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Le blog de hugo,

Des protections périodiques seront disponibles gratuitement dans les universités et les résidences des Crous à la rentrée prochaine , femmes , feminisme, sante

24 Février 2021, 16:35pm

Publié par hugo

 Des protections périodiques seront disponibles gratuitement dans les universités et les résidences des Crous à la rentrée prochaine
Cette décision, annoncée par la ministre de l'Enseignement supérieur, s'inscrit dans le cadre de la lutte contre la précarité des jeunes.

Publié le 23/02/2021 14:17
Mis à jour le 23/02/2021 15:10
 Temps de lecture : 1 min.
Des protections périodiques, photographiées le 27 novembre 2020 à Berlin (Allemagne). (ANNETTE RIEDL / DPA / AFP)
Des protections périodiques, photographiées le 27 novembre 2020 à Berlin (Allemagne). (ANNETTE RIEDL / DPA / AFP)
Les protections périodiques seront gratuites à partir de la prochaine rentrée de septembre dans les universités, a annoncé mardi 23 février la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Une décision qui s'inscrit dans le cadre de la lutte contre la précarité des jeunes. Dans les prochaines semaines, les résidences universitaires des Crous et les services de santé universitaires seront équipés en distributeurs de protections hygiéniques, a annoncé la ministre lors d'une rencontre à Poitiers avec des étudiants. "On vise 1 500 distributeurs et une gratuité complète à la rentrée", a-t-elle ajouté.

Ces protections seront "respectueuses de l'environnement", précise le ministère.

Une étudiante sur trois concernée
Cette annonce intervient alors que la ministre est apparue fragilisée ces derniers jours, après la polémique suscitée par ses sorties sur un "islamo-gauchisme" aux contours nébuleux. Semblant pressée de tourner la page, Frédérique Vidal martèle depuis que sa "priorité, c'est la question des étudiants".

La gratuité des protections périodiques dans l'enseignement supérieur a été décidée après un travail de concertation entre la ministre et différents acteurs (parlementaires, organisations étudiantes représentatives, ou encore l'association Règles Elémentaires), a précisé Frédérique Vidal.

Selon une étude réalisée par l'Association fédérative des étudiants de Poitiers et l'Association nationale des étudiants sages-femmes en février, un tiers des étudiantes aurait besoin d'aide pour acheter des protections périodiques.


https://www.francetvinfo.fr/sante/des-protections-periodiques-seront-distribuees-gratuitement-dans-les-universites-et-les-residences-des-crous-a-la-rentree-prochaine_4308037.html#xtor=CS3-794

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Non-mixité des salles de repos en entreprise ? "Une demande légitime" , femmes, feminisme, emplois

24 Février 2021, 16:33pm

Publié par hugo

Non-mixité des salles de repos en entreprise ? "Une demande légitime"
Non-mixité des salles de repos en entreprise ? "Une demande légitime"
Non-mixité des salles de repos en entreprise ? "Une demande légitime" - © Westend61 - Getty Images/Westend61
 
Camille Wernaers
 Publié le lundi 22 février 2021 à 09h15
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“Cela me fatigue”, dit Inès*. Ce n’est pas un euphémisme car nous la contactons précisément à propos de la salle de repos de l’entreprise dans laquelle elle travaille. “Il s’agit d’une grande entreprise très masculine mais dont l’activité est en train de se féminiser de plus en plus”, explique-t-elle.


“Il y a du battement entre nos services, et nous n’habitons pas tout près, une salle de repos est donc à notre disposition avec plusieurs sièges. Mais c’est une salle très sombre. On a peu de chance d’y croiser une collègue féminine, car on est peu nombreuses. Moi, je veux pouvoir me reposer donc j’y ai été deux fois”.

La première fois, elle s’y sent à l’aise. Un seul autre collègue pianote sur son ordinateur, elle se repose. Elle raconte que la deuxième fois qu’elle se rend dans la salle de repos, cela se passe différemment : “Il y avait trois autres hommes et je ne me suis pas sentie en sécurité. Je ne veux pas dire que mes collègues masculins sont dangereux mais il y a une certaine ambiance de blagues lourdes et sexistes dans l’entreprise. On se sent vulnérables en tant que femmes dans une petite pièce comme celle-là, sans lumière. Pour pouvoir dormir, il faut se sentir en confiance. On ne dort pas souvent avec des gens qu’on ne connait pas”, souligne Inès.

Le harcèlement sexuel au travail, une réalité 
D’autant qu’il se murmure dans les couloirs de l’entreprise qu’une agression sexuelle aurait eu lieu dans la salle de repos. D’après les chiffres de Securex en 2019, les comportements abusifs au travail ont augmenté : en un an, une augmentation de 28% de faits de harcèlement sexuel a été comptabilisée, ainsi qu’une augmentation de 13% d’agressions.

“Dans 4 cas sur 5, la victime désignera un membre de son organisation comme étant l"auteur des faits. Dans 15% des cas, c’est le manager, dans la moitié des cas, ce sont les collègues et dans 14% des cas, c'est une personne d'un groupe de travail. Dans un cas sur 5, la victime désignera une personne externe comme l'auteur des faits, tel qu’un fournisseur, un client, ou un patient...”, énumère Securex à propos du harcèlement sexuel.

On se sent vulnérables en tant que femmes dans une petite pièce comme celle-là, sans lumière

“J’ai été interloquée d’apprendre que de nombreuses femmes décident de ne pas aller dans la salle de repos, de ne pas se reposer. D’autres préfèrent faire le chemin jusqu’à leur domicile. J’ai bien essayé d’utiliser la salle d’allaitement pour me reposer, qui est en non-mixité, mais cela n’est possible que si on est maman et ce n’est pas mon cas”, poursuit Inès qui remonte ses craintes auprès de la direction de l’entreprise et des syndicats. Elle demande la création d’une salle de repos non-mixte.

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“Des choses très sexistes”
“Cela a été refusé. On m’a répondu des choses très sexistes”, relate-t-elle. Face à cette situation, Inès se sent seule car la plupart des femmes ne veulent pas en parler, d’autres ne voient pas le problème. “On baigne dans le sexisme, c’est difficile d’en sortir, même en tant que femme. Je viens d’un milieu ouvrier et je connais et comprends cette logique de ne pas “cracher dans la soupe”, d’être déjà content·es d’avoir un travail”.

En Belgique, les risques psychosociaux liés au travail recouvrent des risques professionnels qui portent aussi bien atteinte à la santé mentale que physique des travailleurs et travailleuses et qui ont un impact sur le bon fonctionnement et les performances des entreprises ainsi que sur la sécurité. L’employeur ou l’employeuse est tenu.e de prendre les mesures nécessaires pour prévenir les risques psychosociaux au travail, les dommages découlant de ces risques ou pour limiter ces dommages.

J’ai été interloquée d’apprendre que de nombreuses femmes décident de ne pas aller dans la salle de repos, de ne pas se reposer

Santé et sécurité au travail
“La demande d’une salle de repos non-mixte me semble tout à fait légitime. La situation actuelle est discriminante. Pouvoir faire des pauses et se reposer fait partie de la sécurité et de la santé au travail, c’est un facteur important pour éviter les accidents de travail", analyse Gaëlle Demez, syndicaliste et responsable nationale des Femmes CSC et des CSC Seniors.

Selon elle, il ne faut pas hésiter à faire remonter au Comité pour la prévention et la protection au travail. “Et si le délégué syndical n’est pas à l’écoute, on peut monter plus haut, contacter le permanent. Si cela ne bouge toujours pas, il faut trouver d'autres leviers d'action. Je conseille aussi de ne pas rester seule, d’essayer de se solidariser le plus possible avec d’autres femmes dans l’entreprise, elles seront plus fortes ensemble”, continue Gaëlle Demez.

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Apolline Vranken pose également son regard d’architecte féministe sur cette question. “Dans certains lieux de travail, il est prévu des cabines individuelles pour avoir une vraie intimité et se reposer correctement”, observe-t-elle. “Je pense notamment à une caserne de pompier en Amérique qui a été modifiée par la penseuse et architecte féministe Susana Torre. Elle a créé des espaces en mixité, qui sont des espaces d’échanges et de rencontre, dans la cuisine et la salle de sport. La mixité est porteuse de ces sens-là, de socialisation, cela n’a pas de sens de valoriser l’argument de la mixité dans un lieu où on dort et où il n’y a pas d’interaction sociale. Susana Torre a fait réaliser des cabines individuelles pour le dortoir, qui était auparavant utilisé par les pompiers pour se parler, ce qui empêchait les autres de se reposer”.

Cela n’a pas de sens de valoriser l’argument de la mixité dans un lieu où on dort et où il n’y a pas d’interaction sociale

“Je pense aussi que l’employeur peut aller un cran plus loin que ce dont l’oblige la loi quand on parle de bien-être au travail. Il pourrait aussi prévoir des lieux de rencontre avec des personnes de confiance et aussi des lieux pour les personnes malades, comme les personnes diabétiques qui ont besoin de s’injecter de l’insuline régulièrement. Il faudrait prendre en compte la santé et les droits des travailleurs et travailleuses à avoir un environnement de travail le plus qualitatif possible”, termine-t-elle.

