Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

Cette robe pour hommes vise à combattre "les stéréotypes toxiques" , articles femmes hommes, sexisme,

12 Octobre 2020, 03:14am

Publié par hugo

 Cette robe pour hommes vise à combattre "les stéréotypes toxiques"
120Partages    Partager sur Facebook
Cette robe pour hommes vise à combattre "les stéréotypes toxiques"
Cette robe pour hommes vise à combattre "les stéréotypes toxiques"
Pauline Machado 
Par Pauline Machado
Publié le Vendredi 09 Octobre 2020
La marque italienne Gucci fait parler d'elle. En cause : une robe pour hommes de 1900 euros issue de sa collection automne-hiver 2020, qui entend se battre contre "les stéréotypes toxiques".
A LIRE AUSSI
Chez cette coiffeuse féministe, les femmes et les hommes paient le même prix
News essentielles
Chez cette coiffeuse féministe, les femmes et les hommes...
 
En Espagne, cet hôtel est interdit aux hommes
News essentielles
En Espagne, cet hôtel est interdit aux hommes
 
Cette photographe défie les stéréotypes avec des princesses championnes
News essentielles
Cette photographe défie les stéréotypes avec des...
La Fashion Week printemps-été 2021 touche à sa fin. Sur les réseaux sociaux, on s'en donne à coeur joie pour critiquer, de façon plus ou moins dithyrambique, les défilé des créateur·ice·s du moment. Les looks baroques de Dior, l'impeccable - et acidulé - défilé digital de Miu Miu, mais aussi le tournant non-genré de Louis Vuitton, avec des tenues signées Nicolas Ghesquière qui transcendent les codes du féminin et du masculin.

Interrogé par Vogue à ce sujet, le styliste et directeur artistique Femmes de la maison développe d'ailleurs l'intention derrière sa collection : "Depuis quelques années, je m'intéresse à une mode non-genrée, et à l'évolution que cela suppose : comment les vêtements d'aujourd'hui deviennent bien plus accessibles pour des personnes de sexes différents, de genres différents et les personnes non-binaires."

Il poursuit : "Il y a cette zone intermédiaire qui prend de plus en plus d'importance. Je ne dirais pas zone grise, c'est plutôt une zone arc-en-ciel. Cela fait des années que des jeunes stylistes travaillent là-dessus, ce n'est pas un concept neuf du tout, mais je pense que pour des grandes maisons comme Louis Vuitton, c'est très intéressant." Et il n'est pas le seul à bousculer l'industrie de la mode.

Une robe tartan pour lutter contre les stérétotypes
Chez l'illustre marque italienne Gucci par exemple (la griffe préférée d'Harry Styles), on retrouve, du côté des hommes, une tenue qui échappe aux atours attribués traditionnellement aux vestiaires masculins ou féminins. Une robe tartan orange et beige 100 % coton, brodée, ornée de boutons en nacre et d'un noeud en satin à la taille, ainsi que d'un col Peter Pan blanc contrasté qui, selon le site de la griffe, ajoute "un élément inspiré de l'enfance" au vêtement issu de la collection automne-hiver 2020. Tout un programme - qui n'est pas sans rappeler les jupes pour hommes de Jean Paul Gaultier - qui vise à défier "les stéréotypes toxiques qui façonnent l'identité masculine".


Sur les réseaux sociaux, les réponses à la pièce sont hétéroclites. Certains questionnent l'aspect général du look, l'association robe-denim, d'autres, son coût (1900 euros) : "Si vous voulez lutter contre les 'stéréotypes masculins toxiques' et que vous avez 1 700 £ (environ 1900 euros, ndlr) de côté, donnez 1 680 £ au centre d'hébergement pour femmes local et achetez-vous un t-shirt", écrit un internaute. D'autres encore, critiquent plus trivialement la démarche.

Mais les commentaires que l'on retient sont ceux qui la célèbrent. Notamment celui-ci : "J'espère que c'est le début de la réduction du stéréotype masculin toxique qui fait que je ne peux pas porter de robe au travail (je peux le faire sur le plan organisationnel, c'est important, je ne peux pas le faire sur le plan social) Et oui, je le ferais. Surtout en été."


Car c'est bien de cela dont il s'agit : paver la voie d'une liberté de s'exprimer qui s'affranchit réellement des carcans sociétaux réducteurs. Et grâce à sa création, que l'on puisse se permettre un achat aussi conséquent ou non, Gucci continue de prouver à quel point ces derniers sont dépassés.
https://www.terrafemina.com/article/robe-pour-homme-gucci-veut-combattre-les-stereotypes-toxiques_a355408/1

Voir les commentaires

Sur le corps des hommes, des injonctions viriles à déconstruire , articles femmes hommes, femmes, societe

12 Octobre 2020, 02:59am

Publié par hugo

 Sur le corps des hommes, des injonctions viriles à déconstruire
Sur le corps des hommes, des injonctions viriles à déconstruire
Sur le corps des hommes, des injonctions viriles à déconstruire - © Malte Mueller - Getty Images/fStop
 
Une chronique de Leila Fery
 Publié le vendredi 09 octobre 2020 à 13h31
Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Email498 
La fin de cette saison estivale nous l’a encore montré : le corps des femmes est soumis à de nombreuses injonctions et pressions. Si les logiques de domination ne sont évidemment pas les mêmes, le corps des hommes est, lui aussi, renvoyé à des normes, viriles cette fois.


Le mémoire et projet Normâle pose une question principale : quel rapport entretiennent-ils avec leur corps ? Vingt-trois hommes bruxellois, âgés entre 20 et 30 ans, se sont confiés sur leurs doutes, leurs complexes et leurs fragilités.

Hercule, ce modèle
En 2020, les canons de la beauté virile correspondent toujours à un homme grand, ni trop gros, ni trop mince, musclé, poilu (mais pas trop), sexuellement actif et puissant : c’est le modèle herculéen. Beaucoup d’entre eux ont du mal à correspondre ou à accepter ce modèle. C’est ce dont témoignent les vingt-trois hommes qui ont participé à ce projet.

Il n’y a pas que la taille qui compte
On a toutes et tous en tête cette norme qui veut que "l'homme doit être plus grand que la femme" dans les couples hétérosexuels. Il s'agit de la male taller norm (la norme de l'homme plus grand). Être grand fait donc partie des caractéristiques physiques évaluées comme viriles ou au moins masculines.

Il s'agit bien d'une norme de genre qui renforce une image de puissance, de grandeur, de présence, considérées comme autant de qualités pour un homme. Léon, architecte, rend compte de ce décalage : "J’ai vu tous mes amis grandir et devenir plus musclés. Et moi, je restais un enfant. Je me sentais décalé. Je suis arrivé à 1m70. Je voulais grandir plus. Et on me disait "ne t’inquiète pas, tu vas encore grandir" : je n’ai jamais grandi. Tout un moment, ma mère m’achetait des vêtements plus grands parce que j’allais grandir. Finalement, j’ai pu les donner parce que je n’ai jamais grandi."

Ainsi, dans le domaine la séduction hétérosexuelle, les hommes grands sont favorisés, au détriment des plus petits. Ces derniers sont souvent perçus comme moins virils par les femmes mais aussi par les autres hommes. 

"Ça a été un long moment assez difficile, surtout en humanités parce que c’est la période des premières expériences amoureuses Les filles ne veulent que des garçons plus grands qu’elles. C’était assez pénible", poursuit Léon.

De tout poil
Barbe, poils sur le torse, les jambes, les aisselles : la pilosité reste un attribut viril. Entre en avoir trop ou pas assez, il s’agit de trouver la juste mesure. Certains se préfèrent poilus. D’autres se rasent ou s'épilent. C’est notamment le cas de Nicolas, développeur web : "C’est une préférence personnelle : je n’aime pas les poils. Je me rase les dessous de bras. J’essaie de m’épiler les épaules. J’ai acheté des lingettes de cire. Les fesses, il faudrait que je les fasse un jour parce que c’est un enfer. Je me rase les testicules."

Les cheveux tiennent une place importante dans la symbolique. Si leur perte peut être synonyme de vieillesse, elle peut également être vécue comme une dévalorisation. C’est ce qu’explique Gaspard, biologiste: "Sinon, ce qui me dérange le plus dans le fait de vieillir, ce n’est pas d’avoir des cheveux blancs mais c’est de perdre des cheveux parce que les cheveux donnent un caractère à un visage."

Mes cheveux ont été très critiqués. Soit on me traitait de hippie, soit on me traitait de meuf

Paul s’occupe de la création de sons pour jeux vidéo. Il a dû se défaire de sa longue chevelure pour des raisons professionnelles. Ses cheveux le faisait passer pour négligé ou féminin : "Mes cheveux m’ont frustré parce qu’ils n’étaient pas comme je voulais. Je portais les cheveux longs. J’ai vraiment des cheveux très frisés alors que je voulais des longs cheveux soyeux et relativement lisses. Mes cheveux ont été très critiqués. Soit on me traitait de hippie, soit on me traitait de meuf."

Trop mince, trop rond
"Tu as le poids d'un mouchoir", "pédé", ces remarques en apparence anodines renvoient à l'image qu’un homme se doit d’être fort, large et dessiné. La minceur est alors associée à une certaine fragilité, une faiblesse, une masculinité diminuée, une féminité honteuse. Pour la philosophe Olivia Gazalé (Le mythe de la virilité : un piège pour les deux sexes, 2017, Robert Laffont), un homme perçu comme efféminé est considéré comme inférieur et sera rejeté dans "l'inframonde des sous-hommes".

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

"J’étais assez mince quand j’étais jeune. Ce qui me marquait le plus, c’était les voisins un peu plus âgés que mes parents qui me disaient de manger plus, que je devais grossir. Je trouve ça bizarre comme remarque. C’est déplacé.", témoigne Maël qui travaille dans la biotech. Il poursuit : "J’ai des longues jambes, très fines. J’ai eu des remarques d’inconnus qui m’ont dit " c’est des bâtons, on pourrait les casser ". C’est vexant. C’est une fragilité à laquelle tu n’as pas envie d’être associé."

