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Le blog de hugo,

« Najat ou la survie », le destin d’une femme pauvre entre le Maroc et la France

9 Février 2023, 21:29pm

Publié par hugo

« Najat ou la survie », le destin d’une femme pauvre entre le Maroc et la France
Rania Berrada, journaliste franco-marocaine, signe un premier roman juste et poignant sur la pauvreté à laquelle se confronte une jeune femme migrante qui choisit de se marier avec un homme qu'elle ne connait pas pour venir en France. 
Rania Berrada, journaliste franco-marocaine, signe un premier roman juste et poignant sur la pauvreté à laquelle se confronte une jeune femme migrante qui choisit de se marier avec un homme qu'elle ne connait pas pour venir en France. 
©Belfond
09 FÉV 2023
 Mise à jour 09.02.2023 à 12:00 par 
TerriennesFasséry Kamissoko
Dans son premier roman, Najat ou la survie (Belfond éditions), la journaliste Rania Berrada raconte minutieusement le parcours d’une jeune femme entre le Maroc et la France. Une route de l'exil semée d'obstacles qu'elle va devoir surmonter pour survivre dans une société où peu de place est accordée aux personnes pauvres. Entretien.
"Najat n'est pas une héroïne superbe !", nous confie Rania Berrada. Mais pour Najat, le personnage de son roman, l’Occident a toujours été un idéal. À la fois pour se construire intellectuellement en y effectuant des études, mais aussi pour fuir un pays où malgré ses diplômes et une motivation tenace, elle fera face pendant longtemps à de nombreuses difficultés pour trouver un travail afin de subvenir à ses besoins. Pour fuir donc une existence miséreuse, Najat, se mariera à un homme qui l'amènera en France où les obstacles, notamment financiers et administratifs, vont s'enchainer.

Dans ce beau premier roman traversé par de nombreux sujets sociétaux et d’actualité tels que la migration, la primo-romancière Rania Berrada met en lumière le parcours de ces jeunes Africain-e-s, qui choisissent le chemin de l’exil après une série de déceptions variées, et une lutte acharnée dans les rues pour renverser les élites économiques et politiques, qui promeuvent dans leur pays un système inégalitaire, où peu de place est accordée aux pauvres.

Avec la même acuité, la romancière montre également les injonctions (l’attente, l’impossibilité de se remarier, la nécessité d’être fidèle au mari absent, les tâches ménagères…) qui pèsent sur les femmes dans de nombreux pays, lorsqu’elles sont célibataires ou mariées à des hommes vivant à l’étranger. Entretien.


Terriennes : À l’occasion de la rentrée littéraire d’hiver, vous avez publié un roman (Najat ou la survie), qui retrace sur plusieurs décennies, le parcours difficile d’une femme entre le Maroc et la France. Quelle est la genèse de ce texte ?

Rania Berrada : Ce texte est basé sur des faits réels. C'est-à-dire sur le vécu de personnes que je connais, même si je tiens au mot « fiction » puisqu’il y a énormément de péripéties que j’ai inventées pour que ce ne soit pas un travail documentaire. Mais aussi parce que cette histoire est traversée par beaucoup de thématiques que j’avais à cœur de raconter. Notamment ce parcours de femme qui est symptômatique de toutes les difficultés que peuvent rencontrer celles qui sont dans une situation de vouloir regagner l’Europe. C’est ce qui m’a donné envie d’écrire ce roman.

Rajat ou la survie de Rania Berrada
©Belfond édition
Justement, le livre met beaucoup en exergue les injonctions qui pèsent encore sur les femmes dans de nombreux pays lorsqu’elles sont célibataires ou mariées à des hommes qui sont à l’étranger…

Rania Berrada : Oui. Lorsque toutes les sœurs de Najat partent après leur mariage, elle se retrouve à devenir l’épouse de son père et la mère de son frère. Puisque c'est la seule fille à la maison, elle doit s’occuper de ces hommes parce que c’est comme ça que la société continue de fonctionner au Maroc, notamment dans les villes conservatrices où il y a encore une façon traditionnelle de gérer la famille, le foyer. Donc, elle se retrouve dans une situation qui incombe encore aux femmes dans certaines villes du pays.

Pourtant le fait de s’occuper de son frère et de son père l’entrave beaucoup.

Rania Berrada : Oui mais malgré ces entraves, elle garde un amour inconditionnel pour son père jusqu’à la fin du livre. On le voit lorsqu’elle ne parvient pas à rentrer au Maroc pour le voir alors qu’il est agonisant. Elle se soucie de son bien-être pendant toutes les années qui sont relatées dans le bouquin. Certes, c’est une entrave mais il y a aussi une volonté farouche de s’occuper de son père et de savoir s’il va bien.

​Évidemment que ce qui l’entrave dans la vie, c’est le patriarcat. Évidemment que les hommes de son entourage ont un droit de regard sur sa vie, mais j’avais à cœur de dépeindre ces hommes non pas uniquement comme des oppresseurs, mais aussi comme des oppressés.

Rania Berrada
C'est une situation assez réciproque d’ailleurs puisque le père est aussi très aimant.

Rania Berrada : C’est vrai que c'est une figure autoritaire, qui a son mot à dire sur ce que doit faire sa fille, mais il n'est pas que cela. C’est aussi un père aimant. Lorsqu’elle part faire ses études, il s'endette en réunissant une somme d’argent pour elle. Il se soucie de son devenir. Et des gestes comme ça, il va les répéter tout au long du livre. Pour moi, c’était important de montrer cet amour.

Évidemment que ce qui l’entrave dans la vie, c’est le patriarcat. Évidemment que les hommes de son entourage ont un droit de regard sur sa vie, mais j’avais à cœur de dépeindre ces hommes non pas uniquement comme des oppresseurs, mais aussi comme des oppressés. Parce qu’eux-mêmes en venant d’un milieu social de classe moyenne et populaire sont soumis à un certain nombre de déterminismes sociaux. Eux-mêmes sont oppressés par le chômage et leur basse condition sociale.

Votre livre met également en lumière les déceptions de nombreux jeunes Marocains, qui malgré de longues études peinent à trouver du travail. Le cas de Najat est d’ailleurs probant.

Rania Berrada : C'est un sujet qui est au cœur de l'actualité en ce moment au Maroc, suite à plusieurs scandales dans un concours d'admission pour la profession d'avocat. Au moment de la sélection pour l'épreuve écrite de ce concours, beaucoup de gens se sont indignés parce qu’ils ont relevé dans la liste des candidats retenus, des correspondances entre certains candidats et des hauts fonctionnaires et avocats marocains. Tout le monde a crié au clientélisme et au passe-droit. C'est un exemple criant de la façon dont les choses peuvent encore se passer au Maroc.

Pour beaucoup de ces jeunes, l’immigration est souvent la seule issue pour s’en sortir, malgré les difficultés qu’ils peuvent rencontrer en Occident. C’est d’ailleurs le cas pour la protagoniste de votre roman.

Rania Berrada publie son premier roman
©Chloe Wollmer
Rania Berrada : En France, on parle beaucoup des migrants et des personnes qui sont forcées à quitter leurs pays pour des raisons évidentes telles que la guerre, la famine. En revanche, on parle moins de ceux qui quittent leur pays parce qu’ils ont eu affaire à toute une série de désillusions, qui au bout du compte aboutit au fait de devoir partir parce que c’est le seul moyen de s’en sortir. C’est justement le cas pour Najat. Lorsque son mari lui propose de le rejoindre en France après qu’il lui a menti et trompé, la question du pardon ne se pose plus, mais celle de se sauver puisqu'elle a une opportunité de partir. Longtemps, elle n'a pas eu de travail parce que le chômage des jeunes diplômés reste important. Il y a aussi le système de santé qu’elle a vu se déliter lorsque sa mère était malade. Ensuite, il y a la corruption et toute une série de choses qu’elle va vivre dans sa chair. Tous ces éléments vont la pousser vers la sortie.

Quels sont les auteurs et autrices qui vous ont permis de vous construire humainement et intellectuellement ?

Rania Berrada : Céline parce que ça a été ma première claque en termes de littérature. C’est un auteur que j’ai découvert à seize ans. Il a été l'un des premiers auteurs que j’ai adoré lire, notamment pour son style. Ensuite, Annie Ernaux et Éric Vuillard, qui est très fort pour dépeindre l’histoire. Récemment, j’ai lu Rester Barbare de Louisa Yousfi, qui pour moi est un essai très important. Je trouve qu’elle a mis en mots quelque chose que beaucoup de personnes pensaient tout bas. Il y a aussi Retour à Reims de Didier Eribon que j'aime beaucoup, et qui fait partie des textes fondateurs pour moi. Ce texte m’a beaucoup ému et m’a fait penser à ma propre famille qui est transfuge de classe. Mes parents viennent tous deux d'une famille très pauvre. Ils ont réussi à la force du poignet au moment où l’ascension sociale était encore possible au Maroc. C’est pour cela que Didier Eribon me parle beaucoup.

Toutes les femmes ne sont pas héroïques et n’ont pas la force nécessaire pour rompre avec leurs milieux. Beaucoup sont obligées de composer, d’être dans un entre-deux.

Rania Berrada
(Re)lire ► Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature : "Un signal de justice et d’espérance pour toutes les écrivaines"

Que peut la littérature ?

Rania Berrada : La littérature permet de braquer la lumière sur des vies simples, de gens simples pour leur offrir une part de fiction. En tant qu'écrivain, je pense qu'on ne peut faire l’impasse sur ces vies, surtout si on vient de ce milieu-là. Notre mission, c’est de parler de ces gens et de mettre en lumière toutes les oppressions qu’ils subissent telles que la corruption, la violence, le fait de ne jamais avoir eu de chance ou d’être dans une destinée qu’on ne peut pas tracer. C’est important de raconter ces parcours pour comprendre les mécanismes qui donnent cette trajectoire qu'on appelle une vie.

Pour ce premier roman, J’avais à cœur de raconter l’histoire de cette femme parce que ce n’est pas une héroïne superbe. Certes, parfois, on a envie de la détester parce qu’elle ne bouge pas assez, et n’a pas cette espèce d’indignation qui la pousserait à être dans quelque chose d’héroïque, mais elle représente aussi beaucoup de femmes. Toutes les femmes ne sont pas héroïques et n’ont pas la force nécessaire pour rompre avec leurs milieux. Beaucoup sont obligées de composer, d’être dans un entre-deux et il me semble que la littérature doit aussi parler de cette majorité silencieuse.
 

À lire aussi dans Terriennes : 
►Au Maroc, des femmes valorisent leur savoir-faire culinaire pour s'autonomiser
►Maroc : la mort de Meryem, 14 ans, relance la question du droit à l’avortement
►Bouchra Karboubi, première femme arbitre marocaine chez les hommes
►"Adam" : un film qui témoigne des dures réalités des mères célibataires au Maroc
►Entre le Maroc et l'Espagne, "Dames de fraises, doigts de fée" raconte la dure migration des cueilleuses marocaines
►Au Maroc, Zainab Fasiki, bédéiste culottée
TerriennesFasséry Kamissoko
 Mise à jour 09.02.2023 à 12:00
SUR LE MÊME THÈME


 https://information.tv5monde.com/terriennes/najat-ou-la-survie-le-destin-d-une-femme-pauvre-entre-le-maroc-et-la-france-487940

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Le chant de guerre féministe de Corinne Masiero et "Les Vaginites"

9 Février 2023, 21:25pm

Publié par hugo

Violences faites aux femmes : féminicides, coups, viols et autres agressions sexuelles#MeToo : contre les violences sexuelles, partout dans le monde, les femmes prennent la parole pour dire "moi, aussi"
Le chant de guerre féministe de Corinne Masiero et "Les Vaginites"
Audrey Chamot, Corinne Masiero et Stéphanie Chamot, le trio des "Vaginites", un groupe qui secoue sans prendre de pincettes, pour dénoncer les violences faites aux femmes. Ici lors du concert du 28 janvier 2023 sur la scène du Hangar à Ivry-sur-Seine, à l'occasion de la sortie de leur premier album. 
Audrey Chamot, Corinne Masiero et Stéphanie Chamot, le trio des "Vaginites", un groupe qui secoue sans prendre de pincettes, pour dénoncer les violences faites aux femmes. Ici lors du concert du 28 janvier 2023 sur la scène du Hangar à Ivry-sur-Seine, à l'occasion de la sortie de leur premier album. 
©IMourgère
08 FÉV 2023
 Mise à jour 08.02.2023 à 10:40 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Sur scène, Corinne Masiero et ses deux acolytes Audrey et Stéphanie Chamot du groupe "Les Vaginites" balancent. Sous des allures d'opéra punk carnavalesque, le ton est sans concession, crû, radical. Elles chantent et crient les maux des violences faites aux femmes, dont elles ont été elles-mêmes victimes. Des textes regroupés au sein d'un premier album présenté à l'occasion d'un concert en banlieue parisienne. Terriennes y était. 
"Vaginite" : infection de la vulve provoquant des démangeaisons. "On a choisi ce nom parce qu'il faut que ça gratte !"  Effet garanti ce 28 janvier 2023 sur la scène du Hangar à Ivry-sur-Seine, en banlieue parisienne.
 
