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Le blog de hugo,

Une majorité de pères se pensent très actifs au sein du foyer. Les femmes font entendre un autre son de cloche , femmes, feminisme,

29 Avril 2021, 19:31pm

Publié par hugo

 21 AVRIL 2021
Articles récents \ DÉBATS \ Contributions
Une majorité de pères se pensent très actifs au sein du foyer. Les femmes font entendre un autre son de cloche

Le 23 septembre 2020, Emmanuel Macron annonçait officiellement l’allongement du congé paternité à 28 jours, dont 7 jours obligatoires. Si la mesure reste très en-deçà des recommandations d’expert·es (le neuropsychiatre Boris Cyrulnik proposait de porter le congé paternité à 9 semaines), elle constitue néanmoins un pas en avant pour l’égalité femmes/hommes et la déconstruction des stéréotypes genrés dans l’éducation des enfants. Elle va également dans le sens de l’opinion publique : un sondage de YouGov pour le Huffington Post montrait que 61 % des mères et pères français·es sont favorables à un allongement du congé paternité.

Ce qui semble très positif au premier abord, mais… les choses se corsent lorsque l’on se penche d’un peu plus près sur le genre des répondant·es. C’est ce que la faireparterie (1) a mis en évidence dans une étude abordant, entre autres, le sujet de l’implication paternelle dans le quotidien familial et les motivations des pères à prendre leur congé. Un schéma très clair se dessine : papas et mamans ne sont pas exactement sur la même longueur d’onde sur ces questions…

La charge mentale : le père et l’éducation des enfants

4 parents sur 5 estiment que les pères d’aujourd’hui sont plus impliqués dans la vie de famille que ceux des générations précédentes. 64 % des jeunes parents estiment que les pères prennent plus part à l’éducation des enfants et 56 % trouvent qu’ils sont davantage impliqués dans les tâches domestiques. Seuls 9 % des répondant·es pensent qu’il n’y a aucune différence entre pères d’antan et pères d’aujourd’hui, ce qui indique nettement des progrès.

Hélas, les hommes ont également l’air nettement plus convaincus que les femmes de leur implication. Si 72 % des hommes affirment prendre part activement à l’éducation des enfants, seules 56 % des femmes le confirment. Pour les tâches domestiques, l’écart est de 68 % à 44 %. Le fossé est tout aussi grand quand il s’agit de réduire le temps de travail pour passer du temps en famille : 55 % des hommes affirment le faire, mais seules 22 % des femmes acquiescent…

Ces différences de perception reflètent les données actuelles ; le rapport 2020 de l’Observatoire des inégalités indiquait que 80 % des femmes consacraient au moins 1 heure par jour à la cuisine ou au ménage, contre 36 % des hommes. Une démonstration éclatante de la charge mentale encore trop présente dans notre société. Si les femmes en font souvent trop, c’est aussi parce que leurs conjoints ont tendance à surestimer leurs contributions.

26 % des hommes prennent un congé paternité pour soutenir leur conjointe

Les différences de perception ne concernent pas que l’implication dans les tâches domestiques ou éducatives : le fait est que les femmes ignorent pourquoi leurs époux prennent leur congé paternité. Trois quarts d’entre elles pensent que la motivation principale est de tisser un lien avec leur enfant. En réalité, seuls 41 % des hommes citent cette motivation.

La première raison est de soutenir leur conjointe à l’arrivée du bébé (40 %). Les hommes évoquent d’autres motivations comme le partage des tâches et le fait d’être avec leur conjointe pendant quelques jours. Aussi, pour 26 % des hommes, l’idée est de faciliter le retour au travail de leur conjointe, une raison que n’envisagent que 6 % des femmes. Plus gênant encore, 19 % y voient l’opportunité de… se reposer.

38 % citent le désir d’apprendre à s’occuper de son enfant, une motivation qui arrive en troisième place. Ce qui pourrait montrer que, consciemment ou non, beaucoup d’hommes estiment encore que cette tâche revient à leur conjointe, à qui ils apportent une capacité de soutien. Ceci dit, notons que les attentes des pères peuvent être influencées par la durée du congé paternité, non seulement court en comparaison d’autres pays scandinaves, mais assez mal vu dans le milieu professionnel…

En entreprise, le congé paternité ne coule pas de source…

Preuve que le congé paternité n’est pas encore entré dans les mœurs, 4 mères et pères sur 10 se considèrent comme insuffisamment informé·es de leurs droits à la naissance de leur enfant. 53 % expriment le désir que leur employeuse/employeur cesse de considérer le congé paternité comme des vacances, et 45 % qu’il ne soit pas vu comme un obstacle à la performance. Le rapport publié par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) en 2018 confirme « qu’il y a un fort besoin de communication sur le congé de paternité. »

Les problèmes de perception du congé paternité en entreprise sont bien documentés. Peu avant la réforme, Martial Valéry, dirigeant du studio de jeux vidéo Oh Bibi, expliquait ainsi au Monde : « quand j’ai eu ma première fille en 2013, moins de douze heures après la naissance, je recevais un appel de mon boss que je devais absolument prendre. Une semaine après, j’étais de retour au bureau à faire du 9 heures – 20 heures. »

Rien d’étonnant à cela : les stéréotypes genrés ont la vie dure. Dans le milieu professionnel, on considère encore que le soin et l’éducation des enfants sont des tâches qui incombent à la mère. Par conséquent, le désir des pères de passer un peu de temps avec leur famille à la naissance de leur enfant est perçu comme incongru, voire pour les plus cyniques, comme l’envie de prendre des vacances aux frais du contribuable. Une idée pas tout à fait infondée, puisque 19 % affirment prendre leur congé (entre autres) pour se reposer.

… mais les entreprises s’engagent de plus en plus

C’est cette expérience qui a incité Martial Valéry à instaurer un congé paternité de deux mois payé par l’entreprise. Et il n’est pas le seul. D’autres boîtes n’ont pas attendu le gouvernement pour se lancer dans la bataille. En 2019, L’Oréal faisait les gros titres suite à sa décision de porter le congé paternité à 6 semaines. Le dispositif Parental Act, créé début 2020 par un collectif d’entrepreneur.es garantit au moins un mois de congé paternité pour les salarié·es des entreprises signataires (actuellement au nombre de 391).

Les motivations officielles ? L’égalité femmes/hommes et le désir de faire bouger les choses. Un communiqué du groupe de luxe Kering, qui a instauré un congé paternité de 14 semaines, citait la volonté de « promouvoir l’égalité entre les salariés femmes et hommes, indépendamment de leur situation personnelle. » D’autres n’hésitent pas à parler plus franchement, comme Netflix après sa décision d’allonger le congé à un an : « l’expérience montre que les gens travaillent mieux lorsqu’ils ne s’inquiètent pas pour leur vie personnelle. »

Quelles qu’en soient les raisons, cette tendance indique que le vent tourne. Si les entreprises prennent les devants, c’est qu’elles ont reconnu un changement social en marche. Leurs initiatives ne peuvent qu’encourager les pères à accepter, voire revendiquer le congé paternité et déconstruire tout doucement les préjugés sociaux à son encontre. Tant bien que mal, l’égalité professionnelle femmes/hommes continue à faire son petit bonhomme de chemin.

Vers un congé parental commun ?

Le rapport des 1 000 premiers jours de l’enfant présidée par Boris Cyrulnik était nettement plus ambitieux que la réforme actuelle. Les 18 expert·es préconisaient d’allonger le congé paternité à 9 semaines et de proposer aux deux parents un congé parental commun de 36 semaines partageable. Une idée qui progresse dans la société française, puisque 42 % des sondé·es se disent favorables à son implémentation (avec 34 % plutôt favorables).

Cette mesure est déjà mise en place dans certains pays européens comme la Finlande, où le congé parental commun dure près de 7 mois. Les congés paternité et maternité ont été supprimés afin d’envoyer un message clair : s’occuper de ses enfants n’est pas une tâche genrée et tou·tes sont égales/égaux dans cet effort.

La proposition s’est vue bloquée par la France pour cause de financement, le chef de l’État ayant déclaré que cela représenterait un « coût potentiellement explosif ». Selon le rapport de l’IGAS, le financement d’un congé de paternité de 4 semaines pourrait cependant « être assuré par la CNAF, et éventuellement par une contribution des entreprises ».

Le tableau est mitigé. D’un côté, les progrès sont indéniables. L’allongement du congé paternité et les efforts récents dans le monde de l’entreprise montrent que le vent tourne et que la société remet de plus en plus en question les stéréotypes qui assignent aux femmes l’éducation des enfants, l’image de l’épouse et mère prenant soin du foyer pendant que papa travaille. Ceci dit, les préjugés sont encore bien présents dans la sphère privée, où ils sont nettement plus compliqués à déconstruire. La tendance des hommes à surestimer leurs contributions au foyer pose notamment problème.

La réforme donne espoir, cependant. Les études montrent en effet que les pères ayant pris leur congé paternité sont plus susceptibles de nourrir et habiller leurs enfants, ainsi que de jouer avec eux, au cours des années suivant la fin du congé. Et l’intérêt des jeunes mères et pères français envers le congé parental indique que des mesures encore plus progressistes pourraient éventuellement être prises à l’avenir. À suivre…

Hélène Belaunde Rédactrice web sur les questions sociétales et d’égalité

La faireparterie est la société de faire-parts qui a commandité l’étude, réalisée avec l’institut d’études et de sondages GECE.

https://www.50-50magazine.fr/2021/04/21/une-majorite-de-peres-se-pensent-tres-actifs-au-sein-du-foyer-les-femmes-font-entendre-un-autre-son-de-cloche/

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L'individualisme cause du burn-out parental, selon une récente étude ,

29 Avril 2021, 10:09am

Publié par hugo

 L'individualisme cause du burn-out parental, selon une récente étude
L'individualisme cause du burnout parental, selon une récente étude2 images 
L'individualisme cause du burnout parental, selon une récente étude - © Davin G Photography - Getty Images
 
Sarah Lohisse
 Publié le mardi 27 avril 2021 à 09h09
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Le burn-out parental touche environ 8% de la population belge. Peu connu parce que stigmatisé, le burn-out parental touche 200.000 parents qui en souffrent en Belgique. Caractérisé par un épuisement physique et émotionnel ainsi qu’une perte de plaisir avec l’enfant, le burn-out parental est un trouble du spectre du stress, sans ressource pour pouvoir y faire face et le contrer. Ce sont des parents qui se sont surinvesti·es avec leurs enfants et qui, un jour, s’effondrent. Ils et elles s’épuisent jusqu’à devenir l’opposé de ce que ces parents auraient voulu être.

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Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak, chercheuses et psychologues à l’Université Catholique de Louvain ont ainsi mené une étude mondiale sur 42 pays, démontrant que nos pays occidentaux, plus riches et individualistes, seraient responsables du burn-out parental. Dans le classement des pays les plus touchés, la Belgique se retrouve en troisième position. Interview avec l’une des chercheuses, Isabelle Roskam.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Vous venez de sortir une étude complète sur le burn-out parental dans nos sociétés occidentales. Quels étaient les objectifs, quel résultat ?

