MAMAN / MON ENFANTDIVORCE : LA GARDE ALTERNÉE EST-ELLE LA MEILLEURE SOLUTION ?
Créé le 31/01/2012 à 11h19
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Divorce : la garde alternée est-elle la meilleure solution ?
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Mode de garde le plus équitable pour les parents, selon les uns, ou le plus perturbant pour les enfants, selon les autres : la résidence alternée – communément appelée « garde alternée » - est loin de faire l’unanimité et ne cesse de faire débat chez les psychologues, défenseurs des droits des enfants, sociologues et juristes. Alors qu’une proposition de loi a été déposée fin 2011 par un député UMP pour favoriser ce mode de garde, nous avons donné la parole à Gérard Poussin, psychologue, Guillaume Barbe, avocat spécialisé dans le droit de la famille, mais également à nos ELLE’nautes.
La résidence alternée, qu’est-ce que c’est ?
Également appelée « garde partagée » ou « garde conjointe », la résidence alternée a été légalement reconnue en France avec la loi du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale, qui inscrit officiellement le terme dans le Code civil (article 373-2-9). Dès lors, elle consiste, pour un enfant, à résider pendant une durée à peu près égale chez son père et chez sa mère quand ces derniers sont divorcés ou séparés. Cette loi stipule également qu’ « en cas de désaccord entre eux sur le mode de résidence de l’enfant, le juge peut ordonner à titre provisoire une résidence en alternance dont il détermine à la durée ». Alternance de quelques jours, d’une semaine voire de deux semaines ou d’un mois chez l’un puis chez l’autre : le rythme peut être variable.
En 2002, la résidence alternée est devenue une alternative légale à la garde exclusive de l’enfant par l’un de ses deux parents, généralement la mère, et au traditionnel système du « week-end sur deux » accordé au père.
Dix ans après la loi de mars 2002, qu’en est-il de la résidence alternée en France ?
Certes, la loi reconnaît la résidence alternée. Pourtant, force est de constater que ce mode d’organisation n’a pas supplanté la garde exclusive, quand bien même les défenseurs de l’alternance insistent sur le fait qu’elle accorde aux mères et aux pères des droits égaux.
Pour l’heure, aucune statistique précise n’est disponible, étant donné que le recours à un juge n’est pas obligatoire en matière de garde d’enfant à la suite d’un divorce. Il est donc difficile d’évaluer exactement combien sont concernés par la garde alternée. Selon une enquête du Ministère de la Justice, la résidence des enfants a été fixée en alternance pour 21,5% des divorces par consentement mutuel entre 1996 et 2007 (source : Infostat 2009). Elle n’a été décidée que dans 4,4% des cas lorsqu’il s’agit d’un divorce pour faute.
Favoriser la garde alternée ?
Tel est le souhait d’une proposition de loi, déposée en octobre dernier. « A défaut d'accord, en cas d'autorité parentale conjointe, le juge examine prioritairement, à la demande d'un des parents au moins, la possibilité de fixer l'hébergement de l'enfant de manière égalitaire entre ses parents », prône cette proposition, déposée par Richard Mallié et soutenue par une centaine de députés de la majorité.
Le but est-il de généraliser la garde alternée ? Non, selon le texte. Tout l’enjeu est de « remettre l'enfant au centre du débat en lui offrant la possibilité, si les conditions sont réunies (notamment lorsque l'âge de l'enfant est supérieur à 2 ans et demi), d'être élevé par ses deux parents », selon son exposé. Partant du fait que, « lorsqu'un parent s'oppose [actuellement] à la résidence alternée, il obtient systématiquement gain de cause », la proposition de loi veut faire en sorte qu’il soit nécessaire de justifier cette position.
« La résidence alternée n’est pas tenable pour les jeunes enfants »
Psychologue et psychothérapeute, Gérard Poussin est l’auteur des « Enfants du divorce » et a co-écrit avec la journaliste Anne Lamy « Réussir la garde alternée ». Selon lui, si l’alternance a l’avantage de favoriser le lien d’attachement qui unit l’enfant à ses deux parents, elle ne saurait être mise en place sans discernement.
