Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

les grenades rtbf

À Bruxelles, les femmes au cœur de la solidarité après le séisme en Turquie et en Syrie

11 Mars 2023, 23:31pm

Publié par hugo

  À Bruxelles, les femmes au cœur de la solidarité après le séisme en Turquie et en Syrie

© Tous droits réservés

hier à 11:55

Temps de lecture
5 min
Par Sarra El Massaoudi pour Les Grenades
Les Grenades
Belgique
Monde
Regions Bruxelles
Monde Moyen-Orient
Accueil
Séisme en Turquie et en Syrie
Solidarité
FEMME
Séisme en Turquie et en Syrie
PARTAGER


Des pantalons, des pulls, des vestes, toujours plus nombreux à arriver dans de grands sacs. Celui-ci contient des vêtements pour enfants. Il est envoyé à un stand de l’autre côté de la salle. Un groupe de jeunes y trie les habits reçus ce matin. Pas de tâche ni de trou, alors cette petite chemise est soigneusement pliée et posée dans un carton déjà bien rempli. Un carton qui en rejoindra d’autres, beaucoup d’autres, dans un camion en partance pour la Turquie.

Le 6 février dernier, le pays et son voisin, la Syrie, sont frappés par un violent tremblement de terre en plein milieu de la nuit. Un mois plus tard, plus de 50.000 personnes ont perdu la vie, plus de 105.000 personnes sont blessées et les dégâts matériels dépassent les 100 milliards de dollars, selon l’ONU.

A Bruxelles, quelques heures suffisent pour qu’un élan de solidarité voit le jour. Des associations de quartier lancent des appels aux dons et organisent leur acheminement jusqu’aux régions touchées par le séisme. En parallèle, sur demande du conseiller communal Sevket Temiz (PS) et avec l’accord du bourgmestre de la Ville de Bruxelles, le Palais 11 du Heysel est mis à disposition du consortium "Aide pour la Turquie".

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Sur place, la masse de dons est impressionnante, comme le nombre de personnes venues apporter leur aide. "Nous avons eu jusqu’à mille bénévoles par jour", détaille Ugur Caliskan, chargé de communication pour le consortium. Très vite, le mouvement s’organise. Des dizaines de stands sont créés pour trier au mieux l’aide matérielle offerte par des particuliers et des entreprises.

La grande majorité se charge des textiles : vêtements pour femmes, hommes et enfants. Certaines équipes s’occupent des dons alimentaires, d’autres des appareils électroniques. "En moins d’une semaine, nous avons fait partir quarante-neuf semi-remorques et deux avions cargos. Près de cinquante tonnes de vêtements d’hiver ont été transportées."


© AFP
À lire aussi
Le bilan des séismes en Turquie pourrait être largement sous-estimé

Une forte présence des femmes
Une aide considérable, fruit d’un long travail de tri, notamment fourni par des femmes. Elles représentent plus de la moitié des bénévoles qui ont donné de leur temps au Palais 11. "Je pensais ne rester que deux ou trois jours. Finalement, j’ai aidé pendant plus de deux semaines. Il y avait tellement de dons, on ne se rendait pas compte de l'ampleur du travail nécessaire pour tout trier, emballer et envoyer", raconte Nazife (prénom d’emprunt), qui préfère rester anonyme pour ne pas se mettre en avant "alors qu’on est tellement nombreuses à s’être relayées". Comme d’autres, elle a découvert l’initiative sur les réseaux sociaux et n’a pas hésité une seconde à apporter son soutien.

Certaines ne parlent pas français mais on se débrouille

Un soutien parfois à temps plein : si les équipes sont logiquement plus nombreuses après les heures de bureau et les week-ends, certaines bénévoles sont présentes dès 10h du matin et jusqu’à 21h. "J’ai délaissé ma maison et mon travail. Je suis indépendante donc j’ai pris des congés sans soldes auprès de mes client·es."

A la maison, c’est son mari qui prend le relai. "J’ai eu de la chance à ce niveau-là", précise-t-elle en riant. D’autres femmes adaptent leur engagement à l’horaire de leurs enfants. Elles arrivent après les avoir déposés à l’école, s’éclipsent à la sortie des cours et reviennent ensuite avec eux. "Je salue leur courage ! Et souvent, leurs enfants triaient aussi."

À lire aussi
Solidarité en temps de pandémie: une affaire genrée ?

Et les mères de famille ne sont pas les seules à se mobiliser. Les plus jeunes générations donnent aussi de leur temps.

C’est le cas de Betül, une étudiante de 19 ans. "C’était la semaine blanche, juste après les examens, donc on n’a pas raté trop de cours avec mon frère. On s’organisait pour ne pas trop tarder parce qu’on avait quand même quarante minutes de trajet. Et on rattrapait les cours qu’on avait ratés le soir.” Des journées chargées qu’elle ne regrette nullement. La jeune femme a besoin de se sentir utile. “Ça m'a vraiment touchée parce que c’est la première fois que je vis un événement aussi dramatique. Aider à trier nous soulageait parce qu’on est loin de la zone concernée et qu’on ne pouvait pas faire grand-chose d’autre."


© AFP
"Ça réchauffe le cœur"
D’abord perdue devant l’agitation des centaines de bénévoles, Betül devient rapidement responsable du stand pour bébés. Elle y croise des dizaines de visages, dont certains très inquiets pour les membres de leurs familles vivant en Turquie. "Je me souviens d’une dame qui s’arrêtait tout le temps pour regarder son téléphone au cas où elle aurait des nouvelles de ses parents. J’avais la chair de poule en la voyant."

Je ne m’attendais pas à rencontrer autant de femmes et à assister à un tel élan de solidarité. C’est très émouvant

Les premiers jours, les nouvelles des victimes sorties en vie des décombres donnent de l’espoir aux bénévoles. Les encouragements sont permis. Mais plus le temps file et plus l’optimisme cède du terrain. "Après une semaine, on ne savait plus quoi dire, c’était triste de voir qu’il n’y avait plus d’espoir."

À lire aussi
Séismes en Turquie et en Syrie : trois survivants retrouvés sous des décombres

Du côté du stand alimentaire, Nazife fait la connaissance d’une autre volontaire sans nouvelles de ses parents. "Elle a pleuré à chaudes larmes pendant trois jours." Présente malgré l’inquiétude et la douleur, la malheureuse est réconfortée par ses collègues bénévoles. "L’ambiance était très chaleureuse. Ça réchauffe le cœur de voir des personnes qui ne sont pas directement concernées par le séisme se mobiliser pour nous soutenir."

Parmi les centaines de petites mains au grand cœur, beaucoup de Turques et de Syriennes, mais pas seulement. Des volontaires, seules ou avec leur association, originaires du Maghreb, d'Afrique sub-saharienne et d'Asie. "Il y avait des femmes d'Azerbaïdjan, du Pakistan. Certaines ne parlent pas français mais on se débrouille."

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Des Bruxelloises d’origine palestinienne et marocaine ont aussi répondu à l’appel. "Dimanche, nous avons eu la surprise de voir des femmes belgo-marocaines apporter de la soupe et du couscous pour soutenir les bénévoles", explique Ugur Caliskan.

Au-delà de l’aide considérable apportée aux victimes directes du tremblement de terre, le Palais 11 a été le théâtre d’une entraide globale, avec et entre les bénévoles. Deux semaines après la fermeture du lieu au consortium "Aide pour la Turquie", Nazife est toujours aussi impressionnée : "Je ne m’attendais pas à rencontrer autant de femmes et à assister à un tel élan de solidarité. C’est très émouvant. Moi qui ai déjà été bénévole, je n’avais jamais vu ça."

Séisme en Syrie : la mobilisation en Belgique

Séisme en Syrie : la mobilisation en Belgique
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement


Connectez-vous
Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/a-bruxelles-les-femmes-au-coeur-de-la-solidarite-apres-le-seisme-en-turquie-et-en-syrie-11165188

Voir les commentaires

Journée de lutte pour les droits des femmes : quelque 5.000 personnes dans les rues de Bruxelles

10 Mars 2023, 04:15am

Publié par hugo

  BELGIQUE

Journée de lutte pour les droits des femmes : quelque 5.000 personnes dans les rues de Bruxelles
Journée de lutte pour les droits des femmes : quelque 5.000 personnes dans les rues de Bruxelles
© Tous droits réservés

mercredi dernier à 20:41

Temps de lecture
1 min
Par Belga, édité par Marine Lambrecht
Belgique
Regions
Regions Bruxelles
Les Grenades
Info
Actualités locales
Accueil
Manifestation
Droits des femmes
PARTAGER


Environ 5.000 personnes se sont rassemblées à Bruxelles pour une marche dans le cadre de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes mercredi, selon un décompte de la zone de police Bruxelles-capitale/Ixelles. Un chiffre de fréquentation similaire à la manifestation de 2022.