"C’est d’abord parti d’un constat dans les consultations avec les parents qui au bout de quelques minutes nous disaient tous qu’ils n’arrivaient pas à trouver un quart d’heure pour eux. J’ai dit à Moïra Mikolajczak, mon binôme dans les études sur le burn-out, que je pensais que c’était typiquement une réflexion de parents de pays occidentaux comme le nôtre. Ces pays sont individualistes. On a besoin de trouver du temps pour soi, de se centrer sur soi. Je lui ai dit penser qu’une mère au Cameroun par exemple ne se ferait jamais cette réflexion parce que pour elle, dans le collectivisme, c’est normal de s’occuper du groupe et des enfants. De ce fait, on a posé deux hypothèses : soit le burn-out parental existe partout avec la même prévalence mais les raisons pour lesquelles on s’épuise ne sont pas les mêmes, soit la culture joue un rôle, et dans ce cas il faut observer les différences de prévalence entre les pays.

En connectant des données dans 42 pays du monde, on a remarqué que la prévalence variait beaucoup d’un pays à l’autre. Cela signifie que la culture a un impact. On a ensuite regardé une série de facteurs, notamment sociodémographiques, socio-économiques et les valeurs. On a épluché une série de modes de fonctionnement dont l’individualisme. Quand on met tout ça dans une grille d’analyse, le seul prédicteur qui explique beaucoup de variants, c’est l’individualisme.

Quand on regarde la carte, les pays les plus touchés par le burn-out parental, ce sont les pays occidentaux : les États-Unis, le Canada, la France, la Belgique, la Pologne etc., où le niveau d’individualisme est très élevé. Ce qu’on constate c’est que ce ne sont pas des groupes à risques. Ce n’est pas en fonction du statut socio-économique des pays, c’est vraiment une question de valeurs. Cet individualisme joue donc un rôle très important dans la survenue du burn-out".

Prévalence du burnout parental dans le monde (UCL)
Prévalence du burnout parental dans le monde (UCL) - © Tous droits réservés
Qu’est ce qui explique que la Belgique se retrouve en troisième position du classement ?

"D’abord, on a un niveau d’individualisme qui est bien élevé chez nous. Il cache plusieurs réalités, notamment le fait que la parentalité va être une activité solitaire. En Afrique par exemple, ils disent que pour élever un enfant, il faut tout un village. Chez nous, on a totalement perdu cette dimension communautaire de l’éducation des enfants. Chacun se débrouille avec ses enfants pour aller les conduire à ses activités. On ne fait pas appel aux autres parents, voire, quand un autre adulte vous propose de l’aide on est presque méfiants envers lui. La parentalité renferme pourtant beaucoup de tâches, de stress. Les parents portent sur leurs épaules toutes les responsabilités. Dans les familles monoparentales, c’est encore pire.

►►► A lire aussi : Mères solo et confinement : la galère

Ensuite, cet individualisme cache des aspects de performance. Dans les pays individualistes, cela va de pair avec la compétition : on aimerait que nos enfants soient meilleurs que ceux du voisin, qu’ils réussissent mieux, être le meilleur parent du quartier. Sur Facebook, on va d’ailleurs voir apparaître des groupes qui s’appellent "Les mamans motivées" par exemple, où chacune va poster ce qu’elle fait de mieux pour ses enfants, ce qui va pousser à la comparaison. Les réseaux sociaux sont un facteur de pression très important.

De plus, la Belgique se veut aussi très égalitaire, ou en tout cas, a un niveau d’attente égalitaire très élevé. Mais comme ailleurs, ce sont beaucoup les femmes qui portent la parentalité. Cela génère beaucoup de frustrations. Dans beaucoup de domaines, la parité progresse, mais au niveau du foyer les attentes ne sont pas rencontrées.

On va donc réunir et cumuler tous ces facteurs de risque au niveau culturel qui interagissent les uns avec les autres et font que probablement il y a une flambée importante de burn-out".

Les pays les plus touchés par le burn-out parental sont les pays occidentaux où le niveau d’individualisme est très élevé

Les femmes sont-elles plus touchées par ce burn-out parental ?

"Oui, mais il faut bien parler de burn-out parental, ce n’est pas quelque chose qui est réservé aux mères. D’un point de vue égalitaire, dans le domaine de la parentalité, on est en retard. Les études européennes montrent qu’il y a encore 70% de la charge liée à l’éducation et au soin des enfants qui est encore portée par les femmes. Comme elles sont plus exposées aux stresseurs, forcément il y a plus de femmes en burn-out. Mais pour un homme qui s’investit auprès de ses enfants, il est aussi à risque de tomber en burn-out".

Quelle place prend l’identité chez un parent en burn-out ?

"La dimension identitaire est très importante. Votre identité est faite d’une collection d’identités. C’est ce qui fait que vous êtes unique. Quand on devient parent, de toutes les identités qui préexistaient, il y en a une qui vient s’ajouter aux autres : l’identité parentale. Elle a ceci de spécifique qu’elle va prendre beaucoup de place, nécessairement, c’est difficile de la garder toute petite. Combien de femmes réduisent leur temps de travail ou changent leurs horaires ? On va parfois changer de loisir, d’abord parce que les horaires sont parfois incompatibles ou parce que le rôle social associé à cette identité n’est pas possible. Quand vous devenez parents vous devez réaménager les autres identités. Quand on arrive à garder un bon équilibre entre les différentes identités et ne pas tout miser dans l’identité parentale, tout va bien. Mais certaines personnes, une fois qu’ils deviennent parents, il n’y a plus que ça qui compte, elles compriment tout le reste. Le jour où cette parentalité devient une source de souffrance pour diverses raisons et que cette identité ne remplit pas son rôle d’épanouissement, cela devient un facteur de risque.

Garder un investissement dans le travail serait un élément protecteur. Au début de notre étude, on pensait que la conciliation vie familiale-vie professionnelle serait un paramètre de risque mais c’est en fait l’inverse. Les parents qui gardent un investissement dans une carrière, qui leur rapporte aussi une source de bien-être, leur permet de rétablir l’équilibre, la balance. Ces gens-là voient qu’ils ont des sources d’identité ailleurs, qu’ils ne se résument pas à être père ou mère, qu’ils et elles ont d’autres sources d’identités ailleurs. Lorsque c’est compliqué à la maison, ils peuvent compenser avec d’autres ressources".

70% de la charge liée à l’éducation et au soin des enfants qui est encore portée par les femmes

Est-ce que le burn-out parental est un tabou ?

"Ça c’est sûr ! On est dans une culture où la parentalité est associée à des émotions positives. Il faut se montrer sous son meilleur jour. Il suffit de se rappeler ce que vous recevez comme cartes à la maternité, comme messages. Personne ne va vous souhaiter bon courage.

Ce n’est pas désirable socialement de dire "moi, je n’en peux plus de mes enfants, je suis fatigué.e de mes enfants". Du coup, les gens le cachent. Ils donnent la meilleure impression à l’extérieur et puis s’effondrent quand ils sont chez eux. C’est très compliqué de trouver autour de soi une oreille attentive, qui accepte qu’on dise que ça ne va pas et qu’on n’est pas heureux dans sa parentalité. D’autant plus qu’il y a une peur du jugement. Les gens savent que quand ils se confient là-dessus, ils s’exposent à avoir des critiques parfois très dures et très virulentes.

Qu’est ce qui se passe alors ? Ce tabou fait qu’à force de cacher leur souffrance, ils n’en peuvent plus et passent à l’acte. C’est ce qui va entraîner la demande d’aide et de consultation. Et le passage à l’acte, on sait ce que cela peut donner : ce sont des actes suicidaires parce que les gens ne voient pas de sortie à leurs problèmes et ce sont des actes de négligence et de violence vis-à-vis des enfants. C’est donc nécessaire de lever le tabou pour ne pas laisser les choses dégénérer jusqu’à ce point"

Il suffit de se rappeler ce que vous recevez comme cartes à la maternité. Personne ne va vous souhaiter bon courage

Quelles sont les mesures pour prévenir le stress dans la parentalité ?

"Je pense que la meilleure des mesures c’est d’imaginer la parentalité sous cette forme de balance. Souvent dans les familles, on laisse les stresseurs s’accumuler sans mettre des contrebalances pour y faire face. Tout d’abord, la prévention passe par être attentifs et attentives aux signes d’épuisement dans la parentalité. Ensuite, il faut faire attention à cette petite balance et se demander ce qu’on a dans la sienne et comment peut-on rétablir un meilleur équilibre ? C’est aussi quelque chose que l’individualisme amène : la difficulté à demander de l’aide et à déléguer ses tâches.

Pour moi, la seule chose importante c’est que les gens qui présentent des signes de burn-out, qui se reconnaissent dans cette description, ne doivent pas rester tout seuls. Si on a quelqu’un dans son entourage qui peut être une oreille attentive et qui accueille sans juger, se confier. Si on n’a personne dans son entourage, il faut savoir qu’il y a des professionnels qui sont formés. On peut trouver une liste avec l’endroit où ils consultent sur le site burn-out parental avec une série de conseils pour ne pas rester seul.es et pour sortir de cette situation avant que cela ne dégénère. On aimerait que plus aucun parent épuisé n’ait besoin de faire plus de 30 minutes de route pour trouver un professionnel près de chez lui. Quand on est épuisé ce n’est pas très réaliste de se dire qu’on va aller très loin chercher de l’aide".

Le témoignage d’Alexane
Si vous voulez aller plus loin dans le sujet, écoutez notre podcast sur le témoignage d’Alexane, une maman souffrant d’un burn-out parental. Elle s’est confiée à notre micro.


Cet article a été écrit dans le cadre d’un stage au sein de la rédaction des Grenades.

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https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_l-individualisme-cause-du-burn-out-parental-selon-une-recente-etude?id=10746363
 

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Entre stress et incrédulité, deux militantes pour l'accès à l'avortement ont été poursuivies en Belgique , FEMMES , feminisme, IVG

29 Avril 2021, 10:01am

Publié par hugo

 Entre stress et incrédulité, deux militantes pour l'accès à l'avortement ont été poursuivies en Belgique
Entre stress et incrédulité, deux militantes pour l’accès à l’avortement ont été poursuivies en Belgique
Entre stress et incrédulité, deux militantes pour l’accès à l’avortement ont été poursuivies en Belgique - © Maskot - Getty Images/Maskot
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Camille Wernaers
 Publié le lundi 26 avril 2021 à 11h15
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Tout commence par la projection d’un film. En 2016, au Festival des Libertés à Bruxelles, est projeté le documentaire “The abortion hotline” qui traite de la question de l’avortement au Chili et qui montre que les médicaments abortifs sont entre les mains de la mafia qui les revend à des prix prohibitifs. A l’époque, l’IVG est encore interdite au Chili, l’avortement sera partiellement autorisé l’année suivante. L’Organisation Mondiale de la Santé dénombre 25 millions d’avortements clandestins chaque année dans le monde, ainsi que 7 millions de femmes hospitalisées à la suite d’avortements à risque.

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Dans la salle de projection, Carolina* hallucine. Elle travaille dans le secteur du planning familial et milite pour l’accès à l’avortement. Dans sa tête se forme déjà une ébauche de plan. “Je me suis dit que ce n’était pas possible, qu’il fallait faire quelque chose. Je pensais placer des médicaments abortifs dans ma valise car je me rendais justement quelques semaines plus tard au Chili. Je comptais les remettre à des associations sur place qui sauraient quoi en faire”, nous explique-t-elle.

