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Paris : une femme retrouvée morte dans le hall de son immeuble

29 Mars 2023, 04:20am

Publié par hugo

 Paris : une femme retrouvée morte dans le hall de son immeuble
Par LR Médias pour marieclaire.fr Publié le 27/03/2023 à 09:46
Porte d'immeuble Paris

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Ce samedi 25 mars 2023, dans le XXème arrondissement de Paris, une femme âgée de 29 ans a été retrouvée agonisante dans le hall de son immeuble par son conjoint. Une enquête pour meurtre a été ouverte.

Ce samedi 25 mars 2023, en tout début de matinée, une femme a été retrouvée par son compagnon, dans le hall de son immeuble, dans le XX§me arrondissement de Paris.

Malgré l'intervention des secours, elle est décédée quelques minutes plus tard.

Inquiet, son compagnon était parti à sa recherche
La jeune femme, âgée de 29 ans, a été retrouvée agonisante dans le hall de leur immeuble, située dans la rue de Chine, à deux pas de l'hôpital Tenon.

Inquiet de ne pas la voir rentrer alors qu'elle était sortie avec des amis, et qu'elle devait rentrer vers une heure du matin, il est parti à sa recherche vers 6h40, précise Le Parisien. C'est donc lui qui a fait la macabre découverte et immédiatement prévenu les secours.

Dépêchés sur place, les pompiers, le Samu et la police n'ont malheureusement rien pu faire, et la victime a succombé à ses blessures. "Son visage était tuméfié et malgré l’intervention des secouristes son décès a été déclaré à 7h20", précise une source proche de l'enquête au quotidien.

Les techniciens de la police scientifique ont investi le hall de l'immeuble en quête d'indices, et quelques heures plus tard, le corps de la défunte a été conduit à l’institut médico-légal de Paris pour une autopsie qui devra déterminer les causes exactes de la mort. "Ils ont installé une tente blanche pour qu’on ne voie pas la scène. Le compagnon était assis dehors et il était en pleurs", précise un voisin, qui évoque "un jeune couple qui vivait au cinquième étage" de l'immeuble.

Lire aussi :
125 féminicides par an : Virginie Grimaldi raconte Salomé, 21 ans, battue à mort par son conjoint
Une volonté de comprendre la chronologie des événements
Interrogé par la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris, le compagnon de la victime - ils s'étaient pacsés le 22 mars 2023, trois jours avant le drame - a expliqué que cette dernière était sortie la veille au soir avec des amis.

D'après un ticket de caisse du restaurant McDonald's de la place Gambetta, retrouvé dans ses affaires, elle s'y trouvait à 2h28. La vidéosurveillance de l'établissement, situé à moins de 300 mètres du domicile de la jeune femme identifiée grâce à ses vêtements, prouve qu'elle est sortie seule du restaurant.

Le concierge de l'immeuble, lui, a affirmé aux enquêteurs que le hall était vide lorsqu'il est sorti de son appartement du rez-de-chaussée à cinq heures du matin pour aller prier.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "meurtre", sans commentaire supplémentaire. Aucune hypothèse n'est privilégiée à ce stade des investigations.

Lire aussi :


https://www.marieclaire.fr/paris-une-jeune-femme-battue-a-mort-dans-le-hall-de-son-immeuble,1445696.asp

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Lisette Lombé sera la nouvelle poétesse nationale

29 Mars 2023, 04:19am

Publié par hugo

 Lisette Lombé sera la nouvelle poétesse nationale

© Gilles Fischer

il y a 7 heures

Temps de lecture1 min
Par Belga édité par A.P.
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La Maison poème a annoncé officiellement mardi à Bruxelles que Lisette Lombé sera la nouvelle poétesse nationale dès janvier 2024. La poétesse, slameuse et plasticienne succédera à l’actuel poète national, Mustafa Kör, et deviendra ainsi la sixième personne à endosser ce rôle.

"Quand les partenaires m’ont proposé cette mandature, j’ai hésité", affirme-t-elle. "Les langues étrangères ont toujours été mon talon d’Achille. Mais cette langue du cœur, je la porte. Ces projets, je les porte", a poursuivi la poétesse. Elle affirme que durant les deux années en tant que poétesse nationale, son ambition est de faire en sorte que les poètes des différentes communautés linguistiques se croisent. Qu’ils soient francophones, néerlandophones ou germanophones. L’autrice explique par ailleurs que de nombreux mots-clés marqueront sa mandature de poétesse nationale comme les prisons, les hôpitaux, les espaces publics, ou encore les collectifs. "Le mot 'utile', au sens noble, couronne le tout", explique-t-elle.

À lire aussi
Rencontre avec Lisette Lombé, une poétesse aux multiples facettes

"Ce qui m’intéresse, ce sont les personnes très éloignées de la littérature." L’actuel poète national Mustafa Kör était également présent pour l’occasion. Le poète flamand a symboliquement remis un crayon à celle qui lui succédera d’ici quelques mois, avant de lire trois de ses poèmes. La future poétesse nationale en a fait de même et a lu une de ses dernières œuvres. Comme le veut la tradition depuis la création du statut de poète national en Belgique en 2014, une alternance est établie entre les différents groupes linguistiques. Dès 2024, ce sera donc une francophone qui endossera le titre de poétesse nationale, après la mandature du limbourgeois Mustafa Kör.


https://www.rtbf.be/article/lisette-lombe-sera-la-nouvelle-poetesse-nationale-11174666

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"Martin fait de la danse" : un outil pour dégenrer les activités extrascolaires

29 Mars 2023, 04:16am

Publié par hugo

 "Martin fait de la danse" : un outil pour dégenrer les activités extrascolaires

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lundi dernier à 17:27

Temps de lecture5 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Oui, les filles peuvent jouer au foot. Oui, les garçons peuvent aimer le ballet. Si ces affirmations semblent aller de soi, dans la pratique, les inégalités de genre quant à l’accès aux activités extrascolaires sont bien réelles…. À Schaerbeek, le secteur se retrousse les manches pour déconstruire les stéréotypes et proposer des pratiques plus inclusives.

Une éducation non discriminatoire permet à chacun·e d’évoluer selon ses choix et de trouver sa voie. Si la déconstruction des stéréotypes de genre entre (parfois encore difficilement) dans les classes à travers les animations EVRAS, les activités extrascolaires, elles, restent trop souvent un angle mort de la lutte contre le sexisme.

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C’est en tout cas le constat de Mathilde Fanuel et Geoffrey Dony qui ont réalisé un état des lieux de leur commune au sein du Service Accueil Extrascolaire de Schaerbeek. "Nous avons découvert que certains enfants ne pouvaient pas exercer l’activité de leur choix, car celle-ci était destinée à un genre spécifique en raison des stéréotypes. Par exemple, nous avons rencontré une maman qui ne trouvait pas de club de foot pour sa fille, ou un enfant mal à l’aise de commencer la danse et de se retrouver le seul garçon du groupe… Se sentant exclu·es de leur activité de prédilection, ces enfants se sont tourné·es vers d’autres options", introduit le duo.

À lire aussi
L’EVRAS, l’éducation aux relations affectives et sexuelles : des animations encore trop inégales

Partir des réalités de terrain
C’est pour faire bouger les lignes que l’équipe a créé "Martin fait de la danse", un outil pédagogique à destination des professionnel·les de l’enfance (2,5 – 12 ans). Leurs objectifs ? Informer, participer à la prise de conscience du poids des habitudes sexistes et œuvrer à la mise en place de bonnes pratiques. "Pour construire cet outil, nous avons interrogé des familles, des enfants et des professionnel·les de terrain. Aussi, nous avons épluché nombre d’études, et avons constaté que très peu de recherches de genre avaient été menées à propos du secteur de l’accueil extrascolaire…", explique Mathilde Fanuel.

Ce qui compte, c’est que tous les enfants puissent être accepté·es tel·les qu’ils et elles sont !

