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Tchad : des clubs pour promouvoir l'éducation des filles et briser les tabous,fiiles,

24 Juin 2019, 01:19am

Publié par hugo

 Tchad : des clubs pour promouvoir l'éducation des filles et briser les tabous
 
 

19 juin 2019
Mise à jour 19.06.2019 à 07:18 par
Terriennes
Aurélie Bazzara
En marge de la Conférence de l'OIF sur l'éducation des filles des 18 et 19 juin à N'Djamena, reportage au Tchad, où des étudiant.e.s offrent un soutien scolaire à des lycéennes et collégiennes volontaires. Elles et ils se regroupent en "clubs de filles", placés sous l'égide de l'organisation panafricaine Fawe. Un coup de pouce dans un pays où moins d'une fille sur deux passe le baccalauréat.
 
 
Des trombes d'eau s’abattent sur N'Djamena, la capitale tchadienne. Elles provoquent le tumulte des rues bien connu des habitants lors de la saison des pluies. Alors que les vendeuses remballent à la hâte leurs marchandises étalées sur les trottoirs, les piétons courent se mettre à l'abri sous les arbres feuillus et les taxis klaxonnent de toutes parts.
Mais dans la bibliothèque universitaire du quartier Sabangali, le temps semble suspendu. Seul, le tic-tac de l'horloge rappelle à Bintou Naminou que le temps passe. "J'ai l'habitude de venir réviser ici, je comble mes failles et mes incompréhensions avec de nombreuses recherches que je fais dans les livres", explique l'étudiante en cinquième année de médecine, qui travaille aussi dur qu'elle s'accroche à son rêve : devenir pédiatre. "Je veux aider mon pays, je veux aider la population et en particulier les enfants", chuchote-t-elle, parmi des piles de livres médicaux.
 
Etudiante en cinquième année de médecine, Bintou Naminou révise quotidiennement à la bibliothèque universitaire, le 14 juin 2019 à N'Djamena, Tchad.
©A.Bazzara
Mais Bintou a bien failli ne jamais fréquenter ni les bancs usés de la bibliothèque, ni ceux de la faculté de médecine. Rongée par une grande timidité, elle n'était pas douée à l'école, préférant rester au fond de la classe. Au collège, elle intègre un club de filles. La mission de cette association composée d'étudiantes ? Aider des jeunes filles en organisant des discussions de groupe, prodiguant des conseils d'orientation et du soutien scolaire.
Pour Bintou, c'est une révélation : "Elles m'ont donné l'envie d'étudier et de briser les barrières du domaine scientifique que l'on pense réservé uniquement aux hommes", se souvient la jeune femme de 26 ans. Depuis, elle est fière de compter parmi les rares étudiantes de sa promotion de médecine : 29 filles pour 184 garçons. "Etant peu nombreuses, nous sommes quasiment invisibles. Faire partie d'une minorité me donne d'autant plus envie de me battre et prouver que je peux me défendre dans les études", se targue-t-elle d'une voix toute douce.
 
 
Etudiante en cinquième année de médecine, Bintou Naminou a fondé son propre « club de filles » pour aider à la scolarisation des adolescentes, le 14 juin 2019 à N'Djamena, Tchad.
©A.Bazzara
"Mettre le paquet dans les études"
Sauf que le combat de Bintou ne s'arrête pas à l'obtention de bonnes notes à ses examens. À son tour, elle a créé en 2015 son propre club de filles qu'elle nomme "Alumni" ("Elève"). Objectif : encourager les jeunes lycéennes à embrasser des filières scientifiques comme elle. "Je dis aux adolescentes de mettre le paquet dans les études", lance-t-elle dans un éclat de rire.
Au Tchad, il existe environ une centaine de clubs, localisés principalement dans les provinces du sud du pays comme le Mandoul, le Moyen-Chari ou encore le Logone Oriental. Tous sont supervisés par le Forum des éducatrices africaines (Fawe), une organisation non gouvernementale panafricaine fondée en 1992 et qui opère dans 34 pays du continent. "Les clubs étaient très mal perçus, les parents pensaient que c'était un lieu de débauche pour leurs filles. Au fur et à mesure, ils se sont fait accepter", se souvient Anastasie Tewa, coordinatrice Fawe au pays de Toumaï. Et d'ajouter : "A l'époque, les membres de l'association ont fait de longs plaidoyers auprès des chefs traditionnels, des parents et même des filles pour les convaincre des bienfaits de l'école et des clubs de filles."
Si les clubs étaient composés uniquement d'étudiantes dans les années 2000, ils se sont peu à peu ouverts aux jeunes hommes. "L'éducation est l'affaire de tous", justifie Anastasie Tewa. Ainsi, des étudiants ont pu donner des cours de soutien scolaire à des lycéennes. A l'instar de Rodrigues Djamadjibeye, spécialiste des relations économiques internationales, qui a intégré le club "Tu seme" (du swahili, "exprimons-nous"), le premier club mixte de la capitale tchadienne créé en collaboration avec le lycée Felix Éboué.
 
 
Une adolescente membre d'un "club de filles" révise le baccalauréat avec une étudiante référente, quelques jours avant les examens, le 14 juin 2019 à N'Djamena, Tchad.
©A.Bazzara
"J'ai coaché Eliane pendant trois ans, de sa classe de seconde à l'obtention de son baccalauréat", explique-t-il. Ainsi, lorsque l'adolescente avait des difficultés en mathématiques ou en physique et chimie, ils se rencontraient à la bibliothèque pour effectuer des exercices pendant deux heures. "Elle a obtenu la note de 18 à son premier devoir de statistiques. J'étais extrêmement content. Maintenant, je suis encore plus fier de savoir qu'elle est étudiante en troisième année de pharmacie à Moundou", se glorifie Rodrigue. Contactée par téléphone, Eliane évoque avec enthousiasme les conseils de son tuteur : "Sans sa patience et ses explications, je ne sais pas si je serais à l'université aujourd'hui. Je n'aurais pas pu avoir ce soutien à la maison car aucun de mes parents n'a même étudié jusqu'au collège."
57% des filles sont privées de scolarisation
Le programme de Fawe a permis d'améliorer l'accès à l'école de plus de 234 filles issues d'un milieu défavorisé au Tchad. "En dehors des clubs, les jeunes filles membres des clubs ont aussi perçu des bourses. L’organisation a payé les frais d'inscription à l'école et à la bibliothèque, les cahiers et les uniformes, mais aussi des protections hygiéniques et du savon", détaille Anastasie Tewa, coordinatrice Fawe au Tchad. Une petite contribution dans un pays où l'éducation des filles et des jeunes femmes reste un défi majeur. Le Tchad fait figure de mauvais élève sur le continent : ce sont en effet près de 57 % des filles âgées de 6 à 15 ans qui sont toujours privées de scolarisation selon les dernières données de l'Unesco.
 
 
Les membres d'un « club de filles » mixte de la capitale tchadienne révisent une leçon d'histoire avant les examens du baccalauréat, le 14 juin 2019 à N'Djamena, Tchad.
©Aurelie Bazzara
"Il y a des problèmes financiers pour les familles, mais aussi des freins culturels dans notre société. Les parents se disent qu'une fille est faite pour aller en mariage et fonder un foyer. Pour eux, l'école représente un investissement perdu, à l'inverse des garçons qui vont pouvoir en faire bénéficier la famille", analyse Thérèse Solkam Koumninga présidente de l'antenne FAWE au Tchad. Et de compléter : "Beaucoup de parents ont maintenant compris l'importance de l'école. Malheureusement, beaucoup de filles n'atteignent pas encore la fin de leurs scolarisation." Les mariages forcés et les grossesses précoces sont, selon la militante féministe, les deux principales causes à l'arrêt de la scolarisation des adolescentes.
Fort de ce constat, l'organisation panafricaine a réorienté sa lutte pour sensibiliser au maintien des filles à l'école. "Elles doivent pouvoir obtenir leur baccalauréat, ou bien une licence et pourquoi pas un doctorat. Car, éduquer une fille, c'est éduquer toute une nation", conclut Thérèse Solkam Koumninga, un brin optimiste.
 