*Le prénom a été modifié.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_non-mixite-des-salles-de-repos-en-entreprise-une-demande-legitime?id=10702022

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Projet de loi confortant les principes républicains : vers une meilleure protection des droits des femmes ? , femmes, feminisme, violences ,

23 Février 2021, 05:47am

Publié par hugo

 
 
22 FÉVRIER 2021
DÉBATS \ Tribunes
Projet de loi confortant les principes républicains : vers une meilleure protection des droits des femmes ?

Le projet de loi confortant les principes républicains, adopté en première lecture à l’Assemblée nationale le 16 févier, sera examiné au Sénat du 30 mars au 8 avril 2021.  Il suscite de nombreuses polémiques. Si certaines de ces polémiques ne sont qu’un reflet des tensions autour de la défense de la laïcité en France, nous Femmes Solidaires soutient des éléments de ce projet de loi, proposant pour certain⸱es d’aller plus loin, même si d’autres éléments nous interrogent.

Nous nous méfions de l’obligation faite aux associations dans l’article 6 de « respecter l’ordre public ». Femmes solidaires, mouvement féministe, laïque et d’éducation populaire a pour objectif une transformation en profondeur de la société qui la libérerait des rapports de domination et de violences. Cette transformation et les moyens qui la rendent possible sont-ils conformes à l’ordre public ? Les associations engagées pour la défense des droits humains ne peuvent pas avoir pour objectif de préserver l’ordre public, sans que cela signifie pour autant un appel à l’insurrection générale.

Nous sommes en plein accord pour réaffirmer l’interdiction de la polygamie en France. Cependant, nous sommes préoccupées par les sanctions prévues pour les femmes en situation de polygamie : elles ne sont pas nécessairement informées de la polygamie de leur époux ou elles ne bénéficient pas forcément des moyens de s’y opposer. Par conséquent, elles ne doivent ni subir la suppression de leur titre de séjour ni se voir délivrer une obligation de quitter le territoire.

Pour nous, les expulser reviendrait à punir des victimes. La polygamie est une violence faite aux femmes. Femmes solidaires exige que le délit de polygamie soit mieux défini et reconnu. Nous demandons un statut autonome concernant le titre de séjour pour les femmes étrangères qui n’en bénéficient pas.

Le lien et la place des enfants semblent complètement occultés dans ce projet de loi. Quel sera le statut des enfants nés dans les mariages dissous ? Il faudra s’assurer que cette loi n’impactera pas et n’engendrera pas davantage de violences intrafamiliales observées dans la plupart des divorces et des séparations.

De plus, nous soulignons que des mariages coutumiers ou religieux aboutissant parfois à des mariages forcés ou arrangés sont célébrés sur notre territoire. Femmes solidaires propose que pour mieux lutter contre la polygamie, il faut que soit réaffirmé dans cette loi qu’aucun de ces mariages ne doit être célébré avant un mariage civil.

En revanche, dans certaines mairies, la suspicion et le doute des mariages de femmes d’origine étrangère s’installent facilement. L’audition et l’analyse des pièces par l’officier d’état civil doivent être partout identiques, dans toutes les mairies.

En outre, Femmes solidaires se réjouit également des avancées de ce projet de loi ouvrant notamment des droits sur le partage de la pension de réversion.

Concernant les certificats de complaisance, dont ceux visant à établir la « virginité » d’une personne, nous nous réjouissons que cette infraction soit punie car continuer à les prescrire c’est renforcer le système patriarcal. Derrière cette preuve de pureté, de conservatisme des traditions, se cache la marchandisation du corps des femmes. Donc Femmes solidaires ne peut que s’opposer à l’établissement des certificats.

Nous savons toutes que les femmes subissent une pression familiale indéniable et que les coupables doivent être sévèrement punis. Voilà pourquoi nous souhaitons aller plus loin en exigeant qu’un signalement et une enquête sociale soient ordonnés à chaque fois qu’une femme se présente devant un⸱e professionnel⸱le de santé pour demander un certificat de virginité.

Néanmoins, le projet de loi contient des avancées importantes pour les droits des femmes étrangères ou binationales en particulier concernant l’égalité de traitement dans l’héritage. Cette réforme répond à un impératif de protection des enfants et des conjointes (étrangères, binationales) vivant en France et pour lesquelles des lois étrangères consacrent une inégalité des droits en matière d’héritage, surtout pour les filles et les femmes en l’absence de descendance masculine.

Actuellement, en cas de divorce international et de conflit entre le droit français et le droit d’autres pays, plus particulièrement algérien, relatif au régime matrimonial, le principe d’immutabilité du régime matrimonial qui exclut de faire application d’un autre droit aux époux et la règle de conflit fait que la loi voulue par les époux du fait du premier domicile de la famille emporte présomption de volonté.

C’est-à-dire que si le premier domicile est le pays d’origine, c’est le droit matrimonial de ce pays qui s’applique sauf dispositions expresses et sauf liens étroits avec l’autre pays.

Concrètement, cela exclut du champ de l’égalité de nombreuses femmes étrangères ou binationales vivant en France. Depuis sa création, Femmes solidaires dénonce et condamne cette inégalité de droit entre les femmes françaises et les étrangères et revendique des lois égalitaires.

Femmes solidaires souhaite, par ailleurs, sur la question de la laïcité que les centres sociaux soient soumis aux mêmes exigences que l’Education nationale au regard des nombreux jeunes qui les fréquentent.

Nous proposons un périmètre d’éloignement entre les lieux de culte et les lieux d’éducation (écoles, gymnases, centres sociaux…). En effet, très souvent les lieux de culte les plus radicaux viennent se placer près des lycées, collèges ou des lieux d’éducation physique et exercent une pression notamment sur les filles quant aux pratiques culturelles et sportives.

Nous demandons une mission d’information sur l’endoctrinement sectaire ou religieux des enfants.

Nous aimerions notamment soulever la question du voilement des petites filles et des filles avant 15 ans.

Nous appelons enfin à une réflexion nationale sur les territoires à statut particulier, dont Mayotte, dans l’application de la laïcité et des valeurs de la République.

Femmes Solidaires

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Étiquettes : Association France Justice


https://www.50-50magazine.fr/2021/02/22/projet-de-loi-confortant-les-principes-republicains-vers-une-meilleure-protection-des-droits-des-femmes/

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Marlise Ostrowski : “nos thématiques sont les violences intra-familiales, la prostitution des mineur·es, les violences sexuelles dans le sport et l’inceste” , femmes, feminisme, articles femmes hommes,

23 Février 2021, 05:18am

Publié par hugo

 19 FÉVRIER 2021
Île de France \ Société
Marlise Ostrowski : “nos thématiques sont les violences intra-familiales, la prostitution des mineur·es, les violences sexuelles dans le sport et l’inceste”

Marlise Ostrowski est coordinatrice du Centre Information Jeunesse (CIJ) de Seine et Marne. Le CIJ 77 est la tête de réseau informations jeunesse du 77 qui regroupe une trentaine de structures d’information jeunesse qui reçoivent chaque année des centaines des jeunes de 11 à 30 ans. Début 2021, le CIJ 77 a initié un groupe de travail sur les violences faites aux femmes qui traite de toutes les violences patriarcales, sans oublier la prostitution des mineur·es et l’inceste.

 

Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 Magazine

Vidéo Rafaël Flepp 50-50 Magazine


https://www.50-50magazine.fr/2021/02/19/marlise-ostrowski-nos-thematiques-sont-les-violences-intra-familiales-la-prostitution-des-mineur%c2%b7es-les-violences-sexuelles-dans-le-sport-et-linceste/

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Tous et toutes féministes ! Mais pour quelles transformations ? , femmes, feminisme,

23 Février 2021, 05:14am

Publié par hugo

 
19 FÉVRIER 2021
Monde
Tous et toutes féministes ! Mais pour quelles transformations ?

Dans le cadre du Forum Social Mondial (FSM) qui s’est tenu fin janvier, la commission genre d’ATTAC et Adéquations, en partenariat avec le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes et Action Aid France-Peuples Solidaires organisaient un atelier sur le thème : « Tous et toutes féministes ! Mais pour quelles transformations ? » L’occasion pour les participant·es, dans le contexte de la préparation du Forum Génération Egalité, de débattre de la façon dont le « féminisme » est actuellement revendiqué par des acteurs dont les objectifs peuvent être aussi différents que les grandes entreprises, les Etats et institutions de développement, les organisations de la société civile

En introduction de l’atelier, Yveline Nicolas, coordinatrice de l’association Adéquations, rappelle le thème de cette discussion : «dans le contexte des nouveaux engagements féministes des institutions, comment faire entendre les voix des femmes et féministes ? Quelles sont les analyses, pratiques et résistances de femmes et féministes, du niveau local au niveau international, qui pourraient mener à une réelle transformation d’un monde dominé par des injustices sociales, économiques et écologiques ? ”

Jules Falquet, sociologue à l’Université de Paris, propose un regard critique sur les institutions qui, bien que se réclamant du féminisme, n’ont pas des pratiques réellement féministes, au sens d’une transformation profonde des rapports sociaux de sexe, lesquels sont liés aussi aux logiques racistes et coloniales. Des féministes latino américaines ont alerté dès les années 90 sur certains enjeux des Conférences internationales sur les femmes, qui ont participé de l’institutionnalisation de l’égalité femmes/hommes, de la simplification de l’analyse de genre, par les organisations de coopération et de développement, qui promeuvent un modèle qui ne correspond pas aux pratiques et aux analyses féministes.