Il était grand temps de poser le sujet sur la table ! "Martin fait de la danse" (dont le nom fait référence aux albums de jeunesse pas toujours très déconstruits du passé) interroge les représentations sexuées et genrées. Outre les passages théoriques, l’outil est ponctué de paroles recueillies auprès des professionnel·les et des enfants. Certains témoignages sont édifiants, à l’instar de celui d’Adrien, 6 ans : "Je fais du sport de muscle, de la vitesse et je nage. Je ne pense pas que les filles elles font beaucoup de muscu. Elles font plutôt du bricolage ou de la danse."

Au fil des pages, on découvre de manière très claire que les comportements sexistes reflètent une socialisation et une éducation genrée, et ne pas s’y conformer, c’est courir le risque d’être exclu·e par ses pair·es.


© Tous droits réservés SAES Asbl – Design by Steppers Studio, illustrations Eve Brengard
À lire aussi
Oh grand Saint Nicolas, patron des jouets genrés

La cour de récré, un enjeu pour l’espace public de demain
Mathilde Fanuel et Geoffrey Dony observent que la différenciation se marque particulièrement à partir du passage à l’école primaire. L’autrice Judy Y. Chu (citée par Carol Gilligan dans le livre Pourquoi le patriarcat ?) relate l’initiation des garçons dans l’ouvrage When boys become boys : "aux codes de la masculinité qui requièrent pour eux d’abolir toute empathie et de masquer leur vulnérabilité, afin de leur permettre de revendiquer leur supériorité tout en évitant d’être rejetés par les autres."

Dans la cour, ceux qui s’identifient aux comportements masculins y occupent l’essentiel de l’espace, tandis que les autres se voient obligé·es de rester à l’écart. "Martin fait de la danse" cite la géographe du genre Edith Maruéjouls qui met en avant l’inégal partage des espaces de loisirs.

Nous avons rencontré une maman qui ne trouvait pas de club de foot pour sa fille

Cette division genrée de l’espace installe un climat de domination, comme en témoigne une petite fille : "Le foot c’est pour les garçons parce qu’ils savent bien jouer et pas les filles. Je pense que ça embête les garçons quand les filles jouent. Je joue au foot surtout à la maison. J’ai déjà essayé de jouer après l’école, mais on m’a dit ‘dégage’. Je ne joue pas avec eux parce que je les embête donc je préfère le faire avec mon papa." "Les filles s’habituent dès le plus jeune âge à rester à l’écart. Et plus tard, cette invisibilisation se prolonge dans l’espace public", avance Mathilde Fanuel.

L’autocensure des petit·es et des grand·es
Les stéréotypes de genre opèrent à tous les niveaux, y compris chez les professionnel·les. L’énoncé des activités peut orienter le choix des enfants vers tel ou tel type de loisirs. Il peut en résulter une autocensure de la part des enfants qui s’interdisent alors certains jeux ou activités. Au sein même des animations, les comportements peuvent également être influencés. "Nous avons remarqué qu’inconsciemment, les animateur·rices adaptent leur langage en fonction du genre de l’enfant. Ils et elles ne s’adressent pas de manière identique à une petite fille ou à un petit garçon", éclaire Geoffrey Dony.

L’outil revient par ailleurs sur l’importance de l’effet pygmalion, le mécanisme selon lequel le fait de croire en la réussite de quelqu’un améliore considérablement ses probabilités de succès. "C’est au niveau inconscient, mais le ou la professionnel·le va investir ou désinvestir tel profil d’élève et les stimulations vont être différentes, et donc les capacités vont elles aussi être différenciées", nous expliquait Noah Gottlob à propos de cet effet dans le cadre d’un précédent article autour de la déconstruction des masculinités toxiques.

Par ailleurs, on connait l’importance des rôles models pour faire avancer les représentations. Problème, au sein des équipes d’animation, les stéréotypes sont parfois renforcés par les adultes qui reproduisent des rôles genrés. "On le voit, les animateurs ont tendance à proposer des activités plus sportives, et les animatrices des activités plus manuelles. Ce manque de représentations participe à l’exclusion des femmes des pratiques sportives. Par exemple, ce serait chouette qu’une animatrice soit l’arbitre pendant un match de foot", expose Mathilde Fanuel.

À lire aussi
Déconstruire les masculinités toxiques (3/4): "On ne naît pas homme, on le devient"

Changer les pratiques pour un monde plus égalitaire
Loin de juger les pros du secteur, le Service Accueil Extrascolaire de Schaerbeek entend les accompagner. À partir de cet outil sorti en janvier, l’asbl propose désormais des animations à destination des professionnel·les du secteur. "On sent une ouverture. Bien sûr, il y a aussi des résistances au changement ou certaines personnes qui ‘ne voient pas de problèmes’. Mais on observe que ça bouge…", se réjouit le duo.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

En effet, dans le secteur, le message semble résonner. Suite à la parution du guide, lors des derniers congés scolaires, l’une des associations de la commune a décidé de modifier la thématique du stage en "Fais pas genre". "La directrice a reçu de nombreux appels des parents, parfois inquièt·es", explique Geoffrey Dony.

"Ce qui compte, c’est que tous les enfants puissent être accepté·es tel·les qu’ils et elles sont !", concluent Mathilde Fanuel et Geoffrey Dony. Il y a encore du travail, mais ensemble, petit à petit, les acteur·ices de terrain font évoluer la société.


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Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/martin-fait-de-la-danse-un-outil-pour-degenrer-les-activites-extrascolaires-11173804

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In Sylvianne Modrie We Trust, l’archéologie pour raconter la ville

29 Mars 2023, 04:13am

Publié par hugo

 LES GRENADES

In Sylvianne Modrie We Trust, l’archéologie pour raconter la ville

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25 mars 2023 à 12:57

Temps de lecture7 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Dans la série In… We Trust (en français : "Nous croyons en"), Les Grenades vont à la rencontre de femmes arrivées là où personne ne les attendait. Aujourd’hui, place à Sylvianne Modrie, archéologue attachée à la Direction du patrimoine culturel de la Région bruxelloise. Les mains dans le cambouis et l’œil avisé, la spécialiste participe à la sauvegarde et la préservation des matériaux de notre passé.

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Pour les non-initié·es, l’image de l’archéologue renvoie probablement à des fouilles d’ossements préhistoriques dans la terre, et ce, parfois loin de nos contrées…

Pourtant, pratiquer l’archéologie en plein centre-ville, par ici, c’est possible aussi. C’est même le quotidien de Sylvianne Modrie. Nous la retrouvons au Mont des Arts, à quelques pas d’urban.brussels, l’administration de la Région de Bruxelles-Capitale en charge de l’urbanisme et du patrimoine. Entre deux chantiers de fouilles, pour Les Grenades, elle revient sur son parcours.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

De la cour de récré aux premiers chantiers
Née en 1972, Sylvianne Modrie grandit dans les environs de Bruxelles. "Enfant, je ne sais pas si j’avais vraiment une idée précise de ce que je voulais faire plus tard… Dans la cour de récréation, je jouais souvent seule, j’étais dans mon monde…" C’est un peu par hasard que l’archéologie entre dans sa vie. "J’aimais bien chipoter dans la boue… Ma mère avait entendu parler de l’asbl Archelo-J qui proposait (et propose toujours !) des stages en Belgique pour que les jeunes puissent participer à des chantiers de fouilles." Dès l’âge de 12 ans, sans savoir qu’elle en fera un jour son métier, elle rejoint cette association de sensibilisation à l’existence et à la sauvegarde du patrimoine archéologique et architectural.

Tandis qu’à l’école, elle se distingue par les sciences, en s’inscrivant à l’université, c’est finalement vers l’histoire de l’art et l’archéologie qu’elle décide de se diriger. À l’issue de ses études, elle est engagée comme archéologue par la Région bruxelloise, le service lié aux compétences de gestion du patrimoine est alors en plein développement. Année après année, elle aiguise son regard et se spécialise dans le passé des sols et des bâtiments de la capitale. "Les archives ont brûlé en 1695 lors du bombardement de Bruxelles par Louis XIV. Lorsque certains documents ont disparu, pour certaines périodes il n’y a plus que l’archéologie pour apporter des réponses", explique-t-elle.