Cette année, le réseau mondial féministe de la Marche mondiale des femmes a décidé de mettre l’accent sur les violences économiques qui touchent les femmes, dans cette période de crise énergétique et du pouvoir d’achat.

"Les femmes se retrouvent économiquement dépendantes de leur partenaire et en situation de précarité (en raison des) politiques économiques de l’État", dénonce l’organisme.

À lire aussi
Journée de lutte pour les droits des femmes : tous les alliés ont la possibilité de s’investir dans cette journée de grève, insiste le Collecti.e.f 8 maars

Soutien aux femmes sans-papier
Plusieurs femmes, issues de différentes associations, de comité ou de syndicats, ont pris la parole sur scène avant le début de la marche. Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, a notamment salué la Belgique et sa position contre les violences sexistes et sexuelles tout en précisant que le chemin était encore long avant une égalité entre femmes et hommes.

D’autres femmes ont également plaidé pour un soutien aux femmes congolaises ou aux femmes sans-papiers en Belgique, en soulignant leur situation précaire.

La marche mondiale des femmes a plaidé pour des mesures face à la crise énergétique, qui intègrent une dimension genrée et qui "bénéficient autant aux femmes qu’aux hommes" ainsi que pour "des mécanismes de financement publics (suffisants et pérennes)".

Parmi les participants, de nombreuses associations et collectifs étaient mélangés, mais tous partageaient la même revendication : l’égalité entre femmes et hommes. D’autres manifestations ont eu lieu dans d’autres villes, comme à Namur où 200 personnes se sont rassemblées ce 8 mars.


https://www.rtbf.be/article/journee-de-lutte-pour-les-droits-des-femmes-quelque-5000-personnes-dans-les-rues-de-bruxelles-11164296

Voir les commentaires

Au mois de mars, le théâtre de l’Ancre célèbre les femmes et leur créativité

6 Mars 2023, 04:23am

Publié par hugo

 REGIONS HAINAUT

Au mois de mars, le théâtre de l’Ancre célèbre les femmes et leur créativité

© L’Ancre

14 févr. 2023 à 15:45 - mise à jour 14 févr. 2023 à 15:56

Temps de lecture
2 min

Depuis trois ans maintenant, le théâtre de l’Ancre organise un Focus autobiographique Me, Myself & I mettant en valeur des pièces semi-fictionnelles, inspirées directement de la vie de leurs créateurs. Cette année le petit festival se déroule du 9 au 31 mars, une période imprégnée de la lutte pour les droits des femmes. À cette occasion, la thématique de cette année "Paroles de Femmes" met en valeur le travail de trois autrices, metteuses en scène et actrices. Leur donner de la voix est un enjeu capital pour le théâtre…

La question de la place des femmes dans la société est non seulement primordiale mais aussi transversale car elle met en évidence un ensemble de questions de société qui touchent les femmes : la précarité, la sexualité, la transmission, l’éducation, les stéréotypes de genre, la charge mentale, la charge domestique… La question des femmes est centrale et vient pointer une multitude d’inégalités entre femmes-hommes, mais aussi des inégalités au sens large dans la société.

explique Géraldine Renna, du service médiation de L’Ancre

La première pièce, ALZHEIMER PROJECT, création d’Angèle Baux Godard entraîne les spectateurs sur le chemin difficile de la maladie. Dans le cadre intimiste de la relation à sa grand-mère, la pièce aborde avec douceur et poésie la transmission intergénérationnelle entre femmes.
"Face à sa grand-mère, Ma Mich’, atteinte d’Alzheimer, une jeune femme mène l’enquête. Elle rêve de comprendre son charabia, le Grommelot. Espiègle et révoltée, elle lui raconte ses recherches, questions, angoisses, découvertes et extrapolations."
La deuxième pièce, WOW (ÇA SUFFIT !), déjà complète, aborde les violences conjugales et avec elle, les masculinités. Sa créatrice, Sylvie Landuyt seule en scène et en musique interroge le genre et ses clichés.
Enfin, la troisième pièce, SEXPLAY tape un grand coup, et balaie d’un coup de pied les tabous sur la sexualité féminine. Camille Husson entraîne le public au fil de son histoire semi-romancée, de ses premières idylles maladroites à la recherche active d’une sexualité épanouissante, jouissante et "empouvoirante". Le spectacle est lauréat du Label I.M.P.A.C.T. (ancien Label d’Utilité Publique) qui récompense des pièces de théâtre traitant d’un thème d’actualité ou de société.
En résonance aux spectacles, une série d’activités sont également proposées en collaboration avec la plateforme Femmes de Mars, le Vecteur et le BPS22. Au programme : table-ronde sur la place des femmes dans l’art, lectures citoyennes, création de fanzine… Tant d’occasions d’apprendre et de dialoguer sur la place des femmes dans nos sociétés.


https://www.rtbf.be/article/au-mois-de-mars-le-theatre-de-lancre-celebre-les-femmes-et-leur-creativite-11152536

Voir les commentaires

Inauguration d’une deuxième stèle à la mémoire des victimes de féminicide en Belgique : "Ce fléau continue"

1 Mars 2023, 00:36am

Publié par hugo

 Inauguration d’une deuxième stèle à la mémoire des victimes de féminicide en Belgique : "Ce fléau continue"

© Tous droits réservés

27 févr. 2023 à 08:24

Temps de lecture
4 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
Les Grenades
Belgique
Regions
Regions Hainaut
Info
Actualités locales
Accueil
Espace public
Monument
Féminicide
Violences faites aux femmes
PARTAGER


Le numéro gratuit pour les victimes de violences conjugales est le 0800 30 030.

Publicité

Après l’installation d’une première stèle à la mémoire des femmes victimes de féminicide en 2021 à Tournai, un nouveau monument sera inauguré ce 9 mars 2023 à Quaregnon, à l’initiative de l'autrice et metteuse en scène belge Céline Delbecq.

Ce projet émerge en effet de la pièce Cinglée, qu’elle a créée en 2019 au sein de sa compagnie théâtrale La Bête Noire, et qui traite des féminicides. "Dans la pièce, le personnage se rend compte, petit à petit, de l’ampleur du massacre en cours en Belgique. Et cela rend vraiment ‘cinglée’… dans la scénographie, on l’a montré avec un sol qui se fissure de plus en plus, jusqu’à se fracturer complètement pour laisser la place à deux stèles sur lesquelles sont inscrits les noms des femmes victimes de féminicides en Belgique", explique-t-elle aux Grenades.


Un projet collectif
La pièce tournait encore lorsque le covid a entrainé son annulation. "A ce moment-là, on a commencé à lire et entendre que le confinement entrainait une hausse des violences faites aux femmes… j’ai envoyé un message à la Maison de la Culture de Tournai, qui soutient la pièce depuis le début, en parlant d’un monument à la mémoire des victimes de féminicide. Ils ont répondu positivement. Je ne pensais pas du tout cela possible ! C’est important de dire que, sans les partenaires, rien ne bouge. C’est un projet collectif. Ils m’ont aidée avec les contacts, notamment politiques et associatifs. Ils ont rendu ce projet possible. Cela n’arrive pas souvent que la culture, l’associatif et la politique travaillent ensemble, il faut le souligner. A Quaregnon, nous sommes aidées par le comédien Sébastien Bonnamy qui défend beaucoup la place de la culture dans le Borinage. Le projet rassemble aussi ces différents acteurs puisque les partenaires sont la Commune de Quaregnon, la Maison Culturelle de Quaregnon, MARS, le Réseau VIF Borain, etc."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

La pièce que Céline Delbecq et Sébastien Bonnamy interprètent à deux, Les Yeux Noirs, qui s’intéresse à la violence intrafamiliale, sera d’ailleurs jouée le 8 mars 2023 au Centre Culturel de Quaregnon. "Dans mes spectacles, et dans ma vie aussi, je plonge dans des thèmes difficiles… dans des abîmes sociétaux, dans tout ce qui dysfonctionne", ajoute la comédienne.

