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politiques

Féminisme Washing , femmes, feminisme,

7 Juillet 2021, 15:18pm

Publié par hugo

Féminisme Washing
INFOSCRITIQUES (1)CITATIONS (0)FORUM
Féminisme Washing par Lejeune
AJOUTER À MES LIVRES

Léa Lejeune
EAN : 9782021467208
256 pages
Éditeur : SEUIL (04/03/2021)
4.33/5   3 notes
RÉSUMÉ EDITEURRÉSUMÉ MEMBRES
HISTORIQUEMODIFIERLIRE
Qu’y a-t-il de commun entre un T-shirt Dior à message féministe et une Barbie à l’effigie de Frida Kahlo ? Entre une pub pour du gel douche Dove ou des serviettes hygiéniques Always ? Entre deux multinationales qui affirment donner leur chance aux femmes dans leurs communiqués …alors qu’elles sont poursuivies aux prud’hommes pour discriminations sexistes ? Tous pratiquent le « féminisme washing », ou son pendant publicitaire le « femvertising », et repeignent les marques aux couleurs du féminisme, sans questionner leurs engagements réels pour les femmes.

Grâce à une enquête journalistique fouillée qui confronte les usages militants aux productions et ressources humaines des entreprises, Léa Lejeune démontre comment elles cherchent à séduire – parfois à berner – la nouvelle génération féministe. Elle s’appuie sur des exemples concrets et sur la vulgarisation de travaux de recherche en économie. Et conclut son livre en donnant des pistes pour les femmes engagées qui souhaitent s’affranchir des discours mercantiles. Et des pistes pour les entreprises qui veulent corriger leurs mauvaises habitudes ?


https://www.babelio.com/livres/Lejeune-Feminisme-Washing/1314093

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 Féminisme Washing
Quand les entreprises récupèrent la cause des femmes
Léa Lejeune
Qu’y a-t-il de commun entre un T-shirt Dior à message féministe et une Barbie à l’effigie de Frida Kahlo ? Entre une pub pour du gel douche Dove ou des serviettes hygiéniques Always ? Entre deux multinationales qui affirment donner leur chance aux femmes dans leurs communiqués …alors qu’elles sont poursuivies aux prud’hommes pour discriminations sexistes ? Tous pratiquent le « féminisme washing », ou son pendant publicitaire le « femvertising », et repeignent les marques aux couleurs du féminisme, sans questionner leurs engagements réels pour les femmes.

Grâce à une enquête journalistique fouillée qui confronte les usages militants aux productions et ressources humaines des entreprises, Léa Lejeune démontre comment elles cherchent à séduire – parfois à berner – la nouvelle génération féministe. Elle s’appuie sur des exemples concrets et sur la vulgarisation de travaux de recherche en économie. Et conclut son livre en donnant des pistes pour les femmes engagées qui souhaitent s’affranchir des discours mercantiles. Et des pistes pour les entreprises qui veulent corriger leurs mauvaises habitudes ?

Léa Lejeune, 34 ans, est journaliste économique à Challenges. Elle préside l’association Prenons la une pour une meilleure représentation des femmes dans les médias.


https://www.seuil.com/ouvrage/feminisme-washing-lea-lejeune/9782021467208

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Turquie : ces femmes qu'Erdogan ne fera pas taire , femmes, feminisme, politiques,

7 Juillet 2021, 08:36am

Publié par hugo

 Turquie : ces femmes qu'Erdogan ne fera pas taire
Par Catherine Castro Publié le 19/06/2021 à 10:26
 Reportage Turquie femmes Erdogan
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8 photos

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Elles sont étudiantes, intellectuelles, femmes de loi ou chanteuse et ne veulent plus être les cibles et otages idéologiques du régime d'Erdogan. Un président qui clame vouloir mettre au pas les "déviants" à sa morale ultraconservatrice. Notre reporter est allée prendre le pouls de leur colère.
Sur sa terrasse avec vue sur le Bosphore, Gaye Su Akyol traduit les paroles de sa chanson Narguilé. Elles lui ont valu d'être convoquée par la police. Star en son pays, elle revisite avec son rock psychédélique des mélodies turques traditionnelles, dépasse les frontières.

D'une voix capiteuse au parfum d'Orient, elle chante la poésie et la rébellion, campée bien droite dans ses cuissardes en vinyle rose malabar ou vert pomme, devant un public de modeuses en short, de filles en hijab, de pères, de frères.

Gaye met presque tout le monde d'accord. "Les flics avaient reçu des plaintes. C'est comme ça qu'ils travaillent : ils scrutent les réseaux sociaux et vous tombent dessus : insulte au président." En Turquie, ce délit est passible de prison. Parfois la Björk turque imagine les pires scénarios. Depuis le coup d'État manqué en 2016, plus de quatre-vingt mille personnes ont été arrêtées, plus de cent médias interdits, des centaines de professeurs limogés, et des milliers d'associations de défense des droits humains fermées.

Lire aussi :
Pologne : face à un gouvernement haineux, la jeunesse entre en résistance
La vidéo du jour :

"Ce monde sans fantaisie, c'est chiant à mourir"
Nous discutons, entre rires et sarcasmes. Se marrer est mal vu. En 2014, le vice-premier ministre avait prévenu : "Une femme doit conserver une droiture morale, elle ne doit pas rire fort en public." Gaye évoque la criminalisation des personnes LGBT, l'infiltration d'espions dans les manifs féministes, les usines à trolls, comme en Russie ou en Chine, qui vomissent des injures sur les comptes "déviants.

Soudain, Gaye et Gökçe, la journaliste qui traduit les interviews, placent leur téléphone sous leurs cuisses. Ce geste, ou la voix qui d'un coup baisse de deux tons, est un réflexe à Istanbul, où vous êtes en permanence surveillé·es. "C'est dur d'être une femme en Turquie, c'est dur d'être qui que ce soit en Turquie", déplore l'artiste. "Et ce monde sans gay, sans trans, sans fantaisie, sans autre chose, c'est chiant à mourir." La musique la sauve. Elle et ses fans.

C'est dur d'être une femme en Turquie, c'est dur d'être qui que ce soit en Turquie.

Le retrait de la Convention d'Istanbul publié par décret dans la nuit du 20 mars a mis les femmes turques à genoux. Ce traité international signé en 2011 contraint les États signataires à se doter d'une législation pénalisant les violences sexuelles et sexistes faites aux femmes et aux filles de moins de 18 ans. Recep Tayyip Erdogan a justifié le retrait de la Convention : "à l'origine destinée à promouvoir les droits des femmes", mais "noyautée par un groupe de gens qui essaient de normaliser l'homosexualité, ce qui est incompatible avec les valeurs sociales et familiales de la Turquie".

Même les femmes conservatrices, dont le vote a contribué à le porter au pouvoir contre la promesse de légalisation du hijab dans les administrations et à l'université, ne le soutiennent pas. Pour Eva Bernard, doctorante à Sciences Po Aix, spécialiste des droits des femmes en Turquie, "le gouvernement cherche avant tout à renforcer sa base électorale, conservatrice et attachée au modèle patriarcal. Et nourrit la fibre nationaliste : la famille turque est mise en péril par les ingérences étrangères."

Lire aussi :
Syrie, leur fierté et leur douleur : rencontre avec trois femmes réfugiées en France
Turquie : l'avocate Ebru Timtik meurt après 238 jours de grève de la faim contre son emprisonnement
1/8 "Je ne veux plus vivre dans la peur"
Reportage Turquie femmes Erdogan
Istanbul, 29 avril 2021. À Cihangir, quartier branché et enclave progressiste, une fille en amazone à l'arrière d'un scooter brandit une bouteille de vin déjà ouverte. Minijupe, collant résille, cheveux en liberté, Istanbul dans le vent. Dans quinze minutes, le confinement total va endormir la ville. Et assécher les gosiers. Les mosquées restent ouvertes, mais la vente d'alcool a été bannie jusqu'à la fin du ramadan, en dehors de tout cadre légal.

Chez Carrefour, hommes et femmes garnissent leurs caddies de bouteilles de vin. Demain, les blousons rouges, bleus, noirs des forces de l'ordre – il y a autant d'uniformes que de corps de police – fondront sur les sept collines de la mégapole. Les couleurs de la répression… Des embouteillages monstres générés par les contrôles asphyxient déjà la capitale, rendant périlleuse toute tentative d'évasion.

Samedi 1er mai, la ville est bouclée. La place Taksim, point de ralliement habituel des manifestations et les rues des quartiers voisins sont barricadées, infranchissables, surveillées tous les 5 m par des centaines d'agents en uniforme, véhicules anti-émeutes prêts à intervenir. Rencontrer sur Skype Rümeysa Çamdereli, qui vit de l'autre côté du Bosphore sur la rive asiatique, paraît donc bizarre mais plus simple.

Cette activiste féministe aux yeux pétillants d'intelligence est pieuse et pro LGBT. Cofondatrice de Havle, une plateforme d'expression de féministes musulmanes, et de deux blogs collectifs, Recel et JAM, cette trentenaire, divorcée, mère d'un garçon, est connue pour ses prises de position. Son hijab ne la protège pas, pire, il attise des campagnes de lynchage en ligne opérées par les religieux et les gardiens de la sacro-sainte structure familiale turque. Fatiguée par le jeûne, elle ferraille avec douceur et fermeté.

"La religion est une question d'éthique et de justice, pas de domination", dit-elle. En plus de militer pour l'égalité et contre les discriminations, Rümeysa chante et joue de la guitare électrique. Seule sur scène. Elle ne cadre pas avec le cliché de la croyante de base, dont les religieux proches du pouvoir attendent modestie, invisibilité et silence. "La famille telle que les autorités la présentent est la base de déploiement du pouvoir patriarcal. C'est précisément là où l'on dit aux femmes comment elles doivent et ne doivent pas se comporter. Là où la violence sur les femmes et les enfants se déchaîne, en toute impunité. Cette famille-là, on n'en veut pas."

La famille telle que les autorités la présentent est la base de déploiement du pouvoir patriarcal.

Le 8 mars 2019, Rümeysa s'était bricolé une pancarte. "Êtes-vous Dieu ? À bas votre structure familiale." Son compte Twitter a été noyé sous les trolls. "Ce que je dis me met en danger, tout le monde est jeté en prison en Turquie. Tant pis. Je ne veux plus vivre dans la peur." Pour Erdogan et les leaders islamiques qui l'entourent, une femme accomplie est une mère de trois enfants minimum.

Restriction des libertés
"Plus qu'à un repli religieux, on assiste à une politique générale de restriction des libertés, analyse Eva Bernard. Les mouvements féministes et LGBT sont criminalisés parce qu'ils sont des acteurs politiques. Les discours sexistes et la répression des activistes ont valeur de message : ils signalent l'entente entre l'État et les hommes pour défendre l'organisation patriarcale de la société. Les attaques contre les acquis juridiques sont aussi une façon de dire au pays et à l'Europe : on fait ce qu'on veut."

L'avortement par exemple, légal depuis 1983, désormais quasi inaccessible. "En 2011-2012, les autorités ont criminalisé l'IVG dans les discours politiques, puis dans les médias pro-gouvernement. Les médecins ont suivi, par crainte de subir des pressions", poursuit la chercheuse. Depuis la réforme de la santé, prescrire un contraceptif ou pratiquer une IVG pénalise les gynécologues. Les hôpitaux publics, ignorant le secret médical, préviennent la famille. Les patientes mariées doivent fournir une autorisation écrite du mari.

