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Le rapport à l'argent au sein du couple : un sujet tabou... et les femmes encore désavantagées

4 Novembre 2022, 03:37am

Publié par hugo

 
Le rapport à l'argent au sein du couple : un sujet tabou... et les femmes encore désavantagées

Le Mug d’ouverture
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28 oct. 2022 à 11:28

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2 min
Par Elisa Goffart
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Dans son nouveau livre, Le couple et l’argent – Pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes, l’auteure et journaliste Titiou Lecoq décrypte la façon dont les inégalités d’argent se construisent dans une vie de couple. Et autant dire que les écarts sont là depuis… longtemps !

En effet, entre 1998 et 2015, en France, l’écart de patrimoine entre les hommes et femmes s’est davantage creusé relève Titiou Lecoq dans son ouvrage. Il est passé de 9 à 16%. Un chiffre très étonnant car quand on parle des inégalités économiques hommes/femmes, on se concentre sur les salaires, alors que la situation tend à s’améliorer. Le patrimoine concerne dans ce cas-ci, ce que l’on possède réellement : maison, voiture etc.

C’est une suite de décisions qu’on va prendre dans nos vies privées et familiales, qui tendent à appauvrir les femmes sans qu’elles ne s’en rendent compte.

Un problème d’inégalité qui commence tôt
Et cela commence très tôt : les filles touchent 17% de moins d’argent de poche que les garçons. Mais pourquoi ? Il y aurait deux pistes d’explications :

Il semblerait que les garçons demandent davantage d’argent de poche.
Les parents ont davantage tendance à faire des cadeaux à leurs filles alors que du côté des garçons, on leur donne un budget.
Résultat de tout cela ? Un rapport à l’argent très différent entre filles et garçons, où les filles vont se retrouver dans une attitude plus demandeuse que les garçons. Comme le dit l’auteure Titiou Lecoq, : "Pour obtenir ce qu’elles veulent […] elles doivent passer le fait de séduire, de faire plaisir, de plaire à quelqu’un d’autre. C’est un rapport au monde qui n’est pas du tout le même".

Autre sujet tabou : l’organisation du budget dans un couple
En effet, 40% des couples ne parlent jamais de celui-ci. Alors que selon des chercheuses, dès que l’on se met en couple, c’est un sujet qu’il faut aborder et encore plus dès qu’une décision importante est prise : emménagement ensemble, arrivée des enfants etc. De fait, il est de plus en plus difficile avec les années de remettre en question l’organisation qui a été établie au début. Si celle-ci n’est pas très juste, on aura plus de mal à lutter contre ensuite.

Il faut dès lors oser en parler et en faire un sujet central de la vie de couple.


Westend61 / Getty Images
Le confinement : bénéfique à la situation ?
Le confinement a tout simplement aggravé la situation ! Beaucoup de femmes ont mis entre parenthèses leur job pour s’occuper des enfants et tâches ménagères.

Cette période a été un bon révélateur pour beaucoup de couples afin de voir concrètement quelle carrière était prioritaire dans le couple. Sans surprise, dans les couples hétérosexuels, la carrière des hommes était de manière générale mise en avant, dans les autres couples, c’était la carrière de la personne avec le meilleur revenu qui était priorisée, une situation qui a davantage creusé l’inégalité…


https://www.rtbf.be/article/le-rapport-a-l-argent-au-sein-du-couple-un-sujet-tabou-et-les-femmes-encore-desavantagees-11094519

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"La Combattante" au Mois du Doc : Marie-José Tubiana, une vie pour le Darfour

31 Octobre 2022, 02:13am

Publié par hugo

 
De l’intérim à l’état de grâce : le leadership de Sophie Wilmès à la loupe du genre

28 oct. 2022 à 14:05

Temps de lecture
5 min
Par Clémence Deswert*, une chronique pour Les Grenades
Les Grenades
Politique
POLITIQUE BELGE
FEMME
SEXISME
SOPHIE WILMES
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Cet article est le résumé d’un mémoire, ce travail de recherche universitaire est publié en partenariat avec le master Genre.

La Belgique a connu une petite révolution en matière de présence de femmes au sommet du pouvoir. Souvenez-vous : en octobre 2019, Sophie Wilmès (MR) devenait la première Première ministre de notre pays. Devenue ensuite ministre des Affaires étrangères du gouvernement De Croo, elle se met dix-huit mois plus tard en congé de ses fonctions ministérielles, pour raisons familiales, et démissionne en juillet 2022. La libérale reste cependant très populaire, particulièrement du côté francophone.

Dès 2020, Wilmès a dû gérer la crise du Covid-19. Un bousculement des codes du genre semble alors se jouer dans les médias : les qualités traditionnellement associées à la "féminité" (empathie, émotion, qualité d’écoute, altruisme, etc.) semblent particulièrement appréciées dans la façon dont Wilmès dirige le pays. Un constat étonnant qui appelle à l’analyse, ces qualités étant d’habitude considérées comme des marques de faiblesse en politique.

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Crise du coronavirus: Sophie Wilmès, la Première qui (r)assure

La "falaise de verre" ou le cadeau empoisonné pour les femmes politiques
La politique reste un monde masculin. Si la place des femmes y a évolué positivement, celles-ci y sont toujours minoritaires, d’autant plus aux positions les plus importantes (présidentes, premières ministres, présidentes de parti, etc.).

Par ailleurs, lorsqu’elles sont désignées à des postes de haut rang, ce n’est pas toujours au moment le plus opportun. C’est ce qu’on appelle "la falaise de verre", en référence au fameux plafond de verre qui empêche les femmes d’évoluer sur l’échelle hiérarchique. La falaise de verre, elle, désigne l’idée que les femmes auraient tendance à être nommées à des postes à responsabilité en situation de crise, donc lorsque le risque d’échec est plus élevé. Le concept a par exemple été utilisé pour évoquer la nomination de Theresa May comme Première ministre au Royaume-Uni, en pleine crise du Brexit.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Sophie Wilmès a elle aussi connu la falaise de verre. En effet, en octobre 2019, elle devient la première femme à prendre la tête du pays en pleine crise politique. Le gouvernement fédéral est alors minoritaire, depuis décembre 2018 et le départ de la N-VA de la coalition, mais également en affaires courantes depuis les élections de mai 2019. Quelques mois plus tard, Wilmès doit faire face à un autre contexte de crise : la pandémie de Covid-19 frappe la Belgique.

De plus, même si la situation s’améliore, les femmes leaders politiques sont toujours exposées à un traitement médiatique inégalitaire. Quand elles sont les premières femmes à atteindre une fonction, leur nomination est parfois traitée uniquement sous l’angle de la nouveauté, au détriment des questions de fond. De façon générale, les femmes politiques sont souvent davantage soumises aux stéréotypes de genre que leurs homologues masculins, les médias mettant l’accent sur leur apparence physique et leur vie privée.

La falaise de verre, elle, désigne l’idée que les femmes auraient tendance à être nommées à des postes à responsabilité en situation de crise, donc lorsque le risque d’échec est plus élevé

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Non, les femmes politiques ne sont pas "naturellement" plus compétentes contre le coronavirus

Enfin, au-delà de la question de la présence des femmes en politique, le monde politique valorise traditionnellement une manière d’exercer le pouvoir très dure, inspirée d’une "masculinité hégémonique", c’est-à-dire une forme de masculinité qui reproduit la domination des hommes sur les femmes.

On retrouve cette figure de l’homme fort de manière très stéréotypée chez des leaders comme l’ancien président des États-Unis Donald Trump ou le président brésilien Jair Bolsonaro. En bref, il faut "montrer les gros bras" pour pouvoir être pris·e au sérieux. On n’est donc loin d’un leadership politique inclusif.

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Sexisme en politique belge: les travers des travées parlementaires

Sophie Wilmès, mère de la Nation ?
Pendant les mois qui ont suivi l’émergence de la crise du Covid-19, plusieurs opinions ont soulevé l’idée que les cheffes d’État et de gouvernement auraient mieux géré la crise. Ces femmes politiques ont été mises en avant pour leur style de communication jugé empathique, humble, bienveillant : autant de caractéristiques associées aux représentations traditionnelles de la "féminité". Or, c’est aussi un enseignement des recherches sur la "falaise de verre" : les attributs considérés comme "féminins" seraient recherchés chez les leaders en temps de crise.

