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Le film 'Titane', Palme d'or à Cannes : "Titanesque" , femmes, feminisme,

19 Juillet 2021, 14:28pm

Publié par hugo

 Le film 'Titane', Palme d'or à Cannes : "Titanesque"
 
Le film 'Titane', Palme d'or à Cannes : "Titanesque"
Le film 'Titane', Palme d'or à Cannes : "Titanesque"
 
 
 Publié le dimanche 18 juillet 2021 à 17h36
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Ce 17 juillet, sur la scène du Festival de Cannes, trois mots ont changé l’histoire du cinéma. Vingt-huit ans après Jane Campion, primée pour la ‘Leçon de Piano’, la Palme d’or est allée à Julia Ducournau. En 1993, le film de Campion avait remporté le prix ex-aequo avec ‘Adieu Ma Concubine’ de Chen Kaige. Hier soir, sur la scène du Festival de Cannes, une femme a reçu la Palme d’or pour elle toute seule, pour la première fois.


Du haut de ses 36 ans, regard noisette déterminé, tatouages et bagues aux doigts, Julia Ducournau s’était déjà fait remarquer à Cannes en 2016 avec ‘Grave’, présenté à la Semaine de la Critique. Un premier long-métrage qui à l’époque avait déjà divisé critiques et public, entre refus épidermique et accueil dithyrambique. Cinq ans et un festival annulé plus tard, le fait que son second film soit repris dans la Sélection officielle pour la Palme d’or était quasiment déjà une consécration en soi.

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© O'Brother Distribution - Carole Bethuel
"Titane Palme d’or"

Pourtant, jusqu’à l’après-midi de ce samedi 17 juillet, où les premières rumeurs ont commencé à enfler, qui aurait pu imaginer que le jury de Spike Lee irait jusque-là ? Ces derniers jours, le brouhaha cannois donnait la palme à ‘Un Héros’ de Asghar Fahradi, film puissant d’un réalisateur habitué aux lauriers. Même celles et ceux qui avaient adoré le film de Julia - comme nous, qui avions déclaré en sortant de la projection que c’est lui qui allait gagner, n’auraient osé imaginer ça. Alors ses détracteurs, n’en parlons pas…

Une réalisatrice qui casse les codes
Car oui, ‘Titane’ ne laisse personne indifférent, et avait fort divisé les festivaliers. La violence des certaines de ses images l’ont rendu littéralement impossible d’accès à certains, incapables de regarder l’écran. D’autres, plus résistants, ont tout regardé mais n’y ont vu que provoc’ et fracas. De notre côté, on a trouvé dans ce film aussi beau que violent et impossible à résumer, la poursuite d’une exploration cinématographique autour du corps et de l’identité. A travers la rencontre explosive entre le personnage d’Alexia (Agathe Rousselle) et de Vincent (Vincent Lindon), on a vu une histoire d’amour inconditionnel entre deux âmes abîmées qui vont, malgré elles, se réparer. On a senti, derrière une brutalité savamment distillée, le regard acéré d’une autrice déterminée à casser les codes du genre, quelque part entre le cinéma de David Cronenberg, ‘De Rouille et d’Os’ de Jacques Audiard et les films gore de Takashi Miike.

Des références que Ducournau a su se réapproprier : dans son film, la violence du personnage principal s’articule en réponse à celle de son père envers elle – incarnation du patriarcat à peine voilée. Mais s’il commence tout en violence, ‘Titane’ remet les choses à l’endroit. C’est un film qui part de la brutalité pour aller vers l’amour ; qui part du rejet pour aller vers l’acceptation ; qui part du féminin pour aller vers le masculin – et qui va in fine transcender férocement cette binarité. Un film de genre transgenre, un film inc(l)assable en béton armé, visuellement débordant d’idées, de couleurs, de musiques, de sensations : une pure expérience de cinéma.

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© Tous droits réservés
"Titane Palme d’or."

Ces mots qu’on n’attendait pas sont pourtant arrivés – et pas comme on aurait pensé. A cause d’une gaffe de Spike Lee, dès les premiers instants le chaos s’est invité dans la cérémonie : quand Doria Tillier lui a demandé d’annoncer "le premier prix" de la soirée, celui-ci s’est levé et a commencé par… le dernier. Quand ils ont compris l’erreur, les membres du jury ont immédiatement réagi – mais certaines oreilles avaient déjà compris.

Il a fallu attendre ensuite, pendant l’heure qui a suivi, voir le cœur battant défiler les autres prix, pensant à l’équipe du film en train de trépigner, jusqu’à cette conclusion à la fois attendue et inespérée. La conclusion idéale pour une cérémonie "parfaite parce qu’imparfaite, pleine de vie" pour reprendre les mots de Julia Ducournau sur scène, qui même en recevant la Palme a concédé que son film, lui non plus, "n’est pas parfait"  – un discours loin des doigts d’honneur de Tarantino (‘Pulp Fiction’, Palme d’Or 1994) et autres discours à la ‘moi non plus je ne vous aime pas’, façon Maurice Pialat (‘Sous le soleil de Satan’, Palme d’Or 1987).