Restent les cliniques privées ou clandestines où l'acte pratiqué est facturé de 2 000 à 6 000 TL (200 à 600 euros). Les autorités ont aussi bloqué l'accès en Turquie au site de télémédecine womenonweb.org qui permet de procéder à une IVG médicamenteuse.

"Nous ne baisserons pas les yeux"
Prise en otage, la génération Z a grandi avec Erdogan au pouvoir et se rebelle. L'année 2021 a démarré sous le signe de la contestation sur le campus de l'université du Bosphore (Bogazici). Bilan : cent vingt jours de manifestations, près de deux cents arrestations d'étudiants. C'est dans un petit parc près de la fac qu'Elçin Özçelikel, étudiante en sociologie de 22 ans, avec Gülrü et Hüsnü, militants LGBT comme elle, nous raconte la nomination d'un recteur proche du pouvoir et l'exposition-protestation par quatre élèves d'un photomontage où le drapeau arc-en-ciel LGBT a été placé sur la Kaaba, lieu sacré de La Mecque.

Qualifiés de "détraqués LGBT" par le ministre de l'Intérieur, ils ont été arrêtés. Deux d'entre eux ont fait deux mois de prison, les autres ont été assignés à résidence. Elçin a fait partie d'un autre round d'arrestations. "On voulait faire une conférence de presse, mais ils nous ont enfermés à l'intérieur du campus pour nous en empêcher. Puis ils nous ont arrêtés. Deux jours et demi après, ils nous ont relâchés."

En réponse à une vidéo où la police ordonne aux étudiants de baisser les yeux, le hashtag #nousnebaisseronspaslesyeux a incendié les réseaux sociaux. Erdogan et son ministre de l'Intérieur en ont profité pour souffler sur les braises. "Insulte à l'islam", "dégénérés LGBT", "terroristes". Le club LGBT de l'université a été fermé. Cette jeunesse-là, le président n'en veut pas : "Nous allons mener vers l'avenir non pas une jeunesse LGBT mais une jeunesse digne de l'histoire glorieuse de cette nation." Les étudiants attendent leur procès.

Maltraités, les vingtenaires n'acceptent plus de se faire dicter leur conduite. Le port du voile, interdit jusqu'à 2008 dans les écoles, les universités et les administrations publiques, en est un exemple frappant. Il vient même d'être autorisé au sein de l'armée. Recep Tayyip Erdogan a été élu en 2003 sur la promesse de le légaliser, ce qu'il a fait. Sauf que cela n'a pas mis les jeunes croyantes au pas. Elles veulent, si elles en ont envie, porter un foulard et boire des bières, danser en boîte de nuit et avoir une vie sexuelle. Sans être couvertes d'insultes en retour.

Depuis la réforme de la santé, prescrire un contraceptif ou pratiquer une IVG pénalise les gynécologues.

"Les femmes en ont marre d'être des marionnettes entre conservateurs et opposants, tempête la journaliste Büsra Cebeci. Elles sont fatiguées de porter sur leur tête une rhétorique rétrograde et les péchés qui vont avec." Büsra a tombé le hijab, tandis que Nesibe Kiris, avocate des droits humains, a choisi de le porter tout en défendant l'égalité des droits. Élevée dans une famille pieuse du centre du pays, Büsra a dû se couvrir à 14 ans. Rümeysa, elle, a connu l'obligation de se découvrir chaque jour en arrivant au lycée : "un vrai traumatisme." Büsra a suivi un chemin inverse. Enlever son foulard à 21 ans lui a pris du temps.

"Cinq minutes d'abord, dans la maison. Puis dehors, planquée sous ma capuche, avec des lunettes de soleil pour ne pas être reconnue. Puis cette sensation inouïe du vent qui faisait danser mes cheveux, comme dans un clip vidéo." Sept ans plus tard, elle raconte en fumant et en riant dans un parc accoudé au Bosphore. "Pendant la campagne #10yearchallenge, j'ai posté sur Twitter des photos de moi avec le hijab et tête nue." Un manifeste qui lui valu 16 600 likes et autant de haine.Terroriste, supportrice de Fetö (organisation religieuse accusée du coup d'État manqué de 2016, ndlr)" Elle a continué à résister, en publiant sur Bianet une série de témoignages de femmes, puis un livre, Chacun vit comme il l'entend.

"Nous ne voulons pas mourir"
Les Turques qui ne se plient pas à la dictature patriarcale risquent la mort. Ipek Bozkurt est avocate de la plateforme "Nous arrêterons les féminicides". Cette organisation fournit une assistance juridique aux victimes. En mai 2021, cent vingt-six femmes ont été tuées. En 2020, quatre cent neuf. Ipek nous reçoit dans son cabinet à quelques mètres de la place Taksim. Elle incarne une affirmation joyeuse : je fais ce que je veux et toutes les femmes ont ce droit-là. Et c'est bien dans les tribunaux que les batailles se mènent.

Les avocats des agresseurs accusent systématiquement les femmes, c'est de leur faute.

"Notre système judiciaire est corrompu, les dirigeants politiques sont misogynes et tout est organisé pour neutraliser le pouvoir de la loi. C'est le reflet exact de ce qui se passe dans la société." Autrement dit, la justice est dans le camp des hommes. Le slut-shaming est la stratégie préférée de la justice. "Les avocats des agresseurs accusent systématiquement les femmes, c'est de leur faute."

En 2020, Emine Bulut a été poignardée à mort par son ex-mari dans un café devant sa fille de 10 ans. Dans la scène, filmée, la jeune femme crie : "Je ne veux pas mourir. "Nous ne voulons pas mourir" est devenu un cri de ralliement. Ipek relie cette tragédie à l'un de ses dossiers. "Une de mes clientes est harcelée par son ex-mari. Son dernier message : 'Le mari d'Emine Bulut avait forcément une bonne raison de la tuer. Le président dit que la femme doit se comporter comme son mari le lui dit. Si tu ne veux pas finir comme elle, réponds-moi.'"

Dans le bureau lumineux d'Ipek Bozkurt, le souffle glacé de la masculinité toxique fait chuter la température. La loi punit lourdement les crimes, "mais les juges allègent les sanctions. Se tenir bien pendant l'audience, porter une cravate, est automatiquement récompensé d'une réduction de peine. Invoquer l'honneur bafoué est aussi très efficace. Ils vont en prison et en sortent très vite".

La Turquie, déjà condamnée pour discrimination de genre
En Turquie, l'impunité érigée en système est littéralement meurtrière. "Le retrait de la Convention d'Istanbul nous prive d'un cadre législatif plus sophistiqué. Dans la législation turque, le concept de violence de genre, par exemple, n'existe pas. Heureusement, il nous reste la Convention Européenne des Droits de l'Homme, dont la Turquie est signataire. Notre pays a d'ailleurs déjà été condamné pour discrimination de genre."

Dehors, la place Taksim est cernée de hautes barrières métalliques étiquetées POLIS. Les mots de la journaliste Elçin Poyrazlar rencontrée plus tôt reviennent cogner contre ces clôtures. "On est tellement en colère ! Tout ça est une sinistre histoire de mecs à moustache et d'honneur, matérialisé par un rapport sexuel."

Auteure de romans policiers, Elçin vit en Europe. Ses personnages principaux sont tous féminins et assez énervés. L'intrigue de son dernier livre, non traduit, s'attaque aux féminicides. "Ce qui se passe dans ce pays est un massacre. Mais cela ne va pas durer. Cet homme (le président, ndlr) partira. Et ce sont les femmes qui le mettront dehors." Presque toutes y croient. Presque toutes sont sûres que dans cinq ans, elles se diront : "Tu te rappelles ?"

Lire aussi :
Rémie Akl : "Au Liban, une fille qui réclame ses droits est considérée comme impolie"
Galia Ackerman : "En Biélorussie, les femmes ont tout à gagner de la révolution"
2/8 Nesibe Kiris, 25 ans, avocate
 Reportage Turquie femmes Erdogan 2
Elle a choisi de porter le foulard, estimant que sa foi ne regarde personne.

3/8 Büsra Cebeci, 28 ans, journaliste et auteure
 Reportage Turquie femmes Erdogan 3
Elle a enlevé son hijab il y a sept ans et milite pour le droit à disposer de son corps, que l’on soit couverte ou non.

4/8 Gaye Su Akyol, la Björk turque, écrit des chansons engagées
Reportage Turquie femmes Erdogan 4
Elle a été convoquée par la police pour son titre Narguilé. C’est elle qui a dessiné le kilim devant lequel elle pose.

5/8 Elçin Poyrazlar, journaliste et auteure
Reportage Turquie femmes Erdogan 5
Elle vit en Espagne, mais collabore au média d’opposition Medyascope. Elle écrit des romans policiers féministes dont la Turquie est le théâtre.

6/8 Gülru, Hüsnü Beha Yildiz et Elçin Özçelikel, étudiant·es en sociologie et militant·es LGBT
Reportage Turquie femmes Erdogan 6
Ils ont été arrêté·es lors d’une manifestation en janvier dernier.

7/8 Ipek Bozkurt, avocate de la plateforme "Nous arrêterons les féminicides"
Reportage Turquie femmes Erdogan 7
Elle mène la lutte contre les violences de genre, défendant les femmes victimes de la domination masculine. En 2020, 409 ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint.

8/8 Rümeysa Çamdereli, musulmane, croyante et féministe
Reportage Turquie femmes Erdogan 8
Pro-LGBT, elle se bat contre toutes formes de discrimination de genre. Et joue aussi de la guitare électrique.

Cet article est initialement paru dans le n° 826 de Marie Claire, daté de juillet 2021.

Lire aussi :


https://www.marieclaire.fr/turquie-ces-femmes-qu-erdogan-ne-fera-pas-taire,1376876.asp

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Un Temps pour Elles : un festival pour mettre à l'honneur le matrimoine musical oublié , femmes , feminisme,

6 Juillet 2021, 02:41am

Publié par hugo

 Un Temps pour Elles : un festival pour mettre à l'honneur le matrimoine musical oublié
Pour sa deuxième édition, du 25 juin au 1er août 2021, le festival de musique Un Temps pour Elles nous fait découvrir des musiciennes et compositrices oubliées, dans des lieux historiques du Val-d'Oise, histoire de faire rimer matrimoine historique et matrimoine musical. 
Pour sa deuxième édition, du 25 juin au 1er août 2021, le festival de musique Un Temps pour Elles nous fait découvrir des musiciennes et compositrices oubliées, dans des lieux historiques du Val-d'Oise, histoire de faire rimer matrimoine historique et matrimoine musical. 
©Un Temps pour Elles
02 JUIL 2021
 Mise à jour 02.07.2021 à 15:01 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Encore et toujours, visibiliser et réhabiliter les femmes artistes occultées. Le festival Un temps pour Elles revient enchanter notre été avec sa deuxième édition, pour nous faire découvrir des compositrices de grand talent lors de concerts organisés dans la région parisienne, à suivre également sur les réseaux sociaux. De la cantatrice Pauline Viardot à la pianiste Marie Jaëll, un véritable matrimoine musical à partager entre générations. 
Pour sa deuxième édition, le festival français Un temps pour Elles se fait itinérant et nous propose 19 concerts le long d'un parcours à travers le Val-d'Oise, un territoire riche de lieux patrimoniaux, pour ne pas dire "matrimoniaux" ! Du 25 juin au 1er août 2021, ce festival met à l'honneur des compositrices oubliées, mais également de grandes femmes de l’histoire qui ont forgé et inspiré des lieux emblématiques. Ainsi le chemin des musiciens et du public croisera celui de Blanche de Castille aux abbayes de Royaumont et de Maubuisson, dont elle est la fondatrice, mais également à l’Eglise Notre-Dame-de-l’Assomption de Taverny, dont elle aurait posé la première pierre. Le public ira sur les pas de Ninon de Lenclos au château de Villarceaux et de la comtesse de Ségur au château de Méry-sur-Oise.
 