Les femmes leaders politiques sont toujours exposées à un traitement médiatique inégalitaire

Au début de la crise du Covid-19, cette valorisation des caractéristiques dites "féminines" est perceptible dans le discours de la presse francophone sur le leadership de Wilmès. Alors qu’au début de son mandat, sa discrétion et son manque d’expérience suscitaient des doutes sur sa capacité à diriger le gouvernement, la presse salue unanimement sa prestation durant les premières semaines de gestion de la crise. Son style empathique, sa communication "humaine", sa manière de convaincre "en douceur" lui auraient permis de s’affirmer comme leader politique.

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En outre, la presse fait la part belle aux attributs liés au care. Ce champ de recherche a permis, entre autres choses, de souligner le fait que les femmes sont généralement sociabilisées autour de qualités relationnelles visant à prendre soin des autres, notamment des plus vulnérables. Certains articles font ainsi référence à la maternité ou à la parentalité dans leur couverture du style de communication de Wilmès. On peut se demander si la nature de la crise du Covid-19, qui a mis en exergue le besoin d’attention à autrui, n’a pas contribué à accentuer cette vision de la leader politique comme "mère de la Nation".

Néanmoins, une analyse approfondie révèle que certaines caractéristiques traditionnellement associées à la "masculinité", comme la fermeté, ont également été perçues comme nécessaires pour gérer la crise. En réalité, le discours de la presse fait état d’un nouveau style de leadership, combinant attributs considérés comme "masculins" et caractéristiques perçues comme "féminines". Par exemple, les journaux évoquent le ton "doux-dur" de Wilmès et la désignent comme une "main de fer dans un gant de velours".

Les résultats de cette analyse constituent une occasion de réfléchir au renouvellement des manières d’exercer le pouvoir du point de vue du genre. Il ne s’agit pas d’enfermer les femmes politiques dans un style présumé "féminin", mais plutôt d’interroger les conditions de possibilité, tant chez les hommes que chez les femmes politiques, d’un leadership moins dominateur, qui ne valorise pas uniquement un mode "viriliste" de gouvernance. À ce titre, la chercheuse Marie-Cécile Naves, dans son livre La démocratie féministe jette les bases d’un leadership "combatif tout autant que coopératif, déterminé, ambitieux et à la fois soucieux de prendre en compte les expériences vécues".

L’invité de Matin Première : Sophie Wilmès – Archives

L'invité de Matin Première: Sophie Wilmès
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*Clémence Deswert est doctorante en science politique au Centre d’étude de la vie politique (Cevipol) de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Ses recherches portent principalement sur la communication politique, le genre, le leadership et la représentation politique des femmes.

 


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Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

https://www.rtbf.be/article/de-linterim-a-letat-de-grace-le-leadership-de-sophie-wilmes-a-la-loupe-du-genre-11094604

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Le collectif "Atout Comedy Club" rend la scène stand-up bruxelloise plus inclusive

27 Octobre 2022, 23:41pm

Publié par hugo

 VIVRE ICI

Le collectif "Atout Comedy Club" rend la scène stand-up bruxelloise plus inclusive

25 oct. 2022 à 14:26 - mise à jour 25 oct. 2022 à 14:59

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3 min
Par Marion Jaumotte

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ABruxelles, un collectif de stand-uppeuses a créé l' "Atout Comedy Club" dans le but de rendre la scène stand-up plus inclusive. En organisant des scènes publiques, des huis clos, des ateliers d’écriture et des tables rondes, le collectif tend à démontrer que les femmes et les minorités de genre méritent mieux que d’être l’atout “charme” de la soirée.

En 2021, Hortense Enselghem, Céline Scoyer, Lola d’Estienne, Moana Genevey et Marine Sergent lançaient l'"Atout Comedy Club" dans le but d’offrir plus de visibilité aux femmes et aux autres minorités dans le monde du stand-up. "Tout est parti d’un constat très simple" nous explique Lola d’Estienne.

Il y a deux ans, je me suis inscrite à un concours d’humoristes. Sur 60 participants, il y avait à peine 3 femmes.

Face à ce triste constat, la stand-uppeuse Lola d’Estienne décide d’en parler avec ses copines humoristes : "Au départ, c’était surtout une blague dans une conversation privée sur Facebook avec d’autres humoristes femmes, mais le manque de diversité et de représentation dans le milieu du stand-up est vite devenu une réelle discussion. Petit à petit, on a commencé à organiser des choses. Pendant le confinement par exemple, on a mis en place des ateliers d’écriture pour stand-uppeuses sur zoom. De grandes humoristes y ont participé telles que Fanny Ruwet et Lisa Delmoitiez. Ensuite, on s’est lancées dans une sorte de "phase test" l’année passée en organisant des scènes ouvertes pour voir s’il y avait un réel intérêt. Sans surprise, le résultat était positif ! Il existe une vraie demande pour les scènes dites "safe". Cette rentrée, on a décidé de se lancer pour de bon !"

Les discriminations dans le milieu du stand-up sont bien présentes. Si les femmes sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans l’humour, elles ne sont pas encore assez présentes sur les différentes scènes de la capitale nous confie Lola d’Estienne : "Il suffit de regarder les producteurs d’humoristes et les organisateurs de scènes pour le moment. Tout est géré par des hommes. " En deux ans d’expérience, Lola d’Estienne a régulièrement dû faire face à des propos sexistes. "Je me souviens du jour où quelqu’un a sous-entendu que j’avais couché avec l’organisateur de la soirée pour avoir une scène. Une autre fois, on m’a dit que le créneau de la meuf mignonne qui fait des blagues de bites était déjà été pris, alors que le créneau du petit gars mignon qui fait des blagues de bites n’a pas fini de nous étonner."

Sur les réseaux sociaux aussi, les commentaires sont bien souvent beaucoup plus négatifs et malveillants sous les vidéos des femmes humoristes que celles des hommes. Pas plus tard que la semaine passée, Lola d’Estienne partageait sur son compte Instagram un extrait de l’un de ses sketchs joué au Tarmac Comedy Club. "Juste en dessous j’ai reçu un commentaire grossophobe vis-à-vis de mon physique. Je pense également à une autre humoriste belge : DENA. Elle est d’origine iranienne, lesbienne et en parle ouvertement dans son spectacle. Après son passage au festival d’humour de Montreux, elle a reçu énormément de commentaires sexistes, racistes, homophobes."

Florence Mendez, autre humoriste belge, dénonce régulièrement le sexisme et le harcèlement dont elle est victime sur les réseaux. Appel à la haine, menaces de viols, il faut avoir le cœur bien accroché pour oser se lancer dans ce métier. "En tant qu’humoriste femme ou personne issue d’une minorité, on sait forcément que ça fait partie du package, mais avec le collectif on aimerait offrir des scènes où ça n’arrive pas. On a aussi envie de pouvoir proposer un encadrement positif et "safe" pour celles et ceux qui aimeraient se lancer. Parfois, c’est la présentation faite par le Maître de cérémonie qui pose problème. Heureusement, on est en discussion avec les autres collectifs d’humour qui existent à Bruxelles et ils ont tous l’air assez réceptif à la question."

Un gala pour récolter des fonds

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Le 4 novembre prochain, l'"Atout Comedy Club" organise son gala de rentrée à l’Os à Moelle à Schaerbeek. Pour réserver vos places, c’est par ici. Tous les bénéfices récoltés par cette soirée seront reversés à l’organisation pour acheter du matériel son-image et financer des événements, workshops et formations.

Dès le mois prochain, le collectif "Atout Comedy Club" organisera deux soirées par mois : l’une en "Open Mic" qui est ouverte à tous les débutants et l’autre qui présentera des artistes plus confirmées.

Pour des informations complémentaires ou pour soutenir le collectif, rendez-vous sur Facebook ou Instagram.