Retrouvez nos autres articles Terriennes :
>Conférence internationale de la francophonie pour l'éducation des filles à N'Djamena : l'école, un enjeu au présent
>Conférence internationale pour l'éducation des filles de N'Djamena : Jacqueline Moudeina, la justice dans l'âme
En partenariat avec l'OIF dans le cadre de la Conférence internationale sur l'éducation des filles et la formation des femmes dans l'espace francophone du 18 et 19 juin à N'Djamena (Tchad)

https://information.tv5monde.com/terriennes/tchad-des-clubs-pour-promouvoir-l-education-des-filles-et-briser-les-tabous-306214

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Féministes "en douce", les multiples chemins de l'émancipation,femmes,feminisme

24 Juin 2019, 01:00am

Publié par hugo

 Féministes "en douce", les multiples chemins de l'émancipation
 
Manifestation de "réformatrices" à Genève (RTS)
17 juin 2019
Mise à jour 17.06.2019 à 18:43 par
Terriennes
Le Temps / Marie-Pierre Genecand
Il y a de nombreuses manières d'être féministe, même pour celles qui refusent l'étiquette. C'est ce qu'explique  la sociologue Laurence Bachmann après le succès massif de la "Greve des femmes" en Suisse le 14 juin dernier
 
 
Elles étaient 70 000 à Zurich, 60 000 à Lausanne et 20 000 à Genève...
Des centaines de milliers de femmes se sont mobilisées vendredi 14 juin à travers la Suisse. Elles entendaient défendre leurs droits et réclamer l'égalité salariale. Cette "grève des femmes" est intervenue 10 ans jour pour jour après une première grève qui marquait elle-mème les 10 ans de l'introduction du principe d'égalité entre les genres dans la Constitution. Constat unanime des participant.e.s : malgré les textes, beaucoup de chemin reste à faire pour obtenir une égalité réelle.
Laurence Bachmann se méfie des étiquettes qui séparent ce qui pourrait être réconcilié. Au lendemain de la grève du 14 juin, la sociologue genevoise désavoue ce procédé, en particulier sur le terrain du féminisme, qui, dit-elle, «n’est pas une valeur scientifique, mais une catégorie de sens commun». C’est que le féminisme relève du ressenti de chacun(e) et évolue constamment. «Une femme peut se déclarer féministe et se soumettre à son compagnon ou à son patron. A l’inverse, une autre femme peut se déclarer non féministe et défendre farouchement son indépendance», détaille la chercheuse. Ce qui compte pour la sociologue genevoise, spécialisée dans les études genre ? Comprendre ce qui incite une femme au cours de sa vie à s’éloigner progressivement du schéma traditionnel. Et, surprise, dans ce processus, les amies et la lecture jouent un rôle prépondérant. Propos recueillis par Marie-Pierre Genecand, Le Temps.

Le Temps: Laurence Bachmann, vous êtes, dites-vous, pleine d’empathie par rapport à la conscientisation des inégalités de genre. Explications!
Laurence Bachmann: Tout a commencé quand j’ai entrepris mon doctorat sur le rapport des femmes à l’argent au sein du couple. J’ai constaté qu’à travers des gestes d’apparence banale, des femmes affirmaient leur autonomie ou l’égalité entre les sexes. De fait, toutes les personnes interrogées s’étaient approprié l’héritage du féminisme des années 1970, mais certaines en avaient une idée si péjorative que se déclarer féministe était inenvisageable. Tandis que d’autres avaient développé un regard critique sur les inégalités de genre et assumaient cette étiquette avec légèreté. J’ai voulu explorer la manière dont ces femmes avaient développé une telle lucidité, qu’elles soient estampillées féministes ou non.
Vous avez donc entamé une nouvelle recherche sur ces éléments déclencheurs ?
Oui, vers la fin des années 2000, j’ai interrogé 25 femmes âgées de 25 à 40 ans. Je voulais qu’elles appartiennent à la génération issue des mouvements de contestation des années 1970 et qu’elles puissent ainsi être marquées par le féminisme qui les a précédées. J’ai cherché des femmes intéressées par ces questions, mais dans un spectre de population large, car je ne voulais pas uniquement me focaliser sur une élite intellectuelle, déjà bien outillée. Pour certaines femmes, le moment déclencheur était clair. Il s’agissait de coups que la vie a portés à leur intégrité. Des femmes étaient notamment très émues en évoquant un épisode de violence domestique, des rapports sexuels non souhaités, parfois même de la pédophilie lorsqu’elles étaient enfants. Elles relataient aussi des cas flagrants de discrimination sur leur lieu de travail. Pour d’autres femmes, c’est l’accumulation du sexisme ordinaire qui les a dérangées. Elles ont petit à petit compris que les hommes prenaient plus de place partout, étaient plus écoutés, privilégiés, admirés, etc.
 Un bilan regrettable, mais connu. Quels sont les soutiens au changement plus inattendus?
Les groupes d’amitié entre femmes et la lecture. De manière formelle, dans des cercles de lecture, ou plus informelle. Ces deux facteurs ont agi comme renforçateurs d’émancipation. Le simple fait d’échanger entre femmes et/ou d’analyser des livres, y compris des bandes dessinées ou des livres de développement personnel, a permis à ces participantes de prendre conscience de leur importance, de devenir attentives à des situations de discrimination et, surtout, d’oser en parler. Ça paraît étonnant, mais pour celles qui ont assimilé la supériorité des hommes, se retrouver exclusivement entre femmes était déjà révolutionnaire! A ce propos, une autre étude montre que même des réunions tupperwares, qui ne passent pas pour être des sommets de contestation, suscitent chez les femmes qui les fréquentent une conscience sociale accrue.
C’est donc plus le groupe qui est déterminant que l’activité choisie?
Non, la lecture compte aussi, car les livres offrent des situations de vie quotidienne qui servent de supports à des discussions et à des élans d’émancipation. Dans une étude analogue menée à Lyon, Viviane Albenga a montré que des femmes participant à des cercles de lecture choisissaient des autrices féministes pour valoriser ce type d’idées sans devoir assumer, elles, l’étiquette de «féministes». Ce qui est très beau, je trouve, c’est la fierté qui se dégage de ces acquisitions douces et par la bande. Petit à petit, ces femmes parlent de «modèles», cherchent des «exemples», entament des dialogues avec leurs proches sur le sujet. L’éducation se fait de manière implicite, par les pairs. Christine Delphy, sociologue féministe très engagée depuis les années septante, parle du féminisme comme «tentation» présente chez toutes les femmes. Cette expression dit bien l’interdit qu’il faut oser parfois braver pour entamer le procédé de conscientisation, jalonné de la découverte de nouveaux domaines genrés.
 
Ce qui est très beau, je trouve, c’est la fierté qui se dégage de ces acquisitions douces et par la bande. Petit à petit, ces femmes parlent de «modèles», cherchent des «exemples», entament des dialogues avec leurs proches sur le sujet. L’éducation se fait de manière implicite, par les pairs.
Et quel serait un de ces domaines genrés qui avancent masqués ?
La confiance. On la pense innée, elle est sociale, et fortement inégalitaire. Dans les familles, à l’école, une plus grande attention est portée aux petits garçons et une plus grande discrétion est demandée aux fillettes. Cet héritage culturel peut être rapproché de la timidité sociale des classes populaires identifiée par Pierre Bourdieu.
Revenons à ces femmes qui sont féministes sans le savoir ou sans désirer l’affirmer. Quelle est la toute première étape qui les a amenées à cette conscientisation?
Toutes les femmes affirmaient avoir ressenti un malaise en observant, enfants, des inégalités de la vie quotidienne. L’une me disait avoir toujours trouvé bizarre que la conduite des voitures soit réservée aux seuls hommes. Une autre trouvait étrange que lorsqu’une femme mourait, on écrive Mme Charles Dupont, et non son nom à elle, dans les avis mortuaires. Une troisième a écopé d’un silence glacial de son enseignante lorsqu’elle a répondu «présidente de la République» à la question «que voulez-vous faire plus tard?». Chacune parle d’une tension interne entre une soif de justice et ces inégalités qu’elles ont repérées, enfants.
Mais alors, si ces femmes sont aussi convaincues, pourquoi n’adoptent-elles pas le terme qui définit leur position? Qu’est-ce qui les freine?
C’est toute la question et c’est ça qui me passionne! Certaines de ces femmes ne veulent pas être assimilées au cliché de la féministe souvent décrite comme une militante agressive, peu soignée et anti-homme. Elles ont été éduquées dans l’idée de la séduction et désirent continuer à plaire. D’autres ont le souci du care, cette notion qui vient des pays anglo-saxons et qui prône l’attention et le soin à l’autre. Dès lors, elles ne souhaitent pas braquer les hommes, ni les heurter, en se déclarant féministes. Et la troisième raison peut résider dans l’individualisme de nos sociétés. Se dire féministe, c’est, pour certaines, rejoindre un mouvement, faire groupe. Cette idée de collectif les arrête. Mais ce qui importe, c’est que le processus de conscientisation soit entamé et que, du coup, cette tension évoquée plus haut puisse commencer à se résorber. Plus ces femmes vont aller sur le chemin de l’indépendance, plus elles vont ressentir un soulagement par rapport à leur ambivalence. Peu importe l’étiquette!
Au fond, vous voyez le féminisme comme une évolution. Il s’agit plus d’un «devenir féministe» que d’un état acquis à jamais?
Exactement! On ne parle pas du féminisme comme on parle d’écologie ou de syndicalisme. Il n’est pas question uniquement d’idéologie et de convictions. Vous le voyez bien en société, dans les repas entre amis ou au travail. Cette notion touche à quelque chose de tellement profond dans l’intimité et la construction personnelle qu’elle est très difficile à cerner et à arrêter. Il s’agit vraiment d’un processus. C’est pourquoi, les jeunes féministes peuvent être aussi virulentes dans leurs prises de position. Elles se situent au début de leur prise de conscience qui va les amener à la joie au final, mais qui passe par cette colère au départ.
Une maturation qu’on retrouve d’ailleurs, au fil de l’histoire, dans le courant féministe lui-même…
En effet. Le féminisme a d’abord concerné les femmes blanches éduquées, puis les couches plus populaires, puis il s’est étendu au Black feminism et a inclus d’autres cultures. Depuis une vingtaine d’années, des féministes telles que Judith Butler travaillent sur une politique de coalition. C’est-à-dire qu’elle crée des liens entre différents groupes sociaux vulnérables, comme les réfugiés, les précarisés, les transgenres, etc. Et aujourd’hui revient en force un mouvement fondé début des années 1980, l’écoféminisme, qui établit une correspondance entre la domination des femmes et celle de la nature. Cette manière de se décentrer et de s’associer à d’autres revendications témoigne d’une grande maturité et d’un haut niveau de clarification. Le féminisme travaille ainsi les liens plutôt que les clivages. C’est comme ça que je le vois ou que je le souhaite, en tout cas!
Laurence Bachmann est professeure à la Haute Ecole de travail social à Genève.
Lire aussi : Suisse,  tout sur  la grève des femmes du 14 juin
 
Article publié en accord avec notre partenaire Le Temps à retrouver sur le site du Temps.
ainsi que tous les autres articles sur la grève des femmes en Suisse.

https://information.tv5monde.com/terriennes/feministes-en-douce-les-multiples-chemins-de-l-emancipation-306632

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Christelle Delarue, la “Lionne” qui combat le sexisme dans la pub,femmes,sexisme

24 Juin 2019, 00:57am

Publié par hugo

 •société
Christelle Delarue, la “Lionne” qui combat le sexisme dans la pub
Publié le 20 juin 2019 à 1:04
Après une campagne d’affichage sauvage retentissante et alors que Les Lions de Cannes, grand raout publicitaire organisé sur la Croisette, ont lieu cette semaine, on s’est entretenues avec Christelle Delarue, fondatrice de l’agence de pub féministe Mad&Women et de l’association de lutte contre le sexisme Les Lionnes.
 