Nous souhaitons mettre en valeur les compositrices et créatrices du passé, mais également la création contemporaine pour créer, justement, ces modèles.

Héloïse Luzzati, violoncelliste et directrice du festival Un Temps pour Elles
Et puis cette découverte et cette transmission passant aussi par les plus jeunes générations, le festival leur organise chaque samedi après-midi un concert qui leur est dédié. "En proposant des contenus artistiques et musicaux à destination des jeunes générations, nous souhaitons mettre en valeur les compositrices et créatrices du passé, mais également la création contemporaine pour créer, justement, ces modèles", explique Héloïse Luzzati, la fondatrice d'Un Temps pour Elles.

De la musique au féminin pour tous.tes, même dès le plus jeune âge, avec au programme également une Ôde à nos amis les doudous proposé par Clémentine de Couture et Anne de Fornel, qui convient petits et grands autour des oeuvres pour enfants d'Isabelle Aboulker. Une compositrice connue pour ses opéras pour enfants qui aime à se décrire ainsi : "J'aime le théâtre, le verbe, et j'aime aussi le bruit du crayon sur mon papier à musique, le bruissement de la gomme, les petits points noirs qui se transforment en rythmes et en sons. Alors avec plaisir et obstination, et contre toute logique, je compose des opéras". 
 

Des "trobairitz" du Moyen Âge à Marie Jaëll
Présentes dès le Moyen Âge, où elles se nomment "trobairitz" (équivalent féminin du troubadour), les femmes qui composent de la musique ont toujours existé. Malgré cela, elles occupent une part infime dans l’histoire de la musique officielle et aujourd’hui, à peine 4% des œuvres musicales programmées en concert sont écrites par des compositrices. Elles ont été et restent largement invisibilisées. Pour justifier cette invisibilité, un argument récurrent : si ces compositrices ne sont pas passées à la postérité c’est qu’elles n’ont pas créé de chefs-d’œuvre…

"Contribuer à réparer cette injustice est l’une des missions du festival Un temps pour Elles. Faire découvrir et entendre des œuvres, pour beaucoup inédites, éveiller la curiosité et l’intérêt du public face à un répertoire trop peu connu. Notre mission tout au long de l’année réside dans l’élargissement du corpus d’œuvres connues des compositrices ; pour ce faire, nous déchiffrons constamment des œuvres inédites à l’enregistrement, manuscrits ou premières éditions, et ainsi se dessine l’envie et la nécessité de programmer ces œuvres et d’en faire profiter un public le plus large possible," précise encore la directrice artistique du festival, violoncelliste.  
 

 
Le 25 juin, à l'abbaye de Maubuisson, ce sont dix femmes de légende qui sont mises à l'honneur. Ces dix compositrices ont toutes pour point commun d’avoir écrit pour la voix. Ce programme mêlant musique vocale et musique instrumentale est une re-création du trio de Charlotte Sohy, rendue possible par le travail de son petit-fils François-Henri Labey, et en présence des artistes Elsa Dreisig, soprano, Nikola Nikolov, violon, Celia Oneto Bensaid, piano, et Xavier Phillips, violoncelle.

 
J’ai une idée si haute de mon art que toute ma joie est de lui vouer ma vie sans espérer autre chose que de vivre par lui et pour lui.

Marie Jaëll, pianiste, compositrice
Marie Jaëll se consacra de manière originale à l'étude de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Technique_du_piano" rel="nofollow" title="Technique du piano">technique pianistique</a> : elle se livra à une analyse très poussée du toucher et proposa une méthode d'enseignement du piano toujours pratiquée : <em>Le toucher : enseignement du piano basé sur la physiologie</em> (1899).
Marie Jaëll se consacra de manière originale à l'étude de la technique pianistique : elle se livra à une analyse très poussée du toucher et proposa une méthode d'enseignement du piano toujours pratiquée : Le toucher : enseignement du piano basé sur la physiologie (1899).
©wikipedia
"Apprendre à composer, une passion qui ne me quitte jamais. Je me réveille le matin avec elle, je m’endors avec elle le soir. J’ai une idée si haute de mon art que toute ma joie est de lui vouer ma vie sans espérer autre chose que de vivre par lui et pour lui", ces mots sont de la pianiste virtuose Marie Jaëll (1846-1925). Sa version pour quatuor avec piano du quatuor en sol mineur était jusqu’à aujourd’hui inédite. "Le manuscrit, particulièrement difficile à lire, a fait l’objet d’une commande du festival à Julien Giraudet. À la jonction entre le XIXème et le XXème siècle, ce programme parcourt la France, l’Allemagne et la Croatie à travers le répertoire pour quatuor avec piano", indique la directrice du festival.

"Un nom d’homme, et vos partitions seraient sur tous les pianos", voilà ce que lui dit Franz Liszt, alors qu'elle n'était encore que l’une de ses disciples. Malgré ce conseil avisé, Marie Jaëll, qui fut aussi l'élève de Camille Saint-Saëns et qui obtint le premier Prix au Conservatoire de Paris en 1862, conservera son identité féminine pour signer ses œuvres. Elle compose de nombreux morceaux de musique qu'elle présente à la Société nationale de Paris et s'impose parmi une société de compositeurs très largement masculine. On lui doit aussi une méthode d'apprentissage du piano par le toucher, toujours pratiquée aujourd'hui. 

"Entendre chaque jour, à chaque pas de votre vie, les seigneurs de la création vous jeter sans cesse à la face votre misérable nature féminine serait propre à vous mettre en rage et à vous monter contre la féminité", écrivait de son côté Fanny Mendelssohn (née à Hambourg, 1805-1847) face à l’injustice de sa condition féminine. Musicienne talentueuse, Fanny Mendelssohn-Hensel aurait certainement été une des figures les plus marquantes du romantisme allemand, si elle avait été un homme... Car si Félix Mendelssohn, son frère, fut soutenu, encouragé, et sa musique connue grâce à l’appui de son père, Fanny, elle, fut muselée et continuellement ramenée au fait d’être femme. Elle n’en compose pas moins toute sa vie sans chercher à être éditée, ce que son frère lui interdit formellement, jusqu’aux dernières années de sa vie. Le Festival lui redonne la place qu'elle mérite lors d'une soirée, avec au programme sa Fantasia, au Château de Méry-sur-Oise. 


©Un Temps pour Elles
Bien avant Jean de La Fontaine, "Marie de France"
Lors d'une autre soirée intitulée Les fables de Marie de France, le festival nous invite à découvrir une poétesse méconnue et pourtant...
Enluminure représentant Marie écrivant son ysopet et réalisée par "Le Maître de Papeleu" vers 1290.
Enluminure représentant Marie écrivant son ysopet et réalisée par "Le Maître de Papeleu" vers 1290.
©wikipedia
Cinq cents ans avant l’illustre La Fontaine, elle écrit de magnifiques fables animalières inspirée d’Ésope. Une écriture sans concession, vive et acérée. Une plongée dans les poumons de la forêt de Brocéliande : ici se jouent des saynètes de faunes explorant les chemins de vie que peut prendre l’existence humaine. Chaque animal, chaque fable devient guide, offrant aux humains des leçons de vie, de morale et de sagesse politique pour mener à bien leur passage dans cette forêt mystérieuse, parfois inquiétante, sauvage ou civilisée qu’est la vie en société.

Première femme fabuliste, Marie – surnommée "de France" lors de sa redécouverte à la Renaissance – accorde souvent dans ses fables une place inhabituelle à la parole féminine. Celles-ci comptent parmi les plus belles réussites narratives et poétiques du XIIème siècle. Avec la contribution musicale et complice d’Isabelle Olivier, Aurore Evain met en scène l’illustre talent de cette grande autrice injustement oubliée par l’histoire.
Musique et cinéma au féminin
Isabelle Olivier, harpiste et compositrice. 
Isabelle Olivier, harpiste et compositrice. 
©site officiel/Isabelle Olivier
A l'instar du répertoire classique et lyrique, dans le domaine de la musique de cinéma, les femmes sont bien moins connues que les hommes. Elles n'en sont pourtant pas absentes. Après avoir recherché et visionné la filmographie d’Alice Guy, la musicienne de renom Isabelle Olivier a l’idée de créer un ciné concert en hommage aux pionnières du cinéma injustement oubliées. Compositrice évoluant aux frontières du jazz, des musiques celtiques et actuelles, elle est sollicitée dans le monde du cinéma et du spectacle vivant.

Elle a notamment composé les musiques de cinq films, dont L’Esquive d’Abdellatif Kechiche, et quatre autres signés Agnès Varda -pionnière s'il en est du cinéma contemporain- avec laquelle elle a eu la chance de collaborer à plusieurs reprises. Isabelle Olivier nous propose un programme éclectique, accessible à toutes et à tous, fondé sur une recherche sonore particulièrement élaborée entre acoustique et électronique. 
 

La dynastie Viardot
Enfin, Un Temps pour Elles veut aussi célébrer le bicentenaire de Pauline Viardot (1821-1910), une grande mezzo-soprano, qui fut bien plus qu'une "femme de salon" mais une vraie créatrice de musique, comme le fut sa fille après elle. Son œuvre de compositrice comprend des dizaines de pièces vocales ou instrumentales, de nombreuses transcriptions, trois opéras de chambre, une cantate patriotique. Elle publie aussi une méthode pour voix de femme intitulée Ecole classique du chant. Camille Saint-Saëns dira : "Je ne sais comment elle avait appris les secrets de la composition ; sauf le maniement de l’orchestre, elle les connaissait tous, et les nombreux lieder qu’elle a écrits sur des textes français, allemands et espagnols, témoignent d’une plume impeccable. Au rebours des compositeurs qui n’ont rien de plus pressé que d’exhiber leurs produits, elle s’en cachait comme d’une faute ; il était difficile d’obtenir qu’elle les fit entendre ; les moindres, cependant, lui eussent fait honneur".


C'est à l'aide des mémoires de Louise Héritte-Viardo, compositrice et fille de Pauline Viardot, que Julie Depardieu racontera l'histoire de cette dynastie incroyable de musicien.ne.s, de Manuel Garcia à Maria Malibran, en passant par Pauline Viardot.

