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Congé menstruel, transition de genre... L'Espagne distance encore une fois la France

26 Février 2023, 04:52am

Publié par hugo

 Congé menstruel, transition de genre... L'Espagne distance encore une fois la France
Publié le Vendredi 17 Février 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Congé menstruel, transition de genre... L'Espagne distance encore une fois la France
Une loi adoptée en Espagne ce 16 février permet désormais aux personnes de seize ans et plus de changer librement de genre. Par ailleurs, les députés ont adopté une loi autorisant un congé menstruel aux femmes souffrant de règles douloureuses. Des avancées enthousiasmantes.
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Les député·e·s espagnol·e·s ont adopté définitivement ce 16 février une loi autorisant aux personnes de 16 ans et plus de changer librement de genre, sans nécessiter l'autorisation de quiconque. En outre, sans diagnostic médical ou psychologique préalable, ou traitement hormonal.. Il s'agit de la "loi transgenre" ou "Ley trans".

Une initiative soutenue depuis longtemps au sein du gouvernement par les représentant·e·s du parti Podemos, à l'origine de cette loi importante. Ces derniers portent effectivement ce projet depuis quatre ans. Mais la "Ley trans" a également été largement défendue par la ministre espagnole de l'égalité, Irene Montero, qui voit là une forme de reconnaissance nécessaire des droits des personnes transgenres au sein de la société.

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Et si parier c'était plus que perdre ou gagner ?

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Beaucoup considèrent cette inscription dans la loi de l'autodétermination du genre comme une avancée révolutionnaire.

Mais ce n'est pas tout. Une loi autorisant un "congé menstruel" aux femmes souffrant de règles douloureuses a également été adoptée ce 16 février.

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Directement financée par la Sécurité sociale, la loi dite de "congé menstruel" adoptée par 185 voix "pour" contre 154 "contre" répondra notamment aux besoins des femmes souffrant de pathologies graves comme l'endométriose - ce qui permettra au passage de médiatiser davantage cette maladie dont souffrent une femme sur dix. Toute femme souffrant de règles douloureuses pourra s'absenter du travail, pour une durée qui reste encore à déterminer. Un échange avec le médecin sera nécessaire au préalable.

Ce faisant, l'Espagne devient le premier pays européen à accorder des congés menstruels. L'idéal pour lutter contre les inégalités de genre et garantir aux femmes une meilleure santé menstruelle. Peu de pays accordent ce type de congés pour l'instant. On pense à la Corée du Sud, l'Indonésie, le Japon ou encore la Zambie. Même rareté concernant la "ley trans". Seuls quelques pays au monde, comme le Danemark, ont inscrit dans leur loi un droit identique. Pour la ministre Irene Montero, "c'est un jour historique".

Autant de mesures progressistes qui démontrent le retard alarmant de la France.

A quand de telles mesures en France ?

A quand ces avancées en France ? Beaucoup s'impatientent. En 2022, une enquête réalisée par l'IFOP auprès de 993 françaises âgées de 15 ans et plus nous apprenait ainsi que 66% des salariées seraient favorables au congé menstruel en entreprise, et que 64% pourraient y avoir recours. En outre, 66% des salariées interrogées estimaient qu'une boîte proposant un tel congé "serait plus attrayante". De plus, alors que le président Emmanuel Macron a reconnu l'an dernier l'endométriose comme "un vrai problème de société" exigeant une stratégie nationale de lutte, l'idée du "congé menstruel" semble d'autant plus riche de sens.

C'est dire si le modèle espagnol semble idéal. Il faut dire qu'il n'en est pas à son premier fait d'armes. Pour la France, il devrait être exemplaire, pour tout ce qui renvoie au respect des droits des femmes et des minorités. Ceux qui souffrent le plus des inégalités y sont pris en charge de manière concrète, dans le cadre d'une politique qui n'hésite pas à se proclamer "féministe" - terme cher à Irene Montero. On pense encore à une loi comme celle du "Seul un oui est un oui", exigeant "l'obligation d'un consentement explicite" dans le cadre des relations sexuelles, et intégrant donc noir sur blanc le consentement au coeur du code pénal espagnol.

Mais aussi au traitement des violences conjugales. En Espagne, un milliard d'euros annuel est consacré à la protection des femmes battues Un budget réclamé par les associations féministes en France. En Espagne, cela se traduit par exemple par des tribunaux spécifiques qui prennent en charge les cas de violences conjugales. L'accent est également mis sur la formation des professionnels, qu'ils soient policiers, juges ou personnels soignants, et le soutien judiciaire et social (l'aide pour l'accès au logement notamment) dont doivent bénéficier les victimes. Bien des points sur lesquels la France est encore trop à la traîne.


https://www.terrafemina.com/article/conge-menstruel-transition-de-genre-l-espagne-distance-encore-une-fois-la-france_a368495/1
 

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"La trajectoire des gamètes" : seule en scène, Cécile Covès dédramatise la PMA

26 Février 2023, 04:32am

Publié par hugo

 TERRIENNES
La maternité dans tous ses états
"La trajectoire des gamètes" : seule en scène, Cécile Covès dédramatise la PMA
Cécile Covès sur scène, lors de la première de <a href="https://www.manufacturedesabbesses.com/theatre-paris/la-trajectoire-des-gametes/"><em>La trajectoire des gamètes</em>, le 24 janvier 2023 à la </a><a href="https://tpa.fr/pieces-theatre-paris/la-trajectoire-des-gametes-7373.html" rel="nofollow">Manufacture des Abbesses</a>, dans le 18e arrondissement de Paris.
Cécile Covès sur scène, lors de la première de La trajectoire des gamètes, le 24 janvier 2023 à la Manufacture des Abbesses, dans le 18e arrondissement de Paris.
25 FÉV 2023
 Mise à jour 25.02.2023 à 16:10 par 
TerriennesLiliane Charrier
Au-delà des débats de société sur la procréation médicalement assistée et les couples homoparentaux, la comédienne Cécile Covès livre sur scène son vécu de fille élevée par deux mamans et de femme donneuse d'ovocytes. Le message de La trajectoire des gamètes : si l'enfant est désiré et s'il a la possibilité de savoir d'où il vient, alors tout va bien. Entretien avec Cécile Covès.
Petite fille conçue par une mère en couple avec une autre femme dans les années 1980, la comédienne Cécile Covès est le fruit d'une histoire de quelques mois entre sa mère et son père biologique. Après la séparation de ses deux mamans, elle sera élevée au sein d'une famille recomposée. A 40 ans aujourd'hui, de séances de psy en examens gynécologiques, elle se lance dans la généreuse aventure du don d'ovocytes parce que "pour certaines personnes, un enfant, c’est viscéral, c’est l’histoire de leur vie".

Le don d'ovocytes est le fil rouge de La trajectoire des gamètes, au théâtre de la Manufacture des Abbesses, dans le 18e arrondissement de Paris : "Avec l'autrice, Laura Léoni, nous avons pris comme fil directeur du spectacle le don d'ovocytes pour raconter mon histoire, explique Cécile Covès, ovationnée par le public à l'issue du spectacle – éligible aux Molières. C’est un sujet très important, mais c’est aussi un prétexte pour raconter ce que je voulais dire : qu’il faut replacer l'enfant au cœur des problématiques de société."


Seule en scène, Cécile Covès joue tous les personnages, toutes les époques. Un rideau aux motifs années 1970 pour remonter le temps ; une voix rauque de fumeuse pour évoquer Elisabeth, sa deuxième maman, et une voix haut perchée avec une posture un brin affectée pour incarner sa mère. Le spectacle est drôle, ni militant, ni féministe, et se veut apaisant ; le témoignage n'appelle pas à prendre position, ni même à prendre part. C'est une histoire de vie. La vie d'une femme qui exprime ce qu'elle ressent et affirme que, famille homoprentale ou recomposée, issu d'une PMA ou d'une procréation naturelle, si l'enfant est aimé et désiré, tout ira bien.

Lire la vidéo
Entretien avec Cécile Covès, comédienne
Terriennes : Ce spectacle est votre histoire ?

Cécile Covès : Oui, c'est complètement mon histoire de vie, de trajectoire comme on dit. Les gamètes, ce sont les ovocytes, mais ce sont aussi toutes les personnes de mon histoire. C'est ma mère biologique, c'est ma mère de cœur, c'est mon géniteur, c'est mon beau-père, ce sont mes frères et sœurs, c'est tout ça…

Quand avez-vous ressenti le besoin de raconter votre histoire ?

Aujourd'hui,je vais sur la quarantaine. Je suis comédienne et ça fait très longtemps que j'avais envie de parler de cette histoire de vie, au-delà du don d'ovocytes. Comment j'ai été conçue ? Comment j'ai évolué dans cette société avec mes deux mamans, puis après, dans une famille recomposée ? J’ai décidé de raconter mon histoire en voyant tout ce qui se passe aujourd'hui autour de nous, cette régression des mentalités, dans le monde, bien sûr, mais un peu aussi en France, je trouve. Un enfant a surtout besoin d'amour, de reconnaissance, de bienveillance pour que tout se passe bien.

Manifestant contre la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA) devant le ministère de la Justice, à Paris, le 10 octobre 2020. 
Manifestant contre la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA) devant le ministère de la Justice, à Paris, le 10 octobre 2020. 
©AP Photo/Thibault Camus
Replacer l'enfant au cœur du débat de société sur la procréation ? 

Deux papas, deux mamans, un papa et une maman... Qu'importe comment il a été élevé, tant que l'enfant est au courant dès le début de la façon, de la "méthode" – comme dit ma maman dans le spectacle – par laquelle il a été conçu. Et après, tant qu'il a la possibilité, à un moment donné, de savoir qui sont ses géniteurs. La loi bioéthique n’a changé que depuis un an et demi, et maintenant, les donneurs sont obligés de signer un papier certifiant qu’ils rencontreront l'enfant s’il le souhaite à ses 18 ans. A mon époque, ce n’était pas le cas.

