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Lancement de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes

17 Février 2023, 13:06pm

Publié par hugo

9 FÉVRIER 2023
France \ Économie
Lancement de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes

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Le 2 février se tenait au Crédit Municipal de Paris le lancement de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes, suivi de la prépublication de la note #2 « La dépendance économique des femmes, une affaire d’Etat ? » Organisée avec la Fondation des Femmes, la conférence regroupait Anne-Cécile Mailfert, Marie-Pierre Rixain, Lucile Quillet, Anna Matteoli, Lucile Peytavin, et Nadia Chekkouri.

Le rapport fait suite à une première note rédigée il y a quatre mois, et cible cette fois-ci l’(in)égalité économique et financière au sein des couples hétérosexuels. Invitée pour expliquer les mécanismes économiques qui entravent les femmes dans leur indépendance, Nadia Chekkouri, directrice adjointe de l’Accompagnement budgétaire du Crédit municipal de Paris, rappelle que le dispositif d’accompagnement budgétaire mis en place compte un tiers d’hommes, et deux tiers de femmes. Les spécificités de la fiscalité française sont décortiquées afin de cibler le lien entre inégalités de genre et inégalités économiques.

Cette note a été rédigée par l’historienne Lucile Peytavin et la journaliste Lucile Quillet. Elles rappellent que si certains progrès sur cette thématique sont à relever, comme la dé-conjugalisation de l’AAH (Allocation aux Adultes Handicapés, effective le 1er octobre 2023), beaucoup d’aides étatiques essentielles fonctionnent sur le principe de la conjugalisation et de la familiarisation, c’est-à-dire qu’elles sont supprimées dès lors que mariage ou pacs est contracté avec un.e partenaire bénéficiant de revenus financiers plus élevés que soi. Or, 75% de femmes engagées dans un couple hétérosexuel gagnent moins que leur conjoint, pour un écart moyen de salaire de 42% entre une femme et son mari. « L’Etat fait un cadeau fiscal aux hommes, au détriment des femmes, et se fait une marge sur les aides qu’il est censé verser » déclare Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes. « C’est un continuum physique des violences physiques et économiques, qui se nourrissent les unes entre les autres », appuie Lucile Quillet, « l’Etat part du principe que le couple est loyal et solidaire », une solidarité supposée dans laquelle la femme est souvent enchaînée au foyer, dès le mariage, et en paie en plus les frais. Marie-Pierre Rixain, députée Renaissance engagée dans la cause des femmes participait au débat.

Les aides du RSA, des APL, et les primes d’activités qui diminuent si le conjoint « gagne trop », c’est-à-dire qu’il gagne plus que sa conjointe, révèlent en réalité d’un fonctionnement très patriarcal et très hiérarchisant de la fiscalité des ménages : ces mécanismes suggèrent que lorsqu’une femme se marie, elle est placée sous la protection économique de son conjoint, qui prendra alors en charge ses besoins et ses coûts. C’est ce qui expliquerait qu’elle n’a ainsi plus besoin des aides financières de l’Etat, mais d’avantage, qu’elle est entretenue, donc dépendante de l’homme dans le couple. « On inculque aux femmes qu’elles ne sont rien hors du couple, qu’elles n’existent qu’à travers », souligne Anna Matteoli, directrice du CIDFF (1) du Bas-Rhin  : ces inégalités multiformes fonctionnent en s’imbriquant les unes avec les autres. Le système fiscal français, par sa conjugalité, matérialise l’infériorité sociale des femmes, empêche leur indépendance économique, et les astreint à la sphère privée du foyer. C’est une vision « très patriarcale et très surannée » du couple, surtout lorsque l’on ajoute les quantités de travail domestique non rémunéré que les femmes réalisent au sein ménage, et qui bien souvent, sont une condition indispensable à la réussite professionnelle de l’homme : « On crée de la redevabilité, cela justifie qu’une femme arrête de travailler et se consacre au foyer, alors que c’est le travail des femmes qui entretient les hommes et la société. Les femmes sont les salariées invisibles de l’Etat» ajoute Anne-Cécile Mailfert.

Le système fiscal français est dit « familiariste », c’est-à-dire qu’il favorise celui qui gagne le plus ( très souvent l’homme), et pénalise celles qui gagnent moins. En moyenne, c’est une baisse de 13 points d’impôts dont bénéficient les hommes mariés, et une augmentation de 6 points pour les femmes. C’est un système qui maintient, mais surtout récompense les écarts salariaux et fiscaux. Anne-Cécile Mailfert insiste sur l’importance d’informer qu’il est aujourd’hui possible pour une femme de demander une imposition à taux individualisé, ce qui permet de bénéficier d’une taxation plus juste, mais aussi de préserver son indépendance économique. La conjugalisation de l’impôt crée dans les faits des mécanismes de dépendance de la femme envers son conjoint, bloque son accès à l’emploi, et perpétue une hiérarchisation sur plusieurs plans de sa vie privée.

La France est l’un des derniers pays d’Europe à appliquer cette forme patriarcale, archaïque et napoléonienne d’imposition. Outre l’individualisation de l’impôt, solution partielle mais bénéfique et à portée de main, la conclusion rendue est la nécessité d’ouvrir un véritable débat sur les fondements du système fiscal français, « un débat sur la modernisation des règles administratives et fiscales afin qu’elles ressemblent de façon plus juste à la société française d’aujourd’hui » selon la note numéro 2.

Thelma de Saint Albin 50-50 Magazine

1 La Fédération Nationale des Centres d’Information des Droits des Femmes et des Familles tient 2300 permanences en France. 

Lire plus Note de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes, « La dépendance économique des femmes, une affaire d’Etat ? Comment le patriarcat économique de l’état dépossède les femmes de leur indépendance économique. »

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https://www.50-50magazine.fr/2023/02/09/lancement-de-lobservatoire-de-lemancipation-economique-des-femmes/

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Victime de deepfake porno, la streameuse QTCinderella remet en lumière le phénomène des cyberviolences

16 Février 2023, 01:39am

Publié par hugo

 Victime de deepfake porno, la streameuse QTCinderella remet en lumière le phénomène des cyberviolences

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hier à 12:03

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5 min
Par Caroline Bordecq pour Les Grenades
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Le 2 février, la streameuse américaine QTCinderella témoignait du deepfake porno dont elle a été victime. Ce phénomène, qui a émergé en 2017, consiste à truquer une vidéo afin de mettre en scène la victime dans du contenu pornographique. Et touche principalement les femmes.
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"C’est à ça que ressemble la douleur. Voilà ce que cela fait de se sentir violée, abusée et de se voir nue contre sa volonté partout sur internet". Dans un direct diffusé le 2 février dernier sur la plateforme Twitch, QTCinderella, une streameuse (une joueuse qui transmet et commente ses parties de jeux vidéo en direct) américaine de 28 ans, revient en larmes sur le deepfake à caractère pornographique dont elle a été victime.

Phénomène qui a émergé en 2017, les deepfake consistent à modifier une vidéo, une photo ou un audio existant grâce à l’intelligence artificielle pour produire un faux. En 2018, un deepfake de Barack Obama réalisé par l’acteur et réalisateur américain Jordan Peele avait commencé à alerter sur l’impact du phénomène. Lors d’un deepfake porno, la vidéo trafiquée est à teneur sexuelle, et vise à nuire à une personne. Dans le cas de la streameuse américaine, le visage d’une actrice de film X a été remplacé par le sien.

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Selon une étude de 2019 réalisée par une société néerlandaise de détection des fraudes, sur plus de 14.600 vidéos deepfake en ligne 96% étaient à caractère pornographique. Et l’intégralité des deepfake porno visait des femmes. En Belgique, "personnellement, je n’ai recensé aucun cas dans ce que je reçois. Mais ça arrivera à un moment donné, même si c’est plus tard et pas dans les mêmes proportions", avertit Manon El’assaidi de l’ASBL Chayn, qui lutte notamment contre les cyberviolences faites aux femmes.

De leur côté, "les streameuses sont bien conscientes de ce qui se passe", commente Ilaria Giglio, fondatrice de Stream’Her une communauté d’entraide et de mise en avant des femmes dans le monde du streaming. Si elle n’a jamais eu connaissance de cas de deepfake à l’encontre de streameuses francophones, en revanche elles sont régulièrement la cible d’autres formes de cyberviolences.