 
DR
Créatrice de Mad&Women, la première agence publicitaire féministe, Christelle Delarue est une passionnée de la communication qui a décidé de placer les femmes au centre de ses engagements professionnels et militants. Ses longues années au sein d’un milieu publicitaire dominé par la testostérone l’ont conduite à dénoncer le climat plus que délétère auquel les femmes de la pub sont confrontées, notamment via une vibrante tribune dans Le Monde, et elle engage aujourd’hui, avec son collectif Les Lionnes, les prémices d’une révolution très attendue. Deux semaines après leur campagne d’affichage sauvage retentissante, au cours de laquelle Les Lionnes ont placardé sur les murs de Paris des phrases sexistes entendues dans leur milieu professionnel, leurs rugissements viendront sans doute troubler la cérémonie des Lions de Cannes, qui se déroule en ce moment sur la Croisette et où elles devraient mener quelques actions choc… Rencontre avec une cheffe de meute.

 
Quelle est l’idée derrière la création de ton agence Mad&Women?
C’est la première agence de publicité féministe. C’est-à-dire qu’elle assume de traiter la communication selon un prisme militant revendiqué: ni sexiste ni stéréotypé. Nous accompagnons notamment nos annonceurs sur leur image de marque, le mécénat et le sponsoring d’actions œuvrant pour les femmes. Ce dernier point est crucial car il marque la différence entre le “femwashing” et ce que j’appelle le “femvertising”: nous refusons de travailler un féminisme cosmétique dont la seule visée serait la récupération marketing du mouvement. Mon ambition, le sens de mon combat, c’est de révolutionner un secteur encore largement androcentré en luttant contre les représentations objectivantes, dégradantes, humiliantes et sexualisantes et en remettant les femmes au cœur de la belle machine créative que peut être la publicité.
Comment est né le collectif Les Lionnes?
J’ai fondé cette association suite aux révélations relatives à la #LigueDuLOL et aux nombreux témoignages de femmes publicitaires que j’ai reçus. Elle est destinée à protéger, défendre et promouvoir les droits des femmes dans la communication. Plus de 200 membres, tous métiers et toutes agences confondus, y sont déjà réunies pour imaginer la publicité de demain: plus égalitaire, juste et respectueuse de chacune. Ensemble, nous promouvons l’amour de la publicité en tant que vecteur de valeurs et la lutte contre le sexisme. Au-delà de ces ambitions et de ses engagements concrets, comme la mise en place d’une assistance juridique ou l’installation d’une hotline pour les victimes, Les Lionnes servent aussi de relais auprès des institutions. Dans une période où la parole se libère enfin, Les Lionnes veulent dire haut et fort que rugir vaut mieux que rougir: la sororité facilite la décision de sortir du silence.
Quels sont ses principaux objectifs ?
Ils sont clairs, nets et précis: faire comprendre que le silence ne sera plus jamais la norme, ramener à zéro le seuil de tolérance vis-à-vis du sexisme sous toutes ses formes, débusquer les prédateurs des agences et tendre vers la parité dans les meilleurs délais.
“La publicité a toujours été faite par les hommes et pour les hommes et la place des femmes a toujours été marginale.”
Pour le moment, quelles sont les retombées?
Les retombées sont plus que positives et le mouvement tend même à s’internationaliser. De nombreux annonceurs nous témoignent leur soutien. Nous sentons une véritable force émerger de l’action. Les femmes publicitaires trouvent les unes chez les autres le supplément d’âme qui leur manquait pour, elles aussi, briser le silence et l’omerta. C’est la raison pour laquelle je parle de la sororité comme d’un principe d’action: elle permet de se transcender, d’inclure une notion de collectif, là où auparavant la crainte de la solitude prédominait. Je suis tellement fière de toutes ces femmes.
A la lecture des messages glaçants de vos affiches, on se demande comment une telle impunité a pu perdurer…
C’est l’héritage de l’ère Mad Men qui est ici en cause. La publicité a toujours été faite par les hommes et pour les hommes et la place des femmes a toujours été marginale. L’atmosphère des agences s’est construite à cette image: l’humour par défaut est celui des hommes. Les limites et les règles fixées par eux, pour eux. Est-ce que les publicités sexistes qui fleurissent sur nos affiches et nos écrans sont les faits de femmes? Non. Elles n’ont simplement pas voix au chapitre. Ou du moins elles n’avaient pas voix au chapitre mais s’arrogent aujourd’hui une parole qu’on leur a inlassablement refusée. Et lorsqu’elles parlent, lorsqu’elles témoignent, cela donne les verbatims que vous avez pu lire. Ils sont choquants, glaçants… Mais si peu étonnants pour nous, femmes de pub.
Le nom du collectif évoque évidemment la cérémonie des Lions à Cannes: qu’est-ce que cet événement a de symbolique?
Même si les jurys commencent peu à peu à tendre vers la parité, force est d’admettre que le Festival International de la Créativité est surtout celui du sexisme ordinaire. Des boîtes de production aux agences, les femmes demeurent effacées des shortlists comme des awards. Elles sont, en revanche, sur-représentées parmi les victimes de toutes les dérives dont Cannes sert de théâtre pendant la semaine des Lions. Conduire une action en amont de ce festival, où se réunit la fine fleur de la publicité internationale, c’est lancer un ultimatum à ceux qui se refusent à quitter le XVIème siècle et un cri de ralliement à celles et ceux qui envisagent différemment le XXIème.
Propos recueillis par Eve Guiraud

http://cheekmagazine.fr/societe/les-lionnes-christelle-delarue-sexisme-pub/

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Avec Women Do Wine, Sandrine Goeyvaerts démonte les clichés sexistes autour du vin,femmes,sexisme,

24 Juin 2019, 00:54am

Publié par hugo

 
•société
Avec Women Do Wine, Sandrine Goeyvaerts démonte les clichés sexistes autour du vin
Publié le 19 juin 2019 à 2:02
Elles sont vigneronnes, journalistes, blogueuses, sommelières… Les femmes du vin organisent le 23 juin à la Bellevilloise leur première rencontre. La preuve que dans ce milieu longtemps considéré comme masculin, les lignes bougent.
 
 
© Debby Termonia
Il suffit de l’entendre parler cinq minutes au téléphone pour se dire que Sandrine Goeyvaerts pourrait convaincre le plus macho des cavistes d’embaucher illico une femme et de commander mille caisses d’un vin produit par une vigneronne féministe. Parce que Sandrine Goeyvaerts connaît son sujet comme personne, qu’elle est curieuse et bienveillante et que sa bonne humeur et sa gouaille sont le remède parfait à la déprime qui guette quand on pense au sexisme d’un milieu. En l’occurence le milieu du vin, sur lequel elle se penche depuis une quinzaine d’années. Elle a été l’une des premières blogueuses à s’emparer du sujet sur son blog La Pinardothèque. Au début, elle est d’ailleurs restée anonyme, ce qui lui a valu de se faire systématiquement appeler monsieur, voire Francis. “Il faut croire que j’ai une plume à m’appeler Francis”, explique-t-elle en riant. Un pseudo qu’elle a longtemps gardé, en pied-de-nez à ceux qui pensent que le vin est une affaire d’hommes.
“J’ai longtemps été ‘la femme de’ et les gens demandaient à parler au patron.”
Aujourd’hui, elle est caviste en Belgique. “Au début, quand je suis venue travailler à la cave, je la reprenais avec mon mari, qui est très connu et légitime dans ce milieu, explique-t-elle. J’ai longtemps été ‘la femme de’ et les gens demandaient à parler au patron.” La situation change avec le temps et l’expérience. Mais elle continue à noter des anomalies dans ce milieu qui reste très masculin. “Je rencontre plein de femmes qui ne sont pas exposées médiatiquement, explique Sandrine. On pense que le vin est un métier d’homme.” Son point de rupture, elle l’atteint en 2014 quand La Revue du vin de France lui décerne le prix de “l’homme de l’année”. Elle monte sur scène avec sa fille en écharpe et en talons hauts et le paradoxe lui fait marquer un temps d’arrêt. “Je me suis retrouvée devant une assemblée d’hommes blancs de 40 ans, explique-t-elle. Je me suis dit qu’il y avait un problème: je rencontrais plein de femmes vigneronnes, cavistes, journalistes, tractoristes et pourtant elles étaient absentes, invisibles. Quand on les montre dans les médias, elles sont caricaturées, on parle de leur manucure.” En 2017, elle lance le mouvement Women Do Wine, qui commence par un hashtag sur Twitter avant de muter en association. À la veille de leur première rencontre à la Bellevilloise, retour sur une initiative plus que nécessaire.
 
