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Le blog de hugo,

feminisme

Vers une constitutionnalisation de l'accès à l'IVG en France ?

5 Février 2023, 13:18pm

Publié par hugo

 L'actualité de la condition des femmes dans le monde
TERRIENNES
Le droit à l'avortement, entre avancées et reculs
Vers une constitutionnalisation de l'accès à l'IVG en France ?
Le Sénat a décidé le 1er février 2023 d'inscrire "la liberté" d'accès à l'avortement dans la Constitution, à 166 voix contre 152. Le texte de loi devra être à nouveau soumis au vote des député-e-s. 
Le Sénat a décidé le 1er février 2023 d'inscrire "la liberté" d'accès à l'avortement dans la Constitution, à 166 voix contre 152. Le texte de loi devra être à nouveau soumis au vote des député-e-s. 
©capture d ecran/Public Sénat
Le Sénat a décidé le 1er février 2023 d'inscrire "la liberté" d'accès à l'avortement dans la Constitution, à 166 voix contre 152. Le texte de loi devra être à nouveau soumis au vote des député-e-s. Le droit à l'avortement bientôt inscrit dans la Constitution française ? Le débat reprend ce 1er février au Sénat avec l'examen d'une proposition de loi venue de l'Assemblée, mais avec une donnée nouvelle, une contre-proposition émanant de la droite.Manifestantes devant l'Assemblée nationale, à Paris, le 24 novembre 2022, alors que les députés commencent à débattre d'une proposition visant à inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution française.<br />
 
27 JAN 2023
 Mise à jour 01.02.2023 à 22:30 par 
TerriennesLiliane Charrier
Une décision historique à une nuance près : le Sénat français s’est prononcé en faveur de l'inscription dans la Constitution de la "liberté de la femme" de recourir à l’IVG, une formulation qui met de côté la notion de "droit ". Défenseur-e-s des droits des femmes, élu-e-s et expert-e-s sont nombreux à insister sur la nécessité de garantir ce droit, dans un contexte global où il est en recul dans le monde, notamment en Europe, dans le sillage des Etats-Unis. 

"La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse". Voilà donc la formulation qui a réussi à convaincre le Sénat à majorité de droite de garantir le libre accès à l'avortement en l'inscrivant dans la Constitution. L'amendement voté mentionne la "liberté de la femme" de recourir à l’IVG, une formulation qui abandonne la notion de "droit". Une nuance qui a permis sans doute de convaincre la Chambre haute, à dominance conservatrice.

Le texte a recueilli 166 voix pour et 152 contre. Il doit maintenant retourner à l'Assemblée nationale. Il faudra ensuite que le Parlement adopte la même version du texte. Une proposition de loi constitutionnelle doit en effet être votée dans les mêmes termes par les deux chambres, puis soumise à référendum pour être adoptée définitivement.


Le changement de formulation est venu d'un élu de la droite républicaine, Philippe Bas, qui fut un proche collaborateur de Simone Veil. Il s'agit selon lui de "garantir l'équilibre de la loi Veil". "Il n'y a pas de droit absolu", a-t-il souligné, expliquant que sa formule "permet au législateur de ne pas abdiquer ses droits en faveur du pouvoir constituant".

Une "avancée majeure pour le droit des femmes", selon les socialistes. "Historique", a réagi sur Twitter la cheffe de file du groupe La France Insoumise à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, à l'origine de la première proposition de loi qui avait été adoptée à l'Assemblée en novembre dernier.


Les droits sur la santé des femmes de moins en moins respectés
"Depuis plusieurs années, nos colloques traitent des droits et de la santé des femmes. Cela signifie que les droits des femmes ne sont toujours pas respectés. Et lorsqu’il y a des conséquences sur la santé des femmes, le sujet nous interpelle," explique le professeur Henri-Jean Philippe, secrétaire général d'ASF. Depuis 2015, l'association Actions Santé Femmes rassemble une équipe de médecins, sages-femmes et cadres de santé qui s'engagent pour la santé des femmes en difficulté. Chaque année, l'association réunit un panel de spécialistes pour aborder tous les aspects d'un thème affectant la santé des femmes dans le monde.

Dans les pays où l’IVG est illégale, les conséquences sont importantes sur la mortalité des femmes, multipliée par 50 à 100 par rapport aux pays où l’avortement est légal.

Henri-Jean Philippe, gynécologue obstétricien

Mi-janvier, l'accès à l'interruption volontaire de grossesse était à l'ordre du jour du colloque d'ASF qui se tenait au Palais du Luxembourg, à Paris. Un choix guidé par l’actualité, explique Noëlle Bessières, ancienne gynécologue obstétricienne et présidente de l'association. "La décision des Etats-Unis nous a ébranlés et nous nous sommes aperçus que, même en Europe, les droits à l’IVG sont menacés. Un certain nombre de pays sont en recul, soit par une législation très stricte, comme en Pologne ou en Hongrie, ou par des méthodes de dissuasion, comme obliger une femme qui veut avorter à écouter les battements de cœur du fœtus… On sent un mouvement qui pourrait monter, même si en France, le droit à l'IVG n’est pas menacé et que l’on parle même de l’inscrire dans la Constitution. Il faut rester vigilants."  


A la lumière de l'expérience de l'association sur le terrain, le professeur Henri-Jean Philippe confirme : "Nos missions à la frontière de l’Ukraine, notamment en Pologne et en Roumanie, nous ont révélé que, au cœur même de l’Europe, la situation n’était pas claire et que le sujet méritait d’être traité." Aujourd’hui, ce sont 45% des avortements pratiqués dans le monde qui sont considérés comme non sûrs ou non sécurisés, un chiffre alarmant quand l’on sait que plus de 73 millions d’IVG ont lieu chaque année, dont plus de la moitié en Afrique, dans des conditions plus que dangereuses. Les conséquences pour les femmes sont désastreuses – décès, mais aussi septicémie, traumatisme physique ou psychique, stérilité ou autres lésions inguérissables.


Evolutions contraires
Ces dernières années, le droit à l'IVG a connu dans le monde des évolutions contrastées, entre restrictions, jusqu'à l'interdiction, et légalisation, jusqu'à la constitutionalisation. Au total, 24 pays interdisent l’avortement dans toutes les situations. Le recours à l’IVG est accessible sur demande dans 75 pays, dont la France. Depuis 1994, 59 pays ont reconnu l’interruption volontaire de grossesse comme un droit fondamental, et 4 pays, dont les Etats-Unis, ont restreint son accès.

"D'un côté, il y a une dimension humaine, car il s’agit d’un futur enfant. Aujourd'hui, avec les échographies, l’enfant existe de plus en plus tôt dans l’esprit des familles, puisqu’on entend le cœur battre à un mois et demi de grossesse, explique Henri-Jean Philippe. D’autre part, dans les pays où l’IVG est illégale, les conséquences sont importantes sur la mortalité des femmes, multipliée par 50 à 100 par rapport aux pays où l’avortement est légal. On sait également que les femmes éprouvent ce besoin d’avortement de manière fréquente : en France, une femme sur trois est confrontée à cette nécessité au cours de sa vie. Ce n’est pas une situation exceptionnelle. Il n’est donc pas acceptable qu’elle conduise à la mort de femmes."

L'IVG réprouvé depuis toujours, vraiment ?
Dans l’antiquité, aucune loi n’interdit l’avortement, ni dans les textes philosophiques, ni dans les textes législatifs ou médicaux, explique Jean-Christophe Courtil, spécialiste en langue et littérature latine et historien des idées. "Les philosophes antiques, Platon ou Aristote, eux, donnent à plusieurs reprises des raisons valables pour avorter. Dans la démocratie "idéale" de Platon, il ne faut pas qu’il y ait trop de citoyens. Pour cela, le recours à l’avortement est indispensable. On peut même y avoir recours pour faciliter la situation économique d’une famille. Car plus une famille a d’enfants, plus elle s’appauvrit."


L’interdiction ne vient qu’au IVe siècle, avec les premiers auteurs chrétiens, qui commencent à qualifier l’avortement d’homicide, de crime, explique l'historien. "Il n’y a jamais de jugement négatif sur l’avortement avant qu’un médecin comme Théodore Priscien n'affirme que l'interruption volontaire de grossesse est interdite par la médecine. C’est la première fois." Or c'est sur cette position que se fonde la réflexion moderne, plutôt que sur la pensée païenne. "Quand on se réfère aux anciens, c’est pour rappeler que les pères de l’Eglise affirmaient que l’avortement était un homicide qui empêchait le salut des âmes des enfants à naître en les condamnant aux limbes."

Le serment d’Hippocrate ne comporte pas d’interdiction de l’avortement, mais un meilleur encadrement pour éviter que les femmes décèdent lorsque de pratiques ou d'accouchements dangereux.
Jean-Christophe Courtil, historien des idées

Serment d'Hippocrate, IVe siècle av. J.-C.
Serment d'Hippocrate, IVe siècle av. J.-C.
©JCCourtil
Or l’interruption des grossesses non désirées est exposée dès les premiers textes rendant compte des pratiques médicales et il suffirait de remonter un tout petit peu plus tôt dans le temps pour trouver un certain nombre de textes montrant que l’avortement a toujours été accepté par les sociétés anciennes et que l’interdiction est relativement récente dans l’histoire de l’humanité, précise Jean-Christophe Courtil : "Le serment d’Hippocrate, par exemple, souvent cité pour expliquer que l’avortement était interdit dans l’antiquité, a été déformé, mal interprété. ll ne comporte pas d’interdiction de l’avortement, mais un meilleur encadrement demandé par des médecins pour éviter que les femmes décèdent lorsque de pratiques abortives dangereuses ou d’accouchement qui se passent mal... Le corpus hippocratique ne propose pas moins de 128 compositions pharmaceutiques d’avortement, plus ou moins dangereuses". 