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Un médicament qui change la donne
Elle contacte alors Louisa*, elle aussi militante pour la santé sexuelle et reproductive. Elles commandent sur internet dix kits de médicaments abortifs et quarante comprimés de Mysoprostol, des produits qui diminuent considérablement les risques liés aux avortements clandestins et donc le taux de mortalité des femmes qui les utilisent. Louisa connait bien cette substance. “Il y 15 ou 20 ans, on disait qu’un avortement illégal était dangereux. Aujourd’hui, ce n’est plus forcément le cas grâce au Mysoprostol, ce n’est plus l’illégalité de l’acte qui en fait la dangerosité. Ce médicament a vraiment changé la donne”, souligne-t-elle.

Son militantisme a commencé dans son pays d’origine, en 2004, quand le bateau de l’association Woman on Wave a débarqué au Portugal - qui prodigue des informations et des médicaments abortifs dans les eaux internationales (là où les lois du pays ne s’appliquent pas) pour les habitantes des pays interdisant l’IVG. Deux bateaux de guerre sont dépêchés sur place par le Portugal pour les empêcher de passer à l’action. Louisa, qui s’occupe de la ligne téléphonique, reçoit des centaines d’appels de femmes portugaises en une semaine. Elle leur explique comment interrompre elles-mêmes leur grossesse, notamment à l’aide de Mysoprostol. “Quand le bateau est parti, nous avons décidé de poursuivre la ligne téléphonique pour diffuser l’information aux femmes”. Jusqu’en 2007 où l’avortement est partiellement dépénalisé dans le pays.

Cinq chefs d’inculpation
Retour en 2016, en Belgique. Les colis de médicaments abortifs mettent du temps à arriver, Carolina part au Chili sans eux. En fait, ils ont été interceptés à leur arrivée dans notre pays. Problème : les médicaments abortifs nécessitent une prescription médicale et il n’est pas autorisé de les transporter dans d’autres pays sans autorisation pour un autre usage qu’un usage personnel.

A son retour de son voyage, Carolina découvre qu’elle est accusée de plusieurs choses. “Nos deux colis avaient été saisis à la douane par l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé. Nous étions inculpées de cinq chefs d’accusation : importation sans autorisation de médicaments abortifs, achat ou importation de médicaments abortifs non conformes, mise sur le marché de médicaments sans autorisation, exercice illégal de l’art pharmaceutique et... association de malfaiteurs ! Et c’était moi à la tête de la bande ! J’ai vraiment cru à une erreur mais la police me l’a bien confirmé et est venue perquisitionner nos domiciles”, se rappelle-t-elle. Elles risquent 5 ans de prison et 100.000 euros d’amende. “C’était inquiétant car je dois pouvoir voyager dans le cadre de mon travail. Or, pour recevoir un visa de certains pays, il faut un casier judiciaire vierge”, poursuit-elle.

C’est ici qu’intervient une troisième protagoniste dans cette histoire. Sylvie Lausberg, spécialiste de l’histoire de l’avortement et membre du Centre d’Action Laïque (CAL) qui est elle aussi sortie catastrophée de la projection du documentaire " The abortion hotline " sur les avortements illégaux au Chili. Elle connait par ailleurs Carolina et Louisa, qui la préviennent de la tournure que prennent les événements. “J’ai tout de suite compris que c’était sérieux, se souvient-elle. On était avant les modifications législatives de 2018 concernant le droit à l’avortement. L’article 383 du Code Pénal était toujours d’actualité. En Belgique, ce n’était donc pas uniquement la pratique des avortements en elle-même qui se trouvait dans le Code Pénal mais aussi la diffusion d’information à ce sujet”.

4 ans de procédure judiciaire
Elle leur conseille de prendre des avocat·es. “Une procédure était en cours avec un juge d’instruction. Nous avons eu de la chance que le président du CAL, Henri Bartholomeeusen, soit un avocat et ait compris tout de suite. En Belgique, il fallait tomber sur des gens qui comprenaient rapidement les enjeux, personne n’allait s’imaginer que cette affaire allait durer 4 ans pour quelques boîtes de médicaments abortifs !”, continue Sylvie Lausberg. Le CAL décide alors de soutenir financièrement les deux militantes dans leurs frais d’avocat·es.

Cela me donne l’impression qu’on a voulu leur faire peur et créer un précédent qui pourrait menacer de nombreuses personnes sur le terrain

Toutes les trois estiment avoir été de mauvaise surprise en mauvaise surprise durant tout le temps de la procédure judiciaire. “Quatre ans d’instruction, c’est long…”, précise Sylvie Lausberg. Louisa se souvient très bien de la perquisition et des longues heures d’audition. “Ils m’ont reproché d’avoir trouvé des brochures qui parlaient d’avortement chez moi. On est tout de même en Belgique, il s’agit d’une question de santé publique, c’est aussi une question scientifique et médicale. C’était très intrusif et j’étais complètement incrédule”, souffle-t-elle.

Elle continue : “Pour moi, cela montre que l’avortement demeure quelque chose qui est perçu négativement, c’est quelque chose de mal, même en Belgique et donc ce n’est pas vraiment le fait que l’acte soit légal, sous certaines conditions, qui joue dans la perception que les gens en ont. On parle des pays où l’avortement est illégal mais il faut dire qu’en Belgique des femmes avortent par elles-mêmes également. Parce qu’elles n’ont pas accès aux plannings, parce qu’elles subissent des violences ou parce que leur famille le leur refuse par exemple (Cela a aussi été une solution durant les confinements, ndlr). Dans cette affaire, pour moi, il y a aussi la question du contrôle des corps des femmes. Certaines personnes ne semblent pas d’accord qu’on puisse décider par nous nous-mêmes, pour nous-mêmes.”

►►► A lire aussi : Comment le coronavirus affecte les avortements

C’est le réseau d’échange et de solidarité qui a été fort dans cette affaire. Grâce à la solidarité, nous avons pu nous battre

Au terme de la procédure, en janvier 2021, les deux femmes sont innocentées. Leurs avocat·es ont mis en avant la criminalisation des militantes actives sur l’IVG et l’état de nécessité des femmes qui vivent dans des pays sans accès à l’avortement. La juge a finalement reconnu cet état de nécessité, c’est-à-dire des circonstances atténuantes.

Auparavant, elles étaient accusées de crime, c’est devenu un délit qui était prescrit. Un non- lieu a été conclu. “Aider des femmes et leur éviter la mort doit être reconnu comme une action humanitaire, de solidarité et non poursuivi comme un délit”, a réagi le Centre d’Action Laïque dans un communiqué.

Désobéissance civile
Sylve Lausberg analyse : “Selon ma lecture, cette affaire s’inscrit dans la criminalisation qui entoure les lanceurs d’alerte et les personnes qui pratiquent la désobéissance civile face à des lois obsolètes ou liberticides. Et c’est vrai que dans le cas de l’avortement en Belgique, comme la loi est très restrictive, on se trouve toujours à la limite de la légalité, en fait. Il y a d’ailleurs une vraie culture de désobéissance civile dans les plannings car on y a pratiqué pendant longtemps les IVG illégalement. Quand je pose mon regard d’historienne du droit à l’avortement dans notre pays sur cette affaire, cela me donne l’impression qu’on a voulu leur faire peur et créer un précédent qui pourrait menacer de nombreuses personnes sur le terrain. Pour que cela ne donne pas envie à d’autres de faire de la désobéissance civile”.

►►► A lire aussi : Le documentaire "Les mains des femmes" donne la parole aux médecins sur l'avortement

“C’est le réseau d’échange et de solidarité qui a été fort dans cette affaire. Grâce à la solidarité, nous avons pu nous battre. Sinon, en tant qu’individu isolé, comment faire face à ces procédures ?”, continue Sylvie Lausberg. “Mon histoire personnelle n’est pas importante du tout, termine quant à elle Carolina. J’espère juste que ce jugement fera jurisprudence.”

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En Belgique, la dépénalisation totale de l’avortement est toujours dans les cartons. La proposition de loi dépénalisant totalement l'avortement, bien que disposant du soutien d'une majorité de député·es, a déjà été renvoyée quatre fois au Conseil d'Etat. Du jamais vu dans l'histoire parlementaire. Lors de la formation du nouveau gouvernement fédéral, en septembre 2020, le CD&V avait obtenu que l'on ne touche à la situation existante qu'après une longue étude en Commission de la Justice de la Chambre.

*Les prénoms ont été modifiés

Manifestations pour le droit à l'avortement - JT
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Pour en finir avec le syndrome d'aliénation parentale , articles parents ,

29 Avril 2021, 10:00am

Publié par hugo

Pour en finir avec le syndrome d'aliénation parentale
Pour en finir avec le syndrome d'aliénation parentale
Pour en finir avec le syndrome d'aliénation parentale -  
 
Une carte blanche collective*
 Publié le dimanche 25 avril 2021 à 09h14
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Le 25 avril a été choisi comme journée internationale de l’aliénation parentale.

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Nous, intervenant.es de terrain et associations de lutte contre les violences conjugales et post-séparation, constatons qu’en cas d’inceste, de violence conjugale ou post-séparation, les comportements du parent protecteur (souvent la mère) sont perçus comme étant aliénants, c’est-à-dire comme étant des comportements qui visent à instrumentaliser l’enfant.

Il est également constaté que les intervenant.es reprenant le discours autour de l’aliénation parentale ne vont jamais parler de violence conjugale mais de "conflit de séparation", ce qui a comme conséquences de banaliser, minimiser voire invisibiliser les violences.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Cette théorie est appelée "Syndrome d’Aliénation Parentale" (SAP) et a été inventée par Richard Gardner dans les années 80. Ce concept anti-victimaire n’a aucune validité scientifique, il n’est pas reconnu par l’OMS et il fait l’objet de nombreux débats.

"Manque de fondement scientifique"
Le SAP est connu pour propager des croyances au sein des sphères psychosociale et juridique. Ces croyances concernent les "fausses allégations" ou encore ce qui est appelé, par certain.es professionnel.les, le "mythe" de la mère aliénante et de l’enfant menteur.

Malgré son manque de fondement scientifique, ce concept est repris par des psychologues, des avocat.es ou encore par le SAJ/SPJ, les services de protection de la jeunesse. En Belgique, le SAP est considéré par les tribunaux de la jeunesse et de la famille comme étant une raison valable pour un transfert de garde, voire un placement.

►►► A lire aussi : Placements d’enfants : sont-ils trop nombreux en Belgique ?

Les associations de terrain venant en aide aux femmes victimes de violence conjugale de différents pays, s’accordent pourtant pour dire que ce concept est régulièrement utilisé par des hommes violents afin de se défendre d’accusations d’inceste, de violences conjugales ou post-séparation (psychologique, physique, économique ou sexuelle) envers leur ex-compagne ou leur enfant.

►►► A lire aussi : L’inceste, une violence fréquente et genrée

Un inventeur controversé
L’inventeur du SAP, Gardner, est un psychologue pro-pédocriminel et antisémite qui développe sa théorie dans un ouvrage intitulé "Psychotherapy With Sex-Abuse Victims : True, False, and Hysterical Paperback". Mélissa Blais (Docteure en sociologie et professeure à l’université de Québec à Montréal) s’est intéressée aux éventuels biais des "recherches" de Gardner. Elle développe ses observations lors d’une conférence tenue dans le cadre d’un forum international intitulé "L’aliénation parentale comme stratégie d’occultation des violences conjugales". Mélissa Blais cite quelques passages de l’ouvrage de Gardner avant d’en conclure que celui-ci a un biais pro-pédocriminel.