Julie Depardieu, Agathe Peyrat, soprano, Dana Ciocarlie, piano, Hélène Collerette, violon, Léa Hennino, alto, et Héloïse Luzzati, violoncelle, célèbrent le bicentenaire de la cantatrice Pauline Viardot, le 17 juillet 2021, au château de Villarceaux. 
Julie Depardieu, Agathe Peyrat, soprano, Dana Ciocarlie, piano, Hélène Collerette, violon, Léa Hennino, alto, et Héloïse Luzzati, violoncelle, célèbrent le bicentenaire de la cantatrice Pauline Viardot, le 17 juillet 2021, au château de Villarceaux. 
©Un Temps pour Elles
Tout le programme du festival Un Temps pour Elles sur le site >https://www.festival-untempspourelles.com/

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Turquie : face à Recep Tayyip Erdogan, des féministes de plus en plus jeunes , femmes, feminisme,

6 Juillet 2021, 02:25am

Publié par hugo

 Turquie : face à Recep Tayyip Erdogan, des féministes de plus en plus jeunes 
Anne Andlauer, à Istanbul
 Publié le mercredi 30 juin 2021 à 18h07
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Ce 1er juillet, sur décret du président Recep Tayyip Erdogan, la Turquie se retire officiellement de la convention d’Istanbul, convention du Conseil de l’Europe et premier texte au monde contraignant les États à protéger les femmes des violences. Alors que les atteintes aux droits des femmes se multiplient dans ce pays, le mouvement féministe se renforce. De plus en plus de lycéennes le rejoignent.


Beste, Deniz (à gauche sur la photo ci-dessus) et Lara (tout à droite sur la photo) ont 17 ans. Elles sont lycéennes et féministes dans un pays qui, à compter de ce 1er juillet, ne reconnaît plus la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes, la désormais bien mal nommée "convention d’Istanbul".

Pour Beste, le retrait de la Turquie a d’abord été un choc, puis un catalyseur. "Je ne m’y attendais pas du tout parce que je trouvais tragi-comique le simple fait qu’on puisse débattre de ce texte. Je considérais comme impossible qu’on retire des droits aux femmes dans un pays où le patriarcat est tellement prégnant et où tellement de femmes meurent chaque jour", raconte la jeune femme, qui parle d’une "énorme déception". Et d’ajouter : "Mais je crois que cette décision a poussé toutes les féministes à se mobiliser, car on se rend bien compte que c’est de pire en pire et qu’on doit arrêter ça toutes ensemble."

Depuis une dizaine d’années, le mouvement féministe prend de l’ampleur en Turquie. Elles font partie des rares à n’avoir pas déserté la rue sous l’effet de la répression de l’après-tentative de putsch de l’été 2016, qui asphyxie ou tétanise la société civile. Elles manifestent chaque 8 mars (journée internationale des femmes), chaque 25 novembre (journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes), chaque fois qu’un droit est en danger ou qu’un crime secoue les consciences. Et elles sont de plus en plus jeunes.

Je sais bien que le vrai problème n’a rien à voir avec la longueur de ma jupe

Avec sa robe courte et son refus de plier au discours sexiste et anti-féministe, Beste espère faire évoluer les regards en Turquie. "Je ne peux pas dire que je suis tranquille, mais je continue de porter des mini-jupes sans jamais tirer dessus pour les rallonger. Je sais bien que le vrai problème n’a rien à voir avec la longueur de ma jupe… Quoi que je fasse, quoi je porte, si quelqu’un veut m’attaquer, il m’attaquera", fait valoir la jeune femme.

Son amie Deniz dit ne ressentir "aucune peur". "Au contraire, cela m’encourage de voir tant de femmes lutter pour leurs droits. Beaucoup sont tuées parce qu’elles ont voulu divorcer et que leur mari refusait. Elles divorcent alors même qu’elles savent qu’elles subiront encore plus de violences, elles luttent malgré les risques. C’est une grande source d’inspiration et de motivation."

"Aujourd’hui, le gouvernement lui-même parle de 'féminicides'"
Selon la plateforme "Nous stopperons les féminicides", au moins 300 femmes ont été tuées par un homme en 2020, tandis que la mort de 171 autres a été jugée "suspecte".

Ces lycéennes ont en commun d’être "entrées" dans le féminisme à un moment où le gouvernement turc ne cesse de rogner les droits acquis. Pour autant, toutes se décrivent comme optimistes.

"Grâce à notre plateforme et aux luttes féministes en général, nous avons remporté beaucoup de victoires ces dix dernières années", affirme Lara. "Dire que la Turquie revient en arrière, ce serait minimiser ou ignorer notre lutte", souligne la jeune femme, qui observe qu'"aujourd’hui, le gouvernement lui-même parle de 'féminicides' et se sent contraint de publier des statistiques officielles. De mon point de vue, le simple fait que ce pouvoir reconnaisse la réalité des féminicides est une grande victoire pour nous. Nous en gagnerons d’autres !"


https://www.rtbf.be/info/monde/detail_turquie-face-a-recep-tayyip-erdogan-des-feministes-de-plus-en-plus-jeunes?id=10795536

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Forum Génération Égalité : la plus importante convention de l'ONU sur la cause des femmes depuis 1995 , femmes, feminisme, egalite ,

4 Juillet 2021, 23:58pm

Publié par hugo

 Forum Génération Égalité : la plus importante convention de l'ONU sur la cause des femmes depuis 1995
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Un forum international sur l'égalité femme-homme s'ouvre ce mercredi à Paris. C'est la plus importante convention de l'ONU sur ce sujet depuis 1995. Objectif : faire progresser les droits des femmes et des jeunes filles dans le monde.. Zoom sur la Pologne où l'avortement est quasi interdit.

Carte du monde avec classement par pays de l'égalité entre hommes et femmes, selon le rapport 2018 du Forum économique mondial
Carte du monde avec classement par pays de l'égalité entre hommes et femmes, selon le rapport 2018 du Forum économique mondial• Crédits : Gal ROMA, Laurence CHU / AFP - AFP
Kamala Harris et Hillary Clinton figurent sur la prestigieuse et longue liste des participants au Forum Génération Égalité. La vice-présidente des États-Unis restera à distance, mais l'ancienne secrétaire d'État américaine sera, elle, présente à Paris, aux côtés de dirigeants politiques, de représentants d'organisations internationales et de la société civile. Toutes et tous se réunissent à partir de ce mercredi au Carrousel du Louvre. Leur objectif : faire progresser l'égalité entre les femmes et les hommes dans le monde. C'est la plus importante convention des Nations unies sur cette thématique depuis 1995 et la déclaration de Pékin. Les détails avec Cécile de Kervasdoué, du service société de France Culture.

Ce forum devrait faire progresser les droits des femmes et des jeunes filles partout dans le monde : zoom sur la Pologne où l'avortement est quasi interdit, avec le reportage de notre correspondante Sarah Bakaloglou.

Les autres titres du journal
Vers une élection présidentielle les 10 et 24 avril 2022 : les dates devraient être confirmées en conseil des ministres, mercredi matin. Les détails avec Stéphane Robert, chef du service politique.

Environ 100 000 emplois pourraient disparaître d’ici 2030 dans l'industrie automobile française, en raison des ventes croissantes de véhicules électriques. La CFDT et la fondation Nicolas Hulot publient une étude mercredi à ce sujet. Les explications d'Hakim Kasmi.

Il y a trente ans, le 30 juin 1991, la politique d'apartheid se terminait en Afrique du Sud. Reportage de Romain Chanson, sur place.

LES DERNIÈRES DIFFUSIONS


https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-8-h/journal-de-8h-du-mercredi-30-juin-2021

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Céline Sciamma : "Je veux donner du pouvoir politique aux mères", femmes, feminisme, politiques,

4 Juillet 2021, 04:02am

Publié par hugo

Céline Sciamma : "Je veux donner du pouvoir politique aux mères"
 
Elli Mastorou
 Publié le mercredi 30 juin 2021 à 08h06
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On vous en parlait la semaine passée dans les sorties "female gaze" : 'Petite Maman', le nouveau film de Céline Sciamma, est une des sorties incontournables de l’été. Un film surprenant, à la fois fort d’un propos puissant et d’une désarmante simplicité. La réalisatrice étant de passage à Bruxelles, Les Grenades ont sauté sur l’occasion de la rencontrer.


Son premier film s’appelait ‘Naissance des Pieuvres’. Sorti en 2007, il était porté par une jeune comédienne qui débutait, comme elle : une certaine Adèle Haenel…  Quinze ans et 4 films plus tard, Céline Sciamma s’est imposée comme une des nouvelles réalisatrices puissantes - et un des "female gaze" le plus importants - du cinéma français.

En 2019, son ‘Portrait de la jeune fille en feu’, histoire d’amour passionnée entre deux femmes dans la France du 18ème siècle, concourait pour la Palme d’Or au Festival de Cannes. Un film fiévreux, dans lequel on retrouvait Adèle Haenel, dans un rôle-titre écrit pour elle.

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En 2020, son film est nommé aux Césars aux côtés de celui de Polanski. Quand le prix du Meilleur Réalisateur est remis à ce dernier, Céline Sciamma emboîtera le pas de son actrice quand Adèle, pleine de colère, décide de quitter la cérémonie – le fameux "on se lève et on se barre" que l'écrivaine Virginie Despentes écrira le lendemain dans la journal Libération.

►►► A lire aussi : Polanski et les Césars: la cérémonie "de la honte"

En 2021, une pandémie et deux confinements plus tard, Céline Sciamma est de retour avec un nouveau film. ‘Petite Maman’ raconte l’histoire de Nelly, 8 ans, dont la grand-mère vient de décéder. Avec Marion, sa maman, elles vident la maison familiale, et Marion partage ses souvenirs d’enfance avec Nelly. Et puis un matin, alors que sa mère a dû s’absenter, Nelly rencontre dans les bois une petite fille qui a le même style et le même âge qu’elle… et qui s’appelle Marion. Avec ses tons automnaux et son pitch teinté de science-fiction, ce nouveau film de la cinéaste peut surprendre par son changement de direction : on est clairement loin de la love-story en corsets.

Mais au fond, la cinéaste nous confie explorer les mêmes obsessions : des personnages à égalité, et une dramaturgie où la bienveillance l’emporte sur la manipulation. Un choix assumé, pour inonder notre imaginaire de nouveaux récits, d’autres façons de nous raconter – et de relationner.


Céline Sciamma, pour les spectatrices et spectateurs, ce nouveau film, plutôt intimiste et enfantin, peut sembler a première vue très différent de ‘Portrait de la jeune fille en feu’, qui était si flamboyant et fiévreux. Mais peut-être n’avez-vous pas le même regard ? Comment voyez-vous ces deux films ?

Céline Sciamma : "Ce sont des films différents, y compris dans leur façon d’être faits, mais la question des contrastes, si ‘Petite Maman’ est un film plus petit ou plus grand, ce n’est pas vraiment à moi de le dire. Pour moi, en tout cas, c'est le film d'après ‘Portrait’ : il est complètement dans la lignée des nouveaux plaisirs que j'ai eus sur ‘Portrait’, comme le réalisme magique. Et il est plein du courage et de la confiance que m'ont donnés ‘Portrait’ : la confiance en mon travail, et la croyance dans les outils du cinéma, pour justement, faire cet objet-là. Y compris dans l’assurance de dire : "Ben ouais, c'est un film d’1h10, qui s'adresse tant aux adultes qu’aux enfants" (sourire).

Pour moi, c'est le même type d'expérience cinématographique que ‘Portrait’, mais encore plus démocratique, c’est-à-dire qui s'adresse à encore plus de gens. Je lie vraiment les deux films, ils se tiennent la main, en fait - et tous. J'ai toujours l'impression d'aller plus loin dans mes idées, c'est pour ça que je n'arrive pas à créer d'hiérarchie. Mais en tout cas, il y a dans ‘Petite Maman’ une volonté tout aussi révolutionnaire que celle qu’il y avait dans ‘Portrait’. Révolutionnaire, dans le sens des révolutions intérieures chez les spectatrices et spectateurs : partir d’une nouvelle idée, mais toujours faire des films qui regardent le spectateur, où il se sent regardé, où il se sent vu."

