sur Netflix cet été
8 films parfaits à mater sur Netflix cet été
C'est également une tenue qui valorise la sensualité de Chalamet, une émotion indissociable de ses débuts dans Call Me By Your Name. Dans ce film, il y avait un "queer gaze", une sensualité qui ne prend pas la forme d'une performance, mais d'une douceur, dépourvue de brutalité.

Ces images-là nous rappellent aussi l'importance d'avoir des modèles, surtout quand ce sont des stars valorisées. Le rappeur Kid Cudi lui-même a dit qu'il n'aurait pas été aussi loin dans son exploration de ses vêtements s'il n'y avait pas eu Billy Porter – un artiste noir et queer. Certains hommes vont porter des jupes sans savoir que cela se fait à Hollywood, mais ça reste important d'avoir des sources d'inspiration, cela rend plus facile d'assumer.

Cette galerie de représentations, dont Chalamet est l'un des étendards, s'accorde à un terme-phare de votre essai : la vulnérabilité.
ALM : La vulnérabilité est la clef de la lutte contre les inégalités, et de la fin de ce système inégalitaire. Si les personnes ne parviennent pas à éprouver leurs sentiments, les exprimer, on y arrivera pas. Cette vulnérabilité-là est une force en vérité, c'est l'ouverture d'une porte pour mieux se comprendre et mieux comprendre les autres. Timothée Chalamet le démontre puisqu'avec cette tenue, il se met littéralement à nu.

Pour ne plus être violent, il faut être bien dans sa peau, sans souffrance, sans mal-être. La vulnérabilité est essentielle pour ce bien-être, se connecter à ses sentiments, aux sentiments des autres. Tout comme interroger comment la masculinité se construit et évolue, comment se créent les hommes, permet de mieux comprendre le genre en général. Personnellement, je ne peux pas étudier la féminité sans la masculinité.

Libérés de la masculinité : comment Timothée Chalamet m'a fait croire en l'homme nouveau, Editions JC Lattès, 233 p.


https://www.terrafemina.com/article/timothee-chalamet-l-acteur-serait-il-l-homme-qu-il-nous-faut_a366602/1

LES HOMMES ,  SORTEZ  DES  SENTIERS  BATTUES ET  METTEZ  VOUS EN JUPES L ETE  ET QUAND IL FAIT  CHAUD !!! MOI JE LAI  FAIT L ETE !! JE ME SUIS   MIS  EN JUPES  CULOTTES !!! et  on a  moins  chaud l ete  et on est bien !!!  

ADELPHITE SORORITE 

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Femmes en politique : que nous disent les médias ?

25 Septembre 2022, 03:29am

Publié par hugo

 22 SEPTEMBRE 2022
DÉBATS \ Contributions
Femmes en politique : que nous disent les médias ?

Pourquoi privilégier l’étude des médias quand on travaille sur les questions de genre ?

En ce qui me concerne, je poserai la question des femmes politiques à partir de mon terrain d’observation qui est celui des médias, et plus spécifiquement, des médias d’information. Pourquoi privilégier cette focale quand on travaille sur les questions de genre ? Parce  que, pour reprendre le propos du philosophe Michel Foucault, les médias sont « des technologies de pouvoir ». Reprenant Michel Foucault, Teresa de Lauretis, grande théoricienne du genre, va plus loin, et parle quant à elle de « technologies de genre » : à l’instar de l’école, de la famille ou des tribunaux, les médias participent à l’imposition de valeurs et de normes, de genre en particulier, tout en prétendant n’en être que le reflet.

Les médias d’information se présentent volontiers comme «le reflet de la réalité», «le miroir du monde». Il n’en est rien : comme le dit le Chat de Gelück, une autre de mes grandes références ! : « Quand on lit le journal, on croit apprendre ce qui se passe dans le monde. En réalité, on n’apprend que ce qui se passe dans le journal. » Journalistes et rédactions sont pétris des stéréotypes de genre et des rapports de domination genrés qui caractérisent la société dans son ensemble.