Extraits (attention, certains sont difficiles à lire) :

"Plus les enfants ont une sexualité précoce, plus ils et elles augmentent leurs chances de transmettre leur ADN aux futures générations […] L’idéal est donc du point de vue de l’ADN que l’enfant soit sexuellement actif très tôt […] (Pour Gardner, la pédophilie) ne devrait pas être traitée comme une déviance car elle permet d’augmenter le niveau général d’excitation dans nos sociétés toujours pour une question de survie de l’espèce."

"A propos de la pédophilie, il prétend qu’il est naturel pour les hommes d’être attirés par de jeunes enfants car ils ont la peau douce comme les femmes […] les réactions excessives dans les pays occidentaux (vis-à-vis de la pédophilie) sont le produit de l’influence juive […] Au sujet du sadisme, il dit que les femmes auraient du plaisir à être battues et attachées, ce serait le prix qu’elles sont prêtes à payer pour recevoir du sperme […] Il dit aussi qu’il existerait une empreinte cérébrale (de trauma) qui amènerait les filles à croire qu’elles ont été agressées […] c’est pourquoi, il y a un fort risque de fausses accusations surtout quand elles sont en thérapie spécialisée."

Jugé problématique par le Conseil de l’Europe
Ajoutons à cela que ledit Syndrome d’Aliénation Parentale et l’hébergement égalitaire sont considérés comme problématiques dans le rapport d’évaluation du GREVIO, un organe de contrôle et d’évaluation de l’application de la Convention d’Istanbul, Convention que la Belgique a ratifiée et qui s’applique directement en droit belge, sur tout le territoire de la Belgique.

Le Conseil de l’Europe a adressé explicitement à la Belgique, dans le cadre de ses recommandations sur la mise en œuvre de ladite Convention, de "faire connaître l’absence de fondement scientifique de la notion de "syndrome d’aliénation parentale" et sensibiliser l’opinion publique à ce sujet".

La non-considération des violences entre partenaires peut conduire à la mort d’enfants pris en otage par des pères séparés qui veulent faire souffrir la mère en s’attaquant à l’enfant comme le montre l’actualité récente avec cet homme qui s’est jeté d’un pont à Vilvorde avec sa fille de 6 ans alors que la mère avait alerté la police. Elle n’avait pas été crue.

Les violences conjugales et post-séparation sont encore mal identifiées et mal comprises par nos institutions

Par cette carte blanche, nous, intervenant.es de terrain et associations de lutte contre les violences conjugales et post-séparation, souhaitons insister sur la gravité desdites violences encore trop souvent banalisées. Pourtant, les conséquences psychotraumatiques qui en découlent, rendent les victimes sévèrement dissociées et vulnérables. Les enfants qui y sont exposé·es développent dans 60% des cas, un état de stress post-traumatique.

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Les agresseurs doivent être responsabilisés et non "pathologisés". Nous dénonçons également l’utilisation des théories anti-victimaires (telles que ledit SAP) par la justice et la sphère psychosociale. Ces discours empêchent la protection des victimes et ont des conséquences graves pour notre société.

Au regard de ce que nous venons d’exposer, nous souhaitons informer l’opinion publique de ce qui se passe actuellement au sein de nos institutions. Les violences conjugales et post-séparation sont encore mal identifiées et mal comprises par nos institutions, il s’agit de sujets délicats qui demandent d’être traités avec une extrême précaution. Les acquis dans ce domaine ne sont jamais définitifs et les médias ont un rôle fondamental à jouer, c’est pourquoi nous appelons à la vigilance envers certains discours.

*Marie Denis et Fatma Karali pour le Collectif les mères veilleuses,

avec la contribution de Miriam Ben Jattou, Femmes de droit et droit des Femmes

Les signataires :
Selma Benkhelifa, avocate à Progress Law

Viviane Teitelbaum, présidente de l’Observatoire féministe des violences faites aux femmes

Gwenola Sueur, le Réseau International des Mères en lutte (RIML)

Maria Miguel Sierra, La Voix des Femmes asbl

Fabienne Richard, directrice du GAMS Belgique

Irène Zeilinger, sociologue

Josiane Coruzzi, Solidarité Femmes

Lili Bruyère, SOS inceste

Pour en savoir plus
Les Grenades ont publié l’année passée une chronique sur le sujet : L’aliénation parentale : un concept dangereux
Axelle magazine a publié plusieurs enquêtes sur le placement abusif d’enfants qui traitent de l’aliénation parentale : Placements abusifs d’enfants : mères en résistance et Kindja et Melani : le récit de deux mamans “désenfantées”
Un entretien avec la psychologue Marie Denis, rédactrice et signataire de cette carte blanche
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Avorter chez soi, une possibilité depuis le confinement , femmes, feminisme , IVG ,

28 Avril 2021, 18:22pm

Publié par hugo

Avorter chez soi, une possibilité depuis le confinement
   
Daphné Van Ossel
 Publié le lundi 26 avril 2021 à 06h30
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Le premier confinement avait mis la Belgique à l’arrêt. Les centres qui pratiquent l’avortement ont alors cherché des solutions pour qu’il reste accessible. Les patientes étaient restreintes dans leurs déplacements, et certains centres voulaient éviter d’avoir trop de personnes en même temps dans leurs locaux.

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Ils ont alors commencé à proposer aux femmes de pratiquer l’IVG médicamenteuse à domicile, une pratique déjà courante en France ou aux Pays-Bas. “C’est une option qui était déjà en discussion avant la pandémie, se souvient Cécile Olin, directrice du centre Louise Michel, à Liège. Ça a été l’occasion de la concrétiser.” Cela n’allait pourtant pas de soi, certains médecins étaient réticents. “Pour une IVG médicamenteuse, la patiente reste normalement chez nous pendant une demi-journée, donc on se disait que ce n’était pas l’idéal”, poursuit Cécile Olin.

C’est une option qui était déjà en discussion avant la pandémie, ça a permis de la concrétiser

Il existe deux méthodes pour procéder à l’interruption d’une grossesse. La méthode chirurgicale, par aspiration, qui nécessite une anesthésie locale ou générale et se pratique toujours en centre, par un médecin. Et la méthode médicamenteuse. Celle-ci se passe en deux temps : la prise d’un premier comprimé qui stoppe l’évolution de la grossesse, et, environ 48 heures plus tard, la prise de comprimés qui entraînent l’expulsion.

Un accompagnement par téléphone
C’est ce deuxième temps de l’IVG médicamenteuse qui se passe normalement en centre, avec un accompagnement (par un médecin et une accueillante). “L’accompagnement est important, défend le docteur Nathalie Carlier, coordinatrice de l’activité médicale du centre Louise Michel. On pense souvent qu’il suffit de prendre un médicament et puis que c’est fini, mais il peut y avoir des douleurs, des crampes, des saignements. Les complications sont rares mais c’est important d’être là pour rassurer les patientes.”

►►►A lire aussi : Le documentaire "Les mains des femmes" donne la parole aux médecins sur l'avortement

Pour que cette deuxième étape puisse se faire à domicile, les centres ont donc mis en place un accompagnement par téléphone. “On définit ensemble le moment de la prise des comprimés, et nous appelons systématiquement, explique Dominique Roynet, médecin généraliste qui pratique au planning familial de Rochefort. La patiente peut appeler elle aussi.”

A certaines conditions
Le centre de Rochefort proposait, lui, déjà cette possibilité avant la pandémie. “Il y avait une demande de certaines femmes, donc on avait déjà commencé à expérimenter.” Avec des conditions : la patiente doit déjà avoir une expérience obstétricale ou de fausse couche, elle ne doit pas habiter trop loin du centre pour pouvoir s’y rendre en cas de besoin, elle ne doit pas être seule pour pouvoir se faire conduire si besoin.

Pas plus de danger
Selon le docteur Isabelle Bomboir, qui pratique à Watermael-Boitsfort, Ixelles et au City Planning de l’Hôpital Saint-Pierre à Bruxelles, l’IVG à domicile n’est pas plus dangereuse, elle n’entraîne pas plus de complications et n’est pas moins efficace. “On a fait la comparaison, au City Planning, entre 2019 – quand il n’y avait pas encore d’IVG à domicile — et 2020, précise-t-elle, et il n’y a pas eu de changement. Une étude réalisée en Angleterre et au Pays de Galle sur 29.000 patientes arrive aux mêmes conclusions. Or, là tout se fait par téléconsultation : contrairement à chez nous, même le tout premier rendez-vous de prise de contact se fait par téléphone.”

Désormais, la plupart des centres continuent à offrir la possibilité d’avorter à domicile.” Beaucoup de femmes sont très positives, estime la directrice du centre Louise Michel, mais ça ne convient pas à toutes, certaines n’ont pas les conditions idéales chez elles, c’est difficile à faire quand les enfants sont là, par exemple.”

Ça a complètement changé nos habitudes

"Ça a complètement changé nos habitudes, déclare de son côté Yannick, gynécologue, chef de clinique et responsable du City planning de Saint-Pierre, ça nous a permis de passer le pas. Pour moi, c’est une grande avancée parce que, pour beaucoup de femmes, c’est un vrai confort. Mais il n’y a pas d’option meilleure qu’une autre, l’important c’est que les patientes aient le choix, et là elles en ont un de plus.”

La part d’IVG médicamenteuse ne cesse d’augmenter
Dominique Roynet est aussi positive quant au fait de rendre possible l’IVG à domicile, mais elle tient à nuancer. La part d’IVG médicamenteuse, qu’elle soit pratiquée en centre ou à domicile, ne cesse d’augmenter. Pour les centres du GACEHPA (Groupe d’Action des Centres Extra hospitaliers Pratiquant l’Avortement), elle est passée de 30 pourcents en 2015 à 40 pourcents en 2020. (On observe la même tendance à la hausse dans les chiffres nationaux, mais dans une moindre mesure).

Or, Dominique Roynet n’est pas spécialement favorable à cette méthode : “En réalité, c’est une fausse couche, ce n’est pas simple à vivre. En dehors des saignements et des douleurs, il y a aussi le contact visuel avec la poche ou parfois le tout petit fœtus, ça a un impact psychologique. Par ailleurs, certaines femmes expriment un sentiment de culpabilité parce qu’elles se sont avortées elles-mêmes.”

Certaines femmes expriment un sentiment de culpabilité parce qu’elles se sont avortées elles-mêmes

Pour la généraliste, l’IVG médicamenteuse est notamment proposée par des médecins qui ne savent pas faire d’IVG chirurgicale : “On manque de médecins praticiens, et donc on fait la promotion de l’IVG médicamenteuse, mais en réalité ce n’est pas un vrai choix.”

Les femmes viennent consulter plus tôt dans leur grossesse
L’augmentation du nombre d’IVG médicamenteuse s’explique aussi par le fait que les femmes viennent consulter de plus en plus tôt dans leur grossesse. Elle n’est pratiquée que jusqu’à environ 9 semaines d’absence de règles. Si les femmes viennent plus tôt, elles ont donc plus de chances d’avoir accès à cette méthode.

Il n’existe pas encore de chiffres globaux officiels, mais tous les centres que nous avons contactés observent cette tendance. Dominique Roynet pratique des avortements depuis 40 ans, et elle assure qu’elle n’a jamais vu une telle évolution des pratiques en si peu de temps. Pour elle, cela a été progressif, cela fait quelques déjà quelques années. Pour les autres, c’est surtout propre à l’année 2020.

