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La transphobie, une violence qui trouve ses racines dans le sexisme

19 Octobre 2022, 23:52pm

Publié par hugo

La transphobie, une violence qui trouve ses racines dans le sexisme
Par Elsa Gambin Mis à jour le 19/10/2022 à 16:53
Transphobie
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Violence quotidienne aux répercussions lourdes pour les personnes trans, la transphobie imprègne toutes les sphères, familiales, amicales, sociales et politiques de notre société. Pour mieux la combattre, il est urgent de comprendre ses origines et, surtout, d'entendre la parole des concerné•es.
Sommaire
La transphobie, des agressions au quotidien
Sortir du rang et bousculer l'ordre établi
Des invisibles perçus comme "indésirables"
Une masculinité appeurée
La transphobie dans le féminisme
Un parcours émaillé de curiosité malsaine, de remarques désobligeantes, de négation et d’insultes. Avec, parfois, quelques instants de répits. Léon, 20 ans, a fait son coming-out en fin de Seconde. L’équipe de direction interdit alors d’utiliser son prénom. Certain•es professeur-es le font en douce. "Mon existence était proscrite. Une année, j’étais très heureux d’être élu roi du bal du lycée, eux ont voulu me couronner reine. J’ai évidemment dit non."

La transphobie, l’histoire de Léon en est jalonnée. Scolarité, soirées entre ami•es, lieux publics. Et rendez-vous médicaux. Un jour qu’il doit faire une échographie pelvienne, on lui rétorque : "On ne fait pas d’écho à des messieurs !". "Je pense que des personnes ne vont plus chez le médecin par crainte", soupire le jeune homme.

Lire aussi :
Que fait l’Éducation nationale pour accueillir et protéger ses élèves transgenre ?
Vidéo du jour :

La transphobie, des agressions au quotidien
Pour les personnes trans, chaque acte du quotidien qui se veut banal peut engendrer angoisse et/ou appréhension. À son travail, le contrat de Léon indique son deadname (1). On lui assure que la machine ne peut pas le modifier. Pourtant, ce sera fait quelques temps plus tard. "J’ai compris que ce n’était pas un problème de machine, mais de personne."

Léon distingue maladresse et remarque transphobe. Celles et ceux qui veulent être sympas "mais se foirent" à grands coups de "T'es réussi, ça ne se voit pas du tout !" et les autres, les hostiles, les aigri•es, les violent•es. S’il y a certes une différence entre cet homme en camionnette qui lui a lancé un "Sale trans !" en ralentissant à sa hauteur, et celles et ceux qui lui disent "Tu es bel homme en plus", la quotidienneté des remarques liée à sa transidentité révèle que celle-ci est encore vue comme une transgression de genre.

Pour le sociologue Emmanuel Beaubatie, auteur du livre Transfuges de sexe (2), "la transphobie naît d’un ordre du genre constitué d’une différence et d’une hiérarchie entre les hommes et les femmes. Ce qui est perçu comme un passage de frontière sociale est sévèrement sanctionné car ce passage vient transgresser l’ordre du genre établi". Or, encore aujourd’hui, pour la plupart des gens, transgresser le genre relève de l’impensable.

Sortir du rang et bousculer l'ordre établi
Léon, lui, cispasse (3) aujourd’hui comme un homme mais est perçu "davantage comme un homme efféminé plutôt qu’un homme trans". Les insultes transphobes ont donc laissé la place aux insultes homophobes. Sortir du rang dominant se paye à chaque instant.

Michelle (4), 28 ans, en sait quelque chose, elle qui a vécu un cauchemar à l’université, où l’administration refuse son identité féminine. Mégenrée (5), elle se voit inscrite en option sport dans un groupe de garçons, qui multiplie les moqueries et les propositions sexuelles. Ces vestiaires masculins sont une expérience traumatisante. Elle devient "la trans". "Je ne me suis pas démontée, mais ce fut un acte de rébellion assez compliqué à assumer", se souvient la jeune femme. Autre fois, autre lieu, Michelle fut prise à partie par un groupe. Ce jour-là, elle eut peur de l’agression physique. "On me criait que je faisais honte, qu’on allait me montrer ce que c’était d’être un mec."