L’association Women Do Wine est passée de 70 adhérentes en 2017 à 370 en 2019. Le nombre de femmes dans le milieu du vin a-t-il augmenté récemment?
Les femmes dans le vin ont toujours été là, mais comme dans beaucoup de métiers, elles ont été oubliées des registres. On leur donnait des tâches tellement spécifiques et peu rémunérées qu’elles n’avaient jamais le droit à un plein emploi. Elles étaient fermenteuses, lieuses… Les termes “vigneronne” ou “ouvrière agricole” n’existaient pas jusque dans les années 60 ou 70. Une “vigneronne” était une femme de vigneron. Une ouvrière était une abeille! Même si les femmes héritaient d’un domaine, elles devaient l’apporter en dot à un vigneron. De fait, on a pu avoir l’impression que les femmes n’étaient pas là puisqu’elles n’étaient pas sur les registres. Maintenant, elles ont de vrais statuts et apparaissent donc dans les données et dans les chiffres. Pour ce qui est du nombre d’adhérentes, il y a aussi eu un effet Weinstein et #MeToo. Le milieu du vin a eu l’affaire Marc Sibard des Caves Augé qui a explosé au même moment. D’un coup, on a parlé de sexisme et de harcèlement. Women Do Wine, en tant qu’association non-mixte, a permis à des femmes de s’exprimer.
Quelles sont les difficultés que rencontrent les femmes qui travaillent dans ce milieu?
J’ai parlé avec beaucoup de vigneronnes pour un livre sur lequel je travaille et l’expérience dépend de chacune. Du caractère, de la manière dont elles ont été entourées… J’ai parlé à une vigneronne très qualifiée qui a repris le domaine de son père. Il a mis cinq ans à lui laisser vraiment le contrôle. Certaines femmes, quand elles vont sur des salons, constatent qu’on ne parle qu’à l’homme qui les accompagne. Je dirais que plus elles sont jeunes, plus cela a l’air facile. Les jeunes vigneronnes sont plus sensibilisées aux questions féministes. Si elles vont sur un salon avec leur père, elles vont montrer qu’elles s’y connaissent en technique. Il y a toujours eu beaucoup de femmes qui se formaient en oenologie mais, la plupart du temps, elles ne se dirigeaient pas vers des postes de labo ou des aspects techniques. Elles évitaient les postes de cheffes de cave pour préférer la communication. Désormais elles accèdent à plein de métiers.
Et du côté des consommatrices? Quels sont les clichés autour du vin et des femmes?
En tant que caviste, je suis confrontée tous les jours à des gens qui ont des a priori et qui me demandent du vin “pour des femmes”. “Attention! C’est pour des femmes!” J’ai l’impression qu’ils vont le faire boire à des licornes! Le cliché reste que les femmes consomment des vins doux, rosés, des vins blancs secs… Alors que quand on discute avec des femmes, elles aiment les vins rouges très costauds, des vins blancs très acides, avec des amertumes… J’entends aussi souvent “c’est un vin féminin”, plus délicat, plus subtil… C’est faux! Je connais plein de femmes qui font des vins robustes et tanniques et des hommes qui font des vins fins et délicats. Le vin n’a pas de genre, on ne trouve pas encore d’utérus dans les bouteilles! Le jour où on ajoutera de l’essence de couilles, je serai d’accord pour dire que c’est un “vin masculin”!
“En sommellerie les femmes sont sur tous les podiums, elles gagnent presque tous les concours.”
Il y a aussi une idée reçue selon laquelle les femmes n’y connaissent rien en vin…
Il y a du sexisme dans le service, quand on va au restaurant, la carte des vins est souvent tendue aux hommes. Beaucoup de femmes ont peur, elles disent qu’elles n’y connaissent rien et qu’elles ne peuvent pas choisir. Alors qu’un mec va débarquer à la cave et dire “je voudrais un Saint-Émilion de Beaujolais!” Quand on lui dit que ce n’est pas la même région il dit avec aplomb “si, je l’ai lu dans le Figaro!” Cela peut ressembler à de l’essentialisme, mais cette idée des femmes qui n’y connaissent rien est très ancrée. On a envie de travailler là-dessus.
Les médias sont-ils responsables de la sous-représentation des femmes?
Oui, et avec l’association on aimerait y remédier. Je sais bien que quand un·e journaliste a un “bon client”, il ou elle le garde et a tendance à le faire intervenir plusieurs fois. Un de nos chantiers va être de mettre en place une liste d’expertes pour que les journalistes puissent trouver une sommelière en Bourgogne, une caviste qui s’intéresse au bio… On le fait déjà actuellement au cas par cas.
Quel est l’objectif du festival à la Bellevilloise?
Donner de la visibilité, sensibiliser le public sur les clichés sexistes autour du vin et montrer que les femmes du vin sont multiples et qu’elles ont plein de talents. Le public pourra assister à des conférences, des ateliers, goûter des vins et il pourra aussi discuter avec les vigneronnes. Nous remettrons ensuite des prix à une femme qui s’est illustrée, à un jeune espoir, à un média qui a fait des efforts et à une entreprise qui a fait attention à la parité. Il y aura aussi un prix vinaigre pour dénoncer ce qu’on ne veut plus voir dans le monde du vin. Ce sera fait avec humour, on ne va pas sortir nos pelles et nos fourches!
A-t-on des raisons d’être optimistes pour l’avenir des femmes dans ce milieu?
Oui, et depuis le début de l’année, je vois que les choses changent. En sommellerie, les femmes sont sur tous les podiums, elles gagnent presque tous les concours. Je ressens un engouement général. Du côté de l’association on prend de l’ampleur médiatiquement, on nous invite sur des salons… Il y a du boulot, mais on y croit!
Propos recueillis par Pauline Le Gall

http://cheekmagazine.fr/societe/women-do-wine/

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La loi sur la PMA est aussi l’affaire des femmes célibataires,femmes,pma,

23 Juin 2019, 22:53pm

Publié par hugo

 Par Myriam Levain
La loi sur la PMA est aussi l’affaire des femmes célibataires
Publié le 18 juin 2019 à 2:03
 