C'est bizarre, ces maladies, on les traite moins. Il y a moins de traitement quand il s'agit des femmes, on en entend moins parler. C'est comme la parole des femmes, on en entend moins parler que celle des hommes.

Corinne Masiero
"Moi, des vaginites, j'en ai eu à répétition, comme des cystites, etc... Et c'est bizarre, ces maladies, on les traite moins. Il y a moins de traitement quand il s'agit des femmes, on en entend moins parler. C'est comme la parole des femmes, on en entend moins parler que celle des hommes. Alors voilà, nous, on va vous parler d'un truc qui gratte, de la condition des femmes, et surtout des violences faites aux femmes, quelles qu'elles soient, explique Corinne Masiero. Une fois, y'a une bonne femme qui me dit 'Ah quand même parler de viol d'une enfant, c'est violent !' Ah oui, c'est violent, un enfant qui se fait violer, c'est violent. Comment voulez-vous traiter et trouver des solutions si on ne les nomme pas ?"

"Bon, la vraie histoire, c'est que ça nous faisait aussi rigoler !", confie-t-elle, large sourire aux lèvres. "Au début, on voulait s'appeler 'Les vagins vigilants', mais ça existait déjà. Dans le nord (de la France), il y a des badges que l'on porte avec la mention 'vagin vigilant', et ça veut dire que attention, on est là, tu fais plus ce que tu veux !", précise Audrey Chamot, l'une des chanteuses qui composent le trio avec Stéphanie, sa jumelle. 
Corinne Masiero et les soeurs Chamot forment "Les Vaginites", un groupe de musique punk-électro qui mettent en musique des textes dénonçant patriarcat, machisme et violences sexuelles. 
Corinne Masiero et les soeurs Chamot forment "Les Vaginites", un groupe de musique punk-électro qui mettent en musique des textes dénonçant patriarcat, machisme et violences sexuelles. 
©IM
"Rage against" le patriarcat
Avec Les Vaginites, c'est au patriarcat, mais aussi à tous les agresseurs sexuels, aux violeurs, que l'on dit tout simplement "Ta gueule !" C'est comme ça que l'histoire a commencé, nous raconte Corinne Masiero, "C'est Daniel Mermet de 'Là-bas si j'y suis' (sur France Inter, ndlr) qui m'avait demandé si je voulais venir chanter pour l'anniversaire de l'émission, et j'ai choisi 'Ta gueule', des copines du groupe Chamot, et de chanter avec elles. Je n'avais jamais fait ça, mais ça m'a plu et j'ai eu envie d'y regoûter ! Et puis, on a créé quatre morceaux qui durent en moyenne 15 minutes, et souvent c'est plus."  
 

Un coup de gueule féministe qui ne fait pas dans la nuance. Néammoins, c'est sur le ton de la comédie décalée, en couleurs et le visage grimé que le trio se présente sur scène. Audrey, Stéphanie et Corinne arrivent vêtues de manteaux en (fausse) fourrure rose fushia, prune et blanc, en short en jean, en chaussettes et chaussures pailletées, perruques fluos sur la tête.
 
L'idée, c'est de prendre les gens à revers, comme nous, on nous a prises à revers parfois, sans consentement.

Corinne Masiero
"Regardez comme on est belle !", lance Stéphanie, face au miroir de la loge lors de notre rencontre quelques heures avant le concert, rouge à lèvres débordant et yeux "smocky" façon oeil au beurre noir. "Les bonnes femmes, elles ont pas à être sous telles ou telles cotes. Si t'as envie d'être refaite, c'est ok. Si t'as envie de te maquiller, c'est ok ; si t'as pas envie, c'est ok aussi. T'es grosse, t'es noire, t'es poilue, handicapée, cisgenre, transgenre, c'est ok ! Sororité !", martèle Corinne. 

"Regardez, moche is beautiful !, ajoute-t-elle en montrant l'inscription peinte au crayon noir sur son ventre, ça fait un peu carnaval de Dunkerque. Au début, ils se disent qu'ils vont bien rigoler, et puis très vite ils comprennent que pas trop, en fait. L'idée, c'est de prendre les gens à revers, comme nous on nous a prises à revers parfois, sans consentement".

Almost all moches ("Presque toutes moches", trad), c'est le premier titre de la soirée. "Périnet périmé !", reprennent ensemble les trois chanteuses, puis elles enchainent sur le refrain "Saga, patriarcat, ambiance de la 'choune' "(terme en argot pour désigner le sexe féminin, ndlr), un rythme directement inspiré du populaire Saga africa de Yannick Noah. S'enchaine ensuite une longue litanie de termes argotiques désignant la vulve. Le public, appelé à répéter en choeur, rit de bon coeur. Dans ce titre, tout le monde, enfin le masculin, surtout, en prend pour son grade, Freud et autres psychanalystes conspués pour leur vision des femmes.

Donner des coups aux coups 
"Alors on peut plus draguer tranquille, se faire violer tranquille, maintenant va falloir demander la 'spermission' pour mettre la main au c.. ? Alors hommage aux hommes, dans 48h, une femme va mourir !" (Rires grinçants)
 
Il m'a juré que ça n'arriverait plus... Si je te cogne c'est pour ton bien ma puce.

Extrait du concert des Vaginites
Dans un blues qui tourne à la transe, les chanteuses dénoncent les violences domestiques et les féminicides : "Il y a des coins de porte, des coins d'évier, des coins de table, des radiateurs ; il y a cinquante nuances de bleus, de rouge. À coups de rallonge, de casserole, de bouteille, à coups de sourires, de ceinture, à coups d'assiette. Il m'a juré que ça n'arriverait plus... Si je te cogne c'est pour ton bien ma puce."  

Les "Que je t'aime" de Johnny ou "Ne me quitte pas" de Brel deviennent cris de guerre dans le titre Rage against the machist. "On ne tue jamais par amour !", l'occasion pour les Vaginites de rappeller sur scène ce chiffre : en France, 146 femmes sont mortes sous les coups d'un homme l'an dernier. 
 
"Nous les femmes, l'art qui répare" de Christian François (Production Nolita TV)
"Nous les femmes, l'art qui répare" de Christian François (Production Nolita TV)
©capture ecran/Nous les femmes
"Nous Les femmes",  un documentaire de Christian François sur le combat des Vaginites et d'autres femmes contre les violences sexuelles, sera diffusé sur France3 le 2 mars 2023 à 22h45. Corinne Masiero et les soeurs Chamot témoignent des viols et agressions sexuelles dont elles ont été victimes, et du combat qu'elles mènent sur scène, mais aussi en coulisse. Le réalisateur interroge aussi plusieurs autres intervenantes, comme Andréa Bescond, danseuse, comédienne, autrice et réalisatrice de Les Chatouilles.

Les Vaginites ont fondé l'association Hogo (protection en Japonais) pour recueillir des mères en difficulté qui ont besoin d'aide pour protéger des enfants victimes d'inceste et de violences. 
 "Famille, je vous haine"
"Famille, je vous haine !" crie dans le micro Corinne Masiero, connue du grand public pour ses rôles au cinéma ou à la télévision. On se souvient aussi de son coup lors de la soirée des Césars 2021, où, au milieu des robes de soirées et des smockings de rigueur, elle choisit de se présenter sur scène en Peau d'Âne sanguinolente. "Qui financerait un film aujourd'hui sur un père qui veut se taper sa fille ?" puis nue avec "No culture, no futur" inscrits sur le corps, pour dénoncer le traitement des intermittents du spectacle pendant la crise du Covid. 
Au micro, Corinne Masiero raconte et crie son inceste, sur la scène du Hangar, le 28 janvier 2023. 
Au micro, Corinne Masiero raconte et crie son inceste, sur la scène du Hangar, le 28 janvier 2023. 
©IM
Ce "Famille, je vous haine", il s'adresse à la sienne. Mais aussi à toutes celles qui ne protègent pas leurs enfants des monstres. Comme son parrain, ses cousins... Des criminels dont elle a subi les attouchements alors qu'elle n'avait que sept ans. "C'est bien en fait, c'est comme une formation professionnelle, on t'apprend comment faire l'amour comme ça déjà toute petite !", déclame la comédienne sur un ton acide. Le public reste sonné et saisi par l'aveu, même si quelques rares rires brefs fusent, parce que c'est soir de fête quand même. Mais les paroles ne laissent aucun doute, c'est bien d'inceste dont il s'agit. Sur fond de musique punk-électro, la chanteuse vocifère les mots de ces maux qu'elle a subis enfant. Soudain, sa gorge se noue. Elle se retourne, fait dos au public, un court instant, comme rattrapée et se retourne, des larmes s'écoulent.
 
Je me souviens notamment d'une fille qui est arrivée totalement en pleurs. Elle a tout dit, comment elle s'était fait violer par son cousin. Elle a tout balancé, là, juste en sortant du spectacle.

Audrey Chamot
Si ça voulait gratter, ça gratte. Il est question de souffrance, de parole qui se libère et qui libère, pour mieux briser l'impunité. Les trois chanteuses nous mettent face à la crue et cruelle vérité d'une réalité. En septembre 2022, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, a rendu un rapport montrant qu'une personne sur dix est victime d'inceste dans son enfance. 160.000 enfants sont victimes chaque année de violences sexuelles. 70 % des plaintes pour violences sexuelles infligées aux enfants sont classées sans suite.
 
Des articles à (re)lire
​►France : "Les victimes d'inceste ont besoin d'être prises en considération par la société"
►Inceste : que dit la loi au Canada, en France, en Belgique et en Suisse ?
►France : #Metooinceste se répand sur les réseaux sociaux
►"A Thousand Girls Like Me" : le documentaire qui brise le tabou de l'inceste en Afghanistan
"Ça m'a surpris au début, à la fin d'un concert lors d'une manif, des gens sont venus spontanément se confier. Ils prennent d'abord des chemins parallèles en disant 'je connais quelqu'un qui ...' et puis à la fin, ils nous disent, 'j'ai vécu ça'", raconte Audrey Chamot. 

"Je me souviens notamment d'une fille qui est arrivée totalement en pleurs. Elle a tout dit, comment elle s'était fait violer par son cousin. Elle a tout balancé là juste en sortant du concert, devant sa famille. Elle nous a dit merci. Je me dis que là ça nous dépasse un peu, car c'est énorme de dire ça et qu'il faut qu'elle soit accompagnée après. Du coup, on essaie d'avoir les contacts des associations des endroits où l'on va. On se dit que c'est vraiment utile et qu'on fait ça pour ça", poursuit la chanteuse. "En même temps c'est festif, mais on aime aussi s'éclater avec tout ça. Ce qui est bien dans la musique, c'est qu'au bout d'un moment on arrête de réfléchir, on peut plus se libérer", ajoute sa soeur, Stéphanie. 