"J’ai été complexé par le fait que j’étais maigre pendant mon adolescence. Quand ma vie s’est stabilisée, j’ai pris quelques kilos. Dans ma tête, c’était trop parce que j’étais habitué au corps que j’avais avant. À tel point que maintenant je regrette presque l’époque où j’étais trop maigre. Quand je suis arrivé à l’université, on me faisait des remarques sur le fait que j’étais très mince. On me disait que j’avais le poids d’un mouchoir. Quand j’ai pris du poids, on m’a dit que j’avais pris de la couenne", explique Raphaël, chanteur et guitariste dans un groupe de métal.

J’étais assez mince quand j’étais jeune. Ce qui me marquait le plus, c’était les voisins un peu plus âgés que mes parents qui me disaient de manger plus, que je devais grossir. Je trouve ça bizarre comme remarque. C’est déplacé

Ce dernier récit montre bien la tension entre désir de ne pas être trop mince et la peur de grossir. Être gros est un des stigmates les plus ancrés dans la société. Il est associé à des caractéristiques négatives. Longtemps l'apanage des femmes, les injonctions à rester mince touchent désormais de plus en plus les hommes. Pour eux, les poignées d'amour, les rondeurs, les hanches larges peuvent renvoyer à une silhouette plus féminine qui les dévalorisent.

"Mon ventre est là où je stocke le plus de gras. C’est une compétition acharnée contre moi-même pour être moins gros. Selon les représentations dans la publicité, un homme de 250 kilos, ce n’est pas viril", explique Gaspard.

Finalement, qu'il soit trop mince ou trop gros, leur corps est moqué pour son manque de virilité selon la norme masculine.

Le sexe et la performance
Symbole par excellence de la virilité, le pénis est souvent l’objet d’inquiétudes : est-il dans la norme ? La taille est un sujet quasi incontournable. Les hommes ont besoin d’être rassurés et validés. Parfois la pression est telle qu’ils n’osent pas se comparer de peur d’être tournés en ridicule.

Pour Léon, "la taille du sexe reste taboue entre mecs. Même de très bons amis vont mentir là-dessus. Ce n’est pas quelque chose que tu peux demander à des amis : "tu ne trouves pas qu’elles sont énormes dans les porno ?". Ils vont dire que c’est juste un peu plus grand que chez eux."

Les inquiétudes ne s'arrêtent pas à l'aspect que peut avoir le pénis. Plus qu'un pénis, il s'agit d'un phallus, "un sexe-symbole-de-puissance" pour reprendre l’expression d’Olivia Gazalé. L'érection sert de preuve de cette puissance, ce qui mène à une insécurité : que se passera-t-il en cas de défaillance?

Ce qui était très important, c’était le regard des autres. On me connaissait comme le gars qui allait séduire. J’avais besoin de cette reconnaissance

À propos de performance, la course aux conquêtes n'est jamais loin. Plus qu'un plaisir, il s'agit d'une question de prestige : "Le plaisir de pouvoir dire le lendemain à ses amis qu’il "s’est fait" cette fille est plus intense sur l’acte en lui-même", analyse le sociologue Raphaël Liogier (Descente au cœur du mâle, 2018, Les liens qui libèrent).

Ce besoin de reconnaissance, Nicolas l’a vécu et le décrit : "L’alcool m’aidait à avoir confiance en moi. Je voulais absolument coucher, être un homme, être fort. Il fallait que je sois le gars aux 10.000 conquêtes. Il fallait que j’en aie le plus possible. Je faisais le gars détaché mais je n’étais pas fier de moi. Après, je me sentais mal et triste. Ce qui était très important, c’était le regard des autres. On me connaissait comme le gars qui allait séduire. J’avais besoin de cette reconnaissance."

Passé et futur
À l’instar des injonctions à "être fort" et "ne pas pleurer", le modèle corporel viril est véhiculé par la famille, l’école, les pairs, les médias et la culture. Les jeunes garçons apprennent ainsi à désirer ce modèle et à tenter d’y correspondre.

Quasiment tous ceux qui ont participé au projet Normâle ont raconté avoir dû garder leur tee-shirt à la plage, suivre un régime, couper leur cheveux, endurer le regard des autres hommes à la salle de sport ou encore avoir été insultés de “pédé” ou de “femmelette”.

Pour Maël, "l’idéal de la masculinité est pourri parce qu’il ne correspond pas à tout le monde. C’est mon expérience et j’imagine que c’est l’expérience de la majorité des hommes parce qu’on ne peut pas coller à cette image-là. Ça demande beaucoup d’investissement si on veut y coller et il y a d’autres choses mieux à faire que ça."

Les hommes rencontrés ne sont pas à l’aise avec le modèle imposé de la virilité et appellent à imaginer d’autres façons d’aborder la masculinité.

Normâle s’inscrit dans un désir de normaliser la prise de parole des hommes à propos de sujets personnels et intimes ainsi que de montrer qu’une déconstruction de la virilité est possible.

Tous les témoignages présentés dans cet article sont à retrouver en intégralité en version audio sur le site du projet.

La série "Déconstruire les masculinités toxiques"
Premier article - "Sois fort, ne pleure pas"

Deuxième article - "Je suis un monstre qui vous parle"

Troisième article - "On ne naît pas homme, on le devient"

Quatrième article - "Le sexe et le mâle"

Leila Fery est diplômée en sociologie, anthropologie et journalisme. Actuellement, elle étudie au sein du Master de spécialisation en études de genre.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_sur-le-corps-des-hommes-des-injonctions-viriles-a-deconstruire?id=10604673

MOI  J AI EU LE DROIT  A UNE  FEMME  QJUI MA DIT  QUE ELLE EN VOULIAS PAS DE  MOI CAR JE N ETAIT PAS  ASSEZ GRAND   , elle était  sur  des talons  , je  fais   171  CM      ,  QU EN  PENSEZ  VOUS  ,,,,?????  , ;

J AI EU LE  DRAOIT  AUNE FEMME QUI ME TROUVAIT PAS  ASSEZ  GRAND  UNE AUTRE OU JE ME SUIS TROMPE DE  4  CME ET ELLE  MA  DIT  AU REVOIR  , et  une autre  sur  le  sourcil  car je suis mono sourcil et un  mini handicap  toute ces femmes mont  dit  NON !!!!

Voir les commentaires

Qu'est-ce que le culte de la Vierge Marie dit de nous? , femmes, religion

12 Octobre 2020, 02:58am

Publié par hugo

 Qu'est-ce que le culte de la Vierge Marie dit de nous?
Chaque année, des millions de pèlerins visitent le site de la première apparition mariale reconnue. La Vierge Marie serait apparue à un Aztèque le 12 décembre 1531 à Tepeyac, au Mexique. C'est le site catholique le plus visité après le Vatican.2 images 
Chaque année, des millions de pèlerins visitent le site de la première apparition mariale reconnue. La Vierge Marie serait apparue à un Aztèque le 12 décembre 1531 à Tepeyac, au Mexique. C'est le site catholique le plus visité après le Vatican. - © Tous droits réservés
 
Une chronique de Lisa Cogniaux
 Publié le vendredi 09 octobre 2020 à 11h28
Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Email55 
Julie David de Lossy et Colin Delfosse sont photo-journalistes. Tous les deux s’intéressent à l’invisible, à ce qu’on ne peut pas capter directement dans l’objectif. D’où le sujet de cette exposition, Mariophanie, autour des apparitions de la Vierge Marie.


Mexique, Irlande, Lituanie, Pologne, Bosnie, Etats-Unis, France, Rwanda, Belgique : les photo-journalistes se sont rendus dans les 18 lieux d’apparitions mariales reconnues par le Vatican. 11 des lieux visités et photographiés sont exposés au Jacques Franck, dans le cadre du Parcours d’artistes.

Comment ça se fait qu’au 21ème siècle, alors qu’on peut expliquer tant de choses, les gens aient encore besoin de croire à la Vierge Marie et à ses apparitions?

Genèse
Au départ de ce projet, il y a une grande célébration pour la Vierge à Kibého, Rwanda. Une des dernières apparitions mariales reconnues par l’Église y a eu lieu en 1981, la seule sur le continent africain.

Alors que Julie travaille à Nairobi (Kenya) et Colin à Kivu (Congo), iels se retrouvent au Rwanda et sont impressioné.es par le nombre de personnes présentes, venues d’Ouganda, du Congo, parfois à pieds, traversant sans problèmes des frontières habituellement fermées.

Quelques années plus tard, ces images continuent à les intriguer et iels décident de continuer leur reportage.

L’exposition, me dit Julie, naît de cette interrogation : “Comment ça se fait qu’au XXIème siècle, alors qu’il y a la science, alors qu’on peut expliquer tant de choses, les gens aient encore besoin de croire non pas à la religion catholique, mais à la Vierge Marie et à ses apparitions ?”

Le culte marial décliné selon les cultures
Au Mexique, la Vierge Marie est aussi la Pachamama et le culte catholique n’empêche pas les danses et les costumes hérités des traditions aztèques

Les photos dégagent diverses atmosphères : parfois du sérieux voire même de l’ennui (magnifique photo d’une chorale de jeunes filles en Lituanie, certaines renfrognées, d’autres pleinement impliquées), parfois de la joie, parfois de la ferveur collective (foules à Tepeyac ou à Fatima, Portugal). Suivant les lieux, le culte s’exprime différemment. Julie explique : “C’est ça qu’on a voulu montrer dans l’expo, même si il y a un dénominateur commun, qui est la Vierge Marie, au delà de ça, chaque lieu réussit à la transcender”.

Elle parle notamment du syncrétisme effectué au Mexique avec les déités locales : là-bas, la Vierge Marie est aussi la Pachamama, et le culte catholique n’empêche pas les danses et les costumes hérités des traditions aztèques. Aux Etats-Unis, Wisconsin, les photographes sont reçus par la chargée de communication de l’église : le prosélytisme de la culture états-uniennes concernant la religion se fait sentir.

La scénographie de l’exposition est volontairement dépouillée : les artistes voulaient éviter les panneaux et les encarts, afin de permettre aux visiteurs et aux visiteuses de s’imprégner des lieux exposés. Une petite fiche explicative est néanmoins disponible à l’entrée. La démarche n’est pas à proprement parler pédagogique mais pousse à interroger sans jugements la vivacité actuelle de ce culte marial.

