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Le blog de hugo,

50 ans du "manifeste des 343" : "Plus le féminisme avance, plus les forces qui sont contre se redressent", témoigne une signataire , femmes , feminisme ,

6 Avril 2021, 23:53pm

Publié par hugo

 50 ans du "manifeste des 343" : "Plus le féminisme avance, plus les forces qui sont contre se redressent", témoigne une signataire
L'anthropologue Véronique Nahoum-Grappe soutient l'appel à allonger le délai du recours à l'avortement publié dans le JDD. "C'est une ouverture de l'éventail de la liberté", selon elle.

Article rédigé par

franceinfo
Radio France
Publié le 05/04/2021 20:11
Mis à jour le 05/04/2021 20:39
 Temps de lecture : 2 min.
Une pancarte défendans le droit des femmes à l'avortement, à Paris, en 2018. Photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)
Une pancarte défendans le droit des femmes à l'avortement, à Paris, en 2018. Photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)
Le "manifeste des 343" en faveur du droit à l'avortement fête ses 50 ans lundi 5 avril. L'anthropologue Véronique Nahoum-Grappe qui fut l'une des signataires estime sur franceinfo que "plus le féminisme avance, plus les forces qui sont contre se redressent". Ainsi elle juge que les signataires d'un "nouveau manifeste" dans le JDD, ont raison de demander un allongement du délai de recours à l'IVG en France, au-delà de 12 semaines.

franceinfo : Quel souvenir gardez-vous de cette tribune ?

Véronique Nahoum-Grappe : C'est tellement lointain, on dirait une autre galaxie. C'était une époque où le mouvement féministe s'inventait. C'était très gai, très inventif. Je me souviens que l'idée est apparue comme une évidence. Tout à coup, elle est apparue non seulement comme faisable mais aussi comme intelligente. On signe, on rentre dans l'action. Cette question [de la légalisation de l'avortement] faisait partie des grands combats féministes de premier rang.

Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru en un demi siècle ?

C'est un chemin à la fois extraordinaire, périlleux et inachevé. Des hypothèses qui n'étaient pas du tout évidentes sont devenues partagées par des femmes, quelles que soient leur classe sociale.

Des choses, comme le travail des femmes, sont devenues évidentes alors qu'elles ne l'étaient pas du tout. Maintenant, on ne peut pas dire que le travail est achevé.

Véronique Nahoum-Grappe, signataire du premier "manifeste des 343" à franceinfo
Plus le féminisme avance, plus les forces qui sont contre se redressent. On peut citer les masculinistes ou toutes les religions. Pourquoi s'occupent-elles de la sexualité féminine ? Pourquoi les religions qui souvent infligent, comme la religion catholique, la chasteté à leur membres professionnels s'occupent de la question de la sexualité feminine ?  Pourquoi cette idée de liberté de la sexualité feminine est-elle si dangereuse pour elles ? Comme si les femmes n'était pas capables, étaient irresponsables. Comme si ça allait entraîner des effets de désordre incroyable. On a vu que la légalisation de l'avortement n'avait entraîné aucun désordre.

50 ans après vous, d'autres femmes prennent la plume pour écrire un nouveau "manifeste des 343", notamment pour allonger le délai de l'IVG. Est-ce l'un des nouveaux combats actuels ?

Elles ont raison. Une semaine ne change pas grand chose, physiologiquement parlant. Mais pour la femme, chaque jour est hanté par la question de cette grossesse non désirée. La possibilité de le faire dans de bonnes conditions est décuplée. Ce n'est pas seulement huit jours, c'est une ouverture de l'éventail de la liberté. Lorsqu'il s'agit d'avortement et qu'il est possible de le faire dans des conditions correctes, le mot "libération" prend une force extraordinaire.


https://www.francetvinfo.fr/societe/droits-des-femmes/50-ans-du-manifeste-des-343-plus-le-feminisme-avance-plus-les-forces-qui-sont-contre-se-redressent-temoigne-une-signataire_4360755.html

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Manifeste des 343 : hommage en BD à celles qui ont osé dire "j'ai avorté" , femmes, feminisme,

6 Avril 2021, 18:15pm

Publié par hugo

Manifeste des 343 : hommage en BD à celles qui ont osé dire "j'ai avorté"
Détail de la couverture de la BD <em>Le manifeste des 343</em>, par les autrices Hélène STRAG et Adeline Laffitte, dessins Hervé Duphot, paru chez Marabulles.
Détail de la couverture de la BD Le manifeste des 343, par les autrices Hélène STRAG et Adeline Laffitte, dessins Hervé Duphot, paru chez Marabulles.
04 AVR 2021
 Mise à jour 04.04.2021 à 18:15 par 
TerriennesLouise Pluyaud
C’était il y a 50 ans. 343 femmes, célébrités et anonymes, avouaient courageusement qu'elles avaient subi un avortement en signant le "Manifeste des 343", à une époque où l'interruption volontaire de grossesse était illégale et dangereuse, et où tout un pan patriarcal de la société s'en accommodait très bien. Retour en BD sur un combat dont les acquis restent fragiles.
Le 5 avril 1971, le journal Le Nouvel Observateur publiait une pétition signées par 343 Françaises, dans laquelle elles déclaraient ouvertement avoir avorté. Un acte de bravoure et de désobéissance civile puisqu’à cette époque l’avortement est encore illégal. Parmi les signataires, des personnalités dont Simone de Beauvoir, Catherine Deneuve ou Agnès Varda, ainsi que de nombreuses anonymes.

Extrait de <em>Le Manifeste des 343</em>
Extrait de Le Manifeste des 343
A travers la figure méconnue de Nicole Muchnik, la journaliste qui initia le projet du Manifeste des 343, Hélène Strag et Adeline Laffitte reviennent sur l’histoire de ce coup d’éclat médiatique qui permit de porter la bataille pour l’avortement légal et gratuit au cœur du débat public et d’aboutir à la loi Veil en 1975. Combat qu’il est urgent de rappeler alors qu’en 2021 l’interruption volontaire de grossesse est régulièrement menacée ou remise en question.

Notre dossier ► LE DROIT À L'AVORTEMENT DANS LA TOURMENTE

Entretien avec Hélène Strag et Adeline Laffitte

Terriennes : En quoi le Manifeste des 343 a marqué l’histoire du féminisme en France ?

Hélène Strag : Après le dépôt de gerbe à la femme du soldat inconnu en août 1970 - un coup d’éclat organisé par une poignée de femmes, à l’origine du Mouvement de libération des femmes (MLF) et inspiré par les féministes américaines du Women’s Lib -, le Manifeste des 343 est le premier événement médiatique à avoir eu un retentissement énorme pour les combats pour les droits des femmes. Après la parution du Manifeste, le Nouvel Observateur a triplé ses ventes. Charlie Hebdo l’a repris avec son fameux titre Qui a engrossé les 343 Salopes ? C’est d’ailleurs souvent sous cette appellation qu’on s’en souvient.


Le Manifeste a également eu un retentissement international : il a été repris dans plusieurs titres de presse étrangère notamment aux Etats-Unis. L’actrice Romy Schneider a repris l’idée quelques mois après en faisant signer des personnalités d’Allemagne sur le même sujet. Le manifeste sera publié dans le journal Stern en juin 1971.

Le Manifeste des 343 amorce donc un temps très fort dans la bataille pour l’IVG. Il a permis d’enchaîner sur le Procès de Bobigny, puisque l’avocate Gisèle Halimi a co-fondé l’association "Choisir" pour défendre les femmes qui auraient pu être inquiétées suite à sa parution, puis sur les lois Veil en 1975.

Adeline Laffitte : Ce qui a aussi changé, c’est surtout que la question de l’avortement est devenue une réelle revendication féministe. Jusque là, c’était plutôt une revendication molle de certains experts, médecins et juristes qui s’étaient un petit peu attachés à étudier la question. A l'époque, l’avortement clandestin était un vrai problème social. Les femmes riches partaient à l’étranger. Les plus meurtries par ces histoires d’avortement étaient celles qui n’avaient pas les moyens d’aller à l’étranger, qui s’auto-avortaient dans des conditions absolument terribles et abominables, ou qui faisaient appel à des faiseuses d’ange. Il y avait donc une hypocrisie sociale, un abcès qu’il fallait percer.

Avec ce combat-là, le féminisme pose la question de la maternité choisie, donc du droit à l’avortement comme préalable à toutes libertés, parce que si on ne choisit pas sa maternité, on ne peut pas choisir sa vie tout court.

Adeline Laffitte

Avec ce combat-là, le féminisme pose la question de la maternité choisie, donc du droit à l’avortement comme préalable à toutes libertés, parce que si on ne choisit pas sa maternité, on ne peut pas choisir sa vie tout court. C’est ce que l’on incarne à travers le personnage de Sylvie. Une jeune fille qui se retrouve enceinte, se voit finir comme sa mère, reprendre sa loge de concierge sans avoir jamais fait d’études. Finalement du fait qu’elle avorte, de nouvelles portes s’ouvrent à elle dans son existence.