Des personnages à égalité, une dramaturgie sans conflit

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© Cinéart
Si vos films diffèrent dans leur fabrication, y a-t-il un thème, une obsession que vous creusez en tant qu’autrice, et qu’on retrouverait dans toute votre œuvre ?

"Une idée que je pousse de plus en plus à chaque film, c’est celle de personnages à égalité. Dans ‘Portrait’ c'était appliqué au dialogue amoureux. Ici, il y a l'idée d'abolir la hiérarchie généalogique grâce au cinéma. On met nos généalogies à l'horizontale. Même le casting est une idée de mise en scène, pour travailler cette égalité : caster des sœurs, qui en plus sont nées le même jour..."

Les deux héroïnes du film ? Elles ne sont pas jumelles ?

"Si, elles le sont. Mais je ne les ai pas filmées comme des jumelles, et elles ne se vivent pas comme des jumelles. C'est pour ça que j'ai dit ça comme ça (sourire). C'était moins pour travailler sur leur caractère identique, que sur l'égalité entre elles : pour le spectateur, il suffit qu'une ait 5 centimètres de plus que l'autre, et déjà, c'est une autre gosse. Là, il y a vraiment l'idée qu'elles se rencontrent exactement au même moment de leur vie. Cette question de l'égalité entre les personnages, et aussi celle d'une dramaturgie sans conflit, de personnages dans la bonne foi, qui essayent de se comprendre, qui ne sont pas dans la manipulation, c'est vrai que c’est quelque chose que je pousse de film en film. Et ici aussi, sous forme de conte philosophique."

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© Cinéart
Un conte où l’on voyage dans le temps, et où l’on rencontre ses parents dans leur jeunesse : on pense à Retour vers le Futur, forcément… !

"J’adore ce film, c'est un de mes préférés ! Mais pour le coup il est marqué par son époque. C'est un film qui a un rapport au capital, c'est pour ça que c'est 100% un film d'Hollywood des années 80 : c'est l’histoire d’un adolescent dans la précarité, son frère est en prison, sa mère est alcoolique, son père est un écrivain raté, plus personne ne s'aime... Et quand il revient, le bénéfice, c'est : il y a de l'argent. Il y a une rentabilité du voyage dans le temps (rires) ! Dans ‘Petite Maman’ aussi pour le coup il y en a une, mais c’est la compréhension, les retrouvailles. C'est vraiment l'idée d'un temps partagé à égalité. La machine à voyager dans le temps est l'opportunité de passer du temps ensemble."

On peut proposer d’autres rapports affectifs que le mythe d’Œdipe 

Le film brouille les pistes entre rêve et réalité…

"On ne sait pas si ça a été vécu, oui, mais le bénéfice est réel. Les conséquences, elles sont réelles. Et c'est pour ça que je fais le film. Et pour nous aussi, les conséquences peuvent être réelles : mon rêve, au fond, c'est que chacun puisse ensuite avoir un nouvel outil de fiction pour se consoler, dialoguer avec les gens qui ne sont plus là, qui sont loin, avec qui on n'arrive pas à dialoguer... Une amie m'a dit : "maintenant quand j'ai un conflit avec mon père, je nous imagine faire une cabane tous les deux, et ça va mieux". Voilà, le bénéfice de comment on peut dialoguer dans nos imaginaires, il est réel. Toute nos psychothérapies se font sur des fictions de rivalités affectives ! Prenez le mythe d’Œdipe : c'est une fiction qui structure à la fois nos lectures de nous-mêmes, et le soin qu'on prend de nous. C'est quand même fou. Donc on peut proposer d'autres fictions, avec d'autres types de rapports affectifs. Et qui peuvent être tout aussi puissantes que celles qui sont canoniques depuis... pas si longtemps que ça, en plus !"

Le film milite pour qu’on regarde tout le sérieux des enfants

Quelle dimension politique voyez-vous dans ‘Petite Maman’, partant du principe que tout film en a une ?

"Celle-là, justement, des politiques de nos mythologies affectives. Et puis aussi, surtout, les enfants ! Le film milite pour que les enfants soient regardés avec sérieux, et qu'on regarde tout le sérieux des enfants. On sort d’une pandémie dans laquelle les enfants n'ont absolument pas été respectés. On dit toujours que les enfants sont les citoyens du futur, or ce sont les citoyens du présent. On fait comme s'ils n'étaient pas au courant des politiques morbides autour d'eux, mais ils vivent ces politiques dans leur chair, et ils entendent bien, à la radio, qu'on ne s'adresse pas à eux.

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En Nouvelle-Zélande, Jacinda Adern s'est adressée aux enfants : donc c'est possible ! S'il y a une idée (politique NDLR) derrière ‘Petite Maman’, c'est de vraiment les respecter davantage. Ils sont instrumentalisés tout le temps : "Il faut protéger les enfants de", on voit bien que ça produit des politiques morbides - qui ne les protègent pas ! En voulant les protéger des inconnus dans la rue, on ne les protège pas des agresseurs chez eux. Cette mascarade, ça commence à se voir : qui a le droit de faire des enfants, qui n'a pas le droit d'en faire… Je vis dans un pays où je n'ai pas le droit de faire d'enfants, quand même. C'est une génération entière de femmes qui n'en auront pas… Par contre, les enfants qui défilent à la Manif Pour Tous, ça c’est OK… ? Tout ça participe à l'instrumentalisation des enfants." 

Quel est votre rapport à la maternité ? Est-ce qu’il a nourri aussi le film ?

"Ce que je veux surtout, c'est donner du pouvoir politique aux mères. Restaurer la place des mères et des enfants dans la cité. Moi, il se trouve que je n’en ai pas, donc ma façon de participer, disons, c'est celle-là : donner des histoires, des images, célébrer... C'est vrai que la plupart des messages que je reçois sur le film, pour le coup c'est nouveau, mais oui, c'est des mères de famille."

►►► A lire aussi : Fatima Ouassak veut rendre visible "la puissance des mères"

‘Petite Maman’ de Céline Sciamma. En salles ce mercredi 30 juin.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_celine-sciamma-je-veux-donner-du-pouvoir-politique-aux-meres?id=10793978

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Elle>Société>Actu société Exclusif – Féminicides, Egalité, première dame, crop top : Macron répond , femmes, feminisme, sexisme,

1 Juillet 2021, 18:07pm

Publié par hugo

 Exclusif – Féminicides, Egalité, première dame, crop top : Macron répondMis à jour le 1 juillet 2021 à 09h45Exclusif – Féminicides, Egalité, première dame, crop top : Macron répond 
Féminicides, égalité salariale, congé paternité, exercice du pouvoir, polémique du crop top… Emmanuel Macron répond. © Benoît Peverelli
SAUVEGARDER
Alors que le forum Génération Égalité de l’ONU Femmes se tient à Paris, et à dix mois de la présidentielle, nous avons questionné le chef de l’État sur les débats qui agitent la société. Féminicides, égalité salariale, congé paternité, exercice du pouvoir, polémique du crop top… Entretien.

par Propos recueillis par Ava Djamshidi, Véronique Philipponnat et Dorothée Werner
Plus de cinquante femmes tuées sous les coups de leurs (ex-)conjoints, en France, depuis le début de l’année. Emmanuel Macron a beau avoir fait de l’égalité femmes-hommes la grande cause de son quinquennat, ce seul chiffre hurle que le combat est loin d’être gagné. C’est vrai, le chef de l’État a ouvert des fronts. Engagé un Grenelle sur les violences conjugales, fait voter des lois sur le harcèlement de rue, l’égalité salariale ou l’allongement de la prescription pour les violences sexuelles sur mineurs, mis en place des dispositifs nouveaux, comme le bracelet anti-rapprochement. Pourtant, de son propre aveu, la France n’est pas exemplaire. À qui la faute ? « Au temps que mettent les mesures à être appliquées », invoque le maître des horloges. Ou à une « bataille culturelle » qui ne fait que commencer. Seulement ?

ELLE. Notre pays est-il exemplaire en matière d’égalité femmes-hommes ?

E.M. On est exemplaire quand on a fini de régler le sujet ; on ne peut pas dire que nous le soyons. La prise de conscience est bien là. Cela m’avait frappé lors de la campagne, en 2017. Le premier sujet qui ressortait était celui des violences dans les transports et de l’insécurité vécue par les femmes. Tout le monde s’est moqué de nous, on nous disait que nous n’avions pas de programme. Ces thèmes n’étaient pas dans les canons de la vie politique. J’ai décidé que ce serait la grande cause du quinquennat bien avant #MeToo, ce formidable accélérateur de prise de conscience et d’exigence. Depuis, nous avons fait des avancées.

Lire aussi >> Emmanuel Macron va créer une « promotion de défenseures des droits des femmes »

ELLE. Sans être encore exemplaires…

E.M. Nous sommes au cœur d’une révolution positive. On est sur un chemin, il faut rester vigilants et utiliser tous les moyens dont on s’est dotés pour aller au bout de cette transformation culturelle.

ELLE. Vous avez mis en place des mesures de lutte contre les violences faites aux femmes. Pourtant, il y a eu plus de cinquante féminicides depuis janvier. Un rapport récent a fait état de dysfonctionnements entre la police et la justice. Que comptez-vous faire ?

E.M. Dès qu’il y en a un, c’est un de trop. Mais avant, le mot « féminicide » n’existait pas dans la sphère politique. Jeune fonctionnaire, en préfecture, on me parlait de « violences familiales ». C’était un continent caché. Maintenant qu’il est visible, il ne faut pas considérer que le combat est fini. En parler, le dénoncer et donner aux femmes les moyens d’alerter, comme on l’a fait dans les supermarchés, les pharmacies, avec des numéros d’urgence, c’est très important. Dès novembre 2017, j’ai lancé l’offensive, on a ensuite tenu le Grenelle à l’issue duquel plusieurs dispositions ont été prises, maintenant il faut les utiliser à plein, comme les bracelets anti-rapprochement.

ELLE. Pourquoi sont-ils si peu nombreux à être utilisés ?

E.M. On pense trop souvent que lorsque l’on vote une loi, le problème est réglé. Il faut le temps de sa mise en place, et c’est là encore un changement culturel pour ceux qui doivent l’appliquer. Les magistrats qui règlent ces problèmes utilisent des instruments auxquels ils étaient habitués : la peine de prison ou le rappel à la loi. Les ordonnances anti-rapprochement que nous avons introduites se sont bien déployées. Le bracelet, lui, était peu utilisé. C’est en train de monter progressivement, même si 145 bracelets posés, c’est trop peu.

ELLE. Un tiers des victimes de féminicides alertent la police. Améliorer l’accueil des plaintes dans les commissariats ne passe-t-il pas par plus de policiers mieux formés, des bureaux fermés et discrets, bref, plus de moyens ?