En résumé, les médias sont :

Constructivistes : les médias ne retranscrivent pas fidèlement un monde qui existerait, en dehors d’eux, ils l’interprètent. Cette construction renvoie à leur vision du monde autant qu’à la réalité dont ils sont censés rendre compte.

Hyperréalistes : ils minorent les groupes socialement faibles, dont les femmes, et majorent ceux qui détiennent le pouvoir social, les hommes en particulier.

Performatifs : prescriptifs plus que descriptifs, ils contribuent à la construction de notre réalité ; ils renforcent ce qu’ils montrent et occultent davantage encore ce qu’ils minorent. La responsabilité des médias est là, et leur intérêt comme terrain d’étude, évident.

Ceci posé, que nous disent ils des femmes en général, et des femmes politiques en particulier ?

Genre, médias et politique

Trois chiffres pour cadrer le débat : je m’appuie ici sur l’étude du Global Media Monitoring Project (GMMP), dont Cécile Méadel et moi-même avons coordonné la dernière édition pour la France, et je vous renvoie à cette recherche très complète, qui est intégralement accessible sur le site de WhoMakestheNews.

– les femmes constituent 52% de la population mais elles ne représentent 30% des sources et sujets des nouvelles, toutes thématiques confondues (justice, économie, santé, social, etc.)

– elles ne sont plus que 24% des nouvelles politiques, sur 100% d’individus représentés sur cette thématique, moins d’un quart sont des femmes : vous avez dit « parité » ?

– et seul.es 24% des expert.es sollicité.es dans les médias d’information sont des femmes. Qu’est-ce que ça veut dire ? Cela signifie que la parole d’expertise, la parole de savoir et d’autorité reste une prérogative masculine. J’imagine que vous avez tou.tes en tête la Une du Parisien Dimanche de mars 2019 « Ils racontent le monde d’après » : je n’y reviens pas. On voit le problème que pose cette incompatibilité affirmée, construite, naturalisée, entre posture d’autorité et féminin, en particulier pour le domaine politique qui nous intéresse ici.

Avec 70% d’hommes sources et sujets des nouvelles, 76% des hommes politiques et 76% des experts, le monde que les médias donnent à voir reste profondément androcentré.

Sur le plan qualitatif, dans les médias, on ne parle pas des femmes politiques comme des hommes, les mêmes mots pour les dire ne sont pas les mêmes. Vous connaissez sans doute l’étude réalisée par le collectif SISTA et ces vidéos hilarantes consistant à poser à des dirigeants les mêmes questions que celles posées aux dirigeantes et entrepreneuses (par exemple sur la « morning routine ») !

Je passe rapidement parce que tout cela est bien connu, sur les points suivants :

– l’injonction à paraître et les descriptions physiques, affectent en priorité les femmes : lors de la dernière campagne présidentielle, on se rappelle les développements sur le régime de Marine Le Pen et ses 12 kilos perdus (en 2012, le régime de François Hollande aussi avait suscité de nombreux commentaires, participant de sa féminisation face à un Nicolas Sarkozy hyper-viril), sur Valérie Pécresse botoxée (on aurait probablement critiqué ses rides dans le cas inverse : injonctions contradictoires qui sont souvent le lot des femmes), ou sur le rapport à la famille, qui reste principalement mentionné s’agissant des femmes et qui quand il porte sur les hommes, ne produit pas le même effet. Les hommes sont humanisés par la référence à leur famille alors que s’agissant des femmes, elle conduit à s’interroger sur leur capacité à concilier vie professionnelle et familiale ou leur aptitude à être de « bonnes mères » : double standard qui renvoie à l’asymétrie des rapports de genre. Je rappelle que dans l’étude du GMMP, les femmes sont bien plus que les hommes présentées comme « épouses de », « mères de », « filles de » : hétéronomie quand tu nous tient !

– la désignation par le prénom, surtout pour les femmes politiques racisées (« Najat », « Rachida », etc.), ramène les femmes ainsi nommées dans l’ordre du privé et non du professionnel (on voit comment se construit ce déni d’autorité qui caractérise les femmes dans les médias). Lors de la présidentielle de 2022, on a entendu parler de « Valérie » et de « Marine » (cette dernière ayant instrumentalisé pour les raisons que l’on sait, cette propension à appeler les femmes par leur prénom), mais de « Macron » ou de « Mélenchon ».

