Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

violences sexuelles

Violences sexuelles : la star marocaine Saad Lamjarred jure n'avoir "jamais" violé

24 Février 2023, 19:45pm

Publié par hugo

 Violences sexuelles : la star marocaine Saad Lamjarred jure n'avoir "jamais" violé
Le chanteur Saad Lamjarred et sa femme Ghita El Alaki au Palais de justice de Paris le 20 février 2023.
Le chanteur Saad Lamjarred et sa femme Ghita El Alaki au Palais de justice de Paris le 20 février 2023.
capture d'écran AFP
22 FÉV 2023
 Mise à jour 22.02.2023 à 22:20 par 
TV5MONDE
 
AFP
Le chanteur star marocain Saad Lamjarred, qui comparaît cette semaine devant les assises de Paris pour viol aggravé, est également renvoyé pour un viol qu'il a commis à Saint-Tropez en 2018. Il jure n'avoir "jamais" violé.
 
Saad Lamjarred, 37 ans, est jugé depuis le 20 février devant la cour d'assises de Paris, accusé d'avoir violé et frappé dans une chambre d'hôtel une jeune femme qu'il avait rencontrée en boîte de nuit. Les faits se sont déroulés en marge d'un concert prévu dans la capitale en 2016. Il conteste les faits.

Ce 22 février, c'est son tour de témoigner. Et c'est sans hésiter qu'il affirme devant la cour d'assises de Paris, sous le regard atterré de Laura P. sa victime, qu'il n'y pas eu de viol, pas de relation sexuelle : "jamais".
 
Un "after" qui dérape
Au début, leurs versions correspondent : la rencontre dans une boîte de nuit huppée de la capitale française, la soirée qui se poursuit avec un premier "after", avant de continuer à son hôtel.

À l'aise à la barre, presque souriant, Saad Lamjarred, 37 ans, décrit le trajet en taxi. "On se tient la main, je la complimente sur sa beauté". 

"On se fait des câlins, pas des câlins amicaux", insiste-t-il. "On se plaisait, ce n'était pas juste physique, j'aimais sa personnalité même si nous n'avions parlé que pendant deux heures".

Dans la chambre, ils dansent, ils discutent. Puis elle lui dit "désolée, je ne pouvais pas t'embrasser devant tout le monde", et Saad Lamjarred prend ça comme un "signe". Il se penche, l'embrasse, "un long baiser".

C'est ici que leurs récits divergent radicalement.

"Et là tout à coup, il a poussé ma tête qui a cogné par terre", avait raconté Laura P. à la barre le 21 février, tremblante et en larmes. La jeune femme, 20 ans à l'époque, avait ensuite décrit son incompréhension, ses cheveux qu'il avait tirés, à califourchon sur elle malgré ses refus répétés.

Selon elle, il l'avait déshabillée de force, puis avait léché son corps avant de lui infliger un premier coup de poing, puis deux pénétrations digitales, vaginale et anale, et une brève pénétration pénienne. Elle avait ensuite réussi à le repousser en le mordant dans le bas du dos.

Saad Lamjarred raconte lui qu'ils étaient en train de se déshabiller quand il a senti une "griffure très douloureuse dans le dos". 
"Un vrai homme ne fait pas ça"
"J'ai fait quelque chose que je regrette, je l'ai poussée au visage brutalement. C'était un réflexe involontaire, je n'en suis pas fier", "je ne suis pas comme ça", dit le chanteur, pull marine sur chemise blanche, rappelant qu'il avait bu et consommé de la cocaïne, une circonstance aggravante.

"Je n'aurais pas dû faire ça, un vrai homme ne fait pas ça", continue-t-il.

Puis le chanteur se fait encore plus solennel: "Mme la présidente, je le dis aujourd'hui et je le dirai jusqu'à mon dernier souffle, moi, Saad Lamjarred, je n'ai jamais pénétré Laura P., de quelque manière que ce soit".

Sans se retourner, il s'adresse à elle. "Je suis désolé pour ce réflexe de violence, je ne voulais pas te faire pleurer", dit-il. Laura P. garde sa main devant les yeux, tête baissée.

Et puis la voix de Saad Lamjarred se brise. "Par contre, mon futur, ma famille, ma vie, ma réputation... nous sommes tous les deux dans de mauvaises situations. J'essaie de sourire, de faire des vidéos, mais je n'ai pas envie de sourire", gémit dans un sanglot le chanteur aux centaines de millions de vues sur YouTube, appuyé à la barre.
 


"Mais ta gueule", entend-on murmurer sur le banc des proches de la partie civile.

S'il s'agit d'un "malentendu", "est-ce que vous lui avez demandé pourquoi elle a réagi comme ça?", demande plusieurs fois la présidente Frédérique Aline sans vraiment obtenir de réponse.

"Je ne dis pas qu'elle a menti, je dis que peut-être elle s'est trompée", répond Saad Lamjarred.

"Elle s'est trompée sur quoi?", interroge la présidente. "Soit elle invente... mais c'est compliqué de confondre des actes de cette nature avec une gifle". "Vous avez une explication?" poursuit la présidente. "Je n'en ai aucune idée", lâche le chanteur.
Une affaire similaire à Saint-Tropez
Mais il semblerait que Saad Lamjarred soit coûtumier du fait. Le chanteur a été accusé de viols à New York, Casablanca et Saint-Tropez.

Dans cette dernière affaire remontant à 2018, il a été renvoyé devant la cour d'assises du Var pour viol, selon un arrêt de la cour d'appel d'Aix-en-Provence datant de novembre 2021 que l'avocat général Jean-Christophe Muller - qui représente l'accusation à Paris - a fait verser aux débats le 21 février au soir. La date du procès n'est pas encore connue.

(RE)lire : Inculpé pour viol, le chanteur marocain Saad Lamjarred en détention

Quand le document avait été distribué à l'audience, l'un des avocats de Saad Lamjarred l'avait jeté au sol, furibond.

Cet arrêt est effectivement très embarrassant pour le chanteur, tant les faits reprochés ressemblent à ceux jugés à Paris.

Dans l'affaire de Saint-Tropez, la plaignante avait déclaré aux enquêteurs avoir rencontré Saad Lamjarred dans une célèbre boîte de nuit. Elle l'avait plus tard suivi à son hôtel, seulement dans l'intention d'y boire un verre, selon elle. Quand Saad Lamjarred a essayé de l'embrasser et qu'elle a refusé, "son visage a changé", avait-elle déclaré aux enquêteurs. Il l'aurait alors brutalement poussée sur le lit et se serait couché sur elle en lui maintenant les poignets, l'aurait déshabillée et lui aurait imposé un rapport sexuel. Elle, "tétanisée", a été "incapable de lui résister physiquement".

Elle avait ensuite appelé une amie pour lui demander de venir la chercher. Cette amie l'avait retrouvée "choquée", le "regard vide", et un employé de l'hôtel avait décrit une femme "anéantie", qui "tremble et sanglote".

Saad Lamjarred affirme que ce rapport sexuel était consenti, et que la jeune femme avait "beaucoup" apprécié.

Dans le téléphone du chanteur, les enquêteurs ont trouvé un message d'une autre jeune femme parlant de violences. Entendue, elle a elle aussi dénoncé des faits de viol dans des circonstances similaires.

En attendant, le verdict pour l'affaire de Paris sera le 24 février.
 
TV5MONDE
 
AFP
 Mise à jour 22.02.2023 à 22:20
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/info/violences-sexuelles-la-star-marocaine-saad-lamjarred-jure-n-avoir-jamais-viole-489593

Voir les commentaires

Le chant de guerre féministe de Corinne Masiero et "Les Vaginites"

9 Février 2023, 21:25pm

Publié par hugo

Violences faites aux femmes : féminicides, coups, viols et autres agressions sexuelles#MeToo : contre les violences sexuelles, partout dans le monde, les femmes prennent la parole pour dire "moi, aussi"
Le chant de guerre féministe de Corinne Masiero et "Les Vaginites"
Audrey Chamot, Corinne Masiero et Stéphanie Chamot, le trio des "Vaginites", un groupe qui secoue sans prendre de pincettes, pour dénoncer les violences faites aux femmes. Ici lors du concert du 28 janvier 2023 sur la scène du Hangar à Ivry-sur-Seine, à l'occasion de la sortie de leur premier album. 
Audrey Chamot, Corinne Masiero et Stéphanie Chamot, le trio des "Vaginites", un groupe qui secoue sans prendre de pincettes, pour dénoncer les violences faites aux femmes. Ici lors du concert du 28 janvier 2023 sur la scène du Hangar à Ivry-sur-Seine, à l'occasion de la sortie de leur premier album. 
©IMourgère
08 FÉV 2023
 Mise à jour 08.02.2023 à 10:40 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Sur scène, Corinne Masiero et ses deux acolytes Audrey et Stéphanie Chamot du groupe "Les Vaginites" balancent. Sous des allures d'opéra punk carnavalesque, le ton est sans concession, crû, radical. Elles chantent et crient les maux des violences faites aux femmes, dont elles ont été elles-mêmes victimes. Des textes regroupés au sein d'un premier album présenté à l'occasion d'un concert en banlieue parisienne. Terriennes y était. 
"Vaginite" : infection de la vulve provoquant des démangeaisons. "On a choisi ce nom parce qu'il faut que ça gratte !"  Effet garanti ce 28 janvier 2023 sur la scène du Hangar à Ivry-sur-Seine, en banlieue parisienne.
 
C'est bizarre, ces maladies, on les traite moins. Il y a moins de traitement quand il s'agit des femmes, on en entend moins parler. C'est comme la parole des femmes, on en entend moins parler que celle des hommes.