Avec votre vécu, vous trouvez important qu’un enfant, quelle que soit la configuration de sa cellule familiale, puisse revenir sur ses origines génétiques ?

Oui, et c'est comme ça que je commence le spectacle, en disant "Pendant longtemps, j'ai cru que mon père était Luke Skywalker". Et puis je parle du fleuriste, et après du trapéziste. Parce que pendant des années, je l'ai fantasmé, mon géniteur. J'étais fan de la Guerre des étoiles et Luc, je croyais vraiment que c'était mon papa. Peut-être parce qu'il y avait ce côté beau et angélique. Je l'ai fantasmé parce que je savais que je n'avais pas de papa. Je le savais. Je vivais avec deux mamans et on m'avait expliqué très jeune comment on faisait les enfants.

Si l'enfant le veut, je serai là. On ira boire un café, on parlera quelques minutes, juste assez pour qu'il comprenne que sa vie, en fait, elle est ailleurs.

Cécile Covès

Mais j'avais vraiment envie de savoir. Si je voulais le voir absolument, ce n’était pas forcément pour partager des moments avec lui, comme faire des balades ou des choses comme ça. C'était juste le voir. C'est aussi ce que je dis à la fin du spectacle, quand la gynéco me demande "Est-ce que vous voulez rencontrer l'enfant ?" Je réponds oui, que si cet enfant le veut, je serai là. On ira boire un café, on parlera quelques minutes, juste assez pour qu'il comprenne que sa vie, en fait, elle est ailleurs.

Est-ce ce qui s’est passé dans votre cas ?

C'est exactement ce qui s'est passé avec mon géniteur. J'ai pris un café. Et ça m'a suffi. J'ai juste vu cet homme, j'ai pu mettre un visage, j'ai pu mettre une voix et ça m’a suffi. Mais c'est important et je ne remercierai jamais assez ma mère d'avoir choisi cette méthode de procréation.

Elisabeth qui, dans l'histoire, est ma deuxième maman, aurait voulu qu'elle aille coucher à droite à gauche pour concevoir leur enfant un peu au hasard, parce qu'il y a quarante ans, la PMA était de la science-fiction. Maman n’a jamais voulu de ça, parce qu'elle avait besoin de me raconter mon histoire. Elle a suivi son instinct ou sa conviction et elle a eu raison. L'accord moral avec Jean-Louis, son amant et mon père, était clair : "d'accord, on fait un enfant, mais après je m'en vais". A l’époque, Elisabeth et elle ne se voyaient plus, parce qu'une histoire d'un soir, ce n'est rien, mais une histoire de plusieurs soirs, comme celle de ma mère et de mon père, c'est une histoire tout court, et de cela, Elisabeth ne voulait pas.

Laisser le choix à l'enfant, c'est très important, parce que c’est sa volonté qui compte. L'enfant doit pouvoir savoir s’il a envie de savoir. C’est le message que je veux porter. A l'époque où ce spectacle a commencé à prendre forme, la loi bioéthique était en train d’évoluer un peu, mais ce n'était pas encore fait. Je m'étais dit que si je racontais mon histoire sur scène, peut-être qu'on m'entendrait, peut-être que cela deviendrait important.

(Re)lire aussi dans Terriennes ► PMA pour toutes : la France dit oui

Avez-vous rencontré des parents confrontés à ces questions ?

Fin janvier, j'étais à une convention à la Cigogne de l'espoir, parmi des parents qui avaient eu vent de La trajectoire des gamètes. Des parents qui font appel à des dons d’ovocytes car ils ne peuvent pas avoir d'enfants. Ils étaient en questionnement sur ces enjeux pour leur enfant issu d’un don qui, un jour, demandrait à voir son géniteur. Ils se disaient "Mince, peut être qu'un jour l’enfant me dira ‘t'es pas ma mère, ou t’es pas mon père’".

Je suis venue leur apporter mon témoignage sur scène et leur dire franchement : si vous leur dites dès le début, tout va bien se passer. Bien sûr, on explique pas de la même manière à différents âges et on ne dit pas la même chose à un enfant de 3 ans qu’à un enfant de dix ans, mais il faut le dire, et tout va bien. 

Un enfant, peu importe d’où il vient, une fois que tu l'as dans les bras, c'est le tien.

Cécile Covès

Un enfant, peu importe d’où il vient, une fois que tu l'as dans les bras, c'est le tien.  Je ne crois pas aux liens du sang, peut-être du fait de mon histoire, mais il y a juste l'amour. Juste ça. 

Avez-vous rencontré d’autres enfants nés dans les mêmes conditions ? Ont-ils le même ressenti que vous ?

Ceux que je connais sont trop jeunes. Ils ont le même ressenti, mais ils ont dix ou onze ans et ne sont pas en demande tout de suite. Ilssont contents, ils  savent d'où ils viennent et sont plutôt en mode "Oui, mais pas tout de suite". Maintenant, ces jeunes enfants n’ont pas vraiment le choix, parce qu’à l'époque de leur conception, le don était anonyme. Ce ne sont que les enfants qui vont naître cette année qui auront le choix, la possibilité de savoir. Pour ceux sont nés avant 2022, c’est l'anonymat du don qui prévaut.


Dans votre enfance, vous étiez seule dans votre cas ?

Oui, complètement. J'étais toute seule, mais je l'ai plutôt bien vécu. Peut-être que je me suis inventée 10 000 vies à travers les films que je me faisais. Maman était administratrice au théâtre de Caen et j'ai baigné dans le milieu artistique. Quand je voyais l'orchestre de Caen, par exemple, je voyais mon père partout.

J'ai vécu avec mes deux mamans jusqu'à mes quatre ans. Après, quand elles se sont séparées, elles ont bien fait les choses. Il n'y avait pas de droit de garde. Elisabeth continuait à venir me chercher à la maternelle et ma maman aussi, avant que mon beau-père arrive dans notre vie. C’est vrai que les enfants, à l'époque, se demandaient où était mon père et pourquoi deux femmes venaient me chercher à l'école. Je disais que c'était mes deux mamans et, même dans une petite ville, ce n'était pas mal vécu. J’ai eu cette chance de pas souffrir du regard des autres.

Petit-déjeuner décontracté chez Cristian Escalona, à gauche, et son partenaire Rodrigo Gonzales, avec leurs enfants Felipe, Yanay et Miguel, à Santiago du Chili. Les deux hommes avaient dû annuler leur union civile pour que Cristian Escalona puisse adopter leurs enfants comme parent unique. Ce 21 juillet 2021, le Sénat chilien vient d'approuver la première de plusieurs procédures visant à autoriser le mariage entre personnes de même sexe et de mettre fin à la discrimination.
Petit-déjeuner décontracté chez Cristian Escalona, à gauche, et son partenaire Rodrigo Gonzales, avec leurs enfants Felipe, Yanay et Miguel, à Santiago du Chili. Les deux hommes avaient dû annuler leur union civile pour que Cristian Escalona puisse adopter leurs enfants comme parent unique. Ce 21 juillet 2021, le Sénat chilien vient d'approuver la première de plusieurs procédures visant à autoriser le mariage entre personnes de même sexe et de mettre fin à la discrimination.
©AP Photo/Esteban Felix
A partir de quel moment vous avez éprouvé le besoin de raconter votre histoire ?

Avant mes 30 ans, je n'étais pas comédienne ; j'étais urbaniste, mais j'avais toujours eu envie de faire ce métier. Philippe, mon beau père, est décédé à ce moment-là. Même si ça a été toujours très compliqué avec lui, c’était un peu mieux sur la fin et on a eu le temps de se dire au revoir. Et lui est parti avec des regrets dans la vie. Alors j'ai décidé de tout plaquer, d'entrer au cours Florent et de me lancer dans cette carrière artistique.

Dès le début, ça me titillait de raconter mon histoire. Je sais que c'est un sujet de société délicat, mais ça me rendait dingue de voir les manifestations contre le mariage pour tous, et tous ces poncifs que je pouvais entendre sur l'enfant qui "doit" avoir une figure paternelle. Moi ça allait à peu près dans ma vie, même si on a tous nos démons. J'avais envie de le crier au monde entier : "Écoutez, ça va bien se passer. Regardez-moi ! Tous ces gens ont juste peur. Ils ont la hantise du changement." Et de la religion, aussi, qui reprend bizarrement le pas sur la société d'aujourd'hui. Ces gens parlaient d'enfants qui allaient naître, ou d'enfants de cinq, six ou huit ans. Ils disaient qu'on n'avait pas suffisamment le recul. Et bien moi, voilà, j'ai 40 ans et tout va bien.

Manifestants coiffés de bonnets phrygiens lors d'une action contre la PMA et la GPA devant le ministère de la Justice, à Paris, le 10 octobre 2020.
Manifestants coiffés de bonnets phrygiens lors d'une action contre la PMA et la GPA devant le ministère de la Justice, à Paris, le 10 octobre 2020.
©AP Photo/Thibault Camus
Une histoire qui vous a tout de même mené au don d'ovocytes, comment ?
 
Ma démarche a commencé quand j'avais 36 ans. Je suis tombée sur un reportage sur ces femmes qui ne peuvent pas avoir d’enfants et qui ont recours à la PMA. Un couple aussi était interviewé, dont ni le mari, ni la femme ne pouvait avoir d’enfant. Ils devaient donc avoir recours à un double don. Quelque chose s'est déclenché chez moi, qui m’a ramenée à l’histoire de ma conception. S’il n’y avait pas eu mon géniteur, Jean-Louis. S'il n’avait pas fait ce don, à l'époque, alors qu'il n'était pas possible de faire autrement, mes mamans ne m’auraient pas eue. Sans ce monsieur, elles n’auraient pas pu avoir cet enfant qu'elle désirait plus que tout au monde. Parce que c'était deux femmes et qu'à l'époque, il y avait pas de PMA.