– l’usage du surnom, plus répandu pour les femmes, permet de typifier ces personnalités singulières et de ramener l’inconnu au connu : Christiane Taubira a été surnommée la «  pasionaria » ou « l’égérie du mariage pour tous », la « Vierge rouge » qualifiait Arlette Laguiller, la « madone » Ségolène Royal (également surnommée « Bécassine » : le déni d’intelligence et de compétence est central s’agissant des femmes politiques). Lors de la dernière présidentielle, outre « la Walkyrie » pour désigner Marine Le Pen, Sandrine Rousseau quant à elle a été qualifiée de « Greta Thunberg ménauposée » (il s’agit d’ailleurs plutôt d’une antonomase) : ici, le sexisme le dispute à l’âgisme. Notons d’ailleurs que si les hommes aussi sont désignés par des surnoms, ceux des femmes font souvent référence à la sexualité : la vierge, la madone, GT ménauposée

– enfin, le vocabulaire n’est pas le même : dans le langage des médias, l’homme fait preuve d’autorité où la femme est dite autoritaire voire autoritariste et « cassante » (voir Elisabeth Borne) ; il a du caractère quand elle a mauvais caractère (Elisabeth Borne encore) ; il fait montre d’initiative, où elle est présentée comme imprévisible voire incontrôlable. « Et par qui devrais-je être contrôlée ? » s’insurgeait Christiane Taubira, candidate des Radicaux de Gauche lors de la présidentielle de 2002; il a de l’ambition quand elle est ambitieuse ; il est honnête quand il reconnaît ne pas savoir, tandis qu’elle est incompétente, etc.

La nomination d’Elisabeth Borne aux fonctions de premier Ministre a permis de cocher un certain nombre de ces cases (ajoutons : « elle n’a pas les épaules », « technicienne mais pas politique », « laborieuse mais sans vision», etc. )

Autant de dissymétries verbales révélatrices de cet insu structurellement sexiste pointé plus haut et qui caractérise aujourd’hui encore le discours de trop de médias, malgré l’indiscutable prise de conscience de certains d’entre eux.  Elles sont femmes avant d’être politiques, et ceci n’est pas sans rappeler ce que Nicole Loraux, éminente helléniste, disait du panthéon grec : il existe des déesses, mais le divin s’énonce au masculin ; on peut se demander s’il n’en va de même en politique : il existe des femmes politiques, mais le politique s’énonce toujours au masculin.

Médias : le discrédit des voix des femmes

Cette observation attentive des médias depuis quelques décennies m’a en particulier alertée sur la question de la voix des femmes, critiquée de façon assez systématique : c’est le sujet de mon dernier livre, Sexisme sur la voix publique, qui porte de façon spécifique sur le traitement par les médias des prises de parole des femmes politiques. « Trop aigue voire hystérique, comme des ongles sur un tableau noir », ou au contraire « monocorde et inaudible », la voix des femmes est toujours « trop » ou « trop peu », comme si elles-mêmes étaient « de trop ». L’Assemblée nationale, notre « parlement », ce lieu où l’on parle, est emblématique de ces pratiques. On y observe que ce n’est pas la présence des femmes dans les travées de l’Assemblée qui déclenche l’insulte, c’est leur prise de parole : bêlements, caquètements voire injure verbale. Comme si, s’emparant de la parole, elles outrepassaient les limites de ce qui était autorisé, s’arrogeant un privilège réservé aux seuls hommes, et devaient être ramenées à l’ordre, voire punies.

Je ne reviens pas sur le cas Cresson, bien connu, accusée d’avoir une « voix de poissonnière », le sexisme le disputant au classisme avec la référence à la poissonnière.

La mésaventure de Valérie Pécresse lors du lancement de sa campagne est emblématique de ces difficultés des femmes à intégrer un ordre du discours, codifié par et pour les hommes (voir les « top ten des meilleurs orateurs » où, de Démosthène à Steeves Jobs, ne figure aucune femme) et accusées d’avoir un discours « emprunté » ou de « singer » leurs modèles quand elles s’efforcent de parler « comme eux ».

