A quoi ça sert un père ?
On a souvent enfermé le père dans l’image de l’autorité et négligé son importance dans l’épanouissement
des enfants. Si tous les pères ne sont pas au square dès 16 h 30, leur rôle a considérablement évolué depuis plusieurs années et on parle même des "nouveaux pères"… Le point sur leur place dans la famille et leurs nouvelles fonctions…
On a longtemps pensé que seule la mère était indispensable au bon développement de l’enfant. On sait maintenant
que le rôle du père est loin d’être secondaire... au-delà de la figure d’autorité traditionnelle, il exerce une influence positive sur l’ensemble de la personnalité de l’enfant, et ceci
dès son plus jeune âge.
Le père fouettard…
La psychologie du XXe siècle s’est accordée à attribuer
essentiellement au père la fonction de représentant de la Loi : c’est lui qui, par le fait son existence (au moins dans l’esprit de la mère), empêche symboliquement que la relation
fusionnelle mère-nourrisson ne se prolonge plus que nécessaire. Cela permet ainsi à l’enfant de s’ouvrir au monde des autres. Le père incarne et transmet à l’enfant les règles qui lui
permettront d’acquérir force de caractère, pouvoir de contrôle, sens moral et désir d’affirmation positive de soi. La figure traditionnelle du père se situe donc du côté de l’autorité et
il joue un rôle dans la socialisation.
Modèle d’identification…
Il est également établi que le père joue un rôle important dans la construction de l’identité sexuelle de
l’enfant. Pour le garçon, il est un modèle d’identification : celui à qui il va chercher à ressembler. Pour la fille, il est une sorte de modèle idéal de l’autre sexe : celui qu’elle
cherchera à retrouver après la puberté.
Dans cette perspective classique, c’est à la mère d’apporter à l’enfant en bas âge affection et présence active;
le père n’a pas de rôle à jouer avant la fin de « l’âge tendre ». La fonction qui lui est attribuée est symbolique et sa présence effective n’est pas considérée comme indispensable au
tout jeune enfant. Ce qui importe, c’est que le père existe dans la pensée et la parole de la mère, indiquant ainsi au petit qu’il n’est pas l’unique objet de son désir. Si ce schéma
reste valable pour la plupart des psychologues, il n’explique pas l’influence éventuelle du père en tant que présence affective et effective. Or les temps changent et les pères
aussi...
Les temps ont changé
Le rôle traditionnel accordé au père est lié à une conception schématique et dépassée du couple : à l’homme, le
monde extérieur et la fonction économique ; à la femme le foyer et la fonction affective. Il est également lié à un modèle de structure familiale construite pour durer.
Or le couple a évolué. Les femmes ont investi le monde du travail et les pères ont tendance à s’impliquer
davantage auprès du jeune enfant, dans les jeux, mais aussi dans la vie quotidienne, les repas, les bains… La structure familiale a éclaté pour faire place à une mosaïque de structures
différentes (monoparentale, familles recomposées…). Enfin, la vision des rapports au sein de la famille a changé ! La femme n’accepte plus d’être réduite à la maternité. Les hommes sont
de plus en plus enclin à renoncer au principe de la puissance paternelle. Ils sont prêts à se reconnaître sensibles, affectueux envers leurs tout jeunes enfants, sans que cela porte
atteinte à leur identité masculine. Un nouveau modèle de père s’ébauche aujourd’hui… Quel est l’impact sur le développement de l’enfant ?
Qu’apportent les "nouveaux pères" à leurs enfants ?
Plusieurs études récentes ont été menées sur l'influence de la présence physique et active des pères auprès des
tout-petits. Elles ont montré que cette présence les prépare plus efficacement et plus rapidement que ne le ferait la mère à s’aventurer dans le monde extérieur. Ils seraient plus vite à
même de se débrouiller tout seul, de se faire reconnaître et accepter dans un groupe d’enfants et d’intégrer les règles de la vie collective. Par ses taquineries, ses tentatives de
déstabilisation, le père incite l’enfant à s’adapter à la nouveauté. Par sa tendance à encourager l’exploration, il le prépare à affronter l’inconnu. Par son inclination pour les jeux
physiques (chatouilles, luttes simulées…), il contribue à le sensibiliser au respect des règles et de l’adversaire. Les « nouveaux pères » exercent donc une action dynamisante dès les
premières années de la vie de l’enfant, en l’aidant à faire le pont entre l’affirmation de soi dans la famille et l’affirmation de soi à l’extérieur.
Un rôle affectif aussi fort que celui de la mère ?
Un domaine des relations père-enfant que les études n’ont pas encore exploré reste celui de la forme que peut
prendre leur attachement affectif, domaine traditionnellement réservé à la mère. Il a toutefois été prouvé (assez récemment) que l’enfant de moins de 1 an était susceptible de s’attacher
à plusieurs personnes, et donc à son père. Toutefois, si l’enfant est en situation de détresse, la mère reste la plus à même de le réconforter.
Aujourd’hui, peu de données tangibles nous renseignent sur le mode d’attachement affectif que l’enfant peut nouer
avec son père. Mais rares sont ceux qui doutent encore des bienfaits d’une paternité assurée pleinement au côté de la mère et dès le commencement…
Dominique Pir
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