Bruxelles à travers les âges
Concrètement, travailler en tant qu’archéologue à Bruxelles, qu’est-ce que ça signifie ? La mémoire de celles et ceux qui nous ont précédé·es nous entoure, partout, tout le temps. Parfois de manière visible, par exemple, à travers les églises, les palais, les vestiges toujours debout malgré les siècles. Et parfois de façon moins visible : sous les fondations, à l’intérieur des caves, dans la terre.


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Si la meilleure manière de préserver le patrimoine est de le maintenir en place, lors de travaux de démolition, d’aménagement ou de construction, des éléments enfuis peuvent être mis au jour tandis que d’autres courent le risque d’être détruits…

Je reconnais la matière au son et à la résonance

Pour préserver et sauver ces pièces, la Direction du patrimoine culturel de la Région, service où opère Sylvianne Modrie, organise des recherches et des fouilles préventives. "En fouillant, on a accès à des matériaux caractéristiques qui couvrent des époques allant de la préhistoire jusqu’au siècle dernier. Ces éléments nous donnent une grille de lecture de l’histoire des bâtiments, des parcelles. Par exemple, par des analyses, on peut retrouver des traces de potagers. Tout ça, c’est important dans l’histoire d’une ville", explique-t-elle.

Sauver, répertorier, préserver pour les générations futures
C’est durant l’examen des demandes de permis d’urbanisme que la Direction du patrimoine culturel décide d’organiser des fouilles préalables ou concomitantes aux phases de travaux. "Depuis 2005, nous avons la possibilité d’ajouter des clauses archéologiques dans les permis. Lorsqu’on reçoit les demandes sur une zone à potentiel archéologique reconnu, il faut nous laisser l’opportunité de fouiller avant les travaux et nous permettre de suivre les travaux."

Ces fameuses zones sont reprises dans l’atlas archéologique régional qui fournit les données archéologiques et historiques de la préhistoire au XVIIIe siècle… Aujourd’hui, toutes ces infos sont compilées sur la plateforme interactive Brugis, qui offre la possibilité aux professionnel·les de la construction comme aux citoyen·nes de découvrir les lieux à hauts potentiels archéologiques de la région.

"On accompagne une cinquantaine de chantiers par an, parfois des énormes comme sur l’ancien Parking 58, ou des plus petits. Au sein de l’administration, j’ai longtemps été toute seule sur le terrain, aujourd’hui, nous sommes deux archéologues. Franchement, c’est rare qu’on ne trouve rien." Dans les faits, sur les chantiers, Sylvianne Modrie doit parfois arrêter des pelleteuses prêtes à détruire un élément patrimonial. "Souvent, on s’arrange avec l’architecte ou l’entrepreneur dans les réunions, mais quand on débarque, en général la première personne que l’on rencontre, c’est le démolisseur, un sous-traitant qui veut juste avancer et qui peut n’avoir que faire des accords…. Alors oui, il arrive que je me retrouve à faire barrage face à une grue."

Un métier physique dans un monde d’hommes
L’archéologue ne compte plus les situations épiques qu’elle a connues dans ce milieu particulièrement masculin qu’est celui de la construction. Aussi, qui dit monde d’hommes, dit angles morts quant à la réalité biologique des femmes. "Nous, on installe notre chantier dans le chantier, mais au début, il n’y a même pas encore de toilettes. Comme il n’y a que des hommes, eux, ils urinent dans des bouteilles… Moi, je dois aller dans un café à chaque fois que je veux passer aux toilettes… Pendant le confinement, c’était l’enfer…"

Si elle n’explique pas sentir de discriminations sexistes à son égard, elle note cependant des différences de traitement en fonction de son genre. "Quand il s’agit par exemple de demander un service qui requiert l’utilisation de la grue pour ouvrir une fondation à observer, ou de demander une l’aide pour porter quelque chose, ça passe mieux quad on est une femme. Il y a une forme de sexisme bienveillant."

Outre le travail intellectuel, les fouilles se révèlent très physiques. Il y a les poids à soulever, la terre à pelleter, le tout sur des chantiers accidentés où il faut parfois se faufiler entre deux poutres ou dans un petit trou. "À force, j’ai développé une sorte de regard-scanner. Je vois tout : les potentiels dangers, comme les pièces à fouiller. Au contact de la truelle sur certains éléments, je reconnais la matière au son et à la résonance."

Il arrive que je me retrouve à faire barrage face à une grue

Chaque matériel récolté sur le terrain est ensuite enregistré, traité en laboratoire et conservé. Autour de Sylvianne Modrie gravitent toute une série d’ultras spécialistes par exemple en archéozoologie (étude des ossements animaux), archéobotanique (études des vestiges d’origine végétale), paléopalynologie (l’archéologie des pollens) ou encore en anthropologie physique (l’étude de l’histoire naturelle de l’espèce humaine).


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Comprendre le passé pour se tourner vers l’avenir
À force de travail, notre interlocutrice porte un regard tout singulier sur la ville et ses interactions avec les communes limitrophes. Pour observer l’évolution de notre environnement au fil du temps, la région propose par ailleurs l’outil Bruciel qui permet à tout un chacun·e de comparer des lieux depuis 1935 à aujourd’hui.

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On y découvre notamment, certains quartiers autrefois agricoles désormais complètement construits. Plonger dans l’histoire du bâti, c’est aussi prendre du recul par rapport à notre place contemporaine. D’où vient-on ? Vers où nous diriger ? "En fouillant des constructions humaines, la relation avec celles et ceux qui nous ont précédé·es est immédiate. Chaque brique a été posée une à une…. La plus ancienne charpente à Bruxelles date du XIIe siècle et se trouve à l’église Saint-Lambert à Woluwe. C’est pour moi un endroit assez touchant. Ces bois majestueux ont été montés jusque-là haut avec un système de roues et de poulies et on peut toujours les admirer aujourd’hui…"


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Depuis sa position, l’experte observe mieux que personne la matérialisation du temps qui passe. "Aujourd’hui, on détruit des bâtiments en béton qui ont trente ans alors que certaines maisons tiennent depuis 500 ans. Avant, les méthodes de construction étaient basées sur le réemploi. Désormais, on se réintéresse à ces pratiques circulaires. Les architectes réfléchissent vraiment à ça. Ça coute plus cher, mais c’est important pour la planète."

Lorsque nous lui demandons si elle se sent fière aujourd’hui de son parcours depuis ses premiers chantiers à l’âge de 12 ans, Sylvianne Modrie répond par la positive : "C’est agréable de sentir que j’évolue dans mon domaine, je regrette juste de ne pas avoir le temps de plus communiquer mes recherches. Il y a tant à partager…" Pour découvrir quelques histoires autour des matériaux issus des fouilles, rendez-vous par ici.

Dans la série In… We Trust (Nous croyons en) :
In Laura De Pauw We Trust, "en tant que femme mécano, je dois constamment prouver ma légitimité"
In Sandrine Kelecom We Trust, "en tant que femme dans le bâtiment je dois en faire deux fois plus"
In Jeanette Van der Steen We Trust, première femme maître de chai en Belgique
In Zofia Wislocka We Trust, cheffe d’orchestre à la baguette libre
In Sukma Iryanti We Trust, rebondir face à toutes les difficultés
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https://www.rtbf.be/article/in-sylvianne-modrie-we-trust-larcheologie-pour-raconter-la-ville-11173103

In Sylvianne Modrie We Trust, l’archéologie pour raconter la ville - rtbf.be

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Comment inclure les femmes dans la langue française : un nouveau dictionnaire de synonymes inclusifs

29 Mars 2023, 04:10am

Publié par hugo

 
LES GRENADES

Comment inclure les femmes dans la langue française : un nouveau dictionnaire de synonymes inclusifs

© Tous droits réservés

24 mars 2023 à 11:59

Temps de lecture3 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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ECRITURE INCLUSIVE
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L’écriture inclusive devient un nouvel outil d’expression, qui contribue à développer les imaginaires. C’est aussi un objet de débat, au milieu duquel un certain nombre de personnes cherchent à améliorer leur pratique, sans forcément utiliser le point médian (qui semble cristalliser toutes les attentions et les critiques). Il existe en effet différentes manières de rendre un texte inclusif, elles sont pourtant souvent mal connues.