Instrumentalisation de la figure mariale
La figure de Marie est avant tout figure de bonté, de compassion, d’espoir et d’écoute

Les premières apparitions (Lituanie et Mexique) ont lieu au 16ème siècle, mais c’est au 19ème et début 20ème siècles que l’Église reconnaît le plus d’apparitions, dont 5 en France et 2 en Belgique.

Historiquement, cela peut s’expliquer par l’ampleur des mouvements sociaux et par la désertion des églises : une apparition reconnue est un bon argument pour inciter la population à revenir à la religion.

Des religieuses prient dans les Alpes lors des célébrations mariales de 2019. La Vierge Marie serait apparue à deux jeunes bergers le 19 septembre 1846 à La Salette, en France.
Des religieuses prient dans les Alpes lors des célébrations mariales de 2019. La Vierge Marie serait apparue à deux jeunes bergers le 19 septembre 1846 à La Salette, en France. - © Tous droits réservés
Seule femme importante dans la religion catholique, le culte de la Vierge est considéré comme mineur par l’Église, jusqu’aux apparitions du 19ème siècle.

Julie y voit une instrumentalisation de la Vierge dans le but d’apaiser les foules et d’inverser les courants politiques révolutionnaires. En effet, la figure de Marie est avant tout une figure de bonté, d’espoir et d’écoute. L’apparition de Pontmain, en Normandie, a eu lieu un mois avant la Commune !

“La vierge reste cette figure emblématique dans une religion dominée par les hommes”, dit la photographe, elle est un symbole de douceur et de réconfort, la face positive d’une religion souvent tyrannique.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Les apparitions du 16ème siècle poursuivaient déjà un but politique. Diego, un indien aztèque, aperçoit la Vierge et des roses tombent de son vêtement. Evidemment, c’est une incitation à la conversion religieuses et à la soumission à la loi des colonisateurs.

Paysages mystiques
Les photos se concentrent alternativement sur les lieux et sur les gens. Certaines atmosphères invitent à la contemplation (les photos de la Salette, dans les Alpes françaises, sont particulièrement envoutantes). Julie m’explique avoir été impressionnée par la magnificience des paysages dans lesquels se sont déroulés les apparitions mariales.

“Je crois qu’au delà des apparitions, les lieux qui ont été choisis par l’église sont superbes, ce n’est pas un hasard qu’ils les aient choisis. Ce sont des lieux qui inspirent un mysticisme.” Si chaque lieu est très différent, le mystère demeure dans toutes les photos. Elles nous posent questions : qui sont ces personnes qui se déplacent en masse pour commémorer une apparition mariale ? Que cherchent-elles, que trouvent-elles ?

D’Afrique à l’Amérique latine, d’Europe à l’Amérique du Nord, les mariophanies continuent à faire croire aux miracles.

Infos pratiques
Mariophanie : en quête de merveilleux, exposition de Julie David de Lossy et Colin Delfosse dans le cadre du parcours d’artistes de St-Gilles. à découvrir jusqu’au 18 octobre 2020 au Centre Culturel de St-Gilles le Jacques Franck (94 chaussée de Waterloo), ouvert du mardi au vendredi entre 11h et 18h, samedi et dimanche de 14h à 18h. 

Entrée libre.

Lisa Cogniaux est dramaturge et passionnée par les enjeux politiques soulevés dans les questions de représentations.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_qu-est-ce-que-le-culte-de-la-vierge-marie-dit-de-nous?id=10604534

Voir les commentaires

74 FEMMES TUEES DE PUIS LE DEBUT DE L ANEE ,

12 Octobre 2020, 02:37am

Publié par hugo

74   FEMMES   TUEES DE PUIS LE DEBUT  DE L ANEE , 

 

https://www.instagram.com/noustoutesorg/?hl=fr  

74   FEMMES   TUEES DE PUIS LE DEBUT  DE L ANEE ,
74   FEMMES   TUEES DE PUIS LE DEBUT  DE L ANEE ,
74   FEMMES   TUEES DE PUIS LE DEBUT  DE L ANEE ,
https://www.instagram.com/noustoutesorg/?hl=fr https://www.instagram.com/noustoutesorg/?hl=fr

Voir les commentaires

M E S D A M E S - Grand Corps Malade

12 Octobre 2020, 02:34am

Publié par hugo

 M E S D A M E S - Grand Corps Malade
5 017 021 vues•2 juil. 2020

116 K

1,7 K

PARTAGER

ENREGISTRER


Grand Corps Malade Officiel
386 k abonnés
Produit par Jean-Rachid - https://grand-corps-malade.lnk.to/Mes... 
Album M E S D A M E S, disponible le 11/09/2020 ℗ Anouche Productions
* * * Réalisation : Yann Orhan
Merci à vous toutes, Mesdames, d'avoir rendu ce clip si beau : Binetta Mendy, Leonie, Iris et Fériel, Anissa Kallouche, Allia Kallouche, Camille Lavable, Véronique Sanson , Laura Smet, Camille Berthollet, Aurélie Tissier, Zoé Simon Marsaud, Françoise Marsaud,  Anna Boutang, Mona Chouchane, Juliette Francelle, Charlotte Jacotte, Caroline Saulnier, Chloé François, Nagera, Heloise, Sarah Jagues, Huguette Mayeko, Christine Chassais, Deborah, Aurélie Lafitte, Anne Flore Aziz, Nahla, Camille Olivier, Camille Bontout.

Production : Anouche Productions  (Jean-Rachid, Caroline Saulnier & Milan Kallouche) 
Production Executive  : Sloslo ( Aurélie Ullrich et Ioanna Brisswalter )
Image : Arthur Cemin, Samuel Ribeiro
Lumière : Alexandre Denis, Louis Gambardella
Machinerie : Paul Ghafoorian
Make up : Gloria Abbondanza
Déco : Laurie Salomé Cubaynes, Clara Devars
Post Production : Aurélien Abd El Fattah, Jack Safarian

***
Mesdames
Parole : Grand Corps Malade
Musique : Mosimann & Tiery F
Choeurs  : Mosimann 

***
Veuillez accepter Mesdames ces quelques mots comme un hommage
À votre gente que j’admire, qui créée en chaque homme un orage
Au cinéma ou dans la vie, vous êtes les plus beaux personnages
Et sans le vouloir vous tenez nos cœurs et nos pensées en otages

Veuillez accepter Mesdames cette déclaration
Comme une tentative honnête de réparation 
Face au profond machisme de nos coutumes, de nos cultures
Dans le Grand Livre des humains, place au chapitre de la rupture

Vous êtes infiniment plus subtiles, plus élégantes et plus classes
Que la gent masculine qui parle fort, prend toute la place
Et si j’apprécie des deux yeux quand tu balances ton corps
J’applaudis aussi des deux mains quand tu balances ton porc

Derrière chaque homme important se cache une femme qui l’inspire
Derrière chaque grand être humain précède une mère qui respire
La femme est l’avenir de l’homme écrivait le poète
Et bien l’avenir s’est installé et depuis belle lurette

Vous êtes nos muses, nos influences, notre motivation et nos vices
Vous êtes Simone Veil, Marie Curie, Rosa Parks, Angela Davis
Vous êtes nos mères, vos êtes nos sœurs
Vous êtes caissières, vous êtes docteurs,
vous êtes nos filles et puis nos femmes
Nous on vacille pour votre flamme

Comment ne pas être en admiration, et sans commune mesure
Pour celles qui portent et fabriquent pendant 9 mois notre futur
Pour celles qui cumulent plusieurs emplois et ce, sans sourciller
Celui qu’elles ont dans la journée et le plus grand, mère au foyer

Veuillez accepter Mesdames cette réelle admiration
De votre force, votre courage, et votre détermination
Veuillez accepter Mesdames mon aimable faiblesse
Face à votre fragilité, votre empathie, votre tendresse

Veuillez accepter Mesdames cette petite intro
Car l’avenir appartient à celles qu’on aime trop
Et pour ne pas être taxé de 1er degré d’anthologie
Veuillez accepter Mesdames cette délicate démagogie

Vous êtes nos muses, nos influences, notre motivation et nos vices
Vous êtes Simone Veil, Marie Curie, Rosa Parks, Angela Davis
Vous êtes nos mères, vos êtes nos sœurs
Vous êtes caissières, vous êtes docteurs,
vous êtes nos filles et puis nos femmes
Nous on vacille pour votre flamme


https://www.youtube.com/watch?v=TC7aA1WIkyQ

 

Voir les commentaires

Ces amis qui veulent du bien au féminisme , femmes, feminisme,

12 Octobre 2020, 02:29am

Publié par hugo

Ces amis qui veulent du bien au féminisme
Ces amis qui nous veulent du bien
Ces amis qui nous veulent du bien - © LaylaBird - Getty Images
 
Une chronique d'Irène Kaufer
 Publié le jeudi 08 octobre 2020 à 19h03
Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Email2972 
Un spectre hante le féminisme : celui de ces amis masculins qui veulent tant de bien aux femmes, mais ne savent pas toujours comment trouver une place dans leurs luttes.

Newsletter info
Recevez chaque matin l’essentiel de l'actualité.

En une dizaine de jours, on a pu lire ou entendre des déclarations plus ou moins enflammées, passant de la solidarité aux victimes de cyberharcèlement, au soutien affectueux aux "petites sœurs" pour soutenir leur droit de s'habiller comme elles veulent, ou encore Grand Corps Malade qui rend un hommage vibrant à "Mesdames"...

A chaque fois, d'autres hommes mais aussi beaucoup de femmes les remercient pour ces "mots justes", "puissants", "attendrissants"... Surtout quand eux-mêmes reconnaissent leur éventuelle "maladresse", ou demandent qu'on leur "explique"...

"Pas tous les hommes"
Et pourtant, on peut éprouver un gros malaise en les écoutant, et plus encore dans l'accumulation de leurs interventions. Certes, ils sont pleins de bonnes intentions et demandent juste qu'on leur laisse une place... Alors que cette place, justement, ils la prennent en entier.

Et chaque fois, quelque chose dérape. Pour dénoncer des insultes faites aux femmes, on les cite en long et en large. Pour leur rendre un "hommage", on ne manque pas l'allusion à "leur plus grand emploi, mère au foyer ". pour vanter leurs qualités, "empathie", "élégance", on souligne que "derrière chaque homme important, il y a une femme qui l'inspire".