Corinne Masiero
"Moi, des vaginites, j'en ai eu à répétition, comme des cystites, etc... Et c'est bizarre, ces maladies, on les traite moins. Il y a moins de traitement quand il s'agit des femmes, on en entend moins parler. C'est comme la parole des femmes, on en entend moins parler que celle des hommes. Alors voilà, nous, on va vous parler d'un truc qui gratte, de la condition des femmes, et surtout des violences faites aux femmes, quelles qu'elles soient, explique Corinne Masiero. Une fois, y'a une bonne femme qui me dit 'Ah quand même parler de viol d'une enfant, c'est violent !' Ah oui, c'est violent, un enfant qui se fait violer, c'est violent. Comment voulez-vous traiter et trouver des solutions si on ne les nomme pas ?"

"Bon, la vraie histoire, c'est que ça nous faisait aussi rigoler !", confie-t-elle, large sourire aux lèvres. "Au début, on voulait s'appeler 'Les vagins vigilants', mais ça existait déjà. Dans le nord (de la France), il y a des badges que l'on porte avec la mention 'vagin vigilant', et ça veut dire que attention, on est là, tu fais plus ce que tu veux !", précise Audrey Chamot, l'une des chanteuses qui composent le trio avec Stéphanie, sa jumelle. 
Corinne Masiero et les soeurs Chamot forment "Les Vaginites", un groupe de musique punk-électro qui mettent en musique des textes dénonçant patriarcat, machisme et violences sexuelles. 
Corinne Masiero et les soeurs Chamot forment "Les Vaginites", un groupe de musique punk-électro qui mettent en musique des textes dénonçant patriarcat, machisme et violences sexuelles. 
©IM
"Rage against" le patriarcat
Avec Les Vaginites, c'est au patriarcat, mais aussi à tous les agresseurs sexuels, aux violeurs, que l'on dit tout simplement "Ta gueule !" C'est comme ça que l'histoire a commencé, nous raconte Corinne Masiero, "C'est Daniel Mermet de 'Là-bas si j'y suis' (sur France Inter, ndlr) qui m'avait demandé si je voulais venir chanter pour l'anniversaire de l'émission, et j'ai choisi 'Ta gueule', des copines du groupe Chamot, et de chanter avec elles. Je n'avais jamais fait ça, mais ça m'a plu et j'ai eu envie d'y regoûter ! Et puis, on a créé quatre morceaux qui durent en moyenne 15 minutes, et souvent c'est plus."  
 

Un coup de gueule féministe qui ne fait pas dans la nuance. Néammoins, c'est sur le ton de la comédie décalée, en couleurs et le visage grimé que le trio se présente sur scène. Audrey, Stéphanie et Corinne arrivent vêtues de manteaux en (fausse) fourrure rose fushia, prune et blanc, en short en jean, en chaussettes et chaussures pailletées, perruques fluos sur la tête.
 
L'idée, c'est de prendre les gens à revers, comme nous, on nous a prises à revers parfois, sans consentement.

Corinne Masiero
"Regardez comme on est belle !", lance Stéphanie, face au miroir de la loge lors de notre rencontre quelques heures avant le concert, rouge à lèvres débordant et yeux "smocky" façon oeil au beurre noir. "Les bonnes femmes, elles ont pas à être sous telles ou telles cotes. Si t'as envie d'être refaite, c'est ok. Si t'as envie de te maquiller, c'est ok ; si t'as pas envie, c'est ok aussi. T'es grosse, t'es noire, t'es poilue, handicapée, cisgenre, transgenre, c'est ok ! Sororité !", martèle Corinne. 

"Regardez, moche is beautiful !, ajoute-t-elle en montrant l'inscription peinte au crayon noir sur son ventre, ça fait un peu carnaval de Dunkerque. Au début, ils se disent qu'ils vont bien rigoler, et puis très vite ils comprennent que pas trop, en fait. L'idée, c'est de prendre les gens à revers, comme nous on nous a prises à revers parfois, sans consentement".

Almost all moches ("Presque toutes moches", trad), c'est le premier titre de la soirée. "Périnet périmé !", reprennent ensemble les trois chanteuses, puis elles enchainent sur le refrain "Saga, patriarcat, ambiance de la 'choune' "(terme en argot pour désigner le sexe féminin, ndlr), un rythme directement inspiré du populaire Saga africa de Yannick Noah. S'enchaine ensuite une longue litanie de termes argotiques désignant la vulve. Le public, appelé à répéter en choeur, rit de bon coeur. Dans ce titre, tout le monde, enfin le masculin, surtout, en prend pour son grade, Freud et autres psychanalystes conspués pour leur vision des femmes.

Donner des coups aux coups 
"Alors on peut plus draguer tranquille, se faire violer tranquille, maintenant va falloir demander la 'spermission' pour mettre la main au c.. ? Alors hommage aux hommes, dans 48h, une femme va mourir !" (Rires grinçants)
 
Il m'a juré que ça n'arriverait plus... Si je te cogne c'est pour ton bien ma puce.

Extrait du concert des Vaginites
Dans un blues qui tourne à la transe, les chanteuses dénoncent les violences domestiques et les féminicides : "Il y a des coins de porte, des coins d'évier, des coins de table, des radiateurs ; il y a cinquante nuances de bleus, de rouge. À coups de rallonge, de casserole, de bouteille, à coups de sourires, de ceinture, à coups d'assiette. Il m'a juré que ça n'arriverait plus... Si je te cogne c'est pour ton bien ma puce."  

Les "Que je t'aime" de Johnny ou "Ne me quitte pas" de Brel deviennent cris de guerre dans le titre Rage against the machist. "On ne tue jamais par amour !", l'occasion pour les Vaginites de rappeller sur scène ce chiffre : en France, 146 femmes sont mortes sous les coups d'un homme l'an dernier. 
 
"Nous les femmes, l'art qui répare" de Christian François (Production Nolita TV)
"Nous les femmes, l'art qui répare" de Christian François (Production Nolita TV)
©capture ecran/Nous les femmes
"Nous Les femmes",  un documentaire de Christian François sur le combat des Vaginites et d'autres femmes contre les violences sexuelles, sera diffusé sur France3 le 2 mars 2023 à 22h45. Corinne Masiero et les soeurs Chamot témoignent des viols et agressions sexuelles dont elles ont été victimes, et du combat qu'elles mènent sur scène, mais aussi en coulisse. Le réalisateur interroge aussi plusieurs autres intervenantes, comme Andréa Bescond, danseuse, comédienne, autrice et réalisatrice de Les Chatouilles.

Les Vaginites ont fondé l'association Hogo (protection en Japonais) pour recueillir des mères en difficulté qui ont besoin d'aide pour protéger des enfants victimes d'inceste et de violences. 
 "Famille, je vous haine"
"Famille, je vous haine !" crie dans le micro Corinne Masiero, connue du grand public pour ses rôles au cinéma ou à la télévision. On se souvient aussi de son coup lors de la soirée des Césars 2021, où, au milieu des robes de soirées et des smockings de rigueur, elle choisit de se présenter sur scène en Peau d'Âne sanguinolente. "Qui financerait un film aujourd'hui sur un père qui veut se taper sa fille ?" puis nue avec "No culture, no futur" inscrits sur le corps, pour dénoncer le traitement des intermittents du spectacle pendant la crise du Covid. 
Au micro, Corinne Masiero raconte et crie son inceste, sur la scène du Hangar, le 28 janvier 2023. 
Au micro, Corinne Masiero raconte et crie son inceste, sur la scène du Hangar, le 28 janvier 2023. 
©IM
Ce "Famille, je vous haine", il s'adresse à la sienne. Mais aussi à toutes celles qui ne protègent pas leurs enfants des monstres. Comme son parrain, ses cousins... Des criminels dont elle a subi les attouchements alors qu'elle n'avait que sept ans. "C'est bien en fait, c'est comme une formation professionnelle, on t'apprend comment faire l'amour comme ça déjà toute petite !", déclame la comédienne sur un ton acide. Le public reste sonné et saisi par l'aveu, même si quelques rares rires brefs fusent, parce que c'est soir de fête quand même. Mais les paroles ne laissent aucun doute, c'est bien d'inceste dont il s'agit. Sur fond de musique punk-électro, la chanteuse vocifère les mots de ces maux qu'elle a subis enfant. Soudain, sa gorge se noue. Elle se retourne, fait dos au public, un court instant, comme rattrapée et se retourne, des larmes s'écoulent.
 
Je me souviens notamment d'une fille qui est arrivée totalement en pleurs. Elle a tout dit, comment elle s'était fait violer par son cousin. Elle a tout balancé, là, juste en sortant du spectacle.

Audrey Chamot
Si ça voulait gratter, ça gratte. Il est question de souffrance, de parole qui se libère et qui libère, pour mieux briser l'impunité. Les trois chanteuses nous mettent face à la crue et cruelle vérité d'une réalité. En septembre 2022, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, a rendu un rapport montrant qu'une personne sur dix est victime d'inceste dans son enfance. 160.000 enfants sont victimes chaque année de violences sexuelles. 70 % des plaintes pour violences sexuelles infligées aux enfants sont classées sans suite.
 
Des articles à (re)lire
​►France : "Les victimes d'inceste ont besoin d'être prises en considération par la société"
►Inceste : que dit la loi au Canada, en France, en Belgique et en Suisse ?
►France : #Metooinceste se répand sur les réseaux sociaux
►"A Thousand Girls Like Me" : le documentaire qui brise le tabou de l'inceste en Afghanistan
"Ça m'a surpris au début, à la fin d'un concert lors d'une manif, des gens sont venus spontanément se confier. Ils prennent d'abord des chemins parallèles en disant 'je connais quelqu'un qui ...' et puis à la fin, ils nous disent, 'j'ai vécu ça'", raconte Audrey Chamot. 