Sylvie fait appel à une "faiseuse d'anges" dans <em>Le Manifeste des 343.</em>
Sylvie fait appel à une "faiseuse d'anges" dans Le Manifeste des 343.
Hélène Strag : Tout cela fait également suite à Mai 68. Certes, on a assisté à une sorte de libération sexuelle, mais qui concernait avant tout les mecs. Ils voulaient coucher avec toutes les filles qui, dès qu’elles refusaient, étaient taxées de ne pas être libérées. Ils ne se rendaient pas compte des conséquences, vu qu’il n’y avait ni possibilité de contraception ni d’avortement. Sur l’accès à la contraception, si les lois Neuwirth ont été votées en 1967, les décrets d’application datent de 1971. Seulement 6% des femmes prenaient la pilule à cette époque.

Adeline Laffitte : En plus du manque d’information sur les moyens de contraception, il y avait aussi de grosses campagnes médiatiques anti-pilule : c’était cancérigène, il y avait des risques énormes de phlébites, etc. La méfiance médicale se basait sur un préjugé et des valeurs morales : si on donne la pilule aux femmes, elles vont aller coucher à droite à gauche. De ce fait, dans les années 1970, ce n’était pas encore dans les habitudes.
 

Comment va grandir et évoluer la bataille pour l’avortement libre et gratuit à partir de la publication du Manifeste ? Et quelle va être l’influence du corps médical dans ce combat ?

Adeline Laffitte, autrice
Adeline Laffitte, autrice
© DR
Adeline Laffitte : C’était très risqué pour les médecins de pratiquer l’avortement. En tant que profession médicale, s’ils étaient pris, la peine était encore plus lourde que pour une femme ou une faiseuse d’ange. Ils risquaient une amende, une peine de prison, mais aussi la radiation par le Conseil de l’Ordre des médecins. C’est dire si l’instance, globalement conservatrice, était fermée à cette question-là.

Seulement la jeune génération de médecins commence à vivre avec son siècle et a du mal à rester impuissante. Les femmes qui arrivent à l’hôpital, si l’embryon ne s’est pas détaché, doivent rentrer chez elles. Ils ne peuvent pas agir. Lorsque la parole des femmes va se libérer, celle des médecins aussi. Ils vont publier leur Manifeste, le Manifeste des 331 médecins, dès 1973, dans le Nouvel Observateur.

Cela étant dit, ce qui va aussi accélérer les choses, c’est que la même année, une nouvelle méthode d’avortement arrive, la méthode Karman que tout le monde peut apprendre. Un nouveau mouvement se crée, le MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’avortement et de la contraception) composé à la fois de médecins et de féministes qui ont appris à faire des avortements. En parallèle, des experts, dont ceux de l’Association Nationale pour l’Etude de l’avortement (ANEA), sonnent l’alerte sur les avortements clandestins : entre 800 000 et un million par an. La période entre 1971 et 1975 est une vraie cocotte minute : la pression se fait de plus en plus forte dans la société et sur le gouvernement, qui va finir par s’emparer de la question. Cela permet aussi au jeune président en place, Valéry Giscard D’Estaing, de s’inscrire dans une rupture avec la génération politique précédente.
 

Une pensée médicale progressive incarnée par le personnage du Docteur Berthoud…

Nicole Muchnik et le docteur Berthoud dans Le Manifeste des 343
Nicole Muchnik et le docteur Berthoud dans Le Manifeste des 343
Adeline Laffitte : Berthoud est un personnage de fiction, mais il rassemble un certain de nombre de personnes réelles, tels que la gynécologue et militante féministe Joëlle Brunerie ou l’obstétricien René Frydman. Toute une génération émerge dans le monde médical et commence à pratiquer des avortements, alors que c’était illégal. Aussi, dans l’histoire de Nicole Muchnik, nous avons fictionné des éléments. Nicole a avorté quand elle était plus jeune. Et c’est certainement dans cet événement qu’elle puise son indignation. Mais le personnage de Sylvie qui s’évanouit chez elle après un avortement clandestin n’existe pas. Il nous permet d’incarner ce à quoi étaient confrontées les femmes à cette époque.

Hélène Strag : C’est pour cette raison que nous avons aussi imaginé le personnage de la concierge, pour montrer que les femmes mourraient aussi de septicémie. Dans le but de faire partir l’embryon, certaines s’introduisaient une sonde ou tout objet qui pouvait rentrer dans l’utérus jusqu’à ce que ça s’infecte et que l’embryon s’en aille. Parfois il ne s’en allait pas, et la septicémie s’installait. D’autres s’injectaient de l’eau savonneuse dans l’utérus au risque qu’une bulle d’air passe dans les artères et créé une embolie gazeuse. Il y avait plein de risques de mourir. Sans parler de toutes celles qui parce que la septicémie n’était pas prise à temps perdaient leur fertilité à cause d’une infection des trompes.
 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de revenir sur cet événement à travers la figure méconnue de Nicole Muchnik ?

Hélène Strag, autrice.
Hélène Strag, autrice.
©Henry Fernandes-Strag
Hélène Strag : D’abord, les 50 ans du Manifeste, en 2021, mais aussi et surtout le fait qu’actuellement, dans certains pays, le droit à l’avortement est menacé. Les Argentines viennent seulement de l’obtenir, tandis qu’on vient de le retirer aux Polonaises. Ce droit n’est pas encore acquis par toutes les femmes dans le monde. Il est donc important de le rappeler aux jeunes générations tout en revenant sur le combat pour sa légalisation en France, qui n’est pas si vieux. On a l’impression que tout est acquis et que cela ne pourra jamais être remis en question. Or on sait très bien qu’il y a des forces conservatrices toujours présentes pour essayer de ramener la femme à la maison. Le patriarcat est toujours actif.

Adeline Laffitte : Nous avions aussi la volonté de rendre hommage à cette génération féministe précédente qui a mené un combat dont nous bénéficions aujourd’hui, ainsi que nos filles. La loi portée par Simone Veil n’est pas arrivée là par hasard. Il y a d’abord eu des combats dans la rue, des combats d’anonymes. Ce sont ces femmes lambdas qui ont déblayé le terrain, en prenant des risques, et de manière collective. C’est le propre des héros "ordinaires" et cela nous interroge aussi sur notre capacité à nous impliquer dans les combats de société.

(Re)lire aussi dans Terriennes ► Cinquantième anniversaire du MLF : l'hommage à la femme du soldat inconnu

Comment Nicole Muchnik a-t-elle réagi à votre projet ?

Adeline Laffitte : Elle a été partante assez vite et ravie de nous partager ses souvenirs. D’autant qu’elle a trouvé le choix de la bande dessinée très moderne. Cela nous permet de nous adresser à un public plus large, jeune et moins jeune. Avec Hélène, nous sommes revenues avec elle sur la genèse du Manifeste. L’idée est souvent attribuée à Jean Moreau, le chef de la documentation, mais on la doit à Nicole. C’est elle qui contacte les féministes du MLF, assiste aux réunions avec Beauvoir, rapporte à la rédaction les signatures que le MLF a recueillies. Mais Jean Moreau en parle à Jean Daniel et, de fait, éclipse Nicole Muchnik.

Hélène Strag : Elle reste aussi déterminée lorsque le MLF refuse que le Manifeste soit publié dans le Nouvel Obs. Certaines militantes considéraient le journal comme une presse bourgeoise, vendue. A l’époque, une des meneuses naturelles, Antoinette Fouque, estimait qu’il fallait arrêter de parler tout le temps d’avortement et positionner le débat ailleurs. Finalement, elle va signer le Manifeste. Le succès de l’opération a rallié les forces en présence. Nous avons d’ailleurs été très émues en découvrant dans les archives conservées à la Bibliothèque Marguerite Durand de nombreux témoignages de femmes qui ont écrit au FMA, l’association d’Anne Zelensky, suite à sa parution. Elles écrivent : "C’est formidable ce que vous avez fait. J’ai aussi vécu cela, dans des conditions abominables". Il s’agit d’une réelle prise de parole des femmes sur un sujet qui les regarde. Une sorte de #MeToo avant l’heure.
 

Alors que la Pologne vient quasiment d’interdire l’avortement, tout comme le Honduras, pourquoi est-il urgent aujourd’hui en France de revenir sur l’histoire de ce Manifeste ?

Adeline Laffitte : Parce que le problème aujourd’hui dans notre pays ce n’est pas le droit à l’IVG, c’est l’accès à ce droit et la possibilité de l’exercer ! Récemment, la députée Albane Gaillot a porté une proposition de loi, soutenue par une quarantaine d’autres parlementaires de tous bords, prolongeant le délai légal autorisant l’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines. Le Conseil de l’Ordre y était défavorable tout comme une partie de la droite. Mi-février 2021, avant son deuxième passage à l’Assemblée nationale, des députés LR ont déposé 423 amendements. Or, vu le temps imparti, il était impossible de tous les examiner. Et c’est tombé à l’eau.

(Re)lire notre article ► Avortement : vers un prolongement du délai légal de l'IVG en France ?

Cette proposition est pourtant intéressante, car en plus du prolongement, elle propose de supprimer la deuxième clause de conscience, et que les sages-femmes puissent pratiquer des avortements chirurgicaux. Tout cela pour faciliter l’accès à l’IVG. La co-présidente nationale du Planning Familial Sarah Durocher expliquait récemment que des jeunes femmes, qui vivent notamment dans les cités et ne peuvent pas parler à leur famille, essayent de se faire avorter toutes seules en cherchant des recettes sur internet. Sinon elles partent en Hollande ou se retrouvent avec un enfant non désiré.

Celles qui avortent se sentent parfois coupables alors qu’elles ne devraient pas. Elles ont fait un choix qui les regarde.