Notre temps : un siècle éclairé ?
Pour Jean-Christophe Courtil, la période actuelle est plus ambigüe face à l'avortement : "On s’imagine qu’au Moyen Age, ou avant, le poids de l’Eglise étant plus important, il était plus difficile de pratiquer l’avortement. Or la période que l’on vit est beaucoup plus préoccupante, puisque la pensée occidentale s’est largement émancipée de l’Eglise, mais que, pourtant, un héritage très fort perdure de manière latente. On le retrouve dans le discours de certains théoriciens, philosophes, la mouvance pro-vie... Or on ne peut plus dire, aujourd’hui, ne les esprits ne soient pas éclairés. Il y a eu l’avènement de la science moderne et nous sommes sans cesse submergés d’informations. Nous connaissons les dangers de l’avortement, et pourtant, les mouvances perdurent, qui s’opposent coûte que coûte à lIVG, même en cas de viol ou de danger imminent de la vie des femmes."

Nous devrions nous questionner sur nos valeurs, notre société, l’importance que l’on donne à la vie des femmes et à leur liberté à disposer d’elles-mêmes.

Jean-Christophe Courtil, historien des idées

Pour l'historien, il faut se garder d’imaginer que la progression a été constante sur la question de l'avortement : "Sans pour autant nier les progrès des années 1970, et après, nous devrions nous questionner sur nos valeurs, notre société, l’importance que l’on donne à la vie des femmes et à leur liberté à disposer d’elles-mêmes, nous qui sommes si prompts à donner les leçons de morale aux non-occidentaux."

Droit ou liberté d'accès à l'IVG dans la Constitution ?
Pour Noëlle Bessières, présidente d'ASF :"Il n’y a qu’en inscrivant un droit dans la constitution qu’il est acquis. C’est la seule réponse pour garantir que l’on ne reviendra pas dessus." L'ancienne gynécologue obstétricienne porte un regard critique sur les récentes mesures adoptées en France pour faciliter l'accès à l'interruption volontaire de grossesse : "L’allongement des délais d’IVG obtenus récemment n’est pas la bonne réponse en soi. Il aurait mieux valu augmenter les moyens à la disposition des femmes pour accéder à l'IVG médicamenteuse," explique-t-elle.


Aux yeux du professeur Henri-Jean Philippe, l’inscription du droit à l'IVG dans la Constitution est avant tout une question de principe : "Il est important que le droit des femmes à disposer de leurs corps soit inscrit dans nos valeurs. Même si, dans les faits, une loi ne pourrait-elle pas supprimer ou restreindre l’accès à l’IVG même si elle est gravée dans la Constitution ?"

Jean-Christophe Courtil abonde dans le même sens : "La constitutionalisation de l’IVG serait, bien sûr, un pas en avant dans la longue marche de progrès vers le droit à l’IVG quels que soient les cas et les situations. Car ce que fait une loi, un autre peut le défaire, et comme on l’a vu aux Etats-Unis, il est toujours possible de revenir sur un droit qui semble acquis. Le fait que l’IVG apparaisse dans notre constitution serait une façon de l’ancrer de manière définitive, mais aussi, symboliquement, de marquer nos valeurs, puisque la Constitution est la définition même de ce que la France entend par république : quelles sont nos valeurs communes ?"

Pourtant, l'historien souligne que la constitutionalisation du droit à l'IVG ne protègerait de certaines dérives et que, s’il est très important, le travail légal ne suffit pas. "Dans des pays où l’avortement figure dans la loi, comme l’Italie, un grand nombre de médecins font valoir l’objection de conscience pour ne pas pratiquer les avortements, souligne-t-il. Jean-Christophe Courtil se méfie des lois, qui "donnent l’impression de protéger, alors que l’essentiel, c’est ce qu’il se passe dans les hôpitaux, lors des rendez-vous médicaux, ce que l’on dit aux femmes, est-ce qu’on les culpabilise ..?" La solution, dit-il, est davantage dans l’éducation et les mentalités : "Eduquer le personnel médical, les jeunes, pour montrer la réalité de l’avortement."

Un vote serré
Michelle Meunier, sénatrice de Loire-Atlantique, milite avec ferveur pour l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution française : "Une loi peut en défaire une autre lors d’un mandat différent. Inscrite dans la Constitution, une loi est beaucoup plus difficile à défaire. En France, on revient très peu sur la Constitution, depuis 1958."

Michelle Meunier, sénatrice. 
Michelle Meunier, sénatrice. 
©ASF
Ancienne militante du planning familial, Michelle Meunier est venue à la politique en défendant le droit des femmes à choisir leur maternité, à l'époque du vote de la loi Veil définitive, en 1979 : "On l’a oublié, rappelle-t-elle, mais la loi présentée par Simone Veil en 1975 avait été adoptée pour cinq ans seulement, dans un premier temps." L’IVG était alors présentée comme l'"ultime recours", rappelle la sénatrice : "A l’époque, nous ne pensions pas constitutionalisation ; nous voulions juste une loi pour que les décès cessent, pour que les femmes aient le droit d’interrompre leur grossesse en toute sécurité et que les professionnels puissent les y aider."

"On parle de droit à disposer de son corps, au respect du choix ; on se situe d’un point de vue d’autonomie des femmes", explique la sénatrice Michelle Meunier.

Le docteur Xavier Duval-Arnoud, vice-président d'ASF, souligne lui aussi une fracture générationnelle, même parmi les professionnels de santé : "Nous, les praticiens qui n’avons pas connu l’avant 1975, nous n’avons peut-être pas conscience du combat et des réalités que rencontraient les médecins d’il y a cinquante ans. Les drames des avortements clandestins soulignent le lien très net qu’il y a entre la légalisation de ce droit et la santé des femmes. Il est dangereux de penser que ce combat n’est pas notre problème. Ça ne peut pas 'ne pas être notre problème'"


En première lecture, au Sénat, la proposition de constitutionalisation de l'avortement avait recueilli 129 voix pour et 175 oppositions. Le 1er février, grâce à un subtil changement de formulation, le Sénat a dit oui. Le long chemin vers une constitutionalisation se poursuit et le débat n'a pas fini d'animer la scène politique française. 
Lire aussi dans Terriennes :

https://information.tv5monde.com/terriennes/droit-l-avortement-dans-le-monde-entre-interdiction-et-constitutionalisation-486197

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Geeske Zijp, infirmière engagée auprès des malades "oubliés" de la lèpre

5 Février 2023, 13:11pm

Publié par hugo

 TERRIENNES
Santé des femmes
Geeske Zijp, infirmière engagée auprès des malades "oubliés" de la lèpre
Pour son engagement dans la lutte contre la lèpre auprès des malades au Tchad, l’infirmière néerlandaise Geeske Zipj, 62 ans, a reçu le 26 janvier, à Paris, le prix de la Fondation Raoul Follereau. 
Pour son engagement dans la lutte contre la lèpre auprès des malades au Tchad, l’infirmière néerlandaise Geeske Zipj, 62 ans, a reçu le 26 janvier, à Paris, le prix de la Fondation Raoul Follereau. 
©Louise Pluyaud
30 JAN 2023
 Mise à jour 01.02.2023 à 10:07 par 
TerriennesLouise Pluyaud
C’est une maladie que l’on croirait disparue. Pourtant, la lèpre continue d’infecter des millions de personnes dans le monde. Geeske Zijp fait partie de ces acteurs et actrices de l’ombre qui tentent de l’éradiquer. Depuis 30 ans, cette infirmière néerlandaise francophone installée au Tchad vient en aide aux malades, rarement soignés à temps, souvent rejetés. Portrait.
La rencontre se déroule, à Paris, dans un salon cossu de l’Académie française. A l’intérieur, des lustres en cristal éclairent un mobilier époque des Lumières. Un apparat qui détonne avec la silhouette frêle et fine de Geeske Zijp. Assise sur le rebord d’un canapé en bois sculpté, sa doudoune noire encore sur les épaules, cette Néerlandaise de 62 ans installée depuis trente ans au Tchad « n’est que de passage en France ». « Je viens une fois par an en Europe, pour les vacances », précise l’infirmière lauréate du prix Raoul Follereau. Une distinction remise tous les deux ans par l’Académie française à un médecin ou un soignant engagé dans la lutte contre la lèpre.

Pour mettre en lumière une maladie qui existe encore et que, bien souvent, personne n’a envie de voir.