Les entreprises sont-elles féministes ?

Alice Bordaçarre, chargée de campagne droits des femmes à ActionAid France s’interroge sur les liens qui peuvent exister entre le combat féministe et les entreprises. « Pour le Forum Génération Egalité, les entreprises ont réussi à se placer comme des organisations féministes », regrette Alice Bordaçarre. « Le secteur privé est présenté comme un défenseur de l’égalité entre les femmes et les hommes au même titre que la société civile, la recherche, les syndicats…. Ce qui est quand même un peu surprenant, c’est que la société civile a normalement l’ambition de défendre l’intérêt général, alors que le secteur privé défend ses droits et ses propres objectifs de développement financier » estime-t-elle, avant d’ajouter « les entreprises redorent leur image alors que les salariées sont victimes de harcèlement sexuelle ».

Alice Bordaçarre cite Unilever, une entreprise qui communique sur l’égalité entre les femmes et les hommes, qui se place comme étant équitable, inclusive et pour qui le développement durable est une notion primordiale. Sauf qu’une fois le vernis effrité, la réalité est bien différente à en croire la chargée de campagne d’Action Aid. « Un groupe de 218 travailleurs et travailleuses kenyan·es ont déposé une plainte contre Unilever, devant l’ONU, pour non-respect des normes internationales relatives aux droits humains à la suite de violences généralisées dans la plus grande plantation de thé de la multinationale, la plantation Kericho dans l’ouest du Kenya », détaille-t-elle. L’entreprise Unilever, ainsi accusée de violences sexistes et sexuelles, est pourtant active au sein du Forum Génération Egalité !

La microfinance est-elle féministe ?

Quant à Fatima Zahra EL Belghiti, secrétaire générale d’Attac CADTM Maroc, elle démontre que la microfinance est en réalité loin d’être un modèle de développement et se rapproche plutôt d’un modèle d’exploitation. « On nous dit que la microfinance aide à lutter contre la pauvreté en créant de la richesse. Sauf que les intérêts de ces prêts sont très élevés, ils sont en moyenne de 25 à 35% à l’échelle mondiale, ce qui est largement supérieur aux intérêts demandés par les banques. On est donc loin d’un modèle de développement. Et les femmes sont bien sûr les plus impactées, car elles représentent 80% des emprunteuses/emprunteurs auprès des institutions de microfinance dans le monde. La microfinance augmente donc l’endettement des femmes » explique-t-elle. Elle poursuit en citant des alternatives proposées par des femmes  : « la revendication d’une politique de prêt à des taux d’intérêt à taux zéro, des tontines, des caisses d’épargne autogérées basées sur le don et l’égalité ».

Lors du débat, des participant·es rappellent que le féminisme est aussi traversé par des contradictions ou que les politiques institutionnelles peuvent aussi jouer un rôle pour l’égalité, si les mouvements féministes peuvent s’exprimer (comme au moment de la Conférence de Pékin en 1995). Mais aussi qu’on ne peut pas à la fois vouloir la justice sociale et avoir une économie de prédation.

En conclusion, les militant·es féministes présent·es lors de l’atelier au FSM comptent donc être vigilant·es afin que la diversité des analyses sur les causes structurelles des inégalités entre femmes et hommes s’expriment à l’occasion du Forum Génération Egalité.

Caroline Flepp 50-50 Magazine et Chloé Cohen 50-50 Magazine

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Étiquettes : Economie Pékin+25


https://www.50-50magazine.fr/2021/02/19/tous-et-toutes-feministes-mais-pour-quelles-transformations-2/

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Prostitution : FACT-S demande 2,4 milliards d’euros pour une phase II de la loi , femmes, feminisme,

23 Février 2021, 05:10am

Publié par hugo

 18 FÉVRIER 2021
France \ Société
Prostitution : FACT-S demande 2,4 milliards d’euros pour une phase II de la loi

Cinq ans après la loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées la Fédération des Actrices et Acteurs de Terrain et des Survivantes de la Prostitution, aux côtés des Personnes Prostituées (FACT – S) a évalué la situation actuelle et mesuré l’impact de la loi afin d’y apporter des améliorations. Elle demande qu’on passe à une phase II de la loi, pour assurer la sortie de 4 000 personnes par an.

L’Amicale du Nid, CAP international, la Fondation Scelles et le Mouvement du Nid composent la Fédération qui a rédigé le rapport : La situation de la prostitution en France, à partir de l’action de terrain et directement en relation avec les personnes  en situation de prostitution.

Le 13 avril 2016, la législation de la prostitution en France prend un nouveau tournant. Si depuis 1939 le racolage était un délit visant à sanctionner les prostitués, déjà dans une situation très précaire, en 2016 ce dernier est supprimé. Dorénavant, les délinquants sont les acheteurs d’actes sexuels. De fait, depuis l’instauration de la loi, près de 4000 personnes ont été verbalisées, principalement en Île de France. L’infraction est passible d’une contravention de 1500 € et en cas de récidive, celle-ci s’élève à 3750 € et cela devient un délit. Pour les clients de mineur·es, les peines peuvent aller jusqu’à 7 ans de prison. Notons que très peu de clients de mineur·es ont été pénalisés.

Légalement, les personnes prostituées sont maintenant protégés, néanmoins, des arrêtés préfectoraux que FACT-S recommande d’interdire, les ciblent toujours.

La volonté abolitionniste de la France ne s’arrête pas à la sanction. Des stages de sensibilisation et de prévention ont été mis en place pour les clients. Des processus aidant les personnes prostituées à envisager de nouvelles alternatives sociales et professionnelles ont été déployés : il s’agit des parcours de sortie de la prostitution (PSP). Ceux-ci donnent droit à une autorisation provisoire de séjour (APS) pour les personnes en situation irrégulière.

« Avant, je n’étais pas dans un monde d’êtres humains. Maintenant, je le suis »

Sur les 40 000 personnes prostituées estimées en France, dont jusqu’à 25% de mineur·es (les chiffres manquent sur le phénomène), la Fédération rencontre 8.000 personnes et en accompagne 3.000 chaque année. À Paris par exemple, le Mouvement du Nid a suivi 60 personnes dont deux hommes. 20 de ces personnes sont sorties de la prostitution. 

Mis en place en 2017, le PSP a été instauré dans le cadre de la loi. Concrètement, en plus de l’APS, il donne droit à une aide de seulement 330 € mensuels allouée pendant 2 ans maximum pour les personnes en sortie de prostitution qui n’auraient pas droit à d’autres minimas sociaux. Les personnes en PSP sont accompagnées par des professionnel·les et des bénévoles dans leurs démarches afin de réussir entièrement  leur sortie du système prostitutionnel. Depuis le début du dispositif, 564 personnes y ont eu accès (selon les derniers chiffres donnés lors du comité de suivi de la loi), et 403 de PSP sont en cours.

La majorité des prostituées en France sont des femmes étrangères, sans papiers venant d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Europe de l’Est, et d’Asie, et plusieurs sont mères de famille. De fait, la maternité est parfois le moteur pour sortir de la prostitution, en plus de la précarité aujourd’hui accrue par la pandémie. Les témoignages des bénéficiaires qui ont réussi à s’en sortir racontent la même chose. Le PSP a été la clé pour quitter la prostitution et elles ne tarissent pas d’éloges là-dessus. Elles disent se sentir libérées et beaucoup mieux dans leur vie. « Avant, je n’étais pas dans un monde d’êtres humains. Maintenant, je le suis » témoigne Hope.

Le parcours de la combattante

Cependant, il n’est pas toujours aisé d’intégrer un PSP. Le simple souhait de vouloir sortir de la prostitution n’est pas suffisant, même si cela le devrait, estime la FACT-S. Il faut redoubler d’efforts, pour montrer sa motivation et son envie d’insertion professionnelle. Il arrive que certaines personnes en situation de prostitution aient à quitter leur logement qui est souvent celui du proxénète, car il est obligatoire de s’éloigner de tout ce qui les lie à la prostitution. Il faut donc passer par la rue, ou se battre avec les administrations pour entrer dans un centre d’hébergement d’urgence (CHU) ou obtenir un logement, le temps de se retourner.