Il a fait cette démarche et j'ai trouvé ça très beau. Alors je me suis dit : "Pourquoi tous ces couples qui peuvent pas en avoir alors que moi je peux et je n'en veux pas ?" Pour certaines personnes, un enfant, c’est viscéral, c’est l’histoire de leur vie. J’ai rencontré une femme qui m'a dit un jour : "Si je n'ai pas d'enfants, je peux mourir tout de suite."
 
Vous avez décidé de donner vos ovocytes sans avoir eu d’enfants vous-mêmes ?

C'est un retour que j’ai souvent eu : "Ah oui, mais vous n'avez pas d'enfants ?" Je n’ai jamais eu le désir d’avoir un enfant, vraiment, et ce n'est pas lié à mon histoire. J'ai tellement de gens à aimer, j'aime tellement ma famille et j’ai envie de la soutenir. Or un enfant, ça devrait toujours être follement désiré. D’ailleurs on demande toujours aux gens : "Pourquoi vous ne voulez pas d'enfants ?", mais jamais pourquoi ils en veulent.  Je trouve ça fou, et il y a beaucoup d'enfants qui naissent aujourd'hui, qui sont pas forcément désirés et qui sont malheureux. 

Quand vous avez déjà un enfant, vous n’avez pas besoin de passer par la case psychologue pour donner vos ovocytes. Si vous n’avez pas eu d’enfant, vous devez passer par un psy.

Cécile Covès

Comment avez-vous vécu la procédure ?

D’abord, j'ai vu ma gynécologue pour en parler. Après, il y a les échographies. Ce qui est fou dans la loi, c'est que quand vous avez déjà un enfant, vous n’avez pas besoin de passer par la case psychologue. Si vous n’avez pas eu d’enfant, vous devez passer par la case psy pour donner vos ovocytes. Je trouve ça inutile, même si je peux comprendre la démarche qui consiste à s’assurer que le don se fait pour de bonnes raisons. Pas parce que vous avez pas votre accompagnant pour le faire, pas parce que vous avez besoin d’avoir un enfant quelque part sans le faire vous-même. Je sais que c’est sûrement pour le bien de la personne qui donne, même si, soyons honnêtes, je pense qu’une simple conversation avec un psy ne suffit pas à déterminer ce genre de choses. Le psychologue intervient à un moment donné dans le spectacle, parce que ça m’a fait rire.

Et puis après le psy, et une fois que vous avez passé toutes les étapes gynécologiques, viennent les piqûres. Chaque étape doit être dûment validée. C’est pour cela que Cécile, dans le spectacle, est toujours en stress : Est-ce que ça va ? Est-ce que c'est bon ? Peut-elle passer à l'étape suivante ? En tout et pour tout, la procédure a duré quatre mois.

Est-ce pénible physiquement ?

Non. Bien sûr, les piqûres ne sont pas une partie de plaisir, surtout les effets secondaires. Mais le plus pénible, c'est de se sentir un peu jugée à chaque fois, même si c'est normal. Quand vous vous lancez dans le processus, vous commencez par une échographie pelvienne pour voir si vous avez une "réserve ovarienne suffisante". Je m’en moque un peu dans le spectacle, quand le médecin me dit "Il faut connaître la nature des ovocytes et voir s’ils sont sains et fiables." Les mots employés sont un peu difficiles par moment.

A chaque étape passée, vous vous dites : "Chouette, mais maintenant, est-ce que le psy va trouver que je suis suffisamment équilibrée psychiquement pour pouvoir donner, juste donner ?"

Car la Trajectoire des gamètes parle aussi beaucoup de transmission. A un moment donné, je pose la question : "Vous croyez que c'est génétique, l'échec scolaire ? Est-ce qu'on peut transmettre l’incapacité à comprendre la trigonométrie ou le passé composé ?" Parce que c'est quelque chose qui m'a bouleversée dans ma vie, de ne pas être bonne élève. C'est vrai que ces choses-là donnent l’impression d’être jugée tout le temps. C'est plus ça qui est pénible, plutôt que les piqûres d'hormones.

On ne met pas le même genre de garde-fou aux gens qui ont des enfants naturellement…

Et voilà ! Et ce qui est fou aussi, c’est que jusqu’en 2011, une femme ne pouvait pas donner ses ovocytes si elle avait pas eu d'enfant auparavant. 

Votre histoire parle-t-elle aussi aux hommes ?

Un papa est venu me voir un soir après le spectacle, un homme d’un couple hétéro qui a un enfant. Il est venu me dire qu’il était chamboulé par mon histoire. "Parce que je me pose beaucoup de questions sur la manière dont j'éduque mon enfant et sur le poids des mots." Il m’a remercié de replacer des choses aussi importantes dans la façon d'éduquer les enfants de façon joyeuse et pas trop prise de tête.

N'importe qui peut un jour croiser une personne du même sexe et tomber amoureux.

Cécile Covès

Ce papa parlait surtout de mon histoire avec mon beau-père, aussi évoqué dans le spectacle, de l’emprise qu’il a pu prendre sur ma mère. On parle beaucoup de violences physiques sur les femmes, mais mon beau-père avait des paroles très violentes. On peut être violent avec des mots aussi, et obliger un enfant à manger le soir les restes du petit-déjeuner, c'est de la maltraitance. Je ne comprends pas comment ma mère a pu laisser faire ça.

Votre mère était dans la salle. Qu’a-t-elle pensé du spectacle ?

Ma mère est toujours joyeuse. Elle est très heureuse finalement d’avoir été forte, il y a quarante ans, elle qui venait d’une famille pieds-noirs espagnole. Elle est née en Algérie. C'était un coup de cœur qu'elle a eu pour Elisabeth, elle qui était hétéro. Quand je pense à tous ces gens qui sont contre l'homosexualité… Ils peuvent eux aussi un jour croiser quelqu'un dans la rue du même sexe et tomber amoureux. C'est une rencontre, c'est une personne. Je pense qu’elle est assez fière qu'on relate cette histoire et d’avoir assumé ses choix. Elle voulait cette enfant, elle l’a faite.

(Re)lire aussi dans Terriennes : 

► PMA pour toutes : la France dit oui
► Gestation pour autrui : entre altruisme et marchandisation du corps des femmes
► Ne pas être mère, le choix d'une autre délivrance selon Chloé Chaudet
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TerriennesLiliane Charrier
 Mise à jour 25.02.2023 à 16:10
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https://information.tv5monde.com/terriennes/la-trajectoire-des-gametes-seule-en-scene-cecile-coves-dedramatise-la-pma-487384

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Elections au Nigeria : les femmes, les grandes absentes

26 Février 2023, 04:24am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Parité et politiqueAfroféminisme : par et pour les femmes noiresL'actualité au Nigeria
Elections au Nigeria : les femmes, les grandes absentes
Des femmes soutiennent le candidat du Parti travailliste nigérian, Peter Obi, lors d'un rassemblement de campagne sur la place Tafawa Balewa à Lagos, au Nigeria, le 11 février 2023. Si elles sont nombreuses à voter, les Nigérianes le sont beaucoup moins à se présenter, victimes d'intimidations et manquant de financements. 
Des femmes soutiennent le candidat du Parti travailliste nigérian, Peter Obi, lors d'un rassemblement de campagne sur la place Tafawa Balewa à Lagos, au Nigeria, le 11 février 2023. Si elles sont nombreuses à voter, les Nigérianes le sont beaucoup moins à se présenter, victimes d'intimidations et manquant de financements. 
©AP Photo/Sunday Alamba
Des femmes soutiennent le candidat du Parti travailliste nigérian, Peter Obi, lors d'un rassemblement de campagne sur la place Tafawa Balewa à Lagos, au Nigeria, le 11 février 2023. Si elles sont nombreuses à voter, les Nigérianes le sont beaucoup moins à se présenter, victimes d'intimidations et manquant de financements. Une seule candidate à la présidentielle du 25 février 2023 au Nigeria, et 9% de candidates à l'Assemblée nationale dans  une société conservatrice et patriarcale. Photo prise dans un centre de distribution de cartes électorales, le 11 janvier 2023 à Lagos, au Nigeria.
23 FÉV 2023
 Mise à jour 23.02.2023 à 16:14 par 
Terriennes
 
avec AFP
Des élections générales se tiennent ce 25 février 2023 au Nigeria. Dans ce pays, le plus peuplé du continent africain, les femmes se font de plus en plus rares dans le processus électoral. Le nombre de candidates a diminué à presque tous les niveaux, local comme national, sur fond de patriarcat profondément ancré et de manque de financement de leurs campagnes.
Au Nigeria, "la violence électorale est bien réelle, et elle me vise davantage parce que je suis une femme", constate Tolulope Akande-Sadipe, députée originaire de l'Etat d'Oyo. ​Selon elle, ses adversaires "pensent pouvoir l'intimider" parce qu'elle est une femme. Briguer un second mandat de députée au Nigeria signifie mettre sa vie en danger, confie cette femme politique âgée de 56 ans qui se présente aux élections législatives du 25 février 2023. 


En 2019, lors des dernières élections, le bus de campagne de la candidate Akande-Sadipe avait été détruit et ses attachés de presse agressés. Pour ce scrutin, elle dit avoir échappé de peu à une agression alors qu'elle faisait campagne face à cinq hommes pour les primaires de son parti.


Une seule femme candidate à la présidentielle
Le pays le plus peuplé d'Afrique, première économie du continent, compte de nombreuses femmes à des postes de direction dans le secteur privé et sur la scène internationale. Mais lorsqu'il s'agit de fonctions électives, elles sont sous-représentées et très souvent mises de côté.

Une seule candidate à la présidentielle du 25 février 2023 au Nigeria, et 9% de candidates à l'Assemblée nationale dans  une société conservatrice et patriarcale. Photo prise dans un centre de distribution de cartes électorales, le 11 janvier 2023 à Lagos, au Nigeria.
Une seule candidate à la présidentielle du 25 février 2023 au Nigeria, et 9% de candidates à l'Assemblée nationale dans  une société conservatrice et patriarcale. Photo prise dans un centre de distribution de cartes électorales, le 11 janvier 2023 à Lagos, au Nigeria.
©AP Photo/Sunday Alamba
Dans la chambre basse actuelle siègent 13 femmes parmi les 360 députés, plaçant ainsi le Nigeria au 184e rang sur 190 pays dans le monde en ce qui concerne la représentation des femmes, selon un classement de l'Union interparlementaire (UIP), basée à Genève. Et la situation ne semble guère s'améliorer.