ELLE.fr : Quelle est la condition primordiale au bon fonctionnement de la résidence alternée ?
Gérard Poussin : Quand on veut la mettre en place, il faut être très vigilant à la distance qui sépare les domiciles des parents : avoir deux habitations rapprochées est la condition sine qua non pour que l’alternance fonctionne et profite à l’enfant qui gardera ainsi ses repères : il doit continuer à aller dans la même école, avoir les mêmes activités... Cela ne veut pas dire qu’ils doivent nécessairement habiter dans le même immeuble, mais loger dans le même quartier serait profitable. Ce n’est pas la peine de faire perdurer ce mode de garde si l’un des deux parents décide de déménager dans une ville éloignée.
ELLE.fr : Quelles sont les bonnes questions à se poser avant de mettre en place ce mode de garde ?
Gérard Poussin : Avant de se lancer, il faut analyser ses motivations et envisager toutes les contraintes de ce mode de garde qui demande beaucoup d’organisation. Le parent qui se serait beaucoup occupé de ses enfants avant le divorce doit se poser la question suivante : « Suis-je prêt(e) à lâcher mon angoisse et ma peine de ne plus les voir tous les jours, toutes les semaines pour qu'ils voient également leur père ou leur mère ? ». C’est un point essentiel. Selon moi, la plupart des personnes qui pratiquent la garde alternée ne le font pas pour des mobiles égoïstes, bien au contraire. Par exemple, beaucoup de pères qui réclament ce mode de garde racontent qu'ils ont dû négocier avec leur employeur pour pouvoir assumer leurs responsabilités paternelles une semaine sur deux, alors qu’ils n’avaient pas forcément l’habitude d’être autant investis.
ELLE.fr : Quand un couple divorce et qu’il a un enfant en bas âge, comment doit-il aborder la problématique de la garde ?
Gérard Poussin : La question est avant tout celle-ci : comment faire pour que le bébé puisse créer un lien d’attachement aussi bien avec son père qu’avec sa mère ? Pour un très jeune enfant, âgé de quelques mois à 3 ans environ, la question de la garde est un sujet relativement complexe, car elle se heurte à un problème : si cet enfant reste sous la garde principale de sa mère – ce qui est souvent le cas - et si son père disparaît de sa vie quotidienne, qu’il ne le voit qu’un week-end tous les 15 jours, il ne construira aucun lien d’attachement avec lui. Dans ce cas, le père deviendra très vite un étranger. Il faut éviter ça à tout prix.
ELLE.fr : Pour autant, une garde alternée classique est-elle envisageable pour les petits ?
Gérard Poussin : Passer une semaine chez sa mère puis une semaine chez son père quand on a seulement quelques mois ne convient pas du tout car le bébé aura l’impression de voir disparaître l’autre parent. Pour les jeunes enfants, la garde alternée classique n’est pas tenable. Il faut donc trouver un équilibre, moduler le rythme des alternances. Pour que ça se passe au mieux, l’idéal est que l’enfant soit peu séparé de son « parent d’attache » et que des rencontres avec son autre parent, en l’occurrence le père, puissent être organisées très régulièrement, avec des séparations courtes. L’objectif ? Que ce dernier puisse s’investir sur la durée, puisse voir son enfant plusieurs fois par semaine et pas seulement pendant une heure une fois de temps en temps. Cette étape, pendant les premières années de la vie de l’enfant, serait alors un préalable favorable à la mise en place de la garde alternée. Entre 3 et 6 ans, on peut installer progressivement une vraie alternance chez le père et la mère. Après 6 ans, quand l’enfant a créé des liens solides avec ses deux parents, je crois que l’alternance d’une semaine est ce qu’il y a de plus adapté et de plus simple. Mais il faut rester souple et savoir adapter la résidence alternée en fonction des besoins des enfants.
ELLE.fr : Mais cette organisation implique que les parents puissent communiquer, fassent preuve de souplesse, d’adaptation… Comment procéder quand les relations sont conflictuelles ?