La transphobie naît d’un ordre du genre constitué d’une différence et d’une hiérarchie entre les hommes et les femmes.

Aujourd’hui travailleuse sociale, elle constate que le milieu n’empêche en rien les manifestations transphobes. Elle a ainsi croisé un chef "un peu dragueur, dont la virilité a pris un coup en apprenant que j’étais trans". L’odieux masculiniste, vexé, lui jettera des "Toi, tu vas pas aller à la piscine quand même, tu vas pas te mettre en maillot !".

Michelle a été minée par la multitude de remarques depuis son adolescence. "Au fil de la transition, on se blinde. Aujourd’hui j’en tiens beaucoup moins compte", assure-t-elle. Mais cette société patriarcale où l'hétérosexualité et le fait d'être cisgenre sont érigés en normes, ne manque pas de lui faire des piqûres de rappel. "Encore récemment, à la piscine, un groupe de mecs qui crie ‘Mais regarde vers son maillot, c’est un mec !".

Michelle "assume beaucoup plus qu’il y a dix ans. Et puis la curiosité peut être bienveillante, elle peut montrer qu’on s’intéresse à qui je suis". Pour autant, les questions intimes fusent, alors même que parfois elle connaît à peine les gens. "Tu as toujours ton pénis ? Tu es opérée ?" La jeune femme accepte parfois ce genre de questions. "Ça dépend vraiment de qui la pose. Et comment."

Lire aussi :
"Petite fille", le documentaire bouleversant sur Sasha, fille née dans un corps de garçon
Des invisibles perçus comme "indésirables"
Cette transphobie ambiante, généralisée, Youssef la connaît bien également. La jeune femme a rejoint XY Media (6), le premier média transféministe français, depuis quelques mois. "Nous [les personnes trans] sommes des indésirables, qui baignons avant tout dans un quotidien d’hostilité transphobe et/ou d’invisibilisation dans la sphère politique, qui fraye d’ailleurs avec le fascisme."

XY Media est né de la volonté de faire bouger les choses, d’apporter des discours transféministes accessibles au plus grand nombre dans un contexte européen de radicalisation des discours et pratiques politiques. "Pour combattre la marginalisation des personnes trans et permettre un accès digne aux droits et à la protection sociale. On n’en peut plus d’être en deuil", affirme Youssef.

Et pour cause : les personnes trans ont jusqu'à dix fois plus de risque de se suicider que les personnes cisgenres et les jeunes trans sont 69% à avoir déjà pensé au suicide. En décembre 2020, le suicide de Fouad, lycéenne lilloise, avait profondément ému, questionnant la responsabilité de l'école face à ces élèves, et posant la question des ressources allouées à la formation de son corps enseignant.

Les personnes trans ont jusqu'à dix fois plus de risque de se suicider que les personnes cisgenres.

En outre, les femmes trans sont davantage victimes d'agressions ou de meurtres. Triste illustration de cette violence, les assassinats de Vanessa Campos et Jessyca Sarmiento, travailleuses du sexe tuées à 19 mois d’intervalle entre 2018 et 2020, à Paris.

C’est pour faire entendre leurs voix que le nouveau média XY s’est lancé, aidé d'une remarquable levée de fonds (plus de 91.000 euros sur les 12.000 euros initialement demandés), preuve de la nécessité et de l’attente de ces représentations dans la société. "Il est important pour nous de se réapproprier les récits et discours de la sphère médiatique, pétris de reportages pathologisants et de personnes trans meurtries par la vie, qu’on présente comme des êtres souhaitant par-dessus tout un salut médical."

Les politiques ne sont pas en reste sur l’inaction et/ou la stigmatisation envers les personnes trans. Pour Youssef, il faut les interpeller sur "leurs mauvaises décisions. Il y a des causes sociales et politiques à cette transphobie. On y trouve également un ancrage raciste. Si moi en tant qu’immigrée j’adhère à d’autres normes de genre que celles qui dominent en France, elles ne seront pas légitimes. Et si elles ne sont pas légitimes, les solutions politiques à mes problématiques seront soit inadaptées, soit inexistantes".