Hélène Strag

Hélène Strag : Le Planning Familial voit d’ailleurs son existence menacée à certains endroits. C’est une association qui bénéficie de subventions publiques, et suivant l’orientation du conseil départemental les femmes ont moins accès à l’information concernant la contraception et l’avortement. Certains médecins refusent également de pratiquer des avortements invoquant cette fameuse clause de conscience. Sans parler de la culpabilisation sur les réseaux sociaux. Celles qui avortent se sentent parfois coupables alors qu’elles ne devraient pas. Elles ont fait un choix qui les regarde.
 

Finalement, le message porté par votre BD est avant tout celui de rappeler qu’il faut rester en alerte. Comme le disait Simone de Beauvoir : "Rien n’est jamais définitivement acquis. Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez rester vigilantes" ?

Adeline Laffitte : Bien sûr, il faut rester vigilant.e.s. Nous portons un deuxième message, évoqué aussi par Nicole Muchnik dans sa postface, c’est que la lutte collective, ça marche ! Autrement dit, lorsque quelque chose est injuste, il faut se battre contre. Et à plusieurs, on est plus fort que tout seul.

Hélène Strag : Le mot sororité émerge d’ailleurs dans les années 1970. La force du collectif, c’est ce qu’ont bien compris les nouvelles féministes. Notre message étant aussi celui de rappeler que ce combat concerne tout le monde. Car tous les progrès qu’on fait faire aux femmes ont forcément un impact sur la vie des hommes.
 

A lire aussi dans Terriennes : 

► "J'exige l'allongement des délais légaux d'accès à l'IVG", disent-elle dans le nouveau "Manifeste des 343"
► Décès de Gisèle Halimi, inlassable avocate des droits des femmes
► Femmes de mai 68 : Anne Zelensky, la combattante visionnaire
► Jeanne Moreau : une étoile du cinéma français s'est éteinte
► Agnès Varda : "Dans les rapports sexués, l’humiliation est toujours du côté des femmes"
► Romy Schneider intime et sans cinéma, racontée par Alice Schwarzer
► Hélène de Beauvoir, à l'ombre de sa soeur Simone, le pinceau plutôt que la plume, féministe elle aussi
► Disparition de Benoîte Groult, celle dont la plume légère combattait pour les droits des femmes
► Simone Veil : une histoire de France
► 26 novembre 1974 : Simone Veil présente son projet de loi sur la légalisation de l'avortement
► Margaret Sanger : une histoire du féminisme américain en BD
► Antoinette Fouque, une vie dédiée au féminisme
►Bibliothèque Marguerite Durand à Paris : rouverture d'un lieu de mémoire des femmes et du féminisme

Extrait de <em>Le Manifeste des 343</em>
Extrait de Le Manifeste des 343
TerriennesLouise Pluyaud
 Mise à jour 04.04.2021 à 18:15
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/manifeste-des-343-hommage-en-bd-celles-qui-ont-ose-dire-j-ai-avorte-401128

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Dans un nouveau manifeste, 343 femmes exigent l’allongement des délais légaux d’accès à l’IVG , femmes, feminisme, histoire

6 Avril 2021, 01:54am

Publié par hugo

 Avortement
Dans un nouveau manifeste, 343 femmes exigent l’allongement des délais légaux d’accès à l’IVG
Pour les 50 ans ans du Manifeste des 343, elles réaffirment dans une tribune au «JDD» leur souhait de voir passer de 12 à 14 semaines le terme légal de l’exercice du droit à l’avortement en France.
Développer

Paris, le 11 octobre 2020, dix représentantes d’associations féministes rassemblées devant le Panthéon pour demander au Président de la République que Gisèle Halimi y rejoigne les quelques 73 hommes et (seulement) 5 femmes. (Denis ALLARD)
par Florian Bardou
publié le 4 avril 2021 à 13h21
On y retrouve associées et, pêle-mêle, dans un geste commun des chanteuses, des actrices, des réalisatrices, des journalistes, des anciennes ministres, des élues, des militantes féministes, des célèbres ou des anonymes, le Planning familial, etc. A la veille de célébrer les cinquante ans du Manifeste des 343, le 5 avril, 343 femmes ou «personnes pouvant vivre une grossesse», et ayant «avorté au-delà des délais légaux français», demandent dans une tribune au Journal du dimanche l’allongement des délais légaux d’accès à l’IVG à 14 semaines, une revendication du mouvement des droits des femmes face à l’exode vers l’étranger de patientes qui ont dépassé le terme légal. Parmi les signataires, des actrices (dont Laure Calamy, Julie Gayet, Corinne Masiero, Marina Foïs, Zabou Breitman, Anna Mouglalis, Alexandra Lamy), chanteuses (Juliette Armanet, Yael Naim, Barbara Carlotti), réalisatrices (Catherine Corsini, Andréa Bescond) mais aussi journalistes (Léa Drucker, Maïa Mazaurette), responsables politiques ou militantes (Marie-Noëlle Lienemann, Clémentine Autain, Audrey Pulvar, Assa Traoré, Alice Coffin…). Elles prennent le relais de leurs aînées écrivaines (Simone de Beauvoir, Violette Leduc ou Françoise Sagan), actrices (Delphine Seyrig, Marie-France Pisier, Catherine Deneuve ou encore Jeanne Moreau), avocate (Gisèle Halimi) ou militantes féministes (Christine Delphy, Anne Zelensky, Antoinette Fouque), ou simples citoyennes.

Aujourd’hui, la loi française limite en effet le recours au droit à l’avortement, pour les femmes qui désirent mettre fin à une grossesse non désirée, à 12 semaines contre 22 chez la plupart de nos voisins européens (Angleterre, Espagne, Pays-Bas). Cette sorte d’entrave, outre la double clause de conscience des médecins prévue par la loi Veil, fait que chaque année, entre 1 500 et 4 000 Françaises – selon les estimations – partent à l’étranger se faire avorter car elles ont dépassé le délai légal. Or, déplorent les signataires, si «les personnes concernées dotées de ressources pourront se rendre à l’étranger, dans des pays dont les législations plus progressistes leur permettront d’avorter dans des conditions sécurisées», de nombreuses autres, en raison des inégalités socio-économiques et des conséquences de la crise sanitaire, sont «privées de leur droit à disposer de leur corps» et «forcées à poursuivre une grossesse non désirée».

Avis favorable du Comité d’éthique
Conclusions : pour «renforcer le droit à l’avortement», il apparaît plus que raisonnable d’en allonger les délais légaux de deux semaines pour permettre à un plus grand nombre de femmes de disposer librement de leur corps et «devenir maîtresses de leur vie». Une mesure à laquelle s’est d’ailleurs montré favorable le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en décembre dernier avant qu’elle ne soit rejetée mi-février par le Sénat majoritairement à droite lors de l’examen d’une proposition de loi transpartisane.

Mais que cela ne tienne pour les nouvelles 343. «En solidarité avec toutes ces femmes, je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. En France. A l’étranger. Au-delà du délai légal français. Je pourrais être l’une d’entre elles. Je suis solidaire. J’exige la réelle maîtrise de mon corps, j’exige le respect de mon corps, de mes droits et de mes choix, j’exige l’allongement des délais légaux d’accès à l’IVG», clament-elles dans leur nouveau manifeste. Et de rappeler : «L’histoire montre que le droit à l’avortement est fragile. Au cours des crises sanitaires, sociales, économiques et politiques, les droits des femmes et des personnes opprimées par le patriarcat sont les premiers menacés et attaqués».


https://www.liberation.fr/societe/droits-des-femmes/dans-un-nouveau-manifeste-343-femmes-exigent-lallongement-des-delais-legaux-dacces-a-livg-20210404_YUAQCRYA75G3VNG5RQQA4MEHSM/

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Egypte : la première femme capitaine de navire injustement accusée d'avoir bloqué le canal de Suez ,femmes, feminisme,

6 Avril 2021, 01:51am

Publié par hugo

 AFRIQUE
L'actualité en EgypteLes métiers ont-ils un sexe ?
Egypte : la première femme capitaine de navire injustement accusée d'avoir bloqué le canal de Suez
Marwa Elselehdar, 29 ans, est la première femme capitaine de navire en Egypte
04 AVR 2021
 Mise à jour 05.04.2021 à 17:23 par 
TV5MONDE
Le mardi 23 mars dernier, l'Ever Given, un porte-conteneurs géant, s'était échoué au travers du canal de Suez, bloquant ainsi une des artères commerciales les plus importantes du monde. Quelques heures après, sur les réseaux sociaux, une information est massivement relayée : Marwa Elselehdar, la première femme capitaine de navire d'Egypte, est impliquée dans l'incident. Sauf qu'au même moment, en réalité, elle était en poste en tant que second à Alexandrie, à plusieurs centaines de kilomètres de là, aux commandes de l'Aida IV.
Tout est parti d'une capture d'écran de photo-montage. Une infox créée de toute pièce qui reprend l'habillage du site Arab News, qui avait interviewé quelques temps avant Marwa Elselehdar, affublé du titre : "Un cargo s'échoue dans le canal de Suez. Première femme capitaine Arab Lloyd impliquée dans l'incident". 


La jeune capitaine de 29 ans, très présente sur les réseaux sociaux, a rapidement découvert qu'elle était victime d'une véritable "campagne organisée" contre elle. Elle a aussitôt fait un message vidéo à destination de ses abonnés sur son compte Instagram, où elle explique être victime de désinformation.