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"Plus de diversité"
"Mais maintenant que je suis devenue adulte et réalisatrice, je me rends compte que la perfection est une impasse", a poursuivi la cinéaste, répondant à ceux qui avaient qualifié son film de ‘monstrueux’ : "La monstruosité, qui fait peur à certains, et qui traverse mon travail, c’est une arme. Une force, pour repousser les murs de la normativité qui nous enferme et nous sépare. Il y a tant de beauté, d’émotion et de liberté à trouver dans ce qu’on ne peut pas mettre dans une case, et dans ce qui reste à découvrir de nous. Donc merci au jury de reconnaitre, avec ce prix, le besoin avide et viscéral qu’on a d’un monde plus inclusif et fluide. Merci d’appeler à plus de diversité dans nos expériences, au cinéma et dans nos vies. Merci au jury de laisser entrer les monstres."

"Titane Palme d’Or". 

Tout est dit, tout est là. Cette Palme, c’est une victoire pour le cinéma, et pour le cinéma de genre ; c’est une victoire pour l’histoire, et pour l’histoire du cinéma ; c’est une victoire pour les femmes, les filles, et toutes les personnes qui refusent la normativité. Et une victoire pour la Belgique aussi, qui a coproduit.


Titane, de Julia Ducournau. Palme d’or 2021. En salles le 28 juillet. Avant-première ce mardi 20 juillet au cinéma Palace – en présence de la réalisatrice (TBC).

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_le-film-titane-palme-d-or-a-cannes-titanesque?id=10806939

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La Bonne épouse : une comédie féministe et burlesque ,femmes, feminisme , films

4 Juillet 2020, 22:17pm

Publié par hugo

 1 JUILLET 2020
Culture \ Cinéma
La Bonne épouse : une comédie féministe et burlesque

La Bonne épouse est une comédie légère et un peu loufoque, délicieusement vintage pour un déconfinement joyeusement féministe ! L’action se passe dans une école ménagère en 1968, établissement qui fleurissait encore à l’époque pour former de parfaites petites femmes au foyer.

Le film est servi par des actrices atypiques et irrésistibles dans leurs rôles respectifs : Noemie Lvovsky incarne une bonne sœur, ancienne résistante, caricature de la bienséance mais qui n’hésite pas à fumer en privé et sortir le fusil pour terroriser une petite rebelle du pensionnat qui a « découché ». Yolande Moreau est Yolande, la sœur totalement fleur bleue mais déjantée de Juliette Binoche, alias Paulette Van der Beck, directrice de l’établissement. Juliette Binoche est la seule qui soit conforme à la norme de l’époque mais elle va vite y déroger.  Son mari, Robert VDB,  François Berléand,  incarne le patriarcat décomplexé. Martin Provost le fait vite mourir, et quelle belle utopie, le patriarcat disparaît dans un épisode drolatique.

L’auteur use de loufoqueries improbables pour faire avancer sa comédie bien rythmée.

Le côté vintage est bien documenté, et celles et ceux qui avaient 15 ans en 1968 reconnaîtront la musique d’Adamo pour ouvrir le bal avec l’inénarrable Yolande Moreau dansant sur l’air romantico-mélancolique de « tombe la neige ». On y retrouve aussi d’autres personnages médiatiques de l’époque tels Guy Lux et Anne-Marie Peysson.

La comédie ne serait pas parfaite sans un décor bucolique, la campagne alsacienne en l’occurrence, et une idylle romantique qui n’est pas le centre du propos. La prise de vue est doucement esthétisée et l’on se régale dans cette ambiance assez bon enfant entre cuisine de grand-mère et pensionnat – manoir, niché dans un grand jardin rempli de fleurs.

On aimerait que le patriarcat meurt d’un coup comme dans le film et soit remplacé par une masculinité de qualité qui saurait respecter les femmes et partager les tâches domestiques, ici incarnée par Edouard Baer. Oui c’est de la fiction mais bon, il faut admettre qu’on a quand même fait un bout de chemin depuis 1968 !

On passe un bon moment de légèreté avec cette comédie où le « male gaze » est absent, Martin Provost nous livre en effet des caractères féminins déjantés et natures. Les jeunes filles du pensionnat sont des filles qu’on pourrait rencontrer au coin de la rue.

Le propos du cinéaste est clair et sans équivoque : on formait dans les écoles ménagères pour jeunes filles désargentées en général, des futures esclaves domestiques, et la révolution féministe est une cause juste. Paulette VDB, femme du patriarche décédé, va se transformer sous nos yeux et suivre avec son école cette révolution en marche…

On espère que ceux et celles qui n’avaient pas compris l’intérêt et la justice du partage des tâches ménagères et autres conquêtes féministes comme le droit au travail, le droit au plaisir et un compte en banque personnel, se réveilleront car force est de constater, que, depuis 1968, le partage des tâches reste encore bien inégal.