Les commentaires à l’issue du discours de politique générale d’Elisabeth Borne sont eux aussi symptomatiques de cette difficulté des hommes à concéder aux femmes une place, leur place, dans l’ordre du discours. Florilège : « discours laborieux », « ton monocorde », « une langue chloroforme, allégorie de l’ennui à la tribune de l’Assemblée nationale » pour François Ruffin, mais il s’agit là d’un opposant politique ; on est plus surpris des propos suivants : « On n’attendait pas une grande oratrice, évidemment », lance Christophe Barbier (et ce « évidemment » va bien au-delà du cas d’Elisabeth Borne), Et que dire de l’éditorial de Nicolas Demorand lors de la matinale de France Inter, la plus écoutée de France, au lendemain de la nomination de la première Ministre (17/05/22) : « C’est une femme de dossier, de négociation, plus qu’une femme d’estrade, de tribune. Aura-t-elle le souffle, la puissance, saura-t-elle ‘donner envie d’avoir envie’ pour citer Johnny Halliday ? » 

Globalement, les prises de parole des femmes sont accueillies par des interruptions systématiques, plus de bruit et de chahut que celles des hommes qui discutent entre eux et manifestent ainsi leur désintérêt pour les propos de leurs consœurs.  » Vir bonus dicendi peritus «   (l’homme de bien est habile à parler) écrivait Caton, quand les femmes sont sommées de se taire depuis des millénaires (de les écouter ?), un silence auquel se sont employées à les réduire la religion, l’éducation, les règles de la bienséance bourgeoise, etc. Comment s’étonner des difficultés des unes à s’imposer par la parole et des réticences des autres à leur concéder leur place dans cet ordre du discours ?

« On a pris la parole comme on a pris la Bastille » écrivait Michel de Certeau en 1968. Pour les femmes, la parole reste une Bastille à prendre.

Marlène Coulomb-Gully Professeure émérite à l’Université de Toulouse-Jean Jaurès

Intervention de Marlène Coulomb-Gully à l’occasion du colloque Elles Aussi, 30 ans pour la parité , et demain ?

Marlène Couomb-Gully : Sexisme sur la voix publique – Femmes, éloquence et politique Ed. de l’Aube 2022.

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La Mostra de Venise bouscule les codes du genre

9 Septembre 2022, 02:43am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Le genre en question
La Mostra de Venise bouscule les codes du genre
Bousculer les codes et défier les injonctions de genre : une illustration parfaite de cette tendance est la star franco-américaine de 26 ans Timothée Chalamet, qui a débarqué sur le tapis rouge du Lido revêtue d'une combinaison rouge lamé avec dos nu, le 2 septembre 2022 pour la présentation du film <em>Bones and All</em>.
Bousculer les codes et défier les injonctions de genre : une illustration parfaite de cette tendance est la star franco-américaine de 26 ans Timothée Chalamet, qui a débarqué sur le tapis rouge du Lido revêtue d'une combinaison rouge lamé avec dos nu, le 2 septembre 2022 pour la présentation du film Bones and All.
©Vianney Le Caer/Invision/AP
07 SEP 2022
 Mise à jour 07.09.2022 à 10:07 par 
Terriennes
 
avec AFP
Un acteur en dos nu sur le tapis rouge de la Mostra de Venise ? Et pourquoi pas. Thimothée Chalamet l'a fait. De quoi briser les stéréotypes de genre et braquer les projecteurs sur cette 79e édition d'un festival, qui propose, en compétition ou dans ses sections parallèles des films mettant à l'affiche travestis, drag queens, acteurs et rôles transgenres.
C'est une première pour le plus vieux festival de cinéma du monde : une actrice transgenre joue un rôle principal dans un film présenté en compétition officielle. Cette actrice, c'est Trace Lysette. Dans Monica, elle incarne une femme transgenre qui, après vingt ans d'absence, revient dans l'Ohio au chevet de sa mère mourante.

Réfléchir à la nature précaire de l'identité de chacun de nous quand elle doit se confronter à la nécessité de survivre et de se transformer.