Et bien sûr, ils ne manquant pas de brandir la fameuse prophétie d'Aragon, "la femme est l'avenir de l'homme", alors que les féministes se contenteraient tout à fait d'un présent plus égalitaire

Pour mieux affirmer que les femmes ne sont pas des "objets sexuels", on ne manque pas de citer leurs seins, leurs fesses, "les courbes qui font de toi ce que tu es : une femme". Pour montrer qu'on est un allié, on insiste sur le fait que si "la quasi totalité des viols sont commis par des hommes, (...) la quasi totalité des hommes n'ont jamais levé la main sur personne".

Une façon de reprendre l'argument classique "pas tous les hommes", ce que personne ne conteste. Cependant, il faut rappeler qu'il y a une moyenne de 8 plaintes pour viol par jour en Belgique, sans compter les autres agressions sexuelles, ou encore 45.000 dossiers de violences conjugales enregistrés par les parquets chaque année, sachant que ces chiffres ne représentent qu'une part très minoritaire des faits.

A moins d'imaginer quelques fous furieux parcourant la Belgique pour attaquer des dizaines de femmes chaque jour, il est difficile de croire que la "quasi totalité" des hommes n'ont jamais commis de violence.

Bref, malgré ces bonnes intentions, tout cela paraît bien naïf au mieux, très condescendant au pire. Surtout quand ces hommes de bonne volonté pointent ce qu'est le "bon féminisme", avec pour première condition de leur y faire de la place ("Exclure les hommes de cette lutte, c'est vous priver de votre meilleur allié ").

Et bien sûr, ils ne manquant pas de brandir la fameuse prophétie d'Aragon, "la femme est l'avenir de l'homme", alors que les féministes se contenteraient tout à fait d'un présent plus égalitaire.

►►► A lire aussi : Seras-tu capable de te confronter à tes privilèges?

Une fausse mixité
Contrairement à bien des idées reçues (et largement partagées), les féministes n'ont pas pour objectif d' "exclure les hommes", et encore moins de déclarer une "guerre des sexes".

Il ne s’agit pas d’exclure les hommes, mais de commencer par rompre avec l’état social où les femmes n’arrivaient pas à s'affirmer (...) et ceci indépendamment même de la (bonne ou mauvaise) volonté des hommes en tant qu’individus

Si on regarde les images du pouvoir (politique, intellectuel mais encore plus économique), on voit que s'il y a des "exclu·es", ce sont les femme; et si on reprend les statistiques des violences, on constate que s'il y a une "guerre", ce sont des hommes qui la déclarent tous les jours.

Les revendications de non mixité ont pour but de permettre une parole libre, de se renforcer entre soi, avant d'affronter un monde commun qui, quoi qu'on en dise, reste trop souvent hostile aux femmes (comme d'ailleurs aux personnes racisées, précaires, porteuses de handicap...)

Comme l'écrit Françoise Collin, la mixité est un objectif plus qu'une réalité : "La sécession apparente du féminisme est le passage obligé conduisant d'une fausse mixité sociale à la réalisation d'une mixité effective, où hommes et femmes seraient titulaires du monde commun. Il ne s’agit pas d’exclure les hommes, mais de commencer par rompre avec l’état social où les femmes n’arrivaient pas à s'affirmer (...) et ceci indépendamment même de la (bonne ou mauvaise) volonté des hommes en tant qu’individus".

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Alors, les hommes n'ont-ils pas leur place dans les luttes pour l'égalité ? Si, bien sûr. Mais plutôt que de s'adresser aux femmes, surtout pour leur dire ce qu'elles devraient faire, ils ont un message à porter à leurs congénères.

Leur montrer une autre image de la masculinité. Se confronter aux agresseurs comme forme de solidarité avec les victimes. Et puis s'informer, aussi. Ce n'est pas aux femmes de leur "expliquer", voire de "justifier" leurs engagements; il existe suffisamment de lectures, de colloques, de débats, où il leur suffit de lire, d'écouter.

Dans les actions féministes, ils seront plus utiles en préparant les sandwiches ou en gardant les enfants qu'en se propulsant, comme cela arrive, au premier rang avec leurs banderoles (si, si, ça arrive). Et plutôt que de prendre toute la place pour dénoncer (au mieux) la place qu'ils prennent, ils peuvent choisir de faire un pas de côté, mettre en avant des femmes, leur laisser la parole.

Inclure les femmes
Il ne s'agit pas d'"exclure" les hommes. Il s'agit d'"inclure" les femmes

Dans un livre récent, "Le génie lesbien", l'élue écologique au Conseil de Paris Alice Coffin affirme "ne plus lire de livres écrits par des hommes, regarder de films réalisés par des hommes, ne plus écouter de musique composée par des hommes".

Tollé général (ou presque). C'est une position qu'on peut juger "extrême", quoique chacun·e ait le droit de choisir ses propres lectures, écoutes, visionnages. Mais avant de s'indigner, il serait peut-être bon de s'interroger : combien d’œuvres de femmes dans sa bibliothèque ? Combien de références à des penseuses, des autrices, dans les articles, des colloques, des livres – même ceux qui traitent de l'égalité ?

Les femmes doivent lire des livres écrits par des femmes. Pas parce que ces livres sont nécessairement mieux écrits. (...) Mais parce que nous devons investir notre imaginaire d’analyses de femmes

Les féministes ont beaucoup reproché à Bourdieu de citer si peu de références féminines dans son livre, consacré à la "Domination masculine"... dont il donnait ainsi une belle (et involontaire) illustration.

Sur le site des Glorieuses, Rebecca Amsellem écrit : "Les femmes doivent lire des livres écrits par des femmes. Pas parce que ces livres sont nécessairement mieux écrits. (...) Mais parce que nous devons investir notre imaginaire d’analyses de femmes. En effet, l’essence même d’un changement de société réside dans la capacité de quelques-unes à imaginer le monde d’après".

Mais voilà : des œuvres d'hommes sont simplement considérées comme des œuvres (sous-entendu : universelles), et on ne se rend même pas compte quand ils sont les seuls à façonner notre monde. Quand les femmes s'y mettent, on arrive à un "cas particulier".

Encore une fois, il ne s'agit pas d'"exclure" les hommes. Il s'agit d'"inclure" les femmes.

Comme le résume dans le magazine Axelle Laurence Stevelinck : "La transformation nécessaire de la société ne se fera pas sans les hommes, l’autre moitié de la population. Et dans toute lutte, des allié·es sont nécessaires. Mais comme pour le travail domestique, les femmes n’ont pas besoin ''de l’aide'' des hommes mais bien qu’ils fassent leur part du boulot. Attention, sans voler leur place ni leur parole. "


Irène Kaufer est autrice et membre de l'asbl Garance.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_ces-amis-qui-nous-veulent-du-bien?id=10603938

Voir les commentaires

Lauren Bastide: "La bienveillance et l'empathie sont les deux mots-clés de notre révolution" , femmes, feminisme, societe

11 Octobre 2020, 00:35am

Publié par hugo

 Lauren Bastide: "La bienveillance et l'empathie sont les deux mots-clés de notre révolution"
Lauren Bastide: "La bienveillance et l'empathie sont les deux mots-clés de notre révolution"3 images 
Lauren Bastide: "La bienveillance et l'empathie sont les deux mots-clés de notre révolution" - © Marie Rouge
 
Propos recueillis par Elli Mastorou
 Publié le jeudi 08 octobre 2020 à 15h41
Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Email128 
Elle a commencé son parcours dans des grands médias français comme Le Monde, Elle, ou le Grand Journal de Canal+. Mais depuis qu’elle a lancé La Poudre en 2016, un podcast où elle invite des femmes à parler de leur féminisme et de leur vie, tant intime que professionnelle, générant plus de 3 millions d’écoutes, Lauren Bastide est devenue une figure incontournable du féminisme francophone.


Un féminisme à la fois vigoureux et plein d’empathie, virulent mais à la bienveillance revendiquée. Avec Présentes, aux Editions Allary, elle signe un essai engagé et personnel, où l’humour côtoie la colère. Un livre à la fois foisonnant et accessible, à l’image de son autrice, que Les Grenades ont rencontrée lors de son passage Bruxelles, quelques heures avant la rencontre publique à l’Atelier 210. Entretien revigorant, infusé de sororité !

Avec Présentes, vous signez un essai féministe documenté, basé sur une série de conférences données en 2018 au Carreau du Temple à Paris, où vous avez reçu, entre autres, Rokhaya Diallo, Hanane Karimi, Marie Dasylva ou Alice Coffin. Écrire un livre, en tant que journaliste, c'est l'aboutissement symbolique d’une démarche professionnelle ? Ou c'était pour se rendre accessible à des personnes qui, par exemple, n’écoutent pas La Poudre, et ne vous connaissent pas  ?

"Oui, complètement. Et puis, publier un livre dans une maison d'édition respectée, qui publie beaucoup d'essais politiques, trouver ma place avec mon discours là-dedans, c'est une victoire. C'est quelque part une institutionnalisation des combats, et c'est un très bon signal aussi pour le mouvement. Et puis j'avais envie qu'il soit en papier recyclé, que la couverture soit mate, qu'on ait envie de le corner, de le prêter, d'écrire dedans, de le laisser traîner au fond de son sac.

J'aime découvrir sur Instagram comment les gens l'utilisent, le surlignent, le commentent... Je l’ai vraiment pensé comme ça, j'avais envie d’en faire un objet vivant. Et puis un livre, ça reste. Comme une des problématiques féministes est l'effacement... Ben voilà, ça va être compliqué d'effacer mon livre (rires)."

►►► A lire aussi : Le podcast, eldorado féministe?

En le lisant, on voit que vous interpellez, par moments, non pas les féministes convaincues, mais celles et ceux qui vont lire votre livre à reculons, en se méfiant... C'est à ces personnes-là que vous vouliez vous adresser en premier ?

"J'ai essayé d'être dans un mélange subtil entre les deux. Je n'avais pas envie que les personnes qui n'y comprennent rien, ou qui ne sont pas forcément d'accord, se sentent exclues. Je ne voulais pas donner l’impression d’une discussion entre personnes convaincues. Écrire un livre permet justement d'élargir mon public potentiel, donc il fallait que je m'arrête aussi à ces personnes-là.