Partage d’expériences
Regroupées sur la plateforme Discord, les streameuses qui le souhaitent peuvent partager leurs expériences. "Il y a beaucoup de témoignages de harcèlement en dehors des directs. Ou bien, il y a encore des personnes qui envoient des images horribles, par exemple d’animaux en train de se faire maltraiter, ou des messages dans le chat pour que les streameuses soient choquées en direct et réagissent", raconte Ilaria Giglio. Elle-même se souvient de "viewers (des spectateurs, ndlr) qui essaient d’aller trop loin et qui me demandent ce que je porte en dessous de mon t-shirt. Ou d’autres questions déstabilisantes de ce type pendant le live", confie-t-elle.

Les femmes sont harcelées par des personnes qui le font aussi en dehors des réseaux sociaux

En octobre dernier, plusieurs streameuses avaient dénoncé les deepfake, harcèlements et autres formes de cyberviolences, dont l’envoi de dick pick (photos de pénis). À ce sujet, selon une étude commandée par la Secrétaire d’État à l’Égalité des genres Sarah Schiltz, une jeune fille sur deux âgée de 15 à 25 ans en a déjà reçu une.

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Conséquences
La streameuse Shironamie avait quant à elle publié en direct des menaces reçues par un inconnu qui était parvenu à obtenir son numéro en se faisant passer pour un livreur. Les victimes de cyberviolence évoquent souvent cette "double peine", raconte Manon El’assaidi. "Majoritairement, les femmes sont harcelées par des personnes qui le font aussi en dehors des réseaux sociaux", explique-t-elle.

Les conséquences psychologiques sur les victimes de cyberviolences sont "dures, comme toute violence. Dans le cas des deepfake, une partie de l’intimité est touchée publiquement. Tout le monde peut le voir, ça peut aller loin", continue-t-elle.

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"Les femmes se sentent généralement seules et démunies"
Comment lutter contre le phénomène des deepfake ? "C’est toute la question ! Approfondir la technologie d’une vidéo est de plus en plus facile. En revanche, apprendre à un algorithme à détecter la transformation d’une image ça prend du temps. Facebook et Adobe travaillent déjà dessus. Les solutions prennent plus de temps à être développée et il faut financer une recherche", plaide Manon El’assaidi.

À cela, s’ajoute souvent l’incompréhension des phénomènes de cyberviolences de la part des victimes elles-mêmes, de l’entourage et des institutions. "Ici, on parle de streameuses et de Twitch mais je donne encore des cours à des femmes qui ne comprennent pas bien Facebook et qui sont harcelées sur Messenger. Les femmes se sentent généralement seules et démunies. Elles ne savent pas quoi faire, si elles doivent répondre ou non. Il n’y a pas toujours de lieu pour répondre à ces questions", souligne Manon El’assaidi.

Elle se souvient d’ailleurs d’une victime à qui la police avait demandé pourquoi elle était sur les réseaux sociaux. "C’est un peu comme si on lui avait dit : pourquoi tu portes une mini-jupe ?", réagit-elle. De son côté, Ilaria Giglio parle de quelques streameuses qui ont déjà porté plainte "mais c’est toujours compliqué car comme pour le harcèlement en général ce n’est pas encore toujours écouté".

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Ainsi, certaines streameuses du collectif ont parfois exprimé une certaine démotivation. "Quand ça se passe, on s’entraide, on essaie de trouver des solutions. Je ne pense pas qu’une streameuse ait déjà arrêté pour ces raisons", assure toutefois Ilaria Giglio.

Selon une enquête à l’échelle mondiale du Plan International de 2020, plus d’une fille interrogée sur deux a été victime de harcèlement ou d’abus en ligne au moins une fois dans sa vie. Et "une fille sur cinq a quitté ou réduit considérablement son utilisation d’une plateforme de réseaux sociaux après avoir été harcelée". L’objectif des auteurs de cyberviolence étant justement "que les femmes quittent l’espace public", dont les réseaux sociaux et internet, explique Manon El’assaidi.

Les solutions prennent plus de temps à être développée et il faut financer une recherche

En Belgique, le nouveau Code pénal devrait davantage protéger les victimes de harcèlement notamment en ligne. Désormais, il suffira d’un seul message, d’un seul acte pour parler de harcèlement.

Manon El’assaidi parle également de protocoles qui peuvent être mis en place lorsqu’on est victime de cyberviolences. Le premier conseil étant de ne pas rester seul.e. Le collectif Stream’Her a justement été créé dans cet esprit "pour mettre en avant les streameuses mais aussi pour leur offrir un espace safe où on peut s’entraider, poser ses questions techniques ou plus délicates notamment liées aux violences", raconte Ilaria Giglio.

Enfin, il existe d’autres ressources comme Child Focus (numéro d’urgence gratuit : 116 000), si la victime est mineure ; la ligne gratuite de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes en cas de revenge porn (numéro d’urgence : 0800/12 800) ; ou encore le numéro d’écoute en cas de violences conjugales (0800/30 030).


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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/victime-de-deepfake-porno-la-streameuse-qtcinderella-remet-en-lumiere-le-phenomene-des-cyberviolences-11153166

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Une femme enceinte sur dix subit des violences conjugales. De futurs médecins apprennent à les détecter

16 Février 2023, 01:38am

Publié par hugo

 Une femme enceinte sur dix subit des violences conjugales. De futurs médecins apprennent à les détecter

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mardi dernier à 22:27

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Par Odile Leherte
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"Qu'elle soit physique, psychique, sexuelle, sociale, économique, numérique ou la violence touche une femme enceinte sur dix", explique Milena Jarosik, une sage-femme enseignante de l’Henallux, qui a dès lors décidé de créer un escape game sur le sujet pour que les professionnels de la santé apprennent à détecter ces violences chez les patient·e·s. "La grossesse est une période à risque. C’est alors que débutent les violences conjugales -dans 30% des cas- ou alors elles s’intensifient. Et cela a donc un impact sur le déroulement de la grossesse. La femme enceinte peut faire une rupture prématurée de la poche des eaux, un décollement placentaire, des fausses couches (dix fois plus élevées en cas de violences conjugales), sur le fœtus aussi qui va présenter un retard de croissance, sur l’enfant à naître. Ce sont des choses qu’on n’apprend pas dans la formation initiale, ni de sage-femme ni de médecin".
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Les étudiants de BAC 3 de Médecine de l'Université de Namur ont assisté à un cours un peu particulier ce mardi. Il a démarré par un escape game et la résolution n’énigmes s’est poursuivie par une partie théorique. Le but était de leur apprendre à déceler des indices de violences chez les patient·e·s, et surtout, après avoir décelé les indices, d’oser poser des questions délicates.

Oser poser la question
"Au début du jeu, un voile recouvre le panier qui contient les énigmes, explique Milena Jarosik. C’est une métaphore pour dire qu’en tant que professionnel de la santé, on doit oser lever le voile sur les violences conjugales. On doit oser poser la question".

Une des équipes d'étudiants en BAC 3 Médecine de l'UNamur
Une des équipes d'étudiants en BAC 3 Médecine de l'UNamur © Tous droits réservés/ O.L.
Connaître les indices pour pouvoir les repérer et les relier à d’éventuelles violences conjugales
Parmi les indices qui peuvent mettre la puce à l’oreille au médecin : l’annulation répétée de rendez-vous de suivi pendant la grossesse mais aussi des pathologie comme l’hypertension, le diabète, des infections urinaires à répétition. "Le fait d’être tout le temps sous tension, d’avoir une baisse de confiance en elle vont entraîner une sécrétion trop importante de cortisol (l’hormone du stress) qui va provoquer ces pathologies chroniques".

Autre indice, qui peut paraître contre-intuitif : si la patiente décrit une relation idyllique (trop idyllique ?) avec son conjoint, il se pourrait qu’elle soit dans la phase "lune de miel" du cycle de violence. "Il y a les phases de tension, de crise, de justification et de lune de miel. Plus ces phases sont raccourcies, plus la violence est intense".

Si le médecin repère certains de ces indices, "il doit oser poser la question. Et si elle présente des pathologies supplémentaires, il faut investiguer davantage. Il faut donc bien observer la patiente".

Pas si simple d’oser poser la question
Au fil de la résolution des énigmes, les étudiants découvrent ces indices ainsi que des questions qu’ils pourraient poser aux patient·e·s. "Il y a certaines choses auxquelles on ne pense pas et qui peuvent être plus importantes qu’elles ne le paraissent, nous dit Valentin. Ce jeu permet de découvrir des pistes de solutions si on se retrouve face à ce genre de situations". Quant à oser poser des questions en cas de suspicion de violences conjugales, Romane estime que ça ne sera pas si simple. "Il ne faut pas froisser le patient. Il faut réussir à le faire avec tact".