"Je me souviens notamment d'une fille qui est arrivée totalement en pleurs. Elle a tout dit, comment elle s'était fait violer par son cousin. Elle a tout balancé là juste en sortant du concert, devant sa famille. Elle nous a dit merci. Je me dis que là ça nous dépasse un peu, car c'est énorme de dire ça et qu'il faut qu'elle soit accompagnée après. Du coup, on essaie d'avoir les contacts des associations des endroits où l'on va. On se dit que c'est vraiment utile et qu'on fait ça pour ça", poursuit la chanteuse. "En même temps c'est festif, mais on aime aussi s'éclater avec tout ça. Ce qui est bien dans la musique, c'est qu'au bout d'un moment on arrête de réfléchir, on peut plus se libérer", ajoute sa soeur, Stéphanie. 

 
Notre article ►​3919: la ligne d'écoute pour les femmes victimes de violences en veille continue en France
Rouge règles et chant des partisanes
Entre deux titres, les artistes enlèvent une à une leur short en jean pour laisser apparaitre des culottes blanches tachées de sang. "Ah ouais, fais voir toi ? Moi, c'est du faux, je suis ménopausée !!!", rigole Corinne. Le public, féminin comme masculin, s'esclaffe, se détent un peu. Une pause avant la prochaine salve... 

"Toi la mère qui sait, et toi la voisine qui entend hurler, fais quelque chose, ouvre 'ta gueule'", reprennent-elles dans un hymne effréné contre l'omerta et l'indifférence. C'est leur chant des partisanes : "Nous sommes en guerre, et le combat ne fait que commencer, alors debout ! Féministes, suffragettes, jusqu'au boutistes, debout ! Sortez les cisailles et les hastags qui mitraillent".
 
Audrey Chamot nous présente le premier opus des Vaginites, sorti le 28 janvier 2023 et présenté à l'occasion du concert au Hangar à Ivry-sur-Seine. 
Audrey Chamot nous présente le premier opus des Vaginites, sorti le 28 janvier 2023 et présenté à l'occasion du concert au Hangar à Ivry-sur-Seine. 
©IM
Pour terminer la soirée, le groupe invite le public à une séance de selfies et de dédicaces pour la sortie de leur premier album. "Si vous voulez l'acheter, hein ! En même temps on s'en fout ! Mais si vous avez des choses à dire, on est là !" invite Corine Masiero avant de quitter la scène. 
 
La mise en évidence du corps, des règles, de montrer du sang sur les culottes, c'est une manière de militer, c'est un propos très politique. C'est très salutaire y compris pour ceux que ça choque.

Bernard, un spectateur
Une femme dans le public nous confie que c'est "son homme" qui l'a emmenée au concert. Justement, Bernard, 68 ans, nous explique pourquoi il était important pour lui d'être présent ce soir avec sa compagne : "Je ne connaissais pas le groupe, mais j'ai vite compris en voyant l'affiche de quoi il retournait. Je pense qu'elles sont l'expression de ce qui doit se dire. Ça raconte bien comment le mouvement féministe est permanent, il est très très ancien et il n'en finit pas de se déployer et il est extrêmement puissant. C'est selon moi le mouvement le plus puissant du moment, dans tous ses aspects, dans toutes les strates de la société, ça vient questionner les violences". "La mise en évidence du corps, des règles, de montrer du sang sur les culottes, c'est une manière de militer, c'est un propos très politique. C'est très salutaire y compris pour ceux que ça choque.", tient-il à ajouter à notre micro. 


"C'est ce que tout le monde a envie d'entendre et dont personne ne parle ou pas bien. J'ai adoré. Il y a des hommes dans le public, et leur écoute était assez particulière, il me semble", nous dit une spectatrice. "Ce sont des choses très intimes dont elles parlent, c'est la première fois que je vois leur spectacle, et j'adore", ajoute une autre. 
 
Pour moi la violence n'est pas dans les mots qu'elles (les Vaginites) emploient parce qu'ils sont crus ou trash. La violence, elle est dans ce qu'elles rapportent. Dire la violence, c'est ne plus la subir de la même façon mais agir dessus.

Christine, militante féministe dans le public
Christine, elle, est membre de la Maison des Femmes d'Ivry-sur-Seine. Elle nous raconte avoir grandi dans le féminisme, puis l'avoir mis de côté "pensant que les choses étaient réglées". Son "réveil féministe" est revenu avec le mouvement MeToo. "Pour moi la violence n'est pas dans les mots qu'elles (les Vaginites) emploient parce qu'ils sont crus ou trash. La violence, elle est dans ce qu'elles rapportent. Dire la violence, c'est ne plus la subir de la même façon mais agir dessus. Notre émancipation, elle passe par là, témoigne la militante, Rien ne m'a choqué ce soir. Le combat contre les violences est collectif, chacun et chacune le mène avec ce qu'il ou elle est, alors je dis bravo aux Vaginites!". 

 
À lire aussi dans Terriennes :
►Violences conjugales : traumatismes crâniens, les coups oubliés
►Féminicides en France : une femme meurt tous les trois jours sous les coups d'un homme
►Mobilisation en France contre les violences sexuelles : "Pour que nos vies ne soient plus classées sans suite"
►#MeToo, 5 ans : mot d'ordre mondial contre les violences sexuelles
►Violences conjugales : la comédienne Judith Chemla, à visage découvert et tuméfié
►Féminicides et violences faites aux femmes sur grand écran
►Contre les violences sexistes et sexuelles, des dizaines de milliers de personnes dans la rue en France
►Violences de couple : les jeunes femmes ne sont pas épargnées 
TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 08.02.2023 à 10:40
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/le-chant-de-guerre-feministe-de-corinne-masiero-et-les-vaginites-486919

Voir les commentaires

Pourquoi le livre "Le Prince noir" sur PPDA scandalise les victimes présumées

8 Février 2023, 23:05pm

Publié par hugo

 Pourquoi le livre "Le Prince noir" sur PPDA scandalise les victimes présumées
Publié le Mardi 07 Février 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Pourquoi le livre "Le Prince noir" sur PPDA scandalise les victimes présumées
La sortie en librairies de l'enquête "PDDA : le Prince Noir" fait réagir. Et notamment les nombreuses victimes présumées de l'ex-présentateur de JT, accusé de viols et d'agressions sexuelles.
À lire aussi
Pourquoi "La puissance des mères" est l'un des grands livres de la rentrée
NEWS ESSENTIELLES
Pourquoi "La puissance des mères" est l'un des grands...
 
Pourquoi les danseurs noirs boycottent TikTok
NEWS ESSENTIELLES
Pourquoi les danseurs noirs boycottent TikTok
 
Pourquoi vous allez dévorer "She Said", le livre colossal sur l'affaire Weinstein
NEWS ESSENTIELLES
Pourquoi vous allez dévorer "She Said", le livre colossal...
A l'origine d'un très remarqué numéro de l'émission d'investigation Complément d'enquête dédié à Patrick Poivre d'Arvor ("PPDA : la chute d'un intouchable") et aux nombreuses accusations de viols et d'agressions sexuelles dont fait l'objet le présentateur du JT de TF1, le journaliste Romain Verley sort ce 8 février un livre sur le sujet : PPDA, le Prince noir.

Une enquête attendue en cette rentrée littéraire hivernale, mais pas forcément positivement. Certaines voix contestent effectivement déjà le travail d'enquête de l'auteur. Et pas des moindres : celles d'une dizaine de victimes présumées de PPDA. Ainsi, rapporte Le Parisien, l'une d'entre elles a saisi le tribunal de Paris- qui a rejeté sa demande ce 7 février- pour "atteinte à la vie privée". Ce dont la plaignante accuse l'auteur du livre ? Avoir rendu public son nom, ainsi que le récit détaillé de son viol. Récit puisant directement dans les extraits de son audition par la police en mars 2021. Et ce alors que le journaliste ne l'aurait jamais rencontrée ou demandé son accord.


"Vous n'avez pas respecté notre volonté"
Aujourd'hui, la plaignante, qui avait participé à l'émission de Médiapart réunissant autour d'un plateau vingt accusatrices de l'ancien présentateur de JT, exige donc la suppression des extraits concernés, "sous astreinte de 500 euros par jour de retard", comme le relate Le Parisien. Et ce "pour protéger sa vie privée et son entourage familial et professionnel".

Une dizaine d'autres accusatrices de "PPDA" ont apporté leur soutien à la plaignante. Parmi elles, la journaliste Hélène Devynck, qui a dédié un livre à sa douloureuse expérience : Impunité. Et elles reprochent également à l'auteur d'avoir relayé noir sur blanc le contenu de leurs auditions à la police sans les avoir contactées ou leur avoir demandé leur accord. Dans un email que Le Parisien a pu consulter, les victimes ont ainsi écrit à Romain Verley : "Vous vous êtes autorisé à relater nos histoires d'humiliations les plus intimes que certaines d'entre nous avaient choisi de réserver à la justice. Vous n'avez pas respecté notre volonté, rajoutant une nouvelle couche de violence à la violence. Ça n'apporte rien à la démonstration. C'est blessant".


"Je suis ni le porte-parole des plaignantes, ni l'avocat de PPDA. Je suis là pour donner des faits", s'est défendu Romain Verley, son éditrice Isabelle Saporta assurant de son côté : "Personne n'a été 'outé', car la femme dont on parle était sur le plateau de Mediapart. On ne divulgue pas des témoignages par voyeurisme, mais pour dénoncer un système. Je comprends leur douleur, mais c'est important de faire une enquête journalistique pour rapporter des faits étayés par une centaine de témoins et tenter de sortir de l'omerta".

Lors d'une autre interview accordée au "Parisien", Romain Verley explique avoir écrit ce livre de 375 pages car "il n'y avait que 30 % des infos" qu'il avait récoltées à propos de PPDA dans le numéro de Complètement d'enquête dédié au sujet. "Après la diffusion, le téléphone a beaucoup sonné. J'ai rencontré de nouvelles victimes, sonnées par le modus operandi si similaire à celui du jour de leur agression", affirme-t-il.