Des femmes plus informées ? Plus centrées sur leur corps ?
Chacun cherche des explications : au Centre Louise Michel, comme à Rochefort, on fait le lien avec l’attention médiatique portée à la question de l’avortement ces dernières années. La loi a changé en 2018, et on a aussi beaucoup parlé du projet (qui n’a finalement pas abouti) de la modifier à nouveau. “Les femmes sont probablement plus informées, plus conscientes de leur droit”, suppose Cécile Olin.

Autre hypothèse avancée : la période de confinement aurait permis une sorte de retour sur soi, les femmes auraient été plus attentives à leur propre corps.

Au CHU Saint-Pierre, on a une explication plus concrète, mais qui ne correspond pas à la réalité des autres centres : en période de confinement, le centre ne fait plus que ça, les autres activités sont suspendues, et du coup le temps d’attente avant d’avoir un rendez-vous est moins long.

La pandémie aura eu un impact sur la pratique de l’avortement
Il faudra probablement attendre d’avoir plus de recul pour y voir plus clair. Quelles que soient les explications sur ce point précis, la pandémie aura eu un impact sur la pratique de l’avortement. Elle aura permis l’accès à l’IVG à domicile, elle a peut-être permis aux femmes de consulter plus tôt, et, dans certains cas, elle leur aura aussi permis d’avorter plus vite après le premier rendez-vous.

Avorter le jour même
C’est le cas au centre de planning de Rochefort, où les femmes ont pu avorter le jour même. “Celles qui n’avaient pas besoin de réfléchir plus longtemps passaient des examens le matin et pouvaient avorter l’après-midi même, détaille Dominique Roynet. On voulait éviter aux femmes de trop se déplacer puisqu’il fallait une autorisation pour bouger en voiture et que, chez nous, les patientes viennent souvent de loin.”

La loi impose normalement un délai de 6 jours, sauf s’il existe une raison médicale urgente pour la femme d’avancer l’interruption volontaire de grossesse. “On a estimé que nos patientes étaient dans l’urgence”, défend la généraliste. “Et maintenant, on continue à offrir cette possibilité, on a décidé que c’était une avancée et qu’on ne ferait pas marche arrière car c’est un plus pour certaines femmes.”

Les pratiques ont donc changé, définitivement. “C’est la genèse du progrès dans le marasme”, conclut Dominique Roynet.

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https://www.rtbf.be/info/societe/detail_avorter-chez-soi-une-possibilite-depuis-le-confinement?

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Non, le #24avril n'est pas "la Journée internationale du viol", femmes, feminisme, viol

25 Avril 2021, 20:25pm

Publié par hugo

 Non, le #24avril n'est pas "la Journée internationale du viol"
Non, le #24avril n'est pas "la journée internationale du viol" 
Non, le #24avril n'est pas "la journée internationale du viol" - © Alihan Usullu - Getty Images/iStockphoto
  
Une chronique de Camille Wernaers
 Publié le samedi 24 avril 2021 - Mis à jour le samedi 24 avril 2021 à 12h32
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Vous pouvez vous adresser à un.e professionnel.le en contactant SOS Viol au numéro gratuit 0800/98.100 ou par mail à l’adresse info@sosviol.be.


Depuis plusieurs jours, les hashtage #24avril et #24april circulent sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement sur TikTok, sur lequel se rassemblent de nombreux et nombreuses adolescent·es. Cette journée serait la “Journée internationale du viol” pendant laquelle le viol serait autorisé et qui aurait été décrétée par des hommes. Il s’agit plus que probablement d’une rumeur qui prend de l’ampleur, une telle journée n’existant évidemment pas.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Selon le site NeonMag, sur TikTok, le hashtag #24avril recueillait plus de 3,6 millions de vues et le #24april plus de 37,5 millions de vues le vendredi 23 avril. Le site évoque “une vague de panique” sur les réseaux sociaux et de nombreux parents y relaient les interrogations de leur enfant face à ce hashtag.

Une origine peu claire
L’origine de cette fake news n’est pas encore claire. NeonMag a également enquêté et essayé de trouver la vidéo originale dans laquelle plusieurs hommes annonceraient cette journée, mais n'a pu en trouver que quelques bouts ajoutés par montage dans d'autres vidéos. "On y voit trois hommes masqués, avec une capuche qui couvre leur visage, assorti de la mention "femmes vous avez été prévenues… vous nous avez pris pour des clowns pendant trop de temps". Aucune mention au viol n’est toutefois explicitement faite dans l’extrait, et l’utilisateur a supprimé la vidéo, ce qui ne permet pas d’affirmer qu’il s’agit bien d’un appel au viol", écrit NeonMag.

TikTok a répondu aux question du site USAToday et a expliqué n'avoir pas trouvé de vidéos appelant à cette journée. "[...] Assurer la sécurité de notre communauté est notre priorité, et nous ne tolérons aucun contenu qui promeut ou glorifie des actes sexuels non consentis, y compris le viol et les agressions sexuelles. […] notre équipe reste vigilante et nous supprimerons le contenu qui enfreint nos politiques", a précisé le réseau social.

Le viol est un crime, tous les jours
Rappelons que les viols sont le plus souvent commis par des proches des victimes. Mais surtout que le viol n’est pas “autorisé”, ni aujourd’hui, ni aucun jour. En Belgique, le viol est défini comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit et par quelque moyen que ce soit, commis sur une personne qui n’y consent pas. Dans la loi, il n’y a pas consentement lorsque l’acte a été imposé par violence, contrainte, menace, surprise ou ruse, ou a été rendu possible en raison d’une situation de handicap.

C’est un crime passible d’une peine de prison de 5 à 10 ans, allongée en cas de circonstances aggravantes : si la victime est âgée de moins de 10 ans (20 à 30 ans requis), si l’auteur avait autorité sur la victime au moment des faits (membre de la famille, médecin, etc.), etc.

►►► A lire aussi : Violences sexuelles : une pétition remise au Premier ministre

Selon SOS Viol, 20% des femmes ont subi un viol en Belgique. Une grande majorité des agresseurs sont des hommes.

Les injonctions faites aux filles et aux femmes sous couvert de ce hashtag sont révélatrices dans cette affaire : “Ne sortez pas, restez chez vous car des hommes peuvent vous violer”. Certaines témoignent d'ailleurs avoir peur de sortir aujourd’hui.

Or, ce n’est pas sur elles que les injonctions devraient porter. Il s’agirait plutôt d’exiger des hommes qu’ils cessent de violer ou de menacer de le faire.
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In Gia Abrassart We Trust, créatrice de synergies et de rencontres , gfemmes, feminisme,

25 Avril 2021, 20:12pm

Publié par hugo

In Gia Abrassart We Trust, créatrice de synergies et de rencontres
In Gia Abrassart We Trust, créatrice de synergies et de rencontres4 images 
In Gia Abrassart We Trust, créatrice de synergies et de rencontres - ©  
Jehanne Bergé
 Publié le samedi 24 avril 2021 à 10h46
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Dans la série In… We Trust (en français : "Nous croyons en"), Les Grenades vont à la rencontre de femmes arrivées là où personne ne les attendait. Pourquoi We Trust ? Parce qu’elles ont suivi leur passion, elles y ont cru. Et nous aussi. Des femmes de caractère qui déconstruisent les stéréotypes à leur manière… Neuvième épisode consacré Gia Abrassart, entrepreneuse culturelle et initiatrice de Café Congo et Ginger G.


C’est dans la cour du Studio CityGate, un immense espace situé à Anderlecht qui accueille des créatifs et créatives, des entrepreneurs et entrepreneuses et des associations que nous retrouvons notre hôte du jour. C’est à l’étage de l’un des bâtiments que se trouve Café Congo, un lieu artistique où vibrent les énergies d’ici et d’ailleurs.

"J’ai initié le projet, mais, moi je ne suis pas artiste, je suis plutôt une interface au service de la création multidisciplinaire afro-descendante. Ici, tout se lie, se délie tout le temps", introduit-elle en nous faisant visiter les lieux.

In Gia Abrassart We Trust, créatrice de synergies et de rencontres
In Gia Abrassart We Trust, créatrice de synergies et de rencontres - © Tous droits réservés
Créer, créer, créer
Suivre Gia Abrassart, c’est faire la rencontre de tout un écosystème. Dès notre arrivée, nous faisons la connaissance de Lucile Saada Choquet, artiste en résidence pour son installation-performance "Jusque dans nos lits". Arrivée début mars, elle travaille sur un dispositif de rencontres entre personnes racisées sous la forme d’un grand lit qu’elle placera par la suite dans l’espace public. "Je veux décoloniser l’intime. Je propose à chaque invité d’échanger avec moi à partir d’un carnet de rencontres que j’ai écrit." La pièce où Lucile Saada Choquet est en train de créer juxtapose un café-salon littéraire de 50 mètres carré où le projet Café Congo a démarré avant de s’étendre sur le reste de l’étage...

Avant la pandémie, les événements se multipliaient entre ces murs, mais depuis, le lieu est entièrement dédié aux résidences d’artistes en création. Nous suivons Gia Abrassart dans une grande pièce, inondée par la lumière. "On a ouvert ici avec la Wetsi art galery, on partage l’espace avec les artistes qui étaient déjà ici."

Le lieu est divisé en ateliers ouverts ou fermés aux univers très spécifiques. Nous nous arrêtons devant des œuvres, Gia Abrassart nous présente Céline Paquay qui travaille à partir de photomontages d’archives du Congo de la période coloniale juxtaposées avec des images de plages du Nord pour faire un lien entre conditions de vie migratoire et enjeux socio-économiques qui se cachent derrière l’Histoire. 

Juste à côté, Elisabeth Woronoff travaille sur la performance "Keep Art a-LIVE!". Nous rencontrons également Bers Grandsinge, artiste congolais qui a étudié aux Beaux-Arts de Kinshasa. "C’est le doyen de Café Congo", explique la maitresse des lieux.

Un peu plus loin, derrière une porte, un petit bureau calme et feutré. "Là, c’est l’espace de la DJ Rokia Bamba et de Joëlle Sambi, poétesse et écrivaine."

Un refuge artistique
Café Congo semble être un refuge artistique où chacun·e peut trouver une place pour créer et exister. "Les artistes sont quasi tous là depuis le début, ça se met en place de manière organique."

Partout où le regard se pose, des œuvres d’art. En route à présent pour la salle Kinshasa qui rassemble entre autres Pitcho Mafolo qui travaille différentes matières, Precy Numbi qui fait des performances afrofuturistes avec des objets déclassés ou Eddy Ekete dit "l’homme canette" qui questionne notre rapport aux poubelles.

"Café Congo, c’est un état d’esprit, un art de vivre. Nous ne sommes pas subsidiés, on ne doit rendre de compte à personne. Pour moi la liberté, c’est quelque chose de très important. On est très autonomes, ici, c’est un refuge, on peut lâcher prise", continue notre hôte.

Retour dans le petit salon littéraire. Lucile Saada Choquet revient vers nous : "Dans le milieu institutionnel, en général, tu as des temps très courts pour travailler. Ici, je peux chercher sur une durée beaucoup plus longue et c’est très important dans un processus créatif de ne pas avoir la pression de créer un résultat. C’est hyper précieux d’avoir des endroits comme ça. Et aussi d’être entourée d’autres artistes qui sont mué·es par les mêmes questions. Savoir qu’il y a des afro-descendant·es qui créent, c’est un gain de temps énorme dans la communication de mon propre travail."

Café Congo est un écosystème entre artistes, et l’espace s’ancre lui-même dans l’écosystème plus large du Citygate. "Libre à chacun de créer des ponts, les liens se font naturellement", ajoute Gia Abrassart.