DR
Le nombre de femmes qui se présentent aux élections de 2023 a diminué à presque tous les niveaux : les femmes ne briguent que 10% des sièges aux assemblées locales, 9% des sièges à l'Assemblée nationale, 8% des sièges au Sénat et 6% des postes de gouverneur.

Une seule femme, Princess Chichi Ojei, est candidate à la présidentielle du 25 février, face à 17 hommes. Et elle est loin de faire partie des favoris que sont Bola Tinubu, du parti au pouvoir (APC), Atiku Abubakar du principal parti d'opposition (PDP), et l'outsider Peter Obi, du Parti travailliste (LP).

Un système conservateur et patriarcal
Et pourtant, les femmes ont joué un rôle majeur dans la construction politique du Nigeria, se mobilisant contre le pouvoir colonial, puis durant les dictatures militaires, selon Chiedo Nwankwor, professeure à l'université américaine Johns Hopkins. Mais "une fois que ces mouvements ont réussi, les femmes ont été mises de côté".

Khadijah Abdullahi Iya est candidate au poste de gouverneure du Niger, un Etat du centre en proie aux violences de groupes criminels. Un poste qu'aucune femme n'a jamais occupé.
Khadijah Abdullahi Iya est candidate au poste de gouverneure du Niger, un Etat du centre en proie aux violences de groupes criminels. Un poste qu'aucune femme n'a jamais occupé.
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Le système culturel et religieux conservateur n'aident pas les femmes à s'imposer dans le paysage politique, selon Mercy Ette, chercheuse nigériane à l'université de Leeds qui a étudié la représentation féminine dans le pays. "Même parmi les personnes très instruites, le patriarcat est très fort", renchérit la députée Akande-Sadipe. 

Les obstacles sont immenses, mais cela n'empêche pas Khadijah Abdullahi Iya de vouloir devenir la prochaine gouverneure du Niger, un Etat du centre en proie aux violences de groupes criminels. Un poste qu'aucune femme n'a jamais occupé dans les 36 Etats qui composent la république fédérale. Mais selon cette femme de 48 ans, "les mentalités changent car les gens sont à un point de rupture, et ils sentent que les femmes ont la compassion nécessaire, qu'elles peuvent guérir leur maux".

L'insécurité est un enjeu crucial des élections de 2023, le pays étant en proie à des violences de jihadistes, criminels et séparatistes.

Le 25 février 2023, les Nigérians éliront leurs députés, mais aussi leur prochain président, Muhmmadu Buhari se retirant après deux mandats comme prévu par la Constitution, et leurs sénateurs. Le 11 mars, ils choisiront leur gouverneurs et les députés des assemblées locales.

Des élections générales qui se tiennent dans un climat très tendu même si les différents candidats ont signé un accord de paix à Abuja, comme l'explique lors du journal international de TV5MONDE Laurent Fourchard, directeur de recherche à Sciences Po Paris, qui se trouve au Nigeria.

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Qui pour financer des candidates ?
Le financement des campagnes électorales est l'un des obstacles des candidates : "Les femmes n'ont souvent pas l'argent qui permet de se lancer, et très peu d'hommes sont prêts à investir dans leur campagne", selon Mercy Ette. L'année dernière, le Parlement, dominé par les hommes, a rejeté cinq projets de loi visant à faire progresser l'égalité des sexes et la représentation des femmes.

"Il y a très peu de volonté politique de changer le statu quo", déclare à l'AFP Ibijoke Faborode, qui dirige ElectHer, une plateforme qui soutient les jeunes candidates. Elle estime toutefois que "quelque chose a changé" avec le mouvement "EndSARS" de protestation contre les violences policières, qui avait éclaté fin 2020 avant d'être réprimé.


Parmi les principaux leaders figuraient de jeunes femmes charismatiques (avocates, journalistes, etc.) regroupées au sein d'une "Coalition féministe". Aucune n'est candidate mais leur engagement a nourri l'espoir de beaucoup d'autres.

Comme Juliet Isi Ikhayere, une avocate de 28 ans qui se présente comme députée. Lors d'un événement le mois dernier, elle a été traitée de "bambin" par un homme dans la foule. La dernière des remarques désobligeantes qu'elle a essuyées durant toute sa campagne. Mais si "les défis sont nombreux" et "si ce n'est pas pour maintenant", dit-elle, "il s'agit surtout de poser des fondations pour l'avenir"


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Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 23.02.2023 à 16:14
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Football féminin : crise ouverte chez les Bleues, les trois joueuses phares quittent le navire avant le Mondial

26 Février 2023, 04:21am

Publié par hugo

 Football féminin : crise ouverte chez les Bleues, les trois joueuses phares quittent le navire avant le Mondial
La capitaine de l'équipe de France Wendie Renard au milieu de ses co-équipières pendant un échauffement avant les quart de finales de l'Euro 2022 contre l'équipe des Pays-Bas au New York Stadium de Rotherham, Angleterre, le 23 juillet 2022.
La capitaine de l'équipe de France Wendie Renard au milieu de ses co-équipières pendant un échauffement avant les quart de finales de l'Euro 2022 contre l'équipe des Pays-Bas au New York Stadium de Rotherham, Angleterre, le 23 juillet 2022.
© AP Photo/Jon Super
24 FÉV 2023
 Mise à jour 25.02.2023 à 17:06 par 
TV5MONDE
 
AFP
Coup de tonnerre sur l'équipe de France féminine: la capitaine Wendie Renard et les attaquantes Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, joueuses les plus emblématiques des Bleues, ont claqué la porte de la sélection à cinq mois du Mondial, réclamant des "changements".
"Management" décrié, "système loin des exigences du haut niveau", "résultats" mitigés... Les trois vedettes de l'équipe n'ont pas mâché leurs mots sur les réseaux sociaux, quelques jours après le premier rassemblement de l'année.
 


L'uppercut est violent pour l'encadrement de l'équipe de France. Il atteint par ricochet la sélectionneuse Corinne Diacre, jamais nommée par ses cadres mais visée à mots couverts, et la Fédération française de football.

Déjà engluée dans la gestion de l'avenir de son président Noël Le Graët, la "3F" doit désormais gérer un "Knysna" au féminin, qui ravive l'épisode de la grève des joueurs au Mondial-2010 en Afrique du Sud chez les messieurs.
 


Les joueuses s'y sont néanmoins prises différemment, bien en amont de l'événement: à cinq mois de la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juin-20 juillet), elles prennent la parole pour demander des "changements nécessaires".
"Je ne peux plus cautionner le système actuel bien loin des exigences requises par le plus haut niveau", écrit Renard, détentrice du plus beau palmarès de l'actuelle équipe de France du haut de ses 32 ans et 142 sélections.
"Plus envie de souffrir"
La déflagration s'est rapidement transformée en incendie lorsque les deux vedettes de l'attaque du Paris SG et des Bleues, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, ont emboîté le pas de la Lyonnaise.

La première a évoqué "les événements de 2019" (elle n'avait pas été retenue pour le Mondial en France, NDLR) et "la blessure de 2022" (elle s'est gravement blessée à un genou au dernier Euro) pour justifier sa position. "Je ne suis plus en adéquation avec le management de l'équipe de France et les valeurs transmises", écrit la meilleure buteuse des trois dernières saisons de D1 féminine.
 


La seconde pointe elle les "récents résultats" et le "management en équipe de France", exigeant des "changements profonds".

Wendie Renard va même plus loin en indiquant souhaiter "préserver (sa) santé mentale". "Mon visage peut masquer la douleur mais le coeur, lui, souffre... et je n'ai plus envie de souffrir", a développé la joueuse.

Demi-finalistes malheureuses à l'Euro l'été dernier, toujours en quête de leur premier titre international, les Françaises ont vécu plusieurs mois mitigés depuis le début de saison, avec notamment deux défaites marquantes en octobre en Allemagne (2-1) et en Suède (3-0), deux concurrentes en vue du titre planétaire.

Emmenées par Renard et Diani (Katoto est blessée), les Bleues ont timidement relevé la tête en remportant ces derniers jours le Tournoi de France, une épreuve amicale, contre des nations réputées plus faibles: le Danemark (1-0), l'Uruguay (5-1) et la Norvège (0-0).
Les choix de Diacre en question
Avec leurs décisions, Renard, Katoto et Diani ajoutent une ligne - de loin la plus épaisse - au long historique des turbulences associées au mandat de Corinne Diacre, en poste depuis 2017 et prolongée l'été dernier jusqu'aux JO-2024 par Noël Le Graët, qui l'a toujours défendue.
 
Corinne Diacre lors de la demi-finale de l'Euro en 2022 contre l'Allemagne, au stade MK de Milton Keynes, Royaume-Uni le 27 juillet 2022. 
Corinne Diacre lors de la demi-finale de l'Euro en 2022 contre l'Allemagne, au stade MK de Milton Keynes, Royaume-Uni le 27 juillet 2022. 
© AP Photo/Alessandra Tarantino
L'ancienne coach de Clermont en Ligue 2 avait vu ses débuts parasités par son choix décrié de retirer le brassard de capitaine à Renard. Elle le lui a finalement rendu en septembre 2021.

Les mises à l'écart de certaines cadres, comme Amandine Henry et Eugénie Le Sommer, sont également mal passées auprès de plusieurs joueuses. Et ces derniers jours, la convocation surprise de la milieu Kheira Hamraoui, qui entretient des relations glaciales avec Katoto et Diani, a beaucoup fait parler. 