Lire aussi :
"Gender Derby", la mini-série documentaire à montrer absolument aux ados pour comprendre la transidentité
Une masculinité appeurée
Pour le sociologue comme pour la militante qui à présent écrit des vidéos pour XY Media, le sexisme est la source de la transphobie. Emmanuel Beaubatie, lui, préfère d’ailleurs le terme de "cissexisme", plus parlant, ici employé comme un synonyme de transmysogynie.

En effet, le suffixe -phobie fait référence à la peur, une forme de peur irrationnelle même, signifiant par là qu’elle pourrait ne pas être la faute de celui ou celle qui la manifeste. En laissant supposer une peur ou une réaction épidermique, on vient absoudre le ou la transphobe de ses propos ou gestes. "Or, la transphobie est très structurelle socialement, explique le chercheur. Elle est intimement liée au sexisme et à un monde social qui est organisé en deux, et seulement en deux groupes." La transphobie existe donc par et pour l’oppression de genre.

Les personnes trans, et notamment les femmes trans, "viennent montrer que la frontière entre hommes et femmes est poreuse.

En venant bouleverser l’ordre social préétabli, les personnes trans, et notamment les femmes trans, "viennent montrer que la frontière entre hommes et femmes est poreuse, c’est cela qui apparaît menaçant pour beaucoup", rapporte Emmanuel Beaubatie. Surtout pour les hommes, auteurs de la majorité des manifestations transphobes, et pour qui "toute féminité est perçue comme quelque chose de dégradant, souligne le sociologue. Cela vient les interroger sur leur masculinité".

Ce que constate également Youssef, qui voit au quotidien des femmes trans victimes de discriminations sexistes hétéropatriarcales. "Les hommes nous violentent, pour eux nous sommes des sous-hommes, ou bien des fétiches sexuels sur pattes. Il s’agit bien de casser quelqu’un, de le déchoir de son identité de genre."

La transphobie dans le féminisme
Ces derniers temps, la militante observe "une grande crispation au niveau du débat public", ponctuée d’un discours TERF (venant de l'anglais Trans Exclusionary Radical Feminism, désignant les féministes qui ne veulent pas inclure les femmes trans dans leurs luttes) qui prend de l’ampleur. Comment expliquer que des femmes, se revendiquant qui plus est du combat féministe, participent à la transphobie ambiante dans un contexte où les mobilisations féministes, et les acquis qui en découlent, demeurent fragiles ?

"Cette vulnérabilité engendre de la peur, explique Emmanuel Beaubatie. La crainte que des hommes viennent s’immiscer dans ces combats pour mieux les saper de l’intérieur. Parce que les droits des femmes ne sont jamais garantis, le discours TERF se trompe simplement d’ennemi, oubliant ainsi que l’ennemi principal est le patriarcat", souligne le sociologue. Et de rappeler, à propos : "Le cissexisme peut prendre différents visages".

En octobre 2022, le talkshow nocturne de France 2, Quelle époque !, a organisé un débat entre la militante Dora Moutot et Marie-Cau, première maire transgenre de France. Une séquence jugée violente et transphobe tandis que la première a refusé l'identité de femme de l'élue, la mégenrant en direct : "Pour moi, Marie Cau, c’est un homme. C’est un homme transféminin. Une personne qui est biologiquement un homme, ça, on ne peut pas dire le contraire."


Lors de la marche des fiertés à Paris, en juin 2021, une militante trans d'envergure, Sasha, vice-présidente de l'association Acceptess-T (6), et co-fondatrice de XY Media, est bousculée par un groupe de féministes TERFs, car elle déchire leurs pancartes aux messages transphobes. Interpellée sur place par la police mais vite relâchée, elle a ensuite été harcelée en ligne par des militantes TERFs. "L'Inter-LGBT condamne évidemment l'agression de Sasha. Les TERFs n'ont rien à faire dans nos manifestations", avait réagi le porte-parole de l'Inter-LGBT auprès de Têtu.

(1) Prénom de naissance que la personne a choisi de changer en transitionnant. L’utiliser revient à nier son identité et son souhait de transitionner. 