Enfin, oubliez tout et laissez vous porter par cette douce fable utopique pendant 1h50.

Roselyne Segalen 50-50 magazine

La bonne épouse de Martin Provost est à l’affiche dans de nombreuses salles depuis le 22 juin. Les Actrices principales : Juliette Binoche, Noémie Lvovsky, Yolande Moreau; les acteurs : François Berléand et Edouard Baer.


https://www.50-50magazine.fr/2020/07/01/la-bonne-epouse/
 

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Patients, le premier film de Grand Corps Malade : une plongée cash dans le monde du handicap,handicap,grand corps malade,film,

27 Mars 2017, 02:31am

Publié par hugo

Accueil » J'ai regardé pour vous » Patients, le premier film de Grand Corps Malade : une plongée cash dans le monde du handicap
Patients, le premier film de Grand Corps Malade : une plongée cash dans le monde du handicap
« Si cette épreuve m’a fait grandir et progresser, c’est grâce aux rencontres qu’elle m’aura offertes. » © Gaumont
Patients, le premier film de Grand Corps Malade : une plongée cash dans le monde du handicap
Publié le 22 février 2017  
    
 
Patients, le premier film de Grand Corps Malade réalisé avec Mehdi Idir, sort le 1er mars en salles. Adapté de son récit autobiographique paru en 2012, ce long-métrage a été tourné in situ au Centre de réadaptation de Coubert, en Seine-et-Marne. Là où le chanteur a été pris en charge, il y a vingt ans, après son accident. Un film sans pathos, parfois cynique mais surtout rempli d’énergie.

Un huis clos dans un centre de rééducation où il faut « niquer des heures » pour passer le temps. Là où se retrouvent ceux qu’un accident de la vie a privés de leurs capacités fonctionnelles et qui tentent de se reconstruire. Un lieu où la vie s’écoule avec une lancinante monotonie.

Un casting de “ouf”
À tout juste 20 ans, Fabien Marsaud, pas encore Grand Corps Malade, a passé un an dans ce type d’établissement suite à un plongeon qui l’a laissé « tétraplégique incomplet ». De Patients, récit autobiographique sorti en 2012, où il laissait remonter les souvenirs à la surface, le slameur a tiré un film éponyme réalisé avec Mehdi Idir, l’auteur de ses clips.

Comment survit-on quand on était sportif et qu’on se se retrouve cloué dans un lit, dépendant pour le moindre geste de la vie quotidienne ? Par l’humour, les vannes, la tchatche, la fraternité avec des personnes que la vie a placées malgré vous sur votre chemin.

Porté par un casting de “ouf”, le film parvient à restituer cette atmosphère pesante, allégée par le cynisme “cash” de ces fracassés.

Même l’espoir doit être adapté
De cette année où il va récupérer progressivement l’usage de ses membres, Grand Corps Malade a choisi de ne rien édulcorer du handicap. Et s’il élude parfois, c’est pour ne pas sombrer dans l’impudeur ni le pathos.

Le temps n’a balayé ni les moments de solitude et de profond ennui, ni la souffrance, ni la maladresse de certains soignants, ni les projets d’avenir avortés. Si même l’espoir doit être adapté quand on bascule du côté des personnes handicapées, pas question de s’apitoyer…

Laissant parler son optimisme, avec une pointe de mélancolie, le slameur choisit de faire la part belle aux anecdotes les plus drôles et aux moments partagés avec ses potes de galère. Car, comme il l’avouait déjà à la fin de son livre : « Si cette épreuve m’a fait grandir et progresser, c’est grâce aux rencontres qu’elle m’aura offertes. » Claudine Colozzi

http://www.faire-face.fr/2017/02/22/patients-grand-corps-malade-handicap/

GRAND  CORPS MALADE  REPONDS MOI STP 

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Terriennes : la chronique vidéo,IRENE FRACHON,sante,film,

4 Décembre 2016, 06:27am

Publié par hugo

http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/Terriennes/Chroniques/p-26733-Terriennes-la-chronique-video/TERRIENNES.htm?t=20161126

 

Chaque semaine retrouvez dans la chronique diffusée sur TV5monde les dernières nouvelles de la planète Terriennes en vidéo ! 
L'édition du 26/11/2016 - 17h GMT

VIDEO AVEC IRENE FRACHON 

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"Noé" : un brin étouffe-chrétien,film,livres,

11 Avril 2014, 01:34am

Publié par hugo

ACCUEIL CRITIQUES "NOÉ" : UN BRIN ÉTOUFFE-CHRÉTIEN
"Noé" : un brin étouffe-chrétien


Sortie en salle mercredi 9 avril 2014
♥ Par Nicolas Schaller 9 avril 2014
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© D.R.
© D.R.
Il faut reconnaître à Darren Aronofsky, irréductible indépendant à la tête ici de son premier blockbuster de studio, d’y être allé franco. Version heroic fantasy du récit biblique, sa fable sur l’arche de Noé prend des libertés (dramatiques, esthétiques) propres à en révulser plus d’un, des bigots de tous bords aux tenants du bon goût. Or c’est justement là que se niche la (relative) réussite du film : dans son absence totale de prévention et de cynisme, dans sa croyance pataude mais franche en la vertu des mythes fondateurs, dans son style très BD (c’en est une à l’origine) qui nous rappellent que le petit malin surestimé et faussement virtuose de "Black Swan" est aussi le grand enflammé, écolo-mystique, de "The Fountain".