 
Notre article ►​3919: la ligne d'écoute pour les femmes victimes de violences en veille continue en France
Rouge règles et chant des partisanes
Entre deux titres, les artistes enlèvent une à une leur short en jean pour laisser apparaitre des culottes blanches tachées de sang. "Ah ouais, fais voir toi ? Moi, c'est du faux, je suis ménopausée !!!", rigole Corinne. Le public, féminin comme masculin, s'esclaffe, se détent un peu. Une pause avant la prochaine salve... 

"Toi la mère qui sait, et toi la voisine qui entend hurler, fais quelque chose, ouvre 'ta gueule'", reprennent-elles dans un hymne effréné contre l'omerta et l'indifférence. C'est leur chant des partisanes : "Nous sommes en guerre, et le combat ne fait que commencer, alors debout ! Féministes, suffragettes, jusqu'au boutistes, debout ! Sortez les cisailles et les hastags qui mitraillent".
 
Audrey Chamot nous présente le premier opus des Vaginites, sorti le 28 janvier 2023 et présenté à l'occasion du concert au Hangar à Ivry-sur-Seine. 
Audrey Chamot nous présente le premier opus des Vaginites, sorti le 28 janvier 2023 et présenté à l'occasion du concert au Hangar à Ivry-sur-Seine. 
©IM
Pour terminer la soirée, le groupe invite le public à une séance de selfies et de dédicaces pour la sortie de leur premier album. "Si vous voulez l'acheter, hein ! En même temps on s'en fout ! Mais si vous avez des choses à dire, on est là !" invite Corine Masiero avant de quitter la scène. 
 
La mise en évidence du corps, des règles, de montrer du sang sur les culottes, c'est une manière de militer, c'est un propos très politique. C'est très salutaire y compris pour ceux que ça choque.

Bernard, un spectateur
Une femme dans le public nous confie que c'est "son homme" qui l'a emmenée au concert. Justement, Bernard, 68 ans, nous explique pourquoi il était important pour lui d'être présent ce soir avec sa compagne : "Je ne connaissais pas le groupe, mais j'ai vite compris en voyant l'affiche de quoi il retournait. Je pense qu'elles sont l'expression de ce qui doit se dire. Ça raconte bien comment le mouvement féministe est permanent, il est très très ancien et il n'en finit pas de se déployer et il est extrêmement puissant. C'est selon moi le mouvement le plus puissant du moment, dans tous ses aspects, dans toutes les strates de la société, ça vient questionner les violences". "La mise en évidence du corps, des règles, de montrer du sang sur les culottes, c'est une manière de militer, c'est un propos très politique. C'est très salutaire y compris pour ceux que ça choque.", tient-il à ajouter à notre micro. 


"C'est ce que tout le monde a envie d'entendre et dont personne ne parle ou pas bien. J'ai adoré. Il y a des hommes dans le public, et leur écoute était assez particulière, il me semble", nous dit une spectatrice. "Ce sont des choses très intimes dont elles parlent, c'est la première fois que je vois leur spectacle, et j'adore", ajoute une autre. 
 
Pour moi la violence n'est pas dans les mots qu'elles (les Vaginites) emploient parce qu'ils sont crus ou trash. La violence, elle est dans ce qu'elles rapportent. Dire la violence, c'est ne plus la subir de la même façon mais agir dessus.

Christine, militante féministe dans le public
Christine, elle, est membre de la Maison des Femmes d'Ivry-sur-Seine. Elle nous raconte avoir grandi dans le féminisme, puis l'avoir mis de côté "pensant que les choses étaient réglées". Son "réveil féministe" est revenu avec le mouvement MeToo. "Pour moi la violence n'est pas dans les mots qu'elles (les Vaginites) emploient parce qu'ils sont crus ou trash. La violence, elle est dans ce qu'elles rapportent. Dire la violence, c'est ne plus la subir de la même façon mais agir dessus. Notre émancipation, elle passe par là, témoigne la militante, Rien ne m'a choqué ce soir. Le combat contre les violences est collectif, chacun et chacune le mène avec ce qu'il ou elle est, alors je dis bravo aux Vaginites!". 

 
À lire aussi dans Terriennes :
►Violences conjugales : traumatismes crâniens, les coups oubliés
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TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 08.02.2023 à 10:40
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Congé menstruel : l'Espagne pourrait dire oui, et ailleurs ?

9 Février 2023, 21:23pm

Publié par hugo

 Congé menstruel : l'Espagne pourrait dire oui, et ailleurs ?
La ministre espagnole de l'égalité femmes-hommes, Irene Montero (deuxième en partant de la droite) levant le poing de la victoire après avoir déposé le projet de loi consolidant le droit à l'avortement et instaurant un congé menstruel en Espagne. 
La ministre espagnole de l'égalité femmes-hommes, Irene Montero (deuxième en partant de la droite) levant le poing de la victoire après avoir déposé le projet de loi consolidant le droit à l'avortement et instaurant un congé menstruel en Espagne. 
©page facebook Irene Montero
27 MAI 2022
 Mise à jour 08.02.2023 à 09:38 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec afp
Coup de projecteur sur le congé menstruel, encore rare dans le monde. Un projet de loi a été voté en première lecture en Espagne et passe aujourd'hui devant les sénateurs. S'il est définitivement adopté, cela ferait de ce pays le premier en Europe à mettre en place une telle mesure, qui ne fait pas forcément l'unanimité. 
Une journée par mois, dix par an, du télétravail ou des salles de repos... Petit à petit l'idée d'un congé menstruel fait son chemin. Pourtant, il reste encore peu appliqué dans le monde et semble loin de faire l'unanimité, au sein même des organisations syndicales comme chez les militantes féministes, qui craignent qu'il stigmatise les femmes sur le marché de l'emploi. 

En Europe, l'Espagne, déjà très en pointe déjà sur le combat contre les violences sexuelles, pourrait devenir le premier pays à le mettre en place. Un projet de loi a été adopté en décembre 2022 par les députés. Ce texte présenté par le gouvernement de gauche permettrait aux femmes souffrant de règles douloureuses de prendre un congé.


Une première en Europe ?
En 2017, un projet de loi avait été examiné par le Parlement italien, pour permettre aux femmes de bénéficier de trois jours de repos supplémentaires par mois en période de règles douloureuses. Cette mesure a finalement été abandonnée.

"Nous allons être le premier pays d'Europe à instaurer un arrêt maladie temporaire financé intégralement par l'État pour des règles douloureuses et invalidantes", s'est félicité la ministre de l'Egalité, Irene Montero. "Les règles ne seront plus taboues (..) C'en est fini d'aller au travail avec des douleurs" ou en "se gavant de comprimés" et "de cacher notre douleur", a ajouté la ministre, l'une des chefs de file du parti de gauche radicale Podemos, partenaire du parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez au sein du gouvernement de coalition.


La ministre avait indiqué plus tôt à la télévision publique que cet arrêt maladie, qui devra être signé par le médecin traitant, "n'aurait pas de durée limite" alors qu'une version préliminaire du projet diffusée la semaine dernière par les médias évoquait un congé de trois jours pouvant être porté à cinq en cas de symptômes aigus.

La mesure a toutefois suscité des réticences au sein même de l'exécutif, parmi les ministres socialistes, mais aussi au sein des syndicats. "Il faut faire attention avec ce type de décision", a mis en garde la secrétaire générale adjointe de l'UGT, l'un des deux principaux syndicats espagnols, Cristina Antoñanzas, en se disant inquiète vis-à-vis d'un possible frein à l'embauche des femmes de la part d'employeurs voulant éviter ces absences. Une analyse réfutée par Commissions ouvrières, l'autre grand syndicat espagnol, qui lui salue une "avancée législative" majeure, de nature à "rendre visible et reconnaître un problème de santé jusqu'à présent ignoré".

Ce texte devra être approuvé par le Parlement où le gouvernement est minoritaire, avant de pouvoir entrer en vigueur. Il faudra attendre plusieurs mois avant son examen. 

Espagne : congé menstruel et élargissement du droit l'avortement

Le congé menstruel est l'une des mesures phares d'un projet de loi plus large prévoyant également de renforcer l'accès à l'avortement dans les hôpitaux publics, qui pratiquent moins de 15% des IVG dans le pays en raison d'une objection de conscience massive des médecins.

Il doit également permettre aux mineures d'avorter sans l’autorisation de leurs parents à 16 et 17 ans en revenant sur une obligation instaurée par un précédent gouvernement conservateur en 2015.

L'Espagne est un pays considéré comme l'un des pionniers en Europe en matière de féminisme depuis l'adoption en 2004 d'une loi sur les violences de genre. Se revendiquant féministe, le gouvernement Sánchez compte plus de femmes (14) que d'hommes (9 en incluant le Premier ministre).
Zambie, pionnière africaine
C'est le seul pays du continent africain à avoir mis en place une telle mesure : la Zambie. La loi date de 2015 une loi qui permet aux femmes de prendre un jour de congé supplémentaire par mois, sans préavis ni certificat médical en cas de règles douloureuses. Une journée surnommée "fête des mères", mais certains employeurs se montrent encore réticents et demandent par exemple que les femmes donnent un préavis.

Selon Ruth Kanyanga Kamwi, spécialiste en communication et militante féministe, "Certaines entreprises ne veulent même pas entendre parler du fait que leurs employées ont droit à la "fête des mères", mais grâce notamment aux syndicats, les salariées sont de plus en plus nombreuses à exercer leur droit.

En Asie, un congé peu populaire
Au Japon, le droit au congé menstruel est inscrit dans la loi depuis 1947 : les entreprises ne peuvent forcer une employée à travailler si elle demande à être en « congé menstruel ». Il n’y a pas de limite au nombre de jours qui peuvent être pris pour ce type de congés mais ils ne sont généralement pas payés.

Tokyo le 7 août 1957. La femme portant le kimono traditionnel symbolise un Japon d'avant-guerre dans lequel les femmes étaient complètement soumises à l'homme japonais. Les femmes vêtues à l'occidentale symbolisent le nouveau Japon moderne dans lequel elles ont obtenu des droits étendus, dont le congé menstruel. 
Tokyo le 7 août 1957. La femme portant le kimono traditionnel symbolise un Japon d'avant-guerre dans lequel les femmes étaient complètement soumises à l'homme japonais. Les femmes vêtues à l'occidentale symbolisent le nouveau Japon moderne dans lequel elles ont obtenu des droits étendus, dont le congé menstruel. 
©AP Photo/MG
Quelque 30 % des entreprises seulement proposent de rembourser entièrement ou partiellement ces congés périodiques, selon une étude du ministère japonais du Travail, réalisée en 2020 sur 6 000 entreprises. Selon CNN, si ce dispositif a connu un certain succès les années qui ont suivi son lancement. Si en 1965, 26% de femmes y ont fait appel, aujourd’hui, très peu de femmes y ont recours (0,9% en 2017).

En avance comme le Japon, l'Indonésie, qui dès 1948, accorde aux femmes deux jours de congés menstruels par mois. En 2003, le pays revient en arrière et décide de soumettre cette loi au bon vouloir des employeurs, censés négocier avec leurs salariées. Il est prévu d'autoriser un ou deux jours de congés payés en début de cycle menstruel, en cas de règles douloureuses. La loi oblige seulement les employées à notifier à leurs employeurs la date de prise de ces congés. Dans la pratique, beaucoup d’entreprises n’autorisent qu’un seul jour de congé menstruel ou aucun en choisissant d’ignorer la loi.

En Corée du Sud, depuis 1950, les employées sont autorisées à prendre un jour de congé menstruel par mois, qui n’est pas payé. Les entreprises qui ne respectent pas la loi sont passibles d’une amende de 5 millions de won, soit environ 3 750 euros. Ce congé règles était payé jusqu’en 2004, date d’une importante modification en matière de droit du travail. Selon un sondage effectué en 2018, seulement 19 % des employées déclarent utiliser le droit au congé menstruel.

Taïwan reconnaît également le droit au congé menstruel pour les employées dans la limite d’un jour par mois et d’un total de trois jours par an. Les salariées n'ont pas le droit de bénéficier de plus de jours de congé menstruels, mais ils sont dans ce cas comptabilisés comme des jours de congé maladie normaux. Ces jours de congés particuliers sont remboursés, tout comme les congés maladie, comme des demi-journées travaillées.