Lauren Bastide: "La bienveillance et l'empathie sont les deux mots-clés de notre révolution"
Lauren Bastide: "La bienveillance et l'empathie sont les deux mots-clés de notre révolution" - © Tous droits réservés
Et puis il y a aussi des femmes qui se pensent féministes, mais qui restent réfractaires, par exemple, à la question du voile, ou de la prostitution, où il y a encore énormément de stéréotypes... Donc de temps en temps, je m'adresse à ces personnes-là, pour montrer que mon propos se veut accessible, pédagogue. Je suis convaincue que les idées qu'on défend, quand elles sont expliquées et argumentées calmement, on ne peut pas ne pas y adhérer ! Donc oui, j'avais envie de convaincre."

Un livre, ça reste. Comme une des problématiques féministes est l'effacement... Ben voilà, ça va être compliqué d'effacer mon livre

Votre livre parle de l’importance de laisser la place à d'autres voix : comment trouver l'équilibre entre, d'un côté, mettre en avant la parole de personnes concernées par des oppressions spécifiques au sein du féminisme (racisme, islamophobie, lesbophobie, validisme...) sans les accabler en leur demandant de porter seules toute la charge pédagogique et le travail de déconstruction ?

"Déjà, je pense que c'est important de poser un cadre éthique, pour ne jamais invisibiliser la parole des personnes concernées. Je n'aurais jamais écrit ce livre si je n’avais pas eu l'accord des femmes que je cite dedans. Des femmes concernées par des discriminations qui ne me concernent pas : le validisme avec Elisa Rojas, le racisme avec Rokhaya Diallo et Marie Dasylva, la lesbophobie avec Alice Coffin... Donc j'ai posé des règles : un, je veux votre accord. Deux, je vous ferai relire tous les passages qui vous concernent vous et votre champ de spécialité : Rokhaya et Alice pour les médias, Elisa pour la ville... Et aussi, j’ai tenu à reverser une partie de mes droits d'autrice aux associations qu'elles soutiennent.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Au final, l'idée, c'est pas de se censurer : justement, quand on est blanche, c'est important de parler de racisme. Mais il ne faut jamais oublier de créditer ! Ne jamais voler une idée à une femme : c'est ce qu'on fait aux femmes en permanence, justement. Dans le livre je cite un tas de concepts, mais je rappelle toujours d'où ils viennent. Quand je parle de self-care, une notion qui s'est beaucoup vulgarisée dans les discussions féministes, eh bien, on rappelle que ça vient d'afroféminisme, que c'est d'abord des femmes noires qui en ont parlé. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas y trouver une inspiration pour nos propres vécus ! Tout ce que dit Marie Dasylva concernant le racisme, ça fonctionne super bien quand on parle de sexisme aussi. Mais l'erreur, ce serait d'effacer l'apport de Marie Dasylva, et se l'approprier. C'est un équilibre à trouver."

Présentes interroge la place des femmes dans les médias, et notamment les médias ‘mainstream’, grand public. Un sujet que vous avez connu de près, en tant que chroniqueuse au Grand Journal de Canal, ou pendant vos dix ans chez Elle France. Dans Beauté Fatale, Mona Chollet évoque ce paradoxe des magazines féminins : à la fois c'est un domaine méprisé par un regard "dominant", qui relègue la beauté ou la mode à de la futilité… et à la fois, c'est aussi le seul endroit où on trouve des femmes à des postes hauts placés...

"Le piège, ce serait d'essentialiser. Quand on dit ‘magazine féminin", déjà, ça veut dire quoi ? Que le c'est la mode-la beauté-la déco-la cuisine ? Non, ça ne va pas. Par contre, mépriser tous ces champs culturels en les considérant comme accessoires, ça revient à une posture sexiste. Parce que c'est vrai qu'énormément de femmes s'épanouissent, et réussissent, dans ce champ-là. La mode, la beauté, ce sont des arts, en fait ! Ils sont considérés comme mineurs car ils ont toujours été accomplis par des femmes.

Ne jamais voler une idée à une femme : c'est ce qu'on fait aux femmes en permanence, justement. Dans le livre, je cite un tas de concepts, mais je rappelle toujours d'où ils viennent

Donc encore une fois, il faut arriver à jongler : ne pas enfermer les femmes dans ces champs-là, et en même temps ne pas non plus les mépriser si elles s'y trouvent bien. L'idée c'est de ne juger aucune femme, en fait. C'est vraiment important de laisser à chacune la liberté de choisir son champ, d'être sans maquillage si on a envie, ou d'être super maquillée si ça te fait te sentir bien !"

En lisant votre livre, on balance parfois entre le désespoir total face à l’étendue des dégâts (chiffres sur les violences, invisibilisation, backlash) et bouffée d’espoir face à la détermination et la sororité de toutes ces femmes citées ! Quand on voit tout le chemin parcouru, mais aussi tout ce qu’il reste à faire, des féminicides aux menaces de mort pour des poils… 

"Effectivement, c'est un combat épuisant, car on est attaquée en permanence quand on porte ces questions-là. C'est pour ça que je crois énormément à la sororité. Ça peut paraître Bisounours de dire ça, mais je ne sais pas comment je ferais si je n’avais pas autour de moi tout ce réseau de féministes, comme Rebecca Amsellem, Caroline De Haas, Victoire Tuaillon, Titiou Lecocq, Nassira El Moadem, ou Hanane Karimi... Là par exemple, Alice Coffin sort son livre, et elle se fait trasher sur Twitter, c'est infernal. On lui a toutes écrit un message pour lui dire qu’on l’aime, et qu’on la soutient. Je pense que ça peut vraiment aider à amortir ces moments de backlash."

Au final, entre avancées et backlash, parfois on a le sentiment que le féminisme est un éternel combat… et en même temps on se dit que ce n’est plus possible de supporter ça encore longtemps ! La révolution, c’est pour quand, en vrai ?

"Ce qui me donne beaucoup d'espoir dans cette idée de révolution, c'est la convergence des luttes. Plus j'avance dans toutes ces problématiques, plus je me rends compte à quel point la lutte écologiste, la lutte anticapitaliste, la lutte antiraciste, la lutte féministe, etc... tout ça, en fait, ben c'est la même lutte ! C'est la lutte contre un seul et même système, qui écrase toutes les personnes qui ne rentrent pas dans le cadre… ce cadre étant extrêmement petit ! Mais la convergence des luttes, ça veut dire qu’on est nombreuses et nombreux, et notre colère commence à être de plus en plus audible ! Donc je ne sais pas exactement quand elle va se produire, cette révolution, et je sais que ce n'est pas moi qui vais en prendre la tête… par contre je suis convaincue que ça va arriver. Et j'espère que je serai en première ligne pour l'observer, la décrire..."

Je ne sais pas comment je ferais si je n’avais pas autour de moi tout ce réseau de féministes

Lauren Bastide: "La bienveillance et l'empathie sont les deux mots-clés de notre révolution"
Lauren Bastide: "La bienveillance et l'empathie sont les deux mots-clés de notre révolution" - © Marie Rouge
On ne vous verra pas brûler des trucs, alors (rires) ?

"(rires) Je respecte toutes les postures féministes, mais je ne suis pas dans cette posture-là. C'est peut-être nunuche, mais je crois vraiment en la possibilité de convaincre par la parole. La bienveillance et l’empathie, pour moi c’est les deux mots-clés de cette révolution. Parce que prôner la bienveillance et l'empathie, c'est déjà prendre à rebours un système qui valorise la compétition, l'autorité, la force. Et j'essaie d'incarner ces valeurs-là au quotidien. Par exemple, je n'ai jamais affiché qui que ce soit sur les réseaux. Même quand mon pire ennemi politique fait une saillie ignoble dans les médias, mon geste de protestation, ça ne va pas être de prendre son message et de mettre par-dessus ‘sale raciste' ; ça va être de trouver une femme concernée, et mettre en avant son discours à elle, pour compenser.

C'est ma stratégie à moi, mais je ne dis pas que c'est la seule bonne. Toutes, à notre niveau, on peut le faire, quel que soit notre emplacement dans la société. Il y a toujours des femmes qui viennent me voir en conférence et qui me disent : ‘Je suis d'accord avec vous mais je ne sais pas si je peux me dire féministe, parce que je ne suis pas dans une asso, je ne fais pas de collages’... Mais même en parlant à ton beau-père pour le convaincre d'arrêter ses propos islamophobes, t'auras fait avancer la cause !

Prôner la bienveillance et l'empathie, c'est déjà prendre à rebours un système qui valorise la compétition, l'autorité, la force

T'es institutrice, tu mets un ou deux bouquins écrits par des autrices dans ton programme, pareil ! Moi j'ai la chance d'avoir, par mon parcours, accès aux médias, donc j'essaie d'être à la hauteur de ce privilège-là, et de maintenir le dialogue possible. C'est d'ailleurs ce que j'ai voulu faire avec La Poudre : je savais que mon public, de par mon parcours de journaliste à 'Elle', était principalement constitué de femmes blanches, hétéro, bourgeoises. Donc je me suis dit : ‘Ah, j'ai votre oreille ? Je vais vous mettre deux-trois trucs dans le cerveau qui vont peut-être vous faire bouger.’ (rires) Mais pas en les traitant de racistes, ou en leur disant 'vous ne comprenez rien'. Je vais le faire en douceur. Et je sais que plein de femmes ont bougé politiquement grâce à mon travail. Je considère que mon rôle, c'est celui-là."

Présentes, Editions Allary, 267 pages.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_lauren-bastide-la-bienveillance-et-l-empathie-sont-les-deux-mots-cles-de-notre-revolution?id=10603882

Voir les commentaires

Sexiste, le langage du vin? ? femmes, feminisme, sexisme

11 Octobre 2020, 00:31am

Publié par hugo

 Sexiste, le langage du vin?
Sexiste, le langage du vin? 
Sexiste, le langage du vin? - © gilaxia - Getty Images
 
Une chronique de Sandrine Goeyvaerts
 Publié le mercredi 07 octobre 2020 à 10h54
Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Email509 
C’est un article paru dans le San Francisco chronicle à l’origine, et repris en résumé sur CNews qui a mis le feu aux poudres. Esther Mobley y décrit pourquoi le langage du vin requiert le plus souvent un caractère sexiste, raciste et classiste.