Sophie Hennuy est traductrice depuis 14 ans, elle travaille à son propre compte depuis 6 ans. La Carolo s’est aussi interrogée sur la meilleure manière d’utiliser ce qu’elle préfère appeler "la langue inclusive". "Nombre de mes clients et de mes clientes sont contre le point médian. J’ai donc été obligée de réfléchir à cette question. Petit à petit, je me suis constitué une base de données des synonymes inclusifs, qui s’est enrichie au fil des années", explique-t-elle. "Aujourd’hui, j’ai décidé de mettre cet outil à disposition d’un public plus large".

À lire aussi
Pour ou contre l'écriture inclusive ? La question qui divise les auteur·e·s de nos articles et posts Facebook

Naissance d’Inclupédie
C’est la naissance du projet Inclupédie, un dictionnaire des synonymes inclusifs en ligne, qu’elle nomme "inclunymes", afin de faciliter la vie à toutes les personnes qui rédigent des textes et sont sensibles à ces questions.

Certains textes sont inclusifs sans même qu’on s’en rende compte

Concrètement, il s’agit de taper le mot qu’on souhaite utiliser (qui peut porter un marqueur de genre ou non) et le site répond avec une liste d’inclunymes épicènes et des exemples de phrases dans lesquelles les utiliser. Il prodiguera aussi des conseils de rédaction en langue inclusive. L’outil se différencie donc d’un site comme En inclusif.fr, qui utilise le point médian dans ses réponses.

Par exemple, pour l’adjectif "expérimenté", le dictionnaire propose "émérite", "de talent", ou encore "d’expérience".

À lire aussi
Inclusives et calmes

"Lever les freins à l’utilisation de l’écriture inclusive"
"Ce que je veux, c’est lever les freins à l’utilisation de l’écriture inclusive", souligne Sophie Hennuy. "Je suis traductrice, je joue avec les mots toute la journée, c’est ma manière de faire du féminisme. Dans la traduction aussi, comme ailleurs dans la société, le débat sur l’écriture inclusive va bon train. Notre questionnement porte surtout sur le fait de respecter le texte de base : s’il n’est pas écrit en inclusif, peut-on le modifier ? Je constate aussi que ces discussions dépendent des cultures. Je traduis les langues scandinaves et germaniques. Pour les langues scandinaves, ma clientèle est très ouverte à l’utilisation de l’écriture inclusive. C’est très différent en Allemagne, en Belgique ou en France. Il faut dire que toutes les langues ne marquent pas autant le genre que le français. En néerlandais par exemple, il est beaucoup plus simple de rendre un texte inclusif. En Suisse, l’écriture inclusive est également bien acceptée, parce que c’est désormais une obligation légale", analyse-t-elle.

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L’accès à Inclupédie est payant : l’abonnement est de 50 euros par an pour les personnes privées et de 100 euros pour les entreprises ou les administrations. "Je vais bientôt devoir augmenter le prix de ces abonnements : à 60 euros et 120 euros. Je sais bien que cela limite l’accessibilité à un plus large public, tout le monde ne pourra pas se le permettre, mais il y a des frais pour faire tourner ce projet que je ne peux pas prendre en charge toute seule. Je le rendrais peut-être gratuit un jour, si je rentre dans mes frais et si je reçois du soutien via des fonds publics par exemple", explique-t-elle.

Pour l’instant, un crowdfunding a été lancé (jusqu’au 8 avril), ainsi qu’une page Instagram. Le site est en construction par ici. "Il faut vraiment expliquer que le point médian ne fait pas tout, certains textes sont inclusifs sans même qu’on s’en rende compte", conclut Sophie Hennuy.

D’ailleurs, avez-vous remarqué ? Cet article entier est écrit en inclusif… sans utiliser un seul point médian !

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https://www.rtbf.be/article/comment-inclure-les-femmes-dans-la-langue-francaise-un-nouveau-dictionnaire-de-synonymes-inclusifs-11172535

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Justyna Wydrzyńska, condamnée en Pologne pour avoir fourni des pilules abortives : "Nous forcerons les politiciens à changer la loi"

29 Mars 2023, 04:08am

Publié par hugo

 Justyna Wydrzyńska, condamnée en Pologne pour avoir fourni des pilules abortives : "Nous forcerons les politiciens à changer la loi"

Pologne / Condamnée pour avoir donné une pilule abortive
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23 mars 2023 à 21:00

Temps de lecture2 min
Par Alain Lechien avec Eric Destiné
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Pologne
Elle s’appelle Justyna Wydrzyńska, elle est Polonaise et, il y a quelques jours, elle a été condamnée à 8 mois de travaux d’intérêt général en Pologne. Son crime : avoir fourni des pilules abortives à une femme qui souhaitait interrompre volontairement sa grossesse. C’est une première dans un pays qui a adopté un cadre légal extrêmement restrictif sur l’avortement. Justyna Wydrzyńska dénonce un procès politique.

A Bruxelles, Justyna Wydrzyńska témoigne : "Plus les jours passent, plus je suis en colère par rapport à ce qui s’est passé, par rapport à la manière dont j’ai été traitée par le système judiciaire polonais. Et par rapport au comportement du juge".

En Pologne, Justyna Wydrzyńska milite depuis 16 ans pour le droit à l’avortement en donnant des informations aux femmes qui font face à des grossesses non désirées. Pour elle, son procès n’est pas dû au hasard : "C’était une manière de nous menacer pour qu’on arrête nos activités. C’était comme s’ils nous disaient d’être silencieuses. Nous savons que la société civile est plus progressiste que les politiciens. La société veut que la loi change. Je crois en la société civile et je sais que nous forcerons les politiciens à changer la loi. Mais cela n’arrivera pas en un an".

Justyna Wydrzyńska compte faire appel de sa condamnation.


https://www.rtbf.be/article/justyna-wydrzynska-condamnee-en-pologne-pour-avoir-fourni-des-pilules-abortives-nous-forcerons-les-politiciens-a-changer-la-loi-11172333

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La pension des femmes moindre que celle des hommes : le taux ménage est une des raisons. Mais qu'est-ce que c'est?

29 Mars 2023, 04:04am

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 La pension des femmes moindre que celle des hommes : le taux ménage est une des raisons. Mais qu'est-ce que c'est?

Le Déclic Décrypte de Marie-Laure Mathot
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19 mars 2023 à 07:00 - mise à jour 22 mars 2023 à 18:48

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Par Marie-Laure Mathot
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Les discussions autour de la réforme des pensions ont également lieu chez nous, en Belgique. Et la ministre en charge de cette compétence, Karine Lalieux, s’est engagée à réduire l’écart de revenus entre les hommes et les femmes.

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Cela a d’ailleurs été promis en début de législature : "les inégalités entre hommes et femmes seront prises en considération", est-il écrit dans le chapitre pensions de l’accord de gouvernement fédéral qui précise également : "Le principe de splitting des droits de pension sera étudié." Un principe qui voudrait que chaque membre d’un couple ait une pension égale, ce qui n’est en moyenne pas le cas actuellement.

Le taux ménage a été imaginé après la seconde guerre mondiale.

Dans un couple hétérosexuel, l’homme gagne en moyenne 10% de plus que la femme pendant sa carrière. Cet écart se creuse s’ils ont des enfants et a des répercussions tout au long de la vie de chacun. Jusqu’à la fin de celle-ci : la pension. Et là encore, c’est l’homme qui gagne le plus en moyenne.

La différence est de 488 euros pour les anciens travailleurs salariés et les indépendants selon une publication récente du Bureau fédéral du plan. Il s’est basé sur les 113.121 personnes qui ont, pour la première fois, reçu leur pension de retraite en 2021. Une pension qu’ils n’ont pas cumulée avec une pension de survie et/ou de conjoint séparé ou divorcé.


