Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

Pourquoi la loi espagnole sur le consentement explicite est un échec

15 Février 2023, 01:40am

Publié par hugo

 Entrée en vigueur en octobre dernier, une loi espagnole a permis involontairement des réductions de peine pour certains coupables de délits sexuels.
SOCIÉTÉ
Pourquoi la loi espagnole sur le consentement explicite est un échec
Elisa Covo
 13 février 2023 à 14h08
  2

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Entrée en vigueur en octobre dernier, une loi espagnole a permis involontairement des réductions de peine pour certains coupables de délits sexuels.
Elle avait été accueillie comme une petite révolution. La loi de « garantie intégrale de liberté sexuelle », surnommée la loi du « seul un oui est un oui (solo sí es sí ) », était une des mesures phares du mandat de Pédros Sanchez, président du gouvernement espagnol depuis juin 2018, à la tête d’une fragile coalition des gauches. Entrée en vigueur en octobre 2022, cette loi, reçue comme une percée majeure pour les droits des femmes en Espagne, avait pour objectif de replacer le consentement explicite au cœur de la définition des délits sexuels. En clair : un rapport sexuel où le consentement n’aurait pas été clairement verbalisé par chaque parti peut à présent être considéré comme une agression sexuelle, voire un viol. Une avancée de taille, donc, puisque avant cela, il incombait à la victime de démonter qu’il y avait eu violence ou intimidation pour faire reconnaître son viol.


Pour comprendre l’origine de cette loi, il faut revenir en 2016. L’affaire de « La Manada » [La meute en français, NDLR] bouleverse alors le pays. Cinq sevillans sont accusés d’avoir violé une jeune femme de 18 ans lors des fêtes de San Fermin, à Pampelune. La justice n’est pas du même avis : deux tribunaux considèrent d’abord qu’il s’agit d’abus sexuel. Ces décisions provoquent alors une vague de manifestations à travers le pays. Une mobilisation qui ne sera pas vaine : le Tribunal suprême reconnaît en 2019 qu’il y a bien eu viol et condamne les coupables à 15 ans de prison.

À lire aussi : IVG, congé menstruel… l’Espagne se dote d’une loi précurseuse pour les droits des femmes

Un texte à double tranchant
C’est donc dans le sillon de cette affaire que la loi « seul un oui est un oui » naît. L’idée ? Éviter une deuxième « Manada » en durcissant les sanctions pour délits sexuels. 

Pourtant, un article du quotidien national El Pais, publié le 12 février 2023, révèle que la loi aurait également permis des réductions de peine : 46 personnes ayant commis des agressions sexuelles, soit un peu plus d’1% des 3900 détenus incarcérés pour ce type de délits, auraient ainsi bénéficié d’un aménagement de peine après son entrée en vigueur, en octobre dernier.

Le journal révèle également que parmi les 1479 décisions de justices révisées à la demande des avocats, et en application de la loi, 489 réductions de peine ont été accordées. 


Un problème de définition ?
D’où vient ce dysfonctionnement ? Le texte de loi fusionne les notions d’abus sexuel et d’agression sexuelle (qui vont jusqu’au viol). Une modification qui, comme l’expliquent nos confrères de Médiapart, « fait disparaitre du Code pénal le délit d’abus sexuel. Cela entraîne, en toute logique, une fourchette de peines plus large pour le délit d’agression, puisque ce délit recouvre désormais un éventail de faits plus variés. Dans le cas des agressions avec pénétration (des viols dans le droit français), la fourchette passe ainsi de peines de 6 à 12 ans de prison, à des peines de 4 à 12 ans, avec l’option de faire jouer davantage de circonstances atténuantes ou aggravantes ». Le site espagnol InfoLibre, repris par Médiapart, détaille les implications concrètes d’un tel changement des textes : « un agresseur qui avait été condamné à la peine minimale sur la base du Code pénal antérieur à la réforme pourra bénéficier d’une réduction de sa peine, puisque la peine minimale [pour une agression] est désormais inférieure, depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi ».

À lire aussi : En Espagne, une mère solo va pouvoir cumuler son congé maternité et paternité

Une loi qui fragilise la gauche
Décrite par beaucoup comme un fiasco, cette loi cristallise bon nombre de tensions au sein de la coalition des gauches, à seulement quelques mois des élections générales qui se tiendront en Espagne en décembre prochain. Alors que le gouvernement a annoncé vouloir « corriger cette loi, sans nourrir la polémique », la gauche peine à se mettre d’accord sur les contours qu’une telle révision pourrait prendre. D’un côté, le parti socialiste appelle au durcissement des peines, de l’autre, le parti Podemos affirme qu’un tel durcissement consisterait en un retour en arrière, car il reviendrait à réintroduire le fait de devoir prouver l’intimidation ou la violence pour faire reconnaître un viol. Un climat d’instabilité qui pourrait bien laisser une voie royale pour la droite en décembre prochain…


https://www.madmoizelle.com/pourquoi-la-loi-espagnole-sur-le-consentement-explicite-est-un-echec-1493951

Voir les commentaires

C’est quoi l’arpentage, cette pratique de lecture qui fait de plus en plus d’adeptes parmi les féministes ?

15 Février 2023, 01:35am

Publié par hugo

 pexels-rahul-shah-1031588
LIVRES
C’est quoi l’arpentage, cette pratique de lecture qui fait de plus en plus d’adeptes parmi les féministes ?
Cécile Massin
 12 février 2023 à 18h30
  9

MADMOIZELLE  POP CULTURE  LIVRES
Issu de la culture ouvrière, l’arpentage est pratiqué par un nombre croissant de militants et militantes féministes. Pour beaucoup, cette pratique de lecture collective constitue un outil d’accès au savoir pour tous, mais aussi un vecteur d’échanges intimes et politiques.
Peu connue du grand public, la pratique de l’arpentage est pourtant relativement simple. Née dans les cercles ouvriers à la fin du 19ème siècle, elle consiste dans la lecture collective d’un même ouvrage par un petit groupe de personnes. À l’origine, le procédé à suivre est défini comme suit : il s’agit de découper l’ouvrage choisi en autant de parties que de personnes présentes, qui liront ensuite chacune de leur côté la partie qui leur a été attribuée avant de procéder à une mise en commun de leurs impressions et réflexions.

ACTUALITÉ DES MARQUES

Petit Navire : pour une aquaculture responsable

En savoir +
100% de ses volumes de Saumons Fumés de Norvège sont labellisés ASC.

Inspired by
Désacraliser l’objet-livre et ouvrir la culture à toutes les classes
À l’époque, l’objectif est de ne pas laisser le savoir aux seules mains des classes dominantes, mais aussi d’accéder à la connaissance à moindres frais tout en désacralisant l’objet-livre. Des buts que les associations d’éducation populaire continuent à poursuivre aujourd’hui, en participant activement à la diffusion de l’arpentage comme outil éducatif et militant. « L’arpentage est un outil précieux car il fait partie des rares espaces qui sont construits à l’horizontal, débute Nicolas Da Silva Tomé, coordinateur et formateur au sein de l’association d’éducation populaire Ressources Alternatives. Il n’y a pas une personne qui délivre son savoir et les autres qui écoutent. Au contraire, dans une session d’arpentage, chaque participant est vraiment invité à décrire ce qu’il a compris de son passage et ce à quoi sa lecture fait écho chez lui en fonction de ses expériences personnelles« , abonde-t-il.

À lire aussi : Rentrée littéraire d’hiver : 3 romans à lire absolument

Des ouvrages à la fois intimes et politiques
Une façon d’appréhender la lecture qui séduit de plus en plus de militants et militantes féministes, parmi lesquels Clémence Schilder. Travailleuse sociale, Clémence tient également un compte Instagram (@penserlemondee) sur lequel elle partage ses recommandations de lecture. « Ça faisait longtemps que je voulais mettre en place des ateliers de lecture pour aborder des ouvrages à la fois intimes et politiques, mais je me posais la question de l’accessibilité, explique-t-elle. Je trouvais que le livre restait un marqueur social fort et ça me gênait.« 


Lorsqu’elle découvre la pratique de l’arpentage, celle-ci lui plaît immédiatement : « J’ai tout de suite été attirée par le fait de devoir découper le livre. Symboliquement, c’est très puissant, soutient la jeune femme. J’aime aussi le fait que ça permette de toucher un public qui n’est pas forcément à l’aise avec la lecture, et puis que ce soit une pratique née du milieu ouvrier.« 

Récemment, Clémence a animé deux ateliers : le premier avec un groupe d’amis autour de Sortir de l’hétérosexualité du militant queer Juliet Drouar et le second après avoir lancé un appel à participation sur les réseaux sociaux pour arpenter Balance ton corps de l’afroféministe Bebe Melkor-Kadior. Chaque arpentage s’est déroulé en petit comité, auprès d’un public composé de six à huit personnes. « Ça aide de ne pas être beaucoup, surtout pour des gens comme moi qui ne sont pas à l’aise dans les grands groupes », développe-t-elle. Et de renchérir : « J’ai aussi opté pour des sessions en non-mixité afin de créer des références communes chez des gens qui partagent déjà des valeurs et des expériences en commun.« 

À lire aussi : Pourquoi les féministes d’aujourd’hui doivent redécouvrir l’oeuvre radicale de Monique Wittig

De l’arpentage au cercle de parole
Qu’elles aient ou non lieu en non-mixité, le succès des séances d’arpentage dans les milieux féministes est loin d’être anodin, selon Elvire Duvelle-Charles : « On est liées par des questionnements et des valeurs qui nous traversent, et autour desquels on a besoin d’échanger, témoigne l’activiste, journaliste et réalisatrice, à la tête du compte Instagram à succès @clitrevolution. Et pour ça, les livres constituent un très bon point de départ.”