À lire aussi
Dans le monde, les violences envers les femmes explosent depuis la pandémie

Les stèles installées à Tournai et (bientôt) à Quaregnon sont inspirées de la scénographie de la pièce de théâtre Cinglée : il s’agit d’un morceau fracturé sur lequel sont à chaque fois gravés 100 noms des victimes de féminicide.

"La fracture dans la stèle signifie l’incomplétude de cette liste, le fait que tous les noms n’y retrouvent pas, et aussi que ce fléau continue… Lorsque nous avons inauguré celle de Tournai, 50 autres femmes avaient été tuées depuis le moment de la construction du monument. Nous avons été obligées d’amener une fausse stèle, en papier, le jour de l’inauguration pour terminer la liste, et ne pas oublier ces femmes. Pour la nouvelle stèle de Quaregnon, deux nouveaux féminicides ont déjà eu lieu depuis la fin de sa construction. On dirait bien qu’on aura besoin d’un troisième monument, ce qui ne me fait pas particulièrement plaisir", précise Céline Delbecq.

Il faut lever la honte. Il faut en parler, en utilisant les bons mots


© Tous droits réservés

© Tous droits réservés

© Tous droits réservés
"C’est un problème de société"
Les féminicides ne sont toujours pas recensés en Belgique, même si un projet de loi entend les définir et les comptabiliser. "Nous faisons nos propres recherches pour trouver les noms de ces femmes, et nous nous rendons bien entendu sur le blog Stop Féminicide, qui recense les féminicides en Belgique à partir des articles de presse. Malheureusement, certaines d’entre elles ne sont identifiées que par leur prénom ou leurs initiales sur les stèles, car on n’en sait pas plus en lisant les articles. Il y a aussi la manière dont ces affaires sont racontées dans la rubrique des faits divers ! Dans le dernier article que j’ai lu concernant un féminicide, on parle d’une ‘dispute’, alors que la victime a été battue à mort ! On parle aussi souvent dans la presse de drame familial et de crime passionnel. Ce n’est pas un problème de famille, c’est un problème de société", s’insurge la comédienne.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

D’où l’importance d’inscrire ces monuments dans l’espace public. "On veut rendre cette question visible de tous et toutes. A Tournai, il y avait la possibilité de poser la stèle dans un cimetière, mais cela n’a pas été retenu. En termes de message et de symbole, c’est très différent de les mettre au milieu de la mort ou au milieu de la vie. Nous voulons que ces stèles soient au milieu du vivant. La stèle se compose aussi d’un banc et je sais qu’à Tournai, des ados viennent y manger leur sandwich sur le temps de midi. On aime beaucoup cette idée, il faut mettre ces stèles dans des lieux de passages, qu’elles soient vues, qu’on puisse se les réapproprier."


© Tous droits réservés
À lire aussi
Le féminicide bientôt reconnu par une loi en Belgique

Céline Delbecq est en contact avec plusieurs familles de victimes, qui sont mises au courant de l’initiative, et qui viennent aux inaugurations. "Je pense que tout le monde devrait venir. Les enfants aussi ! C’est un problème de société, nous avons tous et toutes notre responsabilité dans ce système, auquel on participe. Notre système fabrique ces agresseurs. Il faut lever la honte. Il faut en parler, en utilisant les bons mots", poursuit-elle. Une troisième stèle pourrait être bientôt installée à Bruxelles, et une quatrième en Flandre.

En Belgique, selon le blog Stop Féminicide, au moins 3 féminicides ont eu lieu en Belgique depuis le début de l’année 2023. En 2022, au moins 24 féminicides ont été comptabilisés.

Plus d’informations pratiques sur l’inauguration du 9 mars.


https://www.rtbf.be/article/inauguration-dune-deuxieme-stele-a-la-memoire-des-victimes-de-feminicide-en-belgique-ce-fleau-continue-11158988

Voir les commentaires

"L’intersectionnalité n’est pas un frein, ni une menace pour le féminisme"

27 Février 2023, 04:09am

Publié par hugo

 "L’intersectionnalité n’est pas un frein, ni une menace pour le féminisme"

© Getty Images

21 févr. 2023 à 20:38

Temps de lecture
5 min
Par Noura Amer*, une carte blanche pour Les Grenades
Les Grenades
Opinions
Féminisme
Racisme
Décolonisation
Intersectionnalité
PARTAGER


Toutes les féministes ont des appartenances multiples qui modulent leurs identités, leurs visions du monde et par conséquent leurs féminismes. Qu’on soit issues des groupes majoritaires ou minoritaires, nous sommes toutes concernées par les débats tendus sur ces appartenances et qui dépassent souvent la question des droits des femmes.

Publicité

La diversité dans le féminisme est historique. Selon Laurence Klejman (1989), le féminisme est un mouvement politique, social et intellectuel qui semble irréductible aux définitions et qui a fait son chemin malgré l’absence d’un texte fondateur commun.

Pour Louise Toupin (1998), comme tout mouvement social, le mouvement féministe est traversé par différents courants de pensée. Chacun à sa façon, ces courants s’interrogent sur les causes de la subordination des femmes, les expressions de cette subordination et les stratégies de changement. Ces courants ont eu des métamorphoses en leur sein amenant une diversité encore plus grande.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Pour toutes les femmes ?
En Belgique, selon Catherine Jacques (2009), les premières féministes tentent de se positionner au-dessus des luttes des partis et de former un front susceptible d’attirer toutes les femmes. Mais cet espoir se heurte très vite aux réalités politiques et aux luttes qui s’exacerbent à la fin du 19e siècle. En dépit de ces efforts, le féminisme se divise selon les trois partis traditionnels et présente dès le début du 20e siècle un courant laïque et libéral, un courant catholique et un courant socialiste avec des changements qui ont eu lieu en leur sein évidemment et de nouveaux courants qui se sont ajoutés.

La diversité dans le féminisme est historique

Dans les années 70, et selon Louise Toupin, les grandes traditions de pensée féministes ont été ébranlées par des critiques fondamentales comme celle du Black Feminism. Ces féministes noires, fondatrices de l’approche intersectionnelle, ont expliqué que ce qui était fondamental pour elles, dans la compréhension de leur oppression, n’était pas seulement dans les classes sociales et le sexisme mais dans le racisme. Les féministes ont ainsi été poussées à sortir, dans leurs analyses de l’oppression, du duo sexe/classe au trio sexe/classe/race et ensuite, grâce à la contribution des lesbiennes noires américaines le quatuor sexe/classes/race/homophobie est formé.

De leur côté et dans la même période, les approches postcoloniale et décoloniale s’inscrivent dans la production de savoirs critiques du colonialisme et de ses effets, aussi bien matériels que symboliques. Ils apportent une compréhension de l’imbrication des différentes formes d’oppression des femmes, appréhendées dans leurs contextes sociopolitiques spécifiques (Essyad, 2018).

À lire aussi
Un peu racistes, les féministes?

L’intersectionnalité, une menace pour le féminisme ?
C’est donc cette "nouvelle" diversité dans le féminisme qui semble poser un problème. On pointe surtout du doigt l’intersectionnalité comme une menace ultime de l’unité féministe et un retour en arrière pour les droits des femmes. Mais qu’est-ce que l’intersectionnalité ?

C’est la juriste américaine Kimberlé Crenshaw qui introduit le terme en 1989. Cependant, plusieurs militantes, comme Patricia Hill Collins, bell hooks et Leila Gonzalez avaient déjà parlé de cette position particulière des femmes à l’intersection de plusieurs catégories défavorisées. L’intersectionnalité est une critique à la fois de l’antiracisme et du féminisme en montrant leur incapacité à ouvrir un espace aux sujets politiques minoritaires en leur sein.

En tant que féministes, nous gagnerons à interroger la manipulation de certains concepts par des courants identitaires et conservateurs

Pour Crenshaw, "L’impuissance du féminisme à interroger la race aboutit à des stratégies de résistance qui trop souvent reproduisent et renforcent la subordination des gens de couleur, tandis que l’impuissance de l’antiracisme à interroger le patriarcat se traduit par la reproduction trop fréquente de la subordination des femmes au sein de ce courant".