Pour bien comprendre, il faut savoir que nos pensions sont composées de trois piliers, trois sources de financement :

La pension légale – Elle est calculée sur base des années travaillées et du salaire reçu pendant cette carrière. Elle est payée par les cotisations des travailleurs.
La pension complémentaire - Pour les salariés, elle est constituée par l’employeur mais n’est pas automatique. C’est l’assurance-groupe. Les indépendants peuvent aussi y avoir droit à condition de l’avoir constituée eux-mêmes.
L’épargne privée – C’est une épargne sur le long terme mise en place à titre personnel via une banque ou une assurance par exemple et qui permet, sous certaines conditions, d’avoir un avantage fiscal.
Selon le Bureau fédéral du Plan, les inégalités de genre se creusent dans les deux premiers piliers, avec une plus grosse part jouée par la pension légale.

Focus sur le premier pilier : la pension légale
Dans ce premier pilier, la différence de revenu est de 403 € selon les chiffres présentés par le Bureau fédéral du plan.


Il montre également que :

Trois quarts (76%) des femmes gagnent moins de 2000 euros par mois via ce pilier contre 58% des hommes.
Plus d’une femme sur cinq gagne moins de 1000 euros par mois via ce pilier contre 8% des hommes.
Pourquoi cette différence ? Souvent évoquée, la carrière des femmes est plus "morcelée" que celle des hommes. C’est ce qu’explique notamment le Conseil supérieur de l’emploi dans un rapport de janvier, "les salaires inférieurs durant la carrière, la durée plus réduite de la carrière, les interruptions de carrière plus nombreuses, un taux d’inactivité plus élevé, etc."

Ainsi, le fait que ce sont encore majoritairement des femmes qui s’occupent des tâches ménagères, de la maternité et des soins aux proches et qu’elles travaillent à temps partiel pour cela vient creuser l’écart.

La pension, un reflet de la carrière

"Les pensions ne font que refléter la situation du marché du travail. Le fait que beaucoup de femmes ont des carrières ‘incomplètes’, des niveaux de rémunération plus bas et sont discriminées en termes de carrière se reflète au moment du calcul de la pension", explique Pierre Devolder, professeur de finances à l’UCLouvain.

Mais il y a une autre raison à cet écart mise en avant par le Bureau fédéral du plan pour les personnes salariées ou indépendantes qui sont mariées : le taux ménage. "Le taux ménage est la plupart du temps appliqué à la pension de retraite de l’homme et peut certainement expliquer en partie pourquoi la pension de retraite moyenne des hommes est plus élevée que celle des femmes."

Le taux ménage, c’est quoi ?
Il s’applique au moment du calcul de la pension légale (premier pilier) des salariés et des indépendants. Pour chaque année de pension travaillée, on acquiert un droit à la pension égal à 60% du salaire annuel brut (salarié) ou du revenu professionnel net (indépendant) gagné au cours de l’année en question. Grosso modo, le service des pensions reprend les revenus annuels d’une personne et multiplie par 60%. C’est le taux en tant que personne seule, le taux isolé.

Mais quand on est marié, il y a la possibilité d’augmenter ce pourcentage, c’est le taux ménage. Quand il est appliqué, il n’est plus de 60% mais de 75% sur le plus gros des deux salaires. C’est le service des pensions qui calcule automatiquement ce qui est le plus avantageux pour le couple.

Quand est-ce avantageux ? Quand une des deux personnes composant le couple n’a pas eu ou a eu peu de revenus pendant sa carrière. C’est le cas des épouses restées à la maison pour s’occuper de la vie de famille.

Ainsi, pour les pensionnés d’aujourd’hui, c’est encore en grande majorité sur la pension de l’homme que ce pourcentage est appliqué. C’est donc lui qui touche cet argent pour le couple.


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Par exemple, un homme qui gagnerait 8000 euros au taux isolé, gagnera 9000 euros si son épouse a une petite pension de 1000 euros. Ainsi, le revenu global du couple est plus élevé grâce au taux ménage.

Mise en place après la deuxième guerre mondiale

"La pension légale pour les salariés a été mise en place après la deuxième guerre mondiale", contextualise Pierre Devolder. "À cette époque-là, le modèle classique était : Monsieur qui travaille et Madame qui s’occupe de la maison et/ou de la famille. C’était le modèle traditionnel. Le législateur s’est donc dit que si les deux membres du couple étaient toujours en vie au moment de la retraite, il serait logique d’adapter les ressources à deux personnes plutôt qu’à une seule. Ainsi, si l’épouse n’a pas eu de revenus, on donne une pension un peu plus élevée au couple avec un taux à 75%."

Plus de revenus mais une plus grande dépendance financière
Mais cette manière de calculer est-elle encore d’actualité ? Ne rend-elle pas la femme encore dépendante de son mari financièrement ? Bref, cette méthode de calcul est-elle égalitaire ?

Pour Pierre Devolder, c’est une méthode de calcul qui date clairement du passé mais qui profite aux deux membres du couple. "Même si le montant est versé à l’homme, la femme va également profiter de cette revalorisation. L’idée de la pension ménage est de redistribuer au couple, pas à l’homme seul. Et donc, la femme en profite aussi."

La question est donc de savoir comment l’argent est redistribué dans le couple une fois qu’il est versé à l’homme. "Et cette information est très difficile à obtenir car il s’agit du cercle privé", répond Laurène Thil, économiste et chercheuse à la KULeuven.

"Il est clair qu’avec le taux ménage, l’homme gagne plus grâce à sa femme. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement que la femme reçoit moins de richesses à la fin. À partir du moment où les ressources disponibles pour le couple sont augmentées et reversées à l’homme, l’important pour l’égalité de genre est de voir comment elles sont redistribuées ensuite. Si elles sont partagées, c’est très bien, sinon, c’est clair que les femmes sont perdantes… Oui, il s’agit de bien s’entendre !"

Cela signifie ainsi que la femme dépend financièrement de son mari. "Il y a une globalisation des revenus qui fait que vous n’avez plus de droits propres si vous êtes celui, celle en l’occurrence, qui gagne le moins", réagit Dominique De Vos, présidente de la commission Sécurité sociale du Conseil fédéral de l’Égalité des chances entre hommes et femmes. "Ça bétonne la dépendance au mari. Même si, il faut le souligner, ils peuvent se séparer et toucher une pension de divorcés qui, là aussi, dépend des revenus du mari."

Une des solutions étudiée par ces trois experts serait le "splitting". Rappelez-vous, c’est une des solutions qui doit être étudiée selon l’accord de gouvernement. "L’idée de base du splitting est de cumuler la pension des deux personnes et on divise en deux", explique Dominique de Vos qui précise que cela pose énormément d’autres questions. "Que met-on dans ce pot commun ? La pension légale ? Complémentaire ? Cela ne risque-t-il pas d’appauvrir les ménages ?"

Attendre ou agir ?
Pour Pierre Devolder, qui avait également étudié cette solution, le taux ménage va "mourir de sa belle mort". "Progressivement, le taux ménage va devenir un non-sens et ne sera plus appliqué. Les deux membres du couple travaillent aujourd’hui et c’est donc le taux isolé qui sera appliqué parce que ce sera le plus intéressant. Parce que la somme des deux pensions sera plus importante qu’une pension avec un taux ménage."

Une condition à cela, ajoute Laurène Thil : que les carrières entre les hommes et les femmes soient égalitaires. Or, ce n’est pas encore le cas. Même si l’écart salarial tend à se résorber, il existe toujours. Avec un moment crucial : quand le couple devient parent, les études montrent que la carrière de l’homme prend son envol alors que celle de la femme est freinée.

"Cela a des conséquences sur les retraites", explique Laurène Thil qui s’interroge : "Est-ce le rôle des retraites de contrebalancer les inégalités de genre dans la vie professionnelle ? Ou est-ce qu’il faut concentrer les efforts sur la carrière des unes et des autres ?"