J'ai été choquée
Marwa Elselehdar, première femme égyptienne capitaine de navire
Dans une interview accordée à la BBC, elle a déclaré qu'elle n'avait aucune idée de qui avait diffusé cette fake news en premier ni la raison pour laquelle ils l'avaient fait. "J'ai senti que je pourrais être ciblée peut-être parce que je suis une femme qui réussit dans ce domaine ou parce que je suis Égyptienne, mais je ne suis pas sûre."

Trois faux comptes Twitter portant son nom ont été créés dans la foulée pour alimenter l'infox et permettre une plus grande diffusion, d'autant que la capture d'écran était en anglais, permettant d'atteindre plus de monde. Ils ont attiré plusieurs dizaines de milliers d'abonnés en quelques heures seulement après leur lancement.

"Les commentaires étaient très négatifs et durs, mais il y avait aussi beaucoup d'autres commentaires de soutien [...]. J'ai décidé de me concentrer sur tout le soutien et l'amour que je reçois, et ma colère s'est transformée en gratitude" a-t-elle ajouté lors d'une interview à la BBC.

Voir aussi : Égypte : le porte-conteneurs "Ever given" remis à 80 % dans la bonne direction
TV5MONDE
 Mise à jour 05.04.2021 à 17:23
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/afrique/egypte-la-premiere-egyptienne-capitaine-de-navire-injustement-accusee-d-avoir-bloque-le

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Forum international des droits des femmes : "Parce que personne ne nous donnera le pouvoir !" , femmes, feminisme,

6 Avril 2021, 01:50am

Publié par hugo

 Forum international des droits des femmes : "Parce que personne ne nous donnera le pouvoir !"
Pour marquer la Journée internationale de la femme, la députée européenne Hannah Neumann a collé des photos de femmes eurodéputées sur celles d'anciens présidents du Parlement européen, pour la plupart des hommes qui trônent sur le mur d'une salle du bâtiment, à Bruxelles. Le personnel de sécurité l'a arrêtée et les photos ont été enlevées.
Pour marquer la Journée internationale de la femme, la députée européenne Hannah Neumann a collé des photos de femmes eurodéputées sur celles d'anciens présidents du Parlement européen, pour la plupart des hommes qui trônent sur le mur d'une salle du bâtiment, à Bruxelles. Le personnel de sécurité l'a arrêtée et les photos ont été enlevées.
©Photo AP / Francisco Seco
Pour marquer la Journée internationale de la femme, la députée européenne Hannah Neumann a collé des photos de femmes eurodéputées sur celles d'anciens présidents du Parlement européen, pour la plupart des hommes qui trônent sur le mur d'une salle du bâtiment, à Bruxelles. Le personnel de sécurité l'a arrêtée et les photos ont été enlevées.<a href="https://www.clef-femmes.fr/2019/08/26/forum-international-des-droits-des-femmes-2019/">Bannière du site de la CLEF</a>.
31 MAR 2021
 Mise à jour 01.04.2021 à 17:24 par 
TerriennesLiliane Charrier
Pour que chaque femme puisse se dire "Moi aussi, je peux". Voilà qui n'est pas un voeu pieux pour Jocelyne Adriant, présidente de la CLEF. La Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes organise du 4 au 7 avril, en version numérique depuis Paris, le premier Forum international des droits des femmes. Un événement plus que jamais nécessaire, alors que la pandémie fragilise ces droits et creuse les inégalités.
Le nom CLEF n'est pas juste qu'un acronyme pour Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes, c'est aussi un clin d'oeil et un symbole, comme nous le confie Jocelyne Adriant, sa présidente depuis 2018 : "C'est aux femmes de se saisir des clefs et d'ouvrir les portes. Parce que personne ne le fera à notre place. Personne ne nous donnera le pouvoir. A nous de nous organiser, de créer des réseaux pour aider les plus jeunes, pour que chaque femme puisse se dire 'moi aussi, je peux'".

Le travail de la CLEF commence par une veille sur les sujets de préoccupation pour les femmes ; et puis dès qu’elle relève un recul ou une anomalie, l'association interpelle le Parlement et le gouvernement français, et plaide en faveur des droits des femmes. "En ce moment, le retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul nous inquiète beaucoup. Nous appelons le gouvernement français et l’Union européenne à faire pression sur la Turquie, où les droits des femmes sont déjà très fragilisés".

Dessin d'Adene sur la <a href="https://www.facebook.com/cleffemmes/" rel="nofollow">page Facebook de la CLEF</a>
Dessin d'Adene sur la page Facebook de la CLEF
Un prisme international
Cette dimension internationale est essentielle pour Jocelyne Adriant qui "considère que les droits des femmes sont forcément internationaux. Les violences, le recul des droits sexuels et reproductifs, la fragilité économique, c’est la même chose pour une Japonaise, une Péruvienne ou une Française." Partout, le cercle vicieux de la crise sanitaire du Covid-19 touche surtout les femmes, souligne-t-elle : "En Afrique, de plus en plus de filles abandonnent l’école, les mariages et les grossesses précoces se multiplient, sans parler des mutilations génitales. En France aussi, la désocialisation fragilise les filles."

L'impact de la pandémie a été, et est, dévastateur pour les droits des femmes dans le monde. Ils sont en recul partout sur la planète. C'est pourquoi il y a urgence.

Jocelyne Adriant, présidente La CLEF
Voilà pourquoi, en 2021, un forum international des droits des femmes est plus que jamais indispensable : "L'impact de la pandémie a été, et est, dévastateur pour les droits des femmes dans le monde. Ils sont en recul partout sur la planète. C'est pourquoi il y a urgence à ce que les associations féministes et toute la société civile se mobilisent.", précise-t-elle.

Covid-19 : inégalités renforcées
Pour la présidente de la CLEF, il n'y a que des priorités et tous les droits des femmes, en ce moment, sont menacés : "Comme le disait Simone de Beauvoir : 'Dès qu'il y a une crise, les droits des femmes sont en danger.' De fait, dès qu'il y a une brèche, des tentatives pour entamer le droit à l'avortement ou à la contraception s'y engouffrent - constate-t-elle - Les violences intrafamiliales ont progressé de façon exponentielle partout dans le monde. L'accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs sont en recul, sur tous les continents. Au niveau économique, ce sont les femmes qui, à environ 70 %, occupent les emplois les plus précaires, aussi bien dans les pays développés que dans les pays pauvres. Partout, l'autonomisation des femmes et leur indépendance financière sont remises en question. Ici, ce sont les femmes qui travaillent dans l'hôtellerie, par exemple qui perdent leur emploi. En Afrique, ce sont les marchandes ambulantes, à mesure que les emplois informels sont investis par ceux qui ont perdu leur emploi avec la pandémie. En général, ces femmes perdent le revenu de toute leur famille."
 


Gouvernance et médias
Sur le plan de la gouvernance, la crise sanitaire a jeté une lumière crue sur les inégalités, constate la militante : "Les femmes sont partout pour gérer la crise : soignantes (76 % sont des femmes), caissières, agentes d'entretien, aides à domicile… Et aux tables de décision ? Aucune femme, ou presque. Sur les 11 membres du Conseil scientifique constitué en mars 2020 pour lutter contre la pandémie et présidé par Jean Francois Delfraissy, deux femmes seulement, dont une seule médecin… N'y a-t-il pas de femmes médecin, virologue, en France au 21e siècle ?" 

Dans les médias aussi, les femmes restent souvent absentes des débats sur la gestion de la crise sanitaire : "J’ai vu un plateau sur l’avortement constitué de cinq hommes, et pas une femme," s’indigne-t-elle. Face à cette situation, la CLEF interpelle le Conseil supérieur de l’audiovisuel.

Ceux qui sont au pouvoir n’ont pas envie de céder la place, et encore moins à une femme qui pourrait mettre en cause leur gouvernance.

Jocelyne Adriant
Selon elle, de nombreux obstacles freinent encore les femmes. Ils sont structurels, déjà : "On a pas l’habitude d’entendre des femmes aux postes de décision - elles sont encore moins de 30 % dans les conseils d'administration. Ceux qui sont au pouvoir n’ont pas envie de céder la place, et encore moins à une femme qui pourrait mettre en cause leur gouvernance." Les freins sont aussi personnels : "Il y a la charge mentale de la gestion familiale au quotidien qui, souvent, pèse encore sur les femmes. Et puis il y a  les freins mentaux : les femmes, souvent, doutent de leurs compétences et leur légimité."
 

Le Lobby européen des femmes
La CLEF est affiliée au Lobby européen des femmes, ou European women lobby, un groupement d’associations féministes de toute l’Europe voué à plaider efficacement la cause des droits des femmes et de l’égalité femmes-hommes auprès des instances européennes. Basé à Bruxelles, le Lobby est né en 1990 de la nécessité d’interpeler l’Europe sur les questions qui occupent les associations féministes de terrain qui, elles, n’ont pas voix au chapitre à l’UE. Constitué à l’initiative de plusieurs coordinations nationale, dont la CLEF et les coordinations espagnoles, portugaises, allemandes, entre autres, il rassemble aujourd’hui plus de 2000 associations et structures supranationales.