On est très autonomes, ici, c’est un refuge, on peut lâcher prise

Artivisme et bouillonnement
Après ce tour d’horizon, vient le moment de nous poser pour comprendre la genèse de ce projet.

"Ma mère est métis, mon père est blanc, ma grand-mère est noire. Très jeune, je me suis rendu compte qu’il y avait des privilèges. Ce n’est pas pour ça que je n’ai pas dû me déconstruire. J’avais, moi aussi des biais aveugles."

Cette femme de caractère aux fières racines congolaises a eu plusieurs vies. C’est dans la gestion hôtelière qu’elle commence sa carrière, avant d’être engagée au Comité International de la Croix Rouge comme responsable des flux d’informations. Après cette expérience, elle retourne aux études, et commence le journalisme à l’ULB. "En 2004, j’ai réalisé avec Marie-Soleil Frère qui vient de décéder, un mémoire sur le manque de visibilité des diasporas africaines dans les médias belges."   

Dans la foulée, elle lance Afromedia Blackness Attitude, un blog qui devient le site Café Congo pour repenser les relations belgo-congolaises à travers une pensée artistique. "Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont les créations multidisciplinaires témoignent du passé colonial." En 2015, avec Sarah Demart, elle publie l’ouvrage "Créer en postcolonie 2010-2015. Voix et dissidences belgo-congolaises".

L’ouverture de Café Congo est la suite logique de ce parcours atypique, un endroit physique pour faire vivre ces projets. "Ici, nous sommes ancré·es dans une philosophie féministe, queer et décoloniale. Ce lieu, je l’ai créé pour faire une sorte de rééquilibrage mémoriel pour le Congo, le Burundi et le Rwanda et ne pas toujours être dans cette attente de reconnaissance et de réparation." Elle ouvre en 2018 dans des circonstances particulières. "Je suis tombée malade, j’ai dû être hospitalisée trois mois pour une greffe de cœur. Ça a été un épisode intense. Je suis revenue ici en septembre 2018. J’ai commencé à décorer, on a donné une âme au lieu, il s’est transformé en une salle de convalescence, de résilience."

Un espace qu’elle continue de porter. A travers leurs créations, les artistes de Café Congo peuvent explorer différentes formes de militance et d’activisme, d’artivisme.

In Gia Abrassart We Trust, créatrice de synergies et de rencontres
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Coup de boost
A présent, direction les Marolles à la découverte d’une autre facette de l’entrepreneuse : sa marque de boisson à base de gingembre Ginger G.  

"A partir de 2009, j’ai souffert d’insuffisance cardiaque, j’ai dû arrêter l’alcool. Je n’en pouvais plus des bionades... J’ai commencé à boire du jus de gingembre. J’ai fait un test, j’en ai préparé 20 litres à une soirée, ça a eu du succès."

La marque naît en 2015. Comme d’habitude avec elle, le reste suit de manière organique. Son élixir de "gingembre frais infusé de citron, d'épices et d'amour" est reconnu par les fines bouches bruxelloises.

Infatigable, en octobre 2020, juste avant le deuxième confinement, elle ouvre une petite boutique MG Boutique avec Vanessa Ngoga, chanteuse et co-fondatrice de la marque de café Malaïka. C’est dans une ancienne volaillerie de 20m2 à côté de la place du Jeu de Balle, qu’elles se sont installées ensemble. Le carrelage d’origine donne à l’endroit un charme tout particulier. Ici, se juxtaposent un comptoir à café, un comptoir à jus gingembre, une porte Dogon, des tissus du Mali, des bijoux, des housses de coussins éthiques...

Gia Abrassart et Vanessa Ngoga.
Gia Abrassart et Vanessa Ngoga. - © Tous droits réservés
"On a des bons produits les gens aiment bien. On propose une fusion sympa. Ça résonne bien dans le quartier. Le café vient du Burundi, c’est un projet que je fais avec mon père et deux de ses amis qui y sont producteurs depuis plus de 40 ans", explique Vanessa Ngoga en nous servant le précieux breuvage.

Entre deux coups de téléphone, Gia Abrassart s’assied pour déguster un café. "Je suis entourée de beauté", dit-elle. On ne peut pas la contredire. Après les rencontres en cascade de la matinée à Café Congo, l’après-midi en boutique ne s’annonce pas moins joyeuse. Les passants saluent les deux femmes depuis la rue, les client·es entrent dans le petit magasin. Nous les laissons à leurs affaires, la tête remplie de rencontres, de saveurs, de beauté.

Pour suivre Café Congo, c’est par ici et la boutique c’est par là.

L’expo The reality of a reflection de la Wetsi art galery est à découvrir à partir de ce samedi 24 avril jusqu’au 6 juin. L’expo Congoville qui présente entre autres le travail d’artistes de Café Congo est à visiter au Middelheim Museum à partir du 29 mai avec notamment Kinact Collective.

La liste des artistes résidents à Café Congo
Bers Grandsinge, Wetsi Mpoma Gallery et ses artistes, Nadia Berriche, Elisabeth Woronoff, Céline Paquay, Audrey Uhorakeye Marion, Rokia Bamba, Céline Proust, Joëlle Sambi, Nicolas Makola, Odette Watshini Messager, Wenzoki, Pitcho Mafolo, Precy Numbi, Lucille Choquet, Eddy Ekete, Bayunga Kialeuka, Baobab Van De Teranga.

La série In... We Trust (Nous croyons en...)
In Virginie Pierre We Trust, la force des abeilles
In Astrid Genette We Trust, maman solo et maraîchère
In Siré Kaba We Trust, créatrice d'une mode qui décloisonne
In Sukma Iryanti We Trust, rebondir face à toutes les difficultés
In Jeanette Van der Steen We Trust, première femme maître de chai en Belgique
In Zoila Rosa Palma We trust, vendeuse de frites et de réconfort
In Zofia Wislocka We Trust, cheffe d'orchestre à la baguette libre
In Leïla Maidane We Trust, entrepreneuse sociale et féministe
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Les conséquences genrées de la crise sanitaire dévoilées dans une étude , femmes, feminisme,

24 Avril 2021, 07:54am

Publié par hugo

 Les conséquences genrées de la crise sanitaire dévoilées dans une étude
Les conséquences genrées de la crise dévoilées dans une étude
Les conséquences genrées de la crise dévoilées dans une étude - © Klaus Vedfelt - Getty Images
 
Sarah Lohisse
 Publié le mardi 20 avril 2021 à 17h36
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La féministe française Simone de Beauvoir disait : "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant". Le Covid n’a pas fait exception à cette prédiction. Il n’a, au contraire, que renforcé les inégalités déjà bien présentes dans nos sociétés, la précarité des droits, et notamment les discriminations de genre.


Le Conseil bruxellois de l’égalité entre les femmes et les hommes (CEFH) a sorti un rapport sur l’impact du Covid-19 sur les inégalités entre les femmes et les hommes. Formé de membres de la société civile, de syndicats et de membres du patronat, le Conseil a pour but d’alerter sur l’entreprenariat des femmes, les médias, les responsables politiques, et les personnes opérationnelles dans le secteur public. En sa qualité d’organe consultatif, il peut rendre des avis d’initiative et des rapports d’analyse au gouvernement bruxellois.

Durant le premier confinement
Lorsque que le Conseil a pris la décision de collecter les données, le premier confinement était encore en cours (mai 2020). Personne ne pensait qu’on en arriverait à un troisième. Le texte, intitulé "Demain ne peut être pire qu’hier pour l’égalité", rappelle qu’avant la crise il aurait fallu une centaine d’années avant d’atteindre une réelle égalité femmes-hommes. 2020 a fait reculer cette possibilité d’une trentaine d’années. Nous pourrions donc atteindre ce but dans 136 ans. C’est énorme. Les chiffres ne peuvent plus augmenter, selon le CEFH.

Le rapport, écrit par Hassina Semah, experte en genre et diversité, fait plus de cent pages. Il synthétise des observations et données existantes collectées par les membres issu.es des mondes associatifs, académiques et des partenaires sociaux. Le constat est alarmant. Les femmes sont largement plus touchées par la crise que les hommes que ça soit en termes d’emploi, de salaire, de formation ou de santé mentale.

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Une femme sur quatre aura développé de l’anxiété contre un homme sur sept. Les étudiant.es ne sont pas en reste non plus puisqu’une personne sur deux aura développé un trouble dépressif. Le genre se couple à d’autres éléments comme l’origine, l’orientation sexuelle ou la condition sociale qui vont entrainer des discriminations et conséquences encore plus graves. C'est pour cette raison que la première recommandation du CEFH est de développer une politique d’égalité femmes-hommes forte, globale, transversale et intersectionnelle, c'est-à-dire qui prend en compte les discriminations croisées.

En première ligne
Ce sont majoritairement des métiers féminins qui ont été en première ligne durant la pandémie : soignantes, caissières, aides ménagères, … Elles ont été particulièrement sollicitées, quitte à faire des heures supplémentaires. Pourtant, c’est encore à elles de s’occuper en majorité de l’éducation et de la charge des enfants.

►►► A lire aussi : Le malaise des puéricultrices face aux mesures contre le coronavirus

Les familles monoparentales ont d’ailleurs à 86% du temps des mamans à leur tête. Elles ont donc plus de risques de vivre de grandes précarités. En termes de salaire, la chose n’est pas nouvelle, elles ont un salaire inférieur au salaire masculin. On remarque à cet égard que l’écart salarial est le plus grand jamais enregistré. C’est un écart structurel. D’autre part, on constate une fuite des travailleuses du marché de l’emploi.

►►► A lire aussi : Les femmes risquent de disparaître du marché de l'emploi à cause de la pandémie

Sept mamans contre trois papas auraient pris un congé parental corona.
La pandémie n’ayant épargné personne, en particulier pas les métiers dits "non essentiels", sur 1500 faillites enregistrées à Bruxelles, 20% sont des métiers du care, particulièrement féminisés.

►►► A lire aussi : Mères solo et confinement: la galère

Violences en hausse ?
Enfin, pour ne synthétiser que quelques données retrouvées dans le rapport, les appels sur les lignes téléphoniques aidant contre les violences conjugales ont largement augmenté durant les confinements. Dans 92% des cas, cela concernait des femmes, sur les 52 faits de violences sexuelles rapportés à Bruxelles durant le début de la crise, 100% des auteurs étaient des hommes.

Quant aux violences comme le harcèlement de rue, neuf femmes sur dix rapportent en avoir vécu dans l’espace public et ce, peu importe le lieu ou l’âge de la personne.

►►► A lire aussi : Le confinement n'arrête pas le harcèlement de rue

Ces chiffres nous rappellent que l’égalité des genres est une urgence sociétale. Soulignons néanmoins qu’étant en pleine pandémies les données peuvent être incomplètes, s’agissant de tendance qui devront être vérifiées dans le temps.

Le CEFH, en parallèle à ce rapport, a sorti 19 constats, chiffres clefs et recommandations afin de donner des idées de pistes aux autorités. En tirant la sonnette d’alarme, ils souhaitent intégrer le gendermainstreaming et genderbugetting à tous les plans de relances et, in fine, à toutes les lois. Cela se traduit par une approche intégrée de l’égalité des genres basée sur une (ré)organisation et une évaluation genrée dans tous les domaines et notamment politiques et budgétaires.