Andrea Pallaoro, réalisateur
Pour le réalisateur italien Andrea Pallaoro, le parcours de son personnage permet d'explorer "l'univers émotionnel et psychologique de Monica tout en réfléchissant à la nature précaire de l'identité de chacun de nous quand elle doit se confronter à la nécessité de survivre et de se transformer".


Ce film pudique est porté par l'interprétation de Trace Lysette, connue pour son rôle dans la série Transparent sur Amazon Prime Video. Le cinéaste, qui avait offert à Venise le prix de la meilleure actrice à Charlotte Rampling pour son rôle dans Hannah, y explore "la complexité de la dignité humaine et les conséquences profondes du rejet".


"Repenser le masculin-féminin"
Dans un autre film en lice pour le Lion d'or, L'immensità d'Emanuele Crialese, c'est une adolescente, Adriana, qui se fait appeler Andrea (nom masculin en italien), s'habille et se coiffe comme un garçon. Acceptée comme telle par sa mère (Penelope Cruz), elle doit affronter la vision plus conformiste du reste de sa famille bourgeoise dans la Rome des années 1970.


La nouvelle génération se pense différemment, veut repenser le masculin-féminin et ne veut plus se sentir sous le diktat de certaines injonctions à se conformer.

Sébastien Lifshitz, réalisateur
"La visibilité des personnes transgenre reste encore exceptionnelle dans le cinéma mainstream", constate le réalisateur français Sébastien Lifshitz dans un entretien avec l'AFP. Mais il se veut optimiste en misant sur "la nouvelle génération", qui "se pense différemment, veut repenser le masculin-féminin et ne veut plus se sentir sous le diktat de certaines injonctions à se conformer".

"Et j'espère en fait que cette impulsion, ce désir, vont amener une plus grande diversité de rôles et de sujets au cinéma", avance le cinéaste, lui-même à Venise pour présenter un documentaire, Casa Susanna, qui retrace de façon émouvante la naissance d'une communauté de travestis dans la très conservatrice Amérique des années 1950-60. "C'est un combat depuis des décennies d'essayer de sortir des archétypes", observe-t-il, son documentaire montrant le chemin parcouru depuis l'époque où ces identités devaient être dissimulées à tout prix sous peine d'être mis au ban de la société.

Grâce à des images d'archives et aux témoignages de membres encore en vie de ce petit cercle, Sébastien Lifshitz réussit à faire revivre un épisode méconnu de "l'Histoire pré-queer". 


Le cinéma, une arme contre les stéréotypes
Le combat contre le rejet et les stéréotypes est au centre du film du Français Florent Gouëlou, Trois nuit par semaine, présenté sur le Lido en ouverture de la Semaine de la Critique. On y voit Baptiste, un trentenaire en couple avec une femme, découvrir le monde parisien des drag queens et tomber amoureux de l'une d'entre elles, Cookie.

Refusant le voyeurisme, Florent Gouëlou, lui-même drag queen, a voulu "faire une déclaration d'amour à cette forme d'art en prenant le point de vue de quelqu'un qui la découvre". "A travers le personnage de Cookie, vous voyez aussi ma propre expérience en tant que drag", a-t-il raconté à la présentation du film aux côtés de ses acteurs.


Le genre dans tous ses états à la Mostra
Cette édition de la Mostra marque donc un nouveau pas en avant dans la représentation au cinéma de la diversité des identités de genre.

L'an dernier, la sortie du film A good man, avec Noémie Merlant dans le corps d'un homme qui tombe enceint, allait aussi dans ce sens.


En 2020, c'était Sébastien Lifshitz, déjà lui, qui apportait sa contribution à ce mouvement avec le documentaire Petite fille, sur le parcours de la jeune Sasha, née dans un corps de garçon et exprimant sa transidentité.
 