Pas de loi en Chine, mais des recommandations des ministères de la Santé et du Travail pour accorder un ou deux jours de congés maladie sur certificat médical, aux femmes souffrant de règles très douloureuses.

France : débat sur la gestion de la douleur
En France, comme au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, quelques entreprises accordent un congé menstruel à leurs salariées mais il n'est pas inscrit dans la loi.

Si on instaure ce congé menstruel, toutes les femmes vont s’arrêter à chaque fois qu’elles ont leurs règles ? Ce serait du délire.

Joëlle Belaisch Allart, présidente CNGOF, dans 20 minutes
Interrogée sur le site de 20 minutes, Joëlle Belaisch Allart, la présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) "ne comprends pas bien l’intérêt. Si une patiente souffre énormément pendant ses règles, on peut déjà faire un arrêt de travail en France. Or, si on instaure ce congé menstruel, toutes les femmes vont s’arrêter à chaque fois qu’elles ont leurs règles ? Ce serait du délire."  

"Cela montre une mise en lumière des problèmes gynécologiques. Des livres, des propositions de loi, des start-up parlent de règles, de fausses couches, d’infertilité… Toutes ces initiatives visent à faire changer les attitudes. Le décliner en loi, ça demande du temps. On part de tellement loin…", se montre plus enthousiaste, Virginie Rio, présidente du  collectif Bamp, qui accompagne les couples infertiles.

Beaucoup de femmes voient dans le congé menstruel un argument supplémentaire pour les exclure, et, avant de l’instaurer, il faut d’abord pouvoir parler librement des règles.

Aline Bœuf, Université de Genève
"Beaucoup de femmes voient dans le congé menstruel un argument supplémentaire pour les exclure, et, avant de l’instaurer, il faut d’abord pouvoir parler librement des règles", estime de son côté Aline Bœuf, qui achève un master en sociologie à l’Université de Genève sur l’expérience du cycle menstruel dans le monde professionnel.
 

 
Est-ce que ça va être vraiment une avancée et permettre de mettre sur la table la gestion de la douleur ou est ce que c'est une autre façon de dire que finalement on ne veut pas prendre en charge la douleur ?

Justine Okolodkoff, association Règles élémentaires
"C'est vrai qu'aujourd'hui le congé menstruel en France, c'est à la disposition des entreprises, privées qui vont le mettre en place. Le cas de l'Espagne permet de se questionner et de mettre en avant qu'il peut y avoir des douleurs de règles et qu'elles peuvent être invalidantes. Comme il n'y a pas eu d'application concrète, est-ce que ça va être vraiment une avancée et permettre de mettre sur la table la gestion de la douleur ou est ce que c'est une autre façon de dire que finalement on ne veut pas prendre en charge la douleur ? Cela peut être une discrimination à l'embauche et tout dépend de comment c'est pris en charge, comment c'est assuré, il y a encore beaucoup de flou pour le moment en tout cas", estime Justine Okolodkoff, responsable contenus et sensibilisation à Règles élémentaires, qui organise du 27 au 29mai le premier festival "Sang gêne" à Paris.
 

Relire notre article > Congé menstruel, vrai ou fausse bonne idée ?  
Selon une enquête publiée par le British Medical Journal en 2020, 68% des femmes sont favorables à la possibilité d’horaires plus flexibles. Quand à la prise de conscience de la douleur menstruelle, cela commence peut-être dès l'école : en France, une fille sur 2 a déjà manqué l'école à cause de ses règles, selon une nouvelle étude menée par l'ONG Plan International France avec OpinionWay.
 

 
A lire aussi dans Terriennes : 

►R comme règles avec Elise Thiébaut
►Jouer au basket pour lutter contre le tabou des règles au Togo
►Journée mondiale de l’hygiène menstruelle : les règles, entre tabou et sujet politique
►#RespectezNosRègles : le sang menstruel s'affiche sur Instagram
►Les règles : un enjeu majeur d'éducation et de santé publique en Inde
►Tout sur les règles : dans "Chattologie", Klaire fait grr voit rouge
►Des tampons gratuits contre la précarité financière liée aux règles : l’Ecosse à l'avant-garde. Et ailleurs ?
►Femmes en politique : les députées, aussi, ont leurs règles
►Ces héroïnes de l’histoire qui, elles aussi, avaient leurs règles
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec afp
 Mise à jour 08.02.2023 à 09:38
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/conge-menstruel-l-espagne-pourrait-dire-oui-et-ailleurs-457124

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Manifestations contre la réforme des retraites en France : paroles de manifestantes

9 Février 2023, 21:15pm

Publié par hugo

 TERRIENNES
Conditions des femmes au travail
Manifestations contre la réforme des retraites en France : paroles de manifestantes
Illustration postée par <a href="https://www.instagram.com/ji.artivist/" tabindex="0">ji.artivist</a> sur Instagram.
Illustration postée par ji.artivist sur Instagram.
01 FÉV 2023
 Mise à jour 07.02.2023 à 07:50 par 
Terriennes
 
avec AFP
"Femmes je vous haine", "les grandes perdantes", "injustice"... Parmi les dizaines de milliers de manifestants descendus dans la rue pour la deuxième grande mobilisation nationale en France, les femmes dénoncent une réforme des retraites "injuste" qui tombe comme "un coup de marteau". En cette troisième journée de rassemblements, les femmes restent en première ligne. 
A Marseille, la crainte de travailler "encore plus" 
"Les femmes vont travailler encore plus alors qu'il faudrait qu'elles arrêtent avant, parce que partout il est reconnu qu'elles travaillent plus !", estime Brigitte Cateddu, 63 ans, infirmière à la retraite. 

"C'est toujours pareil, les femmes sont désavantagées. Même si je n'ai pas d'enfant, ce sont toujours les mêmes qui payent pour les autres", tranche Laura Marceau, 35 ans, sans emploi.

A Rouen, "les grandes perdantes"
"Les femmes seront les grandes perdantes de cette réforme. Ce sont elles qui exercent le plus des métiers précaires avec plus de coupures liées aux enfants. Elles mettront plus de temps pour obtenir tous leurs trimestres", juge Juliette, 47 ans, cadre, membre du groupe d'action féministe de Rouen.

"Les femmes seront encore plus pénalisées à cause des congés maternité, du temps partiel imposé et des carrières hachées", dit Bernadette Paimparé, retraitée de la fonction publique hospitalière, 63 ans.

A Toulouse, "c'est abuser !"
Fatima Adhal, 36 ans, AESH (accompagnante d'élève en situation de handicap) dans un collège de Toulouse, dénonce une réforme qui "impacte plus les femmes que les hommes. 64 ans c'est abuser ! Nous faire partir deux ans plus tard, c'est pas normal", dit-elle dans le cortège où des pancartes clament "Retraites dévalorisées, femmes je vous haine".

A Rennes, l'"injustice"
"Ça a été prouvé que la réforme est inégalitaire et défavorise les femmes, notamment au niveau des congés maternité. Un peu à l'image de ce que fait le gouvernement en général", critique Marine Lecrubier, 30 ans, psychomotricienne.

A Nice, "où cela peut s'arrêter" ?
Jeanne Aigle, 27 ans, designer graphiste estime que "la réforme va aggraver la situation des femmes qui ont souvent des carrières interrompues ou travaillent à temps partiel. Si on commence à repousser l'âge de la retraite, on ne sait pas où cela peut s'arrêter".


Au Havre, "est-ce que l'on aura une retraite ?"
Juliette, 19 ans, Elsa, 20 ans, en BUT (ex-DUT) Carrières sociales ont raté leurs cours pour manifester pour la première fois : "Est-ce que l'on aura une retraite ? C'est la grande question. On fait des métiers passion mais on ne sait pas comment ça va finir. Et puis on se dit que l'on sera plus âgées que les personnes dont on s'occupera en Ehpad !! C'est symbolique d'être là."

A Brest, "un coup de marteau sur la tête"
Marie-Laure Plouhinec, 58 ans, aide-soignante en Ehpad, ne s'imagine pas travailler jusqu'à 64 ans avec "un métier très très lourd". "Je me suis projetée à 62 ans, j'ai fait mon calcul, j'aurai tous les trimestres. Mais 2 ans de plus, non. C'est un coup de marteau sur la tête. Déjà qu'on a mal partout".

A Paris, un "repos mérité"
Nadège Filliatre, 60 ans, manipulatrice en radiologie, n'était pas venue manifester depuis "très, très longtemps". "Je vais devoir travailler 6 mois de plus", dit-elle. "J'ai travaillé toute ma vie, sans jours maladie, sans chômage, sans garde de mes enfants, j'ai fait des gardes, des heures supp’, je n'ai pas envie de travailler plus! Ce repos, je l’ai mérité !"
Photo postée sur <a href="https://twitter.com/xthree75">Twitter</a>.
Photo postée sur Twitter.
A Orléans, la "double peine"
Michèle Durand, 58 ans, conseillère gestion dans un organisme associatif, constate qu'elle va devoir travailler six mois de plus. "Déjà qu'on est payées 20% de moins que les hommes, c'est la double peine", dit-elle. "C'est insupportable. Ce sont toujours les pauvres et les femmes qui doivent travailler plus longtemps".

Alia Alourafi, 39 ans, 2 enfants, conseillère gestion et financement dans un organisme associatif, porte une pancarte "Maman solo et aidante isolée = pas de retraite avant le décès". "Je suis une femme, c'est moi qui ai pris les congés parentaux pour mes deux enfants. L'un de mes enfants est handicapé, j'ai repris seulement à 80% (...) Le statut d'aidant n'existe pas, c'est la double peine".

A Lille, "c'est écoeurant"
Carine Loeille, enseignante de 50 ans, souligne qu'"en tant que femmes, on a des vies compliquées, parfois on s'arrête. Je me suis retrouvée seule à la mort de mon mari et j’ai l'impression de devoir travailler jusqu'à ce que je meure. C'est écœurant."
#manifestation31janvier #lille pic.twitter.com/yEM4PfnWKs

— ZeOtherSide (@zeotherside) January 31, 2023
A Lyon, de la "poudre aux yeux"
Sabine Conjard, comptable de 54 ans est venue "contester ce qui se passe contre notre gré. Cette réforme me rajoute six mois. Si c’était pour une cause juste je les ferais, mais c’est injuste. (...) Le gouvernement se dit ouvert au dialogue mais c’est de la poudre aux yeux".

(Re)lire aussi dans Terriennes : 

► Réforme des retraites en France : les femmes, éternelles laissées pour compte
►Accidents et maladies du travail : pourquoi les femmes sont de plus en plus
►Covid-19 : et si on rémunérait le travail des femmes à la maison pendant la crise ?
►Journée de l'égalité salariale : 59 jours de travail en plus pour les Françaises
►Négligé par le féminisme : le travail invisible des femmes touchées

Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 07.02.2023 à 07:50
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/manifestations-contre-la-reforme-des-retraites-en-france-les-femmes-en-premiere-ligne

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Retraites : les pistes du Laboratoire de l’Égalité pour que la réforme soit plus juste pour les femmes

9 Février 2023, 14:07pm

Publié par hugo


Matrimoine
9 FÉVRIER 2023
DÉBATS \ Tribunes
Retraites : les pistes du Laboratoire de l’Égalité pour que la réforme soit plus juste pour les femmes

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L’association Le Laboratoire de l’Égalité, qui défend l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde du travail, accuse le projet de réforme des retraites de pénaliser les femmes. Elle propose des axes de travail pour y remédier.

« Alors que l’égalité entre les femmes et les hommes jouit du statut de Grande cause nationale, on était en droit d’espérer que la réforme des retraites serait l’occasion de traduire ce slogan en actes… Hélas, force est de constater que c’est loin d’être le cas. Si certain.e.s n’hésitent pas à parler d’une « réforme anti-femmes », dont le seul but serait de « redresser les finances publiques, pas de soulager les femmes », le ministre des relations avec le Parlement ne laisse aucune place au doute sur le fait que « les femmes sont un peu plus impactées que les hommes » par le report de l’âge légal à la retraite à 64 ans.