La nécessité d’une individualisation des droits

L’idée de réformer le taux ménage n’est en tout cas pas clairement énoncée par la ministre des Pensions, Karine Lalieux, qui a reçu la semaine dernière un rapport des syndicats sur la question de la dimension familiale. "Le rapport demandé aux syndicats pointe la nécessité d’une individualisation des droits progressive, notamment pour la participation au travail des femmes", précise le cabinet de la ministre. "En outre, les partenaires sociaux relèvent que les droits dérivés entraînent des incohérences et ne prennent pas assez en compte les nouvelles formes d’organisation familiale, le mariage étant la seule forme permettant d’accéder aux droits dérivés."


https://www.rtbf.be/article/la-pension-des-femmes-moindre-que-celle-des-hommes-le-taux-menage-est-une-des-raisons-mais-qu-est-ce-que-c-est-11169568

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Comment Kathrine Switzer est devenue la première marathonienne, malgré l’interdiction de ce sport aux femmes ?

29 Mars 2023, 04:01am

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 Comment Kathrine Switzer est devenue la première marathonienne, malgré l’interdiction de ce sport aux femmes ?

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22 mars 2023 à 16:00

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Par La Première, sur base d'un texte de Valjean
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Jean-Louis Lahaye
Boston, le mercredi 19 avril 1967, vers 9h30 : l’effervescence est de mise au cœur de la capitale du Massachusetts. Une date qui correspond au Patriot Day, un jour férié dans tout l’État depuis 1894. Ce jour commémoratif est aussi celui du plus ancien marathon annuel, qui s’est déroulé en 1897.

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On y célèbre la 70e édition du marathon de Boston. Dossard sur le dos, des centaines de coureurs s’apprêtent à prendre le départ de la course, et parmi eux se trouve pour la toute première fois, une femme. Elle porte du rouge à lèvres et un bandeau autour des cheveux. Encadrée par les deux hommes de sa vie, elle est prête à s’élancer. Si voir une athlète prendre part au plus célèbre des marathons semble normal au 21e siècle, à l’époque, il est formellement interdit pour une femme de courir le marathon.

Mais, Kathrine Switzer, 20 ans, n’en a rien à faire et veut briser le machisme ambiant. Toutefois, outre la difficulté sportive d’une telle distance à courir, elle doit aussi faire face à divers imprévus. Les organisateurs, eux, sont furieux.

Comment réussit-elle à s’inscrire alors qu’elle n’en avait pas le droit ? A-t-elle terminé ce marathon malgré un parcours semé d’embûches ? Quel impact sur l’histoire sportive et sur l’histoire du genre a eu cette participation ?

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Kathrine Switzer au Marathon de Boston en 1967.
Kathrine Switzer au Marathon de Boston en 1967. © Tous droits réservés
► Écoutez l’entièreté de ce récit dans le podcast ci-dessus, et bien d’autres destinées qui ont basculé à L’Heure H avec Jean-Louis Lahaye, du lundi au vendredi de 15h à 16h sur La Première et en replay sur Auvio.


https://www.rtbf.be/article/comment-kathrine-switzer-est-devenue-la-premiere-marathonienne-malgre-linterdiction-de-ce-sport-aux-femmes-11170501

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Un Parlement fédéral exemplaire sur les questions de genre en 2030 ? "Nous vivons un moment particulier"

29 Mars 2023, 01:05am

Publié par hugo

 Un Parlement fédéral exemplaire sur les questions de genre en 2030 ? "Nous vivons un moment particulier"

© Tous droits réservés

22 mars 2023 à 10:39

Temps de lecture5 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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Le 8 mars dernier, la présidente de la Chambre, Éliane Tillieux (PS) et la présidente du Sénat, Stephanie D’Hose (Open Vld), présentaient les résultats d’un audit, mené par un groupe de travail interne, sur la question de l’égalité des genres au sein du Parlement fédéral.

"Nous vivons un moment particulier", explique Éliane Tillieux aux Grenades. "Puisque pour la première fois de notre histoire, les deux chambres de notre Parlement sont présidées par des femmes. Ça avait déjà été le cas pour le Sénat auparavant, mais c’est la toute première fois pour la Chambre des représentants. 51 hommes se sont succédé avant qu’une femme puisse accéder à cette place. C’est une opportunité dont il faut se saisir pour faire évoluer notre démocratie grâce à l’institution parlementaire."

Les deux femmes politiques unissent d’ailleurs leurs forces pour que, d’ici 2030, le Parlement belge devienne "exemplaire".

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Une réelle évolution
Les résultats de l’audit montrent une réelle évolution de la place des femmes : dans la Chambre de représentants en 2019, on comptabilisait 43% de femmes (64 femmes sur les 150 parlementaires au total). En 1999, elles étaient 19%. "C’est déjà un sacré bond en avant", réagit Éliane Tillieux. "Maintenant, il faut s’assurer que cela continue de progresser et qu’il n’y ait pas de retour en arrière". Au niveau du Sénat, parmi les 60 sénateurs et sénatrices qui y siègent, on compte actuellement 29 femmes et 31 hommes.

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En termes de présence féminine au sein du Parlement, la Belgique se classe donc 5ème en Europe. "Cette évolution est notamment due à la loi de 1994 qui impose la présence de femmes sur les listes électorales. On sait les critiques qu’entrainent les quotas, mais cela fonctionne ! Quand les femmes sont présentes sur les listes, elles se font élire et peuvent montrer leur travail. C’est un outil pour faire évoluer les mentalités", souligne la présidente de la Chambre.

Après la création de la Belgique, en 1830, il a fallu presque un siècle pour qu’une femme soit élue. Pendant 100 ans, les femmes n’avaient pas de voix dans cette institution démocratique, ne pouvaient pas participer aux débats

Très complet, l’audit analyse également les prises de parole selon le genre. En 1999 - 2000, 16% des prises de paroles dans la Chambre étaient le fait des députées et ministre ; en 2022, c’est le cas pour 38% des prises de paroles, c’est-à-dire une augmentation de 22% du temps de parole.

"Du pain sur la planche"
"Il nous reste encore du pain sur la planche", admet cependant Éliane Tillieux. Car l’audit montre aussi "des choses dont on se doute mais qui sont maintenant indéniables, grâce aux statistiques".

Au sein des commissions parlementaires par exemple, "une répartition genrée demeure. Si on parle des commissions Santé ou Action sociale, qui s’y retrouvent majoritairement ? Ce sont les femmes, à 80% ou 90%, car ce sont des matières liées au care, au soin. Les commissions Finances ou Défense sont dominées par des hommes, dans une proportion inverse. C’est étrange car les femmes s’occupent aussi du budget dans les ménages. Alors pourquoi retrouve-t-on cette différence au Parlement ? Sûrement parce que les budgets publics sont des moyens d’actions… donc des leviers de pouvoir. Il faut être conscient·es de ces différences genrées pour mieux pouvoir s’en détourner", explique-t-elle.

A mon arrivée en tant que présidente de la Chambre, j’ai dû me battre pour pouvoir utiliser la forme féminine ‘Présidente’. Certains parlementaires utilisaient systématiquement le masculin

L’administration de la Chambre reste également nettement masculine dans les postes de direction : sur les différentes fonctions de direction qui existent à la Chambre, 70% sont occupées par des hommes.

Face à ces constats, une note d’intention a été présentée qui devra se traduire en un plan d’action. Parmi les propositions : la mise en place d’une étude qualitative sur l’équilibre entre la vie professionnelle et vie privée, ainsi que sur la discrimination, le sexisme et le harcèlement ; la mise à disposition de serviettes hygiéniques dans les toilettes femmes ; l’installation de toilettes permettant de nettoyer sa coupe menstruelle, une meilleure communication sur l’existence des locaux de repos et d’allaitement pour femmes enceintes ou encore l’installation d’un certain nombre de coussins à langer, tant dans les toilettes hommes que les toilettes femmes.

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Un langage sensible au genre au sein de la Chambre
Plusieurs propositions vont par ailleurs dans le sens de l’écriture inclusive, notamment la création de directives pour l’utilisation d’un langage sensible au genre au sein de la Chambre, l’élaboration d’une charte ou d’une procédure formelle concernant le langage (neutre ou inclusif) utilisé dans le cadre de la communication externe, mais aussi une attention à porter aux équilibres en matière de genre dans le choix de photos et de vidéos utilisées pour communiquer.