(2)

 
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(3) Cispasser (de cispassing) : une personne trans "passant", à première vue, pour une personne cisgenre.

(4) Le prénom a été changé. 

(5) Utiliser un pronom qui n’est pas celui utilisé/souhaité par une personne.

(6) Principale association d'aide aux personnes trans en France 

Lire aussi :
Lukas Dhont, réalisateur de "Girl" : "La situation de Lara est aussi belle que destructive"
Océan : "Les personnes transgenre n'ont pas de problème, c'est la société qui a un problème avec nous"
https://www.marieclaire.fr/transphobie-violences-transphobes,1378583.asp

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Plus de personnes racisées et LGBT+ élues maires en France , femmes , politiques,

8 Juillet 2020, 00:01am

Publié par hugo

Plus de personnes racisées et LGBT+ élues maires en France
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Marie Cau, première mairesse transgenre de France.
Marie Cau, première mairesse transgenre de France.
Pauline Machado 
Par Pauline Machado
Publié le Lundi 06 Juillet 2020
Cinq des plus grandes villes de France sont désormais dirigées par des femmes. Et petit à petit, la représentation des minorités aussi, progresse.
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"La plupart des lois discrimine encore les personnes trans"
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"La plupart des lois discrimine encore les personnes trans"
Les résultats ont fait la Une. Les plus grandes villes de France sont désormais, à moitié, aux mains de mairesses de gauche (par ailleurs, plus les municipalités tendent à droite, moins les femmes sont aux manettes). Anne Hidalgo à Paris, Michèle Rubirola à Marseille, Martine Aubry à Lille, Jeanne Barseghian à Strasbourg et Johanna Rolland à Nantes. D'autres municipalités aussi ont élu une dirigeante féminine. 17,8 % des 3100 communes de France, exactement, ce qui équivaut à 9,2 millions d'habitant·e·s maintenant dirigé·e·s par des femmes.

Parmi elles, Besançon, qui se félicite d'un résultat inédit (c'est la première fois qu'une mairesse siégera à l'hôtel de ville) incarné par l'écologiste Anne Vignot. Celle-ci a d'ailleurs déclaré que, pendant son mandat, "la politique ne se fera pas à travers la virilité".

 

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D'après Le Parisien, lors des élections de 2014, seulement 17,19 % des têtes de listes dans les communes de plus de mille habitant·e·s étaient des femmes, contre 23,06 % aujourd'hui. Une petite victoire qui montre la progression lente, mais réelle, des politiciennes à des postes clés. Et plus les villes sont grandes, plus leur présence (et donc leur visibilité) s'accroît, note Mediapart.

Davantage d'élu·e·s racisé·e·s et LGBT+
Mais une autre représentation gagne (légèrement) du terrain : celle de certaines minorités. Des personnes racisées et de la communauté LGBT+. Plusieurs maire·sse·s ouvertement homosexuel·le·s ont été élu·e·s ou réélu·e·s dans des grandes villes. C'est le cas du socialiste Mathieu Klein, qui prend les commandes de Nancy, après une campagne qui mettait notamment en avant son "mari, médecin généraliste" et leurs "trois enfants". Ou encore David Valence (Parti radical), à Saint-Dié-des-Vosges, et le Républicain Gil Avérous, à Châteauroux.


A Tilloy-lez-Marchiennes, dans le Nord, la première mairesse transgenre a remporté le scrutin de la ville de 550 habitant·e·s. "Les gens ont voté pour moi, car il y avait une envie de changement. Le fait d'être transgenre n'a pas été une question importante", lançait Marie Cau sur le plateau d'A l'air libre, une émission pilotée par Mediapart. Elle y condamnait fermement les violences et crimes transphobes, dont les chiffres ont augmenté en 2019.

Priscilla Zamord, élue écologiste de Rennes, et Yannick Jadot, député européen EELV.
Priscilla Zamord, élue écologiste de Rennes, et Yannick Jadot, député européen EELV.
A Rennes cette fois-ci, l'écologiste métisse et queer Priscilla Zamord (co-tête de liste, elle a rejoint la majorité socialiste de Nathalie Appéré) explique au média s'être "posé la question" de ce qu'elle devait dire sur elle. "Et j'ai choisi d'assumer, car j'ai envie d'être moi-même en politique, sans cachotterie, et parce qu'il y a un enjeu de représentativité".