Le professionnel de la santé n’est pas seul face à une situation de violences conjugales
"Il existe un réseau qui peut nous aider en tant que soignants. L’objectif de cette formation, c’est aussi de montrer qu’on peut oser poser la question et qu’ensuite on n’est pas seuls face à cette situation et qu’on peut faire ce qu’il faut pour accompagner la personne, notamment appeler la ligne d’écoute sur les violences conjugales (0800/30.030). La ligne écoute les victimes mais aussi les professionnels de la santé".

La communication a un impact direct sur la santé des patient·e·s
Cet escape game a lieu pendant le cours d’Hélène Givron, coordinatrice pédagogique et maître de conférences au Département de psychologie de l’UNamur. Elle est heureuse que les étudiants aient 20 heures dans leur cursus consacrées à la communication et que cela ait lieu avant leurs premiers stages. "On a la chance d’avoir des bacheliers qui n’ont pas encore de pratique. Et cela leur permet d’acquérir de bonnes habitudes communicationnelles. Ce sont des techniques de communication que les étudiants en médecine doivent apprendre pour être efficaces dans leur profession. Les chiffres sont parlants. Septante pourcents des erreurs médicales ne sont pas d’ordre technique mais d’ordre humain. Donc un médecin qui communique mieux aura de meilleurs résultats en termes de soins de santé .


https://www.rtbf.be/article/une-femme-enceinte-sur-dix-subit-des-violences-conjugales-de-futurs-medecins-apprennent-a-les-detecter-11152939

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Le vécu des femmes en prison mis en avant dans une pièce de théâtre

16 Février 2023, 01:32am

Publié par hugo

 Le vécu des femmes en prison mis en avant dans une pièce de théâtre

© Tous droits réservés

14 févr. 2023 à 08:02

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4 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Du 15 au 17 février à l’Espace Magh, six comédiennes de Tanger porteront les voix de femmes détenues. Tous mes rêves partent de la gare d’Austerlitz, un spectacle qui brise les tabous et réveille les consciences.
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Dans nos sociétés, le vécu des femmes emprisonnées reste trop souvent silencié. La pièce Tous mes rêves partent de la gare d’Austerlitz lève le voile. "C’est un sujet qui n’a jamais été abordé à l’Espace Magh. Rendre compte de la réalité des femmes en prison, c’est important", introduit Dounia El Ouardi, chargée de communication du centre culturel.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Un texte fort, des réalités tues
La pièce écrite par Mohamed Kacimi se déroule un soir de Noël. Dans la bibliothèque, Barbara, Rosa, Marylou, Zélie et Lily se retrouvent pour oublier le temps d’un instant leur quotidien carcéral. Dans ce lieu de sororité, de connaissance et d’échappées, les langues se délient. Les femmes parlent, racontent, les violences, les absences. Pour ne pas sombrer, ensemble, elles jouent et font appel au théâtre. Grâce à l’arrivée de Frida, qui vient d’être incarcérée, elles montent On ne badine pas avec l’amour de Musset… Un texte qui entre en échos avec leurs propres vécus.

Ce sont six comédiennes de la Comédie de Tanger qui portent le spectacle. Parmi elles : Aurore Laloux, une Belge qui vit au Maroc depuis huit ans. "C’est un défi parce que le texte est très fort. On aborde des thèmes assez durs. Pour nous, c’est important de faire passer des messages engagés", explique-t-elle. À la première lecture, elle livre avoir ressenti un sentiment d’injustice.

Le sujet des femmes incarcérées reste tabou, sans cette pièce, je ne pense pas que je me serais posé autant de questions sur la réalité des femmes en prison

"La pièce offre la perspective de femmes qui ont agi par autodéfense et qui sont jugées par des hommes. La bibliothèque est leur refuge. En jouant On ne badine pas avec l’amour, elles comprennent que le texte résonne avec ce qu’elles ont au fond d’elles-mêmes par rapport à l’amour, à la vie, à leur propre histoire, aux violences commises par les hommes dont elles ont été victimes…", éclaire la comédienne.

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Jouer le réel et ouvrir l’imaginaire
À travers cette pièce, Aurore Laloux affirme avoir l’impression "de pouvoir dire ce que les femmes incarcérées ne peuvent pas dire". Le texte est en effet inspiré des témoignages directs. L’auteur Mohamed Kacimi a mené des ateliers d’écriture dans la bibliothèque de la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis. "Les ‘filles’, comme elles s’appellent toujours, arrivent fatiguées de leur travail dans les ateliers. Pour écrire, le réel, il faut être à un pas, à côté de la réalité. Écrire ici, c’est creuser un chemin de traverse. Là, j’ai découvert, pour la première fois, la force inouïe des femmes face à l’adversité", a-t-il partagé.

Enfermées dans un lieu conçu par et pour des hommes, les femmes constituent un public vulnérable et invisibilisé en prison

Outre les violences, Tous mes rêves partent de la gare d’Austerlitz aborde la question de la grande solitude des femmes incarcérées. "Kacimi marque la différence avec les hommes qui reçoivent des visites, tandis que les femmes beaucoup moins. ‘Quand tu passes la porte de cette maison, tu n’es plus rien pour personne, tu n’es plus qu’un simple courant d’air’, prononce l’une des femmes", ajoute Aurore Laloux. Cette solitude spécifique est en effet observée par les acteur·trices de terrain. "[Les femmes, NDLR] se retrouvent plus souvent seules face à la détention, car à leur entrée en prison, elles sont plus fréquemment abandonnées par leur partenaire que l’inverse. Les complications liées à leur libération sont renforcées par une stigmatisation accrue de leur passé judiciaire. Leurs liens sociaux sont donc plus fragiles que ceux des hommes, et leur soutien social moins grand en prison et à leur sortie", soulève l’article Prisons : une invisibilisation genrée de Justine Bolssens.

S’il s’inspire du réel, le spectacle revient aussi sur le pouvoir de l’imaginaire et la force du collectif. "Les détenues s’emparent de la pièce de Musset. Pour nous, il est important de rappeler l’importance de l’imaginaire, de la culture pour sortir de certaines réalités complexes", avance Dounia El Ouardi.


Ouvrir les yeux du public
La pièce est inspirée de témoignages français, elle est jouée par une troupe marocaine et présentée à Bruxelles. Un projet international qui prouve que l’invisibilisation des femmes incarcérées est ancrée dans de nombreuses sociétés patriarcales.

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En Belgique, il y aurait environ 500 femmes dans les prisons, ce qui représente 4 à 5% de la population carcérale. "Enfermées dans un lieu conçu par et pour des hommes, les femmes constituent un public vulnérable et invisibilisé en prison. Leur prise en charge est défaillante, notamment faute de données suffisantes quant à leurs besoins sexo-spécifiques (en termes d’hygiène, de santé mentale, d’accompagnement face aux parcours de vie très souvent marqués par la violence, de santé sexuelle et reproductive, de maternité et de gestion des enfants, etc.), lesquels ne sont d’ailleurs pas ou très peu objectivés", rappelle l’asbl I.Care.

​"Avec la pièce on ouvre une petite fenêtre et puis elle se referme et on les laisse. Le sujet des femmes incarcérées reste tabou, sans cette pièce, je ne pense pas que je me serais posé autant de questions sur la réalité des femmes en prison… Espérons que ça ouvre les yeux du public à Tanger comme à Bruxelles !", conclut Aurore Laloux.

Infos pratiques :
Le spectacle Tous mes rêves partent de la gare d’Austerlitz du 15 au 17 février à l’Espace Magh.

