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Le blog de hugo,

Aux Etats-Unis, toujours plus de femmes candidates aux élections parlementaires , femmes, politique,

15 Août 2020, 00:21am

Publié par hugo

TERRIENNES
Election américaine 2020 : une femme vice-présidenteLes femmes politiques
Aux Etats-Unis, toujours plus de femmes candidates aux élections parlementaires
<p>Une femme dépose son bulletin dans une urne à Newark, ce 7 juillet 2020. Du fait de l'épidémie de la COVID-19, la majorité des démocrates et républicains ont voté par scrutin postal pour désigner leurs candidats aux élections présidentielle et parlementaire. </p>
Une femme dépose son bulletin dans une urne à Newark, ce 7 juillet 2020. Du fait de l'épidémie de la COVID-19, la majorité des démocrates et républicains ont voté par scrutin postal pour désigner leurs candidats aux élections présidentielle et parlementaire. 

©AP Photo/Seth Wenig
10 AOÛ 2020
 Mise à jour 11.08.2020 à 23:34 par 
Terriennes
 
Avec AFP
Un nombre record de femmes se présentent à la Chambre des représentants pour les élections du 3 novembre 2020, après un précédent record en 2018, dans le sillage du mouvement #MeToo. Une poussée surtout sensible chez les républicains. 

Déjà "243 femmes ont décroché leur candidature pour un siège à la Chambre américaine" lors des élections parlementaires du 3 novembre, "un nouveau record", écrit le Centre pour les femmes américaines en politique (CAWP), qui dépend de l'université Rutgers et fait référence en la matière. 

"Le précédent record de 234 avait été atteint en 2018", poursuit le centre spécialisé, précisant que puisque des primaires doivent encore être organisées dans 13 Etats, le nombre actuel de candidates "devrait encore augmenter". 

 

<p>Bureau de vote mobile à Lancaster, en Californie le 12 mai 2020.</p>
Bureau de vote mobile à Lancaster, en Californie le 12 mai 2020.

©AP Photo/Marcio Jose Sanchez


Fait marquant cette année, 74 femmes républicaines sont déjà candidates pour la Chambre en novembre, alors que leur précédent record, bien moindre avec 53 candidates, remontait à 2004. En face, 169 femmes démocrates sont déjà candidates, moins que leur record de 182 atteint en 2018, souligne le CAWP. 

Un nombre inédit de femmes et de parlementaires issus de minorités, élus lors des élections de mi-mandat en novembre 2018, étaient entrés au Congrès en janvier 2019. Une poussée survenue après une année marquée par le mouvement #MeToo et la défiance envers le président Donald Trump. 

Notre dossier ► LES MIDTERMS 2018 SOUS LE SIGNE DES FEMMES, UN RECORD DE CANDIDATES POUR LES ÉLECTIONS DE MI-MANDAT AUX ETATS-UNIS

Près d'un quart des sièges du Congrès sont actuellement occupés par des femmes : 101 élues à la Chambre, dont 88 démocrates, et 26 sénatrices, dont 17 démocrates. 

La présidente démocrate de la Chambre Nancy Pelosi a repris, en janvier 2019, le marteau de Speaker, qu'elle avait déjà tenu entre 2007 et 2011, lorsqu'elle était devenue la première femme de l'histoire américaine à accéder à ce poste crucial.

D'après le Centre pour les femmes américaines en politique, plus d'un cinquième des élues du Congrès ont des enfants en bas âge ou à l'école.
 

A lire aussi dans Terriennes :

► Etats-Unis : Nancy Pelosi redevient le troisième personnage de l'Etat
► Sur fond d'affaire George Floyd : une candidate afro-américaine future vice-présidente des Etats-Unis ?
► Qui est Rashida Tlaib, cette élue démocrate qui défie Donald Trump ?
► Les Midterms, les femmes et Donald Trump : une révolution politique ?
► Avec "Respect", Aretha Franklin s'affichait féministe et politique
► Alexandria Ocasio-Cortez, le nouveau phénomène politique des États-Unis


 https://information.tv5monde.com/terriennes/aux-etats-unis-toujours-plus-de-femmes-candidates-aux-elections-parlementaires-370518

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Svetlana Tikhanovskaïa, la femme ordinaire qui a fait vaciller l'autocrate Loukachenko , femmes, politique,

15 Août 2020, 00:15am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Les femmes politiques
Svetlana Tikhanovskaïa, la femme ordinaire qui a fait vaciller l'autocrate Loukachenko

<p>Svetlana Tikhanovskaya, candidate à la présidentielle, en meeting électoral à Brest, 326 km au sud-ouest de Minsk, au Belarus, le 2 août 2020.</p>
09 AOÛ 2020
 Mise à jour 11.08.2020 à 22:15 par 
TerriennesLiliane Charrier
Ce 9 août 2020, les Biélorusses ont voté pour (ré)élire leur président.e. D'ordinaire une formalité pour l'autocrate Alexandre Loukachenko, ce scrutin est devenu, cette fois, un défi par la force d'une femme, Svetlana Tikhanovskaïa. Mais après deux nuits de violences causées par l'annonce de résultats contestés (à peine 10% des votes pour l'opposante), elle a décidé de quitter la Biélorussie. Retour sur l'ascension fulgurante d'une novice, la femme ordinaire qui a réussi à galvaniser les foules.
"Sveta ! Sveta !" scandaient des foules d'une ampleur sans précédent rassemblées pour ses meetings de campagne. Ils plébiscitaient Svetlana Tikhanovskaïa, une mère de famille de 37 ans devenue un phénomène populaire en défiant l'autoritaire et vieillissant président Alexandre Loukachenko pour l'élection présidentielle ce dimanche 9 août.


En quelques semaines, cette ancienne traductrice et enseignante d'anglais est sortie de l'anonymat pour devenir la principale rivale de l'homme qui dirige cette ex-république soviétique d'une main de fer depuis vingt-six ans sans jamais avoir laissé émerger la moindre opposition unie et structurée.

Une opposition systématiquement bridée
Ce printemps, deux candidats potentiels à la présidentielle du 9 août ont notamment été incarcérés, dont Sergueï Thikanovski, le mari de Svetlana. C'est cette opération qui l'a incitée à prendre le relais, unifiant tous les détracteurs du chef de l'Etat biélorusse derrière elle et drainant des foules d'une ampleur inédite. Dès son premier meeting, Svetlana Tikhanovskaïa a réussi le tour de force, dans un pays qui n'a jamais vu émerger d'opposition forte, de rassembler des milliers de sympathisants :


A 37 ans, Svetlana Tikhanovskaïa n'avait pourtant pas l'ambition de diriger ce pays de 9,5 millions d'habitants, elle qui a renoncé à sa carrière pour se consacrer à son fils aîné, né malentendant. Si elle est dans la course, c'est simplement que son mari Sergueï Thikanovski, vidéo-blogueur en vue, a été incarcéré en mai après avoir fait acte de candidature, promettant d'écraser "le cafard" Alexandre Loukachenko. 

Madame Tikhanovskaïa décide alors de reprendre le flambeau "par amour" pour son "coup de foudre" rencontré il y a seize ans alors qu'elle était étudiante et lui patron d'une boîte de nuit dans la ville de Mozyr. Elle réunit les dizaines de milliers de parrainages nécessaires, et la commission électorale valide sa candidature à la surprise générale, quand celles de deux opposants, jugés plus sérieux, sont rejetées.

Je suis fatiguée de tout devoir supporter, je suis fatiguée de me taire, je suis fatiguée d'avoir peur.

Svetlana Tikhanovskaïa

Svetlana Tikhanovskaïa se présente comme "une femme ordinaire, une mère, une épouse", qui mène la bataille par devoir malgré les menaces qui l'ont conduite à exiler à l'étranger sa fille de 5 ans et son fils de 10 ans. "J'abandonne ma vie tranquille pour (Sergueï), pour nous tous. Je suis fatiguée de tout devoir supporter, je suis fatiguée de me taire, je suis fatiguée d'avoir peur. Et vous ?", lance-t-elle à Minsk sous les vivats d'une foule de dizaines de milliers de personnes le 30 juillet. Dans les autres villes du pays aussi les sympathisants descendent dans la rue pour l'encourager, appeler au "changement" et reprendre en choeur une chanson appelant à faire tomber les murs des prisons biélorusses. 