Sollicitées par l'AFP, la Fédération française de football et la sélectionneuse n'avaient pas réagi, vendredi, à ces développements.
Vague de soutien pour les joueuses 
Les soutiens à Renard, Diani et Katoto se sont multipliés ces dernières heures, à l'échelle nationale et internationale sur les réseaux sociaux. Perle Morroni, la défenseure de Lyon et de l'équipe de France féminine s'est associée samedi à ses coéquipières pour dénoncer des pratiques dont elle dit avoir souffert : "Je souhaite à mon tour m'exprimer par rapport à la situation et me joins à elles contre le système du management de l'équipe de France actuel pour en avoir souffert personnellement", écrit la joueuse de 25 ans, qui compte 11 sélections. 

"Si je reporte un jour le maillot de l'équipe de France j'espère que ce sera dans de meilleures conditions et avec des valeurs adéquates au haut niveau", ajoute Morroni sur Instagram. La défenseure latérale n'a pas été convoquée depuis le mois d'avril 2022, malgré l'absence sur blessure des deux titulaires à son poste, Sakina Karchaoui et Selma Bacha. 

L'ex-gardienne des Bleues Sarah Bouhaddi, qui avait dénoncé les méthodes de Corinne Diacre ces dernières années en annonçant dès 2020 une pause avec la sélection a souhaité "saluer le courage" de ses coéquipières.

(RE)lire : Football féminin : les Canadiennes contraintes de mettre fin à leur grève
 
Ada Hegerberg et Megan Rapinoe, les deux premières lauréates du Ballon d'Or féminin, ont également soutenu les trois Tricolores. "Avec toi capitaine. @FFF qu'est-ce que tu fais ?" a écrit l'Américaine sur Twitter. La Norvégienne, partenaire de Renard à Lyon, s'est elle demandé "pendant combien de temps (les joueuses devraient) passer par ces moments pour (être) respectées". Première lauréate du Ballon d'Or féminin de l'histoire, Ada Hegerberg avait notamment pris du recul avec sa sélection entre 2017 et 2022.

Pour des raisons diverses, d'autres joueuses ou sélections féminines ont pris des positions similaires ces dernières années. Depuis le début de saison, une quinzaine de joueuses de l'Espagne notamment refusent de jouer tant que leur sélectionneur, Jorge Vilda, reste en poste.

Et ces derniers jours, la sélection canadienne a songé à boycotter le dernier rassemblement pour dénoncer les inégalités femmes-hommes et le manque de financement, reprochés à leur fédération.
TV5MONDE
 
AFP
 Mise à jour 25.02.2023 à 17:06
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On était au carnaval de Rio avec un orchestre féministe

26 Février 2023, 03:43am

Publié par hugo

On était au carnaval de Rio avec un orchestre féministe
Anaïs Richard
 24 février 2023 à 19h35
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MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  ACTUALITÉS  ACTU MONDIALE
Chaque mercredi des cendres, en plein cœur du carnaval de Rio, au Brésil, les Mulheres rodadas s’arment de leurs échasses, tambours et glitter et envahissent la ville. La mission de leur bloco : dénoncer le sexisme en musique. Reportage.
Ce 22 février 2023 au matin, l’aterro de Flamengo, parc populaire de la côte carioca, vibre au son des trompettes et xequerês. Perchée sur une paire d’échasses et drapée d’un déguisement de vagin, Regina se déhanche en rythme, quelques gouttes de sueur perlant sur son crâne rasé. La designer belge fait partie du bloco Mulheres rodadas, un groupe de femmes badass luttant contre les stéréotypes et le machisme pendant le carnaval de Rio.


Regina, échassière belge
La designer belge Regina fait partie du bloco Mulheres rodadas. © Anaïs Richard.
Avec un orchestre composé de percussions et de cuivres, ce bloco – sorte d’association musicale dont la visée est de se produire dans l’espace public – réinterprète des classiques brésiliens. Des échassières complètent le tableau en enchaînant pirouettes et chorégraphies. Les hommes sont autorisés à jouer, mais minoritaires. « Le carnaval, c’est se réapproprier la rue, et c’est d’autant plus symbolique en tant que femme », insiste Regina. Arrivée au Brésil il y a un an, elle a rapidement découvert la culture carnavalesque et en est tombée amoureuse. « L’ambiance est bien plus sympa entre meufs, on s’entraide, on se soutient, toujours dans la bienveillance », explique celle qui a depuis décidé de donner des cours, pour transmettre à d’autres femmes l’art du maniement des échasses.

Des réseaux sociaux aux rues de Rio
La genèse de ce projet féministe, c’est un post machiste publié sur Internet en 2014. Sur la photo partagée, un homme porte un panneau affirmant qu’il « mérite mieux qu’une mulher rodada ». L’expression « mulher rodada », difficilement traduisible en français, exprime l’idée d’une femme ayant eu un nombre important de partenaires sexuels. Du slut-shaming, en somme. Excédées, les journalistes Débora Thomé et Renata Rodrigues, amies depuis plus de vingt ans, décident de fonder un bloco revendiquant le fait d’être une « mulher rodada ». Une réappropriation d’un terme sexiste et un véritable pied de nez au machisme présent sur les réseaux sociaux. Les deux complices décident d’utiliser ces derniers à leur avantage. Elles créent un événement Facebook dans la foulée. Et le succès est immédiat : 1000 participantes en à peine 24 heures. Quelques appels à des amis musiciens et musiciennes plus tard, le premier bloco féministe de Rio se produit dans les rues cariocas.


Reportage au Brésil - Carnaval de Rio féministe © Anaïs Richard
Des musiciennes dans le bloco féministe de Rio. © Anaïs Richard.
Les objectifs affichés sont multiples : mettre les problématiques féministes sur le devant de la scène et permettre aux participantes de s’exprimer artistiquement dans un espace libre de préjugés. « Beaucoup rejoignent notre bloco pour apprendre un instrument », précise Débora Thomé. C’est le cas de Belu, astronome argentine de 31 ans. Après avoir suivi les aventures du bloco sur Instagram pendant quatre ans, elle a décidé de se lancer, une fois la pandémie passée. « J’étais initialement un peu gênée parce que je n’avais pas joué de saxophone depuis longtemps. J’avais peur de ne pas être à la hauteur. La bonne nouvelle, c’est que je me suis trompée », s’amuse-t-elle, coiffée d’un serre-tête orné d’une planète. Depuis un an, elle participe à des cours chaque vendredi soir.  « L’idée principale, c’est de s’amuser et de ne pas avoir peur de faire des erreurs. Tu ne connais pas les notes ? Danse, chante, rie », explique la musicienne, qui a gagné en confiance en elle grâce à ces moments d’échange. 


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Lors de l’interprétation de la chanson Meu grito (mon cri), les échassières ont défilé en portant des panneaux aux messages engagés, sur les chiffres des féminicides par exemple. © Anaïs Richard.
Sororité et messages politiques
Lors des performances des Mulheres Rodadas, les bribes de conversations entendues sont un joyeux cocktail de portugais, espagnol, français ou italien. Ce bloco constitue un moyen de (re)trouver un espace de sororité et une communauté pour des étrangères arrivées récemment dans la Ville merveilleuse. Et le public en redemande. « C’est un bloco différent car il met en avant certaines problématiques graves comme les féminicides, tout en gardant un contexte festif », se réjouit Eve, 36 ans, architecte mexicaine dont c’est le premier carnaval. Fan de la première heure, Claudia, 56 ans, n’a jamais perdu une représentation des Mulheres rodadas. « Ici, on voit des corps de femmes travailleuses, des corps normaux, des corps qui sortent des standards habituels de féminité », note cette professeure habitant la banlieue de Rio, en tapant du pied.


Les échassières symbolisent les féminicides à travers cette chorégraphie
Les échassières symbolisent les féminicides à travers cette chorégraphie. © Anaïs Richard.
Dans l’assistance, formée de personnes de tous âges et genres, il n’est pas rare d’apercevoir des éventails arc-en-ciel. « C’est essentiel que le carnaval représente les minorités, les femmes, les noirs, les personnes LGBTQI+, les personnes non-binaires, les personnes trans », souligne Kelly, 38 ans. Sur son épaule, un sticker marqué de l’inscription « On t’a dit non ? Respecte cette décision » recouvre une fine couche de paillettes dorées. L’écrivaine originaire de Rio confie avoir laissé échapper une larme lors de la puissante réinterprétation de « Geni e o Zeppelin ». Dans cette chanson culte datant de 1979, Chico Buarque raconte le destin tragique d’une femme trans travailleuse du sexe.


Pendant près de trois heures, les morceaux s’enchaînent et le bloco s’achève dans une joyeuse cacophonie, chaque musicienne improvisant quelques notes avant que la foule ne se disperse. Pour beaucoup de participantes, cette édition du carnaval a un goût de liberté retrouvée, après une période marquée par le Covid-19 et quatre années de Bolsonarisme jugées particulièrement sexistes. Mais Débora Thomé insiste, « le patriarcat ne se termine pas avec la fin du précédent gouvernement, la lutte féministe continue ».


La playlist des musiques originales jouées lors du bloco

Crédit photo de Une : Anaïs Richard.


https://www.madmoizelle.com/on-etait-au-carnaval-de-rio-avec-un-orchestre-feministe-1501385

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2:39 / 25:28 Comment Cam se reconstruit après avoir été victime d’inceste

25 Février 2023, 21:07pm

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 Comment Cam se reconstruit après avoir été victime d’inceste

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242 540 vues  27 janv. 2023
Cam a 22 ans. Elle décrit l’emprise de son agresseur et raconte comment elle a trouvé la force de se reconstruire. Cam témoigne pour aider les autres victimes d’inceste à oser briser le silence. Pour Brut, Juliette Deshormes l'a accompagnée jusqu'au procès qui l'oppose à ses parents.

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Corinne Masiero raconte l'inceste qu'elle a subi

25 Février 2023, 21:00pm

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Corinne Masiero raconte l'inceste qu'elle a subi

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275 942 vues  29 sept. 2022
En tombant sur une vieille photo de famille, l'actrice Corinne Masiero reconnaît celui qui a abusé d'elle enfant. Elle raconte l'inceste qu'elle a subi. Le documentaire “Inceste le dire et l’entendre” de Andréa Rawlins-Gaston avec Mathias Dénizo est diffusé ce lundi 26 septembre sur France 3 à 23h10.