L'auteur précise également "échanger quotidiennement" avec une victime qui tient à rester anonyme. "Les plaignantes ont eu un courage immense pour sortir du bois", assure encore l'enquêteur. Déplorant enfin : "J'ai voulu évidemment donner la parole à PPDA, et à son clan. Je n'ai eu que des refus polis. Ils m'ont laissé travailler pendant un an et demi. Mais le dernier monstre sacré de la télévision, qui a régné pendant 30 ans sur la télé et aussi sur l'édition, a encore beaucoup d'aura dans le métier. Il y a une omerta très forte".


https://www.terrafemina.com/article/ppda-pourquoi-le-livre-le-prince-noir-scandalise-les-victimes-presumees_a368285/1

Voir les commentaires

Excision : le combat de fond mené par deux militantes

6 Février 2023, 01:50am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Lutter contre l'excision
Excision : le combat de fond mené par deux militantes
Rien qu'en 2023, 4,32 millions de filles dans le monde risquent de subir des mutilations génitales féminines, selon l'ONU. 
Rien qu'en 2023, 4,32 millions de filles dans le monde risquent de subir des mutilations génitales féminines, selon l'ONU. 
©Excision parlons-en
06 FÉV 2023
 Mise à jour 06.02.2023 à 01:13 par 
Terriennes
 
Soisic Belin
Excision, clitoridechtomie, ablation du clitoris, ablation partielle ou totale des petites lèvres, infibulation, percement, incision, scarification, cautérisation : comme tous les 6 février, la Journée mondiale de lutte contre les mutilations sexuelles féminines est l'occasion de rappeler ce que subissent encore aujourd'hui des millions de petites filles. Rencontre avec deux militantes de terrain, l'avocate française Judith Coronel-Kissous et l'activiste guinéenne Hadja Idrissa Bah.
« Il n’y a pas qu’une réponse à cette problématique de l’excision, parce que les problèmes sont multiples. Il faut se débarrasser des à-priori que nous avons concernant la sexualité des femmes excisées, il faut arrêter de croire qu’une chirurgie réparatrice est l’unique réponse. Non seulement ce n’est pas la première chose à faire, mais ce n’est pas toujours nécessaire. », lance Ramata Kapo, la présidente de l’association «  Excision, parlons-en  » qui fête ses 10 ans d’existence.
 

 
Dans le monde, 200 millions de femmes ont subi une mutilation sexuelle féminine, selon l'UNICEF Aujourd’hui, plus de 4 millions de jeunes filles par an sont exposées au risque d’être excisées. Ce chiffre devra être revu à la hausse : l’épidémie de Covid-19 pourrait entraîner 2 millions de cas supplémentaires de mutilations sexuelles féminines d’ici 2030 (fermeture des écoles, baisse des revenus…). 

Il y aurait environ 530 000 femmes mutilées sexuellement vivant sur le territoire de l’Union Européenne, sachant qu’environ 1 femme excisée sur 2 vit en France ou au Royaume-Uni (pays avec le plus fort taux de flux migratoire).  (Source : Etude de Marie Lesclingand, d’Armelle Andro et de Théo Lombart) 

Notre article ►Confinement et après Covid-19 : le risque d'excision en hausse, les associations donnent l'alerte
Excisions, parlons-en : 10 ans de combat
Deux jours avant la Journée mondiale de tolérance zéro à l'égard des MSF, le rendez-vous était donné dans cet antre féministe qu’est la Cité audacieuse (elle porte bien son nom) à Paris, un lieu mis en place par la Maison des Femmes.
 

Pour animer le débat, de nombreuses personnalités concernées par le sujet -chirurgiens réparateurs, sexologues, avocat.es , psychologues, sociologues -sont venues tour à tour échanger avec un public captif et concerné : l’avocate Danielle Merian, le docteur Sébastien Madzou, l’avocate Judith Coronel-Kissous, et la présidente de l’association Equipop ( également aux manettes de cette journée de sensibilisation ) Hadja Idrissa Bah …

Nous y étions et nous avons échangé avec deux d’entre-elles.
Judith Coronel-Kissous, avocate des réfugiées 
Judith Coronel-Kissous, avocate au barreau de Paris.
Judith Coronel-Kissous, avocate au barreau de Paris.
©capture écran
Judith Coronel-Kissous, est avocate au barreau de Paris, administratrice au GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles, des Mariages Forcés et autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes et des enfants). Elle représente juridiquement au quotidien des femmes embarquées dans un processus de demande de droit d’asile.
Elle anime également au sein de l’association « Excision parlons-en » une formation qui permet aux professionnelles et aux bénévoles de comprendre le lien fort qui existe entre droit d’asile et MSF (mutilations sexuelles
féminines ). Pour mettre fin à ces pratiques criminelles, offrir à ces femmes le statut de réfugiée est selon elle une des solutions.

Terriennes : Comment expliquez-vous que certaines femmes, certaines familles aillent jusqu’à fuir leur pays d’origine, alors que celui-ci légifère sur la question et interdit les mutilations physiques, pourquoi ne pas réclamer la justice dans leur pays ?

Judith Coronel-Kissous : Il est vrai que certains pays légifèrent sur ce sujet, ce n’est pas le cas partout. En Mauritanie rien n’est inscrit dans la loi concernant les MSF. En Côte d’Ivoire c’est le contraire, la loi pénalise la pratique de l’excision depuis le 23 décembre 1998 (la peine encourue est de 5 ans de prison, pouvant aller jusqu’à 20 ans en cas de décès de la victime).

Cependant comme dans beaucoup de pays d’Afrique, la loi coutumière, qui perpétue la tradition prend le dessus sur la loi civile. Dans le
nord de la Côte d’Ivoire on constate un taux de prévalence de 80%. Ce n’est pas le fait d’habiter dans une grande ville comme Abidjan qui sera un obstacle à la perpétuation de ces atrocités. Les familles opèrent en cachette et cela donne lieu à des hémorragies qui ne sont pas prises en charge, pour éviter tous signalement en se rendant dans les hôpitaux.
 
S’opposer à l’excision de son enfant mène souvent à un rejet de la famille, une sorte d’ostracisme dans une culture qui, à la différence de la notre, est totalement dépendante de ce système communautaire.

Judith Coronel-Kissous
La question peut paraitre naïve mais comment peut-on continuer de perpétuer de telles atrocités, au nom de quoi, de qui ?

C’est une question de tradition, de respect d’une culture ancestrale. Ce sont souvent les grands-mères qui se chargent de faire exciser leurs petites filles, parfois même au détriment de l’avis des parents qui se retrouvent passifs face à cette situation. Il y a aussi un rapport religieux, animiste notamment. Faire couler le sang des jeunes filles est considéré comme une offrande divine qui garantie la bénédiction et la prospérité de la communauté et de la famille. S’opposer à l’excision de son enfant mène souvent à un rejet de la famille, une sorte d’ostracisme dans une culture qui, à la différence de la notre, est totalement dépendante de ce système communautaire. Il n’y a pas d’état
providence.
 
Donc fuir devient le seul échappatoire ?

Il y a en théorie, trois possibilités. Il est possible de faire une demande de visa pour la France mais cela reste très compliqué. Il faut prouver que c’est un séjour provisoire et en aucun cas une immigration économique. L’autre moyen légal consiste à faire un visa pour une demande d’asile, mais ils sont très peu accordés voire jamais accordé en Guinée par exemple. La dernière possibilité est donc la plus courante, l’arrivée sur le sol français dans l’irrégularité et la demande de statut de réfugié à ce moment-là. Les démarches pour obtenir le statut de réfugié sont ensuite longues, pénibles et l’issue favorable n’est pas garantie.
 
Vous traitez souvent des dossiers en appel, suite à une première demande qui aurait
échoué ?

Oui, ça m’arrive en effet. Le parcours pour la demande d’asile est fastidieux. Il nécessite de passer par plusieurs instances. L’OPFRA dans un premier temps. Il va falloir que les mères et les fillettes apportent les preuves nécessaires. Cela passe par un examen médical qui permet de constater que la jeune fille n’a pas encore subi de mutilation. Ensuite il est temps pour les familles de raconter leur parcours . Elles doivent donner le plus de détails possibles pour permettre aux officiers qui examinent ces dossiers de se rendre compte de l’urgence et du dernier recours de la
situation.

Devant la Cour Nationale du droit d’asile, les histoires s’enchainent, toutes plus tragiques les unes que les autres. C’est un contentieux de la crédibilité et non un contentieux de la preuve. Il va falloir convaincre sans « preuves » .Ce sont des faisceaux d’indices ( l’origine géographique, le contexte familial, l’appartenance ethnique… ) qui vont permettre de définir si la demande est recevable ou non. Il arrive qu’il faille faire appel.

Pour quelles raisons peut-on décemment renvoyer une famille en danger dans son pays ?

Quand on considère que le danger n’est qu’illusoire. Quand le discours des familles n’a pas convaincu. Quand ces femmes, qui sont souvent atteintes de chocs post-traumatiques, ne réussissent plus à avoir les idées claires pour tenir leur récit de manière cohérente devant les officiers et les juges. Raconter c’est revivre et parfois c’est insoutenable. Dans le sens inverse, certains officiers, certains juges se blindent face à des récits qui sont émotionnellement insupportables et s’en suivent des refus.
Imaginez une mère qui décident de payer un passeur pour traverser la Méditerranée et sauver sa fille cadette à défaut d’avoir réussi à sauver sa fille ainée, morte d’une hémorragie suite à une excision qu’elle n’avait pas autorisé. C’est intolérable.