Car son mari, poursuivi pour de multiples crimes qualifiés de fantaisistes par ses partisans, est toujours incarcéré. Il est désormais même accusé d'avoir voulu fomenter des émeutes avec des mercenaires russes. Bien d'autres opposants ont connu un sort similaire à l'approche du scrutin.

Un programme encore flou
Sur son programme, Svetlana Tikhanovskaïa reste vague, à part pour ce qui est de promettre la libération des prisonniers politiques, un référendum constitutionnel puis d'organiser de nouvelles élections libres. La relation avec la Russie, notamment, grand allié de la Biélorussie mais dont les relations avec Alexandre Loukachenko se sont considérablement tendues, est un sujet sur lequel elle ne veut pas s'étendre.

"Jeanne d'Arc accidentelle"
Pour ses partisans, "Sveta" est devenue une égérie. The Village, un site d'information biélorusse, la qualifie de "Jeanne d'Arc accidentelle".  D'abord hésitante dans ses apparitions publiques, la jeune femme a gagné en prestance et en assurance, impressionnant avec ses deux interventions télévisées autorisées lors desquelles elle dénonce les dérives et mensonges du régime biélorusse.  
           
"De manière inattendue, son premier discours à la télévision était fort, sans fausse note ou point faible", reconnaît le journal d'opposition Nacha Niva. Son style simple, direct, trouve un écho chez nombre de Biélorusses, et se situe aux antipodes de l'attitude bouillonnante de son mari qui s'illustrait par des vidéos coup de poing dénonçant la corruption du régime de Loukachenko.

Trois femmes
Cette prise d'assurance et cette image de force tranquille, Svetlana Tikhanovskaïa l'a organisée avec l'aide de deux autres jeunes femmes : Veronika Tsepkalo, la femme d'un opposant en exil à Moscou, et Maria Kolesnikova, la directrice de campagne de Viktor Babaryko, un ancien banquier emprisonné alors qu'il souhaitait se présenter. Toutes trois offrent un renouveau à l'opposé du style macho cultivé par le président de 65 ans, moustache et front dégarni.

A lire aussi dans Terriennes ►Election présidentielle en Biélorussie : trois femmes contre Loukachenko

Chacune a adopté un geste : le poing levé pour Svetlana Tikhanovskaïa, les mains en coeur de Maria Kolesnikova et le doigts en "V" de la victoire de Veronika Tsepkalo. Trois symboles qui sont devenus l'affiche de cette campagne hors du commun.
Face à elles, les foules reprennent en coeur un chant devenu leur hymne : "Allons abattre cette prison! Aucun mur ne doit se dresser ici !"

<p>Maria Kolesnikova, Svetlana Tikhanovskaya et Veronika Tsepkalo en conférence de presse le 17 juillet 2020. </p>
Maria Kolesnikova, Svetlana Tikhanovskaya et Veronika Tsepkalo en conférence de presse le 17 juillet 2020. 

©AP Photo/Sergei Grits
Pressions
Maria Moroz, cheffe de l'état-major de campagne de Svetlana Tikhanovskaïa a été interpellée le 6 août, puis relâchée peu après, selon le quartier générale de la rivale du président Alexandre Loukachenko. Les autorités, elles, expliquent qu'elle a été "invitée pour une conversation" sans plus de précisions quant à son contenu, démentant avoir voulu arrêter la responsable de la campagne de l'opposante Svetlana Tikhanovskaïa.

Les derniers meetings de Svetlana Tikhanovskaïa étaient incertains du fait d'obstacles juridiques et logistiques dressés par les autorités.


Un grand meeting de campagne de l'opposante, prévu pour le 6 août à Minsk, une semaine après un rassemblement similaire ayant réuni des dizaines de milliers de personnes, a été annulé, faute de lieu mis à sa disposition par les autorités biélorusses.

Alexandre Loukachenko, l'homme fort de Biélorussie, ancien directeur de sovkhoze de 65 ans, n'apprécie guère la concurrence de celle qu'il qualifie de "pauvre nana" : "Ces pauvres nanas, elles ne comprennent rien de ce qu'elles disent, de ce qu'elles font". Et d'ajouter : "On ne dirige pas un pays en sortant de nulle part."

A voté !
"Je veux vraiment une élection honnête, c'est pourquoi j'y appelle", déclare Svetlana Tikhanovskaïa après avoir voté dans un bureau à Minsk. 


Des résultats aussitôt contestés
Dans la soirée du 9 août, déjà, la victoire d'Alexandre Loukachenko était annoncée avec 80,23% des voix, devant Svetlana Tikhanovskaïa, 9,9% des voix. Des milliers de Biélorusses sont alors descendus dans les rues du pays pour manifester contre le gouvernement, l'opposition dénonçant des fraudes. Selon l'ONG de défense des droits humains Viasna, la répression des manifestations à Minsk a fait un mort et des dizaines de blessés.

pic.twitter.com/RljBlMhVjZ

— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) August 10, 2020

La candidate de l'opposition a aussitôt rejeté les résultats officiels, demandant au président de céder le pouvoir. 

Ces résultats sont en décalage complet avec tout ce que l’on sait par ailleurs.

Anna Colin Lebedev, experte de l’évolution politique et sociale des pays d’ex-URSS

Pour Anna Colin Lebedev, experte de l’évolution politique et sociale des pays d’ex-URSS, il ne fait aucun doute que les résultat annoncés ne reflètent pas la réalité des urnes : "Ces résultats sont en décalage complet avec tout ce que l’on sait par ailleurs via d’autres comptes rendus. A mon sens, ces chiffres ne correspondent à rien. Nous disposons par exemple de procès-verbaux de bureaux de votes, photographiés soit par les électeurs quand ceux-ci étaient affichés sur la porte du bureau de vote, soit par des membres des commissions électorales."

Pour l'experte, s'il n'y a pas de preuve d'une victoire de l'opposante, le président Loukachenko est loin de la victoire annoncée : "Même dans les bureaux de vote où Loukachenko arrive en tête, on reste très loin des 80 % affichés par le pouvoir politique. Aussi, on constate que dans plusieurs bureaux de vote, où le comptage s’est fait, à mon sens, de manière plus transparente, Tikhanovskaïa arrive très largement en tête ou en tête de manière sensible."


Lire l'intégralité de l'interview de Anna Colin Lebedev sur le site de TV5MONDE ► Réélection d'Alexandre Loukatchenko en Biélorussie : "La vague protestataire est quelque chose de totalement inédit"

Une "décision difficile"
A l'issue d'une deuxième nuit de manifestations et de répression à la suite des résultats contestés du scrutin du 9 août, Svetlana Tikhanovskaïa confirme dans une vidéo avoir pris la "décision difficile" de quitter son pays pour la Lituanie : "J'ai pris cette décision seule (...) et je sais que beaucoup me condamneront, beaucoup me comprendront, beaucoup me haïront", a dit celle qui a déjà envoyé ses deux enfants à l'étranger, par sûreté. "Je pensais que cette campagne m'avait endurci et donné la force de tout supporter. Mais je suis sans doute restée la femme faible que j'étais au début", poursuit-elle dans ces vidéos relayées sur Twitter par la militante ukrainienne Inna Chevtchenko :
 


Selon le ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevicius, Svetlana Tikhanovskaïa est, ce 11 août, "en sécurité" en Lituanie :

A lire aussi dans Terriennes :

► Election présidentielle en Biélorussie : trois femmes contre Loukachenko
► Biélorussie : femmes en lutte contre un pouvoir arbitraire
► Salomé Zourabichvili, première femme présidente de Géorgie


https://information.tv5monde.com/terriennes/svetlana-tikhanovskaia-la-femme-ordinaire-qui-fait-vaciller-l-autocrate-loukachenko