Gérard Poussin : Sur ce point, j’encourage chaque couple qui divorce et qui doit envisager le mode de garde d’un enfant – surtout lorsqu’il est en bas âge - à rencontrer un médiateur familial pour faire le point. Les juges n’ont pas vraiment la possibilité de faire du cas par cas, mais les médiateurs le peuvent. Évidemment, beaucoup de couples diront que ça coûte cher. Mais ce n’est en rien comparable au coût et aux conséquences d’un mode de garde mal bâti qui ne sera pas profitable aux enfants et qui obligera les parents à repasser devant le juge. Rencontrer un médiateur permet de ne pas faire n’importe quoi avec la garde alternée, de mettre à plat tous les paramètres, de voir comment organiser une certaine forme d’alternance pour les tout-petits en fonction des disponibilités des parents.
ELLE.fr : Aller d’un foyer à l’autre, combiner deux modes de vie… La garde alternée n’est-elle pas déstabilisante pour l’enfant ?
Gérard Poussin : Bien sûr, certains enfants sont plus ou moins à l’aise avec la garde alternée. Il est sans doute « perturbant » de vivre entre deux maisons, d’être confronté à deux modèles éducatifs. Mais quand ils sont assez mûrs, ce n’est pas nécessairement négatif. Souvent, dès qu’un enfant de parents divorcés connaît des troubles, on va aussitôt pointer du doigt la garde alternée, mais c’est un tort. Une étude récente démontre que le facteur le plus important pour qu’un enfant se sente bien est la qualité de la relation qu’il entretient avec chacun de ses parents et non le mode de garde mis en place ou l’endroit où il vit. Mon conseil, avant tout, serait que les parents se penchent sur le type de relation qui les unit à leur enfant, prennent le temps de réfléchir, de discuter avec lui. Si l’enfant ne va pas bien ou a l’impression de « subir » la garde alternée, c’est peut-être parce que son père ou sa mère n’est pas assez à l’écoute. Souvent, à l’adolescence, l’enfant se sent plus proche de l’un ou l’autre de ses parents : c’est son droit et il faut en parler avec lui pour adapter au mieux le mode de garde.
ELLE.fr : Il faut donc savoir remettre la garde alternée en cause?
Gérard Poussin : Oui, bien sûr. Ce mode de garde est la meilleure solution pour que le père ou la mère ne soit pas mis de côté et que l’enfant voie ses deux parents. En revanche, s’il y a vraiment un problème ou que l’enfant ressent le besoin d’aller davantage chez l’un ou chez l’autre, il ne faut pas chercher à imposer la résidence alternée à tout prix. Il était important que ce mode de garde figure dans la loi du 4 mars 2002 pour reconnaître un équilibre et une égalité entre les deux parents. L’alternance est donc un principe de base à partir duquel on peut organiser les choses, c’est un droit, mais pas une obligation. On ne doit pas la mettre en place de manière systématique et sans discernement car ce serait aller droit dans le mur.
« La résidence alternée est surtout réclamée par les pères »
Guillaume Barbe est avocat. Si de plus en plus de demandes de résidence alternée sont formulées, ce spécialiste du droit de la famille ne prône pas une généralisation de ce mode de garde.
ELLE.fr : En cas de divorce, la résidence alternée est-elle régulièrement évoquée ?
Guillaume Barbe : Je constate que, depuis environ trois ou quatre ans, il y a de plus en plus de demandes de résidence alternée. Parmi mes clients, ce sont surtout les pères d’une trentaine ou quarantaine d’années qui formulent ce souhait. La plupart du temps, ils avancent le fait qu’ils sont habitués à s’occuper de l’enfant autant que la mère, qu’il n’y a pas de raison que les enfants soient être privés de leur père… En revanche, ces demandes n’aboutissent pas toutes. Si un papa me demande la résidence alternée et s’il compte s’installer loin de son ex-compagne, je ne vais pas l’encourager dans ce sens. Je ne l’empêche pas d’en faire la demande devant le juge, mais nous développerons des demandes subsidiaires qui seront davantage envisageables car la résidence alternée sera sans doute rejetée. Globalement, je constate dans les dossiers que je traite que seuls 5 à 10% des demandes aboutissent en cas de divorces conflictuels, 40% en cas de divorces consensuels.