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https://www.rtbf.be/article/le-collectif-atout-comedy-club-rend-la-scene-stand-up-bruxelloise-plus-inclusive-11091936

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Hélène Devynck : "Toutes les femmes qui accusent des hommes de pouvoir sont soupçonnées de vouloir prendre un peu de ce pouvoir"

27 Octobre 2022, 23:29pm

Publié par hugo

DANS QUEL MONDE ON VIT

Hélène Devynck : "Toutes les femmes qui accusent des hommes de pouvoir sont soupçonnées de vouloir prendre un peu de ce pouvoir"

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24 oct. 2022 à 17:27

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5 min
Par RTBF La Première
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AGRESSION SEXUELLE
"Nous avons toutes été agressées par le même homme et toujours de la même façon". C’est ce qu’écrit la journaliste Hélène Devynck dans 'Impunité' (Seuil). Et cet homme, c’est Patrick Poivre d’Arvor. Dans un livre qui ne peut laisser indifférent, Hélène Devynck raconte le combat et le courage de ces femmes victimes des viols et des agressions sexuelles qu’aurait commis PPDA.

"Comme moi, plusieurs dizaines de femmes ont cru que l’époque rendait caduque notre condamnation au silence et possible celle de notre agresseur, l’un des hommes les plus connus de France. Ça n’est pas ce qui s’est passé. On a été classées sans suite. Mais nos bulles de solitude ont éclaté. On s’est rencontrées, racontées, soutenues. On s’est fait la courte échelle pour surmonter les murs de découragement.

On a parlé plus haut, plus nombreuses.

H. D."

 

Hélène Devynck est journaliste et scénariste. Elle a travaillé pendant plus de 20 ans au sein du groupe TF1. De 1991 à 1993, elle a été l’assistante de Patrick Poivre d’Arvor. Impunité est son premier livre.

Hélène Devynck publie Impunité (Seuil), sur l'affaire PPDA - 
Hélène Devynck publie Impunité (Seuil), sur l'affaire PPDA - AFP or licensors
"Qu’est-ce que j’avais de trop faible ?"
Le livre dévoile les divers sentiments qu'a ressentis Hélène Devynck. Comme la jalousie de ne pas s'en être sortie sans être violée, contrairement à d'autres. "Qu'est-ce que j'avais de trop faible ?", se demande-t-elle. Ces questions sont taraudantes, elles reviennent, même si elle s'efforce de les mettre de côté.

Elles ne reviennent pas seulement parce que j'ai un psychisme enclin à la culpabilité. Elles reviennent parce que la société vous renvoie à ça. Quand on est victime d'un viol, comme moi, je pense que toujours, toujours, toujours,  on se dit qu'on y est pour quelque chose. Et ça, c'est très difficile de s'en débarrasser.

Comme d'autres, elle est aussi traversée par un sentiment de honte.

"Je dis que c'est comme une addiction. C'est-à-dire que je suis abstinente de la honte. Quand j'ai parlé au début, je pensais que je m'étais débarrassée de la honte. (...) Mais tout de suite, on m'a renvoyée à la honte. Immédiatement, il y a eu des tas de commentaires. Toutes les femmes qui accusent des hommes un peu célèbres (...), des hommes de pouvoir, sont soupçonnées de vouloir prendre un peu de ce pouvoir. L'idée qu'une femme parle parce que c'est la vérité n'est pas la première qui vient à l'esprit. On se demande toujours pourquoi elle fait ça."

"Avec le recul, j’ai eu raison de me taire"
Hélène Devynck a travaillé avec PPDA pendant 2 ans, de 1991 à 1993. C'est en 2021 qu'elle porte plainte pour viol et témoigne dans le journal Le Monde.

"Je pense que j'ai bien fait de me taire. Si j'avais parlé à l'époque, c'aurait été une mort sociale. J'aurais dû faire un trait sur ma carrière, c'est certain.(...)  A l'époque, le journalisme à la télévision... il n'y avait pas beaucoup de place. Patrick Poivre d'Arvor était ultradominant, surpuissant. Il n'y a aucun doute que le coût de m'entendre ou m'écouter, pour TF1 et pour l'ensemble de la télévision, aurait été beaucoup plus grand que celui de dire que j'étais folle, menteuse, demi-pute, etc. Ce que j'ai entendu encore 28 ans après. Donc, c'est vous dire. Oui, j'ai bien fait de me taire."

Qui est responsable de ce silence ?
C'est tout l'objet du livre, souligne Hélène Devynck. L'entreprise, d'abord. Parce que dans cette entreprise, il n'y avait aucun endroit sécurisé où on pouvait parler. Mais plus largement, c'est une responsabilité sociétale. 

"On a dit que #MeToo sortait les femmes du silence et tout d'un coup, il y aurait un déferlement de femmes qui parlent. Effectivement, il y a plus de femmes qui parlent, mais derrière, il ne se passe rien.

Nous, on était 23 à raconter les mêmes mots, les mêmes gestes, les mêmes circonstances, ce qu'on appelle un mode opératoire, mais derrière, la justice n'en a rien fait. TF1, qui sait maintenant, ne fait toujours rien. Le gouvernement français - on a fait appel à Emmanuel Macron et à certains ministres -, personne ne nous a répondu. Tout le monde fait comme si nous n'existions pas."

1% des viols donne lieu à une condamnation. Cela veut dire que 99% non. Cela veut dire que le viol est un crime impuni.

Le viol n'existe que grâce au silence qu'il impose. 

À lire aussi
France : 20 femmes témoignent de viols et agressions sexuelles contre Patrick Poivre d’Arvor sur le plateau de Mediapart

"J’étais ce rien"
Cette déshumanisation revient dans tous les témoignages. "C'est la douleur essentielle des viols. Ça vous chosifie. Vous n'êtes plus rien."

On demande beaucoup aux victimes : était-il conscient de ce qu'il faisait ? Que cherchait-il ?

"C'est une violence qu'on impose aux victimes. (...) M'interroger sur ce qu'il pensait au moment où il m'a violée, non seulement ce n'est pas mon problème, mais en plus, c'est cruel. C'est-à-dire que je vois quelque chose que je ne veux pas voir de moi. Je ne veux pas voir ce qu'il a vu de moi. Je ne veux pas être dans ces yeux-là."

D'ailleurs, ce livre n'est pas un livre sur lui. J'en parle assez peu. C'est un livre sur nous. Il s'agissait de retourner la caméra vers nous.

Beaucoup savaient et certains participaient à la tactique de PPDA, notamment ses secrétaires, explique Hélène Devynck. Cela mobilisait des moyens et du temps. C'était très ritualisé, c'est ce qu'on appelle un mode opératoire. Mais Patrick Poivre d'Arvor bénéficie de la présomption d'innocence. 

"Ce que je raconte dans le livre, c'est que Patrick Poivre d'Arvor a beaucoup de moyens et n'hésite pas à utiliser tout ce qu'il peut pour nous faire peur, pour nous décrédibiliser, et notamment la dénonciation calomnieuse. Donc, il a porté plainte contre 16 d'entre nous, dont moi, pour dénonciation calomnieuse. 

Il a fallu que la France soit condamnée par la Cour européenne des Droits de l'Homme pour que ces condamnations ne soient pas automatiques pour les femmes qui dénonçaient des agressions. Donc désormais, nous avons droit, nous aussi, à la présomption d'innocence."

Déconstruire les fables
"La série est la conséquence de l'indifférence. (...) On préfère croire au monstre pour se détourner d'une responsabilité collective", écrit Hélène Devynck.

"On est responsable par notre imaginaire. Notre imaginaire est forgé par des légendes, des mythes, des fables qui disent que les femmes sont des menteuses, des sournoises, qu'elle cherchent de l'argent. (...) Emmanuelle Seigner, la femme de Roman Polanski, est venue dire : mais elles voulaient toutes coucher avec lui."

Et ça, ça s'appelle la présomption irréfragable de consentement. C'est imaginer que toutes les femmes sont consentantes quand un homme a suffisamment de pouvoir. Et c'est un permis de violer. Et c'est une fable. Aucun homme ne séduit toutes les femmes, ça n'existe pas.

Par son livre, Hélène Devynck entend déconstruire les fables, "ces couches de papier peint de contes de fées", qui empêchent de voir la réalité. 

La prescription a bon dos, affirme-t-elle.