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Bettina Zourli : « l’instinct maternel est une construction sociale » , femmes, feminisme,

14 Août 2020, 23:36pm

Publié par hugo

  13 AOÛT 2020
Culture \ Livres
Bettina Zourli : « l’instinct maternel est une construction sociale »

Aujourd’hui encore, le non-désir d’enfant soulève beaucoup de questions et d’incompréhensions. « Tu es égoïste », « C’est parce que tu es encore jeune, tu changeras d’avis », « Tu n’es pas avec la bonne personne », « Tu le regretteras » sont autant de réflexions que peut entendre une personne qui ne souhaite pas avoir d’enfant. Une pression sociale qui pèse davantage sur les femmes qui sont très souvent associées aux notions d’« instinct maternel » et d’« horloge biologique », et à cette idée qu’elles ne seront jamais vraiment des femmes accomplies si elles ne deviennent pas mère un jour. Pourtant, que ce soit pour des raisons personnelles, écologiques ou féministes, de plus en plus de personnes revendiquent aujourd’hui leur souhait de ne pas être parents : on les appelle les childfree. Parmi elles/eux, Bettina Zourli, 28 ans. À partir de son expérience personnelle et de plusieurs témoignages, elle a publié en 2019 un essai intitulé « Childfree : je ne veux pas d’enfant », et a ouvert un compte Instagram du même nom.

Qu’est-ce que le mouvement childfree ?

La définition du mot childfree est le fait de ne pas vouloir d’enfant. C’est un mot anglophone, utilisé pour la première fois en 1972. On peut le définir comme un mouvement, mais il permet surtout de définir les personnes qui ne souhaitent pas être parents. Il n’y a pas de dimension militante, c’est juste une manière de pouvoir se catégoriser et de définir quelque chose que l’on ressent. Au même titre que certaines personnes ressentent l’envie d’être parents, c’est chouette d’avoir un mot pour définir l’envie de ne pas être parents.

Pourquoi avoir écrit un livre sur ce sujet ?

L’idée du livre m’est venue il y a un peu près deux ans. Je suis en couple depuis trois ans et demi et je me suis mariée. Avec mon mari, nous ne voulons pas d’enfant, mais lorsque nous avons commencé à évoquer le mariage, je me suis rendue compte que pour beaucoup de personnes, le mariage signifiait forcément bébé. Beaucoup pensaient que si nous voulions nous marier, c’était pour avoir des enfants, que lorsque l’on achète un appartement, il fallait qu’il y ait une chambre en plus pour les enfants. Il n’y a pas la notion de « on se marie parce que ça nous fait plaisir ». Et je me suis rendue compte qu’au-delà de la simple curiosité des gens, il y avait beaucoup de jugements. Par exemple, au début, lorsque j’ai commencé à dire que je ne voulais pas d’enfant, on m’a dit que j’avais un problème psychologique, que j’avais forcément été traumatisée dans mon enfance ou que j’étais égoïste. Peu à peu, j’ai mis sur papier toutes ces réactions, j’ai aussi listé toutes les raisons pour lesquelles les childfree ne voulaient pas avoir d’enfants, en faisant des interviews, et c’est de là qu’est né cet essai.

Dans le livre, vous abordez plusieurs raisons pour lesquelles une personne ne souhaite pas avoir d’enfant. Quelles sont ces raisons ?

Pour ma part, au delà du fait que c’est quelque chose que je ressens, que je n’ai pas envie, parce que je n’ai pas d’instinct maternel ou pas la notion d’horloge biologique, il y a aussi une préoccupation écologique. À l’heure actuelle, nous sommes la source de beaucoup de bouleversements au niveau environnemental. Je préfère donc me dire que nous pouvons essayer à notre échelle d’atténuer les conséquences de ce que nous allons subir et que nous commençons à subir, plutôt que d’engendrer une nouvelle génération de personnes, qui va porter sur ses épaules les erreurs que nous, nos parents et nos grand-parents ont fait. Il y a également pour ma part un engagement féministe. Le ventre et l’utérus des femmes sont pour moi la source des inégalités entre les genres. Le fait que les femmes portent les enfants a créé une inégalité au niveau du congé parental, une inégalité dans la mesure où les femmes sont plus en temps partiel et plus touchées par la précarité. Cela a également créé un plafond de verre que nous n’arrivons pas à briser parce que nous sommes moins sollicitées pour des promotions, car il y a toujours ce fameux risque d’être enceinte qui plane. Il y a également la charge mentale, tout ce qui est lié aux tâches ménagères, au sexisme ambiant, etc. Mais la première raison, qui ne mérite d’ailleurs aucune justification, c’est le fait qu’il y a des gens qui ont envie d’avoir des enfants et d’autres non.

Dans les autres réponses que j’ai pu entendre ou lire, il y a beaucoup de personnes qui lient aussi le fait de ne pas vouloir d’enfants à leur situation financière. C’est quelque chose qui est assez récent : beaucoup se disent qu’ils vivent dans des situations d’emplois de plus en plus précaires et qu’ils n’ont pas le confort financier pour accueillir un enfant. Il y a également le côté phobique, avec la peur liée au corps qui change ou au processus de l’accouchement.

Quelles sont les remarques que vous entendez souvent sur le fait que vous ne voulez pas d’enfants ?

La plus fréquente, c’est que ce serait égoïste. N’importe quelle personne qui ne veut pas d’enfant a déjà entendu cette phrase. À cela, j’ai envie de répondre : il y a quoi de mal à être « égoïste », c’est-à-dire à suivre ses envies et à vouloir le meilleur pour soi-même. À l’inverse, l’acte de vouloir un enfant l’est tout autant. Il y a aussi beaucoup de personnes qui considèrent que si tu ne fais pas d’enfant, tu ne sera jamais une vraie femme. Donc se servir de ton utérus ferait de toi une vraie femme…

Ce qui revient beaucoup également, c’est le fait de mourir seul·e. Alors que mon mari travaille dans une maison de retraite, et me confirme que ce n’est pas parce que tu as des enfants que tu n’es pas seul·e. Beaucoup de personnes pensent également que ce choix est lié à un traumatisme intérieur, qui viendrait de l’enfance…

Comment expliquez-vous que le non-désir d’enfants soit aussi tabou et incompris en France ?

Je pense que cela a été un non-sujet pendant longtemps, et même dans le milieu féministe. Avant Simone de Beauvoir, qui disait que la maternité était la première source d’aliéniation des femmes, on a jamais vraiment remis en question le fait de faire des enfants. On militait pour le droit de choisir quand on voulait un enfant, avec le combat pour la pilule et le droit à l’avortement, mais pas pour le droit de choisir si on en voulait. Faire un enfant est un acte tellement ancré et vieux, que forcément, lorsqu’on dit ouvertement « je ne veux pas d’enfant », les personnes ne comprennent pas parce qu’elles n’ont jamais vraiment réfléchi à la question, ou parce qu’elles en ont jamais entendu parler.

Les femmes qui ne désirent pas d’enfants subissent-elles plus de pressions que les hommes ?

Oui, complètement. Par exemple, quand j’ai dis un jour à une femme gynécologue que je ne prenais pas de contraception et que j’étais mariée, elle m’a demandé « comment ça ? Vous voulez des enfants ? ». Quand je lui ai dit que non, et que mon mari avait fait une vasectomie, elle m’a regardé d’une façon tellement condéscendante. Elle n’a pas jugé le fait que mon mari ait fait une vasectomie, mais elle pensait que je l’avais forcé à faire cette intervention, et que c’était moi qui en étais à l’origine, alors que c’était une discussion de couple. Ce qui revient tout le temps, c’est cette idée « d’instinct maternel », mais jamais d’« instinct paternel ». Pourquoi on ne questionne jamais cela ?