E.M. J’ai du mal à l’entendre. Nous venons de créer 10 000 postes de policiers et de gendarmes. On en a formé 90 000. Là encore, le sujet, c’est d’appliquer ces lois récentes. On a aussi créé 1 000 places d’hébergement en 2020, 1 000 supplémentaires sont en train d’ouvrir, ce qui correspond à une augmentation de 50 % des capacités d’accueil. Il faut ensuite améliorer le fonctionnement de la justice, d’où les rapports d’inspection que l’on a demandés. L’autre aspect, c’est la manière dont les associations, les policiers ou les magistrats se saisissent de ces instruments… C’est en train d’être mis en œuvre. Je suis plutôt confiant mais il faut accélérer, mettre la pression, et je le fais lorsque je me déplace. Et puis il faut continuer la bataille culturelle, et dénoncer toute situation de violence au plus tôt.

ELLE. Certaines hésitent à franchir le seuil d’un commissariat…

E.M. Bien sûr. Beaucoup de femmes ne le font pas parce qu’elles ne vivent pas forcément leur situation comme quelque chose d’anormal. Les hommes violents sont souvent manipulateurs. Il y a une forme de dépendance, de culpabilité, d’emprise qui se déconstruit parfois lentement, en parlant. Les associations font un travail irremplaçable. Ensuite, il faut une écoute bienveillante et responsable. Une dénonciation qui ne sert à rien, c’est un risque pris pour rien, et on sait que c’est un Everest pour beaucoup de femmes. Même s’il y a eu des réticences de la part des forces de l’ordre, je constate une prise de conscience réelle. Un jour, j’ai fait un passage au 3919 et pris l’appel d’une femme qu’un jeune gendarme avait refusé de considérer. Dans la foulée, on a renforcé les formations des policiers, et rendu cette plateforme accessible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Ça ne va jamais assez vite, mais la pression sur ceux qui agissent au quotidien ne doit pas diminuer. La nôtre, la mienne, celle de la société tout entière.

ELLE. Pourquoi avoir choisi de sécuriser le versement des pensions alimentaires ?

E.M. Au début de la crise des Gilets jaunes, avant que le mouvement ne devienne violent, j’ai été frappé par les images : c’était la première fois que des femmes, mères de famille, souvent monoparentales, se mobilisaient en aussi grand nombre dans un mouvement social. Au début, je n’ai pas bien compris ce qui se passait, je le dis avec beaucoup d’humilité. Mais en les écoutant, j’ai compris que c’était notamment une question de pouvoir d’achat intimement lié au versement des pensions alimentaires. Ce sujet n’existait pas dans le débat politique, or il concerne deux millions de familles. Les pensions alimentaires sont payées de manière irrégulière dans plus de la moitié des cas, ou pas du tout dans un tiers des cas. Quand vous êtes une femme caissière élevant seule vos enfants et que la pension est versée aléatoirement, ça veut dire que vous vivez un drame à chaque fois.

ELLE. Des recours étaient déjà possibles en cas de pensions non payées...

E.M. Oui, mais nous avons rendu le système automatique depuis le 1er janvier. Celui-ci permet de déclencher le paiement de la pension, sans qu’il y ait besoin d’un jugement au préalable, et de le garantir tout le temps. L’État est le tiers de confiance et c’est la CAF qui verse le montant de la pension, et va la prélever sur le compte de l’homme qui ne l’a pas versée. Des centaines de milliers de femmes sont dans une sorte d’angle mort du débat politique. Elles sont chefs d’une famille monoparentale, elles subissent des temps partiels, moyennement rémunérés… Nous menons une politique de rattrapage, non seulement avec les pensions alimentaires mais aussi avec la prime d’activité. C’est très important pour le pouvoir d’achat et la considération. Ce sont des mesures très concrètes d’émancipation des femmes de tous les milieux, tout comme l’aménagement du temps périscolaire, le congé paternité ou l’école obligatoire dès 3 ans. Cela leur permet de récupérer du temps pour elles, pour se reformer, pour travailler. C’est une vraie politique de transformation. 

ELLE. Une femme sur dix est atteinte d’endométriose. Il faut sept ans pour diagnostiquer cette maladie, aucun traitement spécifique n’existe. Avez-vous prévu des mesures spécifiques en la matière ? 

E.M. Oui. Cela fait partie de ces maladies douloureuses et très handicapantes pouvant conduire à l’infertilité. Elle est mal et trop tardivement diagnostiquée. Des jeunes filles, des femmes vivent des situations terribles, souffrent et se sentent marginalisées. Il n’y a pas suffisamment de recherche, de formation et de sensibilisation du public. Il faut permettre au plus tôt à toutes les femmes, sur la totalité du territoire, de bénéficier d’une prise en charge médicale et psychologique ainsi due d’un accompagnement adapté. La stratégie est en cours d’élaboration. J’annoncerai des mesures en ce sens dès la rentrée.

ELLE. Malgré toutes les mesures prises pour améliorer la place des femmes dans les entreprises, les hommes gagnent toujours 17 % (Insee) de plus que les femmes à formation et à poste égaux. Qu’est-ce qui ne va pas ?

E.M. Avec l’index de l’égalité professionnelle créé par la loi Pénicaud, nous avons mis en place pour la première fois une obligation de résultat en matière d’égalité salariale, assortie d’une obligation de transparence et d’une notation systématique des entreprises. C’était en 2018. La loi est en train de se déployer dans les entreprises et on observe déjà de premiers résultats : les femmes sont davantage augmentées à leur retour de congé maternité et les écarts de salaires commencent à se réduire. Il faut désormais aller au bout de l’application des textes. C’est maintenant que l’on doit obtenir les résultats, en particulier dans les entreprises les plus importantes et la fonction publique. On ne sort pas facilement de décennies d’habitudes prises qui ont créé un confort dont certains n’ont aucune envie de sortir. Je le vois aussi dans la fonction publique ! Il ne faut rien lâcher.

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© Benoît Peverelli

ELLE. Depuis votre élection, les gouvernements sont paritaires. Mais une seule femme occupe un poste régalien, Florence Parly, aux Armées. Et votre cabinet compte 19 conseillères pour 39 hommes. L’exercice du pouvoir leur est-il encore réservé ?

E.M. L’une de mes plus grandes fiertés est d’avoir un groupe parlementaire avec 47 % de femmes. C’est une première dans l’histoire de la Ve République. On l’a fait en essayant de lever l’autocensure, en encourageant les femmes à s’engager. Il n’y a pas de fatalité. J’essaie de nommer celles et ceux qui sont les meilleurs dans leur domaine, qu’il n’y ait pas de plafond de verre pour qui que ce soit, que les gens grandissent. Il y a quelques jours, j’ai ainsi nommé une femme, Laurence des Cars, à la tête du Louvre. Une première.

ELLE. Le congé paternité est passé de 14 à 28 jours le 1er juillet. Certaines entreprises sont déjà très réticentes. Est-ce que vous obligerez vos ministres à le prendre ?

E.M. C’est une avancée sociale et sociétale majeure. Elle est cruciale car elle s’attaque aux inégalités les plus difficiles à toucher, celles qui se nichent à la maison. Avoir le père présent dès la naissance, cela va permettre de poser les bases d’une répartition équilibrée des responsabilités familiales dès le départ. J’ai bien sûr incité mes ministres à le prendre. Le ministre de l’Intérieur m’avait écrit pour poser son congé paternité, mais il a été rattrapé par l’actualité, après un attentat. On a créé ce droit, mais il ne faut pas se tromper de sujet. Il ne faut pas prendre comme références les gens de l’exécutif, à qui l’on ne permet même plus de respirer ou de vivre ! Aujourd’hui, quand un ministre prend ses congés payés, certains trouvent cela anormal.

ELLE. Vous-même parlez de l’importance des exemples…

E.M. Oui, mais le congé paternité était plutôt pris par les cadres supérieurs, dans les grands groupes. Là, on dit qu’il y a une partie qui est obligatoire pour protéger les gens dans des structures plus petites où, pour des raisons culturelles, ce congé a du mal à être accepté. C’est ça, le sujet. Et c’est pour ça que ce nouveau congé n’est pas un droit fantoche, mais est véritablement universel et accessible à tous les pères, indépendamment de l’emploi qu’ils occupent.

Lire aussi >> Emmanuel Macron : « Je ne vais pas changer de Premier ministre »

ELLE. L’allongement du délai de l’avortement de 12 à 14 semaines demandé par les associations féministes a été rejeté par le Parlement en février dernier, qu’en pensez-vous ?

E.M. Je n’y suis pas favorable. Chaque année, 4 000 à 5 000 femmes vont à l’étranger pour pouvoir le faire, mais c’est avant tout le signe d’un échec de notre prise en charge. L’IVG est une conquête immense pour les femmes et pour les hommes, pour la dignité et l’humanité de tous. Mais je mesure le traumatisme que c’est pour une femme d’avorter…

ELLE. Vous le mesurez… jusqu’à une certaine limite !

E.M. Vous avez raison, je ne le vivrai jamais. Cela ne m’empêche pas de le mesurer avec beaucoup plus de respect que des gens qui pensent que ce n’est rien d’avorter à 16 semaines. Tous les gynécologues le disent, c’est plus traumatisant dans ces délais-là. L’enjeu est donc d’accompagner beaucoup plus tôt les femmes, par exemple en se battant dans toutes les régions où il y a encore des professionnels qui refusent de la pratiquer…

ELLE. Vous souhaitez abolir la clause de conscience des médecins ?

E.M. Non. Je respecte cette clause. La loi ne règle pas tout, il faut mener le combat culturel. Et trouver les moyens, via les associations, de réinvestir ce combat, notamment en accompagnant beaucoup plus tôt les jeunes filles et les jeunes femmes qui ne trouvent pas d’aide assez tôt dans certains quartiers. 

ELLE. Soixante et onze hommes reposent au Panthéon, contre cinq femmes. Allez-vous y faire entrer Gisèle Halimi, comme le souhaitent Élisabeth Moreno et les associations féministes ?

E.M. Je n’ai aucun tabou pour faire entrer des femmes au Panthéon, je l’ai d’ailleurs fait à parité, avec Maurice Genevoix et Simone Veil. Mais je ne le ferai jamais sous la pression. Je rendrai un hommage à Gisèle Halimi, mais on ne doit pas considérer que la panthéonisation est la seule manière.

ELLE. Vous aviez promis de moderniser le statut de la Première dame. Vous l’avez clarifié par une charte de transparence. Pourtant, symboliquement, rien ne semble avoir changé. Pourquoi ? Est-il possible, pour une épouse de président, d’avoir une vie civile autonome ?

E.M. En France, le pouvoir est hyper personnalisé, c’est très brutal pour les femmes et les hommes qui partagent la vie de celles et ceux qui occupent ces fonctions. Brigitte imprime sa marque à travers les causes qu’elle défend. Ce qui lui importe, c’est d’être utile. Elle a fait valoir ses droits à la retraite lorsque j’étais ministre de l’Économie, puis a repris du service à travers ses instituts Live où elle enseigne bénévolement. Quelle est la vie civile de quelqu’un qui partage la vie d’une personnalité politique ? Il y a une fonction de conjoint ou de conjointe qui est importante parce qu’on est à l’Élysée, dans une maison où l’on accueille, où l’on reçoit des dirigeants étrangers, où on le fait à deux. C’est un rôle qui doit être reconnu comme tel. Mais politiquement, sur ce sujet, il y a un refus de voir et de faire.