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(778) Corinne Masiero raconte l'inceste qu'elle a subi - YouTube

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TERRIENNES Violences faites aux femmes : féminicides, coups, viols et autres agressions sexuelles "Incestuée" : un livre courageux pour raconter l'indicible

25 Février 2023, 01:03am

Publié par hugo

TERRIENNES
Violences faites aux femmes : féminicides, coups, viols et autres agressions sexuelles
"Incestuée" : un livre courageux pour raconter l'indicible
"Ma mère a dit que si je bronchais, elle me tuerait"
"Ma mère a dit que si je bronchais, elle me tuerait"
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24 FÉV 2023
 Mise à jour 24.02.2023 à 16:21 par 
TerriennesFrantz Vaillant
Dès son plus jeune âge, Véronique M. a été abusée par ses deux parents tortionnaires. Dans un livre confession, elle évoque son enfance dévastée, raconte les conséquences de ces actes barbares sur sa vie de jeune femme et les étapes, ensuite, de sa reconstruction. Bouleversant.
C'est un livre courageux et éprouvant, un livre d'une force inouïe. Il a la dureté de la vérité et, pourtant, il ne verse jamais dans la haine. Simplement, il raconte, s'étonne, constate. Le résultat n'en est que plus terrible.

Tout magistrat, policier et simple citoyen devrait le lire. En entier. Parce que ce témoignage apporte un éclairage inédit sur un crime quotidien qui se passe chez nous, parmi nos voisins, derrière les murs d'un silence ignorant ou complaisant.


D'après un sondage Ipsos réalisé pour l'association Face à l'inceste, dévoilé en novembre 2020, un Français sur 10 affirme avoir été victime d'inceste, soit 6,7 millions de personnes. Parmi ces victimes, 78% sont des femmes. L'inceste continue donc de faire des ravages et sa dénonciation, finalement, ne sort que très peu des statistiques.

Sans doute parce que l'inceste rendu public est une déflagration pour l'entourage. Ceux qui savent préfèrent se taire, éluder, passer à autre chose. Dès lors, la famille touchée par l'inceste se mure dans le silence d'un groupe de personnes autour d'un même secret. Ce qui n'est pas dit n'existe pas.

Et ce fléau prospère. Il enferme ses victimes et, confortés par ce silence, les agresseurs profitent de cette opacité complice pour  broyer d'autres innocents.

"Je ne me pardonne pas de ne pas dire la vérité" (Véronique M. dans <em>Incestuée)</em>
"Je ne me pardonne pas de ne pas dire la vérité" (Véronique M. dans Incestuée)
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Un manuscrit imbibé de sang
Qui est capable d'écouter leurs souffrances ? Il s'agit là d'un sujet désagréable, potentiellement dangereux, qui "casse l'ambiance" et parfaitement "invendable"pour le grand public. Il faut donc saluer Florent Massot, l'éditeur, d'avoir accepté de publier ce manuscrit imbibé de sang et de larmes, un récit tapissé d'hématomes et révélateur d'une solitude inhumaine, celle de cette petite victime.

"Je ne voudrais pas exister. Je me demande si j'existe" (Véronique M. dans <em>Incestuée</em>)
"Je ne voudrais pas exister. Je me demande si j'existe" (Véronique M. dans Incestuée)
(Pixabay photos)
Pour raconter son calvaire, Véronique M. a choisi un langage simple, celui de la gamine qu'elle était. L'effet est saisissant.

Au fil des pages, de très douloureuses pages, le lecteur devient Véronique M, enfant et martyre. Nous adoptons le cheminement de ses interrogations et partageons son effroyable chemin de croix.

Si la lecture de ces faits ne laisse pas indemne, car ils culminent jusqu'à l'insoutenable, que dire alors du courage qu'il a fallu à son autrice pour les revivre en les écrivant afin de les porter à notre connaissance ?
"J'ai peur partout"
Tout commence dans le nord de la France. Le père de Véronique est gendarme. Il s'est marié avec une femme de sept ans plus jeune que lui et qui avait alors 17 ans. A 25 ans, la voici mère de 4 enfants. Véronique est l'aînée. 

En août 1968, elle a trois ans et demie. Sa mère n'est pas là. Elle se repose à la clinique après son dernier accouchement. Véronique est donc seule avec son père. Dans Incestuée, elle écrit : "Je suis tout le temps toute nue, mon père aussi. Je ne fais rien, j'attends toute la journée. Quel jour on est ? Il m'attache tout le temps dans mon lit, il me tape, me viole. (...) Je ne peux pas pleurer. J'étouffe, il me met un truc sur le nez et la bouche. J'ai honte d'être comme ça, je ne peux rien faire. Toute nue, je ne peux pas bouger. Je suis attachée, les jambes liées, les bras attachés, il me fait mal partout, j'en ai marre, je veux m'en aller. Je ne sais pas ce qu'il va me faire. Je ne vois rien. J'ai les yeux bandés. Je ne sais pas ce qu'il va se passer. J'ai peur partout, où il va me frapper, qu'est-ce qu'il va me faire ?"


(Pixabay images)
Le cauchemar continue jusqu'au jour où son père, à table, lors d'une scène, avoue avoir une maîtresse. L'orage éclate. Cris, menaces de départ de sa mère.

Mais contre toute attente, ce jour-là, c'est elle qui bat Véronique à coups de pied dans le dos et les reins, tout cela devant son père qui ne s'interpose pas. Véronique fait partie de ses "sales gosses" et lui, le père, il n'en veut plus. Il préfère vivre avec des "bonnes femmes" qui ne lui en feront pas, des gosses.... Le ton monte encore.

Désormais, sa mère considère son mari comme "un démon". Sa raison vacille. Elle est convaincue que ses enfants sont les enfants de Satan. Véronique est désormais la "fille du diable",  elle est "Lucifer" et elle "doit payer" pour cela. L'horreur va alors franchir une nouvelle étape.

"Dehors, je ne veux pas qu'on me voie" (Véronique M. dans <em>Incestuée</em>)
"Dehors, je ne veux pas qu'on me voie" (Véronique M. dans Incestuée)
(Pixabay photo)
"Ils se vengent sur moi, je suis responsable"
Sa mère prend un amant, un certain "R", qui vient discrètement à la maison. L'abomination continue pour Véronique, qui a maintenant 4 ans. Elle entre dans une nuit noire de sévices, de silence et de honte. Sa mère l'oblige à participer à ses ébats sexuels, rapidement assortis de scéances de tortures. Ses bourreaux jouissent du mal qu'il lui font. Et cela va très loin dans l'innommable : "Je suis alllongée par terre, sur le dos. Ma mère, elle veut casser mon bras. Elle y arrive pas, alors "R" tape dessus avec un bâton. Je ne peux plus bouger. Il appuie avec un pied sur mon bras. Ils sautent dessus à pieds joints (...) Ils vengent ma mère parce que mon père l'a trompée. Il rétablit la justice sur les enfants du diable. Ils se vengent sur moi, je suis responsable".

Direction l'hôpital. Véronique a le bras tout bleu. Il est cassé. Au médecin de l'hôpital, le père avance l'explication donnée par sa femme. Véronique est une "enfant turbulente", elle "est montée sur le buffet pour attraper les Légo".

On le croit ou feint de le croire. Ce papa, après tout, est un gendarme."Ils font tous comme si rien ne se passait, comme si tout allait bien ! Ils ne pensent qu'à mon bras, ils s'en foutent de moi, c'est chiant, c'est long," écrit-elle.

"Mon père me prend, ferme la porte et me tape dans le foie et dans l'estomac en mettant sa main dans ma bouche pour m'empêcher de crier" (Véronique M. dans <em>Incestuée</em>)
"Mon père me prend, ferme la porte et me tape dans le foie et dans l'estomac en mettant sa main dans ma bouche pour m'empêcher de crier" (Véronique M. dans Incestuée)
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La lâcheté des adultes
Une autre fois, en classe, à bout de nerfs et aux frontières du désespoir et du suicide, elle ose dire tout haut les sévices qu'elle endure à la maison. Elle crie les viols, les coups qu'elle reçoit. Que tout le monde dans la classe ouvre les yeux ! Personne n'a donc remarqué qu'on lui avait arrachée les dents avec une tenaille pour qu'elle ne parle pas ? Elle hurle. Elle exige de voir la police. Mais sa maîtresse prend très mal ce SOS. On lui met la tête sous l'eau froide pour calmer "l'hystérique" qu'elle est. En guise de police, ce sont les parents-bourreaux qui sont prévenus !  Et quelques instants plus tard, habillés de frais, tout sourire, ils viennent chercher leur petite victime. Et les sévices vont aller crescendo...

Aucun adulte n'a été suffisamment fort pour affronter mes parent.

Véronique M.

"Je me demande pourquoi ils ne me tuent pas, ce serait plus simple" (Véronique M. dans <em>Incestuée)</em>
"Je me demande pourquoi ils ne me tuent pas, ce serait plus simple" (Véronique M. dans Incestuée)
(Pixabay photo)
Incestuée évoque cette cécité volontaire des autorités et, d'une manière plus générale, la lâcheté des adultes. "C'est aussi l'une des choses qui m'a fait le plus souffrir nous dit Véronique. C'est d'être trahie par tout le monde. Mes parents étaient fous, criminels, tout ce qu'on veut, mais les autres ne l'étaient pas ! Aucun adulte n'a été suffisamment fort pour affronter mes parents et là, il n'y a plus aucun recours. Je ne peux pas m'empêcher de penser que le fait que mon père ait été un gendarme, c'est vraiment le scandale des scandales. Il y a eu une volonté de ne pas faire de bruit avec ça. A l'hôpital, par exemple, on le savait très bien. Me garder quinze jours pour un bras cassé alors que j'étais plâtrée, cela n'est pas normal. Je pense que tout le monde savait et personne n'a voulu aller jusqu'au bout. Je ne comprends pas. Il me semble qu'il y a eu des visites d'assistantes sociales, mais mon père était prévenu..."
L'appétit de vivre, malgré tout
On aurait tort de penser que ce livre n'est qu'une  longue énumération de sévices. S'il n'y a ni complaisance ni poésie, ni effet littéraire pour atténuer l'extrême violence subie, c'est pour mieux servir la vérité. Tout simplement.