Il y a à boire et à manger dans "Noé". Avec d’un côté ces personnages de Veilleurs, inventés pour le film, anges déchus incarnés en gigantesques créatures de pierre qui évoquent les merveilleux monstres de Ray Harryhausen ; et de l’autre, des visions kitschissimes et embarrassantes tels ces Adam & Eve de lumière dignes d’un clip KtoTV. Il y a un huis clos shakespearien et cauchemardesque au sein de l’arche, où Noé (Russell Crowe) vire intégriste ; et une fin d’illuminé. Le spectacle, étouffe-chrétien, ne manque pas de bravoure. ■
CRITIQUES
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"Noé", quel épouvantable déluge !
"Pelo Malo" : une chronique sensible de la différence

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NOÉ - LA CRITIQUE DU DERNIER FILM DE DARREN ARONOFSKY,film,livre,

11 Avril 2014, 01:24am

Publié par hugo

Accueil > Les réalisateurs > A > Aronofsky, Darren > Noé - la critique du dernier film de Darren Aronofsky
NOÉ - LA CRITIQUE DU DERNIER FILM DE DARREN ARONOFSKY
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Affiche Noé - la critique du dernier film de Darren Aronofsky
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Réalisateur : Aronofsky, Darren - Les événements home générale
Acteurs : Anthony Hopkins, Russell Crowe, Jennifer Connelly, Emma Watson, Ray Winstone
Genre : Aventures
Nationalité : Américain
Date de sortie : 09 avril 2014
Durée : 2h18mn
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Une odyssée spectaculaire quoiqu’un peu redondante, où les morceaux de bravoure alternent avec des scènes parfois convenues et un peu fades
L’argument : Russell Crowe est Noé, un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde… n’est que le commencement.
Notre avis : Dans Noé, Aronofsky transpose la légende biblique et retrace les grandes étapes du Déluge, ce moment fondateur au cours duquel l’humanité se trouve épurée pour être refondée. Disons-le d’emblée : que le film soit fidèle ou non à la lettre nous importe peu, le présupposé selon lequel une oeuvre devrait être fidèle à ses sources étant de toute manière discutable. Ce qui est frappant en revanche, c’est la volonté du cinéaste d’aborder de front le rapport au sacré, en ancrant son métrage dans un monde où règne l’anarchie et où la colère de Dieu va puissamment résonner. De ce point de vue, l’argument-même de l’épisode fondateur est pris très au sérieux par Aronofsky, qui représente sans ambage un Dieu vengeur et une humanité déchue au point d’être sacrifiée. C’est là, sans doute, que réside tout à la fois l’audace de Noé et son côté "tonitruant", son manque de justesse à certains endroits.


© Paramount Pictures
Pour ancrer son film au coeur de la Genèse, Aronofsky recourt abondamment aux grands ensembles, donnant à voir un monde dévasté, proche du Chaos, auquel Dieu seul peut redonner vie. Dès les premières séquences, les paysages désertiques et rocheux contribuent à créer une atmosphère propice aux grands conflits métaphysiques ; le cinéaste fait montre d’inventivité et d’un talent certain lorsqu’il s’agit de filmer ces grands espaces (images accélérées pour suggérer le passage du temps, jeux d’ombres et de lumière, etc.). Cette inventivité se retrouve dans la manière dont sont dépeints les anges déchus, êtres de pierre pourvus d’un cœur d’or, à la fois inquiétants et majestueux. Le film fait ainsi d’emblée place à la fable, au merveilleux et à la magie, ce qui lui réussit plutôt bien, certaines séquences rappelant de façon très nette l’univers de l’heroic fantasy. Mais précisément, la magie est vouée à occuper une place secondaire dans ce métrage, dont le thème principal demeure l’invisible – et l’incompréhension qu’il suscite. D’où une tension, pas toujours résolue, entre une pléthore d’effets spéciaux et le sentiment qu’un vide habite cet univers où les hommes s’entre-déchirent cruellement. Pour le dire autrement, le film se dote des moyens techniques nécessaires pour représenter l’irreprésentable, mais au risque de sacrifier une part de son mystère.