Il y aussi l’« horloge biologique », comme si le désir d’enfant serait inhérent à toutes les femmes et que nous ne pouvons pas y échapper. On me dit souvent « tu vas changer d’avis, tu es encore jeune, tu n’as pas trouvé la bonne personne, etc. ». Il y aurait soi-disant cette horloge biologique qui tourne alors qu’avec toutes les études et livres que j’ai lu, il faut savoir que l’instinct maternel est une construction sociale. C’est quelque chose que l’on a construit pour éviter la sur-mortalité infantile. L’instinct maternel a été employé pour la première fois vers la fin du 18ème siècle et au début du 19ème. Selon moi, cette notion d’instinct est faussée. Je pense qu’il y a en effet des envies de maternité, comme des envies de non-maternité, mais parler d’instinct n’est pas le bon mot. Lorsque l’on parle d’instinct, on parle de quelque chose qui est inné, alors que c’est totalement faux. Il y a de nombreuses personnes qui n’ont pas eu d’enfant, et pendant des dizaines d’années, on leur a dit « tu vas changer d’avis » et elles n’ont jamais changé d’avis.

Selon vous, faire des enfants serait donc une construction sociale ?

Je pense que oui. C’est quelque chose dont je me suis rendue compte lorsque j’ai commencé à en parler autour de moi et que j’ai été confrontée à des réactions très violentes. Comme si cela remettait en question tous leurs fondements et comme si elles/ils se rendaient compte du jour au lendemain qu’on avait le choix. Le fait qu’il y ait des gens qui deviennent très insultants, c’est parce qu’on leur dit qu’ils ne sont pas obligés de faire des enfants. Il y a bien sûr une notion naturelle de reproduction, car je pense que n’importe quelle espèce a plutôt vocation à s’étendre plutôt qu’à vouloir s’éteindre. Mais nous l’avons tellement assimilé que les personnes ne réfléchissent pas à l’acte d’enfanter alors que c’est quand même l’acte le plus responsabilisant de toute une vie.

Avec mon mari, nous aimerions adopter un chien dans quelques années. Il y a fort à parier qu’on nous dise « c’est beaucoup de responsabilités, faites attention ». Quand j’ai fait mes tatouages, on m’a dit « oui mais c’est à vie, fais attention ». Mais personne n’a jamais dit, quand on parle d’enfants, « faites attention c’est pour la vie. Vous avez bien réfléchi ? ». On ne pose jamais cette question. Alors qu’il y a beaucoup de personnes qui regrettent d’être parents et il y a beaucoup de mères qui se retrouvent en dépression post-partum parce qu’elles se rendent compte que ce n’est pas ce qu’elles voulaient. Cela montre bien que tout le monde n’est pas fait pour ça.

Dans votre livre, vous parlez également du milieu médical, très réticent face au non-désir d’enfants, et notamment face à la stérilisation des femmes et des hommes, une intervention pourtant autorisée depuis 2001 en France. 

Oui, je pense que cela est lié à une construction de la médecine très patriarcale : on a beaucoup minimisé la douleur des femmes, on ne les écoute pas, on n’écoute pas leurs décisions. Je comprends que les docteur·es soient réticent·es, parce que certain·es disent que ça leur fait mal de couper une partie du corps qui est viable, alors que la médecine est censée être réparatrice et sert à faire fonctionner quelque chose qui ne marche plus. Je peux le comprendre. Mais dans ces cas-là, quid de la chirurgie esthétique ? Quid de la contraception ? Car c’est un peu aller à l’encontre de la nature. À un moment, il faut être cohérent·e et vivre avec son temps. Le milieu médical devrait le faire. 

Quand on voit également le nombre de violences gynécologiques et obstétricales, on se rend bien compte qu’il y a une vrai infantilisation du corps de la femme et de la vie des femmes, et je pense que tout cela est lié. J’aime bien parler de l’accouchement et des violences gynécologiques, parce que je ne milite pas pour que nous arrêtions de faire des enfants, je milite pour que nous ayons la liberté de faire ce que nous voulons avec nos corps. L’accouchement et la grossesse sont très liés à la question que je traite.

Il y a une prise de conscience certain·es personnes depuis quelques années, surtout sur le plan environnemental. Pensez-vous que de plus en plus de personnes vont tendre vers le childfree ? Ce sujet sera-t-il moins tabou dans les années à venir ?

J’espère et je le pense sincèrement, car je constate qu’il y a de plus en plus de livres, de comptes Instagram et d’articles à ce sujet. Quand on regarde le chiffre des personnes childfree en France, il est soit-disant à 5 % mais il date de 2011. Ce serait intéressant de voir comment la question a évoluée depuis. Cela ne fait pas partie des sujets les plus traités, mais je pense que plus on va en parler, plus il y aura d’études. Je suis convaincue que nous sommes beaucoup plus nombreuses/nombreux qu’il y a 20 ans et qu’il y a des préoccupations plus actuelles, notamment du côté de l’écologie ou de la finance, des préoccupations qu’il n’y avait pas avant. Cela témoigne aussi des changements sociétaux. 

Propos recueillis par Priscillia Gaudan 50-50 Magazine 

Bettina Zourli, Childfree. Je ne veux pas d’enfant, Ed. Spinelle 2019.

jeneveuxpasdenfant


https://www.50-50magazine.fr/2020/08/13/bettina-zourli-linstinct-maternel-est-une-construction-sociale/

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L’Escadron Bleu : les héroïnes de 1945 , femmes; feminisme, histoire, histoire de france ,

14 Août 2020, 23:36pm

Publié par hugo

11 AOÛT 2020
Matrimoine
L’Escadron Bleu : les héroïnes de 1945

En 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, une brigade de femme surnommée l’Escadron Bleu, est chargée d’une mission de sauvetage à haut risque. Mandatée par le Général de Gaulle, cette unité féminine, composée de douze Françaises, conductrices, secouristes, ambulancières, infirmières…  a un objectif : sauver les déporté·es, travailleurs/travailleuses forcé·es et prisonnier·es politiques français·es, détenu·es dans les camps nazis d’Europe de l’Est.

Les filles de l’Escadron bleu âgées, pour la plupart, de moins de 30 ans, volent au secours des rescapé·es de guerre au cœur d’une Allemagne meurtrie et d’une Pologne dévastée, contrôlée par l’armée soviétique. En 1945, dans le chaos de l’après-guerre, le Rideau de fer est en train de s’abattre sur une Europe plus affaiblie que jamais. Dans ce contexte de fortes tensions et de fracture idéologique, ces volontaires ont décidé d’engager une course contre la montre pour sauver des femmes et des hommes. Exposées à l’horreur des camps nazis, à la brutalité de l’armée soviétique et aux conflits stratégique entre les États-Unis et l’URSS, les femmes de l’Escadron Bleu risquent leur vie pour soigner et rapatrier 300 000 Français·es dispersé·es dans un continent en ruine.

Dirigée par Madeleine Pauliac, une ancienne résistante, lieutenant et médecin cheffe en charge de l’hôpital français à Varsovie, la troupe prend la route à bord de cinq ambulances de la Croix Rouge et parcourt 48 000 km pour retrouver le plus possible de femmes et d’hommes. De juillet à novembre 1945, ces douze femmes vont accomplir plus de 200 missions de sauvetage.

Madeleine Pauliac, une combattante de l’ombre

Le 14 novembre 1945, la mission de rapatriement de l’Escadron Bleu prend fin. Les femmes rentrent à Paris. Deux mois plus tard, Madeleine Pauliac, déterminée et décidée, retourne en Pologne pour continuer son combat dans une clandestinité totale. Son but, aider les religieuses d’un couvent polonais victimes de viol de guerre par les soldats soviétiques. Plusieurs se retrouvent enceintes et sur le point d’accoucher. Madeleine Pauliac se lie avec ses religieuses craignant l’opprobre et la fermeture du couvent. Vouées à la chasteté, elles sont détruites physiquement et psychologiquement, traumatisées au plus profond de leur âme. La docteure française va revenir plusieurs fois pour aider ces femmes dans le rejet, le déni ou la découverte de la maternité, portant l’enfant du péché et de l’ennemi. Le 13 février 1946, Madeleine Pauliac, âgée de 33 ans, meurt d’un accident de la route en se rendant en Pologne. Elle aura exfiltré 24 nouveau-né·es qui seront adopté·es en France. Une héroïne insoumise qui a dévoué sa vie aux autres.