Ce sont des femmes brisées que vous épaulez au quotidien …

J’accompagne des femmes et des jeunes filles qui sont ici, sur le sol français pour sauver leur peau. Il faut arrêter avec cette idée d’une immigration d’El Dorado. La réalité est moins glamour, si elles avaient pu vivre en sécurité dans leur pays, elles n’auraient pas fait ce voyage jusqu’à nous. Nous avons tendance à minimiser les risques encourus par ces personnes (mort au court du voyage, risque de viols) et dans le cas d’un refus, la difficulté que sera le retour au pays face à une communauté trahie.
Hadja Idrissa Bah, au nom des filles
Hadja Idrissa Bah, 24 ans, militante activiste depuis ses 13 ans. 
Hadja Idrissa Bah, 24 ans, militante activiste depuis ses 13 ans. 
©SB
Vingt-quatre ans et un c.v. d’activiste que beaucoup lui envient. Certain-e-s la voient déjà comme une "Greta Thunberg" des luttes féministes du continent africain. Originaire de Conakry en Guinée, c’est très tôt qu’elle décide de mener un combat démocratique et égalitariste ( membre du Parlement des Enfants de Guinée à 13 ans, présidente à 15 ans, fondatrice du club des jeunes filles leaders de Guinée à 17 ans ). C'est à cette occasion que nous l'avions déjà rencontrée en 2017. Plus qu’un choix, c’est une question de nécessité, Hadja veut dédier sa vie, son temps et sa (toute jeune) carrière à combattre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles ( viols, mutilations génitales, répudiations, mariages précoces et forcés).
 
J’ai été excisée à l’âge de 8 ans, mais j’ai eu la chance de faire des études et d’apprendre qu’il y avait des possibilités, qu’il y avait d’autres choses à faire que de se taire.

Hadja Idrissa Bah
Terriennes : Il y a un événement en particulier, un choc qui a révélé la militante en vous pour que vous engagiez dès l’âge de 13 ans ?

Je suis issue d’une famille très conservatrice, j’ai été excisée à l’âge de 8 ans, mais j’ai eu la chance de faire des études et d’apprendre qu’il y avait des possibilités, qu’il y avait d’autres choses à faire que de se taire. Dans mon entourage proche, mes cousins et cousines n’ont pas eu la même chance que moi, ils n’ont pas eu accès à cette prise de conscience qui a été essentielle pour moi. Ce sont toutes les injustices auxquelles mes proches ont fait face qui m’ont donné envie de me battre, c’est devenu une mission. J’ai commencé par être élue à 13 ans au Parlement des Enfants de Guinée , mais soyons réalistes ! Au début mes discours prêtaient plutôt à sourire qu’à
soulever des foules. On trouve ça mignon qu’une enfant s’engage, mais on ne l’écoute pas particulièrement.
 

C’est avec le temps que vous avez mûri votre combat et votre discours ?

Oui, au fur et à mesure, j’ai acquis des connaissances, juridiques notamment ( le code de l’enfant), je les ai mises au service de mon combat. Il en est de même pour mon discours, il a fallu que je travaille ma communication et que je l’adapte aux médias que je côtoyais pour être efficace et entendu cette fois.

Le Parlement des Enfants, ça a en quelque sorte été votre « tremplin » ?

C’est ce parlement qui m’a donné le goût de la « politique », du militantisme, j’y ai fait mes armes mais cette instance a ses limites. J’ai fini par ne plus m’appartenir, par ne plus être libre de dire ce que je pensais réellement. On écrivait mes discours… On se servait de moi finalement.

Comment se traduit votre combat aujourd’hui ?

J’ai créé mon club de jeunes filles avec d’autres jeunes femmes motivées et aussi engagées que moi. Notre premier combat a été de lutter contre les à priori, liés à notre religion notamment. En tant que musulmanes, on nous imagine comme des femmes soumises, pas comme des combattantes. Il a fallut se défaire de cette image. Et puis nous sommes allées sur le terrain pour lutter en direct contre les violences infligées au genre féminin. Avec la complicité de la police judiciaire, nous avons mise en place un système d’alerte par ricochet. Les jeunes femmes menacées - et au courant de notre combat - nous informent, nous prévenons les autorités et nous
nous rendons également sur place.

Vous avez réussi à créer un système de confiance ?

Oui, grâce à des actes de sensibilisations. Il a fallu nous faire connaitre et expliquer aux jeunes femmes que la violence qui leur est faite n’est pas une fatalité. Il n’est plus question de baisser les yeux et de se soumettre, il faut lutter et nous leur offrons notre aide, parce que lutter ce n’est ni facile ni une évidence. Nous avons réussi à éviter des centaines de mariages forcés et des actes de mutilations, des excisions.

Il y a une limite à votre implication, à votre pouvoir face à ces violences ?

Nous agissons sur le terrain, nous utilisons les réseaux sociaux pour communiquer, pour faire réagir et pour que l’histoire de ces jeunes femmes soient rendues public, mais la protection des victimes n’est pas complète parce qu’il n’y a pas de suivi. Face à la police, les familles vont renoncer à leur acte de barbarie, un temps. Imaginez ce que peut ressentir la victime qui a de justesse échappée à une excision, lorsqu’elle doit rentrer chez elle et faire comme rien ne s’était passé. Pour elle et sa famille, rien ne sera plus jamais comme avant et il est possible qu’elle finisse par subir l’excision puisqu’elle ne sera pas protégée. Nous n’avons pas de lieux dédiés comme vous en avez en France avec la Maison des Femmes.

Les hommes, quelle est leur place dans ce combat ?

Ils peuvent décider qu’ils n’épouseront plus les jeunes femmes excisées. C’est une solution. Les parents, les familles mettrons fin à cette pratique au risque de ne pas trouver de mari pour leur fille. Et puis il faut aussi que les hommes prennent conscience des conséquences de l’excision, ils en pâtissent sans même s’en rendre compte. Une femme excisée est soumise à des douleurs permanentes, des infections récurrentes. Il y a pas de plaisir sexuel dans le couple. Cela est un handicap, notamment dans les cas de femmes infibulées.
 

Vous acceptez le terme de féministe ?

Je me suis d’abord présentée comme activiste qui lutte pour le droit des enfants et le droit des jeunes filles. Au fur et à mesure, j’ai accepté ce terme « féministe » que l’on accolait à mon combat.
 
À lire aussi dans Terriennes : 

►Procès de l'excision en France : une mère de famille condamnée
►Lutte contre l'excision : au Kenya, Nice Nailantei Leng’ete forme une nouvelle génération de militants
►Covid-19 : 2 millions d'excisions de plus sont à craindre d'ici 10 ans
►Mutilations génitales féminines : le Soudan criminalise l'excision
►Journée mondiale contre l'excision : pour Jaha Dukureh, "Les lois ne suffisent pas"
►Excision mortelle en Egypte : les parents d'une fillette arrêtés
►Echapper à l’excision, parcours de réfugiées


https://information.tv5monde.com/terriennes/excision-le-combat-de-fond-mene-par-deux-militantes-487648

Voir les commentaires

Plus d'un tiers des Françaises ont subi un rapport sexuel non-consenti : les chiffres alarmants du Haut Conseil à l'Égalité

24 Janvier 2023, 04:21am

Publié par hugo

 Marie Claire Société Actu société
Plus d'un tiers des Françaises ont subi un rapport sexuel non-consenti : les chiffres alarmants du Haut Conseil à l'Égalité
Par Juliette Hochberg Publié le 23/01/2023 à 13:16
HCE rapport
Partager

Le Haut Conseil à l'Égalité a dévoilé, ce lundi 23 janvier 2023, les résultats de son enquête annuelle sur l'état du sexisme en France. De l'école au foyer, les clichés sexistes persistent en France et "certaines de ses manifestations les plus violentes s'aggravent", alerte l'instance indépendante.
Constat alarmant d'un sexisme persistant. Lundi 23 janvier 2023, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a publié les résultats de son rapport annuel réalisé par l'institut Viavoice sur l'état du sexisme en France.

Après avoir mené une enquête durant trois semaines en octobre dernier auprès d’un panel de 2 500 personnes représentatif de la population âgée de 15 ans et plus vivant en France métropolitaine, l'instance indépendante doit présenter ses recommandations au Président de la République mercredi 25 janvier. Depuis 2019, le HCE remet chaque année ses propositions au gouvernement.

École, travail, foyer, lieux publics, médias - où elles ne représentant que 36% du temps de parole -, réseaux sociaux : ces nouvelles statistiques démontrent les inégalités femmes-hommes perdurent, partout. "Le sexisme ne recule pas en France", conclut le HCE. Et "certaines de ses manifestations les plus violentes s'aggravent" même, alerte-t-il, notamment chez les jeunes générations. Focus sur quelques données inquiétantes de cette étude.

Des inégalités persistantes, des études au salaire
Dans le monde du travail, d'abord, 25% des femmes témoignent avoir déjà perçu une rémunération plus faible qu'un collègue homme, pourtant à poste égal et compétences égales.

Vidéo du jour :

37% des Françaises affirment avoir déjà subi des discriminations sexistes dans leurs choix d'orientation professionnelle. Et 41 % des femmes âgées de 15 à 24 ans déclarent avoir été victimes du sexisme à l’école ou dans leurs études. Les étudiantes sont d'ailleurs toujours sous représentées dans les filières scientifiques. Le bilan du HCE souligne également une surreprésentation des femmes dans les métiers précaires, principalement du soin. 

Une perception qui interpelle concernant la sphère professionnelle : 42 % des Français·es jugent que les femmes concurrencent les hommes sur le marché du travail. Un tiers estime qu'il est normal qu'elles s'arrêtent de travailler pour s'occuper de leurs enfants.

Lire aussi :
Inégalités de genre : une lycéenne sur deux pense qu’être une femme est pénalisant dans le monde du travail 
Voici comment la productivité au travail accroît les inégalités femmes-hommes
Violences sexuelles minimisées par les Français
Ce baromètre sexisme 2023 révèle une autre statistique alarmante : 14% des femmes déclarent avoir déjà subi "un acte sexuel imposé". Plus largement, 37% des Françaises ont déjà vécu une "situation de non-consentement", soit, plus d'une sur trois. 33% ont déjà eu un rapport sexuel suite à l'insistance de leur partenaire alors qu'elles n'en avaient pas envie. 7% ont déjà eu un rapport sexuel non-consenti sous l'emprise de l'alcool ou de drogue.