À Lyon, le Mouvement du Nid reçoit 5 demandes de PSP par semaine, mais les associations n’ont pas la possibilité d’accueillir plus de personnes. À Paris, les places aussi sont chères, les associations sont contraintes de faire attendre certaines bénéficiaires. Les associations d’accompagnement estiment qu’il faut être accompagnée au moins 6 moins plein avant de pouvoir vraiment commencer un PSP. .

La quantité de documents demandés et à renouveler ne facilite pas non plus la tâche. Ainsi, tous les six mois, il faut refaire une demande de régularisation. Il faut aussi pouvoir justifier de six mois d’accompagnement avant de prétendre au PSP. Tous ces obstacles sont en partie dus au manque de moyens et à la méconnaissance du PSP par les acteurs sociaux et publics (mission locale, pôle emploi, policier·es, etc.). La FACT-S demande que les parcours soient simplifiés, et durent un an renouvelable une fois. Elle souhaite également aligner l’aide financière allouée (l’AFIS) sur le RSA en plus de fournir une allocation pré PSP, ainsi qu’une aide au logement.

Sensibiliser et prévenir

Des stages de sensibilisation à la lutte contre l’achat d’actes sexuels ont aussi été mis en place. On y trouve des hommes âgés de 18 à 80 ans, provenant de toutes classes sociales. Célibataires, en couple ou mariés, 70% d’entre eux ont des enfants ou encore des petits enfants. Leur point commun : ils ont enfreint la loi en payant pour des rapports sexuels.

Souvent en colère ou honteux, pendant le stage, ils rencontrent des survivantes de la prostitution qui racontent leur histoire, la violence qu’était la prostitution pour elles. C’est le cas de Rosen Hicher, une survivante connue pour son militantisme à combattre la prostitution. Les stagiaires réalisent que les personnes prostituées ne sont pas libres. Certains hommes éclatent en sanglot en écoutant le parcours de Rosen Hicher. Beaucoup n’avaient pas conscience de cela et selon la Fondation Scelles, à la fin du stage, ils sont 82% à manifester leur volonté de ne plus recourir à des prostitués et 88,6 % admettent avoir acquis de nouvelles connaissances. La diffusion de ces témoignages est incontestablement un moment très fort pendant le stage. Aucun de ces hommes ne souhaitent que leur fille ou leur femme subissent ces violences. 

Mais ces stages ne sont organisés que dans une poignée de départements.

Pour une phase deux de la loi du 13 avril 2016

Pour pallier à tous ces manques, la FACT-S souhaite une phase II de la loi de 2016, car « tant que les hommes auront accès à la prostitution, il n’y aura jamais d’égalité entre les femmes et les hommes » martèle Claire Quidet, présidente du Mouvement du Nid.

Afin de continuer à lutter pour l’abolition de la prostitution et parvenir à faire baisser le nombre de ses victimes, la Fédération réclame 2,4 milliards € sur 10 ans. Cela permettrait la sortie de la prostitution de 40 000 personnes et une économie de 1,6 milliard € chaque année, selon le coût économique et social de la prostitution, calculé en 2015 (1).

En 2017, 14 millions € ont été récupérés par l’Etat sur les avoirs gelés du proxénétisme. Cet argent devait être reversé aux associations comme la loi le prévoit. Néanmoins, seulement 4,3 millions ont été reversés. Pourtant 73 % des préfet·es disent manquer de moyens et les associations aussi. Il faudrait multiplier les PSP au moins par 10, communiquer davantage sur leur existence et rallonger leur durée, soit passer de six mois à un an.

Autre recommandation de la Fédération : faire appliquer la loi partout de façon homogène. et intensifier la prévention en milieu scolaire et en particulier concernant la pornographie car «c’est de la prostitution filmée», afin que que les mineur·es ne puissent plus y avoir accès. La Fédération demande une campagne nationale de communication dénonçant la prostitution comme une très forte violence.

Comment expliquer que  l’Etat qui a très récemment mise en ligne une plateforme de lutte contre les discriminations ait “oublié” de mentionner la prostitution ?

Caroline Flepp 50-50 Magazine

1 Etude Prostcost

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Étiquettes : Politique Violences Prostitution Association


https://www.50-50magazine.fr/2021/02/18/prostitution-fact-s-demande-2-4-milliards-deuros-pour-une-phase-ii-de-la-loi/

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Femmes en parfumerie, comme une fragrance d’oubli… , femmes, feminisme,

23 Février 2021, 05:01am

Publié par hugo

 17 FÉVRIER 2021
France \ Économie
Femmes en parfumerie, comme une fragrance d’oubli…

Saviez-vous qu’Eau Sauvage de chez Dior, Moustache de chez Rochas, Vent vert de la maison Balmain, Eau d’Hermès ou encore Cœur joie de Nina Ricci sont la création de parfumeuses ? Les “nez” féminins existent pourtant depuis toujours. 

Depuis l’Antiquité, l’être humain a tenté de reproduire la délicate senteur des fleurs ou des plantes par différents procédés et mélanges naturels et chimiques afin de la conserver dans des flacons pour mieux la libérer lors de cérémonies, de rites religieux, d’actes médicaux ou de rendez-vous galants. La formule du kyphi, précieux assortiment de résines de térébenthine, vin, miel, myrrhe, safran, cannelle, raisins secs chez les Egyptien·nes, n’était transmise qu’à l’oral, le parfum étant un moyen de créer un lien entre les hommes et les dieux.

En 1555, naît le premier traité européen de la parfumerie à Venise. Catherine de Médicis popularisa différentes fragrances auprès des Reines d’Europe, Louis XIV et sa cour en abusèrent pour cacher les odeurs corporelles. Libertinage et frivolité rimaient avec poudre, fards et parfums. Synonyme de séduction, de glamour et de beauté, cet accessoire, associé à la haute couture, devient un véritable produit de luxe dans les années folles, puis dans les années 1940, sa popularisation se véhiculera à travers les stars du cinéma.

Dans l’histoire du parfum (étymologie latine Per fumum qui signifie « par la fumée »), des « nez » féminins, il y en a eu très peu, et pour cause. Pour pénétrer dans le monde très masculin de cette industrie lucrative, il faut avoir suivi des études et précisément en chimie. Or, les filles n’ont accès à l’éducation que depuis la fin du XIXème siècle. Julie-Victoire Daubié est la première bachelière en 1861, Mary Putman, la première étudiante dans l’enseignement supérieur en 1868. En 1900, les étudiantes ne représentent que 3 % dans les études supérieures, puis 10 % à la veille de la première Guerre Mondiale.

Germaine Cellier est la première « nez » qui connut la notoriété dans cet univers géré par les hommes en créant des parfums dont la qualité fut reconnue internationalement et qui continuent d’être commercialisés. En 1920, elle étudie la chimie et entre dans l’entreprise Roure Bertrand qui se fera rachetée plus tard par Givaudan. C’est le styliste Robert Piguet qui lui laissera carte blanche pour créer un parfum de sa composition dans les années 1940. Elle signe avec succès, Bandit, puis innove avec une fragrance extrêmement fraîche à base de plantes vertes, ce qui était totalement inédit pour l’époque. Vent vert de Balmain sera présenté au festival de Cannes en 1947. L’autrice Colette décrira son essence : «il a un caractère vireux de végétal écrasé à la main. De quoi plaire à ces diablesses de femmes d’aujourd’hui. »

Sa base olfactive révolutionnaire sera reprise dans N°19 de Chanel, Fidji de Guy Laroche, Tendre poison de Dior. Puis Germaine Cellier signe Cœur Joie pour Nina Ricci, vendu dans un flacon fabriqué par la maison Lalique. Le parfum Fracas la fera accéder à la notoriété aux USA. Intelligente, intuitive, d’un caractère bien trempé, Germaine Cellier a bousculé le monde du parfum grâce à ses procédés alchimistes poussés à l’extrême dont la fumeuse de cigarette invétérée détenait les secrets. Elle meurt à l’âge de 67 ans pour avoir inhalé, entre autre, trop de produits chimiques.

Thérèse Roudnitska, autre « nez » féminin, participera avec la complicité de son mari Edmond, à la fabrication de parfums dits modernes à travers leur société grassoise, Art et Parfum, créée en 1946. Le couple, tous deux chimistes, s’impose dans le monde des senteurs avec des créations célèbres comme Eau sauvage, Moustache, Diorissimo, Eau fraîche… Edmond composera un parfum exclusivement composé pour sa femme dans les années 1950. Parfum de Thérèse ne sera commercialisé qu’à la mort de ce dernier.

Monique Rémy fut l’une des pionnières à se lancer dans le développement durable en commercialisant des fleurs naturelles et en produisant des matières premières pures pour les grands noms de la parfumerie dont la marque Chanel. Sa société grassoise est rachetée par la société Flavors and Flagrances France, filiale du géant américain IFF, l’une des plus grandes sociétés de parfums internationales. “Si j’ai pu réussir, c’est grâce au fait d’être une femme, car mes concurrents, tous masculins à l’époque, ne se sont pas méfiés de moi, tellement ils étaient sûrs que j’allais échouer, précisément parce ce que j’étais une femme !” raconte Monique Rémy dans Les Femmes en parfumerie. De la terre au flacon, de Rafaëla Capraruolo.