Chaque dernier dimanche du mois, cette dernière organise ainsi une séance d’arpentage en ligne pour une dizaine de ses abonnées qui la suivent et la soutiennent via la plateforme de financement participatif Patreon. Pendant deux heures, toutes se retrouvent pour lire ensemble et échanger à propos d’ouvrages comme Cher connard de Virginie Despentes, Beauté fatale de Mona Chollet, All about love de bell hooks ou encore Backlash de Susan Faludi, qu’elles arpentent sur plusieurs séances au vu de la taille de l’ouvrage. « À tour de rôle, on restitue la partie qu’on a lue, mais il y a toujours des écarts où on aborde des articles qu’on a lus, des podcasts qu’on a écoutés, et puis des choses qu’on a vécues…« , jusqu’à rendre parfois poreuse la frontière avec un cercle de parole. « Avec certaines, ça fait plus d’un an qu’on échange, donc on se voit vraiment évoluer. On peut poser nos questions en toute confiance, donner notre avis ou parler de nos vécus sans avoir peur.”

Pour « une pratique habituelle » de l’arpentage
De quoi donner envie à certains et certaines, comme Aurélie Olivier, de continuer à diffuser la pratique de l’arpentage auprès du plus grand nombre. Directrice de l’association Littérature, etc., celle-ci anime régulièrement des séances d’arpentage autour d’œuvres littéraires écrites par des femmes, afin de pallier « le manque criant de modèles féminins dans la littérature« . Pour le dernier arpentage de la saison, le rendez-vous était donné à Paris le 19 novembre, à la découverte de l’œuvre de l’autrice canadienne Nelly Arcan. Côté lyonnais, la librairie La Gryffe accueillait quant à elle le 22 novembre un arpentage autour de l’ouvrage collectif Nous vous écrivons depuis la révolution : Récits de femmes internationalistes au Rojava. Sans compter les divers collectifs militants, associations ou encore professeur·es qui organisent des arpentages sur leurs territoires respectifs. Et puis, pour la suite, « on pourrait imaginer que l’arpentage devienne une pratique habituelle, sourit Elvire Duvelle-Charles. Moi je suis sur le féminisme, mais on pourrait travailler sur plein d’autres thématiques, arpenter des ouvrages entre amis comme entre collègues comme ça se fait parfois… Tout pourrait être faisable.« 


https://www.madmoizelle.com/cest-quoi-larpentage-cette-pratique-de-lecture-qui-fait-de-plus-en-plus-dadeptes-parmi-les-feministes-1487879

Voir les commentaires

Transphobie : 5 dates clés pour comprendre la polémique autour de J.K Rowling, de 2018 à 2023

15 Février 2023, 01:27am

Publié par hugo

 jk-rowling-interview-BBC
POP CULTURE
Transphobie : 5 dates clés pour comprendre la polémique autour de J.K Rowling, de 2018 à 2023
La Rédaction
 12 février 2023 à 14h30
  53

MADMOIZELLE  POP CULTURE
Le 10 février 2023 marque la sortie du jeu vidéo Hogwarts Legacy qui fait l’objet de nombreux appels au boycott de la part de personnes dénonçant la transphobie de J.K Rowling. Voici les dates clés pour tout comprendre de la polémique provoquée par la créatrice de Harry Potter.
Ça y est : ce vendredi 10 février, Hogwarts Legacy est sorti. Depuis des mois, les créateurs de ce jeu vidéo immergé dans l’univers de Harry Potter sont très clairs : l’autrice de la saga, J.K. Rowling, n’a pas été impliquée dans la création du jeu.

ACTUALITÉ DES MARQUES
HILL’S, LA NUTRITION GRÂCE À LA SCIENCE

Découvrir
Avec Hill’s, vous offrez à votre chien/chat une nutrition adaptée en fonction de son âge, de sa taille et de son poids.

Inspired by
Pourtant, par les thèmes qu’il aborde, par les appels au boycott dont il est l’objet, mais aussi parce qu’il met en valeur un monde imaginé par une écrivaine accusée de transphobie et d’antisémitisme, Hogwarts Legacy cristallise de nombreuses polémiques entourant J.K Rowling.

À travers un récapitulatif étendu sur ces cinq dernières années, Madmoizelle vous propose de faire le point sur une autrice devenue porte-parole d’une idéologie transphobe.

Comprendre le problème avec J.K Rowling en cinq dates clés
j-k-rowling
© creative commons
19 mars 2018 : J.K Rowling like « par accident » un tweet transphobe
Tout a commencé en mars 2018, lorsque J.K Rowling a liké un tweet dont l’autrice affirmait être victime de misogynie au Parlement britannique, contrairement aux femmes transgenres. L’utilisatrice avait alors nommé ces dernières des « hommes en robes », niant ainsi leur identité de genre.


Accusée de transphobie, J.K Rowling s’était alors défendue en déclarant avoir liké le tweet par erreur, pensant avoir fait une capture d’écran. L’autrice a affirmé qu’elle était alors à la recherche de ressources afin de s’informer sur les gender studies.

jk rowling tweet transphobe
19 décembre 2019 : J.K. Rowling apporte un soutien public à Maya Forstater, une femme transphobe
En 2019, J.K Rowling est passée à la vitesse supérieure dans l’affirmation d’une idéologie transphobe. Sur Twitter, l’écrivaine est revenue sur l’affaire Maya Forstater, une chercheuse estimant avoir été licenciée d’une association de lutte contre la précarité à cause de ses positions transphobes, explicitement affichées. J.K Rowling lui avait alors apporté un soutien public dans un tweet :

« Habillez-vous comme vous le souhaitez. Appelez-vous comme bon vous semble. Couchez avec n’importe quel adulte consentant. Vivez votre meilleure vie dans la paix et la sécurité. Mais forcer les femmes à quitter leur travail pour avoir maintenu que le sexe est réel ? »


6 juin 2020 : « Fammes ? Fommes ? Fimmes ? » : J.K Rowling poste des tweets transphobes
En 2020, J.K Rowling s’est de nouveau retrouvée au cœur d’une vive polémique, après avoir réagi à un article intitulé « Opinion : créer un monde post-Covid-19 plus égalitaire pour les personnes à menstruations ». Ironisant sur cette formule inclusive, qu’elle accuse d’invisibiliser les femmes cis genre, J.K Rowling avait alors publié un nouveau tweet transphobe :


« Les personnes qui ont leurs règles ». Je suis sûre qu’on avait un mot pour désigner ces personnes, avant. Que quelqu’un m’aide. Fammes ? Fommes ? Fimmes ?


Dans la foulée, l’autrice avait publié une série de tweets niant le ressenti et le vécu des personnes trans, développant une rhétorique profondément transphobe, tout en affirmant ne pas l’être :

« Si le sexe n’est pas une réalité, alors il n’y a pas d’attirance pour les personnes de même sexe. Si le sexe n’est pas une réalité, alors ce que vivent réellement les femmes à travers le monde est effacé. Je connais et j’aime des personnes trans, mais effacer le concept de sexe retire à beaucoup la capacité de discuter vraiment de leurs expériences. Dire la vérité, ce n’est pas tenir un discours de haine.

L’idée que des femmes comme moi, qui sont en empathie avec les personnes trans depuis des décennies, qui se sentent connectées à elles parce qu’elles partagent une vulnérabilité en tant que femmes (vulnérabilité face à la violence masculine), « haïssent » les personnes trans parce qu’elles estiment que le sexe est une réalité et a des conséquences sur nos vies… c’est un non-sens.