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https://www.rtbf.be/article/le-vecu-des-femmes-en-prison-mis-en-avant-dans-une-piece-de-theatre-11152349

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Entre colère et espoir, comment le collectif féministe belge "Femme, Vie, Liberté" soutient les femmes iraniennes

16 Février 2023, 01:29am

Publié par hugo

 Entre colère et espoir, comment le collectif féministe belge "Femme, Vie, Liberté" soutient les femmes iraniennes

© Belga

13 févr. 2023 à 12:22

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10 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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Le 16 septembre 2022, l’Iran apprenait la mort de Mahsa Amini, cette jeune femme de 22 ans arrêtée par des officiers iraniens de la "police des mœurs" pour ne pas avoir respecté les lois du pays en matière d’habillement et plus précisément en ce qui concerne le port du hijab, qui est obligatoire dans le pays. Une mort qui allait créer une onde de choc dans le monde entier et un vaste élan de solidarité.
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A l’annonce de son décès, ce sont les femmes, portées par leur révolte, qui ont lancé le mouvement de protestation. Un grand nombre de manifestations a vu le jour fin 2022 en Iran : des femmes sont descendues dans la rue pour scander "Zan, Zendegi, Azadi" ("Femme, Vie, Liberté"), se couper les cheveux ou mettre le feu à leur hijab. Les étudiantes des écoles iraniennes se sont rassemblées et ont publié sur les médias sociaux des photos et des vidéos des événements en cours. Les hommes les ont suivies dans la rue en guise de soutien. Face à ces différents actes de résistance, la répression du régime est sanglante.

En Belgique, depuis plusieurs mois, le collectif féministe Woman Life Freedom (Femme, Vie, Liberté) s’est créé "en solidarité avec les luttes des femmes et la révolution iranienne pour renverser le régime islamique". Les Grenades ont rencontré six membres de ce collectif. Elles sont Iraniennes ou d’origine iranienne, certaines sont en exil dans notre pays, d’autres y sont nées. Elles travaillent dans le secteur associatif ou sont étudiantes dans le supérieur.

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Construire des ponts
"On s’est rencontré petit à petit", explique Maryam. "Ce collectif entend vraiment répondre aux événements en Iran, mais cela ne s’arrête pas là", continue Arezoo. "Nous réfléchissons de plus en plus à la manière dont nous voulons construire des ponts avec d’autres groupes féministes, au-delà des frontières."

Il leur importe néanmoins de mettre en avant les questions qui concernent spécifiquement les femmes. "Quand on parle de révolution, en tant qu’activiste, on sait qu’on va devoir affronter des discussions sur le fait que les droits des femmes ne sont pas importants, que cela doit être mis sur le côté le temps de faire la révolution. Cela s’est déjà produit dans l’histoire. Cette révolution a démarré par des questions qui concernent les femmes, nous devons continuer à porter ces questions comme des priorités. C’est important, pas uniquement pour les Iraniennes mais pour les femmes dans le monde entier !", précise Fariba.

Les femmes font partie des groupes qui ont le moins de droits en Iran

Le collectif a notamment organisé et participé à des marches en Belgique en soutien avec le mouvement en Iran. "Nous avons décidé de mettre des femmes et des personnes LGBTQIA+ à l’avant de ces manifestations, dans les premières lignes, pour qu’elles puissent s’exprimer, en sécurité", explique Maryam. "Et cela n’a pas été simple !", réagit Fariba. "Nous avons dû convaincre les groupes qui participaient aux marches. Nous leur avons demandé de faire confiance aux femmes, nous avons expliqué que nous pouvions les guider depuis les premières lignes."

Voir cette publication sur Instagram
Une publication partagée par Zan Zendegi Azadi Collective Belgium (@womanlifefreedom.be)

Un parapluie assez grand
Elles suivent évidemment de près les événements en Iran, certaines d’entre elles ont encore de la famille qui réside dans le pays. "A cause de cela, il y a une certaine urgence quand nous nous voyons. Il y a toujours des nouvelles informations que nous voulons traiter avec l’angle du genre, mais nous avons décidé de traiter d’autres sujets également, parce que nous habitons en Belgique", souligne Arezoo.

Cette révolution a démarré par des questions qui concernent les femmes, nous devons continuer à porter ces questions comme des priorités

Selon Fariba, l’un des principaux sujets de mobilisation pour les femmes en Iran est la lutte pour leur droit à l’auto-détermination. "Au centre de cette lutte-là se trouve la réappropriation des corps féminins. Quand on lutte pour se réapproprier nos corps, contre le contrôle imposé sur nos corps, on lutte contre toutes les violences, celles faites aux femmes d’abord, mais aussi les autres types de violences", observe-t-elle. "Notre slogan Femme, Vie, Liberté vient des femmes kurdes bien entendu, on l’utilise en Iran comme un slogan pour toutes les minorités dans le pays. C’est comme un parapluie, pour toutes les personnes qui en ont besoin. C’est un parapluie assez grand pour lutter contre les autres oppressions aussi. Sans oublier les violences de classe, les violences économiques !"

Venus continue : "Les femmes font partie des groupes qui ont le moins de droits en Iran. Défendre les droits des femmes aide d’autres groupes qui subissent également ces violences économiques ou religieuses, ces lois iniques. En Iran, les filles appartiennent à leur père, où à un autre homme de la famille. Ce régime permet toutes ces différentes oppressions. Cette révolution n’est pas uniquement cantonnée au hijab obligatoire, même si c’est un sujet important de cette révolte, parce que si une femme veut travailler ou simplement marcher dans la rue ou se faire soigner à l’hôpital, tout va dépendre de ce voile, elle doit le porter. Lutter contre le voile obligatoire, c’est lutter pour avoir accès à tous les droits et tous les services. Elles luttent pour des droits qu’elles n’ont encore jamais eus."

Pour Honey, le hijab obligatoire "symbolise l’effacement de la moitié de la population d’un pays. Cela signifie que le régime affaiblit la position des femmes dans la société tout entière. En retirant leur hijab, les femmes réapparaissent dans la société, en soi, c’est un acte de résistance et d’existence. C’est la chose la plus rebelle qu’une femme puisse faire en Iran. Et c’est ce qu’elles vont continuer à faire."

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"Notre corps est un instrument de leurs politiques"
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les femmes luttent dans le pays contre le hijab obligatoire. En 2017 déjà, une femme, d’abord surnommée Girl of Revolution Street, ensuite identifié comme étant Vida Movahed, une mère de 31 ans, a retiré son voile pour le suspendre sur un bâton et le faire flotter dans les airs. Plusieurs femmes avaient reproduit cette action à sa suite, et certaines d’entre elles avaient été arrêtées.


Fariba renchérit : "Le corps des femmes est opprimé dans le monde entier mais en Iran, il y a cette spécificité : nous avons vécu, depuis des milliers d’années, sous un régime théocratique. C’est encore le cas aujourd’hui. Dans l’histoire du pays, d’abord ils ont forcé les femmes à retirer leur voile, avec également la police dans la rue pour les surveiller à cette époque. Puis, le choix a été possible, mais ils utilisaient toujours les femmes, en mettant en avant leur modernité, en disant qu’il y avait des mannequins, des chanteuses, des danseuses iraniennes. Après la contre-révolution islamique de 1979, le voile a de nouveau été obligatoire. Notre corps est un instrument de leurs politiques. Et la réappropriation de nos corps n’est pas uniquement liée au voile, c’est lié à d’autres questions fondamentales : avec qui et quand veut-on avoir des relations sexuelles ?, est-ce qu’on veut des enfants, ou pas ? Est-ce qu’on a accès à l’avortement si on le souhaite ? Ce sont des questions que se posent les femmes dans le monde entier, aussi en Belgique !"

Le 8 mars 1979, des centaines de femmes manifestaient déjà en Iran contre les lois qui créent le hijab obligatoire. "Les femmes sont les premières à avoir compris ce qui allait arriver lors de la contre-révolution islamiste. Les femmes et les filles ont résisté. En fait, partout où on oppresse les femmes, elles résistent", rappelle Roxanne.

En retirant leur hijab, les femmes réapparaissent dans la société, en soi, c’est un acte de résistance et d’existence. C’est la chose la plus rebelle qu’une femme puisse faire en Iran

Parmi les objectifs du collectif, "renverser la République islamique d’Iran" vient en premier. "Et on n’entend pas le faire depuis l’extérieur, pour nous, cela signifie nous appuyer sur ce dont les Iranien·nes, qui vivent dans le pays, ont besoin", précise Roxanne. Et cela signifie également reconnaître "que nous ne voulons pas revenir en arrière, vers le régime du Shah ou un autre régime autoritaire. Nous voulons avancer !", poursuit Arezoo. "Le régime vit beaucoup de crises en même temps, et un grand nombre de personnes veulent du changement. Je ne pense pas qu’un retour en arrière soit possible. On a vu que les femmes s’étaient déjà mobilisées dans le passé. La différence cette fois-ci : les hommes ont fini par rejoindre ce mouvement révolutionnaire initié par les femmes", souligne quant à elle Fariba.

