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Bonheur ! Françoise Dolto revit grâce à Sophie Forte , femmes ,

28 Juillet 2021, 22:58pm

Publié par hugo

28 JUILLET 2021
Culture \ Théâtre
Bonheur ! Françoise Dolto revit grâce à Sophie Forte

Avignon, le Off. Lorsque Françoise paraît (ou Comment devient-on Françoise Dolto ?) est une pièce magnifique à tout point de vue : le récit et la mise en scène d’Eric Bu, la distribution avec, notamment, une Sophie Forte excellente aussi bien en petite fille qu’en vieille dame. Enthousiasmant !

La petite Françoise Marette (dont le nom d’épouse sera Dolto), agenouillée sur une chaise devant sa fenêtre, regarde passer la vie à l’extérieur. Il ne faut que quelques secondes pour s’en persuader : Françoise enfant, incarnée par Sophie Forte, a vraiment quatre ans. Avec une remarquable économie de moyens, la comédienne EST cette petite fille précoce qui observe les adultes et tente de comprendre sa famille. Suzanne, la mère, est une bourgeoise « borderline », comme on dirait aujourd’hui. Et Henri, le père, quoique plutôt bienveillant, s’avère assez désorienté.

Françoise Dolto âgée est, elle aussi, jouée par Sophie Forte. Avec la même remarquable sobriété, et presque sans accessoire, la comédienne devient cette grande pédiatre qui s’est passionnée pour la cause des enfants et a révolutionné la façon dont ils sont considérés. Non pas des « tuyaux digestifs », qui ne souffrent pas et ne comprennent rien, mais des humain·es à part entière. On suit la psychanalyste dans son cabinet lors de ses consultations et sur les plateaux, radio ou télé. La pièce semble écrite sur mesure pour la comédienne. Son auteur, Eric Bu, répond parfaitement à la question qu’il pose lui-même : comment devient-on Françoise Dolto ?

Une vie passée à éduquer les parents

La narration est vive, inventive ; elle va à l’essentiel et restitue parfaitement, en touches délicatement brossées, le parcours de l’extraordinaire Françoise Dolto. Ce que l’on se demande, au fil de la pièce, c’est comment cette enfant grandie dans une famille pathogène n’a pas sombré, face aux épreuves subies dans l’enfance. Peut-être grâce au « BAG » (Bon Ange Gardien) qu’elle s’est inventé à quatre ans et qui l’accompagne jusqu’à la fin de sa vie ? Le BAG est interprété par Stéphane Giletta qui joue aussi à merveille le poste à galène, un des ressorts comiques de la pièce qui n’en manque pas. Cet excellent comédien sera aussi le curé, plusieurs hommes de média dont un truculent Bernard Pivot, le psychanalyste de Françoise Dolto, son mari, un papa qui apprend qu’il peut parler à son bébé, un enfant énurésique qui comprend qu’il n’aura pas à remplacer son père disparu et n’a donc pas besoin de redevenir un tout petit garçon. Et, cerise sur le gâteau, un savoureux et jovial fils, Carlos en personne !

À huit ans, Françoise décide qu’elle sera « médecin d’éducation »… pour éduquer les parents ! Quelle idée ! Une fille ! Faire des études de médecine ? Une femme ? Travailler ? Horreur. Quand elle a douze ans, sa mère lui fait porter le poids de la mort de sa grande sœur. Sans doute n’a-t-elle pas assez prié… La mère, troublante, ambiguë, est jouée avec finesse par la talentueuse Christine Gagnepain qui, elle aussi, jouera toute une galerie de personnages dont une tonique Catherine Dolto.

On ressort de la pièce vidé·e par l’émotion mais tellement heureuse/heureux. Les yeux rougis par les larmes versées en cachette. Pas grave, le voisin se mouche discrètement, lui aussi. On ressort avec du rire dans le cœur, tant Françoise Dolto ressuscitée est attachante, drôle, pétillante. On ressort avec de l’espérance à nouveau : si l’espèce humaine qui a produit cette si belle personne, tout est encore possible, même le meilleur.

Sylvie Debras 50-50 Magazine

Théâtre du Balcon dans le Off, à 10 h 30 jusqu’au 31 juillet. Et en tournée en 2021-2022, notamment du 8 septembre 2021 au 27 mars 2022 au Théâtre Lepic (Paris, 18éme, relâche les lundis et mardis).