Geeske Zijp, infirmière au Tchad
« Je ne savais même pas ce que voulait dire « lauréate ». J’ai dû chercher sur Google Traduction », raconte Geeske amusée dans un français à l’accent hollandais. Comme le pays d’Afrique centrale où elle vit, cette femme au regard bleu clair dissimulé derrière une longue frange n’a pas l’habitude d’être sous les projecteurs. Mais elle a fait le déplacement « pour mettre en lumière une maladie qui existe encore et que, bien souvent, personne n’a envie de voir ».

Les académiciens Dany Laferrière et Hélène Carrère d’Encausse remettent à Geeske Zijp le prix de la Fondation Raoul Follereau.
Les académiciens Dany Laferrière et Hélène Carrère d’Encausse remettent à Geeske Zijp le prix de la Fondation Raoul Follereau.
©Louise Pluyaud
Une maladie de la pauvreté
Apparue au 1er siècle avant J. C., la lèpre a depuis été éradiquée en Occident. Le niveau de vie des populations s’étant amélioré, leur système immunitaire s’est lui aussi renforcé. « Une personne en bonne santé a peu de risques de développer la maladie contrairement à une personne dont le système immunitaire est défaillant », explique Geeske. Principalement en Inde, en Indonésie, au Brésil et en Afrique, la lèpre met en situation de handicap plus de trois millions de personnes, et 200 000 nouveaux cas sont dépistés chaque année.

La lèpre est une maladie de la pauvreté, et notre défi est d’amener les soins jusqu’à elles. Car plus tôt on dépiste, plus tôt on guérit.

Geeske Zijp
« Même à Madagascar ou au Tchad, certains pensent que la lèpre n’existe plus chez eux. Parce qu’ils vivent dans la capitale ou dans les grandes villes qui sont dotées d’infrastructures sanitaires. Mais dans les zones reculées et presqu’inaccessibles, des communautés sont abandonnées à leur sort. La lèpre est une maladie de la pauvreté, et notre défi est d’amener les soins jusqu’à elles. Car plus tôt on dépiste, plus tôt on guérit. », ajoute-t-elle.

Si elle n’est pas dépistée à temps, la lèpre peut gravement endommager la peau et les nerfs, entraîner une paralysie voire une amputation, menant à un handicap irréversible. « Et aux symptômes physiques s’ajoutent les symptômes sociaux », déplore Geeske. Au Tchad, la lèpre serait, selon les croyances, une punition des dieux. Alors par honte, les malades se cachent. « D’autant que la plupart des infirmiers ont peur de cette maladie. Ils ne veulent pas soigner ou bien ils n’ont pas de connaissances. » Aux seins des districts sanitaires, l’infirmière néerlandaise travaille à l’application du Programme national de lutte contre la lèpre, portée par le ministère de la Santé tchadien. « Nous sensibilisons et formons des médecins et des infirmiers tchadiens pour qu’ils puissent eux-mêmes prendre en charge des patients. »
 

Photo des mains d’une jeune Tchadienne prise en charge par Geeske Zijp. Les malades pensent être incurables et n’entreprennent aucune action pour se guérir. Or, plus ils attendent, plus le bacile de la lèpre peut s’attaquer aux nerfs et le handicap devenir grave. 
Photo des mains d’une jeune Tchadienne prise en charge par Geeske Zijp. Les malades pensent être incurables et n’entreprennent aucune action pour se guérir. Or, plus ils attendent, plus le bacile de la lèpre peut s’attaquer aux nerfs et le handicap devenir grave. 
©LP
Une vocation humanitaire
« Son engagement force le respect », insiste Marie-Bénédicte Loze, directrice adjointe des projets à la Fondation Raoul Follereau, qui s’est plusieurs fois rendu au Tchad. Un pays avant-dernier au classement 2022 de l’indice de développement humain, selon un récent rapport de l’ONU, et où les conditions climatiques sont rudes.

En dehors de N'Djaména, la capitale, c’est le désert. Et c’est là-bas que Geeske vit, dans une case, entourée de personnes parfois aux situations vraiment difficiles.

Marie-Bénédicte Loze, directrice adjointe des projets à la Fondation Raoul Follereau
« Il fait plus de 50 degrés six mois de l’année. A la saison des pluies, il pleut à torrent, et la terre est tellement sèche qu’elle ne retient rien, ce qui entraîne des inondations. Sans parler des tempêtes de sable ! En dehors de N'Djaména, la capitale, c’est le désert, décrit Marie-Bénédicte Loze. Et c’est là-bas que Geeske vit, dans une case, entourée de personnes parfois aux situations vraiment difficiles. Elle a plusieurs fois été infectée par le paludisme. Mais elle continue malgré tout sa mission, sans se poser de questions. »

Geeske a su très jeune qu’elle n’exercerait pas en Europe. « Aux Pays-Bas, il y a plein d’infirmières. Si je tombe malade, on va me guérir. Pourquoi une personne qui vit dans un pays pauvre, à des kilomètres de chez moi, devrait souffrir ? » Alors dès le début de sa carrière, elle s’engage dans des camps de réfugiés en Thaïlande, et en Irak. Au Soudan, elle a formé des « matrones » - des femmes sans formation qui, dans les villages, prodiguent les soins - en cas d’accouchement difficile. « J’avais utilisé une poupée en plastique et une bassine pour leur montrer les gestes à pratiquer. Sans succès. J’ai remplacé ces objets venus de l’Occident par d’autres plus parlants, une calebasse et un sac en toile. Elles étaient toutes enthousiastes. Ce fut une leçon pour moi aussi. »
 

Geeske Zijp s’est engagée dans la lutte contre la lèpre après une mission en Indonésie. « Les personnes atteintes de cette maladie sont généralement pauvres et stigmatisées. J’ai voulu m’engager. » Elle a sollicitée la Mission évangélique contre la lèpre qui l’a envoyée au Tchad, en 1992. 
Geeske Zijp s’est engagée dans la lutte contre la lèpre après une mission en Indonésie. « Les personnes atteintes de cette maladie sont généralement pauvres et stigmatisées. J’ai voulu m’engager. » Elle a sollicitée la Mission évangélique contre la lèpre qui l’a envoyée au Tchad, en 1992. 
©LP
Discrète mais ferme
« Geeske s’occupe de toutes les personnes en situation de handicap, sans distinction, avec humilité et une grande fermeté, insiste le Docteur Bertrand Cauchois, son confrère français installé à Madagascar et conseiller médical de la Fondation Raoul Follereau. Au ministère tchadien de la santé publique, elle interpelle les gens pour faire de la lèpre une priorité nationale et débloquer davantage de moyens. »

L’infirmière acquiesce, l’Etat doit aussi prendre ses responsabilités, tout en reconnaissant, ces dernières années, de l’attention portée sur la pandémie de la Covid-19. « Surtout, il y a aujourd’hui un combat international avec des millions de fonds alloués contre la tuberculose, le sida et le paludisme, ajoute le Docteur Cauchois. C’est extrêmement louable. Mais arrêtons de voir la santé à travers le prisme de trois ou quatre maladies. Il y en a d’autres qu’on appelle désormais les maladies tropicales négligées (MTN). La santé, c’est un tout. »
 


Malgré des moments de découragement, Geeske constate en trente ans des changements positifs. Dans la région de Guéra, d’anciens malades de la lèpre vendent désormais de la nourriture à la population. « Auparavant, ils ne vendaient que du bois, précise-t-elle. Personne ne leur aurait acheté ne serait-ce qu’un grain d’arachide. »
 

Elle ne pouvait ni manger avec ses doigts ni verrouiller la porte de sa case. Son visage inexpressif était toujours recouvert d’un voile sombre.

Geeske Zijp
Des histoires lui redonnent aussi espoir, comme celle d’une jeune patiente qui s’est présentée il y a quelques mois « dans une robe noire aux manches très longues pour dissimuler ses mains paralysées. Elle ne pouvait ni manger avec ses doigts ni verrouiller la porte de sa case. Son visage inexpressif était toujours recouvert d’un voile sombre. » Quand l’infirmière lui demande son travail, « elle m’a regardé stupéfaite. Comment pouvais-je m’imaginer qu’elle pouvait travailler. » Une fois les premiers soins prodigués, « nous avons causé ensemble et, finalement, en s’appuyant sur sa soeur valide, nous l’avons aidé à monter un projet de petit commerce. Le but : retrouver sa dignité et son autonomie. C’est là que son visage s’est illuminé. Elle était souriante. »
 

Trois questions au Professeur Alexandra AUBRY du Centre d’Immunologie et des Maladies Infectieuses à la Sorbonne Université qui dirige une équipe de recherches pour le traitement de la lèpre.

Terriennes : Pourquoi la lèpre est-elle présente dans le monde alors qu’un traitement existe ?
 
Professeure Alexandra Aubry, experte en maladies infectieuses à l'université de la Sorbonne à Paris. 
Professeure Alexandra Aubry, experte en maladies infectieuses à l'université de la Sorbonne à Paris. 
©DR

Professeur Alexandra AUBRY : Comme pour la plupart des maladies bactériennes, il existe des antibiotiques pour guérir de la lèpre. Le laboratoire Sanofi met à disposition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) des plaquettes contenant l’ensemble des antibiotiques à prendre en cas d’infection - néanmoins ce n’est pas encore le cas des formes résistantes de la maladie -, et cela à moindre coût. Malheureusement, les pays où cette maladie est endémique n’ont pas tous les moyens nécessaires pour lutter contre. La lèpre sévit principalement dans des zones pauvres où l’accessibilité financière et géographique à un système de santé de qualité est difficile. Elle pousse aussi de nombreux malades, stigmatisés, à cacher leurs symptômes tant que c’est possible. Lorsqu’ils sont pris en charge, ils sont souvent malades depuis des années. La période d’incubation est parfois très longue (de 10 à 15 ans, voire plus). Contagieux, les malades ont pu engendrer des cas secondaires.