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Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 07.09.2022 à 10:07
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On ne devient pas trans par « pression sociale » prouve une étude sur la dysphorie de genre

17 Août 2022, 00:01am

Publié par hugo

On ne devient pas trans par « pression sociale » prouve une étude sur la dysphorie de genre
Anthony Vincent 16 août 2022 5

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MADMOIZELLE  LIFESTYLE  SANTÉ
Une étude confirme que les jeunes n’entament pas de transition de genre à cause d’un « effet de mode » qui affecterait surtout les personnes assignées femme à la naissance, comme l’argumentent souvent des politiques transphobes.
Nombreuses sont les personnalités politiques occidentales à arguer que les jeunes se poseraient beaucoup de questions sur leurs genres, voire entameraient des transitions par effet de mode et pression sociale. Alors que les droits des personnes trans sont continuellement menacés, un article scientifique publié par Pediatrics (sérieuse revue médicale éditée par l’académie des pédiatres états-uniens depuis 1948) vient leur couper l’herbe sous le pied.

Parmi les personnes trans, le ratio AMAB:AFAB est de 1,2:1
Sortie le 3 août 2022, l’étude scientifique a été menée par des chercheuses et chercheurs du Fenway Institute de Boston. Ensemble, ils commencent par tenter d’évaluer le nombre de personnes concernées. Parmi l’ensemble des personnes trans, l’écart s’amenuise entre le nombre de personnes assignées masculines à la naissance (AMAB) et le nombre de personnes assignées féminines à la naissance (AFAB).

C’est ce ratio que fabulent (en imaginant qu’il y a beaucoup plus de personnes trans AFAB que de personnes trans AMAB) et instrumentalisent souvent certains politiques pour criminaliser des soins médicaux d’affirmation de genre, aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux.

L’équipe de recherche du Fenway Institute de Boston a donc étudié des données sur l’identité de genre de 2017 à 2019 de personnes adolescentes à travers 16 états, pour en mesurer le ratio AMAB:AFAB. Ces informations ont été croisées avec d’autres sur l’intimidation subie, des pressions et le taux de suicide des personnes transgenres par rapport aux personnes cisgenres. Et voici ce qui en résulte :

« L’analyse a inclus 91 937 adolescents en 2017 et 105 437 adolescents en 2019. En 2017, 2161 (2,4%) participants ont été identifiés comme Transgender and gender-diverse (TGD) [ndlr : personnes dont l’identité de genre diffère de celle qui leur a été assignée à la naissance], avec un ratio AMAB:AFAB de 1,5:1. En 2019, 1640 (1,6%) participants se sont identifiés comme TGD, avec un ratio AMAB:AFAB de 1,2:1.

Les taux de victimisation par intimidation et de suicide étaient plus élevés chez les jeunes TGD que chez leurs pairs cisgenres. »

La vie des personnes trans beaucoup plus menacée que celle des personnes cis
Les chercheuses et chercheurs en concluent que le sexe attribué à la naissance des adolescents TGD aux États-Unis ne semble pas favoriser les adolescents AFAB et ne devrait pas être utilisé pour s’opposer à l’offre de soins médicaux d’affirmation de genre pour les adolescents TGD.

En d’autres termes, les personnes trans assignées femmes à la naissance sont globalement défavorisées, et s’affirmer trans en grandissant ne fait qu’ajouter à leurs difficultés structurelles. Elles ne le font donc pas pour faire leurs intéressantes, s’intégrer ou devenir populaires. Il en va de même pour les personnes trans AMAB par rapport aux personnes cis.

« Les droits des personnes trans sont des droits humains » © inkdrop via Canva
« Les droits des personnes trans sont des droits humains » © inkdrop via Canva
Contester l’hypothèse de « rapid-onset gender dysphoria »
Cette étude d’envergure de Boston vient également en réponse à une hypothèse appelée « rapid-onset gender dysphoria » (ROGD), qu’on pourrait traduire par « dysphorie de genre à apparition rapide ». Cette hypothèse controversée suppose que des personnes pourraient commencer à ressentir une inadéquation avec le genre qui leur aurait été attribué à la naissance une fois à l’adolescence par « contagion sociale » (pression des pairs, volonté de s’intégrer). Et d’après cette supposition fortement contestée par la science, les personnes assignées femmes à la naissance seraient beaucoup plus sensibles, vulnérables, à cette prétendue contagion sociale.