Visibiliser les droits des femmes
Dès son arrivée à la présidence de l'organisation en 2018, bien avant la crise sanitaire, l’idée d’un forum international des droits des femmes germe dans l’esprit de Jocelyne Adriant. "Visibiliser la question des femmes et de l’égalité, c’est toujours une priorité. A chaque fois qu’on en parle, c’est un pas de plus," explique-t-elle. Prévu pour le 16 avril 2020 avec un millier de participant-e-s et une centaine d’intervenant-e-s réuni-e-s à l’Hôtel de Ville de Paris, l’événement doit, dans un premier temps, être annulé, pour cause de confinement. Et puis à mesure que progresse la pandémie, force est de constater : partout dans le monde, les impacts disproportionnés de la crise sanitaire fragilisent les acquis et amplifient les inégalités entre femmes et hommes.
 
Alors l’idée revient en force à l’esprit de cette combattante de la première heure : le forum aura lieu, en ligne s’il le faut, parce qu’il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire. "Certes, il manque le lien humain, qui est important quand on travaille sur les droits des femmes. Mais le numérique permet aussi un nombre de participants illimités et internationaux : nous avons un millier d’inscrits. La dynamique est bonne, je suis confiante."


L'initiatrice de ce forum l'a voulu ouvert au grand public pour sensibiliser le plus grand nombre. Ainsi le forum international des droits des femmes est-il accessible à toutes et tous, gratuitement, moyennant une inscription préalable. "Le plaidoyer, c’est une affaire d’experts. Or tout le monde doit prendre conscience des inégalités femmes-hommes, c’est essentiel pour combler le fossé," précise-t-elle.

Jocelyne Adriant, présidente de la CLEF.
Jocelyne Adriant, présidente de la CLEF.
©La CLEF
Enseignante, journaliste, puis travaillant dans l’administration publique, Jocelyne Adriant a notamment assumé, entre 2012 et 2014, la fonction de directrice de cabinet adjointe au ministère de la Francophonie. À ce titre, elle  pilote la mise en place du premier Forum mondial des femmes francophones, en 2013, à Paris.  Après 2014, elle occupe le poste de déléguée générale adjointe, puis déléguée spéciale aux relations internationales de la Mairie de Paris. L’occasion pour elle d’organiser et de participer à de nombreux événements internationaux sur les droits humains et particulièrement sur les droits des femmes.
En parallèle, elle milite au sein de plusieurs associations, telles Genre et Ville et la CLEF, elle a également créé l’association Femmes du Monde et Réciproquement.
Expériences croisées
A travers une vingtaine d'ateliers pilotés par des associations membres de la CLEF, expert-e-s et acteur-trice-s des droits des femmes et des filles vont échanger leurs expériences et leurs connaissances sur des sujets aussi divers que les femmes dirigeantes, migrantes ou handicapées, mais aussi la lutte contre les violences sexuelles, l'accès à la santé, les droits sexuels et reproductifs, l'inégalité salariale, la maternité de substitution, la représentation des femmes dans les médias, le maintien des filles à l'école ou l'autonomisation économique des femmes dans les domaines social, environnemental, économique, numérique, culturel, sportif...  

"Il est important de fédérer toutes ces entités autour d’un projet commun, de les faire travailler ensemble. Toutes vont pouvoir assister aux ateliers, et apprendre ainsi mieux connaître ce que font les autres. En copilotant des ateliers, elles vont aussi créer entre elles des passerelles durables", explique Jocelyne Adriant. "Mais si certains sujets sont consensuels, d’autres le sont moins, alors nous avons élaboré une charte qui rappelle nos valeurs fondamentales," précise-t-elle.


A l'issue de ces quatre jours de conférences, débats, échanges et animations, chaque pilote d’atelier formulera sa recommandation concrète pour faire progresser l'égalité femmes-hommes et les droits des femmes. Les recommandations seront ensuite officiellement présentées à la ministre française chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno. Un objectif qui résonne avec le Forum génération égalité organisé en juin par la France, le Mexique et ONU Femmes à l’occasion des 25 ans de la Conférence de Pékin qui, en 1995, marquait une étape décisive dans la promotion les droits des filles et des femmes au niveau mondial.
A lire aussi dans Terriennes :

► 8 mars : sous les masques, la colère des "premières de corvées" gronde
► 25 ans après la déclaration de Pékin, peut-on parler de nouvelle ère pour les filles ?
► France : nette augmentation des signalements de violences conjugales pendant le confinement
► Kenya : augmentation des grossesses d'adolescentes avec le Covid-19
► Confinement et après Covid-19 : le risque d'excision en hausse, les associations donnent l'alerte

TerriennesLiliane Charrier
 Mise à jour 01.04.2021 à 17:24
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/forum-international-des-droits-des-femmes-parce-que-personne-ne-nous-donnera-le-pouvoir

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50 ans après, un nouveau "Manifeste des 343" pour réclamer l'allongement des délais légaux d'accès à l'IVG , femmes, feminisme, histoire,

5 Avril 2021, 23:54pm

Publié par hugo

 50 ans après, un nouveau "Manifeste des 343" pour réclamer l'allongement des délais légaux d'accès à l'IVG
Le nouveau manifeste des 343, paru dans le <a href="https://www.lejdd.fr/Societe/exclusif-le-manifeste-des-343-femmes-qui-exigent-lallongement-des-delais-legaux-dacces-a-livg-4036089" rel="nofollow">JDD le 4 avril 2021</a>.
Le nouveau manifeste des 343, paru dans le JDD le 4 avril 2021.
04 AVR 2021
 Mise à jour 04.04.2021 à 20:38 par 
Terriennes
 
avec AFP
Vanessa Paradis, Béatrice Dalle ou Najat Vallaud-Belkacem, elles sont actrices, femmes politiques, musiciennes, ​militantes féministes et elles sont 343 à avoir signé un nouveau "Manifeste des 343". Dans cette tribune parue dans le Journal du dimanche, elles réclament l'allongement des délais de recours à l'IVG en France, au-delà de 12 semaines de grossesse.

"J'exige la réelle maîtrise de mon corps,
J'exige le respect de mon corps, de mes droits et de mes choix,
J'exige l'allongement des délais légaux d'accès à l'IVG.
De 1971 à 2021, d'un manifeste à l'autre, le droit à l'avortement est un droit toujours à conquérir."

Ainsi se conclut le manifeste paru le 4 avril dans le JDD, un "Manifeste des 343" version 2021, qui réclame l'allongement au-delà de 12 semaines de grossesse, soit au moins 14 semaines d'aménorrhée, des délais de recours à l'IVG. Une revendication déjà portée à l'attention des députés face aux difficultés d'accès à l'avortement liées à la crise sanitaire. 

(Re)lire dans Terriennes ► Avortement : vers un prolongement du délai légal de l'IVG en France ?

Le nouveau manifeste est publié à la veille du 5 avril, cinquantième anniversaire du "Manifeste des 343" qui, en 1971, a marqué l'histoire du droit à l'avortement en France : 343 femmes, célébrités et anonymes, déclaraient publiquement qu'elles avaient bravé la loi parce qu'elles avaient subi un avortement, à une époque où l'interruption volontaire de grossesse était illégale et dangereuse, alors que tout un pan patriarcal de la société s'en accommodait fort bien. 
 

(Re)lire dans Terriennes ► Manifeste des 343 : hommage en BD à celles qui ont osé dire "j'ai avorté"

Cinquante ans plus tard, "Nous n'avons pas encore acquis la propriété pleine et entière de nos corps. Le patriarcat freine nos choix, nos possibilités de disposer librement de nos corps",  disent-elles.

Elles, ce sont des actrices dont Julie Gayet, Corinne Masiero, Laure Calamy, Marina Foïs, Zabou Breitman, Anna Mouglalis, Alexandra Lamy ou Isabelle Carré ; des chanteuses, comme Juliette Armanet, Yaël Naïm, Barbara Carlotti, Vanessa Paradis ou Yael Naim ; des réalisatrices, dont Catherine Corsini, Andréa Bescond ; des journalistes, comme Léa Drucker ou Maïa Mazaurette, mais aussi des responsables politiques et militantes, dont Marie-Noëlle Lienemann, Clémentine Autain, Audrey Pulvar, Assa Traoré, Alice Coffin, Caroline De Haas...


La loi a fixé la limite du recours à l'avortement à douze semaines de grossesse. Au-delà, les recours sont limités et conditionnés, d'une part aux médecins qui statuent alors sur la "nécessité médicale" d'interrompre une grossesse, et d'autre part à la situation socio-économique de la femme, expliquent les signataires : "Les personnes concernées dotées de ressources pourront se rendre à l'étranger, dans des pays dont les législations plus progressistes leur permettront d'avorter dans des conditions sécurisées." 

Privées de leur droit à disposer de leur corps, il y a ces femmes forcées à poursuivre une grossesse non désirée. Cette violence est infligée dans le silence et l'indifférence

Les 343 signataires du nouveau manifeste

Une femme sur 3 a recourt à une IVG
"Au cours de sa vie, une femme sur trois recourt à une interruption volontaire de grossesse. Chaque année, plus de 210 000 avortements sont réalisés en France. Après avoir trop souvent rencontré de nombreuses difficultés telles que la désinformation, la propagande antichoix, la carence de services hospitaliers de proximité. Pour les mineures, les pauvres, les migrantes, les exclues, ces difficultés d'accès sont encore plus fortes, expliquent les signataires du manifeste. Privées de leur droit à disposer de leur corps, il y a aussi ces femmes forcées à poursuivre une grossesse non désirée. Cette violence est infligée dans le silence et l'indifférence. En solidarité avec toutes ces femmes, je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. En France. À l'étranger. Au-delà du délai légal français. Je pourrais être l'une d'entre elles. Je suis solidaire."