 
Le Plan B © Sony Pictures Releasing France
Ça y est, on y est: le premier ministre Édouard Philippe vient de l’annoncer, le Parlement va enfin plancher à l’automne sur un texte de loi relatif à la PMA, texte qui devrait engendrer pas mal de discussions, ne serait-ce qu’au café du commerce. Très attendue, cette promesse du candidat Macron sera-t-elle une réalisation du président Macron? Traduction: que figurera exactement dans cette loi et pourra-t-on réellement parler d’une victoire pour les personnes concernées? En attendant de savoir si notre gouvernement et nos parlementaires voteront une telle avancée législative -qui permettrait à la France de repasser dans le camp des pays progressistes sur le sujet-, il est déjà urgent de mieux vulgariser la question; dans ce domaine, il y a beaucoup de travail, tant les idées reçues sont nombreuses en matière de PMA et révèlent à quel point nous sommes englués dans une vision conservatrice de la famille.
Se focaliser sur l’ouverture de l’accès à la PMA aux couples de femmes, c’est envisager seulement une partie de la question.
Pour commencer, rappelons que ce sigle n’est pas un synonyme de “deux femmes ayant recours à un donneur anonyme de sperme pour avoir un enfant”. Certes, les techniques de PMA -qu’il conviendrait d’appeler AMP pour assistance médicale à la procréation- permettent ce scénario, ouvrant la voie à la filiation pour les femmes lesbiennes. Mais primo, le périmètre scientifique de la PMA est bien plus large que ce geste, secondo, ce qui est autorisé en France est pour l’instant réservé en France à des couples hétérosexuels étant dans l’incapacité de concevoir. On est loin du cliché de “la PMA sans père” brandi par les adversaires du mariage pour tous. Seront donc abordées dans les discussions politiques à venir la question du don d’ovocytes, dont la France manque cruellement, tout comme celle de la levée de l’anonymat du don de gamètes (l’enfant pourra-t-il connaître son géniteur ou sa génitrice et si oui, sous quelles conditions?), l’autoconservation des ovocytes pour les femmes qui souhaiteraient se donner une chance de mener à bien une grossesse tardive, et enfin l’accès à la PMA pour les femmes qui ne sont pas en couple. Ces deux derniers points dont on ne parle pas ou plus aux infos, constituent pourtant une étape majeure dans ce qu’est en train de devenir la cellule familiale du XXIème siècle. Ouvrir ces protocoles aux femmes célibataires, c’est s’éloigner tout autant du schéma traditionnel de la famille que de les ouvrir aux couples de femmes.
Les revendications des couples de femmes et des femmes célibataires ne s’excluent pas, bien au contraire, elles doivent êtres défendues ensemble.
Se focaliser sur l’ouverture de l’accès à la PMA aux femmes lesbiennes, c’est faire le jeu de la Manif pour Tous en politisant le débat dans une direction bien précise, et c’est lire le futur projet de loi à travers un prisme très réducteur. C’est ne pas en saisir vraiment les enjeux ni voir qu’il remet en question la filiation classique de nombreuses façons, notamment en introduisant la possibilité de n’avoir qu’un parent. Les revendications des couples de femmes et des femmes célibataires ne s’excluent pas, bien au contraire, elles doivent êtres défendues ensemble. Mais il est important que la société comprenne à quel point cette future loi concerne tout le monde, même les hommes, pas épargnés par l’infertilité. Ce n’est pas le sujet abordé ici, ces lignes sont consacrées aux femmes visées, qui ne se réduisent pas à vos “charmantes voisines qui ont fait plein d’allers-retours en Belgique”. Cette loi vous concerne toutes et tous directement. Car si ce n’est pas de vous, c’est de votre sœur, de votre fille ou de votre meilleure amie dont on parle.
De cette femme qui, à l’approche de la quarantaine, n’a pas fait comme tout le monde, pour mille raisons qui lui appartiennent, et voit le mur de l’infertilité se rapprocher dangereusement sans qu’on lui laisse d’autres options que de filer en catimini hors de nos frontières avoir recours à des techniques que nos médecins maîtrisent mais n’ont pas le droit d’appliquer en France à des personnes n’étant pas hétéros et en couple. Dans “PMA pour toutes”, il y a “toutes”, et il y a donc ces célibataires, parmi lesquelles figurent une grande majorité d’hétéros qui, comme les femmes lesbiennes, ne ressemblent pas à la caricature qu’on aimerait faire d’elles. Des femmes qui n’ont généralement pas décidé que, plus tard, quand elles seraient grandes, elles feraient congeler leurs ovocytes pour se laisser plus de temps, ou bien sauteraient le pas de faire un enfant seules. Comment le décider puisque ces modèles sont absents de nos représentations?
Cette nouvelle tranche de vie qu’on appelle celle des jeunes adultes, entre 25 et 35 ans, est une fenêtre inespérée pour toutes celles qui désirent vivre un temps pour elles avant de se retrouver plongées dans la vie familiale.
Les partisan·e·s de la Manif pour Tous n’ont pas tant de raisons d’être inquiet·e·s: aujourd’hui en France, on n’envisage pas la famille autrement qu’avec un papa et une maman, généralement âgés de moins de 35 ans. Souvent divorcés, certes. Dans des familles recomposées, oui. Mais notre modernité quant à la filiation s’arrête généralement là, en témoignent les non-dits qui entourent encore les enfants nés de don de gamètes ou le tabou qui pèse justement sur les mamans solos. Ce sont elles, les grandes oubliées du débat selon la sociologue Dominique Mehl, qui souligne leur invisibilité dans les médias et dans la société, en décalage avec leur nombre croissant aux sorties d’école. Paradoxalement, les couples de femmes ont sans doute cela de rassurant qu’ils forment une cellule familiale plus proche des représentations traditionnelles en abritant deux parents. Par ailleurs, ces couples n’ont pas d’autre choix que d’avoir recours à la science alors que les femmes célibataires hétéros portent le poids de la culpabilité de n’avoir pas procréé à l’ancienne alors que leur sexualité le leur permettait. Cette double peine -elles se retrouvent exclues du tableau traditionnel et affrontent le parcours du combattant alors qu’elles auraient peut-être eu la possibilité de faire autrement- explique probablement qu’elles aient encore des difficultés à porter haut et fort leurs revendications. Pourtant, à ce jour, nul ne peut dire quel schéma est le meilleur pour l’enfant, tant la famille reste un mystère insondable, quelle que soit sa forme. Quel couple hétérosexuel, marié selon toutes les conventions, ayant fait des bébés sous la couette et pas dans un labo, peut avoir la garantie que ses enfants seront heureux et insérés socialement?
À l’heure où les femmes conquièrent chaque jour un peu plus de liberté, de quel droit interdit-on encore à ces dernières de décider de la manière dont elles veulent enfanter? Surtout quand on sait qu’une fois mères, elles seront en première ligne de la gestion des tâches domestiques.
 
Les mamans hétéros et mariées sont sans doute les mieux placées pour savoir qu’une femme est largement capable d’élever seule des enfants, d’autant plus si elle l’a décidé. Ces mêmes femmes, si elles sont honnêtes, savent aussi très bien pourquoi d’autres ont repoussé l’âge de la maternité. Comme le rappelle la docteure Véronique Fournier dans la vidéo ci-dessus, cette nouvelle tranche de vie qu’on appelle celle des jeunes adultes, entre 25 et 35 ans, est une fenêtre inespérée pour toutes celles qui désirent vivre un temps pour elles avant de se retrouver plongées dans la vie familiale. Une vie familiale où la place de la mère reste centrale puisque le congé paternité est encore symbolique en France. Une vie familiale dont les femmes se retrouvent en charge malgré elles parce que la conquête du marché du travail n’a pas été accompagnée d’un affranchissement des contraintes domestiques. Enfin, une vie familiale qui signe parfois la mort d’un couple en tant que tel, puisqu’il est très compliqué de faire cohabiter libido, gâteaux pour la kermesse et rendez-vous chez le pédiatre pour la gastro du petit dernier.
À celles qui ne se sont pas précipitées dans cette direction, ne faisons pas payer ces quelques années de liberté. Cette future loi sur la PMA sera aussi la leur si cette dernière leur permet d’autoconserver leurs ovocytes ou d’avoir recours au don de gamètes sans devoir justifier d’une vie de couple, ce qui est toujours exigé lors de l’actuel parcours médical français. N’attendons plus, autorisons-les à procréer comme elles le souhaitent, plus tard et avec beaucoup de péripéties qui constituent déjà suffisamment d’épreuves. Surtout, arrêtons de les juger, donnons-leur la parole dans les médias, accordons-leur de la visibilité et du respect: elles sont déjà entrées dans la modernité, elles.  
À écouter: notre podcast Il était une fois la PMA.

http://cheekmagazine.fr/contributions/pma-loi-femmes-celibataires/

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Le collectif des Lionnes s'attaque au sexisme dans le milieu de la pub,femmes,feminisme,

23 Juin 2019, 22:51pm

Publié par hugo

 Le collectif des Lionnes s'attaque au sexisme dans le milieu de la pub
Publié le 13 juin 2019 à 16:50
Ces professionnelles de la publicité placardent sur les murs les pires phrases sexistes qu’elles ont entendues au travail.
 
 
“Un mal, des maux. Aux mâles, un mot: STOP.” Les femmes qui bossent dans le secteur de la publicité ont décidé de se servir d’une arme qu’elles maîtrisent, les mots, pour dénoncer la violence du sexisme ordinaire qu’elles subissent dans leur milieu professionnel et introduire de la sororité dans ce boys’ club. Emmenées par Christelle Delarue, fondatrice de l’agence féministe Mad and Women et très engagée sur le sujet, ces nouvelles militantes de l’ère #MeToo ont mis en ligne cette vidéo pour annoncer leurs actions à venir pendant le Festival International de la Publicité Internationale, qui se tiendra à Cannes du 17 au 21 juin.
On y voit une poignée de femmes armées de rouleaux coller des affiches aux propos évocateurs, qu’elles ont entendus dans le cadre de leur travail. “Je voulais juste te toucher les seins, ça va”, “Si tu gardes le bébé, tu es virée”, “Viens me sucer, j’en peux plus”… voici exactement le genre de phrases que Les Lionnes ne souhaitent plus entendre au boulot. Et on les comprend.

http://cheekmagazine.fr/societe/lionnes-sexisme-publicite-cannes/

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“Tombeur” versus “salope”: pourquoi il est urgent de mettre un terme au tabou de l'infidélité féminine,femmes,feminisme,

23 Juin 2019, 22:48pm

Publié par hugo

 •société
“Tombeur” versus “salope”: pourquoi il est urgent de mettre un terme au tabou de l'infidélité féminine
Publié le 17 juin 2019 à 0:30
Si la diabolisation des femmes infidèles au sein des couples hétérosexuels remonte à plusieurs millénaires, elle a toujours cours en 2019. Entre le cliché de la “salope” qui ne se respecte pas et celui de la femme qui ne trompe que si elle se sent délaissée, pourquoi l’infidélité masculine a-t-elle toujours été bien mieux tolérée socialement? Décryptage.
 