Le féminisme intersectionnel n’est donc pas le multiculturalisme, ni la diversité et encore moins la tolérance. C’est une grille de lecture qui tient compte des oppressions multidimensionnelles et simultanées et qui guide les actions pour y répondre.

À lire aussi
"Pensée féministe décoloniale" : 15 autrices d’une grande richesse

L’intersectionnalité, une approche inévitable ?
La notion d’intersectionnalité politique, avancée par Crenshaw (2005), nous éclaire sur cette position spécifique et difficile de certaines femmes à l’intersection de plusieurs appartenances et de plusieurs discriminations. C’est une position particulière dans au moins deux groupes subordonnés qui poursuivent des objectifs politiques souvent contradictoires et qui oblige l’individu à cliver son énergie politique entre deux projets parfois antagonistes.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Selon Longman et Coene (2010), l’intersectionnalité fait ressortir la position identitaire plurielle, les conflits de loyauté et les dilemmes que génère l’émancipation des femmes des minorités. Elles doivent en effet faire face au racisme et aux discriminations de la société dominante (enseignement, emploi…), mais aussi à une oppression spécifique au genre au sein de leur propre groupe ou communauté.

Dans ce sens, l’intersectionnalité ne peut pas être un frein ni une menace pour le féminisme, au contraire, c’est une approche inévitable et utile qui donne des outils pour comprendre une situation complexe et d’y faire face. C’est une approche intéressante pour toutes les femmes car elle permet de comprendre l’égalité des genres dans une approche dynamique (Nader, 2006) en lien avec les relations intergroupes et leur conséquence sur les droits des femmes.

À lire aussi
"En finir avec la rivalité féminine" : s’approcher d’une sororité bienveillante

Pour Sonia Dayan-Herzbrun (2009), il faut sociologiser la domination des hommes sur les femmes et l’inscrire dans la complexité des rapports de hiérarchie, de soumission, de dépendance et d’exploitation qui lient les groupes humains (relations de classes, de clans ou d’ethnies, de groupes d’âge, de service ou de clientèle, et de ce qui s’est joué et se joue encore entre le Nord et le Sud depuis les entreprises coloniales).

De ce fait, en tant que féministes, nous gagnerons à interroger plutôt les tensions et les motivations qui sous-tendent le débat sur la diversité dans le féminisme actuellement et la manipulation de certains concepts par des courants identitaires et conservateurs au sein des groupes majoritaires comme minoritaires.

Notre intérêt à toutes est de garder le cap et d’unir nos forces dans la diversité des approches, chacune dans son contexte, dans ses cercles d’influence, des plus étroits aux plus larges.

À lire aussi
Michelle Perrot et Wassyla Tamzali : "Les féministes d’aujourd’hui sont formidables"

*Noura Amer est présidente d’AWSA-Be asbl et doctorante en psychologie sociale et interculturelle.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/lintersectionnalite-nest-pas-un-frein-ni-une-menace-pour-le-feminisme-11156289

Voir les commentaires

Folklore et traditions : où sont les femmes ?

27 Février 2023, 04:01am

Publié par hugo

 Folklore et traditions : où sont les femmes ?

© Tous droits réservés

21 févr. 2023 à 10:20 - mise à jour 21 févr. 2023 à 10:30

Temps de lecture
5 min
Par Maxime Maillet
Vivre ici - Gens d'ici
Regions Hainaut
Regions Liège
Regions Namur
Regions Luxembourg
Hainaut Matin
Liège Matin
Namur matin

Vivacité
Luxembourg Matin

Vivre Ici
Les Grenades
Info
Actualités locales
Accueil
Droits des femmes

Télésambre
Antenne Centre
Télé MB

Matélé
PARTAGER


En cette période de carnaval, on peut s’interroger sur la place des femmes dans nos traditions: le folklore est-il sexiste ? D’après La Libre, sur les 42 activités reconnues comme patrimoine immatériel (carnavals, marches folkloriques, etc.) en Fédération Wallonie-Bruxelles, 22 excluent totalement les femmes. Dans d’autres activités, elles sont timidement intégrées ou reléguées à des rôles subalternes ou de soutien aux hommes.

Publicité

Malgré tout, le folklore est bien vivant: il évolue et se transforme lentement, mais surement. Vivre Ici pointe certaines avancées dans la représentation des femmes dans notre patrimoine.

Ladies Binchoises (Binche)

© Tous droits réservés
Au Carnaval de Binche, les femmes n’ont pas le droit de défiler avec le cortège des Gilles, mais jouent un rôle clé – même si secondaire et privé – dans la préparation de leurs proches. "Le matin, sa place est primordiale lors de l’habillage du Gille : c’est elle qui met le grelot, la barrette et le mouchoir du cou, c’est elle qui aussi tient le masque du Gille lorsqu’il ne le porte pas" expliquait en 2020 Daniel Pourbaix, vice-président de l’association de défense du folklore binchois à la RTBF. " C’est elle qui va entretenir son Gille durant toute la journée. "

A voir : les chapeaux des dames au Carnaval de Binche (2018)

En 2017, des amoureuses du carnaval ont créé la première société composée uniquement de femmes : les Ladies Binchoises. Elles défilent le Lundi Gras – veille du jour des Gilles. "Pas pour faire de l’ombre au Gille, juste pour s’amuser entre femmes" précisait Joelle Brison, présidente de la société interrogée en 2017. Les plus conservateurs n’ont pas trop apprécié cette nouvelle société. "On peut très bien s’occuper correctement d’un Gille, mari ou enfant, et s’offrir un jour de joie le lundi gras, pour soi et pour la femme."

Les Gilles de Binche ne sont pas les seuls à refuser les femmes. Les Blancs Moussis, eux aussi, n’accueilleront " jamais " de femmes en leur rang, avait déclaré en 2019 le grand maître de la confrérie. Le motif : à la base de la tradition, on retrouve une confrérie de moines – pas de femmes donc.

A l’inverse, le carnaval de Charleroi autorise les femmes à être Gille du Pays Noir. De même, d'autres carnavals accordent aux femmes une place importante. C’est le cas au Cwarmê de Malmedy où les femmes prennent une place de plus en plus importante, en plus de revêtir le costume des stars du cortège : les Haguètes.

À lire aussi
Au carnaval de Charleroi, Nancy fait le Gille depuis 1986

Deux femmes au Doudou (Mons)

© Tous droits réservés
La Ducasse de Mons a toujours été très masculine, en particulier dans le combat entre Saint-Georges et le Dragon. Seuls les hommes peuvent jouer les rôles principaux (les Chinchins, les Diables, les Hommes blancs, etc.). En 2001, deux personnages féminins ont été introduits au sein du combat : Cybèle – incarnation de la cité originelle en noir et jaune – et Poliade – allégorie de la cité contemporaine aux couleurs de Mons (rouge et blanc).

Comme le souligne l’article de la Libre, ces rôles sont critiqués, car jugés superficiels. Leur mission est principalement de donner les armes aux autres personnages masculins. Malgré tout, cela reste une fierté pour les deux femmes choisies par la Ville. L’an dernier, Florine, 27 ans, va ainsi jouer le rôle de Poliade. "L’amour que j’ai pour la Ville, le folklore et les traditions est très fort. Je le fais notamment au quotidien dans mon travail à l’office du tourisme. Mon but est de promouvoir toute la richesse de notre patrimoine et de nos traditions. Pour moi, endosser le rôle de Poliade est donc une étape en plus. Je deviens, à ma façon, une ambassadrice de la Ville de Mons" déclare-t-elle à nos collègues de Télé Mons-Borinage.

A voirt : Télé MB a rencontré les futures Cybèle et Poliade

Pour Alisson, une juriste de 29 ans, incarner Cybèle permet de faire vivre la tradition familiale. "Je suis née dans une famille d’acteurs. La Ducasse a toujours fait partie de mon quotidien et on en parlait tout le temps à table. Nos plus belles histoires sont nos histoires de Ducasse. J’ai vraiment été élevée dans une famille où l’on m’a transmis les valeurs de ce folklore. Surtout via mon grand-père qui été l’ancien Saint-Georges. Il m’a transmis les valeurs de Ducasse et je voulais à mon tour transmettre ces valeurs". Le combat se tient le dimanche de la Trinité en matinée. En 2023, ça sera le 4 juin !