Pour ce qui est de la représentation, le nombre de maire·sse·s racisé·e·s a aussi quelque peu augmenté au sortir du deuxième tour. En Seine-Saint-Denis par exemple, où le communiste Abdel Sadi et le socialiste Karim Bouamrane ont respectivement remporté Bobigny et Saint-Ouen. A Bezons, Trappes ou Goussainville aussi, des maires non-blancs ont été élus.

La classe populaire, grande absente du scrutin
Les résultats signent une avancée certaine, mais le changement reste péniblement lent. Et dans certains cas, teinté de violences. Comme à Toulouse, où le candidat écologiste ouvertement gay Antoine Maurice a été victime de détournements homophobes, rapporte La Dépêche du Midi.

Et puis, il y a la grande absente de ce scrutin : la classe populaire. Qu'il s'agisse de candidat·e·s ou de votant·e·s, la tranche sociale la plus défavorisée demeure quasi invisible dans ces élections. Dans les quartiers populaires, on compte jusqu'à 80 % d'abstention, déplore Clémentine Autain (Ensemble-Insoumis) dans une tribune publiée sur Libération lundi 6 juillet. La députée de Seine-Saint-Denis appelle à créer des alliances politiques dont le curseur permettra de mobiliser le monde populaire, et à ce que l'écologie devienne l'enjeu des luttes populaires. A ce jour, tou·te·s les élu·e·s EELV sont diplômé·e·s du supérieur. Reste donc à poursuivre l'effort dans toutes les strates de la société, pour toutes les classes de la société.

SOCIÉTÉ ELECTIONS FEMMES LGBTI NEWS ESSENTIELLES FRANCE POLITIQUE DIVERSITÉ


 https://www.terrafemina.com/article/municipales-2020-davantage-de-personnes-racisees-et-lgbt-elues-maires_a354361/1

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Municipales en France : Marie Cau, transgenre et maire, femmes, politiques,

29 Juin 2020, 23:12pm

Publié par hugo

 Municipales en France : Marie Cau, transgenre et maire
Marie Cau est devenue samedi 23 mai 2020 maire de Tilloy-lez-Marchiennes, village de 500 habitants dans la région lilloise du nord de la France. A 55 ans, elle devient la première maire transgenre du pays. 
Marie Cau est devenue samedi 23 mai 2020 maire de Tilloy-lez-Marchiennes, village de 500 habitants dans la région lilloise du nord de la France. A 55 ans, elle devient la première maire transgenre du pays. 
©FB/Marie Cau
26 MAI 2020
 Mise à jour 26.05.2020 à 11:17 par 
Terriennes
 
avec AFP
Sa liste était arrivée en tête lors du premier tour des municipales. Confinement oblige, il a fallu attendre deux mois pour que le conseil municipal de Tilloy-lez-Marchiennes, petit village du nord de la France, la choisisse comme maire. Agée de 55 ans, mère de trois enfants, Marie Cau, devient la première maire transgenre du pays et peut enfin fièrement arborer son écharpe tricolore.
"Félicitations, Madame le maire, on vous souhaite du courage!", lance un quinquagénaire enthousiaste, dans la rue principale de ce village de 550 habitants. "Du plaisir à travailler, pas du courage!", réplique en riant Marie Cau, écharpe tricolore ceinte, devant la petite mairie de briques.

Ils n'ont pas voté pour moi parce que je suis transgenre, ni contre, ils ont voté pour un programme et des valeurs.

Marie Cau
Aux élections municipales du 15 mars, sa liste "apolitique", baptisée "Décider ensemble", a remporté entre 63,5% et 73,1% des suffrages en fonction des candidats, avec un taux d'abstention de seulement 32% (plus de 55% au niveau national).
 


"Toute la liste a été élue", se réjouit-elle, le regard bleu et assuré et "pas du tout surprise du résultat". Lassés par 20 ans d'immobilisme et "un village un peu endormi, où le lien social avait disparu, les habitants voulaient du changement", analyse-t-elle. "Ils n'ont pas voté pour moi parce que je suis transgenre, ni contre, ils ont voté pour un programme et des valeurs".