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Instrumentalisation et répression
Cependant, Arezoo tient à préciser que la lutte contre le voile obligatoire en Iran a été instrumentalisée, dans beaucoup de pays occidentaux, " à des fins islamophobes et on n’est vraiment pas d’accord avec ça. " Fariba analyse : " On n’a pas voulu se faire instrumentaliser par l’extrême droite. C’est comme si la lutte contre le voile obligatoire était la seule revendication des Iranien·nes. C’est faux ! Ce n’est que la première étape. C’est une manière de minimiser les luttes." Honey dénonce : "Ces discours islamophobes existent déjà dans les pays occidentaux, certains estiment que si les Iraniennes ne veulent pas porter le hijab, alors personne ne peut en porter !"

Elles constatent également une certaine fétichisation des Iraniennes dans les discours et les médias. "D’un côté, il y a les Iraniennes passives et opprimées, de l’autre, on les dépeint comme tellement courageuses. Ce sont deux manières de les essentialiser. On passe sous silence qu’elles luttent aussi juste pour pouvoir manger, et nourrir leur famille. La population s’appauvrit en Iran ces cinq dernières années, surtout les femmes. On a aussi pu entendre qu’elles devaient retirer leur voile car elles sont si belles qu’on doit pouvoir les voir. C’est dangereux ce genre de propos ! Ces femmes luttent parce qu’elles n’ont pas d’autres choix", s’insurge Roxanne. "Et parce qu’elles n’ont plus rien à perdre, complète Honey. "C’est ce qui est différent, je pense, cette fois-ci. La peur a disparu. Ce qu’elles chantent dans les manifestations est tellement triste. Elles disent : ‘Je sors dans la rue, dites à ma mère qu’elle n’a plus de fille’. Elles savent qu’elles risquent de perdre leur vie. Quel plus grand sacrifice peux-tu faire ?"

En Iran, des milliers de personnes sont aujourd’hui emprisonnées, certaines sont torturées et risquent d’être exécutées. Au moins quatre manifestants ont récemment été pendus. "Les hommes subissent aussi les emprisonnements et les tortures. Pourquoi la répression est-elle si forte à chaque fois que les femmes luttent ? Ils ont peur de ces femmes fortes, qui ont leurs propres opinions et qui ont lancé ce mouvement. Par contre, il faut préciser que les violences faites aux femmes sont légales en Iran. Ce n’est pas la même chose pour les hommes. Les violences envers les femmes sont même conseillées, pour protéger l’honneur de la société et ses traditions", explique Maryam.

C’est comme si la lutte contre le voile obligatoire était la seule revendication des Iranien·nes. C’est faux ! Ce n’est que la première étape

"J’aimerais quand même donner un peu d’espoir", intervient Arezoo. "Les femmes continuent à utiliser la désobéissance civile, même des petits actes, simplement sortir sans leur hijab, c’est déjà incroyable. J’ai beaucoup de respect pour elles. Elles disent clairement qu’elles ne sont pas obligées de subir ce que le gouvernement leur impose. C’est important de montrer notre solidarité, mais aussi de regarder vers le futur d’une manière positive. Les choses sont en train de changer. Il faut que les gens comprennent que c’est possible. Pour survivre, nous voulons utiliser notre imagination et penser à ce monde que nous allons créer ensemble."

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Solidarité féministe
Pour ce faire, dès sa création, le collectif s’est inscrit dans une solidarité internationale avec les autres associations féministes et les groupes progressistes, en Belgique également. "Pour être honnête, on s’attendait à plus de solidarité venant des groupes européens. Certains nous soutiennent, nous contactent, mais cela reste une minorité", explique Arezoo. "De ce que je comprends, il y a cette crainte de parler à notre place, l’idée que ce sont les Iraniennes qui doivent s’organiser. Je pense que l’envie est là, mais beaucoup ne savent pas comment aider", réagit Honey. "La solidarité que nous pouvons recevoir, notamment en Belgique, dépend de la capacité du mouvement féministe à avoir une vision internationaliste, c’est-à-dire à comprendre que les luttes sont interconnectées. Cela dépend également de la force du mouvement. En Belgique, le mouvement féministe était fort en 2019, il est plus faible aujourd’hui je trouve. Cela impacte la solidarité féministe", souligne Roxanne.

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Néanmoins, des liens commencent à se créer en Belgique. Leurs discussions avec les féministes belges portent par exemple sur le nationalisme. "Nous nous intéressons au nationalisme flamand et persan. Qu’ont-ils en commun ? Qu’est-ce qui est en jeu pour nous, les femmes ? Nous partageons des informations", précise Arezoo. "On le voit en Europe et aux États-Unis : quand le nationalisme connaît un essor, le corps des femmes est la première chose qui est attaquée. Je suis née en Suède, le gouvernement est d’extrême droite maintenant. Après les élections, la première chose qu’ils ont faite a été de réduire le délai durant lequel tu peux avorter. Cela se passe sous nos yeux ! Il est important de faire le lien entre le droit à l’auto-détermination des femmes en Iran et aussi en Europe", continue Honey.

"La question n’est pas seulement ce que les féministes peuvent nous apporter, mais aussi ce que les femmes iraniennes peuvent apporter au féminisme", sourit Fariba. "Imaginez si on renverse le régime islamique, si on parvient à se réapproprier nos corps. Toutes les femmes vont en bénéficier.  On apprend beaucoup de leçons de ce moment révolutionnaire. Je ne savais pas qu’on était si puissantes."

Prochains moments solidaires à l’agenda du collectif : le 25 février, cela fera un an que la Russie a envahi l’Ukraine, une manifestation est organisée, les membres du collectif Femme Vie Liberté marcheront en soutien aux femmes ukrainiennes, "pour leur auto-détermination et parce que nous savons combien les régimes russe et iranien se soutiennent", précise Roxanne. Et le 8 mars, elles participeront à la grève féministe, organisée par le collecti.e.f 8 maars en Belgique. Elles seront devant l’ambassade d’Iran, avant de rejoindre la grande manifestation féministe.


Iran : de rares témoignages à Téhéran
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Les droits des femmes en régression partout dans le monde, alertent des associations

16 Février 2023, 01:27am

Publié par hugo

 Les droits des femmes en régression partout dans le monde, alertent des associations

© Getty Images

13 févr. 2023 à 09:15

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Par AFP, édité par Anthony Roberfroid
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Les régressions en matière de droits des femmes se multiplient dans le monde, alertent des associations dans un rapport publié lundi, qui recommande de mettre le sujet sur le devant de la scène diplomatique.
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Droit à l'avortement révoqué par la Cour suprême aux États-Unis, interdiction d'étudier ou d'occuper certains emplois pour les femmes en Afghanistan ou encore restrictions d'accès à la contraception en Pologne...

Les régressions en matière de droits des femmes "se multiplient partout dans le monde", dénoncent dans un rapport la Fondation Jean-Jaurès et l'association féministe Equipop.

"Aucune région n'est épargnée" par ce phénomène de retour en arrière qui se produit lorsque des "groupes très divers vont s'allier contre les droits des femmes", commente auprès de l'AFP Lucie Daniel, chargée de plaidoyer pour Equipop.

États situés aux antipodes de l'échiquier diplomatique, groupes politiques d'extrême droite, mouvements religieux fondamentalistes : les mouvements anti-droits "sont souvent le fruit d'alliances hétéroclites", décrit ainsi le rapport.

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Ces mouvements particulièrement bien organisés", sont "connectés les uns aux autres" et "généreusement financés". Ce qui leur permet d'empêcher des avancées, de maintenir le statu quo ou de provoquer des reculs en matière de droits. La France fait partie de la dizaine de pays à avoir déclaré son intention de mettre en œuvre une politique étrangère féministe. Pour cela, le rapport recommande d'augmenter "de façon substantielle" le soutien financier aux associations féministes et de faire des luttes féministes "un sujet de diplomatie prioritaire".


https://www.rtbf.be/article/les-droits-des-femmes-en-regression-partout-dans-le-monde-alertent-des-associations-11151920

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Qui était Maria de Knuijt, la femme qui a révélé le talent de Johannes Vermeer ?