Ce projet de réforme des retraites fait peser de nombreuses incertitudes sur l’avenir des Françaises, et confirme dans le même temps la fragilité de la situation des femmes aujourd’hui. Une situation aggravée par les effets secondaires de la crise sanitaire, qui minent la vie quotidienne et la santé des femmes, dans leur foyer et leur travail…

Des inégalités qui persistent au fil du temps …

Aujourd’hui encore, en moyenne, le montant des pensions de droit direct des hommes est supérieur de 63 % à celui des femmes*. Une inégalité qui reflète l’absence chronique de prise en compte des spécificités de genre dans le système de retraite actuel… Les effets de ce biais, toléré par le législateur, ont à peine été compensés par la lente élaboration d’un système où l’amélioration globale des pensions a mécaniquement profité aux femmes.

Tout d’abord par l’instauration de droits associés à la maternité et de pensions de réversion. Puis par l’adoption de mesures destinées à améliorer le niveau de vie des retraité.e.s, dont celui des femmes, en même temps qu’elles obtenaient un statut indépendant de celui de leur mari et une plénitude de droits civiques et civils. Enfin, par la progressive revalorisation des pensions de réversion, qui ont cependant encore du mal à évoluer au même rythme que celui de la transformation des familles.

…Et un rendez-vous manqué

La complexité et la sensibilité de la réforme des retraites impose de traiter plusieurs enjeux et de relever de nombreux défis, ce qu’expert.e.s et communicant.e.s n’ont cessé de faire au cours des derniers mois. Toutes et tous ont été unanimes sur le fait que la réforme du régime de retraites des femmes pourrait constituer un marqueur de la justesse du projet dans son ensemble.

La réforme ne peut, à elle seule, contrebalancer les inégalités qui demeurent entre les femmes et les hommes dans le monde du travail, en particulier celles qui concernent les salaires, y compris pour des postes équivalents. Elle pourrait cependant contribuer à rendre l’accès à la retraite plus équitable. Les mesures annoncées ne produiront malheureusement pas cet effet.

Une réforme qui doit évoluer pour éviter de nouvelles injustices envers les femmes

Depuis plus de 10 ans, le Laboratoire de l’Égalité s’est engagé dans la construction d’une culture de l’égalité pour mettre fin aux discriminations qui frappent les femmes qui travaillent. Dans plusieurs domaines, nos initiatives ont contribué à déconstruire les stéréotypes attachés aux salaires, au partage des responsabilités, à l’accès à certains métiers genrés… Aujourd’hui, nous considérons que certaines dispositions du projet de réforme pérennisent dangereusement les inégalités :

 le report du départ en retraite à 64 ans entrainerait en moyenne 7 mois de travail supplémentaires pour les femmes, contre 5 pour les hommes,
le minimum de pension de 1.200 € serait inopérant pour la plupart des femmes, compte tenu de la condition de « carrière complète », •
la prise en compte des périodes de congé parental, dans le calcul des carrières longues et celui de la pension, ne devrait profiter qu’à 3.000 femmes par an seulement…
Nos travaux et nos réflexions ont fait émerger 4 axes d’évolutions majeurs à intégrer au projet pour que cette réforme puisse avoir un impact réel et positif en faveur des femmes :

 l’ajout d’une mesure concernant le temps partiel, notamment pour les métiers les plus féminisés, où ce statut est souvent subi, en prévoyant une compensation de cotisation à temps plein par l’État et ou par l’employeur,
 la redéfinition de l’ensemble des critères de pénibilité, physiques et psychologiques, auxquels les femmes sont particulièrement exposées ;
 l’intégration de critères concernant les spécificités du travail des femmes dans « l’Index seniors », sans lesquels la prise en compte de l’allongement des durées de cotisations dans les politiques de ressources humaines ne sera pas équitable;
la prise en considération du temps partiel et de son impact dans le calcul des écarts de rémunération de « l’Index égalité femmes-hommes ».
Au-delà de ces évolutions nécessaires, nous plaidons pour que ce projet soit accompagné d’une réforme en profondeur de la classification des emplois, afin de mieux valoriser financièrement les compétences des emplois principalement tenus par des femmes et de prendre en compte leur pénibilité physique et psychologique.

Le Laboratoire de l’Égalité, pleinement investi sur le sujet, souhaite faire entendre sa voix dans la lutte contre les discriminations qui menacent encore aujourd’hui l’avenir des femmes et celui de leurs filles… et nous ne souhaitons pas oublier la recommandation – plus que jamais d’actualité – de Simone de Beauvoir, selon laquelle « ces droits (des femmes) ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes votre vie durant » ! »

Laboratoire de l’Egalité

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Étiquettes : Economie Politique Egalité pro


https://www.50-50magazine.fr/2023/02/09/retraites-les-pistes-du-laboratoire-de-legalite-pour-que-la-reforme-soit-plus-juste-pour-les-femmes/

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Victoire pour le collectif Ensemble contre le Sexisme La journée du 25 janvier est déclarée « Journée nationale contre le sexisme »

9 Février 2023, 11:53am

Publié par hugo

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26 JANVIER 2023
Articles récents \ DÉBATS \ Tribunes
Victoire pour le collectif Ensemble contre le Sexisme La journée du 25 janvier est déclarée « Journée nationale contre le sexisme »

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Le collectif Ensemble Contre le Sexisme (ECLS) est constitué d’associations, d’instances en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, de réseaux de femmes et d’hommes d’entreprises engagé.e.s pour la mixité, la défense de l’égalité professionnelle et des droits des femmes, toutes et tous mobilisé.e.s pour lutter contre le sexisme sous toutes ses formes et dans tous les secteurs. Rendre visibles ses manifestations partout où elles se trouvent est l’objectif premier de l’association.

Depuis 2017, Ensemble contre le Sexisme organise chaque année, le 25 janvier, « la journée nationale contre le sexisme » et demande que cette journée soit inscrite dans l’agenda du pays comme « Journée nationale ». La 6e édition vient de se dérouler . À cette occasion, Ensemble contre le Sexisme a organisé le procès du sexisme devant une audience très large (près de 1 000 personnes en présentiel et distanciel).

Le jury était appelé à se prononcer sur trois questions : 

Le sexisme tue-t’il le talent, la créativité et le désir ?

Les hommes sont-ils engagés dans la lutte contre le sexisme ? 

Les institutions peuvent-elles et veulent-elles lutter contre le sexisme ?

Témoins et expertes se sont succédé à la barre afin d’éclairer la Cour et les juges, procureures et avocates de la défense, toutes bénévoles, issues du collectif. Les célèbres avocates du sexisme étaient Maîtres Phallocrata Patriarchos, Macha Misogyno et Désirée de Naguère. (Replay sur Facebook et sur le site d’Ensemble contre le Sexisme)

La Journée nationale contre le Sexisme est enfin institutionnalisée le 25 janvier Hier, lors de sa rencontre avec le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Emmanuel Macron, Président de la République, a officialisé la création d’une Journée nationale contre le Sexisme à la demande de Sylvie Pierre-Brossolette, Présidente du HCE. Cette reconnaissance officielle est l’aboutissement de la démarche entreprise par l’association Ensemble contre le Sexisme depuis la création de cet événement annuel.

 » L’institutionnalisation d’une Journée nationale contre le Sexisme est défendue par notre collectif depuis sa création. C’est une mise à l’agenda indispensable pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes, rendre visibles toutes les humiliations et les violences que le sexisme inflige aux femmes au quotidien. Le mouvement féministe saura faire bon usage de cette journée pour éradiquer le sexisme ! » explique Yseline Fourtic-Dutarde, co-présidente d’Ensemble contre le Sexisme.

« Nous nous réjouissons de cette reconnaissance de notre engagement face au sexisme. Nous saluons la décision du chef de l’État et le remercions de son soutien. C’est pour notre association une avancée considérable qui permettra de mobiliser chaque année un plus large public dans cette lutte indispensable contre le sexisme à mener dans tous les secteurs de la société : écoles, universités, collectivités territoriales, administrations, entreprises, associations, syndicats, tribunaux, partis politiques… Nous remercions par ailleurs Madame Isabelle Rome, Ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité, pour sa présence en clôture de notre procès et son soutien constant à nos actions. » ajoute Catherine Ladousse, co-présidente d’Ensemble contre le Sexisme.

Suite au verdict et à la condamnation du sexisme au bannissement, le procès s’est conclu par une démonstration de solidarité et de sororité à l’attention des femmes qui se révoltent contre le sexisme dans le monde, et en Iran en particulier sous la bannière FEMME VIE LIBERTÉ. 

Ensemble contre le sexisme

Les membres  du collectif

AAFA-Tunnel des 50 – Administration Moderne – Assemblée des femmes – Astrea – BECOMTECH – BPW France – CentraleSupélec au Féminin – Cercle InterElles – Chiennes de garde – COM EGALITE – Conseil national des Femmes Françaises – Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF) – Dans le genre Egales – Excision, parlons-en ! – Femmes à la Une – Femmes de justice – Femmes du monde et réciproquement – Femmes ici et ailleurs – Femmes pour le Dire Femmes, pour Agir (FDFA) – Femmes Ingénieures – Femmes solidaires – Fédération Nationale des CIDFF (FN-CIDFF) – Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) – Fondation des Femmes – Global Contact – Grandes Ecoles au Féminin – Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) – JUMP – Laboratoire de l’Egalité – Mouvement HF – Mouvement français pour le Planning familial – Observatoire de la qualité de vie au travail – ONU Femmes France – Sciences-Po au féminin – Social Builder – Women in Networking (WIN), Women Safe

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Étiquettes : Politique Sexisme

2 COMMENTS
RÉTROLIENS POUR CE BILLET
HCE – Rapport annuel 2023 sur l’état des lieux du sexisme en France – Entre les lignes entre les mots dit :
31 janvier 2023 à 8 h 30 min
[…] https://www.50-50magazine.fr/2023/01/26/victoire-pour-le-collectif-ensemble-contre-le-sexisme-la-jou… […]

25 Janvier : Procès contre le sexisme organisé par ECLS - FDFA dit :
1 février 2023 à 13 h 45 min
[…] Voir l’article de 50/50 […]


https://www.50-50magazine.fr/2023/01/26/victoire-pour-le-collectif-ensemble-contre-le-sexisme-la-journee-du-25-janvier-est-declaree-journee-nationale-contre-le-sexisme/

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La constitutionalisation de l’IVG ?

9 Février 2023, 11:48am

Publié par hugo

 
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25 JANVIER 2023
Articles récents \ France \ Société
La constitutionalisation de l’IVG ?

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Mardi 17 janvier était organisé à la Confédération du Planning Familial de Paris une conférence de presse sur la constitutionalisation de l’IVG. A quelques jours seulement du vote du projet de loi au Sénat, les invitées, dont Anne-Cécile Mailfert, Chantal Birman, Enora Malagré, Céline Thiebault-Martinez et Julie Gayet, ont rappelé les enjeux derrière la sécurisation du droit à l’avortement. Présente à cette conférence presse, Albane Gaillot, ex députée, rapporteuse de la proposition de loi visant à prolonger de deux semaines supplémentaires le délai légal pour une IVG. Elle est aujourd’hui chargée du plaidoyer national au Planning Familial.

En France, on remarque dans le champ du féminisme politique une appropriation par la droite et l’extrême droite de la loi Veil de 1975 sur l’IVG. Il y a une nécessité de réappropriation de cette loi, affirme l’une des intervenantes. La constitutionalisation de l’IVG est une thématique fondamentale et clé à plusieurs niveaux : c’est un projet à résonnance européenne, qui génère aujourd’hui une mobilisation transpartisane. La pétition pour l’inscription du droit à l’avortement a recueilli à ce jour près de 170 000 signatures, et il est nécessaire de rappeler que ce projet relève avant tout de la sécurisation d’un droit fondamental, celui des femmes à disposer de leur corps. Le droit à l’IVG est sans cesse menacé, en Europe, dans le monde entier, à toutes les échelles, tous les jours.