 
“The Affair” © Showtime Networks Inc.
“Ça ne m’est pas arrivé qu’une seule fois, loin de là”, glisse Lola dans un sourire lorsqu’on l’interroge sur ses infidélités. Au cours de sa dernière relation, qui a duré plus de sept ans et s’est terminée à la fin de l’année dernière, la jeune femme de 25 ans estime avoir trompé son conjoint au moins une dizaine de fois. “La première, c’est quand on commençait tout juste à sortir ensemble. C’était l’été, on passait quasiment deux mois à distance et j’ai couché avec deux mecs en vacances, se remémore l’étudiante en master. En rentrant, je suis tombée amoureuse de mon copain et je n’ai pas vu l’intérêt de lui dire.”
Si, comme Lola, 37 % des Françaises ont déjà trompé leur conjoint au cours de leur vie, le pourcentage de leurs compatriotes masculins infidèles s’élève à 45 %, d’après une étude Ifop*. Selon l’institut, ce clivage s’expliquerait notamment par une socialisation sexuelle très genrée, mais aussi par un “certain contrôle social sur les comportements sexuels des femmes”. La perception de l’infidélité féminine en France va dans ce sens: 77 % des femmes interrogées par l’Ifop ont le sentiment que leur entourage est davantage choqué par une femme qui trompe son conjoint que l’inverse.
Romane**, 28 ans, a déjà subi cette désapprobation. Ayant été infidèle à plusieurs reprises, il lui est arrivé de sentir un jugement de la part de certaines de ses amies plus âgées. “J’ai réalisé que, dans l’imaginaire collectif, une femme ‘volage’ n’est pas sérieuse et a un mauvais fond, alors qu’il n’y a aucun rapport, souffle la jeune femme. Je le vois aussi avec mon grand frère: il a énormément trompé ses copines précédentes et notre entourage dit de lui qu’il est un tombeur, alors que l’on m’assène de faire attention et que mon comportement n’est pas sérieux. Il y a deux poids deux mesures alors qu’il s’agit de la même chose. La seule différence, c’est que je suis une femme et lui un homme.” Si le cliché du “beau gosse” qui enchaîne les conquêtes versus celui de la “salope” qui ne se respecte pas est encore très prégnant, il faut faire un bond en arrière d’une dizaine de millénaires pour l’expliquer.
 
D’un côté les mères, de l’autre les salopes
La notion de fidélité date de -9000 avant JC. “À cette époque, les hommes se sont sédentarisés et ont voulu défendre leurs biens, dont faisaient partie femmes et enfants, explique Virginie Girod, historienne et sexologue, rencontrée lors de la dernière conférence de presse du site Gleeden. Il est alors devenu essentiel d’établir la règle de la fidélité féminine car les hommes voulaient savoir qu’ils étaient bien le père de leurs enfants. La filiation a ensuite pris une place centrale dans la société.” Pour l’experte, c’est cette angoisse plurimillénaire qui sous-tend la volonté d’exclusivité au sein des couples, encore aujourd’hui.
“Dès l’Égypte antique, des règles punitives ont été appliquées. L’adultère n’était pas toléré pour les femmes, qui pouvaient être jetées aux crocodiles si elles étaient prises en flagrant délit.”
La crainte des hommes de la perte du lien biologique est également à l’origine de la dichotomie qui scinde les femmes en deux catégories: celles destinées au mariage -les mères- et les autres, c’est-à-dire les putains, salopes, ou encore prostituées. “Les mères ont hérité du rôle social de donner vie à des enfants légitimes. Comme le but était de limiter au maximum leur sexualité, elles ont été opposées aux prostituées, dont le rôle social était le plaisir récréatif des hommes”, reprend Virginie Girod, en précisant que cette frontière n’est toujours pas clairement abolie au XXIème siècle.
Afin que les femmes restent dans leur cloisonnement respectif, un système de lois et de pressions religieuses a été mis en place. “Dès l’Égypte antique, des règles punitives ont été appliquées, assure l’historienne. L’adultère n’était pas toléré pour les femmes, qui pouvaient être jetées aux crocodiles si elles étaient prises en flagrant délit. Outre la peine de mort, elles risquaient la répudiation et le risque d’être mises à la marge de la société. Dans la Rome antique, à partir du premier siècle de notre ère, une loi autorisait le père d’une femme adultère à la tuer, ainsi que son amant, s’il les prenaient la main dans le sac.”
 
Détruire la réputation des femmes infidèles
Si elles ont dû en décourager plus d’une, ces règles n’ont pas empêché toutes les femmes de vivre leurs passions. “On peut lire dans la littérature antique que beaucoup d’entre elles avaient des amants, constate Virginie Girod. Certaines s’assumaient plus, car elles étaient puissantes et avaient les moyens matériels de le faire. Néanmoins, dans l’Histoire, elles passeront pour des putains pour l’éternité. La preuve: cela fait 2 000 ans que l’on parle encore de la liaison qu’entretenait Cléopâtre avec Jules César, lorsqu’elle était mariée à son propre frère.”
En cause: la réputation de “putain impériale” qui lui a été créée depuis Rome. “On l’appelait la ‘reine salope’. On disait qu’elle collectionnait les amants, même les esclaves, qu’elle faisait d’ailleurs parfois tuer après avoir couché avec eux, rapporte l’historienne. Tout cela était faux bien sûr, et faisait partie d’une entreprise de démagogie de destruction de la respectabilité et de l’intégrité de Cléopâtre, qui était une véritable femme politique.”
 
L’attirance physique pour un autre: première motivation des Françaises infidèles
En 2019, les femmes paient toujours les conséquences de ces millénaires de pressions et de conditionnement, entretenus par les stéréotypes de genre. Par exemple, outre la traditionnelle “salope”, les idées reçues sur l’infidélité féminine sont tenaces, parmi lesquelles le fait qu’une femme ne trompe que si elle se sent délaissée ou si elle tombe amoureuse d’un autre homme. Pourtant, selon l’Ifop, la première motivation des Françaises infidèles est l’attirance physique ou sexuelle pour une autre personne (à 52 %). Le manque d’attention, d’affection ou de tendresse de la part de son conjoint ne vient qu’en deuxième position (47 %), et les sentiments pour une autre personne (31 %) en sixième, derrière l’envie de profiter de l’opportunité qui se présente (37 %), le manque d’épanouissement sexuel avec son conjoint (36 %), et le désir de retrouver la magie des premiers instants d’une relation (35 %).
“À la base, je n’ai jamais eu la volonté de tromper mais je pense juste qu’il y a des moments qu’il faut vivre jusqu’au bout. Quand ça nous tombe dessus, il ne faut pas se poser de questions.”
Lola opine: pour elle, l’infidélité, ce n’est pas forcément parce qu’un couple va mal. “Après plusieurs années de relation, il m’est arrivé d’avoir des coups d’un soir parce que j’avais un feeling incroyable avec quelqu’un en soirée, point, insiste l’étudiante. À la base, je n’ai jamais eu la volonté de tromper mais je pense juste qu’il y a des moments qu’il faut vivre jusqu’au bout. Quand ça nous tombe dessus, il ne faut pas se poser de questions.”
Même son de cloche chez Romane. “Quand j’ai trompé certains de mes copains, ce n’était pas du tout parce que j’étais malheureuse ou délaissée; ça s’est fait en soirée ou en voyage, quand je rencontrais quelqu’un qui me plaisait et que je sentais une réciprocité. Tu as envie, tu y vas, ce n’est pas prémédité”, raconte la jeune femme, en évoquant également le plaisir de la séduction, et, pour un ex en particulier, le manque d’alchimie sexuelle.
 
“Pourquoi l’infidélité féminine devrait-elle rester un problème?”
Si mettre un terme au tabou de l’infidélité féminine permettrait de déconstruire les stéréotypes sur le sujet, cela contribuerait également à l’égalité femmes-hommes en matière de sexualité. “Dès lors que l’on arrêtera de poser le jugement de valeur selon lequel tromper est plus grave pour une femme, on aura fait avancer la société, martèle Virginie Girod. Aujourd’hui, on change de paradigme social: la femme qui a un enfant hors mariage n’est plus une salope qui met au monde un bâtard, le mariage pour tou.te.s est légal, la PMA se développe, la GPA va sûrement se démocratiser dans les années à venir… À l’heure où la filiation classique au sein du mariage perd de l’importance, pourquoi l’infidélité féminine devrait-elle rester un problème?”
En toile de fond, il s’agit de dédramatiser la sexualité afin qu’une aventure extra-conjugale ne soit plus assimilée à une affaire d’honneur ou de possession. “Pour des hommes, ce lien justifie encore le fait de tuer leur conjointe”, souligne Virginie Girod. En France, 64 féminicides ont été recensés depuis le début de l’année. Parmi ces femmes, combien ont été tuées parce que leur compagnon les soupçonnait d’infidélité? “Parler de sexualité et d’infidélité féminine, ce n’est pas anodin, reprend l’historienne. C’est politique.”
Floriane Valdayron
* Étude Ifop pour Gleeden.com réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 15 avril 2019 auprès d’un échantillon de 5 026 femmes, représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus, résidant en Italie, en Espagne, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.
** Le prénom a été modifié.

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Pourquoi certains commentaires sur l'affaire Neymar relèvent de la culture du viol,femmes,viol,

23 Juin 2019, 22:28pm

Publié par hugo

Pourquoi certains commentaires sur l'affaire Neymar relèvent de la culture du viol
Publié le 17 juin 2019 à 0:28
L’éditorialiste de RMC Daniel Riolo et l’ancien footballeur Jérôme Rothen ont scandalisé après des propos sur la Brésilienne accusant le joueur du PSG Neymar de viol. Des dires relevant de la culture du viol. Décryptage avec Noémie Renard, l’autrice de l’ouvrage En finir avec la culture du viol.
 