16 Février 2023, 01:25am

Publié par hugo

 Qui était Maria de Knuijt, la femme qui a révélé le talent de Johannes Vermeer ?
Maria de Knuijt aurait acquis au moins 20 des quelque 37 tableaux connus de l’artiste, dont "La Jeune Fille à la perle".
Photographie STAN HONDA / AFP©

12 févr. 2023 à 13:46

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Par AFP Caroline Drzewinski
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Les historiens savent peu de choses sur l’œuvre de Vermeer. Alors que le Rijksmuseum d’Amsterdam s’apprête à lui consacrer une gigantesque rétrospective, des conservateurs du musée affirment que le principal mécène du peintre hollandais était une femme. Et non un homme, comme on l’a longtemps pensé.
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La patronne des arts en question serait Maria de Knuijt, l’épouse de Pieter van Ruijven. Les spécialistes de l’histoire de l’art ont longtemps pensé que ce riche citoyen de Delft avait contribué au succès de Vermeer en lui achetant une grande partie de son œuvre. Ils pensent désormais que son épouse, Maria, a joué un rôle plus important que lui dans la carrière du plus célèbre représentant du Siècle d’or hollandais (avec Rembrandt), d’après The Art Newspaper.

Le conservateur Pieter Roelofs écrit dans le catalogue de l’exposition "Vermeer" du Rijksmuseum, qu’a pu consulter le magazine spécialisé, que Maria de Knuijt était une proche voisine de l’artiste. Elle aurait commencé à collectionner ses toiles vers 1657, époque durant laquelle Vermeer se détourne des scènes religieuses et mythologiques au profit de celles d’intérieur bourgeois. Dans la société néerlandaise du XVIIe siècle, les femmes étaient essentiellement cantonnées à un rôle de maîtresse de maison. Ils étaient de leur devoir de prendre soin de leur intérieur en le meublant et le décorant avec les tableaux de leur choix. "Tout indique que De Knuijt était bel et bien la collectionneuse des tableaux [de Vermeer]", souligne Pieter Roelofs dans le catalogue de l’exposition.

Maria de Knuijt aurait acquis au moins 20 des quelque 37 tableaux connus de l’artiste, dont des icônes mondiales comme "La Laitière" et "La Jeune Fille à la perle". Quatorze d’entre eux ont été réunis dans la grande rétrospective du Rijksmuseum, qui ouvre ses portes le 10 février. Il s’agit de "la plus importante exposition Vermeer jamais présentée", à en croire le musée. Ce dernier indique d’ores et déjà avoir pré-vendu plus de 200.000 billets et avoir instauré des jauges strictes pour garantir le confort de visite des amateurs d’art désireux d’en savoir plus sur le mystère Vermeer.

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La découverte du rôle de mécène de Maria de Knuijt s’inscrit dans une tendance plus large visant à réévaluer la contribution des femmes dans l’histoire de l’art. Et pas uniquement en tant qu’artiste.

En effet, le musée espagnol El Prado propose jusqu’au 9 avril un parcours thématique rendant hommage aux patronnes des arts et aux donatrices qui ont enrichi sa collection au fil des siècles. "El Prado en femenino" est articulé autour de chefs-d’œuvre comme "La Descente de croix" de Rogier van der Weyden ou encore "La Sainte Famille entourée de saints" de Rubens, qui n’orneraient pas les murs du musée madrilène, sans la générosité de plusieurs patronnes des arts.

Il invite le grand public à s’intéresser de plus près à une trentaine d’œuvres ayant été réalisées ou achetées par des mécènes telles que Isabelle-Claire-Eugénie d’Autriche, Isabelle Iʳᵉ de Castille et Marie d’Autriche.


https://www.rtbf.be/article/qui-etait-maria-de-knuijt-la-femme-qui-a-revele-le-talent-de-johannes-vermeer-11150842

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In Chaïmae Moussadek We Trust, lutter contre la fracture numérique qui fragilise encore plus les femmes

16 Février 2023, 01:23am

Publié par hugo

 In Chaïmae Moussadek We Trust, lutter contre la fracture numérique qui fragilise encore plus les femmes

© Tous droits réservés

11 févr. 2023 à 12:46

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Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Fracture numérique
Numérique
femmes
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Dans la série In… We Trust (en français : "Nous croyons en"), Les Grenades vont à la rencontre de femmes arrivées là où personne ne les attendait. Aujourd’hui, place à Chaïmae Moussadek, travailleuse sociale qui accompagne, soutient et rassure les personnes en situation de vulnérabilité numérique.
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De Schakel, Schaerbeek, à quelques pas de la gare du Nord. Ce centre bien ancré dans le quartier participe à travers ses activités à lutter contre la pauvreté. Au premier étage de la maison accueillante, plusieurs jours par semaine, c’est EPN – pour Espace Public Numérique [Il existerait une quarantaine d’EPN en Région bruxelloise. Chaque EPN fonctionne selon les besoins de son public cible, ndlr.].

Chaïmae Moussadek, 30 ans, y reçoit les personnes en difficulté avec les outils digitaux. Dans le local, du café ou du thé pour réchauffer les corps et les cœurs. Sur la grande table, quelques ordinateurs, des prises, des smartphones. Ici, chacun·e débarque avec sa demande : installer Itsme [Itsme est une application d’identité mobile qui permet aux citoyens belges de se connecter à des plateformes du gouvernement, des banques, elle permet aussi de partager des données d’identité et de signer de manière numérique, ndlr.], utiliser la banque en ligne ou encore accéder au portail 2.0 d’une administration publique…

Peu importe la question, notre interlocutrice tente de trouver une solution. "Itsme c’est la galère. Je viens à l’EPN parce que je n’ai pas envie de devenir l’esclave d’une machine", souffle un habitué. Lui et l’animatrice numérique se connaissent bien. Dans ce lieu, ce qui compte, plus encore que l’informatique, c’est le lien. Entre les problèmes d’applications et de pièces jointes, ici, on raconte un peu de soi, de son histoire. Un tissage qui nourrit Chaïmae Moussadek. Aujourd’hui, entre deux formations, elle nous livre son récit…

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Grandir en amazone et tracer sa voie
"Je suis née et j’ai grandi en plein centre de Bruxelles. Ma maman nous a élevées seule mes trois sœurs et moi. Nous étions comme des amazones. Ma mère s’est toujours montrée très forte, elle a joué tous les rôles. Au quotidien, elle s’est battue pour qu’on puisse s’épanouir et trouver notre place dans la société", introduit-elle.

Nourrie par cette figure féminine résiliente, Chaïmae Moussadek se fraye son chemin dans la vie. "Je n’ai pas terminé mon cursus secondaire, j’ai directement intégré le marché de l’emploi en travaillant dans le département admin d’un hôpital." À la suite de cette première expérience professionnelle, elle est engagée comme employée administrative dans un centre de formation.

C’est le déclic : "Je faisais un peu office d’accueil. Et même si ce n’était pas vraiment dans ma fonction, je me suis donné comme tâche de mettre les personnes qui venaient suivre une formation le plus à l’aise possible. Il s’agissait principalement de femmes… Il m’importait qu’elles puissent se déposer quand il y avait une difficulté. Elles avaient des parcours complexes et malgré les obstacles, elles trouvaient le courage d’entamer une formation. C’était inspirant de les écouter ; les histoires des autres aident à se construire soi."

Entrée dans le monde kafkaïen du 2.0
Animée par cette dimension relationnelle, la travailleuse sociale en devenir entre dans l’ASBL néerlandophone Maks, en tant que formatrice multimédia. "J’avais de bonnes connaissances en matière de web sans être une grande spécialiste, mais j’ai appris sur le tas. En débarquant dans le monde de l’aide au numérique, j’ai pris conscience des problématiques engendrées par la digitalisation de la société."

Pendant ses deux ans et demi au sein de cette structure, elle travaille avec plusieurs publics (des adultes en parcours d’insertion à l’emploi, des seniors, des demandeur·euses d’asile, des jeunes…) avec lesquels elle explore différentes thématiques. Chemin faisant, elle améliore ses compétences techniques.

Un jour, on lui demande de donner des initiations à l’informatique à De Schakel, une ASBL partenaire. "J’y ai rencontré un autre public fragilisé par l’isolement et une dynamique d’apprentissage différente ; plus dans la répétition, le décorticage, la patience." Encore une fois, elle réalise l’urgence de la question de l’accès au numérique.