Aujourd’hui, les étudiantes en chimie et en écoles de parfumerie sont de plus nombreuses à désirer capter les essences et à innover avec leur propre création. Alors Messieurs, méfiez-vous des parfumeuses, elles ne se contentent plus du flacon pour obtenir l’ivresse !

Laurence Dionigi 50-50 Magazine

Rafaëla Capraruolo Les Femmes en parfumerie. De la terre au flacon Ed. Soroptimiste 2019

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Chronique l’aire du psy: Réaction aux réactionnaires sénatrices et sénateurs , femmes, feminisme, sante ,

23 Février 2021, 04:59am

Publié par hugo

 16 FÉVRIER 2021
Chroniques
Chronique l’aire du psy: Réaction aux réactionnaires sénatrices et sénateurs

Que s’est-il donc passé au Sénat en ce début février 2021 ? Que se passe-t-il dans la tête des sénatrices/sénateurs pour contester à une femme la possibilité juridique de pouvoir être enceinte au moyen d’une assistance médicale à la procréation ? Néanmoins, le Sénat a décidé d’autoriser la PMA post-mortem, qui permet à une femme de poursuivre son projet d’enfant en cas de décès du conjoint, si un embryon est déjà créé. Cette logique du plutôt un père mort que pas de père est troublante, sinon glaçante. Pourquoi la venue au monde d’un bébé, dont le géniteur aurait disparu avant même que la grossesse ne s’engage, serait-elle jugée recevable, alors que la disjonction entre don de sperme et parentalité serait contestée à une femme seule ou à un couple homoparental ?

Le week-end précédent ce vote, La Manif pour tous reprenait du service, comme si clamer « Un papa et une maman pour chaque enfant » rendait compte de ce qui allait permettre le développement harmonieux d’un enfant et la garantie normée de son bonheur à venir. Pourtant la famille constitue bien l’un des lieux privilégiés au sein de laquelle peut se déployer la violence, qu’elle soit physique, psychologique ou meurtrière.

C’est étonnant cet « Au nom du père » que revendiquent nombre de traditionnalistes. A l’heure où le mouvement #MeToo s’étend à un #MeTooInceste et que sont de plus en plus dénoncées les violences masculines, quelle est donc cette drôle d’idée qu’afin que le père symbolique opère, un couple hétérosexuel serait une condition incontournable ? Pourquoi cette fixation autour d’une paternité fantasmatique déclarée indispensable ? Comment supposer que le désir sexuel du/des parents exercerait un impact plus nocif selon l’orientation dudit désir ?

Il faudrait revoir le film Un Français (1), qui se situe notamment dans les milieux d’extrême droite, mais dont la fin est emblématique. On me pardonnera de spoiler l’issue du film. Marco, le personnage principal incarné par Alban Lenoir, ancien skinhead, ancien garde du corps d’un parti extrémiste, n’a plus de droit de visite de son enfant. Il regarde dans la solitude et le désœuvrement son téléviseur et aperçoit soudain sa fille devenue jeune adolescente. Elle manifeste contre le mariage pour tous aux côtés de sa mère et de son nouveau compagnon. Ils forment une famille convenable. Elle brandit une pancarte sur laquelle figure le slogan « Un enfant = un papa + une maman ». On voisine alors entre l’absurdité et la cruauté de cette situation. Lui, le père (le vrai), comme le revendiquent les opposant·es à la PMA est privé de contacts avec sa fille, tandis que la garde exclusive est réservée à sa mère, nationaliste au racisme assumé. Elle a banni ce père, qui a déchu à ses yeux.

Enfant naturel !

Quelles étaient donc les valeurs familiales de ces notables d’antan, qui engrossaient leurs servantes, lesquelles devenaient des filles mères et leurs progénitures des bâtards ? Cela avait cours dans des milieux bien pensants, catholiques le plus souvent. Qui sont donc ces pères la morale, qui prétendent édicter ce que devrait être une famille ? De bâtard, il ne reste aujourd’hui que l’invective propre à en découdre entre adolescent·es. Il aura fallu attendre 2005 pour que le terme d’enfant naturel soit aboli et que disparaisse la distinction entre enfants naturels et enfants légitimes ! Les enfants né·es hors mariage étaient jusqu’en 2005 considéré·es comme illégitimes !

Il est des femmes, qui enfantent et sont des mères absentes. Il en est d’autres, qui accouchent sous X abandonnant le nouveau-né. Il est des hommes, qui apportent leur semence et disparaissent lorsqu’ils apprennent qu’ils pourraient devenir des pères. Il est des couples, qui désirent avoir un enfant et dont l’union s’avère infertile jusqu’à les conduire à s’engager dans un processus d’adoption. Lorsque cette démarche d’adoption aboutit, on observe parfois une levée de l’infertilité. S’engage alors une grossesse inattendue, qui débouche sur l’arrivée quasi simultanée d’enfants d’âges différents chez un couple subitement propulsé dans une parentalité multiple.

Des couples, des femmes, des hommes ne peuvent avoir d’enfants. Depuis le 24 février 1982, Amandine, le premier bébé éprouvette a vu le jour, et même si dans les cabinets de psychanalyste, la question de comment on fait les bébés agite toujours les fantasmes des analysant·es démontrant que la production des théories sexuelles infantiles reste inépuisable, il n’en demeure pas moins que la science s’est immiscée dans la conception.

Avec la Fécondation In Vitro, la Procréation s’est vue Médicalement Assistée. Aujourd’hui la PMA est devenue AMP : Assistance Médicale à la Procréation. La médecine néonatale a fait des progrès considérables, dont on peut se réjouir. Mais, il faut néanmoins constater combien le suivi d’une grossesse est propice à maintes angoisses au travers du dépistage et combien la survie des prématurés est de plus en plus précocissime. Tous ces bébés n’ont rien de naturel,  selon l’idée de nature défendue par la manif pour tous et consorts. Leur survie, leur existence sont conditionnées par l’intervention de nombreux spécialistes. De fait, l’hétérosexualité n’est plus requise dans la conception d’un enfant. La fétichisation du masculin nécessaire que revendique La Manif pour tous ne fonde pas qu’il y aura du père dans le psychisme de l’enfant. Ce qui compte, c’est l’altérité.

Non, mesdames/messieurs les sénatrices/sénateurs, il est de multiples façons de faire des bébés et votre empêchement législatif est une erreur cognitive et un rétrécissement intellectuel. Non vous ne savez rien de ce qui doit présider aux conditions de la naissance d’un enfant ! Vos préjugés vous aveuglent et vous empêchent tout discernement adapté à l’évolution sociétale. Les lois sont faites pour protéger les citoyen·nes, pas pour protéger des idéologies rétrogrades, dont vous seriez les protectrices/protecteurs ! Qu’est-ce qu’un père, qu’est-ce qu’une mère, restent des questions d’une complexité face à laquelle la clinique nous invite à rester humbles et curieuses/curieux de chaque arrangement singulier.

Ce qui est troublant dans ces positionnements, c’est l’intolérance clamée au nom des dieux et le modèle normatif, qui devrait, par voie de conséquence, s’imposer à tou·tes, comme si la norme était à ce point fragile et vulnérable, qu’elle pourrait disparaître si les « déviances » étaient tolérées. Parmi ces enfants devenu·es grand·es que leurs parents avaient emmener manifester contre le mariage pour tous, l’une se souvient des propos de sa mère : « Elle m’a dit qu’on manifestait pour empêcher les homos de faire un péché mortel aux yeux de Dieu en se mariant. » (2) Je trouve très étrange que le blasphème sous ses diverses déclinaisons soit si menaçant pour les croyant·es, pour les cultes. L’acte de foi est une affaire personnelle. C’est un acte énigmatique, puisqu’il ne repose sur aucune autre preuve matérielle ou scientifique que la conviction partagée collectivement. En quoi, celles et ceux qui n’y adhèrent pas menaceraient elles/ils les convaincu·es ?

Le brouillage produit par le vote du Sénat entre foi et loi, entre traditionnalistes et pressions électoralistes ne dit rien qui vaille.

Daniel Charlemaine 50-50 magazine

1 Un Français, un film de Patrick Asté dit Diastème sorti en 2015.

2 ​Citation de l’article : “Moi, je ne voulais pas insulter les gens : des enfants de La Manif pour tous face au souvenir des défilés” Le Monde 31/01/2021.

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Lettre ouverte de Muriel Salmona à Emmanuel Macron , femmes, feminisme , violences,

23 Février 2021, 04:29am

Publié par hugo

12 FÉVRIER 2021
Articles récents \ DÉBATS \ Tribunes
Lettre ouverte de Muriel Salmona à Emmanuel Macron

Lettre ouverte pour que les décisions politiques en matière de lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants soient à la hauteur de l’urgence et de l’ampleur et de la gravité de ces actes cruels, dégradants et inhumains que sont ces violations majeures des droits humains.