Sans jamais se glorifier de leurs actions, les femmes de l’Escadron bleu, reprirent une vie normale après la guerre. Leur périple, oublié de l’histoire du XXème siècle, mérite d’être mis en lumière et salué.

Ni éligibles, ni électrices, les Françaises n’ont pas hésité à agir pour la défense nationale. Leur participation dans la Résistance et dans l’après-guerre, fut primordiale. Saboteuses de ligne de chemin de fer, infirmières, espionnes, distributrices de tracts clandestins, opératrices radio, organisatrices de réseaux d’évasion… Des femmes ont participé, combattu et vécu le conflit malgré les risques de déportation, de viol, de torture et de mort.

Des héroïnes ignorées de l’histoire, qui ont affronté les mêmes risques que les hommes, voire pires. Leur combat est très peu valorisé, leur lutte sous-estimée et leurs actions minimisées : 1038 hommes sont reconnus Compagnons de la Libération contre seulement 6 femmes. Les femmes représentent à peine 10% des médaillé·es de la Résistance.

Un manque de reconnaissance injustifié au regard de leur engagement volontaire civil et moral pour servir une France qui vient juste de leur accorder le droit de vote.

Messilia Saidj 50-50 Magazine

Photo de Une : Madeleine Pauliac
https://www.50-50magazine.fr/2020/08/11/lescadron-bleu-les-heroines-de-1945/

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Sexe : qu'est-ce que le "Self Help", pour explorer le sexe féminin ? , femmes, sexes,

12 Août 2020, 03:00am

Publié par hugo

Sexe : qu'est-ce que le "Self Help", pour explorer le sexe féminin ?
ÉCLAIRAGE - Le "Self Help" est un mouvement féministe qui encourage les femmes à observer leur sexe afin de mieux connaître leur corps et s'épanouir sexuellement.
Le "Self Help" encourage les femmes à regarder leur intimité et à s'emparer de leur sexualité.
Le "Self Help" encourage les femmes à regarder leur intimité et à s'emparer de leur sexualité.
Crédit : istock
cassandre 
Cassandre Jeannin
et Arièle Bonte
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PUBLIÉ LE 02/08/2020 À 20:20
La masturbation féminine se démocratise et dans son sillage les ateliers d'auto-exploration de l'anatomie féminine emboîtent le pas. Ces ateliers ont pour objectif d'aider les femmes à s'épanouir sexuellement en apprenant à mieux connaître leur corps. 

PROPOSÉ PAR LAFERMEDESANIMAUX.COM
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Les chiffres le prouvent, les femmes connaissent mal leur anatomie et l'appréhendent difficilement. Une femme sur trois déclare n'avoir jamais observé son sexe. Selon une étude du laboratoire Terpan et du magazine So What ?, publiée en 2017, 35% d'entre elles déclarent n'avoir jamais vu leur clitoris. Seules 4 sur 5 savent où il se situe. Alors comment prendre du plaisir avec un organe qu'on ne connaît pas ou peu ? 

"Self Help" ("s'aider soi-même" en français) est un mouvement féministe né dans les années 70 aux États-Unis. Initialement, il militait pour que les femmes aient accès à une contraception libre et voulue ainsi qu'au droit à l'avortement. S'apercevant que les femmes connaissaient mal leur féminité et leur corps, le combat s'est également porté sur comment libérer son corps, l'apprivoiser et l'aimer.

Explorer le sexe féminin pour s'épanouir sexuellement
Le mouvement "Self Help" a mis en place des ateliers d'auto-exploration de l'anatomie féminine. Avec un miroir et un spéculum, en petit comité, les militantes ont commencé à observer leur sexe. Petit à petit, cette pratique s'est exportée. Aujourd'hui, savoir situer son clitoris, comment il fonctionne, à quoi il ressemble ou sert est une manière de prendre conscience de sa féminité et de s'épanouir dans sa sexualité. 

LA RÉDACTION VOUS RECOMMANDE


https://www.rtl.fr/girls/love/sexe-qu-est-ce-que-le-self-help-pour-explorer-le-sexe-feminin-7800696614

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Les Turques défendent la Convention d'Istanbul contre les violences faites aux femmes , femmes, feminisme, violences,

11 Août 2020, 05:49am

Publié par hugo

 TERRIENNES
Violences faites aux femmes : féminicides, coups, viols et autres agressions sexuelles
Les Turques défendent la Convention d'Istanbul contre les violences faites aux femmes
Manifestantes à Istanbul, le 5 août 2020 (capture d'écran)
Manifestantes à Istanbul, le 5 août 2020 (capture d'écran)
06 AOÛ 2020
 Mise à jour 06.08.2020 à 12:23 par 
TerriennesLiliane Charrier
 
Avec AFP
Des milliers de femmes sont descendues dans la rue dans plusieurs villes de Turquie pour s'opposer aux velléités du gouvernement de dénoncer la Convention d'Istanbul. Dans un contexte de hausse des féminicides, elles veulent défendre ce traité international qui les protège des violences.
Plusieurs milliers de femmes ont manifesté ce 5 août 2020 à travers la Turquie pour demander au gouvernement de Recep Tayyip Erdogan de ne pas se retirer de la Convention d'Istanbul. Adopté en 2011 par le Conseil de l'Europe, qui rassemble 47 pays dont la Turquie, ce traité international est le premier outil supranational à fixer des normes juridiquement contraignantes en vue de prévenir la violence sexiste. La Turquie était le premier pays à ratifier cette convention, en mars 2012, qui mènera au vote de la loi n° 6284 sur la prévention des violences faites aux femmes.

Or depuis quelques semaines, associations et médias conservateurs turcs demandent au président Erdogan de dénoncer ce traité, arguant notamment qu'il "nuit aux valeurs familiales" et "banalise l'homosexualité". Des responsables de l'AKP, le parti conservateur au pouvoir, s'en sont fait l'écho en évoquant aussi la possibilité d'un retrait. Parmi les associations de défense des droits des femmes, l'inquiétude monte.
 

Toutes les femmes turques, sans distinction politique, ont besoin de cette convention.

Benazir Coskun, manifestante à Istanbul

Pour les militant.e.s des droits des femmes, un retrait de la Convention d'Istanbul serait un coup dur porté à la lutte contre les violences conjugales et familiales. A Istanbul, plusieurs centaines de manifestantes sont descendues dans la rue pour défendre le traité. "Ils sont en train d'attaquer les droits que les femmes ont gagnés de haute lutte. Mais nous sommes dans la rue, sur les places, pour défendre nos droits. Nous ne lâcherons rien", assure Sinem Ozkan, une manifestante 31 ans. "Toutes les femmes turques, sans distinction politique, ont besoin de cette convention", estime Benazir Coskun, 31 ans, elle aussi venue manifester à Istanbul. "Nous sommes convaincues que si les femmes sont unies, nous parviendrons à empêcher ce retrait".

Les manifestant.e.s scandaient des slogans réclamant que les femmes soient maîtresses de "leurs vies" et de "leurs décisions" :


Les militant.e.s brandissaient des pancartes proclamant que "les femmes ne pardonneront aucune violence" ou portant des noms de victimes - Melike, Hülya, Emine...


D'autres rassemblements ont eu lieu dans les principales villes du pays, comme dans la capitale Ankara ou Izmir, sur la côte Ouest, où une dizaine de manifestantes ont été interpellées par la police, selon l'association Femmes solidaires NAR.