"A mon arrivée en tant que présidente de la Chambre, j’ai dû me battre pour pouvoir utiliser la forme féminine ‘Présidente’. Certains parlementaires utilisaient systématiquement le masculin. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas en français. Certains parlementaires néerlandophones, en revanche, continuent d’utiliser la forme masculine, ‘Voorzitter’, au lieu de ‘Voorzitster’", déplore Éliane Tillieux.

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Pourquoi est-ce si important pour elle ? "Il faut que les gens intègrent que cette fonction peut être exercée par une femme. Ce n’est pas le cas si on continue à masculiniser. Nous pouvons porter une diversité au sein de la Chambre, qui doit ressembler au reste de la société. Nous avons une fonction de modèle pour les jeunes filles, elles doivent pouvoir s’identifier ! Il faut leur donner confiance", répond la Présidente avant de plonger dans l’histoire de la Belgique : "Après la création de la Belgique, en 1830, il a fallu presque un siècle pour qu’une femme soit élue. Pendant 100 ans, les femmes n’avaient pas de voix dans cette institution démocratique, ne pouvaient pas participer aux débats. Quand Lucie Dejardin est élue en 1929, elle n’a même pas le droit de voter ! Les femmes ont accès au droit de vote complet en Belgique en 1948. Aujourd’hui, elles sont 64, mais quand on parle de grandes décisions politiques, on continue à parler des hommes et donc à avoir une vision masculine du Parlement. Il faut faire évoluer ces représentations. Et il faut que le Parlement représente toute la société, qu’il ait un équilibre en termes de genre, c’est l’un des enjeux pour retrouver la confiance des citoyens et des citoyennes. Participer à la vie politique est un droit."

Puisque pour la première fois de notre histoire, les deux chambres de notre Parlement sont présidées par des femmes

D’autres propositions concernent encore la composition des jurys lors des entretiens d’embauche, et également la création d’un poste de référent·e genre, dont la fonction sera de suivre l’évolution et la mise en place de ce plan d’action.

Éliane Tillieux ne compte pas s’arrêter là. Elle souhaite d’ores et déjà promouvoir ces "bonnes pratiques" au niveau européen, auprès des autres président·es d’assemblées parlementaires.

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/un-parlement-federal-exemplaire-sur-les-questions-de-genre-en-2030-nous-vivons-un-moment-particulier-11171332

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Désinformation genrée : pourquoi les femmes sont-elles victimes de haine en ligne

29 Mars 2023, 01:01am

Publié par hugo

 Désinformation genrée : pourquoi les femmes sont-elles victimes de haine en ligne
Quand l'actuelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, était candidate à la chancellerie en 2021, elle a fait l'objet de campagnes de désinformation qui mettaient en doute ses capacités à occuper le poste. 
Quand l'actuelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, était candidate à la chancellerie en 2021, elle a fait l'objet de campagnes de désinformation qui mettaient en doute ses capacités à occuper le poste. 
©AP Photo/Boris Grdanoski
Quand l'actuelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, était candidate à la chancellerie en 2021, elle a fait l'objet de campagnes de désinformation qui mettaient en doute ses capacités à occuper le poste. Dans un rapport, l'experte en égalité de genre Lucina Di Meco démonte les mécanismes de la désinformation genrée dont les femmes sont le plus la cible, dans les médias et sur les réseaux sociaux, en particulier quand il s'agit de femmes occupant des postes politiques ou publics. 
28 MAR 2023
 Mise à jour 28.03.2023 à 11:50 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Sexisme, misogynie et mensonges, un cocktail particulièrement nocif et dévastateur qui compose le phénomène de "désinformation genrée". Des attaques et infox en ligne qui visent les femmes partout dans le monde, en particulier celles qui sont engagées en politique, en cherchant à ternir leur réputation, sapant leur crédibilité et, souvent, nuisant à leur carrière.
Fausses photos montrant la première dame d'Ukraine bronzant seins nus, faux sous-titres vidéo accusant des féministes pakistanaises de "blasphème", clips au ralenti décrivant à tort des femmes politiques "ivres" : les femmes sont les cibles "privilégiées" et "choisies" d'une campagne mondiale de désinformation sexiste et genrée.

De nombreuses campagnes ont visé au cours de ces dernières années des femmes politiquement actives ou liées à des politiciens de premier plan, par l'utilisation de fausses informations ou d'images trafiquées, souvent à connotation sexuelle.


Retrouvez notre article ►​Cyberviolence, cyberharcèlement : #SalePute, un film qui met en lumière la haine des femmes sur Internet

Olena Zeleska, première dame d'Ukraine visée
En 2022, une image manipulée de la première dame d'Ukraine, Olena Zelenska, seins nus sur une plage en Israël, a été largement diffusée sur Facebook, suscitant des critiques selon lesquelles elle s'amusait alors que son pays était en guerre.

Faux. La femme figurant sur la photo était en fait une présentatrice de télévision russe, comme l'ont démontré les journalistes chargés de vérifier les informations à l'agence France Presse.

La Première dame ukrainienne Olena Zelenska ici aux côtés de son mari lors d'élections à Kiev, en Ukraine, le dimanche 21 juillet 2019, a été la cible d'une campagne de décrédibilisation sur les réseaux sociaux.
La Première dame ukrainienne Olena Zelenska ici aux côtés de son mari lors d'élections à Kiev, en Ukraine, le dimanche 21 juillet 2019, a été la cible d'une campagne de décrédibilisation sur les réseaux sociaux.
©AP Photo/Evgeniy Maloletka
Autres victimes de campagnes de désinformation : l'ancienne première dame américaine Michelle Obama et l'actuelle première dame française Brigitte Macron. Des fausses informations affirmaient qu'elles étaient nées de sexe masculin.
 

Les femmes, en particulier si elles occupent des postes de pouvoir, sont victimes de désinformations en ligne.

Maria Giovanna Sessa, chercheuse à l'ONG EU DisinfoLab
En 2020 aux Etats-Unis, celle qui incarne le camp démocrate anti-Trump au Congrès américain est la cible d'images truquées. Dans un montage vidéo, Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants est filmée au ralenti, l'effet obtenu rend son élocution difficile et donne l'impression qu'elle est ivre. La vidéo est devenue virale.

"Les femmes, en particulier si elles occupent des postes de pouvoir, sont victimes de désinformations en ligne", assure Maria Giovanna Sessa, chercheuse à l'ONG EU DisinfoLab.

La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi est régulièrement visée par des campagnes de dénigrement par ses adversaires du camp conservateur et soutiens de Donald Trump.
La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi est régulièrement visée par des campagnes de dénigrement par ses adversaires du camp conservateur et soutiens de Donald Trump.
©AP Photo/J. Scott Applewhite
"Peu fiables", "trop émotives" ou comment
décrédibiliser les femmes politiques
Dans les tactiques de désinformation généralement employées par leurs opposants, les femmes politiques sont parfois présentées comme peu fiables, trop émotives ou aux mœurs trop légères pour exercer une fonction officielle.

Quand l'actuelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, était candidate à la chancellerie en 2021, elle a fait l'objet de campagnes de désinformation qui mettaient en doute ses capacités à occuper le poste. 


Lucina Di Meco, experte en égalité des sexes et défenseure des droits des femmes.
Lucina Di Meco, experte en égalité des sexes et défenseure des droits des femmes.
©capture d ecran/ site she-persisted.org
La désinformation conduit souvent à "la violence politique, à la haine et à la dissuasion des jeunes femmes d'envisager une carrière politique", selon une étude intitulée "Monétisation de la misogynie", publiée en février 2023 par Lucina Di Meco. Experte en égalité des sexes, elle a co-fondé #ShePersisted, une initiative mondiale pour lutter contre la désinformation sexiste et les attaques en ligne contre les femmes en politique.