© Paramount Pictures
Parfois le cinéaste trouve l’équilibre : Aronofsky par exemple, s’en sort bien lorsqu’il s’agit de suggérer la présence du Créateur au moyen de divers jeux de lumière (ou par les songes prophétiques) ; mais à d’autres moments le film tombe dans une artificialité dommageable, comme lors de la construction de l’arche, qui a quelque chose de « carton-pâte » au regard des moyens techniques (assez rudimentaires) dont disposent Noé et sa famille pour la bâtir. Le film oscille ainsi, pendant plus de deux heures, entre de belles séquences et des moments ratés où l’artifice reprend ses droits sur le mystère.


© Paramount Pictures
Ce qu’Aronofsky réussit le mieux, c’est le retravail de l’épisode biblique, qui devient sous sa caméra un ample récit épique, dont la fin est attendue mais qui ménage une progression, de la surprise, du suspense, bref une intensité dramatique indéniable, qui rend le film parfois prenant. Les rivalités de pouvoir trouvent ainsi leur expression dans de puissants conflits dont le manichéisme est assumé, mais dont le déroulement est grandiose. Du reste, Aronofsky ne s’en tient pas au conflit entre Bien et Mal ; il filme aussi en creux la singulière absence d’un Dieu vengeur, incompréhensible et cruel. Noé lui-même apparaît dans l’arche comme un homme excessivement pieux, au point d’être tyrannique et aveugle. Le voyage dans l’arche est peut-être, de ce point de vue, le moment le plus réussi du film, le réalisateur exploitant avec brio le potentiel dramaturgique du huis-clos en filmant de près la solitude de ces élus condamnés à l’errance, portant en eux la mémoire des morts que le Déluge a engendrées.


© Paramount Pictures
Au fond, les défauts du film tiennent peut-être à sa volonté de toucher un public large, ce qui se ressent dans les conflits sentimentaux des jeunes personnages. Les intrigues amoureuses convainquent partiellement, en dépit de la prestation tout à fait solide des comédiennes, sans doute parce que le contraste entre une humanité malfaisante, réduite aux pires larcins, et le petit groupe d’innocents que constituent Noé et sa famille, est trop appuyé (ou trop incompréhensible) pour que l’amour trouve sa juste place dans le métrage. Le cinéaste réalise donc un film inégal, jamais long mais dont la tonalité manque parfois de justesse. On retiendra de Noé son sens de la prouesse, son inventivité visuelle, mais aussi, une certaine artificialité qui l’empêche d’atteindre à la poésie. Aronofsky, bien plus à l’aise avec la magie, le mysticisme et le fantastique, qu’avec le sacré proprement dit et le mystère de la foi, parvient à insuffler ça et là ce climat d’inquiétante étrangeté dans lequel il excelle, mais son sujet et le format de son film l’empêchent de donner libre cours à son imagination tortueuse et d’instaurer le climat inquiétant (et intérieur) de ses précédentes oeuvres. Le résultat d’un tel compromis est nécessairement hybride, tantôt fascinant, tantôt redondant.








© Paramount Pictures
Jean-Patrick Géraud
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Les "Tontons flingueurs" orphelins après la mort de Georges Lautner,film,france,