Les militant.e.s accusent en outre les autorités de ne pas appliquer avec assez de fermeté les lois votées après la ratification du traité en 2012, ce qui expliquerait la hausse du nombre de féminicides ces dernières années. Selon la plateforme Nous mettrons fin aux féminicides : 474 femmes ont été tuées en Turquie en 2019, contre 440 en 2018 et 180 en 2010.

En juillet, le meurtre brutal d’une jeune étudiante de 27 ans, Pinar Gültekin, a provoqué une onde de choc dans ce pays miné par les violences faites aux femmes. Peu après, l’influenceuse turque et américaine, Zeycan Rochelle lançait un appel sur son compte Instagram :

Voici peu, c'est la Pologne qui annonçait son retrait de la Convention d'Istanbul, où le Premier ministre a demandé à la plus haute juridiction du pays de statuer sur la constitutionnalité du traité. Le gouvernement turc, lui, doit prendre une décision la semaine prochaine.

A lire aussi dans Terriennes :
 
► La Pologne veut quitter le traité sur les violences faites aux femmes : inquiétudes
► Convention d'Istanbul contre les violences domestiques : la Bulgarie plie face aux conservateurs
► "Féminicides" : le documentaire qui démonte les mécanismes du crime
► Féminicide, funeste mot de l'année 2019 et en 2020 ? 


https://information.tv5monde.com/terriennes/les-turques-defendent-la-convention-d-istanbul-contre-les-violences-faites-aux-femmes

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Romain : «Pendant le confinement, j’ai été le papa, le nounou, l’animateur, le cuistot, l’homme de ménage… » , articles femmes hommes, egalite,

11 Août 2020, 05:40am

Publié par hugo

 7 AOÛT 2020
France \ Société
Romain : «Pendant le confinement, j’ai été le papa, le nounou, l’animateur, le cuistot, l’homme de ménage… »

Romain a 40 ans, il est éducateur sportif, diplômé d’état, avec une spécialisation dans le badminton. Il a une fille de 6 ans et un garçon de 3 ans et demi. Sa compagne Nathalie travaille en EPADH. Avant, pendant, après le confinement Romain est un exemple encore rare de compagnon et de père qui prend en charge les enfants et la maison.

Que faisiez-vous par rapport aux enfants et à la maison avant le confinement ?

Moi je ne travaille pas le matin. Cela me permet de voir les enfants, d’être avec eux et de pouvoir les gérer le matin. Il faut les préparer, les faire manger puis les emmener à l’école. Ma compagne Nathalie n’est pas là le matin parce qu’elle commence très tôt, c’est donc moi qui me charge des petit.es.

Je travaille plus l’après midi et le soir. Donc je ne vois principalement mes enfants que le matin et les soirs où je rentre tôt, mais ça n’arrive pas souvent, deux fois par semaine. Et sinon les week-ends.

Dans notre couple, nous sommes pour le partage. Avec Nathalie, nous nous sommes toujours dit que nous allions varier notre travail à la maison. Ce n’est pas parce que l’un.e de nous faisait telle activité avec les enfants une fois, qu’il allait le faire tout le temps. Nous n’avons jamais fait un planning des taches ménagères et des activités avec les enfants. C’est comme ça vient et c’est super parce que nous ne nous prenons pas la tête sur ces questions. En plus, c’est vrai que j’ai un petit coté, je n’irais pas jusqu’à dire maniaque, mais j’aime bien que la maison soit propre et donc je passe souvent le balais, je fais souvent la vaisselle et je m’occupe du linge. Nathalie, elle fait beaucoup plus la cuisine. Et quand elle fait le ménage, de temps en temps, elle le fait à fond. Moi je le fais tous les jours un petit peu mais avec elle ça brille de partout (rires), c’est un peu ça notre fonctionnement.

Moi j’adore faire la cuisine aussi mais le problème étant que dans la semaine, je n’ai pas d’occasion de la faire. Mais le week-end ou pendant les vacances, j’aime beaucoup faire à manger !

Alors pendant le confinement comme la vie s’est elle organisée dans votre famille ?

Je me suis retrouvé en chômage partiel comme beaucoup et donc confiné. Mais Nathalie a continué à travailler dans son EPAHD. Au début, je me sentais un peu comme en vacances avec un peu de devoirs à faire faire aux enfants. C’étaient des sortes de vacances ludiques qui étaient rythmées par les devoirs. Au début, pendant 3 semaines, 1 mois, tout s’est bien passé. Et c’est vrai que je faisais un peu tout. Pendant le confinement, j’ai été le papa, le nounou, l’animateur, le cuistot, l’homme de ménage…
J’ai été vraiment poly-casquettes pendant ce temps particulier. Donc pendant 1 mois ça allait mais c’est vrai qu’après, les enfants étaient un peu déboussolé·es. Elle/il avaient besoin de sortir de la maison, d’aller voir leurs copines/copains, de retourner à l’école, ce qui n’était pas possible… Donc elle/il me l’ont fait ressentir indirectement et j’avoue qu’il y a des moments où j’ai un peu craqué, c’était dur ! Nathalie était là, seulement, par moment ! Quand elle travaillait le matin, elle était là l’après-midi, et vice versa. Il y a toujours un moment où nous échangions et où elle prenait le relais.

C’est vrai que j’ai vécu une phase dure psychologiquement. Rester à la maison, sans voir d’autre personnes, sans reprendre le travail qui donne du lien social, c’était dur.

Et l’une des raisons pour laquelle le premier mois s’est bien passé, c’est aussi parce que j’avais mon petit frère et sa compagne à la maison, confiné·es avec nous. Cela faisait toute la différence, c’était donc un peu plus encore comme des vacances ! Nous avons fait pas mal d’apéros. Elle/il nous ont aidé à organiser des animations avec les enfants etc. Et quand elle/il sont parti·es, nous sommes rentré·es dans une routine à 4 qui était complètement différente et vraiment plus compliqué à gérer quand j’étais tout seul.

Mais il est vrai que nous avons un jardin, il a fait beau, nous sommes en pleine campagne donc franchement nous n’étions pas à plaindre par rapport à beaucoup d’autres personnes qui ont vécu le confinement dans des appartements à Paris ou ailleurs.

Est-ce que vous avez eu des changements à cause du confinement sur votre quotidien aujourd’hui ?

Non, il n’y a pas eu de changement particulier. Nous sommes assez zens et tranquilles. Cela m’a fait beaucoup de bien de reprendre le travail ! Nous avons un peu retrouvé notre rythme d’avant. Mais cela n’a pas vraiment changé en soi notre relation et notre manière de fonctionner. Je continue à m’occuper des enfants, du ménage, du linge….

Et nous avions déjà un rapport avec la nature et l’environnement qui était très fort. Ce confinement nous a permis de renforcer cela et nous avons encore plus cultivé notre jardin. Nous nous sommes bien amusé·es avec les plantes, avec les graines et toutes ces petites choses !

Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 magazine 


https://www.50-50magazine.fr/2020/08/07/romain-pendant-le-confinement-jai-ete-le-papa-le-nounou-lanimateur-le-cuistot-lhomme-de-menage/

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« La victime c’est moi ». Darmanin insulte à nouveau les femmes victimes de violences sexuelles , femmes, feminisme, violences,

11 Août 2020, 05:36am

Publié par hugo

 ACCUSATION DE VIOL
« La victime c’est moi ». Darmanin insulte à nouveau les femmes victimes de violences sexuelles
Dans un entretien publié le 5 août par Le Point, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur accusé de viol, déclare être “calomnié” et estime être “la victime” dans cette affaire. Une énième provocation à l’égard de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles.

Romane Musq

vendredi 7 août
 1

Crédit photo : AFP

“La victime dans cette histoire, c’est moi. C’est moi dont on salit le nom. C’est à moi qu’on prête des comportements que je n’ai jamais eus.” a osé déclarer Gérald Darmanin au Point.