En février dernier, le retrait d'une proposition de loi pour allonger le délai d'accès à l'IVG de 12 à 14 semaines de grossesse avait provoqué des remous à l'Assemblée nationale. Le groupe socialiste avait dû y renoncer en raison des nombreux amendements déposés par la droite, accusée d'obstruction.

A lire aussi dans Terriennes :

► Manifeste des 343 : hommage en BD à celles qui ont osé dire "j'ai avorté"
► Avortement : vers un prolongement du délai légal de l'IVG en France ?
► 26 novembre 1974 : Simone Veil présente son projet de loi sur la légalisation de l'avortement
► Décès de Gisèle Halimi, inlassable avocate des droits des femmes
► Simone Veil : une histoire de France

Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 04.04.2021 à 20:38
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/j-exige-l-allongement-des-delais-legaux-d-acces-l-ivg-disent-elle-dans-le-nouveau

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TOUT SANG TOUT FLAMME , femmes, feminisme, sante , sexes

5 Avril 2021, 23:52pm

Publié par hugo

 RèglesÉlémentaires #ToutSangToutFlamme #changerlesrègles
TOUT SANG TOUT FLAMME
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Le clip de soutien de l'Association #RèglesÉlémentaires​ 
🔥Entrez dans notre univers #ToutSangToutFlamme​ 
🔥Demandez-vous pourquoi on doit se donner en spectacle pour vous ouvrir les yeux.
🔥Écoutez la voix off et interrogez-vous sur la réalité qui touche les 2 millions de femmes victimes de précarité menstruelle en France.
🔥Aidez-nous à #changerlesrègles​ et le monde dans lequel nous vivons en faisant un don sur www.regleselementaires.com

Avec : Julia Cogan du Ballet de l'Opéra national de Paris (danseuse), Marius Rubio du Ballet de l'Opéra national de Paris (danseur), Sucre d'Orge (maîtresse de cérémonie), Ludo le Triton (cracheur de feu), Audran Cattin (professeur), Laura Pajot (ouvreuse), Gaël Kamilindi de la Comédie Française (voix off), Tara Heuzé-Sarmini (fondatrice de Règles Élémentaires)
Réalisation : Julien Perrichon & Victor Goninet
Conception : Tara Heuzé-Sarmini & Laura Pajot
Chef opérateur : Amaury Brège


https://www.youtube.com/watch?v=swFuXIQ8eWg&t=2s

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Claudine Monteil: la sororité au temps du MLF , femmes, feminisme, histoire

5 Avril 2021, 23:48pm

Publié par hugo

 
France \ Société
Claudine Monteil: la sororité au temps du MLF

Organisé par Feminists in the City, le Sommet de la sororité a eu lieu du 18 au 21 mars. Quatre jours de tables rondes, d’ateliers, de masterclasses, de performances artistiques et d’interviews en ligne ont été proposés. Faire résonner spontanément la notion de sororité, terme pourtant polysémique, avec l’idée de solidarité féminine va de soi. Cette notion, serait l’équivalent de la « fraternité » mais pour les femmes. Or l’une des deux notions n’est pas inscrite dans la devise de la République française, pourtant socle des dites « valeurs » de l’hexagone. Les principes portés au cœur même de la République française laissent perplexes en termes d’inclusivité. Claudine Monteil, une des signataires du “Manifeste des 343 françaises” qui a 50 ans aujourd’hui, est revenue sur son combat.

Sans l’uniformiser, la sororité s’inscrit dans une perspective à la fois intergénérationnelle et internationale. C’est en dédiant son récit à Simone de Beauvoir, que Claudine Monteil fait le choix de parler de la sororité au temps du Mouvement de libération des femmes (MLF). Claudine Monteil,  marraine de Feminists in the City est autrice, diplomate honoraire, militante au MLF et ancienne proche de Simone de Beauvoir.

A travers un récit vivant et poignant, les talents de conteuse de Claudine Monteil nous ramènent au temps du MLF. Elle nous fait ainsi (re)vivre un moment crucial de l’Histoire des droits des femmes en France.

Le Mouvement de libération des femmes, le début d’une sororité évidente
Après les mouvements étudiant·es de mai 68, il n’était plus question d’attendre, pour les femmes. Le MLF voit le jour en août 1970 et Claudine Monteil n’a que 20 ans lorsqu’elle est sollicitée par Simone de Beauvoir.

Alors que la lutte contre la société patriarcale, et plus précisément pour les droits des femmes à disposer librement de leur corps, est en plein essor, Claudine Monteil rejoint un groupe d’une dizaine de femmes se réunissant tous les dimanches chez Simone de Beauvoir. Parmi elles, on compte Gisèle Halimi, Delphine Seyrig, Monique Wittig, Anne Zélinski, Liliane Kandel, Cathy Bernheim et Maryse Lapergue.

Claudine Monteil nous emmène avec elle chez Simone de Beauvoir, dans un studio situé à côté du cimetière de Montparnasse. Un élément particulier, retient l’attention de Claudine Monteil, sur une étagère trônent trente à quarante poupées qui proviennent de différents voyages : « les poupées sont debout, le regard fixe qui vous regarde, ce sont des combattantes » affirme-t-elle.

Si Claudine Monteil s’attendait à écouter sagement la pionnière du féminisme français, « de Beauvoir parlait toujours d’égal·e à égal·e ». A ce moment-là débute une amitié entre ces deux femmes qui n’appartiennent pas à la même génération, mais qui luttent pour le même combat : la dépénalisation de l’avortement. Un militantisme les unit et propulse leur combat féministe de longue haleine. Une sororité intergénérationnelle vient de naître. « Le MLF aurait pu s’appeler le MILF, soit le Mouvement intergénérationnelle de libération des femmes » poursuit Claudine Monteil.

Le Manifeste des 343 françaises, une preuve incontestable de sororité
Si « Salopes » a pu retenir les esprits, Claudine Monteil rappelle que les 343 femmes qui ont confectionné le Manifeste, l’ont appelé « Le Manifeste des 343 françaises. » C’est en effet, Charlie Hebdo qui, une semaine après l’a titré « Le Manifeste des 343 salopes. » Ce nom trash restera et marquera davantage les esprits. Or Claudine Monteil affirme « ce n’est pas un hasard que l’on ait gardé le mot salopes . Je ne suis pas une salope, je suis une femme de courage et d’honneur comme les 342 autres. » Elle met alors l’accent sur l’importance de la sémantique, du choix et de l’usage des mots. Si, comme elle le dit, « on peut cogner avec des mots », alors autant les choisir avec soin et en faire un bon usage ; et, surtout, ne pas se tromper de camp !

Le Manifeste des 343 est publié par le Nouvel Observateur le 5 avril 1971. Il s’inscrit dans le combat en faveur de la dépénalisation de l’avortement, encore illégal en France à ce moment de l’Histoire. Le nom de Claudine Monteil, sous son nom de naissance Claudine Serre figurera parmi les 343 autres noms de femmes ayant signé ce manifeste. Elle fait partie des 20% de femmes qui n’ont pas avorté mais ont néanmoins signé. Cette signature lui est apparue évidente car elle lui a permis de montrer son soutien à toutes les femmes qui avortaient dans des conditions effroyables. Son gage de sororité lui permit de revendiquer du même coup sa position claire en faveur d’un avortement sûr, légal et gratuit.

Le Manifeste, rédigé par Simone de Beauvoir, commence par ces phrases :


« Un million de femmes se font avorter chaque année en France.

Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.

On fait le silence sur ces millions de femmes.

Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté.

De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre. »


Parmi les signataires du Manifeste, on retrouve des personnalités connues telles que Delphine Seyrig, Catherine Deneuve, Françoise Sagan, Françoise d’Eaubonne, Marguerite Duras. Ces 343 femmes, en signant, risquaient pour beaucoup des poursuites pénales, la perte de leur emploi ou le reniement et le rejet de la société. Gisèle Halimi a également signé ce Manifeste. Dans un entretien avec Annick Cojean (1), elle déclare que Simone de Beauvoir aurait tenté initialement de l’en dissuader pour lui éviter de lourdes sanctions en tant qu’avocate. Mais cette dernière lui a rétorqué : « Je m’en fous, je signe ! » Elle sera sanctionnée par un blâme du bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris.

Rien n’était encore acquis et ce n’était même que le début d’une lutte acharnée pour le droit à l’avortement en France. Les 13 et 14 mai 1972, constituent également deux jours cruciaux pour ce combat. Les militantes du MLF décident de donner la parole à des femmes anonymes et de les entendre témoigner à propos de la souffrance qu’elles ont subi lors de leur avortement clandestin. « Il fallait que ces femmes soient soutenues. La sororité a fait œuvre », affirme Claudine Monteil.

Simone de Beauvoir et les militantes du MLF ont réussi à réunir en moyenne 5 000 personnes dans la salle de la Mutualité à Paris et d’autres petites salles. Les radios privées de l’époque ont également parlé de cet événement qui a fait du bruit. Accompagnées de Simone de Beauvoir, les femmes sont montées chacune à leur tour sur l’estrade pour témoigner de leur avortement et dénoncer la société française.

