Crèche parentale : la crèche où les parents décident
creche parentale
La crèche parentale est une solution idéale pour les parents qui ont l'envie et le temps de s’impliquer dans la vie d’une structure d’accueil. La crèche “Les Petits Lardons” en est un bel exemple. Reportage
Gaëlle Guernalec-Levy - Crédit photo : Eleonore Henry de Frahan - Remerciements à la crèche parentale "Les Petits lardons" - 25 avril 2013
La grande implication des parents en fait un mode de garde à part. Mais si ces structures associatives impliquent énormément les familles, elles emploient évidemment des professionnels, répondent aux mêmes normes de sécurité et aux mêmes obligations légales que les autres établissements d'accueil.
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Des pères très investis
A la crèche des Petits Lardons, à Paris, ce vendredi matin, les enfants arrivent au compte-gouttes et plus tard que d’habitude. Eux sont plutôt bien réveillés. Pour les parents, c’est une autre histoire. Il faut dire que la veille avait lieu le conseil d’administration mensuel de la structure. Pour une fois, il ne s’est pas éternisé, mais il aurait été dommage de se quitter sans partager un verre au café du coin. Alors certains ont un peu mal au crâne. Dans une crèche parentale, c’est une évidence, l’ambiance est très particulière. Entre parents et professionnels, le tutoiement est de rigueur. Les familles se ressemblent, partagent les mêmes codes culturels, sourient des mêmes détails. Chacun a le sentiment de participer à une aventure collective. Sur le ton de la plaisanterie, un père quitte les quelques parents présents d’un « Bon, camarades citoyens, je vous laisse ». Un autre reste à discuter, visiblement heureux d’être là. Détail frappant : pour le moment, seuls des papas ont franchi le seuil.
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Une participation active des parents
Les crèches parentales sont nées au début des années soixante-dix, avec pour ambition d’opérer un rapprochement entre les professionnels et des parents agacés de se sentir disqualifiés. Ces établissements obéissent aujourd’hui aux mêmes normes de fonctionnement que n’importe quelle crèche municipale, qu’il s’agisse des locaux, des tarifs (progressifs en fonction du quotient familial), des quotas de personnel qualifié ou de l’alimentation. L’époque est terminée où chacun cuisinait ses petits plats. Les repas doivent être préparés sur place, selon des modalités précises et dans une cuisine adaptée.
Les parents membres sont regroupés en association, laquelle recrute et rémunère le responsable et les employés. La spécificité de ces crèches repose sur l’investissement demandé aux parents. Chaque famille doit assurer une permanence d’une demi-journée par semaine au contact des enfants et doit prendre en charge une “commission” en fonction de ses compétences, de ses souhaits ou de ce qui reste. Certains auront ainsi à gérer la logistique achats, quand d’autres superviseront le bricolage. Aux professionnels la question du soin, du savoir-faire, des pratiques, aux parents cotisants les tâches administratives et le management. « Ce sont de vraies contraintes qui ne sont pas envisageables pour tout le monde, pose Daniel Lefèvre, éducateur de jeunes enfants et responsable technique des Petits Lardons. Parmi nos familles, nous avons des intermittents du spectacle qui peuvent adapter leur emploi du temps, des enseignants disponibles le mercredi ou des parents qui consacrent leurs RTT à la crèche. Une fois qu’ils adhèrent au principe, ils sont en général ravis. Et lorsqu’ils nous quittent pour aller en maternelle, ils sont souvent frustrés de ne plus avoir de vraie place. »
Des parents valorisés par les professionnels
Des parents valorisés par les professionnels
C’est un constat qui fait l’unanimité. Tous ces parents apprécient d’avoir leur mot à dire, de participer à la vie de leur enfant et de la collectivité. Marc, papa de Maël et de permanence ce vendredi, l’assure : « Nous participons aux prises de décision, nous sommes au courant de tout ce qui concerne notre enfant. A la crèche municipale, qui était très bien, on se contentait de déposer notre enfant le matin dans un sas et on le récupérait le soir en apprenant qu’il avait bien mangé et bien dormi. Ça s’arrêtait là. » Richard, lui, s’apprête à déménager. « Nous n’aurons pas le même mode de garde et ça nous fend le cœur. Nous étions ici chez nous, avec des professionnels vraiment à notre écoute. J’étais trésorier de l’association, ce qui est assez lourd. Mais c’était également très gratifiant car je le faisais pour mon enfant. »
Marc et Aurélie, les deux parents de permanence lors de cette demi-journée, vont passer leur matinée à jouer avec les enfants présents, à assurer une surveillance des plus grands et à se répartir les tâches ménagères. « Es-tu descendu, Marc ? Y a-t-il du boulot ? » « J’ai mis deux machines à laver en route et il y a pas mal de linge à plier. »
L'éveil au coeur des projets
L'éveil au coeur des projets
Daniel, le responsable, propose à Aurélie de venir en renfort sur le parcours de psychomotricité installé par l’une des auxiliaires pour les enfants de la grande section. Les parents ne sont jamais en charge des bébés, qui restent tous sous la responsabilité des professionnels. Ils ne mettent pas non plus les enfants à la sieste, n’administrent pas les médicaments, ne pratiquent pas de soins, sauf sur leur propre progéniture. Ils sont en revanche vivement encouragés à faire la lecture ou à animer les activités manuelles. « Ici, on a un bon prétexte pour se livrer à des activités très agréables comme manipuler pendant des heures de la pâte à modeler ! », se réjouit Aurélie en tentant de s’éloigner un peu de sa fille Fanny qui ne la lâche pas d’une semelle. « La difficulté des parents, au début en tout cas, est de gérer leur temps de présence entre leur enfant et ceux des autres, pose Daniel. Ils sont censés s’occuper de plusieurs petits, tout en conservant un vrai temps relationnel avec leur enfant qui est trop jeune pour comprendre la mise à distance. Certains s’inquiètent parfois du comportement de leur petit. Il faut les rassurer en leur rappelant que lorsqu’ils ne sont pas là, leur enfant n’est pas du tout le même. » Un grand classique.
Bien plus qu’un mode de garde
Bien plus qu’un mode de garde
L’après-midi, Marc et Aurélie cèdent la place à deux autres mamans. Marjorie, maman de Micha, semble très à l’aise avec les enfants des autres. Normal, elle en est à sa cinquième année de crèche parentale. « C’est plus qu’un mode de garde, c’est un engagement associatif. Et pour certains, c’est presque une activité à temps partiel. Il faut en avoir vraiment envie. Pour moi, les permanences auprès des enfants ont toujours été un sas de décompression, une bouffée d’air. » Du côté des professionnels, la motivation doit aussi être bien présente. « Accueillir les parents est pour nous une vraie richesse, assure Daniel. Mais pour certains, ça peut être une gêne. Car il faut être sûr de ce qu’on présente. » En matière de mode de garde, on prend souvent ce que l’on trouve, ce qui est disponible. Mais dans une crèche parentale, les parents, comme les professionnels, ne sont jamais là par hasard.
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