L’actualité aux Etats-Unis, en Iran, en Afghanistan, pour ne citer que ces pays, nous fait comprendre que les droits des femmes ne sont jamais acquis : c’est un combat perpétuel. Il semble que pour un pas en avant effectué, personne n’est à l’abri de voir son propre pays aussitôt en réaliser deux en arrière. Une femme sur trois aux Etats-Unis s’est vu arracher son droit d’accès à l’IVG. Huit Etats nord-américains ont totalement supprimé la possibilité d’un recours à l’avortement, y comprit en cas de viol, ou d’inceste, rappelle Céline Thiebault-Martinez. A moyen terme, l’abrogation de l’arrêt Roe versus Wade devrait aboutir à ce que 50% de femmes en âge de procréer soient en incapacité d’avorter. Les études mettent déjà en lumière la corrélation dans la société états-unienne entre dépression et privation du droit à l’IVG, soit un lien entre politique anti-avortement et suicide. Les pays européens ne sont pas épargnés par cette résurgence de courants ultra conservateurs et anti-choix : en Hongrie, chaque femme souhaitant avorter est désormais forcée d’écouter les battements de cœurs du fœtus. « Rien ne nous est épargné », conclut Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes. La Pologne a rendu anticonstitutionnel la pratique de l’IVG en cas de maladie incurable ou de malformation du fœtus, l’Italie de Melonie prône désormais un « droit de vie du fœtus », tandis que le Premier ministre suédois a renoncé il y a peu à sa diplomatie féministe.

Quant-est -il de la diplomatie pro-choix ?

Dans un contexte mondial post-globalisation s’affirme la nécessité d’une stratégie internationale pour l’égalité entre les genres, mais seulement : la situation aux Etats-Unis, qui amènera certaines femmes à voyager dans un autre Etat pour avorter, laissera celles en incapacité financière condamnées à leur sort. L’actualité internationale dramatique autour de l’IVG met en lumière autant qu’elle encourage des inégalités multiformes, de genre, et de classe, la pauvreté touchant considérablement les personnes immigré.es. La constitutionalisation de l’IVG par la France serait un symbole très fort de son engagement pour les droits des femmes, la santé sexuelle et reproductive, et aurait un effet fondamental sur la politique européenne. Après l’élection de la conservatrice maltaise Roberta Metsola à la présidence du Parlement européen, Emmanuel Macron, à sa tribune de président du conseil de l’UE, avait demandé le lendemain la constitutionalisation de l’IVG dans la charte européenne. C’est également une mesure de santé commune à intégrer dans le programme européen : lorsqu’on se penche sur les chiffres (25 millions d’IVG non sécurisés par an dans le monde selon l’OMS), il apparaît avec certitude que la sécurisation de l’avortement et sa légalisation dans le monde permettrait d’éviter des dizaines de milliers de mort.es.

Le déséquilibre des forces nous empêche de nous reposer sur nos acquis

Ce qu’illustre notamment l’actualité aux Etats-Unis, c’est qu’une adhérence majeure d’une population à un principe n’empêche pas son abrogation. Anne-Cécile Mailfert, rappelle qu’en France, si 80% de la population se déclare en faveur d’une constitutionalisation de l’IVG, la menace de mouvements anti-choix, « extrêmement bien organisés », et fortifiés par « des mannes financières qui irriguent les organisations anti-genre et anti-IVG » pèse sur les efforts en faveur du projet. Cette dernière cite entre autres la Fondation Jérôme Le Jeune, principal financeur de la Manif pour tous et de la marche pour la vie. Des attaques juridiques sont faites aux militantes, notamment celles du Planning Familial, des manifestations, des conférences anti-choix sont organisées, et des actions discutables comme celle de l’envoi d’un petit fœtus en plastique à la députée Pascale Martin avant sa défense du projet de loi devant l’Assemblée, qui l’avait adopté. Ce 1 février sera examiné au Sénat la proposition de loi de Mathilde Panot (LFI). Il faudra « mettre la pression sur la droite républicaine sénatoriale », qui constitue le « noyau dur républicain réactionnaire » le plus susceptible de refuser l’adoption du projet souligne la présidente de la Fondation des Femmes. 

Thelma de Saint Albin 50-50 Magazine

Céline Thiebault-Martinez : présidente de la Coordination pour le Lobby Européen des Femmes ( CLEF) Anne-Cécile Mailfert : présidente de la Fondation des Femmes / Chantal Birman : sage femme, autrice/ Enora Malagré : chroniqueuse / Julie Gayet : actrice

Photo de Une © la confédération nationale du planning familial


https://www.50-50magazine.fr/2023/01/25/60096/
 

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AUX GRANDES FEMMES, LA PATRIE RECONNAISSANTE !

9 Février 2023, 10:40am

Publié par hugo

26 JANVIER 2023
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AUX GRANDES FEMMES, LA PATRIE RECONNAISSANTE !
olympes de gouges
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Elles ne sont que 6 femmes sur 81 à être entrées au Panthéon. Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ! Mais où sont les femmes ? Et pourtant elles sont nombreuses à avoir contribué à la grandeur de la France. Elles sont inventrices, scientifiques, artistes, résistantes, politiques, philosophes, religieuses, autrices, juges, économistes… Depuis 1989, l’Élysée refuse la panthéonisation d’Olympe de Gouges, guillotinée pour ses idées égalitaires comme le droit de vote, l’accès à l’éducation, le droit de travailler ou de divorcer, la suppression de l’esclavage… Le Panthéon est un symbole de la reconnaissance de la France envers ses citoyens…. et citoyennes. Une nouvelle pétition est en ligne depuis le 7 janvier. Interview croisée de Catherine Marand-Fouquet, historienne et autrice, spécialiste de l’histoire des femmes et de Sylvia Duverger, qui tient un blog sur Médiapart, spécialiste du Genre.

Comment expliquez-vous cette résistance de l’Élysée depuis 1989, date à laquelle vous, Catherine Marand-Fouquet, avait effectué une première demande ?
Catherine Marand-Fouquet : Le simple fait qu’on ait été interpellé·es si tard sur l’absence de femmes ès qualités au Panthéon constitue en soi une réponse. Le dédain, la non-prise en considération des femmes comme actrices de l’histoire à part entière, ont perduré durant des siècles en France. La misogynie a durablement imprégné notre mentalité. Or, il se trouve que par sa personnalité, par son histoire, Olympe de Gouges incarne la féminité même. De son temps déjà, les pamphlétaires la disqualifiaient pour ce motif, la qualifiant de courtisane. Ce n’était qu’une femme libérée par un veuvage précoce, qui eut quelques amants mais entretint une liaison de près de vingt ans avec un homme dont elle eut une fille et qui la soutint financièrement. Aucune inquisition de ce style pour les hommes élus à la panthéonisation. En France, durant des siècles, pour être consacrée héroïne nationale, une femme se doit d’être pucelle, telle Jeanne d’Arc. Aussi le destin posthume de la renommée d’Olympe fut-il, durant deux siècles au moins, enseveli sous cette image de gourgandine incompatible avec les honneurs nationaux.

Une contestation plus politique s’y ajouta, orchestrée par les dévots de Robespierre dont elle avait osé critiquer vertement l’idole. Ceux-là lui collèrent l’étiquette de royaliste ou de girondine, au choix. Ce n’est qu’à partir des années 1970, avec l’essor d’une histoire plus soucieuse de faire revivre l’histoire dans sa totalité, avec un nouveau regard posé sur les écrits et actions des femmes, qu’elle acquit un autre statut. Son principal biographe, Olivier Blanc, a joué un rôle majeur dans cette redécouverte. Mais il faut du temps pour que les croyances anciennes reculent devant une vérité nouvelle.

Une génération nouvelle d’hommes politiques, étrangers à cette misogynie séculaire, ayant déjà éprouvé un statut plus égalitaire entre femmes et hommes, était sans doute nécessaire pour arriver à sauter le pas : reconnaître à une femme, quoique séduisante, ayant eu une vie ni de célibataire consacrée ni de mère bourgeoise, le droit d’être une figure symbolique exemplaire de la revendication des femmes à exercer les mêmes droits et devoirs que les hommes.

Faire entrer Olympe de Gouges au Panthéon, est-ce aussi reconnaître une injustice des hommes envers les femmes et la réparer ?
Sylvia Duverger : En 1791, l’Assemblée constituante transforme la basilique Sainte-Geneviève édifiée par Soufflot en « temple de la république », destiné « à recevoir les grands hommes de l’époque de la liberté française ». La constitution de 1791, précédée de la Déclaration des droits de l’homme votée par les députés en août 1789, prive les femmes de tout accès au pouvoir politique, tant législatif qu’exécutif (elle durcit même la loi salique puisqu’elle interdit l’accès des femmes à la régence également). Immédiatement, dans sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne adressée à la reine en septembre 1791, Olympe de Gouges conteste cette injustice faite aux femmes, dont elle observe qu’elle est en outre préjudiciable à la nation, puisqu’elle limite ou corrompt les capacités de la moitié de ses membres. Après avoir apostrophé l’Homme qui maintient les femmes dans une citoyenneté passive : « Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? », elle soutient dans l’article premier que « La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». En dépit de la majorité des révolutionnaires qui, à l’instar de Rousseau, bafouent le principe égalitaire en refusant de l’étendre à l’humanité tout entière, et malgré le sexisme éhonté des Talleyrand, Marat, Robespierre, Saint-Just, Roederer, Thibaudeau, Lanjuinais, Amar, Chaumette…, Olympe de Gouges s’empare du droit à la parole politique dénié à son sexe. Elle ose écrire que femme, elle n’en est pas moins un homme politique et que, d’ailleurs, pour le bien de la nation, elle est prête à faire le sacrifice de sa vie, vertu jugée virile et dont en effet elle fera preuve (comme, à la même période, Mme Rolland (1)

Il serait donc juste, et judicieux, que la France exprime officiellement sa reconnaissance à celle qui a défendu l’universalisme des droits humains avec une logique qui fit défaut à bien des hommes panthéonisés, n’oublions pas qu’elle s’engagea aussi contre l’esclavage.

Il est nécessaire qu’elle rejoigne ces « personnalités qui dessinent le visage de notre identité nationale » (c’est ainsi que sont définies sur le site du Panthéon celles qui sont hébergées dans sa crypte). Et que l’on retire du « temple de la République » les dignitaires de l’Empire que Napoléon y a placés (beaucoup parmi les « 77 personnalités honorées au Panthéon » à ce jour (2). Savez-vous qu’il y a même inhumé le banquier suisse, Jean-Frédéric Perregaux, qui a financé le coup d’État du 18 Brumaire ?

Dans le dossier de presse du Panthéon, il est précisé que la ou le panthéonisable doit avoir « permis à la France de faire rayonner ses valeurs (3) » celles de liberté, égalité et fraternité (qu’il serait temps de remplacer par les termes non genrés de solidarité ou d’adelphité). Or Olympe de Gouges symbolise précisément ces valeurs aujourd’hui : beaucoup des signataires de notre pétition appartiennent à la francophonie, et certain·es viennent d’universités anglophones.

Enfin, si toute entrée de femme au Panthéon fournit des modèles à opposer au sexisme (prégnant, voire même croissant, selon le Rapport annuel 2023 du Haut Conseil à l’égalité en la matière), celle d’Olympe de Gouges remplirait doublement cette mission : Olympe de Gouges ne s’est pas contentée d’affirmer haut et fort que les femmes étaient capables d’exercer tous les métiers et de remplir toutes les responsabilités, elle s’est mise à écrire et à « politiquer », à rebours du destin auquel semblaient la vouer son sexe et son origine sociale.

Quel a été le rôle d’Olympe de Gouges dans notre histoire à toutes et tous?
Sylvia Duverger : Elle a magistralement dénoncé les contradictions de la législation républicaine, l’inconséquence mortifère de certains révolutionnaires, qui, comme elle le souligne dans le postambule de sa Déclaration, « devenus libres, sont devenus injustes avec leur compagne », et dont certains,  Robespierre, Marat…–ont en outre prétendu justifier des massacres, des arrestations et des exécutions au nom de l’égalité et de la liberté.