Nos témoignages ne sont pas prescrits. Et ils dressent le portrait d'un criminel. Mais ça n'a pas suffi. 

Ecoutez ci-dessus la suite de l'entretien, qui débute à 9'08''. 


https://www.rtbf.be/article/helene-devynck-toutes-les-femmes-qui-accusent-des-hommes-de-pouvoir-sont-soupconnees-de-vouloir-prendre-un-peu-de-ce-pouvoir-11091980

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Zainab Fasiki, la bédéiste marocaine féministe qui libère la parole

25 Octobre 2022, 00:55am

Publié par hugo

 Zainab Fasiki, la bédéiste marocaine féministe qui libère la parole

il y a 11 heures

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Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
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Un trait aussi génial que nécessaire, un regard aussi engagé qu’avisé ; l’artiste Zainab Fasiki déconstruit les tabous liés à la sexualité et ouvre au dialogue. Les Grenades vous encouragent à foncer à l’Espace Magh à partir du 25 octobre pour découvrir les illustrations issues de son ouvrage Hshouma.

C’est à quelques jours de son vernissage que nous retrouvons Zainab Fasiki à Bruxelles. Cette artiste de 28 ans, devenue une icône féministe sur les réseaux sociaux, parcourt le monde pour présenter au public son livre Hshouma. Un titre qui va droit au but, en référence à l’expression qui signifie "la honte" en dialecte marocain.

Plus précisément, ce mot recouvre l’ensemble des sujets considérés comme impudiques, qui dès qu’ils sont abordés, sont réduits au silence à coup de "chut, c’est hshouma". Notre interlocutrice, elle, a décidé d’en finir avec les non-dits et revient pour Les Grenades sur la genèse de son projet.

"C’est le dessin qui m’a sauvée"
"J’ai grandi dans l’ancienne médina de Fès, dans une famille musulmane. J’ai cinq frères, je suis la dernière, la seule fille", introduit-elle. Très jeune déjà, elle observe des injustices en raison de son genre : que ce soit le harcèlement de rue ou les différences de traitement au sein de sa famille. Elle évolue dans un climat de pudeur et de surprotection, tandis que ses frères accèdent à de plus grandes libertés. Au fil des années, Zainab Fasiki qui a soif de découvertes sent brûler en elle, une tension, un sentiment de frustration.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Après les secondaires, elle se lance dans des études à l’École nationale supérieure d’électricité et de mécanique : nouvelle claque. Outre le fait de devoir supporter la masculinité toxique qui règne dans l’auditoire, le monde de l’industrie se révèle d’une grande violence. "J’étais une bosseuse, mes notes excellaient en physique et en math, pourtant durant mes stages sur le terrain, on me rappelait sans cesse que je n’étais pas à ma place en raison de mon genre."

Un jour, c’est la goutte d’eau. Entre le harcèlement sur son lieu de stage, les violences sexuelles dans l’espace public et le manque de liberté imposé par ses parents, elle craque. "J’ai fini par avoir des idées suicidaires. Je suis tombée en dépression." Acculée, elle libère ses émotions grâce à ses crayons et sa tablette graphique. "C’est le dessin qui m’a vraiment sauvée, qui a sauvé mon âme triste."

Représenter le corps des femmes
À l’aube de sa vingtaine, Zainab Fasiki multiplie les illustrations. Sous ses traits : son corps de femme en version nue et géante. Une libération des représentations qu’elle qualifie de thérapeutique. Elle décide alors de publier ses dessins sur les réseaux sociaux. Les réactions fusent, autour d’elle se construit une véritable communauté. "Très vite, j’ai dû faire face aux insultes et en même temps, j’étais contactée par des magazines."

À Casablanca, elle rejoint le collectif marocain de bande dessinée Skefkef. "C’est devenu mon école d’art, c’est avec ce collectif que j’ai appris le scénario, le découpage." À travers ses séries de dessins, elle dénonce notamment le harcèlement et les violences sexistes dans l’espace public. À l’été 2017, une jeune femme en situation de handicap est victime d’une agression sexuelle dans un bus. Bouleversée, Zainab Fasiki publie un dessin légendé : "Les bus sont faits pour transporter les gens, pas pour violer les filles." Son post est relayé par nombre de médias internationaux.

On me rappelait sans cesse que je n’étais pas à ma place en raison de mon genre

Son travail gagne en visibilité. "J’ai compris que dans toutes mes illustrations se répétait cette notion de hshouma, de honte. En fait, rien que d’exister en tant que femme qui parle de liberté, c’est hshouma. La pudeur, c’est un choix, il ne faut pas l’imposer. Si une femme veut être ingénieure, voyager, se dessiner nue ou rester au foyer pour ses enfants, ça doit être son choix !" Et c’est ainsi que petit à petit elle développe ce qui deviendra son projet, pour combattre les tabous liés au corps féminin et à la sexualité.

Un discours anti-désir qui impacte la santé mentale
"En 2018, j’ai rencontré les éditions Massot qui ont bien accueilli l’idée de publier un guide d’éducation sexuelle laïque et queer. Mon objectif était d’aider les autres jeunes, parce que lorsque tu grandis dans un environnement où l’on te répète que l’homosexualité c’est mal ou qu’il est interdit de faire l’amour avant le mariage, tu finis par te dire que peut-être c’est toi le problème… Mais non, tout est normal ! Je ne veux pas que les nouvelles générations expérimentent ce que j’ai vécu, ce discours anti-désir a des impacts sur la santé mentale", explique-t-elle.

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Les questions de genre, d’éducation sexuelle ou de violences faites aux femmes sont autant de sujets abordés dans son livre Hshouma publié en 2019. Les planches de l’artiste célèbrent les corps et leur beauté, et se révèlent un pied de nez aux sociétés patriarcales, aussi bien au Maroc qu’en Europe. En effet, si Zainab Fasiki est née et habite toujours au Maroc, son message résonne avec tout autant d’importance de ce côté-ci de la Méditerranée.

"Quand on est dans un pays musulman, on vit cette souffrance de contrôle, mais dans un pays comme la Belgique la souffrance s’opère aussi. L’adolescent·e qui grandit dans une famille musulmane ici passe toutes ses journées à l’école à entendre des discours qui se veulent libres, qui parlent de sexe, mais le soir il ou elle rentre et passe sa soirée avec des personnes qui tiennent un autre discours et ça, ça crée une double souffrance." À savoir, à Bruxelles, dans cette même volonté de dépasser les tabous au sein de la communauté arabo-musulmane, la sexologue Zina Hamzaoui a publié l’ouvrage chut, hchouma !.

Rien que d’exister en tant que femme qui parle de liberté, c’est hshouma

Artiste et activiste
Zainab Fasiki a à cœur d’encourager les réflexions : outre la présentation de son livre, elle parcourt le monde pour participer à des expositions, des rencontres, des ateliers. "Tout ça fait partie du mouvement que je voulais créer pour libérer la parole. C’est important pour moi de discuter avec les jeunes pour qu’ils et elles comprennent qu’on peut être une Marocaine et parler du droit à l’avortement ou du droit de faire l’amour hors mariage, tandis que ces comportements restent interdits aux yeux de la loi."

L’autrice indique du reste que de plus en plus de collectifs, d’associations luttent au Maroc pour faire évoluer les lois. Récemment d’ailleurs, les féministes marocaines ont marqué l’actualité en manifestant le 28 septembre à Rabat pour réclamer la révision des lois criminalisant l’avortement à la suite de la mort d’une adolescente victime d’une IVG clandestine.

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Nul doute que Zainab Fasiki, suivie par près de 100 000 personnes sur Instagram, contribue au changement de mentalité dans son pays. "Je craignais que mon livre ne soit censuré au Maroc, mais non il a été très bien accueilli. J’ai signé dans toutes les grandes librairies du Nord jusqu’au Sud. Bien sûr, il y a eu tout un mouvement qui voulait m’anéantir ; en plus des injures et des menaces de morts, des articles de presse m’ont accusée de choses que je n’ai jamais faites, de plagiat, mais ça n’a pas marché, le public m’a soutenue."