Cet article a ensuite été repris par nombre de critiques vins masculins, et plus parlant encore par des sites comme Valeurs Actuelles, Français de souche ou boulevard Voltaire, publications qu’on ne peut décemment pas qualifier de progressistes.

Sur un certain forum du vin, c’est à l’appropriation culturelle qu’on crie arguant que "le vin est avant tout européen car né en Europe". La notion de géographie doit sembler bien lointaine à ces messieurs, l’Arménie et la Géorgie, reconnus comme les berceaux du vin se situant… en Asie Mineure.

Alors, sexiste ou pas, le langage du vin ?  Indubitablement oui, et très probablement aussi classiste et raciste. Ce constat posé, doit-on pousser des cris d’orfraie, ou tenter d’en comprendre les mécanismes et d’y remédier en le rendant plus inclusif ? Tentons.

Le langage, une forme d‘oppression
"Trois siècles de recherche ont amplement démontré que le langage n'est pas statique, mais qu'il évolue en fonction de facteurs politiques, sociaux et culturels, et qu'il constitue par ailleurs un élément essentiel de notre identité sociale et culturelle, et de la représentation des rapports sociaux. Ainsi, l'emploi de terminologies sexistes doit être perçu comme une négation des transformations politiques, sociales et culturelles des sociétés du XXe siècle qui ont vu les femmes accéder au droit de vote, au droit de participer à la vie publique et de travailler." 

C’est ce qu’on peut lire dans cette note d’Amnesty international recommandant d’utiliser un langage non sexiste en ce qui concerne les droits humains.  Elle s’applique parfaitement au monde du vin : longtemps – et encore de nos jours – perçu comme un monde d’hommes, où les femmes sont absentes voire jouent des rôles très secondaires, le langage du vin est le reflet de ce rapport asymétrique entre hommes et femmes.

Alors bien sûr, le langage à lui seul n’explique pas toutes les inégalités : il ne fait que s’ajouter à d’autres facteurs qui additionnés conduisent à cette réalité.

Longtemps – et encore de nos jours – perçu comme un monde d’hommes, où les femmes sont absentes voire jouent des rôles très secondaires, le langage du vin est le reflet de ce rapport asymétrique entre hommes et femmes 

Des petites mains à la réification 
Les femmes sont présentes depuis toujours dans le monde du vin, mais de façon presque fantomatique. Une invisibilisation qui tient à un statut qu’elles ont longtemps occupé, celui de "petites mains".

Les femmes, si elles participaient aux travaux de la vigne, étaient dévolues à certains gestes, demandant de la précision ou que les hommes ne jugeaient pas dignes d’eux : épamprage, ébourgeonnage, sarmentage. Elles n’occupaient que très rarement des postes à temps plein, et comme les enfants, n’apparaissaient pas sur les registres au contraire des hommes ouvriers agricoles. Ne parlons même pas de la présence en cave, qui ne s’est normalisée que très récemment.

Ceci explique que le langage technique du vin s’est développé par et pour les hommes, les femmes n’étant pas présentes aux étapes clés du processus de fabrication (vinification, élevage et dégustation).  L’argument selon lequel le langage du vin n’est pas sexiste car il met la femme (ou les courbes féminines) en valeur est justement ce qui prouve son sexisme intrinsèque.

On évoque la robe, la cuisse d’un vin – bien que ce terme tende à disparaitre de plus en plus – l’élégance ou la douceur des vins féminins, par opposition aux vins masculins, virils et puissants

En objectivant la femme, on lui donne une place tout à fait artificielle, censée être un hommage mais qui ne lui permet pas d’exister à armes égales avec les hommes. Elle est réifiée, réduite à l’état de chose, ou de fantasme, jamais actrice de son propre goût.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Le langage du vin, et la façon dont les femmes sont perçues, voire leur rôle dans le milieu du vin sont étrangement imbriqués. La littérature œnologique, se targuant de poésie, joue allégrement sur l’anthropomorphisme. On évoque la robe, la cuisse d’un vin – bien que ce terme tende à disparaitre de plus en plus – l’élégance ou la douceur des vins féminins, par opposition aux vins masculins, virils et puissants. Une comparaison qui ne rend service à aucun genre, en les enfermant dans des clichés abscons et limitants.

Qui a décrété qu’un homme ne pouvait pas être élégant, ou une femme puissante ? Certains crus eux-mêmes sont décrits comme masculins ou féminins et ces notions sont tellement ancrées dans l’apprentissage des sommeliers et sommelières qu’il est très difficile de faire accepter un changement, fut-il nécessaire.


Le genre des vins
Plus encore que les mots du vin eux-mêmes, c’est l’imaginaire narratif construit autour du vin qui le sexualise. Outil de séduction (hétérocentrée, il va sans dire), le vin par ses descriptions est censé retranscrire la dualité homme / femme et des rapports inégaux, où l’homme est un jouisseur sans entraves, et la femme passive – par le biais du vin – est livrée à ses projections les plus salaces.

Il est courant de parler de vin "putassier". On ne dénombre plus les étiquettes à connotation "gauloise" comme certains les qualifient : disons-le franchement "participant à la culture du viol et à la banalisation des violences faites aux femmes", même dans les milieux du vin réputés les plus progressistes et ouverts.

Une certaine ambiance de grivoiserie a longtemps régné dans le milieu de l’alcool en général, vin compris, favorisée par un entre-soi très masculin : les rares femmes pénétrant ces castes étaient d’ailleurs sommées de s’y plier ou de partir

Cette communication a des implications concrètes : la banalisation des comportements limites, des insultes ou agressions, légitimées par cette ambiance de "bons vivants". On peut aussi penser au caractère par défaut des professions du vin. Le vigneron, le viticulteur, les hommes du terroir : nombre de campagnes de communication ou de média utilisent encore le masculin comme générique.

Récemment, sur Arte on a pu visionner la série Des vignes et des hommes. Et les interprofessions viticoles ne sont pas en reste, on songe à cette campagne du BIVB sur le métier de vigneron. Mais la remise en question est en route, et le monde des spiritueux n’y échappe pas non plus : la "bible" du whisky de Jim Murray a récemment été épinglée par la journaliste Becky Paskin pour sa propension aux commentaires sexistes et semble bien remuer les habitudes de ce petit monde (une affaire relatée ici par Christine Lambert).

Une certaine ambiance de grivoiserie a longtemps régné dans le milieu de l’alcool en général, vin compris, favorisée par un entre-soi très masculin : les rares femmes pénétrant ces castes étaient d’ailleurs sommées de s’y plier ou de partir. La donne a changé : plus de femmes consommatrices, mais aussi journalistes, ou critiques s’élèvent contre un langage qui, in fine, est dirigé contre elles au lieu de les inclure. 

►►► A lire aussi : Femmes et alcool: une longue histoire de stéréotypes

Une initiation masculine et bourgeoise
Au-delà de la mainmise des hommes sur la fabrication du vin, la première consommation de vin est encadrée par des figures souvent masculines (pères, oncles, grands-pères, etc.) lors de repas de familles. Si cela explique l’androcentrisme du langage, cela ne résout pas le problème du classisme.

Le vin a longtemps été une prérogative d’hommes blancs, plutôt aisés. Maitriser le langage du vin, ses codes nombreux demande du temps, et de l’argent. Dans les milieux bourgeois, l’éducation au vin est presque un signe de normalité, tandis qu’elle reste exceptionnelle dans des milieux moins favorisés.

Bien que ces inégalités soient moins flagrantes, démocratisation des outils d’apprentissage via internet oblige, elles persistent : le vin – et sa collection, voire sa consommation – signent une appartenance à une certaine élite (culturelle, intellectuelle, financière). Et les codes du vin, son service et son langage sont un moyen de sauvegarder ce patrimoine aux mains de classes dominantes.

Les références à des matériaux précieux (bois de santal), à des épices rares ou onéreuses (safran) ou même à des produits presqu’inconnus ailleurs (on songe aux pâtes de fruits) prive une partie de la population de ces références auxquelles ils n’ont pas facilement accès et conséquence, ils ne peuvent pas les (re)connaitre et s’en emparer.

Le vin a longtemps été une prérogative d’hommes blancs, plutôt aisés. Maitriser le langage du vin, ses codes nombreux demande du temps, et de l’argent

De même, l’apprentissage d’une somme de termes techniques, utile aux professionnels qui doivent adopter un langage commun est chronophage, demande des ressources et une disponibilité qui n’est pas à la portée de toutes et tous. Or, ces facteurs limitants n’ont que peu de raisons d’exister en dehors de certains cercles restreints.

Le goût, reflet d’une culture
Posséder un langage commun, et des termes techniques concernant vinification, élaboration ou défauts du vin n’est pas le problème : à usage des pros, le jargon permet de résoudre, prévenir ou anticiper des soucis voire accompagner une démarche viticole.

Ce qui est pointé ici, c’est le fait que ces outils de langage aient dévié de leur mission première pour envahir l’espace de la dégustation, éminemment plus subjectif. Quand vous goûtez un vin, les émotions que vous allez ressentir, les arômes que vous allez percevoir ne sont pas les mêmes que ceux que percevront d’autres personnes, même placées dans des conditions rigoureusement identiques.

En effet, le goût est aussi culturel : songeons à la répulsion pour les cuisses de grenouilles ailleurs dans le monde ou à l’appétence pour des types d’aliments qui nous révulseraient. L’expérience personnelle joue évidemment aussi un rôle dans notre construction du goût : la fréquence à laquelle nous aurons rencontré un aliment, la manière dont il aura été ou non transformé, par qui… Notre histoire intervient et change nos perceptions, les inscrivant dans un contexte à la fois d’émission – comment je reçois le message – et de réception – comment je vais choisir d’en parler.

C’est ce contexte et ces éléments qui guident notre façon d’évoquer le vin, et notre adaptation aisée ou non à des codes de communication relativement figés. Si nous sortions des normes traditionnelles du vin, il n’y aurait aucun souci à associer la banane plantain, le manioc, ou le nori à des saveurs que nous ressentons.

Or ces arômes sont absents des référentiels vins classiques : ils ne font pas partie de la culture gustative dominante du monde du vin, essentiellement blanche, masculine et aisée. C’est tout le problème : en se basant sur une palette gustative centrée sur une certaine culture, érigée comme valeur modèle, on devient excluant pour d’autres personnes, non issues de cet univers.