Comment améliorer sur le terrain la prévention et le diagnostic de la lèpre ?

Cela nécessite des moyens humains, sur place, avec des centres de santé accessibles à toutes les populations, quelque soit l’endroit où elles vivent. Il faut former les soignants à reconnaître et prendre en charge les patients le plus tôt possible. Quand on prend un traitement, on guérit à 100% de la lèpre et on n’est plus contagieux. D’où l’importance d’éduquer et, pourquoi pas, de lancer une vaste campagne nationale pour démystifier la lèpre. C’est une maladie curable qui ne devrait pas avoir ce caractère honteux.

En quoi consistent vos travaux de recherches, et à quand un vaccin contre la lèpre ?

Il y a peu de recherches sur un vaccin parce que les études sont extrêmement complexes à mener. Néanmoins, le vaccin contre la tuberculose est protège, en partie, contre la lèpre. Notre laboratoire est l’un des rares dans le monde impliqué dans la recherche sur les méthodes de diagnostic de la maladie et de l’étude de résistance aux antibiotiques. Par ailleurs, nous évaluons systématiquement les nouveaux antibiotiques disponibles sur le marché, nous testons les associations les plus efficaces vis-à-vis de la bactérie responsable de la lèpre pour trouver le traitement de demain, plus simple et plus court. Cela nécessite des moyens dont nous manquons cruellement. Malheureusement, comme la lèpre ne touche que des pays à faibles ressources, c’est difficile de mobiliser les fondations et les financeurs. C’est dommage car, comme on l’a compris avec la pandémie récente, la recherche sur un agent infectieux X peut tout à fait servir une recherche plus globale anti-infectieuse. C’est une vision courte et simpliste de ne financer de la recherche que vis-à-vis de maladies infectieuses qui touchent les pays développés.
 

À lire aussi : 

►La lèpre, fléau d'hier et d'aujourd'hui
►L'OMS appelle à agir contre les "maladies tropicales négligées"
►Ebola en RDC : "Les gens reprendront confiance quand ils verront que l’on soigne toutes les maladies"
►Mali : soigner à distance les maladies de peau


https://information.tv5monde.com/terriennes/geeske-zijp-infirmiere-engagee-aupres-des-malades-oublies-de-la-lepre-487052

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Manifestations contre la réforme des retraites en France : les femmes en première ligne

5 Février 2023, 13:09pm

Publié par hugo

 TERRIENNES
Conditions des femmes au travail
Manifestations contre la réforme des retraites en France : les femmes en première ligne
Illustration postée par <a href="https://www.instagram.com/ji.artivist/" tabindex="0">ji.artivist</a> sur Instagram.
Illustration postée par ji.artivist sur Instagram.
01 FÉV 2023
 Mise à jour 01.02.2023 à 14:45 par 
Terriennes
 
avec AFP
"Femmes je vous haine", "les grandes perdantes", "injustice" : parmi les dizaines de milliers de manifestants descendus dans la rue ce 31 janvier 2023 en France pour la deuxième grande mobilisation nationale, les femmes dénoncent une réforme des retraites "injuste" qui tombe comme "un coup de marteau".
A Marseille, la crainte de travailler "encore plus" 
"Les femmes vont travailler encore plus alors qu'il faudrait qu'elles arrêtent avant, parce que partout il est reconnu qu'elles travaillent plus !", estime Brigitte Cateddu, 63 ans, infirmière à la retraite. 

"C'est toujours pareil, les femmes sont désavantagées. Même si je n'ai pas d'enfant, ce sont toujours les mêmes qui payent pour les autres", tranche Laura Marceau, 35 ans, sans emploi.

A Rouen, "les grandes perdantes"
"Les femmes seront les grandes perdantes de cette réforme. Ce sont elles qui exercent le plus des métiers précaires avec plus de coupures liées aux enfants. Elles mettront plus de temps pour obtenir tous leurs trimestres", juge Juliette, 47 ans, cadre, membre du groupe d'action féministe de Rouen.

"Les femmes seront encore plus pénalisées à cause des congés maternité, du temps partiel imposé et des carrières hachées", dit Bernadette Paimparé, retraitée de la fonction publique hospitalière, 63 ans.

A Toulouse, "c'est abusé!"
Fatima Adhal, 36 ans, AESH (accompagnante d'élève en situation de handicap) dans un collège de Toulouse, dénonce une réforme qui "impacte plus les femmes que les hommes. 64 ans c'est abusé ! Nous faire partir deux ans plus tard, c'est pas normal", dit-elle dans le cortège où des pancartes clament "Retraites dévalorisées, femmes je vous haine".

A Rennes, l'"injustice"
"Ça a été prouvé que la réforme est inégalitaire et défavorise les femmes, notamment au niveau des congés maternité. Un peu à l'image de ce que fait le gouvernement en général", critique Marine Lecrubier, 30 ans, psychomotricienne.

A Nice, "où cela peut s'arrêter" ?
Jeanne Aigle, 27 ans, designer graphiste estime que "la réforme va aggraver la situation des femmes qui ont souvent des carrières interrompues ou travaillent à temps partiel. Si on commence à repousser l'âge de la retraite, on ne sait pas où cela peut s'arrêter".


Au Havre, "est-ce que l'on aura une retraite ?"
Juliette, 19 ans, Elsa, 20 ans, en BUT (ex-DUT) Carrières sociales ont raté leurs cours pour manifester pour la première fois : "Est-ce que l'on aura une retraite ? C'est la grande question. On fait des métiers passion mais on ne sait pas comment ça va finir. Et puis on se dit que l'on sera plus âgées que les personnes dont on s'occupera en Ehpad !! C'est symbolique d'être là."

A Brest, "un coup de marteau sur la tête"
Marie-Laure Plouhinec, 58 ans, aide-soignante en Ehpad, ne s'imagine pas travailler jusqu'à 64 ans avec "un métier très très lourd". "Je me suis projetée à 62 ans, j'ai fait mon calcul, j'aurai tous les trimestres. Mais 2 ans de plus, non. C'est un coup de marteau sur la tête. Déjà qu'on a mal partout".

A Paris, un "repos mérité"
Nadège Filliatre, 60 ans, manipulatrice en radiologie, n'était pas venue manifester depuis "très, très longtemps". "Je vais devoir travailler 6 mois de plus", dit-elle. "J'ai travaillé toute ma vie, sans jours maladie, sans chômage, sans garde de mes enfants, j'ai fait des gardes, des heures supp’, je n'ai pas envie de travailler plus! Ce repos, je l’ai mérité !"
Photo postée sur <a href="https://twitter.com/xthree75">Twitter</a>.
Photo postée sur Twitter.
A Orléans, la "double peine"
Michèle Durand, 58 ans, conseillère gestion dans un organisme associatif, constate qu'elle va devoir travailler six mois de plus. "Déjà qu'on est payées 20% de moins que les hommes, c'est la double peine", dit-elle. "C'est insupportable. Ce sont toujours les pauvres et les femmes qui doivent travailler plus longtemps".

Alia Alourafi, 39 ans, 2 enfants, conseillère gestion et financement dans un organisme associatif, porte une pancarte "Maman solo et aidante isolée = pas de retraite avant le décès". "Je suis une femme, c'est moi qui ai pris les congés parentaux pour mes deux enfants. L'un de mes enfants est handicapé, j'ai repris seulement à 80% (...) Le statut d'aidant n'existe pas, c'est la double peine".

A Lille, "c'est écoeurant"
Carine Loeille, enseignante de 50 ans, souligne qu'"en tant que femmes, on a des vies compliquées, parfois on s'arrête. Je me suis retrouvée seule à la mort de mon mari et j’ai l'impression de devoir travailler jusqu'à ce que je meure. C'est écœurant."

A Lyon, de la "poudre aux yeux"
Sabine Conjard, comptable de 54 ans est venue "contester ce qui se passe contre notre gré. Cette réforme me rajoute six mois. Si c’était pour une cause juste je les ferais, mais c’est injuste. (...) Le gouvernement se dit ouvert au dialogue mais c’est de la poudre aux yeux".

(Re)lire aussi dans Terriennes : 

► Réforme des retraites en France : les femmes, éternelles laissées pour compte
►Accidents et maladies du travail : pourquoi les femmes sont de plus en plus
►Covid-19 : et si on rémunérait le travail des femmes à la maison pendant la crise ?
►Journée de l'égalité salariale : 59 jours de travail en plus pour les Françaises
►Négligé par le féminisme : le travail invisible des femmes touchées

Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 01.02.2023 à 14:45
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/manifestations-contre-la-reforme-des-retraites-en-france-les-femmes-en-premiere-ligne

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La navigatrice Clarisse Crémer évincée du Vendée Globe après sa maternité

5 Février 2023, 13:05pm

Publié par hugo

 INFO
Le sport sur TV5MONDESport au féminin
La navigatrice Clarisse Crémer évincée du Vendée Globe après sa maternité
Clarisse Cremer, sous le choc, après avoir appris qu'elle était évincée du Vendée Globe en raison de sa maternité. Le sponsor pourrait revenir sur sa décision. 
Clarisse Cremer, sous le choc, après avoir appris qu'elle était évincée du Vendée Globe en raison de sa maternité. Le sponsor pourrait revenir sur sa décision. 
©Vendée Globe
Clarisse Cremer, sous le choc, après avoir appris qu'elle était évincée du Vendée Globe en raison de sa maternité. Le sponsor pourrait revenir sur sa décision. 