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Aujourd’hui, elle se dit en paix et forte face à celles et ceux qui voudraient la silencier. "Je me bats contre un énorme monstre, la hshouma, mais quand je vois que nous sommes nombreux et nombreuses à partager ce combat, je garde la motivation", conclut-elle.

Infos pratiques
L’exposition Hshouma de Zainab Fasiki, à l’Espace Magh du 25 octobre au 19 novembre. Le 25 octobre à 20h, une rencontre est organisée avec l’autrice.

Le livre : Hshouma, Corps et sexualité au Maroc, Massot Editions, 2019.

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Limitation du crédit-temps : les femmes poussées hors du travail ?

25 Octobre 2022, 00:41am

Publié par hugo

  Limitation du crédit-temps : les femmes poussées hors du travail ?

22 oct. 2022 à 15:06

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5 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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Mi-octobre, lors de la confection des budgets 2023-2024, le gouvernement De Croo a adopté plusieurs mesures d’économie pour faire face aux multiples crises que nous vivons, dont l’une en particulier fait couler beaucoup d’encre : la limitation du crédit-temps.

A partir du 1er janvier 2023 en effet, la durée maximale du crédit-temps pour soin à un enfant sera réduite de 51 mois à 48 mois. Désormais, ces congés seront également autorisés jusqu’à ce que l’enfant ait 5 ans et non plus 8 ans comme c’était le cas jusqu’ici.

Le système du crédit-temps permet à des travailleuses et des travailleurs du secteur privé de suspendre temporairement leur carrière sans devoir mettre fin à leur contrat de travail pour s’occuper d’un·e enfant, d’un parent malade, d’un·e jeune de moins de 21 ans souffrant d’un handicap ou d’une personne en soins palliatifs.

Le même type de congé existe pour les fonctionnaires : l’interruption de carrière. Ce congé a aussi été raboté : la durée totale d’interruption de carrière passera de 60 mois à 48 mois pour un·e enfant âgé·e de maximum 5 ans.

Est-ce un vœu du gouvernement, à peine déguisé, de voir les femmes reprendre place au foyer ?

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Bertrand Massart – RTBF

Bertrand Massart – RTBF
Un impact genré ?
Selon les chiffres officiels, les femmes sont majoritaires au sein des régimes de crédit-temps, de congé thématique ou de l’interruption de carrière : en avril 2022, il y avait 63% d’allocataires féminines contre 37% d’allocataires masculins.

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Plusieurs associations ont réagi et ont dénoncé l’aspect genré de cette mesure, Vie Féminine par exemple. "Qu’en est-il des parents, et plus particulièrement des femmes, qui depuis trop longtemps galèrent à maintenir un équilibre entre vie privée et vie professionnelle ?", questionne l’association féministe dans une carte blanche. "Qu’en est-il de ces femmes qui superposent différentes casquettes (mère, travailleuse, aidante, taxi, etc.) au détriment de leur santé physique et mentale, au détriment de leurs besoins, de leur carrière et de leur autonomie économique ? Ne sont-elles pas “lâchées” au seuil d’une précarité et d’un isolement croissants ? Et à l’avenir, doivent-elles s’inquiéter de voir disparaître d’autres droits ? Nous savons que le congé parental, lui aussi, a fait l’objet de réflexions visant notamment à limiter ses indemnités."

Pour l’instant, rien ne change pour le congé parental. Il s’agit d’un congé pris pour s’occuper de ses enfants jusqu’à leurs douze ans. L’allocation perçue est faible : 845 euros nets par mois si elle s’effectue à temps plein. Dans le cas du congé parental, la durée d’interruption prévue est moindre puisque chaque parent peut par exemple prétendre à 4 mois à temps plein ou 8 mois à mi-temps.


Bertrand Massart – RTBF
Selon Vie Féminine, la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle reste difficile pour les femmes, puisqu’elles assument encore majoritairement les responsabilités de soin aux autres, ainsi que la charge mentale qui y est liée. "Et cette difficulté est d’autant plus conséquente pour certains publics, on pense notamment aux femmes en situation de monoparentalité, mais citons également les mères présentant une santé physique et/ou mentale affaiblie, les mères d’enfants en situation de handicap, etc.", précise Vie Féminine.

Ces indemnités ne sont déjà pas suffisantes aujourd’hui, alors comment imaginer les réduire demain !

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Un risque de décrochage du marché du travail
Même son de cloche du côté des associations membres du réseau Solidaris : Liages, Sofélia, Esenca, Latitudes Jeunes et Soralia (le nouveau nom des Femmes Prévoyantes Socialistes). "Les femmes, plus nombreuses à s’investir dans la fonction d’aidante proche, mais aussi dans les tâches familiales, seront les premières touchées par une telle réduction des crédits-temps. Le stress et la charge mentale d’une organisation familiale déjà complexifiée par la maladie n’en seront que décuplés. […] Pour certaines femmes, le risque de décrochage à court et long terme du marché de l’emploi est réel. Est-ce un vœu du gouvernement, à peine déguisé, de voir les femmes reprendre place au foyer ?", s’insurgent les associations dans un texte.

"Cette mesure est présentée comme nécessaire pour faire des économies, mais en a-t-on réellement mesuré les conséquences sur les femmes et les familles ? Selon nous, associations du réseau Solidaris, il s’agit d’un très mauvais calcul ! À réduire ainsi les dispositifs de soutien à la parentalité déjà insuffisants, on pousse les familles vers la défiance et l’exclusion sociale en renforçant le risque de pauvreté !", poursuivent-elles.

Pour Vie Féminine, au contraire, il faudrait augmenter les allocations liées aux congés familiaux et faciliter les conditions d’accès. "Ces indemnités ne sont déjà pas suffisantes aujourd’hui, alors comment imaginer les réduire demain ! […] Il importe également de diminuer l’impact sur les droits sociaux : en effet, les congés familiaux ont notamment un impact direct sur le calcul de la pension. Les femmes, de par leur trajectoire professionnelle plus sinueuse (temps partiels subis, etc.) que celle des hommes, affichent déjà une plus faible pension", précise Vie Féminine.

"Les mesures fédérales doivent unir et non diviser la population en donnant le sentiment qu’on réduit les droits des un·es pour financer ceux des autres, écrivent les associations du groupe Solidaris. Des solutions équitables existent. La justice fiscale en est une. En taxant correctement les particuliers et les entreprises et en luttant plus efficacement contre l’évasion fiscale, l’État pourrait soutenir massivement les politiques sociales actuelles et nouvelles."

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Un contexte compliqué
Cette mesure arrive dans un contexte déjà compliqué pour la place des femmes sur le marché du travail, conséquence de la pandémie de coronavirus. En mars 2022, une enquête commandée par le Parlement européen avait conclu que la pandémie avait eu des conséquences négatives sur les revenus des travailleuses.

 
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Le 13 octobre, Eurofond, l’agence européenne spécialisée dans les politiques sociales et liées au travail, a publié un rapport qui révèle l’aggravation des tensions pour les femmes entre vie privée et vie professionnelle.

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"La crise du Covid-19 a mis en lumière les disparités entre les sexes au travail et à la maison. Après la pandémie, nous avons la possibilité d’apporter un réel changement en abordant les normes de genre, les comportements et l’innovation politique. Il est crucial que les décideurs politiques […] accordent la priorité aux questions de genre tout en continuant à suivre de près et à évaluer les progrès", déclare Maria Jepsen, directrice adjointe d’Eurofond.

Pour les associations de la société civile, on semble loin d’une prise en compte de l’aspect genré lors de l’adoption de certaines mesures politiques.

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Droit à l'avortement : en Italie, la région du Piémont va verser 400.000€ à des associations pro-vie

20 Octobre 2022, 00:41am

Publié par hugo

 Droit à l'avortement : en Italie, la région du Piémont va verser 400.000€ à des associations pro-vie
Une manifestation du groupe "Non una di meno" à Turin, en Italie, le 1er juin 2021. 
il y a 10 heures

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4 min
Par Caroline Bordecq, correspondante en Italie pour Les Grenades
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Dissuader les femmes d’interrompre leur grossesse en leur offrant un soutien financier, c’est l’objectif de la région du Piémont, en Italie du Nord. Pour cela, 400.000€ de fonds publics seront versés à des associations pro-vie (qui se désignent elles-mêmes de cette façon et qui défendent le droit à la vie dès la conception, qui s’opposent donc à l’avortement).