Un racisme sous-jacent
Le monde du vin ne reconnait comme siens que ceux qui lui ressemblent et l’ont créé : il reste dans sa très grande majorité blanc et seules quelques personnes racisées émergent dans sa partie francophone. On croise chez les vignerons ou vigneronnes très peu de personnes noires, de façon un peu plus fréquente des asiatiques (liée très probablement à une industrie du vin en pleine expansion) mais cela reste assez marginal en Europe, particulièrement en France.

Il est d’ailleurs assez frappant de constater le peu d’articles consacré à ce sujet en français, alors que dans le milieu anglophone, la littérature abonde. Car là aussi, le problème de la sous-représentativité et du racisme est présent : la majorité des producteurs de vins reste blanche, quasi l’ensemble des critiques.

Au point que la journaliste Julia Coney, après avoir écrit cette tribune plaidant pour une inclusion non seulement des femmes mais aussi des personnes racisées dans le monde du vin a créé la Black wine professionals, une liste reprenant des acteurs et actrices du vin (sommelières et sommeliers, vigneronnes et vignerons, journalistes, cavistes, …) histoire de les rendre visibles et accessibles.

En refusant d’interroger la manière dont nous en parlons, en niant l’évidente tour d’ivoire dans laquelle il est enfermé, ce n’est pas une tradition séculaire que nous protégeons, c’est un système d’exclusion que nous maintenons

Au-delà de l’aspect du vocabulaire, c’est de justice et d’égalité dont il est question ici. Citons Toni Morrison : "Le langage de l’oppression représente bien plus que la violence ; il est la violence elle-même ; il représente bien plus que les limites de la connaissance ; il limite la connaissance elle-même". 

Rassurez-vous : il n’est pas question d’interdire à quiconque d’évoquer le pinot noir, ou le vin jaune : simplement de donner des clés de compréhension accessibles à toute personne désireuse d’apprendre et de se familiariser avec le monde du vin. On entend souvent l’argument que personne, avant que ces questions ne viennent à arriver au grand public, n’aurait eu l’idée de choisir un vin selon la couleur ou le sexe de la personne qui l’a fait naitre et que c’est ainsi que l’on crée des catégorisations, et donc des oppositions : c’est balayer un peu vite l’idée principale de ce texte, le monde du vin par défaut est identifié comme masculin, et blanc.

Rechercher et visibiliser les personnes racisées ou les femmes n’est pas créer des ghettos : au contraire, cela ne sert qu’à normaliser des situations injustes. En refusant d’interroger la manière dont nous en parlons, en niant l’évidente tour d’ivoire dans laquelle il est enfermé, ce n’est pas une tradition séculaire que nous protégeons, c’est un système d’exclusion que nous maintenons.

Repenser l’expression du goût
C’est un fait établi : les femmes investissent de plus en plus le monde du vin, en bouleversant à la fois son image et ses règles. On peut espérer – avec un poil de cynisme – que la révolution du langage du vin viendra du marketing.

Là où l’intérêt des consommatrices sera de plus en plus présent, les marques chercheront à plaire et donc à adopter un langage moins sexiste, forçant le reste de l’industrie à s’aligner. Là où les personnes racisées feront entendre leur voix, on aura des campagnes plus représentatives et inclusives.

Pas plus qu’il n’existe de vin féminin, il n’existe de vins de femmes. Qu’elles soient productrices, dégustatrices, professionnelles ou amatrices, leur travail ou leurs goûts ne dépendent pas de leur assignation à un genre, mais de leur chemin personnel et de leur caractère. On serait amusé de constater que tel vin décrit comme "féminin" parce que de constitution délicate est élaboré par un grand costaud ou qu’un vin décrit comme "masculin" est vinifié par deux femmes, seules aux commandes.

Pourtant, le langage tend à vouloir rendre un aspect très binaire au vin : soit masculin, soit féminin, pas d’entre-deux possible et surtout pas d’autre façon d’exprimer ce qui fait le caractère du nectar. Or la langue, particulièrement la langue française, est extrêmement riche, et permet l’usage de nuances pour peu que l’on y prête attention. Mais il faut pour cela accepter de revoir sa copie et de remettre en cause ses réflexes.

Il nous appartient non pas de perpétuer un langage qui exclut mais de réinventer une façon de communiquer commune. Recréer des univers, évoquer des sensations, utiliser la richesse de la langue à son meilleur.

On lit beaucoup que se réapproprier le langage du vin serait nécessairement l’appauvrir : or, c’est loin d’être le cas. Introduire plus de couleurs, de sensibilités, recourir aux images plutôt qu’à une liste de mots codifiés, conserver le jargon uniquement quand cela a une justification professionnelle n’est pas un pas vers l’illettrisme, c’est bien tout le contraire : c’est offrir l’accès à ce monde merveilleux du vin à toutes et tous.

Le vin a-t-il un genre? - Podcast Les Grenades

Sandrine Goeyvaerts est sommelière et autrice sur le vin et les alcools.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_sexiste-le-langage-du-vin?id=10602638

Voir les commentaires

Parité dans le théâtre: une étude "pour qu'on cesse de dire que tout va bien" , articles femmes hommes egalite, parite

11 Octobre 2020, 00:25am

Publié par hugo

 Parité dans le théâtre: une étude "pour qu'on cesse de dire que tout va bien"
Elsa Poisot
Elsa Poisot - © Fabienne Cresens
Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Email743 
La Deuxième Scène acte III est une étude inédite produite par la compagnie de théâtre Ecarlate la Cie, un "état des lieux des inégalités de droits et de pratiques entre les hommes et les femmes dans le domaine des arts de la scène à l’exception de la musique."


Réalisée en partenariat avec La Chaufferie Acte I, l’Université de Liège, L’UCL et La Bellone, l’étude sera rendue publique ce lundi 5 octobre, en ouverture du séminaire Pouvoirs et dérives de la Bellone, qui a pour but d’interroger les pratiques culturelles.

A l’origine de ce projet, une compagnie encore non subventionnée dirigée et fondée par Elsa Poisot.

Parcours
Elsa Poisot est comédienne, autrice, metteuse en scène et directrice artistique d’Ecarlate la Cie. Sortie du Conservatoire de Liège en 2006, elle commence sa carrière en jouant Beautiful things de Jonathan Harvey, mis en scène par George Lini au Théâtre de Poche. Elle joue ensuite durant cinq ans dans le succès pour adolescent.es Chatroom mis en scène par Sylvie de Braekeleer.

En 2009, elle fonde Ecarlate la Cie, afin de porter le spectacle jeune public Ti Man Maille, co-écrit par une équipe belgo-haïtienne. En 2014, elle se tourne de plus en plus vers l’écriture et suit un stage d’écriture dramatique de Koffi Kwahulé au Cifas. De cette expérience naît sa première pièce de théâtre écrite en solo : Kinky Birds, joué au Théâtre le Public en 2018. Elle en assure la mise en scène. En parallèle, elle créé en 2016 avec Line Guellati le Festival Autrices, qui porte à la scène des textes de femmes issues du continent africain et de sa diaspora.

Les enjeux d’identités, de genres et de relations nord/sud sont au cœur de son travail d’autrice et de productrice.

Elsa Poisot lance des initiatives d’utilité publique qui mettent en évidence nos silences culturels

D’artiste à productrice d’études
Féministe depuis toujours, expérimentant en tant que femme les oppressions systémiques qui ont lieu partout, y compris dans le secteur culturel, Elsa Poisot pallie les manques. Elle lance des initiatives d’utilité publique qui mettent en lumière ce qui a longtemps été effacé.

Le projet La Deuxième Scène se déroule en quatre actes, le dernier encore en cours de production. L’acte I se déroule en 2018, en partenariat avec La Bellone et le Théâtre National : une journée de conférence sur la professionnalisation des femmes dans les arts vivants.

L’acte II, en 2019, proposait aux élèves des écoles de théâtre de la Fédération Wallonie-Bruxelles de porter à la scène des textes des autrices de l’Ancien Régime. Ces femmes de lettre, nombreuses, ont disparu des manuels scolaires, oubliées par un État patriarcal.

Deuxième Scène, acte III
Le but final de l’étude est de partager des connaissances pour en faire des outils 

L’acte III est né parce que, me dit Elsa Poisot, "il fallait bien que quelqu’un s’y colle". Lors d’une discussion avec Bérénice Masset, directrice de production d’une compagnie de cirque (Théâtre d’un jour), à force de se lamenter sur le fait que la sous-représentation des femmes dans le secteur n’a jamais fait l’objet d’un rapport chiffré en Belgique francophone, elles décident de lancer le projet.

Beaucoup de personnes affirment que les inégalités ne sont plus d’actualité et il est difficile d’arguer le contraire autrement que par empirisme. Elsa est familière avec le travail qui se fait en France depuis une dizaine d'année sur les questions de parité dans les arts de la scène. Des associations y tiennent une veille statistiques et produisent des études.

►►► A lire : Parité dans le théâtre belge francophone : chantier en cours

Il est choquant que rien n’existe encore en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elsa Poisot décide alors de produire une étude, pour qu’"on cesse de nous dire qu’en fait tout va bien".

Grâce à son formidable travail et de la non moins formidable Elise Moreau, chargée de production, l’étude peut être financée. Ecarlate la Cie fait le lien entre chercheurs et chercheuses universitaires, institutions culturelles et politiques.

Le chantier est immense. Les chercheur.se.s inventent une méthodologie et travaillent à la création et à l’extraction de données qui viennent d’institutions et d’écoles ayant différents modes d’organisations, et dépendent de différents pouvoirs subsidiants. Ce travail de défrichage est essentiel et facilitera toutes les études à venir sur le sujet. Des mémorant.es se tournent d’ores et déjà vers Ecarlate la Cie avec l’ambition d’écrire sur les questions de parité dans le secteur culturel.