Le procès Bobigny et la résonnance internationale 
Comment ne pas citer le célèbre procès Bobigny qui a marqué les esprits et l’Histoire du droit français ? Claudine Monteil, conte alors l’histoire de Marie-Claire Chevalier. Enceinte de son copain, elle avorte clandestinement avec l’aide sa mère, Michèle Chevalier, issue d’une classe sociale modeste et élevant ses enfants seule. « La mère de Marie-Claire a fait preuve d’une dignité extraordinaire » explique Claudine Monteil. Elle avait effectivement réussi par ses propres moyens à trouver l’adresse de Gisèle Halimi afin de lui demander d’être l’avocate de sa fille et d’elle-même, jugée pour complicité et pratique de l’avortement.

« Regardez-vous, messieurs, et regardez-nous. Quatre femmes comparaissent devant quatre hommes, pour parler de quoi ? De leur utérus, de leurs maternités, de leurs avortements, de leur exigence d’être physiquement libres… Est-ce que l’injustice ne commence pas là ? » (2) sont les mots puissants de Gisèle Halimi lors du procès Bobigny. Le procès portera ses fruits et sera une victoire. Mais la bataille n’arrivera à son terme qu’en 1975 avec la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse.

Enfin, Claudine Monteil évoque la sororité internationale, déjà existante au temps du MLF. Elle cite Carole Downer (née en 1933) avocate et autrice américaine, militante féministe qui a également lutté pour le droit à l’avortement aux Etats-Unis. Elle créera des cliniques pour apprendre aux femmes à s’auto-examiner, à voir et comprendre l’évolution de leur corps. Carole Downer expliquera aussi à de nombreuses femme la pratique de l’extraction menstruelle, couramment employée à l’époque pour effectuer un avortement clandestin. Claudine Monteil témoigne avoir séjourné à l’époque dans ces cliniques en tant que bénévole.

A l’ère où les réseaux sociaux sont des supports efficaces pour les luttes féministes, #MeToo le prouve, les militant·es des années 70 ne disposaient pas de canaux de communication et de diffusion aussi efficaces. Pour autant, Claudine Monteil déclare : « la sororité a toujours existé dans les mouvements des droits des femmes de l’humanité avec les moyens qui étaient possibles. » Elle prend l’exemple des Suffragettes françaises, américaines, anglaises, et allemandes qui trouvaient le moyen de se soutenir en s’envoyant des lettres.

Elle conclut sur l’importance qu’elle accorde à la sororité et au féminisme intergénérationnel. Partagez avec d’autres générations des expériences de vie, des combats féministes en évolution constante est un outil efficace pour mener au mieux la perpétuité et continuité du féminisme. C’est avec détermination et conviction que Claudine Monteil déclare : « n’ayez pas de peur de nous dépasser car c’est notre plus grande récompense. »

Chloé Vaysse 50-50 Magazine

(1) Une farouche liberté, Gisèle Halimi et Annick Cojean.

(2) Ibid.

Le nouveau manifeste des 343 

À (re)lire : Le Sommet de la Sororité : pour un mouvement féministe uni !

Photo de Une : Claudine Monteil avec son exemplaire du Manifeste des 343, devant un tableau d’Hélène de Beauvoir représentant Simone de Beauvoir avec ses carnets.

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https://www.50-50magazine.fr/2021/04/05/la-sororite-au-temps-du-mlf-claudine-monteil/

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« Où sont mes goujons? » : pourquoi les hommes maîtrisent ouvertement la garde-robe des femmes , articles femmes hommes

5 Avril 2021, 23:39pm

Publié par hugo

« Où sont mes goujons? » : pourquoi les hommes maîtrisent ouvertement la garde-robe des femmes
La garde-robe masculine n’est plus seulement des chemises et des cravates. Mais sommes-nous toujours prêts à voir de plus en plus de macho barbu dans les jupes et les talons?
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Disons-le franchement, l’apparition d’hommes vêtus d’articles de garde-robe pour femmes n’est pas rare aux Fashion Weeks. Ce qui ne représente qu’une robe orange de Gucci,dont nous avons déjà parlé. Cependant, dans le grand public, il ne provoque toujours pas de plaisir, mais un mélange de surprise et de rejet. Bien que ce phénomène puisse être traité différemment, il convient d’admettre que le cadre de genre est de plus en plus flou de jour en jour.
Si plus tôt, en disant « unisexe », nous voulions dire seulement l’adaptation de la garde-robe des hommes pour une figure féminine, maintenant la tendance est tout le contraire. Les créateurs intègrent habilement des vêtements purement féminins dans le style masculin de tous les jours. Certains croient que cela est dû à la crise des idées chez les créateurs de mode, d’autres - que toute la faute de la tendance à l’inclusivité.


Традиционный «забег на шпильках»
ФотоInstagram @sarc_harford_county
Так или иначе, юбки и платья в мужском гардеробе существуют уже не только на модных показах, но и в жизни обычных гетеросексуальных мужчин. Так, несколько лет назад Швецию и Францию охватила волна протестов водителей автобусов и машинистов, которые выступали против официального дресс-кода в летнюю жару. Мужчинам запрещалось надевать на работу шорты, тогда как женщины-водители спасались от зноя в юбках.


Чтобы отстоять свои права на шорты в июльский зной, представители сильного пола тоже надели на себя этот женский предмет гардероба, в котором кстати, выглядели, скорее, трогательно, чем ужасно. После этого многие водители признались, что просторная юбка летом — это даже лучше, чем шорты, ведь в ней гораздо удобней!


Les hommes sont heureux d’essayer les tenues des femmes
Photo Instagram@_etwas.anders
Mais si ces hommes portaient des jupes en signe de protestation, il y a un autre côté de la médaille - les soi-disant #meninheels ou les hommes en talons qui portent des vêtements de femmes simplement parce qu’ils l’aiment. Ce sont des représentants absolument ordinaires du sexe plus fort, sauf que le costume habituel des hommes qu’ils préfèrent la robe, et des baskets - bateaux ou bottes sur un goujon. Beaucoup d’entre eux restent intéressés par les femmes et ont des familles à part entière - épouses et enfants.


Mark aime les jupes et les talons
Photo Instagram@markbryan911
Par exemple, Mark Bryan - un homme hétérosexuel qui attire l’attention avec son apparence. Sur son compte Instagram, Mark poste des photos sur lesquelles il porte non seulement des talons hauts et des talons aiguilles hauts, mais n’hésite pas non plus à sortir et même aller au bureau.


Dans cette tenue, Mark visite le bureau.
Photo Instagram@markbryan911
Il est à noter que l’homme est un père de famille ordinaire qui, selon ses propres déclarations, aime Porsshe, de belles femmes et des vêtements élégants. Ce dernier, soit dit en passant, est très perceptible!

Le goût de Mark est excellent : sa tenue est susceptible de vouloir répéter beaucoup de filles. Ici et jupes crayon, et les bateaux classiques, et si populaire cette saison bottes!

Avec son style, l’homme veut prouver que les vêtements ne peuvent pas avoir de sexe, et le fait qu’il porte une jupe et des chaussures, ne le transforme pas en femme.


Marcus préfère des images très extravagantes
Photo Instagram@dermodemuth
Dans son désir de convaincre enfin le public que l’habillement n’est qu’un moyen d’expression de soi, il n’est pas seul. Marcus Mut est un autre représentant du #meninheels. L’homme a longtemps été heureux marié, la photo de sa femme apparaît souvent sur son compte Instagram. Dans le même temps, parmi les choses préférées des hommes - pas un pantalon, et kilt, et des chaussures qu’il préfère sur un talon. Marcus affirme qu’il était fatigué de porter des « vêtements ennuyeux pour hommes » pendant des décennies, alors il est venu avec son propre « style libre ». Mode pour lui fascination et plaisir, libre de sexe et fétichisme. Et oui, sa femme dans ce soutien pleinement, bien qu’il s’habille très traditionnellement.


Vlastomil met l’accent sur la féminité et les classiques
Photo Instagram@genderblender1
Photographe de Prague Vlastimil Black semble également très atypique: un homme aime les robes romantiques, collants et talons hauts. Dans les vêtements « traditionnels » pour hommes, il apparaît très rarement, parce qu’il aime beaucoup plus d’articles de garde-robe des femmes. Il est à noter qu’il ya 3-4 ans Vlastymil habillé comme un homme moyen, puis a trouvé son style et n’a pas l’intention de le changer encore.


Le couple a donné ces bottes à Kevin elle-même.
Photo Instagram@kevinz_a7iii
Le père et le mari attentionnés nommés Kevin adorent les bottes et les talons. Dans une telle inhabituelle pour de nombreuses tenues, il va et marche avec sa femme, et même la salle de gym! Soit dit en passant, sa femme n’est pas contre une telle fascination pour ses fidèles et en vacances avec plaisir lui donne une autre paire de chaussures préférées (j’espère, ils ont au moins une taille pour deux, de sorte que vous pouvez parfois partager).

Qu’est-ce que c’est : un hommage à la mode, une façon de se réaliser ou une sorte de comportement déviant ? Nous apprenons de notre experte - chercheuse sur le genre, professeur de psychologie chez Hseour Anna Kray.

« Il convient de comprendre que l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre sont trois termes complètement différents.

Le fait que les hommes hétérosexuels « se retrouvent » dans les vêtements des femmes est normal et il n’y a certainement aucune déviation.