La nomination du ministre de l’Intérieur au gouvernement Castex a suscité la colère des féministes, et pour cause : Gérald Darmanin est impliqué dans plusieurs affaires judiciaires à caractères sexuels, dont des abus de faiblesse en 2015 (une habitante de Tourcoing l’accuse de l’avoir obligée à avoir des relations sexuelles en échange de l’obtention d’un logement et d’un emploi) et des accusations de viol et de harcèlement en 2017 (Sophie Patterson-Spatz, après l’avoir sollicité en tant que chargé de mission de l’UMP afin d’annuler une condamnation de 2004 pour chantage et appels malveillants envers un ex-compagnon, s’est vu proposer des rapports sexuels en échange de l’aide de Gérald Darmanin).

Gérald Darmanin est tellement “la victime” dans cette affaire qu’il est à présent ministre de l’Intérieur, à la tête de l’institution chargée d’enquêter sur les faits, et en charge de l’amélioration de l’accompagnement des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles par la police… Tellement “la victime” que c’est sa position d’homme de pouvoir qui lui a permis d’abuser de ces femmes, et qui lui permet aujourd’hui de bénéficier d’un soutien indéfectible de toute la caste politique bourgeoise qui fait bloc autour de lui au nom de la “pésomption d’innocence”.

Darmanin pousse même plus loin la logique victimaire, allant jusqu’à déclarer que les accusations de viol sont un “passage initiatique pour ceux qui dérangent quand on fait de la politique nationale”. La rhétorique de la femme menteuse, de la femme vengeresse, de la femme comploteuse, est un grand classique misogyne qui ressort systématiquement quand il s’agit de discréditer et de bâillonner les femmes qui dénoncent les violences sexuelles.

Darmanin, contrairement à la grande majorité des victimes de violences sexuelles, a droit de part sa position de ministre à une tribune sans égal grâce aux médias, et d’un réseau de soutiens puissants, ce qui lui permet de continuer à se faire passer pour la victime de cette affaire aux yeux de tous. Ce discours est à son tour relayé partout de manière acritique. Alors que les manifestations féministes se font de plus en plus massives, et la colère contre ce système patriarcal et capitaliste de plus en plus virulente. La nomination de Darmanin a déclenché des manifestations partout en France, et le #DarmaninDémission s’est répandu comme une traînée de poudre sur Twitter.

Sans un mot pour cette colère si ce n’est du déni, Macron prouve que sa vision de l’égalité femmes-hommes, soit-disant “grande cause de son quinquennat” n’est pas la nôtre. Et, s’il est important de dénoncer Darmanin, Dupond-Moretti et les autres, il ne s’agit pas seulement de ces ministres, ni de ce gouvernement, ni de ce président. Le sexisme est une oppression structurelle : elle est ancrée dans les institutions et reproduite par elles. Ainsi, ce dont nous avons besoin, ce n’est pas d’un simple remplacement du personnel politique. De Schiappa à Macron, ils ne défendent que leurs intérêts de classe. Il est illusoire de faire appel à eux pour attendre une réelle politique féministe. C’est tout ce système qu’il s’agirait de renverser pour mettre fin au patriarcat ; par la mobilisation des opprimées et des exploitées en toute indépendance de l’Etat et de ses institutions.

MOTS-CLÉS violences sexistes   /    Gérald Darmanin   /    Du Pain et des Roses


https://www.revolutionpermanente.fr/Accusation-de-viol-Non-Darmanin-n-est-pas-la-victime-dans-cette-histoire

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La PMA pour toutes enfin adoptée, la ROPA écartée et les hommes trans laissés pour compte ,femmes, feminisme, PMA

11 Août 2020, 05:32am

Publié par hugo

 AVANCÉE EN DEMI-TEINTE DES DROITS REPRODUCTIFS
La PMA pour toutes enfin adoptée, la ROPA écartée et les hommes trans laissés pour compte
L'Assemblée a adopté, ce jeudi, le premier article de la loi dite bioéthique et a ouvert l'accès à la PMA aux couples lesbiens et aux femmes célibataires, mais a rejeté à grand renfort de rhétorique LGBT-phobe plusieurs amendements, notamment la ROPA et l'accès à la PMA aux hommes trans.

Camille Lupo

jeudi 30 juillet
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Crédit photo : AFP / Maud Dupuy / Hans Lucas

Après une deuxième lecture plus tôt ce mois-ci, l’Assemblée a adopté ce jeudi les trois articles de la loi dite bioéthique : l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires, remboursée par la Sécurité Sociale.

Comme à l’ouverture du débat autour de ce projet de loi l’été dernier, le calendrier n’est pas anodin. Il s’agit pour Macron de faire passer pendant la période estivale, largement considérée comme une période de trêve sociale, une mesure qui divise son électorat. Grande promesse sociale de la campagne de Macron, la PMA est pour la macronie un jeu d’équilibriste : entre le risque d’aliéner un électorat issus de la droite traditionnelle et religieuse, et la volonté d’apaiser les tensions de la gauche de plus en plus hostile avec une mesure sociale.

Le projet de loi sur la PMA fait les frais des calculs électoraux de la macronie depuis le début du quinquennat. Après des échéances sans cesse repoussées et plusieurs effets d’annonces, sa deuxième lecture intervient dans un contexte tendu autour des questions de droits des femmes.

Avec le récent remaniement ministériel, le gouvernement Macron tentait déjà de se rapprocher d’un électorat de gauche en renouant avec la "grande cause du quinquennat" : celle des violences faites aux femmes. La nomination de Darmanin, accusé de viol, est venue perturber ce projet et a été l’élément déclencheur de plusieurs mobilisations féministes. Une fois de plus, le projet de loi bioéthique arrive à point nommé pour étouffer ces contestations et tenter de redorer le blason d’un gouvernement en crise.

Une avancée dans l’égalité des droits
Ce projet de loi, et l’ouverture de la PMA aux couples lesbiens et aux femmes célibataires, représente cependant une avancée non-négligeable pour les droits des femmes et des LGBT.

Malgré cela, il est important de rappeler qu’une égalité de droit n’est pas une égalité de fait : l’ouverture du droit à la PMA pour les femmes célibataires et les couples lesbiens ne garantit pas que ce droit soit accessible à toutes. Si la PMA sera remboursée par la Sécurité Sociale, elle ne sera surement pas pratiquée dans tous les hôpitaux de France et nécessitera probablement des déplacements.

Comme le déclarait J.F. Mattéi, président de l’Académie nationale de Médecine, lors de l’ouverture précédente du débat autour du projet de loi : « Je pense qu’un certain nombre de médecins évoqueront la clause de conscience ». Malgré le vote du premier article de ce projet de loi, l’homophobie demeure un obstacle et certains médecins peuvent faire usage, comme dans le cas de l’IVG, de la clause de conscience pour ne pas pratiquer la PMA.

Rejet de la ROPA et de l’accès à la PMA pour les hommes transgenres : les LGBT-phobes à l’offensive à l’Assemblée
L’accès au droit à la PMA ne garantit pas la possibilité concrète d’y avoir recours, ou à l’égalité de cet accès dans les faits. Après l’adoption de la première mesure, plusieurs zones d’ombres demeurent par rapport à l’égalité des couples lesbiens avec les couples hétérosexuels : le rejet notamment de la technique dite de la ROPA qui aurait permis le don d’ovocyte dans un couple de femmes. Les femmes en couples lesbien peuvent donc recevoir un don d’ovocyte de n’importe quelle femme… sauf de leur conjointe, comme le soulignent un couple de militantes pour la PMA sur leur compte twitter.


L’Assemblée a également rejeté l’amendement proposé par la commission qui aurait permis la recherche de donneur de sperme aux caractéristiques proches, notamment physiques. Cet amendement serait contraire à « l’esprit » du projet de loi, et sèmerait la « confusion » chez les enfants, comme le rapporte 20 Minutes.

On voit ici le retour d’une rhétorique homophobe d’opposer le prétendu bien-être d’enfants avec les droits et l’existence même de couples homosexuels, la même qui animait en première lecture du projet de loi le refus du même régime de filiation pour les couples hétérosexuels et homosexuels. Le certificat de naissance d’un enfant né par PMA d’un couple de femme devra en porter la mention : une mesure stigmatisante pour les couples lesbiens et leurs enfants.