24 Novembre 2013, 00:31am

Publié par hugo

France-Monde
Les "Tontons flingueurs" orphelins après la mort de Georges Lautner
PUBLIÉ LE 23/11/2013
Par Paris (AFP)© 2013 AFP
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Photo AFP
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Le cinéaste Georges Lautner est mort vendredi à l'âge de 87 ans, plongeant dans la tristesse le monde du cinéma mais aussi des milliers d'anonymes amoureux des "Tontons Flingueurs", un film devenu culte qui l'avait réconcilié avec la critique après des années de malentendu.
"Georges Lautner était un homme incroyablement déconneur et humble. Il avait cette inconscience de la place qu'il occupait", a déclaré à l'AFP le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux, confiant que l'Américain Quentin Tarantino "connaissait tous ses films".
Si ses acteurs (Gabin, Ventura, Blier, Belmondo, Delon...) et son dialoguiste fétiche Michel Audiard étaient plus célébrés que lui, "Georges n'en concevait aucune amertume, ni jalousie. Il disait +on voulait se marrer, je sais ce que j'ai fait+", a-t-il raconté.
Né à Nice le 24 janvier 1926, Georges Lautner avait découvert dès l'enfance l'univers des salles obscures grâce à sa mère, la comédienne Renée Saint-Cyr, qui était apparue dans plusieurs de ses films.
"Marche ou crève" en 1960 a marqué le début d'une longue collaboration avec Bernard Blier. En 1961, le succès populaire était déjà au rendez-vous avec "Le Monocle noir", comédie policière avec Paul Meurisse.
Mais c'est deux ans plus tard que Georges Lautner a connu la consécration avec la comédie "Les Tontons flingueurs", inusable succès d'audience à chaque passage à la télévision, et que France 2 diffusera dimanche en guise d'hommage.
Le film avec Bernard Blier, Lino Ventura, Francis Blanche, Jean Lefebvre ou encore Robert Dalban, fêtera mercredi les 50 ans de sa sortie en salles.
"Modestie charmante et métier sûr"
Après les "Tontons", le duo Lautner/Audiard a enchaîné les succès d'audience, entre comédies, gangsters franchouillards et polars: "Les Barbouzes" (1964), "Ne nous fâchons pas" (1966), "La Valise" (1973)...
Lautner a tourné à plusieurs reprises avec Jean-Paul Belmondo, qui a salué samedi sur BFM TV "un ami sincère" : "Flic ou voyou" (1978), "Le Guignolo" (1980), "Le Professionnel" (1981), immense succès commercial, ou encore "Joyeuses Pâques".
Il aussi réalisé des drames, comme "Galia" sur la libération de la femme dans les années 60, "Mort d'un pourri" ou "Les seins de glace".
Dans les années 80, le succès s'était fait plus rare même s'il a encore rencontré le public grâce à "La Maison assassinée", avec Patrick Bruel.
"Etre populaire était son ambition dès le départ, Pour lui, ça voulait dire avoir de meilleurs moyens pour réaliser ses films", a confié à l'AFP son biographe José-Louis Bocquet.
Mais, "il a beaucoup souffert avec Audiard dans les années 70-80 quand ils étaient pris pour des faiseurs".
Longtemps boudé par la critique, Georges Lautner a été "ravi" quand "Les Tontons Fligueurs" est devenu un film culte au début des années 2000, le "réconciliant avec tous les publics", a-t-il ajouté.
Sur Twitter samedi, des milliers d'internautes anonymes témoignaient de cet attachement, en postant les répliques cultes du film sorti en 1963: "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît", "Faut reconnaître, c'est du brutal" en passant par "C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases".
Georges Lautner était "un metteur en scène du rire de qualité, avec à son actif des films comiques et amusants mais jamais vulgaires", a dit à l'AFP le comédien Claude Rich, l'un des derniers "Tontons flingueurs" avec l'Italien Venantino Venantini.
"Il a fait tourner les plus grands et rire tout le monde. C'était un homme délicieux, d'une modestie charmante et d'un métier sûr", a souligné Gilles Jacob, le président du Festival de Cannes, sur Twitter.
La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a évoqué "l'inoubliable scénariste et réalisateur de grands films rassembleurs" tandis que François Hollande saluait un réalisateur qui a "marqué le cinéma francais" avec ses "comédies populaires" devenues "cultes".
Le réalisateur, qui s'était retiré à Grasse (Alpes-Maritimes), sera enterré dans les prochains jours dans sa ville natale de Nice.

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5 films d'amour pour réchauffer l'hiver,article femmes hommes,amour,films

2 Novembre 2013, 04:20am

Publié par hugo

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5 films d'amour coulée réchauffer l'hiver Vos amis de Sont sur ​​aufeminin, DÉCOUVREZ CE qu'ils lisent ◄ photo: 2/5 ► Il était temps de Richard Curtis AVEC Rachel McAdams La comédie touchante: Il était temps Le terrain Tim et Mary Tombent amoureux. SAUF Que Tim pas n'est un garcon Comme les Autres: Il a Le Pouvoir de voyager dans Le Temps verser Changer le cours de sa vie. C'EST D'UN seillers de voyages temporels SES Que Leur histoire Est malheureusement effacée. Tim Doit Alors RETOURNER dans Le Passé coulée rejouer la première Rencontre avec Celle Qui fait Battre son coeur, JUSQU'A CE qu'elle tombe à nouveau amoureuse de Lui. MAIS IL NE ménage Pas SES efforts Une Fois Le Mariage arriver Voiture QUELQUES catastrophes menacent le ... MAIS may-sur Vraiment déjouer le destin à l'infini? Pourquoi on aime On s'attache à Tim (Domhnall Gleeson), CE GARCON Un Peu Certes maladroits, MAIS Qui s'efforce continuellement à CE Que Tout Soit parfait écoulement sa belle. .. commenter Ne Pas craquer? On aime also Le Côté «gars d'à côté» des tourtereaux: ILS Nous ressemblent ainsi au Québec les personnages habituels des comédies romantiques américaines:, Qui Evoluent (trop?) DANS souvent de les hautes sphères de la société New Yorkaise-. Quant à Rachel McAdams, Deja Vue DANS Nombreux de films du genre (N'oublie Jamais, Noceurs série, gloire du matin, Je te promets ...) Elle Est Tout Simplement LA condition sine qua non du film! Temps de etait il, Réalisé par Richard Curtis (2013) © Universal Pictures International France ◄ Page précédente Page suivante ► Sur Le Même thème Il était temps AVEC Rachel McAdams: un extrait du film à voir ... About Time AVEC Rachel McAdams: REGARDEZ la bande-annonce en .. . Il était temps: la bande-annonce à voir d'urgence Grand Central, l'amour fou sur fond de radioactivité Glee: Lea Michele et le Glee Club chantent l'amour (vidéo) Retour à l'accueil














































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"La vie d'Adèle" interdit dans l'Idaho pour ses scènes de sexe,sexes,usa,film,homosexuels,

13 Octobre 2013, 02:15am

Publié par hugo

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"La vie d'Adèle" interdit dans l'Idaho pour ses scènes de sexe
Un seul cinéma voulait le passer. Il ne peut pas en raison d'une loi sur l'alcool.


Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, les deux actrices principales de "La vie d'Adèle", lors de la promotion du film, à Toronto, au Canada, le 5 septembre 2013.
Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, les deux actrices principales de "La vie d'Adèle", lors de la promotion du film, à Toronto, au Canada, le 5 septembre 2013. ( SIPA)
Par Francetv info avec AFP
Mis à jour le 11/10/2013 | 23:05 , publié le 11/10/2013 | 23:05


La Vie d'Adèle ne pourra pas passer dans l'Idaho. L'unique cinéma de cet Etat du nord-ouest des Etats-Unis à vouloir diffuser la Palme d'Or 2013 se l'est vu interdire en raison de scène de sexe trop explicites.


The Flicks, seul cinéma d'art et d'essai de Boise, la capitale de cet état rural et peu peuplé, sert de l'alcool à ses clients. A ce titre, il doit se soumettre à une loi très stricte sur les films qu'il peut ou non projeter dans ses salles. Cette loi interdit notamment les scènes montrant, "de façon réelle ou simulée, actes sexuels, masturbation, sodomie, bestialité, fellation, flagellation, ou tout acte sexuel interdit par la loi".


Interdit aux moins de 18 ans
Sont également interdites les scènes où "toute personne est touchée ou caressée sur les seins, les fesses, l'anus ou les parties génitales" et où sont exhibés "le vagin, l'anus ou les parties génitales". Bref, pour La vie d'Adèle, qui raconte la rencontre et l'éveil au désir de deux adolescentes (Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux), c'est râpé.


Le film doit sortir en Amérique du Nord le 25 octobre sous le titre Blue is the Warmest Color (Le bleu est la couleur la plus chaude, le titre de la BD dont il est inspiré). Il sera assorti d'une interdiction aux moins de 18 ans. Le distributeur américain du film, Sundance Selects, a indiqué cet été qu'il ne compte pas présenter une version censurée du film, qui aurait permis au mieux d'obtenir une simple interdiction aux mineurs non accompagnés d'un adulte.


La Vie d'Adèle

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« LA VIE D’ADÈLE » D’ABDELLATIF KÉCHICHE: UNE BOMBE FILMIQUE

29 Mai 2013, 16:03pm

Publié par hugo

« LA VIE D’ADÈLE » D’ABDELLATIF KÉCHICHE: UNE BOMBE FILMIQUE

Putain quel film ! Dans la catégorie des grands séismes cannois, La Vie d’Adèle, chapitre 1 & 2 rejoint Mulholland drive, Elephant, Blissfully yours, Holy motors, ce genre d’objet qui fait soudainement exploser le festival et pulvérise le reste du programme. Pourtant, on avait vu de grandes choses (Guiraudie, Lanzmann, Panh, Bozon, Coen, Soderbergh…), mais là… Gray, Jarmusch ou Des Pallières ont intérêt à faire très très fort pour approcher ou dépasser l’irradiante bombe filmique dégoupillée par Abdellatif Kéchiche. On attendait ce film, parce que c’est Kéchiche quoi, l’auteur des géniaux L’Esquive ou La Graine et le mulet, mais on savait le cinéaste blessé par l’accueil de Vénus noire puis par ses déboires avec les producteurs. Il faut croire que les difficultés aiguillonnent cet artiste désormais immense.

La Vie d’Adèle, c’est la relation entre une lycéenne (Adèle) et une étudiante en arts plastiques (Emma), développée sur le cours de plusieurs années. Issue de la petite bourgeoisie, entichée de littérature, Adèle se cherche. Après avoir essayé un garçon sans y prendre goût, elle fait la connaissance d’Emma, mystérieuse fille aux cheveux bleus. C’est le coup de foudre, l’embrasement des sens et des sentiments, qui amènent progressivement à l’une des séquences inouïes du film : une scène de sexe torride de plusieurs minutes, découpée en longs plans, splendidement cadrée et chorégraphiée (c’est digne des grands peintres ou sculpteurs), avec bruits de lèvres et de langues en option ultra-sensuelle. C’est bien simple : la plus belle et audacieuse scène d’amour charnel de toute l’histoire du cinéma « tradi » (on ne voit que L’Empire des sens comme concurrent). Mais comme le disait Balzac, en amour, il y en a toujours un qui souffre et un qui s’ennuie. Chez ce binôme lesbien, le temps, la routine conjugale, les écarts de classes sociales ou d’envies professionnelles érodent le quotidien comme chez n’importe quel foyer hétéronormé. Emma se lasse, alors qu’Adèle reste dans une passion obsessionnelle, monomaniaque, intacte. Dans la violence et les chagrins de rupture, Kéchiche demeure aussi intense, exact et juste que dans la cristallisation fusionnelle, le film passant de l’énergie solaire aux orages affectifs et pour atteindre des états totalement bouleversants.