Elsa Poisot me dit que le but final de la Deuxième Scène acte III est de "partager des connaissances pour en faire des outils". Elle ajoute qu’à partir de là, c’est aux associations telles que F(s), Pouvoirs et Dérives, mais aussi aux institutions culturelles et politiques (CA, conseils d’avis, directions d’institutions, ministères…), de prendre le relais pour contrer des inégalités désormais chiffrées.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Il est interpellant que ce travail colossal soit mené par une compagnie non subventionnée plutôt que par les pouvoirs publics. Dans le même temps, me dit Elsa Poisot, il n’y a que des actrices du secteur culturel pour comprendre le besoin d’une telle étude et pour savoir à quels endroits des chiffres sont nécessaires. C’est partout pareil en europe, les veilles statistiques sont tenues par des militantes. Une étude de cette envergure doit forcément être menée en collaboration avec des gens du terrain, à même d’éclairer certains enjeux spécifiques.

Vers l’Acte IV
L’acte IV, en cours de production, sera une étude qualitative s’inscrivant dans une pensée intersectionnelle 

La Deuxième Scène acte III est une étude quantitative. L’acte IV, en cours de production, sera une étude qualitative s’inscrivant dans une pensée intersectionnelle.

40 étudiant.es-chercheuses et chercheurs en anthropologie issu.es de l’UCL, sous la direction de Jacinthe Mazzocchetti, observeront une quarantaine d’institutions culturelles (théâtre, centre culturel, école…). La parité hommes/femmes, mais aussi des caractéristiques telles que la race, la classe sociale, l’orientation sexuelle, seront pris en compte dans leur analyse. Pour pouvoir concrétiser cette étude, Ecarlate la Cie cherche encore des subventions. 

Actualités artistiques d’Ecarlate la Cie
Elsa Poisot continue en parallèle à la production de la Deuxième Scène à mener son métier d’autrice, de comédienne et de metteuse en scène. Une première étape de sa prochaine pièce Buddy Body, une œuvre sur le rapport au corps mêlant théâtre, musique et arts plastique, sera montrée au festival Lookin Out en novembre 2020.

Deux textes sont en cours d’écriture : Monsieur Heinz et la Princesse Espagnole, dont une première lecture sera présentée au Théâtre de l’Ancre en 2021, et une commande de la comédienne française Clotilde Moynot intitulée OK Boomer. Enfin, Elsa Poisot sera interprète dans La Vie comme elle vient, un texte d’Axel Lorette mis en scène par Denis Mpunga au Théâtre le Public.

Pour en savoir plus sur Ecarlate la Cie

Pouvoirs et Dérives, dans lequel sera rendu public l’étude la Deuxième scène acte III, a lieu les 5, 6 et 7 octobre à la Bellone. Entrée libre, réservation indispensable

Lisa Cogniaux est dramaturge et passionnée par les enjeux politiques soulevés dans les questions de représentations.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_parite-dans-le-theatre-une-etude-pour-qu-on-cesse-de-nous-dire-que-tout-va-bien?id=10600944

Voir les commentaires

Convention d'Istanbul : des notes pour la Vivaldi , femmes, feminisme, violences,

11 Octobre 2020, 00:21am

Publié par hugo

 Convention d'Istanbul : des notes pour la Vivaldi
Convention d'Istanbul: des notes pour la Vivaldi
Convention d'Istanbul: des notes pour la Vivaldi - © Getty Images
 
Une chronique d'Irène Kaufer
 Publié le samedi 03 octobre 2020 à 09h00
Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Email104 
"Le Gouvernement fera de la lutte contre la violence de genre une priorité. La convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique servira de ligne directrice à cet égard."


Voilà l’engagement pris par la coalition Vivaldi, tel qu’il est annoncé dans le programme du nouveau gouvernement. Et justement, lorsqu’il s’agira de prendre des mesures concrètes, le rapport que vient de remettre le Grevio, groupe d’expert·es chargé du suivi de l’application de la Convention, pourra servir de guide.

Le Grevio a rendu sa copie
La Convention d’Istanbul, que la Belgique a ratifiée en 2016 dans ses différentes composantes fédérale, régionales et communautaires, porte sur "la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique".

Elle prévoit un suivi de son application, et c’est dans ce cadre que deux expertes sont venues en octobre 2019 rencontrer les autorités belges, mais aussi écouter les associations actives dans la lutte contre les violences faites aux femmes, qui leur remettaient un rapport alternatif déjà évoqué par les Grenades à l’époque.

Un an après, le Grevio a donc rendu sa copie.

Le Grevio a constaté "une relative invisibilisation au sein des politiques des violences fondées sur le genre contre les femmes

C’est un rapport détaillé d’une centaine de pages, qui reprend la Convention d’Istanbul point par point, saluant des efforts et des avancées mais pointant aussi des insuffisances. Chacun de ces points débouche sur des recommandations précises, avec un vocabulaire très gradué : les autorités sont "exhortées" lorsqu’une action immédiate est requise ; elles sont "encouragées vivement" lorsque le Grevio a constaté des lacunes qui doivent être comblées dans un avenir proche ; "encouragées" signifie que des mesures doivent être prises, mais à plus long terme ; enfin, le terme "invitées" vise à combler des insuffisances jugées mineures.

Perspective de genre
Si toutes les recommandations doivent être prises en compte pour une application complète de la Convention d’Istanbul, intéressons-nous au plus urgent, à savoir les "exhortations".

La première a trait au sens même de la Convention. En effet, dans le premier rapport officiel remis par la Belgique, ainsi que lors des discussions avec les associations, le Grevio a constaté "une relative invisibilisation au sein des politiques des violences fondées sur le genre contre les femmes. La neutralité du point de vue du genre dans les intitulés de lois, circulaires ou plans d’action se prolonge, voire est aggravée par une tendance à mettre sur le même plan symétrique les femmes et les hommes parmi les personnes victimes et autrices des violences couvertes par la Convention d’Istanbul".

"Les politiques neutres du point de vue du genre comportent le risque que les interventions des professionnels et des professionnelles ne tiennent pas compte de la dimension de genre, ce qui peut conduire à des lacunes dans la protection et le soutien des femmes et contribuer à leur victimisation secondaire".

Dès lors, "le Grevio exhorte les autorités belges à prendre des mesures pour assurer que les politiques et mesures de mise en œuvre de la Convention d’Istanbul intègrent une perspective de genre […], en reconnaissant le lien systémique entre la violence à l’encontre des femmes et une organisation historique de la société fondée sur la domination et la discrimination des femmes par les hommes, qui défavorise aujourd’hui encore de manière disproportionnée les femmes ".

Il s’agit aussi de ne pas oublier les victimes de discriminations multiples, pour mieux toucher l’ensemble des publics concernés, avec leurs besoins spécifiques, que ce soient les lesbiennes, les migrantes ou les femmes porteuses d’un handicap.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Une autre exhortation porte sur la publication de statistiques relatives aux violences genrées, ainsi que leur évolution, car sans diagnostic correct, impossible d’imaginer des remèdes.

Il faut savoir qu’en Belgique, même le nombre de féminicides ne se retrouve que sur un blog tenu par des associations qui se basent sur les informations des médias. Ce qui montre le degré de désinvestissement des autorités compétentes.

►►► A lire aussi : Un nouveau féminicide en Belgique, c’est le 14e cette année

Un point important concerne le soutien apporté aux victimes, à commencer par la nécessité d’hébergement : les places d’accueil devraient être en nombre suffisant, et un accès gratuit aux refuges devrait être garanti à toutes, "quel que soit leur statut", ce qui implique aussi les demandeuses d’asile et sans papières.

Au-delà des problèmes de logement, il s’agit aussi d’apporter si nécessaire un soutien financier à des victimes qui, en échappant à un partenaire violent, risquent de se retrouver sans ressources.

Les politiques neutres du point de vue du genre comportent le risque que les interventions des professionnel.les ne tiennent pas compte de la dimension de genre, ce qui peut conduire à des lacunes dans la protection et le soutien des femmes et contribuer à leur victimisation secondaire

Les enfants aussi, victimes ou témoins de violences, devraient être mieux protégé·es, et leur sécurité davantage prise en compte dans les décisions concernant le droit de garde. Trop souvent encore, la justice considère qu’un conjoint violent reste néanmoins un "bon père".

►►► A lire aussi : L’aliénation parentale : un concept dangereux

A côté de ces exhortations, le rapport "encourage vivement" les autorités à une meilleure reconnaissance des associations de femmes et des services spécialisés en matière de lutte contre les violences genrées, ce qui implique notamment des financements moins précaires. Dans le même ordre d’idées, il est important d’identifier clairement des budgets destinés à la prévention.

D’autres "encouragements" portent encore sur la pénalisation et le suivi des auteurs de violences et sur une formation initiale et continue des professionnel·les, que ce soit dans le domaine de la police, la justice, la santé ou encore l’éducation.

Le gender mainstreaming, un principe peu appliqué
Le rapport du Grevio a été soumis aux autorités belges, qui l’ont longuement commenté, par le biais de l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes, contestant certaines critiques, s’engageant à intégrer d’autres dans les politiques à venir.

Les critiques et recommandations du rapport sont prises au sérieux, mais un point peut paraître très problématique, dans la mesure où il ressemble à un déni. Au reproche de "neutralité du point de vue du genre dans les intitulés de lois, circulaires ou plans d’action", la réponse affirme ceci : "La Belgique applique le principe du gender mainstreaming dans l’ensemble de ses politiques. Chaque politique (y compris celles relatives à la violence) est analysée du point de vue du genre".

Le principe de gender mainstreaming a certes été voté en 2007, mais son application dans les mesures concrètes laisse toujours à désirer.

Pour en revenir au point de départ, à savoir le programme de la coalition Vivaldi, on peut constater que si le principe est réaffirmé, on n’en retrouve guère de traces dans les différents projets annoncés.

Il suffit de prendre l’exemple du débat sur l’avenir des pensions, qui ne tient aucun compte de l’écart entre hommes et femmes. Non seulement rien n’est prévu pour le combler, mais de nouvelles mesures risquent de le creuser, en ne tenant aucun compte des carrières plus hachées, interrompues, à temps partiel des femmes.

►►► A lire aussi : Accord de gouvernement : il reste des questions concernant les droits des femmes

Le problème est le même qu’en matière de violences : une approche qui se veut "neutre" en ignorant les inégalités, au risque de les aggraver.

Gouvernement fédéral : parité hommes-femmes – JT

Irène Kaufer est autrice et membre de l’asbl Garance.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_convention-d-istanbul-des-notes-pour-la-vivaldi?id=10599431

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>