Les échasseuses (Namur)

© Margaux Guyot, RTBF.
Fin décembre 2021, les Joutes sur Echasses de Namur intègrent la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cela a été permis par un changement opéré en 2018 : après 600 ans d’une tradition réservée aux hommes, les séances d’initiation à la joute et les entraînements sont ouverts aux femmes et aux jeunes filles. En 2022, la première joute 100% féminine de l’histoire a d’ailleurs été organisée !

Alice Gobiet est l’une d’entre elles. Issue d’une famille d’échasseurs, elle rêvait depuis toute petite de devenir un jour " échasseuse" : "Enfant, j’étais porte-drapeau lors des combats d’échasse. Un jour, je suis devenue trop grande et on m’a dit voilà, c’est fini, on ne veut plus de toi. C’était une frustration. Aujourd’hui, je m’entraine avec plusieurs femmes. C’est une petite revanche " expliquait-elle sur Vivacité Namur Matin en 2021.

Des femmes dans le comité de la Saint Roch (Thuin)

© TéléSambre
Les marches folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse ont innové en 2022. L’an dernier, le comité Saint-Roch de Thuin a décidé d’élargir ses critères et d’intégrer dans ses rangs des femmes. " On ne voit pas au 21e siècle pourquoi une dame ne serait pas capable d’organiser une marche, pourquoi une dame ne maîtriserait pas les usages autant qu’un homme, il n’y a pas de raison. Les dames qui vont rejoindre le Comité Saint-Roch connaissent aussi bien le folklore thudinien voire mieux que certains", annonce Gérard Vanadenhoven, le président du Comité Saint-Roch au micro de TéléSambre.

A Gerpinnes, la place des femmes reste un sujet sensible. En 2019, trois compagnies n’avaient pas de femmes dans leurs rangs. Elles occupent surtout des postes de cantinière, de vivandière ou d’infirmière – des fonctions liées au care (le soin des autres).

La Saint-Feuillen et la première femme tambour-majeur (Fosses-la-Ville)

© Tous droits réservés
La Marche de la Saint-Feuillen se tient tous les 7 ans, chaque dernier week-end de septembre, à Fosses-la-Ville (Hainaut). La dernière édition s’est tenue en 2019 où pour la première fois une femme occupait le poste de Tambour-Major. C’est elle qui a donné le rythme !

Depuis 1984, Alexandra Collin marche avec son papa. Musicienne, elle se sentait prête à relever ce défi, mais a dû se confronter au mécontentement d’autres participants et d’abord à un refus de sa candidature avant d’être finalement sélectionnée. " Si un homme s’improvisait comme tambour major sans avoir répété, ce n’est pas grave ! Mais moi qui maîtrise les rythmes de marche, on m’a considérée comme une imposture " déplore-t-elle à nos collègues de TéléSambre.

Qu’importe ! En 2019, Alexandra songeait déjà à réitérer l’expérience lors de la prochaine édition. Rendez-vous donc le 27 septembre 2026.

Les confréries

© Matélé
Pour faire vivre les traditions — notamment gustatives, on retrouve les confréries. Certaines sont d’ailleurs 100% féminine comme celle des Damoiselles de Rochefort. Elles défendent les produits de Bouche de Rochefort, et plus particulièrement les fromages avec des bouchées apéritives inspirées des recettes authentiques des moines trappistes. Les Damoiselles font également la promotion des bières élaborées dans une brasserie locale.

A voir : les 5 ans de la confrérie des Damoiselles de Rochefort (2016)

A Herve, on retrouve aussi la confrérie de la Poule Noire. Depuis 2007, les femmes de plusieurs générations font la promotion de cette race de poule. Elles ont notamment créé un potage, un apéritif destiné aux femmes (le " pisse-poule "), un alcool pour les hommes (le " pisse-coq ") et une tarte aux œufs comme dessert.

NB : la sous-représentation des femmes dans le folklore wallon se manifeste très clairement dans les photos disponibles pour illustrer cet article : elles sont peu peu visibles sur les banques de données d’images et de photos auxquelles nous avons accès. Dans cet article consacré aux femmes, c’est paradoxalement les hommes que nous voyons…


https://www.rtbf.be/article/folklore-et-traditions-ou-sont-les-femmes-10950247

Voir les commentaires

Adelle Blackett, docteure honoris causa de l’UCLouvain : "Nous méprisons le travail le plus fondamental, celui du soin"

27 Février 2023, 03:38am

Publié par hugo

Adelle Blackett, docteure honoris causa de l’UCLouvain : "Nous méprisons le travail le plus fondamental, celui du soin"

© Tous droits réservés

16 févr. 2023 à 22:38

Temps de lecture
6 min
Par Sarra El Massaoudi pour Les Grenades
 
L’UCLouvain a décerné le titre de docteur·es honoris causa, ce 16 février, à Adelle Blackett, professeure de droit œuvrant notamment contre l’exploitation au travail, en particulier celle des travailleuses migrantes, Oleksandra Matviichuk, militante en faveur des droits fondamentaux, dont l’ONG a reçu le Prix Nobel de la paix ; et Elia Suleiman, cinéaste palestinien, dénonçant toute forme de violence.

Publicité

"Ce qui les rassemble ? Leurs combats contre toutes les formes de violences, qu’elles soient sur le lieu de travail, au cœur des guerres ou intrinsèques à la société à l’encontre des libertés individuelles", écrit L’UCLouvain dans son communiqué.

Les Grenades ont rencontré Adelle Blackett à cette occasion.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe


© Tous droits réservés
Politiser le travail domestique
Les recherches d'Adelle Blackett, professeure de droit à l’université McGill, à Montréal, ont permis d’élargir les perspectives du droit du travail aux réalités des personnes les plus vulnérables. C’est ce travail minutieux, et de longue haleine, qui lui vaut aujourd’hui le titre de docteure honoris causa de l’UCLouvain.

Son principal cheval de bataille : la reconnaissance du travail domestique comme un travail à part entière, c’est-à-dire indéboulonnable d’une série de droits sociaux, assurant des conditions de vie dignes aux travailleuses. "Je dis ‘travailleuses’ parce que 90% des travailleur·euses domestiques sont des femmes", souligne la chercheuse. En plus de ses recherches académiques, Adelle Blackett a collaboré avec l’Organisation internationale du travail (OIT) pour élaborer une convention visant à assurer un travail décent à ces travailleuses domestiques, des gardiennes d’enfants, cuisinières, femmes de ménage, etc.

"Les négociations ont duré deux ans. Ça a été un moment d’apprentissage pour tout le monde : les gouvernements, les représentantes des employeurs et des travailleuses." Et ces dernières, premières concernées, ont bien eu leur mot à dire sur la réalisation des recommandations. "Elles ont été très claires : elles voulaient un instrument fort qui reflète leurs souhaits, leurs droits, leur vie. Elles étaient présentes tout au long du processus pour veiller à ce que la convention soit à la hauteur."

À lire aussi
Grève des travailleuses domestiques sans papiers : "Je veux me battre pour mes droits"

"Les initiatives les plus créatives viennent du Sud global"
Pour être à la hauteur, Adelle Blackett et ses collègues ont dû relever un défi de taille : développer une vision internationale du travail du soin tout en respectant les réalités spécifiques de chaque état et région du monde. Leur travail a donc commencé par une analyse en droit comparé des situations régionales. "J’ai été frappée par le fait que les initiatives les plus créatives venaient du Sud global, certainement parce que c’est de là que sont issues les personnes concernées. Des personnes qui ont lutté pour la décolonisation, la levée de l’apartheid et pour que les femmes, particulièrement dans ce genre de métier, aient des conditions de travail décentes."

La chercheuse évoque entre autres l’Uruguay comme exemple intéressant en matière d’inspection du travail mais aussi l’Inde pour la sécurité sociale et la Belgique et la Suisse pour le système des titres-services. La convention internationale est ainsi construite sur base de cas pratiques concrets, à la fois de pays du Sud global et de pays occidentaux. Une méthode loin d’être anodine.

90% des travailleur·euses domestiques sont des femmes

Son objectif est de prouver le caractère applicable de l’outil. "Au début, certains membres de l’OIT pensaient que ce n’était pas possible. Ils disaient que ce n’étaient pas de vraies travailleuses et qu’on ne pouvait rien faire de concret." Aujourd’hui, presque tous les pays ont adopté la convention, soit en la ratifiant soit en modifiant leurs lois. Des changements juridiques et de pratiques sont observés sur tous les continents. "Pas assez, il y a encore beaucoup à faire", précise-t-elle.