Ingénieure, titulaire d'un diplôme de technicien agricole et d'un BTS horticole, Marie Cau se décrit avant tout comme une cheffe d'entreprise "à la fibre agricole et environnementale".

Et dans cette commune rurale, les habitants "ont été sensibles à la volonté de préserver au maximum l'environnement, développer l'agriculture durable, la solidarité, l'économie locale à travers les circuits courts, les emplois de proximité...", détaille-t-elle.

Jamais élue auparavant, l'édile "démarre avec une feuille blanche, un budget quasi-nul, une école pas encore rouverte et beaucoup d'autres défis liés au coronavirus. Mais avec une dream team" d'une "grande mixité d'âge, d'origine, et de genre".

Recréer du lien, peu importe le genre
Son genre à elle, "ça n'est pas l'important ! Elle vit ici depuis 20 ans, on voit comment elle travaille. S'ils réussissent à recréer du lien, de l'animation, c'est tant mieux pour Tilloy !", commente Hervé Fontanel, un habitant. "Ca crée du renouveau et on parlera plus du village !", renchérit sa voisine Marie-Josée Godefroy.

Cette situation devrait être dans la normalité, puisque les gens votent pour une équipe et un projet.

Marie Cau
Depuis le début de sa transition il y a 15 ans, Marie Cau n'a vécu ici "ni discrimination, ni brimades": "c'est rare, les gens sont bienveillants, malgré quelques maladresses", confie-t-elle. Si elle doit encore accomplir les démarches administratives pour modifier son état civil, elle utilise déjà couramment son troisième prénom de naissance "et les gens le respectent".

Dans Le Parisien, elle explique qu'elle n'a pas eu à changer de prénom car Marie est son troisième prénom de naissance, "Je l'utilise couramment depuis deux ans comme le Code civil m'y autorise". Depuis 2016, les personnes transgenres n'ont plus à se justifier par des documents médicaux mais doivent toujours passer devant un tribunal pour obtenir un changement d'état civil.

De nature discrète, "pas militante", "elle n'a pas eu de tabou, a parlé d'elle aux habitants qui posaient des questions" pour clore le sujet et "se concentrer sur l'action municipale", explique sa compagne et conseillère municipale Nathalie Leconte, "surprise de l'énorme médiatisation de l'élection".

"Cette situation devrait être dans la normalité, puisque les gens votent pour une équipe et un projet", juge Marie Cau, attendant impatiemment "le jour où ce sera devenu un non-évènement". Elle reconnaît toutefois que son élection peut contribuer à "banaliser les choses", montrer "que les personnes transgenre peuvent avoir une vie sociale et politique normale".


🇫🇷 MarleneSchiappa

@MarleneSchiappa
La visibilité trans, et donc la lutte contre la transphobie, passe aussi par l'exercice de responsabilités politiques ou publiques. 
Félicitations à Marie Cau ! #démocratie #LGBT+ https://twitter.com/le_Parisien/status/1264310478819463169 …

Le Parisien

@le_Parisien
Nord : Marie Cau, première personne transgenre élue maire en France https://l.leparisien.fr/Ha4-M 

310
12:10 - 24 mai 2020
Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité
116 personnes parlent à ce sujet
La secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa a tenu à saluer et féliciter l'élection de Marie Cau sur son compte twitter, tout comme plusieurs associations. Pour la co-présidente de SOS Homophobie Véronique Godet, cette "première va marquer l'histoire des personnes trans et de la politique française".

"On note aujourd'hui que beaucoup de personnes trans sont dans un processus d'émancipation, commencent à occuper des espaces publics dans lesquels elles étaient autrefois niées, avec la volonté de rendre progressivement invisible le genre, pour qu'on voit ce qu'elles apportent au collectif", s'enthousiasme de son côté Giovana Rincon. La présidente d'Acceptess-T espère "voir ce type de progrès se démultiplier, jusqu'à ce qu'on élise un maire trans dans une grande ville comme Paris".