Monsieur Le Président de la République, Monsieur Emmanuel Macron,

Il vous a fallu sept jours M. le Président, pour prendre la mesure de l’ampleur historique du mouvement #metooinceste avec ses 80 000 témoignages postés le week-end du 16 et 17 janvier 2021 sur twitter, et pour que vous y réagissiez le 23 janvier par une vidéo postée sur twitter en reconnaissant l’urgence d’agir et la nécessité d’un changement radical de société. Vous vous êtes engagé auprès des victimes de violences sexuelles dans l’enfance à les entendre, à les protéger et à ne laisser aucun répit aux agresseurs, et donc à lutter contre l’impunité qui prévalait jusqu’à aujourd’hui.

Vous avez tenu des paroles fortes : «On est là. On vous écoute. On vous croit. Et vous ne serez plus jamais seuls». «Ces témoignages, ces paroles, ces cris, plus personne ne peut les ignorer. Contre les violences sexuelles faites à nos enfants, c’est aujourd’hui à nous d’agir». Et Monsieur Adrien Taquet le Secrétaire d’État à l’Enfance et aux familles a renchéri en déclarant : «Il est temps de répondre à l’urgence du changement mais également de rompre avec le déni et le silence sur lesquels notre société s’est en partie construite». Il a fallu du temps et une détermination sans faille des victimes et de toutes celles et ceux qui les défendent pour que l’ampleur et la gravité de cette pédocriminalité soit enfin reconnue, et que protéger tous les enfants, se porter au secours de ces victimes, les prendre en charge, leur rendre justice et lutter contre son impunité soit considéré comme une urgence et une priorité politique.

Pourtant ce n’est pas faute, dès le début de votre mandat, de vous avoir alerté ainsi que votre gouvernement sur la réalité de ces graves violations des droits humains, le problème majeur de société et de Santé Publique qu’elles représentaient, et l’urgence d’agir : d’abord avec une lettre ouverte que je vous ai adressée en mai 2017, ensuite j’ai remis à Mme Marlène Schiappa qui était secrétaire d’État à l‘Égalité entre les femmes et les hommes, le 20 octobre 2017 un Manifeste contre l’impunité des crimes sexuels et ses 10 mesures urgentes à mettre en place co-signé par 29 associations et ONG et qui a recueilli pour sa pétition de soutien “Stop à l’impunité des crimes sexuels” plus de 106 200 signatures à ce jour.

Lors du vote de la loi du 3 aout 2018 j’ai alerté sur le fait que cette loi était un fiasco en ce qui concerne la protection des enfants contre les violences sexuelles. Puis j’ai alerté M. Adrien Taquet dès qu’il a été nommé en janvier 2019, et je lui ai remis à plusieurs reprises tous les documents, enquêtes, recherches nécessaires et j’ai participé à plusieurs auditions et groupes de travail. Enfin, après vous avoir à nouveau directement alerté lors d’un échange à l’Elysée, à l’occasion du 30ème anniversaire de la signature par la France de la Convention internationale des droits de l’enfant le 28 janvier 2020, j’ai été reçu à votre demande le 3 mars 2020, par votre conseillère Mme Constance Benssoussan à qui j’ai transmis toutes les informations et remis tous les documents nécessaires.

Entre temps des enquêtes celles de VIRAGE, de l’’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) puis d’inter-stars, de Face à l’inceste ainsi que l’enquête de mon association sur les violences sexuelles dans l’enfance dont les résultats ont été rendus publics en octobre 2019, ont montré l’ampleur indiscutable de cette pédocriminalité et son aggravation. De plus, depuis 2017 le mouvement mondial #MeToo, de nombreuses actions et plaidoyers de toutes les associations et personnalités engagées luttant contre ces violences, des campagnes dont Stop Prescription et actions avec nos associations partenaires, et de nombreux témoignages, ouvrages, articles, pièces de théâtre, films, documentaires ont rendu encore plus visible ces dernières années cette pédocriminalité, jusqu’à la déflagration du livre de Camille Kouchner qui a fait voler en éclat le déni, la loi du silence et la propagande anti-victimaire si efficace jusque là pour faire disparaître les crimes et bâillonner les victimes. La couverture médiatique du livre de Camille Kouchner La Familia grande dans lequel elle a témoigné des viols subis par son frère jumeau, a été exemplaire. Les médias se sont mis résolument mise du côté des victimes et, en donnant une large tribune à celles et eux qui se battent quotidiennement pour elles, ont offert aux victimes de cette pédocriminalité incestueuse, une légitimité et une sécurité inédite pour en témoigner et faire entendre la clameur de leurs voix avec une puissance jusque là jamais égalée : rappelons-le 80 000 tweets avec le hashtag #metooineste en 48 h et un retentissement international ! 

Malgré tout ce temps perdu, nous ne pouvons que saluer votre engagement et apprécier qu’il s’accompagne de mesures immédiates de dépistage systématique en milieu solaire, de remboursement des soins psychologiques, et d’une volonté d’adapter la loi pour mieux protéger les enfants (une consultation est en cours, et j’ai été auditionnée le 26 janvier à la Chancellerie par le Garde des Seaux et le secrétaire d’État à l’enfance à qui j’ai pu présenter nos attentes et nos propositions). C’est un signal positif mais il s’agit de ne pas en rester là, il faut que ces paroles se traduisent en actes. Le chantier est énorme et nécessite très de nombreuses réformes et des moyens humains et financiers très importants à la hauteur de l’urgence et la gravité de ces crimes. Mais pour opérer un changement radical, l’État ne peut pas faire l’économie de se remettre en question et de reconnaître la faillite totale de toutes ses institutions et les fautes graves dont il est responsable.

L’État a failli à toutes ses obligations internationales, à savoir celles de prévenir ces violences, protéger et prendre en charge les victimes et punir les agresseurs. Un état des lieux de cette faillite de toutes nos institutions accompagné d’une analyse précise de ses causes est indispensable afin d’y remédier et d’en assumer la responsabilité. Et il va falloir rendre des comptes et réparer toutes les victimes qui ont été abandonnées, mises en danger, laissées pour compte, sans protection, sans prise en charge ni soins, sans justice ni réparation : leurs droits ont été piétinés et elles ont subi une cascades d’injustices, de lourds préjudices et une scandaleuse perte de chance en terme de santé et d’intégration sociale. Et il faudra rendre hommage à toutes ces victimes survivantes. Beaucoup en sont mortes précocement, presque toutes en ont été lourdement traumatisées à long terme.  Avoir subi des violences sexuelles dans l’enfance et ne pas avoir été protégé, ni pris en charge, représente le premier facteur de risque de mort précoce, de suicide et tentatives de suicide, de dépressions à répétition, de troubles alimentaires, de conduites addictives (alcool, drogues), de mises en danger, de subir à nouveau des violences, de troubles cardio-vasculaires, pulmonaires, de diabète, de troubles immunitaires, gynéco-obstétricaux, digestifs, de cancers, etc. avec également de lourdes conséquences sur la vie professionnelle, affective et sexuelle. La perte de chance est énorme !

Pourquoi en France les médecins ne sont-ils toujours pas systématiquement formés au psychotraumatisme ? Près de 80% des professionnel.les de santé ne font pas de liens entre les symptômes que présentent les victimes et les violences qu’elles ont subies ! Pourquoi ne sont-elles/ils pas former à dépister et prendre en charge ces victimes, à signaler ces violences et à soigner les traumas des victimes ? Pourquoi l’offre de soins spécialisés est-elle aussi indigente ? Pourquoi n’y a-t-il pas comme le recommande la convention d’Istanbul des centres de prises en charges pour victimes de viol ouvert 24h/24 et des centres du psychotrauma ds chaque département ou par bassin de 200 000 habitant.es ? Pour rappel, seuls 10 centres du psychotrauma ont été crées, au lieu des 100 prévus et 5 autres spécifiquement dédiés pour les enfants victimes verront le jour prochainement. Comment a-t-il été possible que si peu de personnes à tout niveau, proches, professionnels, institutions, se soient préoccupées du sort de ces enfants et des tortures qu’ils subissaient ?

Pourquoi si peu de personnes ont eu peur pour ces enfants ? Pourtant beaucoup savaient, près de 70% des victimes ont parlé mais pour les 3/4 d’entre elles cela n’a servi à rien, seules 8% ont obtenu une protection. Non seulement ces victimes ont dû survivre seules aux violences et ensuite à leurs conséquences psychotraumatiques (sans prise en charge spécialisée, la mémoire traumatique est une torture qui fait revivre sans fin les pires moments des violences), mais on les a culpabilisées, on leur a fait honte, on les a rendu responsables de leurs malheurs et de leurs souffrances, on leur a cruellement reproché leurs symptômes, leurs stratégies de survie. On les a niées, piétinées, maltraitées, bâillonnées jusqu’à les effacer pour beaucoup d’entre elles. Comment une telle injustice, une telle inhumanité a-t-elle été possible ? Pourquoi a-t-on toléré une telle impunité ? Pour rappel les condamnations pour viols ont diminué de 40% en 10 ans, alors qu’il y a moins de 10% de plaintes pour viols, 74% de celles-ci sont classées sans suite et sur les 26% instruites la moitié sont déqualifiées et au final, seules 10% des plaintes pour viol sont jugées en cour d’assise (infostat justice 2018).