À lire aussi
Beyrouth: la révolte des travailleuses domestiques

Si les initiatives nationales sont valorisées par la convention, elles font aussi l’objet de critiques. L’OIT propose aux États qui le souhaitent d’échanger sur leurs pratiques et de bénéficier des retours et d’un appui technique de son comité d’expert·es. "Il y a tellement à apprendre. Et l’une des façons d’apprendre, c’est d’expérimenter. On a démontré que des initiatives existent, même si elles sont imparfaites. Nombre d’entre elles excluent toujours une partie des travailleuses du soin, comme les personnes sans papier."

Le système des titres-services formalise quant à lui le travail informel des femmes de ménage, majoritairement racisées et issues de classes sociales défavorisées. En maintenant des bas salaires dans ce secteur, il tend cependant à enfermer les travailleuses dans la précarité financière.

Pour Adelle Blackett, ces dispositifs restent malgré tout indispensables pour lutter pour de meilleures conditions de travail et pour une meilleure compréhension des droits des travailleuses, notamment auprès des assistant·es sociales et des élu·es politiques. "Il ne s’agit pas de choisir entre travail formel ou informel mais de se demander quelles conditions permettent d’assurer un travail digne pour tout le monde. A ce sujet, on apprend beaucoup des mouvements féministes et antiracistes."

À lire aussi
Une expo sur les travailleuses domestiques et sans-papiers

“Ce sont des responsabilités sociétales qu’on met sur les épaules des femmes”
Un autre enjeu central de ces luttes est le choix des mots : la capacité à se définir soi et son travail, à poser ses propres mots sur son histoire. Un droit à l’autodétermination auquel n’ont pas, ou peu, accès les personnes minorisées.

La professeure de droit a ainsi d’abord dû convaincre certains de ses pairs que le travail domestique était bien un travail. Il a ensuite fallu repenser la façon de désigner ces travailleurs et travailleuses. "Une expression que j’évite, c’est le soi-disant ‘travail au noir’. Je pense que ça renforce encore un lien entre un travail sous-valorisé, fait à l’ombre et les personnes qui font ce travail et qui sont racialisées."

Il s’agit de se demander quelles conditions permettent d’assurer un travail digne pour tout le monde

Dans cette optique, le changement passe par le choix d’images et de paroles qui revalorisent ce travail, ces personnes, ces corps humains. "J’ai l’impression que même les mouvements féministes occultent cette transformation fondamentale et son impact sur nos sociétés si on y croyait vraiment."

Arrive alors la question de la responsabilité. Individuelle d’une part mais surtout collective. Actuellement, notre société valorise la production et le travail dit ‘intellectuel’. "Nous méprisons le travail le plus fondamental, celui du soin. Nous n’allons pas nous en sortir si nous ne réussissons pas à considérer ce travail à sa juste valeur."

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Et cette responsabilité-là est commune, martèle la chercheuse. "Ça demande des capacités émotionnelles, humaines, créatives, d’humour, de patience, de bienveillance." A ce titre, elle veille à garder une vision holistique dans ses propres travaux. Le secteur du soin est souvent décrit comme une relation de pouvoir déséquilibrée entre les femmes blanches des pays occidentaux qui profitent du travail des femmes racisées du Sud global. "Je refuse de m’en tenir à ça parce que ce sont des responsabilités sociétales qu’on met sur les épaules des femmes. Or, par la suite, les règles de participation dans la société ou dans l’économie imposent un modèle masculin."

Sa solution : sortir de ce prisme réducteur pour comprendre à qui sert concrètement le travail domestique.

À lire aussi
Les travailleuses domestiques reçues au Parlement bruxellois : "Leur combat est essentiel"

La force de ses recherches réside par ailleurs dans sa capacité à les inscrire dans le temps, c’est-à-dire à relier le passé au présent pour mieux comprendre ce dernier. "On est, de façon plutôt inconsciente, en train de transposer des normes qui émanent de l’esclavage et du colonialisme", explique-t-elle.

Une réalité qui renforce selon elle les préjugés selon lesquels il est normal que certaines personnes soient maintenues dans ces formes de travail précarisant. "Tout d’un coup, il y a des revendications. Certaines personnes veulent être considérées comme des êtres humains et d’autres doivent assumer tout un tas de responsabilités, ce qui demande de changer la société."

Car c’est bien cela que vise Adelle Blackett : une meilleure compréhension de l’histoire et des conditions de vie des personnes minorisées pour modifier une trajectoire qui reproduit les relations de subordination et de servitude. Pour transformer le monde.

À lire aussi
En tête à tête avec Christiane Taubira: "Ce sont les femmes qui permettent aux sociétés de fonctionner"

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.
https://www.rtbf.be/article/adelle-blackett-docteure-honoris-causa-de-luclouvain-nous-meprisons-le-travail-le-plus-fondamental-celui-du-soin-11154281

Voir les commentaires

Victime de deepfake porno, la streameuse QTCinderella remet en lumière le phénomène des cyberviolences

16 Février 2023, 01:39am

Publié par hugo

 Victime de deepfake porno, la streameuse QTCinderella remet en lumière le phénomène des cyberviolences

© Tous droits réservés

hier à 12:03

Temps de lecture
5 min
Par Caroline Bordecq pour Les Grenades
Les Grenades
Sciences et Techno
Accueil
Jeux vidéo
Deepfake
Violences faites aux femmes
Twitch
streameuses
Deepfake porn
cyberviolences
PARTAGER


Le 2 février, la streameuse américaine QTCinderella témoignait du deepfake porno dont elle a été victime. Ce phénomène, qui a émergé en 2017, consiste à truquer une vidéo afin de mettre en scène la victime dans du contenu pornographique. Et touche principalement les femmes.
Publicité


"C’est à ça que ressemble la douleur. Voilà ce que cela fait de se sentir violée, abusée et de se voir nue contre sa volonté partout sur internet". Dans un direct diffusé le 2 février dernier sur la plateforme Twitch, QTCinderella, une streameuse (une joueuse qui transmet et commente ses parties de jeux vidéo en direct) américaine de 28 ans, revient en larmes sur le deepfake à caractère pornographique dont elle a été victime.

Phénomène qui a émergé en 2017, les deepfake consistent à modifier une vidéo, une photo ou un audio existant grâce à l’intelligence artificielle pour produire un faux. En 2018, un deepfake de Barack Obama réalisé par l’acteur et réalisateur américain Jordan Peele avait commencé à alerter sur l’impact du phénomène. Lors d’un deepfake porno, la vidéo trafiquée est à teneur sexuelle, et vise à nuire à une personne. Dans le cas de la streameuse américaine, le visage d’une actrice de film X a été remplacé par le sien.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Selon une étude de 2019 réalisée par une société néerlandaise de détection des fraudes, sur plus de 14.600 vidéos deepfake en ligne 96% étaient à caractère pornographique. Et l’intégralité des deepfake porno visait des femmes. En Belgique, "personnellement, je n’ai recensé aucun cas dans ce que je reçois. Mais ça arrivera à un moment donné, même si c’est plus tard et pas dans les mêmes proportions", avertit Manon El’assaidi de l’ASBL Chayn, qui lutte notamment contre les cyberviolences faites aux femmes.

De leur côté, "les streameuses sont bien conscientes de ce qui se passe", commente Ilaria Giglio, fondatrice de Stream’Her une communauté d’entraide et de mise en avant des femmes dans le monde du streaming. Si elle n’a jamais eu connaissance de cas de deepfake à l’encontre de streameuses francophones, en revanche elles sont régulièrement la cible d’autres formes de cyberviolences.

Partage d’expériences
Regroupées sur la plateforme Discord, les streameuses qui le souhaitent peuvent partager leurs expériences. "Il y a beaucoup de témoignages de harcèlement en dehors des directs. Ou bien, il y a encore des personnes qui envoient des images horribles, par exemple d’animaux en train de se faire maltraiter, ou des messages dans le chat pour que les streameuses soient choquées en direct et réagissent", raconte Ilaria Giglio. Elle-même se souvient de "viewers (des spectateurs, ndlr) qui essaient d’aller trop loin et qui me demandent ce que je porte en dessous de mon t-shirt. Ou d’autres questions déstabilisantes de ce type pendant le live", confie-t-elle.