L'objectif est d’accompagner les femmes dans leur décision et organiser le soutien économique, pendant 18 mois, de celles ayant renoncé à avorter. Ce soutien pourra passer par une aide pour payer le loyer, des factures ou encore des produits pour le bébé. Une mesure portée par le conseiller régional Maurizio Marrone, membre du parti de droite radicale Fratelli d’Italia mené par Giorgia Meloni, qui devrait bientôt être nommée Première ministre italienne.

"D’un point de vue culturel, le fait que la région préfère la naissance à l’interruption de grossesse, c’est un message important", se réjouit Claudio Larocca, président de la branche piémontaise de l’association pro-vie Mouvement pour la vie qui pourra bénéficier de cette subvention. Mais dans la pratique, "cela ne changera pas grand-chose", explique-t-il.

En effet, depuis 1994 l’association propose déjà ce type d’accompagnement pour les femmes qui renoncent à l’avortement. La différence étant que jusqu’à présent elle ne pouvait compter que sur des fonds privés.

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"Une fausse bonté patriarcale"
Pour le collectif turinois Più di 194 voci, un réseau rassemblant une quarantaine d’associations pour la défense du droit à l’IVG, il s’agit d’"une fausse bonté patriarcale. [...] Cette mesure construit une structure [...], constituée à 99% d’associations intégristes anti-avortement, à côté d'institutions publiques dévaluées et non-soutenues par un renforcement de personnel. En outre, 10% du fonds sera consacré à la publicité du fonds lui-même, et les associations anti-avortement pourront utiliser le logo de la région sans aucun contrôle", peut-on lire sur Facebook.

A quelques kilomètres de Turin, à Alexandrie, Silvia Bello, une activiste du collectif féministe Non Una Di Meno, regrette également que cet argent ne soit pas plutôt utilisé pour "renforcer les plannings familiaux ou les services sociaux vers qui les femmes se tournent quand elles sont en difficulté".

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De son côté, Martina Avanza, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne qui a investigué sur les groupes et militant·es anti-avortement en Italie, remet en perspective : cette mesure n’a rien de nouveau. Entre 2010 et 2015, la Lombardie, une région voisine du Piémont, alors gouvernée par le parti de droite Forza Italia, avait mis en place un fonds similaire permettant d’octroyer entre 100€ et 200€ par mois pendant 18 mois aux femmes enceintes qui renonçaient à l’IVG. "Le fonds a finalement été démantelé par la Ligue [un parti d’extrême droite, NDLR] parce que les rapports montraient que la très grande majorité des femmes qui en profitaient étaient migrantes. Ce qui ne convenait pas à ce parti", explique-t-elle.

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"Attaquer les droits"
Pour Martina Avanza, la mesure mise en place par la région du Piémont est davantage symbolique car les "400.000€ vont très vite s’écouler", explique-t-elle. Mais elle n’en reste pas moins importante. Selon la chercheuse, ces organisations pro-vie tiennent à être "reconnues comme des partenaires parmi tant d’autres qui s’occupent de la grossesse et de l’IVG. Elles deviennent ainsi institutionnelles et acceptables. Tout le monde est d’accord pour dire que si une femme ne veut pas avorter, elle doit pouvoir le faire". Il s’agit d’une méthode "stratégiquement plus intelligente pour attaquer les droits", continue la chercheuse.

La région prévoit la possibilité d’ouvrir des guichets de ces associations - déjà présentes physiquement dans certains hôpitaux - au sein des plannings familiaux publics. "Si cela devient banal de les avoir dans les plannings familiaux, on peut imaginer qu’un jour elles puissent mener les entretiens en vue d’une IVG, par exemple", avertit la chercheuse.

Ce fonds, accordé par le Piémont aux associations pro-vie, s’inscrit donc dans une politique plus globale ayant pour effet de limiter l’accès à l’avortement. En 2020, par exemple, la région avait déjà émis une circulaire interdisant les IVG médicamenteuses dans les plannings familiaux publics, limité aux hôpitaux l’accès est plus lent et compliqué, et insistant sur l’intervention d’associations notamment pro-vie dans les structures hospitalières.

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Dans une interview accordée à l’association pro-vie Pro vita & Famiglia, le conseiller piémontais Maurizio Marrone confiait son ambition de faire de cette région du Nord une cheffe de file des politiques pro-vie. Un pari en passe d’être gagné puisqu’elle en a déjà inspiré d’autres dans le pays.

Plus au sud, la région de la Ligurie va examiner une loi prévoyant des guichets pro-vie dans tous les lieux où sont pratiquées les IVG. Au niveau national, lors de sa campagne Giorgia Meloni avait répété ne pas vouloir supprimer le droit à l’IVG mais s’était, elle aussi, concentrée sur la nécessité de donner des alternatives aux femmes qui veulent avorter pour des raisons économiques.

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Et en Belgique ?
En Belgique aussi des mouvements pro-vie sont présents sur le territoire. L’un d’entre eux, l’association Marche pour la vie, fortement opposée à l’avortement, la gestation pour autrui et à l’euthanasie, organise chaque année des manifestations dans les rues de Bruxelles, dont la dernière date du mois d’avril.

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Tollé après les propos d’Emmanuelle Seigner sur Roman Polanski

20 Octobre 2022, 00:34am

Publié par hugo

 Tollé après les propos d’Emmanuelle Seigner sur Roman Polanski

mardi dernier à 16:04

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Ce dimanche 16 octobre, Emmanuelle Seigner, l’épouse de Roman Polanski depuis 33 ans, a accordé une interview à l’émission 7 à 8, diffusée sur TF1, dans laquelle elle a pris la défense de son mari.

Cette interview, la première qu’elle donne sur ce sujet, avait lieu pour la sortie de son ouvrage, Une vie incendiée, dans lequel elle raconte sa propre version de l’affaire Polanski.

Le réalisateur âgé de 89 ans a fait l’objet de douze accusations de viols et d’agressions sexuelles ces dernières années. Il avait déjà été arrêté et inculpé en 1977 après avoir été accusé d’avoir violé et drogué une adolescente de 13 ans.

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"Treize ans c’est jeune bien sûr, mais c’était une époque très permissive. Le rapport à l’âge a aussi beaucoup changé. À l’époque, on louait la lolita, on la célébrait. Donc moi, ayant commencé ma carrière de mannequin à 14 ans, ça n’était pas une histoire qui me choquait", a réagi Emmanuelle Seigner.

La comédienne a précisé : "Moi quand j’ai connu mon mari, toutes les femmes voulaient coucher avec lui, toutes les jeunes filles voulaient coucher avec lui, c’était un truc de dingue, c’était fou quoi. Il avait 52 ans, il avait l’air d’en avoir 30, il était un grand metteur en scène, donc il attirait énormément et je pense qu’il n’avait besoin de violer personne", a-t-elle affirmé. Elle a également regretté les conséquences sur la carrière de son mari ainsi que sur la sienne.

Ces propos ont fait vivement réagir sur les réseaux sociaux : "Reportage de la honte", "Le déni", "Quelle horreur", peut-on notamment lire sur Twitter.

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Les coupes plus chères pour les femmes dans les salons de coiffure : injuste ou justifié ?

15 Octobre 2022, 00:59am

Publié par hugo

 Les coupes plus chères pour les femmes dans les salons de coiffure : injuste ou justifié ?

13 oct. 2022 à 13:19

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Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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"J’ai l’impression que parce que je suis une femme je dois payer presque deux fois plus qu’un homme alors que selon moi, il n’y a aucune raison", explique Pauline qui s’est rendue au début du mois d’octobre dans un salon de coiffure à Bruxelles.

En voyant les tarifs, elle s’étonne : dans ce salon, pour un forfait "shampoing coupe et coiffage", elle doit payer 96 euros contre 56 euros si elle était un homme.

"Cette différence de prix s’explique"
En posant la question au salon de coiffure, on lui répond que coiffer un homme demande moins de travail, mais aussi que le temps, la manière et les techniques de coiffage sont différents.