Orientée solutions, Chaïmae Moussadek les forme à utiliser les outils, mais également à découvrir les côtés positifs liés aux nouvelles technologies. "J’ai emmené les personnes visiter une ferme pour les initier à la photo sur smartphone, nous nous sommes aussi baladé·es dans la ville pour apprendre à trouver son chemin sur GoogleMap. C’était important pour moi que les participant·es puissent se rendre compte que le numérique n’est pas seulement source de stress…"

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La pandémie, amplification des difficultés
Après son expérience au sein de Maks, depuis près d’un an, elle œuvre à De Schakel en tant qu’animatrice numérique. Elle se trouve dès lors au plus près des victimes de la fracture numérique et sociale. Une fracture encore aggravée par l’accélération de la dématérialisation des services publics depuis la pandémie. "Ce que j’observe souvent, c’est la crainte de mal faire, d’activer une espèce de programme qui autodétruira tout. Ma tâche principale, c’est de rassurer les personnes, leur rappeler qu’elles sont capables."

En plus de cet emploi, pour compléter son bagage, l’animatrice a repris un bachelier en cours du soir pour devenir éducatrice spécialisée. "C’était important pour moi de poursuivre des études. Il y a des écoles supérieures qui permettent un accès sans CESS avec test d’admission, ce que j’ai fait. Je suis en deuxième année à présent. C’est parfois éprouvant, mais je ne regrette pas du tout parce que j’acquiers des concepts théoriques en lien avec mon travail au quotidien."

Des connaissances qui éclairent sa pratique au sein de l’EPN. "La précarité je ne l’entends pas seulement sous l’aspect financier, mais aussi psychique. La plupart des personnes que je reçois sont ancrées dans un phénomène d’exclusion. Les souffrances psychiques d’origine sociale sont un phénomène que j’observe. C’est essentiel de tenir compte de l’environnement pour prendre en charge la personne victime d’exclusion. Au sein de l’EPN, quand j’accueille quelqu’un·e, j’essaye de faire de mon mieux. J’offre un café, je lui souhaite un joyeux anniversaire… Des petits gestes qui permettent de refaire lien."

Combien de fois je ne suis pas tombée sur des gens en larmes, fatigués de ne pas s’en sortir…


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La fracture numérique sous l’angle du genre
En Belgique, selon le dernier baromètre de l’inclusion numérique, près d’une personne sur deux – 46% de la population – serait en situation de vulnérabilité numérique. Si aujourd’hui hommes et femmes sont tout autant concerné·es par la problématique, l’étude note que "les publics plus vulnérables sur le plan socio-économique apparaissent, sans surprise, les plus fragilisés face à l’augmentation de l’exigence de maîtrise des technologies numériques."

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Entre 2019 et 2021, l’écart entre hommes et femmes ayant de faibles compétences numériques s’est creusé (6% contre 2% en 2019). En plus de cet écart, comme les femmes continuent de supporter une plus grande partie de la charge mentale du foyer, ce sont elles qui portent encore plus les difficultés liées à la digitalisation des services administratifs.

Une réalité observée par Chaïmae Moussadek. "Je sens que les femmes sont encore plus victimes des violences engendrées par la digitalisation. Ce sont elles qui se tapent les galères des formulaires en ligne." Durant le confinement, dans une lettre ouverte "Précarité numérique et confinement, les femmes plus impactées encore ! ", une dizaine d’associations avaient d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme. Sans compter qu’en première ligne, le travail social est effectué principalement par des femmes (81% selon Statbel). Ce sont donc les travailleuses qui sont confrontées à la violence administrative imposée à leur public.

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Porter la voix de celles et ceux qu’on n’écoute pas
Question éminemment politique que celle de la digitalisation des services publics ; Chaïmae Moussadek s’engage pour une meilleure visibilisation des problématiques. "Avec un collègue du comité de pilotage des EPN du quartier Brabant, nous souhaitons mobiliser un groupe de citoyen·nes pour porter leurs paroles auprès des politiques. C’est important de faire remonter leurs difficultés."

C’était important pour moi que les participant·es puissent se rendre compte que le numérique n’est pas seulement source de stress…

À force de répondre aux situations complexes, l’animatrice est devenue une experte "en failles des plateformes en termes d’accessibilité" et tente dans un objectif d’amélioration de les mettre en évidence. "Il y a comme un gap… J’ai l’impression que les personnes qui conçoivent les sites d’utilité publique ne se rendent pas compte des difficultés que génèrent les outils. Combien de fois je ne suis pas tombée sur des gens en larmes, fatigués de ne pas s’en sortir… C’est terriblement frustrant pour les personnes de devoir recourir à chaque fois à une aide externe pour effectuer une démarche qu’elles avaient jusqu’ici toujours pu réaliser elles-mêmes. Sans compter que ça pose de grandes questions quant aux données privées…"

Avant de retourner aider son public, Chaïmae Moussadek conclut en pointant l’urgence imposée par la société hyper connectée. "Je me retrouve sans arrêt à éteindre des feux, ça devient difficile de faire du lien, pourtant le lien, c’est l’essence de mon travail. Prendre soin de la relation est ce qui me tient le plus à cœur, c’est la base de mon engagement…"

Dans la série In... We Trust (Nous croyons en...)
In Leïla Maidane We Trust, entrepreneuse sociale et féministe
In Audrey Adam We Trust, la défense des journalistes contre le cyberharcèlement
In Gia Abrassart We Trust, créatrice de synergies et de rencontres
In Rihab Mohamadi We Trust, se libérer des peurs
In Selma Benkhelifa  We Trust, défendre les droits des opprimé·es
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Éduquer au consentement, une histoire de vivre ensemble

16 Février 2023, 01:20am

Publié par hugo

 Éduquer au consentement, une histoire de vivre ensemble

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10 févr. 2023 à 13:42

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Par Sarra El Massaoudi pour Les Grenades
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L’éducation au consentement est aussi importante que l’apprentissage du français, des maths et des sciences. C’est en tout cas l’avis unanime des ministres de l’Education en Australie.
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Résultat : depuis janvier 2023, le consentement y fait partie intégrante des programmes scolaires, à travers les cours d’éducation physique et de la santé. Chez nous, l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras) est obligatoire dès la maternelle depuis 2012. L’objectif : éveiller les enfants, adolescent.es et jeunes adultes à des thématiques telles que les émotions, les changements corporels, les sexualités, la contraception et le harcèlement. "C’est très important parce que ces sujets ne sont pas abordés dans toutes les familles. Certains enfants ont par conséquent des difficultés à reconnaître des situations qui peuvent être qualifiées de violentes", pointe Coraline Piessens, chargée de mission à la Fédération laïque des centres de planning familial.

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Près de dix ans plus tard, l’accès à ces animations reste cependant très inégal. "A Bruxelles, sur l’année scolaire 2018-19, on estime à 10% le nombre de jeunes qui ont bénéficié d’ateliers animés par des centres de planning familial. D’autres acteurs comme les centres PMS et les organisations de jeunesse font aussi de l’Evras mais le nombre d’élèves touché.es reste peu élevé." Les années suivantes, les confinements successifs ont encore réduit ces chiffres. Et depuis la reprise, une partie du public visé continue à passer entre les mailles du filet. "On prône une sensibilisation dès 5 ans. Dans les faits, on commence souvent à la fin du primaire et c’est en secondaire que les animations sont le plus souvent données. Certaines écoles sont difficiles à atteindre, peu importe le niveau."

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Le consentement sexuel, mais pas que
Dans le discours public, l’éducation au consentement est régulièrement abordée sous le prisme du consentement sexuel. Son champ d’action est pourtant bien plus large. "On a tendance à le réduire à la sexualité car c’est à ce niveau-là que les choses bougent, explique Anne-Sophie Marq, chargée de projets chez Univers Santé. Mais en fait, on consent déjà à plein de choses sans nous en rendre compte : au code de la route, au fait d’arriver à 9h au travail, etc."

La chercheuse (UCL) note que nombre d’enjeux se jouent dès la maternelle. "Dans la cour de récré, j’ai un goûter et un élève me le pique, je n’ai pas consenti. Se pose aussi la question des toilettes : est-ce que l’enfant est d’accord pour que l’institutrice y vienne avec lui ou est-ce que ça le gène ?"

C’est très important parce que ces sujets ne sont pas abordés dans toutes les familles

Pour Arnaud Arys, directeur de l’Institut des Soeurs de Notre-Dame à Anderlecht, il s’agit avant tout de vivre ensemble. "A mon sens, la question centrale est ‘quelle place j’accorde à l’autre, à sa parole, sans l’envahir ?’ Le consentement peut être abordé sur un axe lié à la sexualité chez les rhétos mais pas en première secondaire. Chez les plus jeunes, ça peut tout simplement être ‘j’ai pas envie que tu prennes mon ballon’ et d’amener les élèves à respecter cela."