Les femmes sont harcelées par des personnes qui le font aussi en dehors des réseaux sociaux

En octobre dernier, plusieurs streameuses avaient dénoncé les deepfake, harcèlements et autres formes de cyberviolences, dont l’envoi de dick pick (photos de pénis). À ce sujet, selon une étude commandée par la Secrétaire d’État à l’Égalité des genres Sarah Schiltz, une jeune fille sur deux âgée de 15 à 25 ans en a déjà reçu une.

À lire aussi
Maghla, Shironamie, Baghera Jones : les streameuses toujours autant objectifiées et harcelées sur Twitch

Conséquences
La streameuse Shironamie avait quant à elle publié en direct des menaces reçues par un inconnu qui était parvenu à obtenir son numéro en se faisant passer pour un livreur. Les victimes de cyberviolence évoquent souvent cette "double peine", raconte Manon El’assaidi. "Majoritairement, les femmes sont harcelées par des personnes qui le font aussi en dehors des réseaux sociaux", explique-t-elle.

Les conséquences psychologiques sur les victimes de cyberviolences sont "dures, comme toute violence. Dans le cas des deepfake, une partie de l’intimité est touchée publiquement. Tout le monde peut le voir, ça peut aller loin", continue-t-elle.

À lire aussi
#BalanceTonYoutubeur : la manipulation à l’heure des réseaux sociaux

"Les femmes se sentent généralement seules et démunies"
Comment lutter contre le phénomène des deepfake ? "C’est toute la question ! Approfondir la technologie d’une vidéo est de plus en plus facile. En revanche, apprendre à un algorithme à détecter la transformation d’une image ça prend du temps. Facebook et Adobe travaillent déjà dessus. Les solutions prennent plus de temps à être développée et il faut financer une recherche", plaide Manon El’assaidi.

À cela, s’ajoute souvent l’incompréhension des phénomènes de cyberviolences de la part des victimes elles-mêmes, de l’entourage et des institutions. "Ici, on parle de streameuses et de Twitch mais je donne encore des cours à des femmes qui ne comprennent pas bien Facebook et qui sont harcelées sur Messenger. Les femmes se sentent généralement seules et démunies. Elles ne savent pas quoi faire, si elles doivent répondre ou non. Il n’y a pas toujours de lieu pour répondre à ces questions", souligne Manon El’assaidi.

Elle se souvient d’ailleurs d’une victime à qui la police avait demandé pourquoi elle était sur les réseaux sociaux. "C’est un peu comme si on lui avait dit : pourquoi tu portes une mini-jupe ?", réagit-elle. De son côté, Ilaria Giglio parle de quelques streameuses qui ont déjà porté plainte "mais c’est toujours compliqué car comme pour le harcèlement en général ce n’est pas encore toujours écouté".

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Ainsi, certaines streameuses du collectif ont parfois exprimé une certaine démotivation. "Quand ça se passe, on s’entraide, on essaie de trouver des solutions. Je ne pense pas qu’une streameuse ait déjà arrêté pour ces raisons", assure toutefois Ilaria Giglio.

Selon une enquête à l’échelle mondiale du Plan International de 2020, plus d’une fille interrogée sur deux a été victime de harcèlement ou d’abus en ligne au moins une fois dans sa vie. Et "une fille sur cinq a quitté ou réduit considérablement son utilisation d’une plateforme de réseaux sociaux après avoir été harcelée". L’objectif des auteurs de cyberviolence étant justement "que les femmes quittent l’espace public", dont les réseaux sociaux et internet, explique Manon El’assaidi.

Les solutions prennent plus de temps à être développée et il faut financer une recherche

En Belgique, le nouveau Code pénal devrait davantage protéger les victimes de harcèlement notamment en ligne. Désormais, il suffira d’un seul message, d’un seul acte pour parler de harcèlement.

Manon El’assaidi parle également de protocoles qui peuvent être mis en place lorsqu’on est victime de cyberviolences. Le premier conseil étant de ne pas rester seul.e. Le collectif Stream’Her a justement été créé dans cet esprit "pour mettre en avant les streameuses mais aussi pour leur offrir un espace safe où on peut s’entraider, poser ses questions techniques ou plus délicates notamment liées aux violences", raconte Ilaria Giglio.

Enfin, il existe d’autres ressources comme Child Focus (numéro d’urgence gratuit : 116 000), si la victime est mineure ; la ligne gratuite de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes en cas de revenge porn (numéro d’urgence : 0800/12 800) ; ou encore le numéro d’écoute en cas de violences conjugales (0800/30 030).


Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/victime-de-deepfake-porno-la-streameuse-qtcinderella-remet-en-lumiere-le-phenomene-des-cyberviolences-11153166

Voir les commentaires

Une femme enceinte sur dix subit des violences conjugales. De futurs médecins apprennent à les détecter

16 Février 2023, 01:38am

Publié par hugo

 Une femme enceinte sur dix subit des violences conjugales. De futurs médecins apprennent à les détecter

© Tous droits réservés

mardi dernier à 22:27

Temps de lecture
3 min
Par Odile Leherte
Regions
Regions Namur
Namur matin
Les Grenades
Info
Accueil
PARTAGER


"Qu'elle soit physique, psychique, sexuelle, sociale, économique, numérique ou la violence touche une femme enceinte sur dix", explique Milena Jarosik, une sage-femme enseignante de l’Henallux, qui a dès lors décidé de créer un escape game sur le sujet pour que les professionnels de la santé apprennent à détecter ces violences chez les patient·e·s. "La grossesse est une période à risque. C’est alors que débutent les violences conjugales -dans 30% des cas- ou alors elles s’intensifient. Et cela a donc un impact sur le déroulement de la grossesse. La femme enceinte peut faire une rupture prématurée de la poche des eaux, un décollement placentaire, des fausses couches (dix fois plus élevées en cas de violences conjugales), sur le fœtus aussi qui va présenter un retard de croissance, sur l’enfant à naître. Ce sont des choses qu’on n’apprend pas dans la formation initiale, ni de sage-femme ni de médecin".
Publicité


À lire aussi
Féminicide et infanticide à Termonde : la grossesse, "une période à risque" pour les violences conjugales

Les étudiants de BAC 3 de Médecine de l'Université de Namur ont assisté à un cours un peu particulier ce mardi. Il a démarré par un escape game et la résolution n’énigmes s’est poursuivie par une partie théorique. Le but était de leur apprendre à déceler des indices de violences chez les patient·e·s, et surtout, après avoir décelé les indices, d’oser poser des questions délicates.

Oser poser la question
"Au début du jeu, un voile recouvre le panier qui contient les énigmes, explique Milena Jarosik. C’est une métaphore pour dire qu’en tant que professionnel de la santé, on doit oser lever le voile sur les violences conjugales. On doit oser poser la question".

Une des équipes d'étudiants en BAC 3 Médecine de l'UNamur
Une des équipes d'étudiants en BAC 3 Médecine de l'UNamur © Tous droits réservés/ O.L.
Connaître les indices pour pouvoir les repérer et les relier à d’éventuelles violences conjugales
Parmi les indices qui peuvent mettre la puce à l’oreille au médecin : l’annulation répétée de rendez-vous de suivi pendant la grossesse mais aussi des pathologie comme l’hypertension, le diabète, des infections urinaires à répétition. "Le fait d’être tout le temps sous tension, d’avoir une baisse de confiance en elle vont entraîner une sécrétion trop importante de cortisol (l’hormone du stress) qui va provoquer ces pathologies chroniques".

Autre indice, qui peut paraître contre-intuitif : si la patiente décrit une relation idyllique (trop idyllique ?) avec son conjoint, il se pourrait qu’elle soit dans la phase "lune de miel" du cycle de violence. "Il y a les phases de tension, de crise, de justification et de lune de miel. Plus ces phases sont raccourcies, plus la violence est intense".

Si le médecin repère certains de ces indices, "il doit oser poser la question. Et si elle présente des pathologies supplémentaires, il faut investiguer davantage. Il faut donc bien observer la patiente".