Je respecte le droit de toute personne trans à vivre sa vie de la façon qui lui paraît la plus sincère et confortable. Je manifesterais à vos côtés si vous étiez victime de discrimination à cause de votre transidentité. Et en même temps, ma vie a été façonnée par le fait que je suis de sexe féminin. Je ne pense pas que ce soit « haineux » de dire ça. »

La publication de ce thread avait entraîné la prise de parole des stars de la franchise Harry Potter. Daniel Radcliffe avait apporté son soutien à la communauté queer avec un billet mis en ligne sur le site du Trevor Project, une association de soutien aux personnes LGBTQI+.


harry-potter-reunion-20-ans
© Warner Bros
5 mars 2022 : J.K Rowling s’oppose à un projet de loi de réforme soutenant les personnes trans en Écosse
En mars 2022, J.K Rowling s’est une nouvelle fois attaquée aux personnes transgenres, en militant cette fois contre la progression de leurs droits en Écosse. En réponse à un projet de loi visant à simplifier le processus de changement de genre à l’État civil porté par la première ministre écossaise Nicola Sturgeon, la romancière s’est exprimée sur Twitter, niant une nouvelle fois l’identité de genre des femmes trans :

« La loi que Nicola Sturgeon tente de faire adopter en Écosse nuira aux femmes les plus vulnérables de la société : celles qui cherchent de l’aide après des violences ou des viols commis par des hommes ainsi que des femmes incarcérées. Les statistiques montrent que les femmes emprisonnées sont déjà beaucoup plus susceptibles d’avoir déjà été maltraitées. »

10 février 2023 : de nombreux appels au boycott entourent la sortie de Hoghwarts Legacy
Quand des spécialistes du jeu vidéo appellent au boycott
Dans une vidéo cumulant plus de deux millions de vues sur les réseaux sociaux, le streamer et ancien employé de studios de jeux vidéo Will Overgard a invité ses « amis et collègues » à « ne pas soutenir » Hogwarts Legacy. Cet appel au boycott implique notamment de ne pas acheter Hogwarts Legacy et de ne pas créer de contenu streaming ou YouTube autour du jeu. « Il ne s’agit pas de savoir si ce jeu a du contenu répréhensible – mais de se dire que soutenir ce jeu valide en quelque sorte les positions très très douteuses (de J. K. Rowling) » a expliqué le streameur, connu sous le nom de VikingBlonde.


hogwarts-legacy-harry-potter-sortie
© Warner Bros
Cet appel au boycott est également d’actualité en France. Sur Twitter, Gamekult, un site web français spécialisé dans le jeu vidéo a annoncé son refus de « donner un écho à une marque dont le poids économique et médiatique profite à une femme érigée en figure de proue d’un mouvement de haine. Une femme dont l’activisme vise au recul des droits des personnes trans déjà constamment déshumanisées. »

Un personnage transgenre vivement critiqué
Pour donner un aspect plus inclusif au jeu, Hogwarts Legacy marque l’arrivée du premier personnage transgenre dans l’univers Harry Potter. Mais, d’après les premiers témoignages, le personnage de Sirona Ryan ne serait que très peu présent et occuperait un rôle de second plan dans l’aventure. Il s’agirait par ailleurs d’un personnage non-joueur – le joueur ne pourra donc pas le contrôler.


hoghwarts legacy
© Warner Bros
Le scepticisme du public a également été justifié par le nom du personnage. Sur Twitter, la journaliste Laura Kate Dale, spécialisée dans les liens entre transidentité et jeux vidéos, a accusé les créateurs du jeu d’avoir donné un nom stéréotypé au personnage :

« Lol. Bien sûr ils ont donné au personnage trans un nom commençant par Sir et se terminant par un nom masculin genré. C’est un tel trope des conventions d’appellation des personnages trans dans les médias. »


Fan d’Harry Potter, mais en lutte contre la transphobie ? Les réflexions éclairantes de Lexie
Acheter et jouer à Hogwarts Legacy, est-ce soutenir J.K Rowling ? Est-ce valider, de manière tacite, une idéologie transphobe ? Faut-il renoncer à un univers imaginaire qui nous a par ailleurs aidés à nous construire et nous passionne pour lutter contre cette idéologie discriminante et mortifère ?


Dans un post Instagram, la militante féministe et trans Lexie a apporté des pistes de réponse particulièrement riches et précieuses face à ces questionnements complexes liés à la transidentité, à l’influence de la culture et du soft power d’une autrice parmi les plus influentes du monde. Tout en rendant hommage à certaines figures féministes et progressistes de l’univers Harry Potter, comme Hermione Granger, Tonk ou encore Luna, Lexie a expliqué :

« Les militantes féministes ont réussi à amener dans l’espace publique l’idée qu’un artiste ne peut pas être dissocié de ses créations et des biais violents ou discriminants que ses œuvres diffusent.

J.K Rowling ne doit pas être l’exception parce qu’elle est une femme. Ses idées transphobes, sa vision hétéro traditionnaliste des femmes, des relents antisémites, une construction réductrice et raciste des personnages non blancs, un système suprémaciste aidé par des institutions politiques… Tout ça c’est aussi dans son oeuvre littéraire, pas que des tweets sur le côté. »


https://www.madmoizelle.com/j-k-rowling-1492575

Voir les commentaires

Les droits des femmes peuvent-ils se lire sur leurs vêtements ? Cette expo l’illustre

15 Février 2023, 01:22am

Publié par hugo

 ACTUALITÉ MODE
Les droits des femmes peuvent-ils se lire sur leurs vêtements ? Cette expo l’illustre
Anthony Vincent
 12 février 2023 à 08h30

MADMOIZELLE  MODE  ACTUALITÉ MODE
Du 26 janvier au 25 mars 2023, la galerie Roger-Viollet à Paris présente gratuitement l’exposition « Une histoire photographique des femmes au XXe siècle ». Des clichés qui en disent long sur l’évolution de leurs droits, mais aussi de leur vestiaire.
L’histoire de l’évolution des droits des femmes n’a rien de linéaire, comme l’a si justement rappelé Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Et de façon pas si surprenante, on peut deviner un peu de cette évolution des droits à travers le vestiaire des femmes au fil des décennies, comme l’illustre l’exposition « Une histoire photographique des femmes au XXe siècle », du 26 janvier au 25 mars 2023 à la galerie Roger-Viollet (6 Rue de Seine, 75006 Paris).

ACTUALITÉ DES MARQUES
HILL’S, LA NUTRITION GRÂCE À LA SCIENCE

Découvrir
Avec Hill’s, vous offrez à votre chien/chat une nutrition adaptée en fonction de son âge, de sa taille et de son poids.

Inspired by

L’expo gratuite à Paris « Une histoire photographique des femmes au XXe siècle »
La Galerie Roger-Viollet expose en effet une sélection de 86 tirages qui retracent en filigrane une partie de l’évolution des droits des femmes. On les voit au début du siècle passer du bras de leur père à ce lui de leur mari. Faute de quoi, elles subissent la fête de la Sainte-Catherine le 25 novembre (l’occasion pour les femmes d’au moins 25 ans encore célibataires de prier pour avoir un mari). Sur les clichés, on devine qui sont les plus riches à leur parure et leur oisiveté, et les plus pauvres par leur labeur comme domestique, à la ferme ou à l’usine. On voit également pointer les suffragettes pour réclamer et obtenir le droit de vote. Puis, le sport s’ouvre aux femmes, d’abord par les bains de mer, mais également sur les courts de tennis.


Comme un cours d’histoire illustré, du noir et blanc aux couleurs, du statut d’éternelle mineure à celui de femme émancipée, l’exposition permet de réviser les luttes féministes. Et de se rappeler combien ces droits s’avèrent récents. Enfin, pour les personnes intéressées qui ne pourraient pas faire le déplacement, les photographies se trouvent par ailleurs dans l’ouvrage Une histoire photographique des femmes au XXe siècle paru aux éditions Gründ.

Histoire-photographique-des-femmes-au-XXe-siecle
Une histoire photographique des femmes au XXe siècle, d’Agnès Grossmann, aux éditions Gründ, 37,95 € les 256 pages illustrées.

Exposition gratuite « Une histoire photographique des femmes au XXe siècle », du 26 janvier au 25 mars 2023 à la galerie Roger-Viollet (6 Rue de Seine, 75006 Paris).

Crédit photo de Une : Guerre 1914-1918. « Expertes mécaniciennes, des femmes conduisent les autos de l’hôpital canadien ». Jeunes filles engagées pour transporter les blessés de la Croix-Rouge canadienne. Paris, février 1917. Photo Excelsior. / Couverture du livre : Reportage pour la revue Fémina. Côte d’Azur, 1933-1935. Photo Boris Lipnitzki. / Événements de mai-juin 68. Une manifestante brandit un drapeau rouge durant une manifestation de la C.G.T., place de la Bastille. Paris, 29 mai 1968. Photo Janine Niepce.

L'affiliation sur Madmoizelle
Cet article contient des liens affiliés : toute commande passée via ces liens contribue au financement de Madmoizelle. Pour en savoir plus, cliquez ici.


https://www.madmoizelle.com/les-droits-des-femmes-peuvent-ils-se-lire-sur-leurs-vetements-cette-expo-lillustre-1493657

Voir les commentaires

« Techno Féminisme : Comment le numérique aggrave les inégalités » : Rencontre avec Mathilde Saliou

15 Février 2023, 01:14am

Publié par hugo

 Rencontre avec Mathilde Saliou, autrice de « Techno Féminisme »
SOCIÉTÉ
« Techno Féminisme : Comment le numérique aggrave les inégalités » : Rencontre avec Mathilde Saliou
Elisa Covo
 11 février 2023 à 17h30

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Dans un ouvrage percutant, la journaliste Mathilde Saliou revient sur les inégalités qui régissent l’espace numérique. Décryptage.
Algorithmes biaisés, violence numérique, exclusion des femmes de l’histoire du numérique : dans son ouvrage « Techno Féminisme », qui paraîtra le 15 février aux Éditions Grasset, la journaliste Mathilde Saliou revient sur les mécanismes discriminants qui structurent le monde virtuel… jusqu’à infiltrer notre quotidien.