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Certains établissements s’emparent de la question et développent leurs propres outils de sensibilisation. C’est par exemple le cas d’une école bruxelloise qui a affublé ses murs d’affiches aux slogans adaptés à des tranches d’âge spécifiques. "J’ai été très touché par cette campagne. J’aimerais faire un travail similaire dans mon école parce que ça répond à une difficulté qu’on a chez nous", commente Arnaud Arys. C’est qu’après deux ans de crise sanitaire et de cours à distance ou tout bonnement annulés, certain.es élèves n’étaient plus habitué.es à la vie en communauté. “Quand on les a récupéré.es, iels n’avaient plus les codes. Des enfants dominant.es imposent leur vision aux autres, ce qui crée des disputes de partout. Sensibiliser au consentement est une bonne réponse à cette réalité : si les élèves laissaient plus de place à la parole de l’autre, on éviterait bien des conflits."

En matière de sexualité, la validité du consentement fait parfois l’objet de désaccords : "Il ou elle m’a dit ‘non’ mais je sais que ça voulait dire ‘oui’", "ce n’est pas un viol car elle n’a pas crié", etc. Ces interprétations, pressions, hésitations autour de ce qui constitue une relation consentie sont communément appelées la zone grise. Une zone de flou qui pose question : comment éduquer au consentement dès lors que la règle n’est pas claire ? Pour Anne-Sophie Marq, la réponse est simple : "Il faut sortir de cette zone grise parce qu’elle amène de l’incertitude. Quand on dit que ‘non’, c’est peut-être ‘oui’, ça ne permet pas d’avancer. Donc quand c’est ‘non’, c’est ‘non’. Et quand c’est ‘oui’, c’est ‘oui’." Le plan Sacha (Safe attitude contre le harcèlement et les agressions), créé en 2018 pendant le festival Esperanzah !, s’inscrit par exemple dans cette philosophie.

Un postulat simple qui bouleverse les représentations dominantes des relations sexuelles et interpersonnelles. "Certains se demandent comment on va séduire désormais, ils pensent que cela n’a plus rien de naturel. Mais la séduction, c’est culturel, ça évolue avec le temps ! On va réinventer notre façon de séduire, poursuit la sexologue clinicienne. En couple, il est important d’oser communiquer dès le départ, de ne pas subir. On a le droit de dire ce qui ne nous plaît pas, de changer d’avis. J’aurais beaucoup moins de patient.es si cette vision du consentement était plus largement partagée."

“C’est du temps qu’on choisit de trouver”
En pratique, les ateliers Evras sont animés par des professionnel.le.s extérieur.es aux écoles, les enseignant.es n’étant pas formé.es pour donner ce type de modules. Ce dispositif permet également aux élèves de partager plus facilement leurs vécus et réflexions avant de débriefer de la séance avec leur professeur.e "Et puis, si un.e enfant a un flash-back et se souvient d’un épisode violent, il faut pouvoir correctement le prendre en charge dans l’urgence."

Mais un tel partenariat avec des professionnel.les de la santé a un coût. "Cela demande un investissement de la part des politiques et des écoles. Même si je ne pense pas que les écoles soient prêtes à subvenir à ce type de besoin", admet Anne-Sophie Marq. Et Coraline Piessens d’ajouter : "Dans le secteur des violences, le manque de moyens est net et les situations auxquelles sont confronté.es les travailleurs et travailleuses sont compliquées. Il y a donc beaucoup de burn-out."

Il faut sortir de cette zone grise parce qu’elle amène de l’incertitude. […] quand c’est ‘non’, c’est ‘non’.

Du côté des établissements scolaires, il s’agit aussi de trouver l’espace pour inclure l’éducation au consentement dans un programme déjà très chargé. "C’est du temps qu’on choisit de trouver. A un moment, on estime que le dispositif Evras est important et doit écraser tout le reste pendant une semaine ou à intervalle régulier", juge Arnaud Arys. Le directeur compte sur une mise en application la plus horizontale possible. "On ne doit pas venir avec notre discours d’école en disant ‘tu dois faire ceci ou cela’. Il faut laisser les jeunes s’exprimer, permettre aux plus grand.es de l’école de réfléchir et de créer des outils."

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L’éducation au consentement sème par ailleurs les graines de changements sociétaux. Elle se pense donc sur le long terme. "Un médecin doit par exemple demander le consentement pour chaque acte qu’iel pose, estime Coraline Piessens. Pour que ce consentement soit libre et éclairé, le ou la patiente doit être au courant des implications de chaque acte médical et cela prend du temps. C’est pareil pour d’autres domaines, comme le fait de porter plainte."

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Pour ces professionnelles de la santé, démocratiser l’éducation au consentement répond ainsi à un besoin essentiel : réduire les inégalités d’accès à l’information. "Généraliser les apprentissages changera les mentalités de manière plus efficace que de s’adresser aux générations plus anciennes. Parmi les 18-25 ans, je vois un intérêt, une remise en question sur ces enjeux", précise Anne-Sophie Marq.

Cet intérêt croissant s’accompagne aujourd’hui de la création d’outils et de formations sur le sujet. Quant aux stratégies concertées en Evras, elles permettent d’homogénéiser ces contenus. "Cela fait bouger les choses dans certaines sphères mais pas assez dans l’ensemble de la population. D’où l’intérêt d’une éducation obligatoire pour tous et toutes."

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/eduquer-au-consentement-une-histoire-de-vivre-ensemble-11150683

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Collages féministes arrachés à Liège : un "deux poids, deux mesures" vis-à-vis de l’affichage clandestin ?

16 Février 2023, 01:17am

Publié par hugo

Collages féministes arrachés à Liège : un "deux poids, deux mesures" vis-à-vis de l’affichage clandestin ?

Collages féministes arrachés à Liège : un "deux poids, deux mesures" vis-à-vis de l’affichage clandestin ?
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10 févr. 2023 à 06:00 - mise à jour 10 févr. 2023 à 08:35

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1 min
Par Julien Covolo
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Le Festival de Liège se déroule en ce moment au Manège de la Caserne Fonck. En complément de l'un des spectacles, un atelier de collages féministes était organisé avec 85 étudiants. Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu.
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L’artiste Céline Chariot, autrice et performeuse du spectacle "Marche salope", était occupée à afficher des slogans avec des étudiants lors d’un atelier féministe. L’objectif est militant, mais aussi pédagogique. L’autorisation avait bien été accordée par le Manège Fonck au préalable, mais cela n’a pas empêché la police d’intervenir.

La police est immédiatement intervenue pour interrompre l'atelier.
"J’ai expliqué dans quel cadre on faisait ceci, explique l’artiste. Je suis partie avec eux pour un contrôle d’identité." Au cours de ce contrôle, on lui affirme que cette intervention fait suite à un appel des pompiers de Liège, dont les locaux sont situés juste en face. "Une heure et demie après, la ville est venue nettoyer tous les collages qui avaient été faits par les étudiants", déplore Céline Chariot.

Problème d’autorisation
La police était bien en droit d’intervenir. Certaines affiches étaient affichées sur un mur exposé à l’espace public, et non dans l’enceinte privée du Manège Fonck. L’autorisation de la salle culturelle n’était donc pas suffisante, et une demande auprès des autorités aurait été nécessaire.

L’échevin de la Propreté, Gilles Foret, qui se réserve de faire tout commentaire sur cet incident, nous précise que le règlement de la ville interdit l’affichage clandestin dans l’espace public, quel que soit le message véhiculé.

Un collage féministe, ce sera tout de suite arraché.

Mais pour Céline Chariot, il y a bien un "deux poids, deux mesures" dans l’efficacité avec laquelle les autorités ont agi. "Des personnes nous ont signalé la présence d’un tag 'Mort LGBT + '. Il y est resté des mois sans que personne ne fasse rien, a-t-elle constaté. Par contre, un collage féministe, ce sera tout de suite arraché", se plaint-elle, s’interrogeant sur la place que donne la ville à ces questions de harcèlement de rue ou de consentement.

Contactés par nos soins, les pompiers de Liège n’ont pas non plus souhaité faire de commentaire à ce sujet.


https://www.rtbf.be/article/collages-feministes-arraches-a-liege-un-deux-poids-deux-mesures-vis-a-vis-de-laffichage-clandestin-11150405

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