Le Haut Conseil à l'Égalité note que les hommes "peinent à se sentir concernés et n'engagent pas leur responsabilité personnelle" : seulement 73% d'entre eux estiment qu'il est problématique d'insister pour avoir un rapport sexuel avec sa conjointe. 12% déclarent l'avoir déjà fait. En 2022, 16 % des hommes pensent qu'une femme agressée sexuellement peut être en partie responsable de la situation. Ils sont aussi 23 % à considérer qu'on en fait "trop" sur les agressions sexuelles.

Lire aussi :
"Attends, c'est bientôt fini" : le viol conjugal, de la minimisation à la prise de conscience des victimes
L'inquiétude autour des 25-34 ans
Le rapport alerte d'un "ancrage plus important des clichés 'masculinistes'" chez les jeunes : parmi les 25-34 ans, 23% des hommes estiment qu'il faut être parfois violent pour se faire respecter. 22% de cette même tranche de la population ne voient pas de problème à ce qu'un homme gifle sa conjointe.

"Cinq ans après #MeToo, une partie de la nouvelle génération des hommes se sent fragilisée, parfois en danger, réagit dans l'agressivité, et peut trouver une voix d'expression politiques dans de nouveaux mouvements virilistes et très masculins", pointe le rapport.

D'autres clichés sont tenaces. 35 % des hommes considèrent qu'il est normal que les femmes prennent plus soin de leur physique que les hommes, contre 17% des femmes. Du cliché sexiste aux conséquences réelles : 29 % des femmes affirment avoir déjà reçu des remarques sur leur tenue ou physique, 57 %, des blagues ou des remarques sexistes. 52% des femmes disent avoir renoncé à s'habiller comme elles le souhaitent.

Lire aussi :


https://www.marieclaire.fr/plus-d-une-tiers-des-francaises-ont-subi-un-rapport-sexuel-non-consenti-les-chiffres-alarmants-du-haut-conseil-a-l-egalite,1441569.asp

Voir les commentaires

"Je n’avais jamais eu de rapports sexuels" : dans "C à vous", Florence Porcel revient sur le premier viol dont elle accuse PPDA

12 Janvier 2023, 05:00am

Publié par hugo

 "Je n’avais jamais eu de rapports sexuels" : dans "C à vous", Florence Porcel revient sur le premier viol dont elle accuse PPDA
Par marieclairefr Publié le 10/01/2023 à 11:14
Florence Porcel
Partager

Invitée sur le plateau de "C à vous", sur France 5, lundi 9 janvier, Florence Porcel, première accusatrice de Patrick Poivre d'Arvor et autrice de "Honte" (JC Lattès) est revenue sur cette affaire qui n'aurait peut-être jamais éclaté sans son courage. Elle a notamment évoqué le premier viol, prescrit, dont elle accuse l'ex-présentateur.
Elle fut la première femme à porter plainte contre Patrick Poivre d'Arvor, en 2021, l'accusant d'un viol en 2004, prescrit, et d'un second, en 2009. Depuis, 22 femmes ont déposé plainte à leur tour contre "PPDA", dont onze pour des faits de viols. 

Florence Porcel publie aux éditions JC Lattès Honte, un essai sur ce sentiment contre lequel elle, et tant d'autres victimes, se débattent dans une société empreinte de stéréotypes.

À l'occasion de la sortie de cet ouvrage, mercredi 11 janvier 2023, l'écrivaine était l'invitée d'Anne-Élisabeth Lemoine sur le plateau de C à vous, sur France 5, ce lundi 9 janvier.

Un viol éloigné des stéréotypes
Après sa première rencontre avec l'ancien présentateur du JT du 20 heures de TF1, en 2004, la jeune femme ne peut "pas reconnaître ce qu'il [lui] est arrivé comme un viol", explique-t-elle à l'écran. "Il faut remettre dans le contexte. Je n’étais pas du tout informée ni éduquée. Je ne connaissais pas la définition pénale du viol qui est 'un acte de pénétration sexuelle par violence, menace, contrainte ou surprise'".


"Vous n’aviez jamais eu de rapports sexuels", l'interrompt l'intervieweuse.

"Je n’avais jamais eu de rapports sexuels, confirme la plaignante. Et donc, vraiment, j’étais totalement désinformée et inexpérimentée."

Vidéo du jour :

"Avec les informations qu'[elle] avai[t]" alors, et "toute pétrie de stéréotypes", Florence Porcel pensait à cette époque qu'un viol était forcément commis par "un inconnu, le soir, dans un parking, avec un couteau". "Bon, ce n'était pas un inconnu, ce n'était pas dans un parking. C'était dans un bureau, à TF1, avec une moquette", tient-elle à rappeler, pointant la culture du viol de notre société, qui culpabilise les victimes.

"14 ans pour comprendre"
Florence Porcel ajoute qu'il lui a "fallu 14 ans pour comprendre" qu'elle avait subi un viol.

"Il m’a traumatisée, il m'a bousillée", confie-t-elle aussi, plus loin dans l'échange.

Patrick Poivre d'Arvor nie les faits qui lui sont reprochés. Il est présumé innocent. En fin d'interview, Florence Porcel formule "l’espoir qu’il y ait un procès un jour pour qu’il s’explique et puisse être juger".


https://www.marieclaire.fr/je-n-avais-jamais-eu-de-rapports-sexuels-dans-c-a-vous-florence-porcel-revient-sur-le-premier-viol-dont-elle-accuse-ppda,1440710.asp

Voir les commentaires

Illana Weizman : « La domination masculine, c’est l’effacement des femmes au profit de la satisfaction des hommes »

27 Décembre 2022, 02:58am

Publié par hugo

 _[SLPLG] Image de une • Horizontale
CHRONIQUE
Illana Weizman : « La domination masculine, c’est l’effacement des femmes au profit de la satisfaction des hommes »
Illana Weizman 25 déc 2022
MADMOIZELLE  CHRONIQUE
La problématique du consentement et le fléau des violences qui plantent leur drapeau sur le corps des femmes sont largement discutés et analysés par les militant.e.s féministes, avec un essor particulier depuis la déferlante #MeToo. Illana Weizman aborde là un angle mort de ces questions : le non-respect du consentement de soi à soi, ces fois où, pour diverses raisons et pressions, les femmes se forcent à avoir un rapport sexuel.
Il y a près de trois ans, j’ai posté sur mon compte Instagram un appel à témoignages. Je demandais à mes abonnées de partager, si elles le souhaitaient, leurs expériences d’auto-contrainte à avoir un rapport sexuel. Pluie d’occurrences dans mes messages privés : « J’étais déjà montée chez lui, je ne savais plus comment faire marche arrière », « On avait déjà commencé à se chauffer, si je lui disais non, j’allais passer pour une allumeuse », « Je n’avais pas la force de me justifier sur le pourquoi je ne voulais plus. Alors j’ai pris sur moi », « On était en couple, j’avais l’impression de lui devoir du sexe, que c’était dans ma liste de tâches à accomplir », « J’ai eu peur de sa violence potentielle si je refusais ». 

À lire aussi : Illana Weizman : « comment je me suis réconciliée avec mon corps grâce à la pole dance »

« Tu es venue jusqu’ici, tu as bu ce verre, tu es chez lui, tu ne peux pas te dérober, tu vas passer pour une aguicheuse »
Cette rafale de vécus est venue triturer un point sensible chez moi. L’addition de ces lectures projetait une lumière froide sur certains moments de ma vie que j’avais soigneusement compartimenté. Un souvenir particulier me revint. J’échange avec C. rencontré sur un site pendant plusieurs semaines. Nous nous parlons tous les jours, cent fois par jour, nous nous séduisons. Puis, très naturellement, nous décidons de nous rencontrer. Le weekend qui suit, je prends ma Twingo et fonce vers le nord (il est lillois, je vis en banlieue parisienne). Arrivée au bar où nous nous étions donnés rendez-vous, je suis un peu déçue, car il ne me plait pas vraiment physiquement. La marge entre les photos et le réel étant le lot de nombreuses personnes faisant des rencontres par le biais d’applications. Soit, je me dis qu’au vu de nos échanges, je vais tout de même donner une chance à cette histoire. Mais l’envie ne viendra pas, et va commencer à se jouer un dialogue interne, « Illana, tu es venue jusqu’ici, cela fait des semaines que vous discutez, il s’attend à ce que vous couchiez ensemble ».

Ainsi, étape par étape, je cède, je bois ce verre, je monte chez lui, et nous finirons par coucher ensemble. Tout au long de cette scène, il y a cette petite voix qui m’accompagne. Je pense alors que c’est la mienne, je sais aujourd’hui que c’est celle des injonctions ingérées, « tu es venue jusqu’ici, tu as bu ce verre, tu es chez lui, tu ne peux pas te dérober, tu vas passer pour une aguicheuse ». Lorsque l’on se déshabille, je me souviens de la déconnexion entre mon esprit et mon corps, comme si je quittais celui-ci et attendais que ça se termine, quelque chose qui, j’imagine, se rapproche de la dissociation. Ce n’est pas la seule fois où cela m’arrivera, et dans la foulée, le sentiment gluant de me trahir. 