La mesure qui aurait permis l’accès à la PMA aux hommes transgenres a également été refusée pour ces mêmes raisons homophobes et transphobes, alors que les personnes transgenres sont parmis les plus discriminées dans le domaine des droits reproductifs.

Les élus LR se sont plaint inlassablement dans l’hémicycle de la création « d’orphelins de pères » ou du risque d’une « marchandisation de la procréation », et ont obtenus l’assurance que seuls les “couples” de “deux” aient accès à la PMA. L’auteur de l’amendement, Xavier Breton (LR), s’inquiétait de voir un jour un « couple à trois » vouloir un enfant. On voit ici la crainte de ce que représentent les droits LGBT pour la droite et les réactionnaires : une attaque à l’institution capitaliste et patriarcale de la famille.

C’est ce que représente également le troisième article de la loi bioéthique qui permet la levée de l’anonymat d’un donneur tiers à la majorité d’un enfant conçu par PMA. Pendant que le choix du donneur ou de la donneuse de gamètes est toujours interdit pour celles qui ont recours à la PMA et que 9 donneurs sur 10 lui seraient défavorables selon 20 Minutes, la levée de l’anonymat permet ici de contenter les réactionnaires et leurs émois homophobes autour des « orphelins de pères ».

Alors que Jean Castex invite les députés à garder « l’équilibre » pour la suite des discussions autour de la loi bioéthique, nous ne voulons pas d’un équilibre qui soit le status quo d’un gouvernement qui dispense des droits aux femmes et aux LGBT comme des miettes dans l’espoir d’étouffer les tensions et les contestations sociales.

Le fait que ce projet de loi puisse être adopté constitue sans aucun doute une conquête pour les femmes, mais cette avancée est fragile. La défense et la conquête de nouveaux acquis pour les femmes et les LGBT ne se jouent pas derrière les portes de l’assemblée nationale. Il est nécessaire de lutter pour l’égalité des droits dans tous les domaines en construisant un mouvement de masse, radical et indépendant de l’Etat et des partis bourgeois, et d’ancrer nos mobilisations dans un combat contre l’imposition d’une vision hétéronormée, patriarcale et nucléaire de la famille.

MOTS-CLÉS LGBTphobie   /    LGBT   /    PMA   /    Droits des femmes   /    Du Pain et des Roses


https://www.revolutionpermanente.fr/La-PMA-pour-toutes-enfin-adoptee-la-ROPA-ecartee-et-les-hommes-trans-laisses-pour-compte

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Mort de Gisèle Halimi, figure du féminisme et de l’anticolonialisme , femmes, feminisme,

11 Août 2020, 05:30am

Publié par hugo

 PORTRAIT D’UNE COMBATTANTE
Mort de Gisèle Halimi, figure du féminisme et de l’anticolonialisme
Gisèle Halimi, avocate franco-tunisienne et figure du féminisme et de l’anticolonialisme, s’est éteinte mardi, à 93 ans. Retour sur un parcours engagé.

Inès Rossi

jeudi 30 juillet
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Crédits photos : Jean-Claude Delmas/AFP

Gisèle Halimi naît Zeiza Taïeb en 1927, en Tunisie, dans une famille juive traditionnelle qui espérait un garçon. Très jeune, Gisèle défie les normes établies. À 10 ans, elle fait une grève de la faim quand on veut lui interdire d’apprendre à lire. À 13 ans, elle récidive, et entame une grève de la faim et refuse d’accomplir les tâches ménagères de ses frères. Ses parents cèdent au bout de trois jours. “Aujourd’hui j’ai gagné mon premier petit bout de liberté” écrit-elle dans son journal intime de l’époque.

À 15 ans, elle refuse un mariage arrangé et quitte la Tunisie pour Paris, où elle étudie le droit et la philosophie. En 1949, elle entre au barreau de Tunis, et s’illustre dans la défense de syndicalistes et des indépendantistes tunisiens. Infatigable, après l’indépendance de la Tunisie en 1954, elle repart exercer en France, où elle poursuit ses engagements anticolonialistes.

Car en 1954, la guerre pour l’indépendance de l’Algérie éclate. Gisèle Halimi va alors défendre de nombreux militants nationalistes algériens, du FLN ou du MNA. Elle dénonce l’usage de la torture par les militaires français, ce qui lui vaudra une arrestation et une brève détention.

En 1960, elle défend Djamila Boupacha, militante du FLN accusée d’avoir posé une bombe dans un café d’Alger. Après plus d’un mois de détention clandestine, durant laquelle elle est torturée et violée à répétition par des militaires français, Djamila Boupacha avoue avoir planifié un attentat. Son avocate adopte alors une stratégie de sensibilisation à grande échelle, dans la presse et en s’appuyant sur de nombreuses personnalités de l’époque. Pour médiatiser cette affaire et la question des tortures subies par les militants indépendantistes algériens, Gisèle Halimi demande donc à Simone de Beauvoir de rédiger une tribune dans Le Monde, « Pour Djamila Boupacha ». Le journal sera saisi en Algérie. Djamila Boupacha sera condamnée à mort, puis amnistiée dans le cadre des accords d’Évian.

En 1971, Gisèle Halimi est la seule avocate signataire du Manifeste des 343. Aux côtés de centaines de femmes, elle assume avoir eu recours à un avortement, chose passable de prison à l’époque. En effet, l’avortement était illégal à l’époque en France, forçant des centaines de milliers de femmes à avoir recours à des avortements clandestins chaque année, avec des risques sanitaires non négligeables pour toutes celles qui n’avaient pas les moyens de se payer une IVG dans des conditions sanitaires correctes. Un an plus tard, elle défend une jeune fille ayant avorté suite à un viol, lors du retentissant “procès de Bobigny”, obtenant sa relaxe, et du sursis pour sa mère qui l’avait aidé dans ses démarches.

Ce verdict fut une étape déterminante dans la lutte pour le droit des femmes à disposer de leurs corps, trois ans avant la loi Veil, qui dépénalise l’avortement en France. Elle poursuit son combat sans relâche pour les droits des femmes, en se battant pour la définition du viol comme un crime, considéré comme un délit en droit français jusqu’en 1980.

Après une période clairement militante au moment des mouvements d’indépendance, elle aura suivi par la suite le phénomène d’institutionnalisation progressif des luttes féministes des années 1960. Gisèle Halimi reste l’une des principale figure féministe réformiste de la deuxième partie du 20ème siècle. Proche de François Mitterrand, elle soutient sa candidature en 1981, et, bien que vite désillusionnée, elle est candidate PS aux élections législatives. Siégeant à l’Assemblée nationale jusqu’en septembre 1984, elle incarne de fait une caution de gauche de la Mitterandie.

Plus tard, Gisèle Halimi défendra l’interdiction du port du voile à l’école, allant jusqu’à quitter SOS Racisme suite à l’affaire des collégiennes voilées de Creil en 89, à qui elle reproche une approche “identitaire”. L’affaire des collégiennes voilées de Creil marque malheureusement une étape décisive dans l’obsession française de l’islam. Trente ans après, les interprétations bornées de la laïcité et les fixations réactionnaires sur les pratiques des musulmans (ou supposés musulmans) n’ont pas beaucoup évolué...

Mais tout ceci ne saurait bien évidemment faire oublier le parcours engagé qui a été le sien, liant féminisme, anticolonialisme et anti-impérialisme. “L’injustice m’est physiquement intolérable [...] Toute ma vie peut se résumer à ça. Tout a commencé par l’Arabe qu’on méprise, puis le juif, puis le colonisé, puis la femme” déclarait-elle en 1988.


MOTS-CLÉS Anticolonialisme   /    Féminisme    /    Algérie   /    IVG   /    Tunisie   /    Du Pain et des Roses


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