Olympe de Gouges est un modèle de résistance à l’oppression, un modèle d’émancipation. Quand on la lit, on ne peut qu’admirer son audace, son refus de rester à la place subalterne à laquelle les femmes étaient assignées (et le sont encore trop souvent) ; sa liberté, son aptitude à penser par elle-même, sa ténacité doivent être saluées. On lui ferme la porte ? Elle passe par la fenêtre ! Parce qu’elle a des choses à dire sur la constitution et le gouvernement de la « chose publique » et veut que « ses réflexions utiles » soient prises en compte. Cécile Berly a bien raison d’observer que « quand on la lit, on a l’impression que rien ni personne ne pourra la faire taire (4)»

Elle s’autorise d’elle-même. C’est une bâtarde ; en un sens, elle n’a pas de père, puisque celui qu’elle reconnaît comme tel, l’écrivain, marquis, dévot et académicien, Lefranc de Pompignan, manque (heureusement) à l’appel. Alors que fait-elle ? Elle se garde du remariage comme de la peste (c’est « le tombeau de la confiance et de l’amour », écrira-t-elle plus tard, et pour les femmes, assurément, celui de la liberté). Puis elle s’empare des possibilités de l’écrit, se forge le nom qui lui sied et l’identité qui lui agrée. Elle devient une « femme essentielle », qui pense, crée et donne à sa vie un sens. Elle n’a reçu qu’une instruction sommaire ? Elle monte à Paris, elle fréquente les cercles lettrés, elle lit. Et la voici qui bientôt écrit des pièces de théâtre qui est alors le lieu par excellence de diffusion des idées et le plus coté des genres littéraires… Nous avons toutes et tous à gagner à la lire !

Encore au XXIe siècle dans une France supposée humaniste et éclairée, comment expliquez-vous que certains groupuscules continuent de minimiser le rôle des femmes dans notre histoire et freinent l’égalité à tous les niveaux ? Est-ce une question de génération, d’éducation ?
Sylvia Duverger : Il faut des livres entiers pour répondre à cette question ! On trouvera des réponses, par exemple, dans Antiféminismes et masculinismes d’hier et d’aujourd’hui, dirigé par Christine Bard, Mélissa Biais et Francis Dupuis-Déri ou dans Le Temps des féminismes, que Michelle Perrot vient de publier en collaboration avec Eduardo Castillo.

Le Rapport sur le sexisme que vient de rendre le Haut Conseil à l’égalité, auquel j’ai fait allusion plus haut, invalide l’espoir d’une régression du sexisme : 40 % des hommes, tous âges confondus, trouvent normal qu’une femme s’arrête de travailler pour s’occuper de ses enfants ! Les violences conjugales s’aggravent, les féminicides augmentent…

Souvenons-nous de l’observation de Virginia Woolf dans Une chambre (ou un lieu) à soi : « Les femmes ont pendant des siècles servi aux hommes de miroirs, elles possédaient le pouvoir magique et délicieux de réfléchir une image de l’homme deux fois plus grande que nature »… Les représentations de la différence des sexes qui s’exprimèrent avec force au moment de la Révolution (aux hommes la sphère publique, aux femmes l’espace domestique) (5), cette pernicieuse complémentarité qu’assènent les monothéismes (dans une moindre mesure les protestantisme et judaïsme libéraux) et que vantent « la manif pour tous », « la marche pour la vie » (dernière manifestation en date le 22 janvier, composée de catholiques traditionnalistes et de partisans de l’extrême droite) ou Eugénie Bastié et ses émules, prétendent mettre ou rendre chaque sexe à « sa » place et au nom de la nature, assurent l’hétéronormativité et la domination masculine (grâce à l’inculcation de stéréotypes et l’absence ou la limitation des droits sexuels et reproductifs…). Quelle aubaine pour ceux qui craignent la rivalité avec des égales, qui ne supportent pas l’amplitude des possibles que libère la critique des assignations genrées.

Est-ce une question de génération et d’éducation ? Sans doute la génération des Zemmour, Finkielkraut, Brukner… est-elle plus encline à vouloir conserver des privilèges auxquels elle est habituée. Mais l’on a pu voir, par exemple au moment de la dénonciation de la ligue du LOL que des hommes plus jeunes tentaient de maintenir ces privilèges en chassant de ce qu’ils estimaient être leurs terres les intruses, des femmes aussi (voire plus) compétentes qu’eux, en multipliant les attaques sexistes à leur encontre.

Aujourd’hui, cinq ans après le début de #MeToo (qui se poursuit), l’on observe que toute dénonciation de violences commises par des hommes en vue conduit à des réactions antiféministes et qu’il faut que les accusatrices fassent nombre pour être entendues. Il arrive même que des femmes volent au secours des accusés quand des brèches sont ouvertes dans leur impunité. Dernier épisode en date : la défense de la présomption d’innocence de Sofiane Bennacer menée dans les colonnes du Point par une psychanalyste qui semble considérer que s’opposer à la liberté d’expression des plaignantes c’est faire preuve d’indépendance d’esprit et d’une perspicacité sans égale. Car cette défense du mis en cause omet de prendre en considération le droit des trois accusatrices à prendre la parole dans la presse et celui des journalistes à publier les résultats de leur enquête ; elle oublie aussi qu’elles ont d’autant plus droit à une présomption de véracité que les fausses accusations de viols sont rarissimes tandis que l’impunité en matière de violence sexuelle demeure la règle. Les réactions anti#MeToo s’inscrivent dans la continuité des hostilités lancées dans les années 2000 contre les féministes qui mettaient en évidence l’ampleur des viols et agressions sexuelles : toute avancée du droit des femmes à disposer de leur corps – qu’il s’agisse du droit de choisir de ne pas avoir d’enfants ou de celui de refuser une interaction sexuelle – donne lieu à des tentatives de backlash.

Le Haut Conseil à l’égalité préconise notamment que soit donnée à l’école une éducation sexuelle et affective axée sur l’égalité, à l’opposé de la pornographie violente dont il s’agit de contenir la diffusion. Il recommande aussi que les manuels scolaires visibilisent les contributions des femmes. Mais il tire l’alarme : la « sphère antiféministe et masculiniste » est active et « l’année 2022 est marquée par la réémergence d’un mouvement réactionnaire à l’égard des femmes », en Iran, en Afghanistan, mais aussi aux États-Unis, en Pologne, en Hongrie, en Italie.

L’arrogance masculine, que l’autrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne a d’emblée épinglée (« Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? ») ne relâche pas ses prétentions. Il serait donc particulièrement bienvenu de la célébrer aux yeux du monde entier !

Quelle autre femme aimeriez-vous voir au Panthéon aux côtés de Joséphine Baker, Simone Veil, Marie Curie, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Sophie Berthelot ?
Après Olympe de Gouges, Gisèle Halimi, incontestablement. Parce qu’elle aussi, comme Olympe, est une transfuge de classe et qu’elle témoigna d’une audace et d’un courage hors pair pour défendre les droits humains, son engagement politique a failli lui coûter la vie. Gisèle Halimi est l’une de celles qui ont joué un rôle crucial dans l’obtention du droit d’avorter et la reconnaissance du viol comme crime. Ses plaidoiries, admirablement pensées et écrites, devraient faire partie des textes étudiés au lycée. Ses livres insufflent le refus de l’injustice et de l’inhumanité. Gisèle Halimi était une très grande femme ; nous sommes extrêmement nombreuses à trouver honteux qu’elle n’ait pas été panthéonisée aussi vite que son amie Simone Veil et qu’il ne lui ait pas même été rendu hommage !

Ensuite, n’oublions pas la mulâtresse Solitude, qui résista à la restauration de l’esclavage en Guadeloupe et fut pour cela exécutée le lendemain de son accouchement. Sa panthéonisation a été demandée en même temps que celle d’Olympe de Gouges en 2007 afin de rappeler que la lutte contre l’esclavage fut d’abord le fait des esclaves eux-mêmes et que parmi ces résistants il y avait des femmes.

Il me semble en outre absolument nécessaire que d’autres autrices rejoignent Olympe de Gouges : les philosophes Simone de Beauvoir et Simone Weil (également résistante), les écrivaines Georges Sand et Colette ; j’aimerais beaucoup y voir entrer aussi Madeleine Pelletier, l’une des premières psychiatres, ­­­­­qui fut emprisonnée pour avoir pratiqué des avortements et mourut d’avoir sauvé des vies de femmes, puis Jeanne Deroin, Flora Tristan, Louise Michel, Hubertine Auclert… et sur le parvis du Panthéon, des nanas de Nikki de Saint-Phalle !

Propos recueillis par Laurence Dionigi 50-50 Magazine

La pétition Pour la signer, il suffit d’envoyer un mail à sylvia.duverger@orange.fr en mettant en objet Olympe de Gouges.

1 Voir Guillotinées de l’historienne Cécile Bergy, Passés composés, parution le 1er février 2023.

2 Cette liste ne figure pas sur le site du Panthéon, on l’obtient en demandant le dossier de presse du constitué pour le monument.

3 Dossier de presse susmentionné.

4 C. Berly, Guillotinées, op. cit., p. 95.

5 Un seul exemple suffira, celui de l’intervention le 22 mars 1790 de Roederer, député du tiers état : «(…) il faut laisser aux travaux des champs, aux fonctions sociales, au métier glorieux des armes, des hommes robustes appelés à jouir de la liberté la plus entière. Les femmes, au contraire, sont des infirmières que la nature a données aux enfants et aux malades » et aux hommes, aurait-il dû ajouter (intervention citée par Christine Fauré, « Des droits de l’homme aux droits des femmes : une conversion intellectuelle difficile », in Nouvelle encyclopédie politique et historique des femmes, sous la direction de C. Fauré, Les Belles lettres, 2010, p. 251.


 https://www.50-50magazine.fr/2023/01/26/aux-grandes-femmes-la-patrie-reconnaissante/
 

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Le HCE en campagne contre le sexisme

8 Février 2023, 23:34pm

Publié par hugo

 
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Le HCE en campagne contre le sexisme

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À l’occasion de son 10ème anniversaire et de la journée nationale de lutte contre le sexisme, le Haut Conseil à l’Egalité publie son 5ème rapport annuel sur l’état du sexisme en France et lance une grande campagne de sensibilisation.

Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, il perdure et ses manifestations les plus violentes s’aggravent. Tel est le constat alarmant du rapport annuel 2023 du HCE sur l’état du sexisme en France, qui s’appuie à la fois sur les derniers chiffres officiels et sur les résultats du baromètre réalisé par l’institut Viavoice auprès de 2500 personnes représentatives. Ce sondage rend compte des perceptions de la société face aux inégalités entre les femmes et les hommes, évalue le degré de sexisme de la population, restitue le vécu des femmes et mesure l’adhésion aux outils de lutte existants. Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du HCE, remet ce rapport au Président de la République, Emmanuel Macron, mercredi 25 janvier. 

Principal enseignement : en dépit d’une sensibilité toujours plus grande aux inégalités depuis Me Too, les clichés et les stéréotypes sexistes perdurent. L’opinion est paradoxale : elle reconnaît et déplore l’existence du sexisme mais ne le rejette pas en pratique, majoritairement chez les hommes. La persistance du sexisme dit « ordinaire » est d’autant plus préoccupante qu’elle peut conduire aux manifestations les plus violentes.

Parmi les hommes de 25 à 34 ans, près d’un quart estime qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter, et tous âges confondus 40% trouvent normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants. En ce qui concerne les femmes, 80% estiment être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe et 37% disent avoir déjà subi des rapports sexuels non-consentis.

En même temps, ils estiment ensemble, à une écrasante majorité, que l’action des pouvoirs publics est insuffisante.

Le HCE propose un plan d’urgence global contre toutes les manifestations du sexisme et ses causes. L’effort doit non seulement porter sur la protection et la répression mais aussi sur la prévention en agissant sur les mentalités dès le plus jeune âge. Parmi les mesures clés, la régulation des contenus du secteur numérique pour lutter contre les stéréotypes, les représentations dégradantes et les scènes de violences désormais banalisées sur internet, en particulier dans les vidéos pornographiques.