 
Najila Trindade lors d'une interview à la télé brésilienne, DR
Le 6 juin, l’éditorialiste Daniel Riolo et le consultant Jérôme Rothen ont tenu des propos relevant de la culture du viol sur RMC. C’était lors d’un échange, pendant l’émission L’After Foot, sur la jeune femme accusant le joueur du PSG Neymar de l’avoir violée. “Je ne peux pas m’empêcher de penser à un truc un peu con. Vous me permettez cinq minutes. La nana, tu l’as vue la nana?”, a lancé Daniel Riolo. Avant de poursuivre: “Je m’attendais à ce que ce soit un avion de chasse intersidéral, j’étais vachement déçu.” Ce à quoi Jérôme Rothen a répondu: “C’était de la deuxième division. […] Quand tu t’appelles Neymar, normalement c’est une Champions League, et au moins ça passe les huitièmes.” Avant que l’éditorialiste ne tranche sérieusement: “Le mec il peut avoir tout ce qu’il veut, il a pris une ligue 2.”
 
En mai, le chroniqueur de L’After Foot et des Grandes Gueules avait déjà fait polémique face à Ian Brossat, tête de liste européenne du Parti communiste français, en déclarant: “Le PCF, c’est la collaboration avec les nazis!” Et avait tenu à l’élu, marié à un autre homme, des propos déplacés en parlant de “ses soutiens du Marais”.
Le 9 juin, Marlène Schiappa a réagi sur Twitter à la séquence choquante, dénonçant notamment une “méconnaissance de la culture du viol” chez Riolo et Rothen. Ces derniers ont présenté des excuses dans la foulée, avant d’être suspendus de l’antenne de la radio le lendemain. Noémie Renard, chercheuse en biologie et autrice du livre En finir avec la culture du viol aux éditions Les Petits matins, décrypte la culture du viol et son ancrage dans la société.
 
Qu’est-ce que signifie “la culture du viol” exactement?
Dans grands nombre d’esprits, le mot “culture” renvoie à une notion positive comme l’art, la gastronomie, le patrimoine… En réalité, ici, ce mot a un sens beaucoup plus large: c’est un ensemble de caractéristiques d’une société. Cela peut être l’art, les traditions, les croyances, les valeurs… L’expression “culture du viol” est née dans les années 70 au sein du mouvement féministe radical. Et l’intérêt de ce terme militant est de mettre en avant le fait que les violences sexuelles ne sont pas une “déviance” dans notre société, elles ne relèvent pas d’une “anomalie” ou d’une “exception” mais, au contraire, prennent source dans le fonctionnement et les caractéristiques de notre société. Et pour lutter contre les violences sexuelles, il faut modifier certains de ces aspects culturels. Ces derniers sont d’ailleurs multiples et variés: la culture du viol repose sur un ensemble de stéréotypes sur les violeurs et les victimes. Mais se base aussi plus largement sur des préjugés sexistes, économiques, racistes…
“Oui, il est possible d’être victime d’un viol et de sortir des normes de beauté. La principale valeur d’une femme ne réside pas dans son apparence physique ou dans son degré de désirabilité.”
En quoi la notion de “bonne ou mauvaise victime” insinuée par les chroniqueurs de RMC est-elle particulièrement dangereuse?
L’un des grands stéréotypes de la culture du viol est l’idée selon laquelle il existerait de “vraies” et de “fausses” victimes. C’est en fonction des caractéristiques supposées de la victime que son témoignage va être pris plus ou moins au sérieux. Dans le cas des commentateurs de RMC, le stéréotype portait sur son apparence physique: ils laissent entendre que la femme qui accuse Neymar de viol n’est pas jolie. Ces propos sont extrêmement misogynes et méprisants. En disant cela, ils considèrent cette jeune femme comme un objet sexuel qui n’a pas sa place. Et la perçoivent uniquement comme un objet désirable ou non. À aucun moment ils ne sont en empathie. Pire encore, ils se mettent à la place de Neymar pour se demander s’ils auraient fait pareil, en déclarant: “Le mec, il peut avoir tout ce qu’il veut et il a pris la ligue 2.” Dans ces mots réside l’idée qu’une femme considérée comme “moche” devrait, au contraire, prendre cette relation (consentie ou non) comme un honneur, un compliment. Insinuer cela, c’est oublier que les victimes de viol sont issues de tous les milieux, et ont des âges différents. Oui, il est possible d’être victime d’un viol et de sortir des normes de beauté. La principale valeur d’une femme ne réside pas dans son apparence physique ou dans son degré de désirabilité. Encore une fois, on a assisté ici à une forme de banalisation des violences sexuelles. C’est comme si tout ce qui relevait de la violence était balayé d’un revers de main.
Existe-t-il un profil type de violeurs?
Ces derniers temps, on entend beaucoup dire que Neymar “est riche, célèbre, et que donc il peut avoir toutes les femmes qu’il veut, et donc pourquoi aurait-il besoin de violer?”. Des études montrent qu’en réalité, les hommes qui violent ne sont pas en manque de sexe, qu’ils ont au contraire une vie sexuelle tout à fait normale, si ce n’est même plus active que la moyenne. C’est une autre idée reçue.
“On a tendance à partir du principe que si la femme s’est engagée, qu’elle a commencé à susciter du désir, il faut qu’elle aille jusqu’au bout. C’est l’idée sous-jacente selon laquelle les femmes sont “des allumeuses”.”
L’un des reproches qui est fait à Najila Trindade, cette Brésilienne qui accuse le footballeur de viol, c’est de s’être rendue dans l’hôtel de Neymar et d’avoir flirté en amont avec lui. La séduction est-elle un gage du consentement?
Plus généralement, on trouve toujours quelque chose à reprocher aux victimes, présumées ou non. Soit elles sont trop laides pour être des victimes, soit elles l’ont bien cherché. Ici, la jeune femme a raconté être venue à Paris pour rencontrer le joueur, et a reconnu qu’il lui plaisait. Effectivement, peut-être avait-elle envie de le rencontrer et d’avoir un rapport sexuel avec lui, mais elle a aussi le droit d’avoir changé d’avis, de se rétracter, de dire “non”. Mais cette absence de consentement est mal acceptée dans cette affaire puisque l’on a tendance à partir du principe que si la femme s’est engagée, qu’elle a commencé à susciter du désir, il faut qu’elle aille jusqu’au bout. C’est l’idée sous-jacente selon laquelle les femmes sont “des allumeuses”, et qu’elles auraient finalement bien cherché cette violence. En résumé, les femmes n’ont pas le droit d’exprimer leur désir de manière trop explicite car on risque sinon de les considérer comme coupables.
En quoi la culture du viol permet-elle, plus globalement, au viol de persister?
L’une des principales caractéristiques de la culture du viol est de renverser la culpabilité entre les victimes et les agresseurs. Les victimes vont être systématiquement considérées, au moins en partie, comme responsables de ce qui leur est arrivé. Tandis que les hommes, au contraire, on va avoir tendance à les déresponsabiliser en parlant de “pulsions difficiles à contrôler” et de “femmes aguicheuses”. Les femmes sont souvent accusées de vouloir extorquer de l’argent, suivant cette idée misogyne selon laquelle elles utiliseraient leur sexualité pour s’enrichir, et donc qu’elles sont manipulatrices et vénales. Face à ce renversement de culpabilité très fréquent, les femmes vont avoir tendance à s’autocensurer, voire à se blâmer, à avoir honte. Puis, à cause de cette culture du viol, elles sont culpabilisées et insultées par tout le monde, surtout sur les réseaux sociaux. Les victimes de viol en prennent plein la figure. Tout ça constitue un climat hostile pour les victimes. Et celles qui n’ont pas encore osé porter plainte vont être clairement découragées. C’est d’autant plus difficile lorsque l’agresseur est une personnalité connue.
Est-ce que les choses avancent dans les mentalités? Et judiciairement?
En France, les esprits ont été quelque peu marqués par l’affaire DSK et son traitement dans les médias. Le mouvement #MeToo a également permis d’aborder des choses qui n’étaient parfois jamais abordées dans certains milieux. Ce qui est déjà beaucoup. Mais je ne pense pas que les mentalités aient foncièrement changé. D’ailleurs, un sondage réalisé en 2018 par The Economist montre comment la majorité des personnes sondées sont devenues en réalité davantage sceptiques de la question du harcèlement sexuel et son traitement depuis le mouvement #MeToo. Sur le plan judiciaire, en tout cas en France, les choses n’ont pas beaucoup bougé. Un récent rapport montre que, depuis dix ans, les condamnations pour viol ont diminué.
Propos recueillis par Fanny Marlier
Ce papier a été initialement publié sur le site des Inrocks.

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"Le vert est interdit" : des foulards pro-IVG "censurés" lors du match Argentine-Ecosse,femmes,feminisme,

21 Juin 2019, 15:57pm

Publié par hugo

 "Le vert est interdit" : des foulards pro-IVG "censurés" lors du match Argentine-Ecosse
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Des foulards verts interdits de stade
 
Par Catherine Rochon
Publié le Vendredi 21 Juin 2019

Lors du match Argentine-Ecosse de la Coupe du monde féminine de foot au Parc des Princes, des spectatrices ont dû retirer leurs foulards verts, symboles de la lutte en faveur de l'avortement.

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Margaux Collet, co-autrice de Beyoncé est-elle féministe ?, était ravie de se rendre au Parc des Princes pour la Coupe du monde féminine du foot ce mercredi 19 juin. D'autant que c'était la première fois qu'elle assistait à un match de foot. Et que l'équipe qui affrontait l'Ecosse pour la qualification en huitième de finale était l'Argentine, pays où les féministes mènent activement une campagne depuis 20 ans pour la légalisation du droit à l'avortement.
"Nous sommes toutes militantes féministes et au lieu de nous maquiller aux couleurs du drapeau argentin, nous avons voulu montrer notre soutien à la légalisation du droit à l'IVG qui a connu un essor particulier l'été dernier quand la proposition de loi déposée chaque année pour l'avortement a été examinée par le Parlement et rejetée par le Sénat à 7 voix après une énorme mobilisation populaire", nous explique-t-elle.
 