À lire aussi : « Elles sont pas fortes, c’est des filles » : Illana Weizman questionne les stéréotypes de genre à l’école

La toute puissance du désir de l’autre
Je questionne désormais ces faits à l’aune du féminisme, de mes découvertes et mes engagements. Qu’est-ce qui m’a poussé, et incite tant de femmes encore à se saborder de la sorte, à ignorer leur désir et en l’occurrence l’absence de celui-ci ? Pourquoi accorder cette toute puissance au désir de l’autre ? Si je n’ai pas envie de regarder tel film, de manger tel plat, d’aller à tel évènement, il me sera tout à fait évident de l’identifier et de faire des choix pour moi. Pourquoi lorsqu’il s’agit de sexe et de rapports aux hommes, une myriade de facteurs noient mon libre-arbitre et ma subjectivité ? 

« La domination masculine, c’est l’effacement des femmes au profit de la satisfaction des hommes »
Nous en revenons irrémédiablement aux schémas patriarcaux qui glorifient et naturalisent le don de soi des femmes et relèguent leurs envies profondes au second plan. La domination masculine, c’est l’effacement des femmes au profit de la satisfaction des hommes. Nous l’avons malheureusement bien intégré, ce qui peut nous pousser à ignorer notre absence d’envie sur le moment, à s’oublier, à faire de son corps une coquille vide tournée vers la réponse à l’injonction de satisfaire un homme.

Une femme sur quatre se force à avoir un rapport sexuel après l’accouchement
Et cette pression frappe à toutes les périodes de nos vies. Adolescentes, jeunes femmes, mères à la même enseigne. Une étude IFOP de ce mois-ci révèle que près d’une femme sur quatre se force à avoir un premier rapport sexuel dans les semaines ou les mois qui suivent un accouchement. 

Je suis lasse du sacrifice constant exigé des femmes, lasse de savoir combien d’entre nous sont dépouillées de leurs désirs véritables dans le domaine de la sexualité et ailleurs. Alors, j’aimerais que vous quittiez cette lecture avec une affirmation à l’esprit : vous ne devez rien à personne, si ce n’est le respect à vous-mêmes. 

À lire aussi : Illana Weizman : « La rivalité féminine est une haine de soi qui ne passera plus par moi »

Publié le 25 décembre 2022 à 12h31


https://www.madmoizelle.com/illana-weizman-la-domination-masculine-cest-leffacement-des-femmes-au-profit-de-la-satisfaction-des-hommes-1477897

Voir les commentaires

Bientôt une juridiction spécialisée pour le traitement des violences intrafamiliales ?

8 Décembre 2022, 04:40am

Publié par hugo

         SOCIÉTÉ
Bientôt une juridiction spécialisée pour le traitement des violences intrafamiliales ?
Maëlle Le Corre 02 déc 2022

PARTAGER
MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Malgré l’opposition du gouvernement, une loi pour créer une juridiction spécialisée a été adoptée ce jeudi 1er décembre. La France fait-elle un pas vers des mesures d’ampleur en prenant exemple sur l’Espagne… ou bien va-t-elle un peu trop vite ?
L’Espagne est souvent citée en exemple par les activistes féministes engagées dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Un pas vient-il d’être franchi dans cette direction ?

Une proposition de loi du groupe Les Républicains et portée par le candidat à la présidence du parti LR Aurélien Pradié a été votée à l’Asssemblée nationale dans la nuit du jeudi 1er au vendredi 2 décembre. Elle vise à créer une « juridiction spécialisée aux violences intrafamiliales » :

« La juridiction spécialisée permet de juger vite, plus fermement et d’être saisie plus facilement par les victimes. Le déploiement effectif du bracelet anti‑rapprochement en phase préventive sera beaucoup plus large si notre pays est doté d’une telle juridiction. La juridiction spécialisée est la seule réponse efficace et fiable qui peut être apportée à toutes les victimes, quelque que soit leur milieu social, leur lieu de vie et leur environnement. Bien loin des “cellules d’écoute”, inopérantes et déviantes, en tout genre. »

L’opposition de Renaissance à la création d’une juridiction spécialisée
La proposition ne fait pourtant pas l’unanimité, comme en témoigne la réaction du groupe Renaissance qui la qualifie de « fausse bonne idée », selon les mots de la députée Sarah Tanzilli, « inaboutie et écrite sans concertation avec les professionnels » d’après la cheffe de groupe à l’Assemblée Aurore Bergé. D’autant que comme le rappelle LCP, une mission parlementaire sur la création d’une juridiction spécialisée doit rendre ses conclusions au printemps 2023.

tweet renaissance ppl juridiction spécialisee
Ce désaccord sur le procédé, et non sur l’objet du texte — puisque la nécessité de lutter contre les violences intrafamiliales fait consensus —, a entraîné des remous durant les discussions en séance. Constatant les tentatives de ralentir l’examen du texte par la majorité, les groupes Les Républicains, le Rassemblement national, les écologistes et La France Insoumise ont retiré chacun leurs amendements afin d’accélérer le processus et aboutir à un vote, lequel a été particulièrement serré, 41 voix pour et 40 contre.

Lors des annonces faites le 25 novembre, journée de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, Isabelle Rome, tout comme Emmanuel Macron ont insisté sur leur choix de privilégier la création de pôles spécialisés, et non d’une juridiction spécialisée.

Après son adoption en première lecture, le texte sera très probablement remanié lors de son examen au Sénat.

À lire aussi : Violences conjugales : la police enfin formée à déconstruire ses stéréotypes

Crédit photo : LCP (capture)

Violences conjugales : les ressources
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :

Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
Publié le 02 décembre 2022 à 11h00


https://www.madmoizelle.com/bientot-une-juridiction-specialisee-pour-le-traitement-des-violences-intrafamiliales-1468447

Voir les commentaires

En 2021, 96% des auteurs de violences sexuelles étaient des hommes

1 Décembre 2022, 17:23pm

Publié par hugo

 En 2021, 96% des auteurs de violences sexuelles étaient des hommes
Par Garance Fragne Publié le 01/12/2022 à 12:30
violences sexuelles 
Partager

Le ministère de l’Intérieur a publié, mercredi 20 novembre 2022, un rapport sur "les violences sexuelles hors cadre familial enregistrées par les services de sécurité en 2021". Depuis 2020, le nombre de plaintes déposées est en hausse de 24%.
Près de 72 000 plaintes pour des "infractions à caractère sexuels" ont été enregistrées par les services de police en 2021. Mercredi 30 novembre 2022, le ministère de l'Intérieur a rendu un rapport effrayant sur les violences sexuelles hors du cadre familial.

Cette étude a été réalisée par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMI).

Les femmes mineures, victimes ultra-majoritaires des violences sexuelles
D’après ce rapport, les femmes représentent 86% des victimes de violences sexuelles et parmi elles, 55% sont mineures. Les auteurs mis en cause dans ces affaires sont à 96% des hommes.

En 2021, note le ministère de l'Intérieur, le nombre de plaintes a augmenté : 24% de plus par rapport à 2020 et 77% de plus qu'en 2016. Le gouvernement reconnaît ainsi que le mouvement féministe #MeToo a permis de libérer davantage la parole sur les questions de viols ou d’agressions sexuelles, même si les victimes qui portent plainte restent minoritaires.

Dans le détail, les plaintes concernent à 73% des violences sexuelles physiques. Plus rarement, celles-ci portent sur des faits d'exploitations sexuelles (11 %), d’atteintes aux mœurs (10 %) et de violences sexuelles non physiques (6 %).

L’étude précise que ces statistiques sont à prendre avec des pincettes car la réalité le nombre de faits pourrait être bien supérieur aux chiffres comptabilisé par le ministère. Selon une enquête statistique GENESE datant de 2020, conduite par le SSMI qui a interrogé des personnes âgées de 18 à 74 ans en France métropolitaine sur leur vécu et leurs opinion en matière de sécurité, "moins de 10% des victimes de violences sexuelles commises hors du cadre familial portent plainte".

Lire aussi :
Les femmes handicapées, surexposées aux violences sexuelles mais grandes oubliées de #MeToo
Pourquoi les victimes de violences sexuelles mettent-elles parfois des années à parler ?
Vidéo du jour :

Les dénonciations de viol en augmentation
Parmi les violences sexuelles le plus enregistrées, le viol ou la tentative de viol figurent à la première place avec plus de 34%. Puis viennent les agressions sexuelles ( +33%) ; le harcèlement sexuel (+29%) et enfin le proxénétisme (+26%).

Les chiffres ne correspondent pas aux clichés du "bon viol" selon lesquels l'agresseur inconnu attaque sa victime dans une ruelle sombre puisque 61% des viols ou tentatives de viols se déroulent en réalité dans des "habitations individuelles". À savoir que les femmes de 15 à 64 ans sont "plus souvent victimes dans les communes de grande taille, alors que c’est l’inverse pour les mineurs de moins de 15 ans".

Si le nombre de victimes par habitant entre les différents départements est homogène, la capitale française, elle, enregistre un taux de survivantes supérieur à la moyenne.

Lire aussi :


https://www.marieclaire.fr/en-2021-96-des-auteurs-de-violences-sexuelles-etaient-des-hommes,1438263.asp

Voir les commentaires

"She said" : un film sur l’épopée des deux journalistes qui ont fait tomber Harvey Weinstein

26 Novembre 2022, 07:10am

Publié par hugo

 "She said" : un film sur l’épopée des deux journalistes qui ont fait tomber Harvey Weinstein
Détail de l'affiche du film <em>She Said</em>, sorti en France le 23 novembre 2022.
Détail de l'affiche du film She Said, sorti en France le 23 novembre 2022.
24 NOV 2022
 Mise à jour 24.11.2022 à 11:20 par 
TerriennesCatherine François
Un film sur l'affaire Harvey Weinstein, mais surtout une ode au journalisme d'investigation et aux femmes qui ont eu le courage de parler : She Said ("Elle a dit"), sorti le 23 novembre 2022 dans les salles françaises, raconte le long travail d'enquête qui a déclenché le mouvement #MeToo il y a cinq ans.