Interview de Mathilde Saliou, autrice de « Techno Féminisme »
Madmoizelle. Les femmes ont longtemps été occultées de l’histoire de l’informatique et des nouvelles technologies. Comment l’expliquer ?
Mathilde Saliou. C’est un processus que l’on observe fréquemment dans la manière dont on (ré)écrit l’histoire. On se concentre sur certains profils qui captent davantage la lumière, et ce sont souvent des profils masculins. Dans la tech, un des mythes les plus tenaces est celui du génie, comme en art. Par exemple, on présente souvent Steve Jobs comme un génie de la technologie et du marketing. Mais cet attrait pour la figure du génie jette dans l’ombre toutes les petites mains qui ont permis d’arriver à la découverte. C’est assez parlant quand on regarde la programmation : c’est le travail invisible de l’informatique. On ne voit pas toutes les personnes qui ont travaillé dans l’ombre, donc on les oublie. 

Pourtant, vous montrez dans votre ouvrage le rôle essentiel qu’ont joué les programmatrices et ordinatrices…
En effet. Au début de la Seconde Guerre mondiale, et dans les 20-30 ans qui ont suivi, la tech et l’informatique n’étaient pas des industries aussi formalisées qu’aujourd’hui. Il y avait un certain « flou artistique » qui a permis d’aller à l’encontre de certains schémas récurrents, et donc de garder des femmes dans ces secteurs, de leur donner des rôles importants dans le développement de gros outils et langages, devenus essentiels pour l’industrie entière. Mais, dans les années 70-80, de nombreuses entreprises ont commencé à comprendre que les outils informatiques pouvaient les aider à optimiser leurs activités. Pour répondre à un besoin grandissant, on a voulu mieux structurer le secteur numérique, en ouvrant des écoles dédiées, en mettant des hommes à des postes de pouvoir, en recrutant massivement et en développant l’idée que les meilleurs codeurs sont des hommes…


À lire aussi : Écrans et enfants : comment éduquer les jeunes au numérique et à ses risques ?

Vous parlez d’une fracture numérique de genre. De quoi s’agit-il ?
À l’échelle de la planète, les femmes ont moins accès au numérique que les hommes. En 2023, elles sont aussi moins nombreuses à savoir coder, et ne sont à l’origine que d’une part infime des contenus présents en ligne. Un exemple très concret est Wikipédia : l’écrasante majorité des biographies que l’on y retrouve sont celles d’hommes. Et cela s’explique très certainement par le fait que moins de femmes contribuent à enrichir cette encyclopédie. Mais la fracture n’est pas uniquement fondée sur le genre, on retrouve également des disparités économiques, politiques, sociales et ethniques…

Vous montrez que les algorithmes participent aussi à accentuer ces inégalités, ce qui a un impact direct sur l’expérience utilisateur. À quoi est-ce dû ?
Les algorithmes sont entraînés sur du contenu disponible gratuitement en ligne. Donc, si on entraîne un algorithme de reconnaissance du langage sur des morceaux de discussion tels que ceux que l’on retrouve sur certains forums, où les mots sont souvent violents, notamment à l’égard de toutes les minorités, alors l’algorithme ne pourra pas faire la part des choses et pensera que l’on communique ainsi. Si on l’entraîne sur une archive comme Wikipédia, où la part d’hommes est largement supérieure à celle de femmes, alors il pensera qu’il existe une inégalité de base, et il la perpétuera. 


À l’échelle de la planète, les femmes ont moins accès au numérique que les hommes.

Mathilde Saliou
Vous abordez également la question du cyberharcèlement et de la misogynie qui règnent en ligne. Comment expliquer ce sentiment d’impunité qui existe dans l’espace numérique ?
De nombreuses études essaient de l’expliquer : être en ligne revient peut-être pour certains à être dans un jeu vidéo. On n’imagine pas que les gens en face sont plus que de simples avatars. On a aussi l’impression d’être anonyme, ce qui en désinhibe certains. C’est un vrai sujet, dont il faut s’emparer, car cela devient une menace démocratique, qui empêche le débat d’idées et alimente des fractures qui n’ont pas besoin de l’être. Il y a un vrai sujet, notamment pour les femmes, sur le droit à se promener librement dans l’espace numérique.

À lire aussi : 4 personnes sur 10 l’ont déjà subi : voilà la réalité du cyberharcèlement en France

Comment créer un espace numérique plus inclusif ?
Il y a un tout d’abord un travail de sensibilisation au numérique à mener, pour mieux comprendre le fonctionnement de cet espace et les logiques des réseaux sociaux. Cela passe par comprendre les responsabilités qui incombent aux plus gros comptes et à la visibilité dont ils bénéficient. Les personnes qui ont de grosses audiences devraient être plus consciencieuses. Sur l’aspect purement technique, c’est-à-dire comment on désigne ces espaces numériques, il faut instaurer plus de diversités parmi les gens qui programment les machines, pour créer des produits qui fonctionnent bien pour tous. Souvenez-vous de cette application santé commercialisée par Apple, capable des plus belles prouesses, mais oubliant d’inclure un calendrier menstruel… Il faut aussi plus de diversité dans la réflexion, que ce soit au sein de l’industrie numérique, mais aussi à l’échelle de la société : ces débats ne peuvent pas se cantonner au secteur informatique, on a besoin de faire discuter aussi bien les professionnels que le grand public, qui, à terme sera amené à utiliser ces technologies.

Légende image de Une : ThisisEngineering RAEng


https://www.madmoizelle.com/techno-feminisme-comment-le-numerique-aggrave-les-inegalites-rencontre-avec-mathilde-saliou-1493643

Voir les commentaires

« Le code d’honneur, c’est entre les hommes » : être féministe en Corse

15 Février 2023, 01:09am

Publié par hugo

 [Site web] Visuel horizontal Édito (23)
SOCIÉTÉ
« Le code d’honneur, c’est entre les hommes » : être féministe en Corse
Aurore Duval-Thibault
 11 février 2023 à 07h30
  2

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
En juin 2020, le mouvement #MeToo atteint la Corse des mois après la France et le monde entier. Des centaines de personnes descendent dans les rues de Bastia. Parmi elles, Océane, 19 ans et l’île de beauté dans le sang. Portrait de l’une des initiatrices de la vague féministe en Corse.
La première fois qu’elle entre dans la pièce, Océane porte les dernières Converse à la mode, une veste Lacoste et un pantalon beige. Ses yeux rehaussés d’un trait d’eye-liner noir parfaitement dessiné, elle incarne l’image classique d’une lycéenne corse. Sur des chaises, en cercle, une quinzaine de femmes se connaissant plus ou moins sont réunies pour la première édition d’une « prise de parole féministe » organisée un soir de décembre aux alentours de Bastia. Chacune à son tour, les femmes présentes racontent un événement, une énième remarque sexiste, un combat quotidien fatigant, une expérience de sororité, etc. Quand vient son tour, Océane prend doucement la parole et explique sa fatigue militante. Elle n’est pas n’importe qui.


Les deux ans de #IwasCorsica
En juin 2020, la Corse s’apprête à être frappée par le mouvement #MeToo. Tout part d’une conversation privée sur Twitter pour partager le nom d’agresseurs connus, puis les premiers #Iwas (ndlr « j’ai été ») : « C’était assez choquant parce que l’on savait que ça arrivait mais on ne savait pas qu’autant de filles allaient parler », confie Océane, la gorge serrée. Rapidement, le hashtag prend de l’ampleur, au-delà des réseaux sociaux. Pour Océane : « Ce n’est qu’une histoire de plus ». Elle se souvient de Lina, une des instigatrices du mouvement, qui insiste : « Il faut que l’on fasse quelque chose, que l’on sorte dans la rue ».

En à peine une semaine, la manifestation est mise sur pied et rendez-vous est pris : elle partira du Palais de Justice de Bastia le dimanche 21 juin. Une journée remplie d’émotions qu’Océane n’oubliera jamais : « Je me disais, personne ne va venir, on va juste être nous cinq, j’avais peur, puis j’ai eu honte. Et quand j’ai vu les premières personnes arriver, des ami.e.s de loin, des vieux, des jeunes… j’ai eu envie de pleurer, j’étais tellement contente. À la fin, des mères sont même venues nous remercier ». Sa voix déroule cette journée comme si c’était hier. Les slogans ont résonné dans les rues aux murs colorés de Bastia : « Violeurs, on vous voit ; victimes, on vous croit », scandé par des centaines de personnes. Et puis, l’histoire s’est répétée à Ajaccio deux semaines plus tard.