<em>Le Sucre</em>, une sculpture de 2016, signée Astelle, le nom d'artiste de Véronique M.
Le Sucre, une sculpture de 2016, signée Astelle, le nom d'artiste de Véronique M.
Incestuée évoque aussi le difficile chemin de la reconstruction et l'appétit de vivre malgré tout. Ces moments de barbarie ont été enfouis profondément et pendant des années, entrainant des désordres sentimentaux et des échecs professionnels toujours surmontés –Véronique, aujourdhui, est artiste, art thérapeute et architecte-enseignante.

Elle a commencé à quitter l'ornière culpabilisatrice, à goûter un peu d'oxygène, en mars 1990 avec une première scéance de thérapie. Une lumière dans les ténèbres : "Jusqu'à 25 ans, dit-elle, j'ai pensé que je n'avais jamais reçue une gifle de ma vie et qu'il ne m'était rien arrivée. Je ne me souvenais pas, de rien, mais j'étais très mal dans ma peau et je ne savais plus pourquoi. J'étais presque soulagée de connaître la vérité, de retrouver la mémoire." 

"C'est le silence qui nous tue, par la vérité on atteint la vérité" (Véronique M. dans <em>Incestuée)</em>
"C'est le silence qui nous tue, par la vérité on atteint la vérité" (Véronique M. dans Incestuée)
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Déposer plainte, enfin...
Son père et sa mère n'ont jamais été inquiétés pour leurs actes. En 2004, le délai de prescription  est porté à vingt ans pour dénoncer ces cas de violences. Trop tard pour Véronique qui, malgré tout, se rend à la police pour déposer plainte le 29 septembre 2021. Le procureur accepte de la recevoir car, "au vu des éléments, il peut soupçonner l'existence d'autres victimes non prescrites ou d'autres futures victimes, et une enquête aura lieu".

Elle a donc dénoncé cet inceste, ces viols, ces actes de barbarie auprès de deux policières qui l'ont écoutée avec attention et bienveillance. Afin d'échapper à la toxicité de ses parents et d'épargner son petit garçon alors âgé de 7 ans, elle a rompu les ponts avec eux. Aujourd'hui, son fils est un jeune homme de 27 ans, aimant et solidaire. Il l'a encouragée à publier ce livre douloureux.

J'ai écrit pour livrer mon secret, pour ne plus avoir à le porter, pour ne plus être seule, pour récupérer ma vie, pour purger le passé et vivre de façon entière...

Véronique M.

La mère de Véronique, "une alcoolique très méchante", est une personne, selon elle, qui ne s'aime plus du tout". La seule fois où, à 30 ans, elle a essayé de parler avec elle de ces atrocités, sa mère l'a traitée de folle : "Elle ne peut pas voir ce qu'elle a fait. Je pense qu'elle ne pourrait pas le supporter".

Son père,  octogénaire, n'a plus de dents et vit seul. Et qu'est devenu le terrible salaud, "R", le tortionnaire et amant de sa mère ?  Véronique croit savoir qu'il est mort brûlé vif dans un accident de voiture avec son fils au début des années 1970.   

Sa voix est douce et sans colère aucune quand elle affirme avoir voulu écrire ce livre "pour  livrer mon secret, pour ne plus avoir à le porter, pour ne plus être seule, pour récupérer ma vie, pour purger le passé et vivre de façon entière, de façon vraie. J'espère qu'avec ce livre, les victimes relèveront la tête et se battront. J'ai écrit ce livre aussi pour ça".

Avec Incestuée, Véronique M. nous livre un témoignage aussi courageux qu'important.

(Re)lire aussi dans Terriennes : 

► France : #Metooinceste se répand sur les réseaux sociaux
► Pédophilie, polygamie : les colères de la rappeuse Ashley
► "A Thousand Girls Like Me" : le documentaire qui brise le tabou de l'inceste en Afghanistan
► TRIBUNE : Affaire Matzneff , "Si la France veut vaincre ses démons, elle doit se regarder en face"
► "Vers la violence", le récit d’une relation filiale viciée par le culte de la virilité

TerriennesFrantz Vaillant
 Mise à jour 24.02.2023 à 16:21
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Violences sexuelles : la star marocaine Saad Lamjarred jure n'avoir "jamais" violé

24 Février 2023, 19:45pm

Publié par hugo

 Violences sexuelles : la star marocaine Saad Lamjarred jure n'avoir "jamais" violé
Le chanteur Saad Lamjarred et sa femme Ghita El Alaki au Palais de justice de Paris le 20 février 2023.
Le chanteur Saad Lamjarred et sa femme Ghita El Alaki au Palais de justice de Paris le 20 février 2023.
capture d'écran AFP
22 FÉV 2023
 Mise à jour 22.02.2023 à 22:20 par 
TV5MONDE
 
AFP
Le chanteur star marocain Saad Lamjarred, qui comparaît cette semaine devant les assises de Paris pour viol aggravé, est également renvoyé pour un viol qu'il a commis à Saint-Tropez en 2018. Il jure n'avoir "jamais" violé.
 
Saad Lamjarred, 37 ans, est jugé depuis le 20 février devant la cour d'assises de Paris, accusé d'avoir violé et frappé dans une chambre d'hôtel une jeune femme qu'il avait rencontrée en boîte de nuit. Les faits se sont déroulés en marge d'un concert prévu dans la capitale en 2016. Il conteste les faits.

Ce 22 février, c'est son tour de témoigner. Et c'est sans hésiter qu'il affirme devant la cour d'assises de Paris, sous le regard atterré de Laura P. sa victime, qu'il n'y pas eu de viol, pas de relation sexuelle : "jamais".
 
Un "after" qui dérape
Au début, leurs versions correspondent : la rencontre dans une boîte de nuit huppée de la capitale française, la soirée qui se poursuit avec un premier "after", avant de continuer à son hôtel.

À l'aise à la barre, presque souriant, Saad Lamjarred, 37 ans, décrit le trajet en taxi. "On se tient la main, je la complimente sur sa beauté". 

"On se fait des câlins, pas des câlins amicaux", insiste-t-il. "On se plaisait, ce n'était pas juste physique, j'aimais sa personnalité même si nous n'avions parlé que pendant deux heures".

Dans la chambre, ils dansent, ils discutent. Puis elle lui dit "désolée, je ne pouvais pas t'embrasser devant tout le monde", et Saad Lamjarred prend ça comme un "signe". Il se penche, l'embrasse, "un long baiser".

C'est ici que leurs récits divergent radicalement.

"Et là tout à coup, il a poussé ma tête qui a cogné par terre", avait raconté Laura P. à la barre le 21 février, tremblante et en larmes. La jeune femme, 20 ans à l'époque, avait ensuite décrit son incompréhension, ses cheveux qu'il avait tirés, à califourchon sur elle malgré ses refus répétés.

Selon elle, il l'avait déshabillée de force, puis avait léché son corps avant de lui infliger un premier coup de poing, puis deux pénétrations digitales, vaginale et anale, et une brève pénétration pénienne. Elle avait ensuite réussi à le repousser en le mordant dans le bas du dos.

Saad Lamjarred raconte lui qu'ils étaient en train de se déshabiller quand il a senti une "griffure très douloureuse dans le dos". 
"Un vrai homme ne fait pas ça"
"J'ai fait quelque chose que je regrette, je l'ai poussée au visage brutalement. C'était un réflexe involontaire, je n'en suis pas fier", "je ne suis pas comme ça", dit le chanteur, pull marine sur chemise blanche, rappelant qu'il avait bu et consommé de la cocaïne, une circonstance aggravante.

"Je n'aurais pas dû faire ça, un vrai homme ne fait pas ça", continue-t-il.

Puis le chanteur se fait encore plus solennel: "Mme la présidente, je le dis aujourd'hui et je le dirai jusqu'à mon dernier souffle, moi, Saad Lamjarred, je n'ai jamais pénétré Laura P., de quelque manière que ce soit".

Sans se retourner, il s'adresse à elle. "Je suis désolé pour ce réflexe de violence, je ne voulais pas te faire pleurer", dit-il. Laura P. garde sa main devant les yeux, tête baissée.

Et puis la voix de Saad Lamjarred se brise. "Par contre, mon futur, ma famille, ma vie, ma réputation... nous sommes tous les deux dans de mauvaises situations. J'essaie de sourire, de faire des vidéos, mais je n'ai pas envie de sourire", gémit dans un sanglot le chanteur aux centaines de millions de vues sur YouTube, appuyé à la barre.
 


"Mais ta gueule", entend-on murmurer sur le banc des proches de la partie civile.

S'il s'agit d'un "malentendu", "est-ce que vous lui avez demandé pourquoi elle a réagi comme ça?", demande plusieurs fois la présidente Frédérique Aline sans vraiment obtenir de réponse.

"Je ne dis pas qu'elle a menti, je dis que peut-être elle s'est trompée", répond Saad Lamjarred.

"Elle s'est trompée sur quoi?", interroge la présidente. "Soit elle invente... mais c'est compliqué de confondre des actes de cette nature avec une gifle". "Vous avez une explication?" poursuit la présidente. "Je n'en ai aucune idée", lâche le chanteur.
Une affaire similaire à Saint-Tropez
Mais il semblerait que Saad Lamjarred soit coûtumier du fait. Le chanteur a été accusé de viols à New York, Casablanca et Saint-Tropez.

Dans cette dernière affaire remontant à 2018, il a été renvoyé devant la cour d'assises du Var pour viol, selon un arrêt de la cour d'appel d'Aix-en-Provence datant de novembre 2021 que l'avocat général Jean-Christophe Muller - qui représente l'accusation à Paris - a fait verser aux débats le 21 février au soir. La date du procès n'est pas encore connue.