Sur les réseaux sociaux, nombreux.ses ont voulu aussi féliciter l'arrivée de la nouvelle mairesse. "Bonjour Madame, je ne vous connais pas mais votre élection me laisse à croire que peut-être en France la tolérance, le vivre ensemble et le respect ne sont pas des territoires perdus. J'ai une petite fille à qui j'explique tous les jours que les êtres humains sont tous différents et que cette différence fait leur richesse, pas un motif d'exclusion ou de haine. Merci pour l'espoir et l'exemple et félicitations !", commente un.e internaute sur sa page Facebook. 

Pas sûr que Marie Cau souhaite qu'on la cantonne à un rôle de porte-drapeau. Son rêve à elle c'est plutôt, comme elle le dit elle-même, "de bâtir un village exemplaire, démontrer que de simples citoyens peuvent faire ici des choses qu'un gouvernement tout en haut n'arrive pas à faire".

Outre l'écologie et lien social, Marie Cau a montré tout au long du confinement son engagement de proximité pour combattre la pandémie en relayant les appels à fabriquer des masques, ainsi que pour la lutte contre les violences conjugales. 


A retrouver dans Terriennes :
>A quand un #MeToo des femmes transgenres ?
>#MeTooTrans : la parole se libère pour lutter contre la transphobie
>Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie : Tessa Ganserer, 1ère députée transgenre d'Allemagne
>Pakistan : Marvia Malik, première présentatrice TV transgenre


https://information.tv5monde.com/terriennes/municipales-en-france-marie-cau-transgenre-et-maire-360505

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Municipales en France : Marie Cau, transgenre et maire,femmes,politiques

27 Mai 2020, 22:43pm

Publié par hugo

 Municipales en France : Marie Cau, transgenre et maire
 
Marie Cau est devenue samedi 23 mai 2020 maire de Tilloy-lez-Marchiennes, village de 500 habitants dans la région lilloise du nord de la France. A 55 ans, elle devient la première maire transgenre du pays.
©FB/Marie Cau
26 mai 2020
Mise à jour 26.05.2020 à 11:17 par
Terriennes
avec AFP
Sa liste était arrivée en tête lors du premier tour des municipales. Confinement oblige, il a fallu attendre deux mois pour que le conseil municipal de Tilloy-lez-Marchiennes, petit village du nord de la France, la choisisse comme maire. Agée de 55 ans, mère de trois enfants, Marie Cau, devient la première maire transgenre du pays et peut enfin fièrement arborer son écharpe tricolore.
 
 

"Félicitations, Madame le maire, on vous souhaite du courage!", lance un quinquagénaire enthousiaste, dans la rue principale de ce village de 550 habitants. "Du plaisir à travailler, pas du courage!", réplique en riant Marie Cau, écharpe tricolore ceinte, devant la petite mairie de briques.
Ils n'ont pas voté pour moi parce que je suis transgenre, ni contre, ils ont voté pour un programme et des valeurs.
Marie Cau
Aux élections municipales du 15 mars, sa liste "apolitique", baptisée "Décider ensemble", a remporté entre 63,5% et 73,1% des suffrages en fonction des candidats, avec un taux d'abstention de seulement 32% (plus de 55% au niveau national).
 