02 FÉV 2023
 Mise à jour 05.02.2023 à 11:39 par 
TV5MONDE
 
AFP
"Je suis sous le choc": la navigatrice Clarisse Crémer ne sera pas au départ du prochain Vendée Globe à la barre du "Banque populaire". Le groupe l'a débarquée, estimant qu'elle n'était pas en mesure de se qualifier pour la course après sa maternité et un changement de réglementation. Face au tollé provoqué par cette annonce, le sponsor pourrait revenir sur sa décision. 
"J'ai appris vendredi dernier que Banque populaire avait finalement décidé de me remplacer. Par leur décision, et malgré ma volonté constante, je ne serai pas au départ du Vendée Globe 2024", a annoncé sur ses réseaux sociaux ce 2 février la navigatrice de 33 ans.
 


Devenue maman en fin d'année dernière, Clarisse Crémer récupérait symboliquement en décembre des mains du Normand Charlie Dalin la barre de l'ancien Apivia, Imoca à foils qu'elle espérait emmener autour du monde sous les couleurs de "Banque Pop".
Le voilier est depuis rentré dans l'écurie du groupe à Lorient, mais Crémer, 12e de la dernière édition de l'Everest des Mers, ne montera pas à bord. "Banque Populaire décide de me laisser à quai", a-t-elle déploré.

Mais trois jours après l'annonce de la décision de la Banque populaire, le sponsor pourrait revenir sur sa décision. Selon le Parisien, face au tollé médiatique que l'annonce a suscité, notamment en pleine semaine du Sport féminin, la ministre des Sports, Amélie Oudéa Castera a pesé de tout son poids politique et cela pourrait porter ses fruits..
Qualification
Dans un communiqué, Banque populaire a invoqué les modifications de la réglementation du Vendée Globe pour justifier sa décision. Dans le passé, un "finisher" (navigateur qui a terminé l'épreuve) était automatiquement qualifié pour l'édition suivante.

(RE)lire : Vendée Globe : 6 femmes dans le vent

Mais ce processus a changé en 2021. Les skippers qui n'ont pas de bateau neuf ont désormais tous obligation de participer à un certain nombre de courses qualificatives jusqu'au départ du Vendée et d'y accumuler les milles pour se départager.

"Sur ce critère, j'ai bien sûr pris du retard face aux autres concurrents au départ, cette maternité m'ayant empêchée d'être présente sur les courses qualificatives pendant un an", a reconnu Crémer.
 


"On est à 0 mille et ceux qui sont devant nous ont a minima 2.600 milles (4.100 km) et ont l'intention de faire les mêmes courses que nous... On ne les rattrapera jamais", a estimé de son côté lors d'un point-presse ce 2 février Ronan Lucas, directeur du Team Banque Populaire.
 
Aujourd'hui, force est de constater que les règles choisies par le Vendée Globe interdisent à une femme d'avoir un enfant.

Clarisse Crémer, skipper
L'équipe a assuré avoir fait "tout son possible" auprès des organisateurs pour faire évoluer le règlement ou "obtenir la garantie d'une wildcard", sans succès. Le nom du prochain barreur du Banque Populaire XII sera communiqué "dans les prochains jours".
"J'étais à fond"
"Il restait 2 saisons complètes et 4 transatlantiques pour revenir au niveau, j'étais à fond pour finir ma rééducation au plus vite", a regretté Clarisse Crémer, qui détient le record de traversée d'un Vendée pour une femme en 87 jours, 2 heures et 24 minutes.
"Aujourd'hui, force est de constater que les règles choisies par le Vendée Globe interdisent à une femme d'avoir un enfant", a-t-elle ajouté.

Dans un communiqué transmis aux médias ce 2 février, l'organisation du Vendée Globe a déclaré qu'elle ne pouvait "en aucun cas se permettre de changer les règles, alors que le processus de sélection (est) déjà engagé", afin de "préserver l'équité" entre les concurrents.

Les organisateurs ont écarté la possibilité de lui délivrer dès maintenant la seule wildcard prévue par le règlement. "Celle-ci ne pourra être fléchée avant la fin du parcours de sélection, le Vendée Globe ne connaissant pas les skippers qui pourraient y prétendre", est-il précisé.

"Aucune femme ne devrait subir ce genre de décision. À quand un système qui puisse permettre aux femmes de retrouver leur place (...) après une pause maternité", a réagi auprès de l'AFP Camille Lecointre, double médaillée de bronze en voile olympique.

La dixième édition du Vendée Globe s'élancera des Sables d'Olonne le 10 novembre 2024. Lors de l'édition 2020/2021, sur les 33 concurrents au départ, six étaient des femmes.
 
TV5MONDE
 
AFP
 Mise à jour 05.02.2023 à 11:39
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/info/la-navigatrice-clarisse-cremer-evincee-du-vendee-globe-apres-sa-maternite-487334

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Inscription de l’IVG dans la Constitution : réelle avancée ou mesure symbolique ?

5 Février 2023, 12:16pm

Publié par hugo

 Pancarte de manifestation 
SOCIÉTÉ
Inscription de l’IVG dans la Constitution : réelle avancée ou mesure symbolique ?
Marie-Stéphanie Servos 04 fév 2023

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Mercredi 1er février 2023, le Sénat, à majorité à droite, a adopté un texte prévoyant l’inscription dans la Constitution de la « liberté de la femme » de recourir à l’IVG. Faut-il crier victoire pour le droit à l’avortement ? D’après Mathilde Philip-Gay, Professeure de droit à l’Université Jean Moulin Lyon 3, ce vote n’est ni une victoire politique, ni une victoire juridique.
Madmoizelle. Le Sénat a voté mercredi soir l’adoption d’un texte prévoyant l’inscription dans la Constitution de la « liberté de la femme » de recourir à l’IVG. Ce vote est-il réellement une victoire ? 
Mathilde Philip-Gay. Non, ce n’est pas une victoire. Pour preuve, le site internet du Sénat parle d’un « amendement de compromis ». S’il s’agit d’un compromis, c’est donc que ce texte n’est pas du tout le même que celui qui avait été proposé par les députés à l’Assemblée nationale, à savoir un texte qui protégerait le droit à l’IVG dans la Constitution. La députée Yaël Braun-Pivet s’est félicitée de l’adoption du texte par le Sénat, en affirmant que « les mots diffèrent, mais l’intention est commune ». Mais l’intention n’est pas du tout la même, et cela se confirme par le simple fait que les deux chambres ont adopté des formulations différentes qui recouvrent chacune une réalité différente. Or, pour amener à la révision de la Constitution, il faut que le texte soit adopté dans les mêmes termes par les députés et par les sénateurs, à la virgule près. Ce n’est donc ni une victoire politique, ni une victoire juridique. 


En effet, le texte adopté par l’Assemblée nationale parle de « droit » quand celui voté par le Sénat parle de « liberté ». En quoi est-ce une différence fondamentale ? 
La liberté, c’est la faculté de faire quelque chose. Pour la liberté de recourir à l’avortement, cela veut dire qu’une femme est libre de subir une IVG ou non (dans le cas où un État obligerait des femmes à recourir à l’avortement). Or, il me semble que ce n’est pas la question à laquelle voulait répondre le Parlement en constitutionnalisant le droit à l’avortement. L’idée derrière la version du texte proposée par les députés, c’est plutôt de garantir le droit, c’est-à-dire l’effectivité de la possibilité d’avoir accès à une IVG si cela est nécessaire. Par ailleurs, le droit est garanti par l’État, il y a donc des recours, si par exemple, ce droit ne peut être garanti dans certaines régions ou villes.

En revanche, la liberté, c’est laisser le choix à la loi de décider. La différence entre droit et liberté est donc subtile, car elle signifie que les conditions d’accès à l’IVG pourraient être remises en question par des lois qui viendraient le modifier, dans le cas, par exemple, ou nous aurions un nouveau gouvernement plus radical. Le texte qui a été voté par le Sénat a donc une portée symbolique, mais juridiquement, cela ne change rien et, si ces termes sont conservés, le droit à l’IVG ne sera pas mieux protégé. 

Comment le droit à l’avortement pourrait-il être remis en question dans de telles conditions ?
De diverses manières, mais notamment par de petites remises en cause qui deviennent finalement grandes par la loi ou des mesures administratives. Pour être claire : aujourd’hui, en Europe, la plupart des États ont garanti l’IVG, sauf à Malte qui ne l’a pas légalisé. Simplement, cela ne veut pas dire que son accès y est égal partout. Par exemple, en Pologne, une personne de très mauvaise foi pourrait affirmer que le droit à l’IVG est garanti. On sait bien que ce n’est plus vraiment le cas, puisque celui-ci est particulièrement limité, à des cas de viol, ou de danger pour la vie de la mère par exemple. Pourtant, l’IVG y est bien légale.