Une méthode de démonstration aussi claire peut être une manifestation de non-conformisme et un désir de « se démarquer de la foule ». Le plus important, c’est que tous ces hommes choisissent consciemment une telle esthétique, ce qui ne les rend pas androgynes ou féministes », estime l’expert.


...
Les hommes peuvent s’habiller comme bon leur semble

Quoi qu’il en soit, il est impossible de dire que les hommes modernes se sont lèves sur leurs talons et se sont transformés en jupes en quelque sorte « soudainement ». Cela nous est venu juste au moment où le monde de la mode a commencé à promouvoir le rejet de la masculinité toxique. Il est difficile de dire si cette tendance mondiale atteindra la Russie et, si elle se présente, dans quel format. Mais à en juger par le fait que les maisons de mode chaque année ne font qu’augmenter le nombre de chaussures pour hommes sur talons, peut-être, et les hommes russes viendront à l’adoption de la mode non sexiste.

SCRUTIN
Et comment évaluez-vous les hommes en jupes et talons?
C’est pas vrai.
16.9%
Extrêmement négatif
68.9%
C’est difficile à dire, je suis indécis.
14.2%
Photo: @kevinz_a7iii/Instagram, @genderblender1/Instagram, @dermodemuth/Instagram, @markbryan911/Instagram, @_etwas.anders/Instagram, @sarc_harford_county/Instagram @madsen.marlene/Instagram, @pheven90/Instagram, @dundun808/TikTok, @yes_its_rhys/Tiktok

Le 15 octobre 2020 Texte: Yulia Mukhamedova
DOCUMENTS SUR LE SUJET


https://www.woman.ru/fashion/dorogaya-gde-moi-shpilki-zachem-muzhchiny-otkryto-osvaivayut-zhenskii-garderob-id526384/
 

il faut  arreter les genre  ,  le genré ,  LA JUPE  par  exemple  

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Fatima Ouassak veut rendre visible "la puissance des mères" , femmes, feminisme,

5 Avril 2021, 15:51pm

Publié par hugo

 Fatima Ouassak veut rendre visible "la puissance des mères"
Fatima Ouassak veut rendre visible "la puissance des mères"
Fatima Ouassak veut rendre visible "la puissance des mères" - © Carole Lozano
Une chronique de July Robert
 Publié le dimanche 04 avril 2021 à 09h51
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Un manifeste pour les luttes à venir, des mots pour qu’ensemble, les mères retrouvent leur puissance, celle qu’elles avaient avant qu’on ne la leur confisque. C’est ce à quoi nous invite la politologue, militante et autrice Fatima Ouassak dans son ouvrage, "La puissance des mères" pour protéger les enfants qui sont "désenfantisé·es", humilié·es et discriminé·es par une société où elle explique qu'ils et elles ne trouvent plus leur place.

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Dans l’optique de créer un nouveau rapport de forces, l’autrice propose de nombreuses pistes de réflexion et d’action en partant de son vécu de mère descendante de l’immigration postcoloniale pour aller vers un projet universel. Les récits partagés permettent de susciter de l’empathie et du commun, posant ainsi une base pour réfléchir à ce qui peut être fait.

Son ambition est de faire exister les mères comme des actrices politiques

Au travers de son ouvrage, mais aussi au sein du collectif "Front de mères" dont elle est à l’origine, elle propose un projet de reconquête du pouvoir et des territoires confisqués. Son ambition est de faire exister les mères comme des actrices politiques pour renforcer les luttes en ouvrant de nouvelles perspectives, de nouveaux champs de réflexion et d’action.

Au fil des pages, nous ressentons cette tension constante entre le sentiment de puissance des mères et celui qu’elles ont d’être dépossédées, avec l’idée de devoir céder leurs enfants aux institutions structurées par des rapports de domination de race, de genre et de classe. Deux concepts forts ressortent de son analyse, celui de la mère-tampon et celui de la "désenfantisation".

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Les mères dragon
Pour rompre avec la mère-tampon, Fatima Ouassak propose la mère dragon capable de créer une rupture sociétale et de favoriser la reconquête des espaces publics dont elles sont exclues. Le dragon, c’est la puissance, mais c’est surtout une représentation, une figure qui existe partout et qui peut paraître contraire à la figure traditionnelle que l’on a de la mère.

En utilisant ce terme issu de nos imaginaires et de la culture populaire dont elle revendique une nécessaire réappropriation, elle veut élargir le champ des possibles. Le dragon n’est ni féminin, ni masculin, il n’existe pas et donc ouvre de multiples perspectives. Et notamment celle de s’émanciper de ce rôle de mère-tampon, qui assigne les femmes à leur rôle de mère uniquement sollicitée pour calmer les colères, pour protéger leurs enfants des dangers de "l’extérieur" et préparer de bons gâteaux dans la sphère privée.

La mère dragon sort de chez elle, se positionne dans l’espace public, y prend sa place, se libère, s’organise collectivement. En un mot, elle devient un sujet politique dont il faut prendre compte.

Il s’agit pour nous de rompre avec une politique de parentalité qui instrumentalise notre rôle de mère à des fins de reproduction du système de hiérarchisation des individus selon leur classe, leur genre et leur race. 

Traiter les enfants comme des adultes
Le terme de "désenfantisation" s’inscrit dans l’histoire collective, et plus particulièrement dans l’histoire coloniale, car il concerne pour l’essentiel les personnes non-blanches. C’est ce processus par lequel aucune indulgence particulière n’est offerte aux enfants issu·es des groupes minorisés, à les traiter aussi violemment que les adultes. 

Ce processus, Fatima Ouassak l’illustre notamment avec l’exemple de Malika Yazid. Cette enfant de huit ans a été battue par des policiers ayant fait irruption chez elle pour obtenir des informations sur son frère. Après l’avoir enfermée dans sa chambre, ils l’ont torturée pour obtenir ce qu’ils cherchaient. Tombée dans le coma, elle est décédée quelques jours plus tard. Les rapports d’expertise ont conclu qu’elle était morte de peur, mettant en avant le fait qu’elle avait un père violent.

La présence policière dans les quartiers populaires et le lot de violences qui l’accompagne (…) ont pour fonction d’assigner à résidence des enfants à qui on ne reproche rien d’autre que d’exister 

Pour contrer cela, l’autrice prône la lutte collective, mais aussi l’important travail de transmission et d’héritage que peuvent mener les mères et les familles. Fatima Ouassak affirme le caractère essentiel de la transmission de la langue maternelle pour faire comprendre et ressentir aux enfants le lien qui les unit à leurs familles, à leurs pays d’origine, à leurs cultures et à leurs religions. Tout cela participe à leur construction psychique, identitaire et intellectuelle, et cela leur donne confiance en elles et eux pour s’affirmer et revendiquer leur place. Une transmission des héritages et des luttes qu’elle qualifie d’indispensable pour sortir collectivement de la prison de l’assignation identitaire.

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Un certain mépris pour le rôle des mères
Sa lutte, Fatima Ouassak la qualifie également de féministe. Or, en France, le féminisme tend à dissocier radicalement femme et mère en raison de sa structuration historique autour des luttes pour le droit à l’avortement et pour l’émancipation des femmes du contrôle social, jusqu’à concevoir parfois un certain mépris pour le rôle des mères.

L’autrice comprend la nécessité de s’extraire de la domination patriarcale, mais selon elle, cela ne contraint pas la femme à être réduite au rôle de mère, ni à refuser celui-ci. Elle affirme qu’au sein du mouvement féministe en France, la mère n’est pas une figure intellectuelle et qu’elle fait partie des milieux populaires, une image à laquelle les féministes ne souhaitent pas être renvoyées.

En outre, le mouvement conçoit des représentations coloniales négatives vis-à-vis des mères des quartiers populaires. Fatima Ouassak explique que se battre en tant que mère allie deux combats qui vont dans le même sens, celui de l’émancipation et de la libération des femmes, tout en prenant en compte toutes leurs réalités complexes.

►►► A lire aussi : Un peu racistes, les féministes?

Si les mères se libèrent de leur rôle de mère-tampon, si elles retrouvent leur puissance de dragon, alors elles pourront créer un rapport de force plus favorable pour protéger les enfants et leur permettre de grandir mieux.

Ce livre, [...] Je le dédie à mes enfants, c’est le cadeau d’un puissant dragon, inquiet mais plein d’espoir, à ses petits. Gloire à nos luttes de mères, passées, présentes et à venir ! 

Comment se donner les moyens de rompre avec l’injonction de faire tampon entre le système d’oppression et leurs enfants ? Comment imaginer un projet politique dans lequel les mères seraient un véritable levier révolutionnaire. Fatima Ouassak met en avant cinq piliers stratégiques : la transmission, l’école, le territoire, le pouvoir, la victoire. Et deux outils de libération : le féminisme et l’écologie. Un programme en soi qu’elle s’attelle à mettre en œuvre collectivement au sein de "Front de mères", pour une mobilisation politique, antiraciste, féministe et écologique proposant des stratégies concrètes d’actions autonomes.

Un collectif qui se veut également international, comme en atteste la récente annonce de la création d’un "Front de mères" en Belgique, à l’initiative de l’avocate et militante Selma Benkhelifa.

La puissance des mères, pour un nouveau sujet révolutionnaire de Fatima Ouassak, Editions La Découverte, 272 pages, 2020.

July Robert est traductrice et autrice

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_fatima-ouassak-veut-rendre-visible-la-puissance-des-meres?id=10733605

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