Même son de cloche du côté de la Fédération des salons de coiffure, Febelhair. Son vice-président, Patrick Dumont précise aux Grenades : "Les coiffeurs et les coiffeuses ne discriminent bien entendu pas en fonction du genre. Cette différence de prix s’explique par le temps qu’ils consacrent aux client·es. Par ailleurs, j’ai trouvé des salons de coiffure dans lesquels la coupe pour les hommes est plus chère, notamment dans des salons spécialisés dans les coupes masculines. En général, coiffer une femme demande d’utiliser des techniques plus complexes, c’est pour cela aussi qu’il y a une différence dans nos formations. Si on coiffait une femme de la même manière que l’on coiffe un homme, elle reviendrait le lendemain dans le salon pour que l’on rectifie les dégâts !"

Face à ces explications, Pauline se questionne : "Est-ce qu’une différence de technique pourrait vraiment expliquer cette différence de prix ? J’en doute. J’ajouterai aussi que s’il y a une différence de technique ou de temps j’aimerais le savoir et pouvoir faire un choix éclairé sur la technique que je choisis ou le temps et l’argent que je consacre à mes cheveux".

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Que se passe-t-il d’ailleurs quand une femme porte les cheveux courts et qu’un homme porte des cheveux longs ? "Beaucoup de coiffeurs indiquent cette différence entre cheveux longs et cheveux courts dans leurs tarifs. Dans les salons de ma femme par exemple, si un homme vient avec des cheveux longs et demande une coloration, il paiera le même prix qu’une femme qui demanderait la même chose", souligne Patrick Dumont.

Vérifications faites, dans le salon fréquenté par Pauline, il existe bien une différence de tarifs entre cheveux longs et cheveux courts… mais celle-ci est également genrée. Selon les tarifs renseignés par le salon, un homme aux cheveux courts qui demanderait le forfait "shampoing coupe et coiffage" devrait payer 56 euros, une femme qui porte les cheveux courts et qui demanderait le même forfait devrait sortir 81 euros de son portefeuille.

 C’est une discrimination flagrante, je paie plus à cause de mon genre

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"Il y a une discrimination directe sur base du sexe"
En 2019, confrontée aux mêmes questions après avoir été coiffée dans un autre salon de coiffure, Pauline s’était tournée vers l’Institut pour l’Égalité entre les femmes et les hommes.

Contactée par Les Grenades, Véronique De Baets, porte-parole de l’Institut, résume : "Il y a, selon nous, une discrimination directe sur base du sexe. En 2019, la première réaction de l’Institut a été d’envoyer un courrier au salon de coiffure en question leur rappelant la Loi Genre."

La loi du 10 mai 2010 tendant à lutter contre la discrimination entre les femmes et les hommes (dite la "Loi Genre") interdit toute forme de discrimination sur base du sexe, notamment dans le domaine de l’accès et de la fourniture des biens et services accessibles au public. La loi demande d’adapter leurs formules afin de proposer des tarifs neutres sur le plan du genre. Une telle discrimination est susceptible de recours civil et pénal.

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Étant donné qu’il s’agit d’une pratique répandue, l’Institut avait également décidé de prendre contact avec la Fédération des salons de coiffure afin de trouver une solution structurelle. "A la suite des discussions menées avec eux, il s’avère qu’une partie du problème s’expliquerait par une différence du niveau d’imposition entre les coiffeur·euses pour hommes et les coiffeur·euses pour femmes. En effet, le taux d’imposition forfaitaire est différent en fonction du sexe de la clientèle, mais uniquement pour les coiffeur·euses imposé·es forfaitairement. Nous avons contacté le ministre des Finances Vincent Van Peteghem à ce sujet afin qu’il se penche sur la question et élimine cette discrimination au niveau fiscal. Malheureusement, à ce jour nous n’avons pas reçu de réponse positive. Nous avons pu consulter une réponse du ministre à une question parlementaire à ce sujet. Il expliquait qu’apparemment le nombre de coiffeurs imposés sur base forfaitaire était assez faible. Ce n’est donc probablement pas la seule explication à ce phénomène..."

"On considère juste qu’une femme paiera plus pour des services de beauté"
Pour Pauline, une autre explication a émergé de ses démarches : "Je pense que dans notre société on considère juste qu’une femme paiera plus pour des services de "beauté" qu’un homme. On lui fait donc payer plus. C’est une discrimination flagrante, je paie plus à cause de mon genre." Elle regrette amèrement qu’en 2022 "ce type de discrimination si évidente (il suffit de regarder les tarifs des salons) ne soit toujours pas remise en question par les coiffeuse·eurs et les client·es."

Cette différence de prix entre un produit étiqueté "femme" et un produit étiqueté "homme" porte un homme : c’est la taxe rose, régulièrement dénoncée par la page Pépite sexiste.

Pour l’Institut également, les pratiques doivent clairement évoluer afin que chacun·e puisse payer une coupe réellement en fonction du travail que celle-ci nécessite et pas en fonction de son sexe.


La taxe rose ou le sexisme dans le marketing

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Des avocates dénoncent les violences engendrées par la crise de l’accueil

15 Octobre 2022, 00:50am

Publié par hugo

 Des avocates dénoncent les violences engendrées par la crise de l’accueil
La volontaire Seyma Guzel et l’avocate Ana Sofia Walsh devant la porte du Helpdesk.
12 oct. 2022 à 13:40

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8 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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VIOLENCES
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Depuis un an, la Belgique connait une véritable crise de l’accueil. Alors que l’État a le devoir de les loger, les personnes exilées sont laissées à la rue. Plusieurs dizaines d’avocat·es se mobilisent pour défendre les droits des personnes réfugiées, mais les efforts ne suffisent plus pour faire appliquer la justice. Les Grenades donnent la parole à quatre avocates qui témoignent d’une situation jugée inhumaine et intenable.

En matière de droit des étrangers, on compte une majorité de femmes. Parmi elles : Hélène Crokart, Ana Sofia Walsh, Colombe Dethier et Camille Rozada. En plus de leurs dossiers liés aux demandes d’asile, ces quatre avocates s’engagent depuis plusieurs mois à faire respecter la "loi accueil". Entre violence systémique, épuisement psychologique, et colère, elles nous racontent leur réalité de terrain.

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Mercredi 5 octobre, 14h, Quai au bois de construction, à quelques pas du Petit-Château. Au numéro 10, une feuille scotchée sur la porte indique en différentes langues : "Bureau d’assistance juridique". Dans la salle d’attente, plusieurs dizaines d’hommes ; ils viennent de Palestine, d’Érythrée, du Soudan, d’Afghanistan…

Tous ont demandé l’asile en Belgique, certains la veille, d’autres depuis plusieurs semaines déjà. Dans une autre salle, quelques avocat·es pro bono les reçoivent. Des volontaires de l’ONG Vluchtelingenwerk Vlaanderen traduisent les questions formulées en arabe ou pachto vers l’anglais.

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Derrière son ordinateur, Maitre Ana Sofia Walsh écoute, conseille, redispatche les dossiers. Les situations sont plus terribles les unes que les autres, comme celles de ce jeune homme au visage fatigué qui peine à comprendre le traitement que lui réserve la Belgique : "Je viens du Yémen, j’ai fait ma demande d’asile en juin, depuis je dors dans la rue. Il fait froid, la ville est dangereuse, je me suis installé avec d’autres à la gare du Nord. Combien de temps devrais-je encore attendre avant que je puisse être logé ?"

Ils demandent l’asile, pensent être enfin en sécurité et se retrouvent dans la rue…. Il y a beaucoup de désespoir

Des avocat·es volontaires pour faire respecter la justice
Pour comprendre les enjeux des récits racontés derrière la porte de Bureau d’assistance juridique, il faut remonter le fil. "La loi accueil prévoit que les personnes qui enregistrent une demande de protection internationale aient droit à l’aide matérielle, c’est-à-dire notamment à une place dans un centre d’hébergement", rappelle Maitre Hélène Crokart, avocate au barreau de Bruxelles.