Aujourd’hui, 81% des Français et françaises sont favorables à la constitutionnalisation de l’IVG. Notre régime actuel est très protecteur de ce droit, c’est pour cela que de nombreuses voix s’élèvent pour dire qu’il n’y aurait aucun intérêt à le faire. Mais c’est oublier qu’un changement de majorité pourrait intervenir dans les prochaines années, à la faveur d’une élection présidentielle qui porterait un ou une présidente « pro-vie » à l’Élysée et qui pourrait décider de remettre en cause ce droit. Ce n’est donc pas pour maintenant qu’il faut agir, mais pour plus tard, au moment où l’on ne pourra plus choisir de protéger ce droit. 

Le texte doit retourner à l’Assemblée nationale pour une deuxième lecture. Quelle sera la suite de la procédure ? 
En novembre, l’Assemblée nationale a procédé à une première lecture, hier, c’était au tour du Sénat d’examiner le texte. Les lectures vont donc continuer à l’Assemblée nationale pour, sans doute, revenir au Sénat encore une fois. Comme le texte doit être adopté dans les mêmes termes par les deux chambres, il est fort probable qu’une commission mixte paritaire soit convoquée afin de chercher un vrai compromis et trouver un texte sur lequel les deux chambres pourront s’entendre. Si c’est le cas, cela peut permettre l’adoption du texte, et enfin, la tenue d’un référendum. Le parcours de ce texte est donc loin d’être terminé. 

Publié le 04 février 2023 à 09h30
https://www.madmoizelle.com/vote-du-senat-sur-livg-ce-texte-a-une-portee-symbolique-mais-juridiquement-cela-ne-change-rien-1490387

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Féminicide de Sihem Belouahmia : pourquoi les mots sont importants

5 Février 2023, 12:15pm

Publié par hugo

Sihem Belouahmia
SOCIÉTÉ
Féminicide de Sihem Belouahmia : pourquoi les mots sont importants
Elisa Covo 03 fév 2023  5

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Portée disparue depuis une semaine, la lycéenne a été retrouvée dans une forêt près d’Alès. Son meurtre est le 9ème féminicide depuis le début de l’année.
Une semaine. C’est le temps qu’il aura fallu pour retrouver le corps de Sihem Belouahmia, lycéenne de 18 ans assassinée dans le Gard par l’ex-mari de sa cousine.


Une « grosse bêtise »
La jeune femme n’avait plus donné signe de vie depuis mercredi 25 janvier au soir, lorsqu’elle avait quitté le domicile de sa grand-mère vers 23h10. Depuis, les spéculations allaient bon train, notamment sur les réseaux sociaux, où certains lui reprochaient de s’être « amourachée » d’un « bad boy », l’accusant presque de l’avoir cherché et lui reprochant d’être la cause de beaucoup d’inquiétude pour ses parents. Un discours banalisant les faits et l’illustration même de la façon dont la société plaque encore des clichés sexistes sur les femmes. La piste d’un faux enlèvement lié à un trafic de drogue avait ensuite été évoquée, avant d’être rapidement abandonnée. Les yeux étaient depuis braqués sur Mahfoud H, placé en garde-à-vue.

Sept jours plus tard, dans la nuit de mercredi à jeudi, ce dernier avouait finalement sans sourciller avoir fait une “grosse bêtise” et tué la jeune femme.

Les mots ont leur importance 
L’homme a mis son geste sur le compte d’une “dispute amoureuse” qui aurait dégénéré, évoquant un “crime passionnel” et laissant son avocat se fendre d’un commentaire plus que scandaleux : “J’ai assisté un homme qui a décidé d’affronter sa lourde responsabilité dans la disparition de Sihem et faire cesser un suspense insoutenable pour ses proches en guidant les enquêteurs (…) Il faut une forme de courage pour affronter ce type d’aveux, accepter de les faire. Ça ne se fait pas sans une forte intensité émotionnelle.” À quand la légion d’honneur pour les auteurs de féminicides ?


Des mots évidemment condamnés par le collectif #NousToutes dans une série de tweets publiés le soir même, rappelant au passage qu’il s’agit d’un féminicide, terme jusque-là évité par l’ensemble des médias couvrant l’affaire, préférant la traiter comme un simple fait-divers.


Depuis, des débats non moins aberrants font rage pour déterminer si oui ou non, la victime et son meurtrier étaient dans une relation amoureuse. Oubliant au passage, comme l’a rappelé le journaliste Laurent Neumann, l’indécence d’une telle question : « Où est l’amour quand un homme tue une femme ? » s’est-il indigné sur BFMTV.


« On meurt tout le temps parce que nous protéger n’est pas une priorité.”
L’assassin de Sihem était bien connu des services de police : il avait été condamné à plus de 13 reprises, notamment pour vols et infractions routières. En 2012, il avait écopé de 12 ans de réclusion criminelle et était en semi-liberté depuis 2020. Il devait aussi comparaître pour braquage le 1e février, en rapport à des faits remontant à 2011. Pour la magistrate Béatrice Brugère, interrogée par nos confrères de France Info, cette affaire est révélatrice des manquements du système judiciaire : « Aujourd’hui, il y a des délais de 4 ans entre l’instruction et la possibilité d’être jugé« . Anna Toumazoff, militante féministe derrière le compte Instagram à succès @memespourcoolkidsfeminist, se veut, quant à elle, catégorique : “Les victimes de féminicides, c’est un Bataclan par an. » Et d’ajouter : « On meurt tout le temps parce que nous protéger n’est pas une priorité.”

Publié le 03 février 2023 à 17h58


https://www.madmoizelle.com/feminicide-de-sihem-belouahmia-pourquoi-les-mots-sont-importants-1490661

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Pourquoi les femmes et les LGBTQ+ sont les premières victimes du mal-logement Publié le Mercredi 01 Février 2023

2 Février 2023, 06:34am

Publié par hugo

 Pourquoi les femmes et les LGBTQ+ sont les premières victimes du mal-logement
Publié le Mercredi 01 Février 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Pourquoi les femmes et les LGBTQ+ sont les premières victimes du mal-logement
Du côté du logement en France, les inégalités perdurent violemment, comme le révèle le nouveau rapport accablant de la Fondation Abbé Pierre. Et le mal-logement concerne notamment les femmes et les minorités. Un enjeu social et politique fondamental.
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L'enjeu du logement renvoie à bien des discriminations, profondément inscrites dans notre société. C'est ce que démontre le nouveau rapport accablant de la Fondation Abbé Pierre. Un document passant au crible les quatre millions de Français mal-logés dans un contexte de crise énergétique.

"La facture logement, liée à trois décennies de hausse des prix à l'achat et à la location, est encore alourdie par des dépenses énergétiques devenues insoutenables pour de nombreux ménages modestes qui doivent régulièrement choisir entre se chauffer, manger et se soigner convenablement, payer leur loyer", explique le rapport.

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Parmi les personnes les plus touchées par cette crise du logement, on retrouve en majorité les femmes. Et notamment, les mères célibataires, davantage concernées par le fait de se retrouver "dans un logement indigne ou suroccupé, ou encore dans un état d'errance résidentielle". Ces femmes souffrent d'une forme de précarité supérieure, de revenus moindres, parfois de par le fait d'occuper un emploi à temps partiel. A ce titre, plus d'un tiers des familles monoparentales - constituées à 83 % de mères solos - vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté. Et 40% des mères seules avec un enfant et 59% des mères d'au moins trois enfants subissent ainsi de mauvaises conditions de logement, contre 20% de la population générale, affirme la Fondation Abbé Pierre.

De plus, de plus en plus de femmes victimes de violences conjugales fuient leur foyer, mais 40% des femmes victimes de violences et en demande d'hébergement seraient laissées sans solution.

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Mais les femmes hétéros ne sont pas les seules à être considérablement touchées par ce fléau du mal-logement. Ce 28e rapport de la Fondation alerte également sur les conditions de vie des personnes LGBTQI, autres victimes principales de ce "mal-logement".

"De nombreuses situations d'exclusion sociale"

"Jusqu'à présent, le sexe a rarement été considéré comme un facteur déclenchant ou aggravant du mal-logement. Pourtant, face au logement, être un homme ou une femme, ou appartenir à une minorité sexuelle, affecte considérablement les risques de subir diverses dimensions du mal-logement et bouleverse la manière même de vivre ce mal-logement", déplore à ce titre le rapport de la Fondation Abbé Pierre.

Facteur si primordial à prendre en compte que ce rapport lui accorde un intitulé spécial : "Le genre du mal-logement". Pourquoi ? Car, en dehors des difficultés économiques, conjugales ou professionnelles éprouvées par les femmes et les minorités, les personnes LGBTQI souffrent bien plus "des ruptures résidentielles douloureuses". Comme le fait d'être chassé·e de chez soi ou de chez ses parents, ce que subissent trop souvent les personnes LGBTQ "outées".