ELLE. Ça reste un sujet tabou…

E.M. Les fonctions politiques dans notre pays ne sont pas des fonctions normales. La fonction de président ne l’est pas du tout. Ce n’est pas vrai que vous commencez à 9 heures et que vous finissez à 19 heures, ce n’est pas possible. Cela embarque forcément les gens qui vivent avec vous. Soit on est honnête collectivement, soit vous considérez que les personnes qui occupent ces fonctions n’ont pas le droit d’avoir de vie privée, et par voie de conséquence n’ont pas de vie équilibrée. Ce n’est pas mon option.

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© Benoît Peverelli

ELLE. Universaliste ou intersectionnel, comment définissez-vous votre féminisme ?

E.M. Mon féminisme est un humanisme, c’est une question de dignité des citoyens et citoyennes. Je suis du côté universaliste. Je ne me reconnais pas dans un combat qui renvoie chacun à son identité ou son particularisme.

ELLE. La réalisatrice afro-féministe Amandine Gay explique pourtant : « Je suis noire et femme, si je l’oublie je deviens juste humaine, mais cela ne m’empêche pas d’avoir des difficultés à trouver un logement et un emploi »…

E.M. Les difficultés structurent une vie, mais ne constituent pas ce qui vous identifie. Je pourrais vous présenter des jeunes hommes blancs qui s’appellent Kévin, habitent Amiens ou Saint-Quentin, et qui ont aussi d’immenses difficultés, pour des raisons différentes, à trouver un job. Les difficultés sociales ne sont pas uniquement structurées par le genre et par la couleur de peau, mais aussi par l’inégalité sociale, l’assignation à résidence éducative, entre autres. S’attaquer à ces problèmes est une nécessité. J’essaie de le faire avec détermination et modestie parce que nous ne sommes pas au bout de ce chemin.

ELLE. Oui, mais ce qu’Amandine Gay dit, c’est qu’elle est d’abord femme et noire, et que cela a des conséquences dans le réel…

E.M. Toute la question est de savoir si cette différence est indépassable. Je vois la société se racialiser progressivement. On s’était affranchis de cette approche et voilà que l’on réessentialise les gens par la race, et ce faisant on les assigne totalement à résidence. On ne naît pas citoyen ou citoyenne, on le devient. Cette question est au cœur du débat démocratique. Or, la logique intersectionnelle fracture tout. L’illégitimité de quelqu’un qui est autre que moi à me représenter, moi et ma sous-catégorie, que l’on peut décomposer en autant de sous-genres, c’est la négation de quelque chose d’universel dans l’aventure républicaine, nationale et humaine. Cela n’empêche pas la reconnaissance, y compris de la part d’irréductible qui participe de votre identité propre. Mais ce qui m’importe le plus, c’est la part de commun que j’ai avec vous. Et les combats que je vais mener en votre nom pour vous permettre d’accéder à une dignité égale à celle de votre voisin. C’est précisément ce qui nous permet de vivre ensemble.

ELLE. Vous avez nommé l’an dernier Gérald Darmanin, accusé de viol, ministre de l’Intérieur. Aux féministes en colère, vous avez expliqué avoir eu avec lui une « relation de confiance d’homme à homme ». Comprenez-vous que cette phrase ait choqué, tout comme sa nomination Place Beauvau ?

E.M. Cette phrase n’était pas sexuée. Et je ne cède pas à la folie ambiante qui consisterait à dire que toute personne qui fait l’objet d’une dénonciation est forcément coupable. Je défends la présomption d’innocence, qui est constitutionnelle. J’ai posé franchement cette question de confiance à Gérald Darmanin comme je l’aurais fait à une femme, c’est-à-dire de personne à personne, d’individu à individu… Formulation moins naturelle, vous le reconnaîtrez, que de dire « d’homme à homme » ! Pendant des décennies, nous avons très mal pris en charge les victimes de violences. Le risque, c’est d’entrer dans une société de la victimisation absolue, qui n’est plus une société du droit, qui entend les parties et fait justice. Si la voix de la victime couvre toutes les autres, vous n’êtes plus dans une société de justice mais de vengeance.

ELLE. Vous avez sept petits-enfants, certains sont adolescents et portent peut-être des crop top dans la rue ou à l’école. Qu’en pensez-vous ?

E.M. Je suis pour la liberté. J’ai été élevé de cette manière, et nos petits-enfants le sont aussi. Mais la liberté ne vaut que lorsqu’il y a des règles de vie commune. À la maison ou chez des amis, c’est une chose. À l’école, je suis plutôt “tenue décente exigée”, aussi bien pour les filles que pour les garçons. Je ne suis pas un défenseur de l’uniforme, mais tout ce qui vous renvoie à une identité, une volonté de choquer ou d’exister n’a pas sa place à l’école. On peut tenir compte de la part de fantaisie d’un ado et tenir bon sur certains principes !

Par    Propos recueillis par Ava Djamshidi, Véronique Philipponnat et Dorothée Werner    Propos recueillis par Ava Djamshidi, Véronique Philipponnat et Dorothée Werner


https://www.elle.fr/Societe/News/Emmanuel-Macron-son-entretien-exclusif-avec-ELLE-3934484

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Forum Génération Égalité : 100 associations féministes appellent à la mobilisation pour les droits universels des femmes , femmes, feminisme, politiques,

1 Juillet 2021, 02:40am

Publié par hugo

 30 JUIN 2021
DÉBATS \ Tribunes
Forum Génération Égalité : 100 associations féministes appellent à la mobilisation pour les droits universels des femmes

40 ans après le début du cycle des conférences de l’ONU sur les droits des femmes, qui a culminé par l’adoption du Programme d’action de la Conférence de Pékin en 1995, dont le Forum Génération Egalité (FGE) célèbre l’anniversaire, les objectifs fixés en faveur des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes ne sont atteints dans aucun domaine et nulle part dans le monde. Les droits des femmes connaissent même des régressions et de violentes attaques à la suite de crises sanitaire, climatique, économique et démocratique, ainsi que de conflits armés.

A cette occasion, le Collectif féministe pour le Forum Génération Egalité, qui rassemble plus d’une centaine d’organisations de la société civile françaises, européennes et internationales, s’appuyant sur une approche universaliste et intergénérationnelle, en continuité avec les mouvements et les luttes des femmes et de leurs associations féministes, et dans le respect de leur diversité,

Alerte solennellement le Président de la République, les États, institutions et acteurs de la communauté internationale réuni·es au Forum de Paris.

Le Collectif pour le Forum Génération Egalité regrette que le mode d’organisation du FGE ne corresponde pas au format d’un événement multilatéral de l’ONU et que la place des organisations de femmes et féministes soit inégalitaire, au vu notamment du manque de moyens de la très grande majorité d’entre elles.

Pourtant le Forum Génération Egalité pourrait jouer un rôle de mobilisation et d’accélérateur du processus de l’égalité, si les engagements présentés par les coalitions d’action thématiques s’appuyaient sur le socle que nous définissons ci-dessous.

1/ Défendre et promouvoir les droits universels

L’acquis international et européen des droits universels des femmes constitue le socle de l’égalité entre les femmes et les hommes : il faut accélérer la ratification, la levée des réserves et la mise en œuvre intégrale et effective des traités internationaux et européens essentiels, notamment la Convention pour l’Élimination de toutes les discriminations envers les femmes, CEDEF, la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul), la Convention 190 de l’OIT sur Convention sur la violence et le harcèlement.

Les défenseuses des droits universels doivent être protégées et aucune violence ne peut être tolérée à leur égard, particulièrement en ce qui concerne les femmes lesbiennes.

      Féminicides : 87000 féminicides chaque année (chiffres 2017)
Droits sexuels et reproductifs : 214 millions de femmes n’ont pas accès à un moyen de contraception moderne dans le monde. 10 millions d’adolescentes de 15 à 19 ans / an connaissent des grossesses non désirées.

Mariages précoces ou forcés : plus de 12 millions de filles chaque année, dans le monde. France : 208 personnes victimes « déclarées » de mariage ont utilisé la ligne téléphonique dédiée (2019)

Scolarité et pauvreté : seules 2% des filles en situation de pauvreté dans le monde terminent leur secondaire

2/ Éradiquer les violences, lutter contre la marchandisation du corps des femmes

La prévention et la sanction de toutes les violences à l’égard des femmes et des filles, condition de leur autonomie et de leur liberté, passe par la décriminalisation et la reconnaissance universelle de l’avortement pratiqué de manière sûre et légale ; la reconnaissance du caractère inaliénable du corps des femmes, l’abolition de la maternité de substitution (GPA) et la lutte contre le système porno-criminel ; l’abolition du système prostitutionnel et de la traite des femmes, selon le modèle de la France et d’autres pays européens, avec une attention particulière aux plus vulnérables, femmes handicapées, femmes lesbiennes, femmes migrantes et aux enfants.

L’éducation des filles et des garçons est une condition de base pour la prévention du harcèlement et des violences sexistes et sexuelles.

      Violences : 1 femme sur 3 dans le monde a été victime de violences physiques et/ou sexuelles. 137 femmes / jour sont tuées par un membre de leur famille.
Violences domestiques France : 213 000 femmes sont victimes de violences dans la sphère domestique dont 30  000 de violences sexuelles

Violences sexuelles France : 124 355 femmes chaque année

Prostitution : 20 millions de victimes dans le monde. En France : 40 000  pour chiffre d’affaires de 3,2 milliards

Femmes en situation de handicap : 9% des femmes ont subi des violences physiques et ou sexuelles

3/ Mettre en place des politiques de relance : justice sociale, économie, climatique au cœur de sa feuille de route

L’égalité femmes – hommes et filles – garçons doit être placée au centre des politiques publiques et des plans de relance, après la crise sanitaire COVID-19 et dans le contexte de l’aggravation de la crise écologique et climatique.

Cela passe par la mise en œuvre de l’ensemble des droits sociaux fondamentaux et le financement des services publics qui les rendent effectifs : droit à la santé, à la protection contre la pauvreté et l’exclusion sociale, à la protection sociale universelle, à l’égalité de rémunération, ainsi que par des services sociaux essentiels, permettant d’articuler vie professionnelle et vie familiale.

Nous proposons une relance partant de la revalorisation des métiers des soins, de l’éducation, de l’économie sociale et solidaire, de la mixité des emplois verts et de la transition énergétique, de l’agroécologie, par l’accès à la formation et au foncier. Ce modèle économique est aussi l’occasion de systématiser la budgétisation intégrant l’égalité, tout en l’associant aux mécanismes pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques et aux indicateurs de mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable – ODD – pour 2030. Une approche intégrée de l’égalité des sexes et des droits humains doit être incorporée dans toutes les politiques et institutions financières.

         Crise sanitaire :  les femmes du monde entier ont subi une perte de revenus d’au moins 800 milliards de dollars en 2020, soit plus que le PIB combiné de 98 pays.
64 millions de femmes ont perdu leur emploi dans le monde. En France, 1 femme sur 3 a vu son activité professionnelle s’arrêter. 47 millions de femmes ont basculé sous le seuil d’extrême pauvreté en 2020 du fait de la pandémie à travers le monde (rapport Oxfam)

Inégalités travail domestique : Temps moyen consacré aux tâches ménagères : 2h34 par les femmes 2h10 par les hommes pendant les confinements (chiffres clés 2020 du SDFE)

Retraite moyenne par mois d’une française : 1.145  contre 1.924 euros pour les hommes (2019)

Inégalités salariales : femmes salariées du privé gagnent en moyenne 16,8 % de moins que les hommes en équivalent plein temps

Egalité professionnelle, quotas de femmes dans les grands groupes depuis 2010 : les pays qui ont pris des mesures législatives ont vu une augmentation de 27,2 points du % de femmes dans les conseils d’administration.