ELLE.fr : Peu de femmes réclameraient donc ce mode de garde ?
Guillaume Barbe : Si je me fie à mes clients, les mères demandent peu la résidence alternée. Il y a plusieurs cas de figures qui expliquent cela. Tout d’abord, il y a celles qui y sont totalement opposées alors que leur ex-conjoint la réclame. D’une façon inconsciente, c’est peut-être un moyen de faire payer la séparation, de poursuivre le conflit sur un autre terrain. Par ailleurs, la plupart des mères refusent ce mode de garde quand leur enfant est très jeune. Sur ce point, je leur donne toujours raison. Je suis assez ahuri de voir des pères qui demandent la résidence alternée pour leur enfant de 2 ans. Ce serait une rupture très brutale pour les petits et je suis d’accord avec les psychologues et les psychiatres quand ils disent que ce mode de garde peut créer des déséquilibres chez ces enfants.
En revanche, quand un père fait la demande d’une résidence alternée et que le divorce se passe bien, les femmes, d’abord récalcitrantes, vont ensuite l’accepter. Dans ces cas-là, les enfants sont souvent associés à la prise de décision et ils ont pu formuler la demande d’être autant avec leur mère que leur père.
ELLE.fr : De manière générale, conseillez-vous la résidence alternée à vos clients ?
Guillaume Barbe : Non, car je pense que la résidence alternée n’est pas toujours évidente à vivre, même pour les adolescents qui pourraient sembler plus mûrs pour aborder ça. C’est compliqué d’avoir deux rythmes de vie, de devoir jongler entre deux logements, ils peuvent oublier leurs affaires chez leur mère quand ils sont chez leur père... Entre le droit de visite classique et la résidence alternée, il y a pas mal de possibilités à explorer. J’essaye souvent de faire évoluer mes clients vers un droit de visite élargi, avec la mère comme référent dans la plupart des cas. Je pense que c’est l’alternative qui fonctionne le mieux pour les enfants. En plus, elle ne frustre pas trop les adultes. Contrairement à un droit de visite classique, le droit de visite élargi permet de prendre en compte que la famille se recompose, après un divorce. Quand les enfants ne voient leur père qu’un week-end sur deux, ça signifie qu’ils ne verront leurs demi-frères et sœurs qu’à ces moments-là, donc qu’ils ne vivront jamais vraiment avec. Le droit de visite élargi permet de remédier entre autres à ce problème.
ELLE.fr : Pourtant, pour certains avocats et juges, la résidence alternée serait le mode de garde le plus juste, celui qui convient le mieux à un exercice égal de l’autorité parentale. Qu’en pensez-vous ?
Guillaume Barbe : La coparentalité, c’est formidable quand les parents sont ensemble et que tout le monde vit sous le même toit ! Il faut reconnaître que le divorce met à mal la coparentalité, et après une séparation, on ne peut la reconstruire que de manière fictive. La résidence alternée n’est pas une réponse à la coparentalité, ou alors, c’est une façon de mettre en place une autorité parentale que l’on exerce à tour de rôle, une semaine sur deux. Bien sûr, il y a des cas où la résidence alternée fonctionne, notamment quand les ex-conjoints s’entendent encore bien ou quand les enfants ont été consultés. Mais c’est tellement rare…
ELLE.fr : Selon vous, il ne faudrait donc pas tendre vers une généralisation de la résidence alternée…
Guillaume Barbe : Je ne suis pas pour la systématisation de ce mode de garde et je suis persuadé que ce n’est pas la meilleure organisation pour les enfants. Que le législateur, dans son angélisme, pense que c’est éventuellement vers la résidence alternée qu’il faut tendre, soit. Mais devant les tribunaux, le choix d’un mode de garde doit être subordonné aux circonstances et en ce qui concerne le divorce et la famille, c’est le cas par cas qui doit primer.