Une grande campagne de sensibilisation et une semaine événementielle

“Le sexisme on ne sait pas toujours quand ça commence mais on sait comment ça se termine”, tel est le slogan de la campagne menée par le HCE diffusée sur les ondes et les écrans du 23 au 27 janvier 2023. Plusieurs dizaines de passages télévisés et spots radio antisexistes pensés par extra l’agence seront diffusés à titre gracieux par France Télévisions, TF1 et Radio France. Rendez-vous également sur www.onsaitcommentcasetermine.fr un site expérientiel qui propose notamment une fiction sonore en cinq séquences pour illustrer le continuum des violences, du sexisme ordinaire au féminicide.

Sylviane Agacinski, Giulia Foïs, Julia Kristeva, Titiou Lecoq, Anna Mouglalis, Leïla Slimani, ou encore Michelle Perrot, des femmes de tout âge et de tout horizon, ont accepté de prêter leur voix au HCE pour apporter leur éclairage sur les combats passés et à venir en matière de lutte contre le sexisme. A écouter sur France Inter et sur nos réseaux sociaux.

Le HCE se déplace à Strasbourg, Lyon et Saint-Denis

Chaque jour de la semaine, le HCE met à l’honneur ses différentes commissions lors de tables rondes organisées avec des actrices et acteurs locaux et nationaux.

Mardi 24 janvier, la ville de Strasbourg accueille le HCE en présence de Mme la maire Jeanne Barseghian, Christelle Wieder et Véronique Bertholle, élues à la mairie de Strasbourg. La commission Stéréotypes et rôles sociaux du HCE présentera le rapport annuel 2023 sur l’état du sexisme en France. Les invité·es assisteront ensuite à la table ronde sur l’inscription de la diplomatie féministe dans l’action extérieure de la France, animée par les coprésident·es de la commission Diplomatie féministe, enjeux européens et internationaux du HCE.

Mercredi 25 janvier, le collectif Ensemble contre le sexisme bouscule les codes et organise le procès du sexisme, en partenariat avec le HCE, à 14h à l’auditorium du 20 avenue de Ségur à Paris. En présence d‘Isabelle Rome, ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.

Jeudi 26 janvier, Grégory Doucet, maire de Lyon, reçoit le HCE à 17h à l’Hôtel de Ville pour une table ronde sur le thème de la parité économique, sociale et politique animée par la présidente de la commission Parité du HCE. Les échanges porteront sur les conditions de mise en œuvre de la parité en analysant les obstacles rencontrés et en proposant des solutions concrètes pour réduire les inégalités.

Vendredi 27 janvier, le HCE termine sa semaine événementielle en région parisienne, à l’Hôtel de Ville de Saint-Denis en présence d’Oriane Filhol, maire-adjointe chargée des droits des femmes. Les coprésident·es des commissions Santé, droits sexuels et reproductifs et Violences faites aux femmes animeront une table ronde sur les ateliers d’éducation à la vie affective et sexuelle comme une solution pour repérer les victimes, lutter contre le sexisme et promouvoir la santé sexuelle.

Haut Conseil à l’Egalité


https://www.50-50magazine.fr/2023/01/23/le-hce-en-campagne-contre-le-sexisme/

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Quel sens pour la virilité dans un monde égalitaire pour Femmes Entraide et Autonomie ?

8 Février 2023, 23:14pm

Publié par hugo

 8 FÉVRIER 2023
France \ Société
Quel sens pour la virilité dans un monde égalitaire pour Femmes Entraide et Autonomie ?

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Quel sens pour la virilité dans un monde égalitaire ? C’est la question à laquelle l’association Femmes Entraide et Autonomie va tenter de répondre le 8 mars prochain ! Au programme une performance artistique de danse théâtre sur les masculinités avec un artiste Franco Ivoirien, une table ronde avec des chercheuses/chercheurs expert·es et une fresque sur les masculinités. Femmes Entraide et Autonomie est une association créée en 2012 dans le but de lutter contre toutes formes de violences faites aux femmes. Elle promeut l’accès aux droits et à la santé des femmes notamment celles issues de l’immigration et travaille à sensibiliser les hommes aux violences.

Femmes Entraide et Autonomie (FEA) s’engage pour la promotion de l’égalité entre les genres et la sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles. Ses activités sont variées entre l’accueil, l’information et l’orientation des personnes victimes de violences, ainsi que la sensibilisation (des hommes notamment) et la formation.

FEA a choisi d’impliquer les hommes dans la lutte contre les violences de genre, dont les mutilations sexuelles féminines et le mariage précoce et forcé.

Sokna Fall, coordinatrice de l’association explique : « ce projet phare s’appelle « Les hommes s’engagent pour l’égalité femmes/hommes ». Il a pour but d’amplifier le changement, amplifier car nous sommes dans la seconde phase du projet, la première phase a commencé entre 2019 et 2021, et la deuxième a commencé en 2022 jusqu’en 2024. C’est un projet de promotion de l’égalité des genres et de lutte contre les violence de genre, il a la particularité de s’adresser aux hommes pour lutter contre les violences.

Nous travaillons dans ce projet avec des médiateurs hommes qui sont en faveur de ces principes d’égalité et contre les violences. Nous recrutons les médiateurs via une annonce, mais aussi un recrutement dans nos réseaux professionnels, ou encore de la bouche à oreille. L’association les forme sur les violences sexistes et sexuelles avec plusieurs thèmes . Nous avons un plan de formation avec toutes les thématiques à aborder en lien avec le projet. Ils sont treize bénévoles, donc nous sommes en petit groupe, il y a une partie très théorique avec des exercices, des cas pratiques.

Par la suite, après cette phase de formation, ils ont pour mission de sensibiliser leurs pairs sur les violences, sur les conséquences des violences, et promouvoir l’égalité. Ils utilisent plusieurs médias pour sensibiliser, ils organisent également des réunions avec des personnes de leur entourage, des collègues, des étudiants… Ils organisent aussi des Lives sur les réseaux sociaux, des podcasts, des interventions dans les émissions radio…

Il y a deux parties, deux buts dans la sensibilisation. Le but étant dans un premier temps de faire prendre conscience aux hommes qu’ils peuvent avoir un comportement soit sexiste voir violent sans pour autant qu’ils en aient conscience, nous tentons donc de les conscientiser. Nous favorisons aussi l’intervention en disant si vous êtes témoin de violences dans votre famille dans la rue, voilà ce que vous pouvez faire. 

Nos formations, qui se déroulent en Ile de France, est une des spécificités de notre association puisqu’il y a peu de projets aujourd’hui sur l’égalité femmes/hommes qui s’adressent aux hommes alors qu’ils ont selon nous un rôle à jouer pour faire évoluer les choses.

L’idée n’est pas de dire que les violences n’existent que dans une région du monde, nous savons qu’elles sont universelles. Nous avons cherché à avoir des personnes qui viennent de régions, de pays, d’âges et de profils différents. Le fait que ce soit des hommes migrants aussi participe à déconstruire certains stéréotypes racistes. Le fait qu’ils prennent la parole montre que tout le monde est concerné.

Nous les voyons évoluer dans leurs comportements ce qui est en partie l’aboutissement du projet. Même pendant le projet nous voyons l’évolution dans la perception de certaines choses, dans leur langage aussi, nous voyons qu’ils s’approprient vraiment le langage féministe ça c’est déjà une victoire sans parler des autres personnes qu’ils sensibilisent. Ils s’engagent sur une durée de 20 mois avec une partie formation et ensuite ils font chacun huit ateliers de sensibilisation. Nous recommandons un atelier par mois puisque cela demande beaucoup de travail et d’investissement.

De plus dans le cadre de ce projet, nous proposons des formations pour les professionnel·les de santé et du social, principalement sur les violences sexistes et sexuelles, sur les violences sur le parcours migratoire, les violences conjugales etc. »

Deux expositions : Sexposer, quand l’intime devient politique et Femmes en exil

Estelle Neveu, chargée de mission égalité des genre et droit et santé sexuelle et reproductif, mais aussi coordinatrice de projet, a mené un projet autour de la santé sexuelle et reproductive : « nous avons mené une recherche action participative, c’est-à-dire que nous nous sommes intéressées  à la question de la santé sexuelle et reproductive, à la vie affective des femmes migrantes en France, à savoir ce que c’est, ou encore comment elle la perçoive.

Nous avons pris deux groupes de femmes, le premier groupe était des femmes migrantes ou issues de l’immigration, totalement insérées socialement mais qui ont un parcours migratoire dans la famille. Le deuxième groupe était des demandeuses d’asile qui étaient arrivées en France il y a moins d’un an, avec des parcours de vie plus chaotique.

Nous les avons sensibilisées sur ce qu’est la santé sexuelle et reproductive, sur leurs droits, pour ensuite travailler sur la prise de photos symboliques. En fait, elles ont choisi un thème parmi ceux que nous avons abordés, et ont pris des photos elles-mêmes sur ce qui est important pour elles, la vie affective, la santé sexuelle etc., montrant ainsi le message qu’elles veulent faire passer.

Nous avons ensuite rédigé des abstracts, à savoir des posters sur lesquels nous parlons d’une thématique en particulier. Cela a donné lieu à deux expositions, la première « Sexposer, quand l’intime devient politique », et la deuxième « Femme en exil ». Sexposer va d’ailleurs de nouveau être exposée le 8 mars à Tours. Ce sont des expositions qui sont amenées à tourner puisque Sexposer a fait tous les centres de santé sexuelle de Paris mais aussi le Pavillon des Canaux etc »

Ainsi, FEA aborde des thèmes très différents, notamment autour des violences telles que l’inceste, les violences verbales, mais aussi les violences obstétriques et gynécologiques. Des thèmes comme la précarité menstruelle, la violence institutionnelle sont également abordés. En effet, quand une femme demande l’asile, cela peut être pour cause de mutilation sexuelle féminine, elles sont alors contraintes de répéter tout le temps cette histoire, ce qui très douloureux pour elles.

Service d’accueil et d’accompagnement des femmes victimes de violences

Afin de poursuivre leurs actions, en novembre 2022, FEA a ouvert un service d’accueil et d’accompagnement des femmes victimes de violences.

Lauréline, psychologue de formation et chargée de l’accompagnement des personnes victimes de violences physiques et sexuelles : « le principe va être l’accompagnement de manière globale. Notre public est constitué principalement de femmes exilées ou réfugiées, et/ou victime de violences. Ces femmes viennent nous voir et sont orientées soit par les médiatrices/médiateurs soit par notre réseau, à savoir d’autres associations qui travaillent sur les mêmes thématiques que nous.

Selon leurs situations, nous pouvons les accompagner de manière individuelle ou collective, en groupe de parole par exemple, en atelier collectif, de bien-être, d’estime de soi, avec l’aide de prestataires externes. Nous pouvons aussi, selon leur profil, leur proposer une réorientation vers des services adaptés. Nous les accompagnons aussi dans leurs prises de rendez-vous. Nous les aidons dans leurs dépôts de plainte, et à trouver une avocate.

Comme nous accueillons des personnes migrantes, beaucoup ne parlent pas français donc ça va être un frein en plus du frein culturelle pour faire les démarches donc là aussi, nous les accompagnons pour passer les coups de fils ou aller à des rendez-vous.  Nous les accueillons dans nos bureaux les mercredis et vendredis.

Il y a non seulement l’accompagnement mais aussi le partage d’informations, s’assurer qu’elles les comprennent, afin qu’elles s’emparent de la procédure, du cheminement qui est à faire. L’écoute est aussi au cœur de notre travail, savoir recevoir les attentes de la personne afin de pouvoir lui réponde correctement. »

Le but de l’association FEA est de favoriser des changements dans les rapports femmes/hommes, moins de violences, moins de harcèlements, afin que les femmes prennent toute leur place dans la société, que les mentalités changent dans tous les milieux, et que tout le monde se sente concerné.


Rendez-vous le 8 mars au centre Paris Anim’ Place de fêtes pour de participer à l’événement « Quel sens pour la virilité dans un monde égalitaire ».

Emma Pappo 50 50 Magazine

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