Grandir en tant que femme en Corse
Alors que « Balance ton porc » n’a pas réellement pris racine dans la génération des moins de 25 ans, le groupe de jeunes femmes est largement soutenu dans la société corse, surtout par des femmes. Symboliquement, elles décident quelques jours plus tard de déposer quatorze plaintes à Bastia – sans suite encore aujourd’hui selon les intéressées. La police, Océane connaît. Elle ne compte plus les plaintes déposées ou les victimes accompagnées jusqu’aux portes du commissariat. Féministe depuis toujours, au collège, elle affiche son corps sur les réseaux sociaux avec lesquels elle a grandi. Puis, très tôt, elle subit du cyberharcèlement qui, elle ne le sait pas encore, ne s’arrêtera plus. « Les rumeurs se sont assimilées à mon image sur les réseaux sociaux », raconte Océane de manière fataliste.


Quand elle est agressée en 2018, tout le monde en parle : « Les agresseurs se sont vantés, et des gens à Bastia se sont permis de donner leur avis car c’était “public” ». Presque sans ciller quand elle raconte les épisodes difficiles de sa vie, Océane puise une force surnaturelle en elle : « Je ne me suis jamais remise en question « ah c’est vrai ce qu’ils disent de moi, je suis une pute », jamais. Et même si j’avais peur, très tôt, je savais que ce qui m’arrivait était grave et que je ne faisais rien de mal ». Quand elle a 13 ans, des photos envoyées à un homme de 19 ans fuitent : « On devrait me protéger, remettre en question ce gars plus âgé, et pas me tomber dessus. En voyant les photos d’une petite fille de 13 ans, à quel moment on se dit « mais pourquoi elle fait ça ?  Et pas « La pauvre ! » ? ».

« Nous, on peut mourir sans que personne ne bouge un doigt« 
Avec 340 000 habitants recensés, la Corse est considérée comme un village où tout le monde se connaît, ce qui a ses avantages – et ses inconvénients. « On me connaissait jusqu’à Ajaccio alors que, quand j’étais petite, je n’y étais jamais allée. Ici, le « Ça n’arrive pas, nous les femmes, on les protège », c’est faux, assène la jeune femme avec assurance, Dès qu’un homme apprend une agression, on te culpabilise, on remet en cause ce que tu dis. Le code d’honneur, c’est entre les hommes. Nous on peut mourir sans que personne ne bouge un doigt. » Une société corse à l’image d’une France où règne la culture du viol.

Difficile d’être des zitelle en zerga (filles en colère)
Aujourd’hui, la jeune femme essaie de se battre contre l’omerta sur les violences sexistes et sexuelles sur son île, mais à 19 ans, elle s’avoue fatiguée : « Toutes mes expériences, celles des filles qui m’ont raconté, les filles sur les réseaux… Tu n’as plus envie. Je suis très tranchée sur le fait de porter plainte aujourd’hui, ça ne sert à rien, ça nous prend juste du temps, c’est juste épuisant ».


Depuis le début de son combat, les diverses plaintes sans suite et l’impossibilité de marcher dans la rue en inconnue sans être dévisagée, la jeune femme a longtemps mis ses études en pause. Comme de nombreuses adolescentes qui partent étudier sur le continent à la recherche d’une échappatoire, elle a rejoint une université parisienne depuis septembre 2022, « là où je pourrais me fondre dans la masse ». La loi du silence, Océane a essayé de la briser, elle a parlé et, tous les jours, en paie le prix.

Crédit photo visuel de Une : portrait de Océane, par Aurore Duval-Thibault


https://www.madmoizelle.com/le-code-dhonneur-cest-entre-les-hommes-etre-feministe-en-corse-1493805

Voir les commentaires

« Violences policières, le combat des familles » : ce documentaire raconte la lutte des proches de victimes

15 Février 2023, 01:05am

Publié par hugo

 « Violences policières, le combat des familles » : ce documentaire raconte la lutte des proches de victimes
Elisa Covo
 09 février 2023 à 19h00

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  ACTUALITÉS  ACTU EN FRANCE
Inès Belgacem, journaliste chez Streetpress, a suivi pendant une année 5 familles qui ont perdu un proche après une intervention policière. Dans « Violences policières, le combat des familles » diffusé depuis le 9 février 2023, 18h, sur france·tv slash, elle retrace leur combat pour connaître la vérité et obtenir justice. Rencontre.
C’est un sujet qu’elle connaît bien. Inès travaille depuis 2016 sur la question des violences policières. Elle se souvient de l’Affaire Théo, ce jeune homme brutalement blessé au niveau de la zone rectale par une matraque télescopique lors d’un contrôle de police à Aulnay-sous-Bois. Cette histoire est aussi tristement celle d’un déclic : la journaliste commence alors un long travail d’archive, celui de documenter la lutte des familles de victimes, dont la liste s’allonge chaque année. Par sa plume et son regard, elle raconte leur combat pour connaître, (et parfois faire connaître) la vérité, mais aussi pour obtenir justice.

La bande-annonce du documentaire Violences Policières, le combat des familles disponible depuis le 9 février sur france·tv slash.
Interview de Inès Belgacem, réalisatrice de Violences policières, le combat des familles.
Madmoizelle. Que souhaitiez-vous montrer dans ce documentaire ?
Inès Belgacem. Je voulais donner la parole à des familles peu ou pas médiatisées. Rendre leurs témoignages davantage visibles. On a tendance à traiter ces événements au moment où ils se produisent. On les classe dans la rubrique « faits divers » puis ils tombent dans l’oubli. Parfois, quelques rebondissements dans l’enquête les ramènent sur le devant de la scène… Mais on ne connaît rien de l’entre deux, de ce combat permanent pour obtenir des réponses, de cette incertitude qui ronge… Je voulais montrer ce quotidien-là.


Vous identifiez plusieurs points de similitudes entre ces familles…
En effet. Malgré la diversité de leurs histoires, ces familles partagent de nombreux points en commun. Le premier est la sidération ressentie : on ne comprend pas comment ceux qui détiennent pourtant la confiance, qui ont pour rôle de protéger, peuvent être un danger pour ses proches. Ensuite, il y a l’envie de comprendre ce qu’il s’est passé et la difficulté à obtenir des informations. Bon nombre de ces familles découvrent les faits violemment, via un communiqué de presse, ou dans la presse, où leurs proches sont criminalisés. Le réflexe est de chercher des témoignages, des preuves face au mutisme des autorités. Enfin, le temps de justice est très long sur ces affaires. Cette attente est insoutenable, les familles redoutent un non-lieu, des débats sur la notion de violence légitime ou illégitime…

Comment avez-vous procédé pour la réalisation de ce documentaire ?
Il était crucial pour moi de fournir un travail fouillé, sourcé, alimenté d’images d’archive, de vidéos prises par des témoins, d’extraits médias… Je voulais aussi inclure des témoignages de policiers, de procureurs, afin de laisser la possibilité aux spectateurs de se faire leur propre avis. Cela a nécessité un an de pré-enquête, pour bien comprendre chaque affaire dans toute sa complexité, la charge émotionnelle que cela représente pour les familles des victimes de raconter leur histoire.


Violences policières, le combat des familles : disponible depuis le 9 février sur france·tv slash puis lors d’une tournée dans les cinémas, à travers la France, accompagnée de rencontres avec les familles et l’équipe de tournage. La première date sera le 15 février à Paris. Informations à venir.


https://www.madmoizelle.com/violences-policieres-le-combat-des-familles-ce-documentaire-raconte-la-lutte-des-proches-de-victimes-1493229

Voir les commentaires

Le mariage est mort, vive le Pacs ?

15 Février 2023, 00:49am

Publié par hugo

 pacs_H
DARONNE
Le mariage est mort, vive le Pacs ?
Elisa Covo
 09 février 2023 à 17h16
  1

MADMOIZELLE  DARONNE
Selon l’Insee, le Pacs (pacte civil de solidarité) aurait le vent en poupe, auprès de jeunes ayant l’envie de s’engager, mais rejetant les codes traditionnels et la symbolique du mariage. Analyse d’une tendance qui a vocation à s’installer (et qui en dit long sur notre société).
Une demande, une robe blanche, un traiteur. Vous pensez connaître le pitch par cœur ? Détrompez-vous, il ne s’agit pas d’un mariage : Alice et Jonathan ont choisi de se pacser. Après un passage en mairie, les deux trentenaires ont loué un bateau pour célébrer leur union avec leurs amis. Pas de famille, mais de la bonne musique et un photographe pour les souvenirs :


« on ne voulait pas mélanger. On a d’abord fait un grand dîner avec nos proches venus de loin, puis une fête avec champagne et musique pour les copains. C’était une jolie façon de transgresser les codes et de montrer qu’on n’est pas obligé de se marier ! »

Le Pacs en constance augmentation
Et ils ne sont pas les seuls à vouloir sortir du schéma nuptial : les PACS sont en constante augmentation. Selon les derniers chiffres de l’INSEE, il y aurait aujourd’hui 9 pacs pour 10 mariages, contre 3 pour 4 dans les années 2000. À l’inverse, les chiffres des mariages ne cesseraient de dégringoler depuis les années 1970. Comment l’expliquer ? « Il y a un fort rejet de l’institution, aussi bien pour ses traditions que pour la connotation religieuse que certains y voient. Le Pacs, à l’inverse, puise sa force dans sa capacité à capter différents publics : ceux qui sont totalement hostiles au mariage, ceux qui n’y sont pas opposés et voient leur pacs comme une première étape moins contraignante sur le chemin de l’engagement, ceux qui cherchent plus de droits qu’en concubinage… » analyse Wilfried Rault, sociologue et chercheur à l’INED. 