Cette étude publiée par #ShePersisted est le résultat de plus de deux ans de recherches sur les schémas et les motifs de la désinformation genrée dans plusieurs pays. "Il apporte de nouveaux éclairages à cette question ainsi qu'une réponse claire : le problème réside moins dans la misogynie en soi que dans sa militarisation par des acteurs obscurs – et sa monétisation par les plateformes numériques", analyse Lucina Di Meco dans le journal britannique The Guardian.

"Fait troublant, nous avons constaté que des attaques en ligne vicieuses ciblaient non seulement les femmes en politique, mais leurs familles aussi, avec de plus en plus de menaces de viol contre leurs jeunes enfants, un phénomène profondément inquiétant", lit-on dans ce rapport.


Des stéréotypes renforcés
Partout dans le monde, les femmes doivent affronter des mensonges qui renforcent les stéréotypes selon lesquels elles ne seraient pas assez intelligentes ou seraient inefficaces.

En 2021, la tireuse sportive égyptienne Al-Zahraa Shaaban a été confrontée à de faux messages sur les réseaux sociaux selon lesquels elle avait été exclue des Jeux olympiques de Tokyo parce qu'elle avait tiré sur un arbitre. Cela a déclenché une vague de commentaires ridiculisant les femmes et mettant en question leur capacité à pratiquer de telles activités sportives.

Les femmes aux identités croisées sont la cible des campagnes de désinformation et de haine en ligne parmi les plus violentes et vicieuses comportant des connotations racistes, en plus d'être sexistes.
.
Lucina Di Meco, avocate des droits des femmes
Des questions similaires ont été soulevées quant à leur capacité à occuper des postes militaires à la suite de l'accident, l'année dernière, d'un avion de chasse F-35 sur le pont d'un porte-avions américain en mer de Chine méridionale. Des posts ont rendu la première femme au monde à piloter un F-35 responsable de l'accident. En réalité, le pilote était un homme.

"Les femmes aux identités croisées sont la cible de campagnes de désinformation et de haine en ligne parmi les plus violentes et vicieuses comportant des connotations racistes, en plus d'être sexistes", ajoute également l'experte dans son rapport.

Femmes journalistes, cibles privilégiées d'attaques en ligne

À l’échelle mondiale, les femmes journalistes et les travailleuses des médias sont confrontées à une augmentation des attaques hors ligne et en ligne et font l’objet de menaces disproportionnées et spécifiques, indique une enquête menée par l’UNESCO.

73 % des femmes journalistes interrogées affirment avoir été victimes de violence en ligne dans le cadre de leur travail. Ce taux monte à 81 % pour les femmes noires, 86 % pour les femmes autochtones et 88 % pour les femmes de confession juive.
 20 % rapportent avoir été attaquées ou agressées dans leur vie réelle dans la foulée d’épisodes de violence en ligne. Ce taux bondit à 53 % chez les femmes journalistes arabes. 
 


42 % des femmes parlementaires ont vu des images d’elles extrêmement humiliantes ou sexualisées dans les réseaux sociaux, incluant des photomontages les montrant nues. 
96 % des images « deep fakes » en ligne mettent en scène des femmes, le plus souvent connues, dans des images de pornographie non consensuelle.

►Un "Petit manuel de rébellion à l'usage des femmes journalistes" concocté par "Prenons la une"
Désinformation sexiste : nouvelle arme anti-démocratique
"Ces attaques visent à affaiblir non seulement la crédibilité des femmes qui sont attaquées, mais aussi ce qu'elles défendent : l'égalité des droits des femmes, en particulier les droits sexuels et reproductifs, les droits LGBTQ+, les valeurs libérales et les démocraties inclusives et diversifiées", ajoute l'experte. Selon de nombreux chercheurs, la désinformation sexiste peut aussi être utilisée par des états autocratiques comme la Russie pour exercer une influence à l'étranger.

Manuela D'Avila, candidate du Parti communiste du Brésil et le candidat du Parti des travailleurs à la vice-présidence Fernando Haddad, à droite, lors d'une conférence de presse, à Sao Paulo, au Brésil, le mardi 7 août 2018. Victime de harcèlement et de menaces en ligne, la candidate avait décidé de se retirer de la course. 
Manuela D'Avila, candidate du Parti communiste du Brésil et le candidat du Parti des travailleurs à la vice-présidence Fernando Haddad, à droite, lors d'une conférence de presse, à Sao Paulo, au Brésil, le mardi 7 août 2018. Victime de harcèlement et de menaces en ligne, la candidate avait décidé de se retirer de la course. 
©AP Photo/Andre Penner
En mai 2022, Manuela d'Ávila a annoncé qu'elle ne se présenterait pas aux élections générales brésiliennes pour plusieurs raisons, notamment les fréquentes attaques qu'elle et sa famille avaient subies au fil des ans. En 2018 alors qu'elle se présentait face à Bolsonaro, une photo de sa fille de cinq ans a été partagée sur les réseaux sociaux avec une menace de viol. "Cependant, je refuse de n'être qu'un rouage du système et de m'incliner devant ces lâches. Je continue à résister malgré la haine qui m'est transmise, tous les jours", avait-elle néammoins tenu à déclarer.

"Lorsque des dirigeants autocratiques sont au pouvoir, la désinformation sexiste est souvent utilisée par des acteurs alignés sur l'Etat pour s'en prendre aux dirigeantes de l'opposition, ainsi qu'aux droits des femmes", constate le rapport à retrouver sur le site de #Shepersisted, qui cite aussi des témoignages de femmes opposantes au régime victimes de harcèlement en ligne en Hongrie.


[Les femmes de #Hongrie qui dénoncent les actions #autocratiques du gouvernement du Premier ministre Viktor #Orban font face à de vicieuses attaques #misogynes en ligne, selon un nouveau rapport de #ShePersisted]

Retrouvez notre article ►​Qui se cache derrière le cyber harcèlement sexiste, anti féministe ?

De la responsabilité des plate-formes
"Les contenus haineux, sexistes et scandaleux génèrent de l'engagement – ​​et des profits pour les plateformes", insiste l'avocate en droits des femmes.

Ne vous y trompez pas, ces tactiques, qui sont utilisées sur votre plateforme à des fins malveillantes, visent à réduire les femmes au silence et, en fin de compte, à saper nos démocraties.

Extrait de la lettre envoyée à Facebook par des législateurs américains
En 2020, plusieurs dizaines de législateurs américains et internationaux ont adressé une lettre à Facebook, l'accusant, avec d'autres plateformes, de servir de caisse de résonance aux contenus mensongers et haineux ciblant les femmes. "Ne vous y trompez pas, ces tactiques, qui sont utilisées sur votre plateforme à des fins malveillantes, visent à réduire les femmes au silence et, en fin de compte, à saper nos démocraties", peut-on lire dans la lettre. "Il n'est pas étonnant que les femmes citent fréquemment la menace d'attaques publiques (...) comme un facteur les dissuadant d'entrer en politique", écrivent les signataires de cet appel.

Notre article à relire ►​Qui est Frances Haugen, la lanceuse d'alerte de Facebook ?

La manière dont les grandes plateformes numériques sont conçues est largement responsable de l'enfer actuel vécu par les femmes en ligne.

Rapport #ShePersisted
L'autrice du rapport #ShePersisted dresse un constat d'échec vis à vis de ces plates-formes, qui, "à plusieurs reprises ne sont pas parvenues à s'attaquer aux contenus abusifs et désinformatifs envers les femmes dirigeantes politiques"."Les plateformes de médias sociaux n'ont pas réussi à protéger leurs utilisateurs ni tenu leur première promesse, celle d'être un force égalisatrice et démocratisante", déplore l'étude. "La manière dont les grandes plateformes numériques sont conçues est largement responsable de l'enfer actuel vécu par les femmes en ligne. Les récits nuisibles sont amplifiés par des algorithmes qui rendent les contenus viraux", écrit l'experte.

Reconnaissant que les abus en ligne à l'encontre des femmes constituaient un "problème grave", Facebook s'est engagé à collaborer avec les décideurs politiques pour répondre à leurs préoccupations.
"Un problème grave" ? (sic).
 

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TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 28.03.2023 à 11:50
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