"La forte présence des violences de genre, qui constitue la toile de fond plus ou moins tacite de nombreuses situations d'exclusion sociale, représente une cause structurelle du mal-logement et de l'invisibilisation des victimes", développe encore ce rapport, qui perçoit en les difficultés d'hébergement et de logement qualitatif une autre forme de violence et de discrimination genrée touchant largement les minorités.

Pour la Fondation, il est dès lors crucial de mettre en place "une politique de logement" adaptée à ces enjeux majeurs. Parmi ses préconisations ? L'augmentation des minimas sociaux (qui avantagent les femmes), mais aussi de s'attaquer aux "inégalités de genre dans la société" : "partage des tâches domestiques, inégalités de salaires et de pensions de retraite qui ont des répercussions sur le logement".


https://www.terrafemina.com/article/precarite-pourquoi-les-femmes-et-les-lgbtq-sont-les-premieres-victimes-du-mal-logement_a368156/1

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Immergé pendant des mois avec des hommes violents, Mathieu Palain raconte

2 Février 2023, 06:30am

Publié par hugo

 Immergé pendant des mois avec des hommes violents, Mathieu Palain raconte
Publié le Lundi 30 Janvier 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Mathieu Palain est allé à la rencontre des hommes violents : il raconte/photo d'illustration8 PHOTOSLANCER LE DIAPORAMA
Mathieu Palain est allé à la rencontre des hommes violents : il raconte/photo d'illustration
Avec "Nos pères, nos frères, nos amis", le journaliste Mathieu Palain s'est immergé pendant des mois dans un groupe de parole pour hommes coupables de violences conjugales. Et en a tiré une réflexion édifiante sur la domination masculine. Rencontre.
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Comment "réparer un homme violent" ? Le journaliste Mathieu Palain, auteur d'une série de podcasts très remarqués sur le sujet pour France Culture en 2019, s'est posé la question en intégrant des mois durant un groupe de parole d'hommes reconnus coupables de violences conjugales. En a résulté Nos pères, nos frères, nos amis, une immersion complexe et polyphonique traversée de réflexions, de doutes et d'amertume.

En rapportant la parole des agresseurs, mais aussi des victimes, le journaliste ne se contente pas d'interroger la psychologie de ces hommes confrontés à leur brutalité. C'est l'éternel enjeu des rapports de domination qui se retrouve sur le grill, problématique sociale décortiquée par une plume abrupte et sèche. Au gré des voix s'affirme l'importance de poser les bonnes questions, de chercher les origines du mâle, certes, mais avant tout, d'inviter les lecteurs masculins à une plus large introspection. Une interrogation sourde, qui fait société.

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Un récit nécessaire, donc. Et qui exigeait bien un échange avec son auteur.

Terrafemina : D'où est né ce besoin de se rapprocher de ces hommes condamnés pour violences conjugales ? Et comment faire entendre leurs mots sans qu'ils étouffent ceux des femmes victimes ?
Mathieu Palain : En fait, tout a commencé en posant des questions aux femmes. Avant ces six mois d'immersion dans ce groupe de parole d'hommes, j'ai d'abord interrogé ma mère, mes soeurs, ma conjointe. Puis il y a eu cette rencontre avec une jeune femme, Cécile, qui constitue le fil rouge du livre. Elle a été victime de violences physiques, d'insultes...

A côté de ça, il est évident qu'aller écouter ces hommes et passer beaucoup de temps en leur compagnie a fait l'effet d'une complainte difficile. On parle quand même de mecs qui ont exercé des violences. Après avoir recueilli la parole de victimes, je pensais qu'ils allaient facilement passer aux aveux dans ce groupe de parole. Je m'attendais à entendre de leur bouche : "Je l'ai frappée", "Je dois me soigner", "Je crois que j'ai un problème"... Ca aurait été tellement simple.

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Mais ce n'est pas ce que j'ai trouvé, quand bien même quelques uns acceptent de faire amende honorable et de travailler sur eux-mêmes, comprennent que le problème vient d'eux.

Deux tendances s'observent rapidement : ces hommes cherchent systématiquement à se justifier. Et on perçoit bien souvent dans leur bouche une inversion de la culpabilité. Ils seraient victimes d'un système ou d'un concours de circonstances.
M.P. : Oui, dans leur tête, les femmes sont des menteuses, des manipulatrices, elles sont tyranniques. On observe souvent un déni très très fort. On se retrouve face à de mecs qui vont volontiers jouer de leur perception du réel pour suggérer, en gros : "Je l'ai pas si tapée que ça".

Mais ces gars, finalement, je les sentais aussi perdus, dans une société qui bouge extrêmement vite. Chez eux, il y a comme une incompréhension, face à l'injonction à changer, à être confronté à son attitude. Il faut préciser que quand j'ai commencé à intégrer ce groupe de paroles à Lyon, on était à peine un an après le mouvement #MeToo. A l'époque, ces hommes sortent de prison, ont été condamnés, et constituent donc une frange minime d'hommes violents qui ont eu à rendre des comptes à la justice.

Rencontre avec Mathieu Palain, auteur de "Nos pères nos frères nos amis"
Rencontre avec Mathieu Palain, auteur de "Nos pères nos frères nos amis"
A propos de cette aversion envers les femmes, c'est une forme de hantise, de paranoïa qui s'exprime. Vous écrivez : "Ca doit être difficile d'avoir si peur des femmes tout en voulant coucher avec".
M.P. : Oui, c'est-à-dire que parmi ces hommes, beaucoup prêtent aux femmes un pouvoir qu'elles n'ont pas. Ils pensent que tout penche en leur faveur et leur permet de se venger facilement des hommes. Or, presque toutes les femmes que j'ai rencontrées pour écrire ce livre ne sont pas parvenues à porter plainte. Dans d'autres cas, les plaintes n'ont pas abouti à une condamnation ou ont fini en main courante.

Les hommes qui pensent ça font partie des rares à avoir vraiment été condamnés, ce qui explique en partie leur raisonnement. Certains d'entre eux pensent même que se remettre en couple avec une femme, c'est prendre le risque de finir en prison... On est en plein Minority Report : c'est le dernier degré de la paranoïa.

Autre phénomène récurrent : ces hommes opposent leur compagne (qu'ils condamnent) et leur mère (qu'ils idéalisent)...
M.P. : C'est vrai, ils disent pour beaucoup "du temps de ma mère, c'était tellement bien". Il y a cette idée d'un "c'était mieux avant" qui rentre en résonance avec leur présent d'hommes condamnés - car bien souvent la graine de la violence a émergé durant l'enfance, à travers l'éducation. C'est d'ailleurs Liliane Daligand, cette psychiatre experte dans le sujet (autrice des livres Les violences conjugales et Violences conjugales en guise d'amour), qui a fait le parallèle entre une mère déifiée, presque sans défaut, et une épouse qui "ne fera jamais aussi bien"...

Cela démontre aussi à quel point ces hommes violents sont très immatures, ils ne tirent pas forcément une jouissance de leurs manipulations, on est pas toujours dans le Mon Roi de Maïwenn - qui dépeint un homme charismatique, jouisseur, intelligent dans sa manière perverse d'exercer sa violence.

"Nos pères nos frères nos amis", ou quand Mathieu Palain s'inscrute dans un groupe de parole pour hommes coupables de violences conjugales.
"Nos pères nos frères nos amis", ou quand Mathieu Palain s'inscrute dans un groupe de parole pour hommes coupables de violences conjugales.
Cette concertation vous confronte à un enjeu qui concerne tout le monde : les rapports de domination.
M.P. : Ces rapports sont à l'oeuvre tout le temps, d'où le titre englobant de cette enquête : nos pères, nos frères, nos amis. C'est ce qui fait qu'un couple va être envenimé par la violence. L'homme va avoir tendance à se placer en chef de famille qui a le dernier mot, va asseoir son autorité. Très vite, le sujet initial de la dispute, quand il y a dispute, importe peu : il s'agit avant tout de savoir qui va gagner le combat sur l'autre. Un rapport de force qui tourne très souvent à l'avantage de l'homme.

Et tout cela s'explique par un héritage de siècles de domination masculine. Les hommes se sont construits sur des clichés concernant ce que doit être un mec, autrement dit un modèle de virilité (ne pas pleurer, garder ses émotions en soi, être mutique), mais aussi sur ce que doit être une "bonne" femme. Des modèles qui au final bâtissent des blocs incapables de réagir correctement lorsqu'ils sont confrontés à ce qu'ils perçoivent comme de l'humiliation, du manque de respect, de l'insulte et du mépris.

La réaction majoritaire, c'est donc la violence. Cela nous renvoie encore aux modèles masculins normalisés depuis des années. Pour certains hommes, c'est très compliqué de comprendre pourquoi leur attitude est condamnable car c'est cette banalisation qui est remise en question. Jamais ils ne se sont sentis menacés à l'idée d'exercer cette violence. L'immense majorité d'entre nous s'est construite sur des stéréotypes.

Enfin, il est nécessaire que la victime bénéficie déjà d'une ordonnance de protection émise par le juge aux affaires familiales. Beaucoup d'étapes à assurer au préalable donc.
Enfin, il est nécessaire que la victime bénéficie déjà d'une ordonnance de protection émise par le juge aux affaires familiales. Beaucoup d'étapes à assurer au préalable donc.
De manière générale, je pense que l'on associe aux auteurs de violences conjugales une représentation naturellement monstrueuse. On considère toujours que "c'est l'autre", que ça ne peut pas être soi, on ne se sent pas concerné face à que l'on perçoit comme de la "déviance". Ces violences ne nous concerneraient pas.