Emilie, 27 ans, fait partie de la première catégorie. Pour elle, se pacser est aussi bien une preuve d’amour qu’un acte de résistance : « le modèle classique de la robe meringue à l’Église ne nous correspondait pas, nous avions envie d’autre chose ». Pour autant, difficile de s’affranchir de certains codes : « J’attendais vraiment la demande en Pacs. Nous sommes partis dans les Açores, et j’étais persuadée qu’il le ferait à ce moment-là », raconte la jeune femme. Finalement, c’est au retour que les choses se sont concrétisées : « nous fêtions nos 9 ans au restaurant, et il a posé les papiers sur la table ! C’était très émouvant ». Un paradoxe qui n’a rien d’anodin, selon Wilfried Rault : « On observe un retour en force des rituels. Les enterrements de vie de célibataire, venus des États-Unis, se multiplient. Les fiançailles, tombées en désuétudes, sont remises au goût du jour. Le fait de célébrer son Pacs découle aussi de cette logique : on se réapproprie des rituels jugés archaïques pour les revisiter à sa façon ».


À lire aussi : Bien plus qu’une colocation : des BFF décident de former des couples platoniques, voire de se marier

Le Pacs : une alternative économique au mariage
Si les célébrations ne concernent encore qu’une infime partie des pacsés, elles ont le vent en poupe. Noélie, 28 ans, y voit peut-être une raison économique :

« notre pacs était une manière d’officialiser notre union aux yeux de l’État. C’était une étape importante, que l’on a vécu comme nos fiançailles. Nous avons organisé une grande fête avec traiteur, tel un mariage mais en moins prise de tête : il n’y avait pas de dress code, l’organisation était moins complexe et on s’en est sorti pour un budget de 1000 euros tout compris. Le Pacs est la solution idéale pour les jeunes couples qui n’ont pas les moyens de payer un mariage tout de suite, mais qui souhaitent célébrer leur amour »

Une hypothèse qui n’est peut-être pas si loin du compte : « il y a eu une injonction à la célébration avec le mariage. Cela représente un coût économique fort, plus difficilement assumable par certains groupes sociaux ou certaines personnes. Se pacser c’est remettre cette possibilité de se marier à plus tard, sans totalement l’exclure », abonde le sociologue. 


« Certains choisissent le Pacs car le mariage a longtemps servi à les exclure »
Les mairies aussi jouent le jeu : à Pantin, là où Noélie s’est pacsée, il était possible de venir avec quelques proches, comme lors d’un mariage civil. « Ce sont des initiatives municipales qui remontent aux années 2000. L’idée à la base était de proposer une alternative au mariage pour les couples de même sexe qui n’y avaient alors pas accès ». Un geste symbolique dont on voit encore les traces aujourd’hui : « ces derniers font davantage usage du pacs que les couples hétérosexuels. Il y a une dimension idéologique forte : certains choisissent le pacs car le mariage a longtemps servi à les exclure » poursuit Wilfried Rault. 

Malgré tout, une certaine hiérarchisation demeure : « C’est comme si l’un valait moins que l’autre. Il y a un tabou autour du Pacs, j’avais d’ailleurs peur d’annoncer ma décision à ma famille et mes amis, peur qu’ils ne comprennent pas. J’avais l’impression de devoir à tout prix me justifier » confie Alice. Heureusement, ses peurs se sont vite dissipées, face aux réactions positives de son entourage. Derrière ses premières inquiétudes, des idées reçues qui ont la peau dure : « dans certains milieux conservateurs, le mariage règne en maître sur toute autre forme d’union. Dans d’autres milieux, à l’inverse, le pacs est perçu comme plus moderne, et donc mieux valorisé » poursuit Wilfried Rault.

Contourner l’intrusion parentale
Pour limiter le clash des cultures et des générations, certains comme Jeanne, 32 ans, ont préféré segmenter les festivités :


« Le jour du pacs, nous avions convié nos parents respectifs, qui n’avaient jamais eu l’occasion de se rencontrer. Ils sont tous les quatre venus à Paris au mois d’août, nous ont accompagné à la mairie puis nous avons diné tous les six au restaurant. Quelques semaines plus tard, nous avons organisé deux week-ends, l’un dans ma famille, et l’autre dans la sienne pour célébrer notre PACS avec le reste de nos familles proches qui habitent à des endroits opposés.  Enfin, nous avons organisé une soirée avec nos amis dans un bar privatisé à Paris quelques mois plus tard. Certains sont venus de loin pour l’occasion, ça nous a beaucoup touchés »

Car le pacs est aussi l’occasion de célébrer sa famille de cœur : « il permet de contourner l’intrusion parentale que l’on peut subir lors de l’organisation d’un mariage, avance Wilfried Rault. On a moins la pression de devoir inviter tel parent éloigné pour faire bonne figure. De nombreux pacsés valorisent par leurs célébrations les liens horizontaux, c’est-à-dire leurs amis ». Pacs Romana ?


https://www.madmoizelle.com/le-mariage-est-mort-vive-le-pacs-2-1493169

Voir les commentaires

Pourquoi les mecs osent la jupe sur le tapis rouge, mais pas (encore ?) dans la vraie vie

14 Février 2023, 23:43pm

Publié par hugo

 UPES
Pourquoi les mecs osent la jupe sur le tapis rouge, mais pas (encore ?) dans la vraie vie
Anthony Vincent
 09 février 2023 à 16h00
  11

MADMOIZELLE  MODE  TENDANCES MODE  JUPES
Est-ce qu’à force de voir Brad Pitt, Harry Styles, Bad Bunny, Oscar Isaac, ou encore Kid Cudi en robe ou jupe sur tapis rouge, en porter devient plus facile pour les hommes lambdas ? Comme bien souvent, la représentation et la visibilité suffisent rarement. Décryptage.
Article initialement publié le 1er avril 2022 et mis à jour le 9 février 2023.


Lors de la dernière fashion week homme, on a vu beaucoup jupes sur les podiums, certes, mais aussi au premier rang, arborées aussi bien par les acteurs Robert Pattinson et Lucien Leon Laviscount, que le danseur, rappeur, chanteur et auteur-compositeur-interprète sud-coréen J-Hope (membre de BTS, le groupe de K-Pop).

Les acteurs Robert Pattinson, Lucien Leon Laviscount et l'artiste de K-Pop J-Hope plaident pour la jupe lors de la fashion week homme
Les acteurs Robert Pattinson, Lucien Leon Laviscount et l’artiste de K-Pop J-Hope plaident pour la jupe lors de la fashion week homme en janvier 2023. © Captures d’écran Instagram.
Et si ces personnalités influentes ont été invitées (et clairement payées) pour s’afficher en jupe au premier rang des défilés Dior (pour Robert Pattinson et J-Hope) et Louis Vuitton (pour Lucien Leon Laviscount, c’est aussi pour donner du poids à cette proposition stylistique qui était partout sur les podiums de cette fashion week homme automne-hiver 2023-2023. On l’a vu en effet dans les collections Alexander McQueen, Courrèges, Dior, Givenchy, Gucci, ou encore Ludovic de Saint-Sernin. Mais est-ce que cette tendance peut vraiment prendre du côté des hommes lambdas ?


collections Alexander McQueen, Courrèges, Dior, Givenchy, Gucci
De gauche à droite : des jupes pour homme dans les collections collections automne-hiver 2023-2024 Alexander McQueen, Courrèges, Dior, Givenchy, et Gucci.
Depuis les années 1980, Jean Paul Gaultier fait défiler des hommes en jupe, brouillant les normes de genre telles qu’on les entend en Occident. On pourrait donc se dire qu’après 40 ans à les voir sur les podiums de grandes capitales occidentales, on commencerait enfin à s’y habituer.

Mais à en croire les vives réactions de la part du grand public que suscitent les célébrités masculines qui osent porter une robe ou une jupe, cela tient encore de la transgression des normes de genre binaires.

La jupe pour homme, un outil de visibilité médiatique
Rien de tel que la subversion pour faire parler de soi afin de s’assurer un maximum de visibilité, donc de promotion pour sa carrière, tout en s’attribuant un supplément d’âme progressiste.