"On nage dans un océan de crimes impunis… Combien de Harvey Weinstein sont encore en liberté ?" s’exclame Zoe Kazan, qui incarne la journaliste Jodi Kantor dans le film. She Said"  raconte comment deux journalistes du New York Times ont fait tomber le producteur tout puissant d’Hollywood de son piédestal. Réalisé par l’Allemande Maria Schrader, il s'inspire du livre éponyme écrit en 2019 par les deux journalistes, Jodi Kantor et Megan Twohey, incarnées par les actrices Zoe Kazan et Carey Mulligan.


La caméra suit les deux jeunes femmes dans l'enquête parsemée d’embûches qui a ouvert la porte au mouvement MeToo/MoiAussi, en 2017, et offert le Pulitzer aux deux journalistes en 2018.

Notre dossier ► #METOO : CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES, PARTOUT DANS LE MONDE, LES FEMMES PRENNENT LA PAROLE POUR DIRE "MOI, AUSSI"

Du harcèlement au travail à Hollywood
À la base, Jodi Kantor voulait enquêter sur le harcèlement sexuel dans les milieux de travail. Elle suit rapidement la piste dans le milieu du cinéma et de Hollywood. Aussitôt, un nom surgit dans ses premières recherches : celui de Harvey Weinstein. La journaliste a notamment un premier entretien avec l’actrice Ashley Judd, qui joue son propre rôle dans le film, et a aussi été consultée par l’équipe de production. Elle lui raconte comment le producteur l’a agressée et qu'elle avait, à l’époque, dénoncé cette agression : sa dénonciation est non seulement restée lettre morte, comme si elle avait crié dans le désert, mais sa carrière en a aussi subi les conséquences, le magnat d’Hollywood étant intervenu pour la détruire.

Face à des victimes muselées
Les deux journalistes – Megan Twohey s’est jointe entre temps à Jodi Kantor – se heurtent très rapidement à un mur du silence, une omerta tissée comme une toile d’araignée depuis des décennies par le producteur à coups, notamment, d’accords financiers – entre huit et douze accords au total, selon l’un de ses avocats – qui achètent le silence des jeunes femmes agressées, notamment des assistantes. Ces accords contiennent des conditions de confidentialité qui musèlent les victimes pour les années qui suivent. Le producteur fait aussi du chantage auprès des actrices qui tombent entre ses griffes, il les menace de bousiller leurs carrières si elles osent dénoncer ce qu’il leur fait subir.

Le spectateur suit donc pas à pas les deux journalistes dans leur enquête, leurs efforts pour faire parler les victimes, sur les pas de Jodi, qui va jusqu’en Californie et à Londres pour retrouver des assistantes agressées par le producteur et recueillir leur témoignage.

A l'assaut du mur du silence

Patiemment, avec acharnement, les deux jeunes femmes tirent à coups de boulets dans ce mur du silence qu’elles lézardent un peu plus à chaque fois. Elles parviennent même à obtenir des informations de sources internes chez Miramax, grâce à un comptable et l’un des avocats.


Combien sont-ils, d’ailleurs, à avoir su, à avoir fermé les yeux, à avoir été les complices silencieux des manigances et de la perversité d’Harvey Weinstein ? Car ce que le film nous explique également, c’est que le célèbre procureur avait mis en place tout un système pour se protéger et pouvoir agir en toute impunité. Beaucoup savaient, chez Miramax, sa maison de production, ainsi que dans les couloirs d’Hollywood, mais tout le monde se taisait. Et si quelqu’un osait témoigner, dénoncer, accuser, les représailles étaient immédiates et sans appel. Weinstein était omnipotent, surpuissant dans l’industrie du cinéma. Les deux journalistes ont donc d’autant plus de mérite d’avoir réussi à déboulonner le sinistre colosse de son trône.

Le film revient sur les témoignages de plusieurs des victimes de Weinstein qui livrent avec détails les agressions dont elles ont été victimes et le climat de terreur dans lesquelles elles vivaient, notamment celles qui travaillaient avec lui. Comme cette assistante qui raconte qu’elle mettait deux paires de collants, pour décourager le prédateur si jamais…

C’est notre histoire, ce n'est plus l'histoire d'Harvey Weinstein, c'est une histoire d’une douzaine femmes qui ont eu le courage de dénoncer et de prendre le risque de dire la vérité.

Érika Rosenbaum, actrice et victimes de Harvey Weinstein

L’une de ces victimes, l’actrice Érika Rosenbaum, a donné une entrevue à Radio-Canada après avoir vu le film : "Je pense que c’est un film spectaculaire. Mais c’est très difficile à regarder. C’est très réaliste, c’est vraiment mon expérience. C’était la même chose, c’était très similaire à ce qu’on voit dans le film, c’est très impressionnant". L’actrice a apprécié le fait que le producteur ne soit pas le personnage central du film : "C’est notre histoire, ce n'est plus l'histoire d'Harvey Weinstein, c'est une histoire d’une douzaine femmes qui ont eu le courage de dénoncer et de prendre le risque de dire la vérité. Et aussi derrière les scènes il y a beaucoup de survivantes qui ont donné des conseils pour que les détails soient respectueux et véridiques. Ils ont vraiment fait une bonne job avec ce film ». Mais le regarder a été éprouvant pour Érika Rosenbaum : "C'était très difficile, mais je peux faire des choses difficiles. Je suis une maman, je suis une survivante et je ne suis pas seule".

Femmes, mères, journalistes
En parallèle à leur enquête, le film s’attache à montrer la vie privée des deux journalistes. Megan Twohey, qui vient de donner naissance à une fille et qui souffre d’une dépression post-natale, et Jodi Kantor, qui a deux petites filles. Comment leurs conjoints les ont supportées durant ces longs mois de recherches, de doutes, de découragement, d’espoir ? 

On les voit dans leur quotidien familial, entre deux changements de couche, le pique-nique dans un parc interrompu par un appel important, les nuits agitées et les insomnies causées par le stress, leur soulagement quand plusieurs victimes acceptent finalement de témoigner publiquement dans leur article alors que la majorité ne voulaient pas être citées. Un volet plus intime qui offre un regard très humain sur ces deux femmes dont la vie personnelle a été bousculée, perturbée par cette enquête de longue haleine.

<a href="https://www.pulitzer.org/event/evening-jodi-kantor-and-megan-twohey">Jodi Kantor et Megan Twohey, lauréates du prix Pulitzer en 2018 pour leur enquête sur Harvey Weinstein.</a>
Jodi Kantor et Megan Twohey, lauréates du prix Pulitzer en 2018 pour leur enquête sur Harvey Weinstein.
Derrière les journalistes, le journal
Le film montre également l’appui sans équivoque reçu par les deux journalistes de la part de la direction du New York Times, dont leur rédactrice en chef, Rebecca Corbett, superbement interprétée par Patricia Clarkson, qui suit scrupuleusement les règles du métier pour pouvoir publier une enquête indiscutable sur le plan juridique. Il leur faut notamment obtenir la réaction de Weinstein à ces accusations, et les négociations avec le producteur et son équipe sont tendues – c’est d’ailleurs la seule fois où Weinstein apparait dans le film et il est montré seulement de dos, joué par l’acteur Mike Houston. Preuve que la réalisatrice a voulu concentrer sa caméra sur les victimes du prédateur sexuel et sur les deux femmes qui l’ont détrôné.


Le film se conclut sur la parution du premier article des deux journalistes, ce moment où l'on appuie sur les touches de mise en ligne Web et le format papier, faisant ainsi exploser une véritable bombe aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Après la parution de cette enquête, 82 femmes ont accusé Harvey Weinstein d’agressions, des accusations qui ont abouti, pour plusieurs, à un procès retentissant à New York au terme duquel l'ancien producteur a été condamné à 23 ans de prison en février 2020. Il subit aussi actuellement un nouveau procès à Los Angeles et Londres.

She Said a reçu un excellent accueil au Québec où il est sorti sur les écrans le 18 novembre 2022. Un film essentiel, de la trempe des Hommes du Président qui, lui, racontait le Watergate et l’enquête des deux journalistes du Washington Post. Un film à voir, autant pour son regard empreint de compassion envers les victimes du prédateur sexuel que pour sa démonstration d’un travail journalistique remarquable et d’une pertinence indéniable.

(Re)lire aussi dans Terriennes : 

►#MeToo, 5 ans : mot d'ordre mondial contre les violences sexuelles
►Harvey Weinstein condamné à 23 ans de prison, dans le premier procès post #MeToo
►#MeToo : que faut-il attendre du procès Weinstein ?
►#MeToo : Harvey Weinstein, l'ultime provocation avant son procès ?
►"L’intouchable Harvey Weinstein" : portrait glaçant d’un prédateur sexuel à Hollywood
►Harvey Weinstein devant ses juges, inculpé de viol et d'agressions sexuelles
►New York : la chute du procureur Eric Schneiderman, tombeur d’Harvey Weinstein
►#MeToo : la compagnie Weinstein au coeur d'un système de harcèlement sexuel ?

TerriennesCatherine François
 Mise à jour 24.11.2022 à 11:20
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/she-said-un-film-sur-l-epopee-des-deux-journalistes-qui-ont-fait-tomber-harvey-weinstein

CES  PORCS    DE  WEINSTEIN   ESPTEIN QUI  PENSENT QUE ON PEUT FAIRE  N IMPORTE  QUOI  PARCE QUE CES MECS PORCS  SONT  DES  HOMMES SONT LAMENTABLES , LES   FEMMES NE SONT ¨PAS DES MORCEAUX  DES VIANDES !!!

MALHEUREUSEUSEMENT ON  A  AUSSI DES  P............  A  L  ASSEMBLEE NATIONALE ,  POURSUIVI POUR  DES AFFAIRES  PAREIL !!!

Opposé à l'outrage sexiste, Dupond-Moretti évoque des femmes qui "regrettent de ne plus être sifflées" (bfmtv.com)

 

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 > >>