Il faut réformer la protection de l’enfance, la santé, la justice, leur donner des moyens humains et financiers suffisants. Il faut tout mettre en œuvre pour que les enfants soient protégés de ces violences sexuelles. Actuellement 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 13 sont victimes de ces violences qui sont incestueuses pour la moitié d’entre elles, subies en majorité avant 10 ans, et commises plus de 9 fois sur 10 par des hommes. C’est intolérable ! Il faut former tous les professionnel.les en contact avec les enfants et avec toutes les victimes adultes de ces violences dans l’enfance quel que soit leur âge. Il faut organiser un dépistage systématique universel et développer une culture de la protection.

Il faut changer la loi, l’adapter à la spécificité des crimes sexuels sur enfants, améliorer son application en rendant les enquêtes et les instructions plus performantes avec des policier.es, des gendarmes et des magistrat.es plus nombreuses/nombreux et spécialement formé.es, en prenant en compte les preuves médico-légales basées sur les symptômes psychotraumatiques, en exigeant une formation au psychotrauma des expert.es, en bannissant le recours à des stéréotypes sexistes, des fausses-représentations et des théories anti-victimaires (SAP, faux-souvenirs) qui nuisent gravement aux victimes et aux mères et personnes protectrices, en créant des commissions indépendantes qui reprennent les plaintes qui n’ont pas été traitées. Nous demandons, pour mieux lutter contre l’impunité de la pédocriminalité, un seuil d’âge du non-consentement à 15 ans, et 18 ans en cas en cas d’inceste, de rapport d’autorité et de handicap majeur avec une abrogation du délit d’atteinte sexuelle et des déqualifications, une imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineur.es et une levée de prescription pour les crimes en série (prescription glissante) et une reconnaissance de l’amnésie traumatique comme obstacle majeur.

Il n’est pas tolérable que les procédures judiciaires soient si maltraitantes pour les victimes (notre grande enquête IVSEA de 2015 a montré qu’elles augmentaient de manière significative le risque suicidaire), il est tout aussi intolérable que leurs symptômes psychotraumatiques soient cruellement retournés contre elles pour mettre en cause leur témoignage alors que ce sont des conséquences universelles des violences (sidération, dissociation et mémoire traumatique). Il n’est pas tolérable que la loi traite les violences sexuelles faites aux enfants comme celles faites aux adultes en recherchant la violence, contrainte, menace ou surprise, ce qui implique de rechercher le consentement de l’enfant alors que celui-ci ne peut pas être valide, ni libre, ni éclairé, et que des actes sexuels commis sur des enfants par un adulte avant 15 ans sont forcément des actes violents (18 ans en cas d’inceste, de rapport d’autorité, de handicap majeur).

Il n’est pas tolérable que de graves atteintes à la dignité ne soient pas constitutives de violences quand bien même celles-ci paraissent consenties. La prévention passe par la sensibilisation et une information de qualité sur les violences, leurs conséquences, à la loi et aux obligations de protection, de secours et de signalement et toutes les ressources disponibles, par une assistance à la parentalité, à un dépistage systématique universel auprès des enfants, mais également à tout âge. Il faut également une éducation au respect des droits des enfants et à l‘égalité entre les femmes et les hommes, une éducation non sexiste et non discriminatoire, et une éducation sexuelle centrée sur le respect de l’intégrité et de la dignité d’autrui, de son consentement, où toute forme de violence est exclue

Il n’est pas question de nous décevoir, nous avons tant attendu. Les droits des victimes de ces crimes qui ont été tant piétinés, doivent enfin être intégralement respectés. Il s’agit d’une urgence, des milliers d’enfants sont à l’heure actuelle en train de subir ces crimes. Tout doit être fait pour protéger les enfants de ces actes cruels dégradants et inhumains comme les qualifie la Cour européenne. Secourir les enfants qui en sont victimes, les prendre en charge, leur offrir les soins nécessaires, leur rendre justice est un impératif humain absolu. Lutter contre l’impunité de ces crimes, poursuivre et punir les pédocriminels et de les empêcher de réitérer ces crimes est une obligation. Pour cela, il est indispensable de faire de la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants une priorité politique, comme le recommande le Conseil de l’Europe dans sa résolution 2330 du 26 juin 2020. Je vous rappelle que la résolution 2330 exhorte les États européens à supprimer les délais de prescription et instaurer un seuil d’âge du non consentement à 18 ans (pour rappel nous demandons l’imprescriptibilité des crimes sexuels, une levée de prescription pour les crimes en série et lors d’obstacle insurmontable comme l’amnésie traumatique, ainsi qu’un seuil d’âge du non consentement à 15 ans et à 18 ans en cas d’inceste, d’auteurs ayant autorité et de situations de handicap majeurs). Il est temps de remettre le monde à l’endroit pour nos enfants, de le rendre plus juste et moins inégalitaire : l’ampleur de ces violences sexuelles faites aux enfants, leur gravité, leurs conséquences catastrophiques sur la vie et la santé à long terme des victimes aggravent les inégalités, augmentent les situations de précarité, représentent un problème de santé publique majeur, ce sont des crimes qui ont des répercussions très graves sur les victimes, sur leurs proches, de génération en génération.

Ces violences sexuelles faites aux enfants sont particulièrement injustes elles sont sexistes et ciblent les plus vulnérables et discriminés : les enfants les plus jeunes, les filles majoritairement, les enfants handicapé.es (3 à 4 fois plus de risque de subir ces violences), les enfants, placé.es, orphelin.es, mineur.es étranger.es, etc. Elles détruisent le tissu social, aggravent les inégalités les discriminations et les handicaps, elles entraînent pour les victimes des risques importants de se retrouver en situation de grande précarité, de marginalisation, et de situation prostitutionnelle. Laisser ces crimes impunis, abandonner les victimes, fabrique de la souffrance et des injustices sans fin et ne fait qu’aggraver la délinquance et la criminalité. Nous ne voulons pas de ce monde ! Le moment est historique et le monde nous regarde. Toutes les victimes, leurs proches et celles et ceux qui les défendent vous demandent Mr Le Président d’entendre leurs voix et leurs revendications pour que la vérité soit enfin reconnue et que tous leurs droits soient respectés Il s’agit d’ouvrir enfin les yeux et de ne plus jamais les refermer sur ces crimes et de les reconnaître à hauteur de ce qu’ils sont : des actes inhumains d’une grande barbarie. Il s’agit de reconnaître l’intentionnalité destructrice des pédocriminels qui jouissent de terroriser des enfants, de les réduire à néant, de les déporter de leur enfance et d’en faire des objets à exploiter sexuellement, de les dégrader et de les salir, de les terroriser, de les faire basculer dans un univers où tous leurs repères disparaissent, où leurs besoins les plus fondamentaux sont piétinés.

Ces violences sexuelles commises sur les enfants sont de très graves violations des droits humains, de plus en plus assimilés à de la torture en droit international. Extrêmement destructrices et traumatisantes, elles sont à l’origine de graves atteintes à la dignité et à l’intégrité physiques et mentales des victimes qui vont avoir, si les victimes ne sont pas protégées et soignées de très lourdes conséquences à long terme sur la santé mentale et physique des victimes et sur toute leur vie. Ce sont également des violences sexistes et discriminatoires qui aggravent les inégalités et entraînent un risque important de précarité. Le fait que l’Etat ne remplisse pas ses obligations entraîne une perte de chance énorme pour les victimes et une mise en danger de tous les enfants. Il s’agit d’entendre les victimes et non plus seulement leurs agresseurs tout-puissants qui ont imposé un discours mystificateur et une propagande anti-victimaire très efficace pour effacer ou maquiller leurs crimes et pour bâillonner les victimes, et faire de celles qui essayaient malgré tout de dénoncer ce qu’elles avaient subi, des coupables ou des personnes n’ayant aucune valeur ni aucune légitimité. Ces discours se sont imposés grâce à l’impunité quasi-totale dont les pédocriminels ont bénéficié et ont gangréné notre société qui a développé une inconcevable tolérance vis à vis de ces crimes avec une culture du déni et du silence, et des stéréotypes sexistes et des représentations mystificatrices des victimes qui leur ont vision très négative .

La tolérance vis à vis de la pédocriminalité, son impunité, la propagande anti-victimaire dominante et sa culture du viol qui ont fait des victimes des coupables et des êtres humains ayant moins de valeur que leurs agresseurs, ont rendu notre société irrespirable, il est plus que temps de les dénoncer et de leur mener une guerre sans merci. Les voix de toutes les victimes de pédocriminalité qu’elles aient subi des incestes ou d’autres violences sexuelles, sont devenues puissantes et elles ont balayés toutes les couches épaisses qui les recouvraient et leur imposaient le silence. Elles s’élèvent et réclament justice et la fin de l’impunité.