Photo de Une : Frédérique Toulet

Françoise Dolto enfant, jouée par Sophie Forte, entre sa mère, Christine Gagnepain, et son père, Stéphane Giletta

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Étiquettes : Education Culture Théâtre


https://www.50-50magazine.fr/2021/07/28/bonheur-francoise-dolto-revit-grace-a-sophie-forte/

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L’Escadron Bleu : les héroïnes de 1945 , femmes; feminisme, histoire, histoire de france ,

14 Août 2020, 23:36pm

Publié par hugo

11 AOÛT 2020
Matrimoine
L’Escadron Bleu : les héroïnes de 1945

En 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, une brigade de femme surnommée l’Escadron Bleu, est chargée d’une mission de sauvetage à haut risque. Mandatée par le Général de Gaulle, cette unité féminine, composée de douze Françaises, conductrices, secouristes, ambulancières, infirmières…  a un objectif : sauver les déporté·es, travailleurs/travailleuses forcé·es et prisonnier·es politiques français·es, détenu·es dans les camps nazis d’Europe de l’Est.

Les filles de l’Escadron bleu âgées, pour la plupart, de moins de 30 ans, volent au secours des rescapé·es de guerre au cœur d’une Allemagne meurtrie et d’une Pologne dévastée, contrôlée par l’armée soviétique. En 1945, dans le chaos de l’après-guerre, le Rideau de fer est en train de s’abattre sur une Europe plus affaiblie que jamais. Dans ce contexte de fortes tensions et de fracture idéologique, ces volontaires ont décidé d’engager une course contre la montre pour sauver des femmes et des hommes. Exposées à l’horreur des camps nazis, à la brutalité de l’armée soviétique et aux conflits stratégique entre les États-Unis et l’URSS, les femmes de l’Escadron Bleu risquent leur vie pour soigner et rapatrier 300 000 Français·es dispersé·es dans un continent en ruine.

Dirigée par Madeleine Pauliac, une ancienne résistante, lieutenant et médecin cheffe en charge de l’hôpital français à Varsovie, la troupe prend la route à bord de cinq ambulances de la Croix Rouge et parcourt 48 000 km pour retrouver le plus possible de femmes et d’hommes. De juillet à novembre 1945, ces douze femmes vont accomplir plus de 200 missions de sauvetage.

Madeleine Pauliac, une combattante de l’ombre

Le 14 novembre 1945, la mission de rapatriement de l’Escadron Bleu prend fin. Les femmes rentrent à Paris. Deux mois plus tard, Madeleine Pauliac, déterminée et décidée, retourne en Pologne pour continuer son combat dans une clandestinité totale. Son but, aider les religieuses d’un couvent polonais victimes de viol de guerre par les soldats soviétiques. Plusieurs se retrouvent enceintes et sur le point d’accoucher. Madeleine Pauliac se lie avec ses religieuses craignant l’opprobre et la fermeture du couvent. Vouées à la chasteté, elles sont détruites physiquement et psychologiquement, traumatisées au plus profond de leur âme. La docteure française va revenir plusieurs fois pour aider ces femmes dans le rejet, le déni ou la découverte de la maternité, portant l’enfant du péché et de l’ennemi. Le 13 février 1946, Madeleine Pauliac, âgée de 33 ans, meurt d’un accident de la route en se rendant en Pologne. Elle aura exfiltré 24 nouveau-né·es qui seront adopté·es en France. Une héroïne insoumise qui a dévoué sa vie aux autres.

Sans jamais se glorifier de leurs actions, les femmes de l’Escadron bleu, reprirent une vie normale après la guerre. Leur périple, oublié de l’histoire du XXème siècle, mérite d’être mis en lumière et salué.

Ni éligibles, ni électrices, les Françaises n’ont pas hésité à agir pour la défense nationale. Leur participation dans la Résistance et dans l’après-guerre, fut primordiale. Saboteuses de ligne de chemin de fer, infirmières, espionnes, distributrices de tracts clandestins, opératrices radio, organisatrices de réseaux d’évasion… Des femmes ont participé, combattu et vécu le conflit malgré les risques de déportation, de viol, de torture et de mort.

Des héroïnes ignorées de l’histoire, qui ont affronté les mêmes risques que les hommes, voire pires. Leur combat est très peu valorisé, leur lutte sous-estimée et leurs actions minimisées : 1038 hommes sont reconnus Compagnons de la Libération contre seulement 6 femmes. Les femmes représentent à peine 10% des médaillé·es de la Résistance.

Un manque de reconnaissance injustifié au regard de leur engagement volontaire civil et moral pour servir une France qui vient juste de leur accorder le droit de vote.

Messilia Saidj 50-50 Magazine

Photo de Une : Madeleine Pauliac
https://www.50-50magazine.fr/2020/08/11/lescadron-bleu-les-heroines-de-1945/

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