Kid Cudi l’a bien compris au Saturday Night Live en robe hommage à Kurt Cobain en avril 2021, sur le tapis rouge du Met Gala en septembre 2021 façon basketteur punk (en clin d’oeil à l’icône stylistique qu’était Dennis Rodman), ou encore en robe de mariée à la cérémonie des CFDA en novembre 2021.

De gauche à droite : Kid Cudi aux CFDA, à SNL, et au Met Gala en 2021. © Capture d'écran Instagram.
De gauche à droite : Kid Cudi aux CFDA, à SNL, et au Met Gala en 2021. © Capture d’écran Instagram.
Les chanteurs Troye Sivan et Bad Bunny ont également fait le coup de la robe sur carpette écarlate, tandis que Harry Styles en a enfilé une pour la couverture du Vogue étatsunien de décembre 2020, suscitant une polémique qu’on aurait aimé croire d’un autre âge.

Plus récemment, c’est l’acteur muy caliente Oscar Isaac qui a enchaîné deux looks en jupes, lors de la promotion de Moon Knight, mi-mars 2022.


L'acteur Oscar Isaac en jupe pour la promotion du film Moon Knight. © Capture d'écran Instagram. 
L’acteur Oscar Isaac en jupe pour la promotion du film Moon Knight. © Capture d’écran Instagram.
Mais la multiplication d’hommes célèbres en robe et en jupe pour des apparitions médiatiques tient-elle vraiment d’une révolution mode ?

En réalité, c’est plutôt l’exception qui confirme la règle de la binarité de genre dans le vestiaire, puisqu’il s’agit justement d’espaces-temps spécifiques où la transgression est permise, voire célébrée.

Le chanteur Bad Bunny porte régulièrement robes et jupes
Le chanteur Bad Bunny porte régulièrement robes et jupes lors d’apparitions médiatiques. © Captures d’écran Instagram.
Au-delà de ces parenthèses où ils posent volontiers devant les flashes des photographes, ces mêmes hommes sont rarement photographiés portant robes et jupes dans leur vie quotidienne. Et pour le commun des mortels, il est même rarissime de voir des hommes occidentaux porter robes et jupes dans la rue, le métro, le boulot, ou même l’école.

L’acteur Brad Pitt en jupe sur le tapis rouge du film Bullet Train, à Berlin le 19 juillet 2022.
Ce, notamment par peur d’être sanctionnés par des agressions verbales, physiques, voire sexuelles…

La jupe pour homme, un outil de revendication politique
Son port est tellement exceptionnel que certains hommes lambdas mobilisent parfois la jupe ou la robe à des fins politiques plus qu’esthétiques, conscients de la dimension marquante qu’elle peut avoir sur leurs gambettes.

Ainsi, en Espagne, en octobre 2020, des hommes professeurs se sont mis à poster des photos d’eux portant des jupes dans l’exercice de leur fonction, accompagnant leur cliché du mot-dièse #LaRopaNoTieneGenero (comprendre : les vêtements n’ont pas de genre). Ce dans le but de soutenir un lycéen de 15 ans, Mikel Gómez, qui avait été expulsé de son école à Bilbao pour avoir porté une jupe en classe.


Signe que ce qui est célébré sur un tapis rouge de stars se voit sanctionné lorsqu’il s’agit du commun des mortels.


Parmi les professeurs du mouvement #LaRopaNoTieneGenero, le tweet de ce professeur est devenu particulièrement viral :

« Il y a vingt ans, j’ai subi des persécutions et des insultes à cause de mon orientation sexuelle au sein même de l’école où je suis maintenant enseignant, pendant que de nombreux professeurs se contentaient de détourner le regard. Je veux rejoindre la cause de l’étudiant, Mikel, qui a été expulsé et envoyé chez un psychologue pour avoir porté une jupe en classe. #LesVêtementsNontPasDeGenre. »

Au Canada aussi, des élèves ont fait de la jupe un outil politique pour revendiquer l’égalité entre les genres.


Pour dénoncer le code vestimentaire suranné et sexiste d’écoles secondaires québécoises, certains garçons se sont mis à porter des jupes. À l’instar de @guillaume.dery, qui a posté sur Instagram en octobre 2020 :

« La société traite les femmes comme si elles étaient responsables des actions que les autres portent sur elles alors que la réalité est bien différente. Ce n’est pas la longueur de leur jupe qui devrait décider de si les garçons sont aptes à écouter en classe. Ce n’est pas parce qu’une fille porte des shorts courts que les hommes ont le droit de lui parler mal dans la rue. La responsabilité de ces actes appartient à ceux qui ont posé le geste et non à ceux qui l’ont subi. »


En France également, des hommes se sont mis à porter des jupes à des fins politiques.


N’étant pas autorisés à porter des shorts malgré la canicule, des chauffeurs de bus nantais ont donc enfilé leurs plus belles jupes afin d’attirer l’attention médiatique sur cette absurdité réglementaire, en juin 2017. Ils ont rapidement fini par obtenir gain de cause.


Si ce genre d’initiatives semble se multiplier y compris du côté du commun des mortels, elles soulignent également en creux combien il reste incongru pour les hommes de porter jupes et robes dans nos sociétés occidentales.

C’est parce que c’est extraordinaire que ces hommes attirent l’attention sur l’objet de leur protestation et obtiennent parfois gain de cause. Or, cette politisation de la jupe l’empêche de se normaliser au sein du vestiaire masculin.

Mais pourquoi les femmes ont pu intégrer à leur vestiaire nombre de pièces historiquement masculines (telles que le pantalon, le blazer, le caban, ou encore le smoking), alors que les hommes peinent encore tant à sortir en jupe sans raison politique, juste par envie esthétique ?

La jupe pour homme peut-elle se normaliser en Occident ?
Pour le dire vite : à cause du patriarcat, les femmes gagnent socialement à emprunter au vestiaire du sexe fort, associé au pouvoir, tandis que les hommes perdraient à piocher du côté du beau sexe.

Se conformer à des vêtements traditionnellement masculins permet de se fondre dans la masse de la masculinité hégémonique — avec tous les privilèges sociaux qui vont avec le fait d’avoir l’air d’un homme, un vrai, bien cis, bien hétéro. Porter une jupe ou une robe reviendrait à mettre en péril cette performance de genre multi-séculaire, et donc s’exposer à certaines violences comme la follophobie, l’homophobie, et la transphobie, comme autant de rappels à l’ordre patriarcal.

Pourtant, l’idée faussement naturalisée selon laquelle les hommes ne devraient pas porter de robes ou de jupes tient bel et bien d’une construction sociale relativement récente en Occident.

On peut penser aux toges antiques qui habillent les hommes adultes grecs ou romains, par exemple. Jusqu’au Moyen-Âge, tous les enfants, portent des robes, indifféremment de leur genre (et même plutôt ornées de rubans roses ou rouge pour les garçons, d’ailleurs).

Encore aujourd’hui en Écosse, des hommes peuvent porter le traditionnel kilt, sans que cela ne remette en questions les normes de genre, comme nous l’explique l’historienne et sociologue de la mode Elodie Nowinski, installée à Glasgow :

« Les Écossais portent le kilt pour des raisons d’identité politique, des raisons patriotiques. Ce n’est pas du tout perçu comme un vêtement féminin, au contraire, ce vêtement résulte d’une longue tradition tailleur, fortement ancré dans la représentation militaire, donc une masculinité guerrière. En cela, c’est même un vêtement d’hyper masculinité.

Hormis quelques touristes irrespectueux, les rares femmes écossaises qui osent porter le kilt sont souvent lesbiennes, et le font alors en connaissances de cause. »


Et si l’on peut se dire que certains hommes d’église peuvent porter des choses similaires à des robes sans que cela ne remettent en cause leur masculinité, l’experte mode nous arrête :

« Le clergé ne porte ni jupe, ni robe, mais une chasuble ou une soutane. C’est un vêtement consacré. Croire que “les prêtres ne sont pas des hommes” et qu’ils pourraient donc porter des robes, c’est ignorer le fait politique de l’Église et son histoire.

Leurs vêtements consacrés résultent d’un héritage de pratiques vestimentaires millénaires, qui ont beaucoup changé en Occident, et un peu moins en Orient. D’où l’impression qu’on peut avoir avec nos yeux occidentaux, de voir des hommes d’Asie ou du Moyen-Orient dans des vêtements ressemblants à ce qu’on appellerait nous des robes : djellaba ou kurta, par exemple. »

À ce sujet, je vous recommande l’ouvrage Des soutanes et des hommes, enquête sur la masculinité des prêtres catholiques, du docteur en science politique et études de genre Josselin Tricou.

l'ouvrage Des soutanes et des hommes, enquête sur la masculinité des prêtres catholiques, du docteur en science politique et études de genre Josselin Tricou.
Découvrez Des soutanes et des hommes, de Josselin Tricou
Les hommes en jupe auraient-ils peur d’être traités comme des femmes ?
Outre les désavantages sociaux qui pourraient empêcher les hommes lambdas de porter des jupes, Elodie Nowinski pose aussi la question de la vulnérabilité physique :

« Les personnes qui ont l’habitude de porter des robes et des jupes le savent bien : on peut se sentir beaucoup plus vulnérable en cas d’agression physique dans ces vêtements que dans un short ou un pantalon. Il suffit de minuter le temps qu’il faut pour enlever un pantalon versus une jupe pour s’en rendre compte. »

Léo*, professeur dans la trentaine à Lille, apprécie porter des jupes, mais ose peu le faire en public, notamment à cause de ça :

« Dès l’adolescence, j’étais attiré par les façons masculines de porter la jupe. J’admirais notamment les vêtements des prêtes, des moines : quelque chose qui ressemble à une robe tout en validant le masculin, et ce, de façon solennel, et même spirituel.