L’État a l’obligation d’agir pour prévenir ces violences sexuelles faites aux enfants, protéger et prendre en charge les victimes et poursuivre et punir les auteurs. Ne pas remplir ces obligations expose l’Etat à en répondre face à une juridiction pénale internationale. Nous espérons que votre réponse politique sera à la hauteur des espoirs de toutes les victimes de ces crimes et de toutes celles et ceux qui les soutiennent, qu’elle sera suffisamment courageuse et ambitieuse, qu’elle assurera une véritable protection à tous les enfants, qu’elle rendra justice, dignité et réparations à toutes les victimes et leur offrira la protection, les aides et les soins qui leur est indispensable. Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de ma respectueuse considération.

Dre Muriel Salmona, psychiatre, Présidente et fondatrice de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, Membre du Comité scientifique de la Chaire Internationale Mukwege, Auteure du Livre noir des violences sexuelles.

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L'avortement hors la loi au Honduras , femmes, feminisme, IVG ,

22 Février 2021, 03:32am

Publié par hugo

 L'avortement hors la loi au Honduras
Une manifestante mobilisée contre l'adoption d'un article de loi durcissant l'interdiction de l'avortement, dans un pays où elle est déjà l'une des plus strictes au monde, Tegucigalpa, 26 janvier 2021. <br />
©page fb/Somos muchas
Une manifestante mobilisée contre l'adoption d'un article de loi durcissant l'interdiction de l'avortement, dans un pays où elle est déjà l'une des plus strictes au monde, Tegucigalpa, 26 janvier 2021. 
©page fb/Somos muchas
©capture Facebook/somos muchas
Une manifestante mobilisée contre l'adoption d'un article de loi durcissant l'interdiction de l'avortement, dans un pays où elle est déjà l'une des plus strictes au monde, Tegucigalpa, 26 janvier 2021. <br />
©page fb/Somos muchasDes femmes manifestent le Jour de la Femme au Honduras, pour protester contre l'adoption d'un article de loi durcissant l'interdiction de l'avortement, dans un pays où elle est déjà l'une des plus strictes au monde, Tegucigalpa, 26 janvier 2021. 
16 FÉV 2021
 Mise à jour 16.02.2021 à 13:17 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Le Honduras vient de durcir - un peu plus encore - sa loi interdisant l'avortement. Pour les associations de défense des droits des femmes, l'article 67 adopté fin janvier grave dans le marbre l'interdiction totale de l'IVG. Des milliers de femmes sont hospitalisées chaque année suite à des avortements clandestins effectués dans de mauvaises conditions sanitaires. Parmi elles, de très jeunes filles, entre 10 ans et 14 ans.  
Elle était déjà l'une des plus strictes au monde. La voilà désormais en tête de liste. Le parlement du Honduras, à majorité conservatrice, a approuvé une réforme constitutionnelle qui durcit encore l'interdiction de l'avortement.

L'article 67 de la Constitution révisé stipule désormais que toute interruption de grossesse "par la mère ou par un tiers" est "interdite et illégale", mais surtout que cette clause "ne pourra être réformée que par une majorité des trois quarts des membres du Parlement".

"La pratique de toute forme d’interruption de la vie de l’enfant à naître, dont il faut respecter la vie à tout moment, est considérée interdite et illégale, précise désormais l’article 67. Les dispositions légales qui seraient créées après l’entrée en vigueur du présent article et qui établiraient le contraire seront nulles et non avenues."

Ce "bouclier contre l’avortement au Honduras" avait été présenté le 11 janvier par un député du Parti national au pouvoir, Mario Pérez. Il s'était justifié par sa volonté de stopper "la vague de réformes constitutionnelles dans des pays d’Amérique latine, encouragées par des gouvernements de gauche, destinées à légaliser l’avortement, comme cela a eu lieu en Argentine récemment". 


L'avortement est interdit au Honduras par la Constitution depuis 1982. C'est l'un des rares pays au monde qui interdit l'avortement y compris en cas de viol ou d'inceste, de malformation grave du foetus ou quand la vie ou la santé de la mère sont menacées.

Notre dossier Terriennes sur l'avortement >Le droit à l'avortement dans la tourmente
IVG : une interdiction gravée dans le marbre
Selon la députée d'opposition, Doris Gutierrez, "ce qu'ils ont fait, c'est graver cet article dans le marbre parce qu'on ne pourra jamais le réformer s'il faut 96 voix", sur les 128 que compte le Parlement.


Des groupes de défense des droits des femmes se sont mobilisés ces dernières semaines pour exiger du Parlement qu'il autorise l'avortement dans certains cas, comme le viol. Les organisations féministes ont souligné que plus de 10% des grossesses en 2017 ont été constatées chez des adolescentes et que 775 adolescentes sont tombées enceintes en 2016 après un viol.

Les députés "se moquent bien de savoir si nous avons été violées, si nous mourons, ou si nous restons seules en charge d'un enfant en état végétatif ou s'il est mort-né", ont-elles dénoncé dans un communiqué de presse.

"En 2019, dix mille femmes ont dû être hospitalisées à la suite d’avortements effectués dans de mauvaises conditions sanitaires. Le pays recense une mort maternelle tous les trois jours. En 2019, 822 fillettes âgées entre 10 ans et 14 ans ont accouché", explique Merary Avila, du collectif Somos Muchas, dans Le Monde. 

Même l'ONU s'était exprimée pour dire son émotion après ce vote. Selon l’Organisation des Nations unies, un accouchement sur quatre concerne une jeune fille de moins de 19 ans. Entre 51 000 et 82 000 avortements auraient lieu chaque année, rapporte également le quotidien français. 


IVG interdit et féminicides en hausse
Des centaines de Honduriennes ont manifesté le 26 janvier à Tegucigalpa contre l'article 67. Les manifestantes ont défilé le jour de la célébration au Honduras de la Journée de la femme et de l'anniversaire du droit de vote pour les femmes dans ce pays, en 1955. Elles protestaient également contre le grand nombre de féminicides.


[Aujourd'hui, nous commémorons la journée des femmes honduriennes dans les rues, exigeant que nos droits soient respectés. Ensemble, nous renverserons le patriarcat, nous continuerons à nous battre pour toutes les femmes et les filles de ce pays parce que la révolution sera féministe, ou elle ne le sera pas, et nous continuerons jusqu'à ce que la dignité devienne une habitude.]

En 2020, la police a reçu plus de 90 000 appels au secours pour des agressions, et il y a environ 2 300 plaintes pour agressions sexuelles chaque année au Honduras, selon les organisations de défense des droits des femmes. Entre 2009 et 2020, plus de 5 406 femmes ont été assassinées, soit une moyenne de neuf femmes par semaine, ont-elle encore dénoncé.


(Re)lire notre article > Au Honduras, une "épidémie" de meurtres de femmes
Selon le Centre des droits des femmes (CDM), quelque 3 000 femmes – proportionnellement deux fois plus qu’en France, rapporté à la population de 9 millions d’habitants – ont porté plainte pour violences sexuelles en 2017. A peine 1,7 % ont obtenu une condamnation de leur agresseur.​ Un programme pour l’égalité des genres appelé "Ciudad Mujeres" met en place les moyens de lutte contre la violence à l’encontre des femmes dans les cinq départements les plus affectés du pays, par le biais d’un "mécanisme pour les femmes" (source ONU-femmes, ndlr). Selon un rapport de l'ONU publié en 2017, le Honduras reste l'un des pays les plus dangereux pour les femmes dans le monde. 

Le durcissement contre l'IVG était à peine voté que la mort dans des conditions suspectes d'une jeune infirmière de 26 ans à La Esperanza venait s'ajouter à la colère des associations féministes. Keyla Patricia Martinez a été interpellée par la police, en état d'ébriété selon les policiers, le 6 février dernier, alors qu'elle était en voiture en compagnie d'un ami gynécologue. Mais sa mort, visiblement par étouffement, présentée tout d'abord comme un suicide, pourrait bel et bien selon l'autopsie, constituer un nouveau féminicide, un de plus, de trop... Un vaste mouvement s'est créé sur les réseaux sociaux, honduriens et au-delà, pour réclamer #JusticiaParaKeyla.


A lire aussi d'autres articles sur le droit à l'avortement :
>Restrictions du droit à l'avortement en Pologne : application immédiate
>L'Argentine rejoint le cercle restreint des pays d'Amérique du Sud autorisant l'avortement
>L'IVG dans le monde : de la prise en charge au crime passible de prison
>Avortement : vers un prolongement du délai légal de l'IVG en France ?
>L'avortement dépénalisé en Nouvelle-Zélande
>L'accès à l'avortement : un enjeu électoral au Canada
>Etats-Unis : en Alabama, le droit à l'avortement en "bonne" voie d'interdiction
TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 16.02.2021 à 13:17
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https://information.tv5monde.com/terriennes/le-honduras-pays-ou-l-interdiction-de-l-avortement-est-l-une-des-plus-strictes-au-monde
 

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