4/ Instaurer une réelle diplomatie féministe et soutenir les organisations de femmes et féministes. Ces principes de droits et cette transition vers la justice sociale et climatique forment un programme au niveau national comme pour l’action extérieure et la diplomatie féministe.
Cela implique de soutenir, partout dans le monde, à commencer par la France, les associations de femmes et féministes qui, fragilisées par les mises en concurrence ne reçoivent qu’une part marginale des financements, malgré la diversité de leurs compétences de terrain, de leurs expertises thématiques et pédagogiques partout reconnues, de leur travail de plaidoyer.

Les attentes du Collectif Féministe pour le Forum Génération Egalité sont également fortes à l’approche de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (janvier 2022), et nous souhaitons participer au dialogue préparatoire avec les décideurs et décideuses

Partout dans le monde, des associations du mouvement des femmes et des féministes s’engagent pour ces acquis universels. Le féminisme n’est pas un slogan de communication, c’est le mouvement social et politique le plus transformateur des sociétés humaines depuis deux siècles.

Avec la libération de la parole et la révolte de millions de femmes par le monde, le temps est arrivé d’un mouvement global des femmes pour l’égalité, la démocratie et la justice sociale.

Associations et collectifs regroupés au sein du Collectif Féministe pour le Forum Génération Egalité 2021

PLATEFORMES NATIONALES D’ASSOCIATIONS FÉMINISTES

La CLEF (Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes), Conseil National des Femmes
Françaises (CNFF), Association Espagnole pour Le Lobby Européen des Femmes (LEM ESPAÑA), Réseau Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), Ligue Hellénique pour les Droits des Femmes (GLWR), Plateforme Portugaise pour les Droits des Femmes (PPDM)

ORGANISATIONS FÉMINISTES D’UTILITE PUBLIQUE INTERNATIONALE (OING)

Association des Femmes de l’Europe Méridionale (AFEM), Alliance Internationale des Femmes (AIF),
Centre Européen du Conseil International des Femmes (CECIF), Coalition Internationale pour l’Abolition dela Maternité de Substitution (Ciams), European Network Of Migrant Women (ENOMW), Groupe Européendes Femmes Diplomées des Universités (GEFDU), Zéromacho, Young Women Christian Association (YWCA)

ASSOCIATIONS FÉMINISTES FRANÇAISES

Adéquations, Administration Moderne, Association des Femmes Diplômées des Universités, Association Espace Point de Départ Espod, Amicale du Nid, Association Nationale des Etudes Féministes, Biodiversity For Peace, Business Professional Women (Bpw France), Burkina Biiga, Centre Evolutif Lilith, Association Lesbienne Feministe, Chiennes de Garde, Collectif et Réseau Féministe Ruptures, CQFD Lesbiennes Féministes, Du Côté des Femmes, Femmes Au-delà des Mers, Femmes du Monde et Réciproquement, Femme Digne, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir, Femmes et Hommes, Égalité, Droits et Libertés dans les Églises et la Société, Forum Femmes Méditerranée, Femmes Monde, Femmes Solidaires, Handi Femme Epanouie, Jump, l’Assemblée des Femmes, Libres Mariannes, Ligue du Droit International des Femmes, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie, Marche Mondiale des Femmes France, Matrimoine de Paris, Négar-Soutien Aux Femmes d’Afghanistan, Non c’est Non !, Olympe, Osez Le Féminisme !, Parité, Regards de Femmes, Réussir l’Égalité Femmes – Hommes, Valeurs de Femmes, Vivent les Femmes

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Étiquettes : Monde Pékin+25


https://www.50-50magazine.fr/2021/06/30/forum-generation-egalite-100-associations-feministes-appellent-a-la-mobilisation-pour-les-droits-universels-des-femmes/

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26 ans après les espoirs de Pékin, un bilan en net recul , femmes , feminisme , politiques,

1 Juillet 2021, 02:38am

Publié par hugo

 30 JUIN 2021
Monde
26 ans après les espoirs de Pékin, un bilan en net recul 

Le 25 Juin, Osez Le Féminisme ! 13 organisait avec le Collectif féministe pour le Forum Génération Egalité une réflexion sur le Programme d’Action de Beijing. Adopté à l’unanimité par 189 pays en 1995, il forme un programme pour l’autonomisation des femmes considéré comme le principal document de politique mondiale en matière d’égalité des sexes. Cet évènement s’inscrit dans le cadre du Forum Génération Egalité. Avec des associations féministes de Marseille telles que Femmes Solidaires Marseille, l’Assemblée des Femmes et le Centre Evolutif Lilith, plusieurs thèmes ont été abordés comme l’éducation, les violences conjugales, la précarité…, mais aussi les conséquences de la crise sanitaire sur les femmes. 

En présence de Monique Dental (Présidente du Réseau Féministe Ruptures),  Annick Karsenty (Présidente de Femmes Solidaires Marseille et membre du Collectif National Femmes Solidaires), Geneviève Couraud (Présidente d’honneur de l’Assemblée des Femmes, ancienne présidente de la commission DSR et Santé des femmes du HCE (2015/2019)), Sofi Plisson (militante lesbienne féministe et membre de l’association CEL),Yveline Nicolas (Coordinatrice relations extérieures et chargée de projets d’Adéquations), Daniela Levy (Porte-Parole Nationale de Osez le féminisme ! et co-présidente de OLF13) et enfin Hélène Caron (Directrice Régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité de la région PACA) et Nathalie Tessier (Conseillère municipale chargée de la délégation des droits des femmes et de la lutte contre les violences faites aux femmes à Marseille).


         Marche #NousToutes, Paris, 23 Novembre 2019, ©Marthe Dolphin/ Collectif Gerda

Pour Nathalie Tessier on peut parler de féminisation de la pauvreté au niveau mondial ainsi qu’au niveau local car à « Marseille le nombre de familles monoparentales explose. On retrouve alors des femmes qui cumulent les difficultés (financières, sociales…), elles sont vulnérables sur tous les plans ». La pauvreté touche donc de plein fouet les femmes, les difficultés se sont même exacerbées avec la crise sanitaire actuelle. « Ce constat permet d’adapter la politique régionale pour mettre en œuvre des plans d’actions adéquats » précise plus tôt Hélène Caron. « En un quart de siècle, la place des femmes est devenue à travers le monde un véritable enjeu stratégique », souligne Monique Dental

Pour Annick Karsenty, obtenir une société débarrassée des inégalités et des violences passe par « l’accès et le droit à l’éducation pour tous·tes, et en particulier pour les filles, c’est une priorité mondiale ». Bien que la part des enfants scolarisés progressent dans le monde, Annick Karsenty rappelle que les filles sont moins scolarisées que les garçons. Ce constat faisait pourtant déjà l’objet des douze domaines critiques de Beijing dans lequel des mesures urgentes étaient nécessaires pour assurer aux femmes et aux hommes une égalité accrue. Aujourd’hui, Femmes Solidaires se bat, en allant notamment à la rencontre des jeunes dans les collèges et lycées, pour que soit mises en place des réflexions ainsi que des actions pour développer une éducation non-sexiste (déconstruction des stéréotypes de genre, changement des mentalités). 

Alors que l’égalité des droits entre les hommes et les femmes est formellement actée dans plusieurs pays, « il persiste un certain désenchantement chez nombre de femmes qui considèrent qu’on est loin du compte pour parvenir à une égalité réelle », affirme Monique Dental. Pour le Réseau Féministe Ruptures, la situation actuelle du Forum Génération Egalité « est une initiative qui ne nous semble pas pertinente ». Monique Dental précise, « d’un point de vue sémantique, quand on parle de Forum Génération Egalité, est-ce qu’on entend pas par là que l’égalité est réalisée ? ». La préparation et l’organisation du Forum même pose problème. Le gouvernement a imposé aux associations, dans les coalitions d’actions, de travailler dans le cadre de partenariats sociétés civiles-Etats-entreprises privées, sans moyens et sans autonomie de décisions. Monique Dental relève que les entreprises sont les organisations principales et que parmi elles, aucune ne réalise l’égalité des salaires.

Les pays conviés sont ceux qui se positionnent sur l’égalité hommes-femmes, ceux qui ne sont pas pour cette égalité ne sont pas invités. Pour Monique Dental,  « ce Forum manque d’ambition, il y aussi une absence de consultation des associations et donc pas de véritable reconnaissance de partenaires sociétaux. Nous craignons que ce Forum ne fasse pas face aux défis actuels sur les droits des femmes de nos jours. C’est un évènement international qui est avant tout symbolique, il n’y a pas de réelle volonté politique et cela nous pose problème ».

Marthe Dolphin, 50-50 Magazine

Pour voir ou revoir cet évènement :

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Étiquettes : France Société Pékin+25


https://www.50-50magazine.fr/2021/06/30/26-ans-apres-les-espoirs-de-pekin-un-bilan-en-net-recul/

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salepute/ , femmes, feminisme, politiques ,

1 Juillet 2021, 00:32am

Publié par hugo

 

Les femmes sont vingt-sept fois plus susceptibles que les hommes d’être harcelées via Internet et les réseaux sociaux. Ce constat, dressé par l’European Women’s Lobby en 2017, prouve que les cyberviolences envers les femmes ne sont pas une addition d’actes isolés, mais un fléau systémique. Plusieurs études sociologiques ont montré qu’il était, en majorité, le fait d’hommes, qui, contrairement aux idées reçues, appartiendraient à des milieux plutôt socio-économiques plutôt favorisés. Se sentant protégés par le caractère virtuel de leurs actions, les auteurs de ces violences s’organisent et mènent parfois des "raids numériques", ou harcèlement en meute, aux conséquences, à la fois personnelles et professionnelles, terribles pour les victimes. Celles-ci, lorsqu’elles portent plainte, n’obtiennent que rarement justice puisqu’elles font face à une administration peu formée sur le sujet, à une législation inadaptée et à une jurisprudence quasi inexistante. Les plates-formes numériques, quant à elles, sont encore très peu régulées et luttent insuffisamment contre le harcèlement. Pour Anna-Lena von Hodenberg, directrice d’une association allemande d’aide aux victimes de cyberharcèlement, le phénomène est une menace directe à la démocratie : "Si nous continuons de tolérer que beaucoup de voix se fassent écarter de cet espace public [Internet, NDLR] et disparaissent, alors nous n’aurons plus de débat démocratique, il ne restera plus que les gens qui crient le plus fort".

Acharnement haineux
Florence Hainaut et Myriam Leroy, deux journalistes belges cyberharcelées, recueillent les témoignages d’une dizaine de femmes, de tous profils et de tous pays, (dont la chroniqueuse de 28 minutes Nadia Daam, l’humoriste Florence Mendez ou encore l’auteure Pauline Harmange), elles aussi insultées et menacées sur le Net. En partant des messages malveillants reçus par ces dernières, le duo de réalisatrices enquête sur la prolifération de la haine en ligne auprès de différents spécialistes de la question, qui décryptent les aspects sociologiques, juridiques ou encore sociétaux du cyberharcèlement.


https://www.arte.tv/fr/videos/098404-000-A/salepute/

JE  VOUS  SOUTIENT LES FILLES LES FEMMES  !!!!!

LIBERTE  EGALITE  ADELPHITE  !!!!!!

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