"Une politique de genre courageuse"
Parmi les recommandations et assignations du dossier, le Conseil demande une politique de genre courageuse, une relance économique sous le signe du genre, une fin à la précarité chez les femmes ainsi qu’aux violences faites aux femmes. Ils proposent notamment de renforcer l’espace public contre les violences sexistes et sexuelles et contre le harcèlement. Au niveau de l’emploi, il s’agit notamment de (re)valoriser les métiers du care ou encore de renforcer la mixité des métiers pour contrer les effets de ségrégation et de pénurie.

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La secrétaire d’État au Logement et à l’Égalité des chances Nawal Ben Hamou ainsi que Bernard Clerfayt, ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de la Transition numérique étaient présents le 19 avril, invités au webinaire organisé par le CEFH. Ils se sont montrés inquiets face aux chiffres exposés, promettant de s’engager à lutter contre l’augmentation des données mais aussi d’essayer de comprendre les mécanismes profonds qui agissent sur ces inégalités.

Parmi les mesures concrètes, ils ont annoncé que le prochain budget COCOM d’un milliard d’euros en matière sociale sera le premier budget genré. Et à Bernard Clerfayt d’ajouter qu’ils chiffreront de manière transparente, espérant que le Conseil bruxellois de l’égalité entre les femmes et les hommes sera là pour les rappeler à l’ordre s’il y a discrimination. "C’est en rendant transparentes les choses que l’on peut construire les stratégies de correction et aller vers une égalité homme femme", a-t-il expliqué.

Explosion des violences conjugales - JT

Cet article a été écrit dans le cadre d'un stage au sein de la rédaction des Grenades.

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Sororasie, unies pour dénoncer l'invisibilisation et la stigmatisation des femmes asiatiques , femmes, feminisme,

24 Avril 2021, 07:46am

Publié par hugo

 Sororasie, unies pour dénoncer l'invisibilisation et la stigmatisation des femmes asiatiques
"Sororasie", unies pour dénoncer l’invisibilisation et la stigmatisation des femmes asiatiques2 images 
"Sororasie", unies pour dénoncer l’invisibilisation et la stigmatisation des femmes asiatiques - © Tous droits réservés
 
Jehanne Bergé
 Publié le mardi 20 avril 2021 à 14h05
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Sororasie est un collectif qui lutte contre le racisme et pour une meilleure représentation des femmes asiatiques dans nos sociétés. L’objectif ? Mettre un terme à l’invisibilisation et aux violences sexistes et racistes.


Depuis le début de l’année 2020, la peur du virus a exacerbé le racisme anti-asiatique dans l'espace public et médiatique. C’est dans ce climat qu’Amanda* a créé, en France, "Sororasie", en plein milieu du premier confinement. "J’avais du temps à la maison, du coup, j’ai lancé le compte Instagram. Je venais de vivre du racisme au travail où on m’avait demandé de manière insidieuse si j’avais le covid, alors que je n’étais pas du tout malade… Aussi, dans les transports, je m’étais sentie très mal à l’aise", confie-t-elle.

Son tout premier post indiquait ceci : "As-tu déjà̀ tapé ‘Réseau de femmes asiatiques’ dans la barre de recherche Google...?! On y trouve des articles sur des réseaux de prostitutions et des sites de rencontres principalement ... Changeons cela en partageant CE réseau de femmes et minorités de genre asiatiques."


Très vite, elle a été rejointe par d’autres et Sororasie est devenu un projet collectif, une véritable plateforme anti-clichés et un webzine. Parmi les abonné·e·s de ce compte qui démonte les stéréotypes, Sung Shim Courier, 35 ans, journaliste bruxelloise.

Asio-féminisme
Pendant longtemps, Sung, d’origine coréenne explique s’être sentie "Belge avec une tête asiatique". C’est au fil des rencontres et des discussions qu’elle a commencé à s’intéresser à l’asio-féminisme. "Je suis en train de réaliser un documentaire qui parle de mon histoire personnelle d’adoption. Je rencontre différents profils, la question sous-jacente de mon travail, c’est ‘comment on peut être belge quand on a été coupé·e de ses racines’. Le docu modifie la manière dont j’appréhende mon identité de femme asiatique."

Il y a un an, en mars 2020, elle assistait à l’enregistrement du podcast Kiffe Ta Race * Les Grenades au Parlement Bruxellois. "J’ai trouvé ça incroyable. On se demande souvent où est la jeunesse, où sont les femmes, les minorités visibles ? Elles étaient là ! Je trouvais ça super ce public qui avait envie d’être représenté."

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Lors de l’événement, elle a fait la rencontre de Grace Ly, autrice et co-animatrice du podcast avec Rokhaya Diallo. "Je lui ai parlé du phénomène de la banane, le fait de se sentir blanche alors que je suis jaune. Je jouais de cet humour, mais en discutant avec elle, j’ai réalisé qu’il y avait quelque chose de péjoratif, même en me réappropriant cet humour colonial."

Je venais de vivre du racisme au travail où on m’avait demandé de manière insidieuse si j’avais le covid, alors que je n’étais pas du tout malade…

Par la suite, Sung a continué d’écouter le podcast Kiffe Ta Race et commencé à suivre des militantes sur les réseaux sociaux. C’est comme ça qu’elle a découvert le compte Sororasie d’Amanda. "Elle avait un discours politique, structuré et engagé qui expliquait le malaise que j’avais ressenti gamine. Par exemple, quand j’étais petite dans les rues, les enfants qui me croisaient disaient ‘oh une chinoise’ en se tirant les yeux."

Asidentités, célébrer ses racines
Au déconfinement, Sororasie est passé à la vitesse supérieure, en lançant sur Instagram, un appel pour faire des portraits de femmes et minorités de genre asiatiques à Paris. En découvrant le post, Sung a pris son courage à deux mains et a décidé de se rendre en France pour rejoindre l’événement. "J’étais hyper stressée, mais ça s’est super bien passé. Il y avait des nanas de partout. On était dans le ‘body positive’ à fond. L’idée, c’était vraiment de s’accepter dans sa féminité comme dans ses racines."

Dans ce projet, intitulé Asidentités, la question de la représentation est cruciale, l’objectif est de mettre en avant la diversité des identités asiatiques. "Plus de 170 personnes ont répondu présentes. On est toutes et tous un corps politique", explique Amanda. "L’Asie c’est 48 pays, pas que la Chine", insiste Sung.

Toujours dans cet esprit de sororité, le shooting de ces mannequins d’un jour a été réalisé par une équipe de femmes photographes asiatiques. "La convergence de talents féminins issus de différents corps artistiques étaie en-soi un symbole pour créer une œuvre originale qui tente de s'émanciper du ‘male gaze’", a publié le collectif dans un communiqué.


Dans un second temps, toutes les femmes ont ensuite posté leur photo le même jour sur les réseaux sociaux. Une mise en avant qui est loin d’être dans les habitudes de Sung, et pourtant, elle s’est prêtée au jeu. "J’ai envie d’être fière de mes racines, tout en étant Belge. Je suis fière d’avoir des traits asiatiques, je me dis juste que c’est dommage de mal connaitre la Corée… Si un jour, j’ai des enfants, j’aimerais qu’ils découvrent ce pays, ça fait partie de moi, ça fera partie d’eux."

Une campagne a été réalisée pour collecter les fonds et créer une expo. Et ce weekend, alors que quelques membres du collectif s’étaient rassemblées pour fêter la fin de cette campagne, elles ont été victimes d’une agression sexiste et raciste.


En finir avec cette idée de minorité modèle
"Nous ne tolérons plus d’être perçues de façon stéréotypée, d’être fétichisé·es, hypersexualisé·es et rangé·es dans le spectre de la minorité modèle. Ce mythe a été créé par les politiques coloniales et racistes et s’est ancré dans nos sociétés occidentales. Il a notamment façonné la perception des personnes asiatiques dans l’imaginaire collectif comme des individus dociles, afin de les catégoriser comme de ‘bonnes personnes racisées’, et ainsi créer une division au sein des minorités racisées", a écrit le collectif Sororasie dans une tribune. 

Des propos qui résonnent particulièrement chez Sung qui a eu affaire à des remarques fétichistes plusieurs fois… "Un jour, un mec m’a abordé en me disant ‘Alors, tu es une dominatrice au lit et une soumise dans la vie ?’", confie-t-elle en levant les yeux au ciel. 

Comme le rappelle Sororasie, les oppressions liées à la fétichisation, l'hypersexualisation, le manque de représentations peuvent créer un sentiment d'invisibilité et d'exclusion.

Ce mythe a été créé par les politiques coloniales et racistes et s’est ancré dans nos sociétés occidentales. Il a notamment façonné la perception des personnes asiatiques dans l’imaginaire collectif comme des individus dociles

Amanda et Sung insistent sur l’invisibilisation des personnes asiatiques à l’écran. Media Animation en 2019 a publié une étude sur le sujet : "Victimes de whitewashing dans certains films, de racisme anti-asiatique normalisé et d’une sous-estimation de leur jeu d’acteur.rice.s, les comédien.ne.s asiatiques rencontrent beaucoup de difficultés dans leur métier." Encore une fois, Sung ne peut qu’appuyer cette idée. Au milieu des années 2000, avant d’étudier le journalisme, elle a commencé le conservatoire. "Le prof m’a dit que je devrais me faire débrider les yeux si je voulais un jour des rôles classiques..."

Sororasie, unies pour dénoncer l'invisibilisation et la stigmatisation des femmes asiatiques
Sororasie, unies pour dénoncer l'invisibilisation et la stigmatisation des femmes asiatiques - © Tous droits réservés
Le racisme ne s’est pas arrêté à la fin de ses études de théâtre. Engagée comme journaliste dans une télé nationale, son chef a prétendu ne pas pouvoir retenir son prénom. "Il m’appelait ‘sunsun’ ou ‘tchin tchan tchoun’." Des discriminations qui se sont aussi cachées derrière de la fausse bienveillance sous couvert de quotas. "Par rapport à une offre d’emploi comme journaliste présentatrice de JT, des amis journalistes dans cette chaîne me disaient ‘Comme, tu es issue de ma minorité visible et que la chaine est très en demande de ça, tu as toutes tes chances.’ J’ai trouvé ça très violent parce que quand tu n’as pas confiance en toi, ce qui est mon cas, ça te donne un souci de légitimité."

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Elle conclut : "Quand tu es asiatique, il n’y a pas un délit de faciès comme pour d’autres discriminations, mais régulièrement, il y a une espèce de rappel que ‘tu n’es pas d’ici’ et que tu dois montrer patte blanche. Je ne veux plus, aujourd’hui, minimiser la discrimination quand je ne me sens pas respectée dans mes origines."

Pour suivre Sororasie, c’est par ici, Amanda anime aussi le podcast Asiattitudes par là.

*Amanda préfère ne pas diffuser son nom de famille

La pandémie a exacerbé le racisme anti-asiatique
Donald Trump, a dès le début de l'épidémie, utilisé, les expressions "virus chinois", "virus de Wuhan" ou encore "kung flu". Le 8 mai 2020, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré que "la pandémie continuait à déclencher un raz-de-marée de haine et de xénophobie, de recherche de boucs émissaires et d’alarmisme". Ce 16 mars 2021, un homme de 21 ans, Robert Aaron Long, a attaqué trois salons de massages d'Atlanta et sa banlieue. Huit personnes sont mortes et parmi elles sept femmes, dont six d'origine asiatique.