(RE)lire : Inculpé pour viol, le chanteur marocain Saad Lamjarred en détention

Quand le document avait été distribué à l'audience, l'un des avocats de Saad Lamjarred l'avait jeté au sol, furibond.

Cet arrêt est effectivement très embarrassant pour le chanteur, tant les faits reprochés ressemblent à ceux jugés à Paris.

Dans l'affaire de Saint-Tropez, la plaignante avait déclaré aux enquêteurs avoir rencontré Saad Lamjarred dans une célèbre boîte de nuit. Elle l'avait plus tard suivi à son hôtel, seulement dans l'intention d'y boire un verre, selon elle. Quand Saad Lamjarred a essayé de l'embrasser et qu'elle a refusé, "son visage a changé", avait-elle déclaré aux enquêteurs. Il l'aurait alors brutalement poussée sur le lit et se serait couché sur elle en lui maintenant les poignets, l'aurait déshabillée et lui aurait imposé un rapport sexuel. Elle, "tétanisée", a été "incapable de lui résister physiquement".

Elle avait ensuite appelé une amie pour lui demander de venir la chercher. Cette amie l'avait retrouvée "choquée", le "regard vide", et un employé de l'hôtel avait décrit une femme "anéantie", qui "tremble et sanglote".

Saad Lamjarred affirme que ce rapport sexuel était consenti, et que la jeune femme avait "beaucoup" apprécié.

Dans le téléphone du chanteur, les enquêteurs ont trouvé un message d'une autre jeune femme parlant de violences. Entendue, elle a elle aussi dénoncé des faits de viol dans des circonstances similaires.

En attendant, le verdict pour l'affaire de Paris sera le 24 février.
 
TV5MONDE
 
AFP
 Mise à jour 22.02.2023 à 22:20
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Musiques de cinéma : les compositrices veulent se faire entendre

24 Février 2023, 19:41pm

Publié par hugo

 

Musiques de cinéma : les compositrices veulent se faire entendre
Les compositrices de film restent largement sous-représentées dans un monde encore très masculin. En 2022, en France, on ne compte que 11% de compositrices de musique à l’image, selon un compte rendu publié sur le site <a href="http://femmesdecinema.org/compte-rendu-atelier-12-12-2022/?fbclid=IwAR2mPsX7x2ta-_KtIWxvPtr2w7cmV9wedAJlOLE3o5KUBxuZAcUyYGG1u8c" rel="nofollow" target="_blank">femmedecinema.org</a>.
Les compositrices de film restent largement sous-représentées dans un monde encore très masculin. En 2022, en France, on ne compte que 11% de compositrices de musique à l’image, selon un compte rendu publié sur le site femmedecinema.org.
©capture ecran/page facebook collectif troisieme autrice
18 FÉV 2023
 Mise à jour 18.02.2023 à 11:48 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Vladimir Cosma, Ennio Morricone, ou plus récemment Hans Zimmer... Derrière ces noms résonnent des mélodies qui ont bercé de grands moments en salle obscure, mais qui peut citer une compositrice de musique de film ? Invisibilisées dans les génériques, souffrant d'un manque de représentativité et de soutien, les femmes restent aujourd'hui largement minoritaires dans le monde de la musique de cinéma. 
En 2022, on ne compte que 11% de compositrices de musique à l’image, et les femmes ne représentent que 16% des personnes ayant touché des droits d’auteur.ice.s à la Sacem. Seulement 15% des bénéficiaires des aides de la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) étaient des femmes. Un chiffre néammoins en nette amélioration comparativement à 2019 – elles ne représentaient alors que 3,5% des bénéficiaires de ces mêmes aides (source femmesdecinema.org).


©Le Lab
Selon le rapport du Centre national du cinéma et de l'image animée de 2022 : "Entre 2012 et 2021, la musique originale de 37 projets soutenus par le CNC (Centre national du cinéma) est strictement composée par des femmes, soit 6,7% de l'ensemble des projets aidés". Le CNC recensait 30,6% de films réalisés ou coréalisés par des femmes en 2021. Selon le collectif Femmes de Cinéma, un film sur quatre en France est réalisé par une cinéaste. En Europe, sur 100 films, 22 sont l'oeuvre d'une réalisatrice.


"Cherchez la femme"
"Le milieu du cinéma n'est pas le plus inclusif. C'est catastrophique pour les compositrices de musique de films", affirme Flore Benguigui, chanteuse du groupe L'Impératrice et réalisatrice d'un podcast Cherchez la Femme qui s'est fixé pour mission de sortir de l'ombre les oubliées de l'industrie musicale.

​Dans son podcast, la chanteuse a sorti des limbes Angela Morley, femme trans (née homme, alors Walter "Wally" Stott), restée dans l'ombre de John Williams en tant qu'orchestratrice, c'est-à-dire compositrice en second, pour Star Wars, E.T. et Superman, ou encore Shirley Walker, dont le travail sur le Batman de Tim Burton est relégué au second plan derrière celui de Danny Elfman.


À (re)lire ► Festival Un Temps pour Elles : pour que les compositrices ne soient plus les oubliées de l'histoire musicale
Compositrices trop invisibles, donc "inaudibles" ?
Pour fédérer encore plus largement, Flore Benguigui vient de lancer "Cherchez la Femme" en version table ronde en public, avec mini-concerts de musiciennes, Dj Sets 100% féminins et dégustation de vin de vigneronnes. Ce rendez-vous mensuel à Paris est le prolongement logique de son podcast diffusé tous les mois sur Tsugi Radio, média en ligne. La chanteuse entend ainsi créer du réseau pour les professionnelles de la musique.

Le manque de représentation des compositrices de musique de films a été abordé avec trois d'entre elles, Uèle Lamore, Anne-Sophie Versnaeyen et Julie Roué lors d'un premier rendez-vous en public.


"Les hommes sont assez forts pour se fédérer", constate Anne-Sophie Versnaeyen, qui trouve cependant des exceptions, comme avec Nicolas Bedos, pour qui elle a composé plusieurs musiques, comme celle de La Belle Epoque.

"Les hommes choisissent leurs doubles ; pour les compositrices il y aussi une identification plus évidente avec les réalisatrices", nuance Julie Roué, autrice de la B.O. d'Une femme du monde de Cécile Ducrocq, avec Laure Calamy.


Nous, les femmes, n'avons pas eu cet apprentissage des mecs qui disent "je veux mon nom au générique".

Uèle Lamore, compositrice
"Nous, les femmes, n'avons pas eu cet apprentissage des mecs qui disent 'je veux mon nom au générique'", déplore Uèle Lamore qui a signé la B.O. du film d'Aïssa Maïga Marcher sur l'eau, sorti en 2021.


L'invisibilisation des compositrices de B.O. est en effet une autre partie du problème.
En 2019, deux prix de la Sacem de la musique de films ont été décernés à des compositrices, dont Anne Dudley pour Elle de Paul Verhoeven. 

C’est un domaine d’activité où il y a peu de femmes. Jusque récemment, je ne savais pas si je devais dire : je suis compositeur ou compositrice.

Anne-Sophie Versnaeyen, sur France Info
"C’est vrai que c’est un domaine d’activité où il y a peu de femmes. Jusque récemment, je ne savais pas si je devais dire : je suis compositeur ou compositrice. Comme si je n’avais jamais entendu ce mot "compositrice". Il y en a toujours eues, mais en raison des sociétés dans lesquelles elles vivaient, tout était réservé aux hommes, et notamment les activités créatrices", reconnait Anne-Sophie Versnaeyen, lors de la sortie du film La Belle époque, sur France Info. "Mais s’il y a beaucoup de femmes instrumentistes dans les orchestres, c’est une autre chose de leur confier des compositions ou la direction d’une formation, car ce sont des postes à responsabilité. Cela reste rare, mais le changement est en marche", tenait-elle alors à conclure.

La compositrice, qui a également signé la B.O. du film Mascarade de Nicolas Bedos (selectionné à Cannes hors compétition en 2022), a reçu le premier Prix des auditeurs France Musique-Sacem de la musique de film parmi une sélection de films sortis en salles et sur les plateformes entre le 1er janvier et 30 novembre 2022.


Des quotas, pourquoi pas ?
Pour entrer sous les projecteurs, Uèle Lamore prône l'instauration de "quotas" lié à l'attribution de subventions.

Dans les festivals, quand je suis interviewée par les journalistes, la question 'Qu'est-ce que ça fait d'être une femme ici ?' prend la place d'une autre question, alors que j'aurais pu parler de mon travail.

Julie Roué, compositrice de musique de film
Julie Roué agit au sein de Troisième autrice, un groupe Facebook devenu une association de compositrices de musique à l'image, qui organise des tables rondes sur des "sujets comme la maternité, l'argent, les contrats, ces petits tabous pour les femmes". Le but est "d'armer les jeunes compositrices" de B.O. "pour qu'elles gagnent du temps". "Dans les festivals, quand je suis interviewée par les journalistes, la question 'Qu'est-ce que ça fait d'être une femme ici ?' prend la place d'une autre question, alors que j'aurais pu parler de mon travail", se désole-t-elle.


À lire aussi dans Terriennes : 

► Festival Un Temps pour Elles : pour que les compositrices ne soient plus les oubliées de l'histoire musicale
► À quand plus de femmes derrière la caméra, pour un cinéma moins stéréotypé ?
► Disparition de Cecilia Mangini : "Etre une femme" de cinéma dans l'Italie du XXe siècle
► Cinéma : "A plein temps", journal d'une femme de chambre
► En France, les pionnières du cinéma muet enfin honorées
► #MeToo dans l’industrie cinématographique en Inde aussi : la révolte des femmes de Mollywood
► Cinéma : à l'occasion du festival de Cannes les actrices noires réclament le droit à la lumière


https://information.tv5monde.com/terriennes/musiques-de-cinema-les-compositrices-veulent-se-faire-entendre-486913

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