On ne fait pas que s’aimer, se désirer, se déchirer, s’abandonner (dans tous les sens du terme) dans La Vie d’Adèle, on parle et réfléchit aussi beaucoup. Adèle et Emma discutent entre elles et avec leurs amis, tandis que le film dialogue avec lui-même, produisant une sorte de métafilm en contrepoint. Paroles de profs, oeuvres d’art, patrimoine littéraire et pictural ou débats à bâtons rompus éclairent régulièrement l’action, les personnages, leurs relations, annonçant la courbe des évènements ou les commentant. Un exemple : alors que le spectateur hétéro se demande si la séquence saphique était un fantasme typiquement masculin, une séquence de discussion survient à propos des différences ou pas entre sexualité masculine et féminine. Cette part du dispositif pourrait être lourdingue, mais Kéchiche est d’une telle intelligence de cinéma, d’une telle sûreté de geste, que ce métadiscours s’inscrit dans le mouvement du récit et des personnages avec une parfaite fluidité. Tout fait sens : quand Adèle dit à ses parents qu’elle révise la philo avec Emma alors qu’elles baisent en cachette à perdre haleine, on sourit. Mais au-delà de l’humour, il faut évidemment prendre au sérieux l’idée que la chair et l’esprit sont intimement liés, depuis au minimum La Philosophie dans le boudoir (voir aussi la séquence des huîtres).

Dans cette polysémie d’un film où rien ne se perd, où tout est gain démultiplié, la durée qui pourrait effaroucher (3 heures) n’est pas un souci mais un élément indispensable de sa construction. Car il en faut du temps pour filmer l’éveil d’une sexualité, la naissance d’un amour, l’écartèlement d’un couple, l’évolution profonde d’un personnage, les mille processus au long cours qui relient inconsciemment désir, affects, cultures, origines sociales, ambitions existentielles… La Vie d’Adèle est une ode solaire à la chair, aux sentiments, à l’aventure avec l’autre (qu’il soit du même sexe est finalement secondaire), y compris ses risques.

Kéchiche est accompagné dans cette entreprise exaltante par deux comédiennes qui mériteraient tout de suite un numéro entier des Inrocks pour chanter leur beauté, leur talent, leur courage. Il faut absolument retenir le nom compliqué d’Adèle Exarchopoulos, son magnifique visage, son regard mélancolique, sa bouche ourlée entrouverte, sa parfaite fosse nasale, son jeu extraordinaire de puissance : elle surgit dans le ciel du cinéma de la même façon que Sandrine Bonnaire dans A nos Amours, avec une évidence triomphale. Après Sara Forestier et Hafsia Herzi, c’est la troisième fois que Abdel invente une actrice incandescente. Léa Seydoux est au minimum son égale en sensualité, ajoutant une dimension dangereuse, inquiétante, blessée à ce qui est de très loin son plus grand rôle. Le cinéaste filme ses deux muses tel le peintre remettant toujours sur le métier son étude du visage-paysage.

Bien que ce film puisse être considéré comme une bombe à neutrons balancée à la gueule sinistre de la France frigide et barjot (ce qui en fait un peu le pendant féminin de L’Inconnu du lac), Kéchiche n’est pas plus vindicatif ou explicitement politique que Guiraudie. Les deux filment leurs histoires avec une sorte de force tranquille, de confiance sereine en leur vision. Il n’est cependant pas indifférent que ce soit un cinéaste né à Tunis dans un milieu populaire qui signe ce chef-d’œuvre si français dédié aux sens et à la liberté des individus, baigné de grands référent culturels nationaux (Marivaux, Picasso, Sartre, vin blanc…). Ce n’est jamais asséné, mais La Vie d’Adèle est aussi une nouvelle victoire de cette intégration républicaine française si souvent remise en cause par tel fait divers, tel idéologue : le plus grand cinéaste français actuel est d’origine tunisienne, qu’on se le dise et redise. Ce qui est énoncé et montré dans ce film en revanche, c’est que l’école, l’instruction, la culture sont fondamentaux pour échapper au déterminisme social (Adèle), ou que l’époque penche vers l’argent plutôt que vers le goût de la beauté (Emma). Emma, c’est le prénom d’un autre et fameux personnage de fiction dont l’auteur disait « c’est moi ». Kéchiche pourrait sans doute aussi clamer que ses deux héroïnes, c’est lui. La Vie d’Adèle Kéchiche ? Palme de platine minimum, en attendant les chapitres 3 et 4 ? La Vie d’Adèle, chapitre 1&2 est un pur bloc de beauté, de courage, d’intelligence, de noblesse, un film impossible à épuiser en une vision et une critique. Abdellatif Kéchiche, comment vous en remercier ?

Serge Kaganski

La Vie d’Adèle, chap

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