« J’ai vécu la garde alternée » : le témoignage de Faustine
Faustine avait 13 ans quand ses parents ont divorcé et ont décidé de mettre en place une résidence alternée à l’amiable. Mais, jusqu’à ses 16 ans, elle a eu l’impression d’être une « ado escargot » : « c’est comme si je vivais avec ma maison, ou plutôt ma valise, sur le dos », précise la jeune femme, âgée aujourd’hui de 21 ans.
Ce mode de garde lui laisse des souvenirs mitigés. Pourtant, ses parents ont essayé de tout organiser dans les règles de l’art : « Ils avaient chacun un domicile situé de part et d’autre d’une même avenue », se souvient-elle. Au début, c’est même l’excitation qui primait. « Mon frère et moi, nous avions aidé notre père à choisir son appart’, nous avions décoré nos chambres… J’étais vraiment investie et je trouvais ça pas mal. Il avait encore envie de s’occuper de nous et avait tout fait comme il faut », se souvient-elle. Avec le divorce, il a dû se dire qu’il allait être cool avec nous ». Dîner à 21 h, regarder un film avant de se coucher… Chez son père, l’adolescente découvre un nouveau mode de vie.
« Je me sentais mieux chez ma mère »
Mais très vite, Faustine ne se sent pas à l’aise avec la garde alternée : « Même si mes parents n’habitaient pas loin, ça demandait une sacrée organisation. Tous les vendredis soirs, je faisais ma valise mais finalement, quand j’arrivais chez mon père, je ne la défaisais pas. Elle était belle, l’armoire qu’il m’avait achetée. Mais je ne rangeais pratiquement jamais mes affaires dedans ». Car Faustine, malgré tout, se sent davantage chez elle quand elle loge chez sa mère. « Comme elle était restée dans l’appartement familial, forcément, je m’y sentais mieux ». Ce sentiment s’est trouvé exacerbé quand son père a refait sa vie. « Ma belle-mère est arrivée, mon père fréquentait d’autres personnes, avait une autre famille. C’était tout nouveau pour moi, je n’ai pas vu le coup venir ! »
Avec le recul, elle reproche à ses parents de ne pas lui avoir demandé son avis. « Bien sûr, je n’avais que 13 ans. Mais j’aurais bien aimé qu’ils en parlent avec moi. Sur le moment, je n’ai pas abordé le problème car je ne voulais pas les embêter avec ça. Déménager pour vivre autant chez mon père que chez sa mère quand on est ado, ce n’est pas facile à vivre, d’autant plus qu’on a ses petites habitudes, ses affaires, sa chambre, ses rituels. » Faustine pointe d’ailleurs la mésentente qui s’est peu à peu instaurée entre ses parents. Un manque de dialogue qui ne lui a pas facilité la vie. « Quand j’étais chez ma mère, je n’avais pratiquement aucun contact avec mon père et vice-versa. Et si je me rendais compte que j’avais oublié quelque chose chez lui, ma belle-mère n’aimait pas trop que je vienne les déranger. Dans son appartement, je n’étais pas chez moi. J’étais ‘chez eux’ », regrette-t-elle à présent.
Davantage de souplesse
Finalement, Faustine a 16 ans quand elle décide de mettre le sujet sur la table. « J’ai pratiquement fait une crise de nerfs ! se souvient-elle. J’ai menacé mes parents de m’installer chez mon frère, qui avait déjà son propre appart. » Ce que réclamait la lycéenne ? Davantage de souplesse. Attentifs, ses parents décident de modifier le mode de garde. Pendant deux ans, Faustine a donc vécu principalement chez sa mère mais allait chez son père autant qu’elle voulait. « C’était bien plus souple et ça me convenait beaucoup mieux. Je passais chez mon père régulièrement, je dînais chez lui, restais dormir une nuit ou deux… C’était beaucoup moins rigide », explique cette jeune femme qui a quitté le foyer familial à 18 ans dans le cadre de ses études.
Malgré l’échec relatif de cette résidence alternée, Faustine ne blâme pas ses parents. « Je suis reconnaissante à mon père de ne pas nous avoir balayés de sa vie. Mais j’ai eu l’impression de devenir un ‘enjeu’ du divorce. Le problème, ce n’était pas la garde alternée en elle-même. C’était le manque de souplesse qui allait avec », conclut-elle.