Pas si simple d’oser poser la question
Au fil de la résolution des énigmes, les étudiants découvrent ces indices ainsi que des questions qu’ils pourraient poser aux patient·e·s. "Il y a certaines choses auxquelles on ne pense pas et qui peuvent être plus importantes qu’elles ne le paraissent, nous dit Valentin. Ce jeu permet de découvrir des pistes de solutions si on se retrouve face à ce genre de situations". Quant à oser poser des questions en cas de suspicion de violences conjugales, Romane estime que ça ne sera pas si simple. "Il ne faut pas froisser le patient. Il faut réussir à le faire avec tact".

Le professionnel de la santé n’est pas seul face à une situation de violences conjugales
"Il existe un réseau qui peut nous aider en tant que soignants. L’objectif de cette formation, c’est aussi de montrer qu’on peut oser poser la question et qu’ensuite on n’est pas seuls face à cette situation et qu’on peut faire ce qu’il faut pour accompagner la personne, notamment appeler la ligne d’écoute sur les violences conjugales (0800/30.030). La ligne écoute les victimes mais aussi les professionnels de la santé".

La communication a un impact direct sur la santé des patient·e·s
Cet escape game a lieu pendant le cours d’Hélène Givron, coordinatrice pédagogique et maître de conférences au Département de psychologie de l’UNamur. Elle est heureuse que les étudiants aient 20 heures dans leur cursus consacrées à la communication et que cela ait lieu avant leurs premiers stages. "On a la chance d’avoir des bacheliers qui n’ont pas encore de pratique. Et cela leur permet d’acquérir de bonnes habitudes communicationnelles. Ce sont des techniques de communication que les étudiants en médecine doivent apprendre pour être efficaces dans leur profession. Les chiffres sont parlants. Septante pourcents des erreurs médicales ne sont pas d’ordre technique mais d’ordre humain. Donc un médecin qui communique mieux aura de meilleurs résultats en termes de soins de santé .


https://www.rtbf.be/article/une-femme-enceinte-sur-dix-subit-des-violences-conjugales-de-futurs-medecins-apprennent-a-les-detecter-11152939

Voir les commentaires

Le vécu des femmes en prison mis en avant dans une pièce de théâtre

16 Février 2023, 01:32am

Publié par hugo

 Le vécu des femmes en prison mis en avant dans une pièce de théâtre

© Tous droits réservés

14 févr. 2023 à 08:02

Temps de lecture
4 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
Les Grenades
Belgique
Culture & Musique
Théâtre
Prisons
femmes
THEATRE
PARTAGER


Du 15 au 17 février à l’Espace Magh, six comédiennes de Tanger porteront les voix de femmes détenues. Tous mes rêves partent de la gare d’Austerlitz, un spectacle qui brise les tabous et réveille les consciences.
Publicité


Dans nos sociétés, le vécu des femmes emprisonnées reste trop souvent silencié. La pièce Tous mes rêves partent de la gare d’Austerlitz lève le voile. "C’est un sujet qui n’a jamais été abordé à l’Espace Magh. Rendre compte de la réalité des femmes en prison, c’est important", introduit Dounia El Ouardi, chargée de communication du centre culturel.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Un texte fort, des réalités tues
La pièce écrite par Mohamed Kacimi se déroule un soir de Noël. Dans la bibliothèque, Barbara, Rosa, Marylou, Zélie et Lily se retrouvent pour oublier le temps d’un instant leur quotidien carcéral. Dans ce lieu de sororité, de connaissance et d’échappées, les langues se délient. Les femmes parlent, racontent, les violences, les absences. Pour ne pas sombrer, ensemble, elles jouent et font appel au théâtre. Grâce à l’arrivée de Frida, qui vient d’être incarcérée, elles montent On ne badine pas avec l’amour de Musset… Un texte qui entre en échos avec leurs propres vécus.

Ce sont six comédiennes de la Comédie de Tanger qui portent le spectacle. Parmi elles : Aurore Laloux, une Belge qui vit au Maroc depuis huit ans. "C’est un défi parce que le texte est très fort. On aborde des thèmes assez durs. Pour nous, c’est important de faire passer des messages engagés", explique-t-elle. À la première lecture, elle livre avoir ressenti un sentiment d’injustice.

Le sujet des femmes incarcérées reste tabou, sans cette pièce, je ne pense pas que je me serais posé autant de questions sur la réalité des femmes en prison

"La pièce offre la perspective de femmes qui ont agi par autodéfense et qui sont jugées par des hommes. La bibliothèque est leur refuge. En jouant On ne badine pas avec l’amour, elles comprennent que le texte résonne avec ce qu’elles ont au fond d’elles-mêmes par rapport à l’amour, à la vie, à leur propre histoire, aux violences commises par les hommes dont elles ont été victimes…", éclaire la comédienne.

À lire aussi
Incarcération et charge d'enfants pour les femmes détenues en Bolivie : une double peine

Jouer le réel et ouvrir l’imaginaire
À travers cette pièce, Aurore Laloux affirme avoir l’impression "de pouvoir dire ce que les femmes incarcérées ne peuvent pas dire". Le texte est en effet inspiré des témoignages directs. L’auteur Mohamed Kacimi a mené des ateliers d’écriture dans la bibliothèque de la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis. "Les ‘filles’, comme elles s’appellent toujours, arrivent fatiguées de leur travail dans les ateliers. Pour écrire, le réel, il faut être à un pas, à côté de la réalité. Écrire ici, c’est creuser un chemin de traverse. Là, j’ai découvert, pour la première fois, la force inouïe des femmes face à l’adversité", a-t-il partagé.

Enfermées dans un lieu conçu par et pour des hommes, les femmes constituent un public vulnérable et invisibilisé en prison

Outre les violences, Tous mes rêves partent de la gare d’Austerlitz aborde la question de la grande solitude des femmes incarcérées. "Kacimi marque la différence avec les hommes qui reçoivent des visites, tandis que les femmes beaucoup moins. ‘Quand tu passes la porte de cette maison, tu n’es plus rien pour personne, tu n’es plus qu’un simple courant d’air’, prononce l’une des femmes", ajoute Aurore Laloux. Cette solitude spécifique est en effet observée par les acteur·trices de terrain. "[Les femmes, NDLR] se retrouvent plus souvent seules face à la détention, car à leur entrée en prison, elles sont plus fréquemment abandonnées par leur partenaire que l’inverse. Les complications liées à leur libération sont renforcées par une stigmatisation accrue de leur passé judiciaire. Leurs liens sociaux sont donc plus fragiles que ceux des hommes, et leur soutien social moins grand en prison et à leur sortie", soulève l’article Prisons : une invisibilisation genrée de Justine Bolssens.

S’il s’inspire du réel, le spectacle revient aussi sur le pouvoir de l’imaginaire et la force du collectif. "Les détenues s’emparent de la pièce de Musset. Pour nous, il est important de rappeler l’importance de l’imaginaire, de la culture pour sortir de certaines réalités complexes", avance Dounia El Ouardi.


Ouvrir les yeux du public
La pièce est inspirée de témoignages français, elle est jouée par une troupe marocaine et présentée à Bruxelles. Un projet international qui prouve que l’invisibilisation des femmes incarcérées est ancrée dans de nombreuses sociétés patriarcales.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

En Belgique, il y aurait environ 500 femmes dans les prisons, ce qui représente 4 à 5% de la population carcérale. "Enfermées dans un lieu conçu par et pour des hommes, les femmes constituent un public vulnérable et invisibilisé en prison. Leur prise en charge est défaillante, notamment faute de données suffisantes quant à leurs besoins sexo-spécifiques (en termes d’hygiène, de santé mentale, d’accompagnement face aux parcours de vie très souvent marqués par la violence, de santé sexuelle et reproductive, de maternité et de gestion des enfants, etc.), lesquels ne sont d’ailleurs pas ou très peu objectivés", rappelle l’asbl I.Care.

​"Avec la pièce on ouvre une petite fenêtre et puis elle se referme et on les laisse. Le sujet des femmes incarcérées reste tabou, sans cette pièce, je ne pense pas que je me serais posé autant de questions sur la réalité des femmes en prison… Espérons que ça ouvre les yeux du public à Tanger comme à Bruxelles !", conclut Aurore Laloux.

Infos pratiques :
Le spectacle Tous mes rêves partent de la gare d’Austerlitz du 15 au 17 février à l’Espace Magh.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/le-vecu-des-femmes-en-prison-mis-en-avant-dans-une-piece-de-theatre-11152349

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>