"Toute la liste a été élue", se réjouit-elle, le regard bleu et assuré et "pas du tout surprise du résultat". Lassés par 20 ans d'immobilisme et "un village un peu endormi, où le lien social avait disparu, les habitants voulaient du changement", analyse-t-elle. "Ils n'ont pas voté pour moi parce que je suis transgenre, ni contre, ils ont voté pour un programme et des valeurs".
Ingénieure, titulaire d'un diplôme de technicien agricole et d'un BTS horticole, Marie Cau se décrit avant tout comme une cheffe d'entreprise "à la fibre agricole et environnementale".
Et dans cette commune rurale, les habitants "ont été sensibles à la volonté de préserver au maximum l'environnement, développer l'agriculture durable, la solidarité, l'économie locale à travers les circuits courts, les emplois de proximité...", détaille-t-elle.
Jamais élue auparavant, l'édile "démarre avec une feuille blanche, un budget quasi-nul, une école pas encore rouverte et beaucoup d'autres défis liés au coronavirus. Mais avec une dream team" d'une "grande mixité d'âge, d'origine, et de genre".
Recréer du lien, peu importe le genre
Son genre à elle, "ça n'est pas l'important ! Elle vit ici depuis 20 ans, on voit comment elle travaille. S'ils réussissent à recréer du lien, de l'animation, c'est tant mieux pour Tilloy !", commente Hervé Fontanel, un habitant. "Ca crée du renouveau et on parlera plus du village !", renchérit sa voisine Marie-Josée Godefroy.
Cette situation devrait être dans la normalité, puisque les gens votent pour une équipe et un projet.
Marie Cau
Depuis le début de sa transition il y a 15 ans, Marie Cau n'a vécu ici "ni discrimination, ni brimades": "c'est rare, les gens sont bienveillants, malgré quelques maladresses", confie-t-elle. Si elle doit encore accomplir les démarches administratives pour modifier son état civil, elle utilise déjà couramment son troisième prénom de naissance "et les gens le respectent".
Dans Le Parisien, elle explique qu'elle n'a pas eu à changer de prénom car Marie est son troisième prénom de naissance, "Je l'utilise couramment depuis deux ans comme le Code civil m'y autorise". Depuis 2016, les personnes transgenres n'ont plus à se justifier par des documents médicaux mais doivent toujours passer devant un tribunal pour obtenir un changement d'état civil.
De nature discrète, "pas militante", "elle n'a pas eu de tabou, a parlé d'elle aux habitants qui posaient des questions" pour clore le sujet et "se concentrer sur l'action municipale", explique sa compagne et conseillère municipale Nathalie Leconte, "surprise de l'énorme médiatisation de l'élection".
"Cette situation devrait être dans la normalité, puisque les gens votent pour une équipe et un projet", juge Marie Cau, attendant impatiemment "le jour où ce sera devenu un non-évènement". Elle reconnaît toutefois que son élection peut contribuer à "banaliser les choses", montrer "que les personnes transgenre peuvent avoir une vie sociale et politique normale".
La secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa a tenu à saluer et féliciter l'élection de Marie Cau sur son compte twitter, tout comme plusieurs associations. Pour la co-présidente de SOS Homophobie Véronique Godet, cette "première va marquer l'histoire des personnes trans et de la politique française".
"On note aujourd'hui que beaucoup de personnes trans sont dans un processus d'émancipation, commencent à occuper des espaces publics dans lesquels elles étaient autrefois niées, avec la volonté de rendre progressivement invisible le genre, pour qu'on voit ce qu'elles apportent au collectif", s'enthousiasme de son côté Giovana Rincon. La présidente d'Acceptess-T espère "voir ce type de progrès se démultiplier, jusqu'à ce qu'on élise un maire trans dans une grande ville comme Paris".
Sur les réseaux sociaux, nombreux.ses ont voulu aussi féliciter l'arrivée de la nouvelle mairesse. "Bonjour Madame, je ne vous connais pas mais votre élection me laisse à croire que peut-être en France la tolérance, le vivre ensemble et le respect ne sont pas des territoires perdus. J'ai une petite fille à qui j'explique tous les jours que les êtres humains sont tous différents et que cette différence fait leur richesse, pas un motif d'exclusion ou de haine. Merci pour l'espoir et l'exemple et félicitations !", commente un.e internaute sur sa page Facebook.
Pas sûr que Marie Cau souhaite qu'on la cantonne à un rôle de porte-drapeau. Son rêve à elle c'est plutôt, comme elle le dit elle-même, "de bâtir un village exemplaire, démontrer que de simples citoyens peuvent faire ici des choses qu'un gouvernement tout en haut n'arrive pas à faire".
Outre l'écologie et lien social, Marie Cau a montré tout au long du confinement son engagement de proximité pour combattre la pandémie en relayant les appels à fabriquer des masques, ainsi que pour la lutte contre les violences conjugales.
A retrouver dans Terriennes :
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Terriennes
avec AFP
Mise à jour 26.05.2020 à 11:17

 https://information.tv5monde.com/terriennes/municipales-en-france-marie-cau-transgenre-et-maire-360505

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