Racisme anti-asiatique renforcé par la pandémie - JT

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Pour les puéricultrices, les clichés ont encore la vie dure , femmes, feminisme,

24 Avril 2021, 07:43am

Publié par hugo

 Pour les puéricultrices, les clichés ont encore la vie dure
Pour les puéricultrices, les clichés ont la vie dure
Pour les puéricultrices, les clichés ont la vie dure - © FatCamera - Getty Images
 
Camille Wernaers
 Publié le lundi 19 avril 2021 à 08h17
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“Mon métier, c’est ma passion et je pourrais en parler pendant des heures”. Laura Naassens est puéricultrice depuis 10 ans et exerce aujourd’hui à la crèche “Les Jeunes Pousses”, attachée à l’hôpital de Jolimont, à Nivelles. Son métier est mis particulièrement à mal par la crise sanitaire. Les puéricultrices mettent en avant leurs conditions de travail compliquées : sous-financement, salaires bas, fin de carrières difficiles... autant de problèmes structurels exacerbés par la crise du coronavirus.


Les travailleuses de ce secteur, composé à 96% de femmes, demandent une reconnaissance et une prise en compte de leur importance en temps de pandémie, dont elles forment également les premières lignes. Elles estiment garder les enfants des autres professions pour permettre aux travailleurs et travailleuses d’exercer leur métier, les infirmières par exemple. “Notre crèche est attachée à un hôpital, donc nous nous occupons des enfants du personnel. Nous n’avons jamais arrêté de travailler, explique Laura Naassens.

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Masque ou pas masque, difficile de s'y retrouver
“Au début de la crise, j’avais envie de porter un masque mais on nous a fait comprendre que ce n’était pas bien, car les enfants développent leur langage et qu’ils devaient nous voir en train de parler. Entre notre santé ou le bon développement des enfants, notre choix a été vite fait, nous n’avons plus porté de masque. Par la suite, le masque a été imposé lorsque nous sommes en contact avec les parents, mais quelle est la logique ? Nous gardons leurs enfants toute la journée sans masque ! Il faut aussi savoir que les masques ne nous sont pas fournis, j’achète mes protections de ma poche. Il ne me semble pas que ce soit le cas dans les autres métiers.”

La puéricultrice trouve aussi que les consignes données sont difficilement applicables sur le terrain. “On nous dit que qu’à partir de 38° de fièvre ou en présence d’autres symptômes comme le nez qui coule ou de la toux, l’enfant ne peut pas rester à la crèche. Les parents doivent aller voir un médecin pour qu’on puisse l’accepter à nouveau. Mais à cet âge-là, avec le temps qu’il fait, ce n’est vraiment pas rare et ce n’est pas lié au coronavirus. La fièvre peut par exemple est simplement due à une dent qui pousse. Et on se retrouve face à des parents excédés, à qui on impose parfois plusieurs fois d’aller voir un médecin pour recevoir un mot qui autorise leur enfant à revenir à la crèche. On est gênées. On sait aussi que c’est embêtant pour les parents qui télétravaillent car… ils travaillent et c’est difficile avec les enfants à la maison”, précise-t-elle. “On comprend qu’il s’agit d’un nouveau virus mais nous sommes tout de même dans le flou parce que d’un côté on nous a dit que les enfants n’étaient pas vecteurs du covid, pas contagieux, d’un autre qu’ils l’étaient”.

►►► A lire aussi : Coronavirus : les enfants et adolescents sont-ils d'importants vecteurs du virus ? La science toujours incertaine

Manque de personnel et de considération
Le manque de personnel se fait désormais criant, car de nombreuses travailleuses sont en quarantaine. “Il faut rester souriante quand on accueille les enfants, même si on sait que ce sera compliqué aujourd’hui parce que nous ne sommes pas assez. Je ne demande pas une prime covid mais je trouve que cet argent aurait pu être investi dans l’engagement de personnel de renfort”, soutient la puéricultrice, qui pense que le confinement a peut-être déjà modifié le comportement de certains bébés. “Ce sont des bébés qui sont nés en confinement, qui ont grandi avec leurs parents, sans voir leur famille plus large. Quand ils arrivent à la crèche, il y a beaucoup de bruit, beaucoup de couleurs, et plusieurs adultes, on sent un stress chez eux”. Les crèches ont vu leur fréquentation diminuer et il y a eu des fermetures  d’établissements liées au coronavirus.

Unessa, la fédération du secteur de la petite enfance, a demandé un soutien financier et observe : “On parle très peu de secteur de la petite enfance et l’accueil, de manière générale, mais encore moins du rôle qu’ont joué les puéricultrices durant la crise sanitaire. Les milieux d’accueil sont effectivement restés ouverts, et ce depuis mars 2020, avec, en première ligne, des puéricultrices peu protégées (manque de masque et de gel) mais qui ne font, à ce jour, pas partie des personnes bénéficiant de la vaccination prioritaire. Ceci n’étant qu’un exemple du manque de considération vécu par le terrain”.

►►► A lire aussi : Le malaise des puéricultrices face aux mesures contre le coronavirus


Une profession "facile" ?
La fédération continue : “Bien que nous soyons en 2021, certains clichés ont encore la vie dure et le métier de puéricultrice est encore trop souvent catalogué comme un sous-métier pour plusieurs raisons – non-exhaustives ; parcours (souvent) professionnel via l’enseignement secondaire et donc sous-estimé par rapport à une formation ou un métier nécessitant un diplôme d’enseignement secondaire général, profession considérée comme facile puisque toutes les femmes sont censées avoir un instinct maternel, profession pas ou peu considérée comme éducative mais portant uniquement sur des “soins”, etc. Les conséquences sont évidemment celles que vous pouvez imaginer : manque de considération et donc salaire peu élevé, peu d’intérêt pour un secteur qui n’a plus été réformé depuis des décennies, formations qui ne sont plus adaptées à l’évolution de la société, etc.”

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Laura Naassens acquiesce face à ces constats plus larges qui concernent la profession : “Oui, je me suis formée à ce métier pendant les secondaires, en section professionnelle, mais cela veut dire que nous sommes très vite sur le terrain, à faire des stages, c’est plutôt positif car cela nous permet d’avoir une grande maturité professionnelle !”

Elle détaille une journée-type : “Le matin, nous ouvrons à 6h30 pour pouvoir accueillir les enfants des infirmières qui commencent tôt. Nous prenons des nouvelles des enfants, pour savoir comment la soirée et la nuit se sont passées. Après un petit-déjeuner, nous dispatchons les enfants selon leur âge, il y a trois puéricultrices par section. Pour l’instant, je travaille dans la moyenne section, avec des enfants d’un an environ et on commence la journée par le jour de la semaine et la météo. Vous devriez les voir ! C’est incroyable parce que même à cet âge et même s’ils ne parlent pas encore, ils comprennent, ils savent faire la différence quand il fait pluvieux ou ensoleillé. Il faut vraiment sortir de l’idée qu’on ne s’occupe que de “poupées”, il y a beaucoup de clichés sur notre métier mais aussi sur les enfants !”

La profession est considérée comme facile puisque toutes les femmes sont censées avoir un instinct maternel

Différents moments de la journée servent à l’observation des enfants. “Quand on leur propose des jeux, ce n’est pas uniquement pour jouer, cela nous aide à voir si l’enfant se développe bien, s’il acquière de l’autonomie, comment l’enfant gère ses émotions par exemple. Les moments de repas sont aussi importants, nous pouvons voir si l’enfant tient sa cuillère, s’il finit de manger tout seul, etc. Tout cela dans le but de les préparer à l’école maternelle”, indique-t-elle.

“On n’est pas uniquement dans le soin, il y a tout un travail éducatif, parfois on tire la sonnette d’alarme, notamment auprès du pédiatre ou de la psychopédagogue. Il y a quelques jours, on a observé une toute petite fille qui faisait le grand écart, on l’a dit à la maman, que son enfant était très souple ! Elle a répondu : “Comment, ça, ce n’est pas le cas de tous les enfants ?“ On a vraiment une expérience puisqu’on en a vu passer ! Je n’ai pas d’enfants mais je dis que j’en ai 15 car c’est le nombre d’enfants dont je m’occupe à la crèche (Rires).”

Alors, parfois, les clichés qui entourent la profession se font pesants. “On a eu le cas d’un papa qui nous a remis son enfant en nous disant “Bon amusement !”. Comme si notre travail ne consistait qu’à jouer toute la journée. Ce n’est pas la majorité des parents mais ça arrive”.

"Ça abime le corps"
La question de la fin de carrière se fait prégnante : “Nous, on a beaucoup de chance car le bâtiment est moderne, créé pour une crèche, tout est au rez-de-chaussée. Il y a des collègues qui ont 50 ans et mal au dos et qui doivent monter des escaliers avec des enfants de 10 ou 15 kilos pour aller les faire dormir. Ça abime le corps, au niveau physique. Alors c’est dommage que les portes de responsable ou de direction au sein des crèches nous soient fermées, à cause de notre diplôme. Je suis d’accord de me former pour cela, nous avons le plus d’expérience sur les réalités des crèches. Cela pourrait nous faire du bien, d’évoluer dans notre carrière, notamment quand le physique ne suit plus. Grace à mon diplôme, je peux exercer ce métier que j’aime, mais à cause de lui, je devrais exercer le même métier jusqu’à mes 65 ans, sans perspective d’évolution de carrière. C’est un métier pénible, et rien n’est vraiment mis en œuvre, on nous conseille d’aller chez l’ostéopathe deux fois par an, de notre poche… On se demande aussi si notre salaire est en adéquation avec les responsabilités que nous avons”.

Il y a beaucoup de clichés sur notre métier 

Quelles perspectives ?
En mars dernier, un arrêt de travail était organisé dans le secteur des crèches. Les représentant·es du secteur ont été reçu·es par la ministre de l’Enfance Bénédicte Linard (Ecolo) et le Ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet (MR). A la suite de cette consultation, les mesures d'aides aux milieux d'accueil de l'enfance ont été prolongées jusqu'au 30 juin et la demande d'une vaccination prioritaire du personnel a été appuyée, a annoncé le 26 mars le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB).

"Les professionnels des milieux d'accueil de l'enfance sont sur le pont depuis le début de la crise sanitaire. Nous reconnaissons leur engagement pour continuer de s'occuper des tout-petits dans des conditions souvent difficiles et nous saluons leur volonté de maintenir les crèches ouvertes", a commenté Bénédicte Linard à l'agence de presse Belga. Une reforme du secteur est également en cours.

Par ailleurs, le plan de relance européen servira aussi à financer de nouvelles places dans les crèches wallonnes et bruxelloises. Ce plan vise à relancer l’activité économique des pays touchés par la pandémie. Il doit s’agir d’une relance économique durable et structurelle. Pour l'instant, les places dans les crèches sont encore trop rares. La Belgique a donc remis des projets en vue de soutenir le développement et la rénovation des structures d’accueil de la petite enfance. L’un des objectifs est d’augmenter le taux d’emploi et en particulier celui des femmes.

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"Je pense qu’un plan de relance qui conduirait à stimuler l’économie, et donc à recréer de l’emploi, mais qui ne s’accompagnerait pas d’un soutien à la parentalité, et plus particulièrement à l’activité professionnelle des femmes, risque d’avoir des effets très inégaux en termes de genre et de bénéficier beaucoup plus aux hommes qu’aux femmes", estime Pascale Vielle, professeure à la Faculté des Sciences économiques de l’UCLouvain dans cet article.


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