Depuis un an, le pays traverse une crise de l’accueil. Fedasil invoque la saturation du réseau et faute de place, les personnes exilées sont laissées à la rue. Face à cette réalité, dès le début de la crise, Maitre Hélène Crokart et d’autres avocat·es ont introduit des requêtes unilatérales au Tribunal du travail en vue de condamner Fedasil à accorder aux personnes réfugiées le droit à l’accueil et à les héberger. À partir de janvier 2022, au sein du Bureau d’Aide Juridique (BAJ) (qui favorise l’accès à la justice en permettant à certaines catégories de personnes de bénéficier de l’assistance gratuite d’un·e avocat·e.), a été mise en place une équipe d’avocat·es volontaires pour prendre en charge ces procédures.

"Dans un premier temps, et ça nous montrait l’hypocrisie du système, dès qu’on obtenait une décision de justice, Fedasil trouvait une place pour les personnes. Cela étant, l’agence a commencé à ne plus exécuter les décisions donc a dû faire intervenir des huissiers pour signifier les décisions de justice et qu’elles deviennent exécutoires. Depuis cet été, nous sommes dans une troisième phase : il y a un refus d’exécuter les décisions de justice même quand elles sont signifiées par un huissier. En outre, Fedasil refuse de payer les astreintes auxquelles elle est condamnée : c’est-à-dire 1.000 euros par jour, par personne qui n’a pas de toit pour la nuit", s’indigne Hélène Crokart.

En première ligne du désespoir
Retour au 10, Quai au bois de construction. Ce "helpdesk" a été créé en avril 2022 pour faciliter le lien entre les personnes réfugiées et les avocat·es volontaires. "À la base, ce sont de gros cabinets d’affaires qui ont proposé leur aide pour l’accueil des réfugié·es Ukrainien·nes mais comme ce public reçoit une protection temporaire dès leur arrivée, l’aide s’est concentrée ici près du Petit Château pour tous les autres demandeurs d’asile", explique Ana Sofia Walsh.

Dans la salle, le flux est continu. "Les mauvais jours, nous recevons 75 nouvelles personnes et 50 autres qui cherchent à savoir où en est leur dossier. Mais 75 nouvelles personnes, ça veut dire 75 nouvelles personnes dans la rue", souffle l’avocate d’une trentaine d’années. Concrètement, lors de la permanence, les personnes exilées s’enregistrent et ensuite un·e avocat·e parmi l’équipe de volontaires du BAJ est désigné·e pour introduire la procédure au Tribunal du travail. Plus de 3500 dossiers ont déjà été déposés. Actuellement, le délai entre le moment où la décision est signifiée par le Tribunal du travail et le moment où Fedasil propose une place d’hébergement serait de 6 à 8 semaines en moyenne. Autant de temps sans solution de logement.

J’ai des clients qui dorment dans la rue depuis deux mois. Les gens nous envoient des photos d’eux meurtris, ils nous racontent les violences qu’ils subissent

À savoir, les mineur·es, les femmes et les familles étant considérées comme vulnérables, ce public est logé en priorité, dès lors, la grande majorité des laissés-pour-compte sont des hommes seuls.

Face à la détresse, il est parfois compliqué de garder la tête froide. "Franchement, c’est dur moralement. Ces personnes ont fui leur pays pour de très bonnes raisons, ils ont un trajet migratoire souvent atroce. Les gens arrivent après de multiples traumatismes. Ils demandent l’asile, pensent être enfin en sécurité et se retrouvent dans la rue…. Il y a beaucoup de désespoir", témoigne Ana Sofia Walsh.

La colère monte
Du côté de la deuxième ligne aussi, la pression est parfois insupportable. Hélène Crokart, Colombe Dethier et Camille Rozada font partie de l’équipe de volontaires du BAJ et se sentent démunies face à la situation.

"Pour nous rendre plus accessibles aux demandeurs d’asile, nous avons accepté de donner nos numéros de téléphone privés pour pouvoir communiquer via WhatsApp, mais c’est un gouffre d’énergie et de culpabilité d’avoir cet échange de proximité tellement important. Au début, ça allait parce qu’on obtenait des places rapidement après les condamnations, mais là j’ai des clients qui dorment dans la rue depuis deux mois. Les gens nous envoient des photos d’eux meurtris, ils nous racontent les violences qu’ils subissent… Ne pas leur répondre, c’est horrible, mais leur répondre qu’il n’y a pas de nouvelles, c’est difficile aussi… ça devient vraiment compliqué à gérer. Parfois, ça donne envie d’arrêter", confie Maitre Colombe Dethier.

Maitre Camille Rozada abonde dans le même sens : "En droit des étrangers, généralement quand on défend des clients, ils et elles sont dans des centres, mais là, nous sommes leur seule personne de référence. Les messages sont incessants, le matin, le weekend, la nuit… Les justiciables demandent pourquoi ils ne sont pas logés, pourquoi ça prend autant de temps ? C’est dur de leur expliquer que nous faisons tout notre possible, mais que malgré ça les décisions ne sont pas exécutées. Aussi, ils nous envoient des selfies dans des conditions épouvantables. Avant-hier encore, un client m’a transféré plusieurs photos de blessures infectées en m’écrivant à quel point il est mal. Je ne leur en veux pas à eux bien sûr, mais je suis en colère contre l’institution."

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La réalité du stress vicariant
Hélène Crokart a été l’une des premières à se mobiliser pour faire respecter la justice, mais aujourd’hui, elle craque. "J’ai été diagnostiquée pour burn-out, mais mon épuisement est clairement lié à la charge mentale et émotionnelle des récits des justiciables, au stress vicariant."

Lauraline Michel travaille au sein du collectif OXO à la prévention du traumatisme vicariant (aussi connu comme traumatisme par procuration). Ce vendredi 7 octobre, elle co-animait un après-midi de formation à destination des avocat·es. Elle explique : "Lorsqu’un·e professionnel·le est exposé·e de manière répétée et continue à des personnes en souffrance, et ce, sans mesures de protection, il est possible de développer un trauma par procuration, un traumatisme secondaire."

Les femmes étant majoritaires à travailler en droit des étrangers, elles sont plus nombreuses à être potentiellement à risque. "Il faut par ailleurs tenir compte du continuum des violences, comme une femme sur trois a vécu des violences, le risque est également plus élevé pour les femmes de réactiver ce vécu en écoutant des violences subies chez les personnes qu’elles accompagnent."

Un risque encore augmenté par le fait que contrairement aux travailleuses sociales, les avocates, bien qu’elles soient confrontées quotidiennement à des récits complexes, ne bénéficient ni de supervision ni de lieux de réflexion autour leur pratique "Aussi, dans le cadre de la crise de l’accueil, en plus du potentiel traumatisme secondaire, il y a des risques de traumatismes primaires en raison de la violence institutionnelle qu’elles subissent ; à la fois, elles ne sont pas reconnues par l’État pour leur travail, mais les avocates d’une certaine manière doivent prendre part à ce système violent – par exemple, en mettant elles-mêmes dehors des personnes, en se sentant démuni·es face à des personnes en grand danger les implorant de les aider plus, ou devenant violentes…", ajoute Lauraline Michel.

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Un futur incertain
En attendant une réponse politique, c’est armées de courage et de détermination que les avocates luttent contre le sentiment d’impuissance et continuent de défendre ceux dont les droits ne sont pas respectés. Depuis quelques semaines, c’est à présent vers la Cour européenne des droits de l’homme qu’elles se tournent pour faire avancer les dossiers.

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L’ordre Français des avocats du barreau de Bruxelles a par ailleurs co-signé une feuille de route à destination des politiques comportant des mesures urgentes pour faire face à la situation, mais également des mesures à plus long terme.

"L’épuisement général s’installe à tous les niveaux. Non seulement l’État belge viole ses obligations internationales, mais il viole l’État de droit, en ne se conformant pas aux décisions de justice rendues. Cette situation inacceptable et honteuse ne peut plus durer", indique le communiqué.

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"Il est vraiment urgent que la Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Nicole de Moor crée massivement des places supplémentaires. Je ne comprends pas comme les dirigeant·es peuvent laisser les personnes dans cette situation, vraiment je ne comprends pas", conclut Hélène Crokart.

Petit Château : aider les demandeurs d’asile à se laver – JT 28/08/2022

Petit château : aider les demandeurs d asile à se laver
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