Pour ou contre la garde alternée ? Les témoignages des ELLE’nautes.
La règle d’or de Valérie
Valérie, maman d’une petite Chloé, a décidé avec son ex-conjoint d’opter pour ce mode de garde. « Nous vivons à 50 mètres l'un de l'autre et nous sommes toujours à l'écoute pour le bien de notre enfant », assure-t-elle. Selon cette maman, une seule règle d’or : « Jamais de dispute devant Chloé et une bonne organisation ». « Si l’un d’entre nous veut la garder un peu plus longtemps pour une occasion particulière, nous faisons en sorte de toujours nous arranger », nous explique Valérie. Et quand Chloé sera adolescente ? « Nous nous adapterons de façon plus libre ».
La bonne formule de Natacha
Pour Natacha, la résidence alternée est le meilleur moyen de montrer que pères et mères sont égaux. « A l'heure de la parité, il serait bien de rappeler qu’un papa a autant de droits dans la vie d'un enfant qu'une maman », explique cette maman qui a également opté pour l’alternance. « Au moment du divorce, je partais avec les mêmes appréhensions que beaucoup de mamans. Au départ, mon ex-mari voyait notre enfant qu’un week-end sur deux. Ca donnait une petite fille et un papa malheureux. Nous sommes alors passés à une alternance d’une semaine chacun ». Pour autant, l’expérience n’a pas été probante. « Un effet balle de ping-pong s'est fait ressentir », nous explique-t-elle. Natacha et son ex-mari ont donc décidé de remettre en cause ce modèle : depuis, ils gardent leur fille pendant quinze jours chacun. Et cela fait six ans que ça marche ! « Ce n'est pas une formule magique, mais c'est notre formule pour que ça fonctionne », note Natacha.
Scarlett, une enfant déstabilisée
Justement, les formules toutes faites n’existent pas, et parfois, la garde alternée semble imposée, quelles que soient les circonstances et l’avis des enfants. Ainsi, Scarlett n’a pas bien vécu ce mode de garde, expliquant qu’elle le considère comme « déstabilisant ». « J’avais le sentiment de n’être jamais tranquille. D’une certaine façon, il fallait ‘déménager’ tout le temps ». « Pour un enfant, avoir deux foyers revient à vivre deux fois plus de complications, à avoir deux fois plus d’affaires, à avoir deux modes de vie… », déclare-t-elle. Selon la jeune femme, trop de parents choisiraient ce mode de garde pour « déculpabiliser ». Sur ce point, Valérie, la maman de Chloé, n’est pas d’accord : « Tous les parents qui ont choisi ce mode de garde ne sont pas des égoïstes, ou des irresponsables ».
Marie prône la souplesse
Marie, quant à elle, a également vécu une forme d’alternance depuis ses 5 ans. Selon elle, si le système de garde a bien fonctionné, c’est parce que ses parents ont fait preuve de souplesse. « J'ai eu la chance que mes parents vivent à 15 minutes l'un de l'autre. Il n’y avait jamais d'impératif, je pouvais aller chez mon père ou chez ma mère quand je le voulais. De fait, j'ai très bien vécu le divorce », nous confie-t-elle. Pour autant, Marie ne veut pas entendre parler de la garde alternée, telle qu’elle est mise en place aujourd’hui. « C'est fait pour les parents qui ne savent pas régler les formalités de manière intelligente et cela fait souffrir l'enfant plus qu'autre chose », fustige-t-elle.
L’entente entre les parents est primordiale
Garde alternée ou résidence principale : et si, finalement, c’était surtout l’entente entre les parents qui permettait à un modèle de bien fonctionner ? Pour Virginie, il s’agit même de la condition essentielle. « Je pense que quelque soit le mode de garde, il est bon tant qu'il respecte l'intérêt de l'enfant et que les parents s'accordent sans que cela dégénère en dispute systématique », déclare-t-elle. Même constat du côté d’Isabelle, une maman divorcée : « Ce qui déstabilise les enfants, ce sont des parents qui oublient de se respecter ».
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