Or, d’un point de vue méthodologie, la bancale hypothèse ROGD se base sur les témoignages de parents d’enfants concernés, et n’a pas pris la peine de consulter les jeunes trans en question. Et en réalité, le ratio AMAB:AFAB montre une légère surreprésentation de personnes trans AMAB par rapport aux personnes trans AFAB, aux États-Unis, actuellement.

Dans les faits, des deux côtés de ce spectre, les personnes trans subissent beaucoup plus de pression, d’intimidation, et d’injonctions aux suicides que les personnes cisgenres. S’annoncer trans ne rend pas magiquement populaire, au contraire : c’est bien la transphobie qui pourrait les réduire au silence ou pire. D’après une étude publiée en novembre 2016, soutenir les personnes trans dans leur volonté de transitionner permet de réduire les risques de tentative de suicide de 65% pour cette frange de la jeunesse surexposée aux violences transphobes.

À lire aussi : Toute la pluralité des transidentités est explorée dans cette série-documentaire aussi accessible que passionnante

Crédit photo de Une : Lina Vanessa Merchan Jimenez de la part de Studio Colombia via Canva


https://www.madmoizelle.com/on-ne-devient-pas-trans-par-pression-sociale-prouve-une-etude-sur-la-dysphorie-de-genre-1430129

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Qu'est-ce que l'intersectionnalité ?

28 Juillet 2022, 04:36am

Publié par hugo

 
Qu'est-ce que l'intersectionnalité ?


Dominations plurielles : sexe, classe et race
Myriam Boussahba
Emmanuelle Delanoe
Sandeep Bakshi
Kimberlé Crenshaw
L’intersectionnalité est un nouvel outil pour mieux penser les inégalités et mieux agir contre elles. Cette notion, qui nous vient du féminisme noir, a été théorisée en 1989 par la juriste Kimberlé W. Crenshaw – dans un article traduit ici pour la première fois en français – et diffusée notamment par la sociologue Patricia Hill Collins dans "La Pensée féministe noire". Mais à son origine on trouve l’abolitionniste et féministe Sojourner Truth qui, au XIXe siècle, est l’une des premières à avoir montré la double oppression, de race et de sexe, que subissaient certaines femmes. L’intersectionnalité révèle donc que la domination est souvent plurielle et que, de ce fait, les discriminations, dont certaines ne sont pas visibles, peuvent se renforcer les unes les autres. Ce livre en propose une introduction générale et montre son efficacité pratique dans trois domaines : la vie sociale, le militantisme et la culture.


https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/quest-ce-que-lintersectionnalit%C3%A9-9782228928694

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Trouble dans le genre

28 Juillet 2022, 03:52am

Publié par hugo

 Trouble dans le genre


Le féminisme et la subversion de l'identité
Judith Butler, Éric Fassin
Dans cet ouvrage majeur publié en 1990 aux États-Unis, la philosophe Judith Butler invite à penser le trouble qui perturbe le genre pour définir une politique féministe sans le fondement d’une identité stable. Ce livre désormais classique est au principe de la théorie et de la politique queer : non pas solidifier la communauté d’une contre-culture, mais bousculer l’hétérosexualité obligatoire en la dénaturalisant. Il ne s’agit pas d’inversion, mais de subversion.
Judith Butler localise les failles qui témoignent, à la marge, du dérèglement plus général de ce régime de pouvoir. En même temps, elle questionne les injonctions normatives qui constituent les sujets sexuels. Jamais nous ne parvenons à nous conformer tout à fait aux normes : entre genre et sexualité, il y a toujours du jeu. Le pouvoir ne se contente pas de réprimer ; il ouvre en retour, dans ce jeu performatif, la possibilité d’inventer de nouvelles formations du sujet.
La philosophe relit Foucault, Freud, Lacan et Lévi-Strauss, mais aussi Beauvoir, Irigaray, Kristeva et Wittig, afin de penser, avec et contre eux, sexe, genre et sexualité – nos désirs et nos plaisirs. Pour jeter le trouble dans la pensée, Judith Butler donne à voir le trouble qui est déjà dans nos vies


https://www.editionsladecouverte.fr/trouble_dans_le_genre-9782707150189

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