Mon précédent livre, Ne t'arrête pas de courir, racontait l'histoire d'un multirécidiviste qui essayait de changer. J'ai rencontré beaucoup de criminels au cours de mon processus d'écriture. Et quand on rencontre ces gens, on est frappé, et c'est flippant, par leur grande humanité : par le fait qu'ils nous ressemblent en tout point. Un homme sympa et gentil peut être un homme violent. C'est d'ailleurs l'éternel passage obligé des témoignages de voisinage suite à un féminicide : "On tombe des nues, c'était quelqu'un de gentil, qui tenait toujours la porte...".

Le titre de votre livre est une référence à la phrase d'Adèle Haenel, interviewée par Mediapart dans l'émission A l'air libre : "Les monstres, ça n'existe pas, c'est notre société, c'est nous, ce sont nos pères, nos amis". Une prise de parole qui a compté pour vous ?
M.P : Bien sûr. J'étais en train de terminer le montage de ma série en six épisodes sur les violences masculines pour France Culture quand je suis tombé sur cette interview. J'ai trouvé cette prise de parole extrêmement forte et émouvante. Ca se voit qu'Adèle Haenel parlait avec ses tripes sur le plateau. Et ce qu'elle disait résumait toute mon immersion. L'ampleur de la tâche, celle des violences masculines, de ce qu'il fallait faire pour que les hommes changent. Cette phrase, je l'avais ajoutée en signature, à la toute fin de cette série documentaire.

En vous lisant, on s'interroge également sur les solutions. Dans ce livre, vous employez l'expression "réparer un homme violent". Est-ce vraiment le but de ces groupes de parole ?
M.P : Je ne pense pas qu'il soit possible de "réparer un homme violent" en fait, comme on réparerait une lampe cassée. Un terme très à propos à l'heure où l'on parle beaucoup de "déconstruction". Mais ce n'est parce que je ne relate pas beaucoup de prises de conscience que ces groupes ne servent à rien.

C'est un dispositif qui ne prétend pas résoudre un problème beaucoup plus vaste. C'est très compliqué de changer quelqu'un, particulièrement quand cette personne a quarante, cinquante ans, pour certains, plus.

Sur le même sujet, vous posez une question encore plus pragmatique : "Comment faire pour que les hommes cessent de frapper ?". Cela fait penser à ce fameux mot d'ordre féministe lancé sur Twitter : "Comment faire pour que les hommes cessent de violer ?". Quel est votre point de vue là-dessus ?
M.P : Oui, cette formulation s'y réfère évidemment. Personnellement, j'ai foi en la propension des hommes, de l'être humain, à changer. On est dans une société qui a décidé depuis maintenant 41 ans d'abolir la peine de mort. C'est signe d'une conviction, celle de la réintégration de ceux qui ont purgé leur peine.

Ces hommes violents à mon sens ne sont pas foutus. Ils doivent engager un travail sur eux-mêmes. C'est là que tout se joue, là, et dans la nécessité de couper le cycle de la violence, en transmettant à nos enfants d'autres valeurs. C'est là que le "Comment faire" devient un "Qu'est-ce qu'on peut faire, nous tous ?".

Toute cette réflexion me fait d'ailleurs penser au titre de cet essai, republié chez Divergences, de l'autrice afroféministe bell hooks : La volonté de changer.

Nos pères, nos frères, nos amis, par Mathieu Palain, Editions Les arènes, 250 p.


https://www.terrafemina.com/article/violences-conjugales-mathieu-palain-s-est-immerge-avec-des-hommes-violents-et-temoigne_a368117/1

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Lorsque les femmes débarquent dans un métier, les hommes fuient

2 Février 2023, 06:25am

Publié par hugo

 Lorsque les femmes débarquent dans un métier, les hommes fuient
Publié le Jeudi 26 Janvier 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Lorsque les femmes débarquent dans un métier, les hommes fuient
La mixité ferait-elle peur à ces messieurs au sein du monde du travail ? Une nouvelle étude étonnante de l'Université de Zurich le suggère volontiers.
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"Les Fugitives", l'enquête captivante sur ces femmes qui fuient l'Arabie saoudite
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L'égalité professionnelle est-elle réellement possible ? La question se pose à l'évocation de disparités qui persistent, du manque de considération dont peuvent faire état les métiers dits "féminisés" à la réalité des inégalités salariales - les salaires des femmes sont inférieurs en moyenne de 22% à ceux des hommes, d'après les chiffres de l'Insee. Et même lorsque les professions affichent une certaine mixité... cela poserait souci.

C'est en tout cas ce dont témoigne une nouvelle étude étonnante de l'Université de Zurich, qui révèle que les hommes auraient tendance à déserter les professions occupées en majorité par des femmes. Les résultats de cette recherche minutieuse publiée dans la revue Social Networks, puisant dans des données issues du marché du travail britannique, est éloquente en ce sens : les hommes sont deux fois plus susceptibles de quitter une profession à 75 % "féminisée", que de quitter un métier qui ne le serait qu'à 25 %.

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Mais pourquoi ?

Du sexisme volontaire ?
Selon le professeur de sociologie zurichois Per Block, cité par Le Temps, ces résultats témoigneraient d'une "résistance à la mixité" du côté de ces messieurs, qui choisiraient de partir, ou de rester, au sein d'une profession donnée, en se basant notamment sur l'image genrée qui en est rendue dans la société.

Les métiers du soin par exemple, auxquels on attribue des valeurs dites "féminines" dans l'inconscient collectif, en seraient la démonstration. Car comme le décrit le professeur de sociologie : "La profession infirmière a tendance à être décrite avec des attributs féminins stéréotypés : social, empathique, attentionné".

En somme, achève l'étude, "les attributs spécifiques à l'emploi (tels que les salaires, la flexibilité ou les caractéristiques de l'emploi)" ne suffisent pas à expliquer les changements d'emploi. Mais cette résistance évidente à la mixité, développe Per Block, peut aussi bien se faire "consciemment qu'inconsciemment".


https://www.terrafemina.com/article/travail-lorsque-les-femmes-debarquent-dans-un-metier-les-hommes-fuient_a368051/1

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Le Sénat se prononce en faveur de la constitutionnalisation de l’IVG

2 Février 2023, 05:51am

Publié par hugo

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SOCIÉTÉ
Le Sénat se prononce en faveur de la constitutionnalisation de l’IVG
Marie-Stéphanie Servos 01 fév 2023

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Mercredi soir, le Sénat, en majorité à droite, a adopté en première lecture l’inscription dans la Constitution de la « liberté de la femme » de recourir à l’IVG.
C’était un vote particulièrement attendu. Par 166 voix contre 152, mercredi 1e février, le Sénat, à majorité à droite, a voté l’inscription dans la Constitution de la « liberté de la femme » de recourir à l’IVG, une formulation qui abandonne cependant la notion de « droit » souhaitée initialement par la gauche.

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À lire aussi : L’accès à l’IVG est loin d’être acquis dans les campagnes françaises

« Liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse »
Ce changement de formulation fait suite au dépôt, vendredi dernier, d’un amendement porté par le sénateur Les Républicains Philippe Bas, pour réécrire totalement la proposition de loi. Initialement, le texte voté par les députés en novembre dernier prévoyait : « La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse. » Un texte jugé « mal rédigé » par Philippe Bas lors de son examen en commission, excluant une adoption totale dans ces conditions. Le sénateur LR avait proposé de compléter l’article 34 de la Constitution avec la formulation suivante : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse. »

Il semble que cette nouvelle formulation ait permis l’adoption du texte par les sénateurs.

À lire aussi : 81% des Français sont favorables à l’inscription de l’IVG dans la constitution, même les électeurs d’extrême droite

« Une victoire historique » pour l’IVG
Dans la foulée du vote, de nombreuses sénatrices et militantes se sont félicitées de l’adoption du texte. Sur Twitter, la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, qui avait porté une première proposition rejetée par le Sénat le 19 octobre dernier s’est satisfaite : « C’est une victoire historique ! (…) Il n’y a plus de débat sur la nécessité de le faire, seulement des discussions à poursuivre sur comment le rédiger ».

De son côté, l’ancienne ministre et actuelle sénatrice socialiste de l’Oise Laurence Rossignol a estimé que l’adoption de ce texte était un « pas en avant vers la constitutionnalisation de l’IVG ».


De son côté, la présidente de la Fondation des Femmes s’est questionnée sur les différentes options existantes suite à un tel vote : « soit Emmanuel Macron entend le voeux de 80% des français.e.s de la majorité des deux chambres qui sont favorables à l’IVG et prend en main le sujet et formule un projet de loi constitutionnelle // soit ça revient à l’assemblée puis référendum ».

Le texte devrait poursuivre sa navette parlementaire et retourner à l’Assemblée nationale.


https://www.madmoizelle.com/le-senat-se-prononce-en-faveur-de-la-constitutionnalisation-de-livg-1490227

Le Sénat se prononce en faveur de la constitutionnalisation de l'IVG - Madmoizelle

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