Mon meilleur ami m’a offert ma première jupe, une fois adulte, et ça ressemblait justement à un kilt. C’était une forme de compromis, de négociation : trouver la forme la plus masculine d’un vêtement qu’on aurait pu coder comme féminin autour de moi.

J’ose rarement sortir en jupe aujourd’hui, et je calcule toujours en fonction de ma sécurité : quels quartiers je vais traverser, qui je risque de croiser, comment adapter mon trajet… C’est le genre de calculs auxquels s’adonnent plein de femmes au quotidien. En jupe, je me sens particulièrement vulnérable, car très accessible : c’est beaucoup plus facile à enlever qu’un pantalon.»


Portant dans la vie quotidienne jupe et talons, Mark Bryan, papy allemand de 62 ans, a fini par taper dans l’oeil de la mode et devenir influenceur.
Pour ce professeur adepte de jupe, ce qui pourrait contribuer à normaliser le port d’une telle pièce par les hommes, ce serait justement de la dépolitiser :

« À chaque fois qu’on salue le progressisme d’un homme célèbre qui porte une jupe, on en souligne le caractère exceptionnel, donc l’empêche de devenir un vêtement ordinaire. Il faudrait presque la débarrasser de cette aura politique.

Mais une autre dimension menace également la normalisation de la jupe pour hommes : là où le pantalon correspond au vestiaire du pouvoir, la jupe reste perçue comme tenant du vestiaire de la séduction. Du coup, un homme qui décide de porter une jupe peut être perçu comme cherchant à se sexualiser, à paraître sexy.

Enfin, si c’est surtout en période caniculaire que des hommes envient les jupes des femmes, c’est justement parce qu’en apparaissent alors des avantages fonctionnels : on est plus au frais là-dedans qu’en short ou pantalon. Les bénéfices pratiques ne sont pas assez important par rapport aux contraintes sociales. »

Bref, outre le kif des gambettes à l’air, et le plaisir esthétique, la plupart des hommes n’ont littéralement pas assez d’intérêts à porter des jupes.

À lire aussi : Pour que les hommes portent des compensées, il suffisait de les rebaptiser « semelle oversize »

Crédit photo de Une : captures d’écran Instagram.

* Le prénom a été modifié.


https://www.madmoizelle.com/pourquoi-les-mecs-osent-la-jupe-sur-le-tapis-rouge-mais-pas-encore-dans-la-vraie-vie-1258161

Voir les commentaires

Madonna s’insurge contre le sexisme et l’âgisme dont elle est une nouvelle fois victime

14 Février 2023, 23:38pm

Publié par hugo

 Madonna sexisme âgisme Grammys
MUSIQUE
Madonna s’insurge contre le sexisme et l’âgisme dont elle est une nouvelle fois victime
Anthony Vincent
 09 février 2023 à 12h00
  10
MADMOIZELLE  POP CULTURE  MUSIQUE
La chanteuse de 64 ans a fait une apparition remarquée aux Grammy Awards pour remettre un prix à Sam Smith et Kim Petras. Sauf que les réseaux sociaux et médias se sont focalisés sur son apparence, à grand renfort de commentaires sexistes et âgistes que la reine de la pop dénonce.
Ç’aurait dû être une nouvelle réjouissante : l’artiste non-binaire Sam Smith et la chanteuse trans Kim Petras ont remporté le prix de la meilleure prestation vocale pop d’un duo pour leur titre « Unholy ». Sauf qu’au lieu de célébrer ce grand moment de visibilité trans lors des 65e Grammy Awards le 5 février 2023 à Los Angeles, réseaux sociaux et médias se sont focalisé sur l’apparence physique de Madonna qui remettait ce prix.

Madonna voudrait qu’on célèbre Kim Petras et Sam Smith plutôt que de se focaliser sur son apparence
La reine de la pop a reçu, une nouvelle fois, un torrent de commentaires tous plus sexistes et âgistes les uns que les autres, ce qu’elle dénonce dans une publication Instagram le 7 février 2023 :

« Ce fut un honneur pour moi de vous présenter. Kim Petras et Sam Smith aux Grammys. Je voulais décerner le dernier prix qui était l’album de l’année, mais j’ai pensé qu’il était plus important que je présente la première femme trans qui se produit aux Grammys — un moment historique !! Et en plus elle a gagné un Grammy !!

Au lieu de me concentrer sur ce que j’ai dit dans mon discours qui consistait à remercier pour l’intrépidité d’artistes comme Sam et Kim — Beaucoup de gens ont choisi de ne parler que de photos en gros plan de moi prises avec un appareil photo à objectif long par un photographe de presse qui déformerait le visage de n’importe qui !! »


Madonna dénonce le sexisme et l’âgisme dont elle est une nouvelle fois victime
Madonna, aujourd’hui âgée de 64 ans poursuit pour s’insurger contre l’âgisme et le sexisme de l’industrie musicale mais aussi du grand public :


« Une fois de plus, je suis assaillie par l’âgisme et la misogynie qui imprègnent le monde dans lequel nous vivons. Un monde qui refuse de célébrer les femmes de plus de 45 ans et ressent le besoin de la punir si elle continue à être volontaire, travailleuse et aventureuse.

Je ne me suis jamais excusée pour aucun des choix créatifs que j’ai faits ni pour mon apparence ou ma tenue vestimentaire et je ne vais pas commencer. J’ai été dégradée par les médias depuis le début de ma carrière, mais je comprends que tout ceci n’est qu’une épreuve et je suis contente de faire office de pionnière pour que toutes les femmes derrière moi puissent avoir plus de facilité dans les années à venir.

Dans les mots de Beyonce, « You won’t break my soul » [citation d’un titre de Beyoncé, ndlr]

Je compte bien poursuivre de nombreuses années mon comportement subversif – repousser les limites – tenir tête au patriarcat – et surtout profiter de ma vie.

Bow down bitches [« Inclinez-vous, les salopes », citation d’un titre de Beyoncé, ndlr] »


« Le monde est menacé par ma puissance et mon endurance. Mon intelligence et ma volonté de survivre. Mais ils ne me briseront jamais. Ça fait partie du test. »
Faut-il que les femmes popstars se cachent pour vieillir ?
Notons au passage que citer à deux reprises Beyoncé peut apparaître comme une façon de la présenter comme sa successeuse au titre officieux de « reine de la pop ». Queen Bey subit d’ailleurs de plus en plus d’attaques sur son âge (elle a 41 ans) et son physique : nombreuses sont les personnes à la juger trop âgée pour chanter des paroles sexy, s’habiller ou se maquiller de certaines manières.


À lire aussi : Beyoncé marque l’Histoire en devenant l’artiste la plus récompensée des Grammy Awards

Qu’on apprécie ou non la musique et l’apparence physique de Madonna, difficile de lire autre chose que de l’âgisme et de la misogynie dans le torrent de commentaires négatifs déversés contre elle, qui n’a rien fait d’autre qu’exister en ses termes et conditions, sans faire de mal à personne. Opprobres qui apparaissent comme autant de rappel à l’ordre patriarcal qui voudrait que les femmes se cachent pour vieillir, en leur martelant sans cesse qu’elles seraient trop vieilles pour s’habiller ou se maquiller comme elles l’entendent.

À lire aussi : « Que dois-je faire ? Arrêter de vieillir ? » : Sarah Jessica Parker dénonce l’âgisme visant les femmes

Quand bien même on pourrait y lire l’intériorisation de normes sexistes, mieux vaut chercher à déconstruire l’ensemble du patriarcat que de s’attaquer aux femmes. Même chose pour la question de la chirurgie et médecine esthétique : rien ne sert d’accuser les femmes qui y ont recours pour des raisons qui ne les regardent qu’elles, ou de les infantiliser comme des victimes inconscientes de la classe des hommes, comme si elles étaient complètement dépourvues d’esprit critique et d’agentivité. Mieux vaut mettre cette énergie à démanteler le patriarcat à la racine, plutôt qu’à la cime esthétique.

Crédit photo de Une : Instagram de Madonna.


https://www.madmoizelle.com/madonna-sinsurge-contre-le-sexisme-et-lagisme-dont-elle-est-une-nouvelle-fois-victime-1492815

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>