Pour marquer le coup, elle décide avec ses amies d'arborer des symboles discrets : des foulards et un simple débardeur verts.
 

De nombreux·ses artistes et femmes politiques se sont emparé·es de ces "pañuelos verdes" (foulards verts) en soutien au droit à l'avortement comme cette année lors d'une montée des marches au festival de Cannes très émouvante. Mais pas question pour les amies militantes de faire un happening au Parc des Princes. Aucune action spectaculaire n'était prévue. Pourtant, la simple couleur verte n'a pas manqué de taper dans l'oeil des stadiers, visiblement briefés en amont.
"Une personne au scan des billets nous a dit : 'Par contre, le vert, c'est interdit'. On a éclaté de rire. Il y aurait des couleurs autorisées dans les stades ? On ne savait pas qu'il y avait un dress-code ! Deux responsables de la sécurité sont venus nous interroger. Et à aucun moment, ils ne nous ont dit : 'Les symboles politiques sont interdits et ceci est un symbole politique'. C'était donc complètement absurde", s'étonne Margaux Collet.
"Dès qu'on parle des droits des femmes, il n'y a pas de marge de manoeuvre"
La sécurité a finalement récupéré les foulards (qui leur seront rendus à la fin de la rencontre). Et durant tout le match, le petit groupe sera scruté. "Nos billets ont été photographiés et en rigolant, on a dit : 'Vous allez mettre une caméra sur nous pendant tout le match ?'. Et on nous a répondu : 'Pas qu'une caméra, vous aurez plusieurs personnes braquées sur vous pendant tout le match'. Et en effet, il y avait des stadiers qui nous regardaient. Sauf que nous n'allions absolument pas nous la jouer comme les Pussy Riots qui avaient pénétré sur le terrain à Moscou lors du Mondial l'année dernière !"
La mésaventure de Margaux Collet n'est pas isolée. D'autres spectatrices ont fait les frais de cette sélection à l'entrée comme le groupe féministe Alerta Feminista. Si les militantes ont vu leur banderole en faveur de la légalisation de l'IVG confisquée, elles ont cependant pu la déployer à l'extérieur du stade une fois le match terminé.
 
Contactée par Le Parisien, la FIFA (Fédération internationale de football association) assume. "Un stade de football ne peut pas être un lieu de revendication de quelque nature que ce soit et, ce, même si les causes sont louables", explique un porte-parole. "Conformément au règlement applicable dans les stades de la Coupe du monde féminine, France 2019, le Comité d'Organisation a refusé l'introduction de la banderole dans l'enceinte – dont la présence n'avait pas été déclarée au préalable – et demandé à ces personnes de ne pas entrer ainsi, ce qu'elles ont accepté sans manifester de mécontentement en ôtant leur tee-shirt avant de rejoindre les tribunes."
Des consignes qui interloquent Margaux Collet. "Il y a une forme de censure. On voit depuis toujours des messages politiques, des injures racistes et homophobes dans les stades. Et là, on était loin de déployer une banderole ou préparer une action sur le terrain... Mais tout cela montre que dès qu'on parle des droits des femmes, il n'y a pas une petite marge de manoeuvre possible. Et surtout, on pourrait se dire que l'avortement en France ne devrait pas être un sujet. Appliquer les restrictions qui sont à l'oeuvre dans d'autres pays, ça peut aller très loin..."
Pour autant, cet incident n'a pas refroidi Margaux. Elle retournera voir d'autres matchs de cette coupe du Monde féminine historique et continuera à participer à l'engouement collectif. "Il y avait une super ambiance, plein de jeunes, plein de petites filles... C'était formidable."
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https://www.terrafemina.com/article/coupe-du-monde-feminine-les-foulards-verts-interdits-lors-du-match-argentine-ecosse_a349541/1

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Porter un soutien-gorge : question de santé ou injonction sociale ?,femmes,sante

21 Juin 2019, 15:28pm

Publié par hugo

 Porter un soutien-gorge : question de santé ou injonction sociale ?
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Doit-on réellement porter un soutien-gorge pour notre santé ?
 
Par Pauline Machado
Publié le Jeudi 20 Juin 2019

On nous le présentait comme un essentiel du vestiaire féminin dès notre adolescence, on le boycottait lors du mouvement #NoBra, il se pourrait que le soutien-gorge serve davantage à camoufler l'un des symboles de notre sexualité qu'à véritablement redresser notre poitrine.

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3 questions pour évaluer la (bonne) santé de votre couple
"Couvrez ce sein que je ne saurais voir", assénait Tartuffe à Dorine dans l'oeuvre éponyme de Molière, en 1664. Plus de 350 ans plus tard, on estime toujours qu'une femme qui ne porte pas de sous-vêtements est indécente, et qu'on a tous les droits de lui demander de cacher sa poitrine par respect de la pudeur. Pour preuve, cette jeune lycéenne américaine qui s'était fait convoquer après s'être rendu en classe sans sous-vêtements sous son débardeur. Motif : elle faisait office de "distraction pour ses camarades masculins" et a été forcée à porter des pansements sur ses tétons.
Le soutien-gorge que l'on brûlait en 1968 continue de faire parler de lui, jusque dans le mouvement #NoBra, qui incite à se débarrasser de son soutif pour se libérer des carcans sociétaux, ou encore #FreeTheNipple, le hashtag qui réclame l'affranchissement des tétons. On le considère comme une entrave à l'égalité, qui contribue à l'idée que les seins des femmes soient sexualisés, diabolisés, et donc camouflés, quand la poitrine des hommes est amplement acceptée.
 
 
Au-delà d'une pièce qui cache nos attributs, le soutien-gorge est surtout présenté comme une nécessité relative à la santé de chacune. Il servirait à un meilleur maintien de la poitrine et éviterait ce qu'apparemment toute femme redoute plus que la mort elle-même : que ses seins tombent comme des gants de toilette. Subtile parade pour contrôler nos corps que d'invoquer le sacro-saint bien-être physique ? Ce qui est sûr, c'est que certains experts mettent en doute sa réelle efficacité.
 
Sans soutien-gorge, les seins se raffermiraient
Dr Jean-Denis Rouillon, médecin du sport au CHU de Besançon a réalisé une étude sur le sujet qui a depuis fait le tour des médias. En 2013, il expliquait ainsi qu'après avoir suivi de nombreuses femmes âgées de 18 à 35 ans, sportives dans l'ensemble et ne portant pas de soutien-gorge pour l'occasion, il avait remarqué que "le mamelon des seins remontait en moyenne de 7 millimètres en un an, par rapport à l'épaule", rapporte Le Figaro. Et que, moins on en porte, plus "les seins se raffermissent et les vergetures s'estompent".
Selon lui, c'est une question de logique musculaire : "Si la femme met un soutien-gorge dès l'apparition de ses seins, l'appareil suspenseur (situé sur le haut du corps) ne travaille pas correctement et ses tissus de suspension se distendent", affirme-t-il. Le sous-vêtement desservirait plus sa cause qu'autre chose, et son utilisatrice deviendrait alors "dépendante du soutien-gorge, dont elle n'a pas vraiment besoin", ajoute Dr Rouillon.
 
Des propos que Laura Tempesta, experte en soutien-gorge de sport et fondatrice de Bravolution, a également tenu à Teen Vogue : "Contrairement à la croyance populaire, il n'existe aucune preuve scientifique que le port d'un soutien-gorge empêche les seins de s'affaisser, [une condition connue sous le nom de] ptose mammaire", explique-t-elle. "La ptose avec le temps est causée par l'âge et la gravité et survient que l'on porte un soutien-gorge ou non."
Une question de choix plutôt que de santé
Les femmes pour qui l'accessoire peut s'avérer salvateur en revanche, sont celles dont la poitrine pèse au quotidien, devenant très gênante, voire handicapante. Mais même dans ce cas, il existe d'autres solutions pour pallier la douleur : "Travailler sur le renforcement des stabilisateurs du dos, les étirements et la biomécanique de la respiration sont toujours utiles quand il s'agit de posture", assure Kristina Petrocco-Napuli, chiropraticienne, au magazine américain.
Le soutien-gorge serait donc une affaire de volonté personnelle, d'esthétisme, plus qu'une obligation bien-être à suivre à la lettre, si l'on en croit les études et les analyses des professionnel·les du milieu. Un constat qui démontre bel et bien que l'utilité première de l'objet est davantage sociétale, en prise aux injonctions patriarcales, que sanitaire. Et qu'il est nécessaire de remettre en cause la façon dont il nous est quasi systématiquement imposé.
Santé Société News essentielles feminisme etudes
À voir

https://www.terrafemina.com/article/soutien-gorge-doit-on-porter-un-soutien-gorge-pour-notre-sante_a349511/1
 
https://www.youtube.com/watch?v=NIuwhtRdums

AMBROUILLE   DIT QUE IL NE FAUT PAS METTRE   DE SOUTIF  MAIS DES BRASSIERES ,  c est une femme  qui dit  cela  !!!!!!

BON VOILA  

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